Revue de presse du MEDEF IDF du 9 Février 2017

2017-04-05T09:09:53+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

BATIWEB – 08/02/2017

Les PME pleinement associées à la réalisation du Grand Paris Express

 

Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, souhaite qu’au moins 20% des travaux du Grand Paris Express soient exécutés par des PME. Pour stimuler leur implication et mesurer leur participation à la réalisation du projet, il a annoncé la création d’un Observatoire réunissant des chambres consulaires, des organisations patronales et des fédérations professionnelles parmi lesquelles la FFB.

 

L’Observatoire des PME de la Société du Grand Paris a tenu sa première réunion jeudi 2 février. Lancée par Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, l’initiative vise à associer pleinement les TPE et PME à la réalisation du Grand Paris Express.

En effet, « depuis le lancement du projet, la Société du Grand Paris est attentive à ce que la réalisation du Grand Paris Express profite à tous. C’est pourquoi nous imposons qu’une part d’au moins 20 % des travaux soit exécutée par des PME », explique M. Yvin.

Pour s’assurer « du respect de cette clause et stimuler l’implication des PME dans le projet », la Société du Grand Paris a créé cet Observatoire qui bénéficie de l’engagement des chambres consulaires, des organisations patronales et des fédérations professionnelles franciliennes.

Parmi ses membres fondateurs, on retrouve la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Paris Île-de-France, la Chambre des métiers et de l’artisanat (CRMA) Île-de-France, la Confédération des petites et moyennes entreprises Île-de-France et Paris, la Fédération régionale des transports publics (FRTP), la Fédération française du bâtiment (FFB) et le Medef Île-de-France. L’Insee et la Direccte Île-de-France seront également associés aux travaux.

Mesurer la participation des PME

Tous devront travailler « collectivement » à la mise en place d’un instrument de mesure de la participation des TPE et PME à la réalisation du Grand Paris Express. L’Observatoire sera également une plateforme d’échanges qui permettra à la Société du Grand paris « de consolider et maintenir un dialogue continu avec ces entreprises concernant les opportunités offertes par le projet », détaille un communiqué.

Les chantiers du Grand Paris Express sont en effet source de croissance pour les entreprises franciliennes. Ces opportunités dont d’ailleurs répertoriées sur la plateforme CCI Business de la CCI Paris Île-de-France où sont déjà inscrites 650 PME.

L’Observatoire des PME vient ainsi compléter le travail engagé par la Chambre de commerce et d’Industrie de la région qui met à disposition des entreprises des conseillers dans chacun des huit départements franciliens, et s’assure de leur mise en relation avec des maîtres d’ouvrage.

Les résultats de l’Observatoire seront présentés chaque année au Conseil de surveillance et au Comité stratégique de la Société du Grand Paris. Les données relatives à l’implication des PME seront publiées deux fois par an. Les premiers chiffres sont attendus pour le printemps.

Rose Colombel

 

 

LE JOURNAL DU GRAND PARIS – 08/02/2017

Le préfet Carenco appelle le Comex logement à poursuivre ses efforts

Installé par le préfet de région, Jean-François Carenco, le comité exécutif sur le logement en Ile-de-France (Comex), regroupant les acteurs publics et privés de la filière, s’est réuni pour la 17e fois. Le bilan est satisfaisant mais « il est impératif de continuer l’effort », selon le préfet.

22,4 %. Telle est la croissance constatée pour l’autorisation de logements en Ile-de-France entre 2015 et 2016. Ce qui porte leur nombre à près de 91 000. Pour les mises en chantier, ce chiffre s’élève à 70 500 logements (+ 12,7 % par rapport à 2015). « Quand je suis arrivé, [l’installation d’un Comex] constituait une innovation, maintenant, les bons résultats du logement témoignent de l’efficacité de ce dispositif », s’est félicité le préfet d’Ile-de-France Jean-François Carenco.

