Revue de presse du MEDEF IDF du 24 janvier 2017

2017-03-02T07:05:18+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 24/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 24/01/2017

Pollution : la circulation différenciée reconduite mardi et mercredi en Ile-de-France

Les Franciliens vont avoir deux nouvelles occasions de comprendre le système de la circulation «différenciée» : le dispositif, qui prend la suite de la circulation «alternée», a été reconduit lundi après-midi pour 48 heures, a annoncé la préfecture de police, en raison du pic de pollution.

Concrètement, cela signifie que les voitures les plus polluantes ne pourront pas circuler à Paris et en petite couronne mardi et mercredi, entre 5h30 et minuit. Une décision du préfet de police de Paris qui s’appuie sur la classification des vignettes Crit’Air, mise en place dimanche dernier dans la capitale.

Qui est interdit de rouler ? Les véhicules non classés ou équipés de vignettes de catégorie 5 n’ont pas le droit de prendre la route. Les véhicules non classés, donc sans vignette, sont les voitures immatriculées avant le 31 décembre 1996, les deux roues avant le 31 mai 2000 et les utilitaires avant le 30 septembre 1997. Les véhicules affichant la vignette niveau 5 sont les voitures diesel immatriculées avant le 31 décembre 2000.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait demandé lundi après-midi à la préfecture d’étendre les restrictions de circulation aux vignettes de catégorie 4, mais elle n’a pas obtenu gain de cause.

Que risquez-vous si vous êtes en infraction ?

Si vous êtes contrôlé au volant ou au guidon d’un véhicule n’ayant pas le droit de rouler, vous écoperez d’une amende de 22 € et l’immobilisation du véhicule pourra être décidée.

Si, en revanche vous avez le droit de rouler mais n’avez pas affiché sur votre pare-brise ou même pas encore commandé votre vignette 1, 2, 3, 4 ou « Electrique », vous ne devriez pas être verbalisé pour l’instant, votre carte grise faisant foi. La préfecture estime à entre 20 et 25% le nombre de conducteurs concernés ayant déjà commandé leur vignette.

Comment se doter de la vignette ?

Les vignettes Crit’Air sont à acheter et commander sur le site www.certificat-air.gouv.fr. Un document imprimable certifiant que vous l’avez bien commandée vous sera fourni en attendant réception de la vignette à apposer sur le pare-brise.

Pour en savoir plus + vidéo : http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/paris-la-circulation-differenciee-reconduite-mardi-23-01-2017-6608367.php

 

LE FIGARO – 24/01/2017

La Mairie de Paris lance un plan piéton

«Zones de rencontre», disparition de places de stationnement, liaison piétonne entre les bois de Vincennes et de Boulogne… Anne Hidalgo veut «favoriser la marche» au détriment de la voiture.

Certains vont y voir une nouvelle déclinaison du plan antivoiture lancé par Anne Hidalgo dans la capitale. Lundi prochain, le Conseil de Paris se penchera, en effet, sur le nouveau plan piéton, un saupoudrage de mesures d’aménagements qui vise à donner plus de la place au marcheur, premier usager des rues parisiennes. «60% des déplacements se font à pied», indique Christophe Najdovski, l’adjoint aux transports, en opposant ces données à celles qui pointent la place dévorante des conducteurs dans la ville. «13% seulement des déplacements se font en voiture et pourtant celle-ci occupe 50% de l’espace public», dit-il avec la ferme volonté de réduire l’usage de l’automobile et d’augmenter les lieux de marche.

Divers aménagements déjà existants vont donc être démultipliés à l’instar des zones de rencontre, ces endroits où la priorité est donnée aux circulations douces avec une vitesse limitée à 20 km/h pour le trafic routier. Des projets visent diverses rues comme la rue des Petits-Champs à cheval entre le Ier et le IIe arrondissement. Mais leur réalisation se fera avec une attention particulière car celles qui existent déjà livrent des résultats variables, reconnaît l’adjoint aux transports. Ainsi celles qui ont conservé des places de stationnement ne sont guère toujours perçues comme des axes où la voiture doit faire en quelque sorte «profil bas» en laissant le piéton déambuler au milieu de la rue.

«Des rues aux enfants»

Dans le cadre de ce plan mis en application progressivement jusqu’en 2020, il est d’ailleurs question de faire disparaître de nouvelles places de stationnement, dont les emplacements auront un nouvel usage. Ils accueilleront des bancs publics ou encore des «contre-terrasses». Au lieu d’étendre parfois abusivement leurs tables sur le trottoir, les restaurants et cafés pourront accueillir leur clientèle en lieu et place de la voiture. «Comme cela se fait à Lyon», signale Christophe Najdovski.

Parmi d’autres projets, il est question aussi de relier les parcs parisiens entre eux mais aussi de faire une liaison piétonne sans discontinuer entre le bois de Vincennes à l’est et le bois de Boulogne à l’ouest en aménageant les rues repérées comme des maillons manquants. «Des rues aux enfants» vont également davantage voir le jour. Sur le modèle de la rue Bignon dans le XIIe arrondissement, il sera question de fermer temporairement la voirie aux automobilistes et d’offrir aux enfants cet espace protégé par des barrières.

Tous ces projets, qui s’articulent autour d’une même volonté de remettre le piéton au cœur de la ville, se font autour d’aménagements plus lourds comme les liftings déjà démarrés des sept grandes places parisiennes. L’interdiction aux voitures de certains secteurs des IIIe et IVe arrondissements figure aussi parmi les changements significatifs. D’un coût de 90 millions d’euros, ce plan qui donnera lieu par la suite à des concertations dans les quartiers concernés rejoint le programme plus vaste de la maire de Paris destiné à mettre au pas la voiture.

Bien que cette politique soit contestée par nombre d’usagers, divers objectifs sont déjà fixés. Ainsi et d’ici à 2020, tout Paris sera soumis au 30 km/h, exception faite des grands axes, soit 10 à 15 % de la voirie. Mais pour Christophe Najdovski, il n’est pas question «d’être contre la voiture» mais pour la santé de la population… et donc pour la marche.

Angélique Négroni

 

 

LE PARISIEN – 24/01/2017

La Métropole du Grand Paris prévoit 4 M€ pour développer Vélib’ en banlieue

 

Paris, ce lundi soir. Patrick Ollier, président (LR) de la Métropole du Grand Paris, a annoncé un investissement de 10 000 € pour chaque station de Vélib’

construite sur le territoire métropolitain.

« Maintenant, nous sommes là. Nous occupons le terrain et nous avançons ». Un an après, où en est la Métropole du Grand Paris ? Patrick Ollier, son président (LR) présentait ce lundi soir les vœux de cette nouvelle instance. Devant un parterre de maires et notamment celle de Paris, Anne Hidalgo, le député-maire, « déterminé et décontracté », a égrené les projets qui rythmeront l’année.

Souvent critiquée pour son manque de visibilité, la métropole du Grand Paris compte faire son entrée dans la vie des métropolitains. Avec du concret, en s’emparant du Vélib’. « C’est normal, la métropole agrandit l’horizon. Il y a un vrai marché, soutient Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris. Nous travaillons en bonne entente. La métropole va faire partie de la gouvernance ».

Si l’accord est sur le point d’être finalisé, une enveloppe de 4 M€, maximum, est d’ores et déjà prévue par la Métropole pour « hisser le vélo en libre-service à l’échelle métropole ». Dans le détail, la Métropole aidera les communes qui souhaitent installer des bornes Vélib’ sur leur territoire à hauteur de 10 000 € par station. Le nouveau prestataire, qui sera désigné au printemps, devrait installer 30 % de vélos à assistance électrique. Les premières stations verront le jour à la mi-2017.

Objectif : faire vivre la Métropole

Autre chantier : le guichet unique. En lien avec la région Ile-de-France et la ville de Paris, des délégués seront réquisitionnés pour accueillir les entreprises qui souhaitent venir s’installer sur le territoire métropolitain après le Brexit. « Tout sera fait pour les guider et les accompagner » a assuré Patrick Ollier. Le passe Musées métropolitain, qui doit permettre d’accéder à tarif préférentiel à des musées sur tout le territoire, sera également mis en place dans le courant de l’année.

Autant de projets qui n’ont en réalité qu’un seul objectif : faire vivre la Métropole, dont François Fillon, par exemple, candidat des Républicains à l’élection présidentielle a évoqué la suppression. « Certains s’inquiètent et s’interrogent sur son existence, avoue Patrick Ollier. Mais nous allons construire la Métropole de sorte que personne ne pense à la supprimer. A l’avant pour le combat ! ».

Victor Tassel

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 20/01/2017

Le chômage va fortement baisser en 2016, une première depuis… 2007

Tous les experts s’attendent à une quatrième baisse d’affilée du nombre d’inscrits en catégorie A à la fin décembre, un «quatre à la suite» qui devrait porter à près de 150.000 le reflux sur l’année. Même si la tendance est clairement à l’inversion de la courbe, les fondamentaux depuis 2012 restent toutefois négatifs.

En toute logique et sauf énorme surprise, Myriam El Khomri ne devrait pas avoir, à 18h, à remiser son légendaire sourire. Au contraire. Pour la première fois depuis 2007, le nombre d’inscrits en catégorie A va baisser en France entière sur l’ensemble de l’année 2016. Donc le chômage au sens de Pôle emploi, et pas qu’un peu! Depuis le mois de janvier, l’inflexion était -à fin novembre- plus que significative et démontre que la courbe, si chère à François Hollande, a bel et bien fini par s’inverser: -137.200 chômeurs en France entière en catégorie A sur les 11 premiers mois de l’année, dont les 3 derniers orientés dans le bon sens, une première consécutivement depuis février 2008. «La France n’avait pas connu depuis 2001 une baisse aussi forte sur trois mois, s’était même félicité fin décembre Bernard Cazeneuve, le premier ministre, après la publication des chiffres de novembre. Ces résultats confirment que l’engagement du gouvernement pour l’emploi porte ses fruits».

Et il y a fort à parier -en incluant la possible baisse du mois de décembre qui sera confirmée, ou pas, à 18 heures- que le compteur devrait s’affoler un peu, pour dépasser peut-être peu ou prou la barre symbolique des 150.000 inscrits en moins sur l’ensemble de l’année. Une 4è baisse en 4 mois donc (à laquelle la ministre du Travail, par un pessimisme qui ne lui ressemble pas ou pour se préparer mentalement au pire, ne croit pas vraiment), la 8è de l’année, la 10è depuis la nomination début septembre 2015 de Myriam El Khomri au ministère du Travail, la 12è en 18 mois et la 16è depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République en mai 2012. Ou pas. «Cette baisse du nombre de demandeurs d’emploi, qui s’inscrit désormais dans la durée, résulte notamment de la solide reprise des créations d’emploi salarié: près de 237.000 ont été enregistrées dans le secteur marchand au cours des 18 derniers mois consécutifs de hausse», avait justifié Myriam El Khomri il y a un mois, après le bon résultat des statistiques de fin novembre.

La perspective est, il faut bien l’avouer, positive même si elle arrive bien tardivement dans le quinquennat. Depuis 2007, dernière année où la France a vu son nombre de chômeurs baisser (de 259.400 précisément) au sens de Pôle emploi en catégorie A, le surplus d’inscrits est en effet hallucinant: +1.662.800 jusqu’à la fin 2015! Soit un bond de 76% par rapport au plus bas recensé huit ans plus tôt pour une Saint Sylvestre ou la population de deux villes comme… Marseille. La tendance était toutefois globalement à la baisse depuis l’élection de François Hollande, en passant de +299.600 en 2012 à +88.900 en 2015, mais il aura fallu attendre la dernière année pleine de son mandat pour que l’inversion se produise bel et bien.

Il faut dire que le gouvernement a mis le paquet pour parvenir à ce résultat: rallonge de 150.000 contrats aidés fin 2016, plan 500.000 de formation des chômeurs, aide à l’embauche dans les PME, montée en puissance de la garantie jeunes, développement du service civique… toute la politique a été orientée depuis des mois pour afficher une baisse, effective et durable, du chômage qui aurait dû permettre à François Hollande de se représenter à la présidentielle de 2017. «Ces reprises d’emploi sont également stimulées par les formations dont bénéficient notamment les demandeurs d’emploi dans le cadre du Plan 500.000 formations supplémentaires et qui leur permettent d’acquérir des compétences adaptées aux besoins des entreprises, avait précisé Myriam El Khomri le mois dernier. En novembre, 14.100 demandeurs d’emploi supplémentaires sont ainsi inscrits en catégorie D». Des bons résultats qui ne sont toutefois pas du uniquement au plan de formation lancé par François Hollande en 2016 (si les entrées en stage explosent, les sorties aussi et le solde n’a que peu d’impact sur les données agrégées) et encore moins à des radiations qui ne sont pas plus élevées ou plus basses que d’habitude. La baisse du chômage enregistrée n’est donc pas liée à des manipulations statistiques en tout genre. Elle est réelle.

Reste que le bilan depuis le début du quinquennat, 4è baisse ou pas en décembre 2016, est bien pauvre. Le nombre d’inscrits en catégorie A a bondi, au dernier pointage, de 574.300 en 55 mois, entre les mois de mai 2012 et novembre 2016. Et ce alors que le président de la République avait, dès septembre 2012, promis la fameuse inversion de la courbe pour la rentrée 2013 et au plus tard pour le 31 décembre de la même année. En vain. Si le nombre de jeunes de moins de 25 ans inscrits en catégorie A a bien reflué à fin novembre de 21.200 en France entière depuis mai 2012, celui des seniors pointant à Pôle emploi a, quant à lui, explosé. De 305.900 précisément, ce qui représente une hausse de 51% en 55 mois, donc 9400 sur les 11 premiers mois de 2016…

Pis, le nombre de chômeurs de longue durée inscrits depuis plus d’un an dans les catégories A, B et C a quant à lui bondi de 777.400 en 55 mois, soit une hausse de près de 43% sur la période, pour frôler désormais les 2,6 millions de personnes. Seule note d’espoir: cette catégorie de chômeurs, la plus éloignée du marché du travail et donc la plus difficilement réinsérable, a connu en 2016 sa première inflexion de tendance depuis 2008. Sur les 11 premiers mois de 2016, le nombre de chômeurs de longue durée a en effet reculé 6 fois pour porter à 55.800 le reflux sur l’année. Avant mars, cet indicateur n’avait en effet diminué qu’une seule fois -et encore très timidement (-1500)-, en août 2013, le mois du bug SFR, en… 8 ans.

Marc Landré

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Six jeunes sur dix se disent prêts à créer leur entreprise

Selon un sondage OpinionWay réalisé pour le Salon des entrepreneurs, de plus en plus de jeunes veulent créer leur entreprise…
… Mais ils redoutent les difficultés financières.

L’idée d’entreprendre s’enracine encore un peu plus chez les jeunes. Selon le baromètre OpinionWay réalisé pour l’Union des autoentrepreneurs et la Fondation Le Roch Les Mousquetaires à l’occasion du Salon des entrepreneurs, qui se tiendra les 1er et 2 février à Paris, 60 % des 1.006 personnes de 18 à 29 ans interrogées se disent prêtes à créer une entreprise ou à en reprendre une. Un chiffre qui confirme une tendance déjà à l’oeuvre depuis quelques années.

Cet engouement pour la création d’entreprise doit cependant être nuancé. Selon ce sondage, le travail en CDI reste l’objectif majeur à atteindre pour 73 % des jeunes. Pourquoi ? Parce qu’il assure la sécurité de l’emploi et la régularité du revenu (70 %), parce qu’il donne des droits en matière de congés (49 %) et parce qu’il assure une bonne couverture sociale (49 %).

Ces résultats sont révélateurs des envies paradoxales qui traversent la jeunesse. S’ils sont tentés par le fait d’être leur propre patron (pour 40 % d’entre eux, c’est le principal avantage lorsqu’on travaille à son compte), 52 % des jeunes sont rebutés par les risques financiers et 46 % vivent mal l’idée de ne pas savoir combien ils vont gagner exactement à la fin du mois.

Interrogés sur les mesures à prendre pour favoriser l’épanouissement des jeunes au travail, ceux-ci répondent par le développement du co-working et du télétravail (85 %), mais aussi par une meilleure équité des droits sociaux entre travailleurs indépendants et salariés (83 %). Une aspiration bien identifiée par certains candidats à la présidentielle. Emmanuel Macron propose ainsi de créer une indemnité chômage pour les indépendants en rupture d’activité en fusionnant le Régime social des indépendants (RSI) avec le régime général. Benoît Hamon suggère, lui, un statut social unique de l’actif en améliorant la protection retraite complémentaire et accidents du travail pour les indépendants. François Fillon propose de son côté de développer l’autoentrepreneuriat, de réformer le RSI, de créer un statut du travailleur indépendant avec des contrats de trois ans non requalifiables et une caisse d’assurance-chômage spécifique.

« Enclencher une convergence des protections »

Pour François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs, « il est urgent de donner aux entrepreneurs de nouvelles protections et de sortir de la discrimination entre salariés et travailleurs indépendants sur laquelle repose notre modèle de protection sociale en enclenchant une véritable convergence des protections. Cela passe par […] une allocation perte subite d’activité qui serait financée conjointement avec les donneurs d’ordre ». De quoi atténuer l’incertitude financière à laquelle doivent faire face les entrepreneurs, en particulier en début d’activité.

Car si les jeunes sont indéniablement tentés par l’aventure entrepreneuriale, 45 % cherchent avant tout dans le travail « un bon niveau de rémunération ». Et un quart d’entre eux rêvent toujours d’être embauchés par « une grande entreprise française ou internationale ».

Marie Bellan

 

 

LE FIGARO – 24/01/2017

Le fisc va multiplier les contrôles des comptes des entreprises sans se déplacer

Cette nouvelle procédure, «l’examen de comptabilité», se fera à distance. Pour Bercy, il n’y aura que des gagnants.

Plus simple, mais plus fréquent. Voilà la nouvelle donne en matière de contrôles fiscaux à laquelle doivent s’adapter les entreprises depuis le début du mois. En effet, le budget rectificatif de 2016 a créé un nouveau type de contrôle fiscal, intitulé «l’examen de comptabilité». Ce dispositif permet au vérificateur de contrôler les comptes d’une société… depuis son bureau sans avoir à se déplacer. Toutes les entreprises sont concernées, de la TPE au CAC 40. «De manière assez inattendue, cette révolution du contrôle fiscal est passée complètement inaperçue, sauf pour les experts de la fiscalité», notent Alban Clot et Cyrille de Gastines, fondateurs du logiciel d’analyse comptable Supervizor.

Ce contrôle à distance est présenté par le ministère des Finances comme une «modernisation» ne faisant que des gagnants. Entreprises contrôlées et vérificateurs, tous devraient effectivement économiser du temps et de l’argent. «Cela permettra d’analyser rapidement les informations les plus pertinentes, sans intrusion excessive pour l’entreprise», résume Bercy dans la présentation de la mesure.

L’entreprise doit pour cela fournir sa comptabilité sous forme de fichier informatique. Une formalité, car elle doit justement, lors d’un contrôle fiscal sur place, présenter un «fichier des écritures comptables» où figure l’ensemble de sa comptabilité. Seule différence, la société doit désormais être capable de produire et d’envoyer ce document à la demande de l’administration, dans un délai de 15 jours. Cette dernière a alors six mois pour analyser les chiffres, poser des questions en cas d’incohérences… «Si le vérificateur décèle des irrégularités, il proposera les rectifications, explique Pascal Seguin, avocat associé chez Taj. S’il ne décèle aucune erreur, la société recevra un avis d’absence de rectification et ne pourra plus être contrôlée sur la période considérée.»

Bercy investit 10 millions d’euros dans le big data

Corollaire de cette simplification: le fisc pourra réaliser davantage de contrôles. C’est même un objectif affiché. «Le gouvernement a expressément indiqué que l’objectif recherché était d’augmenter le nombre de contrôles grâce au gain de temps que procurera cette nouvelle procédure», relève la députée PS Valérie Rabault dans son rapport annexé à la loi de finances rectificative pour 2016. Aujourd’hui, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) mène quelque 45.000 contrôles par an pour plus de trois millions d’entreprises françaises. «Le problème, ce n’est pas que le nombre de contrôle augmente: tant mieux si l’administration travaille mieux et plus vite!», précise le Medef. Le souci, ce sont les modalités du contrôle à distance. Plus loin de la réalité de la société, le contrôleur pourrait d’autant moins accepter les explications du chef d’entreprise en cas d’irrégularités.

Toujours est-il que l’examen de comptabilité est un premier pas vers un nouveau paradigme. «Nous sommes dans une application mesurée du big data, estime Pascal Seguin. Mais la tendance à l’échange et à l’analyse automatique de données, aussi bien chez nous que chez nos voisins, est très nette.» Certains anticipent que les entreprises pourraient envoyer systématiquement leurs données comptables avec leur déclaration d’impôt.

Mais encore faut-il que l’administration fiscale puisse exploiter automatiquement cette masse d’information. «Je suis assez déçu des résultats des expériences que nous avons conduites sur le data mining, qui consiste à fouiller les données pour déceler les anomalies et améliorer l’efficacité des contrôles», a lâché Christian Eckert lors des débats sur la loi de finances 2017 à l’automne. En un mot, Bercy doit encore affiner ses techniques. Et le ministre de préciser que la DGFiP a encore investi 10 millions d’euros en 2016 dans ce domaine…

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 24/01/2017

VTC: le conflit se crispe autour de la rémunération

Le revenu moyen de 1 700 euros net par mois semble correct, s’il était assorti d’une vraie protection sociale.

Être médiateur dans un conflit du secteur des VTC n’est pas chose aisée. Jacques Rapoport, ancien patron de SNCF Réseau, en fait actuellement la difficile expérience. L’homme a été nommé médiateur dans ce conflit entre les chauffeurs et les plateformes qui les mettent en relation avec les clients, avec Uber en tête de gondole, le 19 décembre par Alain Vidalies, secrétaire d’État aux Transports.

Cette semaine, les relations se sont singulièrement tendues entre le médiateur et les représentants des chauffeurs. En cause: leur rémunération. C’est leur principale revendication depuis le début du conflit. Leurs associations accusent Uber, leader incontesté du marché, de ne pas leur permettre de vivre décemment. Ils pointent notamment une rémunération nette de 3 à 4 euros de l’heure, largement insuffisante.

Sauf que le médiateur, après avoir reçu les organisations de chauffeurs mais aussi les plateformes, qui lui ont ouvert leur base de données, ce qui n’avait jamais été fait, est parvenu à un autre résultat. S’il reconnaît que la fourchette peut être très large, le médiateur souligne que «le revenu mensuel net d’un professionnel est autour de 1700 euros».

Pour parvenir à ce chiffre, Jacques Rapoport a fait des choix tranchés. Il se fonde d’abord sur 60 heures de travail hebdomadaire, ce qui est beaucoup mais correspond à ce qui est souvent pratiqué dans ce métier. Ensuite, il prend en compte un chauffeur qui sait choisir les bons horaires et les bonnes zones, ce qui lui permet d’atteindre le haut de la fourchette de rémunération brute (autour de 23 euros de l’heure). Enfin, tous les autres frais relatifs à la voiture utilisée (location ou prêt, assurance, carburant), mais également à la comptabilité ou la couverture sociale des indépendants (RSI) sont pris en compte.

Réactions hostiles

Remettant en cause l’argumentaire traditionnel des représentants des chauffeurs, Jacques Rapoport n’a pas hésité à adresser «trois cartons rouges» à ceux qui ont «jugé pertinent de médiatiser les choses». Il juge ainsi erroné d’affirmer que «les chauffeurs travaillent à perte» ou qu’il faut «travailler 60 heures hebdomadaires» pour obtenir «1200 euros par mois de revenu» net.

Cette prise de position n’a pas été du goût des chauffeurs, qui ont accusé le médiateur de prendre parti pour Uber. Jacques Rapoport s’est d’ailleurs senti obligé d’intervenir une nouvelle fois, sur son site Internet, pour affirmer que «lorsqu’on met en évidence que seule une partie, probablement minoritaire des chauffeurs, peut atteindre ou dépasser le smic sans congés payés ni protection contre les arrêts de travail, on décrit une situation qui ne doit pas durer».

En insistant sur le problème de la protection sociale, le médiateur esquisse peut-être une solution possible pour sortir de ce conflit d’une manière positive. Ce point de la protection sociale constituera le sujet des réunions de cette semaine.

Tous les acteurs sont d’accord sur le besoin d’améliorer la situation. Là encore, le point d’achoppement risque de porter sur le financement de cette protection sociale complémentaire. Si Uber semble d’accord pour y contribuer, il ne souhaite pas le faire seul.

Il faut désormais aller vite. La mission fixée par Alain Vidalies à Jacques Rapoport se termine le 31 janvier. Le médiateur espère pouvoir faire des propositions aux différentes parties prenantes avant cette date, afin qu’elles donnent leur avis. Il pourra alors les présenter au ministre, qui devra ne pas traîner s’il souhaite les traduire en mesures concrètes avant que les échéances électorales ne remettent les compteurs à zéro.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Action Logement passe… à l’action

 

L’organisme prévoit d’acquérir 100.000 logements intermédiaires d’ici à cinq ans et au moins 15.000 dès 2017.

L’ex-1 % logement va mettre en vente 1 % de son parc social afin de financer de nouvelles constructions.

Action Logement commence l’année en fanfare. Son président, Jacques Chanut – par ailleurs président de la Fédération française du bâtiment -, doit dévoiler ce mardi, lors de ses voeux, plusieurs nouveautés qui pourraient rendre le rôle de cet organisme et son existence même enfin lisibles aux yeux du grand public. « Nous défendons un cercle vertueux », explique-t-il aux « Echos ». De fait, les entreprises cotisent à hauteur de 0,45 % de leur masse salariale, apportant ainsi à Action Logement des fonds pour construire des logements mis à la disposition des salariés de ces entreprises et gérés par l’organisme. Une fois ce parc immobilier amorti, il est transféré aux caisses de retraite, qui récupèrent ainsi du patrimoine bâti et les revenus des loyers.

« Les fonds versés par les entreprises retournent aux salariés, la boucle est bouclée », souligne Jacques Chanut. Problème, ce fonctionnement prétendument vertueux d’un système en place depuis 2003 n’a encore jamais été mis en oeuvre. Il fallait en effet d’abord rembourser les emprunts souscrits par Action Logement pour construire, via sa filiale, l’association Foncière Logement. C’est chose faite. Les caisses de retraite récupéreront donc, dès cette année, la pleine propriété de 30.000 premiers lots, bâtis au sein des périmètres de rénovation urbaine. « A l’avenir, nous leur transférerons immédiatement la nue-propriété de tous les logements que nous construirons ou achèterons, puis l’usufruit – donc les loyers – au bout de quinze ans. L’utilité sociale reste la même, seul change le portage », poursuit Jacques Chanut. Une campagne d’affichage et de sensibilisation des entreprises va porter ce message.

Objectifs ambitieux

Les objectifs sont ambitieux. L’organisme prévoit d’acquérir 100.000 logements intermédiaires d’ici à cinq ans et au moins 15.000 dès 2017, « uniquement là où il y en a besoin, dans les zones tendues. Nous devons accompagner la reprise de la production, avant que les prix soient trop élevés, nous achèterons des immeubles entiers, ce qui nous permettra de les négocier », précise Jacques Chanut. Ce nouveau parc devrait être financé par la vente, à leurs locataires, de 50.000 de ces logements ni sociaux ni privés, que possède le groupe, pour une recette de quelque 10 milliards d’euros.

Le deuxième chantier paraît encore plus audacieux : Action Logement va mettre en vente 1 % de son parc social, afin de financer la construction de logements, toujours sociaux, mais plus modernes et mieux situés, y compris dans les centres de petites villes via des opérations de démolition-reconstruction. Plusieurs centaines de conventions devraient être signées dans ce sens avec des collectivités où s’exprime un réel besoin. Souvent défendue à droite, conspuée à gauche, la vente de HLM n’est pratiquée que par quelques bailleurs comme I3F. A l’échelle nationale, elle oscille entre 5.000 et 10.000 logements selon les années et n’a jamais atteint les objectifs fixés par diverses lois. Action Logement va en mettre 90.000 d’un coup sur le marché.

Troisième axe, enfin : les activités « non sociales », à savoir les syndics qui gèrent plus de 120.000 biens ainsi que quelques structures de promotion privée, devraient être cédées. « Plutôt que de nous lamenter sur le fait que l’Etat puise régulièrement dans les caisses d’Action Logement et que nous n’avons plus de moyens, nous allons nous les donner nous-mêmes », affirme Jacques Chanut, qui attend de pied ferme les candidats à la présidentielle. Ils pourraient trouver là quelques idées neuves bienvenues pour nourrir leurs programmes.

Les chiffres clefs

3,6 milliards d’euros : Les ressources d’Action Logement, réparties entre la collecte auprès des entreprises, les loyers, les prêts remboursés par les bailleurs sociaux et les particuliers.

18 000 le nombre de salariés de l’organisme paritaire qui gère un parc de plus de 1 million de logements sociaux et intermédiaires.

Catherine Sabbah

 

 

LA TRIBUNE – 24/01/2017

Une entreprise française sur deux vulnérable aux cyberattaques

 

La demande de rançon (ransomware) reste l’attaque la plus subie par les entreprises

 

52% des responsables sécurité des systèmes d’information d’entreprises françaises se disent confiant dans la capacité de leur entreprise à faire face aux cyberrisques. 46% d’entre eux ont constaté une hausse de cyberattaques en 2016.

Qui mieux que les responsables sécurité des systèmes d’information du CESIN (Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique), qui réunit en grande partie les groupes du CAC 40, peuvent évoquer de façon aussi réaliste la menace cyber, une menace quotidienne… C’est bien pour cela que le nouveau baromètre du CESIN publié mardi à l’occasion de l’inauguration à Lille du Forum international de la cybersécurité (FIC), offre un panorama très intéressant sur la façon dont les entreprises tentent de se protéger contre cette menace très prégnante.

Au final, le tableau reste assez sombre. Car seuls 52% des responsables sécurité des systèmes d’information (RSSI) se disent confiant dans la capacité de leur entreprise à faire face aux cyberrisques (en hausse de cinq points par rapport à 2015). Pour assurer leur cybersécurité, 84% d’entre eux vont acquérir de nouvelles solutions techniques, 55% augmenter leur budget et 44% accroître leur effectif.

Hausse des attaques

Les résultats de ce deuxième baromètre (141 répondants) ne sont guère rassurants. Car – et ce n’est pas une surprise – les attaques ont augmenté en 2016 par rapport à 2015 pour 46% des RSSI tandis que 53% d’entre eux estiment qu’elles sont stables. Près de 80% des entreprises ont constaté au moins une cyberattaque avérée, qui a réussi à entrer dans un ou des serveurs de l’entreprise. En moyenne, elles mettent entre une et six heures pour s’apercevoir des attaques et entre trois jours et trois semaines pour nettoyer le système.

Parmi les entreprises interrogées, 21% ont été touchées par 15 attaques ou plus, 9% entre 10 et 14 attaques, 15% entre quatre et neuf, et, enfin, 34% entre une et trois. « Les attaques touchent toutes les entreprises, explique le président du CESIN, Alain Bouillé, RSSI à la Caisse des Dépôts. Plus personne ne peut se réfugier sur l’argument ‘cela n’arrive qu’aux autres’. Ce temps est terminé ».

La demande de rançon (ransomware) reste l’attaque la plus subie par les entreprises (80%, en hausse de 19 points). Suivent les attaques par déni de service (40%), les attaques virales générale (36%), la fraude externe (29%)… tandis que le cyber-espionnage économique et industriel est relativement peu fréquent (9%), tout comme la fraude au président (4%). En moyenne, les entreprises subissent trois types d’attaque, explique le CESIN.

Des solutions jugées inefficaces

Face aux menaces grandissantes, 40% des entreprises estiment que les solutions techniques proposées par le marché ne sont pas adaptées aux types et à la fréquence des menaces. 31% d’entre elles jugent que ces solutions ne sont pas non plus adaptées aux besoins de leur entreprise. Par exemple, les sondes de sécurité conseillées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) sont jugées peu efficace (54%) tout comme le chiffrement de base de données (60%). A l’inverse, les pare-feux (91%), le VPN (89%) et le filtrage web (78%) sont jugées efficaces. « Il existe un gap entre ce qu’on nous propose et ce dont nous avons besoin », regrette le vice-président du CESIN, Olivier Ligneul, RSSI du groupe EDF.

Et pourtant les entreprises s’équipent de plus en plus pour repousser les cyberattaques. En moyenne, les RSSI mettent en place simultanément onze solutions et disposent d’un budget représentant entre 3% et 10% de leur budget informatique. Pour faire face à la menace, ils plébiscitent le VPN (87%), le filtrage web (84%), les antispam (79%), les proxy URL (64%)… De plus en plus d’entreprises souscrivent à une cyber-assurance. Ainsi 26% ont déjà souscrit à une assurance tandis que 17% envisagent de le faire d’ici un an… même si les assureurs, à l’exception du leader de cette niche de marché Marsh, ne comprennent pas toujours les risques liés aux cyberattaques, estime-t-on au CESIN.

La cyber-menace, un frein à la transformation numérique?

Considérée à 95% par les membres du CESIN comme un enjeu stratégique, « la transformation numérique génère de nouveaux risques », estime Alain Bouillé. Ainsi, 95% considèrent qu’elle a un impact sur la sécurité des systèmes d’information et des données, et 89% jugent qu’elle a un impact sur la gestion des données sensibles de l’entreprise. La transformation numérique vient perturber la cybersécurité installée dans les entreprises, à l’image du cloud qui est utilisé à 82% par les entreprises interrogées, des objets connectés… Résultat, plus d’une entreprise deux (58%) considère que les solutions disponibles sur le marché ne sont pas adaptées.

Selon le CESIN, le cloud expose par exemple les entreprises à de nombreux risques, notamment en raison du moindre contrôle des données. Les RSSI évaluent un risque fort sur le contrôle des accès et des audits (57%), sur le stockage des données dans des datacenters à l’étranger, hors du droit français (55%), sur le non effacement des données (55%), sur la confidentialité des donnée vis-à-vis de l’hébergeur (50%). Du coup, sécuriser le cloud nécessite pour 91% d’entre eux de mettre en oeuvre des outils spécifiques.

En outre, la transformation numérique introduit de nouveaux risques liés aux nouvelles pratiques des salariés. L’utilisation de matériel informatique personnel au bureau (BYOD) représente un risque pour 54% des RSSI interrogés. Les objets connectés représentent un risque pour 96% des RSSI, tout comme le « machine to machine » (74%), le big data (69%), le e-commerce (59%) et la blockchain (37%). Bref, le métier des RSSI va devenir de plus en plus stressant. Pas sûr que leur sommeil soit paisible…

Michel Cabirol  

 

 

L’OPINION – 24/01/2017

Désertification des villes : les professionnels du commerce s’alarment

 

En France, en moyenne, 10 % des surfaces commerciales de centre-ville sont inexploitées. Mais dans les villes moyennes, qui comptent entre 50 000 et 100 000 habitants, il est supérieur dans la moitié des cas.

Cent des 300 villes moyennes françaises dépassent la cote d’alerte en termes de vacances de locaux commerciaux

En France, un local commercial sur dix est inoccupé dans les centres-villes : un taux de vacance jugé élevé et « préoccupant » par l’Inspection générale des finances, qui a consacré un rapport à cette désertification urbaine en juillet. Ce chiffre moyen cache des disparités. Les grandes villes sont relativement épargnées (un quart d’entre elles ont un taux de vacance commercial supérieur à 10 % et il est inférieur à 5 % à Nantes, Strasbourg, Lyon ou Toulouse), mais les villes moyennes sont, pour plus de la moitié, concernées. Le monde du commerce appelle les pouvoirs publics et ses propres troupes à réagir.

Bernard Morvan, le président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), est aux premières loges pour constater le désastre qui frappe les villes moyennes françaises. Il en parcourt, des rues longées de rideaux de fer baissés : 90 % des 40 000 commerces qu’il représente sont situés dans les centres-villes. Lui-même commerçant à Montereau, ville de Seine-et-Marne particulièrement touchée, il a fait de la lutte contre la désertification un de ses thèmes de prédilection, demandant même un « plan Marshall ». Sans succès.

« Je me fais lanceur d’alerte depuis plusieurs années, explique-t-il. Mais je ne vois aucune prise de conscience. Pourtant, les enjeux sont économiques, mais aussi sociaux (le nombre d’emplois baisse), sociétaux (la dévitalisation lente va de pair avec la disparition des services publics) et sécuritaires. Moins de commerce, c’est moins de lumière, moins de passage. La sécurité se dégrade dans les centres-villes qui se transforment en ghettos. » Les conséquences électorales de cet abandon terriblement ressenti par la population sont lourdes. Béziers, qui a porté à sa tête un maire d’extrême droite, Robert Ménard, a le taux de vacance le plus élevé de France : près de 24 %.

Les raisons de cette désertification sont multiples. Bien sûr, le développement des centres commerciaux en périphérie a affecté le commerce. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. « Les centres commerciaux ne sont pas la raison de la désaffection, mais le signe que les commerces de centre-ville ne répondent pas aux attentes, nuance Eric Plat, président de la fédération du commerce associé (FCA). Ces zones sont efficaces, mais pour l’achat plaisir, les centres-villes n’ont pas perdu leur valeur. Les consommateurs n’ont pas, dans l’absolu, de préférence pour l’un ou l’autre. Il faut simplement leur donner le choix et la possibilité de s’y rendre. »

Parcours du combattant. Or, cette possibilité, les Français ne l’ont souvent plus, du fait de choix politiques mal pensés… et de manque de réactivité des commerçants. Pointée du doigt, la place laissée aux voitures dans les centres-villes. Pour Eric Plat, les maires des petites villes ont souvent une approche « patrimoniale » des centres, incompatible avec une réelle activité économique. Il cite un exemple la Roche-sur-Yon (Vendée). « Le maire a cru bien faire en créant une zone d’animation au centre… Mais cela s’est retourné contre le commerce local, car il n’a pensé ni aux parkings ni aux transports. »

Pour Bernard Morvan, face au parcours du combattant pour atteindre les centres-villes, les consommateurs renoncent. Ils préfèrent les périphéries ou le commerce en ligne. D’autant que, pour la FCA comme pour la FNH, les villes et les associations de commerçants n’ont pas pris en compte les nouvelles nécessités. En n’adaptant pas leurs horaires d’ouverture. Ou en ratant le virage de la modernité. « Les centres-villes ne sont pas équipés en wifi. Cela revient tout simplement à négliger les attentes désormais élémentaires des clients », résume Eric Plat.

Résultat, une désertification lente, mais sûre. « Les élus n’identifient pas les signes avant coureurs, comme le changement de nature des commerces dans une rue, poursuit-il. Quand s’implantent des agences bancaires, des cabinets d’assurances, des agences immobilières, c’est mauvais signe. Cela veut dire que l’attractivité et les loyers baissent. Ces commerces ne veulent pas capter du trafic mais simplement avoir pignon sur rue : la majorité de leur activité à lieu en ligne. »

Méconnaissance. Ce qu’on lit en creux dans ce constat, c’est la mauvaise connaissance qu’ont les élus du terreau économique local. « Ils ne savent pas quel est le poids économique de leur centre-ville, la richesse produite. Partant de là, il est difficile de faire des arbitrages », déplore Bernard Morvan. Il plaide pour la création d’observatoires locaux, qui produiraient des indicateurs de densité économique, identifieraient les besoins et évalueraient les effets des décisions : « Plutôt que de comptabiliser les « dents creuses », on peut les remplacer judicieusement par un artisan, un service manquant, qui créerait une cohérence, une raison de venir. » Des discussions sont en cours dans la région des Hauts-de-France pour mettre en place des expériences pilotes.

Eric Plat ne veut pourtant pas croire en une fatalité du désert des villes moyennes. Pour lui, si le commerce est pensé de façon globale, les périphéries ne seront plus des aspirateurs à clients. Il cite, en exemple de recomposition réussie, la ville de Bordeaux – qui n’est certes pas une ville moyenne, mais qui a réussi à faire baisser drastiquement son taux de vacance. « Tous les acteurs ont été mobilisés. La mairie a pensé les parkings, les connexions entre les différentes zones que sont l’hypercentre, la rive droite, le centre commercial Mériadeck. Elle a pris en compte les nouveaux formats commerciaux et travaillé avec les acteurs du foncier pour remodeler des îlots et proposer de plus grandes surfaces de vente, qui manquaient, et permettre l’émergence de locomotives commerciales. » À Bordeaux, le taux de vacance commerciale est aujourd’hui inférieur à 4 %.

Emmanuelle Ducros

 

 

LE FIGARO – 24/01/2017

Fessenheim : le gouvernement à la peine chez EDF

Pour déclencher la mise à l’arrêt de la doyenne des centrales nucléaires françaises, le conseil d’administration d’EDF doit valider ce mardi matin le protocole d’indemnisation et demander l’abrogation du décret d’autorisation de fonctionnement des deux réacteur.

L’État a beau détenir 85 % du capital d’EDF, il risque de se voir infliger un véritable camouflet ce mardi lors du conseil d’administration qui doit examiner le projet de fermeture de Fessenheim. Pour déclencher la mise à l’arrêt de la doyenne des centrales nucléaires françaises, promise en campagne électorale par François Hollande en 2012, le conseil d’administration d’EDF doit franchir deux étapes: valider le protocole d’indemnisation de l’entreprise par l’État et demander l’abrogation à terme du décret d’autorisation de fonctionnement des deux réacteurs alsaciens.

Mais la décision concernant l’indemnisation est entre les mains des cinq administrateurs indépendants du groupe public, ainsi que du PDG Jean-Bernard Lévy. Car, l’État étant signataire de la convention, ses six représentants se trouvent en situation de conflit d’intérêts et ne pourront pas prendre part au vote. Et les six représentants des salariés voteront comme un seul homme contre le projet. Il suffit donc qu’un administrateur indépendant vote non pour que le projet tombe à l’eau…

Dans cette situation ubuesque, tous les arguments sont bons. Le conseil devra se prononcer au nom de l’intérêt social de l’entreprise. Le premier de ces intérêts est le respect de la loi, en l’occurrence le texte sur la transition énergétique: il prévoit de plafonner à son niveau actuel la capacité de production nucléaire d’EDF. Quand l’EPR de Flamanville 3 entrera en service, il faudra donc fermer deux tranches actuellement en service.

Mais l’intérêt de l’entreprise est-il vraiment de décider dès maintenant? Flamanville ne sera raccordé au réseau qu’en 2018 ou 2019. D’ici là, l’élection présidentielle de mai peut changer radicalement la donne.

Pression maximale

Résultat: une pression considérable s’exerce sur la réunion de mardi. En fin de semaine dernière, Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a, de source proche du dossier, personnellement contacté chacun des administrateurs indépendants pour affirmer la position de l’État. La démarche a, semble-t-il, été diversement appréciée. Lundi encore, une réunion s’est tenue sur le dossier à l’Élysée.

De sources concordantes, le conseil pourrait ne pas voter, dans un sens ou dans l’autre, mais se contenter d’une délibération dont chaque mot s’annonce disputé et qui signifie un report de toute décision formelle. Pis, cette délibération pourrait ne porter que sur le volet indemnisation, sans évoquer la demande d’abrogation, la plus symbolique. Enfin, les administrateurs devraient conditionner leur vote ultérieur à l’obtention de la prolongation du décret d’autorisation de création de Flamanville 3 que le gouvernement aurait mis en balance dans ce bras de fer. Ce décret arrive à échéance. Toute décision sur Fessenheim dépendrait aussi de l’autorisation du redémarrage du réacteur de Paluel, actuellement à l’arrêt. Enfin, le conseil veut attendre le feu vert de la Commission européenne sur Fessenheim avant de voter.

En attendant, la tension est à son comble sur le site, avec une grève votée lundi pour 48 heures. Les salariés réclament que le projet de fermeture de la centrale soit purement et simplement abandonné.

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 24/01/2017

Hamon se prépare à un affrontement dur avec Valls

L’ancien premier ministre a choisi le revenu universel et la laïcité comme angles d’attaque privilégiés.

Une semaine pour convaincre. Ou plutôt, pour transformer l’essai. Arrivé en tête du premier tour de la primaire à gauche, Benoît Hamon déroule sa stratégie d’entre-deux-tours, persuadé que la dynamique est en sa faveur, alors que les ralliements se sont enchaînés depuis dimanche soir. Le député des Yvelines a prévu de tenir deux meetings avant le vote de dimanche 29 janvier : le premier, jeudi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans une salle pouvant accueillir « entre 4 500 et 5 000 personnes », selon son entourage ; le second, vendredi soir, au Palais des sports Saint-Sauveur à Lille, dans le fief de Martine Aubry qui lui a apporté son soutien lundi.

Mais c’est surtout le débat d’entre-deux-tours, mercredi 25 janvier, que l’ancien ministre de l’éducation nationale prépare attentivement. Un débat où il risque gros. Le favori du scrutin sait que son adversaire Manuel Valls mise tout sur cette confrontation pour tenter de rattraper son retard. Revenu universel, taxation des robots ou encore brigade antidiscrimination : les propositions du député des Yvelines seront passées au crible par l’ancien premier ministre qui va tenter d’imposer sa propre « crédibilité » et sa stature d’homme d’Etat, contre ses propositions jugées « irréalistes », voire « régressives », selon les mots de certains de ses proches.

Interrogé lundi matin sur France Inter, M. Hamon a commencé à répondre aux attaques de M. Valls sur ce point. « Ce genre d’arguments, je le lui laisse. Je n’ai pas dénigré qui que ce soit dans cette campagne. Je ne procède pas par oukases, je suis ravi de débattre avec lui. J’espère qu’il aura un deuxième argument », a-t-il lancé, défendant un projet de « long terme » qui n’a « rien d’utopiste ».

« Un référendum pour ou contre Valls »

Au QG du candidat, au 11e étage de la tour Montparnasse, on fait mine de ne pas redouter le face-à-face à venir. « Benoît connaît par cœur Manuel. Ils se côtoient au PS depuis trente ans, rien ne l’impressionne chez lui », prévient un partisan du Finistérien. « On sait que Valls va tenter de nous attaquer. On va répondre coup pour coup, avec l’intention de faire du second tour un référendum pour ou contre Valls à gauche », prévient-on dans l’équipe Hamon.

Les trois premiers débats avant le premier tour ont servi de terrain d’entraînement pour l’ancien ministre de l’éducation. Particulièrement le dernier, où il avait affronté un tir de barrage général de la part de ses rivaux. Selon son directeur de campagne, le député Mathieu Hanotin, M. Hamon a alors démontré ses facultés de résistance. « Benoît a ainsi pu montrer qu’il avait tenu le mur. Il a gagné en crédibilité dans ces affrontements », notamment autour du revenu universel, qui fut ce soir-là la cible coordonnée de Manuel Valls, de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg.

Un autre thème devrait être particulièrement mis en avant par l’ancien premier ministre d’ici au second tour : celui du rapport des deux hommes à la laïcité. Derrière ce terme général, le camp Valls entend surtout attaquer M. Hamon sur ses positions par rapport à l’islam radical, mais aussi plus largement à l’immigration et aux banlieues.

« Pas de compromis avec des communautarismes »

  1. Valls estime que son concurrent est « ambigu » dans sa défense des principes républicains face à l’islamisme politique. Les proches du député de l’Essonne accusent M. Hamon, élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, de ne pas être assez ferme avec les communautarismes. Sur France Info mardi matin, M. Valls a évoqué des « risques d’accommodements » chez son concurrent, précisant qu’« il ne peut y avoir le moindre compromis avec des communautarismes ». Pour le camp Valls, si le candidat Hamon propose la légalisation du cannabis ou la reconnaissance de l’Etat de Palestine, c’est précisément pour s’attirer le vote des cités.

« Il faut bien sûr lutter contre l’islam radical, mais arrêtons de faire de l’islam un problème de la République », a réagi M. Hamon, lundi, se félicitant d’avoir réussi jusqu’à présent à orienter, par ses propositions, les débats de la primaire sur les thèmes économiques et sociaux plutôt que sur les thèmes identitaires. « Sur la question laïque, Benoît Hamon se revendique en héritier d’Aristide Briand qui veut apaiser plutôt qu’exciter les tensions », explique son porte-parole, le député Régis Juanico. Soit l’application stricte des principes de la loi de 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, sans recourir à l’inscription dans la Constitution d’une « charte de la laïcité », comme le propose M. Valls.

L’autre chantier de la semaine pour M. Hamon est de démontrer ses capacités à rassembler à gauche. Sur ce point, le discours des hamonistes est simple : on ouvre grand les bras à tous les ralliements possibles avant le second tour. « Aucun sectarisme, aucun ostracisme, on accueille tous ceux qui veulent. Notre objectif c’est de rassembler. Nous, on est zen, pas comme d’autres », sourit M. Juanico.

Après les ralliements de M. Montebourg et de Mme Aubry et de leurs proches, l’ancien ministre espère obtenir d’ici au 29 janvier un autre soutien de poids à gauche, celui de Christiane Taubira. Il lui a téléphoné dès lundi matin, mais rien n’a fuité pour l’instant des intentions de l’ancienne garde des sceaux. « On ne sait pas si Christiane va prendre position, mais si c’est le cas, on serait vraiment très étonné qu’elle soutienne Valls plutôt que Benoît », explique un proche du député.

Solenn de Royer, Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

LE PARISIEN – 24/01/2017

Présidentielle : Emmanuel Macron se veut au-dessus de la mêlée

 

Beyrouth (Liban), hier. Emmanuel Macron a rencontré des Français à l’Ecole supérieure des affaires.

En déplacement au Liban, le candidat s’est réjoui de ne pas avoir pris part à la primaire.

Ce n’est pas le désert d’Atacama au Chili, mais c’est aussi un joli pied de nez. Tandis que le PS s’enfonce dans les méandres de sa primaire, Emmanuel Macron s’est envolé pour le pays du Cèdre. Le candidat d’En marche ! a atterri hier au Liban, « partenaire historique, majeur de la France ». Pour mieux se placer au-dessus du lot ? « Je ne me suis jamais mêlé à la primaire, donc je n’avais pas ce besoin », rétorque Macron. Plus que jamais, il s’en tient à cette ligne : cette affaire-là ne le concerne pas. « A un moment, c’est leur problème ! » balance un proche. Emmanuel Macron le répète inlassablement, il ne croit pas au processus de la primaire. Il y voit un jeu « de positionnement réciproque » entre candidats plutôt que l’élaboration « d’un projet porté pour le pays ».

Son entourage en veut pour preuve la performance de Benoît Hamon : « Les électeurs ont intériorisé le fait qu’ils ne votaient pas pour la présidentielle mais pour préparer l’après. » Et se félicite plus que jamais de s’être tenu à distance, en prenant connaissance des soupçons de manipulation sur les chiffres de la participation. « Politiquement, cela n’avait pas de sens pour nous, mais c’est aussi pour ce genre de raisons qu’on ne voulait pas y aller », glisse un proche.

Appel à un dialogue multilatéral en Syrie

A des milliers de kilomètres des aléas de la politique parisienne, le candidat est ainsi libre de s’offrir un véritable déplacement de présidentiable. Accueilli dès son arrivée par l’ambassadeur de France, Macron s’abrite derrière la règle selon laquelle, « à l’étranger, on ne commente pas la vie politique française » pour bouder les questions des journalistes sur la primaire. « Je viens délivrer un message qui est d’abord celui de la présence de la France au côté du Liban », poursuit-il à l’Ecole supérieure des affaires, où il s’est exprimé face à quelque 400 représentants de la communauté française et économique.

Sur la Syrie, « Bachar al-Assad a failli de manière claire », déclare Macron, en appelant à créer un dialogue multilatéral. S’il estime qu’ « il n’y a de compromission à avoir », il juge qu’avoir fait « de la destitution de Bachar al-Assad un préalable à tout » était une erreur.

Macron entrera aujourd’hui dans le vif du sujet, lors de ses audiences avec le président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le patriarche maronite, Bechara Boutros Rahi.

L’ancien ministre se sait attendu au tournant. « On ne peut pas prétendre aux plus hautes fonctions de la République sans être capable d’aller au contact des situations diplomatiques », reconnaît-il.

Pauline Théveniaud

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Russie, commerce : à Berlin, Fillon assume ses désaccords avec Merkel

+VIDEO. Contrairement à la chancelière, le candidat de la droite à l’Elysée met en avant le danger de ne pas rétablir la confiance avec Vladimir Poutine. Il veut une réponse ferme face au protectionnisme de Donald Trump.

François Fillon avait annoncé la couleur dans un entretien musclé paru dans la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » et « Le Monde ». Tout en faisant le « choix clair du couple franco-allemand » et revendiquant des accords en matière de politique de défense, le candidat de la droite à l’Elysée a assumé plusieurs désaccords profonds avec Angela Merkel, notamment sur Vladimir Poutine, lors de la visite qu’il lui a rendu ce lundi à Berlin .

« Entre Europe et Russie, nous devons rétablir la confiance, retrouver le chemin du dialogue et construire une relation forte, a-t-il dit après un entretien d’une heure avec la chancelière, lors d’un discours à la Fondation Konrad Adenauer, proche chrétienne-démocrate (CDU). Entre Russie et Europe, notre seule perspective ne peut pas être une confrontation larvée sous un régime de menaces et de sanctions. »

La victoire de l’ex-Premier ministre à la primaire de droite avait été accueillie à Berlin par un soulagement – car il veut mener des réformes ambitieuses, saluées par le ministre Wolfgang Schäuble – et d’inquiétude – du fait de sa position sur la Russie. Ses dernières déclarations ne devraient pas rassurer la chancelière, qui se méfie de Vladimir Poutine comme de la peste.

Un climat de « guerre froide »

Angela Merkel s’inquiète vivement des cyberattaques attribuées à des pirates russes ou à la tentative d’influence croissante de Moscou dans le débat public allemand. Cette offensive, qui ne recule pas devant la fausse information, profite au parti populiste AfD, qui défend l’annexion de la Crimée et conteste la politique d’asile de la chancelière.

François Fillon, qui regrette un climat de « guerre froide », met en garde contre l’inaction. « Nous devons sortir de cette impasse, explique Bruno Le Maire, son conseiller pour les affaires européennes, qui l’a accompagné à Berlin. Si nous ne nous ne nous rapprochons pas de Moscou, on risque de voir un accord entre Trump et Poutine sur l’Ukraine dans le dos des Européens ».

« La France ne peut pas accepter plus de réfugiés »

La Russie n’est pas le seul point d’achoppement avec la chancelière. Comme Manuel Valls, le candidat de la droite à l’élection présidentielle a répété ce lundi que « la France ne peut pas accepter plus de réfugiés » alors qu’Angela Merkel continue de compter sur une répartition de demandeurs d’asile dans l’Union européenne.

Après l’élection de Donald Trump, qui défend une politique protectionniste, François Fillon a tracé les lignes d’un réplique européenne. « Dans un monde où chaque puissance défend bec et ongles ses intérêts commerciaux, il est temps que les Etats européens sortent de leur torpeur pour se protéger et faire valoir leurs droits », a-t-il lancé. Opposé au traité de libre-échange transatlantique, pourtant prioritaire pour Angela Merkel, il veut établir un rapport de forces avec les Etats-Unis, dans lequel « il faut mettre tous les sujets sur la table » : le commerce, dumping fiscal, mais aussi les sanctions américaines « totalement injustifiées » contre des sociétés européennes, dont BNP Paribas.

Angela Merkel, qui accueille vendredi François Hollande pour un déjeuner de travail, est également prête à recevoir le futur candidat socialiste « si cela est souhaité », a indiqué son porte-parole. La chancelière n’a pas l’intention d’inviter Marine Le Pen , avec laquelle « il n’y a vraiment aucun point commun ».

VIDEO – Fillon veut une « puissance européenne » face aux « USA de Trump et à la Russie de Poutine » : http://www.lesechos.fr/elections/francois-fillon/0211721672855-russie-commerce-a-berlin-fillon-assume-ses-desaccords-avec-merkel-2059394.php

 

Thibaut Madelin

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 24/01/2017

La City s’alarme de la sortie annoncée du marché unique

La finance britannique veut obtenir un «bon Brexit», un accord réciproque sur l’accès à l’UE.

La City fait le deuil de son «passeport» financier qui lui permet d’opérer sans frontières dans l’Union européenne. Le discours de Theresa May, il y a tout juste une semaine pour confirmer la sortie du marché unique, implique directement la fin de cette facilité pour vendre ses produits sur l’ensemble du continent. Environ 13.500 sociétés britanniques détiennent de tels sésames, à comparer aux 8 000 dans le reste de l’UE. «L’interdépendance entre le Royaume-Uni et l’Union européenne était fondée sur le marché unique et le passeport. Quand nous quitterons l’UE, nous deviendrons un pays “tiers”. Il nous faut une nouvelle approche pour garantir notre accès à ce marché», explique Mark Hoban, ancien ministre du Trésor, en charge d’un organe de régulation de la City.

Après s’être mobilisés pour convaincre le gouvernement britannique de l’importance de l’enjeu, les dirigeants du lobby du secteur, TheCityUK, se rendent à Bruxelles ce mardi pour plaider leur cause. Le résultat de ces pourparlers, qui doivent s’étaler sur les deux ans de négociations sur la sortie du Royaume-Uni, sera déterminant pour l’avenir de la place financière londonienne. Entre 35. 000 et 232. 000 emplois sont en jeu, selon différentes études.

«Obtenir un bon Brexit est notre plus grand défi», alerte Miles Celic, directeur général de TheCityUK. Aucune des solutions alternatives à l’appartenance à l’UE et son fameux passeport n’est vraiment satisfaisante. Les banques ou assureurs britanniques qui souhaitent continuer à opérer en Europe auront le choix de s’adapter à la loi locale au cas par cas sans accord spécifique, cas de figure le plus défavorable. Ils pourront décider d’opérer depuis une filiale sur le continent. C’est ce que de nombreux établissements, dont HSBC, UBS ou Goldman Sachs, se préparent à faire. Avec à la clé le transfert de plusieurs milliers d’emplois. Autre possibilité: miser sur un mécanisme d’«équivalences», un ersatz de passeport pour les pays tiers. Mais ce régime est contraignant. Il requiert le même niveau de régulation que celui en vigueur dans l’UE, ce qui limiterait les marges de manœuvre du secteur post-Brexit. Et, s’il peut s’appliquer à certaines activités, telles les chambres de compensation en euros, ce n’est pas le cas pour d’autres, comme le crédit ou l’assurance. «Cela peut s’imposer comme palliatif en cas d’absence d’accord entre Londres et l’UE, mais cette option ne devrait pas constituer une base de départ pour les négociations et ne peut s’avérer une solution durable», estime Rachel Kent, avocate au cabinet Hogan Lovells. Selon elle, «la priorité immédiate est d’obtenir des dispositions transitoires» pour éviter un choc brutal pour les entreprises de la City.

C’est pourquoi TheCityUK s’empresse de réclamer «un accord sur mesure prévoyant un accès mutuel aux marchés» financiers entre Londres et l’Europe. Un objectif très ambitieux. Les représentants de la City ont tendance à considérer que l’Europe a autant, voire plus, besoin d’eux que l’inverse. Or une telle présomption pourrait se révéler dangereuse. Comme le reconnaît le député conservateur pro-Brexit Peter Lilley, «il ne faut pas surestimer la probabilité qu’on obtienne un accord» commercial avec l’UE. Selon lui, les Européens ont de fortes chances de «chercher à nous punir, même si cela revient à se nuire à eux-mêmes».

Les enjeux sont énormes pour le Royaume-Uni. La finance représente 11 % de son PIB. Selon Mark Boleat, responsable de la stratégie de The City of London Corporation, l’organisme ombrelle du secteur, «si le Royaume-Uni tombe sous les conditions d’un pays tiers, jusqu’à 50 % de notre activité liée à l’UE serait menacée, soit 20 milliards de livres de revenus et environ 35.000 emplois». Mais les dommages pourraient même être encore plus grands. À en croire le patron (français) de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, c’est tout «l’écosystème» financier du pays qui est en jeu, ce qui pourrait mettre en danger 232 000 emplois, d’après une étude d’Ernst & Young.

Chaque emploi de la City en fait vivre de nombreux autres. 44 % de l’activité des 50 plus grands cabinets d’avocats londoniens dépend des banques et autres services financiers. Un associé chez Goldman Sachs gagne près d’un million de livres par an, hors bonus. Ce revenu lui permet de s’offrir des biens (voiture, maison…) et des services (employés de maison, écoles des enfants…) qui soutiennent l’économie londonienne. Ce n’est pas un hasard si les ventes d’immobilier de luxe à Londres ont déjà chuté de 9 % depuis le vote pour le Brexit. Même la vie culturelle dépend en grande partie de la générosité de philanthropes de la City.

Or jusqu’à 50 % des effectifs de Goldman Sachs dans la City pourraient être transférés vers New York, Francfort ou d’autres capitales européennes. HSBC vient de confirmer la relocalisation d’un millier de postes à Paris. UBS compte en déplacer autant, probablement vers l’Allemagne. Le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, a reconnu qu’il allait en faire autant.

En déclenchant d’ici à fin mars le compte à rebours de la sortie de l’UE, Theresa May sait qu’elle risque d’entraîner des réactions en chaîne négatives. D’où l’urgence pour la City de faire entendre son cri d’alarme. La finance pourrait bien faire les frais de négociations à risque avec l’UE, dans lesquelles un accord sur les échanges de marchandises serait privilégié.

May lance sa stratégie industrielle post-Brexit

Depuis son entrée en fonction l’été dernier, Theresa May évoque son ambition d’une stratégie industrielle «moderne» pour le Royaume-Uni. À l’heure où la finance est déstabilisée par le Brexit, elle espère rééquilibrer l’économie du pays après des décennies de déclin de son industrie, qui ne pèse plus que 14 % du PIB (avec l’énergie), contre 80 % pour les services. La première ministre a dévoilé lundi les dix piliers de ce programme. Ils comprennent l’investissement dans la recherche et l’innovation, le développement de compétences clés, l’amélioration des infrastructures, la création de filières, la promotion des régions délaissées. Inspiré par des stratégies qui ont réussi en Corée du Sud ou aux États-Unis, le gouvernement espère créer des champions mondiaux en identifiant des leaders de leur secteur, chargés d’entraîner derrière eux tout un tissu industriel. Rompant clairement avec le laisser-faire traditionnel des conservateurs cher à Margaret Thatcher, Theresa May propose un donnant-donnant aux entreprises, dans une approche interventionniste. Elle leur demande de coopérer pour stimuler l’activité dans leur domaine, en leur promettant en retour de les aider en matière réglementaire. Il s’agit de doper la productivité de l’économie britannique, à la traîne de l’Allemagne et de la France.

Florentin Collomp

 

 

L’OPINION – 24/01/2017

Trump enterre le traité transpacifique

 

Donald Trump a signé un décret mettant fin à la participation américaine au TPP

Le traité de libre-échange entre pays d’Asie-Pacifique ne pourra pas entrer en vigueur. Il était pourtant vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine

Le successeur de Barack Obama a signé dans le Bureau ovale un décret mettant un terme à la participation des États-Unis au traité signé entre douze puissances asiatiques et américaines.

Donald Trump passe à l’acte. Après l’Obamacare, qu’il a attaqué dès son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président américain s’en prend cette fois au traité de libre-échange transpacifique, le TPP.

Négocié durant des années par l’administration de Barack Obama, ce pacte avait été le fruit de nombreuses critiques de la part de Donald Trump, durant la campagne, le jugeant « terrible » et « violant les intérêts des travailleurs américains ».

Le traité signé l’année dernière par douze pays d’Amérique et d’Asie, mais pas encore ratifié, visait à créer une zone de libre-échange entre les pays signataires.

À l’époque de la signature, Barack Obama avait salué un accord qui « renforcera notre leadership à l’étranger et soutiendra les emplois ici aux États-Unis ». Le TPP prévoyait notamment une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada, les États-Unis et le Japon, pour des produits comme le sucre, le riz, le fromage ou le bœuf.

Faute de ratification de la part des États-Unis, l’accord ne pourra pas entrer en vigueur. D’après une source de NBC, reprise par Reuters, Donald Trump pourrait s’engager simultanément à lancer sur une base bilatérale des négociations commerciales avec les onze autres pays signataires du TPP.

Des craintes. L’arrivée du nouveau président américain et ses premières décisions ne manquent pas de faire réagir. Avant même l’annonce officielle du retrait des États-Unis du TPP, le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, a prévenu dans une interview publiée par le quotidien El Universal que son gouvernement devrait réfléchir à des « mesures en miroir », notamment si Washington impose des restrictions aux importations vers le marché nord-américain.

Du côté du Canada, le Premier ministre fédéral, Justin Trudeau, a réuni son gouvernement dès ce lundi pour deux jours à Calgary, afin de débattre de la meilleure approche possible face aux positions de la Maison Blanche. Dans l’entourage du Premier ministre, on se veut rassurant. « Ils n’ont rien dit de spécifique sur de véritables problèmes qu’ils auraient avec nous », a commenté David MacNaughton, ambassadeur du Canada à Washington.

Conformément à ses promesses de campagne, le président américain devrait par ailleurs appeler à une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena).

Cette décision du président Trump pourrait pourtant satisfaire une partie de la population américaine. Selon un sondage publié en avril 2016 par la firme Morning Consult, les Américains sont aujourd’hui 40% à estimer que le libre-échange a fait plus de mal (40%) que de bien (26%) aux États-Unis.

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 20 janvier 2017

2017-09-19T13:35:43+02:00Mots-clés : , , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LE MONDE – 20/01/2017

Piétonisation des voies sur berge : la région s’alarme d’une aggravation de la pollution

La présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, propose trois scénarios alternatifs de « piétonisation douce ».

La piétonisation des voies sur berge à Paris continue de faire polémique. Jeudi 19 janvier, Valérie Pécresse a rendu public le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, décidée par la mairie de Paris depuis le mois de juillet. Pour la présidente (Les Républicains, LR) de la région Ile-de-France, la décision d’Anne Hidalgo a eu des impacts négatifs sur la qualité de l’air, le trafic routier et la pollution sonore. « Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave », a-t-elle résumé.

Alors que, lundi 16 janvier, la ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, le comité régional installé le 12 septembre 2016 sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du SAMU de Paris, constate « un impact négatif sur la circulation qui se confirme » en centre-ville, et une augmentation du bruit, « surtout la nuit ». « Pendant la nuit, les augmentations peuvent aller au-delà d’un doublement de l’énergie sonore à certains endroits », insiste-t-il, donnant en exemple le quai de la Mégisserie, où le bruit s’est accru, entre novembre 2015 et novembre 2016, de 3,5 décibels, soit une augmentation de 125 %.

Le comité d’évaluation régional s’alarme surtout d’une détérioration de la qualité de l’air. « Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution en oxydes d’azote (NOx) et en particules. Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berge n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », relève-t-il.

Ainsi, entre novembre 2015 et novembre 2016, les émissions induites depuis la fermeture par le ralentissement des voitures auraient augmenté de 53 % pour le NOx et de 49 % pour les particules fines sur les quais hauts ; et, sur le boulevard Saint-Germain, de 18 % pour le NOx et de 15 % pour les particules fines.

Calcul contesté

Ces conclusions sont contestées par les experts. « Ces chiffres reposent sur un calcul théorique et très localisé, établi à partir du volume de trafic. Ce n’est qu’au bout de six mois de fermeture des voies sur berge et de mesures que nous pourrons vraiment évaluer la façon dont évolue la qualité de l’air sur l’ensemble de l’agglomération parisienne, en tenant compte des évolutions météorologiques et de comportements », nuance Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France qui, à la demande de la région, de la métropole, du Grand Paris et de la ville de Paris a installé, depuis le 15 novembre, près de 80 points de mesure jusqu’en petite couronne, dont un point tous les 300 mètres sur les voies sur berge (quais haut et bas).

Pour l’heure, le seul constat que puisse clairement établir Airparif porte sur la « différence notable » – et somme toute logique – de niveaux de pollution entre la voie Georges-Pompidou, désormais fermée à la circulation automobile, et le quai haut. « Sur les quais bas, les cyclistes et les piétons sont exposés à des niveaux de concentration en dioxyde d’azote 25 % moins importants que sur le trottoir côté Seine des quais hauts. De même, sur le quai haut, les niveaux de pollution sont de l’ordre de 10 % plus faibles sur le trottoir côté Seine, que sur le trottoir côté bâtiments. Ces différences s’expliquent essentiellement par rapport à la distance du trafic routier », note Airparif dans son bulletin de décembre 2016.

Au vu des données mises en avant par le comité régional qui appellent, selon elle, à la « plus grande vigilance », la présidente de la région n’écarte pas la possibilité d’une remise en cause, par le préfet de police de Paris, Michel Cadot, de la piétonisation de la voie Georges-Pompidou, au terme des six mois de test souhaité par celui-ci. Dans cette perspective, elle a présenté jeudi trois scénarios alternatifs « de piétonisation douce », qu’elle entend proposer au comité de suivi mis en place par le préfet.

Alternatives

Ces trois scénarios prévoient tous trois la réintroduction d’une, voire deux voies de circulation, classiques ou apaisées à 30 km/h sur les quais bas. Ils comportent par ailleurs un réaménagement de la voirie sur les quais hauts, avec une voie pour un bus électrique à haut niveau de service et une piste cyclable sécurisée, simple ou double ; le nombre de voies pour les voitures est, quant à lui, maintenu à trois voies classiques dans un scénario et ramené à deux voies apaisées dans les deux autres.

« Nous voulons être constructifs », a insisté Valérie Pécresse en présentant ces scénarios reposant sur une piétonisation « plus douce, plus progressive et plus équilibrée » que le projet de la ville de Paris « pris sans aucune concertation ». « Nous ne sommes pas contre la piétonisation du centre de Paris. Ces projets ont pour principes d’étude moins de circulation, moins d’embouteillages et plus de place pour les piétons, les vélos et les transports en commun », a-t-elle soutenu.

« Le préfet a tenu à ce que soit maintenue sur les quais bas une voie de circulation pour les véhicules de secours. On peut peut-être se servir de cette voie pour délester les quais hauts, à certains moments de la journée et selon les saisons », a, pour sa part, expliqué Fouad Awada, directeur général par intérim de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de l’Ile-de-France qui doit, à la demande de la région, enrichir et évaluer ces scénarios d’ici la mi-février.

Une chose est sûre, Valérie Pécresse ne baisse pas la garde. La polémique entre la présidente de la région et la maire de Paris n’est pas prête de s’estomper.

Laetitia Van Eeckhout

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Voies sur berge piétonnes à Paris: des effets pernicieux

Avec davantage de pollution, de temps de parcours et de niveau sonore, les quais hauts de la rive droite paient le prix fort.

Face aux coups de boutoir de la Mairie de Paris pour l’aménagement des voies sur berge, la région a présenté son troisième rapport d’étape qui, on s’en doute, n’arrive pas aux mêmes conclusions que celles de la ville. Pour élaborer ce rapport, la région a fait appel à deux organismes indépendants, Airparif et l’Institut d’aménagement urbain (IAU). La compilation des données montre que la pollution, le niveau sonore et les temps de parcours sont en nette augmentation. À fin novembre, soit trois mois après le début de l’expérience de la fermeture des voies sur berges, tous les indicateurs sont au rouge. Selon les estimations de l’IAU, la pollution par particules sur les quais hauts rive droite a augmenté en journée de 49% et de 15% sur le boulevard Saint-Germain. Pour l’oxyde d’azote, l’augmentation est de 53% sur les quais hauts et de 18% sur le boulevard Saint-Germain. Sans surprise, la pollution sur les voies sur berge, désormais sans voiture, diminue.

Quant à la pollution sonore, elle augmente en journée de 12% sur le boulevard Saint-Germain et de 25% la nuit. Le quai de la Mégisserie subit, lui, une augmentation de 12% la journée… et de 100% la nuit.

Les restrictions de circulation allongent les temps de parcours, selon le rapport de la région. Entre novembre 2015 et novembre 2016, ils ont augmenté sur les quais hauts de la rive droite de 92% à la pointe du soir et de 87% sur le boulevard Saint-Germain entre 18 et 19 heures. Pour la pointe du matin, la hausse est plus modérée mais reste élevée à 25% pour les quais et 31% pour le boulevard Saint-Germain.

Dans le projet présenté par la Mairie de Paris, Anne Hidalgo a évoqué la création d’un tram-bus en remplacement de la ligne 72 et fonctionnant à double sens sur les quais hauts. La région s’est étonnée de cette proposition qui n’est pas celle qui avait été discutée entre le Syndicat des transports d’Île-de-France et la Mairie. Le projet validé avec un budget de 30 millions d’euros est celui de l’électrification de la ligne 72 passant dans un sens sur la rue de Rivoli et dans l’autre sur les quais hauts.

Solutions alternatives

Par ailleurs, la région tient à revoir entièrement le plan bus, aussi bien à Paris qu’en banlieue. «Pour avoir moins de voitures dans Paris, il faut absolument plus de transports en commun en banlieue», a tenu à rappeler Valérie Pécresse. «Nous ne sommes pas anti-voiture, mais nous sommes pro-voitures propres», a poursuivi la présidente, insistant sur le vote d’un budget de 4 millions d’euros pour aider les artisans à changer de véhicule. La région, qui fait partie du comité de suivi mis en place par la Préfecture de police, propose donc trois solutions alternatives afin d’apaiser le trafic, «des solutions adaptables selon les saisons, été ou hiver et qui devront faire l’objet d’études d’impact». Bref, entre la région et la ville, la mésentente n’est plus cordiale.

François Delétraz

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Les propositions de Pécresse pour réduire les bouchons sur les quais

 

La région propose trois scénarios, qui rétablissent au moins une voie de circulation sur les berges, afin de réduire les congestions que connaissent les quais hauts.

Elle se veut « constructive en cette période d’expérimentation ». La présidente de la région, Valérie Pécresse, a présenté ce jeudi trois alternatives à la fermeture des voies sur berges voulue par la mairie de Paris. Des propositions au préfet de Police de Paris, seul décisionnaire en la matière. C’est lui qui décidera, avec Paris, de la suite à donner à l’expérimentation, fin mars. «Nous cherchons des solutions douces et progressives qui limitent les reports de circulation sur d’autres routes et ré-ouvrent le dialogue, précise Fouad Awada, directeur général de l’IAU, l’Institut d’aménagement de la région qui a planché sur le sujet. Il faudrait, comme à Florence en Italie rendre le centre historique piéton mais conserver un axe de contournement. A Paris, cette voie de contournement, ce sont les berges de Seine ».

Ces trois solutions rétablissent au moins une voie de circulation en bas pour décongestionner le haut : « On ne comprend pas bien pourquoi on met la pollution plus près des habitations que des poissons…», soupire Chantal Jouanno, en charge de l’environnement à la région.

Le scénario 1 (voir infographie) veut rendre les quais hauts « apaisés », avec une voie dédiée aux bus, une autre aux vélos, et un trottoir élargi pour les piétons comme un « balcon sur la Seine». Les deux voies restantes reviendraient aux voitures roulant à faible allure. En bas : trottoir élargi pour piétons et vélos et rétablissement d’une file à 50km/h conçue comme un transit ouest-est de Paris, sans échange (entrées ou sorties) avec l’étage supérieur.

Même schéma pour les quais hauts dans le scénario 3. En revanche, il rétablit les deux files de circulation à 50 km/h, conçues là encore comme un transit.

Quant au scénario 2, il apaise le bas avec large trottoir pour piétons et vélos et une voie à faible allure pour les voitures. En haut, trois files sont réservées aux véhicules à 50km/h.

Ces configurations pourraient varier en fonction des saisons, et des opérations spéciales, comme Paris Plage ou Paris Respire.

« C’est du sang et des larmes »

Y a-t-il un des scénarios proposés par la région qui trouve grâce aux yeux de la ville de Paris ? « Aucun », tranche Christophe Najdovski, adjoint EELV, en charge des transports à la mairie de Paris. « Sur la forme, on ne voit pas bien au nom de quoi Mme Pécresse s’exprime. Si elle voulait dialoguer , elle aurait pu nous parler plutôt que de le faire à la presse ».

Quant au fond, l’élu estime que « c’est un projet qui vise à remettre de la circulation automobile sur les berges tout en maintenant une circulation forte sur les quais hauts. C’est du sang et des larmes ». Sur la pollution, Christophe Najdovski s’en remet aux études « scientifiques » d’Airparif et dénonce les conclusions du « comité Theodule » de la région présidé par un médecin « qui n’a aucune compétence en circulation »

Jean-Gabriel BONTINCK et Jila Varoquier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

L’Île-de-France rêve d’une «Smart Week» regroupant tous les événements de la tech

INFO LE FIGARO – La région voudrait fédérer et regrouper en une semaine les événements consacrés à la tech et aux start-up à Paris.

Futur en Seine, Viva Technology, Digital Marketing Symposium, EuroCloud, Bpifrance Inno Génération, Entreprise Digital Paris, e-commerce Paris… Sans même parler de la Paris Games Week. Les événements dédiés à la high-tech, à l’innovation et aux start-up se succèdent à un rythme effréné à Paris, et à liste n’en finit pas de s’allonger. Ce qui lève quelques interrogations sur l’efficacité de ce calendrier bien chargé. La Région Ile-de-France a bien une idée de réponse: «Nous voulons mettre en place une “Smart Week” en Ile-de-France pour réunir toutes ces manifestations sur une seule et même semaine», explique Jérôme Chartier, premier vice-président de la région, chargé de l’Économie et de l’Emploi.

En regroupant tous ces salons, grands ou petits, sur une période plus courte, Jérôme Chartier estime que «cela permettrait de faire venir à Paris des personnes qui seraient attirées par un rendez-vous important, mais qui ne sont pas disposées à venir plusieurs fois par an». Il lui reste encore le plus difficile à accomplir: convaincre les différents organisateurs que l’union peut faire la force.

Les start-up françaises attirent les investisseurs

Cette idée s’inscrit dans une politique plus large que mène la Région pour encourager l’innovation et le développement sur son territoire. Les initiatives mises en place couvrent une large palette, depuis la facilitation des relations entre les chercheurs et les entreprises, jusqu’à des aides financières (Innov’Up) et le soutien à des incubateurs, comme Creativ’ Vallée au Kremlin Bicêtre, ou le Cargo à Paris, financé à 40% par la Région. «Nous avons aussi un projet de fab lab pour offrir aux entrepreneurs un espace où ils pourront réaliser des prototypes, notamment avec des imprimantes 3D», ajoute Jérôme Chartier, convaincu que c’est un premier pas vers une réindustrialisation du tissu économique local.

Malgré un beau dynamisme dans les autres régions, l’Ile-de-France demeure l’épicentre de la high-tech en France. Elle a encore attiré une large majorité (61%) des investissements en 2016, avec près de 1,7 milliard d’euros levés, contre environ 1,1 milliard dans les autres régions, selon un rapport de Dealroom publié cette semaine. Sur l’ensemble du territoire français, plus de 2,7 milliards d’euros ont été investis dans les start-up l’an dernier, faisant de la France la deuxième destination en Europe, derrière le Royaume-Uni (3,2 milliards d’euros) et désormais devant l’Allemagne (2 milliards).

Carte interactive : http://premium.lefigaro.fr/secteur/high-tech/start-up/2017/01/19/32004-20170119ARTFIG00122-l-ile-de-france-reve-d-une-smart-week-regroupant-tous-les-evenements-de-la-tech.php

 

Elsa Bembaron

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Salon du travail : deux jours pour prendre sa carrière en main

La 3e édition du Salon du travail et de la mobilité professionnelle, qui se tiendra les 20 et 21 janvier à Paris, offre les clés pour donner un nouvel élan à sa vie professionnelle.

Trouver un emploi, créer son entreprise, se former, explorer le potentiel des régions ou encore s’expatrier : le Salon du travail et de la mobilité professionnelle, organisé par l’Express, Libération et BFM Business, vise à répondre à l’ensemble des aspirations des visiteurs. « Nous souhaitons les accompagner dans leurs réflexions d’évolution professionnelle », indique Valérie Bruschini, commissaire générale de l’événement.

SIX VILLAGES THÉMATIQUES

Du jeune diplômé au sénior actif en passant par le demandeur d’emploi, tous les profils sont invités à parcourir les six villages thématiques du salon, animés par plus de 250 exposants :

– « Je cherche un job » : pour rencontrer les entreprises qui recrutent et optimiser sa recherche d’emploi.

– « Je me forme » : pour concrétiser son projet de formation ou de reconversion professionnelle.

-« Je découvre l’emploi public » : pour s’informer sur les offres d’emploi, les formations et les concours du secteur public.

– « J’entreprends » : pour créer ou reprendre une entreprise, s’informer sur les aides et les démarches.

– « Je bouge en France » : pour découvrir les opportunités professionnelles en région ainsi que les dispositifs d’accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise.

– « J’ose le monde » : pour échanger avec les recruteurs à l’international et préparer son projet de départ.

LES NOUVEAUTÉS DE L’ÉDITION 2017

Plus de 30 conférences et ateliers pratiques seront proposés durant les deux jours du salon. « Pour cette 3e édition, les entreprises présentes vont proposer différentes animations, par exemple un espace de coaching pour rédiger un CV », précise Valérie Bruschini.

D’autres nouveautés sont également au programme, comme le “lab des idées” : quatre débats permettront de s’interroger sur les mutations du monde du travail, en lien avec le numérique ou encore la diversité.

Le salon est également partenaire d’Expolangues, qui se déroulera simultanément sur le même site. « Les personnes intéressées par l’expatriation pourront bénéficier d’informations complémentaires grâce à ce salon centré sur la mobilité internationale », explique Valérie Bruschini. Pour profiter pleinement du salon, il est recommandé de préparer sa visite en consultant l’ensemble des informations utiles sur le site internet : www.salondutravail.fr.

Informations pratiques

Salon du travail et de la mobilité professionnelle : vendredi 20 janvier de 10 h à 18 h et samedi 21 janvier de 10 h à 17 h. Lieu : Grande halle de la Villette 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris

Entrée gratuite sur inscription en ligne :www.salondutravail.fr

Plus de 30 000 visiteurs SONT ATTENDUS À LA 9E ÉDITION DU SALON DU TRAVAIL ET DE LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/business/salon-du-travail-deux-jours-pour-prendre-sa-carriere-en-main-16-01-2017-6574293.php

 

 

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 20/01/2017

L’ultime charge de la Cour des comptes contre la gestion Hollande

L’institution a déjà programmé un audit complet des finances publiques pour juin.

En ce jour d’audience solennelle et de vœux au gouvernement, Didier Migaud avait revêtu la robe noire de magistrat et l’hermine du premier président de la Cour des comptes. L’ex-député PS a profité de l’occasion, et du public de premier choix assis juste devant lui (le premier ministre, les ministres de la Justice, du Budget, de la Fonction publique…), pour fustiger l’attitude des hommes politiques au pouvoir qui ne peuvent s’empêcher de travestir la réalité et d’enjoliver la situation des comptes publics. Le tout dans un discours très bien écrit multipliant les références aux contes de fées et où les «tours de passe-passe» rivalisent avec les «magiciens». Ambiance.

«Aux élixirs d’alchimiste, les magistrats de la Cour des comptes recommandent et continueront de recommander de substituer de vrais remèdes», a martelé Didier Migaud, face à des ministres crispés d’être ainsi rappelés à l’ordre. Certes, le premier président a reconnu «les efforts et progrès intervenus dans les années récentes» – le déficit a baissé de 18 milliards en cinq ans -, mais «nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables». La dette s’est en effet alourdie en 2016, alimentée par un déficit public qui devrait atteindre 3,3 % du PIB. Soit un point de plus que le niveau nécessaire pour stabiliser un fardeau financier qui culminera à 96 % du PIB et qui justifie le maintien de la France, au même titre que la Grèce, le Portugal et l’Espagne, dans le club des pays européens toujours dans le collimateur de Bruxelles pour déficit excessif.

Didier Migaud a aussi dissipé les écrans de fumée dressés par la ministre de la Santé autour des comptes sociaux. Marisol Touraine a beau se féliciter d’avoir «sauvé la Sécu», lui rappelle que «son équilibre n’est pas encore assuré». Pis, les progrès observés résultent selon lui essentiellement de transferts financiers vers l’État! Quant à la bonne surprise annoncée mardi par Bercy – un déficit 2016 inférieur d’un milliard aux dernières prévisions -, «la Cour aura l’occasion de vérifier (…) les conditions dans lesquelles ces résultats ont été obtenus», prévient-il, visiblement sceptique sur le résultat claironné par Michel Sapin.

Défi considérable

À l’orée d’élections cruciales, Didier Migaud ne s’est d’ailleurs pas contenté de régler ses comptes avec les sortants. Il a aussi, et surtout, prévenu les suivants que le redressement des comptes publics sera «un défi considérable». Et ce notamment parce que l’alignement des planètes (de bas taux d’intérêt et de cours de pétrole corrélés à des bons taux de change), dont a bénéficié l’Hexagone ces dernières années pour redresser ses finances publiques, s’est récemment disloqué. Selon Didier Migaud, la baisse des taux d’intérêt depuis 2011 a ainsi fait fondre le déficit… de 40 %.

La réduction de la contribution au budget européen, qui explique aussi le «bon» déficit 2016, est tout autant de l’histoire ancienne. Avec le Brexit, l’écot réglé par la France devrait peser 1,2 milliard de plus, selon le Sénat. Après plusieurs années de gel de leur traitement, les dépenses salariales de la fonction publique devraient également s’envoler en 2017, alourdissant la facture autant en un an que lors des six dernières années.

Au successeur de Bernard Cazeneuve, Didier Migaud conseille enfin de mener moins de réformes et de mieux les évaluer en amont. Et ce afin que la Cour dresse «moins de constats négatifs» à l’avenir. Pour que le futur exécutif parte sur de bonnes bases, il a d’ailleurs déjà programmé un «audit général des finances publiques» qu’il présentera au futur président en juin…

Guillaume Guichard

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Des pistes de réforme pour améliorer l’orientation post-bac

Près de 4 étudiants sur 10 se réorientent entre la première et la deuxième année d’études supérieures, selon France Stratégie.
L’organisme propose, entre autres, de réformer le bac.

Les lycéens qui veulent poursuivre des études dans l’enseignement supérieur vont pouvoir saisir leurs voeux, dès ce vendredi, sur le portail Admission post-bac (APB). Cette première étape d’inscription court jusqu’au 20 mars, avant l’ouverture de la phase de confirmation des voeux. Mais APB n’est qu’un outil, qui ne règle pas la question de fond de l’orientation. C’est ce que souligne France Stratégie dans une étude récente.

Cet organisme, rattaché à Matignon, a chiffré le « coût collectif » des « accidents de parcours » à « plus de 500 millions d’euros par an, soit le budget de fonctionnement de deux universités de taille moyenne ». Les difficultés « se concentrent » à l’université, selon lui : à peine 40 % des étudiants poursuivent, après une première année d’études en licence, dans la deuxième année de la formation. A cela s’ajoute un taux d’échec important puisque 20 % des étudiants ayant commencé des études supérieures en sortent sans avoir obtenu de diplôme.

Licences professionnelles

France Stratégie y voit le résultat des « fréquentes difficultés d’orientation », avec des étudiants « mal informés sur les choix qui s’offrent à eux ». Un constat problématique au vu de l’explosion attendue des effectifs du supérieur et du « déficit français en matière de compétences ». L’étude rappelle les « résultats médiocres » de l’Hexagone dans les enquêtes internationales (PISA pour les élèves de 15 ans, PIAAC pour les compétences des adultes).

Que faire ? Le « think tank » rattaché à Matignon, qui entend nourrir le débat en vue de l’élection présidentielle, met deux options sur la table. La première vise à créer des parcours intégrés entre le lycée et l’enseignement supérieur. L’idée est de renforcer, à côté des filières sélectives longues, les filières professionnelles de niveau bac +2 et bac +3 et d’en garantir l’accès aux élèves ayant un bac professionnel ou technologique. France Stratégie propose aussi de créer des licences professionnelles en trois ans qui seraient proposées aux bacheliers généraux. Les autres élèves souhaitant poursuivre leurs études dans des formations générales non sélectives de niveau licence devraient passer « un test de positionnement » durant l’année de terminale, pour éventuellement recevoir ensuite un accompagnement renforcé ou une mise à niveau.

L’autre option suggérée par l’étude aboutirait à une transformation profonde du baccalauréat, en permettant aux élèves de se construire un parcours à la carte, à partir de différents modules de formation. Les lycéens suivraient des modules de formation généraux et d’autres, spécialisés, en lien avec les études supérieures envisagées. « Le changement de filière serait facilité », vante France Stratégie. Les lycées deviendraient polyvalents, proposant à la fois des filières générale, technologique et professionnelle. Le bac serait dès lors « validé en contrôle continu », avec un nombre limité d’épreuves terminales.

Dans le supérieur, la première année de licence deviendrait une année de préparation aux études supérieures durant laquelle les étudiants affineraient leurs choix. Cette réforme déboucherait aussi sur la création d’un « corps enseignant commun » aux lycées et aux établissements d’enseignement supérieur « pour mieux assurer la continuité » entre le lycée et le supérieur. Autant de pistes de refonte pour des candidats à l’élection présidentielle qui savent toutefois que le bac est un sujet politiquement très délicat à manier.

Marie-Christine Corbier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les 5 chiffres à retenir sur les salaires des Français

LE SCAN ÉCO – Salaire moyen, différences hommes-femmes, comparaison public-privé, l’Insee a publié ce jeudi une note sur le revenu salarial en 2014.

  • Le salaire moyen annuel

Le revenu salarial annuel, soit la somme de tous les salaires nets perçus par un individu en 2014, atteint 20.670 euros, peut-on lire dans la note de l’Insee sur le revenu salarial en 2014, publiée ce jeudi. Ce revenu progresse de 1% en 2014 en euros constants alors qu’il avait augmenté de 0,7% par an entre 1995 et 2009, puis diminué de 0,3% par an jusqu’en 2013.

  • Les différences entre les plus jeunes et les plus âgés

Les 50-54 ans touchent un revenu salarial annuel (25.367 euros) 3,4 fois plus élevé que celui des moins de 25 ans (7362 euros) en 2014.

  • Les inégalités hommes-femmes

Les femmes perçoivent un revenu salarial inférieur en moyenne de 24% à celui des hommes. En 2014, elles gagnent 17.815 euros annuels contre 23.398 euros annuels pour les hommes. «L’écart de revenu salarial moyen entre femmes et hommes s’explique pour plus des deux tiers par des écarts de salaire en équivalent temps plein et moins d’un tiers par des différences de volume de travail», précise l’Insee. Mais ces écarts diffèrent aussi selon l’âge et le niveau de revenu salarial.

Depuis 2009, le revenu salarial moyen des femmes évolue plus favorablement que celui des hommes.

  • Les cadres et les autres catégories socio-professionnelles

Les cadres sont 2,6 fois mieux payés que les ouvriers et 2,9 fois plus que les employés en 2014. Lorsque les premiers gagnaient 40.455 euros annuels en 2014, les deuxièmes touchaient 15.282 euros et les derniers 13.988 euros. Quant aux diplômés de niveau Bac+3 ou plus, ils percevaient le double des salariés de niveau inférieur au Bac, soit 36.537 euros annuels.

  • Le public versus le privé

En moyenne un salarié du privé gagne 20.152 euros et un salarié du public 22.442 euros. La différence entre le salaire au-dessus duquel se situent 10 % des salaires (D9) et le salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires (D1) est plus forte dans le privé que dans le public. Plus précisément, le rapport interdécile D9/D1 vaut 16,8 (37.234/ 2218) dans le privé contre 7,8 (36.797/4716) dans le public. La raison? Une plus grande variabilité dans le secteur privé du volume de travail et des salaires ainsi que des périodes de non-emploi (chômage ou inactivité) des salariés du privé.

En 2017, la hausse des salaires est plus marquée dans le public qui suit la moyenne générale que dans le privé (+ 0,6%). Mais depuis 2000, c’était plutôt l’effet contraire qui était observé avec un revenu salarial moyen plutôt stable dans le public et en hausse dans le privé.

Marie Théobald

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 20/01/2017

La restauration française cherche un nouveau souffle

Le chiffre d’affaires des restaurateurs a baissé de 4,5 %. A l’heure du Salon professionnel Sirha, qui ouvre à Lyon samedi, l’innovation fait figure de planche de salut.

Bien-être, développement durable, traçabilité, rapidité du service, numérique, réseaux sociaux : aux dires des professionnels et des experts du secteur, ces quelques mots clefs sont au coeur de la restauration gagnante d’aujourd’hui et de demain alors que s’ouvre ce samedi, à Lyon, le Sirha, la grand-messe sectorielle présentée par ses organisateurs comme « le rendez-vous mondial de la restauration et de l’hôtellerie ».

Pour les restaurateurs français, il intervient après une année 2016 pour le moins complexe dans un contexte de menace terroriste ravivée par la tuerie de Nice , de lente sortie de crise, sans parler des incidences des mouvements sociaux ou même des inondations. Le groupement patronal GNI, qui vient de publier sa dernière note de ­conjoncture trimestrielle, fait état d’une baisse du chiffre d’affaires des restaurateurs de l’ordre de 4,5 % en moyenne sur l’ensemble de l’année. Une tendance amorcée quand le secteur avait plongé au quatrième 2015, à la suite des attentats du 13 novembre .

Frémissement à Paris

A la fin 2016, le GNI relève cependant un moindre repli de l’activité, avec une baisse de 1 % au ­quatrième trimestre. Il est particulièrement tangible à Paris où les brasseries ont été sévèrement affectées par la chute du ­tourisme international. Outre un effet de base favorable, les professionnels constatent un ­frémissement de reprise de la fréquentation, y compris de visiteurs étrangers. Ceci étant, le GNI sou­ligne que le chiffre d’affaires des ­restaurateurs franciliens se maintient à un niveau « exceptionnellement bas » au quatrième trimestre 2016, rapportés aux « résultats catastrophiques » observés un an auparavant. La baisse était alors de l’ordre de 20 %.

Autre note positive toutefois : le groupe d’études NPD, qui s’appuie sur un panel de consommateurs, a communiqué jeudi des données attestant d’un « retour de la croissance après trois années consécutives de recul » du marché de la restauration hors domicile. Tous segments confondus, la fréquentation a progressé de 0,4 % sur douze mois à la fin novembre, la dépense moyenne augmentant de 0,3 %, à 5,50 euros, d’où un total de dépenses estimé à 54,6 milliards d’euros. Sur cette même période, la fréquentation croît de 1,2 % dans la restauration rapide, et ne baisse plus que de 0,4 % pour la restauration à table.

Campagne de communication

Néanmoins, signe des temps, le ministère de l’Economie lancera début mars une grande campagne de communication en faveur du secteur, indique l’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration.

« Le marché se stabilise mais on n’a pas retrouvé le niveau de 2014 », observe le président de sa branche restaurateurs, Hubert Jan, avant d’insister sur le « distinguo Paris-province ».

Le dynamisme de certaines ­chaînes – comme Au Bureau (99 pubs brasseries, +6,5 % de croissance à base comparable en 2016), ou l’expansion express d’une enseigne comme Burger King – ne doit pas masquer les difficultés des autres et les disparités selon les villes ou les modèles de restauration. « La situation reste difficile à Paris, comme pour d’autres villes, alors que l’axe Bordeaux-Lyon fonctionne bien », constate ainsi le directeur général de Groupe Flo.

Christophe Palierse

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Pourquoi votre facture d’électricité va grimper au 1er août

 

Ce « péage » est destiné aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions),

et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

À compter du 1er août, les consommateurs subiront une hausse de leur facture d’électricité de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Explications. 

C‘est une simple ligne sur la facture d’électricité, que reçoivent chaque mois les 35 millions de ménages français. Le TURPE, ou Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité, contribue pourtant à faire augmenter régulièrement les prix de l’électricité. Ainsi, à compter du 1er août prochain, les consommateurs subiront une hausse de la facture de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Sans compter évidemment l’augmentation à prévoir des autres taxes (TVA, CSPE…), ainsi que des coûts de production.

Un «péage» reversé aux deux gestionnaires du réseau

De quoi s’agit-il ? Le TURPE est en fait le tarif dont s’acquittent l’ensemble des fournisseurs d’électricité (EDF évidemment, mais également tous les alternatifs comme Engie ou Direct Energie) via les factures qu’ils envoient à leurs clients, pour que l’électricité produite dans leurs centrales, ou achetée sur le marché de gros, ait le droit de circuler sur le réseau de transport. Un péage en quelque sorte, qui représente un tiers de la facture des ménages. Il est reversé aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions), et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

Une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture 

2%, c’est une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture annuelle d’électricité d’un ménage, pour ce péage. Cela vous semble beaucoup ? Cela aurait pu être bien plus. Depuis plusieurs mois, à la demande d’EDF, la ministre de l’Énergie, Ségolène Royal, bataillait en effet avec la Commission de régulation de l’Energie (CRE) pour porter l’augmentation du TURPE à 3%. Soit 22 euros supplémentaires, et non plus 15 euros sur la facture de ce même ménage. Sauf que c’est bien à la CRE que revient la tâche de fixer tous les quatre ans le montant du TURPE, depuis la création de ce tarif en 2000.

Il se calcule en fonction des charges d’exploitation, de développement et d’entretien des deux gestionnaires du réseau. Enedis notamment, aurait fait ses comptes. Il lui manquerait 3 milliards d’euros sur la période pour couvrir ses besoins prévisionnels d’investissements. L’entreprise met en avant les nombreux chantiers auxquels elle doit faire face : raccorder au réseau les nouvelles installations renouvelables (plus de 2 000 mégawatts par an pour l’éolien), et développer les infrastructures pour accueillir 7 millions de véhicules électriques. Sauf que le gendarme de l’énergie répond qu’Enedis a versé à sa maison-mère EDF 500 millions de dividendes annuelles sur la période 2013-2015. Ségolène Royal ne veut pourtant rien entendre. Et est allée jusqu’à s’opposer à une première délibération de la CRE, le 17 novembre dernier, au prétexte que le montant proposé ne prenait pas suffisamment en compte la transition énergétique. En demandant au gendarme de l’énergie de revoir sa copie.

«Un tarif qui préserve le pouvoir d’achat des consommateurs»

La CRE, dont le mandat de son président, Philippe de Ladoucette, s’achève le 7 février prochain, a pourtant décidé de tenir tête à la ministre. Estimant que le TURPE ne peut pas augmenter indéfiniment, rejoignant ainsi les associations de consommateurs, elle a publié, ce jeudi 19 janvier, une nouvelle délibération où elle maintient sa proposition initiale. Ce sera donc bien une hausse de 2,71% du TURPE, qui se traduira par une hausse moyenne de 2% sur la facture, et rien de plus. «Un tarif qui prend en compte les enjeux de la transition énergétique et préserve le pouvoir d’achat des consommateurs» indique un communiqué de la CRE qui accompagne sa délibération. La législation donnant à la CRE le dernier mot, c’est bien cette seconde délibération qui détermine des tarifs à venir pour le TURPE. N’en déplaise à Ségolène Royal. Contacté par notre journal, le ministère de l’Énergie n’a pas répondu à nos sollicitations.

EN SAVOIR PLUS / EDF veut fermer ses 77 agences d’ici à 2019 : http://www.leparisien.fr/economie/pourquoi-votre-facture-d-electricite-va-grimper-au-1er-aout-19-01-2017-6590943.php

Erwan Benezet

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Michelin révolutionne son dialogue social

INFO LE FIGARO – Pour améliorer sa compétitivité, l’industriel incite les salariés d’une usine à bâtir des pactes d’avenir innovants.

Et de trois! Ce vendredi, le groupe Michelin signe un nouveau pacte d’avenir engageant, après celles de Roanne et la Roche-sur-Yon, son usine de Vannes. Un tel pacte n’a pas d’existence juridique: sa valeur est purement symbolique mais il est pris très au sérieux chez Michelin. «Quand j’ai pris mon poste en 2013, on m’a dit que pour que Michelin conserve son empreinte industrielle en France, les sites allaient devoir monter en compétitivité, explique Rémi de Verdilhac, le patron de Michelin France. Mais cela ne se décrète pas. Nous avons donc réfléchi à ces accords du troisième type, fondés sur la confiance, la responsabilisation de chacun et la conviction que les salariés se préoccuperont bien des clients uniquement si Michelin se préoccupe d’eux.»

À Vannes, le groupe s’engage à investir 22 millions d’euros sur cinq ans dans l’usine qui fabrique des câbles pour pneus poids lourds, afin de lui permettre de monter en gamme. En face, les salariés ont planché pendant une année pour définir une nouvelle organisation de travail qui améliorera la compétitivité du site et fera baisser son coût de production. Michelin a fixé l’objectif d’une réduction de 120 postes d’ici à 2021, sur les 450 actuels, mais s’engage à ne procéder à aucun départ contraint.

La CGT ne signe pas

Sur le papier, la célébration hommage au dialogue social renouvelé du XXIe siècle s’annonçait parfaite… Sauf que le premier syndicat du site, la CGT (60 % des suffrages) a décidé de ne pas parapher le texte final. «Au final, le pacte est une application de l’accord 35 heures de 2001, que nous n’avions pas signé. Comme il n’y a pas d’amélioration, il est logique de ne pas le signer non plus, même si on est bien conscient que le statu quo n’était pas une option», justifie Éric Boisgard, le délégué CGT. «Vu tout le travail que nous avons accompli avec la CGT depuis un an, c’est déjà une réussite, même si j’aurais bien sûr préféré que tous les syndicats signent», veut dédramatiser le directeur de l’usine, Bertrand de Solages. Il peut se consoler avec l’adhésion de l’Unsa (23 %) et de la CFE-CGC (12 %).

En 2016, le projet aura profondément marqué le site. L’ensemble des salariés y ont consacré au total 1200 journées de travail, à raison de deux heures de réunion en groupe thématique par semaine. «Les suggestions des équipes ont été écoutées. Par exemple sur le temps de travail, nous avons retenu l’organisation demandée par la majorité des employés, que je n’aurais pas choisie spontanément», avance Bertrand de Solages. «Il ne s’agit pas d’une démarche de cogestion, tient toutefois à préciser Rémi de Verdilhac. On ne demande pas l’avis du personnel sur les questions de repositionnement stratégique. Elles sont de notre responsabilité.» La comparaison avec le modèle allemand s’arrête donc là.

Pour Étienne Forcioli, président du cabinet Plein Sens qui a accompagné le projet, «la nouveauté technique réside dans ce dialogue social hors instance, où tous les syndicats ont participé. Mais la rupture la plus forte est la transparence sur les informations. Pour les managers, qui ont l’habitude d’avoir toujours un temps d’avance, ce n’est pas évident.» Malgré les difficultés, Michelin y croit. En 2017, deux nouveaux sites français du groupe vont réfléchir à leur propre pacte d’avenir…

Le site de Vannes

  • Création: 1953
  • Effectifs: 450 salariés en CDI et 50 en CDD
  • Superficie: 50 000 m² de bâtiments sur 15 ha de terrain
  • Production: 18 000 tonnes par an de câbles métalliques qui constituent le «squelette» des pneus poids lourds
  • Spécificité: un pneu poids lourds sur cinq vendus par Michelin dans
    le monde contient un produit fabriqué dans l’usine

Anne de Guigné

 

 

LA TRIBUNE – 20/01/2017

Pourquoi Safran a enfin pu mettre la main sur Zodiac

 

Le directeur général de Safran Philippe Petitcolin et le président du conseil d’administration Ross McInnes ont été les artisans du rachat de Zodiac

 

Après un échec en 2010, Safran va enfin racheter Zodiac qu’il n’a jamais cessé de convoiter. Pourquoi cela a marché cette fois-ci ? Quatre raisons à cela : la méthode, l’environnement aéronautique, Zodiac et Safran ont changé depuis six ans.

Safran a annoncé jeudi le lancement d’une offre publique amicale (OPA) visant Zodiac Aerospace, qui donnera naissance à un nouveau géant de l’aéronautique avec un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros. Le nouveau groupe emploiera 92.000 personnes (dont plus de 45.000 en France) et sera présent dans plus de 60 pays. Avec cette acquisition, Safran va devenir le numéro trois du secteur, hors constructeurs d’avions :

Nous allons créer « un leader mondial (…) derrière (les américains) UTC et General Electric, mais très proche, et dans les équipements un chiffre d’affaires de 10 milliards qui va nous situer au deuxième rang mondial », s’est félicité  le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin. « Nous créons une combinaison de deux leaders sur leurs marchés respectifs », a-t-il précisé en qualifiant l’opération d' »opportunité unique » pour Safran qui se recentre sur son cœur de métier Aéronautique et Défense.

Dans un communiqué, le chef de l’État François Hollande a salué un rapprochement qui crée « un leader français de niveau mondial dans l’industrie aéronautique ». Actionnaire à hauteur de 14% de Safran, l’Etat « restera le premier actionnaire du groupe fusionné », a précisé François Hollande.

Une question de confiance

« Nous avons réussi là où c’était impossible il y a six ans », a confié à la Tribune le président du conseil d’administration Ross McInnes, ravi de cette opération. Tout est résumé dans cette petite confidence. Si les actionnaires de Zodiac ont accepté cette fois-ci la proposition de rapprochement avec Safran, cela n’avait pas été le cas en 2010 quand l’équipementier alors présidé par Jean-Paul Herteman, mal conseillé par son banquier-conseil, avaient été vertement éconduit par le spécialiste des cabines d’avions. Clairement, « le courant n’est pas passé » entre des actionnaires familiaux attachés à leur entreprise et l’ancien direction de Safran qui ne l’a pas compris, a expliqué le président du conseil de surveillance, Didier Domange.

Pourquoi un tel changement d’attitude? « Nous sommes très heureux de cette opération qui est bonne pour l’ensemble des parties prenantes, bonne pour les actionnaires, l’entreprise, les salariés et les clients », a estimé le président du directoire de Zodiac Aerospace, Olivier Zarrouati. D’autant que l’opération annoncée jeudi matin porte sur l’ensemble du périmètre de Zodiac, contrairement à la première fois où, semble-t-il, Safran convoitait qu’une partie de sa cible. « A l’époque, Safran était arrivé comme des éléphants dans un magasin de porcelaine », explique-t-on en outre à La Tribune.

Et les actionnaires de Zodiac? Pour Didier Domange, dont la famille possède 10,84% du capital de Zodiac, « la méthode a changé. Nous avons eu avec Ross (McInnes) et Philippe (Petitcolin) un dialogue loyal, ouvert, respectueux, professionnel, un dialogue d’industriels (…) Ensuite parce que la proposition de Safran a changé. Elle donne à nos actionnaires la plein valeur économique de leurs actifs (…) Elle permet aux actionnaires de référence de Zodiac, familles et associés de FFP (famille Peugeot, ndlr) et FSP (Fonds Stratégique de Participations, soutenu par six assureurs majeurs en France, Ndlr), de continuer l’aventure au sein du groupe Safran, comme actionnaires de long terme, engagés à le rester et impliqués dans sa gouvernance aux côté de l’État avec qui nous allons signer un pacte de stabilité pour donner au groupe issu de la fusion le socle stable et motivé d’actionnaires qu’il mérite ».

L’environnement aéronautique

Si la course à la taille pour répondre à la baisse des prix imposée par les avionneurs ne date pas d’hier, l’environnement aéronautique accentue aujourd’hui plus qu’hier cette tendance qui pousse les équipementiers à se regrouper rapidement. Avec l’absence de nouveaux programmes d’avions et de la faiblesse du prix du carburant qui n’incite pas les compagnies aériennes à commander des appareils neufs, les constructeurs d’avions cherchent davantage à se différencier par une baisse des prix des avions. Ne voulant pas sacrifier leurs marges, ils accentuent la pression sur les prix des achats commandés aux équipementiers, lesquels n’ont pas d’autres choix que de se regrouper pour pouvoir absorber la baisse des prix.

En octobre dernier, Rockwell Collins, spécialisée dans l’avionique et les technologies de l’information, avait ouvert la voie en rachetant son compatriote américain B/E Aerospace, spécialiste des cabines d’avion pour 8,3 milliards de dollars. Voir l’un de ses concurrents s’adosser à un gros équipementier a forcément mis la pression sur les familles détentrices de 11% du capital.

Les difficultés industrielles de Zodiac

Les difficultés de Zodiac ont évidemment pesé dans la balance. Avec les énormes déboires industriels rencontrées depuis deux ans dans son activité de fabrication de sièges d’avion qui ont conduit à des retards importants de livraisons à Airbus et Boeing, Zodiac est aujourd’hui un équipementier affaibli et ne présente plus comme en 2010 le visage une entreprise flamboyante et robuste. La perte de contrôle sur la production observée a montré le manque de préparation de la capacité industrielle de Zodiac à suivre les hausses de cadences imposées par les avionneurs.S’en est suivie une dégringolade du cours de Bourse,  avec un titre qui dépassait de 35 euros en mars 2015 avant que ne soient dévoilés au grand jour le dérapage industriel à un peu plus de 14 euros en février 2016, avant de remonter depuis au dessus des 20 euros avec la mise en place de mesures pour redresser la situation. Le déploiement l’an dernier de son plan Focus de retour à la performance opérationnelle a commencé à porter ses fruits. Pour autant, l’application de ce plan de transformation industrielle qui aurait dû être lancé bien plus tôt risque de reléguer de facto au deuxième rang les efforts de transformation digitale dans lesquelles l’ensemble du secteur est plongé. Face à cette bête blessée, Safran a eu le tact de ne pas jouer les gros bras. En ne mettant pas, selon Zodiac, ces difficultés en tête des sujets à traiter.

Safran a changé

« Au-delà des questions de personnes, le Safran d’aujourd’hui est différent de celui il y a six ans », a estimé Ross McInnes. A l’époque, Safran devait résoudre les problèmes posés par l’intégration des activités de Sagem, a-t-il rappelé. Par ailleurs, le président du conseil d’administration a fait observer que le cours de bourse de Safran a doublé par rapport à cette époque. Ce qui lui confère de la puissance, de la sérénité et de la stabilité. Enfin Ross McInnes et Philippe Petitcolin ont amené une discipline financière très exigeante. Ce qui va rassurer les actionnaires familiaux de Zodiac.

Le duo à la tête de Safran n’a d’ailleurs pas hésité à se séparer d’une activité jugée « prometteuse », selon Philippe Petitcolin, estimant qu’elle pourrait mieux se développer en dehors du groupe. Dès son arrivée dans le fauteuil de directeur général, il avait déjà en tête une telle cible, Zodiac en faisait partie. Quels sont les critères d’acquisition de Safran ? La cible doit être un fournisseur de rang 1, présente dans la haute technologie et avoir une activité services développée. « L’acquisition de Zodiac coche toutes les cases », a avoué Philippe Petitcolin.

Michel Cabirol et Fabrice Gliszczynski  

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Armement : nouveau record à l’exportation en 2016 pour la France

 

Après des débuts difficiles à l’export, le Rafale de Dassault avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte,

avant la conclusion, en septembre dernier d’un contrat d’achat par l’Inde de 36 appareils.

La France a battu un nouveau record l’année passée avec des commandes de 20 milliards d’euros.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas boudé son plaisir à l’occasion de la cérémonie des voeux aux armées pour 2017. Il a pu se prévaloir d’un nouveau record pour l’exportation française d’armements au cours de l’année écoulée avec 20 milliards d’euros de commandes grâce à la vente à l’Inde du chasseur Rafale et au mégacontrat conclu avec l’Australie pour des sous-marins. En 2015, ces exportations – mesurées en prises de commandes – avaient déjà atteint quelque 17 milliards d’euros en 2015, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale à l’étranger, soit plus du double de l’année précédente. «  En 2015, nous avons réalisé le chiffre historique de 17 milliards d’euros d’exportations. Pour 2016, le bilan n’est pas encore consolidé, mais nous avons atteint un nouveau sommet avec plus de 20 milliards d’euros de prises de commandes », a déclaré le ministre.

Ces ventes record sont dues à «  de nouveaux succès à l’exportation », a souligné Jean-Yves Le Drian. «  Je pense aux Rafale, je pense à la conclusion du plus grand contrat de l’histoire de l’export français avec l’Australie », a-t-il ajouté.

Contrat de près de 40 milliards de dollars pour DCNS

Au terme de longues négociations, l’Inde a conclu en septembre l’achat de 36 avions de combat Rafale, fabriqué par le groupe Dassault. Après des débuts difficiles à l’exportation, le Rafale avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte. Chaque pays avait acquis 24 appareils. Autre succès : le choix par l’Australie du constructeur français DCNS pour renouveler sa flotte de sous-marins, un contrat géant de près de 40 milliards de dollars américains pour la construction de 12 submersibles. «  Notre équipe, votre équipe a créé des dizaines de milliers d’emplois en France et continue en même temps à garantir l’autonomie stratégique et l’indépendance de notre pays », s’est félicité Jean-Yves Le Drian.

La «  qualité des matériels français » et leur emploi par l’armée nationale sur les théâtres d’opérations extérieurs jouent un rôle clef dans ces succès à l’exportation, estime le ministère.

La France est engagée avec ses chasseurs Rafale et Mirage dans les opérations aériennes de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Elle conduit aussi une opération antiterroriste (Barkhane) dans cinq pays du Sahel.

Marie-José Cougard

 

::: SOCIAL

LE PARISIEN – 20/01/2017

Divorce : la CAF va recouvrer les pensions alimentaires impayées

 

Une vingtaine de CAF et des centaines d’agents vont être mobilisés pour faire fonctionner la nouvelle agence de recouvrement des pensions alimentaires impayées.

La ministre des Familles Laurence Rossignol inaugure ce vendredi à Guyancourt (Yvelines) l’Agence nationale de recouvrement des pensions alimentaires impayées (ARIPA), alors qu’on estime que 30 ou 40% des pensions restent en souffrance.

Quelque 100.000 familles monoparentales seraient concernées, selon le ministère de la Santé. Généralisée depuis le 1er avril 2016 après une période de tests, le dispositif de garantie des pensions alimentaires impayées (Gipa) va désormais disposer d’une agence dédiée, lancée ce vendredi par la ministre des Familles Laurence Rossignol.

Création de la loi sur l’égalité homme-femme d’août 2014, L’ARIPA (agence de recouvrement des impayés de pension alimentaire) a vocation à «réduire la pauvreté des foyers monoparentaux», composés à 85% de femmes selon les dernières statistiques de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Pour les personnes concernées, la pension alimentaire ou «contribution à l’entretien et l’éducation des enfants» (CEEE) porte bien son nom puisqu’elle représenterait pas moins de 20% des revenus du foyer.

Malgré tout, les parents en difficulté tardent trop à se faire aider pour obtenir gain de cause, comme le soulignait auprès du Parisien Frédéric Marinacce, directeur des politiques familiales et sociales à la Cnaf, en septembre dernier : «le montant moyen de l’impayé au moment de la demande est de 5 000 €», tandis qu’au total, «l’encourt des créances s’élève actuellement à 85 millions d’euros !».

Éviter les confrontations en cas de violences

Le dispositif consiste notamment à verser un complément de pension, «l’allocation de soutien familial» (ASF) pour pallier la défaillance de l’ex-conjoint qui ne respecte pas, ou irrégulièrement ses obligations financières La pension minimale, aide comprise, doit atteindre la somme de 104,75 € par enfant. «Par exemple, pour une pension fixée à 54 euros, la Caf versera alors 50 euros par mois et enfant», indique la CAF sur son site. Ceci même si le parent défaillant est à l’étranger.

L’ARIPA entend par ailleurs renforcer les moyens de recouvrement des pensions, notamment dans le cas où l’un des ex-conjoints serait victime de violences ou de menaces, en évitant tout contact direct entre les parties en présence. «L’objectif, c’est de faire écran et d’éviter toute nouvelle confrontation entre les parents», expliquait déjà, mercredi, une spécialiste au Parisien. Ses agents, répartis dans une vingtaine de Caisse d’allocations familiales (ainsi qu’une mutualité sociale agricole), ont aussi la mission de récupérer les pensions impayées.

Pour cela, elle engagera une action à l’amiable et, si elle échoue, un recours auprès de l’employeur et/ou de la Banque de France pour une saisie sur salaire ou sur compte bancaire. Les caisses peuvent ainsi récupérer jusqu’à deux ans d’arriérés.

«Le non-paiement de la pension, c’est parfois une violence économique», a estimé Stéphanie Lamy, fondatrice du collectif Abandon de famille-tolérance zéro auprès du Monde. Saluant «la bonne volonté» des pouvoirs publics, elle a déploré que les délais de récupération des pensions, soient important, notamment à cause de cette «phase amiable qui peut durer plusieurs mois». Le collectif dénonçait déjà en mars la faiblesse du plafond de l’allocation comparée au montant médian des pensions : 150 €.

Vidéo. Parole d’avocat : comment obtenir le paiement de la pension alimentaire ? http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/divorce-la-caf-va-recouvrer-les-pensions-alimentaires-impayees-20-01-2017-6594093.php

 

::: POLITIQUE

EXPRESS – 20/01/2017

Primaire à gauche: aucun des candidats n’impose sa différence

 

Les 7 candidats Francois de Rugy, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Sylvia Pinel, Benoit Hamon, Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias

lors du dernier débat télévisé le 19 janvier 2017 à Paris

Pour cette troisième et dernière confrontation avant le 1er tour du scrutin le 22 janvier, alors que l’écart se resserre dans les sondages entre Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, pas un des sept candidats n’a réussi à prendre l’avantage.

D’emblée, lors de ce 3e débat télévisé entre candidats à la primaire à gauche, Manuel Valls passe à l’offensive, bien décidé à ne pas concentrer sur lui l’essentiel des critiques de ses camarades comme cela avait été le cas dimanche dernier. Interrogé sur les finances publiques, l’ancien Premier ministre, favorable à une « maîtrise raisonnable » de la dette, n’attend pas pour dénoncer cette gauche « qui fait des propositions à crédit » et qui finalement « perd son crédit ». Clairement visé: Benoît Hamon et l’une des propositions phares de son programme, le revenu universel.

Arnaud Montebourg, lui, joue de son sens des formules. « C’est la dernière station avant le lepénisme », souligne-t-il, grave, en parlant d’une « cohérence à construire ». Plus tard, il moque Emmanuel Macron et ses hommages à géométrie variable, de Philippe de Villiers à Gisard d’Estaing en passant par François Mitterrand: « C’est flou, tout ça…. Et quand c’est flou, y’a un loup! », insiste l’ancien ministre de l’Economie, citant Martine Aubry à propos de François Hollande en 2011.

Arnaud Montebourg propose une mutuelle publique à 10 euros dans le cadre du débat sur la protection sociale, tandis que Manuel Valls veut en finir avec le numerus clausus et Vincent Peillon souhaite des avantages fiscaux pour les médecins qui s’installeront en zone rurale.

Sur la question du protectionnisme, Benoît Hamon réclame une harmonisation européenne fiscale et sociale, tandis que François de Rugy insiste: « On ne reviendra pas en arrière sur le marché européen. » Arnaud Montebourg est le seul à envisager de nouvelles nationalisations, comme celle des chantiers navals de Saint-Nazaire.

Passe d’armes Valls-Peillon sur Trump

Vient l’heure des « cartes blanches ». Manuel Valls veut un service civique obligatoire, François de Rugy et Benoît Hamon légaliser l’euthanasie, Sylvia Pinel un plan pour l’autisme, et Montebourg une clause d’embauche pour les jeunes diplômés des quartiers populaires. Sur le thème de la sécurité, le clivage se dessine entre les candidats qui privilégient les solutions alternatives dans le cadre de la contrainte pénale, et ceux qui commencent par augmenter le nombre de places de prison: 16 000, précise Manuel Valls.

En revanche, à propos de la Syrie, tous les candidats s’accordent pour dire qu’Assad devra répondre de ses actes devant la justice internationale, et que rien de durable ne peut se négocier avec lui. Quant à l’Amérique de Donald Trump, elle inquiète les sept participants. Manuel Valls parle d’une « déclaration de guerre politique à l’Europe », repris par Vincent Peillon qui lui reproche de galvauder le mot « guerre ». « On dirait mon vieux professeur« , se moque l’ancien chef du gouvernement, sitôt tancé par son ex-collègue sur la précision des mots.

Un vieux pays de machos

Jean-Luc Benahmmias se distingue de ses camarades pendant le débat sur la parité: « Nous sommes dans un vieux pays de machos. Il ne faut pas attendre grand-chose des hommes, c’est aux femmes de prendre la place. » En attendant, Manuel Valls rappelle qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Puis il faut déjà passer à la conclusion : chacun appelle les électeurs à choisir une gauche « rénovée ». De nouveau, Arnaud Montebourg est le plus lyrique: « Je n’appartiens pas à cette gauche qui a renoncé comme les oiseaux se cachent pour mourir. »

L’émission se termine. Un sondage auprès d’un panel de téléspectateurs assure que Benoît Hamon a été le plus convaincant. C’était Arnaud Montebourg lors du précédent débat. Une seule chose est sûre: personne n’est en mesure de donner l’ordre du tiercé d’arrivée dimanche prochain.

Élise Karlin

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Primaire : les principales propositions des sept candidats

Revenu universel, bouclier fiscal pour les plus modestes, abrogation de la loi travail, 49-3 : les candidats à la primaire du PS et de ses alliés bataillent pour faire entendre leurs différences.

La brièveté de la campagne (par rapport à celle de la droite) et l’impopularité du PS en cette fin de quinquennat n’ont pas aidé les candidats à la primaire de la gauche à faire entendre leurs propositions. « Dans la tête des gens, c’est la mélasse », avoue un parlementaire.

Passage en revue de leurs principales propositions :

Manuel Valls

Sur le fond, le Valls de la primaire de 2017 n’a plus grand-chose à voir avec le Valls de celle de 2011. Dans cette campagne, dans laquelle il n’est rentré que début décembre, l’ancien Premier ministre joue les équilibristes : entre défense du bilan et « droit d’inventivité » ; entre affirmation d’autorité et appels du pied à une gauche qu’il a, quand il était à Matignon, fracturée.

Son slogan : « Une République forte, une France juste ». Deux de ses propositions ont fait couler beaucoup d’encre, illustrant la difficulté de son positionnement. L’une est politique : la suppression, hors textes budgétaires, du recours à l’article 49-3 de la Constitution . L’autre est économique : défiscaliser les heures supplémentaires pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, mesure supprimée au début du quinquennat. Tout en promettant aux entreprises la stabilité fiscale, Manuel Valls veut poursuivre les baisses d’impôts des classes moyennes et populaires, revaloriser le salaire des enseignants et les petites retraites, instaurer un « revenu décent » de 850 euros versé sous condition de ressources et un service civique obligatoire de six mois pour les jeunes.

Arnaud Montebourg

L’ex-ministre de l’Economie et chantre du Made in France se veut le « candidat du travail et des salaires », en croisade contre le « mur des puissants » . Jurant d’« ouvrir les hostilités » avec Bruxelles, il promet un plan de relance de 30 milliards en France pour « organiser le redécollage économique », l’abrogation de la loi travail, l’encadrement des salaires des dirigeants des grandes entreprises – contraints d’augmenter les salaires de leurs employés s’ils veulent augmenter le leur – et une « taxe exceptionnelle sur les profits » des banques françaises (5 milliards par an).

Une contribution qu’il juge « très modérée par rapport à ce qu’elles nous ont coûté dans la crise ». Il entend rendre 800 euros par an de pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires via la baisse de la CSG et créer une mutuelle publique à 10 euros par mois.

Benoît Hamon

Candidat depuis le 16 août, Benoît Hamon a eu le temps de peaufiner un programme très à gauche. Le candidat avance une mesure phare : le revenu universel . Comprendre la mise en place, à terme, d’une allocation versée à tous les Français de plus de 18 ans, quel que soit le niveau de leurs ressources. Le projet, dont le coût est estimé entre 300 et 400 milliards d’euros, a suscité d’intenses débats, obligeant Benoît Hamon à quelques allers-retours . Sa proposition (qui doit justement aider à financer le revenu universel) de taxer les robots quand ils prennent la place d’emplois occupés par les hommes, a aussi fait polémique.

Benoît Hamon propose, en outre, l’abrogation de la loi travail et une sortie complète du diesel en 2025 (avec 50 % d’énergies renouvelables à la même échéance). Côté institutions, il promet un « 49-3 citoyen », à savoir la possibilité pour 1 % du corps électoral, soit 450.000 personnes environ, d’initier une proposition de loi, ou de suspendre son application après son vote par le Parlement.

Vincent Peillon

Candidat sur le tard, Vincent Peillon n’a eu que quelques jours pour peaufiner son programme. Avec une proposition phare : instaurer la proportionnelle à 100 % pour l’élection des députés. De quoi changer le fonctionnement de la Ve République.

En matière économique, Vincent Peillon propose la création d’un « bouclier fiscal » à destination des ménages les plus modestes, qui leur permettrait de conserver un reste à vivre décent. Partisan, comme ses camarades, d’une relance de l’Europe, Vincent Peillon promet un plan de relance de 1.000 milliards, bien supérieur au plan Juncker, notamment dédié aux transitions énergétique et numérique.

François de Rugy

Autoproclamé « seul candidat écologiste » de la primaire, le député de Loire-Atlantique propose des mesures ambitieuses à ce sujet. Notamment que 100 % de l’électricité produite en France en 2050 soient issus d’énergies renouvelables (contre 20 % aujourd’hui).

Sylvia Pinel

La présidente du Parti radical de gauche défend un programme résolument favorable aux entreprises , avec notamment le plafonnement de l’impôt sur les sociétés à 20 % (contre 33,33 % actuellement) et des aides au financement pour les PME.

Jean-Luc Bennahmias

De son propre aveu, le programme du président du Front démocrate reprend de nombreuses mesures de ses adversaires, notamment le revenu universel. Il se distingue par sa défense virulente de la légalisation du cannabis. Et par la promesse d’accorder aux PME deux emplois « zéro charge » pendant cinq ans.

Pour en savoir plus : http://www.lesechos.fr/elections/primaire-a-gauche/0211709415569-primaire-les-principales-propositions-des-sept-candidats-2058539.php

 

Gregoire Poussielgue, Pierre-Alain Furbury et Alexandre Rousset

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

François Fillon réplique au «chœur des pleureuses»

REPORTAGE – En déplacement jeudi dans l’Ain, le vainqueur de la primaire de la droite a martelé qu’il ne fallait pas «avoir peur de faire des changements».

Pour résister aux vents mauvais, François Fillon reste fidèle à la recette qui lui a si bien réussi à la primaire: foncer droit vers son cap, envers et contre tous ceux qui lui conseillent d’emprunter une route moins exposée. C’est ce qu’il a encore fait, jeudi, dans l’Ain. Le déplacement devait lui permettre de développer ses propositions pour lutter contre ce qu’il considère comme «l’un des pires scandales français»: «Ces deux millions de jeunes qui ne sont nulle part, ni à l’école, ni en apprentissage, ni au travail.»

Mais, lors de son déjeuner avec les acteurs économiques du département, au parc industriel de la Plaine de l’Ain, comme après sa visite de l’usine Vehixel puis du centre de formation de l’AFPMA (Association pour la formation et la promotion des métiers de l’Ain), il a surtout été confronté aux doutes sur la «radicalité» revendiquée de son projet.

Au cours du déjeuner, il n’a pas hésité à prendre l’auditoire à partie. À l’un de ses convives qui s’interrogeait sur la faisabilité de son programme, notamment la suppression de 500.000  postes dans la fonction publique, il a lancé: «Aidez-moi, au lieu de vous taire – et je parle pour les plus courageux d’entre vous!»

«À chaque fois que je propose des changements, un peu radicaux je le reconnais, le chœur des pleureuses se met en marche en disant que ça va très bien comme ça, leur a-t-il affirmé. Il faut changer beaucoup de choses, avec beaucoup de force, parce que nous sommes dans un pays sur le déclin. Mon objectif est très simple: je veux que tous les Français aient un boulot et il faut les protéger. Je vous le dis: il ne faut pas avoir peur de faire des changements!»

En guise de conclusion du déjeuner, il a tenté de lever les réticences qu’il sentait encore dans l’auditoire en affirmant: «Je suis le seul candidat qui vous propose une rupture. Tous les autres sont en train de s’organiser pour conserver le système, sans le dire.»

François Fillon n’a pas cité Emmanuel Macron, mais c’est au fondateur d’En marche! qu’il pensait quand il a ajouté: «Je sais par expérience – car l’expérience a des avantages – que c’est difficile de faire les choses quand vous ne les avez pas dites avant, ou que vous avez dit le contraire!» Juste avant que le candidat parte, une femme chef d’entreprise dans le secteur des assurances s’est penchée vers lui pour lui glisser: «Monsieur Fillon, il faut que vous nous donniez plus envie!»

Laurent Wauquiez a entendu l’aparté. Le candidat avait invité le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes à se joindre à lui par courtoisie, puisqu’il était sur ses terres, et surtout pour qu’ils affichent leur réconciliation après leur accrochage public au Conseil national des Républicains, le 14 janvier. Wauquiez a joué le jeu, en assurant que son but était de «faire gagner François Fillon» et que, dans cette campagne, il n’y avait «pas de place pour les frondeurs ni pour les gens qui jouent perdants». Mais il a ajouté que c’est précisément parce qu’il voulait la victoire en 2017 qu’il continuerait à plaider pour que le projet de Fillon soit «plus équilibré».

Dans un registre très différent, Rachida Dati s’est lâchée dans Le Parisiende jeudi. Évincée de l’ancienne circonscription parisienne de François Fillon au profit de Nathalie Kosciusko-Morizet, la maire du VIIe s’indigne: «La première décision de François Fillon n’est donc pas de revoir la réforme de Sécurité sociale, mais de nommer Nathalie Kosciusko-Morizet.» Elle prédit que si la droite n’incarne pas «l’espoir», elle ira «dans le mur». Selon elle, «si on continue comme ça, il ne faut pas exclure un second tour Macron-Le Pen».

L’avertissement coïncide avec la publication par Le Monde de la nouvelle vague de l’étude du Cevipof sur les intentions de vote à la présidentielle. Marine Le Pen est revenue en tête dans toutes les hypothèses. François Fillon n’est plus qu’en deuxième position et Emmanuel Macron, pas très loin derrière. Mais il en faudrait plus pour troubler le vainqueur de la primaire, qui s’est interdit de commenter publiquement les sondages. Quant aux doutes à droite, il les a balayés d’une phrase: «Ce n’est pas mon sujet. La présidentielle, c’est un dialogue entre les Français et moi, pas avec les autres.»

Grâce à Damien Abad, la journée s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé pour le candidat. Le député et président du conseil départemental de l’Ain a transformé ses vœux annuels à Oyonnax en meeting, en assurant au candidat: «Nous n’attendons pas de toi que tu dénatures ton projet, mais que tu le portes haut et fort, contre vents et marées.» Et la salle était comble, bien au-delà des 2000 places assises prévues.

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 20/01/2017

Trump président : Donald tout-puissant

Avec les deux Chambres du Congrès sous le contrôle des républicains et une économie florissante, le 45e président des Etats-Unis entre en fonction dans des conditions idéales. Sa plus grande incertitude : lui

Elu le 8 novembre à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump prête serment, ce vendredi, sur les marches du Capitole avant de défiler le long de la Pennsylvania Avenue qui mène à la Maison Blanche. Les autorités attendent 800 000 spectateurs, alors que l’investiture de Barack Obama en 2009 en avait attiré 1,8 million. Le nouveau Président pourrait prendre quatre ou cinq décisions par décret le jour même, notamment pour revenir sur certaines décisions de son prédécesseur. Sur qui pourra-t-il compter pour gouverner ? L’Opinion dresse la liste des soutiens et des résistants. Mais avant les élections de mi-mandats, un boulevard s’offre à lui.

Intronisé ce vendredi comme 45e président des Etats-Unis, Donald Trump dispose sur le papier d’un boulevard et de deux ans devant lui. S’ils ont perdu quelques sièges par rapport au 115e Congrès au sortir des élections du 8 novembre, ses « nouveaux amis » du parti républicain continuent d’avoir le contrôle du Capitol avec 52 élus sur 100 au Sénat et 241 sur 435 à la Chambre des représentants. Cela permet de voir venir avant les élections de mi-mandat, en 2018.

Même si quelques-uns regimbent sur certaines nominations de la nouvelle administration, le Grand old party (GOP) sait qu’il doit à l’homme d’affaires new-yorkais son retour au pouvoir. En dépit de nombreux conflits d’intérêts, l’équipe devrait surmonter l’examen de passage du Congrès, sauf accident industriel.

Dans les grandes lignes, le programme économique du nouvel hôte de la Maison Blanche n’est pas pour lui déplaire. Mike Pence, le vice-Président, a été choisi pour faire le lien entre le Congrès et la Maison Blanche. Plus modéré que Donald Trump, l’ancien gouverneur de l’Indiana a des relais aux postes clefs. C’est le cas de Reince Priebus, jusque-là Président du conseil national du Parti républicain, choisi pour assurer le secrétariat général de la Maison Blanche. C’est le cas aussi de Paul Ryan, le Président sortant de la chambre des Représentants, dont il a sauvé le perchoir en dépit de l’inimitié régnant entre l’élu du Wisconsin et Donald Trump.

Le 45e Président des Etats-Unis va aussi hériter d’un pays en ordre de marche sur le plan économique après la grave dépression de 2008. Ce qui devrait lui permettre de mettre en musique ses engagements électoraux de baisse d’impôts tant aux entreprises qu’aux particuliers et de relance des dépenses (défense, infrastructures) sans créer de choc, tout du moins à court terme.

Goldilocks economy. Après un début d’année 2016 un peu poussif, la croissance s’est établie à 3,5 % en rythme annuel à la fin du troisième trimestre grâce à une reprise de la consommation (+2,8 %). Le taux de chômage était de 4,7 % à fin décembre, suite à la création de 2,16 millions d’emplois sur l’exercice. En un an, le salaire moyen horaire a progressé de 2,9 %, signe tangible d’une reprise sur le front des rémunérations.

Dans ses prévisions médianes, la Réserve fédérale table sur une croissance de 2,1 % en 2017, de 2 % en 2018 et de 1,9 % en 2019 avec un taux de chômage stable à 4,5 %. Certains économistes plus optimistes voient le PIB américain croître à un rythme supérieur de 2,5 % à 3 % en 2018 et 2019 grâce aux mesures de relance promises par Donald Trump. Les spécialistes parlent de « Goldilocks economy », une référence au conte de fées attribué aux frères Grimm « Boucles d’or et les trois ours. » Preuve de cet optimisme, les indices boursiers ont fortement grimpé à Wall Street depuis les élections du 8 novembre, avec un bond de 8 % pour le Dow Jones et de 6 % pour le S&P500.

Seules les menaces protectionnistes du Président élu inquiètent les marchés. Car si Donald Trump dispose d’un boulevard devant lui, c’est à condition de ne pas commettre d’écarts de conduite. Or, loin de tenir compte des us et coutumes de sa future charge, il n’a rien changé à ses habitudes. Il continue de tweeter plus vite que son ombre et à régler ses comptes en cent quarante signes, sans diplomatie ni sélectivité aucune. Peu lui importent les sondages ne lui attribuant que 40 % d’opinions favorables ! Ils se sont trompés tout au long de la campagne présidentielle, dit-il.

Personne n’échappe à ses foudres. Dans un langage parfois ordurier (« ça pue ! », « c’est de la merde »), il dénonce successivement « la presse qui ment », l’émission humoristique « Saturday Night Live » qui le ridiculise, les démocrates qui sont de « mauvais perdants », les entreprises américaines et étrangères qu’il menace de rétorsions douanières si elles continuent à délocaliser sans parler de ses démêlées avec les services de renseignement américains sur le parasitage de l’élection présidentielle par la Russie.

Rappel à l’ordre. Ce qui lui a valu un rappel à l’ordre par le patron sortant de la CIA. « La spontanéité n’est pas quelque chose qui protège les intérêts de la sécurité nationale, donc quand [Donald Trump] s’exprime ou réagit, il faut être sûr qu’il comprend bien les implications et l’impact profonds que cela peut avoir sur les Etats-Unis », a prévenu John Brennan, la semaine dernière. Il a ajouté : « Cela ne concerne pas juste M. Trump, cela concerne les Etats-Unis d’Amérique. »

Avant même d’arriver à la Maison Blanche, « The Donald » a déjà provoqué quelques couacs diplomatiques avec la Chine en prenant langue avec les dirigeants de Taïwan ou au Moyen Orient en laissant entrevoir le déménagement prochain de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Donald Trump a déjà contraint le Mexique, menacé à plusieurs reprises de rétorsions commerciales, à changer de ministre des Affaires étrangères. Le Canada, autre proche voisin des Etats-Unis, en a fait de même pour s’adapter à la situation à venir.

Tout cela n’est pas sans inquiéter certains responsables du parti républicain. Le stratégiste américain John Zogby ne croit pas à une lune de miel avec le Congrès lors des cent premiers jours. « Cela va ressembler plus aux mariages de Johnny Depp-Amber Heard et Brad Pitt-Angelina Jolie qu’à une démonstration d’amour », pronostique-t-il sur son blog, en listant tous les sujets qui fâchent, de la main tendue à Vladimir Poutine aux critiques à l’encontre de la CIA. « La Présidence Trump est aussi prévisible que sa campagne », ironise-t-il.

Car, à ce jour, le plus grand ennemi de Donald Trump est Donald Trump lui-même.

Gilles Sengès

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les premiers gestes attendus du 45e président américain

VIDÉO – Donald Trump en avait fait un argument électoral, les Américains peuvent donc s’attendre, dès l’entame de sa présidence, à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche.

Les choses sérieuses commencent lundi. Après avoir maintes fois promis de s’atteler à ses priorités dès le premier jour de sa prise de fonctions, affectant même ses équipes à un «First Day Project», Donald Trump a décidé de laisser se dérouler le week-end de festivités avant de passer à l’action. «Lundi sera notre premier jour de travail, a-t-il dit lors de sa conférence de presse à New York. Nous aurons de belles séances de signatures, lundi, et encore mardi, mercredi et les autres jours et la semaine suivante. Vous serez tous invités.» Dès l’entame de sa présidence, les Américains peuvent donc s’attendre à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche. Trump en a fait un argument électoral, mais il est traditionnel que le nouveau chef de l’État efface certaines mesures symboliques de son prédécesseur. Barack Obama avait ordonné la fermeture de Guantanamo et l’arrêt des interrogatoires musclés des suspects de terrorisme. Sa première décision reste inaccomplie, le Congrès n’ayant jamais pu s’accorder sur une solution de remplacement. Le champ de ce que souhaite réaliser Trump s’annonce cependant plus vaste.

  • En matière d’immigration

Un des thèmes phares de la campagne, Trump devrait lancer le chantier du «mur» promis sur la frontière sud. «Je pourrais attendre un an et demi que nous concluions les négociations avec le Mexique, mais je ne veux pas. On va commencer à le bâtir. Mexico nous remboursera, par des taxes ou un versement.» Il devrait aussi ordonner la déportation des illégaux ayant un casier judiciaire et pourrait annuler deux décrets d’Obama suspendant les expulsions de mineurs et de parents illégaux d’enfants nés aux États-Unis. En outre, il devrait stopper le programme d’accueil des réfugiés syriens (10.000 acceptés en 2016) et commander une révision du système d’octroi des visas, incluant une suspension des admissions en provenance de «régions à risques».

  • Au niveau de l’Administration fédérale

Donald Trump a l’intention de décréter un gel des embauches de fonctionnaires et d’exiger pour toute nouvelle réglementation la suppression de deux anciennes. Certaines limites aux émissions de gaz à effet de serre des véhicules ou des centrales à charbon pourraient être supprimées. Le pipeline Keystone, bloqué par son prédécesseur, serait validé sur-le-champ. Des contraintes imposées aux vendeurs privés d’armes à feu seraient levées. Les mesures d’Obama exigeant des contractants et souscontractants du gouvernement de verser à leurs employés un salaire minimum de 10,10 dollars de l’heure, de leur octroyer des congés maladie et de s’engager à respecter leur orientation sexuelle devraient être effacées d’un trait de plume. De même pour la directive menaçant les écoles publiques de perdre leurs financements fédéraux si elles ne laissent pas les élèves transgenres utiliser les toilettes de leur choix. Trump doit également édicter de nouvelles règles d’éthique interdisant à un membre de l’Administration de devenir lobbyiste pendant cinq ans ou de représenter un gouvernement étranger à perpétuité. La réforme de l’Obamacare et les baisses d’impôts promises pourraient subir des impulsions présidentielles dès les premières heures.

  • Sur la scène internationale

Le nouveau président pourrait menacer l’accord nucléaire avec l’Iran en rétablissant des sanctions suspendues par Obama. Par la même méthode, il pourrait remettre en cause le réchauffement avec Cuba. Il devrait annoncer officiellement le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique et ordonner à son Administration de passer en revue l’accord de libre-échange nord-américain. Le retrait de l’accord de Paris sur le climat reste une option à l’étude. Donald Trump a prévu de donner 30 jours aux généraux pour lui présenter un plan contre l’État islamique et une stratégie de cyberdéfense sous 90  jours. Il entend amorcer sans attendre son rapprochement avec la Russie – comme son bras de fer avec la Chine.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/19/01003-20170119ARTFIG00342-les-premiers-gestes-attendus-du-45e-president-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 18 janvier 2017

2017-03-02T07:05:55+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 18/01/2017

Grand Paris express : un levier de relance pour l’économie francilienne

 

Le projet du Grand Paris Express va permettre de doubler la taille du métro parisien.

 

L’immense chantier du Grand Paris express pourrait soutenir l’économie francilienne pendant une décennie.

Le chantier du Grand Paris express tombe à pic pour l’économie francilienne. En effet, alors que le taux de chômage est toujours de 8,5 % dans la région, supérieur de 2,2 points à son point bas d’avant-crise (6,3 % début 2008), que le nombre de défaillances d’entreprises est toujours aussi élevé qu’au moment de la récession, le « chantier du siècle » pourrait changer la donne. Il représente 30 milliards d’euros d’investissements publics, prévoit de doubler la taille du métro parisien sur le territoire de l’agglomération parisienne grâce notamment à quatre lignes supplémentaires, et va permettre de créer 68 nouvelles gares.

D’ailleurs dès cette année, 14 des 16 nouvelles gares de la ligne 15 sud – qui seront opérationnelles en 2022 – seront en travaux, de Noisy-Champs à l’est de Paris, à Pont-de-Sèvres à l’ouest. En outre, 31 chantiers annexes s’ouvriront également cette année. Soit un total de 45 chantiers en 2017 répartis dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et à la marge la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint-Denis. Ces chantiers représenteraient déjà 4.000 emplois, selon Philippe Yvin, le président du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui pilote le projet du Grand Paris express.

Nouvel élan pour l’investissement public

Pour financer ces lourds investissements, la SGP s’appuie sur la fiscalité : elle perçoit une partie des recettes de trois taxes franciliennes : la taxe sur les surfaces de bureaux, locaux commerciaux, stockage et stationnement ; la taxe spéciale d’équipement (TSE) « Grand Paris », à laquelle les Franciliens contribuent ; et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Et une fois ce réseau mis en service, la SGP percevra des redevances chaque année.

Il est aussi déjà prévu que la Caisse des dépôts et consignations et la Banque européenne d’investissement débloquent des lignes de crédits de respectivement 4 milliards et 1 milliard d’euros pour le projet. Par ailleurs, l’agence de notation Moody’s note désormais la SGP, qui compte donc emprunter sur les marchés financiers.

Relancer l’investissement public

Ce projet de mobilité revêt, du reste, une importance fondamentale pour que l’agglomération capitale puisse à l’avenir faire face à la concurrence féroce des métropoles internationales. C’est aussi une manière de renouer avec l’investissement public de long terme en France. « La France a longtemps eu un avantage compétitif grâce à son réseau d’infrastructures », faisait remarquer Philippe Yvin lors de ses vœux à la presse lundi soir. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, car elle a sous-investi dans certains domaines clés, comme les réseaux ferrés. Dans un contexte budgétaire tendule choix a été très souvent fait de réduire l’investissement public, coûteux à court terme et dont les rendements réels n’interviennent que cinq ou sept ans plus tard.

L’investissement public local notamment, qui représente 70 % de l’investissement public civil, a été lourdement affecté ces trois dernières années par les restrictions budgétaires. Or, un niveau trop faible d’investissement public ne peut être sans conséquence. Sous-investir dans les infrastructures et dans l’entretien du patrimoine public entraîne un coût pour la collectivité et les générations futures.

De la bonne dette

Comme le notait récemment l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), il n’y a pas que la dette publique qui est léguée aux générations futures, comme on l’entend trop souvent, il y a aussi le patrimoine national qu’il faut entretenir. De ce point de vue, la faiblesse de l’investissement public a fortement déprécié les actifs publics, qui font partie intégrante du bien commun.

D’où la nécessité de grands projets comme le Grand Paris express qui devrait, selon les études de la SGP, générer a minima 60 milliards d’euros de PIB supplémentaires à long terme pour la région Île-de-France, voire plus de 100 milliards d’euros selon des hypothèses les plus optimistes. Le projet devrait même permettre une hausse à terme du PIB francilien de 10 à 15 points, et de 3 à 5 points du PIB national. Bref, on pourrait considérer ces investissements publics comme de la « bonne dette », surtout en cette période de taux d’intérêt nominaux très bas.

Mathias Thépot  

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

La région Ile-de-France souhaite lancer des lignes régulières sur la Seine

Le STIF et Batobus ont signé mardi la convention pour permettre aux titulaires de la carte d’abonnement Navigo d’accéder aux navettes.

L’idée titille les pouvoirs publics parisiens depuis plusieurs années, mais les diverses expériences menées n’ont jusqu’à présent jamais été satisfaisantes dans la région capitale. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et de son Syndicat des transports (STIF), entend bien transformer la Seine en axe de déplacement pour les Franciliens.

Mardi 17 janvier, le STIF et Batobus, une filiale de Sodexo, ont signé une convention pour permettre aux titulaires de la carte d’abonnement Navigo d’accéder aux navettes qui desservent une dizaine de stations le long de la Seine. Et ce pour une somme de 40 euros par an (contre 60 euros par an aujourd’hui ou 17 euros par jour).

« Il s’agit d’une remise consentie par Batobus », non compensée par le STIF, précise à l’Agence France-presse (AFP) la compagnie fluviale, qui accueille près de 2 millions de passagers par an, et espère toucher entre 10 000 et 100 000 détenteurs de carte Navigo avec cette offre. Cela pourrait notamment soulager le RER C.

Décongestionner métro et RER

Cette convention n’est qu’une première étape pour le STIF. Alors que Londres dispose d’une douzaine de lignes régulières, qu’Amsterdam exploite ses canaux et que le Bosphore est un axe important de déplacement à Istanbul, Paris n’exploite pas la Seine, la Marne ou l’Oise, ou si peu, pour permettre de décongestionner les transports en surface, aujourd’hui saturés, qu’il s’agisse du métro, du RER ou des routes, notamment après la fermeture des voies sur berges.

« Le fleuve doit faire partie intégrante de notre stratégie de transport, tout comme les téléphériques ou les véhicules autonomes », confie Valérie Pécresse au Monde. « Nous devons explorer toutes les possibilités technologiques sur l’ensemble des cours d’eau, de la Seine aux canaux. Nous lançons une étude pour lister toutes les possibilités, qu’il s’agisse de mettre en place des bacs pour faciliter les franchissements, des navettes régulières sur certains parcours ou des bus amphibies », détaille la présidente de la région. « Nous allons également regarder les autres types de transport, comme le Seabubble. Ce projet d’embarcation électrique est intéressant technologiquement et il permettra de redonner encore plus d’attractivité à la capitale, mais ses capacités d’emport restent restreintes à quatre personnes. Pour décongestionner la ville, il faut penser des systèmes plus capacitaires. »

De nombreuses idées

La Seine ou ses affluents ont déjà donné de nombreuses idées au STIF, mais les expériences passées n’ont pas été concluantes. Entre 2008 et 2011, les élus avaient soutenu l’expérimentation de Voguéo, un service exploité par Batobus, entre Maisons-Alfort (Val-de-Marne) et la gare d’Austerlitz à Paris. Problème, la fréquentation fut très faible – 7 passagers par bateau en moyenne, pour 76 places – pour un coût annuel de 4 millions d’euros.

En 2013, trois lignes devaient voir le jour en amont et en aval de Paris avec une trentaine d’arrêts, mais les lignes régulières n’ont jamais ouvert. Le coût était jugé prohibitif, à 36 euros par personne transportée, et puis les élus des Hauts-de-Seine, peu tournés vers le fleuve, n’en voyaient pas l’intérêt. Aujourd’hui, la situation a changé. Non seulement la région penche à droite comme le département de l’ouest francilien, mais l’aménagement des berges en aval du fleuve a fait redécouvrir leur intérêt.

Pour lancer les lignes régulières sur la Seine, il faut résoudre plusieurs problèmes. « Il y a d’abord la limitation de vitesse sur le tronçon parisien, qui ne permet pas d’offrir aujourd’hui des temps de parcours attractifs », glisse Valérie Pécresse. Et puis « il faut bien organiser la cohabitation entre le fret, les bateaux touristiques et les péniches privées arrimées sur les berges. A Londres, ils ont supprimé ces péniches privées, ce qui permet de circuler à plus vive allure sur la Tamise. Nous avons une autre histoire. »

L’étude du STIF sur les différents moyens de déplacements fluviaux est promise pour juin. D’ici là, Seabubble devrait avoir fait ses premiers essais sur la Seine. En tout cas, c’est la promesse faite par ses concepteurs, Alain Thébault et Anders Bringdal. Paris n’a jamais été aussi proche de reconquérir son fleuve.

Philippe Jacqué

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

Facebook va soutenir des start-up parisiennes

La directrice des opérations du premier réseau social mondial, Sheryl Sandberg, était à Paris, mardi, pour dévoiler un partenariat avec l’incubateur Station F.

Un casque de chantier et des gants – pour lutter contre le froid – attendaient les invités accueillis, mardi 17 janvier, à la Halle Freyssinet, dans les locaux en travaux de Station F, espace du 13e arrondissement de Paris consacré aux start-up et imaginé par Xavier Niel, propriétaire de Free (actionnaire à titre personnel du Monde).

A trois mois de l’ouverture des lieux prévue pour le 1er avril, rendez-vous était donné avec Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, venue témoigner en personne de l’engagement du premier réseau social mondial dans ce projet.

Entourée de Xavier Niel, d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, et de Roxanne Varza, la directrice de l’incubateur, qui ont, en anglais, rivalisé de louanges à son égard, la numéro deux de Facebook a dévoilé les ambitions du « Start Up Garage from Facebook ».

« Construire la confiance autour de la data »

Ce programme doit permettre d’accompagner tous les six mois dix à quinze entreprises novatrices, dont l’activité, à l’image de Facebook, est soutenue par le traitement des données. Au total 80 postes de travail – sur les 3 000 qu’hébergera Station F – seront mis à disposition par Facebook, ainsi que le soutien d’experts dans des domaines variés : deep learning, intelligence artificielle, constitution d’une communauté d’utilisateurs, organisation des équipes… Le budget alloué n’est pas connu précisément, sinon qu’il s’agit de « plusieurs millions ». D’ores et déjà, l’identité de cinq entreprises bénéficiaires du programme a été dévoilée (Chekk, Mapstr, The Fabulous, Onecub, Karos).

Pour Facebook qui a déjà ouvert en juin 2015 à Paris un centre de recherche consacré à l’intelligence artificielle (FAIR), il s’agit d’un nouveau témoignage d’intérêt pour l’économie française. « Paris, capitale des arts, de la culture et de la littérature est aujourd’hui une capitale de la technologie, a estimé Sheryl Sandberg. La France a donné naissance à des entreprises parmi les plus innovantes du monde [citant l’exemple de Blablacar] et nous sommes heureux d’accompagner une nouvelle génération de start-up porteuse de croissance économique et de création d’emplois. » Facebook assure toutefois ne pas vouloir prendre de parts dans les sociétés qu’il aura accompagnées, mais seulement « se nourrir de ces collaborations ».

Le discours de Sheryl Sandberg a aussi reflété les autres motivations du réseau social. « On doit construire la confiance autour de la data » a-t-elle par exemple souligné, bien consciente de la défiance que peut susciter l’exploitation des données personnelles, le cœur de métier de Facebook. Le travail fait avec les entreprises passant par Station F devra donc témoigner de cette préoccupation. D’autre part Sheryl Sandberg a insisté sur le rôle que Facebook pouvait jouer auprès des TPE/PME françaises en matière de notoriété. Elles sont aujourd’hui un million à être présentes sur le réseau social.

Créer un vrai écosystème

Pour Xavier Niel et pour la maire de Paris, l’engagement de Facebook dans Station F est une aubaine. Pour le patron de Free, qui assure que Facebook est le premier partenaire à avoir décidé de s’engager dans l’aventure Station F, ce partenariat assoit la dimension internationale de ce projet, présenté comme « le plus grand campus de start-up du monde ».

D’autres partenaires viendront s’installer comme Ventes-privées ou l’incubateur de HEC, ainsi que des fonds d’investissement, dont Kima Ventures, celui de Xavier Niel, pour créer un vrai écosystème.

Quant à Anne Hidalgo, elle veut y voir une reconnaissance du poids pris par Paris sur la carte mondiale des technologies, et de sa politique en faveur de l’innovation : « L’an dernier nous inaugurions Le Cargo, le plus grand incubateur d’Europe, et aujourd’hui nous inaugurons le plus grand du monde. L’investissement de Facebook montre l’attractivité de Paris. »

Sheryl Sandberg profite d’ailleurs de ce déplacement en France pour acter le partenariat avec l’incubateur des politiques publiques, qui associe Sciences Po, l’Ecole 42 de Xavier Niel et SUPInternet.

Vincent Fagot

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 18/01/2017

Le gouvernement revoit à la baisse la prévision de croissance pour 2016

Le PIB français devrait croître de 1,4% en 2016. Un chiffre qui ne doit pas remettre en question la baisse du chômage et l’objectif de réduction du déficit public, selon Michel Sapin.

Le gouvernement a abaissé à 1,4%, contre 1,5% auparavant, sa prévision de croissance de l’économie française pour 2016, a annoncé vendredi le ministre de l’Economie et des Finances.

« 1,4%, c’est le chiffre que nous retiendrons pour cette année », a-t-il déclaré sur Europe 1 avant la présentation, ce vendredi en conseil des ministres, du projet de loi de finances rectificative de fin d’année pour 2016. Cela ne remet en cause ni la baisse du chômage ni les objectifs de déficit public, qui doit être ramené à 3,3% du PIB en fin d’année, estime Michel Sapin.

Prévision encore inférieure à celle de l’Insee

Michel Sapin avait déjà laissé clairement entendre que l’objectif de croissance 2016 serait revu à la baisse après la publication, fin octobre par l’Insee, d’une hausse du PIB limitée à 0,2% au troisième trimestre. « La croissance sera au-dessus de 1,3 %. Ce sera quelque part entre 1,3 % et 1,5 % », avait-il affirmé début novembre.

Pour mémoire, l’Insee prévoit une hausse du PIB de 1,3 % en 2016, tout comme le ­consensus des économistes. A titre de comparaison, le PIB allemand devrait, lui, croître de 1,9 % cette année.

Un objectif « atteignable »

Dans un avis publié vendredi, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a jugé la nouvelle prévision de croissance du gouvernement « atteignable », tout en soulignant qu’elle est dans le haut des prévisions.

S’agissant du déficit public, il considère comme « réaliste » la prévision de 3,3% du PIB pour fin 2016, qui a été avalisée récemment par la Commission européenne , même si « elle conditionnée à une stricte gestion des dépenses en fin d’année ».

Pour 2017, année pour laquelle le gouvernement table toujours sur une croissance de 1,5%, le Haut Conseil des finances publiques répète enfin que ce niveau est supérieur au consensus des prévisions (1,2% à 1,3%).

 

LE FIGARO – 18/01/2017

La situation budgétaire de la France demeure « fragile »

La réduction du déficit budgétaire s’explique surtout par une conjoncture très favorable alors que la France a réalisé moins d’efforts que ses partenaires économiques.

Il n’y a pas de quoi claironner à propos de la bonne tenue du budget français. Le message envoyé ce mercredi par EY avocats, dans son Observatoire des politiques budgétaires et fiscales, a de quoi contrebalancer le discours positif et autosatisfait de Michel Sapin. «Malgré une amélioration globale des indicateurs budgétaires dans un contexte économique très favorable, la situation des finances publiques françaises reste fragile», prévient ainsi Charles Ménard, avocat associé.

La raison? La France a réalisé moins d’efforts que ses partenaires économiques. Prix du pétrole très bas, baisse des taux d’intérêt, parité euro/dollar favorable… «L’alignement des planètes», tant vanté par l’exécutif depuis plus de deux ans, aurait dû permettre au gouvernement de redresser plus rapidement les finances publiques, juge EY avocats. Résultat, la France gardait en 2015 un déficit de 3,5 % du PIB, quand celui des pays de l’Union européenne se situait à 2,4 %. De quoi, logiquement, faire gonfler la dette, qui culminait alors à 96 % du PIB dans l’Hexagone, soit 11 points de plus que la moyenne de ses partenaires européens.

Pourtant, les impôts et autres prélèvements ont augmenté durant le quinquennat. Et surtout ceux des particuliers. «Le choc fiscal a bien davantage concerné les personnes physiques que les entreprises», rappelle Charles Ménard. De plus, les retouches successives du barème de l’impôt sur le revenu ont concentré le poids sur un nombre de plus en plus réduit de contribuables, à savoir la classe moyenne et les plus aisés. La majorité a en effet abaissé, depuis 2012, le seuil d’entrée dans la tranche de 30 %, ajouté une tranche marginale à 45 %, et supprimé la première tranche à 5,5 % pour exempter d’impôts davantage de ménages modestes.

Instabilité fiscale

Signe d’une majorité parlementaire à la dérive, ce sont les députés qui ont le plus activé le levier fiscal – à la baisse ou à la hausse. Les parlementaires sont à l’origine de plus de 45 mesures fiscales dans le cadre du budget 2017, contre une trentaine seulement pour l’exécutif. Une constante depuis plusieurs années. Mais alors que l’exécutif annonce en amont ses orientations budgétaires et fiscales, les amendements parlementaires surviennent sans prévenir dans le débat. Et sans être réellement mesurés. «Cela a une incidence, souvent dénoncée, sur l’instabilité de la norme fiscale», rappelle Charles Ménard.

Et ce d’autant que ce sont le plus souvent les amendements parlementaires que le Conseil constitutionnel censure, rappelle EY avocats. Les Sages ont ainsi retoqué 30  articles issus d’amendements parlementaires dans le budget 2017 et un peu moins de 20 écrits par le gouvernement. La censure la plus notable a été, fin décembre, celle de la «taxe Google» sur les profits détournés, qui avait été adoptée malgré les réticences du ministère des Finances.

Guillaume Guichard

 

 

L’OPINION – 18/01/2017

Impôts, dette… : le quinquennat de François Hollande en cinq graphiques

 

Au cours du quinquennat, 28 nouvelles taxes ont été créées, 10 ont été supprimées.

L’Allemagne vient d’annoncer un excédent budgétaire de 20 milliards pour 2016. A Bercy, on se réjouit d’un déficit de 69 milliards d’euros

Le cabinet EY Sociétés d’Avocats publie ce mercredi son traditionnel observatoire fiscal et budgétaire, qui cette année prend la forme d’un bilan de François Hollande après l’adoption de la dernière loi de finances du quinquennat. Si Michel Sapin s’est félicité mardi du « sérieux budgétaire » du gouvernement après la publication d’un déficit légèrement meilleur que prévu en 2016, à 69 milliards d’euros, le cabinet de conseil revient sur plusieurs graphiques moins flatteurs pour l’exécutif. Passage en revue.

Un environnement exceptionnellement porteur, des résultats médiocres

Un prix du baril en chute de 60 %. Des taux d’intérêt divisés par trois. Un euro hyper compétitif face au dollar. Aucun président de la République n’a connu un environnement aussi favorable sous la Ve République. Un alignement exceptionnel des planètes qui a dopé la croissance de 0,8 point selon les calculs de l’Insee… sans que le gouvernement n’arrive à consolider franchement les fondements de l’économie française. Certes, le déficit aura été ramené de 4,8 % à 3,3 % du PIB entre 2012 et 2016. Mais la croissance aura longtemps stagné et ne repart que doucement depuis 2015 (1,2 % en 2016 selon l’Insee). Au final, « l’amélioration des principaux indicateurs macroéconomiques et budgétaires est principalement due à cet environnement extrêmement porteur », résume Charles Ménard, en charge de l’observatoire fiscal EY Sociétés d’Avocats. Une amélioration « extrêmement fragile, voire sur certains points en trompe l’œil », ajoute-t-il, rappelant l’avis du Haut conseil aux finances publiques (HCFP) sur la loi de finances 2017 qui a jugé la prévision de croissance du gouvernement « optimiste », l’objectif d’un déficit de 2,7 % « improbable » et même « incertain » un retour sous la barre des 3 %.

La bombe de la dette toujours plus menaçante

Les cieux cléments du quinquennat n’auront pas permis d’inverser la courbe de l’endettement. Quand il arrive au pouvoir, François Hollande hérite d’une dette de 1 869,1 milliards d’euros (90,2 % du PIB). Au troisième trimestre 2016, six mois avant de quitter l’Elysée, la dette a gonflé de près de 300 milliards d’euros, à 2 160,4 milliards d’euros (97,6 % du PIB). 300 milliards, c’est l’équivalent d’un an de dépenses de l’État (hors charge de la dette et pensions). Une somme colossale passée pourtant totalement inaperçue. Car si la dette a augmenté, sa charge a diminué, passant de 46,3 milliards en 2012 à 41,8 milliards en 2017. Grâce à la faible inflation et l’effondrement des taux provoqué par la politique accommodante de la Banque centrale européenne, le fameux « alignement des planètes » a permis d’enregistrer quelque 2 milliards d’euros « d’économies » chaque année. « Durant ce quinquennat, les impôts ont augmenté sans que les dépenses ne reculent. Nous n’avons tenu nos objectifs de déficit que grâce à la baisse de la charge de la dette », commente Charles Ménard. Mais la fête est finie. Depuis l’automne, les taux remontent. Sous les 0,20 % à l’été 2016, les taux français à 10 ans ont depuis été multipliés par 4. Ils évoluent aujourd’hui autour de 0,8 %. Un niveau qui reste historiquement bas, mais qui remontera. La morphine monétaire va peu à peu disparaître, et cela risque de coûter cher. Selon EY, une augmentation de 1 point des taux d’intérêt sur la dette de la France augmentera son coût de plus de 10 milliards en cinq ans.

Une stratégie fiscale erratique et inassumée

Cela aura été la grande méprise de ce quinquennat : les choix stratégiques en matières de finances publiques n’auront jamais été clairement énoncés ni assumés. La faute à un candidat Janus, élu sur un discours anticapitaliste (mon ennemi c’est la finance) pour finalement faire la nique aux frondeurs et mettre en place une politique pro-business durant la seconde moitié de son quinquennat, après avoir agité l’assommoir fiscal les deux premières années. Au final, « les entreprises sont les grandes gagnantes du quinquennat, les ménages les grands perdants », résume Charles Ménard. Les prélèvements obligatoires sur les entreprises auront en effet reculé d’un point de PIB (une vingtaine de milliards d’euros) entre le début et la fin du quinquennat, selon EY qui se base sur les travaux de l’Assemblée nationale et de l’OFCE. Une évaluation remise en cause par le Medef car ne prenant pas en compte l’augmentation de la fiscalité locale. Selon le patronat, mais aussi l’institut de recherche Coe-Rexecode, les 40 milliards d’euros d’allégements de charges du CICE et du pacte de responsabilité n’auront même pas réussi à annuler les hausses de charges votées depuis 2010, les prélèvements supplémentaires étant encore de 7,4 milliards d’euros en 2017. Parallèlement, les ménages auront vu leurs impôts exploser de 35 milliards d’euros selon EY (+1,5 point de PIB) sous le quinquennat Hollande. En ajoutant les hausses votées en 2010 et 2011, le compteur fiscal de Coe-Rexecode arrive même à un total de 53 milliards en 2017, sans que le gouvernement, qui communique uniquement sur les 6 milliards d’euros de baisse de l’impôt sur le revenu depuis 2014, n’ait expliqué ni justifié son choix, pourtant défendable sous certains aspects.

Toujours plus de taxes, donc de complexité

Si le record de 2013 n’est pas atteint – 194 mesures fiscales avaient alors été votées cette année-là -, la loi de finances de 2017 en compte davantage (162) que l’année précédente. L’inflation législative est toujours présente. Plus de 150 mesures fiscales ont été votées, dont près de la moitié sur les entreprises. La faute aux députés dont les amendements (47) sont deux fois plus nombreux que les articles déposés par le gouvernement (25), relève l‘étude. « Ces amendements provoquent beaucoup d’instabilité normative et d’insécurité juridique », constate Charles Ménard. Et comme moins de 4 % des articles de nature fiscale sont soumis au contrôle constitutionnel, alors que les amendements parlementaires ne passent même pas par le Conseil d’Etat, « il faut s’attendre à une explosion des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) dans les années à venir », prévient Charles Ménard. La stabilité fiscale a beau être aujourd’hui l’une des premières demandes des entreprises, toujours plus de taxes sont créées chaque année. Sur l’ensemble du quinquennat, seuls 10 des 360 impôts et taxes que compte la France, auront été supprimés. 28 ont été créées, dont trois encore dans le dernier projet de loi finances : la taxe YouTube, une taxe sur les billets d’avion (adoptée mais reportée à 2024) pour financer le CDG Express et un droit de timbre sur les certifications des immatriculations des véhicules de plus de 3,5 tonnes.

Moins de niches fiscales, mais toujours plus de dépenses fiscales

Depuis le début des années 2000, la loi organique sur les lois de finances (LOLF) contraint les parlementaires à gager toute nouvelle dépense par une recette ou une économie équivalente. Pour contourner cette contrainte, les députés ont remplacé les hausses de dépenses par des baisses d’impôts, en multipliant les niches fiscales. Par souci de simplification, François Hollande a supprimé une quarantaine de niches durant le quinquennat, ramenant leur total à 451. Par contre, leur coût s’est envolé, relève EY. Sous l’effet du CICE, les dépenses fiscales ont en effet progressé de 20 milliards d’euros entre 2012 et 2017, passant de 70 à 90 milliards d’euros. Un autre désavantage du CICE – cas typique d’usine à gaz qui pour faire baisser le coût du travail passe par un crédit d’impôt sur les sociétés imputable sur trois ans -, c’est qu’aujourd’hui, personne ne sait comment le transformer en véritable baisse de charges. Et pour cause, il en coûterait une vingtaine de milliards d’euros aux caisses de l’Etat. Ce qui n’empêche pas beaucoup de candidats à la présidentielle de le promettre, sans plus d’explications. C’est tout le charme de la fiscalité française.

Raphaël Legendre

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 18/01/2017

Renault passe le cap des 3 millions de voitures vendues dans le monde

Le constructeur atteint un objectif, qui datait de 2006, grâce au renouvellement de l’offre et à l’international.
Il dépasse désormais PSA.

Les jours s’enchaînent et ne se ressemblent pas pour Renault. Vendredi, le constructeur faisait la une, après l’ouverture, par le parquet de Paris, d’une information judiciaire pour tromperie sur le niveau d’émission de ses moteurs Diesel. Mardi, le groupe a joué une autre partition, en affichant des ventes mondiales en hausse de 13,3 %, à 3,18 millions d’unités.

Renault dépasse pour la première fois de son histoire le cap des 3 millions de voitures vendues dans le monde. Il atteint ainsi un objectif annoncé une première fois par Carlos Ghosn en 2006 pour 2009, puis une deuxième fois en 2011. L’affaire commençait à ressembler au sparadrap du capitaine Haddock pour le dirigeant franco-brésilien.

Cerise sur le gâteau, le constructeur dépasse désormais son compatriote PSA. De peu certes – moins de 40.000 véhicules d’avance – mais, sur le long terme, la tendance est nette. La différence s’est notamment faite en Europe, où Renault affiche une croissance des ventes de 11,8 %, à 1,8 million d’unités. Captur, Twingo, Espace, Talisman, Mégane, Scénic, Trafic… En trois ans à peine, la marque Renault a totalement renouvelé et élargi sa gamme. De quoi permettre de s’imposer comme la deuxième marque européenne derrière Volkswagen – mais devant Ford. La surprise vient aussi de Dacia, qui, sans grande nouveauté, enregistre une croissance de 10,8 %, à 415.000 immatriculations, signe que les véhicules à bas coût séduisent toujours davantage.

Plus robuste et plus diversifié

Mais le changement vient surtout de l’international. Ces dernières années, les ventes de Renault reculaient hors d’Europe, du fait du retournement économique des pays émergents, terrain de jeu traditionnel du constructeur. En 2016, les ventes y sont en hausse de 15,3 % et pèsent 44 % des débouchés du groupe. Si les livraisons au Brésil et en Russie restent en recul sur fond de crise économique, d’autres zones ont relevé la tête, comme la Corée du Sud (+38,8 %), l’Argentine (+24,8 %) et surtout le Moyen-Orient et l’Inde.

Au final, Renault affiche un visage plus robuste, mais aussi plus diversifié que par le passé. Mis à part la France, qui pèse 20 % des volumes, aucun pays ne dépasse les 200.000 unités. Turquie, Inde, Espagne, Iran, Belgique, Maroc, Algérie, Venezuela, pays de l’Est… Les débouchés de Renault ressemblent de plus en plus à une myriade de zones commerciales. Le reflet d’une gamme low cost (Sandero, Logan, Duster…) très adaptée aux besoins des pays émergents. Mais qui souligne aussi en creux le manque de marchés phares, que ce soit les Etats-Unis ou la Chine, qui n’affiche que 35.000 ventes sur 2016, alors que le groupe dispose sur place d’une usine flambant neuve. « Nous avons besoin de construire la marque qui est peu connue. Mais les derniers mois sont encourageants », assure Thierry Koskas.

Pour 2017, Renault, prévoit « une progression de ses ventes et parts de marché en Europe et à l’international ». Reste une inconnue : la traduction de cet effort commercial en marge. Pour l’heure, la division auto (4,7 % de marge opérationnelle au premier semestre) reste moins profitable que celle de PSA (6,8 %).

À noter

« Il n’y a pas de raison de faire des provisions sur le diesel », a indiqué Thierry Koskas, le patron commercial de Renault, en référence au risque judiciaire qui pèse sur le groupe.

Maxime Amiot

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

Ségolène Royal déplore « une trop forte dépendance » au nucléaire en France

En pleine vague de froid, la ministre de l’environnement préconise un changement des comportements afin d’éviter « une tension sur l’énergie ».

Alors que les pouvoirs publics appellent à limiter la consommation électrique en raison de la vague de froid, la ministre de l’environnement Ségolène Royal a reconnu mardi 17 janvier qu’il existe en France « une trop forte dépendance » au nucléaire. « On le voit actuellement (…), puisque dès qu’il y a plusieurs réacteurs à l’arrêt pour des raisons de contrôles de la sûreté nucléaire par l’ASN [Autorité de sûreté nucléaire], on se rend compte qu’il y a une tension sur l’énergie », a déclaré Mme Royal lors de la cérémonie de vœux de son ministère.

La ministre a insisté sur le besoin de rééquilibrer le bouquet énergétique en France, en prenant appui sur la loi de transition énergétique, qui prévoit de ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025.

Eteindre tous les bureaux la nuit

« En changeant ses comportements, on peut économiser la production de quatre réacteurs nucléaires », a insisté Mme Royal. Cela permet aussi de faire baisser le prix de l’électricité, car « plus il y a de demande, plus il y a de tension sur les prix ».

La ministre a estimé qu’il y a d’un côté « beaucoup de gaspillage et de l’autre (…) une précarité énergétique avec des gens qui n’ont pas les moyens de se chauffer ». Mme Royal a expliqué avoir « demandé l’extinction de tous les bureaux la nuit », car il y a « une marge d’action pour faire en sorte de diminuer la tension sur le courant et la précarité énergétique ».

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a assuré mardi que la France serait suffisamment approvisionnée en électricité mercredi pour affronter la vague de froid. « La situation reste sous forte vigilance » jeudi et vendredi, a également signalé un porte-parole du groupe lors d’une conférence téléphonique, « puisque la vague de froid va se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine ».

 

LES ECHOS – 18/01/2017

Technip et FMC donnent naissance à un nouveau géant parapétrolier

 

Baptisé TechnipFMC, le nouveau groupe a effectué son entrée sur Euronext à Paris mardi 17 janvier à l’ouverture des marchés.

Basé à Londres, le nouveau groupe TechnipFMC sera coté à Paris et à New York. Les anciens actionnaires de Technip ont 51,1 % du nouvel ensemble.

En sonnant mardi la cloche d’Euronext à l’ouverture des marchés, Thierry Pilenko a sans doute ressenti un pincement au coeur. Patron de Technip depuis exactement dix ans, il vient de faire franchir au groupe parapétrolier français une étape majeure de son existence : sa fusion avec l’américain FMC Technologies . « Nous créons le troisième groupe parapétrolier mondial », se félicite-t-il.

Finalisée dans la nuit de lundi à mardi, l’opération a donné naissance à un nouveau géant du secteur. Baptisé TechnipFMC, il emploie 44.000 salariés, et son chiffre d’affaires pro-forma combiné se serait élevé à près de 18 milliards de dollars en 2015. Le nouveau groupe est côté à la fois à Paris et à New York. Son siège social est situé à Londres, où les deux groupes détenaient depuis 2015 une société ­commune, mais les centres de décision sont répartis entre Paris et Houston, au Texas.

Stratégie de diversification

Même si Technip était deux fois plus gros que FMC en termes de chiffre d’affaires et de nombre de salariés, leurs capitalisations étaient comparables car la renta­bilité des activités n’était pas la même : les anciens actionnaires de Technip détiennent 51,1 % du nouvel ensemble. Bpifrance passera de 7,44 % à 3,9 % du capital. Pas facile à ce niveau de peser si demain un investisseur activiste s’invite au tour de table. Les pouvoirs ont été répartis à parité entre les administrateurs (7 pour chacun des deux anciens groupes) et la direction sera partagée entre Thierry Pilenko (président exécutif) et Douglas Pferdehirt (directeur général). Ce dernier est basé à Houston, avec la direction financière et la direction juridique, tandis que la DRH est localisée à Paris, avec la R&D et trois des cinq divisions opérationnelles.

Pour Technip, c’est une page d’histoire qui se tourne, seize ans après la fusion avec Coflexip qui lui avait permis de changer de dimension. Depuis son arrivée dans le groupe, en 2007, Thierry Pilenko a suivi une stratégie constante de diversification (y compris géographique) et d’élargissement de sa palette d’activités, avec notamment les acquisitions de Global Industries ou de Stone & Webster, en 2011. Il avait aussi tenté de reprendre le spécialiste de la sismique (échographie du sous-sol) CGG fin 2014 – en vain.

D’importantes économies

En se mariant avec FMC, un spécialiste des systèmes sous-marins pour la production pétrolière, Thierry Pilenko met en oeuvre une vision qu’il soutient avec force : pouvoir proposer aux compagnies pétrolières des projets pétroliers intégrés, depuis l’ingénierie jusqu’à la four­niture d’équipements, leur permettant de réaliser d’importantes économies. « Cette stratégie peut faire du sens, commente Baptiste Lebacq, analyste chez Natixis. Nous attendons maintenant de voir si elle se traduira par de nouveaux contrats. » Alors que le secteur parapétrolier a beaucoup souffert de la chute des investissements des compagnies liée à la chute du baril, Technip a plutôt bien résisté grâce à la variété de ses activités et la solidité de son carnet de commande. « La fusion avec FMC lui permettra aussi d’intégrer des activités de ventes d’équipement nécessaires pour la maintenance, ­permettant de mieux résister en l’absence de nouveaux projets sur le marché », note un expert du secteur.

Tous les grands du secteur se sont engagés dans une stratégie similaire d’élargissement de leurs métiers : Schlumberger avec Cameron, ou GE Oil & Gas avec Baker Hughes. Et le mouvement n’est peut-être pas terminé.

Anne Feitz

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 18/01/2017

Les Français réclament un fort renouvellement des pratiques politiques

EXCLUSIF + DOCUMENT et VIDEO – Les Français affichent une défiance record envers le personnel politique dans le baromètre annuel de la confiance du Cevipof. Mais ils expriment beaucoup d’intérêt pour le débat public et le vote.

Plus de 4 millions de votants à la ­primaire de la droite, plusieurs milliers de personnes aux meetings d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon , des émissions de télévision toujours plus nombreuses et souvent très suivies : l’intérêt des Français pour la politique ne faiblit pas, bien au contraire. Ils n’ont pourtant jamais été aussi défiants à l’égard de leurs dirigeants, des élus, des partis et des grandes institutions, montre le ­huitième Baromètre annuel de la confiance politique du Cevipof (le centre de recherches politiques de Sciences po), dont les « Echos » révèlent les résultats en exclusivité.

« Corrompus », « méfiance », « dégoût »…

Le tout dans un climat de désenchantement, de lassitude, de morosité ou de pessimisme très prononcé. Comme si le lien entre les citoyens et leurs représentants était très profondément altéré, voire rompu. « La classe politique est ­perçue comme non empathique, ­corrompue, parlant de manière ­abstraite, ne se souciant que des riches et des puissants, qui n’inspire que peu le respect et ne tient pas ses promesses », résume Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences po.

Les réponses rassemblées par OpinionWay auprès de plus de 2.000 personnes durant la deuxième quinzaine de décembre sont de fait sans appel. Pour 89 % des sondés, les responsables politiques « ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme nous » ; pour 75 %, ils sont « plutôt corrompus » ; 40 % des personnes interrogées éprouvent de la « méfiance » en pensant à la politique et 28 % du « dégoût » ; seules 11 % d’entre elles ont « confiance » dans les partis et près des trois quarts (70 %) estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien en France ».

Une hostilité qui est particulièrement forte dans les classes populaires les plus exposées aux conséquences de la mondialisation et qui se retrouve en partie dans le vote en faveur du FN.

« Citoyens critiques »

Les Français ne se passionnent pas moins pour la politique et le débat d’idées. « L’intérêt pour la chose publique ne se dément pas », constate Bruno Cautrès. Une majorité de personnes sondées (56 %) déclare s’intéresser à la politique et le vote aux élections demeure de très loin le moyen privilégié pour peser sur les décisions. Les Français sont « attachés à la démocratie représentative, mais ne sont satisfaits ni de son fonctionnement ni de son efficacité, relève le politologue. Ce sont des citoyens critiques. » Ce qui conduit même 17 % et 49 % d’entre eux à souhaiter respectivement que « l’armée dirige le pays » ou que celui-ci ait à sa tête un « homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections ». Les sondés expriment une forte aspiration au renouvellement du personnel dirigeant et des pratiques politiques. Une revendication qui, dans certaines couches de la population, peut conduire à une remise en cause de la démocratie.

De ce point de vue, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui se présentent à l’élection présidentielle en dehors des partis et de la primaire organisée par le PS , à la tête de deux mouvements citoyens, La France insoumise et En Marche, ont bien saisi l’air du temps. Leurs candidatures, qui se veulent anti-système, le lien direct qu’ils tentent d’établir avec les électeurs et la mobilisation qu’ils organisent sur des valeurs correspondent à une attente forte de l’opinion, si l’on se fie au baromètre du Cevipof.

POUR EN SAVOIR PLUS : DOCUMENT L’intégralité de l’étude : http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0211701772151-les-francais-reclament-un-fort-renouvellement-des-pratiques-politiques-2058109.php

Stéphane Dupont

 

LE FIGARO – 18/01/2017

Pierre Gattaz critique François Fillon et ménage… Emmanuel Macron

Pour le président du Medef, le candidat de la droite pourrait mettre «le feu au pays».

Surtout apparaître comme neutre. Lors de sa conférence de rentrée ce mardi matin, Pierre Gattaz a distribué les mauvais points à la gauche comme à la droite dans la course à la présidentielle. Sans surprise, le président du Medef a fustigé le revenu universel de Benoît Hamon, notamment «parce qu’il est fondé sur l’idée qu’il n’y aurait plus de travail (…), ce qui est une ineptie, une hérésie». Et il a regretté que le plein-emploi ait été peu évoqué lors des premiers débats de la primaire de la gauche.

Mais Pierre Gattaz n’a pas non plus hésité, plus surprenant, à critiquer la méthode Fillon sur la suppression de 500.000 postes en cinq ans dans la fonction publique.«Dit comme ça, vous mettez le feu au pays, aux fonctionnaires. Ce n’est pas bon, a asséné le patron des patrons, bien que certains membres du Medef soient des soutiens affichés de François Fillon. L’objectif quantitatif est louable à terme, c’est possible, mais (…) il faut le faire avec les fonctionnaires eux-mêmes.»

Quant à sa conclusion sur l’impérieuse nécessité de continuer à réduire le déficit public, elle visait tous les candidats à gauche, mais aussi le vainqueur de la primaire de la droite. Seul Emmanuel Macron s’en est au final tiré avec un semblant de satisfecit, le patron des patrons jugeant «tout à fait intéressant ce qu’il dit», tout en l’appelant à détailler ses propositions.

Le Pen reçue au Medef

Toujours dans un souci de paraître indépendant des politiques, le conseil exécutif du Medef a choisi, lundi, d’accueillir les principaux candidats à la présidentielle pour une session de débats. Y compris, donc, Jean-Luc Mélenchon et surtout Marine Le Pen. Une petite révolution, le FN n’ayant jamais été reçu sous l’ère Parisot. L’ancienne présidente du Medef, auteur d’un livre très contesté contre Marine Le Pen en 2011, n’a d’ailleurs pas manqué de dire tout le mal qu’elle pense de ce futur rendez-vous. «C’est une décision accablante, affirme au Figaro Laurence Parisot. En acceptant de rencontrer la candidate FN, le Medef lui donne une légitimité nouvelle. Le Medef s’éloigne de ce que nous avions porté Ernest-Antoine Seillière puis moi-même, celui d’une organisation ouverte sur la société et attachée aux valeurs fondamentales de la République.»

Reste que la décision de recevoir tous les candidats a bien été prise de façon consensuelle au conseil exécutif. «Personne n’a dit que la parole du FN était estimable, mais personne ne s’est opposé frontalement à sa venue», confie le président d’une fédération de services. «Il faut échanger avec courage et détermination avec chacun. La stratégie du mépris mondain, c’est derrière nous», insiste Jacques Chanut, le patron de la Fédération française du bâtiment. «On n’a pas à être clivant. Recevoir tout le monde, c’est la démocratie», ajoute Hervé Allart de Hees, président du Medef de l’Est parisien, qui a déjà organisé avec le Medef Île-de-France des échanges avec tous les partis à l’occasion des régionales en 2015.

Le Medef doit maintenant caler, peut-être avec d’autres mouvements patronaux, la forme de ces rencontres qui tourneront autour d’une interrogation des présidentiables par des entrepreneurs. L’organisation doit aussi sortir début février un livre bleu exposant ses propositions pour le prochain quinquennat. Avec quatre priorités (baisse des charges sociales et des impôts, simplification administrative, réforme du marché du travail et accent mis sur la formation) et une réflexion, menée par le Medef international, sur la lutte contre le populisme.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 18/01/2017

Présidentielle : les candidats surfent sur la vague de l’« antisystème »

De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par François Fillon, tous les politiques crient haro sur les « élites ».

Tous «antisystème », ou presque. De Marine Le Pen à Emmanuel Macron, en passant par François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, sans oublier, bien sûr, Nicolas Dupont-Aignan, la plupart des candidats de la cuvée 2017 ont placé leur campagne présidentielle sous le signe de la «rupture». Tous crient haro sur les «élites», censées avoir jusqu’à présent mené la France dans l’impasse autant économique qu’idéologique. Les candidats entendent-ils de cette manière répondre à la défiance que les Français ont envers les politiques? Aujourd’hui, il ne fait pas bon revendiquer son diplôme ou son origine sociale et encore moins son patrimoine.

Au Front national, l’opposition au «système» est une affaire d’ADN. Marine Le Pen n’hésite d’ailleurs pas quand on lui demande de le définir: «Une oligarchie qui s’est attribué le pouvoir, au détriment du peuple, pour mener une politique contraire à celle que le peuple exprime.» La candidate du FN s’estime la plus légitime dans cette critique radicale du pouvoir. «Être contre le système, c’est ne pas participer au consensus politique mou au pouvoir depuis trente ans», renchérit Florian Philippot, en se félicitant de constater que ces idées sont désormais «reprises et comprises» par les Français. Le directeur de la stratégie de la campagne de Marine Le Pen moque «Emmanuel Macron, adoré par l’oligarchie financière et les médias, qui saute à pieds joints sur ce système». Du Brexit à l’élection de Trump, les frontistes applaudissent les événements internationaux avançant, selon eux, dans le sens de la «libération» des peuples.

Du côté des eurosceptiques de Debout la France, le « système » est identifié entre «tous ceux qui ont trahi la France depuis vingt ans en ayant signé les traités européens». Ancien membre de l’UMP devenue LR, qu’il a quittée en 2007, Nicolas Dupont-Aignan vante lui aussi l’authenticité de son rejet du «système», quand les autres candidats se contenteraient de le mimer, «comme le loup de la fable se déguise en mère-grand pour ne pas effrayer le Petit Chaperon rouge».

Des règles «claniques»

Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, a choisi de baptiser son mouvement La France insoumise précisément pour exprimer son rejet des «castes» et plus globalement du «système». Mais l’ancien sénateur socialiste n’est plus le seul, à gauche, à occuper ce créneau. Au sein de la primaire du PS, les attaques contre le «système» ne manquent pas, qu’elles viennent d’Arnaud Montebourg ou de Manuel Valls. Lors de ses premiers pas comme candidat, l’ex-premier ministre a lancé aux représentants d’une chaîne d’info: «C’est vous qui représentez le système, ce dont les Français ne veulent plus.»

La dénonciation du «système», de l’«establishment», du «microcosme», est également un thème récurrent chez François Fillon. Parlementaire depuis 1981, ministre pendant douze ans, sa longue carrière ne l’empêche pas de railler la prétention d’Emmanuel Macron à incarner le renouveau, même s’il parle le moins possible de l’ex-ministre de l’Économie. Officiellement investi samedi pour la présidentielle de 2017, il n’a cité son nom qu’une fois, en affirmant: «Moi, je veux relancer la France ; à gauche, on veut l’assister dans son déclin, M. Macron compris, Mme Le Pen aussi.»

Sans doute le plus emblématique des antisystème de cette présidentielle – car le plus neuf – malgré son passage par l’ENA et son parcours classique, l’ex-ministre de l’Économie dénonce régulièrement un «système politique» aux règles «obsolètes et claniques», devenu «le principal obstacle à la transformation du pays». Et il est convaincu que le succès de sa campagne à ce stade est bien la preuve que les Français sont disposés au coup de force contre le système. «Plus encore que le système, précise son directeur de campagne Richard Ferrand, ce qu’Emmanuel Macron dénonce surtout, ce sont les accords d’appareils et l’absence de communauté de pensée dans les partis.»

Quant aux «antisystème» issus de la société civile, il n’en reste plus qu’une poignée, comme le maire divers gauche de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, 50 ans, ancien porte-parole des «bonnets rouges», ou encore l’écrivain et cinéaste Alexandre Jardin, 51 ans, qui s’est lancé le 3 décembre dernier. Et leurs chances d’obtenir les signatures requises sont extrêmement réduites.

Emmanuel Galiero, Judith Waintraub, Sophie Huet et Sophie de Ravinel

 

 

L’OPINION – 18/01/2017

Les fractures à gauche restent vives sur le travail et l’entreprise

La plupart des candidats à la primaire socialiste veulent incarner « la valeur travail », mais avec des visions très différentes

Manuel Valls publie une tribune ce mardi sur son compte de campagne, intitulée « Pour une société du travail : refusons la facilité et inventons la protection sociale du XXIe siècle ». Myriam El Khomri, la ministre du Travail, qui le soutient, défend à nouveau sa loi. Benoît Hamon suscite l’intérêt en présentant son revenu universel ; Arnaud Montebourg défend son manifeste économique pour la société du travail… Et Emmanuel Macron, qui se définit comme « le candidat du travail », remplit les salles.

En 2007, les socialistes s’étaient fait voler la valeur « travail » par un Nicolas Sarkozy qui en avait fait un axe fort de sa campagne. Cette fois, cette thématique occupe une grande partie des débats de la primaire de la gauche. « C’est tant mieux, tant ces dernières années, la gauche n’a pas voulu penser l’entreprise, ni le travail », se réjouit Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT, qui a lancé une grande consultation pour connaître les attentes des Français en la matière. « Nous avons reçu 200 000 réponses à notre enquête, c’est bien la preuve que ce thème est essentiel pour les Français », souligne encore le syndicaliste qui juge cependant les propositions des candidats « inabouties ».

Abouties ou pas, à gauche, elles traduisent au travail. Il y a les candidats qui continuent d’avoir une approche très « lutte des classes » et ceux, « progressistes », qui veulent sortir de cette dualité. S’y ajoutent des projections totalement opposées, entre ceux qui croient en la raréfaction du travail sous l’effet de la robotisation et du numérique, et ceux qui ne la redoutent pas.

« En réalité, c’est Benoît Hamon, avec sa proposition du revenu universel, qui a mis très tôt la question du travail au centre de la campagne, analyse l’historien Jean Garrigues. Le député de Trappes l’a fait en creux, en négatif presque, en obligeant habilement ses concurrents à se positionner ». Et le chercheur de souligner combien Benoît Hamon rompt avec « le modèle classique de la gauche qui consiste à créer de la croissance pour donner du travail à tous et redistribuer les ressources au bénéfice des plus défavorisés ».

Barons et gueux. En proposant de changer de paradigme, le candidat sort aussi de la lecture classique capital/travail, marqueur d’une identité de gauche. Le revenu universel devient une sorte de bouclier de résistance collective des travailleurs face à la destruction de leurs emplois. Benoît Hamon répète d’ailleurs que ce serait « une révolution de la protection sociale similaire à la mise en place de la Sécurité sociale en 1945. » Malgré le problème du financement de sa mesure qui n’est pas réglée et coûterait, au bas mot, 400 à 500 milliards d’euros par an, il jouit d’une forme d’avant-gardisme.

Tout en étant également traversé par vision binaire de l’économie où il y a les grands et les petits, « les barons et les gueux », Arnaud Montebourg défend une politique de grands investissements, étatiste, de nationalisation, de renforcement des services publics, qui vise à donner du travail à tous.

Manuel Valls n’entend pas laisser cette vision prospérer – pas plus que Vincent Peillon, dans une certaine mesure. L’ex-Premier ministre, lui aussi, tente de se projeter dans l’avenir : « Trop souvent, la gauche a compensé son manque d’audace et d’idées nouvelles par plus de dépenses, plus de taxes, plus d’allocations », écrit-il. Lui aussi veut apporter des protections aux travailleurs mais via des compromis. Certes, il propose un revenu « décent », qui regrouperait toutes les aides existantes et serait conditionné, mais il insiste sur « la notion de choix ». Il croit en la formation, aux aides ciblées pour ceux qui veulent entreprendre, aux solutions trouvées avec le patronat via un dialogue social modernisé, etc. Sa nouvelle protection sociale s’articule autour du compte personnel d’activité (CPA), instauré sous Hollande « avec l’objectif que chacun soit aidé, que personne ne se sente lésé, mais que toujours le travail paie, que la redistribution soit plus juste et que toutes les formes d’activités soient reconnues ».

Point d’équilibre. Reste qu’avec le Pacte de responsabilité, et en soutenant les entreprises, il s’est éloigné de la perception marxiste de la gauche – qui reste opérante en France. « Dans le cadre traditionnel idéologique de la gauche, ce positionnement est difficile à tenir car il prête le flanc à une forme de déloyauté, vis-à-vis du monde ouvrier, des moins qualifiés et des plus précaires », poursuit encore Jean Garrigues. « C’est bien pour essayer de combler cette fracture que Myriam El Khomri monte au créneau dans une interview aux Echos », reconnaît un conseiller de l’équipe Valls. La ministre du Travail y assure, au sujet de la loi qui porte son nom : « Entre les lubies ultralibérales de la droite et le statu quo, il fallait voir comment prendre en compte les mutations du marché du travail. Cette loi est un vrai point d’équilibre. »

Avec sa position un peu particulière, hors de la primaire socialiste, Emmanuel Macron échappe à cette accusation de trahir le monde du travail dans ses fondamentaux. Il peut alors se définir lui aussi comme le « candidat du travail », en avançant des propositions libérales – en finir avec les 35 heures uniformes à toutes les tranches d’âge – mais aussi jacobines — comme la nationalisation de l’assurance-chômage.

En tout cas, contrairement à la droite, dans ces débats, on parle très peu du temps de travail, du contrat de travail, des évolutions du Code du travail… En cela, la rupture gauche-droite reste affichée.

Fanny Guinochet

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 18/01/2017

Theresa May prête à rompre totalement avec l’Europe

VIDÉO – Le Royaume-Uni quittera le marché unique européen en même temps que l’Union européenne, a déclaré mardi la première ministre britannique, qui fait le choix d’un Brexit dur.

Il y a du Margaret Thatcher chez cette Theresa May là. De celle qui dit «no, no, no» aux dirigeants de Bruxelles en tapant du poing sur la table. Devant un parterre d’ambassadeurs conviés sous les dorures de Lancaster House, vaste hôtel particulier du gouvernement à côté de Buckingham Palace, la première ministre britannique a adressé mardi une ferme mise en garde aux Européens. Elle est prête à quitter la table les mains vides. «Pas d’accord pour la Grande-Bretagne serait mieux qu’un mauvais accord», prévient-elle, deux mois avant de donner le coup d’envoi des négociations sur le divorce. Pis, les Européens s’infligeraient «un acte d’automutilation calamiteux» s’ils cherchaient à imposer un accord «punitif» à la Grande-Bretagne pour décourager d’autres d’imiter l’exemple du Brexit. Comme Thatcher son sac à main, elle brandit l’arme du chantage fiscal pour les menacer d’une guerre commerciale, faute d’obtenir ce qu’elle veut.

Après sept mois de tergiversations sur le vote des Britanniques au référendum du 23 juin, la première ministre durcit le ton. Aux déclarations creuses, succèdent enfin les projets réalistes. Il était urgent de sortir de l’ambiguïté, faire taire les critiques sur son indécision et oublier la «Theresa Maybe» raillée à sa une par The Economist. Les tabloïds applaudissent. Las, n’est pas Dame de fer qui veut. Theresa May n’a pas la vision, la conviction et la confiance en elle nécessaires. Elle reste contrainte par les contradictions originelles d’être arrivée dans son fauteuil sans avoir été élue et de devoir mettre en œuvre le Brexit sans l’avoir soutenu jusqu’au référendum.

Du coup, dans ce lieu même où «Maggie» invoquait il y a vingt-huit ans les vertus du marché unique, May a dû se résoudre à expliquer pour la première fois que le Royaume-Uni allait quitter le grand marché européen. «Ce que je propose ne peut pas signifier une appartenance au marché unique», a-t-elle reconnu. C’est en fait une première capitulation face à l’intransigeance d’Angela Merkel et des Vingt-Sept. Après avoir espéré trouver un moyen de la contourner, elle tire les conséquences de leur fermeté sur le lien indissociable entre liberté de mouvement pour les citoyens et commerce de biens et services sans frontières.

Si elle réfute l’expression, c’est donc bien un «hard Brexit», un Brexit dur, que Theresa May a décrit dans son discours le plus complet sur le sujet à ce jour. Il fera référence comme la base britannique des négociations à venir. «Pas d’appartenance partielle à l’UE, rien qui nous laisse un pied dedans, un pied dehors», tranche-t-elle. Elle y gagne la liberté de pouvoir contrôler ses frontières et les niveaux d’immigration en provenance de l’Europe, en tête de ses douze priorités égrenées pour ce vaste chantier. Elle peut se réjouir aussi de ne plus devoir contribuer par «d’énormes sommes» au budget européen et de quitter la politique agricole commune. Elle se félicite d’échapper à l’autorité de la Cour de justice de l’UE de Luxembourg.

Le beurre et l’argent du beurre

Malgré cette clarification, bien accueillie par ses partenaires sur le continent, il restera toutefois des zones floues à préciser. Au lieu de l’appartenance au marché unique, elle réclame «la liberté maximale de commercer» en son sein sans droits de douane pour les entreprises britanniques – ce qui n’est guère différent sur le fond. Elle écarte par ailleurs l’idée de rester dans l’union douanière mais revendique un nouvel «accord douanier» en tant que «membre associé». Bref, le meilleur des deux mondes. Ou, diront les mauvaises langues, «le beurre et l’argent du beurre», comme l’avait indiqué une note ministérielle qui avait fuité dans la presse à l’automne.

Ce qu’ambitionne de dessiner Theresa May au cours des deux ans à venir est «un partenariat nouveau et équitable entre une Grande-Bretagne indépendante, autonome, globale, et nos amis et alliés de l’UE». Malgré ses mises en garde en fin de discours, elle a adopté un ton délibérément conciliant, insisté sur sa volonté de rester «des partenaires fiables, des alliés de bonne volonté et des amis proches». Dans cet esprit, elle espère rassurer les milieux économiques de part et d’autre de la Manche en obtenant des accords transitionnels pour éviter la brutalité d’un effet d’abîme après la sortie de l’UE en 2019. Cette approche pragmatique a semblé rassurer les marchés financiers: la livre a rebondi fortement (+ 2,7%) après avoir plongé lundi en anticipation de ce discours.

Un choix «économiquement catastrophique» pour Sturgeon

«Pour préserver le succès du secteur, avec 12 % d’Européens travaillant dans la City, il est important que le flux de talent vers le Royaume-Uni puisse se poursuivre», insiste Mark Boleat, responsable de la stratégie pour la City of London Corporation. Pour l’instant, aucun détail n’a été donné sur les termes du contrôle de l’immigration envers les Européens. Un «départ ordonné» est un «prérequis» pour la future relation entre l’UE et le Royaume-Uni, semble acquiescer le négociateur européen Michel Barnier.

En revanche, les annonces de Theresa May, malgré son choix d’un tailleur-pantalon au motif écossais, ont provoqué la fureur à Edimbourg. La chef du gouvernement régional nationaliste Nicola Sturgeon a jugé sa décision de quitter le marché unique d’«économiquement catastrophique» et de nature à rendre «plus probable» l’indépendance de l’Écosse.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/17/01003-20170117ARTFIG00341-theresa-may-menace-les-europeens.php

 

Florentin Collomp

 

 

L’EXPRESS – 18/01/2017

Parlement européen: qui est Antonio Tajani, successeur de Martin Schulz ?

 

Parlementaires européens à Strasbourg, le 24 novembre 2016.

Les députés européens ont choisi le candidat italien, Antonio Tajani, ce mardi, à l’issue du 4e tour. Il succède à l’Allemand Martin Schulz.

Les 751 eurodéputés ont élu Antonio Tajani, pour la présidence du Parlement européen ce mardi à Strasbourg. Le député conservateur italien prend la tête de l’institution après cinq années du social-démocrate allemand Martin Schulz, qui a renoncé à se représenter pour se consacrer à la politique de son pays. Ce scrutin à bulletin secret s’est déroulé en quatre tours.

Élu pour deux ans et demi (un terme renouvelable), soit la moitié de la législature de cinq ans, le président du Parlement dirige le seul organe de l’UE directement élu par les citoyens, qui se partage le pouvoir législatif avec le Conseil, représentant lui les Etats.

Un proche de Berlusconi

Cet Italien de 63 ans était le vice-président du Parlement. Il fait partie du Parti populaire européen, le groupe politique qui compte le plus de qui compte le plus de députés européens (217 élus). Antonio Tajani a été Commissaire européen aux Transports (2008-2010) puis à l’Industrie (2010-2014), à chaque fois dans les équipes du Portugais José Manuel Barroso.

En dépit de sa bonne connaissance des dossiers européens, il reste un personnage controversé. Le sexagénaire est un ancien porte-parole de Silvio Berlusconi et membre fondateur du parti Forza Italia (droite libérale). Si sa proximité avec le « Cavaliere » est au centre des critiques, son action – ou plutôt inaction – lui est également reprochée en tant que commissaire européen dans le « Dieselgate ». Ce scandale concerne un logiciel installé sur des moteurs de véhicules Volkswagen qui permettait de tricher lors des tests antipollution.

« Triste jour pour le Parlement européen »

Certains eurodéputés écologistes, qui le considère comme un « pollueur », avaient fait savoir que la candidature d’un « pollueur » comme lui était inacceptable. « Triste jour pour le Parlement européen avec l’élection de Tajani, l’homme de Berlusconi, soutenu par les libéraux démocrates et #ECR », a notamment twitté Yannick Jadot député européen et candidat écologiste à l’élection présidentielle.

POUR EN SAVOIR PLUS : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/antonio-tajani-succede-a-martin-schulz-et-devient-president-du-parlement-europeen_1869640.html

 

 

LA TRIBUNE – 18/01/2017

Xi Jinping, champion du libre-échange

 

Le président chinois redoute un risque de guerre commerciale, en particulier avec les Etats-Unis. Le protectionnisme que défend Donald Trump est une forme d’interventionnisme politique qui a un impact négatif sur l’économie.

En ouverture ce mardi du Forum économique mondial – qui se tient chaque année dans la station suisse de Davos -, le président chinois Xi Jinping s’est offert le luxe dans son discours de prononcer devant l’élite économique mondiale un éloge du libre-échange et une critique du protectionnisme que l’on aurait davantage attendus dans la bouche d’un disciple de Friedrich Hayek. « Que cela vous plaise ou non, l’économie mondiale est le grand océan auquel on ne peut échapper (…) Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits (…) est impossible et à rebours de l’histoire », a souligné le président chinois qui occupe également, rappelons-le, le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois.

Ralentissement du commerce international

Le protectionnisme revient en effet à la mode sur fond de ralentissement du commerce international, qui a progressé, estime l’OMC, de 1,7% en 2016 (contre 2,8% prévu initialement), soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2008.

Ce serait, selon ses sectateurs, la solution à la faiblesse de la croissance économique. Établir des barrières douanières, taxer les produits importés et pénaliser les entreprises tentées de délocaliser leur production permettrait donc de résoudre nos problèmes. Donald Trump en est le principal artisan aux Etats-Unis qui pourtant, déjà, n’hésitent pas à imposer des taxes sur certains produits importés.

En France, le protectionnisme a ses défenseurs comme Marine Le Pen et les courants souverainistes mais aussi Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, qui en fait un des axes majeurs de son programme pour s’imposer face à ses concurrents. Le patriotisme économique – le « Made in France » – pourrait séduire une clientèle électorale, notamment dans la classe moyenne, persuadée que c’est la mondialisation qui l’a appauvri. Après tout, bien à l’abri derrière nos frontières, nos emplois seraient protégés puisqu’ils ne seraient pas soumis à une concurrence plus rude, soit disant imposée par l’afflux d’émigrés. C’est d’ailleurs ce que préconise Theresa May dans sa version « hard » du Brexit, tout en restant ouverte à des accords commerciaux bilatéraux à travers le monde.

Sophisme

En réalité, le protectionnisme séduit parce qu’il repose sur un sophisme : un pays imposerait des barrières aux importations tout en exportant au maximum sans que les autres pays ne fassent de même. Il est au contraire le déclencheur d’une guerre commerciale qui appauvrit finalement tous les pays (en réalité les entreprises qui seules font du commerce). L’OCDE en liste quelques aspects.

Ainsi, le protectionnisme rend moins compétitives les entreprises locales sur les marchés internationaux en raison de coûts de productions qui restent en comparaison plus élevés. L’organisation a calculé que pour 1 dollar consacré à des mesures protectionnistes diminuait de 66 cents le produit national brut.

De même, il a une conséquence négative sur l’économie mondiale : une hausse de 1 dollar généré par les taxes à l’importation se traduit par une baisse de 2,16 dollars sur les exportations et une baisse de 0,73 dollar dans le revenu mondial.

Au contraire, une libéralisation complète du commerce des biens de consommation et des services ont permis une hausse du revenu moyen réel de 1,3% dans les pays développés et de 0,73% dans les pays à hauts revenus.  Quand aux nouveaux émergents comme le Nigéria, la Thaïlande, ils pourraient voir leur PIB croître de 3% à 6%.

L’OCDE rappelle par ailleurs qu’une augmentation des échanges commerciaux de 10 % majore le revenu par habitant de 4 %.

Derrière le protectionnisme, l’interventionnisme de l’Etat

Si le protectionnisme est difficilement défendable en principe – même si les données agrégées ne rendent pas compte de mesures ciblées et temporaires pouvant sauver certains acteurs -, la question est de savoir pourquoi certains responsables le préconisent.

En fait, il s’agit pour eux d’accroître leur emprise interventionniste sur l’économie, car ils pensent que le pouvoir politique est mieux placé que les entreprises pour la développer. Dans le cas de Donald Trump, c’est l’inverse, il pense que l’on dirige un pays comme une entreprise, d’où son intrusion. Il devrait rapidement s’apercevoir que ce n’est pas le cas. Et il est assez piquant que ce soit Xi Jinping, au profil plutôt de bureaucrate, qui le lui rappelle.

Robert Jules

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 19 janvier 2017

2017-03-02T07:07:16+01:00Mots-clés : , , , |

:: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 19/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 19/01/2017

La suppression des branches professionnelles est lancée

L’exécutif veut passer de 700 à 200 branches.

Leur nom fleurait bon le XIXe siècle et leur activité était souvent en voie d’extinction. Par un arrêté du 5 janvier, neuf branches professionnelles ont disparu, en fusionnant avec des structures plus importantes. Ainsi celle «des tisseurs à domicile rubanier de la région de Saint-Étienne», avec ses quelque 300 salariés, a rejoint l’industrie textile, tandis que celle de «la tapisserie d’art d’Aubusson-Felletin» a été absorbée par la branche «fabrication de l’ameublement». Et encore n’est-ce que la face émergée de l’iceberg.

Car cet arrêté fait partie d’un vaste plan de restructuration des branches lancé par le gouvernement. L’objectif de la loi El Khomri, qui reprend la philosophie de la réforme de la formation de 2014, est clair: passer de 700 branches (hors agriculture) à 200 d’ici à l’été 2019. Soit un niveau équivalent à celui de l’Allemagne, qui en compte 250. Cette restructuration est nécessaire pour rendre le système social plus efficace. Trop petites, de nombreuses branches ne peuvent aujourd’hui assurer les missions qui leur sont dévolues.

Or ces dernières ne sont pas minces. Les accords signés par le patronat et les syndicats d’une branche déterminent notamment les grilles de rémunérations des salariés du secteur d’activité. Les branches sont en charge de la mise au point d’un référentiel des tâches pénibles, pour aider les entreprises à abonder les comptes pénibilité de leurs salariés. Et la loi travail, même si elle renforce l’accord d’entreprise, n’a pas tué la branche, au contraire. Il leur reviendra par exemple de mettre au point des «accords types», que pourront utiliser les PME de moins de 50 salariés si elles souhaitent réaménager le temps de travail.

Théoriquement, le ministère du Travail peut imposer des fusions et suppressions de branches. «Mais jusqu’à présent, nous avons toujours travaillé en accord avec les partenaires sociaux», souligne-t-on Rue de Grenelle. Les pouvoirs publics ont choisi d’agir par étapes, en s’attaquant d’abord aux 300 branches plus faciles à restructurer car locales ou n’ayant mené aucune négociation depuis quinze ans ou ayant peu de salariés.

Pas de salariés lésés

Sur ce lot, 140 branches ont déjà disparu en 2016: les 9 de l’arrêté, mais aussi de nombreuses branches territoriales, supprimées au profit des branches nationales du même secteur. On y trouve les cafés-hôtels-restaurants de Seine-Maritime ou de l’Isère, le notariat de Colmar, la boulangerie de Haute-Garonne… Reste 168 branches à traiter rapidement, concentrées dans deux secteurs. «Dans la métallurgie, où il s’agit surtout de supprimer des branches locales, les travaux avancent bien et devraient être bouclés d’ici à la fin de l’année. Dans le BTP, le chantier est lancé, mais il est complexe car il existe des conventions collectives locales, par taille d’entreprise…», précise le ministère du Travail.

Le plus dur viendra toutefois par la suite lorsqu’il faudra regrouper des branches importantes. «Certaines ont déjà pris contact avec nous pour fusionner», confie-t-on au ministère. Il n’empêche, ce sera à la future majorité de gérer ce dossier, avec des enjeux plus lourds. D’ailleurs, la loi prévoit un délai de cinq ans pour harmoniser les règles sociales entre branches fusionnées. Avec comme philosophie de ne pas léser les salariés, ce qui devrait engendrer de longues négociations.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

La baisse de l’impôt sur les sociétés aura un coût

 

Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa « position nette d’impôts différés »

Les résultats de certains groupes seront impactés.

Attention, effet collatéral! Saluée comme il se doit par le patronat, la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS), de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 pour toutes les entreprises, n’en provoque pas moins des conséquences… négatives pour certains grands groupes. C’est Schneider Electric qui a, le premier, vendu la mèche. La baisse de l’IS est «une nouvelle positive», salue le groupe dans un communiqué publié le 9 janvier. Mais «ce changement conduit à un impact négatif de 120 millions d’euros sur le résultat du groupe à fin 2016», ajoute-t-il.

Une baisse d’impôt qui pénalise les résultats comptables d’une entreprise, voilà qui est paradoxal. Cet effet collatéral est, en réalité, dû à la possibilité pour les entreprises de conserver dans leurs comptes les déficits passés, afin de les déduire de leurs bénéfices futurs et de réduire ainsi leur imposition. Or ce «stock» de pertes n’est valorisé qu’à hauteur des futures économies d’impôts qu’il permettra de générer. Comme le taux d’IS baissera de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020, la valeur des déficits que les entreprises gardent en soute pour éponger une partie de leurs impôts à cette échéance fond donc d’autant. Et voilà pourquoi Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa «position nette d’impôts différés».

L’industriel n’est pas le seul groupe à faire face à cette problématique. «Nombre d’entreprises ont connu des exercices difficiles après la crise de 2007-2008, relève Jean-Pierre Lieb, avocat associé chez EY. Celles-ci ont donc encore des stocks de déficits à déduire de leurs impôts.» À noter toutefois que seuls sont touchés les groupes qui prévoient d’utiliser une partie de leurs déficits passés pour réduire leur impôt en 2020 au plus tôt. A contrario, les entreprises qui ont bénéficié d’un report d’imposition, du fait d’une restructuration par exemple, voient leur dette à l’égard du fisc diminuer avec le futur taux d’IS à 28 %.

Incertitude législative

Tirer, dès à présent, toutes les conséquences comptables d’une baisse d’impôt prévue pour 2020, cela pourrait paraître aventureux. Spécialement lorsqu’une élection présidentielle, qui peut chambouler la trajectoire inscrite dans la loi, se tiendra dans cinq mois. Toutefois, la norme comptable IAS, appliquée par tous les groupes européens, ne prend pas en compte ces incertitudes politiques.

«Il n’y a pas de tergiversation possible: si, à la clôture de l’exercice comptable, une décision est claire et précise, elle est applicable», explique Patrice Marteau, président de l’Association pour la participation des entreprises françaises à l’harmonisation comptable internationale (Acteo). Si le législateur décide, d’ici à 2020, de baisser davantage ou au contraire d’augmenter l’IS, les entreprises devront à nouveau s’adapter.

Guillaume Guichard

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Assurance emprunteur : cette mesure va vous faire économiser des centaines d’euros par an !

Si vous avez pris un crédit pour acheter votre logement, vous pourrez dès 2018 résilier à tout moment l’assurance emprunteur que vous a vendu votre banque et trouver moins cher ailleurs.

Avis aux millions de Français qui ont emprunté auprès d’une banque pour acheter leur maison ou leur appartement : cette information pourrait vous faire économiser plusieurs centaines d’euros par an !

Jusqu’ici, vous ne pouviez le faire qu’au cours des douze premiers mois du prêt. A partir du 1er janvier 2018, vous pourrez renégocier votre contrat d’assurance emprunteur quand bon vous semble. Plus précisément, une fois par an, à chaque date anniversaire du contrat. Au détour d’un texte sur la consommation et l’immobilier, députés et sénateurs ont voté mardi à l’unanimité — chose rare ! — une mesure pour faciliter la concurrence.

De quoi s’agit-il ? Réclamée par les banques lorsqu’elles octroient un crédit à un particulier, l’assurance emprunteur protège le client en annulant tout ou partie des mensualités si un drame bouscule sa vie : invalidité, décès du conjoint, etc. Ce produit financier peut être, en théorie, souscrit auprès de la banque ou d’un assureur extérieur. En réalité, dans 80 % des cas, la banque vend son assurancemaison. Et ce, même si elle est plus chère qu’une autre.

« L’assurance emprunteur peut représenter en ce moment jusqu’à la moitié du coût du crédit », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut, l’un des leadeurs du secteur. Un récent rapport du Comité consultatif du secteur financier estime qu’elle représente plutôt 30 % du coût du crédit.

Manque de concurrence selon les parlementaires

Pour les parlementaires français, l’affaire est entendue : c’est le manque de concurrence qui plombe la facture. « La marge atteint les 50 %. C’est exorbitant », dénonce Pierre-Alain Muet, l’un des députés PS à l’origine de la fronde. « Il y a besoin de remettre de la concurrence. »

« Cette mesure est une mauvaise nouvelle pour beaucoup d’emprunteurs », conteste-t-on à la Fédération bancaire française (FBF). En cause, selon ce représentant du secteur, la mutualisation. Autrement dit, le fait qu’actuellement les jeunes paient plus que ce qu’ils devraient afin que les personnes plus âgées aient un peu moins à régler. « La mutualisation n’est pas préservée, alors qu’elle permet un accès large à l’assurance du crédit immobilier », déplore-t-on à la FBF.

Reste à savoir si cette mesure se traduira véritablement dans les faits. Car les parlementaires n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils avaient déjà voté fin 2016 dans le cadre de la loi Sapin 2 un dispositif identique, mais le texte avait été retoqué par le Conseil constitutionnel pour un problème de forme.

Notre comparatif

Paperasse, questionnaire à remplir… Changer d’assurance emprunteur demande un peu d’effort mais cela en vaut la peine, comme en témoigne la simulation réalisée par Securimut, une filiale de la Macif, pour notre journal. Pour un couple de 36 ans, empruntant 150 000 € sur 20 ans, choisir une assurance extérieure à sa banque peut permettre d’économiser 62 € par mois, soit pratiquement 15 000 € sur toute la durée de l’emprunt ! Mais quand, précisément, faut-il s’en occuper ? Lorsqu’on négocie son prêt, c’est une des solutions les plus simples. Mais c’est aussi prendre le risque de se voir refuser le prêt ou proposer un taux plus élevé… « Tout dépendra en réalité de votre pouvoir de négociation, de votre profil », estime François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. Bref, ça se tente ! Et si c’est un échec, n’hésitez pas à remettre le dossier sur la table assez rapidement. « Divorces, rachats de crédits… En réalité, un emprunt immobilier ne dure en moyenne que huit ans, donc n’attendez pas trop pour faire renégocier votre assurance », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut.

Boris Cassel

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 19/01/2017

Aéronautique : Safran veut fusionner avec Zodiac Aerospace pour former un leader mondial

La fusion des deux groupes français permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques.

Le groupe français Safran a lancé, jeudi 19 janvier, une offre publique d’achat amicale (OPA) visant le spécialiste des sièges d’avions Zodiac Aerospace, suivie d’une fusion pour former un géant de plus de 20 milliards de chiffre d’affaires et 92 000 salariés (dont 45 000 en France).

La fusion permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques et le numéro trois mondial de l’aéronautique hors constructeurs d’avions, avec des ventes réparties entre la propulsion et les équipements aéronautiques.

Safran, dont le premier actionnaire est l’Etat (14 % du capital et 21,9 % des droits de vote), s’est hissé au rang de numéro un mondial des moteurs d’avions, grâce à la coentreprise CFM International créée avec son partenaire américain General Electric (GE).

Zodiac souffre depuis la fin de 2014 des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. A la fin de 2016, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ». Le groupe, connu aussi pour avoir inventé les bateaux pneumatiques à moteur du même nom dans les années 30 avant de se tourner vers l’aéronautique, a abandonné il y a une dizaine d’années ses activités marines.

La fusion attendue en 2018

Le nouveau groupe devrait employer quelque 92 000 personnes (dont plus de 45 000 en France) et être présent dans plus de 60 pays. Ensemble, Safran et Zodiac Aerospace visent environ 2,7 milliards d’euros de résultat opérationnel courant ajusté.

La finalisation de l’offre publique est attendue à la fin du quatrième trimestre 2017 et la réalisation de la fusion au début de 2018. Cette opération entre dans le cadre de la stratégie engagée par Safran, de recentrage sur ses cœurs de métiers : l’aéronautique et la défense.

Safran avait déjà tenté de racheter Zodiac en 2010, mais avait essuyé une fin de non-recevoir des actionnaires de l’équipementier. Cette deuxième tentative est donc la bonne pour le groupe aéronautique, alors que Zodiac Aerospace était affaibli depuis la fin de 2014 par des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. En fin d’année dernière, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ».

Dopés par cette annonce, le titre Zodiac prenait plus de 22,05 % à la Bourse de Paris, tandis que Safran gagnait 2,04 % peu après 9 heures.

Cette nouvelle étape dans la consolidation de l’industrie aéronautique survient quelques mois après le rachat par l’équipementier aéronautique américain Rockwell Collins de son concurrent B/E Aerospace, un concurrent de Zodiac Aerospace.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Brioche Dorée veut devenir la tête de pont des PME françaises de l’agroalimentaire

Le groupe breton Le Duff lance une place de marché destinée à séduire les restaurateurs et épiciers étrangers.

Un ovni vient d’apparaître dans la distribution alimentaire. Le groupe de restauration Le Duff, connu pour ses enseignes Brioche Dorée et Del Arte, se diversifie avec un site e-commerce. Sur Gourming.com, les PME françaises pourront exporter auprès de grossistes, restaurateurs et épiceries du monde entier. La place de marché recense déjà 5000 références, sur 10.000 prévues à terme. Parmi les 250 producteurs figurent Maître Prunille, Tarte Tropézienne, Chocolat Weiss, la Sablésienne, Cacolac…

«Nous voulons créer l’Amazon de l’alimentaire, clame Anne-Laurence Velly, directrice du digital et de l’innovation du groupe. Il y a un potentiel immense compte tenu de l’image de la France. Gourming doit permettre aux professionnels du monde entier de venir faire leur marché en ligne en choisissant parmi le meilleur du terroir français.» 25 pays européens sont desservis pour l’instant, avant les États-Unis et l’Asie dès 2018.

L’agroalimentaire français est composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export

À l’origine du projet, Louis Le Duff, 70 ans, a commencé à plancher il y a deux ans, convaincu que le digital, embryonnaire chez les professionnels de l’alimentaire, pouvait permettre d’aller chercher de nouveaux clients à l’étranger. Son modèle: le supermarché XXL du géant mondial du e-commerce, dont la plateforme professionnelle Amazon Business est en plein essor. Il voit Gourming comme un vecteur idéal de l’agroalimentaire français, composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export.

Gourming s’appuie sur le savoir-faire commercial et logistique de Le Duff. Très intégré, le groupe breton approvisionne ses 2000 restaurants et boulangeries sur cinq continents depuis ses sept usines. Il possède deux centres logistiques, dont un «hub» tout juste inauguré à Orly pour Gourming. Une plateforme technique a été créée par le spécialiste des places de marché, Mirakl, ainsi qu’un centre d’appels multilingue. Au total, un investissement de «plusieurs millions d’euros».

25% de commission

Louis Le Duff, nouveau héraut de l’agroalimentaire tricolore? «Cette initiative est liée aux valeurs de Le Duff, qui a toujours eu le souci de valoriser les produits de qualité et d’aller de la fourche à la fourchette», explique Anne-Laurence Velly. C’est un relais de croissance. «Cette activité, encore exploratoire, pourrait devenir le troisième pilier de l’entreprise au côté de la restauration (70 % du chiffre d’affaires total, soit 2 milliards d’euros en 2015) et de la boulangerie industrielle (30 %, avec le pain Bridor notamment)», ajoute la dirigeante.

Le Duff prélève une commission de 25 % sur chaque transaction, contre 15 % en moyenne sur une place de marché classique, et facture 100 euros le référencement. «Nous proposons un service clés en main aux producteurs qui inclut le transport, la logistique et l’administratif, y compris les contraintes réglementaires liées à l’export», justifie Anne-Laurence Velly. Charge aux fabricants d’expédier leurs produits à Orly. Le groupe breton parie sur des commandes minimales de 800 euros, jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour des grossistes. Le chef milanais Danilo Ange a ainsi acheté à la société Folion, dans le Gers, ses feuilles de fruits et légumes déshydratées. Mais Le Duff devra compter avec la concurrence d’un poids lourd de la distribution, Metro, qui planche sur un projet français de place de marché alimentaire.

Keren Lentschner

 

 

LE MONDE – 19/01/2017

Grippe aviaire : la filière foie gras estime ses pertes à 120 millions d’euros

Le gouvernement a imposé au début de janvier l’abattage préventif de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

Eleveurs et industriels de la filière foie gras ont nettement revu à la hausse leurs pertes causées par la grippe aviaire, soit 120 millions d’euros, a fait savoir mercredi 18 janvier le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), qui prévoit un plan de quinze mesures pour éviter une nouvelle crise à l’avenir.

Les pertes sont calculées pour l’ensemble de la filière, « de l’accouvage à la transformation en passant par les éleveurs et les gaveurs », a déclaré Christophe Barrailh, précisant que cette somme inclut « les pertes directes liées à l’abattage et également (celles) liées au vide sanitaire (…) qui a déjà commencé pour certaines zones ».

Des abattages préventifs

L’épizootie d’influenza aviaire H5N8 qui sévit depuis décembre dans les élevages du Sud-Ouest – 136 exploitations infectées mardi, essentiellement dans le Gers et les Landes – a conduit le gouvernement à imposer au début de janvier des abattages préventifs de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

« Du fait de l’extension des zones, avec des abattages supplémentaires programmés », le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d’euros au début du mois.

Et le coût du virus pourrait encore augmenter. « On était parti sur un volume de 1,3 million » d’animaux à abattre, « on en est à 1,5 million » et « la situation n’est toujours pas stabilisée », a ajouté M. Barrailh.

Des tests systématiques envisagés

Déjà fragilisée par l’épisode d’influenza aviaire H5N1 de l’hiver 2015-2016, l’interprofession a adopté un plan pour parer à de prochaines crises.

Le Cifog envisage notamment de « tester systématiquement » les lots de canards avant l’étape du gavage afin d’éviter de transporter des volailles contaminées, a expliqué M. Barrailh.
Dans le même ordre d’idées, dès qu’un cas suspect sera détecté par un vétérinaire, un confinement pourra être imposé « dans un périmètre à définir », sans attendre l’habituel arrêté préfectoral.

Par ailleurs, un audit « à périmètre national » sera fait « pour vérifier que les règles de biosécurité sont bien mises en place » par les producteurs, en commençant par la zone de l’épizootie en cours, dès que celle-ci sera terminée.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Électricité, gaz : les particuliers au cœur de la bataille entre opérateurs

 

Les quatres étapes du producteur au consommateur:

(1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers.

(2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public.

(3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public.

(4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

ENQUÊTE – Les rivaux d’EDF et d’Engie multiplient les offres attractives pour se développer sur le marché des particuliers. Les opérateurs historiques ripostent.

L’année qui s’ouvre est à marquer d’une pierre blanche dans l’énergie. En juillet, cela fera exactement dix ans que les marchés du gaz et de l’électricité ont été libéralisés. Les particuliers ont la possibilité de renoncer aux tarifs réglementés que seuls peuvent proposer EDF et Engie (ex-GDF Suez) pour choisir une offre de marché, qui présente des avantages. Dix ans de concurrence déjà, mais ce n’est que depuis quelques mois que les nouveaux concurrents des opérateurs historiques – Direct Énergie, Eni, Lampiris…- mettent la pression sur les particuliers. Ils avaient attaqué en priorité le marché des entreprises et des professionnels.

Pour le marché des particuliers, c’est une guerre commerciale quasiment rue par rue, maison par maison qui est engagée, avec des campagnes de porte-à-porte pendant lesquelles les représentants ne ménagent pas leur peine. Selon le dernier baromètre annuel Énergie-Info du Médiateur national de l’énergie (en septembre 2016), 39 % des consommateurs indiquent avoir été démarchés pour souscrire une offre de fourniture d’énergie. Le démarchage se fait à la fois par téléphone (61 %), à domicile (26 %) et par courrier (23 %). ENI, l’opérateur italien, désormais numéro deux du gaz en France, reconnaît que ces visites à domicile contribuent à environ un tiers du portefeuille de nouveaux clients. Il est vrai que l’argumentaire commercial est simple. Pour EDF et Engie, il est plus compliqué d’expliquer à leurs clients qu’ils peuvent, eux aussi, proposer des prix plus intéressants que le tarif réglementé qui était le leur depuis toujours.

Très logiquement, l’offensive des nouveaux acteurs du marché de l’énergie appelle la contre-offensive des deux opérateurs historiques. Sans donner d’indication chiffrée, Engie souligne que le démarchage est un canal de vente significatif, au même titre que le téléphone ou les courriels. Il s’agit de pallier ainsi la fermeture de son réseau d’agences. «La vente à domicile est un circuit important car il permet une richesse d’échanges avec le client, explique Augustin Honorat, directeur du marché clients particuliers France d’Engie. Et pour cause, aucun autre lien ne cultive la même proximité physique en face-à-face.»

Les entreprises sont d’autant plus soigneuses à communiquer sur le porte-à-porte que le genre a mauvaise presse: pêle-mêle, les vendeurs seraient agressifs, tairaient les subtilités des contrats de gaz et d’électricité et seraient prêts à de nombreuses approximations pour décrocher une signature. Par exemple, c’est un ménage qui ratifie finalement un contrat à la fois pour le gaz et l’électricité, alors qu’une offre pour une seule énergie l’intéressait au départ.

Ou alors c’est un foyer qui prend un fournisseur pour un autre sans qu’on ait pris soin de le détromper. Parfois, les dérapages vont encore plus loin: le Médiateur indique ainsi que plusieurs consommateurs l’ont alerté «sur le fait que des démarcheurs appellent pour obtenir un rendez-vous à domicile en se présentant comme le Médiateur national de l’énergie».

Enquête de satisfaction

«Nous sommes aux antipodes de ces méthodes, dit Daniel Fava, directeur général ENI Gas & Power France. Nous prenons rendez-vous par téléphone avant les visites. Ces dernières sont le fruit de campagnes ciblées, après que nous avons identifié en amont des zones d’habitations susceptibles d’être intéressées par nos offres. Nos propositions sont d’autant plus rigoureuses qu’elles sont articulées autour de quelques critères très simples: gain par rapport aux tarifs réglementés, stabilité du prix pendant plusieurs années et aucune coercition.» Les vendeurs font ensuite l’objet d’une enquête de satisfaction et un ménage dispose de 21 jours pour se rétracter, quand la loi n’impose que 14 jours.

Les quatres étapes du producteur au consommateur: (1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers. (2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public. (3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public. (4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

Chez Engie, Augustin Honorat indique que le groupe a recours dans le cadre de ce démarchage «à des prestataires externes reconnus, sélectionnés au terme d’un appel d’offres et dont les personnels sont spécialement formés aux offres énergétiques et à l’éthique commerciale. Non seulement nous mettons en garde ces partenaires contre la moindre velléité de vente forcée mais les dérives sont tout de suite sanctionnées et le contrat annulé si le client le demande.»

Preuve que le domaine reste malgré tout très sensible, certains opérateurs ont décidé de renoncer au porte-à-porte, comme Direct Énergie qui l’a utilisé lors du démarrage de l’entreprise.

EDF ne l’a jamais utilisé, soulignant que le démarchage à domicile ne correspond pas à sa politique de relation clients et à son image de marque. Le groupe estime disposer d’autres compétences pour asseoir son développement commercial. Il est vrai que le groupe reste très solidement implanté avec une part de marché proche de 90 % chez les particuliers contre 76 % pour Engie.

Quel que soit le cas de figure, la bataille est d’autant plus vive les fournisseurs n’ont jamais été aussi nombreux. Ces derniers mois, plusieurs nouveaux acteurs opérateurs ont fait leur apparition comme ekWateur ou Plüm Énergie. Disposant de moyens limités par rapport aux géants du secteur, ils font des offres plus ciblées. Par exemple, Plüm Énergie entend proposer à ses clients «une véritable méthode pour diminuer significativement leur consommation d’électricité». Comme ces impétrants ne peuvent pas lancer de grandes offensives commerciales, ils misent beaucoup sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Chacun suit son propre chemin.

Attention aux démarcheurs indélicats

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a été victime d’étranges comportements. Cette autorité administrative vient ainsi d’être alertée que des démarcheurs se présentaient en son nom pour inciter des consommateurs ou des clients professionnels (commerçants, artisans, PME…) à acheter des matériels électriques (panneaux photovoltaïques, ampoules basse consommation, condensateurs…). Ces prétendus représentants indiquent aux consommateurs qu’ils ont l’obligation réglementaire de se procurer ces équipements, sous peine de sanctions. La CRE précise qu’elle a saisi le procureur de la République et que le dossier a également été transmis à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

LES ECHOS – 19/01/2017

Dentistes : l’assurance-maladie lâche du lest avant la dernière négociation

 

Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam)

vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale.

L’assurance-maladie rajoute 64 millions d’euros de revalorisation des tarifs.

C’est une négociation qui va être très difficile à boucler. Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam) vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale, en vue de revaloriser les soins conservateurs, tout en réduisant le prix des prothèses. L’Uncam a formulé ses propositions de la dernière chance, dans un document auquel « Les Echos » ont eu accès. Elle propose une rallonge financière pour les dentistes, alors que deux syndicats sur trois ont quitté la table des négociations lors de la dernière séance, le 6 janvier.

Il est d’ores et déjà improbable que le syndicat numéro un, la FSDL, signe. En effet, l’enveloppe globale proposée par l’assurance-maladie, et qui serait cofinancée avec les assureurs complémentaires, s’élève à 807 millions d’euros par an dès 2021, avec une montée en charge sur quatre ans. « Nous avons fait nos calculs. Pour équilibrer l’activité des dentistes, il faudrait investir 2,7 milliards d’euros, on est loin du compte ! » souligne Patrick Solera, le président de la FSDL. Le syndicaliste voit d’un assez mauvais oeil l’introduction de plafonds conventionnels sur les soins prothétiques, qui sont aujourd’hui totalement libres. « Les plafonds sont bas, et ils resteront bloqués pendant trente ans », soupçonne-t-il.

Possibilité de dérogation

Sans la FSDL, il faudra donc que la CNSD, l’autre syndicat détenant plus de 30 % des voix, soit signataire de l’avenant. L’Union dentaire, le troisième syndicat, devra aussi s’abstenir de voter contre. Ils ont un pistolet sur la tempe, car, s’il n’y a pas d’accord, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, compte plafonner les tarifs les plus coûteux sans passer par la case conventionnelle. Elle a fait voter cette possibilité de dérogation à la négociation professionnelle à l’automne.

Le dernier projet de l’assurance-maladie rajoute une hausse de 64 millions d’euros des tarifs pour atteindre 807 millions d’euros. Dans le détail, les forfaits CMU-C sont revalorisés de 30 millions d’euros par rapport à la proposition précédente, soit 82 millions supplémentaires au bout de quatre ans. Les revalorisations d’actes et créations d’actes (couronne transitoire, coiffage pulpaire, consultation d’urgence) bondissent de 148 millions d’euros par rapport au 6 janvier, à 693 millions d’euros. Mais cette hausse est en partie compensée par la baisse de 107 millions du tarif de l’inlay-core. De plus, les sommes allouées à la prévention, en particulier la parodontie pour les diabétiques, sont revues à la baisse de 14 millions, chiffrant désormais 23 millions.

Par ailleurs, les plafonds imposés aux tarifs libres sont un peu rehaussés, en sorte que la perte de recettes pour les dentistes se limiterait à 465 millions d’euros au bout de quatre ans. En fin de compte, les professionnels libéraux gagneraient en net 341 millions d’euros supplémentaires dès 2021, soit 42 % de l’enveloppe totale promise. L’amélioration est assez nette par rapport aux 272 millions du projet du 6 janvier (35 % de l’enveloppe), et surtout aux 176 millions du projet du 14 décembre…

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les salariés de BN se mobilisent ce jeudi contre la vente de l’usine nantaise

Les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) se rassemblent ce jeudi suite aux rumeurs de rachat du site de Vertou (Loire-Atlantique).

Agitation au pays du fameux BN. L’intersyndicale CGT-CFDT-CFE-CGC ont en effet appelé les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) de Vertou en Loire-Atlantique, près de Nantes, à se mobiliser en cessant de travailler ce jeudi et à participer à une assemblée générale sur le site de Vertou. Cette mobilisation fait suite aux rumeurs de rachat de l’usine qui fabrique les célèbres biscuits fourrés. Les syndicats ont invité les élus locaux à participer à cette manifestation.

Lors du comité d’entreprise du jeudi 12 janvier, la direction a confirmé qu’un groupe avait visité le site sans communiquer l’identité des visiteurs.

L’usine risque donc d’être vendue trois ans après le rachat d’United Biscuit, propriétaire de BN, par la holding turque Yildiz. Ce projet soulève des inquiétudes quant au futur de l’usine BN de Vertou qui emploie environ 400 salariés.

United Biscuit aurait mis en vente la biscuiterie a révélé le Figaro. Parmi les acheteurs intéressés figureraient au moins trois fonds dont un Français et un Canadien. Et un Hollandais qui serait le candidat principal avec la biscuiterie Continental Bakeries. Le montant de cession envisagé serait d’environ 20 à 30 millions d’euros pour BN, qui réalise environ 80 millions d’euros de chiffre d’affaires mais qui ne gagne pas d’argent.

Gaëtan Lebrun

 

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 19/01/2017

Primaire à gauche : tensions dans la dernière ligne droite

Les candidats enchaînent les meetings et n’hésitent plus à s’attaquer directement, à quatre jour du premier tour et alors que se tient, jeudi, le dernier débat télévisé.

Pour accéder à la salle, il faut suivre les affiches « salle de pesée ». A quatre jours du premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier, l’image fait sourire, tant chaque candidat a décidé de montrer ses muscles politiques. Mercredi soir 18, à la veille du troisième et dernier débat télévisé, Benoît Hamon donnait un meeting à Paris, à… l’Institut du judo. Au même moment, Arnaud Montebourg réunissait aussi ses troupes dans la capitale, dans le gymnase Jean-Jaurès, situé dans le 19e arrondissement. Vendredi soir, ce seront Manuel Valls et Vincent Peillon qui mobiliseront, à leur tour, à Paris.

A l’approche du vote, le ton se durcit entre les candidats. Chacun le sait, les dernières heures d’une campagne sont souvent décisives. « Les enjeux d’une primaire s’imposent dans les derniers jours », expliquait Manuel Valls, mardi soir, dans le TGV qui le ramenait de Rennes.

Benoît Hamon est en confiance, il est le candidat qui, incontestablement, enregistre une dynamique depuis plusieurs semaines. Pour preuve, selon lui, il est devenu la cible numéro un de ses concurrents. En meeting à Boisseuil (Haute-Vienne), près de Limoges, M. Valls l’a plusieurs fois attaqué sans le nommer mercredi soir. Pour l’ancien premier ministre, M. Hamon incarne la gauche « déconnectée du monde » quand lui a les pieds pleinement dans le « réel ».

« C’est facile de faire sauter les interdits »

« C’est facile de promettre l’impossible lorsqu’on sait au fond de soi que l’on n’en sera jamais comptable. C’est facile de dire ouvrez les frontières, laissez entrer tout le monde, soyez généreux !. C’est facile de faire sauter les interdits. Il est plus dur de combattre la délinquance, les trafics et les cambriolages ! », a critiqué M. Valls qui s’est présenté, lui, comme « la gauche de l’état d’urgence ».

Pendant près de deux heures, le député des Yvelines a défendu ses principales mesures taxées d’irréalisme par ses concurrents. Revenu universel, 49.3 citoyen, mise en place d’une police de contrôle des discriminations… « Il y a quatre mois, on ne parlait à gauche que d’identité, de sécurité, de fermeté. Aujourd’hui, on parle revenu universel, nouveau modèle de développement, transition énergétique… C’est déjà une victoire acquise », triomphe l’ancien ministre de l’éducation nationale devant ses supporters.

Porté par les sondages et une affluence réelle dans ses meetings, il s’en prend même à Emmanuel Macron qui menace l’après-primaire pour le PS. « Un homme de gauche choisi par le peuple de gauche devrait se désister devant un sondage d’opinion ? Jamais ! », tonne-t-il sous les applaudissements.

Hamon pointé du doigt

De son côté, M. Montebourg a répété que ses propositions n’étaient pas « expérimentales » pour 2022 mais applicables « dans quatre mois ». S’affichant aux côtés de l’humoriste Guy Bedos et de la figure de l’aile gauche du PS, Gérard Filoche, l’ancien ministre de l’économie, lui aussi, a pointé du doigt M. Hamon, en se présentant comme le candidat du « travail » et de la « fiche de paie ».

Défaire « le mur des puissants », lutter contre les politiques d’austérité, restaurer la souveraineté, promouvoir le « made in France » : M. Montebourg a déroulé sa partition, dans le sillage de la primaire de 2011. Finalement, plus la compétition avance, plus les candidats redeviennent ce qu’ils sont. Manuel Valls se remet à faire du Valls. Et M. Montebourg, qui avait tenté de s’assagir et de se « présidentialiser », au risque de s’affadir, refait du Montebourg, en appelant, la voix cassée, à « reprendre le drapeau du discours du Bourget, tombé à terre, dans la poussière ».

Pour le député Christian Paul, qui coordonne le programme de l’ancien ministre du redressement productif, « la primaire se termine par un crescendo pour Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, mais l’électorat n’est pas le même : chez Hamon, c’est une gauche classique, chez Montebourg, une reconquête qui va au-delà ».

Vincent Peillon, lui aussi, veut faire mentir les pronostics qui le donnent éliminé dès le premier tour. Pour son directeur de campagne, « il y aura dimanche soir une surprise Peillon ! ». Laquelle ? « Il sera présent au second tour », affirme M. Bloche, qui revendique, à son tour, « une dynamique dans une campagne éclair ».

En conclusion de son discours, M. Hamon a cité Victor Hugo : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est arrivée. » « Et bien, notre heure est arrivée ! », a lancé le député avant de s’offrir un bain de foule de plusieurs minutes.

  • Le mode d’emploi du dernier débat Le dernier débat des sept candidats à la primaire de la gauche se tient ce soir en direct sur France 2, Europe 1, LCP et TV5 Monde. Animé par les journalistes Léa Salamé, David Pujadas et Fabien Namias, il sera marqué par trois grands moments. Les questions économiques et sociales : les candidats seront interrogés sur la santé, l’assurance-maladie, les services publics, la fracture territoriale; le protectionnisme sera aussi abordé, tout comme le chiffrage des programmes de chacun. Carte blanche : les sept concurrents auront une minute chacun pour mettre en avant un point de leur programme. Questions internationales : les journalistes questionneront les candidats notamment sur la place de la Russie et la situation au Moyen-Orient. Comme pour les deux précédentes émissions, chaque candidat dispose d’une minute pour répondre à chaque question et d’une minute et demie pour conclure.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

 

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

Le logement ne fait pas l’objet de débats très disputés parmi les 7 candidats à la primaire de la gauche.
Aucun ne remet en cause les acquis du quinquennat.

L’encadrement des loyers, oui, mais pas partout

Bien que très controversée lors de sa mise en oeuvre, l’une des mesures phares du quinquennat en matière de logement n’est pas menacée à gauche. Aucun des candidats à la primaire de la gauche, qui débattent une dernière fois ce jeudi soir à la télévision (lire aussi page 4), ne remet en cause le principe de l’encadrement des loyers aujourd’hui effectif à Paris et à partir du 1er février à Lille. Manuel Valls (PS) et Sylvia Pinel (PRG), qui ont limité sa mise en oeuvre à la capitale, défendent son intérêt dans les zones tendues et là où il est possible d’obtenir des données fiables concernant le marché locatif. Benoît Hamon (PS) en réclame l’application dans les 13 métropoles régionales, comme Arnaud Montebourg (PS), qui fait même figurer cette mesure dans son Manifeste économique publié le 4 janvier. Après une étude démontrant l’inefficacité de cette mesure à Nantes, François de Rugy (Parti écologiste) ne défend pas «  une approche idéologique » mais estime indispensable une meilleure connaissance des marchés locatifs ville par ville. Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) reconnaît que la mesure peut être adaptée à Paris et à sa petite couronne, mais redoute ailleurs une fuite des investisseurs tentés de mieux rentabiliser leurs biens via des plates-formes de location saisonnière.

Pas touche aux quotas de logements sociaux

Mesure « de gauche », « projet de société » pour Arnaud Montebourg, l’article 55 de la loi SRU de décembre 2000, qui impose des quotas de logements sociaux aux communes les plus peuplées est intouchable. Tous les candidats défendent la mesure et se félicitent de ses avancées : la hausse du quota à 25 % par la loi Alur, la possibilité pour les préfets de se substituer aux maires récalcitrants et le renforcement du principe grâce à la loi égalité et citoyenneté. Benoît Hamon propose même de faire passer les quotas à 30 %. Il est le seul à envisager de durcir nettement les sanctions appliquées aux communes hostiles au logement social en proposant une ponction fiscale plutôt qu’une amende. A l’inverse, les maires bâtisseurs profiteraient d’une aide plus importante qu’aujourd’hui. A titre expérimental, il imagine aussi, – en concertation avec les élus -, de réquisitionner des logements vacants pour les intégrer au parc social. François de Rugy considère que la loi est «  globalement » efficace, mais souhaite veiller à l’équilibre des logements produits et, au-delà, à la mixité sociale dans le parc résidentiel.

La défiscalisation n’est plus un tabou

Drogue dure de la politique du logement depuis trente ans en France, les dispositifs qui permettent aux particuliers de baisser leurs impôts en achetant un logement neuf pour le louer portent tous le nom des ministres qui les ont initiés. Le « Pinel », dernier en date, n’est pas renié par son auteur qui le défend «  sans hésitation » et le prolongerait au-delà de 2018 si elle était élue.«  Il est reconnu par les professionnels et un signe de compétitivité pour les villes où se construisent ces types de logement », affirme la candidate du Parti radical. Manuel Valls ne remet pas non plus en cause ce «  pilier de la politique » et du plan de relance que son gouvernement a initié en septembre 2015 avec de bons résultats. Personne à gauche n’envisage plus de supprimer cet outil. Arnaud Montebourg en souligne néanmoins le coût budgétaire, 1,6 milliard pour le Pinel, contre 1,2 milliard pour le « Scellier » qui n’est plus en vigueur depuis 2012. Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias, sans le renier, invitent cependant à une réflexion de fond sur la nécessité, à long terme, de ce dispositif.

Catherine Sabbah

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Benoît Hamon : « J’ai un projet de gauche… celle qui se tourne vers le futur »

DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Quatrième et dernier invité de notre série sur la primaire de la gauche, Benoît Hamon, dont la campagne semble en pleine dynamique, présente son programme. A vous de juger.

« Je pioche, je pioche. » Confidence d’un athlète de la politique entrant dans la dernière ligne droite de sa campagne. Oui, Benoît Hamon pioche dans ses dernières réserves ce matin-là en arrivant au « Parisien » – « Aujourd’hui en France ». Avant de s’asseoir autour de la table de conférence au centre de la rédaction, le candidat se débarrasse de la chaude parka à capuche dans laquelle il était emmitouflé. Il arrive de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et doit repartir, sitôt après l’entretien, pour Bordeaux (Gironde). Son attachée de presse l’accompagne avec une valise à roulettes. Est-ce l’effet d’une dynamique de campagne qui le porte ? Il a en tout cas fait le plein hier soir, à l’Institut du judo à Paris (XIVe) lors d’un meeting où environ 3 000 personnes sont venues l’écouter.

Concentré, précis, dépourvu de toute fiche, contrairement à Manuel Valls qui étalait les siennes devant lui, le député des Yvelines déroule son programme, argumente pied à pied. Son fameux revenu universel, qui suscite les critiques et même les risées de ses rivaux — notamment à cause de son coût « astronomique » ? Le candidat, clairement positionné à l’aile gauche du PS, s’efforce de démontrer, exemples à l’appui, que c’est réalisable sans ruiner les Français. Au camp Montebourg qui taxe son programme de « gauche Carambar » — on l’ouvre et on trouve une mesure magique —, il rétorque, sûr de lui : « Ça sent la fébrilité. »

S’il ne se drape pas, comme Emmanuel Macron, dans la posture de candidat antisystème, il ne se prive pas cependant de pointer du doigts les « élites ». Celles qui critiquent, par exemple, sa proposition de « 49-3 citoyen » parce qu’elles ne veulent pas, dit-il, abandonner une once de leur pouvoir. Trois mots pour se définir, lui et son projet ? « Constance, futur et cohérence », répond-il. A vous de juger, dans cette « audition » d’une heure quarante réalisée avec le concours de la Fondation Jean Jaurès, dirigée par Gilles Finchelstein et proche du PS. Notre série Demandez le programme sur cette primaire qui reste très ouverte s’achèvera samedi, avec un comparatif et une évaluation des projets des quatre principaux candidats.

LA POLITIQUE ET LA CAMPAGNE. « Ma victoire fera bouger les lignes en dehors des rangs du PS »

Vous proposez une mesure originale : le 49-3 citoyen. Est-ce réalisable ? Ne craignez-vous pas que cela vous empêche de gouverner ?

Je propose qu’un texte de loi, voté au Parlement, puisse être validé par le peuple français via un référendum dès lors que 450 000 citoyens inscrits sur les listes électorales le demanderaient. Nous pouvons parfaitement y associer des critères de représentation géographique pour que ces électeurs soient issus d’un nombre minimum de départements. Nous pouvons aussi fixer un taux minimum de participation pour qu’il soit valide. Il y aura des garde-fous, mais cette proposition me semble essentielle si nous voulons de nouveau faire respirer la démocratie.

Si vous ne gagnez pas la primaire, vous engagez-vous à soutenir le vainqueur et à faire sa campagne ?

Je respecterai ma signature à la charte des primaires.

Donc si c’est Manuel Valls, vous le soutiendrez ?

Je respecterai ma signature. Mais si vous m’imaginez demain porte-parole, je pense que ce serait assez mal inspiré. Et pour lui, et pour moi.

Si vous gagnez, comment éviterez-vous l’exode de nombreux élus socialistes vers Macron ?

Si le seuil des 2 millions de votants est franchi, cela donnera une légitimité forte au candidat issu de la primaire. Je pense que ma victoire fera aussi bouger les lignes en dehors des rangs du PS. Donc si exode il y a, il sera à mon avis limité et neutralisé par le rassemblement qui s’opérera à gauche sur ma candidature.

Macron, c’est un danger pour le candidat socialiste ?

Sa candidature se veut ni de droite ni de gauche… mais on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Est-il pour ou contre le maintien des 35 heures ? Que fait-il de l’ISF (impôt sur la fortune) ? Favorise-t-il les formes de travail non salariées, non encadrées en droits, comme les chauffeurs de VTC par exemple ? Continue-t-il à défiscaliser les actions gratuites et à moins bien payer les heures supplémentaires, bref à mieux rémunérer le capital et moins bien le travail ? La casse des droits du travail ne peut pas constituer un projet d’émancipation et de progrès social.

Vous avez un programme très calibré à gauche, comme celui de Fillon l’était à droite dans l’autre primaire. N’est-ce pas trop tactique ?

On dit que mon programme est calibré à gauche. Je l’ai pensé comme un projet résolument de gauche, mais pas n’importe laquelle, celle qui se tourne vers le futur. Si mon projet suscite de l’intérêt, c’est parce qu’il part de situations vécues, comme la difficile insertion professionnelle des jeunes, pour essayer de penser les cinq, dix, vingt prochaines années. La crise écologique que nous vivons nous force à prendre conscience de cet impératif du long terme.

Vous critiquez la république monarchique et le président vu comme un homme providentiel. Si vous êtes élu, vous installerez-vous à l’Elysée ?

Oui.

TERRORISME ET JUSTICE. « Je veux moins de délinquants fabriqués par la prison »

Comment mieux lutter aujourd’hui contre le terrorisme ?

Je veux donner un cadre légal et des capacités budgétaires au coordinateur national du renseignement, placé sous la responsabilité du Premier ministre. Il faut aussi améliorer la coopération entre nos divers services de renseignement, et faire en sorte que nous disposions demain d’une agence européenne du renseignement. Je suis élu d’un territoire (député des Yvelines) où je vois concrètement l’utilité du renseignement territorial. Il est, hélas, soumis aux mêmes contraintes budgétaires que n’importe quel service de la police nationale. Il est affaibli et il faut le muscler.

Vous êtes favorable à un meilleur accueil des réfugiés…

Je souhaite la création d’un visa humanitaire qui permette d’identifier, dès le départ, les candidats à l’exil et leur ouvrir une voie légale d’accès au territoire français. Je veux aussi m’inspirer du modèle allemand. En consacrant davantage de moyens à l’apprentissage de la langue des demandeurs d’asile et en leur permettant, au-delà d’un délai de trois mois, de travailler sous certaines conditions. C’est ce qui a permis en Allemagne l’intégration de centaines de milliers de réfugiés. Il faut favoriser un modèle plus harmonieux et plus hospitalier. Car notre sécurité, c’est leur développement.

Vous proposez la mise en place de bureaux de vote dans les prisons. Pour quelles raisons ?

Je suis frappé par la faible participation des détenus aux élections alors que seule une minorité d’entre eux sont déchus de leurs droits civiques. Je souhaite aussi donner plus de moyens au service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) pour favoriser la réinsertion des détenus. L’alternative à la détention est, parfois, la meilleure manière pour comprendre le sens de sa faute et de sa punition, et ainsi favoriser. Je veux qu’il y ait moins de délinquants et surtout moins de délinquants fabriqués par la prison.

ÉDUCATION ET SANTÉ. « Repenser la carte scolaire »

Pour lutter contre l’échec scolaire, seriez-vous prêt à affecter, de manière contraignante, les professeurs les plus expérimentés dans les zones en difficulté ?

Je ne crois pas que des mesures coercitives permettent de mieux faire fonctionner l’école. Si un enseignant est obligé d’aller dans un endroit sans s’intégrer harmonieusement au projet pédagogique, nous raterons l’objectif de lutter contre les inégalités. Je propose par exemple la création de postes de professeurs surnuméraires inter-degrés, entre le CM 2 et la 6e, qui puissent dédoubler des classes et améliorer le passage entre l’école et le collège.

Vous proposez de rebâtir une carte scolaire au collège. Comment imposer cette mixité ?

Il faut se débarrasser de cette idée selon laquelle le collège ne peut pas être mixte parce qu’il est sur un territoire homogène socialement. Je propose de repenser la carte scolaire pour concevoir des bassins de recrutement mixtes. Les familles auront la possibilité de formuler un, deux, trois, quatre vœux. Il y aura ensuite un choix de recrutement qui prendra en compte les voeux des familles et l’origine sociale des enfants afin de faire en sorte que dans chaque collège, il y ait de la mixité sociale. Mais on ne peut envisager cela sans un dialogue avec l’enseignement privé.

L’Etat ne peut pas contraindre le privé à la mixité…

Non, on ne peut pas le contraindre, mais il y a un contrat entre l’Etat et l’enseignement privé. Il se discute, et il y a des contreparties. La question doit être posée en des termes plus solennels qu’elle n’a été posée jusqu’ici.

Où vos enfants sont-ils scolarisés ?

Mes filles sont dans une école publique, en banlieue parisienne. Pour ma part, j’ai fait ma scolarité dans le privé catholique.

Quelle sera votre première mesure pour la santé, si vous accédez à l’Elysée ?

Dès le début, je donnerai la liste des perturbateurs endocriniens et des pesticides qui favorisent des pubertés précoces, qui tuent trop tôt des Français et seront les responsables des scandales sanitaires de demain. Ils seront interdits, comme il sera interdit d’importer des produits fabriqués ou cultivés avec les mêmes perturbateurs endocriniens ou pesticides. Sur ces questions de santé publique, il faut poser un acte politique immédiat.

LE CAS CONCRET. Les mères voilées peuvent-elles accompagner les sorties scolaires ?

Sous couvert de faire confiance au terrain, on laisse les enseignants bien seuls pour appliquer la laïcité. L’accompagnement des sorties scolaires n’est pas autorisé aux mères voilées, selon la circulaire Chatel de 2012. Najat Vallaud-Belkacem a pris la position inverse, oralement, en 2014. Si vous êtes élu, abrogerez-vous la circulaire ?

Je soutiens la position de la ministre. Tant que nous ne sommes pas confrontés à une situation où une mère d’élève affiche une volonté d’affirmer le primat de sa religion sur l’ordre républicain, il faut lui permettre d’accompagner les sorties scolaires. L’application de la laïcité est un travail de dentelle, je ne suis pas pour les solutions brutales venues d’en haut. Je suis intransigeant à l’égard de ceux qui se réclament d’un islam radical et qui veulent faire reculer la République. Mais certains font aujourd’hui de la laïcité un instrument anti-islam. C’est profondément injuste envers tous les Français qui pratiquent la religion musulmane.

ÉCONOMIE ET CHÔMAGE. « La loi El Khomri n’a aucune légitimité démocratique »

Faut-il garder le crédit d’impôt compétitivité emploi, qui offre des baisses de charges aux entreprises pour qu’elles investissent et emploient ?

Les études montrent que ce dispositif, très cher, s’est soldé par une hausse des marges et a augmenté les dividendes distribués aux actionnaires. L’argent public ne doit pas servir à cela. Le CICE doit être évalué. Je propose par ailleurs de créer un crédit d’innovation sociale, qui permettrait par exemple d’aider Siel bleu, qui propose de prévenir les maladies chroniques des personnes âgées grâce à de la gym douce dans 4 500 maisons de retraite. Cela évite des récidives de cancers et maintient les gens en bonne santé, à moindre coût.

Comment lutter contre les prix exorbitants de certains médicaments innovants ?

Environ 40 000 € pour un traitement contre l’hépatite C, quand on le trouve à 200 € sur le marché indien, c’est inadmissible. Je souhaite renforcer les moyens des agences publiques qui négocient avec les industriels. Si des laboratoires refusaient de baisser leurs prix, je n’exclus pas de recourir au mécanisme de « licence d’office » qui permet à l’Etat de fixer le juste prix.

Comment marcherait votre « taxe sur les robots » ?

Les charges patronales seraient assises non plus sur les salaires, mais sur la valeur ajoutée de l’entreprise. Aujourd’hui, si je passe de 40 hôtesses de caisse à 10 hôtesses et 30 portiques automatiques, mes portiques auront beau créer de la valeur, mes cotisations patronales resteront assises sur les seuls salaires. Ce n’est pas logique. La fiscalité doit s’adapter.

Vous annoncez la mort de la loi El Khomri…

Cette loi, qui n’a aucune légitimité démocratique puisque décriée par l’opinion publique, l’Assemblée, le Sénat et une majorité de syndicats, va faciliter les licenciements dans les entreprises bénéficiaires, et permettre par un simple accord d’entreprise de moins payer les heures supplémentaires. Nous la remplacerons par une vraie loi Travail, qui définira le burn-out comme une maladie professionnelle, facilitera la baisse du temps de travail… Notre exigence sera celle de la bienveillance envers les salariés.

Le chômage des jeunes dépasse les 25 %, comment leur donner un travail, un avenir ?

Tout ce qui a été fait ne marche pas. La seule chose qu’on nous propose, c’est ce deal à l’anglo-saxonne : un chômage qui baisse contre une pauvreté en hausse. Je n’en veux pas ! Il faut changer de paradigme, et c’est un défi de l’expliquer : le travail se raréfie, alors partageons-le différemment. En France, le « partage » du travail est injuste : d’un côté, des millions de chômeurs, de l’autre, un grand nombre de travailleurs qui ne s’épanouissent pas. Le revenu universel que je propose permettra à ceux qui le souhaitent de baisser leur temps de travail — ce qui générera des embauches. Ce revenu universel, s’appliquant pour commencer aux jeunes, libérera une partie des 600 000 emplois étudiants.

SA MESURE PHARE. Le revenu universel

Comment marcherait le revenu universel, dont vous dites qu’il serait « la grande mesure structurante » de votre quinquennat ?

Prenons deux personnes au smic, qui touchent leur salaire plus le revenu universel : si elles le veulent, elles pourront réorganiser leur vie. Dans certains métiers, ceux qui peuvent baisser leur temps de travail sans perdre trop de pouvoir d’achat font ce choix. Mon objectif, c’est le salarié d’un abattoir, en Bretagne, qui pourrait passer à un deux tiers-temps grâce à ce revenu pour retrouver la maîtrise de sa vie, se former à un autre métier, etc.

N’utiliseront-ils pas cette somme pour gagner en pouvoir d’achat ?

Et alors ? Cela fera circuler l’argent. Je ne crois pas à ce discours sur la paresse supposée des gens. Lors de la création du RMI sous Rocard, ou de la CMU sous Aubry, on entendait déjà ça. Les faits l’ont toujours infirmé.

La généralisation de ce revenu coûterait entre 300 à 400 Mds€ par an. Vous voulez effrayer les électeurs ?

Il s’agit d’une réforme par étapes. Je m’engage dès aujourd’hui pour la première : revaloriser de 10 % le RSA à 600 € par mois — quelque 2,5 millions de foyers seraient concernés — et l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans. Et l’attribution du RSA serait automatique, afin de lutter contre la pauvreté : un tiers des personnes qui y ont droit ne le demandent pas.

Combien coûterait cette première étape ?

Avec des économistes, nous avons chiffré cette mesure à 45 Mds€, cela n’a rien d’infaisable. Nous la financerons en faisant des économies liées au redéploiement du CICE. Mais aussi grâce à la simplification de l’impôt sur le patrimoine (qui fusionnera l’ISF et la taxe foncière). Enfin, le fait de distribuer le revenu universel d’existence dégagera de nouvelles recettes grâce à la hausse de la consommation.

Vidéos : http://www.leparisien.fr/politique/j-ai-un-projet-de-gauche-celle-qui-se-tourne-vers-le-futur-19-01-2017-6587478.php

 

Entretien réalisé par Christel BRIGAUDEAU, Philippe MARTINAT, Pauline THÉVENIAUD, Odile PLICHON, Stéphane SELLAMI et Henri VERNET avec Gilles FINCHELSTEIN

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Relance de l’apprentissage : le remède choc de Fillon

 

François Fillon mettra en avant ses propositions sur l’apprentissage, ce jeudi, à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain.

Le candidat veut confier la gestion des lycées professionnels aux régions.
Les diplômes resteront nationaux, mais les entreprises doivent être associées.

L’apprentissage en France selon François Fillon ? C’est simple, résume Pierre Danon, qui a travaillé le dossier dans son équipe de campagne : « On a tout faux. » Ce constat sans fard, le candidat Les Républicains aura l’occasion de le mettre en avant ce jeudi à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain. Par prudence, aucun objectif quant au nombre d’apprentis visés en cas de victoire à l’élection présidentielle du candidat de la droite ne sera mis en avant, le quinquennat Sarkozy (pas plus que celui de François Hollande) n’ayant tenu ses promesses en la matière. Ce qui n’empêchera pas l’ex-Premier ministre de marquer sa volonté de redonner une « dynamique extrêmement forte » à ce dispositif. Quitte pour cela, à préconiser la mort de certains « symboles » et lâcher une bombe au ministère de l’Education nationale.

Pour François Fillon en effet, si l’apprentissage fait pâle figure en France par rapport à l’Allemagne ou la Suisse, c’est avant tout parce qu’il a été construit par l’Education nationale et non pas par le monde professionnel. Premier remède : affirmer haut et fort qu’il s’agit d’une voie d’excellence pour décrocher un travail. La gauche ne dira pas le contraire, mais risque d’accueillir plus fraîchement les autres propositions des Républicains.

Détacher des élèves de l’Education nationale

La plus explosive tient aux 1.500 lycées professionnels qui accueillent près de 666.000 élèves. François Fillon préconise de les détacher de l’Education nationale pour en confier la gestion aux régions et aux branches professionnelles, lesquelles ont déjà la charge des centre de formation en alternance, les CFA. Interpellée récemment sur ce sujet à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem a eu l’occasion de critiquer cette proposition, qui, selon elle, aboutirait aussi à «  régionaliser les diplômes ». Le programme du candidat Fillon a paré le coup en prônant de placer les référentiels de formation au sein d’une commission nationale sous tutelle du ministère de l’Education nationale, mais – là encore – en y associant étroitement branches et partenaires sociaux.

De quoi faire sauter les principaux freins à l’apprentissage ? Oui, estime un haut responsable régional pour qui les objectifs des rectorats sont de remplir leurs lycées, quand ceux des régions portent sur l’emploi, pas sûr que cela change la donne tempère un acteur de la formation, qui se demande en quoi une région sera plus efficace qu’un rectorat. « C’est un choix politique, avance-t-il, mais la vraie question est de savoir si l’on veut faire de l’apprentissage une vraie filière de formation initiale ou un instrument d’une politique de l’emploi. » François Fillon préconise aussi d’aligner le droit du travail des apprentis sur celui des salariés. En la matière, estime Béatrice Pola, avocate associée du cabinet d’avocats Proskauer, le problème vient surtout des modalités « très contraignantes » de rupture de contrat. Le candidat de la droite à l’Elysée vise aussi une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance. La mesure, estimée à 765 millions, serait financée par la suppression des emplois d’avenir et contrats de génération. Elle concernerait essentiellement les contrats de professionnalisation, les contrats en apprentissage étant déjà quasiment exonérés.

Alain Ruello et Isabelle Ficek

 

 

::: INTERNATIONAL

L’EXPRESS – 19/01/2017

Brexit: la banque HSBC va bien déplacer 1000 emplois de Londres à Paris

 

Stuart Gulliver, directeur général de HSBC, a précisé que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire.

Les dirigeants de la banque redoutent que l’activité d’investissement sur les marchés mondiaux soit touchée par la sortie du marché unique, confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

Le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, a confirmé dans une interview à Bloomberg Television qu’un millier d’emplois de son activité de banque d’investissement à Londres devraient être déplacés à Paris.

Interrogé depuis la station de ski suisse de Davos en marge du forum économique mondial, Stuart Gulliver a expliqué que parmi les divers départements de la banque au Royaume-Uni, c’est son activité d’investissement sur les marchés mondiaux qui serait touchée par la sortie du marché unique confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

« Pour nous, c’est la France »

« Il y ce que nous appelons l’activité de banque mondiale et de marché, et c’est celle pour laquelle j’ai dit publiquement, il y a un moment déjà, qu’il y aurait un millier d’emplois qui sont couverts par la législation européenne et qui, dans le cadre de l’accès au marché unique, devraient probablement aller en France dans notre cas », a expliqué le patron de HSBC d’après une transcription de l’interview transmise mercredi.

Interrogé sur la possibilité pour HSBC de déplacer ces activités ailleurs dans l’Union européenne, par exemple à Dublin ou Lisbonne, Stuart Gulliver a été catégorique: « Nous avons acheté le Crédit Commercial de France en 2002, donc nous avons un service bancaire universel en France. Donc pour nous, c’est la France ».

Stuart Gulliver a ajouté toutefois que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire. La banque emploie près de 9500 salariés en France.

Le siège mondial reste à Londres

Il a précisé que l’activité qui risque d’être déplacée concernait environ 20% des revenus de sa banque d’investissement basée au Royaume-Uni, ajoutant que les activités sur les marchés des changes, obligataires et action ne devraient pas être touchées.

Hormis ses activités sur les marchés, HSBC dispose au Royaume-Uni de deux autres entités, qu’il ne modifiera pas malgré le Brexit: son siège mondial, que HSBC a décidé de maintenir à Londres, et sa banque au détail chargée des clients spécifiquement britanniques.

 

L’OPINION – 19/01/2017

Otan : l’Allemagne va accroître fortement ses dépenses de défense

 

Ursula Van der Leyen, la ministre de la Défense allemande et des soldats.

La ministre de la Défense allemande a annoncé que les dépenses militaires de son pays allaient augmenter de quatre milliards d’euros d’ici 2020.

Critiquée par Donald Trump pour ne pas respecter ses obligations financières au sein de l’Otan, l’Allemagne va renforcer substantiellement son budget militaire, a annoncé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, mercredi 18 janvier.

Les Allemands ont répondu rapidement aux interrogations de Donald Trump sur l’organisation nord-atlantique. Le président-élu avait provoqué la consternation parmi les alliés européens en déclarant dans une interview donnée lundi 16 janvier que l’Otan était « obsolète », et en critiquant les pays membres pour ne pas assumer leur part financière de l’organisation militaire.

Un conseiller de Trump a ensuite précisé ses propos en affirmant que seulement une partie de l’Otan était obsolète tandis que Nikki Haley, désignée pour être la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, a déclaré mercredi 18 janvier que l’Alliance atlantique demeurait importante.

1,22 % du PIB. La ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, a donc repris la balle au rebond. « Nous voulons que les Américains soient clairs. ’Quelle est votre position ?’ » a-t-elle déclaré, interrogée sur la chaîne NTV. Et de poursuivre : « La chose la plus importante est la clarté. » Ursula Von der Leyen a annoncé que les dépenses militaires allaient augmenter de deux milliards d’euros en 2017 à 37 milliards d’euros, soit 1,22% du PIB. Elles atteindront 39,2 milliards d’euros d’ici 2020. « Nous avançons dans la bonne direction mais nous ne pouvons pas le faire en une année », a-t-elle plaidé.

En novembre, Angela Merkel avait reconnu que son pays ne pourrait pas, dans un avenir proche, remplir les exigences de l’Otan. Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a précisé que les dépenses d’armement, de munitions et d’autres équipements avaient augmenté de près de 11% en 2016 à 5,1 milliards d’euros et qu’elles augmenteraient encore pour atteindre six milliards cette année.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les adieux de Barack Obama à la présidence

VIDÉOS – Lors de sa dernière conférence de presse, mercredi, le président américain sortant a affiché son optimisme sur le long terme et sa vigilance pour le court terme.

Barack Obama a refermé sa présidence mercredi sur la même note «d’espoir» qu’ il avait amorcée. «Il y a une décence fondamentale dans ce pays, a-t-il dit. Je crois en ce pays, je crois dans le peuple américain, je crois qu’il y a plus de bon que de mauvais chez les gens. Des choses tragiques arrivent, mais si nous travaillons dur, le monde s’en porte mieux à chaque fois». Une maxime familiale résume sa philosophie: «La seule chose qui soit la fin du monde, c’est la fin du monde».

Avec l’ultime conférence de presse du 44e président, une longue séquence testamentaire a pris fin à deux jours de la passation de pouvoirs à Donald Trump. Soulignant avoir eu des discussions «cordiales, parfois longues et substantielles» avec son successeur, Obama prit acte des orientations divergentes sur le point de remplacer les siennes. «Il est dans l’ordre des choses qu’il (Trump) avance avec sa vision et ses valeurs, a-t-il dit. Je ne m’attends pas à ce qu’elles recoupent beaucoup» ses propres convictions.

Jeune retraité de 55 ans, Obama a dit vouloir souffler un peu et prendre du temps pour écrire. Mais il a tracé une ligne entre «les allers et retours de la politique» ordinaire et les «principes» qui pourraient l’amener à revenir dans le débat public: si une «discrimination systématique venait à être ratifiée sous une forme ou une autre», si des «obstructions explicites ou fonctionnelles au droit de vote» devaient apparaître, s’il y avait «un effort pour museler la liberté de parole ou la presse», si l’État «raflait des enfants (immigrés) ayant grandi ici» dans le but de les expulser, alors «je m’exprimerai», a promis le futur ex-président.

Il a d’ailleurs ouvert sa conférence de presse par un hommage appuyé aux journalistes accrédités à la Maison-Blanche, menacés de «délocalisation» hors-les-murs par certains projets de la future équipe. «C’est votre métier d’être sceptiques et de poser des questions difficiles, de faire en sorte que nous rendions des comptes» au public, a-t-il déclaré. «Votre présence ici nous a aidés à mieux travailler. J’espère que vous continuerez avec ténacité. L’Amérique a besoin de vous, la démocratie a besoin de vous».

Le placide «no drama Obama» s’est presque emporté sur les obstacles dressés à la participation électorale de toutes les communautés: «Nous sommes la seule démocratie où l’on rend le vote plus difficile. Cela nous renvoie à la ségrégation et à l’héritage de l’esclavage», a-t-il lâché. La lutte contre la fraude, qui justifie ces complications, relève des «fake news», inventions présentées comme des faits avérés sur Internet et les réseaux sociaux. «Nous avons le problème inverse» à la fraude, dit Obama.

Face à la presse, le président sortant a dû justifier ses dernières décisions, notamment celle de commuer la peine de Chelsea Manning, soldate condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks quelque 700.000 documents secrets copiés dans les ordinateurs du Pentagone. «Je me suis déterminé en fonction des particularités de ce dossier», a-t-il dit, estimant que la peine prononcée par la cour martiale en 2013 avait été «disproportionnée par rapport aux autres fuites» du même type.

Direct au sujet de Vladimir Poutine

Il a également défendu sa décision de laisser adopter à l’ONU une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens: «Nous voulons au moins préserver la possibilité d’une solution à deux États. C’est une façon de tirer le signal d’alarme. L’occasion pourrait passer». En direction de son successeur, qui envisage de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, Obama a rappelé «l’environnement volatile» dans lequel «certains gestes pourraient conduire à une explosion».

Le temps de la diplomatie étant passé, il s’est montré direct au sujet de Vladimir Poutine. «Il est dans l’intérêt de l’Amérique et du monde d’avoir une relation constructive avec la Russie. Mais après le retour de Poutine à la présidence, un état d’esprit conflictuel a rendu cette relation plus difficile». Sur la réduction des arsenaux nucléaires, «j’étais prêt à aller plus loin, mais Poutine a refusé de négocier. Il reste une grande marge (de progrès) pour Donald Trump».

Au terme d’une présidence souvent critiquée pour n’avoir pas réduit les divisions raciales, Barack Obama a encore fait entendre son optimisme. «Nous devons continuer à travailler, mais nous sommes en meilleure posture que les générations précédentes. Et j’espère que ma présidence aura fait un peu avancer les choses». Prenant l’exemple de l’équipe olympique américaine, réservoir de champions venus de tous horizons, il a prédit que les États-Unis auraient «une femme présidente, un président latino ou un président juif ou hindou ou d’une origine qu’on ne peut pas nommer aujourd’hui».

Vidéos : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/18/01003-20170118ARTFIG00430-le-testament-d-obama-je-crois-dans-le-peuple-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 19/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 19/01/2017

La suppression des branches professionnelles est lancée

L’exécutif veut passer de 700 à 200 branches.

Leur nom fleurait bon le XIXe siècle et leur activité était souvent en voie d’extinction. Par un arrêté du 5 janvier, neuf branches professionnelles ont disparu, en fusionnant avec des structures plus importantes. Ainsi celle «des tisseurs à domicile rubanier de la région de Saint-Étienne», avec ses quelque 300 salariés, a rejoint l’industrie textile, tandis que celle de «la tapisserie d’art d’Aubusson-Felletin» a été absorbée par la branche «fabrication de l’ameublement». Et encore n’est-ce que la face émergée de l’iceberg.

Car cet arrêté fait partie d’un vaste plan de restructuration des branches lancé par le gouvernement. L’objectif de la loi El Khomri, qui reprend la philosophie de la réforme de la formation de 2014, est clair: passer de 700 branches (hors agriculture) à 200 d’ici à l’été 2019. Soit un niveau équivalent à celui de l’Allemagne, qui en compte 250. Cette restructuration est nécessaire pour rendre le système social plus efficace. Trop petites, de nombreuses branches ne peuvent aujourd’hui assurer les missions qui leur sont dévolues.

Or ces dernières ne sont pas minces. Les accords signés par le patronat et les syndicats d’une branche déterminent notamment les grilles de rémunérations des salariés du secteur d’activité. Les branches sont en charge de la mise au point d’un référentiel des tâches pénibles, pour aider les entreprises à abonder les comptes pénibilité de leurs salariés. Et la loi travail, même si elle renforce l’accord d’entreprise, n’a pas tué la branche, au contraire. Il leur reviendra par exemple de mettre au point des «accords types», que pourront utiliser les PME de moins de 50 salariés si elles souhaitent réaménager le temps de travail.

Théoriquement, le ministère du Travail peut imposer des fusions et suppressions de branches. «Mais jusqu’à présent, nous avons toujours travaillé en accord avec les partenaires sociaux», souligne-t-on Rue de Grenelle. Les pouvoirs publics ont choisi d’agir par étapes, en s’attaquant d’abord aux 300 branches plus faciles à restructurer car locales ou n’ayant mené aucune négociation depuis quinze ans ou ayant peu de salariés.

Pas de salariés lésés

Sur ce lot, 140 branches ont déjà disparu en 2016: les 9 de l’arrêté, mais aussi de nombreuses branches territoriales, supprimées au profit des branches nationales du même secteur. On y trouve les cafés-hôtels-restaurants de Seine-Maritime ou de l’Isère, le notariat de Colmar, la boulangerie de Haute-Garonne… Reste 168 branches à traiter rapidement, concentrées dans deux secteurs. «Dans la métallurgie, où il s’agit surtout de supprimer des branches locales, les travaux avancent bien et devraient être bouclés d’ici à la fin de l’année. Dans le BTP, le chantier est lancé, mais il est complexe car il existe des conventions collectives locales, par taille d’entreprise…», précise le ministère du Travail.

Le plus dur viendra toutefois par la suite lorsqu’il faudra regrouper des branches importantes. «Certaines ont déjà pris contact avec nous pour fusionner», confie-t-on au ministère. Il n’empêche, ce sera à la future majorité de gérer ce dossier, avec des enjeux plus lourds. D’ailleurs, la loi prévoit un délai de cinq ans pour harmoniser les règles sociales entre branches fusionnées. Avec comme philosophie de ne pas léser les salariés, ce qui devrait engendrer de longues négociations.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

La baisse de l’impôt sur les sociétés aura un coût

 

Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa « position nette d’impôts différés »

Les résultats de certains groupes seront impactés.

Attention, effet collatéral! Saluée comme il se doit par le patronat, la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS), de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 pour toutes les entreprises, n’en provoque pas moins des conséquences… négatives pour certains grands groupes. C’est Schneider Electric qui a, le premier, vendu la mèche. La baisse de l’IS est «une nouvelle positive», salue le groupe dans un communiqué publié le 9 janvier. Mais «ce changement conduit à un impact négatif de 120 millions d’euros sur le résultat du groupe à fin 2016», ajoute-t-il.

Une baisse d’impôt qui pénalise les résultats comptables d’une entreprise, voilà qui est paradoxal. Cet effet collatéral est, en réalité, dû à la possibilité pour les entreprises de conserver dans leurs comptes les déficits passés, afin de les déduire de leurs bénéfices futurs et de réduire ainsi leur imposition. Or ce «stock» de pertes n’est valorisé qu’à hauteur des futures économies d’impôts qu’il permettra de générer. Comme le taux d’IS baissera de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020, la valeur des déficits que les entreprises gardent en soute pour éponger une partie de leurs impôts à cette échéance fond donc d’autant. Et voilà pourquoi Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa «position nette d’impôts différés».

L’industriel n’est pas le seul groupe à faire face à cette problématique. «Nombre d’entreprises ont connu des exercices difficiles après la crise de 2007-2008, relève Jean-Pierre Lieb, avocat associé chez EY. Celles-ci ont donc encore des stocks de déficits à déduire de leurs impôts.» À noter toutefois que seuls sont touchés les groupes qui prévoient d’utiliser une partie de leurs déficits passés pour réduire leur impôt en 2020 au plus tôt. A contrario, les entreprises qui ont bénéficié d’un report d’imposition, du fait d’une restructuration par exemple, voient leur dette à l’égard du fisc diminuer avec le futur taux d’IS à 28 %.

Incertitude législative

Tirer, dès à présent, toutes les conséquences comptables d’une baisse d’impôt prévue pour 2020, cela pourrait paraître aventureux. Spécialement lorsqu’une élection présidentielle, qui peut chambouler la trajectoire inscrite dans la loi, se tiendra dans cinq mois. Toutefois, la norme comptable IAS, appliquée par tous les groupes européens, ne prend pas en compte ces incertitudes politiques.

«Il n’y a pas de tergiversation possible: si, à la clôture de l’exercice comptable, une décision est claire et précise, elle est applicable», explique Patrice Marteau, président de l’Association pour la participation des entreprises françaises à l’harmonisation comptable internationale (Acteo). Si le législateur décide, d’ici à 2020, de baisser davantage ou au contraire d’augmenter l’IS, les entreprises devront à nouveau s’adapter.

Guillaume Guichard

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Assurance emprunteur : cette mesure va vous faire économiser des centaines d’euros par an !

Si vous avez pris un crédit pour acheter votre logement, vous pourrez dès 2018 résilier à tout moment l’assurance emprunteur que vous a vendu votre banque et trouver moins cher ailleurs.

Avis aux millions de Français qui ont emprunté auprès d’une banque pour acheter leur maison ou leur appartement : cette information pourrait vous faire économiser plusieurs centaines d’euros par an !

Jusqu’ici, vous ne pouviez le faire qu’au cours des douze premiers mois du prêt. A partir du 1er janvier 2018, vous pourrez renégocier votre contrat d’assurance emprunteur quand bon vous semble. Plus précisément, une fois par an, à chaque date anniversaire du contrat. Au détour d’un texte sur la consommation et l’immobilier, députés et sénateurs ont voté mardi à l’unanimité — chose rare ! — une mesure pour faciliter la concurrence.

De quoi s’agit-il ? Réclamée par les banques lorsqu’elles octroient un crédit à un particulier, l’assurance emprunteur protège le client en annulant tout ou partie des mensualités si un drame bouscule sa vie : invalidité, décès du conjoint, etc. Ce produit financier peut être, en théorie, souscrit auprès de la banque ou d’un assureur extérieur. En réalité, dans 80 % des cas, la banque vend son assurancemaison. Et ce, même si elle est plus chère qu’une autre.

« L’assurance emprunteur peut représenter en ce moment jusqu’à la moitié du coût du crédit », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut, l’un des leadeurs du secteur. Un récent rapport du Comité consultatif du secteur financier estime qu’elle représente plutôt 30 % du coût du crédit.

Manque de concurrence selon les parlementaires

Pour les parlementaires français, l’affaire est entendue : c’est le manque de concurrence qui plombe la facture. « La marge atteint les 50 %. C’est exorbitant », dénonce Pierre-Alain Muet, l’un des députés PS à l’origine de la fronde. « Il y a besoin de remettre de la concurrence. »

« Cette mesure est une mauvaise nouvelle pour beaucoup d’emprunteurs », conteste-t-on à la Fédération bancaire française (FBF). En cause, selon ce représentant du secteur, la mutualisation. Autrement dit, le fait qu’actuellement les jeunes paient plus que ce qu’ils devraient afin que les personnes plus âgées aient un peu moins à régler. « La mutualisation n’est pas préservée, alors qu’elle permet un accès large à l’assurance du crédit immobilier », déplore-t-on à la FBF.

Reste à savoir si cette mesure se traduira véritablement dans les faits. Car les parlementaires n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils avaient déjà voté fin 2016 dans le cadre de la loi Sapin 2 un dispositif identique, mais le texte avait été retoqué par le Conseil constitutionnel pour un problème de forme.

Notre comparatif

Paperasse, questionnaire à remplir… Changer d’assurance emprunteur demande un peu d’effort mais cela en vaut la peine, comme en témoigne la simulation réalisée par Securimut, une filiale de la Macif, pour notre journal. Pour un couple de 36 ans, empruntant 150 000 € sur 20 ans, choisir une assurance extérieure à sa banque peut permettre d’économiser 62 € par mois, soit pratiquement 15 000 € sur toute la durée de l’emprunt ! Mais quand, précisément, faut-il s’en occuper ? Lorsqu’on négocie son prêt, c’est une des solutions les plus simples. Mais c’est aussi prendre le risque de se voir refuser le prêt ou proposer un taux plus élevé… « Tout dépendra en réalité de votre pouvoir de négociation, de votre profil », estime François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. Bref, ça se tente ! Et si c’est un échec, n’hésitez pas à remettre le dossier sur la table assez rapidement. « Divorces, rachats de crédits… En réalité, un emprunt immobilier ne dure en moyenne que huit ans, donc n’attendez pas trop pour faire renégocier votre assurance », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut.

Boris Cassel

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 19/01/2017

Aéronautique : Safran veut fusionner avec Zodiac Aerospace pour former un leader mondial

La fusion des deux groupes français permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques.

Le groupe français Safran a lancé, jeudi 19 janvier, une offre publique d’achat amicale (OPA) visant le spécialiste des sièges d’avions Zodiac Aerospace, suivie d’une fusion pour former un géant de plus de 20 milliards de chiffre d’affaires et 92 000 salariés (dont 45 000 en France).

La fusion permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques et le numéro trois mondial de l’aéronautique hors constructeurs d’avions, avec des ventes réparties entre la propulsion et les équipements aéronautiques.

Safran, dont le premier actionnaire est l’Etat (14 % du capital et 21,9 % des droits de vote), s’est hissé au rang de numéro un mondial des moteurs d’avions, grâce à la coentreprise CFM International créée avec son partenaire américain General Electric (GE).

Zodiac souffre depuis la fin de 2014 des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. A la fin de 2016, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ». Le groupe, connu aussi pour avoir inventé les bateaux pneumatiques à moteur du même nom dans les années 30 avant de se tourner vers l’aéronautique, a abandonné il y a une dizaine d’années ses activités marines.

La fusion attendue en 2018

Le nouveau groupe devrait employer quelque 92 000 personnes (dont plus de 45 000 en France) et être présent dans plus de 60 pays. Ensemble, Safran et Zodiac Aerospace visent environ 2,7 milliards d’euros de résultat opérationnel courant ajusté.

La finalisation de l’offre publique est attendue à la fin du quatrième trimestre 2017 et la réalisation de la fusion au début de 2018. Cette opération entre dans le cadre de la stratégie engagée par Safran, de recentrage sur ses cœurs de métiers : l’aéronautique et la défense.

Safran avait déjà tenté de racheter Zodiac en 2010, mais avait essuyé une fin de non-recevoir des actionnaires de l’équipementier. Cette deuxième tentative est donc la bonne pour le groupe aéronautique, alors que Zodiac Aerospace était affaibli depuis la fin de 2014 par des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. En fin d’année dernière, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ».

Dopés par cette annonce, le titre Zodiac prenait plus de 22,05 % à la Bourse de Paris, tandis que Safran gagnait 2,04 % peu après 9 heures.

Cette nouvelle étape dans la consolidation de l’industrie aéronautique survient quelques mois après le rachat par l’équipementier aéronautique américain Rockwell Collins de son concurrent B/E Aerospace, un concurrent de Zodiac Aerospace.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Brioche Dorée veut devenir la tête de pont des PME françaises de l’agroalimentaire

Le groupe breton Le Duff lance une place de marché destinée à séduire les restaurateurs et épiciers étrangers.

Un ovni vient d’apparaître dans la distribution alimentaire. Le groupe de restauration Le Duff, connu pour ses enseignes Brioche Dorée et Del Arte, se diversifie avec un site e-commerce. Sur Gourming.com, les PME françaises pourront exporter auprès de grossistes, restaurateurs et épiceries du monde entier. La place de marché recense déjà 5000 références, sur 10.000 prévues à terme. Parmi les 250 producteurs figurent Maître Prunille, Tarte Tropézienne, Chocolat Weiss, la Sablésienne, Cacolac…

«Nous voulons créer l’Amazon de l’alimentaire, clame Anne-Laurence Velly, directrice du digital et de l’innovation du groupe. Il y a un potentiel immense compte tenu de l’image de la France. Gourming doit permettre aux professionnels du monde entier de venir faire leur marché en ligne en choisissant parmi le meilleur du terroir français.» 25 pays européens sont desservis pour l’instant, avant les États-Unis et l’Asie dès 2018.

L’agroalimentaire français est composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export

À l’origine du projet, Louis Le Duff, 70 ans, a commencé à plancher il y a deux ans, convaincu que le digital, embryonnaire chez les professionnels de l’alimentaire, pouvait permettre d’aller chercher de nouveaux clients à l’étranger. Son modèle: le supermarché XXL du géant mondial du e-commerce, dont la plateforme professionnelle Amazon Business est en plein essor. Il voit Gourming comme un vecteur idéal de l’agroalimentaire français, composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export.

Gourming s’appuie sur le savoir-faire commercial et logistique de Le Duff. Très intégré, le groupe breton approvisionne ses 2000 restaurants et boulangeries sur cinq continents depuis ses sept usines. Il possède deux centres logistiques, dont un «hub» tout juste inauguré à Orly pour Gourming. Une plateforme technique a été créée par le spécialiste des places de marché, Mirakl, ainsi qu’un centre d’appels multilingue. Au total, un investissement de «plusieurs millions d’euros».

25% de commission

Louis Le Duff, nouveau héraut de l’agroalimentaire tricolore? «Cette initiative est liée aux valeurs de Le Duff, qui a toujours eu le souci de valoriser les produits de qualité et d’aller de la fourche à la fourchette», explique Anne-Laurence Velly. C’est un relais de croissance. «Cette activité, encore exploratoire, pourrait devenir le troisième pilier de l’entreprise au côté de la restauration (70 % du chiffre d’affaires total, soit 2 milliards d’euros en 2015) et de la boulangerie industrielle (30 %, avec le pain Bridor notamment)», ajoute la dirigeante.

Le Duff prélève une commission de 25 % sur chaque transaction, contre 15 % en moyenne sur une place de marché classique, et facture 100 euros le référencement. «Nous proposons un service clés en main aux producteurs qui inclut le transport, la logistique et l’administratif, y compris les contraintes réglementaires liées à l’export», justifie Anne-Laurence Velly. Charge aux fabricants d’expédier leurs produits à Orly. Le groupe breton parie sur des commandes minimales de 800 euros, jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour des grossistes. Le chef milanais Danilo Ange a ainsi acheté à la société Folion, dans le Gers, ses feuilles de fruits et légumes déshydratées. Mais Le Duff devra compter avec la concurrence d’un poids lourd de la distribution, Metro, qui planche sur un projet français de place de marché alimentaire.

Keren Lentschner

 

 

LE MONDE – 19/01/2017

Grippe aviaire : la filière foie gras estime ses pertes à 120 millions d’euros

Le gouvernement a imposé au début de janvier l’abattage préventif de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

Eleveurs et industriels de la filière foie gras ont nettement revu à la hausse leurs pertes causées par la grippe aviaire, soit 120 millions d’euros, a fait savoir mercredi 18 janvier le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), qui prévoit un plan de quinze mesures pour éviter une nouvelle crise à l’avenir.

Les pertes sont calculées pour l’ensemble de la filière, « de l’accouvage à la transformation en passant par les éleveurs et les gaveurs », a déclaré Christophe Barrailh, précisant que cette somme inclut « les pertes directes liées à l’abattage et également (celles) liées au vide sanitaire (…) qui a déjà commencé pour certaines zones ».

Des abattages préventifs

L’épizootie d’influenza aviaire H5N8 qui sévit depuis décembre dans les élevages du Sud-Ouest – 136 exploitations infectées mardi, essentiellement dans le Gers et les Landes – a conduit le gouvernement à imposer au début de janvier des abattages préventifs de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

« Du fait de l’extension des zones, avec des abattages supplémentaires programmés », le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d’euros au début du mois.

Et le coût du virus pourrait encore augmenter. « On était parti sur un volume de 1,3 million » d’animaux à abattre, « on en est à 1,5 million » et « la situation n’est toujours pas stabilisée », a ajouté M. Barrailh.

Des tests systématiques envisagés

Déjà fragilisée par l’épisode d’influenza aviaire H5N1 de l’hiver 2015-2016, l’interprofession a adopté un plan pour parer à de prochaines crises.

Le Cifog envisage notamment de « tester systématiquement » les lots de canards avant l’étape du gavage afin d’éviter de transporter des volailles contaminées, a expliqué M. Barrailh.
Dans le même ordre d’idées, dès qu’un cas suspect sera détecté par un vétérinaire, un confinement pourra être imposé « dans un périmètre à définir », sans attendre l’habituel arrêté préfectoral.

Par ailleurs, un audit « à périmètre national » sera fait « pour vérifier que les règles de biosécurité sont bien mises en place » par les producteurs, en commençant par la zone de l’épizootie en cours, dès que celle-ci sera terminée.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Électricité, gaz : les particuliers au cœur de la bataille entre opérateurs

 

Les quatres étapes du producteur au consommateur:

(1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers.

(2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public.

(3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public.

(4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

ENQUÊTE – Les rivaux d’EDF et d’Engie multiplient les offres attractives pour se développer sur le marché des particuliers. Les opérateurs historiques ripostent.

L’année qui s’ouvre est à marquer d’une pierre blanche dans l’énergie. En juillet, cela fera exactement dix ans que les marchés du gaz et de l’électricité ont été libéralisés. Les particuliers ont la possibilité de renoncer aux tarifs réglementés que seuls peuvent proposer EDF et Engie (ex-GDF Suez) pour choisir une offre de marché, qui présente des avantages. Dix ans de concurrence déjà, mais ce n’est que depuis quelques mois que les nouveaux concurrents des opérateurs historiques – Direct Énergie, Eni, Lampiris…- mettent la pression sur les particuliers. Ils avaient attaqué en priorité le marché des entreprises et des professionnels.

Pour le marché des particuliers, c’est une guerre commerciale quasiment rue par rue, maison par maison qui est engagée, avec des campagnes de porte-à-porte pendant lesquelles les représentants ne ménagent pas leur peine. Selon le dernier baromètre annuel Énergie-Info du Médiateur national de l’énergie (en septembre 2016), 39 % des consommateurs indiquent avoir été démarchés pour souscrire une offre de fourniture d’énergie. Le démarchage se fait à la fois par téléphone (61 %), à domicile (26 %) et par courrier (23 %). ENI, l’opérateur italien, désormais numéro deux du gaz en France, reconnaît que ces visites à domicile contribuent à environ un tiers du portefeuille de nouveaux clients. Il est vrai que l’argumentaire commercial est simple. Pour EDF et Engie, il est plus compliqué d’expliquer à leurs clients qu’ils peuvent, eux aussi, proposer des prix plus intéressants que le tarif réglementé qui était le leur depuis toujours.

Très logiquement, l’offensive des nouveaux acteurs du marché de l’énergie appelle la contre-offensive des deux opérateurs historiques. Sans donner d’indication chiffrée, Engie souligne que le démarchage est un canal de vente significatif, au même titre que le téléphone ou les courriels. Il s’agit de pallier ainsi la fermeture de son réseau d’agences. «La vente à domicile est un circuit important car il permet une richesse d’échanges avec le client, explique Augustin Honorat, directeur du marché clients particuliers France d’Engie. Et pour cause, aucun autre lien ne cultive la même proximité physique en face-à-face.»

Les entreprises sont d’autant plus soigneuses à communiquer sur le porte-à-porte que le genre a mauvaise presse: pêle-mêle, les vendeurs seraient agressifs, tairaient les subtilités des contrats de gaz et d’électricité et seraient prêts à de nombreuses approximations pour décrocher une signature. Par exemple, c’est un ménage qui ratifie finalement un contrat à la fois pour le gaz et l’électricité, alors qu’une offre pour une seule énergie l’intéressait au départ.

Ou alors c’est un foyer qui prend un fournisseur pour un autre sans qu’on ait pris soin de le détromper. Parfois, les dérapages vont encore plus loin: le Médiateur indique ainsi que plusieurs consommateurs l’ont alerté «sur le fait que des démarcheurs appellent pour obtenir un rendez-vous à domicile en se présentant comme le Médiateur national de l’énergie».

Enquête de satisfaction

«Nous sommes aux antipodes de ces méthodes, dit Daniel Fava, directeur général ENI Gas & Power France. Nous prenons rendez-vous par téléphone avant les visites. Ces dernières sont le fruit de campagnes ciblées, après que nous avons identifié en amont des zones d’habitations susceptibles d’être intéressées par nos offres. Nos propositions sont d’autant plus rigoureuses qu’elles sont articulées autour de quelques critères très simples: gain par rapport aux tarifs réglementés, stabilité du prix pendant plusieurs années et aucune coercition.» Les vendeurs font ensuite l’objet d’une enquête de satisfaction et un ménage dispose de 21 jours pour se rétracter, quand la loi n’impose que 14 jours.

Les quatres étapes du producteur au consommateur: (1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers. (2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public. (3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public. (4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

Chez Engie, Augustin Honorat indique que le groupe a recours dans le cadre de ce démarchage «à des prestataires externes reconnus, sélectionnés au terme d’un appel d’offres et dont les personnels sont spécialement formés aux offres énergétiques et à l’éthique commerciale. Non seulement nous mettons en garde ces partenaires contre la moindre velléité de vente forcée mais les dérives sont tout de suite sanctionnées et le contrat annulé si le client le demande.»

Preuve que le domaine reste malgré tout très sensible, certains opérateurs ont décidé de renoncer au porte-à-porte, comme Direct Énergie qui l’a utilisé lors du démarrage de l’entreprise.

EDF ne l’a jamais utilisé, soulignant que le démarchage à domicile ne correspond pas à sa politique de relation clients et à son image de marque. Le groupe estime disposer d’autres compétences pour asseoir son développement commercial. Il est vrai que le groupe reste très solidement implanté avec une part de marché proche de 90 % chez les particuliers contre 76 % pour Engie.

Quel que soit le cas de figure, la bataille est d’autant plus vive les fournisseurs n’ont jamais été aussi nombreux. Ces derniers mois, plusieurs nouveaux acteurs opérateurs ont fait leur apparition comme ekWateur ou Plüm Énergie. Disposant de moyens limités par rapport aux géants du secteur, ils font des offres plus ciblées. Par exemple, Plüm Énergie entend proposer à ses clients «une véritable méthode pour diminuer significativement leur consommation d’électricité». Comme ces impétrants ne peuvent pas lancer de grandes offensives commerciales, ils misent beaucoup sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Chacun suit son propre chemin.

Attention aux démarcheurs indélicats

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a été victime d’étranges comportements. Cette autorité administrative vient ainsi d’être alertée que des démarcheurs se présentaient en son nom pour inciter des consommateurs ou des clients professionnels (commerçants, artisans, PME…) à acheter des matériels électriques (panneaux photovoltaïques, ampoules basse consommation, condensateurs…). Ces prétendus représentants indiquent aux consommateurs qu’ils ont l’obligation réglementaire de se procurer ces équipements, sous peine de sanctions. La CRE précise qu’elle a saisi le procureur de la République et que le dossier a également été transmis à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

LES ECHOS – 19/01/2017

Dentistes : l’assurance-maladie lâche du lest avant la dernière négociation

 

Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam)

vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale.

L’assurance-maladie rajoute 64 millions d’euros de revalorisation des tarifs.

C’est une négociation qui va être très difficile à boucler. Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam) vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale, en vue de revaloriser les soins conservateurs, tout en réduisant le prix des prothèses. L’Uncam a formulé ses propositions de la dernière chance, dans un document auquel « Les Echos » ont eu accès. Elle propose une rallonge financière pour les dentistes, alors que deux syndicats sur trois ont quitté la table des négociations lors de la dernière séance, le 6 janvier.

Il est d’ores et déjà improbable que le syndicat numéro un, la FSDL, signe. En effet, l’enveloppe globale proposée par l’assurance-maladie, et qui serait cofinancée avec les assureurs complémentaires, s’élève à 807 millions d’euros par an dès 2021, avec une montée en charge sur quatre ans. « Nous avons fait nos calculs. Pour équilibrer l’activité des dentistes, il faudrait investir 2,7 milliards d’euros, on est loin du compte ! » souligne Patrick Solera, le président de la FSDL. Le syndicaliste voit d’un assez mauvais oeil l’introduction de plafonds conventionnels sur les soins prothétiques, qui sont aujourd’hui totalement libres. « Les plafonds sont bas, et ils resteront bloqués pendant trente ans », soupçonne-t-il.

Possibilité de dérogation

Sans la FSDL, il faudra donc que la CNSD, l’autre syndicat détenant plus de 30 % des voix, soit signataire de l’avenant. L’Union dentaire, le troisième syndicat, devra aussi s’abstenir de voter contre. Ils ont un pistolet sur la tempe, car, s’il n’y a pas d’accord, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, compte plafonner les tarifs les plus coûteux sans passer par la case conventionnelle. Elle a fait voter cette possibilité de dérogation à la négociation professionnelle à l’automne.

Le dernier projet de l’assurance-maladie rajoute une hausse de 64 millions d’euros des tarifs pour atteindre 807 millions d’euros. Dans le détail, les forfaits CMU-C sont revalorisés de 30 millions d’euros par rapport à la proposition précédente, soit 82 millions supplémentaires au bout de quatre ans. Les revalorisations d’actes et créations d’actes (couronne transitoire, coiffage pulpaire, consultation d’urgence) bondissent de 148 millions d’euros par rapport au 6 janvier, à 693 millions d’euros. Mais cette hausse est en partie compensée par la baisse de 107 millions du tarif de l’inlay-core. De plus, les sommes allouées à la prévention, en particulier la parodontie pour les diabétiques, sont revues à la baisse de 14 millions, chiffrant désormais 23 millions.

Par ailleurs, les plafonds imposés aux tarifs libres sont un peu rehaussés, en sorte que la perte de recettes pour les dentistes se limiterait à 465 millions d’euros au bout de quatre ans. En fin de compte, les professionnels libéraux gagneraient en net 341 millions d’euros supplémentaires dès 2021, soit 42 % de l’enveloppe totale promise. L’amélioration est assez nette par rapport aux 272 millions du projet du 6 janvier (35 % de l’enveloppe), et surtout aux 176 millions du projet du 14 décembre…

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les salariés de BN se mobilisent ce jeudi contre la vente de l’usine nantaise

Les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) se rassemblent ce jeudi suite aux rumeurs de rachat du site de Vertou (Loire-Atlantique).

Agitation au pays du fameux BN. L’intersyndicale CGT-CFDT-CFE-CGC ont en effet appelé les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) de Vertou en Loire-Atlantique, près de Nantes, à se mobiliser en cessant de travailler ce jeudi et à participer à une assemblée générale sur le site de Vertou. Cette mobilisation fait suite aux rumeurs de rachat de l’usine qui fabrique les célèbres biscuits fourrés. Les syndicats ont invité les élus locaux à participer à cette manifestation.

Lors du comité d’entreprise du jeudi 12 janvier, la direction a confirmé qu’un groupe avait visité le site sans communiquer l’identité des visiteurs.

L’usine risque donc d’être vendue trois ans après le rachat d’United Biscuit, propriétaire de BN, par la holding turque Yildiz. Ce projet soulève des inquiétudes quant au futur de l’usine BN de Vertou qui emploie environ 400 salariés.

United Biscuit aurait mis en vente la biscuiterie a révélé le Figaro. Parmi les acheteurs intéressés figureraient au moins trois fonds dont un Français et un Canadien. Et un Hollandais qui serait le candidat principal avec la biscuiterie Continental Bakeries. Le montant de cession envisagé serait d’environ 20 à 30 millions d’euros pour BN, qui réalise environ 80 millions d’euros de chiffre d’affaires mais qui ne gagne pas d’argent.

Gaëtan Lebrun

 

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 19/01/2017

Primaire à gauche : tensions dans la dernière ligne droite

Les candidats enchaînent les meetings et n’hésitent plus à s’attaquer directement, à quatre jour du premier tour et alors que se tient, jeudi, le dernier débat télévisé.

Pour accéder à la salle, il faut suivre les affiches « salle de pesée ». A quatre jours du premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier, l’image fait sourire, tant chaque candidat a décidé de montrer ses muscles politiques. Mercredi soir 18, à la veille du troisième et dernier débat télévisé, Benoît Hamon donnait un meeting à Paris, à… l’Institut du judo. Au même moment, Arnaud Montebourg réunissait aussi ses troupes dans la capitale, dans le gymnase Jean-Jaurès, situé dans le 19e arrondissement. Vendredi soir, ce seront Manuel Valls et Vincent Peillon qui mobiliseront, à leur tour, à Paris.

A l’approche du vote, le ton se durcit entre les candidats. Chacun le sait, les dernières heures d’une campagne sont souvent décisives. « Les enjeux d’une primaire s’imposent dans les derniers jours », expliquait Manuel Valls, mardi soir, dans le TGV qui le ramenait de Rennes.

Benoît Hamon est en confiance, il est le candidat qui, incontestablement, enregistre une dynamique depuis plusieurs semaines. Pour preuve, selon lui, il est devenu la cible numéro un de ses concurrents. En meeting à Boisseuil (Haute-Vienne), près de Limoges, M. Valls l’a plusieurs fois attaqué sans le nommer mercredi soir. Pour l’ancien premier ministre, M. Hamon incarne la gauche « déconnectée du monde » quand lui a les pieds pleinement dans le « réel ».

« C’est facile de faire sauter les interdits »

« C’est facile de promettre l’impossible lorsqu’on sait au fond de soi que l’on n’en sera jamais comptable. C’est facile de dire ouvrez les frontières, laissez entrer tout le monde, soyez généreux !. C’est facile de faire sauter les interdits. Il est plus dur de combattre la délinquance, les trafics et les cambriolages ! », a critiqué M. Valls qui s’est présenté, lui, comme « la gauche de l’état d’urgence ».

Pendant près de deux heures, le député des Yvelines a défendu ses principales mesures taxées d’irréalisme par ses concurrents. Revenu universel, 49.3 citoyen, mise en place d’une police de contrôle des discriminations… « Il y a quatre mois, on ne parlait à gauche que d’identité, de sécurité, de fermeté. Aujourd’hui, on parle revenu universel, nouveau modèle de développement, transition énergétique… C’est déjà une victoire acquise », triomphe l’ancien ministre de l’éducation nationale devant ses supporters.

Porté par les sondages et une affluence réelle dans ses meetings, il s’en prend même à Emmanuel Macron qui menace l’après-primaire pour le PS. « Un homme de gauche choisi par le peuple de gauche devrait se désister devant un sondage d’opinion ? Jamais ! », tonne-t-il sous les applaudissements.

Hamon pointé du doigt

De son côté, M. Montebourg a répété que ses propositions n’étaient pas « expérimentales » pour 2022 mais applicables « dans quatre mois ». S’affichant aux côtés de l’humoriste Guy Bedos et de la figure de l’aile gauche du PS, Gérard Filoche, l’ancien ministre de l’économie, lui aussi, a pointé du doigt M. Hamon, en se présentant comme le candidat du « travail » et de la « fiche de paie ».

Défaire « le mur des puissants », lutter contre les politiques d’austérité, restaurer la souveraineté, promouvoir le « made in France » : M. Montebourg a déroulé sa partition, dans le sillage de la primaire de 2011. Finalement, plus la compétition avance, plus les candidats redeviennent ce qu’ils sont. Manuel Valls se remet à faire du Valls. Et M. Montebourg, qui avait tenté de s’assagir et de se « présidentialiser », au risque de s’affadir, refait du Montebourg, en appelant, la voix cassée, à « reprendre le drapeau du discours du Bourget, tombé à terre, dans la poussière ».

Pour le député Christian Paul, qui coordonne le programme de l’ancien ministre du redressement productif, « la primaire se termine par un crescendo pour Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, mais l’électorat n’est pas le même : chez Hamon, c’est une gauche classique, chez Montebourg, une reconquête qui va au-delà ».

Vincent Peillon, lui aussi, veut faire mentir les pronostics qui le donnent éliminé dès le premier tour. Pour son directeur de campagne, « il y aura dimanche soir une surprise Peillon ! ». Laquelle ? « Il sera présent au second tour », affirme M. Bloche, qui revendique, à son tour, « une dynamique dans une campagne éclair ».

En conclusion de son discours, M. Hamon a cité Victor Hugo : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est arrivée. » « Et bien, notre heure est arrivée ! », a lancé le député avant de s’offrir un bain de foule de plusieurs minutes.

  • Le mode d’emploi du dernier débat Le dernier débat des sept candidats à la primaire de la gauche se tient ce soir en direct sur France 2, Europe 1, LCP et TV5 Monde. Animé par les journalistes Léa Salamé, David Pujadas et Fabien Namias, il sera marqué par trois grands moments. Les questions économiques et sociales : les candidats seront interrogés sur la santé, l’assurance-maladie, les services publics, la fracture territoriale; le protectionnisme sera aussi abordé, tout comme le chiffrage des programmes de chacun. Carte blanche : les sept concurrents auront une minute chacun pour mettre en avant un point de leur programme. Questions internationales : les journalistes questionneront les candidats notamment sur la place de la Russie et la situation au Moyen-Orient. Comme pour les deux précédentes émissions, chaque candidat dispose d’une minute pour répondre à chaque question et d’une minute et demie pour conclure.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

 

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

Le logement ne fait pas l’objet de débats très disputés parmi les 7 candidats à la primaire de la gauche.
Aucun ne remet en cause les acquis du quinquennat.

L’encadrement des loyers, oui, mais pas partout

Bien que très controversée lors de sa mise en oeuvre, l’une des mesures phares du quinquennat en matière de logement n’est pas menacée à gauche. Aucun des candidats à la primaire de la gauche, qui débattent une dernière fois ce jeudi soir à la télévision (lire aussi page 4), ne remet en cause le principe de l’encadrement des loyers aujourd’hui effectif à Paris et à partir du 1er février à Lille. Manuel Valls (PS) et Sylvia Pinel (PRG), qui ont limité sa mise en oeuvre à la capitale, défendent son intérêt dans les zones tendues et là où il est possible d’obtenir des données fiables concernant le marché locatif. Benoît Hamon (PS) en réclame l’application dans les 13 métropoles régionales, comme Arnaud Montebourg (PS), qui fait même figurer cette mesure dans son Manifeste économique publié le 4 janvier. Après une étude démontrant l’inefficacité de cette mesure à Nantes, François de Rugy (Parti écologiste) ne défend pas «  une approche idéologique » mais estime indispensable une meilleure connaissance des marchés locatifs ville par ville. Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) reconnaît que la mesure peut être adaptée à Paris et à sa petite couronne, mais redoute ailleurs une fuite des investisseurs tentés de mieux rentabiliser leurs biens via des plates-formes de location saisonnière.

Pas touche aux quotas de logements sociaux

Mesure « de gauche », « projet de société » pour Arnaud Montebourg, l’article 55 de la loi SRU de décembre 2000, qui impose des quotas de logements sociaux aux communes les plus peuplées est intouchable. Tous les candidats défendent la mesure et se félicitent de ses avancées : la hausse du quota à 25 % par la loi Alur, la possibilité pour les préfets de se substituer aux maires récalcitrants et le renforcement du principe grâce à la loi égalité et citoyenneté. Benoît Hamon propose même de faire passer les quotas à 30 %. Il est le seul à envisager de durcir nettement les sanctions appliquées aux communes hostiles au logement social en proposant une ponction fiscale plutôt qu’une amende. A l’inverse, les maires bâtisseurs profiteraient d’une aide plus importante qu’aujourd’hui. A titre expérimental, il imagine aussi, – en concertation avec les élus -, de réquisitionner des logements vacants pour les intégrer au parc social. François de Rugy considère que la loi est «  globalement » efficace, mais souhaite veiller à l’équilibre des logements produits et, au-delà, à la mixité sociale dans le parc résidentiel.

La défiscalisation n’est plus un tabou

Drogue dure de la politique du logement depuis trente ans en France, les dispositifs qui permettent aux particuliers de baisser leurs impôts en achetant un logement neuf pour le louer portent tous le nom des ministres qui les ont initiés. Le « Pinel », dernier en date, n’est pas renié par son auteur qui le défend «  sans hésitation » et le prolongerait au-delà de 2018 si elle était élue.«  Il est reconnu par les professionnels et un signe de compétitivité pour les villes où se construisent ces types de logement », affirme la candidate du Parti radical. Manuel Valls ne remet pas non plus en cause ce «  pilier de la politique » et du plan de relance que son gouvernement a initié en septembre 2015 avec de bons résultats. Personne à gauche n’envisage plus de supprimer cet outil. Arnaud Montebourg en souligne néanmoins le coût budgétaire, 1,6 milliard pour le Pinel, contre 1,2 milliard pour le « Scellier » qui n’est plus en vigueur depuis 2012. Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias, sans le renier, invitent cependant à une réflexion de fond sur la nécessité, à long terme, de ce dispositif.

Catherine Sabbah

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Benoît Hamon : « J’ai un projet de gauche… celle qui se tourne vers le futur »

DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Quatrième et dernier invité de notre série sur la primaire de la gauche, Benoît Hamon, dont la campagne semble en pleine dynamique, présente son programme. A vous de juger.

« Je pioche, je pioche. » Confidence d’un athlète de la politique entrant dans la dernière ligne droite de sa campagne. Oui, Benoît Hamon pioche dans ses dernières réserves ce matin-là en arrivant au « Parisien » – « Aujourd’hui en France ». Avant de s’asseoir autour de la table de conférence au centre de la rédaction, le candidat se débarrasse de la chaude parka à capuche dans laquelle il était emmitouflé. Il arrive de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et doit repartir, sitôt après l’entretien, pour Bordeaux (Gironde). Son attachée de presse l’accompagne avec une valise à roulettes. Est-ce l’effet d’une dynamique de campagne qui le porte ? Il a en tout cas fait le plein hier soir, à l’Institut du judo à Paris (XIVe) lors d’un meeting où environ 3 000 personnes sont venues l’écouter.

Concentré, précis, dépourvu de toute fiche, contrairement à Manuel Valls qui étalait les siennes devant lui, le député des Yvelines déroule son programme, argumente pied à pied. Son fameux revenu universel, qui suscite les critiques et même les risées de ses rivaux — notamment à cause de son coût « astronomique » ? Le candidat, clairement positionné à l’aile gauche du PS, s’efforce de démontrer, exemples à l’appui, que c’est réalisable sans ruiner les Français. Au camp Montebourg qui taxe son programme de « gauche Carambar » — on l’ouvre et on trouve une mesure magique —, il rétorque, sûr de lui : « Ça sent la fébrilité. »

S’il ne se drape pas, comme Emmanuel Macron, dans la posture de candidat antisystème, il ne se prive pas cependant de pointer du doigts les « élites ». Celles qui critiquent, par exemple, sa proposition de « 49-3 citoyen » parce qu’elles ne veulent pas, dit-il, abandonner une once de leur pouvoir. Trois mots pour se définir, lui et son projet ? « Constance, futur et cohérence », répond-il. A vous de juger, dans cette « audition » d’une heure quarante réalisée avec le concours de la Fondation Jean Jaurès, dirigée par Gilles Finchelstein et proche du PS. Notre série Demandez le programme sur cette primaire qui reste très ouverte s’achèvera samedi, avec un comparatif et une évaluation des projets des quatre principaux candidats.

LA POLITIQUE ET LA CAMPAGNE. « Ma victoire fera bouger les lignes en dehors des rangs du PS »

Vous proposez une mesure originale : le 49-3 citoyen. Est-ce réalisable ? Ne craignez-vous pas que cela vous empêche de gouverner ?

Je propose qu’un texte de loi, voté au Parlement, puisse être validé par le peuple français via un référendum dès lors que 450 000 citoyens inscrits sur les listes électorales le demanderaient. Nous pouvons parfaitement y associer des critères de représentation géographique pour que ces électeurs soient issus d’un nombre minimum de départements. Nous pouvons aussi fixer un taux minimum de participation pour qu’il soit valide. Il y aura des garde-fous, mais cette proposition me semble essentielle si nous voulons de nouveau faire respirer la démocratie.

Si vous ne gagnez pas la primaire, vous engagez-vous à soutenir le vainqueur et à faire sa campagne ?

Je respecterai ma signature à la charte des primaires.

Donc si c’est Manuel Valls, vous le soutiendrez ?

Je respecterai ma signature. Mais si vous m’imaginez demain porte-parole, je pense que ce serait assez mal inspiré. Et pour lui, et pour moi.

Si vous gagnez, comment éviterez-vous l’exode de nombreux élus socialistes vers Macron ?

Si le seuil des 2 millions de votants est franchi, cela donnera une légitimité forte au candidat issu de la primaire. Je pense que ma victoire fera aussi bouger les lignes en dehors des rangs du PS. Donc si exode il y a, il sera à mon avis limité et neutralisé par le rassemblement qui s’opérera à gauche sur ma candidature.

Macron, c’est un danger pour le candidat socialiste ?

Sa candidature se veut ni de droite ni de gauche… mais on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Est-il pour ou contre le maintien des 35 heures ? Que fait-il de l’ISF (impôt sur la fortune) ? Favorise-t-il les formes de travail non salariées, non encadrées en droits, comme les chauffeurs de VTC par exemple ? Continue-t-il à défiscaliser les actions gratuites et à moins bien payer les heures supplémentaires, bref à mieux rémunérer le capital et moins bien le travail ? La casse des droits du travail ne peut pas constituer un projet d’émancipation et de progrès social.

Vous avez un programme très calibré à gauche, comme celui de Fillon l’était à droite dans l’autre primaire. N’est-ce pas trop tactique ?

On dit que mon programme est calibré à gauche. Je l’ai pensé comme un projet résolument de gauche, mais pas n’importe laquelle, celle qui se tourne vers le futur. Si mon projet suscite de l’intérêt, c’est parce qu’il part de situations vécues, comme la difficile insertion professionnelle des jeunes, pour essayer de penser les cinq, dix, vingt prochaines années. La crise écologique que nous vivons nous force à prendre conscience de cet impératif du long terme.

Vous critiquez la république monarchique et le président vu comme un homme providentiel. Si vous êtes élu, vous installerez-vous à l’Elysée ?

Oui.

TERRORISME ET JUSTICE. « Je veux moins de délinquants fabriqués par la prison »

Comment mieux lutter aujourd’hui contre le terrorisme ?

Je veux donner un cadre légal et des capacités budgétaires au coordinateur national du renseignement, placé sous la responsabilité du Premier ministre. Il faut aussi améliorer la coopération entre nos divers services de renseignement, et faire en sorte que nous disposions demain d’une agence européenne du renseignement. Je suis élu d’un territoire (député des Yvelines) où je vois concrètement l’utilité du renseignement territorial. Il est, hélas, soumis aux mêmes contraintes budgétaires que n’importe quel service de la police nationale. Il est affaibli et il faut le muscler.

Vous êtes favorable à un meilleur accueil des réfugiés…

Je souhaite la création d’un visa humanitaire qui permette d’identifier, dès le départ, les candidats à l’exil et leur ouvrir une voie légale d’accès au territoire français. Je veux aussi m’inspirer du modèle allemand. En consacrant davantage de moyens à l’apprentissage de la langue des demandeurs d’asile et en leur permettant, au-delà d’un délai de trois mois, de travailler sous certaines conditions. C’est ce qui a permis en Allemagne l’intégration de centaines de milliers de réfugiés. Il faut favoriser un modèle plus harmonieux et plus hospitalier. Car notre sécurité, c’est leur développement.

Vous proposez la mise en place de bureaux de vote dans les prisons. Pour quelles raisons ?

Je suis frappé par la faible participation des détenus aux élections alors que seule une minorité d’entre eux sont déchus de leurs droits civiques. Je souhaite aussi donner plus de moyens au service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) pour favoriser la réinsertion des détenus. L’alternative à la détention est, parfois, la meilleure manière pour comprendre le sens de sa faute et de sa punition, et ainsi favoriser. Je veux qu’il y ait moins de délinquants et surtout moins de délinquants fabriqués par la prison.

ÉDUCATION ET SANTÉ. « Repenser la carte scolaire »

Pour lutter contre l’échec scolaire, seriez-vous prêt à affecter, de manière contraignante, les professeurs les plus expérimentés dans les zones en difficulté ?

Je ne crois pas que des mesures coercitives permettent de mieux faire fonctionner l’école. Si un enseignant est obligé d’aller dans un endroit sans s’intégrer harmonieusement au projet pédagogique, nous raterons l’objectif de lutter contre les inégalités. Je propose par exemple la création de postes de professeurs surnuméraires inter-degrés, entre le CM 2 et la 6e, qui puissent dédoubler des classes et améliorer le passage entre l’école et le collège.

Vous proposez de rebâtir une carte scolaire au collège. Comment imposer cette mixité ?

Il faut se débarrasser de cette idée selon laquelle le collège ne peut pas être mixte parce qu’il est sur un territoire homogène socialement. Je propose de repenser la carte scolaire pour concevoir des bassins de recrutement mixtes. Les familles auront la possibilité de formuler un, deux, trois, quatre vœux. Il y aura ensuite un choix de recrutement qui prendra en compte les voeux des familles et l’origine sociale des enfants afin de faire en sorte que dans chaque collège, il y ait de la mixité sociale. Mais on ne peut envisager cela sans un dialogue avec l’enseignement privé.

L’Etat ne peut pas contraindre le privé à la mixité…

Non, on ne peut pas le contraindre, mais il y a un contrat entre l’Etat et l’enseignement privé. Il se discute, et il y a des contreparties. La question doit être posée en des termes plus solennels qu’elle n’a été posée jusqu’ici.

Où vos enfants sont-ils scolarisés ?

Mes filles sont dans une école publique, en banlieue parisienne. Pour ma part, j’ai fait ma scolarité dans le privé catholique.

Quelle sera votre première mesure pour la santé, si vous accédez à l’Elysée ?

Dès le début, je donnerai la liste des perturbateurs endocriniens et des pesticides qui favorisent des pubertés précoces, qui tuent trop tôt des Français et seront les responsables des scandales sanitaires de demain. Ils seront interdits, comme il sera interdit d’importer des produits fabriqués ou cultivés avec les mêmes perturbateurs endocriniens ou pesticides. Sur ces questions de santé publique, il faut poser un acte politique immédiat.

LE CAS CONCRET. Les mères voilées peuvent-elles accompagner les sorties scolaires ?

Sous couvert de faire confiance au terrain, on laisse les enseignants bien seuls pour appliquer la laïcité. L’accompagnement des sorties scolaires n’est pas autorisé aux mères voilées, selon la circulaire Chatel de 2012. Najat Vallaud-Belkacem a pris la position inverse, oralement, en 2014. Si vous êtes élu, abrogerez-vous la circulaire ?

Je soutiens la position de la ministre. Tant que nous ne sommes pas confrontés à une situation où une mère d’élève affiche une volonté d’affirmer le primat de sa religion sur l’ordre républicain, il faut lui permettre d’accompagner les sorties scolaires. L’application de la laïcité est un travail de dentelle, je ne suis pas pour les solutions brutales venues d’en haut. Je suis intransigeant à l’égard de ceux qui se réclament d’un islam radical et qui veulent faire reculer la République. Mais certains font aujourd’hui de la laïcité un instrument anti-islam. C’est profondément injuste envers tous les Français qui pratiquent la religion musulmane.

ÉCONOMIE ET CHÔMAGE. « La loi El Khomri n’a aucune légitimité démocratique »

Faut-il garder le crédit d’impôt compétitivité emploi, qui offre des baisses de charges aux entreprises pour qu’elles investissent et emploient ?

Les études montrent que ce dispositif, très cher, s’est soldé par une hausse des marges et a augmenté les dividendes distribués aux actionnaires. L’argent public ne doit pas servir à cela. Le CICE doit être évalué. Je propose par ailleurs de créer un crédit d’innovation sociale, qui permettrait par exemple d’aider Siel bleu, qui propose de prévenir les maladies chroniques des personnes âgées grâce à de la gym douce dans 4 500 maisons de retraite. Cela évite des récidives de cancers et maintient les gens en bonne santé, à moindre coût.

Comment lutter contre les prix exorbitants de certains médicaments innovants ?

Environ 40 000 € pour un traitement contre l’hépatite C, quand on le trouve à 200 € sur le marché indien, c’est inadmissible. Je souhaite renforcer les moyens des agences publiques qui négocient avec les industriels. Si des laboratoires refusaient de baisser leurs prix, je n’exclus pas de recourir au mécanisme de « licence d’office » qui permet à l’Etat de fixer le juste prix.

Comment marcherait votre « taxe sur les robots » ?

Les charges patronales seraient assises non plus sur les salaires, mais sur la valeur ajoutée de l’entreprise. Aujourd’hui, si je passe de 40 hôtesses de caisse à 10 hôtesses et 30 portiques automatiques, mes portiques auront beau créer de la valeur, mes cotisations patronales resteront assises sur les seuls salaires. Ce n’est pas logique. La fiscalité doit s’adapter.

Vous annoncez la mort de la loi El Khomri…

Cette loi, qui n’a aucune légitimité démocratique puisque décriée par l’opinion publique, l’Assemblée, le Sénat et une majorité de syndicats, va faciliter les licenciements dans les entreprises bénéficiaires, et permettre par un simple accord d’entreprise de moins payer les heures supplémentaires. Nous la remplacerons par une vraie loi Travail, qui définira le burn-out comme une maladie professionnelle, facilitera la baisse du temps de travail… Notre exigence sera celle de la bienveillance envers les salariés.

Le chômage des jeunes dépasse les 25 %, comment leur donner un travail, un avenir ?

Tout ce qui a été fait ne marche pas. La seule chose qu’on nous propose, c’est ce deal à l’anglo-saxonne : un chômage qui baisse contre une pauvreté en hausse. Je n’en veux pas ! Il faut changer de paradigme, et c’est un défi de l’expliquer : le travail se raréfie, alors partageons-le différemment. En France, le « partage » du travail est injuste : d’un côté, des millions de chômeurs, de l’autre, un grand nombre de travailleurs qui ne s’épanouissent pas. Le revenu universel que je propose permettra à ceux qui le souhaitent de baisser leur temps de travail — ce qui générera des embauches. Ce revenu universel, s’appliquant pour commencer aux jeunes, libérera une partie des 600 000 emplois étudiants.

SA MESURE PHARE. Le revenu universel

Comment marcherait le revenu universel, dont vous dites qu’il serait « la grande mesure structurante » de votre quinquennat ?

Prenons deux personnes au smic, qui touchent leur salaire plus le revenu universel : si elles le veulent, elles pourront réorganiser leur vie. Dans certains métiers, ceux qui peuvent baisser leur temps de travail sans perdre trop de pouvoir d’achat font ce choix. Mon objectif, c’est le salarié d’un abattoir, en Bretagne, qui pourrait passer à un deux tiers-temps grâce à ce revenu pour retrouver la maîtrise de sa vie, se former à un autre métier, etc.

N’utiliseront-ils pas cette somme pour gagner en pouvoir d’achat ?

Et alors ? Cela fera circuler l’argent. Je ne crois pas à ce discours sur la paresse supposée des gens. Lors de la création du RMI sous Rocard, ou de la CMU sous Aubry, on entendait déjà ça. Les faits l’ont toujours infirmé.

La généralisation de ce revenu coûterait entre 300 à 400 Mds€ par an. Vous voulez effrayer les électeurs ?

Il s’agit d’une réforme par étapes. Je m’engage dès aujourd’hui pour la première : revaloriser de 10 % le RSA à 600 € par mois — quelque 2,5 millions de foyers seraient concernés — et l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans. Et l’attribution du RSA serait automatique, afin de lutter contre la pauvreté : un tiers des personnes qui y ont droit ne le demandent pas.

Combien coûterait cette première étape ?

Avec des économistes, nous avons chiffré cette mesure à 45 Mds€, cela n’a rien d’infaisable. Nous la financerons en faisant des économies liées au redéploiement du CICE. Mais aussi grâce à la simplification de l’impôt sur le patrimoine (qui fusionnera l’ISF et la taxe foncière). Enfin, le fait de distribuer le revenu universel d’existence dégagera de nouvelles recettes grâce à la hausse de la consommation.

Vidéos : http://www.leparisien.fr/politique/j-ai-un-projet-de-gauche-celle-qui-se-tourne-vers-le-futur-19-01-2017-6587478.php

 

Entretien réalisé par Christel BRIGAUDEAU, Philippe MARTINAT, Pauline THÉVENIAUD, Odile PLICHON, Stéphane SELLAMI et Henri VERNET avec Gilles FINCHELSTEIN

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Relance de l’apprentissage : le remède choc de Fillon

 

François Fillon mettra en avant ses propositions sur l’apprentissage, ce jeudi, à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain.

Le candidat veut confier la gestion des lycées professionnels aux régions.
Les diplômes resteront nationaux, mais les entreprises doivent être associées.

L’apprentissage en France selon François Fillon ? C’est simple, résume Pierre Danon, qui a travaillé le dossier dans son équipe de campagne : « On a tout faux. » Ce constat sans fard, le candidat Les Républicains aura l’occasion de le mettre en avant ce jeudi à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain. Par prudence, aucun objectif quant au nombre d’apprentis visés en cas de victoire à l’élection présidentielle du candidat de la droite ne sera mis en avant, le quinquennat Sarkozy (pas plus que celui de François Hollande) n’ayant tenu ses promesses en la matière. Ce qui n’empêchera pas l’ex-Premier ministre de marquer sa volonté de redonner une « dynamique extrêmement forte » à ce dispositif. Quitte pour cela, à préconiser la mort de certains « symboles » et lâcher une bombe au ministère de l’Education nationale.

Pour François Fillon en effet, si l’apprentissage fait pâle figure en France par rapport à l’Allemagne ou la Suisse, c’est avant tout parce qu’il a été construit par l’Education nationale et non pas par le monde professionnel. Premier remède : affirmer haut et fort qu’il s’agit d’une voie d’excellence pour décrocher un travail. La gauche ne dira pas le contraire, mais risque d’accueillir plus fraîchement les autres propositions des Républicains.

Détacher des élèves de l’Education nationale

La plus explosive tient aux 1.500 lycées professionnels qui accueillent près de 666.000 élèves. François Fillon préconise de les détacher de l’Education nationale pour en confier la gestion aux régions et aux branches professionnelles, lesquelles ont déjà la charge des centre de formation en alternance, les CFA. Interpellée récemment sur ce sujet à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem a eu l’occasion de critiquer cette proposition, qui, selon elle, aboutirait aussi à «  régionaliser les diplômes ». Le programme du candidat Fillon a paré le coup en prônant de placer les référentiels de formation au sein d’une commission nationale sous tutelle du ministère de l’Education nationale, mais – là encore – en y associant étroitement branches et partenaires sociaux.

De quoi faire sauter les principaux freins à l’apprentissage ? Oui, estime un haut responsable régional pour qui les objectifs des rectorats sont de remplir leurs lycées, quand ceux des régions portent sur l’emploi, pas sûr que cela change la donne tempère un acteur de la formation, qui se demande en quoi une région sera plus efficace qu’un rectorat. « C’est un choix politique, avance-t-il, mais la vraie question est de savoir si l’on veut faire de l’apprentissage une vraie filière de formation initiale ou un instrument d’une politique de l’emploi. » François Fillon préconise aussi d’aligner le droit du travail des apprentis sur celui des salariés. En la matière, estime Béatrice Pola, avocate associée du cabinet d’avocats Proskauer, le problème vient surtout des modalités « très contraignantes » de rupture de contrat. Le candidat de la droite à l’Elysée vise aussi une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance. La mesure, estimée à 765 millions, serait financée par la suppression des emplois d’avenir et contrats de génération. Elle concernerait essentiellement les contrats de professionnalisation, les contrats en apprentissage étant déjà quasiment exonérés.

Alain Ruello et Isabelle Ficek

 

 

::: INTERNATIONAL

L’EXPRESS – 19/01/2017

Brexit: la banque HSBC va bien déplacer 1000 emplois de Londres à Paris

 

Stuart Gulliver, directeur général de HSBC, a précisé que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire.

Les dirigeants de la banque redoutent que l’activité d’investissement sur les marchés mondiaux soit touchée par la sortie du marché unique, confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

Le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, a confirmé dans une interview à Bloomberg Television qu’un millier d’emplois de son activité de banque d’investissement à Londres devraient être déplacés à Paris.

Interrogé depuis la station de ski suisse de Davos en marge du forum économique mondial, Stuart Gulliver a expliqué que parmi les divers départements de la banque au Royaume-Uni, c’est son activité d’investissement sur les marchés mondiaux qui serait touchée par la sortie du marché unique confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

« Pour nous, c’est la France »

« Il y ce que nous appelons l’activité de banque mondiale et de marché, et c’est celle pour laquelle j’ai dit publiquement, il y a un moment déjà, qu’il y aurait un millier d’emplois qui sont couverts par la législation européenne et qui, dans le cadre de l’accès au marché unique, devraient probablement aller en France dans notre cas », a expliqué le patron de HSBC d’après une transcription de l’interview transmise mercredi.

Interrogé sur la possibilité pour HSBC de déplacer ces activités ailleurs dans l’Union européenne, par exemple à Dublin ou Lisbonne, Stuart Gulliver a été catégorique: « Nous avons acheté le Crédit Commercial de France en 2002, donc nous avons un service bancaire universel en France. Donc pour nous, c’est la France ».

Stuart Gulliver a ajouté toutefois que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire. La banque emploie près de 9500 salariés en France.

Le siège mondial reste à Londres

Il a précisé que l’activité qui risque d’être déplacée concernait environ 20% des revenus de sa banque d’investissement basée au Royaume-Uni, ajoutant que les activités sur les marchés des changes, obligataires et action ne devraient pas être touchées.

Hormis ses activités sur les marchés, HSBC dispose au Royaume-Uni de deux autres entités, qu’il ne modifiera pas malgré le Brexit: son siège mondial, que HSBC a décidé de maintenir à Londres, et sa banque au détail chargée des clients spécifiquement britanniques.

 

L’OPINION – 19/01/2017

Otan : l’Allemagne va accroître fortement ses dépenses de défense

 

Ursula Van der Leyen, la ministre de la Défense allemande et des soldats.

La ministre de la Défense allemande a annoncé que les dépenses militaires de son pays allaient augmenter de quatre milliards d’euros d’ici 2020.

Critiquée par Donald Trump pour ne pas respecter ses obligations financières au sein de l’Otan, l’Allemagne va renforcer substantiellement son budget militaire, a annoncé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, mercredi 18 janvier.

Les Allemands ont répondu rapidement aux interrogations de Donald Trump sur l’organisation nord-atlantique. Le président-élu avait provoqué la consternation parmi les alliés européens en déclarant dans une interview donnée lundi 16 janvier que l’Otan était « obsolète », et en critiquant les pays membres pour ne pas assumer leur part financière de l’organisation militaire.

Un conseiller de Trump a ensuite précisé ses propos en affirmant que seulement une partie de l’Otan était obsolète tandis que Nikki Haley, désignée pour être la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, a déclaré mercredi 18 janvier que l’Alliance atlantique demeurait importante.

1,22 % du PIB. La ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, a donc repris la balle au rebond. « Nous voulons que les Américains soient clairs. ’Quelle est votre position ?’ » a-t-elle déclaré, interrogée sur la chaîne NTV. Et de poursuivre : « La chose la plus importante est la clarté. » Ursula Von der Leyen a annoncé que les dépenses militaires allaient augmenter de deux milliards d’euros en 2017 à 37 milliards d’euros, soit 1,22% du PIB. Elles atteindront 39,2 milliards d’euros d’ici 2020. « Nous avançons dans la bonne direction mais nous ne pouvons pas le faire en une année », a-t-elle plaidé.

En novembre, Angela Merkel avait reconnu que son pays ne pourrait pas, dans un avenir proche, remplir les exigences de l’Otan. Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a précisé que les dépenses d’armement, de munitions et d’autres équipements avaient augmenté de près de 11% en 2016 à 5,1 milliards d’euros et qu’elles augmenteraient encore pour atteindre six milliards cette année.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les adieux de Barack Obama à la présidence

VIDÉOS – Lors de sa dernière conférence de presse, mercredi, le président américain sortant a affiché son optimisme sur le long terme et sa vigilance pour le court terme.

Barack Obama a refermé sa présidence mercredi sur la même note «d’espoir» qu’ il avait amorcée. «Il y a une décence fondamentale dans ce pays, a-t-il dit. Je crois en ce pays, je crois dans le peuple américain, je crois qu’il y a plus de bon que de mauvais chez les gens. Des choses tragiques arrivent, mais si nous travaillons dur, le monde s’en porte mieux à chaque fois». Une maxime familiale résume sa philosophie: «La seule chose qui soit la fin du monde, c’est la fin du monde».

Avec l’ultime conférence de presse du 44e président, une longue séquence testamentaire a pris fin à deux jours de la passation de pouvoirs à Donald Trump. Soulignant avoir eu des discussions «cordiales, parfois longues et substantielles» avec son successeur, Obama prit acte des orientations divergentes sur le point de remplacer les siennes. «Il est dans l’ordre des choses qu’il (Trump) avance avec sa vision et ses valeurs, a-t-il dit. Je ne m’attends pas à ce qu’elles recoupent beaucoup» ses propres convictions.

Jeune retraité de 55 ans, Obama a dit vouloir souffler un peu et prendre du temps pour écrire. Mais il a tracé une ligne entre «les allers et retours de la politique» ordinaire et les «principes» qui pourraient l’amener à revenir dans le débat public: si une «discrimination systématique venait à être ratifiée sous une forme ou une autre», si des «obstructions explicites ou fonctionnelles au droit de vote» devaient apparaître, s’il y avait «un effort pour museler la liberté de parole ou la presse», si l’État «raflait des enfants (immigrés) ayant grandi ici» dans le but de les expulser, alors «je m’exprimerai», a promis le futur ex-président.

Il a d’ailleurs ouvert sa conférence de presse par un hommage appuyé aux journalistes accrédités à la Maison-Blanche, menacés de «délocalisation» hors-les-murs par certains projets de la future équipe. «C’est votre métier d’être sceptiques et de poser des questions difficiles, de faire en sorte que nous rendions des comptes» au public, a-t-il déclaré. «Votre présence ici nous a aidés à mieux travailler. J’espère que vous continuerez avec ténacité. L’Amérique a besoin de vous, la démocratie a besoin de vous».

Le placide «no drama Obama» s’est presque emporté sur les obstacles dressés à la participation électorale de toutes les communautés: «Nous sommes la seule démocratie où l’on rend le vote plus difficile. Cela nous renvoie à la ségrégation et à l’héritage de l’esclavage», a-t-il lâché. La lutte contre la fraude, qui justifie ces complications, relève des «fake news», inventions présentées comme des faits avérés sur Internet et les réseaux sociaux. «Nous avons le problème inverse» à la fraude, dit Obama.

Face à la presse, le président sortant a dû justifier ses dernières décisions, notamment celle de commuer la peine de Chelsea Manning, soldate condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks quelque 700.000 documents secrets copiés dans les ordinateurs du Pentagone. «Je me suis déterminé en fonction des particularités de ce dossier», a-t-il dit, estimant que la peine prononcée par la cour martiale en 2013 avait été «disproportionnée par rapport aux autres fuites» du même type.

Direct au sujet de Vladimir Poutine

Il a également défendu sa décision de laisser adopter à l’ONU une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens: «Nous voulons au moins préserver la possibilité d’une solution à deux États. C’est une façon de tirer le signal d’alarme. L’occasion pourrait passer». En direction de son successeur, qui envisage de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, Obama a rappelé «l’environnement volatile» dans lequel «certains gestes pourraient conduire à une explosion».

Le temps de la diplomatie étant passé, il s’est montré direct au sujet de Vladimir Poutine. «Il est dans l’intérêt de l’Amérique et du monde d’avoir une relation constructive avec la Russie. Mais après le retour de Poutine à la présidence, un état d’esprit conflictuel a rendu cette relation plus difficile». Sur la réduction des arsenaux nucléaires, «j’étais prêt à aller plus loin, mais Poutine a refusé de négocier. Il reste une grande marge (de progrès) pour Donald Trump».

Au terme d’une présidence souvent critiquée pour n’avoir pas réduit les divisions raciales, Barack Obama a encore fait entendre son optimisme. «Nous devons continuer à travailler, mais nous sommes en meilleure posture que les générations précédentes. Et j’espère que ma présidence aura fait un peu avancer les choses». Prenant l’exemple de l’équipe olympique américaine, réservoir de champions venus de tous horizons, il a prédit que les États-Unis auraient «une femme présidente, un président latino ou un président juif ou hindou ou d’une origine qu’on ne peut pas nommer aujourd’hui».

Vidéos : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/18/01003-20170118ARTFIG00430-le-testament-d-obama-je-crois-dans-le-peuple-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 17 janvier 2017

2017-03-02T07:07:54+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE FIGARO – 17/01/2017

Grand froid : Valérie Pécresse interpelle la SNCF et la RATP pour éviter la pagaille

INFO LE FIGARO – Dans un courrier envoyé ce lundi, la présidente de la région Île-de-France enjoint les opérateurs de transport de prendre «toutes les dispositions nécessaires pour anticiper ces températures exceptionnelles».

Alors qu’une vague de froid est annoncée pour cette semaine dans l’Hexagone, avec des températures qui se situeront 8 degrés en dessous des normales saisonnières, Valérie Pécresse veut éviter la pagaille dans les transports en région parisienne. «Par le passé les mêmes évènements météorologiques ont provoqué des difficultés dans les transports en commun et dans les transports scolaires», fait valoir la présidente de la région Île-de-France dans un courrier envoyé ce lundi aux opérateurs de transport franciliens, dont Le Figaro a eu connaissance.

L’élue enjoint les entreprises concernées de prendre «toutes les dispositions nécessaires pour anticiper ces températures exceptionnelles». Ce courrier – adressé à Elisabeth Borne, présidente de la RATP, Guillaume Pepy, président de la SNCF, Thierry Mallet (Transdev), Jean-Pierre Farandou (Keolis) et aux sociétés de cars de la région – invite notamment les opérateurs à «vérifier le bon fonctionnement des équipements de chauffage dans vos véhicules, pour assurer le confort des voyageurs». Valérie Pécresse leur demande par ailleurs «de mettre en place une information voyageurs exceptionnelle afin que les usagers puissent adapter leur trajet si, malgré ces mesures préventives les conditions de transport restaient perturbées».

Concernant les bus et cars, Valérie Pécresse demande aux groupes de transport de «bien vouloir faire équiper vos véhicules avec le matériel adapté aux conditions de circulation» et à «contacter immédiatement les collectivités gestionnaires de voirie afin que les routes utiles aux itinéraires de vos lignes (…) soient salées en prévision et/ou déneigées en temps réel».

Le plan d’actions de la SNCF

Interrogée par Le Figaro, la SNCF assure qu’elle se prépare – à l’échelle nationale – au grand froid qui devrait se généraliser à partir de mercredi. Deux types d’actions sont mises en place, d’après les porte-parole de l’entreprise ferroviaire. D’abord, la vitesse des TGV peut être réduite jusqu’à 160kmh au lieu des 320 kmh, leur vitesse maximale. Ensuite sur le réseau lui-même, les «réchauffeurs d’aiguillages» vont être activés. Il s’agit, selon les équipements, de résistances qui chauffent les aiguillages ou bien de gaines qui les protègent du froid. Enfin des trains chasse-neiges et des trains râcleurs (qui ôtent la glace) vont intervenir la nuit pour éviter que les trains patinent.

Par ailleurs, des équipes dédiées à la maintenance préparent les trains à affronter le froid. Les châssis des TER sont enduits ou protégés par des gaines. Mais à chaque épisode de grand froid, il n’est pas rare que les locomotives les plus vétustes rendent l’âme. Des équipes de dépanneurs rapides se tiennent prêtes pour effectuer en gare des réparations légères, comme les bris de vitre de TGV qui peuvent survenir lorsqu’un bloc de glace ou de neige se détache au croisement de deux trains. Enfin, pour éviter les glissades, la SNCF se prépare à faire appel à des prestataires extérieurs pour déneiger ou saler les quais de gare recouverts de neige ou de glace.

Isabelle de Foucaud et Valérie Collet

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 17/01/2017

AVANT-APRES. Paris : le grand chamboulement de la porte Maillot est lancé

 

C’est toute la porte Maillot qui va changer de visage à l’horizon 2022.

En 2022, vous n’allez plus reconnaître la porte Maillot. De tous les côtés de cet immense rond-point — envahi par les automobilistes qui circulent entre la Défense et la place de l’Etoile, bordé d’un côté par un jardin insignifiant et de l’autre par le Palais des Congrès — des travaux vont être engagés. « Ils ont même déjà commencé cet été avec le début du chantier de la gare Eole, prolongation du RER E » souligne Jean-Louis Missika (apparenté PS), adjoint auprès d’Anne Hidalgo en charge de l’urbanisme.

Une vaste concertation vient d’être lancée à la fois en mairies du XVIe, XVIIe et à Neuilly-sur-Seine. « C’est sûr, il faut un maximum d’informations tant l’opération va être immense et va créer des nuisances », reconnaît Brigitte Kuster, maire LR du XVIIe, tout en approuvant le projet. « Ce sera certainement le chantier emblématique de transformation d’une de portes de Paris, puisqu’il est sur l’Axe Majeur dans la prolongation du Louvre », ajoute Jean-Louis Missika qui prévoit quatre années particulièrement difficiles : de 2018 à 2022. « Nous préférons concentrer les opérations avec un phasage bien calé plutôt que de faire subir 10 ou 15 ans de chantiers aux riverains » ajoute l’élu de la Ville de Paris.

Rarement, un tel chambardement n’aura impliqué autant d’opérations différentes. Petite revue de détail.

– Le chantier de la gare de la porte Maillot du prolongement du RER E vers l’Ouest, déjà lancée, doit durer quatre ans. Cette gare sera construite à plus de 30 m sous terre. Une large verrière offrira un éclairage naturel aux passagers.

– En même temps, devrait arriver la prolongation du tramway parisien jusqu’à la porte Dauphine. Un franchissement de la Porte Maillot en surface a été décidé par les boulevards Gouvion Saint-Cyr et Amiral Bruix. Il pourrait voir le jour en 2021-2022.

– Sur le plan de circulation, Paris veut effacer le rond-point pour créer une voie centrale directe entre les avenues de la Grande Armée (XVIIe) et Charles de Gaulle (Neuilly). Une requalification qui libérera de l’espace côté Palais des Congrès. « Rien n’est encore acté. Mais il pourrait y avoir à l’horizon 2023 un hôtel, des bureaux et un restaurant panoramique », dévoile un responsable de l’opération. De l’autre côté, c’est le bois de Boulogne qui va gagner du terrain. « On ne peut que s’en réjouir », souligne la mairie du XVIe.

– Au-dessus du périphérique, deux grosses opérations urbaines ont aussi été engagées dans le cadre des projets urbains innovants « Réinventer Paris ». Les projets « Ville Multistrate » (un programme mixte de logements en accession, de logements sociaux, de bureaux, et d’une école horticole) et « 1 000 arbres » (127 logements, dont 30 % de logements sociaux, 27 000 m² de bureaux, un hôtel 4 étoiles de 250 chambres et un food court imaginé par Philippe Starck) vont ainsi renforcer la liaison avec Neuilly. Les permis de construire de ces réalisations privées n’ont pas encore été déposés. Mais leur finalisation est déjà envisagée vers 2021.

« L’idéal serait que tout soit terminé pour les JO de 2024 », rêve déjà Jean-Louis Missika. Pour les habitants, après ces années de chantier, on promet aussi un Itinéraires pour les piétons et les cyclistes… Une prolongation est en réflexion côté Neuilly sur l’avenue Charles-de-Gaulle. Brigitte Kuster aimerait, elle qu’on y réfléchisse sérieusement sur l’avenue de la Grande Armée.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/paris-75017/paris-le-grand-chamboulement-de-la-porte-maillot-est-lance-16-01-2017-6576342.php

 

Eric Le Mitouard

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 17/01/2017

Déficit de l’Etat : la bonne nouvelle de Bercy

Le déficit budgétaire de l’Etat s’est établi en 2016 à 69 milliards d’euros, soit une baisse de 1,5 milliard d’euros par rapport à celui de 2015.

Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes en matière budgétaire, Bercy n’allait pas se priver de s’en faire l’écho. En 2016, le déficit budgétaire de l’Etat s’est établi à 69 milliards d’euros, soit un recul de 1,5 milliard par rapport à celui de 2015, ont annoncé mardi 17 janvier le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert. Il atteint ainsi son niveau le plus bas depuis 2008. Au total, entre 2012 et 2016, le déficit de l’Etat a été ramené de 87,2 milliards à 69,9 milliards d’euros, soit une diminution de 17,3 milliards, après avoir atteint un pic de 148,8 milliards d’euros en 2010.

Ce résultat est d’autant plus notable qu’il est inférieur à celui prévu par la loi de finances initiale pour 2016, 72,3 milliards d’euros, et même à celui qui avait été corrigé lors de la loi de finances rectificative présentée en novembre, qui prévoyait un déficit de 69,9 milliards d’euros à la fin de l’année. « L’Etat a tenu son objectif de dépenses, les dépenses du budget général ont été maîtrisées », a tenu à souligner M. Sapin, répondant ainsi à tous ceux qui, dans l’opposition, ont régulièrement accusé François Hollande de « dépenser sans compter ».

« Il n’y a pas d’astuces »

Au printemps, la droite avait violemment dénoncé les « cadeaux électoraux non financés » annoncés par l’exécutif depuis le début de l’année 2016 : plan formation emploi, mesures de soutien aux agriculteurs, hausse du point d’indice des fonctionnaires, prolongation du dispositif de suramortissement des investissements pour les entreprises, mesures en faveur des jeunes. Pour un coût global évalué à 4 milliards d’euros. « Avec toutes ces dépenses supplémentaires, plus des baisses d’impôts, on risque d’avoir des comptes très dégradés », fustigeait alors le président (LR) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez.

Même la Cour des comptes s’était montrée sceptique sur la capacité du gouvernement à tenir ses objectifs, en raison de ces dépenses nouvelles. A la fin juin, les magistrats financiers jugeaient ainsi que « le respect de la norme de dépenses en valeur de l’Etat paraît d’ores et déjà compromis ». Ils évaluaient « entre 3,2 et 6,4 milliards d’euros » le risque de dépassement par rapport aux crédits ouverts en loi de finances. « Il est faux de dire que ce quinquennat aura été celui de l’explosion des dépenses et des déficits, s’insurge M. Eckert. Alors qu’on ne peut pas en dire autant du précédent. »

Le gouvernement a, en définitive, réalisé les économies sur lesquelles il s’était engagé, « et il n’y a pas d’astuces », souligne M. Sapin, comme s’il anticipait les observations de la Cour des comptes. Hors charge de la dette et pensions, les dépenses du budget général atteignent 294,8 milliards d’euros, en diminution de 2,8 milliards par rapport à 2015. Depuis 2012, à périmètre constant, les dépenses auront ainsi baissé de 6,3 milliards d’euros.

« Une vraie satisfaction »

Quant aux recettes de l’Etat (recettes fiscales, recettes non fiscales et comptes spéciaux), elles sont globalement en ligne avec le niveau prévu en loi de finances initiale, malgré un léger recul des recettes fiscales, principalement de l’impôt sur les sociétés. « En clair, on a absorbé les 40 milliards d’euros de baisses d’impôts prévus par le pacte de responsabilité, alors que c’est l’Etat qui porte la quasi-totalité des baisses fiscales et sociales, et il n’y a pas eu le dérapage que certains prévoyaient », se félicite M. Sapin. « Pour la troisième année d’affilée, on fait mieux que prévu, nous tenons nos engagements », appuie M. Eckert. Vrai, si l’on tient compte du fait que, à la fin de l’été 2014, le gouvernement avait considérablement revu à la baisse les objectifs de croissance et de déficit prévus en loi de finances initiale.

Ce premier résultat concernant le budget de l’Etat conforte l’objectif du gouvernement de ramener le déficit public à 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Celui-ci, qui agrège les comptes de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales, ne sera connu que le 24 mars. M. Sapin, cependant, se montre confiant. « Aussi bien pour la Sécurité sociale que pour les collectivités, on ne sera pas loin de l’équilibre, assure-t-il. C’est l’Etat qui concentre l’ensemble de l’enjeu de diminution du déficit. »

« Un résultat encourageant », « une vraie satisfaction », se félicitent les deux ministres. Encore convient-il de rappeler que, en 2015, l’excédent budgétaire de l’Etat en Allemagne s’est élevé à 12 milliards d’euros.

Patrick Roger

 

 

LE PARISIEN – 17/01/2017

« J’espère sortir de mon découvert »

C’est hier que les 5 millions de Français qui bénéficient cette année d’une baisse d’impôt sur le revenu ont pu — s’ils sont mensualisés — en mesurer l’effet concret sur leurs finances.

« Pour une fois qu’on est content en ouvrant le courrier des impôts ! » Robert, 73 ans, a été étonné hier matin de constater que le montant de son impôt sur le revenu pour 2017 avait baissé de près de 400 €. En effet, le retraité bénéficie, comme plus de 5 millions de Français, de la baisse d’impôt sur le revenu de 20% pour les ménages modestes annoncée, à la surprise générale, fin décembre par le gouvernement. D’un montant de 1 Md€, cette baisse « portera à 6 Mds€ le montant total des baisses d’impôt sur le revenu », a tenu à rappeler le ministère des Finances. Assez pour faire oublier les fortes hausses de la première moitié du quinquennat ?

Entre soulagement et scepticisme

Hier, au centre des finances publiques de Saint-Ouen (92), la plupart des contribuables qui attendaient au guichet n’avaient pas pris la mesure de ce « bonus » et encore plus rares étaient ceux à avoir utilisé le simulateur en ligne de Bercy pour savoir s’ils allaient en bénéficier. C’est le cas de Roselyne, qui porte la main à son coeur en apprenant la nouvelle. Son fils ayant quitté le foyer fiscal l’an dernier, cette adjointe technique de 48 ans se retrouve brutalement imposable cette année. Mais après un rapide calcul, Roselyne, qui déclare moins de 18 500 € de revenus annuels, réalise avec soulagement qu’elle fait bien partie des bénéficiaires de la baisse d’impôt. « Peut-être que ces 200 € gagnés vont m’aider. J’espère sortir du découvert qui me poursuit depuis des années », confie-t-elle. Pour d’autres, comme Fatima, en recherche d’emploi, la nouvelle est accueillie avec un enthousiasme mitigé. « C’est le serpent qui se mord la queue », soupire cette mère de deux enfants, qui bénéficie avec son mari de trois parts fiscales. « La taxe d’habitation a tellement augmenté par ailleurs… »

Enfin, certains, comme Matthieu, 30 ans, sont pessimistes : même si ce père de deux enfants bénéficiera d’un avis d’imposition allégé, il n’y voit pas pour autant une hausse de son niveau de vie. « Ce que je paierai en moins en impôt sur le revenu, je sais que l’Etat le prélèvera d’une autre manière », déclare-t-il, méfiant. « Pas sur ma feuille d’impôts, mais avec la TVA quand je ferai mes courses. »

Constance Lasserre

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 17/01/2017

Airbnb : des professionnels du tourisme et de l’immobilier vont porter plainte

 

Le modèle Airbnb est attaqué par les lobbys immobiliers et hôteliers français.

 

Des professionnels des secteurs de l’hôtellerie et de l’immobilier vont porter plainte pour que les plateformes de locations saisonnières, de type Airbnb, respectent le même cadre réglementaire.

La bataille engagée entre les plateformes de l’économie dite « collaborative », dont l’une des plus connues est Airbnb, et les secteurs matures de l’économie, vit un nouvel épisode. Plusieurs lobbys hôteliers (AhTop, GNI-Synhorcat) et immobiliers (Fnaim, SNPI et Unis) vont déposer plainte au parquet de Paris, avec constitution de partie civile, rapporte le journal du dimanche (JDD). La plainte porte notamment sur la violation par des plateformes de type Airbnb ou Le Bon Coin de la loi Hoguet, qui structure l’activité immobilière, car elles jouent un rôle d’intermédiaire entre loueurs et locataires sans pour autant détenir de carte professionnelle, ni tenir un registre des transactions et de leurs mandats.

Distorsion de concurrence

Concernant l’activité hôtelière, la plainte vise l’absence d’immatriculation obligatoire sur ces plateformes, qui constitue une infraction au code du tourisme. Le JDD rapporte aussi que plusieurs plateformes violeraient les règles sur les services de paiement en collectant des fonds sans avoir obtenu un agrément auprès d’une autorité compétente. Enfin, les plateformes méconnaîtraient les règles applicables aux activités d’assurance car elles offrent des garanties aux loueurs.

« Le parquet a saisi le Service national d’enquête qui a réuni beaucoup de preuves. Aujourd’hui, nous allons (…) demander que soit nommé un juge d’instruction à même d’engager des poursuites », détaille au JDD Me Guillaume Navarro, du cabinet Gide Loyrette Niel. Bref, les fédérations de professionnels s’insurgent contre le fait que les plateformes et leurs utilisateurs s’improvisent professionnels de l’hôtellerie ou de l’immobilier, sans être soumis aux mêmes réglementations sectorielles. Ce qui peut créer des distorsions de concurrence.

Un problème en matière d’accès au logement

Par ailleurs, au-delà des préoccupations des lobbys immobilier et hôtelier, l’activité exponentielle des plateformes de locations de courte durée pose un problème en matière d’accès au logement dans les centres urbains. En effet, pour un bailleur, louer sur une courte durée à des touristes peut être beaucoup plus rentable que de louer sur le long terme à un résident local. Dans les quartiers les plus prisés, le risque de voir des « villes musées » se former est grand. L’une des principales préoccupations des grandes villes internationales reste en effet la « colonisation » de leurs quartiers par Airbnb et ses concurrents. Les politiques tentent donc progressivement d’instaurer un cadre réglementaire pour éviter qu’Airbnb dissimule des activités professionnelles sur son site.

Enjeux majeurs en matière de tourisme

Après New-York, San Francisco, Berlin, Barcelone, Londres vient à son tour de négocier avec Airbnb pour qu’elle applique strictement, à partir du printemps 2017, une limite de 90 jours par an à la durée de location des logements par ses membres. De même, à Amsterdam, Airbnb va rendre impossible la location d’un appartement pendant plus de 60 jours par an. En France, la loi limite ce délai à 120 jours. On y est donc beaucoup moins coercitif qu’ailleurs. Mais il faut dire qu’en parallèle, les enjeux pour le secteur du tourisme, durement affecté par les attentats, sont majeurs. De 85 millions de visiteurs en 2015, l’objectif du gouvernement est d’atteindre 100 millions de touristes en 2020. Et il semble qu’il soit difficilement atteignable sans un coup de pouce des plateformes de locations saisonnières…

Mathias Thépot  

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Les banques se préparent au big bang de la loi Macron

 

Les banques traditionnelles ne sous-estiment pas la menace et entendent muscler leurs services pour profiter d’un « effet loi Macron ».

A partir du 6 février, la loi Macron va faciliter le transfert de compte d’une banque à une autre. La mobilité pourrait s’opérer au détriment des banques traditionnelles.

« La loi Macron est une excellente opportunité pour nous. Pas seulement pour faire « un coup » en 2017, mais pour un travail de long terme avec nos clients », reconnaît sans ambages le président du conseil de surveillance d’AXA Banque, Amaury de Warenghien. Si bien que la banque directe d’AXA a choisi de relancer son offre et de revoir ses tarifs à la baisse, en se calant sur le calendrier de l’entrée en vigueur des dispositions Macron sur la mobilité bancaire (lire ci-dessous). Même stratégie chez Boursorama, la filiale de Société Générale, qui entend muscler ses services pour profiter d’un « effet loi Macron », avec des initiatives en direction des jeunes et de nouveaux partenariats .

« Insatisfaction massive »

Si aucun acteur ne mise sur un raz de marée, toutes les banques en ligne ou banques mobiles estiment qu’elles ont une carte à jouer. « On s’attend à une acquisition clients beaucoup plus importante, avec la disparition de l’idée lancinante que changer de banque, c’est compliqué », estime Marie Cheval, la PDG de Boursorama. « Les grandes banques de détail historiques, hormis les mutualistes, perdent déjà des clients, et certaines rapidement, note Amaury de Warenghien. est d’ailleurs terrible : il mesure la différence entre les clients promoteurs et les détracteurs d’une banque, et il traduit une insatisfaction massive en France. »

Les premières enquêtes d’opinion qui circulent dans le secteur montreraient en effet que la prise en charge de toutes les démarches liées au changement de banque aura un effet moteur sur la mobilité bancaire et que les banques en ligne tireraient bien leur épingle du jeu.

Dans les banques traditionnelles, on ne sous-estime pas la menace. « La loi Macron est du pain bénit pour tous les nouveaux entrants, les banques en ligne mais aussi Orange Bank. Face à leurs offres commerciales agressives, nous devrons mettre en avant la complétude de nos services et notre accompagnement durable », estime le patron d’un réseau de banque de détail français.

Conserver voire gagner des parts de marché

Tous les réseaux sont décidés à se battre pour conserver ou même gagner des parts de marché, quitte à jouer ponctuellement sur les prix . « Ce sera une opportunité pour nous de renforcer les liens avec nos clients et d’en conquérir de nouveaux, assure Raphaèle Leroy, responsable des relations consommateurs de la banque de détail France chez BNP Paribas. Nous allons d’ailleurs lancer une offre de bienvenue pendant trois mois pour que les prospects puissent nous tester : nos services de banque au quotidien seront gratuits pendant un an pour ceux qui nous confieront un mandat de mobilité. Nous avons nos atouts, la fusion du digital avec l’humain et l’expertise : nous sommes sereins. »

De son côté, Société Générale a rénové son service d’aide à la mobilité bancaire, Bienvenue, et compte le mettre en avant auprès de ses clients pour profiter de la dynamique. « Aujourd’hui 60.000 clients utilisent notre service d’aide à la mobilité bancaire chaque année, demain grâce à l’impulsion de la loi Macron, ils pourraient être 80.000 voire 90.000 », estime Stéphane Lecoq, chef de produit chez Société Générale.

Renouer avec la clientèle

Pour La Banque Postale, l’entrée en vigueur de la loi Macron représente l’opportunité de renouer avec ses clients peu actifs. La filiale de La Poste ne dénombre que 10,7 millions de clients qui se servent au quotidien de leur compte bancaire sur un total de 24 millions. La banque veut mettre à profit les prochains mois pour étendre cette part. Le nouveau Service d’Accueil Plus, dédié à la mobilité bancaire, sera chargé de recontacter les clients peu actifs pour leur proposer la signature de mandats pour transférer leurs virements ou prélèvements mensuels à La Banque Postale… La bataille promet d’être intense.

Veronique Chocron et Sharon Wajsbrot

 

 

LE FIGARO – 17/01/2017

EDF se mobilise pour affronter la vague de froid

VIDÉO – Les infrastructures de réseau électrique national sont soumises à rude épreuve. Le pic de consommation d’électricité est prévu jeudi.

Depuis plusieurs jours déjà, les opérateurs électriques ont le regard rivé sur les prévisions météo. Cette semaine, le pic de la vague de froid est désormais attendu pour jeudi, avec des températures inférieures de 6 à 8° par rapport aux normales saisonnières.

D’ores et déjà, les infrastructures de réseau sont soumises à rude épreuve. Mardi, Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF qui gère les lignes à haute tension et veille à l’équilibre entre l’offre et la demande, prévoit une pointe de consommation à 94.000 mégawatts (MW). C’est une augmentation de 5000 MW par rapport à lundi. Pour jeudi, cette pointe pourrait atteindre 96.200 MW. Le durcissement du climat est donc patent, même si le record de l’hiver 2012 – 102.000 MW – n’est pas encore dans la ligne de mire.

Dans cette période, la moindre variation compte: lundi, François Brottes, président du directoire de RTE, a rappelé qu’une différence d’un degré Celsius entraîne une consommation supplémentaire de 2 400 MW de plus, soit l’équivalent de la capacité de production de 2,5  réacteurs nucléaires. C’est aussi l’équivalent de la consommation de villes comme Lyon et Marseille.

Pour faire face à cette intensité de la demande, le parc de production d’EDF tourne au maximum de ses capacités. Le raccordement d’un réacteur nucléaire supplémentaire est prévu mardi, de telle sorte qu’il y en aura 5 à l’arrêt sur 58. À la fin de l’année dernière, ce sont une vingtaine de réacteurs qui étaient à l’arrêt, soit pour des opérations de maintenance traditionnelle, soit pour des tests de résistance de certains matériaux réalisés à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces jours-ci, le taux de disponibilité des installations nucléaires devrait être de 91 %, suffisant pour affronter la vague de froid. Avant le week-end, il n’était encore que de 87 %. EDF n’en mobilise pas moins ses centrales thermiques pour sécuriser au maximum l’alimentation électrique des Français.

Riposte graduée

Le recours aux importations de courant électrique offre une marge de manœuvre supplémentaire face au grand froid. La semaine dernière, les volumes ont grimpé jusqu’à 7000 MW journaliers, sachant que les capacités d’interconnexions avec les pays voisins producteurs d’électricité s’élèvent à 12.200 MW.

Enfin, si les circonstances l’exigent, RTE pourrait décider mardi de mettre en application son programme de riposte graduée face à la baisse des températures. L’arrêt de 21 sites industriels de grande envergure constitue la première étape, avant une baisse de 5 % de la tension du réseau puis le délestage de zones ciblées. En même temps, les alertes pourraient se multiplier à l’intention de la population, notamment par SMS avec l’application sur téléphone mobile éCO2mix. En attendant, les pouvoirs publics rappellent un message simple: de petits gestes – comme débrancher des appareils en veille – contribuent à réduire de manière sensible la consommation d’électricité.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/societes/2017/01/16/20005-20170116ARTFIG00313-edf-se-mobilise-pour-affronter-la-vague-de-froid.php

 

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIETE

LE PARISEN – 17/01/2017

Recensement : à quoi ça sert ?

C’est aujourd’hui que le recensement est lancé. Dès jeudi, les agents seront sur le terrain à votre rencontre. Sachez qu’il est obligatoire d’y répondre mais c’est aussi possible par le Web.

Mais pourquoi cette personne me demande si j’ai une salle de bains chez moi ? « Cette personne » qui s’est présentée à vous, munie d’une carte officielle estampillée « République française », est en train de vous recenser. Objectif en bout de course ? Réactualiser la population officielle de chaque commune. Vous avez d’ailleurs dû recevoir un courrier vous prévenant que le recensement, dont la collecte 2017 sera présentée aujourd’hui à Paris par l’Insee et qui démarre sur le terrain jeudi, fera une étape à votre domicile. Mais à quoi ça sert concrètement ? Sachez que, grâce à toutes nos réponses, sur nous et nos habitations, la photographie de la population française qui va en sortir permettra de réaliser de grands comme de petits projets.

Premier point, des résultats du recensement découle la participation de l’Etat au budget des communes (c’est la dotation globale de fonctionnement) : ainsi plus une commune est peuplée, plus cette participation est importante. Par ailleurs, savoir combien nous sommes permet aux élus locaux de prévoir des équipements collectifs nécessaires aux administrés (écoles, hôpitaux, pharmacies…), de cibler les besoins en logements, ou encore de déterminer les moyens de transport à développer sur le territoire.

Enfin, la vie locale ne serait pas tout à fait la même sans ces résultats. Du nombre d’habitants dépend, en effet, le nombre d’élus au conseil municipal, ainsi que la détermination du mode de scrutin.

Un magasin de jeux vidéo s’installe sur la commune ainsi qu’une association d’aide aux devoirs ? Le recensement a très certainement montré un nombre important de familles qui se sont installées, et donc un nombre d’enfants qui a explosé… Les données statistiques sont en effet disponibles gratuitement. Facile pour une entreprise, ou un commerce, de connaître le profil de sa clientèle potentielle, « mais aussi la possibilité de main-d’oeuvre résidant dans la zone où elles envisagent de s’implanter », explique l’Insee. Forte présence de familles monoparentales ? De personnes âgées ? Le raisonnement est le même pour une association qui analyse les besoins des habitants.

Mieux comprendre l’évolution de la société

Comme au niveau local, les pouvoirs publics utilisent le recensement pour mieux comprendre l’évolution de la société et adapter, en fonction, la prise de décision. Quelles sont les régions les plus attractives ? Où sont les emplois plus ou moins qualifiés ? Ces résultats permettent également de se comparer à nos camarades européens. Plein de bonnes raisons qui font que nos réponses sont obligatoires, selon la loi du 7 juin 1951. Elle prévoit d’ailleurs une amende en cas de refus. Toutefois, si vous ne souhaitez pas remettre vos questionnaires à l’agent recenseur, vous pouvez les transmettre directement à la direction régionale de l’Insee. Par ailleurs, depuis 2012, il est possible d’y répondre par Internet (sur le site www.le-recensement-et-moi.fr).

Christine Mateus

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 17/01/2017

Myriam El Khomri : «Etre de gauche, c’est avancer et donc refuser le statu quo»

 

Myriam El Khomri, la ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

INTERVIEW – La ministre du Travail dénonce les caricatures dont sa loi fait l’objet, selon elle, dans les débats de la primaire socialiste. Elle assure que le CPA est financé pour les prochaines années.

Comment la gauche peut se réconcilier après la primaire sachant que la loi Travail est une ligne de fracture forte ?

L’enjeu est de désigner le candidat de gauche pour l’élection présidentielle, ce qui sera aussi une manière de clarifier la ligne et de dépasser les clivages actuels. Il faut donc se concentrer sur les propositions. J’ai beaucoup milité pour mettre en place le compte personnel d’activité , la Garantie jeunes, le droit à la déconnexion … Je ne comprends pas comment on peut vouloir abroger ces mesures.

Etre de gauche, c’est aussi assumer un débat plus rigoureux sur la réalité de cette loi. Entre les lubies ultralibérales de la droite et le statu quo, il fallait voir comment prendre en compte les mutations du monde du travail. Etre de gauche, c’est être en capacité d’avancer, et donc refuser ce statu quo. Cette loi donne plus de moyens aux syndicats, plus de droits aux salariés et plus de visibilité aux entreprises. Elle est un vrai point d’équilibre. Je suis d’ailleurs convaincue qu’une fois mise en oeuvre concrètement, le regard sur cette loi changera.

Pensez-vous que les débats seront suffisants pour faire de la primaire un succès ?

C’est tout l’enjeu. On n’a pas le choix car on a 15 jours pour créer une dynamique de victoire, notamment grâce aux débats. Les deux premiers ont été de bonne tenue, avec du contenu, des lignes politiques et des propositions claires.

Le candidat issu de la primaire pourra-t-il contrer la dynamique d’Emmanuel Macron ?

Il est évident qu’il y a un intérêt pour En Marche, et pour la personne d’Emmanuel Macron , pour qui j’ai toujours eu de l’estime. Mais il y a une gauche et une droite dans ce pays, on ne peut pas nier ce clivage. Le rassemblement de la gauche est donc indispensable si on veut éviter le duel entre François Fillon et Marine Le Pen, entre la droite extrême et l’extrême droite. Je le répète, l’enjeu est donc de réussir la primaire de la gauche, et la mobilisation sera la clé.

Pensez-vous que Manuel Valls, que vous soutenez, est en mesure d’incarner ce point d’équilibre ?

Oui. Nous avons été dans un quinquennat de redressement. Manuel Valls a une cohérence dans ce cadre, une modernité, car il a fallu adapter le dialogue social dans notre pays. Et tout, dans le projet qu’il porte aujourd’hui, traduit cette volonté de compromis que je crois nécessaire.

La loi travail est-elle responsable du plan social à la « Voix du Nord », comme l’a dit Benoît Hamon ?

Autant que lui, je suis préoccupée par la situation des salariés de la « Voix du Nord » . Mais la loi travail n’a en aucun cas rendu plus facile ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ! Le motif sur lequel il se fonde, la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise, est un motif qui existait et était reconnu comme valable par la jurisprudence bien avant la loi Travail ! Je démens en outre que le ministère du travail, via la Direccte, aurait été saisi d’un PSE à l’été. La réalité est qu’elle ne change rien aux plans de sauvegarde de l’emploi : il y en avait avant, il y a en aura après, malheureusement. Nous n’avons fait que codifier une jurisprudence de la Cour de cassation de 1995, qui est constante en la matière.

L’un des reproches faits à la loi Tavail est de revenir sur une réforme emblématique pour la gauche qui est celle des 35 heures. On vous reproche d’avoir fait sauter ce verrou…

Je suis fière de la grande réforme des 35 heures et la loi Travail n’a pas touché aux 35 heures ! La durée légale du travail à 35 heures demeure garantie par la loi et aucun accord d’entreprise ni accord de branche n’a le pouvoir de la remettre en cause. Ce que la loi Travail a permis, c’est que des représentants dans l’entreprise, de la direction et des organisations syndicales négocient sur l’organisation concrète du temps de travail. Nous avons essayé de concilier les justes niveaux d’adaptation et de régulation dans un système où la durée légale de 35 heures reste l’élément central, alors que le projet de François Fillon ouvre la voie au dumping social.

Aujourd’hui avec la loi Travail comme hier avant l’entrée en vigueur de la loi Travail, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires est à 35 heures et aucune entreprise ne peut supprimer la majoration des heures supplémentaires, qui doit être au minimum de 10%. Avec le projet de François Fillon, tout cela disparaîtrait.

Avec-vous des regrets sur la loi Travail ?

Sur la méthode forcément. Le contexte était complexe : le débat sur la déchéance de nationalité a marqué l’électorat de gauche, 95 % de la loi a été concerté, excepté l’article sur le licenciement économique qui a été arbitré trop tardivement. Sur le fond, nous avons intégré 800 amendements parlementaires, malgré le 49.3. Beaucoup de choses ont été caricaturées, beaucoup ont été mal expliquées. C’est pour cela que je me suis appliquée à l’élaboration des décrets pour que la loi devienne vite réalité ; 80 % des décrets d’application ont déjà été publiés.

Au-delà, pour ce qui ressort de la démocratie sociale, pour ce qui concourt à donner plus de responsabilités aux acteurs de terrain, à mettre plus de démocratie dans l’entreprise, je n’ai aucun regret, au contraire, je revendique ce contenu. Le CPA et le droit à la déconnexion sont des premières, regardées comme telles dans le monde entier.

L’Institut Montaigne affirme que le CPA est mort-né parce que sous-financé…

Le CPA constitue une vraie avancée en instaurant un droit universel à la formation, pour tous tout au long de la vie. Contrairement à ce que dit l’Institut Montaigne, présidé par un proche de François Fillon, les ressources affectées au CPA suffisent à financer les droits nouveaux issus de la « loi Travail » dans les prochaines années. A plus long terme, le doublement des droits des salariés les moins qualifiés, impliquera de dégager 400 millions d’euros supplémentaires, mais c’est tout à fait à notre portée sur les 32 milliards d’euros de la formation professionnelle.

L’Institut avait été sollicité lors du débat public début 2016, tout comme la fondation Jean-Jaurès et Terra Nova. Il n’avait pas donné suite et semble se réveiller deux jours avant le lancement du CPA… Pour autant, toutes les propositions sont les bienvenues : le CPA est un objet évolutif.

Combien de comptes personnels de formation ont été ouverts ?

A ce jour, 3,8 millions de CPF ont été ouverts qui ont donné lieu à 727.000 formations financées et validées, dont 496.000 de la part de demandeurs d’emploi. Les débuts ont été un peu lents, mais maintenant le CPF accélère.

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, estime que les politiques sont très éloignés du monde professionnel parce qu’ils n’ont jamais… travaillé !

Je m’inscris en faux. C’est un discours trop simpliste. Prenons mon cas parce qu’on m’a fait ce procès à quelques reprises. J’ai travaillé dès l’âge de 16 ans, avec mon père qui était commerçant puis 20 heures par semaine après mon Bac, que j’ai obtenu à 17 ans. J’ai été étudiante salariée, boursière. Ensuite, une fois mon Bac+5 en poche, j’ai travaillé pendant sept ans à la mairie du 18ème arrondissement sur les questions de sécurité.

Où en est le plan 500.000 formations de chômeurs supplémentaires ? Quelle est sa contribution à la baisse du chômage ?

Ce plan, lancé par le président de la République il y a un an, est une vraie révolution quantitative et qualitative, pour former plus et mieux, c’est-à-dire aux métiers en tension et aux métiers d’avenir. Au 12 janvier, nous en sommes à 1,083 million d’entrées en formation. L’objectif quantitatif que certains jugeaient inaccessibles a été atteint.

Nous avons installé un comité scientifique chargé de mesurer l’efficacité du plan qui rendra son évaluation en mai car l’un des critères que nous avons fixé porte sur la situation du demandeur d’emploi six mois après sa sortie de formation.

Gregoire Poussielgue, Leïla de Comarmond et Alain Ruello

 

 

L’OPINION – 17/01/2017

Au Medef, l’invitation de Marine Le Pen par Pierre Gattaz provoque des remous

La présidente du Front national répondra par l’affirmative à la proposition du président du Medef de venir présenter son programme – une nouvelle doctrine qui divise l’organisation patronale

Lundi 16 janvier, le Medef tenait son conseil exécutif. A l’ordre du jour : le passage en revue des principales « doctrines » des programmes des principaux candidats, comme le travail indépendant, le contrat de travail, etc. Le sujet du FN n’était pas formellement noté. Aussi la question de recevoir Marine Le Pen au même titre que les autres candidats n’a-t-elle pas fait l’objet d’une franche discussion. Pourtant, en coulisses, des adhérents importants sont gênés par la position de Pierre Gattaz d’inviter la candidate.

Marine Le Pen ne boudera pas ce plaisir. La présidente du Front national répondra par la positive à l’invitation du Medef. La date de la rencontre n’est pas encore fixée, mais elle devrait tomber fin février ou début mars. « Quand les primaires seront terminées, nous avons prévu de recevoir tous les candidats », assure l’entourage de Pierre Gattaz. Une décision qui marque un changement. Jusqu’à présent, le Medef, tout en répétant qu’il n’est ni à droite ni à gauche, cultivait une vraie distance avec l’extrême droite. Aujourd’hui, plus question d’exclure un parti dont Pierre Gattaz critique pourtant vigoureusement le programme économique, « ni tourné vers l’avenir, ni tourné vers la compétitivité et pas économiquement responsable. »

En septembre 2011, Laurence Parisot, ex-patronne du Medef, s’était illustrée en écrivant un livre intitulé Un piège bleu Marine. L’ouvrage décortiquait les discours et déclarations de la présidente du Front national, avec un objectif clair et assumé : démontrer que Marine Le Pen, dans la lignée de son père, appartenait à un parti à caractère xénophobe, antisémite et raciste. A l’époque, la parution avait fait jaser au sein du patronat, plusieurs adhérents estimant qu’en tant qu’organisation patronale, le Medef n’avait pas à être partisan, et à interférer de cette manière dans le débat.

Aujourd’hui encore, Laurence Parisot est montée au créneau, par presse interposée, pour critiquer la position de son successeur : « Pierre Gattaz a évoqué le fait que j’aurais boycotté Marine Le Pen… Je ne l’ai pas boycottée, je l’ai dénoncée », estime celle qui juge impensable de traiter la présidente du FN comme n’importe quel candidat.

Aberrations économiques. « Pierre Gattaz a raison, car la tactique du refus de l’échange avec le FN sous des prétextes idéologiques ou dogmatiques est totalement dépassée », assure un poids lourd du Medef. Et un autre de poursuivre : « Stratégiquement, il est bien plus productif d’attaquer Madame Le Pen sur ses aberrations économiques, que de l’exclure. C’est fini le temps où le Medef prenait position sur des thématiques sociétales. Nous n’avons aucune légitimité pour le faire, notre champ, c’est l’économique, le social. »

Tous au Medef ne sont pourtant pas aussi à l’aise avec ce nouveau positionnement. « Le débat mérite d’être posé », reconnaît un membre du conseil exécutif, embarrassé. Pourtant, lundi, aucun n’a vraiment avancé le sujet sur le fond. Seule la question de la forme a été abordée : recevoir les candidats sur une journée ou un par semaine, les inviter avant ou après la validation du Conseil constitutionnel, présence ou non de la presse.

Mais la gêne envahit les fédérations qui composent le Medef. La tradition veut que, pendant la campagne, les plus grandes fédérations (industrie, santé, assurance, numérique…) portent leurs propositions aux différents candidats, via des livres blancs ou des rencontres. Des formats plus discrets justement pour mieux composer avec les extrêmes, et notamment avec le FN. Le président d’une importante fédération des services, qui tient à l’anonymat, explique bien le distinguo : « Nous ne pouvons pas faire comme si Madame Le Pen n’existait pas, mais de là à l’inviter à débattre en grande pompe avec nos principaux membres, non, la symbolique est là. En revanche, si les équipes du FN nous sollicitent sur des points techniques, il n’y aura pas de problème, nous leur répondrons. »

D’autres, qui refusent aussi de s’exprimer à visage découvert, trouvent une façon de biaiser, en faisant la différence entre les élections législatives et le niveau national. « Nous sommes opportunistes, nous rencontrerons les postulants à l’Assemblée nationale car c’est l’occasion de faire passer nos idées, mais nous n’avons pas prévu d’échanger avec Marine Le Pen, directement », assure un représentant d’une grande fédération, mal à l’aise. Et que fera par exemple le Syntec, où la présidente Viviane Chaine-Ribeiro revendique sa proximité avec François Fillon ? Comme la dirigeante répète à l’envi que « le jour où le FN passe, elle quittera la France », il y a fort à parier que les échanges s’en tiendront aux grandes forces politiques traditionnelles… en excluant les extrêmes.

Pressions territoriales. Si Pierre Gattaz se montre plus ouvert à cette dernière option, c’est aussi sous la pression des Medef territoriaux. En 2015, plusieurs de ces instances locales ont reçu des candidats FN dans le cadre des régionales. Le Medef Ile-de-France a ainsi invité tous les candidats à débattre avec des chefs d’entreprise : Wallerand de Saint-Just avait été convié au même titre que Claude Bartolone ou Valérie Pécresse… C’est aussi, assurent les mauvaises langues, parce que les concurrents, comme la CPME, traitent le FN comme les autres partis.

De la même façon, Jean-Luc Mélenchon et les représentants de l’extrême gauche devraient être reçus au Medef dans le cadre de ces consultations. Preuve qu’il est loin le temps (1981), où François Ceyrac, le président du CNPF de l’époque, avait appelé entre les deux tours de la présidentielle à ne pas voter pour François Mitterrand, au motif que le programme économique du socialiste – qui ne cachait pas sa proximité avec les communistes – n’était pas tenable. En attendant, avenue Bosquet, il se dit que si Marine Le Pen (comme Jean-Luc Mélenchon) refusait l’invitation, cela serait un soulagement…

Fanny Guinochet

 

 

L’OPINION – 17/01/2017

Le drôle de jeu de François Hollande

Le chef de l’Etat renoue déjà avec la politique. Il entend préserver son destin et peser sur l’élection présidentielle. Objectif : rassembler la gauche, de Macron au vainqueur de la primaire

De plus en plus de proches de François Hollande prennent position pour Emmanuel Macron. Le Président a, de son côté, snobé le deuxième débat de la primaire. Il attend le deuxième tour, avant d’intervenir dans l’élection présidentielle.

Jusqu’au bout de son quinquennat, François Hollande aura gardé le don de plonger sa famille politique dans des abîmes de perplexité, voire d’incompréhension. Comment comprendre, lorsqu’on est militant socialiste, ou pire, candidat à la primaire de la gauche, et que l’on cherche à mobiliser les Français autour d’un scrutin dont le taux de participation sera décisif pour la suite, que le Président préfère s’afficher au théâtre dimanche soir, au lieu de suivre le deuxième débat à la télévision ? Quel sens donner à ce détachement ostensible ? D’ailleurs, faut-il lui donner une signification politique, ou simplement y voir un acte manqué, relevant de la psychanalyse ? « Comme toujours avec Hollande, c’est tout et le contraire de tout, balaie un ministre bien incapable de répondre. Il nous a épuisés pendant cinq ans, je renonce à comprendre. »

« Ne pensez pas un seul instant que François Hollande ne suit pas cette élection primaire avec intérêt, et qu’il ne souhaite pas la victoire de celui qui peut représenter, celui qui a assumé, les responsabilités du pouvoir, qui assume le bilan et qui ouvre d’autres choix », assurait le candidat Manuel Valls sur RTL le 4 janvier. Démenti dix jours plus tard. Non seulement le soutien de François Hollande ne viendra pas (« Si Hollande veut garder des amis, il vaut mieux qu’il se taise ! », affirme un élu hollandais ne pardonnant pas à Manuel Valls d’avoir poussé le Président à renoncer), mais en plus, il a choisi de manifester son désintérêt pour la compétition entre ses anciens ministres. « Il a vraiment décidé de nous pourrir la primaire », enrageait lundi matin l’un des porte-parole de l’ancien chef du gouvernement.

Etats d’âme. C’est que François Hollande, depuis quelques jours, laisse transparaître ses états d’âme. En déplacement au Mali, samedi, il a confié ressentir, au terme de son mandat, « un goût d’inachevé qui aurait dû finalement justifier d’autres prétentions. » Le lendemain, son premier Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a vu François Hollande en tête-à-tête jeudi dernier, reconnaissait sur France 3 que le Président « regrette sans doute » sa décision de ne pas se représenter…

Son escapade dominicale démontre pourtant bien que François Hollande se remet à faire de la politique, après quelques semaines d’atonie. « Il est le seul à pouvoir rassembler la gauche, et il est clair qu’il n’a pas pris sa retraite », estime un fidèle

Faut-il voir dans ce geste la preuve que François Hollande, comme une grande majorité de Français, ne s’intéresse pas à l’exercice de la primaire ? Qu’il méprise ceux qui ont pu le critiquer tout au long de son quinquennat, voire le pousser à renoncer ? Et qui dimanche, ne l’ont cité que pour le remercier de n’être pas candidat ? Alors qu’il aurait, estime-t-il sans doute, fait beaucoup mieux qu’eux dans les débats… « Le Président n’est jamais dans l’aigreur, au pire dans l’indifférence », observe l’un de ses proches depuis des décennies. A l’Elysée, on souligne qu’il est « libre, et qu’il n’avait pas mis en scène » sa sortie au théâtre. Et surtout, qu’il a bien regardé le débat, de retour à l’Elysée…

Son escapade dominicale démontre pourtant bien que François Hollande se remet à faire de la politique, après quelques semaines d’atonie. L’Elysée bruisse des allées et venues de proches et de moins proches, qui ont retrouvé le chemin de son bureau. « Il est le seul à pouvoir rassembler la gauche, et il est clair qu’il n’a pas pris sa retraite », estime un fidèle. François Hollande recommence à songer à son avenir politique.

« François Hollande n’a pas été battu. Il laisse tout ouvert », assure-t-on rue de Solférino. Libre de se taire ou d’intervenir dans la campagne présidentielle après la primaire ? De soutenir son ex-Premier ministre Manuel Valls, qualifié de « Brutus » par ses proches, si celui-ci emporte la primaire ? De soutenir son fils spirituel Emmanuel Macron, sur lequel il s’est tellement trompé, si celui-ci représente une chance pour la gauche ? « Ce n’est pas un revanchard, glisse un hiérarque du PS. Il ne fait pas du Mitterrand ».

Libre. Aujourd’hui, il est clair que le Chef de l’Etat veut peser et ne pas rester silencieux, tel une ombre dans son château. « Il est libre, il n’est plus tenu par les jeux d’appareils, il n’a de compte à rendre à personne, assure l’un de ses conseillers. Mais il est attentif à ce qui est bon pour la gauche et pour la France, et se prononcera en février. » En disant ou en laissant dire, en tout cas en agissant aux vues du résultat de la primaire et des sondages qui vont se multiplier

D’autant qu’aujourd’hui, selon certains de ses proches, François Hollande estime que la présidentielle est « jouable », et que la gauche rassemblée pourrait l’emporter contre un François Fillon lui-même dans l’incapacité de rassembler toute la droite. Et surtout, François Hollande réfléchirait à la meilleure façon de préserver son bilan.

Il n’a échappé à personne que la plupart de ses proches en pincent pour Emmanuel Macron. Ses amis Jean-Pierre Mignard, parrain de deux de ses enfants, et Dominique Villemot, avocat, ont annoncé leur soutien à l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée. Ségolène Royal, son ex-compagne, multiplie les déclarations flatteuses pour le candidat En Marche ! Mais un soutien de l’ancien Premier secrétaire du PS à Emmanuel Macron, de préférence au candidat issu du Parti socialiste, est impensable pour de nombreux socialistes. « Il ne peut pas, affirme l’un de ces ministres qui n’ont pas pris position dans la primaire. Il souhaite forcément que Valls soit désigné, dans l’espoir qu’on sauve l’essentiel. » « Hollande se fout de tout, mais le seul truc auquel il reste attaché, c’est le PS », confirme un haut responsable du parti.

Paix des braves. A moins que François Hollande n’ait un autre scénario en tête. Il n’a pas échappé au Président que le vif enthousiasme autour d’Emmanuel Macron ne se traduit guère, pour l’instant, en intentions de vote sonnantes et trébuchantes. Le candidat progressiste plafonne autour de 20 % des intentions de vote. Si Manuel Valls sort vainqueur de la primaire, il gagnera quelques points, se rapprochant probablement de son ancien ministre. Une lutte au couteau s’engagera alors entre les deux hommes, surtout si la primaire est un succès en termes de participation. Le Président se voit-il en artisan de la paix des braves, vers lequel les socialistes se tourneront pour sauver la gauche écartelée ? Une nouvelle histoire commence après le 29 janvier, dans laquelle, comme le répète souvent Manuel Valls, « rien n’est écrit ».

Jean-Jérôme Bertolus et Nathalie Segaunes

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 17/01/2017

Theresa May : «Nous ne garderons pas un pied dans l’UE et un pied dehors»

VIDÉO – La première ministre britannique dévoile ce mardi ses objectifs pour le Brexit. Elle privilégie une séparation radicale de l’Europe, et la sortie de la Grande-Bretagne du marché unique.

Theresa May s’apprête à sortir de l’ambiguïté pour faire taire les débats sur le type de relation que la Grande-Bretagne ambitionne de conserver avec l’Union européenne après sa sortie. Elle va préciser qu’il ne s’agira «pas d’une appartenance partielle, associée ou quoi que ce soit qui nous laisse un pied dedans, un pied dehors», selon des extraits d’un discours prévu à Londres à la mi-journée, dont Le Figaro a pu prendre connaissance.

Une façon de signifier la sortie du marché unique européen et peut-être aussi de l’union douanière, sujets de vives controverses au Royaume-Uni et en Europe depuis le référendum de juin. Même si elle réfute l’expression, il s’agit bien d’un «hard Brexit», un Brexit dur. «Nous recherchons un partenariat nouveau équitable entre une Grande-Bretagne mondiale, indépendante, autonome et nos amis et alliés de l’UE», argumente Theresa May.

Chute de la livre

«Nous ne souhaitons pas adopter un modèle déjà existant pour d’autres pays», entend-elle préciser, pour écarter d’emblée toute solution à la norvégienne ou à la suisse. «Nous ne cherchons pas à conserver certains éléments de notre appartenance en partant.»

L’anticipation de ce discours a déjà fait chuter la livre sterling à son plus bas niveau depuis octobre sur les marchés des changes. La baisse risque de s’accentuer après la confirmation de ces intentions, signe d’inquiétude des milieux financiers sur les conséquences économiques de ce divorce.

Devant un parterre d’ambassadeurs de pays de l’Union européenne, Theresa May doit énumérer ses douze priorités et principes pour le Brexit. Entre autres, elle entend privilégier «certitude et clarté» – ce qui n’a pas beaucoup été le cas jusqu’à présent -, «une Grande-Bretagne plus forte», «plus juste», «vraiment mondiale». Elle promettra «de continuer à être des partenaires fiables, des alliés de bonne volonté et des amis proches». «Nous voulons continuer à acheter vos produits, vous vendre les nôtres, commercer avec vous le plus librement possible», doit-elle affirmer.

Chantage

Ces déclarations de bonnes intentions visent à dissiper les tensions déjà vives entres les Vingt-Sept et le gouvernement britannique, à qui ils ont reproché son apparente indécision à l’approche du coup d’envoi officiel des négociations de séparation, prévu fin mars. Cela n’a pas empêché l’entourage de la première ministre de confirmer, lundi, les propos tenus ce week-end par son chancelier de l’Échiquier, relevant d’un chantage envers l’UE. Le gouvernement britannique se dit «prêt» à dégainer l’arme fiscale pour faire du Royaume-Uni post-Brexit un paradis fiscal si «nous n’obtenons pas l’accord qui convient».

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/16/01003-20170116ARTFIG00388-theresa-may-nous-ne-garderons-pas-un-pied-dans-l-ue-et-un-pied-dehors.php

 

Florentin Collomp

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Trump attaque Merkel, qui appelle l’Europe à prendre son destin en main

Dans une interview, le futur président américain attaque la politique d’asile « catastrophique » de la chancelière.Après le vote en faveur du Brexit, qu’il salue, il dit s’attendre à ce que d’autres pays quittent l’Union européenne.

Angela Merkel a appelé les Européens à assumer leur destin après la publication d’une interview choc de Donald Trump, qui a suscité l’émoi en Allemagne et dans le reste de l’Europe. « Je pense que nous, les Européens, avons notre destin dans nos propres mains », a déclaré la chancelière allemande. A neuf mois des élections, son leadership européen n’a jamais été aussi ­contesté par un partenaire étranger.

Dans une interview de deux pages au q uotidien populaire allemand « Bild » et au journal conservateur britannique « Times » , le président élu américain a étrillé lundi sa politique d’asile « catastrophique » et menacé le constructeur automobile allemand BMW de sanctions (lire page 6). Surtout, il a alimenté les divisions de l’Union européenne (UE) en saluant le « Brexit » et en critiquant le rôle de l’Allemagne. « Regardez l’Union européenne, c’est l’Allemagne, a déclaré le milliardaire américain, qui prend ses fonctions vendredi. Au fond, l’UE est un moyen justifiant la fin pour l’Allemagne. C’est pourquoi j’ai trouvé cela si intelligent de la part de la Grande-Bretagne de sortir », a-t-il ajouté, tout en jugeant que « s’ils n’avaient pas été contraints d’accueillir tous ces réfugiés […] on n’en serait pas arrivé au Brexit ». Le successeur de Barack Obama en est convaincu : « D’autres pays vont sortir. »

De l’eau au moulin des partis populistes

En disant cela, Donald Trump apporte de l’eau au moulin des partis populistes européens, qui se réunissent samedi pour préparer les élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. « Je ne crois pas que des commentaires qui, en quelque sorte, valorisent la division de l’Union, y compris en prévoyant de futurs départs, soient le meilleur départ dans les relations euro-atlantiques avec le nouveau président », a réagi le commissaire européen, Pierre Moscovici. A quatre jours de son investiture, le président élu américain a également rappelé ses positions critiques vis-à-vis de l’Otan, qu’il juge « obsolète », ou des sanctions contre la Russie, que partagent également le Front national en France ou l’AfD en Allemagne.

Mais il a également profité de cette interview pour menacer l’industrie automobile allemande, une vache sacrée à Berlin, qu’il avait jusqu’ici épargnée, contrairement à leurs concurrentes japonaise ou américaine. « Je dirais à BMW : si vous voulez construire une usine au Mexique sans payer de droits de douane de 35 %, vous pouvez oublie. Ce que je veux dire, c’est qu’ils devront construire leur usine aux Etats-Unis », a déclaré Donald Trump, se plaignant de voir autant de Mercedes sur la 5e Avenue à New York et peu de Chevrolet en Allemagne.

Dans l’attente de mesures concrètes

Angela Merkel, qui préside cette année le G20 et aimerait apparemment rencontrer le nouveau président américain avant le sommet de juillet, a, certes, réagi avec retenue, préférant attendre les mesures ­concrètes de Donald Trump. Ses ministres n’ont pas fait preuve de timidité. « Les Etats-Unis n’ont qu’à construire de meilleures voitures », a déclaré à « Bild » le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, tout en appelant les Européens à montrer de « l’assurance ». « Qui veut la croissance – et je pars du principe que cette administration y sera en faveur – doit être en faveur des marchés ouverts », a déclaré le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, au « Wall Street Journal ». Bref, tout en sortant ses muscles, le gouvernement allemand espère que Donald Trump reviendra à la raison. Ou qu’il sera rattrapé par la réalité, à savoir les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMT), censées limiter les barrières douanières, et la résistance politique. « Je suis sûr que les positions de Donald Trump sur l’Otan ou la politique étrangère ne trouveront pas de majorité au ­Congrès et que sa politique commerciale se heurtera à des résistances, même si l’opinion publique est en partie de son côté, juge Norbert Röttgen, député chrétien-démocrate (CDU) et chef de la commission des Affaires étrangères du Bundestag. Mais nous avons de plus en plus de raisons de prendre Donald Trump au mot ». « Nous avions déjà des différends avec l’administration Obama, y compris sur la politique économique, ajoute Josef Braml, expert des relations transatlantiques à l’Institut allemand de politique étrangère DGAP. Nous devons nous attendre au pire avec Trump. »

Les cibles et dossiers du futur président des Etats-Unis

Dans deux interviews à « Bild » et au « Times » de Londres, Donald Trump s’est montré très anti-européen. Verbatim.

Le Brexit

« Je vais vous dire, le fait que votre livre sterling tombe ? Génial ! Parce que les affaires sont formidables dans beaucoup d’endroits au Royaume-Uni. Je pense que le Brexit va finir par être quelque chose de grand. »

L’Europe

« S’ils n’avaient pas été forcés de prendre tous ces réfugiés, avec tous les problèmes que cela amène, il n’y aurait pas eu de Brexit. C’est la dernière goutte qui a fait déborder le vase. Je crois que d’autres pays vont suivre. Ca ne va pas être aussi facile de garder l’Europe que l’on croit. Et si les réfugiés continuent d’arriver à différents endroits en Europe, cela sera très difficile parce que les gens seront en colère. »

L’Union européenne

« Vous regardez l’Union européenne et vous voyez l’Allemagne. C’est en fait un instrument pour l’Allemagne. C’est pourquoi je pense que le Royaume-Uni est tellement malin de vouloir en sortir. »

La Syrie

« Nous aurions dû créer des zones de sécurité en Syrie. […] Cela aurait coûté moins cher. Et les Etats du Golfe auraient dû payer, parce que, après tout, ils ont plus d’argent que quiconque. »

L’Otan

« J’ai dit il y a longtemps que l’Otan avait des problèmes. Le premier est qu’il est obsolète, parce qu’il a été conçu il y a de nombreuses années. Deuxièmement, les pays ne paient pas ce qu’ils doivent. Et, enfin, l’Otan ne règle pas la question du terrorisme. On m’a incendié quand j’ai dit ça la première fois, et maintenant, on commence à dire que j’ai raison. »

L’Iran

« C’est l’un des deals les plus stupides que j’ai jamais vus. Où l’on rend 150 milliards à un pays, où on lui donne 1,7 milliard de dollars en liquide. »

La Russie

« Ils ont mis des sanctions sur la Russie, voyons voir si nous pouvons faire de bonnes affaires avec la Russie. Déjà, je pense qu’on devrait réduire les armes nucléaires de façon substantielle. La Russie souffre des sanctions, mais je pense que quelque chose peut arriver et que beaucoup de monde en profitera. »

Poutine et Merkel

« Je vais commencer par leur faire confiance, mais on verra combien de temps cela dure. Cela ne durera peut-être pas longtemps du tout. »

Twitter

« Ce qui est intéressant avec Twitter, c’est qu’il faut être très précis. Quand je dis quelque chose en public ou à des journaux, et que ça n’est pas reproduit avec précision, ça n’est vraiment pas bien. On ne peut pas faire grand-chose contre. Quand on tweete – et je suis prudent -, c’est exact, très exact, et ça fait du « Breaking News ». »

Thibaut Madelin

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du vendredi 13 janvier 2017

2017-06-05T10:33:44+02:00Mots-clés : , , |

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 13/01/2017

Le Medef va lancer une campagne de com’ sur les bienfaits de la formation en entreprise

Comme l’organisation patronale l’avait fait avec ses spots Beau Travail, elle va diffuser à la télé et la radio des programmes courts pour raconter de belles histoires de PME ayant réussi leur développement grâce à la formation professionnelle. Un sondage montre l’absence d’information des dirigeants sur le sujet.

Incroyable mais vrai, le Medef va communiquer en 2017 sur… la formation, comme il l’avait fait il y a plus d’un an sur le travail (la série intitulée Beau Travail). Au premier semestre, l’organisation présidée par Pierre Gattaz diffusera des spots à la télévision (France 3 et France 5) ainsi qu’en radio (Europe 1, France inter, BFM Business). Ces programmes courts «racontent de belles histoires de PME françaises qui ont réussi leur internationalisation, leur transition numérique ou leur transition verte, grâce notamment à la formation professionnelle et la montée en compétences de leurs salariés».

Afin de mieux cibler les besoins des PME/TPE, le Medef a commandé un sondage à l’institut Elabe auprès des PME de 10 à 249 entreprises. Selon cette enquête, réalisée en décembre, 84% des TPE et PME estiment que la formation professionnelle est bien devenue un levier de performance. «Nous nous sommes penchés sur trois mutations majeures: la transformation numérique, la transition verte et l’internationalisation», détaille Florence Poivey, présidente de la commission éducation, formation et insertion de l’organisation patronale.

Les PME sensibilisées au défi du numérique et de la transition écologique

L’enquête dévoile que les PME considèrent aujourd’hui le numérique (à 68%) et l’écologie -enjeux énergétiques, climatiques, RSE et environnementaux- (à 58%) comme des défis majeurs. L’internationalisation apparaît en revanche comme le parent pauvre. Plus de la moitié des entreprises interrogées considèrent qu’elle ne représente pas un enjeu pour elles. Fort logiquement, seule une petite minorité de PME a donc décidé de former ses salariés sur les sujets export import.

Les résultats sont meilleurs pour le numérique (24% des entreprises ont formé la majorité de leurs salariés) et la transition verte (21% ayant formé la majorité de leurs salariés) mais encore relativement faibles. Cette frilosité pourrait s’expliquer par un manque d’informations. Seulement 63% des PME s’estiment bien informées sur les formations liées à la transition numérique et 48 % sur celles liées à l’écologie.

Le pari du Medef est donc simple: en améliorant la connaissance des chefs d’entreprise sur la formation, l’organisation incitera les PME à mieux former leurs salariés et les aidera ainsi à relever les défis de l’économie du XXIè siècle.

Anne de Guigné

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

Election dans les TPE : vers une abstention record

L’élection de représentativité dans les TPE s’achève ce vendredi en métropole.
Elle aura eu encore moins de succès que celle de 2012, avec une participation très inférieure à 10 %.

L’élection de représentativité syndicale dans les très petites entreprises (TPE) s’achève ce vendredi en métropole. Elle se prolongera jusqu’au 20 janvier outre-mer. Mais les dés sont déjà jetés. La participation à ce scrutin sera encore plus faible qu’en décembre 2012, quand n’avaient voté qu’à peine plus de 10 % des salariés travaillant dans des entreprises de moins de 11 salariés, où le Code du travail n’impose aucune représentation collective du personnel.

Les chiffres définitifs de la participation à cette seconde édition de l’élection syndicale, instituée par la réforme de la représentativité syndicale de 2008 pour les TPE, ne seront pas connus avant plusieurs jours. Mais la tendance constatée depuis le début du scrutin laisse augurer d’un taux encore plus faible qu’il y a un peu plus de quatre ans, où il n’avait atteint que 10,38 %. Seuls 6,34 % des salariés qui y étaient invités ont déjà voté, après près de deux semaines de scrutin, selon Solidaires. Pourtant, la possibilité de vote électronique a sans doute été plus utilisée du fait du développement de la pratique du Net, réduisant le délai de comptabilisation des bulletins. Interrogé dans la soirée sur franceinfo, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a prédit un taux final de participation « autour de 7/8% ». Dans ce contexte, si le ministère du Travail a refusé de répondre positivement à la demande de la CGT et de Solidaires de prolonger le scrutin d’une semaine, il devrait faire preuve d’une certaine souplesse concernant le cachet de la poste sur les enveloppes de vote par correspondance au motif que dans les zones rurales, les horaires de levée journalière du courrier limitent de fait la possibilité de voter ce vendredi. Mais cela ne devrait modifier qu’à la marge le taux de participation, qui s’annonce d’ores et déjà comme un échec.

Candidature personnalisée

Il intervient paradoxalement, alors que l’élection de cette année a un contenu moins virtuel que la précédente. Cette fois-ci, elle ne s’est pas faite sur sigle, mais les syndicats ont eu la possibilité de personnaliser leurs candidatures. En outre, le vote ne servira pas seulement à alimenter le compteur de représentativité des syndicats pour la pesée agrégeant ses résultats à ceux des élections professionnelles – qui se sont déroulées dans les entreprises entre 2013 et 2016. Il désignera aussi des représentants des salariés dans des commissions paritaires régionales. Ces instances, qui seront installées en juillet 2017, auront notamment comme mission d’informer les salariés et les employeurs sur le Code du travail et les conventions collectives, mais aussi de « faciliter la résolution de conflits individuels ou collectifs » ou de « faire des propositions en matière d’activités sociales et culturelles ». Mais tout dépendra de la volonté du patronat de jouer le jeu.

Le report du scrutin des quinze premiers jours de décembre 2016 aux quinze premiers jours de janvier 2017, à la suite d’un recours en cassation de la CGT contre la présentation du Syndicat des travailleurs corses, n’aura pas aidé. Un report dont le ministère du Travail renvoie la responsabilité à la centrale de Philippe Martinez. Tandis que la CGT l’accuse d’avoir plombé le scrutin en le déplaçant au lendemain des fêtes.

Leïla de Comarmond

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

Fiscalité : la France appelée à baisser son taux d’impôt sur les sociétés

Le Conseil des prélèvements obligatoires prône un taux de 25 %.
Un élargissement de l’assiette et la fin du taux réduit limiteraient le coût.

La France doit encore poursuivre la baisse de son taux d’impôt sur les sociétés (IS), au-delà de ce qui est déjà prévu dans la dernière loi de finances. C’est la principale recommandation du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), une institution placée auprès de la Cour des comptes et chargée d’évaluer la fiscalité française, dans son dernier rapport publié jeudi. « Le CPO n’est pas engagé dans une course au moins-disant fiscal, mais préconise de s’adapter face à l’évolution du cadre juridique et international », a souligné son président, Didier Migaud.

Le rapport rappelle que la plupart des pays européens ont baissé leur taux d’IS ou sont sur le point de le faire, à l’instar du Royaume-Uni, de la Hongrie ou du Luxembourg. Un critère souvent déterminant pour attirer des investissements étrangers.

Alors que la dernière loi de finances prévoit d’abaisser le taux de l’IS à 28 % d’ici à 2020, le CPO considère qu’il faut encore aller plus loin, en le ramenant à 25 %, soit la moyenne européenne actuellement.

Des pistes de financement

Pourquoi 25 % précisément ? « Les études économétriques montrent que les grands pays pouvant présenter d’autres avantages que la fiscalité (infrastructures, etc.) n’ont pas tellement d’avantage à se situer en dessous de la moyenne », souligne Florian Colas, rapporteur de ces travaux. D’autant que cette nouvelle baisse de l’IS aurait un coût pour les finances publiques, estimé à 4,2 milliards d’euros. Pour mémoire, la trajectoire de baisse à 28 % à l’horizon 2020, adoptée à l’automne, coûterait déjà 7 milliards à l’Etat, par rapport à un rendement net de l’IS de 33 milliards.

Ce rapport donne des pistes de financement, la plus inattendue étant la suppression du taux réduit de 15 % pour les PME de moins de 7,6 millions d’euros de chiffre d’affaires (dans la limite de 75.000 euros de bénéfices). Cet avantage, dont ont bénéficié 670.000 PME en 2014, coûte chaque année 2,6 milliards d’euros à l’Etat. « Il ne se justifie pas pour des raisons objectives », estime Didier Migaud, notant que moins d’un tiers des pays de l’OCDE dispose d’un taux réduit. Une suggestion qui n’est pas du goût de la CPME (ex-CGPME) : « C’est bien connu les PME ont plus de facilité que les grands groupes, ce qui se retrouve dans le taux de défaillance des entreprises », a réagi l’organisation.

A contre-courant de certaines idées reçues, ce rapport montre que la rentabilité financière des PME (moins de 250 salariés) n’est pas inférieure à celle des grandes entreprises. Les taux implicites d’impôt sur les sociétés ne seraient pas non plus très éloignés (lire ci-dessous). Lors du dernier débat budgétaire à l’automne, les députés ont pourtant décidé d’accentuer la baisse de l’IS pour les PME.

Enrayer la concurrence fiscale en Europe

Cette baisse du taux pourrait également être financée par une révision du régime de l’intégration fiscale, déjà visé par plusieurs décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), ainsi que par le resserrement de certains régimes, sur la propriété intellectuelle notamment. Face à ces enjeux, le CPO appelle la France à soutenir le projet d’assiette commune au niveau européen (Accis). Pour enrayer la concurrence fiscale, cette assiette commune devrait s’accompagner de la mise en place d’un « tunnel » de taux pour l’IS, comme il en existe déjà un sur la TVA. Ce corridor est tout à fait « faisable juridiquement », assure Didier Migaud, mais nécessiterait l’unanimité des Etats membres.

Ingrid Feuerstein

 

 

LE FIGARO – 13/01/2017

L’emploi à domicile encore à la peine

Le geste sur les cotisations n’a pas suffi à contrer les effets de la crise, qui oblige les ménages à renoncer à des dépenses jugées superflues.

Hors activité de garde d’enfant, le secteur de l’emploi à domicile n’est toujours pas sorti de la crise qui le frappe depuis plusieurs années. Au troisième trimestre 2016, le nombre d’heures déclarées par les particuliers employeurs a baissé de 2%, selon l’Acoss, la banque de la Sécurité Sociale. Seule consolation, le nombre de foyers faisant appel à des femmes de ménage, jardiniers et autres aides s’est stabilisé (+0,1%).

Ces résultats sont décevants, alors que le gouvernement a porté, à compter de décembre 2015, l’allégement de charges sociales pour l’emploi à domicile de 0,75 centimes à 2 euros par heure travaillée. Mais ils s’expliquent. Le geste sur les cotisations n’a pas suffi à contrer les effets de la crise, qui oblige les ménages à renoncer à des dépenses jugées superflues.

En revanche, ce coup de pouce a eu de l’effet sur la garde d’enfants, domaine où les dépenses sont obligatoires. Les ménages, qui faisaient travailler leurs nounous en partie «au noir», ont été incités à tout déclarer. Ainsi, pour la garde d’enfants à domicile, à la fois le nombre d’employeurs (+0,9%) et le nombre d’heures déclarées par employeur (+0,3%) ont progressé au troisième trimestre. Pour les assistantes maternelles, le volume horaire déclaré par les ménages a diminué à l’été, mais après deux bons trimestres.

La majorité actuelle n’a pris que tardivement conscience de l’importance de l’emploi à domicile, qui représente 3,6 millions d’employeurs et 1,6 million de salariés.

La majorité actuelle n’a pris que tardivement conscience de l’importance de l’emploi à domicile, qui représente 3,6 millions d’employeurs et 1,6 million de salariés. Après la suppression sous l’ère Sarkozy des 15 points d’abattements de cotisation patronale, une autre incitation – la déclaration au forfait – a été abolie en 2013. Le gouvernement a alors instauré un allégement de charges sociales de 0,75 euro par heure travaillée, mais qui ne compensait pas la perte financière pour les ménages. Résultat, le secteur a continué à perdre des emplois déclarés et le travail au noir s’est envolé. Ce qui a poussé le gouvernement à accroître l’allégement de charges, fin 2015. Avantage qui s’ajoute au crédit d’impôt sur le revenu existant.

Cécile Crouzel

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 13/01/2017

Le rendement de l’assurance-vie fond d’année en année

INFOGRAPHIE – Les assureurs mettent des réserves de côté pour résister à une hausse des taux.

L’heure des comptes a sonné pour les épargnants, qui commencent à mesurer l’impact qu’a eu l’an dernier la baisse des taux d’intérêt sur le rendement de leurs assurances-vie. Si le recul est limité à 0,20 % ou 0,30 % sur certains contrats, beaucoup décrochent de 0,40 % ou plus, comme celui de l’Afer, la célèbre association d’épargnants, qui a rapporté 2,65 % en 2016, contre 3,05 % en 2015.

Car les assureurs n’avaient aucune envie de faire des efforts. Au contraire, ces rendements modestes vont les aider à dissuader les épargnants de faire de nouveaux versements sur les fonds en euros. Et c’est bien l’objectif recherché: les compagnies d’assurances ne veulent pas de capitaux frais à investir dans de mauvaises conditions sur les marchés, car elles doivent protéger leurs vieux portefeuilles, qui procurent encore des rendements confortables. C’est le sésame pour pouvoir faire face, un jour, à une remontée des taux d’intérêt, qui rendrait d’autres placements plus attrayants. «Limiter la collecte sur les fonds en euros, c’est aussi protéger les souscripteurs qui ont déjà investi, pour que la performance de leur placement résiste mieux», relève Guillaume Rosenwald, directeur épargne retraite à la MACSF.

Que l’ACPR, leur autorité de tutelle, les ait incités à mettre en réserve pour l’avenir une partie de leurs gains de l’année est finalement un excellent prétexte. Beaucoup de compagnies se sont exécutées de bonne grâce. Et cela a diminué d’autant la rémunération offerte aux épargnants.

L’Afer, par exemple, qui promettait pourtant à l’origine de distribuer intégralement ses gains financiers, a mis en réserve l’équivalent de 0,25 % de rendement. Sans cela, le contrat de l’association d’épargnants aurait rapporté 2,90 %. Avec les réserves également engrangées les années passées, l’Afer a désormais de côté 0,65 % de rendement.

Mais d’autres sont déjà très bien lotis. La MACSF, qui a servi 2,40 % à 2,45 % (0,40 % de moins qu’en 2015), a déjà mis de côté 1,7 %. La palme revient à la GMF, qui conserve dans ses caisses de quoi verser 5,2 % d’intérêts à ses souscripteurs. Pourtant, elle aussi a baissé encore cette année le rendement de ses contrats (2,50 % au lieu de 2,80 % en 2015) et encore arrondi son trésor de guerre (4,9 % en 2015). En théorie, ces réserves appartiennent aux assurés et doivent leur être redistribuées. Mais ils attendront encore, et peut-être longtemps.

Les associations d’épargnants en tête

Cette année, les meilleurs rendements devraient donc être l’apanage de vieux contrats, «qui collectent peu d’épargne nouvelle, et n’ont pas eu à faire d’importantes provisions», explique Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures et créateur du site Good Value for Money, destiné aux épargnants.

C’est le cas de Gaipare, une autre association d’épargnants, qui n’a arrondi ses provisions que modestement et a servi 2,90 %, ou d’Asac Fapès (2,80 %). «Il faut être raisonnable sur le taux affiché, mais aussi défendre les intérêts des adhérents qui doivent profiter de la bonne gestion du contrat», estime Jean Berthon, le président de Gaipare. Les grands perdants sont sans doute les contrats qui, notamment dans les banques, continuent à collecter beaucoup, auprès d’une clientèle populaire qui ne peut pas risquer ses économies hors du fonds en euros.

Anne Bodescot

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

La France sur le chemin de la déconsommation

Les ventes de produits de grande consommation ne progressent plus en volume. Pourtant, dans les supers et les hypers, les prix ont encore baissé de 1,2 %.

Officiellement, la consommation tient en France malgré les séquelles de la crise financière de 2008. Mais les premiers chiffres que « Les Echos » se sont procurés sur les ventes de produits de grande consommation (PGC) en 2016, montrent que la consommation de masse entre dans une spirale négative. La « déconsommation » sonne à la porte des supers et hypers.

Selon les dernières indications de l’Insee, la croissance aura pourtant été d’environ 1,3 % en 2016, la consommation elle-même a crû de 1,6 % et les ventes du commerce de détail ont progressé de 1,1 %, comme l’ont rappelé ce jeudi les dirigeants de Procos, la fédération des enseignes du commerce spécialisé. Mais derrière ces données qui agglomèrent aussi bien les abonnements téléphoniques que les achats de paquets de cigarettes, et incluent la création de nouvelles surfaces de vente qui se poursuit malgré tout, se cache une tendance qui affecte les courses du quotidien.

Moins d’alcool, de pain, de viande…

Selon l’institut IRI, la consommation en volume des PGC et des produits frais a légèrement baissé en 2016. Avec un chiffre de – 0,1 %, susceptible d’évoluer encore un peu avec les dernières remontées issues des magasins de hard discount, on est à l’épaisseur du trait et on peut parler de ventes « étales ». Mais les experts commencent à évoquer la déconsommation, au moins pour certains catégories de produits.

« Moins d’alcool, les consommateurs français sont de plus en plus sobres. Moins de pain, moins de produits d’origine animale, notamment la viande rouge. D’autres produits de base comme le lait et les produits laitiers sont également impactés, et le tout dans un contexte de food bashing de plus en plus fréquent », relève Gaëlle Le Floch, directrice des études stratégiques chez le panéliste Kantar Worldpanel. « Le marché de l’hygiène-beauté est confronté à un enjeu de volume avec des acheteurs moins fréquents. Ses produits sont de moins en moins prioritaires pour les Français, qui vont vers moins de sophistication, plus de naturel », ajoute-t-elle. Le repli se confirme aussi pour les colas, les jus de fruits ambiants, les anisés. Seule ou presque la bière tire son épingle du jeu. Hors de l’univers des PGC, l’habillement est à -1,8 % et la chaussure à -4 %.

Le bio et les produits locaux en vogue

Pour mieux souligner l’aspect inédit de la situation, les experts d’IRI notent qu’en moyenne sur les dix dernières années la consommation en volume des PGC avait progressé de 0,7 %. En 2016 encore, la seule croissance démographique a entraîné une hausse des volumes de produits achetés de 0,4 %. Il faut bien nourrir les bébés. Mais les adultes mangent décidément moins.

Heureusement, ils mangent mieux, et ils achètent donc des produits plus chers. C’est le bio , les produits locaux issus des PME. Les circuits de distribution dits alternatifs, comme les petites épiceries ou les marchés de plein air, progressent aussi. Ainsi, le marché des produits de grande consommation a tout de même gagné 0,7 % en valeur en 2016. Mais la hausse était de 2,4 % par an au cours de la dernière décennie. Signe des temps, la consommation n’est plus une affaire de prix. En 2016, la déflation a été de 1,2 % et cela fait trois ans que les distributeurs rendent 1 milliard d’euros aux consommateurs. On gaspille donc moins, on privilégie la qualité. Les spécialistes appellent cela l’« éconologie », fille naturelle de l’économie et de l’écologie.

Philippe Bertrand

 

 

L’EXPRESS – 13/01/2017

La Poste envisage de doubler les embauches de facteurs en 2017

 

Un facteur au centre postal d’Audincourt, le 22 septembre 2014.

Dans le cadre des négociations sur les conditions de travail, La Poste propose d’embaucher 1500 facteurs de plus en CDI en 2017.

3000 nouveaux facteurs embauchés en CDI en 2017? La direction de La Poste a proposé jeudi, au dernier jour de négociations portant sur les conditions de travail des facteurs, de doubler le nombre d’embauches prévues cette année, indiquent des sources syndicales.

L’information a été dévoilée à la presse par SUD-PTT et confirmée par les autres syndicats participant aux séance de négociations sur le métier de facteur.

« Un chiffre homéopathique »

« C’est pas mal, mais il faut voir d’où on part », a réagi Eddy Talbot pour SUD-PTT, deuxième syndicat dans la branche courrier. « A la distribution, on n’a même plus de marge de manoeuvre, donc 3000 c’est un chiffre homéopathique », selon lui.

Confrontée à une baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015), la Poste a réorganisé ses services et réduit sensiblement les effectifs (3000 à 5000 postes en moins par an, rien que pour les facteurs, depuis 2005), ce qui a gravement dégradé les conditions de travail, selon les syndicats.

Souffrance au travail

C’est dans ce contexte qu’a débuté fin octobre le cycle de négociations après que plusieurs cas de souffrance au travail, dont des suicides, ont été médiatisés.

« La Poste occulte la crise sociale, qui va continuer. Il n’est même pas fait mention des risques psycho-sociaux » dans le dernier projet d’accord, déplore Pascal Panozzo, également de SUD-PTT.

Outre la question de l’emploi, les négociations ont concerné la gestion du temps de travail des 70 000 facteurs, les rythmes et charges de travail, les remplacements et, plus généralement, l’amélioration des conditions de travail.

 

LE FIGARO – 13/01/2017

EDF en état d’alerte avant la vague de froid

Face à la baisse attendue des températures, le réseau sera très exposé. Les différents acteurs sont mobilisés.

Le scénario tant redouté risque-t-il se produire? À la fin de 2016, alors qu’une vingtaine de réacteurs nucléaires d’EDF étaient à l’arrêt – pour des opérations de maintenance ou des tests de résistance -, l’approvisionnement électrique semblait menacé en cas de grand froid. En début de semaine prochaine, les températures se situeront à 3° en moyenne en dessous des normales saisonnières, puis entre 6° et 8° pour les jours suivants. Et sept réacteurs ne sont toujours pas raccordés au réseau alors même que des pics de consommation à plus de 90.000 mégawatts (MW) sont probables.

EDF estime que, au stade actuel, le parc des centrales est disponible à hauteur de 87 %, soit juste en dessous de la barre des 90 % qui est la norme à cette époque de l’année. Le groupe précise que deux réacteurs s’apprêtent à rentrer en service: Bugey 4 (Ain) et Tricastin 4 (Drôme). En revanche, deux unités – Civaux 1 (Vienne) et Tricastin 2 – devront s’interrompre pour des arrêts courts – trois semaines environ – dans le cadre des essais demandés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour tester certains équipements.

En attendant, les pouvoirs publics se montrent très vigilants sur la capacité électrique du pays à faire face à la vague de froid. Ce vendredi au ministère de l’Énergie, tous les acteurs du système (EDF, RTE, Enedis, l’Ademe…) se réunissent pour coordonner les messages d’incitation pour que les Français réduisent leur consommation d’énergie en raison de la chute des températures. Les capacités d’importations – de l’ordre de 12.000 MW – ne peuvent pas tout résoudre pour un pays comme la France, hautement thermosensible: un degré en dessous des normales saisonnières entraîne une consommation supplémentaire de 2400 MW, soit l’équivalent de la consommation de Lyon et Marseille réunies.

Délestages ciblés

Les dispositifs pour freiner la consommation d’énergie de la population et des entreprises sont plus ou moins arrêtés. Réseau de transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF en charge des lignes haute et très haute tensions, a prévu une série d’actions graduées. L’opérateur peut interrompre l’alimentation de 21 sites industriels de grande envergure, puis baisser de 5 % la tension des réseaux de distribution (comme celui d’Enedis) et, enfin, si la situation l’exige vraiment, procéder à des délestages ciblés – c’est-à-dire des coupures de courant momentanées dans un certain nombre de zones. Enfin, RTE a inauguré en décembre la nouvelle version d’Eco2Mix, son application sur téléphone mobile destinée notamment à sensibiliser professionnels et particuliers: les alertes par SMS d’Eco2Mix appelleront à réduire la consommation électrique par une série de gestes simples comme la réduction de la luminosité des écrans d’ordinateurs.

Quels que soient, ou pas, les températures de la semaine prochaine, la vague de froid contribuera à faire resurgir les débats autour de l’efficacité d’un «mix» énergétique diversifié. «Au risque d’être provocant, on se doit de dire qu’en cette période hivernale la production des éoliennes est quasi nulle et celle des installations solaires pas beaucoup plus élevée, souligne un spécialiste du secteur. La volonté de verdir le parc de production électrique français est sûrement respectable mais notons immédiatement ses limites: au moment où la France a le plus besoin d’électricité, elle reste tributaire de ses équipements énergétiques traditionnels.»

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE PARISEN – 13/01/2017

Primaire à gauche : ce qu’il faut retenir du premier débat

Pendant un peu plus de deux heures, les sept candidats du scrutin des 22 et 29 janvier ont débattu sur leur projet économique, sur la lutte contre le terrorisme ou encore sur la laïcité. Petit résumé de la soirée. 

Pour ce premier débat, les sept candidats étaient plutôt dans la retenue et il n’y a pas eu de coup d’éclat. Le revenu universel et la loi Travail ont permis de montrer des différences nettes entre Benoît Hamon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon notamment.

Le revenu universel de Hamon au coeur du débat

Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont attaqué la mesure phare du programme de Benoît Hamon. Ce dernier peut au moins se féliciter que sa proposition ait été au centre du débat. « Le travail se transforme, se raréfie, explique l’ancien ministre dès son introduction. Les vieilles recettes ne marchent pas aujourd’hui elles ne marcheront pas demain ».

Manuel Valls, comme il l’avait déjà fait en ce début de semaine, dénonce cette mesure en craignant de voir se développer «une société d’assistés et du farniente». L’ancien Premier ministre, comme Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, plaide pour «une société du travail».

Valls défend la loi Travail que ses adversaires veulent abroger

Alors qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon promettent d’abroger la loi El Khomri s’ils sont élus, Manuel Valls s’agace. «J’entends évoquer l’idée même d’abrogation, ici parmi les candidats. Nous voulons abroger quoi? La négociation dans l’entreprise, soutenue par les syndicats réformistes? Le compte personnel d’activité qui se met en oeuvre? Le compte pénibilité, parce qu’il y a des salariés qui travaillent dur et qui vont devoir partir plus tôt à la retraite? La garantie jeune qui concerne d’abord les jeunes précaires?», a lancé l’ancien Premier ministre. «Alors on pourrait refaire le débat sur la loi travail, sur les explications ratées, je les ai bien sûr assumées. Mais cette loi, à travers les exemples que je viens de prendre est, j’en suis convaincu, une avancée», a-t-il poursuivi.

Un peu plus tôt, Benoît Hamon a assuré qu’il y a «des dispositions dans la loi El Khomri qui facilitent le licenciement, et qui vont fragiliser les salariés au moment où ils cherchent à préserver leur emploi». En exemple, il a cité le plan social en préparation à la Voix du Nord. Des propos qu’a aussitôt dénoncé la ministre Myriam El Khomri sur twitter.

Tous pour les assassinats ciblés de djihadistes, mais contre les «bavardages» de Hollande

Devinant la gravité du sujet, la journaliste a réclamé un réponse brève : « oui ou un non », les candidats seraient-ils prêts à ordonner des exécutions extra-judiciaires ciblées de djihadistes ? Tous ont opiné du chef, mais sans pouvoir s’empêcher de développer. « S’il faut prendre ce genre de responsabilités, j’y suis prêt bien entendu, dans l’intérêt supérieur de la France », a insisté Arnaud Montebourg. Comme Manuel Valls, qui en tant que premier ministre, a pu seconder le chef de l’Etat dans ces prises de décisions difficiles : « Nous sommes en guerre, il faut protéger les Français », a-t-il martelé martial.

Mais si l’ensemble des participants au débat jeudi soir ont conforté ce pouvoir d’exécution du chef de l’Etat, ils ont avec la même unanimité critiqué la « légèreté » avec laquelle il a divulgué ces informations à des journalistes. « Je ne crois pas que ce soit le bavardage sur ces secrets d’Etat qui donne la dimension d’un homme d’Etat, a par exemple taclé Vincent Peillon. Il y a peut-être parfois des responsabilités à prendre pour protéger ceux qu’on aime (…) mais en faire étalage c’est indécent, et en faire un sujet journalistique ça ne vaut pas mieux. » Manuel Valls lui a répété ce qu’il avait déjà dit au Parisien samedi dernier : «ce qui doit être fait doit être fait, ce qui doit rester secret doit rester secret».

Bennahmias sur sa planète

Particulièrement décontracté, le seul sans cravate, Jean-Luc Bennahmias a interpellé ses adversaires à coup de «Benoît», «Manuel» ou «Sylvia» dans un discours parfois décousu. Entraînant les sourires, gênés ou figés, de ses concurrents.

«Vous président, avez-vous une mesure pour lutter contre le terrorisme?», l’a interrogé Elisabeth Martichoux de RTL. «Vous président ?», insiste-t-elle. «J’y pense tous les jours…», plaisante l’intéressé, moqué toute la soirée sur Twitter. Quelques minutes auparavant, il a paru découvrir dans la bouche de cette même journaliste sa proposition de constituer un corps de vigiles privés… qui figure bien sur son site internet.

Il tente même de faire de l’humour lorsqu’il évoque l’architecte Castro. Manuel Valls précise qu’il s’agit de Roland et non de Fidel. L’ancien Vert répond qu’il n’évoque pas Ségolène Royal, en référence aux propos polémiques de la ministre lors des obsèques du Cubain; déclenchant le fou rire de Manuel Valls. «Pardon c’est de l’humour. Très mauvais, je sais», ajoute-t-il devant la mine gênée de ses concurrents.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/primaires/primaire-a-gauche-ce-qu-il-faut-retenir-du-premier-debat-13-01-2017-6560322.php

 

Rosalie Lucas et Charles Sapin

 

 

L’EXPRESS – 13/01/2017

Primaire à gauche: comment les candidats se sont démarqués

 

À l’occasion d’un premier débat étrangement atone, les sept candidats ont chacun fait valoir leur brevet de gauche.

Les sept candidats à la primaire organisée par le Parti socialiste ont débattu ce jeudi soir pour la première fois. Si aucun débordement n’est à déplorer, chacun a tenté de tirer son épingle du jeu. Voici comment.

La primaire à gauche vient réellement de débuter. Les sept candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle ont débattu ce jeudi soir pour la première fois. Un événement qui n’a débouché sur aucun accrochage direct mais n’a pas empêché, malgré tout, chacun des candidats à chercher à tirer son épingle du jeu. En misant sur des stratégies attendues, mais très diverses.

Manuel Valls l’expérimenté

L’ancien Premier ministre était attendu au tournant. La difficulté, pour lui, était d’être en mesure d’incarner un projet nouveau tout en assumant un minimum le bilan du quinquennat Hollande. Pour y parvenir, il a concédé certains regrets, bien calculés. Comme la hausse des impôts du début de quinquennat, utiles pour redresser les finances publiques, mais largement rejetées par les Français. Manuel Valls n’a pas manqué de rappeler qu’il était alors en poste au ministère de l’Intérieur et qu’il s’agit davantage du bilan de Jean-Marc Ayrault.

Au-delà de ce sujet, Valls a insisté sur son expérience. Il cherche à prendre de la hauteur face à ces concurrent. « Ici je n’ai pas d’adversaire », lance-t-il d’emblée. Attaqué sur le fond sur les sujets économiques, en particulier la Loi Travail, Manuel Valls a pu se refaire une santé sur la lutte contre le terrorisme. Son travail a même été salué par la plupart de ses adversaires.

La rupture Hamon

Pour Benoît Hamon, l’enjeu était clair: donner le sentiment que son projet était le plus travaillé, le plus concret et, surtout, le plus en phase avec l’électorat de gauche du XXIe siècle. De ce point de vue-là, les choses n’auront probablement pas évolué d’un iota entre le début et la fin du débat. Confrontant Manuel Valls sur la loi El Khomri tout en restant modéré dans ses attaques, l’ancien ministre de l’Education s’est montré le plus efficace lorsqu’il a traité le sujet plus global du travail et de son avenir. Robotisation, revenu universel, nouvelle fiscalité sur le patrimoine… Tout en soulignant sa proximité avec l’aile gauche du PS, Benoît Hamon s’est affiché comme un candidat qui se projette davantage vers l’avenir, ouvrant son propos, en début de débat, en dissertant sur l’ubérisation de l’économie et les enjeux environnementaux.

Peillon le professeur

Le discours de Vincent Peillon a quelque peu varié par rapport au début de sa campagne. S’il a continué à plaider pour le rassemblement, l’ancien ministre de l’éducation a surtout endossé son costume de professeur, n’hésitant pas à reprendre de volée ses rivaux. En particulier sur le sérieux de leurs propositions économiques. Avec ses 16 milliards d’euros de dépenses prévues pour son quinquennat, il prend ses distances avec la rupture de Hamon et ses 300 milliards d’euros.

Vincent Peillon n’hésite pas à explique son approche « philosophique » d’un problème et cite régulièrement les exemples historiques de défaites, victoires ou tournants dans la vie politique. Son objectif: être ontologiquement de gauche.

Souvent présenté comme l’héritier autodéclaré de François Hollande, Vincent Peillon n’a pas hésité à prendre ses distances ce jeudi soir. Il retient une « incompréhension » des Français sur la politique conduite. Autre exemple, sur les exécutions ciblées. « En faire étalage est indécent », estime-t-il, rappelant plus ou moins discrètement que le président de la République s’est confié à ce sujet aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme.

Montebourg, la gauche volontaire

Arnaud Montebourg veut repositionner le curseur de la gauche… plus à gauche. Pour y parvenir, il a critiqué d’emblée l’action du gouvernement, évoquant un bilan « difficile à défendre », soulignant plusieurs fois la nécessité de faire preuve de « volonté », une vision qu’il portait déjà haut lors de son passage au ministère du Redressement productif. Il a ensuite repris de vieilles recettes de la gauche: accepter de laisser filer dans un premier temps les déficits, lui ne voyant pas dans le critère des 3% un « objectif politique ». Il a défendu une politique productiviste, promet la France du Travail, en augmentant les « petits salaires et les petites retraites ».

Bennahmias, l’original

Jean-Luc Bennahmias est l’un des inconnus de la primaire. Il a misé sur l’originalité. Sur la forme, tout d’abord, puisqu’il était le seul homme sans cravate ce soir. Il n’a pas non plus hésité à rire de lui-même. Sur le fond, c’était autre chose. Ex-écolo, ex-Modem et fondateur du Front démocrate, le candidat n’a pas toujours semblé très à l’aise avec son programme, loin de là. « Oui j’ai un programme », a-t-il fini par se justifier tout en s’agaçant que les journalistes citent des éléments pourtant glanés sur le site du candidat. Très loin de la politique internationale conduite sous le quinquennat de Manuel Valls, Jean-Luc Bennahmias a notamment appelé à des discussions plus poussées avec Poutine.

Sylvia Pinel l’enracinée

Sur la forme, Sylvia Pinel était probablement la candidate la moins rompue à l’exercice du grand débat télévisé. Sur le fond, la présidente du Parti radical de gauche (PRG) s’est avérée être, avec Manuel Valls et Jean-Luc Bennahmias, la plus fervente laudatrice du quinquennat qui s’achève.

Compensant ses carences programmatiques par une forme de proximité avec la vie concrète des entreprises et des citoyens (une des marques de la formation qu’elle dirige), l’ancienne ministre du Logement n’a malgré tout pas brillé par sa force de proposition. Son « fait d’arme »: d’avoir critiqué ses concurrents pour leur vision « très caricaturale » de l’entreprise. « On est encore dans une lutte des classes entre patrons et employés », a-t-elle fustigé, mettant en lumière, avant tout, la matrice sociale-démocrate du PRG.

François De Rugy, l’écolo-réaliste

Comme son lointain cousin écologiste Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy n’avait pas grand chose à perdre dans ce débat. Mais son parti-pris était tout autre, misant sur la mesure là où Bennahmias a plusieurs fois opté pour l’exubérance.

Mettant en avant d’entrée de jeu ses « 66 propositions », le président du Parti écologiste s’est exprimé longuement sur les « déserts médicaux » et les salaires. « Je propose (…) la hausse du salaire net », a-t-il fait valoir, à travers une suppression des cotisations des entreprises destinées à la branche famille de la Sécurité sociale. Une proposition qui ressemble, dans ses éléments de langage, à celles de François Fillon.

Il a par ailleurs exprimé son opposition au revenu de base. « Comme si la gauche n’avait que le revenu de base pour résoudre le chômage », s’est-il agacé, avant d’ajouter que sa perspective, « ce n’est pas un revenu de base où on donnerait 500 euros aux Français en leur disant ‘débrouillez-vous' ».

 

LE MONDE – 13/01/2017

Anne Hidalgo : « Hollande, Macron et Valls sont responsables de l’immense gâchis »

La maire de Paris refuse de dire si elle soutiendra le candidat désigné par la primaire si son champion, Vincent Peillon, échoue.

Un mois après avoir déclaré son soutien à Vincent Peillon pour la primaire à gauche, la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, défend, dans un entretien au Monde, son candidat, dont la campagne peine à décoller. M. Peillon est le seul, selon elle, qui peut permettre à la gauche d’être présente au second tour de la présidentielle. Elle lâche ses coups contre le président de la République, son ancien premier ministre Manuel Valls et son ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron.

Quel regard portez-vous sur le processus de primaire de la gauche ?

Anne Hidalgo : Son calendrier avait été préparé pour François Hollande. C’est une élection qui arrive tard, avec peu de moyens, mais elle a le mérite d’exister. La droite a fait une primaire très réussie. C’est important que, de notre côté, il y ait aussi un débat très ouvert, avec les différentes sensibilités de la gauche.

Vous soutenez Vincent Peillon, dont la campagne ne semble pas décoller. Regrettez-vous votre choix ?

Je suis heureuse de le soutenir. Il y avait un manque dans cette primaire, avant sa candidature. Il n’y avait pas l’expression de la social-démocratie qu’il incarne et dans laquelle je me reconnais. De plus, Vincent élève le débat. Ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui a une pensée du temps long, de notre histoire, qui ne dit pas qu’avant ou après lui, il n’y a rien.

Que répondez-vous à ceux qui vous soupçonnent de soutenir M. Peillon juste pour affaiblir M. Valls ?

Je récuse cette analyse. Je respecte Manuel Valls, nous avons l’habitude d’explications franches, mais il n’incarne pas ma vision de l’engagement politique. Il n’est pas social-démocrate. Ce n’est ni sa pratique ni sa pensée. Il a même théorisé les gauches irréconciliables. Selon moi, il y a trois personnes responsables de l’immense gâchis du quinquennat qui se termine : François Hollande, qui a décidé de la politique à conduire, Emmanuel Macron, qui a été son conseiller et l’inspirateur d’une pensée qui a très largement fracturé la gauche, et Manuel Valls. Ce dernier a porté une vision autoritaire allant jusqu’à soutenir, avec le président de la République, la déchéance de nationalité. Ce n’est pas possible pour moi. Je n’aurais pas pu soutenir un autre candidat que Vincent Peillon.

Le PS a-t-il d’ores et déjà perdu la présidentielle de 2017 ?

Seul le positionnement de Vincent Peillon peut permettre à la gauche d’être au second tour. Il vient occuper un espace que d’autres se sont évertués à détruire. Il peut réconcilier les différentes familles de pensée, en amenant l’ensemble de la gauche à dialoguer. Le choix de François Fillon m’inquiète beaucoup. Il porte, avec une radicalité conservatrice, un projet de société en faveur d’une minorité de Français. La primaire de la droite terminée, il refuse de s’ouvrir à un centre plus modéré. Sa redéfinition du pacte social, la dureté de ses propos et son conservatisme ouvrent un espace pour un positionnement social-démocrate qui pourrait l’emporter.

Vincent Peillon n’incarne-t-il pas, comme François Hollande, une forme de synthèse qui a mené la gauche dans l’impasse ?

L’art de la synthèse de François Hollande consistait à étouffer les conflits et à trouver des voies de sortie qui ne nommaient pas les problèmes. Vincent Peillon a au contraire la volonté de se situer à un point d’équilibre, pour montrer ce que le Parti socialiste peut apporter à la démocratie. Je ne crois pas à l’homme providentiel, qui explique qu’il va vous sauver, qu’il a tout compris, qu’il va tout décider. Cela me fait même peur. Je crois au collectif, aux gens qui s’inscrivent dans une histoire.

Vous parlez d’Emmanuel Macron ?

Notamment. J’ai pratiqué cet homme comme conseiller de François Hollande puis comme ministre. Il est l’incarnation de la reproduction sociale des élites. Il porte une vision très autocentrée, jacobine, colbertiste. Je n’ai perçu dans son travail quotidien ni une modernité qui m’aurait éblouie, ni un rapport à la démocratie qui me donnerait confiance. Mais j’imagine qu’il doit servir les intérêts de beaucoup de gens pour faire autant la « une » des journaux et pour avoir été à ce point porté comme la figure imposée d’une modernité. Le réveil risque d’être difficile pour ceux qui y croient !

Sur quels thèmes Vincent Peillon peut-il se démarquer ?

Il a une vision très européenne. J’aime son approche sur cette question. Arrêtons de nous raconter des histoires : pendant des années, la France a obtenu de Bruxelles de ne pas être sanctionnée sur l’orthodoxie budgétaire en contrepartie de soi-disant réformes structurelles, qui sont les Graal des néoconservateurs libéraux à la tête de l’Europe. Il faut sortir de cette logique-là, avec un New Deal : il nous faut relancer la dynamique européenne économique et sociale, avec un programme d’investissements massifs de 1 000 milliards d’euros. La contrepartie de cet engagement serait que chaque pays fasse preuve de sérieux dans sa gestion budgétaire et d’une vigilance accrue en matière d’endettement.

En cas d’élimination du candidat PS au premier tour, la social-démocratie est-elle menacée de disparition ?

Il y a eu beaucoup d’amalgames et d’inculture de la part de ceux qui ont été les chefs de file de ce quinquennat. Ils nous ont conduits à un état de confusion absolue. Je leur en veux pour cela. Je suis triste face à cet énorme gâchis. Nous n’étions pas obligés de nous infliger ça. Je leur ai dit à chaque étape : ils auraient pu faire autrement. Il y a un an, il était encore temps de réagir. Si on avait nommé quelqu’un comme Bernard Cazeneuve à l’époque à Matignon, nous ne serions pas dans la même situation. Mais je ne pense pas que la social-démocratie écologiste disparaîtra. Il y a la place pour cette offre politique, qui défend la décentralisation et la place de la société civile.

Vous défendez, dans un courrier adressé aux candidats à la primaire, un grand plan pour les villes. Pourquoi ?

Je propose d’apporter 40 milliards d’euros par an aux territoires périurbains, pour réduire les inégalités, soit l’équivalent de ce qui a été donné sans contrepartie aux entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité. Le CICE est un échec : chaque emploi sauvegardé ou créé dans ce cadre a coûté près de 260 000 euros au contribuable ! Si cet argent avait été investi dans les quartiers en difficulté, nous aurions créé plus d’emplois, d’énergie et de confiance dans l’avenir.

Benoît Hamon est celui qui porte le plus le thème de l’écologie dans la primaire, que vous érigez également en priorité. Pourquoi ne pas le soutenir ?

Benoît Hamon est quelqu’un que j’aime beaucoup. J’apprécie le courage avec lequel il a entrepris de relever le défi climatique. Mais il a un positionnement politique qui n’est pas le mien. Je n’ai jamais été à la gauche du parti.

Ce thème de l’écologie est-il suffisamment présent dans les débats de la primaire ?

Il a été totalement absent de la primaire de la droite. Je pense qu’il sera beaucoup plus abordé dans les débats à venir de la primaire de la gauche. Quand Vincent Peillon prône « un New Deal européen », il s’agit notamment d’investissements qui vont permettre d’accélérer la transition énergétique.

Il ne va pas jusqu’à proposer de sortir les dépenses environnementales de la dette publique, comme vous le faites.

J’avais fait cette proposition à François Hollande au moment de la COP21. Si nous déduisions du calcul de notre déficit public la dépense militaire, qui ne sert pas uniquement à la France mais aussi à l’Europe, et celle liée à la transition énergétique, ce déficit serait de l’ordre de 1,5 %. Ce ne serait pas une opération de passe-passe. Cette dépense pour la transition énergétique ne crée pas de la dette pour les générations à venir, mais au contraire un héritage positif. Vincent Peillon n’a pas formulé cette proposition, mais elle s’inscrit tout à fait dans sa stratégie pour la France et pour l’Europe.

Est-ce que vous soutiendrez le gagnant de la primaire, quel qu’il soit ?

Je ne me sens redevable de personne, je n’ai jamais été dans des écuries et j’ai ma liberté. J’espère avant toute chose que Vincent gagnera.

Nicolas Chapuis et Béatrice Jérôme

 

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 13/01/2017

Entreprises : la France à la reconquête de l’Afrique

Les patrons tricolores redécouvrent le continent noir, investi depuis une décennie par les pays émergents. En témoigne l’importante délégation, à Bamako, pour le sommet Afrique-France.

Pierre Gattaz le reconnaît volontiers : « Je ne connais pas très bien l’Afrique. » Aux commandes de Radiall, sa société spécialisée dans les composants électroniques, le chef d’entreprise ne s’est guère frotté au continent noir. Mais comme patron des patrons, le président du Medef s’en est fait une cause. Une mission, même, qu’il défend avec des accents passionnés et parfois presque un peu… désespérés.

« Les Africains que j’ai rencontrés ces trois dernières années disent : “On ne vous voit plus. Vous les Français, vous avez déserté l’Afrique”, se désole M. Gattaz. Ne loupons pas le réveil africain ! C’est un continent formidable, énorme, qui a besoin de tout et nous attend ! » Dont acte. Alors que se tient à Bamako, au Mali, vendredi 13 et samedi 14 janvier, la 27e édition d’un sommet très politique des chefs d’Etat Afrique-France, l’organisation patronale affiche son ambition d’en faire aussi un événement économique.

Le Medef emmène une soixantaine d’entreprises tricolores, dont des grands groupes comme Veolia ou Thales, mais également des PME (Vergnet…) et des start-up, pour un raout centré « business ». Un forum qui prolonge les initiatives tous azimuts lancées ces derniers mois par un Medef en mode « reconquête » : conférences, rencontres entrepreneuriales, tournées en grande pompe sur des terrains soigneusement choisis…

En avril 2016, une délégation monstre de 150 chefs d’entreprises français se rendait ainsi en Côte d’Ivoire, nouvelle championne de la croissance africaine. Six mois plus tôt, c’est le Nigeria qu’élisait Pierre Gattaz pour son premier voyage au sud du Sahara. Un géant de 186 millions d’habitants, première économie du continent, où la France ne détenait, en 2015, que 3,3 % de parts de marché.

Au Nigeria anglophone, cette présence commerciale modeste ne surprend pas tellement. Mais le constat général est peu réjouissant : dans toute l’Afrique subsaharienne, l’Hexagone a perdu du terrain. En dix ans, ses parts de marché ont été divisées par deux, passant de 7 % en 2005 à 4 % en 2015. Même avec les pays de la zone franc, la France a perdu sa place de premier fournisseur dès 2008, relevait le Trésor dans une note d’avril 2016.

Frilosité des entreprises françaises

Les spécialistes du continent nuancent la réalité des chiffres. « Les statistiques douanières traduisent imparfaitement la présence de la France en Afrique, qui ne se manifeste pas seulement par des exportations, mais aussi par des implantations sur le terrain », souligne Etienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique. Cet ancien de Bolloré cite l’exemple du groupe qui, depuis 2000, a gagné la gestion de quatorze ports sur le continent.

Il n’empêche. « Sur un marché qui a crû beaucoup, la proportion de la France a baissé, c’est indéniable, reconnaît M. Giros. Pendant un temps, les entreprises françaises ont sans doute un peu minimisé les opportunités et surévalué les risques. » Frileuses, les sociétés hexagonales se sont fait tailler des croupières par les pays émergents. La Chine bien sûr, dont la part de marché a bondi de 8 % à 22 % en une décennie, mais également la Turquie, la Corée du Sud, le Brésil, la Malaisie…

« Désamour » français pour le continent ? C’est ce qu’a ressenti Alain Taïeb, observateur privilégié, à travers sa société Mobilitas, spécialiste du déménagement international et présente dans les 54 pays africains. « Les élections truquées, les guerres, les maladies, le racket fiscal : longtemps on n’a parlé que de ça au lieu de regarder tout ce qui bougeait, regrette le président du conseil de surveillance de cette entreprise de taille intermédiaire, fondée par ses parents. Dans les groupes, les mutations nobles, c’était l’Asie, jamais l’Afrique. » Pourtant, se réjouit-il, les choses changent aujourd’hui : « Cela aurait dû se passer il y a dix ou vingt ans, mais enfin, ça y est, tout le monde se met à chanter la chanson de l’Afrique. »

Sujet désormais « prioritaire »

Au diapason du Medef, le milieu des affaires français se pique du continent. De séminaires en colloques, on se repasse les statistiques comme autant de promesses de création de valeur : essor d’une classe moyenne émergente estimée entre 150 millions et 300 millions de consommateurs ; urbanisation accélérée à un rythme de 4 % par an, selon l’agence ONU-Habitat ; explosion du marché du mobile, et avec lui de l’e-commerce…

La conjoncture connaît certes un gros trou d’air, dans le sillage de la chute des prix du pétrole. Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne a vu son produit intérieur brut progresser de 1,5 % en 2016, soit sa plus mauvaise performance en plus de vingt ans. Mais des pays comme le Rwanda, l’Ethiopie, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire affichent toujours des taux de croissance supérieurs à 6 %. Et l’Afrique reste un continent à équiper, dans les infrastructures de transport, le traitement des eaux et des déchets, l’électricité, la distribution ou encore l’industrie agroalimentaire.

« C’est une bonne nouvelle pour la France qui, en plus de ses atouts historiques, dispose de fortes positions dans ces secteurs », estime Jean-Michel Severino, ex-directeur de l’Agence française de développement, aujourd’hui à la tête d’Investisseurs et Partenaires, un fonds d’investissement pour les PME africaines. D’ailleurs, on le voit : dans la plupart des groupes français, le sujet africain est devenu prioritaire. »

Selon un rapport publié fin 2015 par le cabinet BearingPoint, les entreprises françaises s’attendent à ce que la part de leur chiffre d’affaires réalisé en Afrique augmente de 75 % en dix ans. Témoin, Danone, qui a créé en 2015 une direction Afrique, un marché où il ne cesse de se développer, notamment au Ghana, au Kenya, au Togo. Les enseignes de distribution appuient aussi sur l’accélérateur, à l’image de Carrefour, qui ouvre des hypermarchés en Côte d’Ivoire ou au Kenya. Pour mieux prendre le pouls du continent, L’Oréal a transféré mi-2016 des Etats-Unis à Johannesburg, en Afrique du Sud, son centre de recherche sur les cheveux africains et les peaux noires.

« Retournement » de situation

Dans les services financiers, Axa multiplie les acquisitions et les prises de participation. L’an dernier, le groupe a investi 75 millions d’euros pour s’offrir 8 % de Jumia, numéro un de l’e-commerce africain, via lequel il compte distribuer ses produits d’assurance. Déjà massivement engagé, Orange clame que l’Afrique est devenue son premier axe de développement à l’international. Outre les rachats d’opérateurs locaux, il s’est imposé sur le segment du paiement mobile, avec son service Orange Money.

En quatre ans, Business France est passé d’un seul bureau compétent, à Johannesburg, à un réseau de huit entités couvrant toute l’Afrique subsaharienne

La trajectoire de la start-up française Afrimarket symbolise également cet engouement. Cette plateforme d’e-commerce à destination de six pays d’Afrique francophone a déjà levé 13 millions d’euros, dont 10 millions en septembre. Son tour de table, essentiellement tricolore, compte des noms comme Olivier Mathiot (cofondateur de PriceMinister), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee.com), ou encore Xavier Niel (patron de Free et actionnaire, à titre individuel, du Monde).

Pourtant, il y a trois ans, une première tournée auprès d’investisseurs avait quasiment fait chou blanc. « On nous répondait : l’Afrique, on ne connaît pas, on n’y va pas, raconte Rania Belkahia, cofondatrice d’Afrimarket. Depuis, c’est le retournement. Même le Quai d’Orsay nous a invités pour parler consommation africaine ! »

« La charge de la preuve a changé, note l’investisseur franco-béninois Lionel Zinsou. Avant, les boîtes disaient : “Expliquez-moi pourquoi il faut aller en Afrique ? Maintenant, si vous n’y êtes pas, on se demande pourquoi. » Le patron du fonds PAI Partners préside aujourd’hui AfricaFrance, une fondation créée en 2013 sous l’impulsion de l’Elysée pour resserrer les liens économiques avec le continent. Un signe parmi d’autres d’une volonté de sursaut au niveau de l’Etat.

« Nœud d’enjeux »

« Dans l’administration, le poids des affaires africaines – la Françafrique, le traumatisme rwandais – avait entraîné une posture de retrait, analyse M. Severino. Il y a eu une prise de conscience qu’il fallait remobiliser l’appareil public, car il y a là un nœud d’enjeux tous liés : commercial, sécuritaire, politique, migratoire. »

L’Afrique s’est retrouvée au premier plan de la diplomatie économique instaurée par Laurent Fabius quand il était au Quai d’Orsay, entre 2012 et 2016. Un exemple ? En quatre ans, Business France, l’agence chargée de promouvoir l’Hexagone à l’international, est passé d’un seul bureau compétent, à Johannesburg, à un réseau de huit entités couvrant toute l’Afrique subsaharienne.

Pour autant, gare à l’aventurisme ! Tous les connaisseurs soulignent que le continent noir peut être un relais de croissance à condition de bien s’y préparer. « Il est vital de connaître le terrain et ne pas imaginer que, en quelques mois seulement, on va faire beaucoup d’argent », insiste Jérôme Douat, patron de Vergnet, une PME spécialiste des énergies renouvelables, qui réalise près de 50 % de son chiffre d’affaires en Afrique. « C’est un marché d’avenir, résume-t-il, mais pour y travailler, il faut des reins solides. »

Marie de Vergès

 

 

LE FIGARO – 13/01/2017

Migrants, Brexit, élections : l’Europe sous tension en 2017

INFOGRAPHIE – Malte a pris la barre de la galère européenne jusqu’à l’été pour une présidence qui s’annonce bien chahutée.

Petit pays, gros défis. Nul ne sait quelles secousses l’année 2017 garde en réserve, mais c’est à un minuscule archipel, posé plus près de l’Afrique que du Vieux Continent, que revient la mission d’épauler l’UE dans sa neuvième année d’une déprime tous azimuts. «Nous sommes sans illusion de grandeur, dit le premier ministre maltais Joseph Muscat. L’urgence est d’écouter les questions qui taraudent les Européens et d’y apporter des réponses, avant que les extrémistes ne s’en emparent.»

Malte pèse moins de 0,1 % des habitants de l’Union, mais ce n’est peut-être pas un mauvais choix pour prendre la barre de la galère européenne jusqu’à l’été, pour six mois d’une présidence «tournante» qui s’annonce chahutée. Les écueils se resserrent: l’investiture de Donald Trump d’ici à quelques jours, l’engagement du divorce britannique en mars, l’encombrant voisinage de Vladimir Poutine, des scrutins cruciaux en France et en Allemagne, et sans doute un troisième déferlement de migrants avec la fin de l’hiver. «Cela se profile comme la tempête du siècle mais ici, au milieu de la Méditerranée, nous avons l’habitude», lâche, à La Valette, un pilier de la présidence maltaise.

Les 450.000 insulaires gardent un regard étonnamment neuf sur une Union qui se déclare fatiguée. Ils sont les plus enthousiastes à la cause, à l’inverse des Européens de l’Est entrés comme eux dans l’UE en 2004. La croissance dépasse 3 %, l’emploi est en plein essor, le bâtiment explose. Perdue au milieu de la mer, l’ex-colonie britannique révère toujours «la Reine» et le Commonwealth. Mais elle s’est arrimée sans retour au grand marché. «Nous sommes sortis de notre rocher grâce à l’Europe, dit l’un d’entre eux, aujourd’hui nous pouvons mêmes devenir astronautes!»

Cet îlot de fraîcheur ne nuit pas, en lisière d’un espace politique assombri par l’obsession du déclin et de la perte d’identité. Les Maltais, placés par l’Histoire au carrefour des crises de civilisation, en ont vu bien d’autres. Et l’Europe elle-même, quoi qu’elle en dise, ne se porte pas si mal. L’activité économique, même modeste, a fini 2016 sur une note aussi robuste qu’inattendue. Le continent redémarre et le chômage baisse à peu près partout. Les déficits publics, boulets de la décennie, s’allègent franchement. Dans les 19 pays de l’euro, ils sont tombés de 6 à 1,5 % du PIB depuis 2010, sauf en France.

Le Brexit, un catalyseur

L’euro, malgré les augures, survit tant bien que mal et la Grèce en fait toujours partie. Les frontières intérieures de Schengen déjouent les pronostics et restent ouvertes. À force de noircir, c’est à peine si l’on a relevé que la catastrophe instantanée promise au Royaume-Uni depuis le vote de rupture n’y a en rien entamé l’activité. À Noël, les magasins ont fait le plein. À court terme, la victoire de Donald Trump, elle, semble avoir dopé les prévisions, y compris sur le Vieux Continent. Bref, si l’Europe ne va pas bien, l’économie, les marchés et les investissements ne se portent pas si mal.

L’avenir de l’UE paraît encore bouché, mais c’est moins un problème économique qu’une question politique: elle est mal gouvernée, ou plus précisément chaque nouvelle épreuve la trouve moins capable de formuler des solutions communes et crédibles. «La crise de confiance a commencé dès 2008, avec une réponse trop lente à l’effondrement des subprimes aux États-Unis. Trop peu, trop tard, note Louis Grech, vice-premier ministre maltais. Le Brexit n’est pas le mot de la fin, c’est un catalyseur: après avoir joué un rôle moteur pendant un demi-siècle, le projet européen semble de ne plus être capable que de produire des tensions entre capitales et des frustrations chez l’électeur.»

L’afflux d’Africains en quête de mieux-vivre risque de mettre à nouveau le continent à l’épreuve, dès le retour d’une météo calme en Méditerranée. «L’UE va tout droit vers la crise, dès le printemps, avec des débarquements sans précédent sur sa façade méridionale et, à nouveau, des noyades par milliers», prévient Joseph Muscat. La côte libyenne est à 350 km à peine de son bureau. Le «président» de l’UE s’inquiète de voir les Vingt-Huit foncer tête baissée dans une troisième année de débâcle à ses portes. L’an dernier, passant au large, plus de 181.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, un record absolu d’après Frontex.

Une crise persistante de l’exercice du pouvoir

L’Europe a colmaté l’an dernier la brèche grecque en mer Égée, avec le renfort énergique de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Mais en Libye, elle manque d’interlocuteur crédible et le premier ministre maltais s’inquiète ouvertement de voir les Russes multiplier les gesticulations navales au large de ce pays plongé dans le chaos. Il préférerait voir les marines de l’Otan et de l’UE occuper le terrain – y compris les eaux territoriales – afin de casser le business florissant des passeurs, avec l’accord de Tripoli. «Il est plus que temps de braver l’orage qui menace», insistait-il jeudi devant quelques journalistes. Le débat bruxellois sur les «quotas» nationaux de réfugiés de guerre peut bien attendre un an de plus. Il est déjà dépassé…

Les élections néerlandaises, françaises, allemandes fourniront aux Européens l’occasion d’exprimer leur mécontentement face à la paralysie de l’UE et contre la disparition des frontières.

Les élections néerlandaises, françaises, allemandes fourniront aux Européens l’occasion d’exprimer leur mécontentement face à la paralysie de l’UE et contre la disparition des frontières. Mais ni l’extrémiste Geert Wilders, ni Marine Le Pen, ni l’égérie de l’AfD Frauke Petry ne semblent pouvoir décrocher les majorités indispensables au renversement de l’ordre établi. Pour l’Europe, le danger politique principal est moins la montée du populisme et de ses idées simples qu’une crise persistante de l’exercice du pouvoir, à tous les niveaux.

Défi d’une génération, la «crise» migratoire ne peut avoir de solution plausible que collective. Pour l’heure, elle reflète surtout l’incapacité des Vingt-Huit à trouver rapidement des réponses à la hauteur, comme l’annonçaient déjà la déroute financière de 2008-2009 et ses séquelles. Le casse-tête de la dette grecque va bientôt entrer dans sa 9e année, mais à Bruxelles on murmure déjà le scénario d’un quatrième plan de sauvetage. Trop peu, trop tard. L’Europe n’en finit pas de saper sa propre crédibilité.

Jean-Jacques Mével

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Janvier 2017 : les projets de Valérie PECRESSE pour l’Ile de France

2017-09-19T13:35:41+02:00Mots-clés : , , , |

Chef de file de l’action économique depuis le 1er janvier 2017, la collectivité régionale a validé mi-décembre sa stratégie économique globale pour la période 2017/2020. Elle vise à renforcer les atouts de l’Ile-de-France et combler ses faiblesses pour devenir la 1ère région économique mondiale, avec comme mots d’ordre : attractivité, compétitivité, innovation, simplification, efficience, digitalisation…

Tout juste un an après avoir pris ses fonctions, la nouvelle majorité régionale a élaboré un plan d’actions pour les quatre années à venir aussi précis et exhaustif qu’ambitieux. Pas un pan du développement économique ne manque aux thèmes abordés par le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) novation de la loi NOTRe, adopté par le conseil régional d’Ile-de-France le 14 décembre 2016, après six mois d’une très large concertation, menée notamment par Jérôme Chartier, premier vice-président en charge de ces questions.

En effet, outre le transfert de la compétence économique aux régions, la dernière loi de décentralisation en date imposait à ces dernières l’adoption d’un outil de programmation prescriptif. Considérant « l’absence de leadership sur les sujets économiques nuisible à l’efficacité globale de l’action publique », Valérie Pécresse s’est saisi à bras le corps de ce nouveau rôle d’acteur central de l’économie.

Valérie Pécresse. © Jgp

Valérie Pécresse entend faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». © Jgp

Aussi, la présidente de la région Ile-de-France a fixé une « stratégie ambitieuse et partagée avec tous les acteurs publics (Etat, villes, intercommunalités, départements) et privés pour libérer et encourager l’exceptionnel potentiel de croissance, d’emplois et d’innovation de l’Ile-de-France afin d’en faire la première région du monde à l’horizon 2020 ».

Agir sur tous les leviers simultanément

Face à un solde migratoire négatif, l’incapacité de la région à capitaliser sur ses atouts et retenir ses talents, la chute de l’emploi industriel et un taux de chômage bloqué à 8,5 %, il convient d’agir sur tous les leviers simultanément. Pour combler ces faiblesses, les deux priorités de Valérie Pécresse sont de « redonner du souffle à l’économie francilienne », en instaurant un climat favorable aux affaires et en soutenant les entrepreneurs, et renforcer l’attractivité de l’Ile-de-France pour attirer entreprises, investisseurs et talents.

Pour les premiers, il s’agira de rendre les aides aux entreprises plus « efficaces, lisibles, faciles d’accès et homogènes sur l’ensemble du territoire régional », notamment en vue d’accroître l’internationalisation des PME franciliennes via un nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE). Mais aussi, d’alléger la fiscalité des entreprises, de simplifier les normes, d’équiper tout le territoire régional du très haut débit en 2020 et d’adapter les formations à la révolution digitale et au développement du big data.

500 000 m2 de bureaux par an d’ici à 2030

Pour attirer les entreprises et investisseurs internationaux, la stratégie du SDREII repose sur la création d’un guichet unique « Choose Paris Region » et d’une marque commune à tous les acteurs, « Paris Region ».

Valérie Pécresse, entourée de Manuel Valls, Patrick Ollier et Jean-Paul Vermès, lors de l'inauguration de "Choose Paris Region". © Jgp

Valérie Pécresse, entourée de Manuel Valls, Patrick Ollier et Jean-Paul Vermès, lors de l’inauguration de « Choose Paris Region ». © Jgp

Sa mise en œuvre sera assurée par Paris région entreprises (PRE) qui devient le référant unique pour toutes les actions de marketing, prospection et accompagnement. La démarche concerne aussi les forces vives franciliennes, tels les territoires de projet identifiés internationalement à l’instar de Paris-Quartier central des affaires, La Défense, Grand Roissy-Le Bourget, Saclay, Vallée de la Seine et ceux à fort potentiel tels Plaine-Saint-Denis, Marne-la-Vallée, Orly-Rungis, Cergy Confluence, Génopôle… dont l’animation et la promotion à l’internationale seront assurées par la Région et PRE.

Enfin, pour doper l’offre de bureaux dont le besoin de création-renouvellement est estimé à 500 000 m2 par an d’ici à 2030 et optimiser la production d’immeubles réversibles, le SRDEII désigne l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise (Orie) comme le « lieu d’analyse et d’échange » entre pouvoirs publics et professionnels permettant « d’inspirer les orientations stratégiques des grands opérateurs » publics et privés. En matière d’offre foncière, l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif) apportera sa contribution, tandis que d’autres opérateurs publics (ville de Paris, EPA, EPCI, départements) pourront intervenir en complément.

« Laboratoire de la modernisation de l’innovation publique »

Mais Valérie Pécresse veut aussi profiter de l’occasion pour faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». Cette ambition se décline dans toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du SRDEII dont les maitres mots sont la concertation et la coconstruction. Par exemple, les représentants du monde économique et les collectivités locales seront consultés pour identifier les enjeux prioritaires en Ile-de-France et les besoins en faveur de la diversité de l’économie et du développement des nouvelles formes d’économie (circulaire, sociale et solidaire). Cette concertation aboutira à une « stratégie régionale partagée » de l’économie circulaire pilotée par la Région.

De même, un travail de concertation avec les élus régionaux, les acteurs industriels et tous les partenaires concernés sera engagé au cours du 1er semestre 2017 pour déterminer les enjeux liés à l’industrie afin de fixer ensuite des pistes d’actions concrètes pour maintenir ou renforcer les activités industrielles.

Création d’une instance de suivi et d’évaluation

Cette modernisation de l’action publique vise aussi à simplifier et à renforcer l’efficacité de l’action administrative ce qui se traduira notamment par la territorialisation de l’action régionale via la définition de 24 bassins d’emploi. Sur chacun d’eux, la Région sélectionnera un guichet actif via un appel à manifestation d’intérêt, qui aura pour vocation de cibler les besoins des entreprises et les aider à bénéficier des aides adaptées. La Région désignera un référant pour chaque guichet (EPCI, agence de territoire, etc.) et coordonnera le réseau des 24 guichets.

Enfin, un système de suivi et d’évaluation permettra d’ajuster les actions en fonction de leurs résultats. Il s’opèrera par la création d’une instance dédiée, pilotée par la Région et le Ceser, dont l’une des missions sera de coordonner la mise en place d’outils partagés en s’appuyant sur le réseau de partenaires actifs (Direccte, DRIEA, Insee, Pôle emploi, etc.). Les premiers travaux dès 2017 consisteront à choisir des indicateurs de suivi, lancer des premières études et préparer les premières évaluations à mettre en place en 2018.

Les autres actions phares du SRDEII

Optimiser les outils et financements :

  • Faire monter en gamme les infrastructures de transports et les services associés, ainsi que les équipements structurants.
  • Développer l’axe Seine en mettant en cohérence les SRDEII des régions Normandie et Ile-de-France.
  • Optimiser le Contrat de plan interrégional Etat-Régions (CPIER) par un meilleur fléchage des crédits.
  • Élaborer un plan filière déchets en coordination avec le plan d’action en faveur de l’économie circulaire.
  • Recruter cinq développeurs de projets chargés d’aider la mobilisation des fonds européens par les entreprises, les pôles de compétitivité et clusters, les EPCI, les acteurs de la recherche.
  • Créer une plateforme dématérialisée de dépôt des dossiers de demande d’aide auprès de la Région, « Paris Region up ».
  • Favoriser l’accès des TPE-PME à la commande publique via un Small business act régional.

Prioriser les filières stratégiques :

  • Miser sur sept filières d’excellence ou à fort potentiel : aéronautique/spatial/défense, agriculture et agroalimentaire, automobile et mobilités, numérique, santé, tourisme, région-ville durable.
  • Redéfinir la stratégie régionale d’animation de ces filières dès 2017.
  • Créer des comités régionaux copilotés par l’Etat et la Région pour chaque filière stratégique pour optimiser l’accompagnement des entreprises.

Valoriser l’innovation :

  • Devenir un hub mondial de l’innovation au services des entreprises.
  • Soutenir le développement et la consolidation des Grands lieux intégrés d’innovation (GLII). Labelliser « Paris Region innovation » les GLII justifiant d’une notoriété à fort potentiel et d’un lien avec au moins une des filières stratégiques.
  • Mailler l’ensemble du territoire régional de lieux et d’offres de services territorialisés. Confier à la Métropole du Grand Paris sur Paris et la petite couronne, et à l’EPA Paris Saclay sur le bassin d’emploi Versailles-Saclay une mission de réflexion sur les conditions de développement d’une offre immobilière et de services en direction des entreprises innovantes.
  • Animer avec les partenaires de la Région une communauté francilienne des entreprises d’excellence.
  • Organiser tous les ans une conférence régionale sur le financement des entreprises.
  • Faire grandir les TPE-PME en Ile-de-France : 5 000 prêts croissance TPE pour un montant de 150 millions ; 1 500 entreprises bénéficiaires du dispositif TP’up et plus de 1 000 de PM’up notamment pour accompagner dans la transformation numérique et écologique.

Dynamiser l’économie des territoires ruraux et des quartiers :

  • Ouvrir 1 000 tiers lieux publics et privés d’ici à 2021 pour avoir un maillage optimum du territoire francilien ; démarche pilotée par la Région en lien avec le Collectif des tiers lieux, les EPCI et la ville de Paris, la Caisse des dépôts et les opérateurs privés.
  • Ouvrir en 2017 la plateforme de réservation des espaces disponibles « Place des tiers lieux ».
  • Mettre en œuvre d’un Pacte rural dans des domaines ciblés : commerces de proximité, services à la personne, artisanat, sylviculture, biomatériaux, transmission-reprise, déploiement du très haut débit.
  • Créer un « fonds quartiers » doté de 10 millions d’euros qui investira dans les entreprises à vocation commerciale basée dans un quartier de la politique de la ville.

Qui fait quoi ?

Les collectivités locales et leurs groupements :

  • La Région : elle élabore, pilote et anime le SRDEII ; elle est la seule compétente pour définir les aides aux entreprises.
  • Les communes et les groupements : ils fixent les aides en matière d’immobilier d’entreprise et peuvent par convention participer au financement des aides de la région.
  • Les départements : ils apportent leurs compétences, expertises et ressources en matière d’insertion professionnelle, solidarité territoriale, aménagement, tourisme, transport, politique de la ville… ; ils assurent l’animation économique locale dans le cadre des bassins d’emploi.
  • Les agences de développement économiques départementales : elles pourraient se structurer en « agences de territoires » autour d’un socle de missions (animation, ingénierie de projets…), mais leur financement reste incertain.

Les autres acteurs :

  • L’Etat : intervient en matière d’attractivité internationale, d’animation des bassins d’emploi et des filières stratégiques, d’internationalisation des entreprises, création-reprise.
  • Paris région entreprises (PRE) : elle met en œuvre de la stratégie régionale de l’attractivité en coordonnant les acteurs, en portant le déploiement de la marque Paris Region, en pilotant le processus d’installation des entreprises étrangères.
  • La CCI Paris Ile-de-France : elle accompagne au quotidien les entreprises, formule des recommandations pour dynamiser la croissance, contribue à la montée en gamme de l’appareil de formation ; elle agira avec la Région sur l’attractivité, l’internationalisation, l’innovation, la création-reprise, le développement des entreprises, la mise en réseaux.
  • La Banque publique d’investissement (BPI) : elle intervient aux côtés de la Région dans l’aide aux entreprises pour leurs premiers besoins d’investissement, soutien de la croissance des PME (3 milliards d’euros de prêts bancaires garantis via le fonds régional de garantie) et le renforcement des ETI.
  • La Caisse des dépôts : avec la région, elle agira sur l’attractivité du territoire (soutien aux projets d’aménagement structurants), le développement de grands lieux d’innovation, le soutien à la création et au développement des entreprises dont celle de l’ESS.
  • Business France : elle élabore avec la Région le nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises, assure la promotion de l’Ile-de-France et favorise notamment avec PRE l’implantation d’investissements directs étrangers.
  • Les chambres régionales et départementales de métiers et d’artisanat : elles contribuent à l’amélioration de l’appareil de formation, la création-reprise-développement des entreprises, l’internationalisation, l’immobilier et aux événements de promotion.

Revue de presse du MEDEF IDF du vendredi 6 janvier 2017

2017-06-05T10:33:16+02:00Mots-clés : , , |

:: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 06/01/2016

Île-de-France : la région réduit la voilure sur le logement social

 

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse souhaite que la métropole du Grand Paris assume sa compétence logement.

 

La région Île-de-France veut que la métropole du Grand Paris finance à sa place les logements sociaux en petite couronne francilienne. Car elle en a désormais la compétence.

La région Île-de-France va réduire ses financements au parc locatif social de 30 millions d’euros en 2017. De 70 millions d’euros en 2016, le budget logement social de la région l’Île-de-France passera en effet à seulement 40 millions d’euros cette année. Cette baisse importante est en partie due à un doublon en matière de compétence territoriale : la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, a récupéré une compétence logement ce 1er janvier 2017… que la région possède aussi.

C’est pourquoi la présidente de la région Valérie Pécresse, qui a toujours été opposée à la création de la MGP, souhaite se désengager du financement du logement social sur le périmètre de la métropole du Grand Paris, c’est-à-dire Paris et 130 communes du centre de l’agglomération francilienne. Deux exceptions à ce retrait : les logements destinés aux jeunes et aux étudiants, et les logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU).

Pas question pour la région de se substituer à la métropole

Quid tout de même de la compensation du désengagement de la région par la MGP, dont le budget total en 2016 n’était que de 65 millions d’euros et avoisinerait les 100 millions en 2017 ? Pourra-t-elle compenser l’action de la région sur son territoire ? Ce n’est, du reste, pas le problème de Valérie Pécresse. « L’État nous réduit la dotation globale de fonctionnement de 75 millions d’euros en 2017, et il redonne la compétence logement à la métropole », indique la présidente de la région.

Selon elle, la compensation du désengagement de la région dans le logement social est donc désormais le problème de l’État et de la MGP.

En matière de logement, la région s’attelle toutefois à mettre en oeuvre sa nouvelle stratégie foncière par le biais l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF), que Valérie Pécresse préside. Son but est « de libérer davantage de foncier disponible par une politique de cession de ses terrains à prix coûtant et d’accélérer la construction de nouveaux logements », indique Valérie Pécresse. La région indique que 23 sites sont d’ores et déjà mobilisables et sont à même de permettre la construction de près de 1.300 logements.

Pour en finir avec les ghettos ?

Mais pour justifier ses investissements dans le logement, la région élargit en fait le spectre à la politique de la ville. Ainsi elle compte engager, d’ici à 2021, 2 milliards d’euros en faveur du logement et de la politique de la ville « pour en finir avec les ghettos ». La région consacrera notamment 250 millions d’euros dans le cadre du NPNRU, qui concernera 102 quartiers en Île-de-France dont 43 sont d’intérêt régional. Et plutôt que d’axer tout sur le logement, la région investira dans ces quartiers autour de trois priorités : « la sécurité, le développement des services et commerces de proximité et de pied d’immeuble, et les équipements pour l’enfance et la jeunesse (crèches, équipements sportifs et périscolaires, etc.) ».

Pour lutter contre les ghettos et désenclaver des quartiers, la région compte également investir dans les transports. Ainsi, d’ici la fin du mandat engagé, « ce sont 86 millions d’euros qui seront consacrés au débranchement T4 à Clichy-Montfermeil  (…) En Essonne, la Région soutient le projet de Tzen4, et en Seine-Saint-Denis, elle mobilise 348 millions d’euros pour le prolongement de ligne 11 du métro à Rosny-Bois Perrier qui permettra aux habitants de Montreuil d’être à 25 minutes de Châtelet », indique Valéry Pécresse.

De quoi entretenir, en partie, une dynamique d’inclusion des populations délaissées en Île-de-France.

Mathias Thépot

 

 

LE PARISIEN – 06/01/2016

Feu vert pour la future gare du Grand Paris Express

Elle sera situéeà l’intersection entre Châtillon, Montrouge, Bagneux et Malakoff, et se connectera en 2022 à l’actuelle station, qui marque l’arrêt de la ligne 13. Le préfet des Hauts-de-Seine vient de signer le permis de construire de la future gare de Châtillon-Montrouge, qui fera partie de la ligne 15 du Grand Paris Express (Noisy-Champs – Pont de Sèvres). Les travaux préparatoires avaient déjà démarré pendant l’été 2015, avec notamment des déviations des réseaux et la réorganisation de la gare routière. En 2022, la partie Sud de la ligne desservira 22 communes, principalement réparties entre les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. Elle espère accueillir 300 000 voyageurs chaque jour.

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 06/01/2016

Emploi des seniors : ce qu’a changé la retraite à 62 ans

Le report de l’âge de départ en retraite a accru le taux d’emploi des seniors. Mais il n’a pas eu d’effet d’entraînement pour les seniors au chômage.

La retraite à 62 ans n’a pas changé fondamentalement la donne pour l’emploi des seniors, du moins pas à court terme. C’est ce que montre une étude de l’Insee publiée ce jeudi. La réforme de 2010, qui a retardé de deux ans l’âge d’ouverture des droits à retraite, a eu pour « effet dominant » de « figer les situations atteintes à l’approche de la soixantaine », selon les auteurs. Autrement dit, les travailleurs sont restés un peu plus longtemps au travail et les chômeurs un peu plus longtemps au chômage, ces derniers basculant parfois dans l’inactivité en fin de droits. La réforme a, certes, permis d’accroître l’emploi global, mais de façon mécanique, par l’allongement de la durée d’emploi des seniors encore en emploi entre 58 et 60 ans.

L’Insee s’est concentrée sur les comportements à 60 et 61 ans des générations nées en 1951 et 1952, qui ont dû respectivement attendre 4 mois et 9 mois de plus que les générations 1949 et 1950 pour partir à la retraite. Elle a exclu de son champ la génération 1953, qui a dû patienter 14 mois de plus, car l’élargissement du dispositif de départ anticipé pour carrières longues en novembre 2012 risquait de fausser l’analyse.

Les temps partiels augmentent

Résultat : après 60 ans et jusqu’à leur âge d’ouverture des droits à retraite, les hommes voient leur probabilité d’être à la retraite chuter de 27 points à 30 %. Pour les femmes, elle baisse de 22 points à 18 % – elles doivent généralement travailler plus longtemps pour compenser des carrières plus heurtées. En miroir, la probabilité d’être en emploi à temps plein croît de 14 points à 38 % chez les hommes et de 9 points à 32 % chez les femmes. A noter, les temps partiels augmentent de 3 points pour eux, et de 7 points pour elles. Cela peut traduire des conditions de travail aménagées pour tenir compte d’un état de santé dégradé, mais aussi un regain de temps partiel subi. La probabilité d’être au chômage s’accroît en parallèle de 7 points chez les hommes, et de 6 points chez les femmes. Et l’inactivité croît de 3 points pour eux, alors qu’elle est stable pour elles.

Vu sous un autre angle, à 58 ans, la probabilité de rester en emploi jusqu’à l’âge légal de la retraite quand on est déjà en poste augmente de 9,5 points à 91,3 %, pour compenser la baisse de la probabilité de se retrouver à la retraite, tandis que le risque de tomber au chômage demeure très limité, passant de 1,2 % à 1,7 %. Les travailleurs se maintiennent donc massivement en place. Les chômeurs se « pétrifient » eux aussi de plus en plus souvent dans leur statut, puisque pendant la période de transition avant la retraite, ils sont 54 % à rester au chômage, soit 9,4 points de plus qu’avant la réforme. Ces chômeurs voient par ailleurs leurs chances de retrouver un emploi in extremis chuter de 6,8 points, à 24,2 %. Le recul de l’âge de la retraite n’a donc pas eu d’effet multiplicateur sur l’emploi des seniors dans l’immédiat. Mais le changement viendra peut-être dans la durée.

Solveig Godeluck

 

 

LES ECHOS – 06/01/2016

Les bas salaires plus affectés par la hausse de l’âge légal

Le recul des bornes d’âge de la retraite a un effet antiredistributif : les chômeurs et les bas salaires sont les premiers perdants.

Les assurés les plus fragiles seront ceux qui pâtiront le plus des récentes réformes des retraites. Ils rallongeront plus que les autres leur durée de cotisation, et le montant de leur pension sera plus affecté. C’est ce que montre une étude réalisée en décembre par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère des Affaires sociales pour le compte du Conseil d’orientation des retraites.

Première responsable de cet effet « antiredistributif », la réforme de 2010, qui a décalé de deux ans à la fois l’âge minimum pour partir à la retraite (62 ans) et l’âge auquel on peut automatiquement toucher une retraite à taux plein, même si l’on n’a pas cotisé suffisamment de trimestres (67 ans). Au sein de la génération née en 1980, qui atteindra donc l’âge de faire valoir ses droits en 2042, les 25 % de revenus les plus faibles devraient reculer de 22 mois leur âge de départ moyen, contre 21 mois pour les plus hauts salaires. Quant aux populations « hors emploi », elles devraient patienter deux ans de plus.

Cet écart entre les hauts salaires et l’autre extrémité du spectre s’explique par la discontinuité des carrières en bas de l’échelle. Chômeurs, précaires, peu qualifiés courent plus le risque d’arriver à 62 ans sans avoir cotisé suffisamment pour toucher le taux plein ou le minimum contributif, et de devoir jouer les prolongations jusqu’à 67 ans. Autre issue pour eux : attendre d’être « délivrés » avant l’âge du taux plein, pour inaptitude au travail ou invalidité. « De plus, comme ces deux catégories sont souvent éloignées du marché du travail, le recul de deux ans des âges légaux entraîne quasiment un recul identique de leurs âges de départ, dans la mesure où elles ne valident que peu de trimestres supplémentaires », écrit la DREES.

Les « hors emploi » plus touchés

L’élargissement des conditions d’accès à la retraite anticipée pour carrière longue, fin 2012, a lui aussi eu un effet de bord antiredistributif. Car les premiers concernés par ce dispositif sont les revenus intermédiaires, voire élevés. Enfin, la pension moyenne des plus modestes, cumulée sur le cycle de vie, devrait baisser plus fortement que celle des plus riches. Dans la projection du ministère, les « hors emploi » de la génération 1980 subissent une chute de plus de 10 % de leurs pensions cumulées. A comparer avec une glissade de 6 % pour la moitié de la population la moins bien payée et de 3 % pour l’autre moitié. Cet écart s’explique d’abord par la réforme de 2010, explique la DREES : « Les deux années de report de départ à la retraite ne sont que très peu compensées par une rente plus élevée [24 mois de report pour une hausse de 5 % en moyenne]. »

La réforme de 2014, qui va accroître la durée de cotisation jusqu’à 43 ans, jouera aussi un rôle, car les personnes éloignées de l’emploi demeurent confrontées à l’impossibilité de travailler plus. Mais l’effet de cette évolution est plus limité, conclut l’étude : « En termes de pension cumulée sur le cycle de vie, les mesures d’âge sont plus antiredistributives – au sens de la redistribution verticale des plus aisés vers les plus modestes – que les mesures de durée. »

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 06/01/2016

Depuis le 1er janvier, la Garantie jeunes est devenue un droit pour tous les jeunes

Pas moins de 150.000 jeunes pourraient emprunter ce dispositif d’accompagnement intensif vers l’emploi en 2017. Il a été généralisé dans le cadre de la loi El Khomri.

La Garantie jeunes est devenue, depuis le 1er janvier, un droit pour tous les jeunes de moins de 26 ans en situation de précarité et sans situation stable, c’est-à-dire ni en emploi, ni en études. Le dispositif d’accompagnement intensif vers l’emploi avait été expérimenté dès 2013, puis peu à peu étendu. Depuis 2013, 100.000 jeunes en ont bénéficié. En 2017, le gouvernement espère enrôler 150.000 participants, alors que le programme est désormais généralisé à l’ensemble du territoire.

Piloté par les missions locales, le cursus dure pendant une année. Sous réserve de leur assiduité, les jeunes perçoivent une indemnité de 470,95 euros par mois. Les animateurs organisent des ateliers pour faciliter leur insertion sur le marché du travail. Ils travaillent en parallèle avec les services sociaux pour lever les freins annexes au retour à l’emploi: santé, logement, formation… Les participants sont répartis par les missions locales en petits groupes d’une quinzaine de jeunes. Chaque mois, une nouvelle promotion démarre le programme.

Un budget de 500 millions d’euros pour 2017

Selon la Cour des comptes, très positive sur cet accompagnement intensif, le coût s’élève à 6000 euros par an et par jeune. L’Union européenne finançant un quart du programme, le coût total pour l’État français devrait tourner autour de 675 millions pour 150.000 jeunes, répartis sur plusieurs budgets, la formation courant en général sur deux années civiles. Le budget alloué pour 2017 s’élève à 498,54 millions d’euros, en augmentation de 77% en un an.

L’effet du dispositif apparaît modeste, mais est réel. Selon les données du ministère du Travail, quatorze mois après l’entrée dans le dispositif, le taux d’emploi total des jeunes augmente de 6,3 points et celui d’emploi durable de 4,6 points. La part des jeunes ayant suivi le dispositif en emploi durable s’élève ainsi à 20,5%, contre 15,9% pour une cohorte similaire non prise en charge.

Anne de Guigné

 

 

LES ECHOS – 06/01/2016

Fiscalité des successions : le rapport qui relance le débat

Une note de France Stratégie publiée jeudi prône une refonte radicale.
La taxation dépendrait des sommes héritées tout au long d’une vie.

« Mal adaptée », favorisant « une société d’héritiers », « inéquitable »... La fiscalité des successions est à revoir de fond en comble, estime France Stratégie, un organisme de réflexion dépendant de Matignon (mais dont les propositions n’engagent pas l’exécutif). Dans une note publiée jeudi, le think tank s’alarme d’une augmentation des inégalités, à la fois entre générations mais aussi au sein d’une même génération.

Premier constat : le patrimoine a augmenté beaucoup plus vite que les revenus ces trente dernières années. En conséquence, les héritages représentent 19 % du revenu net disponible des ménages, contre 8,5 % il y a trente ans. « Dans un contexte de croissance économique ralentie, ce mouvement risque d’accentuer la reproduction sociale, puisque les destins individuels dépendront moins de la trajectoire des revenus individuels et davantage de l’importance des héritages reçus », relève France Stratégie. Qui plus est, l’allongement de l’espérance de vie fait que les ménages héritent de plus en plus tard, à 50 ans aujourd’hui environ, soit huit ans de plus qu’en 1980. Ce qui fait que les sexagénaires sont quatre fois plus riches que les trentenaires, alors que l’écart était de 1 à 2 dans les années 1980.

Inciter les ménages à transmettre plus tôt

D’où la nécessité de rendre la fiscalité sur les successions plus progressive et d’inciter les ménages à transmettre plus tôt leur patrimoine, estime France Stratégie. Des préconisations qui s’opposent à une autre vision des droits de succession : celle qui consiste à dire que, comme l’argent gagné tout au long d’une vie a déjà été taxé, il ne doit pas l’être encore lorsqu’il est transmis aux descendants. C’est cette conception qu’a défendue Nicolas Sarkozy pendant la primaire de la droite, en proposant de relever l’abattement sur les frais de succession de 100.000 à 400.000 euros pour les descendants directs.

Pour appuyer son propos, France Stratégie souligne certaines incohérences de la fiscalité actuelle. « La progressivité est mal construite, avec un fort effet lié au lien de parenté », juge Clément Dherbécourt, chef de projet au sein de l’organisme. Pour les transmissions entre parents et enfants, le taux moyen d’imposition se situe entre 2 % et 3 %, alors qu’il est de l’ordre de 25 % pour les individus sans enfants. Les écarts entre individus viennent aussi du fait que le taux d’imposition ne tient pas compte des sommes déjà héritées par le passé. Ainsi une personne qui hérite successivement de 200.000 euros de chacun de ses parents paiera moins de droits qu’une autre ayant reçu en une seule fois 400.000 euros d’un parent. Enfin, il n’y a pas d’incitation à transmettre aux jeunes générations, puisque l’abattement est le même pour les successions et les donations. Face à ce constat, France Stratégie propose d’abaisser, voire même de supprimer l’abattement sur les droits de succession, tout en maintenant celui sur les donations. L’organisme préconise également une réduction des frais en cas de donation à un héritier de moins de 40 ans. Mais, pour pallier les défauts du système actuel, il faudrait, selon France Stratégie, aller plus loin en prenant compte l’ensemble du patrimoine hérité tout au long d’une vie, une proposition relayée dans la primaire socialiste par Vincent Peillon (lire ci-dessous). Certains économistes ont même imaginé un système d’impôt négatif qui doterait chaque individu âgé de 18 ans d’un patrimoine minimal. Une idée qui avait séduit François Hollande dans la perspective d’une nouvelle candidature à la présidentielle, finalement abandonnée. Mais France Stratégie reconnaît qu’une telle mesure soulève quelques difficultés « sur son montant, son financement et sur les conditions éventuelles de son utilisation ».

Ingrid Feuerstein

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 06/01/2017

A 500 ans, le port du Havre craint d’être rayé de la carte maritime mondiale

En retard sur ses rivaux d’Europe du Nord, le deuxième port de commerce français cherche à redevenir compétitif.

Les responsables de la ville du Havre (Seine-Maritime) auraient rêvé d’un contexte plus guilleret pour célébrer les 500 ans de leur cité. Le 7 février 1517, François Ier ordonnait la création à l’embouchure de la Seine d’un port fortifié, « un bon havre destiné à recevoir et tenir en sécurité les vaisseaux navigant sur la mer Océane ».

Cinq siècles plus tard, le port craint de se retrouver doucement effacé de la carte. « Nous devons bouger rapidement si nous ne voulons pas disparaître, c’est simple ! », s’exclame Michel Segain, le président de l’Union maritime et portuaire du Havre (UMEP), qui présente, jeudi 5 janvier, un plan stratégique destiné à éviter le naufrage.

Il y a péril en la demeure, assure M. Segain, un transitaire en viande. Certes, Le Havre reste le deuxième port de commerce français par le volume de marchandises embarquées et débarquées derrière Marseille, et le premier pour les seuls conteneurs. Mais il perd du terrain par rapport aux grands ports du nord de l’Europe. Le mouvement, engagé depuis plusieurs années, devient de plus en plus préoccupant.

2,5 millions de conteneurs traités par an

En 1995, Le Havre traitait 1 million de conteneurs, Anvers 2 millions, et Rotterdam près de 5 millions. En 2016, le port français a vu passer quelque 2,5 millions de conteneurs. Une progression d’environ 150 % en vingt et un ans. Mais Anvers a, de son côté, annoncé fin décembre avoir franchi le cap des 10 millions, tandis que Rotterdam dépasse largement les 12 millions de conteneurs par an. Dans le même temps, Shanghaï a doublé tous ses rivaux : plus de 36 millions de « boîtes » y ont transité en un an… La part de marché du Havre s’effrite donc par rapport aux ports du « delta d’or », Rotterdam, Anvers et Zeebruges, qui profitent bien davantage de la mondialisation.

L’écart s’est amplifié en 2016. Lors des grèves contre la loi El Khomri, les dockers et les personnels portuaires du Havre se sont fortement mobilisés, entraînant l’annulation des escales de plus de soixante-dix navires. Résultat, les volumes traités par le port normand ont reculé de 4 % à 5 %, alors qu’ils ont au contraire progressé de plus de 4 % à Anvers.

« La question de la marginalisation du Havre est posée », constate le géographe Antoine Frémont, directeur de recherche à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux.

Menacé par un projet de canal à grand gabarit

Deux éléments risquent d’accélérer le phénomène. Les grands armateurs mondiaux (Maersk, MSC, CMA-CGM, etc.) sont en train de reconfigurer leurs alliances commerciales, et de choisir les ports dans lesquels s’arrêteront leurs porte-conteneurs. « Nos dirigeants ont effectué le tour du monde pour convaincre les compagnies de maintenir leur présence en Normandie », indique-t-on chez Haropa, la structure qui réunit les ports du Havre, de Rouen et de Paris.

Mais les responsables des principaux ports concurrents ont fait de même. Qui l’emportera ? Le départ de l’un des champions du transport maritime pourrait être terrible pour Le Havre. Des décisions sont attendues d’ici à la fin du trimestre.

Une deuxième menace plane. Celle provoquée par le projet de canal à grand gabarit reliant la Seine à l’Oise, et au-delà, au réseau des canaux belges, néerlandais et allemands. Evoqué depuis des lustres mais sans cesse repoussé, ce chantier de 4,5 milliards d’euros a fait l’objet en novembre d’un accord entre l’Etat et les régions Hauts-de-France et Ile-de-France. Si bien que les travaux devraient enfin commencer en 2017, pour aboutir en 2024.

Cette infrastructure de 107 kilomètres pourrait alors devenir une « autoroute à conteneurs » entre Anvers et la région parisienne. De quoi inciter les transporteurs à décharger leurs marchandises en Belgique plutôt qu’en France. « Cela risque vraiment de désertifier le port du Havre », peste M. Segain, qui a tenté en vain de bloquer ce projet qu’il juge aberrant.

Le Havre peut-il remonter la pente ? « Ce n’est pas facile, dans la mesure où l’axe de la Seine est un peu périphérique dans la géographie européenne, estime M. Frémont. Le Havre n’est que le port naturel de Paris. Anvers et Rotterdam, eux, constituent les portes de l’Europe rhénane et de la puissante machine économique allemande. » En ce sens, le déclin relatif du Havre reflète celui de la France, dont la part dans les exportations de marchandises de la zone euro a baissé d’un tiers depuis 1999.

Concentrer les efforts sur Marseille et Le Havre

Les responsables havrais ne lâchent pas prise pour autant. Tel est le sens du plan présenté par l’UMEP. Il prévoit de concentrer les efforts maritimes français sur Le Havre et Marseille. « On ne peut plus faire de saupoudrage entre les sept grands ports maritimes actuels, argumente le président de l’UMEP. Les autres, comme Dunkerque ou Bordeaux, doivent devenir de simples ports régionaux. »

Dans ce schéma, Le Havre bénéficierait d’investissements de 16 milliards d’euros à l’horizon 2050, sous réserve de décrocher les fonds publics nécessaires. Priorité à court terme, la création d’une « chatière » entre le port à conteneurs actuel et la Seine. Les barges remplies de conteneurs pourraient ainsi accéder par tous les temps aux terminaux du port. Coût estimé : 100 millions d’euros. « Anvers s’est développé grâce aux infrastructures construites sur place, nous devons faire de même », plaide M. Segain.

Le précédent du terminal multimodal du Havre incite toutefois à la prudence. Après quatre mois d’activité, la société qui exploite ce système destiné à faire passer les conteneurs d’un bateau à un train ou à un camion, et vice versa, a déposé son bilan en octobre 2015. Reprise par le port, la structure fonctionne de nouveau depuis quelques mois. Mais cet investissement de 137 millions d’euros censé améliorer la compétitivité du Havre est loin d’être rentabilisé.

Denis Cosnard

 

 

LE FIGARO – 06/01/2017

Le marché des données marketing pèse 1,7 milliard d’euros en France

Le marché du data traverse une période de forte consolidation.

Appliqué à l’univers marketing, le marché du big data est devenu l’or noir de l’industrie publicitaire. Estimé aujourd’hui à un peu plus de 28 milliards de dollars dans le monde, il devrait plus que doubler d’ici à 2021 pour atteindre près de 67 milliards de dollars (plus de 64 milliards d’euros), selon MarketsandMarkets. Ce qui représente une croissance de près de 20 % par an pendant cinq ans!

En France, l’estimation la plus récente est celle qui a été faite par l’institut BVA Limelight pour le compte de Mediapost, la filiale de La Poste spécialisée dans le marketing direct. Il l’a estimé pour 2014 à un peu plus de 1,7 milliard d’euros, pour un périmètre n’incluant que les 274 acteurs de la data à finalité marketing et communication qui réalisent plus de 1 million d’euros de chiffre d’affaires.

En 2014, ce marché a progressé de 4,6 % en France. Il aurait depuis continué à croître de façon plus marquée, entre 5 % et 10 % par an. On peut donc l’estimer pour 2016 dans une fourchette allant de 1,7 à 1,8 milliard d’euros. Avec deux segments qui continuent de se démarquer par leur forte croissance: ceux sur lesquels opèrent des acteurs de l’analyse et de l’intelligence (datamining, dataresearch…) et ceux de la diffusion et du ciblage. Les premiers connaîtraient des rythmes de croissance de 5 % à 10 % et les seconds supérieurs à 20 %. Normal, ce sont des activités portées par le dynamisme du marché de la publicité en ligne, seul secteur de la communication en croissance constante depuis quinze ans.

Collecte et vente en baisse

Ce marché du data marketing évolue rapidement car la valeur est en train de se déplacer. La publicité en ligne n’est-elle pas devenue le premier marché dans l’achat d’espace en France? Très longtemps dominantes, pesant la moitié du marché du data marketing, la collecte et la vente sont désormais des activités en pente douce. C’est dans cette catégorie d’acteurs que se rangent notamment les «brokers d’e-mails», qui achètent et vendent des listes d’e-mails, et ont longtemps fait la pluie et le beau temps dans le marketing en ligne. Mais depuis quelques années, l’économie du secteur – et donc les investissements – s’est déportée vers le ciblage comportemental, dont l’essor est assuré par l’amoncellement de données de surf et d’achat généré par la massification des usages sur Internet fixe et mobile. À l’inverse, les activités de structuration et de stockage, qui représentent environ 10 % du marché, sont orientées à la baisse.

Outre le fait qu’il accélère, ce marché du data traverse une période de forte consolidation. Dans le business de l’analyse et de l’intelligence en particulier, des acteurs européens voire mondiaux apparaissent, qu’ils soient des acteurs historiques du data comme Acxiom, fusion de plusieurs poids lourds du secteur, ou des SSII mondiales comme Adobe ou Oracle. Le même phénomène est observable dans le ciblage.

Alexandre Debouté

 

 

LES ECHOS – 06/01/2017

Bruxelles va pousser Engie à payer 300 millions d’euros au Luxembourg

 

La Commission européenne estime qu’Engie a économisé 300 millions d’euros d’impôts au Luxembourg entre 2009 et 2015.

La Commission européenne dénonce le traitement fiscal accordé au groupe de 2009 à 2015 par le Grand-Duché.

Les pratiques fiscales d’Engie au Luxembourg auraient permis au groupe d’économiser quelque 300 millions d’euros d’impôts de 2009 à 2015. C’est ce qui ressort des documents publiés jeudi par la Commission européenne, qui dévoilent le détail de son enquête préliminaire sur les avantages fiscaux accordés par le Grand-Duché au groupe, détenu à 33 % par l’Etat français.

Le 19 septembre, la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, avait lancé une enquête approfondie, estimant que les rescrits fiscaux accordés à l’ex-GDF-Suez constituent des aides d’Etat déguisées faussant la concurrence – et à ce titre en infraction avec les règles européennes. Mais aucun chiffre n’avait été évoqué. C’est désormais chose faite. Ces 300 millions représentent la somme qu’Engie risque de devoir verser au Luxembourg en arriérés d’impôts au terme de la procédure. Un montant qui pourrait être réévalué à la hausse en fonction de nouveaux éléments.

Deux transactions en causes

Les 56 pages de l’enquête préliminaire dévoilées décrivent dans le détail la mécanique mise en oeuvre par le groupe, présent au Luxembourg depuis quatre-vingt ans ans pour y échapper à quasiment tout impôt sur ses profits. En cause : deux emprunts convertibles en actions contractés en 2009 puis 2011 par deux filiales d’Engie, LNG Supply (LNG) puis GDF Suez Treasury Management (GSTM), auprès de deux autres filiales, LNG Luxembourg puis Electrabel Invest Luxembourg. Le problème est que, en vertu de rescrits fiscaux accordés en 2008, le Luxembourg a traité ces opérations comme des emprunts pour GTSM et LNG mais aussi, dans le même temps, comme des prises de participation pour les filiales prêtant.

En conséquence, les premières ont pu déduire les intérêts versés de leurs revenus imposables, ce qui a ramené ces derniers à quasi-zéro ; et les secondes ont pu éviter d’être imposées sur les revenus perçus, assimilés à des dividendes non taxés. Or « une même entreprise ne peut pas gagner sur les deux tableaux pour une seule et même transaction », insiste un expert de la Commission, qui dénonce le blanc-seing délivré par les autorités luxembourgeoises à une telle « double non-imposition ».

Engie ne fait pas de commentaires

Les documents collectés par Bruxelles l’amènent à estimer que GSTM a, de 2011 à 2015 et au prix d’un montage complexe, abusivement déduit de ses revenus imposables un total cumulé de 600 à 650 millions d’euros, et LNG, de 2009 à 2015, un total de 400 à 450 millions. Soit, en tout, un gros milliard d’euros. Cette somme aurait dû être imposée au taux en vigueur au Luxembourg (29 %), générant ainsi 300 millions d’euros d’impôts.

Contacté, Engie ne fait pas de commentaire. « Nous fournirons toutes les informations souhaitées à la Commission et à l’Etat du Luxembourg », se contente d’indiquer le groupe. En septembre, la directrice générale, Isabelle Kocher, avait souligné que c’est au Luxembourg que Bruxelles adressait ses reproches, et non au groupe : « Personne ne nous soupçonne d’avoir fraudé le fisc. » L’enquête fait suite au scandale des « Luxleaks », révélé en 2014, et s’inscrit dans le vaste bras de fer entre Bruxelles et le Luxembourg qui en a découlé. En octobre 2015, Fiat y a été condamné à verser 30 millions d’euros d’arriérés d’impôts et des enquêtes sont en cours sur des rescrits fiscaux accordés à Amazon et à Mc Donald’s.

Derek Perrotte

 

 

::: SOCIETE

LE FIGARO – 06/01/2017

Avoirs criminels: près d’un demi-milliard d’euros saisi aux délinquants en 2016

Les saisies d’avoirs criminels ont augmenté de 3,9%sur les onze premiers mois, par rapport à l’année 2015. Le nombre des affaires a déjà doublé en quatre ans.

Voyant leurs biens saisis, leurs comptes asséchés, rendus parfois exsangues par la confiscation de valises de billets ou de leurs assurances-vies, les trafiquants, escrocs et malfaiteurs de tout acabit ont passé une douloureuse année 2016. Jamais ils n’ont tant été frappés là où ils ont le plus mal, c’est-à-dire au portefeuille.

Un bilan porté à la connaissance du Figaro et de France Inter révèle que les services répressifs du ministère de l’Intérieur ont procédé à la saisie de 471,425 millions d’euros d’avoirs criminels dans les onze premiers mois de l’année. Soit une hausse de 3,9% par rapport à la même période de l’année précédente, sachant que l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels saisis et confisqués (Agrasc) enregistre un essor exponentiel. Placée sous l’égide du ministère de la Justice, cette institution créée en 2011 a depuis lors vu son activité quasiment doubler en quatre ans pour franchir la barre des 13.200 affaires en 2015. Désormais, ce bras séculier de la Place Vendôme gère chaque mois plus de 1100 dossiers visant des immeubles à l’acquisition souvent douteuse, mais aussi des comptes, du numéraire ou encore des produits de placement utilisés pour blanchir l’argent sale.

Blanchiment et voitures de location

Toujours selon nos informations, les enquêteurs de la gendarmerie ont saisi à eux seuls entre janvier et novembre dernier l’équivalent de 215,64 millions d’euros, soit 52% de plus en un an. «Ce résultat est le fruit d’un investissement à long terme amorcé il y a dix ans avec un seul objectif: confisquer le magot», se félicite le général Jean-Pierre Michel, sous-directeur de la police judiciaire. «Au départ, on identifiait bien les délinquants, mais pas le produit de leurs infractions. Or, il n’était pas acceptable de les envoyer en prison alors que des millions les attendaient à la sortie», renchérit le chef d’escadron Romain Stiffel, chef de la cellule nationale avoirs criminels à la Direction générale de la gendarmerie.

En 2007, quelque 160 militaires ont donc joué les pionniers en se convertissant en «enquêteurs patrimoniaux». Mission? Pister l’argent sale avant que les malfaiteurs essaient – en général au moment des interpellations – de l’engloutir en le redistribuant à des parents plus ou moins lointains, voire des amis prompts à jouer les hommes de pailles. «La criminalité organisée a développé toute une ingénierie pour blanchir des pactoles entiers dans l’immobilier, des placements offshore ou, de façon plus basique, des parts de société au nom de proches», poursuit le commandant Stiffel, qui rappelle que le milieu s’adapte en permanence, à l’image des caïds de la drogue: ces derniers roulent en voitures de location depuis qu’ils ont compris que leurs rutilantes berlines achetées pour la parade ou pour transporter de la marchandise étaient systématiquement saisies ou confisquées.

La politique des petits ruisseaux

Soucieux d’intensifier les frappes financières, les gendarmes sont montés en puissance en rédigeant en 2008 un guide de l’enquête patrimoniale offrant une méthodologie à l’ensemble des enquêteurs, tandis que Jean-Luc Warsmann, alors président de la commission des lois, a facilité dès 2010 les saisies d’un plus large éventail de biens. Une initiative d’autant plus précieuse que, selon un document de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj) dévoilée en novembre dernier, le marché illicite des stupéfiants représentait déjà à l’époque 2 milliards et 300.000 euros.

Depuis lors, grâce à un maillage de référents patrimoniaux installés dans chacune des 3200 brigades ainsi qu’à des binômes d’experts travaillant à temps sur cette thématique dans chaque région, les gendarmes systématisent les saisies sous toutes les formes, incluant même des lots de bijoux, d’or, de matériel multimédia ou encore d’électroménager. Pour une valeur de quelques centaines d’euros parfois, mais qu’importe. «La politique des petits ruisseaux est notre marque de fabrique, martèle le général Jean-Pierre Michel. L’important est de prouver que le crime profite de moins en moins et que la commission d’une infraction n’est plus rentable, quel que soit son niveau. En prenant des valeurs ou en retirant les voitures, même modestes, utiles au business, on fait mal directement avant même toute comparution devant la justice.» Grâce à une politique de préemption plutôt volontariste, les gendarmes ont en outre récupéré au total pour leurs unités pas moins 800 véhicules, dont des fourgonnettes transformées en «sous-marins» de surveillance, des camping-cars discrets pour les filatures ou encore de gros 4 × 4 pour l’intervention.

Des affaires spectaculaires

De son côté, toujours selon nos informations, la police nationale a réalisé dans les premiers onze mois de 2016 plus de la moitié (54%) de la globalité des saisies d’avoirs criminels exécutées en France, pour une valeur de 255,785 millions d’euros. S’il constitue un repli de 18% par rapport à l’année précédente, ce bilan ne saurait masquer certaines affaires spectaculaires à mettre notamment à l’actif de la police judiciaire.

Les investigations portant sur Teodorin Obiang, fils du président de Guinée équatoriale et vice-président de son pays, accusé de s’être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable, témoignent de la dimension de certains dossiers. Parmi les biens présumés mal acquis dans le collimateur de la justice, qui a reporté le procès de ce dignitaire africain au 19 juin prochain, figurent un hôtel particulier avenue Foch à Paris de plusieurs milliers de mètres carrés, acheté 25 millions d’euros en 2005, de la joaillerie et une collection automobile siglée Porsche, Ferrari, Bentley ou Bugatti. N’oubliant pas de cibler dans le même temps les petits voleurs ou les cambrioleurs, la police tente d’insuffler le réflexe de saisie dans les affaires plus modestes.

«Nous allons renforcer la formation sur l’enquête patrimoniale, notamment pour les services de sécurité publique qui n’ont pas forcément le temps lors des investigations d’examiner les comptes et la non-justification de ressources», précise Corinne Bertoux, chef de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), qui souhaite en outre «pouvoir faire évoluer les investigations post-sentenciels». C’est-à-dire ne pas relâcher la pression après la condamnation.

Pour délivrer la bonne parole, les experts de la plateforme d’identification des avoirs criminels (Piac), impliquée dans les affaires les plus difficiles, multiplient les formations d’enquêteurs sur le terrain et disposent de 260 correspondants policiers et gendarmes à travers le pays. L’activité du banditisme, toujours florissante en dépit de la crise, pourrait connaître encore certains revers.

Des ferrari de collection: 780.000 euros

Le fruit d’une escroquerie réinvesti dans des voitures de rêve… Il a fallu deux ans d’investigation à la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Dijon pour élucider l’arnaque au faux ordre de virement qui a visé une entreprise bordelaise en 2014 pour un préjudice de 1,8 million d’euros. Après avoir identifié les arcanes du blanchiment, les enquêteurs ont établi que le butin avait été converti dans cinq Ferrari Maranello acquises au nom d’un malfaiteur et d’une obscure société basée au Japon. «Les voitures, dont la production va être stoppée, devaient être revendues avec une grosse plus-value comme des modèles de collections»,siffle un policier. Estimation des bolides: 700.000 euros, sans compter 30.000 euros saisis en espèces et 50.000 sur un compte en banque.

Bitcoins en ligne de mire: 385.000 euros

Le bitcoin, la cryptomonnaie dont le cours a franchi la barre des 1 000 euros au 1er janvier dernier, est devenu une valeur refuge pour les trafiquants qui se pensent à tort intouchables. Des cybercriminels installés dans la région Midi-Pyrénées en ont vécu l’amère expérience en 2014. Animant une plateforme illégale dans le Darkweb, où se négocient armes, drogue de synthèse ou articles de contrefaçon, ils changeaient leur butin en monnaie numérique. Dans leur portefeuille crypté, les gendarmes de la section de recherches (SR) de Toulouse avaient saisi pas moins de 385 bitcoins. Une première en France. Plus récemment, en février dernier, les militaires ont interpellé un «cannabiculteur» de Loire-Atlantique. Un peu geek, il pensait déjouer les surveillances en achetant des bitcoins

Du cash issu des narcos: 7,6 millions d’euros

Des montagnes d’argent en cash, en liasses de 10, 20 ou encore 50 euros disséminés entre la France, la Belgique ou encore les Pays-Bas… Dans le cadre de l’opération «Kouri» visant au démantèlement d’un tentaculaire réseau de narcotrafic et de blanchiment animé depuis le Maroc, les enquêteurs européens ont découvert au total près de 7,6 millions d’euros. En France, les gendarmes des sections de recherches de Marseille et de Paris, appuyés par le GIGN, ont saisi en novembre dernier 2,4 millions en numéraires, mais aussi de l’or pour un montant de 800 000 euros ainsi que 10 kilos de cocaïne. Pas moins de 26 suspects ont été interpellés au cours de ce coup de filet qui a mobilisé 425 militaires. La découverte très récente de nouvelles liasses, d’une valeur de 1,6 million d’euros, démontre que l’enquête n’est pas finie.

Cocaïne bien blanchie: 800.000 euros

Sous le nom de code «Cedar» (cèdre en anglais), l’affaire, peu médiatisée en dépit de son ampleur, est digne d’un véritable polar politique. Élucidée en janvier 2016 grâce une équipe commune d’enquête inédite unissant les limiers de l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et leurs homologues américains de la Drug Enforcement Administration (DEA), elle met en scène un gang de «blanchisseurs» libanais. Interpellés notamment à l’aéroport de Roissy, ils travaillaient au profit de gros trafiquants de cocaïne en Colombie. À la faveur de perquisitions menées en France et en Allemagne, les policiers ont saisi 800 000 euros en espèces et en montres de luxe. Les blanchisseurs, convaincus d’être en lien avec le Hezbollah, ont vu tous leurs avoirs gelés à travers le monde.

Christophe Cornevin

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 06/01/2017

François Bayrou : « Les orientations de François Fillon inquiètent »

Le président du MoDem laisse planer le doute sur son éventuelle candidature. Mais malgré ses critiques, il ne ferme pas la porte à une alliance avec M. Fillon.

Le président du MoDem, qui laisse toujours planer le doute sur son éventuelle quatrième candidature à la présidentielle, exhorte François Fillon à « réfléchir à l’équilibre de son programme », jugé trop favorable envers « les plus privilégiés ». Sans fermer la porte à une alliance avec le candidat de la droite.

Etes-vous candidat à l’élection présidentielle ?

Question originale ! Le paysage de la prochaine élection présidentielle n’est absolument pas fixé. Les Français ont le sentiment justifié d’un grand bazar. Mais c’est plus profond encore : les primaires changent le sens de l’élection présidentielle et l’esprit des institutions, puisqu’elles placent le président de la République dans l’allégeance à un camp. Je me suis donc fixé deux lignes de conduite. La première : faire apparaître, notamment au travers d’un livre, une certaine conception de l’avenir national, qui est aujourd’hui absente du débat. La seconde : favoriser toute évolution qui aille dans le sens de l’intérêt du pays. L’idée de rassemblement m’intéresse, à la condition que le projet vaille la peine.

Sur quels critères prendrez-vous votre décision ?

Deux critères : la conception de la fonction présidentielle et la vision de l’avenir.

Pourriez-vous soutenir un candidat issu de la primaire à gauche ?

Non. La France a besoin d’alternance. Les cinq années que nous venons de vivre ont conduit le pays de désillusions en déceptions. Le Parti socialiste, dans l’état où il se trouve, ne peut pas se voir confier l’avenir du pays.

Vous devriez donc soutenir François Fillon…

Il y a un paradoxe : la personnalité de François Fillon inspirait confiance par sa modération et je partageais ce sentiment, alors qu’aujourd’hui ses orientations inquiètent. D’une certaine manière, il est victime de la primaire : une compétition qui enferme un candidat dans un projet partial et non pas rassembleur. En réalité, la primaire avait pour objet de sélectionner le meilleur candidat contre François Hollande. Mais François Hollande s’est retiré ! Du coup, on se met à regarder le projet de François Fillon. Et beaucoup d’interrogations s’expriment…

Pourquoi ?

L’inspiration thatchérienne qu’il revendique est-elle adaptée à la France de 2017 ? Le risque, au moment où nous avons à encourager et soutenir le moral et l’activité du pays, est de proposer une politique dans laquelle chacun se sentira exposé, sauf les plus privilégiés. Le résultat à craindre, c’est la récession. Et le deuxième risque, c’est la montée des inégalités, comme partout dans le capitalisme mondialisé. Cette croissance continue des inégalités, je me suis battu contre toute ma vie.

François Fillon menace-t-il de déséquilibrer le pays avec ses réformes libérales ?

Il présente son projet comme « radical ». Je voudrais qu’il entende que c’est un projet déstabilisant pour beaucoup de Français de bonne foi : les salariés, la fonction publique et ceux qui la font vivre, les petits revenus, ceux qui pensent que le modèle social est une force de la France, ceux qui ne veulent pas que les questions sociétales soient tranchées par l’esprit partisan. Ces questions, des millions de Français les partagent. Pour rassurer tous ceux-là, suffit-il de dire que le projet est fixé une fois pour toutes et qu’on n’en bougera pas ?

Que pensez-vous du fait que François Fillon a mis en avant sa foi chrétienne pour prouver qu’il ne « prendra jamais de décision contraire à la dignité humaine » ?

Je suis absolument opposé à l’utilisation de la religion en politique. Ce mélange des genres est déplacé, et il est dangereux. Je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme croyant. Je refuse d’avoir à juger de la pertinence d’une proposition en fonction de l’affichage religieux des uns ou des autres. Que l’on soit chrétien ou athée, juif, musulman ou bouddhiste, ou rien du tout, cela n’a rien à voir avec le projet : la démocratie ne doit pas faire de différence. Sinon, c’est le communautarisme que nous reprochons à juste titre à d’autres traditions.

Sa promesse de supprimer 500 000 fonctionnaires est-elle applicable ?

Je ne pense pas que cette proclamation soit la bonne méthode. D’abord, c’est impossible : cela voudrait dire qu’on ne remplace aucun départ à la retraite… au rythme actuel des départs. Mais si l’on repousse le départ à la retraite à 65 ans, comme annoncé, il n’y a plus de départs à la retraite pendant plusieurs années ! Dès lors, cela signifierait des licenciements de contractuels en grand nombre. Je pense qu’il est une tout autre manière, plus souple et plus efficace de reconfigurer l’action publique et l’Etat, en partant de la meilleure organisation de ses missions et de l’amélioration du service. Et les économies nécessaires seront le résultat de cet effort.

François Fillon doit-il adoucir son projet ?

Il doit réfléchir à l’équilibre de son programme. Il est devant une responsabilité très importante. J’ai connu et apprécié François Fillon quand il était avec Philippe Seguin dans la ligne du gaullisme social. Je ne crois pas qu’il ait changé au point de l’oublier.

Pour la primaire de la droite, vous n’aviez prévu que deux scénarios : une victoire d’Alain Juppé, que vous auriez soutenu pour la présidentielle, ou de Nicolas Sarkozy, que vous auriez affronté… La victoire de François Fillon à la primaire vous a-t-elle déstabilisé ?

En rien. Je continue de penser qu’Alain Juppé avait les qualités d’homme d’Etat qui justifiaient ce soutien. Mais j’ai toujours jugé que le mécanisme de la primaire était très risqué. Pour le reste, rien ne m’importe que le fond.

Avez-vous, comme l’a indiqué Le Canard Enchaîné, conclu un pacte avec M. Fillon qui prévoirait un échange de circonscriptions ou votre candidature à la présidentielle pour gêner Emmanuel Macron…

En aucune manière. Je suis libre. Et je défends mes idées en toute indépendance. Je ne changerai pas de ligne. Il y a des millions de Français qui ont besoin qu’on fasse entendre leurs attentes et leurs convictions, sans marchandages, sans esprit partisan et sans soumission.

Vous semblez plus proche d’Emmanuel Macron que de François Fillon…

J’ai deux questions sur Emmanuel Macron : est-il armé pour être président de la République ? Et pour quoi faire de différent ? Exemple : je résiste à François Fillon quand il propose d’augmenter la TVA de deux points. Mais Macron propose d’augmenter la CSG de (presque) deux points aussi… L’un propose donc une hausse des prix et l’autre une diminution des revenus des Français. Tout cela pour un gain de moins d’un euro par jour pour un smic ! Je défends une autre idée, très simple : pas d’augmentation des impôts ! Nous avons déjà trop de prélèvements.

La droite peut-elle perdre la présidentielle ? Marine Le Pen peut-elle être élue ?

La situation est devenue terriblement instable. Mais je ferai tout pour éviter de pareils risques.

Alexandre Lemarié et Yves Bordenave

 

 

L’OPINION – 06/01/2017

Entrepreneuriat : Marine Le Pen s’inspire de Montebourg, Sarkozy et Trump

 

Marine Le Pen a conclu jeudi une convention présidentielle sur l’entrepreneuriat et l’innovation.

Un mois avant la présentation de son programme économique, la candidate du Front national a levé le voile sur quelques mesures en faveur de l’entrepreneuriat et de l’innovation

« On disait naguère “heureux comme Dieu en France”. Je souhaite qu’avec mon projet, on puisse dire à l’avenir “heureux comme un entrepreneur en France” ». C’est une vraie offensive de charme qu’a lancée Marine Le Pen à l’intention des indépendants jeudi, en clôture d’une convention présidentielle dédiée à l’entrepreneuriat et à l’innovation. Les entrepreneurs, une nouveauté pour le Front national qui avait davantage misé sur les PME et les PMI en 2012. Pour séduire ce nouveau corps électoral, Marine Le Pen est allée faire son marché un peu partout sur l’échiquier politique.

RSI réformé. Le slogan « achetons français » en 2012 s’est déplacé vers le « made in France » et le « patriotisme économique ». Pas de méprise avec Arnaud Montebourg cependant : « Tous ceux qui parlent de patriotisme économique sans sortir de l’Union européenne sont dans une imposture totale », a lancé la présidente du FN. Comme François Fillon, par ailleurs copieusement critiqué durant la convention, ou Emmanuel Macron qui vient de proposer sa suppression, Marine Le Pen appelle à une « refonte complète du RSI qui trop souvent mène au RSA. » Comme Nicolas Sarkozy en 2007 (qui n’y est jamais parvenu), la candidate du FN propose de consacrer 2 % des 1 600 milliards d’encours d’assurance-vie au financement des entreprises françaises. Elle plaide aussi en faveur de la création d’un fonds d’innovation santé financé par Bpifrance… qui existe déjà, s’appelle Innobio, et a été lancé en 2009 par Nicolas Sarkozy (encore lui).

Au-delà de nos frontières, le « volontarisme » de Donald Trump est érigé en modèle après sa décision d’imposer à Ford le rapatriement de ses usines de production mexicaines sur le sol américain sous peine de lourde sanction fiscale. Même les Chinois sont plébiscités pour leur protectionnisme. Et Marine Le Pen de conclure sur sa volonté de « remettre l’économie en ordre », comme un hommage à la compagne présidentielle… de Ségolène Royal.

Raphaël Legendre

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 06/01/2017

La transition entre Obama et Trump tourne à la guerre froide

Alors que les deux hommes avaient, au lendemain de l’élection, affiché un souci d’unité, leurs divergences sont depuis apparues au grand jour.

La conversation promet. Le futur président des Etats-Unis, Donald Trump, doit rencontrer, vendredi 6 janvier, à New York, le directeur de la sécurité nationale, James Clapper. Au programme, la présentation du rapport présenté la veille au président Barack Obama à propos du piratage, à des fins politiques, d’informations confidentielles liées au Parti démocrate. Les dix-sept agences du renseignement accusent, depuis le 7 octobre, les autorités russes, qui l’ont toujours nié, d’avoir interféré dans la campagne présidentielle américaine. Une analyse validée par M. Obama.

Deux jours plus tôt, sur son compte Twitter, son principal canal d’expression, M. Trump avait assuré, sans en apporter la preuve, que ce briefing « sur le supposé piratage russe” » avait été repoussé, parce que « le Renseignement” » avait selon lui « besoin d’un peu plus de temps pour constituer un dossier ». «Très étrange », avait ajouté le milliardaire, on ne peut plus suspicieux à l’égard de ses propres services de renseignement.

Une défiance « qui inquiète »

Cette posture n’a guère de précédent. Entendu à ce sujet par la commission du renseignement du Sénat, jeudi, M. Clapper, qui va quitter ses fonctions à la fin du mandat de M. Obama, a déploré une défiance « qui inquiète certains de nos partenaires étrangers ». Il a ajouté à propos des critiques de M. Trump qu’« il y a une différence entre un scepticisme salutaire et le dénigrement ».

Ce dossier du piratage dont M. Trump n’a cessé de nier la substance a provoqué une algarade publique, le 15 décembre, entre l’une des principales conseillères du président élu, Kellyanne Conway, et le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, qualifié « d’irresponsable » pour l’avoir longuement évoqué. Il a constitué la première entaille dans l’esprit de concorde affiché initialement lors de la rencontre entre le vainqueur de la présidentielle et M. Obama, deux jours après l’élection, le 10 novembre.

Ce souci d’unité, avaient assuré les deux hommes, devait régner sur la transition jusqu’à la prestation de serment de M. Trump, le 20 janvier. Il n’a pas résisté au style non conventionnel de M. Trump ni à la crainte croissante de M. Obama de voir l’essentiel de son legs politique jeté aux orties par la future administration.

« Il n’y a qu’un seul président à la fois » (…) « le président Obama est le président des États-Unis jusqu’au 20 janvier »
Ben Rhodes, conseiller diplomatique de Barack Obama

Le 22 décembre, le magnat de l’immobilier a ainsi tenté de forcer la main de M. Obama à la veille d’un vote du Conseil de sécurité des Nations unies sur une résolution condamnant à la fois la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés depuis 1976 et les incitations à la violence palestiniennes. Les Etats-Unis ont permis son adoption en s’abstenant, alors que M. Trump souhaitait que Washington fasse usage de son droit de veto.

Sur son compte Twitter, ce dernier a réagi en promettant que « les choses ser [aie] nt différentes » après son arrivée à la Maison Blanche. Laconique, le conseiller diplomatique de M. Obama, Ben Rhodes, a rappelé qu’« il n’y a qu’un seul président à la fois » et que « le président Obama est le président des États-Unis jusqu’au 20 janvier ».

Passes d’armes

Le 26 décembre, dans un entretien diffusé par le podcast « The Axe Files » animé par son ancien conseiller politique David Axelrod, M. Obama s’est dit « sûr » qu’il aurait battu M. Trump si la Constitution lui avait permis de briguer un troisième mandat. Quatre jours plus tard, le milliardaire lui a répondu sur son canal favori : « Le président Obama a fait campagne activement dans plusieurs Etats-clés, et il a perdu. »

« Je fais de mon mieux pour ne pas réagir aux nombreuses déclarations incendiaires du président O. et aux obstacles » [qu’il accumule], a ajouté M. Trump le 28 décembre, toujours sur Twitter. Quelques heures plus tôt, le président démocrate avait classé, au grand dam des républicains, deux nouvelles régions sauvages dans l’Utah et le Nevada, pour les soustraire à toute forme d’exploitation par l’homme.

Les passes d’armes se sont poursuivies après l’annonce de l’expulsion, le même jour, par Washington, dans le cadre des accusations de piratage, de 35 diplomates russes considérés comme des membres des services de renseignement. Le 30 décembre, M. Trump félicite ostensiblement le président Vladimir Poutine après sa décision de ne pas riposter par des expulsions de diplomates américains proposées par son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Superbe manœuvre », écrit-il. « J’ai toujours su qu’il était très intelligent », ajoute-t-il.

La proximité de la cérémonie d’investiture n’a pas fait baisser la tension. Mardi, M. Trump a attaqué de manière préventive toute nouvelle libération de la prison d’exception installée sur la base militaire américaine de Guantanamo. « Ce sont des gens très dangereux et ils ne devraient pas avoir l’occasion de retourner au combat », a-t-il estimé. L’administration démocrate, empêchée par le Congrès républicain de fermer cette prison controversée, espère extraire encore une vingtaine de prisonniers contre lesquels ne reposent aucunes charges. Quatre d’entre eux ont été transférés en Arabie saoudite jeudi.

La bonne volonté n’est plus d’actualité

Mercredi, M. Obama s’est rendu au Congrès pour appeler les démocrates à la mobilisation. Le même jour, le vice-président Mike Pence s’y était également rendu pour confirmer l’intention de la nouvelle administration d’abroger la réforme de la protection sociale, à laquelle M. Obama a donné son nom, l’Obamacare. Lors de la rencontre du 10 novembre, le président avait tenté de convaincre le milliardaire d’étudier le dossier en dehors de toutes considérations partisanes. La bonne volonté affichée par ce dernier, qui n’avait pas exclu alors de se contenter de l’« amender », n’est définitivement plus d’actualité.

La mesure phare du président démocrate a permis de tirer de la précarité près de vingt millions de personnes, tous programmes confondus, à un prix jugé cependant exorbitant par les républicains. Ces derniers se sont toujours opposés, par ailleurs, à l’intervention de l’Etat fédéral que cette réforme a impliquée.

La bataille à venir sur l’Obamacare, avant celles attendues sur l’environnement ou l’accord nucléaire avec l’Iran, pourrait figer les lignes. Et renforcer la détermination du Parti démocrate, encore sous le choc d’une courte défaite à la présidentielle, de camper dans une opposition frontale comparable à celle du Grand Old Party pendant les deux mandats de M. Obama. La trop courte majorité conservatrice au Sénat donne en effet une grande latitude d’action aux démocrates grâce au « filibuster », l’obstruction pratiquée avec constance par les républicains jusqu’à ce qu’ils en reprennent le contrôle en 2015.

Interrogé mardi, le porte-parole de la Maison Blanche a assuré que les traditions qui encadrent la journée de prestation de serment seront respectées dans deux semaines. Elles prévoient notamment que le futur président se rende tout d’abord à la Maison Blanche pour partager un café avec son locataire sur le départ. Ce dernier risque cette année d’être particulièrement amer.

Gilles Paris

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du jeudi 5 janvier 2017

2017-06-05T10:31:23+02:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE JOURNAL DU GRAND PARIS – 04/01/2016

SRDEII : un plan ambitieux pour redonner du souffle à l’économie francilienne

Valérie Pécresse entend faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ».

Chef de file de l’action économique depuis le 1er janvier 2017, la collectivité régionale a validé mi-décembre sa stratégie économique globale pour la période 2017/2020. Elle vise à renforcer les atouts de l’Ile-de-France et combler ses faiblesses pour devenir la 1ère région économique mondiale, avec comme mots d’ordre : attractivité, compétitivité, innovation, simplification, efficience, digitalisation…

Tout juste un an après avoir pris ses fonctions, la nouvelle majorité régionale a élaboré un plan d’actions pour les quatre années à venir aussi précis et exhaustif qu’ambitieux. Pas un pan du développement économique ne manque aux thèmes abordés par le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) novation de la loi NOTRe, adopté par le conseil régional d’Ile-de-France le 14 décembre 2016, après six mois d’une très large concertation, menée notamment par Jérôme Chartier, premier vice-président en charge de ces questions.

En effet, outre le transfert de la compétence économique aux régions, la dernière loi de décentralisation en date imposait à ces dernières l’adoption d’un outil de programmation prescriptif. Considérant « l’absence de leadership sur les sujets économiques nuisible à l’efficacité globale de l’action publique », Valérie Pécresse s’est saisi à bras le corps de ce nouveau rôle d’acteur central de l’économie.

Aussi, la présidente de la région Ile-de-France a fixé une « stratégie ambitieuse et partagée avec tous les acteurs publics (Etat, villes, intercommunalités, départements) et privés pour libérer et encourager l’exceptionnel potentiel de croissance, d’emplois et d’innovation de l’Ile-de-France afin d’en faire la première région du monde à l’horizon 2020 ».

Agir sur tous les leviers simultanément

Face à un solde migratoire négatif, l’incapacité de la région à capitaliser sur ses atouts et retenir ses talents, la chute de l’emploi industriel et un taux de chômage bloqué à 8,5 %, il convient d’agir sur tous les leviers simultanément. Pour combler ces faiblesses, les deux priorités de Valérie Pécresse sont de « redonner du souffle à l’économie francilienne », en instaurant un climat favorable aux affaires et en soutenant les entrepreneurs, et renforcer l’attractivité de l’Ile-de-France pour attirer entreprises, investisseurs et talents.

Pour les premiers, il s’agira de rendre les aides aux entreprises plus « efficaces, lisibles, faciles d’accès et homogènes sur l’ensemble du territoire régional », notamment en vue d’accroître l’internationalisation des PME franciliennes via un nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE). Mais aussi, d’alléger la fiscalité des entreprises, de simplifier les normes, d’équiper tout le territoire régional du très haut débit en 2020 et d’adapter les formations à la révolution digitale et au développement du big data.

500 000 m2 de bureaux par an d’ici à 2030

Pour attirer les entreprises et investisseurs internationaux, la stratégie du SDREII repose sur la création d’un guichet unique « Choose Paris Region » et d’une marque commune à tous les acteurs, « Paris Region ».

Sa mise en œuvre sera assurée par Paris région entreprises (PRE) qui devient le référant unique pour toutes les actions de marketing, prospection et accompagnement. La démarche concerne aussi les forces vives franciliennes, tels les territoires de projet identifiés internationalement à l’instar de Paris-Quartier central des affaires, La Défense, Grand Roissy-Le Bourget, Saclay, Vallée de la Seine et ceux à fort potentiel tels Plaine-Saint-Denis, Marne-la-Vallée, Orly-Rungis, Cergy Confluence, Génopôle… dont l’animation et la promotion à l’internationale seront assurées par la Région et PRE.

Enfin, pour doper l’offre de bureaux dont le besoin de création-renouvellement est estimé à 500 000 m2 par an d’ici à 2030 et optimiser la production d’immeubles réversibles, le SRDEII désigne l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise (Orie) comme le « lieu d’analyse et d’échange » entre pouvoirs publics et professionnels permettant « d’inspirer les orientations stratégiques des grands opérateurs » publics et privés. En matière d’offre foncière, l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif) apportera sa contribution, tandis que d’autres opérateurs publics (ville de Paris, EPA, EPCI, départements) pourront intervenir en complément.

« Laboratoire de la modernisation de l’innovation publique »

Mais Valérie Pécresse veut aussi profiter de l’occasion pour faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». Cette ambition se décline dans toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du SRDEII dont les maitres mots sont la concertation et la coconstruction. Par exemple, les représentants du monde économique et les collectivités locales seront consultés pour identifier les enjeux prioritaires en Ile-de-France et les besoins en faveur de la diversité de l’économie et du développement des nouvelles formes d’économie (circulaire, sociale et solidaire). Cette concertation aboutira à une « stratégie régionale partagée » de l’économie circulaire pilotée par la Région.

De même, un travail de concertation avec les élus régionaux, les acteurs industriels et tous les partenaires concernés sera engagé au cours du 1er semestre 2017 pour déterminer les enjeux liés à l’industrie afin de fixer ensuite des pistes d’actions concrètes pour maintenir ou renforcer les activités industrielles.

Création d’une instance de suivi et d’évaluation

Cette modernisation de l’action publique vise aussi à simplifier et à renforcer l’efficacité de l’action administrative ce qui se traduira notamment par la territorialisation de l’action régionale via la définition de 24 bassins d’emploi. Sur chacun d’eux, la Région sélectionnera un guichet actif via un appel à manifestation d’intérêt, qui aura pour vocation de cibler les besoins des entreprises et les aider à bénéficier des aides adaptées. La Région désignera un référant pour chaque guichet (EPCI, agence de territoire, etc.) et coordonnera le réseau des 24 guichets.

Enfin, un système de suivi et d’évaluation permettra d’ajuster les actions en fonction de leurs résultats. Il s’opèrera par la création d’une instance dédiée, pilotée par la Région et le Ceser, dont l’une des missions sera de coordonner la mise en place d’outils partagés en s’appuyant sur le réseau de partenaires actifs (Direccte, DRIEA, Insee, Pôle emploi, etc.). Les premiers travaux dès 2017 consisteront à choisir des indicateurs de suivi, lancer des premières études et préparer les premières évaluations à mettre en place en 2018.

Les autres actions phares du SRDEII : https://www.lejournaldugrandparis.fr/plan-regional-ambitieux-redonner-souffle-a-leconomie-francilienne/

 

LES ECHOS – 05/01/2016

La sélection de l’exploitant du futur CDG Express est lancée

 

Le CDG Express, dont la mise en service est prévue pour 2023, offrira une alternative au RER B, qui rallie déjà la capitale à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Le projet de liaison ferroviaire directe Paris-Roissy doit franchir plusieurs étapes cruciales cette année.
Le gouvernement prépare l’appel d’offres qui doit désigner l’opérateur.

La course contre la montre pour construire le CDG Express à temps pour les Jeux Olympiques de 2024 (dans l’hypothèse où Paris serait désigné pour les organiser) se poursuit. «  L’échéance de la mise en service fin 2023 n’est pas un calendrier prévisionnel mais un impératif inhérent au projet lui-même », rappelait il y a quelques jours le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, devant les sénateurs.

La loi posant les bases juridiques de cette future liaison ferroviaire directe entre la capitale et l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a été approuvée par les parlementaires fin décembre. Le texte, qui prévoit notamment la création d’une filiale commune à SNCF Réseau et Paris Aéroports pour construire et entretenir l’infrastructure, a été publié au « Journal officiel » la semaine dernière.

Mais plusieurs étapes cruciales restent à franchir. Le nouveau montage financier du projet (rendu nécessaire par le report à 2024 de la taxe sur les billets d’avion qui devait s’appliquer dès cette année) doit désormais être notifié à Bruxelles. Son approbation permettra la signature de la déclaration d’utilité publique, puis la finalisation du contrat de concession. Cela devrait être achevé fin avril, estime une source proche du dossier.

Dans le même temps, la recherche de l’opérateur ferroviaire qui sera désigné par l’Etat pour exploiter le CDG Express a débuté. Un appel à manifestation d’intérêts, prélude au lancement d’un appel d’offres, doit être publié au « JO » dans les semaines à venir. Les équipes du ministère des Transports ont commencé à plancher sur le cahier des charges. Celui-ci devrait être finalisé à la fin du premier semestre.

«  Il faut que l’exploitant soit désigné le plus vite possible, pour sortir de la zone de flou qui entoure ce dossier », estimait, il y a quelques semaines, un des soutiens du projet. L’objectif est d’aboutir à une décision en 2019. D’ici là, la bagarre promet d’être sévère entre les candidats. La SNCF et la RATP, par exemple, seront très probablement sur les rangs. Mais selon un expert, les deux entreprises publiques partent avec un handicap : elles exploitent en commun le RER B, qui dessert également Roissy-Charles de Gaulle. En cas de conflit social sur cette ligne, le CDG Express offrira une alternative appréciable pour rallier l’aéroport… à condition que ses conducteurs ne soient pas également en grève. Cela pourrait constituer un argument pour confier la ligne à un autre opérateur. D’autant que l’hypothèse d’un métro automatique a été écartée, la fiabilisation de l’exploitation sur un trajet à l’air libre aussi long comportant de forts risques de rater le coche de 2024.

La SNCF et la RATP pourraient toutefois contourner l’obstacle en se présentant à l’appel d’offres par le biais de leurs filiales Keolis ou RATP Dev. Mais des opérateurs étrangers pourraient également venir pimenter la donne.

Lionel Steinmann

 

LE PARISIEN – 05/01/2016

Seine-Saint-Denis : le conseil de développement du Grand Paris cherche des bénévoles

Vous habitez le Grand Paris, êtes inscrit sur les listes électorales et vous êtes intéressé par le développement de la métropole, l’occasion vous est donnée de vous exprimer sur le sujet. Le conseil de développement du Grand Paris, organe consultatif de réflexions et de propositions, cherche 24 Franciliens — 12 hommes et 12 femmes — pour donner leur avis sur le développement économique et les questions d’habitat et d’urbanisme, de mobilité durable, d’environnement et de développement durable, de questions sociales… Vous avez jusqu’au 15 janvier pour s’inscrire. Les 24 habitants retenus dans cet organisme, qui totalise 80 personnalités qualifiées, seront tirés au sort le 16 janvier.

Vous pouvez vous inscrire sur le site jusqu’au 15 janvier www.metropolegrandparis.fr

 

LES ECHOS – 05/01/2016

Actus franciliennes

 

 

::: ECONOMIE

L’EXPRESS – 05/01/2016

Le compte personnel d’activité (CPA) verra le jour le 12 janvier

 

Présenté comme la grande réforme du quinquennat Hollande, le compte personnel d’activité sera officiellement lancé le 12 janvier prochain,

a annoncé la ministre du Travail Myriam El Khomri.

Le dispositif qui regroupera le compte personnel de formation, le compté pénibilité et un nouveau compte engagement citoyen, sera officiellement lancé le 12 janvier, a annoncé ce mercredi la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Présenté comme la grande réforme du quinquennat Hollande, le compte personnel d’activité, verra prochainement le jour. La vocation du dispositif, qui n’a pas d’équivalent ailleurs, est de rattacher les droits sociaux à la personne et non plus au statut, afin de sécuriser des parcours professionnels de moins en moins linéaires.

A partir du 12 janvier, chaque actif pourra ouvrir son CPA sur un portail numérique gratuit, géré par la Caisse des dépôts. Y seront regroupés le compte pénibilité (C3P), le compte personnel de formation (CPF) – deux dispositifs existants – et un nouveau compte engagement citoyen (CEC). Il pourra aussi y consulter son bulletin de paie.

Son entrée en vigueur via l’ouverture du portail « donnera à chaque Français un moyen de faire évoluer ses compétences, de construire son parcours professionnel et surtout de rebondir en cas de difficultés, a déclaré à l’AFP la ministre du Travail, Myriam El Khomri. « C’est la base d’une protection sociale du XXIe siècle car il répond aux mutations du monde du travail », a estimé la ministre. Elle lancera le dispositif aux côtés du Premier ministre, Bernard Cazeneuve.

400 heures de formation supplémentaires pour les moins qualifiés

La loi Travail a enrichi le CPA de droits supplémentaires à la formation pour les personnes sans aucune qualification : leur plafond d’heures est porté à 400 heures, au lieu de 150 pour les autres. Le compte engagement citoyen rapportera aussi 20 heures de formation supplémentaires aux responsables associatifs bénévoles, jeunes en service civique et maîtres d’apprentissage.

« Dès que les personnes mobiliseront leur CPA, les droits seront financés », a assuré Myriam El Khomri. Elle a rappelé que le lancement du dispositif était « une première étape ». « Il y en aura d’autres, le champ des possibles est immense » pour enrichir le CPA de nouveaux droits, a-t-elle ajouté, souhaitant l’ouverture prochaine de concertations entre partenaires sociaux. Pour l’instant gelées.

 

LES ECHOS – 05/01/2016

Bernard Cazeneuve donne le coup d’envoi de la carte d’identification des salariés du BTP

 

Bernard Cazeneuve et Myriam El Khomri, mercredi, sur le site de l’Imprimerie nationale de Douai.

Son déploiement démarre début février.

Sur le site de l’Imprimerie nationale de Douai (Nord), l’impression des cartes d’identification des salariés du BTP a démarré. La lutte contre le travail illégal est un thème politique assez fort pour que Bernard Cazeneuve se soit déplacé ce mercredi, avec Myriam El Khomri, pour remettre cette nouvelle carte à l’une des entreprises chargées de la tester. La suite se fera par La Poste, parce qu’il y en aura, selon les estimations, de 2 à 2,5 millions à distribuer, « dont 1,3 million aux salariés classiques et 300.000 aux intérimaires français, le solde étant les détachés et les salariés changeant d’entreprise », précise la Fédération française du bâtiment (FFB). Seuls les autoentrepreneurs échappent à l’obligation d’avoir cette carte comprenant le nom, la photo, l’identité de l’employeur et un QR Code à flasher pour plus d’informations… Ne pas l’avoir sera passible de 2.000 euros d’amende. « Cela va faciliter les contrôles sur les chantiers, souligne le président de la FFB Jacques Chanut. Cela responsabilisera aussi les particuliers, qui ne pourront plus dire qu’ils ignoraient qu’un ouvrier travaillant chez eux n’était pas déclaré, il leur suffira de lui demander sa carte et de flasher le QR Code : vert, il est déclaré », rouge il ne l’est pas…

1.500 contrôles par mois

« Depuis plus d’un an, le nombre de contrôles contre la fraude au détachement a doublé, avec une moyenne de 1.500 contrôles par mois, a rappelé Bernard Cazeneuve. Près de 5 millions d’euros d’amendes administratives ont été notifiées pour non-respect des formalités du détachement sur les dix-huit derniers mois. 33 chantiers ont été suspendus ou arrêtés par les préfets en 2016. » Mais les contrôles se limitent aux grands chantiers les plus visibles, dénonce la FFB, qui espère les élargir aux travaux chez les particuliers. Ce serait inédit… et suppose de trouver les moyens humains mais techniquement, cette carte en test depuis le 5 décembre (« Les Echos » du 21 décembre) le permettra.

A la fin de la période de test actuel démarrera, début février, le déploiement, complété d’un arrêté de précisions techniques non encore paru. « Le déploiement sera graduel, à raison d’une zone par mois, en commençant par l’Aquitaine-Occitanie, qui a le plus fort taux de fraude, suivie du Grand Est, du Sud-Est puis du Nord-Ouest, en finissant par l’Ile-de-France, où le déploiement sera achevé au début de l’été », détaille le cabinet de Myriam El Khomri. La carte, valable cinq ans, devra être demandée par les entreprises des zones concernées sur le site Cartebtp. fr et coûtera 10,80 euros.

Myriam Chauvot

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 05/01/2017

Les pertes d’Autolib’ seraient majoritairement assumées par les contribuables

Le service Autolib’, exploité en délégation de service public, prévoit 179 millions d’euros de perte d’ici la fin du contrat en 2023. Mais seuls 60 millions d’euros devraient être supportés par le groupe Bolloré, affirme Le Canard Enchaîné.

Après cinq ans d’exploitation, la note des petites voitures électriques grises en libre-service est salée. Autolib’, le service de voitures en autopartage lancé par le groupe Bolloré en 2011, prévoit 179 millions d’euros de perte d’ici la fin du contrat en 2023, révèle Le Canard Enchaîné, qui cite le bilan financier du groupe Bolloré.

Toutefois cette charge sera majoritairement supportée par les contribuables. De fait, selon le contrat de délégation de service public signé pour une durée de douze ans (2011-2023), les pertes du service sont prises en charge à hauteur de 60 millions d’euros par le groupe Bolloré, indique le journal satirique. Le reste devra être assumé par la Mairie de Paris et les 97 villes d’Île-de-France équipées. La répartition se fera au prorata du nombre de véhicules garés dans les rues des communes.

Cinq ans plus tôt, l’homme d’affaires breton avait estimé qu’il faudrait sept ans pour que le système soit rentable. Selon lui, il faut 80.000 abonnés utilisant une voiture deux fois par semaine durant une heure pour atteindre l’équilibre financier. Aujourd’hui, le groupe se targue de compter 132.500 abonnés actifs… Mais l’objectif de rentabilité n’est pas atteint compte tenu «du déploiement et du développement actuel», du service explique-t-on chez Bolloré.

Les élus cherchent des solutions pour éponger les dettes

Les communes partenaires tentent de trouver des solutions pour éponger cette dette. Les élus ont voté, le 8 décembre dernier, une hausse des tarifs: la demi-heure va passer de 6 à 7 euros. Un avenant au contrat de délégation de service public a été consentie car cette hausse porte l’augmentation des tarifs à plus de 34%, seuil maximum fixé dans le contrat. Bolloré aurait, lui, proposé de fermer les stations les moins rentables ou d’autoriser la publicité sur les véhicules. Certains élus envisagent, pour leur part, de faire tout simplement disparaitre le service. Mais le coût serait encore plus élevé.

Une mauvaise publicité pour le groupe Bolloré qui a déjà étendu son service de voitures électriques en libre-service aux métropoles de Lyon et Bordeaux ainsi qu’à Indianapolis aux États-Unis et Turin en Italie. Le groupe prévoit de s’implanter, dès cette année, à Londres et à Singapour. À moins que les mauvais résultats financiers du service viennent contrecarrer ces projets.

Mathilde Golla

 

 

LE PARISIEN – 05/01/2016

SNCF : les attentats pèsent sur les résultats 2016

Les filiales européennes de la SNCF, comme Thalys ou Eurostar, ont été particulièrement touchées par cette baisse de chiffre d’affaires.

Sur les dix premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de la branche voyages de la SNCF, qui regroupe notamment les activités TGV, a chuté. Principale raison : les attentats.

2016 s’annonce comme une des pires années de la SNCF. Selon nos informations, fin octobre, le chiffre d’affaires de la branche voyages de la compagnie ferroviaire, qui regroupe notamment les activités TGV mais aussi l’Eurostar, le Thalys ou encore Ouibus, affichait déjà une baisse de 4,7 % par rapport à la même période de l’année précédente. Si le mois de décembre a connu un léger mieux, l’année s’est conclue avec des résultats en forte baisse comparé à 2015. «C’est probablement la pire année depuis la crise économique de 2008», estime une source proche du dossier. Une annus horribilis que la SNCF met principalement sur le compte des attentats.

Comme toute entreprise dont l’activité est liée au tourisme, la compagnie a été touchée de plein fouet par le climat de peur qui s’est répandu après les attaques du 13 novembre 2015 en Ile-de-France et celle du 14 juillet 2016 à Nice. Conséquence, des annulations en série, notamment des groupes scolaires, mais aussi une désaffection massive des touristes venus de l’étranger, comme de Chine, du Japon ou encore d’Italie.

Les filiales européennes de la SNCF comme Thalys et Eurostar ont ainsi particulièrement souffert en 2016. En revanche, les chiffres du trafic TGV en France sont restés relativement stables, grâce notamment à une politique tarifaire généreuse. Mais contrecoup de ces prix attrayants pour le client, des recettes en baisse pour la SNCF.

La chasse au gaspillage est ouverte

Autre facteur qui pèse sur les résultats 2016, les jours de grève, surtout ceux du printemps liés aux conditions de travail et à l’opposition au projet de loi El Khomri. Fin juin, Guillaume Pepy, président de la SNCF, avait calculé que ce conflit de 23 jours allait coûter au moins 250 M€. «Voyages SNCF va avoir les plus grandes difficultés à financer ses investissements, juge une source bien informée. C’est du jamais-vu.»

Si l’entreprise espère que cette situation sera temporaire, la chasse au gaspillage est plus que jamais ouverte. Il y a quelques semaines, elle s’est lancée dans un vaste programme de réduction des dépenses de 5 % par an sur les quatre prochaines années. Le budget 2017 prévoit une diminution nette des effectifs de 1 200 postes. Chez Voyages SNCF, pour atteindre son plan de performance, on souhaite se servir de Ouigo comme d’un laboratoire. Pas étonnant vu que la low-cost de la SNCF a des coûts au passager transporté 40 % moins élevés que ceux du TGV classique.

Si 2016 a été catastrophique, 2017 laisse quelques raisons d’être optimiste à la SNCF. D’abord, la compagnie devrait étendre son Ouigo vers Strasbourg et Bordeaux. Ensuite, la nouvelle ligne grande vitesse mettra à partir du 2 juillet la capitale girondine à 2 h 4 de Paris. Soit un gain de temps de 1 h 10.

Vincent Vérier

 

 

LES ECHOS – 05/01/2016

2016, année noire pour l’hôtellerie française

L’hôtellerie française a connu, l’an dernier, sa plus forte baisse d’activité depuis 2009.

On s’en doutait, au vu des statistiques égrenées tout au long de l’année : 2016 a été une année noire pour l’hôtellerie française. Selon le cabinet d’études et de conseil spécialisé MKG, qui a publié mercredi son dernier état des lieux annuel du secteur, 2016 est ainsi « l’année la plus mauvaise depuis 2009 » avec un recul du taux d’occupation (TO) moyen de 1,2 point, à 64,2 %, la recette unitaire moyenne par chambre disponible – le RevPAR, dans le jargon des professionnels -, indicateur de référence en matière de rentabilité, fléchissant par ailleurs de 5,1 %, à 56,30 euros. Petit lot de consolation, la chute du marché hôtelier tricolore a été, l’an dernier, moins sévère qu’en 2009, année de crise économique forte marquée par des baisses de 4,6 % du taux d’occupation moyen et de 9,2 % du RevPar (il faut remonter à 1993 pour retrouver une telle dégringolade !).

Au-delà de la tendance générale, MKG, qui fait autorité avec sa base de données, confirme le décrochage des deux locomotives régionales de l’hôtellerie française, à savoir l’Ile-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, durement affectées par le terrorisme et la chute du tourisme international, alors que le reste de la province a bénéficié d’une belle croissance. Les plus fortes baisses d’activité sont ainsi enregistrées à Paris, dont les ratios moyens sont traditionnellement les plus élevés, avec des chutes de 6,2 points du TO (à 72,3 %) et de 14,6 % du RevPar (112,50 euros), alors qu’elles sont respectivement de 5 points et de 9 % pour le reste de l’Ile-de-France. Pour sa part, la région PACA est sujette à un fléchissement de 1,3 point du taux d’occupation et de 2,8 % de la recette unitaire moyenne par chambre disponible. Pour la région PACA comme pour Paris, le segment haut de gamme a été le plus touché.

Des signes de reprise

A contrario, le reste de la province, dont les ratios sont les moins élevés, affiche de belles progressions avec un taux d’occupation en hausse de 1,5 point, à 61,9 %, et un RevPAR en augmentation de 4,4 %, à 47,30 euros. Hormis Paris, les huit principales agglomérations françaises ont des « résultats positifs », souligne même MKG, qui rappelle au passage l’effet d’entraînement de l’Euro de football et d’un calendrier d’événements favorable pour certaines d’entre elles (Lille, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Marseille).

Par ailleurs, et c’est une note d’espoir pour l’hôtellerie française, le cabinet spécialisé relève des « signes encourageants de reprise » depuis septembre et constate une hausse de la fréquentation de 0,5 point sur les quatre derniers mois de l’année, à comparer, il est vrai, à une difficile fin 2015, en raison de l’attaque terroriste du 13 novembre. Ce renversement de tendance devrait se prolonger en 2017, selon MKG, en raison d’un effet de base par rapport à une année 2016 négative mais aussi de la programmation de grands événements comme le Salon aéronautique Paris Air Show et celui autour du vin Vinexpo à Bordeaux. Pour autant, le cabinet ne s’attend pas à un retour des performances du secteur à leur niveau de l’année 2014. Par ailleurs, comme le soulignent bien des professionnels, la reprise « tient à un fil ». En clair, à l’éloignement de la menace terroriste.

Christophe Palierse

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 05/01/2017

A gauche, brutalité fiscale au programme

Les rares propositions en matière de réforme des impôts des candidats de la « Belle alliance populaire » promettent de coûter cher aux classes moyennes

Après Vincent Peillon et Manuel Valls mardi, Arnaud Montebourg a présenté hier le chiffrage de son programme présidentiel. A l’exception de l’ancien Premier ministre, tous les candidats proposent une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Une bombe fiscale qui entraînera des transferts de charges massifs entre classes de revenus. Selon Bercy, la réforme ferait au bas mot 9 millions de perdants : les classes moyennes et supérieures qui ont déjà subi un choc fiscal de 50 milliards d’euros en cinq ans.

N’ont-ils donc rien appris ? Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Benoît Hamon : ils étaient pourtant tous aux premières loges du gouvernement au moment de la révolte fiscale de 2013. Un ras-le-bol pris très au sérieux à l’époque au sommet de l’Etat, alors que les « bonnets rouges » démontaient les portails écotaxe, que les contribuables ulcérés par les hausses inédites d’impôts infligées depuis 2011 s’en prenaient de plus en plus violemment aux fonctionnaires des centres des impôts et que les « Pigeons » (business angels), « Dindons » (employés à domicile) et autres « Poussins » (auto-entrepreneurs) animaient la contestation sur les réseaux sociaux. Une ambiance insurectionnelle provoquée par une hausse brutale et inconsidérée de la fiscalité.

Et pourtant, trois ans plus tard, que propose le quatuor ? Des hausses d’impôts, encore et toujours, corolaires d’une augmentation non maîtrisée et non financée de la dépense publique (voir après). Des hausses qui reposeraient une fois de plus sur les classes moyennes et supérieures, qui ont déjà subit un choc fiscal de près de 50 milliards d’euros entre 2012 et 2017. La gauche dénonce « la violence inédite » du programme de François Fillon ? La brutalité fiscale des candidats de la « Belle alliance populaire » n’est pas en reste.

Raviver la révolte fiscale. En témoigne la résurgence de cette vieille lune de la gauche proposée par tous les candidats à l’exception notable de Manuel Valls : la fusion de la CSG (90 milliards de recettes) avec l’impôt sur le revenu (75 milliards) dans un grand impôt progressif qui rallumera à n’en pas douter les braises encore chaudes de la révolte fiscale.

Eux ne voient pas l’incendie. Pour Vincent Peillon, la CSG progressive bénéficierait « aux ménages modestes qui paient aujourd’hui le même taux que les plus fortunés ». Benoît Hamon en ferait un grand impôt rénové de 10 tranches. « Tous ceux qui gagnent moins de 2000 euros brut par mois auront un gain de pouvoir d’achat : 400€ par an pour ceux qui gagnent 1700 euros ; 1200 euros par an pour ceux qui gagnent le SMIC », annonce de son côté Arnaud Montebourg. Si ce dernier a trouvé une astuce en finançant ce big bang fiscal par amputation de moitié du CICE (10 milliards d’euros), les deux autres candidats n’expliquent à aucun moment que les classes moyennes et supérieures paieraient une addition d’une dizaine de milliards d’euros, elles qui sont déjà les seules à acquitter l’impôt sur le revenu. « C’est incontestablement la mesure la plus violente », reconnaît Philippe Bruneau, président du Cercle des fiscalistes.

9 millions de perdants. Les risques d’une telle mesure ont pourtant été soulignés par Bercy dans une étude réalisée début 2012. A produit constant, les transferts entre catégories de revenus feraient au moins 9 millions de perdants, dont 35% à 45 % touchant moins de 26 000 euros par an, certains moins de 14 000 euros (un million de foyers tout de même). Les classes moyennes et supérieures verraient leur facture bondir d’une dizaine de milliards d’euros. Le rapport de Bercy soulignait de « forts risques (…) sur l’acceptabilité du corps social, (…) budgétaire (…) et de détérioration de l’efficacité globale du système ». On pourrait rajouter risque constitutionnel puisque la CSG dégressive sur les bas salaires a déjà été censuré par deux fois par le Conseil constitutionnel : en 2000 sous Lionel Jospin et en 2015 sous Manuel Valls. A chaque fois, les sages de la rue Montpensier ont jugé la mesure contraire au principe d’égalité devant l’impôt.

La fiscalité du patrimoine risque également d’exploser. Benoît Hamon propose par exemple de fusionner l’ISF, la taxe foncière et les droits de mutation, pour « améliorer le rendement de l’impôt et faire en sorte que les prélèvements sur les derniers déciles soient plus importants qu’aujourd’hui ». Vincent Peillon promet un durcissement de la fiscalité sur les successions dont le taux « devra varier selon le montant reçu par l’héritier au cours de sa vie (plus il a reçu de patrimoine, plus il doit s’acquitter d’un montant élevé d’imposition) ». « Faire payer des droits en fonction du patrimoine de l’héritier, on en parlait déjà dans les congrès PS il y a quarante ans», se souvient le fiscaliste Michel Taly, ancien directeur de la législation fiscale sous Mitterrand. « M. Peillon mélange fiscalité du capital et héritage », ajoute Philippe Bruneau. « Je partage le constat sur une France pays d’héritiers. Mais il se trompe en affirmant que le rapprochement de l’imposition des revenus du capital sur celle des revenus du travail est un pas dans la bonne direction. Cette mesure a plombé l’investissement ».

Indigence. Pour le reste, l’indigence des propositions des candidats en matière de fiscalité – aucun onglet fiscalité sur le site de Manuel Valls, deux lignes chez Arnaud Montebourg, guère plus chez Vincent Peillon et Benoît Hamon – ne permet pas de dessiner de stratégie fiscale pour le prochain quinquennat.

Au final, seul Manuel Valls et sa promesse de stabilité fiscale durant le quinquennat trouve grâce aux yeux de Jean-Yves Mercier – « une indication plutôt rassurante, tout comme sa volonté de préserver les outils de production des entreprises de toute nouvelle taxation ». Même si, pour ce membre du Cercle des fiscalistes, son programme aussi « manque cruellement de chiffres ».

La fiscalité doit pourtant s’imposer dans le débat comme une priorité alors que la France, sous François Hollande, est devenue championne d’Europe des prélèvements obligatoires (47,5% du PIB). L’effet récessif du choc fiscal imposé ces dernières années a été estimé par l’OFCE à 0,8 point de PIB en moyenne par an depuis 2012. L’économie française étouffe sous le poids des charges. Mais ce n’est visiblement pas un sujet « primaire » pour la gauche.

Raphaël Legendre

 

 

LE MONDE – 05/01/2017

Jean-Luc Mélenchon : « A quoi bon un candidat du PS ? »

Le député européen, qui se présente sous les couleurs de son nouveau mouvement, La France insoumise, affirme avoir réuni près de 500 parrainages.

Cela fait maintenant près d’un an que Jean-Luc Mélenchon a lancé sa campagne présidentielle. Celui qui est désormais le candidat de La France insoumise assure toucher au but quant aux 500 parrainages nécessaires pour se présenter et avoir l’accord d’une banque pour financer sa campagne.

Quel regard portez-vous sur la primaire du PS ?

La légitimité de la candidature PS, c’était celle du président sortant qui, faisant valoir son bilan, aurait proposé de le corriger ou de l’amplifier. Faute de bilan, il aurait pu y avoir comme alternative un projet ou un programme du PS. Mais lui-même a renoncé à en avoir un. Il leur reste donc 92 jours, entre la fin de la primaire et le premier tour de la présidentielle, pour boucler un programme et le faire assez connaître pour que les citoyens puissent se prononcer dessus.

Jusqu’à présent, l’ultime justification du candidat socialiste, c‘était d’être en tête dans les sondages. Il se présentait alors comme le “vote utile”. Actuellement, le PS est en troisième position derrière M. Macron et moi-même. Dans ces conditions, sans projet et sans avantage électoral, à quoi bon un candidat du PS ? En réalité, le vrai choix des électeurs du PS, c’est de trancher entre l’orientation gouvernementale amplifiée, telle que la porte M. Macron, et la tradition de l’humanisme émancipateur de la famille culturelle, que j’incarne.

Vous serez dimanche à Tourcoing (Nord) pour parler des conditions de travail. Plusieurs des candidats de la primaire du PS, eux, se posent en « candidat du travail »

Moi, je ne parle pas du travail mais des salariés. Cela fait quinze ans que le CAC 40 obtient tout ce qu’il veut et que ces faveurs successives se font sur le dos des salariés. Cela se traduit par une précarisation plus grande, des conditions de vie de plus en plus terribles et une souffrance au travail qui se vérifie dans pratiquement tous les secteurs et à tous les étages de la hiérarchie. Je veux introduire dans la campagne un projet de progrès social, et pas simplement une résistance aux méfaits de la financiarisation de l’économie.

Il faut poser des objectifs clairs : le retour aux 35 heures réelles, la retraite à 60 ans avec 40 annuités, la Sécurité sociale intégrale avec un remboursement à 100 % des frais médicaux et des droits fondamentaux inconditionnels – droit aux premiers mètres cubes d’eau, de gaz et aux premiers kilowattheures gratuits. Dans une situation aussi mouvante, c’est le moment ou jamais d’être précis et ferme pour entraîner et fédérer le peuple. L’ambiguïté ne peut mener qu’au désastre. Prenez le « revenu décent » de M. Valls ou le « revenu universel » de M. Hamon : dans le meilleur des cas, ce sont des illusions, souvent une pure mystification.

Que leur reprochez-vous ?

Les deux disent qu’ils fusionneront d’autres allocations, mais ils se gardent bien de dire lesquelles. Il y aurait en effet de quoi craindre. Car leurs deux formules sont au-dessous du seuil de pauvreté, de l’allocation aux adultes handicapés et même du minimum vieillesse ! M. Hamon propose un revenu universel de 535 euros et M. Valls de 800 euros, mais sous conditions – ce qui est encore pire. Cela ne permet pas aux gens de vivre ; tous seront dans l’obligation de trouver un autre revenu par le travail. Résultat : ça menace les actuels allocataires de minima sociaux, mais ça garantit un revenu supplémentaire à MM. Bolloré et Dassault. Absurde ! Certes, certains seront illusionnés. Mais pas les pauvres gens qui comptent à l’euro près ce qu’ils ont et n’auront plus. En entendant cette “gauche”, ils risquent de fuir de l’autre côté !

Qu’est-ce qui vous différencie d’Arnaud Montebourg, qui semble plus proche de votre ligne ?

Il y a des différences qui ne sont pas des nuances. Après avoir dit qu’il renonçait à l’idée d’une VIe République, il dit qu’il y revient. Mais il propose une méthode, assez voisine de celle de M. Peillon : des amendements à la Ve République, octroyés d’en haut, validés par référendum. Ce n’est pas du tout la méthode refondatrice du pays que je propose, avec la tenue d’une assemblée constituante.

Je propose aussi un modèle de relance par la planification écologique, et la sortie du nucléaire. Ce n’est ni son propos ni celui d’Hamon, d’ailleurs. Enfin, sur la construction européenne, c’est à lui de préciser : M. Montebourg dit qu’il faut écrire un nouveau traité et que cela le distingue de moi, qui veux sortir de l’actuel. Il joue un peu avec les mots…

Emmanuel Macron est donné devant vous dans les intentions de vote. Comment expliquez-vous cette dynamique ?

Je n’observe pas la dynamique dont vous me parlez. Je crois que c’est une erreur d’analyse de croire que la société réclame des formules libérales comme dans les années 1990-2000. Il y a un très gros appétit médiatique pour M. Macron, qui n’est pas désintéressé : c’est normal que la caste ait choisi le personnage qui lui paraît la représenter le plus brillamment. Mais que quelqu’un qui a bénéficié de cinquante « unes » de journaux en trois mois et qui est présent quasi continuellement sur tous les médias me batte d’un point, alors que je suis le pestiféré de la scène, ce n’est pas un exploit si extraordinaire.

Trop atomisée, la gauche est donnée pour l’heure absente du second tour. Est-ce une fatalité ?

Je ne suis pas d’accord avec l’analyse selon laquelle il y aurait une pluralité de candidatures à gauche, bloquant l’accès au second tour. D’ailleurs, qui est capable de dire où commence et où s’arrête “la gauche” aujourd’hui ? Vous classez M. Macron dans la gauche, mais lui-même le refuse. Je le mets donc de côté. Regardez le compte des candidatures : il n’y en a pas plus qu’en 2012, année où le PS a gagné l’élection. Il y en aura peut-être moins. Ce qui est certain, c’est que les repères de la scène politique ont explosé. Il peut se produire une situation où des secteurs du mouvement socialiste décident de me rejoindre. S’ils le font, ils peuvent assurer ma présence au second tour. La campagne est très ouverte.

Ma cible, c’est M. Fillon. Avec Le Pen en tête, Fillon en seconde position serait automatiquement élu. Il incarne la droite telle qu’elle est aujourd’hui : ultratraditionaliste quant à la société et ultralibérale quant à la politique économique. Non seulement on aurait une défaite socialement terrible, mais en plus, ce serait une défaite idéologique. On peut le battre car selon moi, sa politique n’est pas capable d’entraîner une majorité du peuple français.

Est-ce que M. Fillon pose un problème à Marine Le Pen ?

Clairement, oui. Beaucoup des électeurs de Mme Le Pen sont des électeurs ralliés par des valeurs traditionnelles que Fillon porte mieux désormais. Il y a toujours eu un secteur populaire et ouvrier à droite. Il l’était pour des raisons essentiellement culturelles, car son intérêt économique n’était pas de ce côté. De plus, Mme Le Pen fait une campagne ambiguë, qui nous singe. Et cette invraisemblable rose bleue ! Comment comprendre qu’elle choisisse le symbole du PS pour se définir elle-même ? Mais pour moi, la droite et l’extrême droite finiront par s’entendre, comme ça se passe dans à peu près tous les autres pays d’Europe, moyennant quelques purges et beaucoup de dissimulation. On voit assez clairement dans le FN la ligne qui sépare Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. Elles aussi seront contraintes à la clarification, comme toutes les autres composantes du champ politique.

Avez-vous vos 500 signatures ?

Je les ai, à 17 près. Mais je ne suis pas tranquille tant que je n’ai pas une marge, aux alentours de 600 signatures.

Comment financez-vous votre campagne ?

Le banquier est d’accord sur le principe pour un prêt. Nous avons déjà récolté 1 million d’euros de dons. On devrait être entre 5 et 7 millions d’euros, soit moins que les 9 millions de 2012.

Nicolas Chapuis et Raphaëlle Besse Desmoulières

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 05/01/2017

Theresa May en panne de négociateurs européens

VIDÉO – La démission fracassante de son ambassadeur à Bruxelles, Ivan Rogers, souligne le déficit de compétences de Londres sur le Brexit.

Cette fois, c’est écrit noir sur blanc, de la main d’un haut responsable britannique. Dans sa lettre de démission de son poste d’ambassadeur auprès de l’Union européenne, rendue publique mardi soir, Ivan Rogers avoue qu’il ne sait «pas encore ce que le gouvernement fixera comme objectifs de négociations pour la relation entre le Royaume-Uni et l’UE après la sortie». Inquiétant, à moins de trois mois du déclenchement de la procédure de divorce. Ce long e-mail adressé à ses équipes apparaît comme un document à charge sur la stratégie du gouvernement de Theresa May. Il y stigmatise à mots à peine couverts «les arguments sans fondements» et «raisonnements confus». Enfonçant le clou, il souligne qu’«il y a très peu d’expérience sérieuse sur les négociations multilatérales à Whitehall», l’avenue des ministères à Londres.

Les partisans du Brexit se sont immédiatement fait fort de présenter le diplomate comme un traître. Et de pousser Theresa May à envoyer à Bruxelles un des leurs pour le remplacer. Le nom de Nigel Farage, ancien chef du parti europhobe Ukip (United Kingdom Independence Party), a même été cité, avant qu’il n’écarte lui-même la possibilité d’une boutade. Il a toutefois appelé à d’autres démissions dans les rangs des diplomates britanniques «qui ont du mal à accepter le vote» pour quitter l’Europe.

Chasse aux sorcières

Vétéran du Foreign Office, rompu aux rouages européens, proche de David Cameron puis de Theresa May, Ivan Rogers s’était inquiété dès avril, deux mois avant le référendum, du risque d’un divorce «conflictuel» et coûteux entre Londres et l’UE. Ses relations avec le gouvernement s’étaient dégradées quand il a laissé entendre en décembre que la normalisation des relations entre le Royaume-Uni et l’Europe pourrait prendre jusqu’à dix ans.

«Une fois de plus, on voit des politiciens dénigrer une personnalité qui évoque une possible alternative à l’orthodoxie officielle», s’indigne Dave Penman, secrétaire général du FDA, le syndicat des hauts fonctionnaires britanniques. Dénonçant «un climat fébrile et toxique», il juge l’extrême politisation du dossier du Brexit comme «une voie dangereuse pour le gouvernement qui, en niant la complexité du sujet, affaiblit sa propre position». Même spontané, ce départ renforce par ailleurs l’impression de chasse aux sorcières chez les proeuropéens qui refusent de se taire. Il y avait déjà eu la démission du commissaire britannique à Bruxelles Jonathan Hill au lendemain du référendum. Un ancien dirigeant de l’administration, Gus O’Donnell, un ex-responsable du Foreign Office, Simon Fraser, ont eux aussi été vilipendés pour leurs mises en garde sur les difficultés du Brexit.

Downing Street a traité par le mépris un rapport du cabinet Deloitte, qui avait fuité en novembre, tirant le signal d’alarme sur les errements dans sa stratégie et les sous-effectifs de la fonction publique britannique devant l’ampleur de la tâche. Loin de reconnaître publiquement la complexité du chantier, Theresa May tient à distance ceux qui, au gouvernement comme au Parti conservateur, ne cachent pas leurs inquiétudes. Ils sont catalogués comme des oiseaux de mauvais augure. Ancien conseiller de David Cameron – pourtant favorable au Brexit -, Steve Hilton regrette une approche «mesquine et étroite» de la première ministre, accusée de chercher à «couper les ponts» avec l’Europe.

Un malentendu fondamental

Derrière cette vision très empreinte d’idéologie se profile une préoccupante perte de compétences européennes pour la Grande-Bretagne à un moment crucial. Pour Charles Grant, directeur du Centre for European Reform, la démission d’Ivan Rogers «affaiblit la capacité de May de parvenir à un bon accord avec l’UE». L’ambassadeur était «l’une des très rares personnalités au sommet de l’État à comprendre l’UE», tacle-t-il. Son départ est un «but contre son camp» marqué par le Royaume-Uni, selon l’ancien vice-premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg, qui a travaillé avec lui. Remuant le couteau dans la plaie, la Commission européenne, par la voix d’une de ses porte-parole, «regrette la perte d’un interlocuteur très professionnel, très bien informé, bien que pas toujours facile». Selon un diplomate de haut de rang à Bruxelles, Ivan Rogers était «profondément inquiet de l’impréparation des Britanniques, de la constante sous-estimation à Londres des problèmes induits par le divorce et, pour finir, de l’incapacité du cabinet May à trouver une ligne crédible».

Cette description met en lumière un malentendu fondamental entre Londres et les Vingt-Sept. «À écouter le débat sur le Brexit en Grande-Bretagne, le Royaume-Uni va décider de l’accord qu’il veut avec l’UE, de ce qu’il va négocier et recevoir. C’est comme si le pays disait: “Nous avons décidé de partir et nous allons aussi décider de comment nous allons le faire”», constate Bob Hancké, professeur de politique européenne à la London School of Economics. Or, poursuit-il, c’est oublier que le processus défini par l’article 50 du traité de Lisbonne (rédigé par un Britannique, lord Brian Kerr, autre proeuropéen) donne la main dans les négociations à l’UE «contre l’État membre sortant». Selon lui, les lignes rouges dressées par Londres à l’orée des pourparlers relèvent d’une «arrogance» qui risque de se retourner contre elle.

Pendant ce temps, l’administration britannique tarde à se doter des compétences nécessaires pour gérer ce chantier monumental. «Nous avons besoin d’objectifs clairs et de capacités pour les mettre en œuvre. Or, il risque d’être difficile de relever le défi législatif le plus vaste que nous ayons connu depuis la Seconde Guerre mondiale tout en menant les affaires courantes, avec une fonction publique réduite de 35% depuis 2010», s’inquiète Dave Penman, du syndicat FDA.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/04/01003-20170104ARTFIG00300-theresa-may-en-panne-de-negociateurs-europeens.php

Florentin Collomp

 

 

LE MONDE – 05/01/2017

Lutte contre l’évasion fiscale : l’Europe passe de la théorie à la pratique

Depuis le 1er janvier, les pays membres de l’Union européenne doivent communiquer les accords fiscaux préalables transfrontaliers qu’ils signent avec les entreprises.

C’est l’une des principales conséquences du « LuxLeaks », ce retentissant scandale financier dans lequel les médias avaient révélé, fin 2014, un système d’accords fiscaux très avantageux pour les multinationales mis en place au Luxembourg quand Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, en était encore le premier ministre.

Depuis dimanche 1er janvier, les administrations des vingt-huit Etats membres de l’Union européenne (UE) sont censées se communiquer sur une base automatique et obligatoire tous les rulings (les accords fiscaux préalables) qu’ils signent avec les entreprises en matière transfrontalière.

Le but de cette transparence est d’éviter qu’un pays n’octroie des conditions fiscales trop avantageuses à une multinationale et ne prive ainsi d’autres Etats de substantiels revenus liés à l’activité réelle de cette société sur leur territoire. Le fait d’être mutuellement tenus au courant de tous les rulings devrait permettre d’en finir avec cette forme de concurrence fiscale dommageable dans l’UE.

La directive à laquelle les Vingt-Huit doivent désormais se conformer a été proposée en urgence par la Commission fin 2014. Elle fut adoptée fin 2015 avec une célérité inhabituelle par l’ensemble des Etats membres, les plus réticents jusqu’alors à toute avancée en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales (Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Belgique) ayant dû céder sous la pression des opinions publiques.

Les pratiques ont changé

Les administrations doivent communiquer tous les rulings et accords sur les prix de transfert (prix que se facturent les filiales d’un groupe entre elles) à venir et/ou signés depuis 2012. Les rulings postérieurs au 1er janvier 2017 doivent être transmis – y compris à la Commission, qui n’en reçoit cependant qu’une information partielle – au plus tard trois mois après la fin du semestre de l’année civile au cours de laquelle ils sont signés ou modifiés. Les échanges d’informations entre Etats concernant les rulings signés à partir du 1er janvier auront donc lieu au plus tard le 1er septembre.

Les pratiques ont commencé à changer avant même l’entrée en vigueur de ce texte. Fin décembre, le grand-duché de Luxembourg a ainsi annoncé de nouvelles règles visant à empêcher les montages fiscaux « abusifs » de multinationales. Une tentative, pour le petit Etat, d’améliorer son image, et pour son premier ministre, Xavier Bettel, le successeur libéral du chrétien-démocrate Juncker, de marquer sa différence.

Les changements annoncés ont été qualifiés de « très bienvenus » par la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, dont les services ont, précise-t-elle, collaboré avec les autorités grand-ducales. La réforme de la législation luxembourgeoise concerne le traitement fiscal appliqué aux « sociétés de financement », ces sortes de caisses internes aux groupes multinationaux auxquels elles fournissent des prêts et autres services financiers. Ce sont elles qui ont permis à des sociétés basées au Grand-Duché de réduire artificiellement leurs impôts, en vertu de rulings conclus avec les autorités. Un système très répandu au Luxembourg mais aussi dans d’autres Etats membres, dont l’Irlande et les Pays-Bas.

Deux enquêtes pour aides d’Etat

Le pays de M. Bettel reste, lui, sous le coup de deux enquêtes pour aides d’Etat compte tenu de ses apparentes largesses à l’égard d’Amazon et de McDonald’s, deux dossiers qui ne sont pas immédiatement liés à la nouvelle législation. En octobre 2015, la Commission avait dénoncé le ruling qui avait permis à Fiat Finance de réduire son impôt d’un montant compris entre 20 millions et 30 millions d’euros depuis 2012.

Depuis les « LuxLeaks », la Commission n’a pas ménagé sa peine pour en finir avec la concurrence fiscale déloyale. Carte libre a été laissée à Mme Vestager et à Pierre Moscovici, son collègue chargé de l’économie, qui, en plus de la communication automatique et obligatoire des rulings, ont proposé d’autres législations afin d’en finir avec les abus fiscaux. Mais l’image de M. Juncker n’en reste pas moins durablement affectée, même si sa responsabilité personnelle n’a jusqu’à présent pas été directement engagée.

Lundi 2 janvier, The Guardian a enfoncé le clou en se basant sur des câbles diplomatiques allemands confidentiels. Le quotidien britannique a affirmé que le Luxembourg, à l’époque où il était dirigé par M. Juncker – il fut premier ministre de 1995 à 2013 –, s’est systématiquement opposé aux avancées en manière de lutte contre l’évasion fiscale des Européens. Le Grand-Duché faisait partie des pays « bloquants » au sein du très peu transparent groupe « Code de conduite » constitué de représentants des Etats membres et mis en place à Bruxelles en 1998 pour mettre fin aux pratiques de concurrence fiscale dommageables.

Ces révélations n’ont rien de surprenant, une première série de « leaks » du groupe « Code de conduite » ayant montré, en novembre 2015, que ce comité bruxellois était paralysé depuis des années. « C’est bien de réchauffer les soupes froides, mais ce serait bien aussi de regarder ce qui se passe réellement ici à Bruxelles [en matière de lutte contre l’évasion fiscale] », a réagi Margaritis Schinas, le chef de la communication à la Commission, mardi 3 janvier.

Jean-Pierre Stroobants et Cécile Ducourtieux

 

L’OPINION – 05/01/2017

Et pendant ce temps, l’Espagne a créé plus de 540000 emplois en 2016

 

Fatima Bañez, la ministre espagnole de l’Emploi, impute la baisse record du chômage à sa réforme du marché du travail.

En baisse pour la quatrième année consécutive, le nombre de chômeurs espagnols s’est réduit de plus de 390000 l’an dernier, soit un nouveau record

En Espagne, plus que Noël, l’Epiphanie est le jour où l’on se donne des cadeaux. Et les rois mages sont arrivés avec quelques jours d’avance pour Mariano Rajoy, le Président du gouvernement, dont le mandat a été renouvelé fin octobre après dix mois de crise politique. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Emploi et de la Sécurité sociale, le nombre de chômeurs a chuté de 390 534 en 2016, soit un record historique. C’est la quatrième année de baisse consécutive après 2013 (-147 385), 2014 (-253 627) et 2015 (-354 203).

Dans le même temps, 540 655 nouvelles personnes ont été enregistrées par la Sécurité sociale, qui compte désormais 17,8 millions d’adhérents (14,5 millions dépendant du régime général et 3,2 millions de celui des indépendants), soit un plus haut depuis 2009. « Il s’est créé 1 500 postes par jour l’an dernier », n’a pas manqué de souligner la ministre de l’Emploi, Fatima Bañez, en défendant sa réforme du marché du travail que l’opposition, majoritaire au Parlement, veut remettre en cause.

Nouvelle décrue. S’ils se félicitent de cette nouvelle décrue, les syndicats soulignent à l’image de l’UGT que 3,7 millions d’Espagnols sont encore au chômage (4,8 millions en 2012), « plus pauvres et avec moins de protection qu’avant », plus de la moitié ne bénéficiant plus selon elle d’allocations. Pour leur part, Commissions Ouvrières (CCOO) voient surtout dans ces performances un développement du travail précaire et du temps partiel. L’emploi demeure toujours la principale préoccupation (74,7 %) des Espagnols, devant la corruption (38,7 %) et la situation économique (24,7 %).

L’absence de gouvernement ne semble pas avoir pénalisé la péninsule ibérique qui a enregistré en 2016, comme en 2015, un taux de croissance de 3,2 %. La banque d’Espagne prévoit des progressions de 2,5 %, 2,1 % et 2 % en 2017, 2018 et 2019 date à laquelle le taux de chômage devrait tomber à 14,9 % contre 18,5 % aujourd’hui.

Gilles Sengès

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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