L’instance partenariale serait ainsi, selon la préfecture, à l’origine des bons chiffres et de « l’augmentation historique de la production de logements sociaux ». Le Comex s’est également saisi de la prévention de la dégradation des quartiers pavillonnaires par la création de la Sorepad, fruit d’un partenariat entre Action logement et l’Etablissment public foncier d’Ile-de-France (Epfif).

Objectif atteint pour les territoires de la MGP

L’objectif territorialisé dans la production de logement est atteint voire dépassé pour tous les territoires de la métropole du Grand Paris. Sur les 26 autres territoires analysés par le Comex, sept ne remplissent pas leur objectif de production. Ces objectifs seront intégrés, en ce qui concerne les EPT de la métropole du Grand Paris, au schéma régional de l’habitat et de l’hébergement (SRHH) en cours de consultation auprès des collectivités locales franciliennes.

Cette réunion du Comex, en forme de bilan, a par ailleurs permis de rappeler que deux nouvelles opérations de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (Orcod-IN) en Ile-de-France, sont en cours de préfiguration. A Mantes-la Jolie (Yvelines), pour le quartier du Val-Fourré, ainsi qu’à Argenteuil, sur celui du Val d’Argent (Val d’Oise). Il est rappelé par ailleurs que 19 collectivités ont été retenues pour l’appel à projets de lutte contre l’habitat indigne lancé par l’Etat. Les études sont en cours de réalisation.

« Il est impératif de continuer l’effort »

« Si les résultats sont bons, il est néanmoins impératif de continuer l’effort », a rappelé le préfet Carenco aux membres du comité. Des efforts articulés autour de quatre axes principaux pour l’année 2017 :

  • atteindre la production de 37 000 logements sociaux annuelle en veillant au rééquilibrage des logements à destination des foyers les plus modestes (PLAI-Plus) et en portant une attention particulière aux communes déficitaires ou carencées.
  • favoriser et développer la mixité dans les territoires avec deux outils : un engagement volontariste dans les projets du nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), et la refonte des politiques d’attribution dans le cadre des conférences intercommunales du logement.
  • la poursuite des efforts de rénovation du parc pour répondre aux enjeux de transition énergétique et écologique.
  • fluidifier et faciliter les parcours d’accès au logement des plus démunis et notamment des ménages éligibles au droit au logement opposable (Dalo).

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 09/02/2017

Dépense publique : la Cour des comptes sonne l’alarme

Les sages appellent Paris à accentuer l’effort sur la dépense d’ici à 2020.
L’objectif de déficit de 2,7 % en 2017 sera déjà « très difficile à atteindre ».

Le prochain locataire de l’Elysée est prévenu : la France doit beaucoup mieux maîtriser sa dépense publique pour rétablir l’équilibre budgétaire. C’est la mise en garde que vient de faire la Cour des comptes dans son rapport annuel. La juridiction financière prévient qu’il faudra nettement accentuer l’effort comparé à ce qui a été fait ces dernières années. Pour tenir les engagements européens à l’horizon 2020, il faudrait stabiliser les dépenses, voire même les baisser de 0,6 % par an si la croissance économique n’est pas au rendez-vous. Du jamais-vu. Pour mémoire, la dépense publique a progressé de 2,3 % par an en moyenne de 2000 à 2009, puis de 0,8 % entre 2010 et 2015.

Et encore, depuis 2014, la France a bénéficié d’un contexte de taux faibles qui lui a permis de diminuer la charge d’intérêts malgré une augmentation de la dette publique. La Cour note ainsi que, depuis 2012, 40 % de la réduction du déficit sont imputables à la diminution de la charge de la dette. « Certains facteurs qui ont joué positivement ces dernières années pourraient jouer négativement dans les années à venir. Toutes les économies que nous avons pu faire sur la charge d’intérêts ne devraient plus se retrouver », alerte Didier Migaud, le président de la Cour des comptes.

De même, la masse salariale de la fonction publique, relativement maîtrisée ces dernières années, devrait repartir à la hausse sous l’effet du dégel du point d’indice et d’un nouvel accord carrière.

Sous-budgétisation

Selon les magistrats, la masse salariale des administrations publiques augmenterait autant en 2017 sur les six années de 2011 à 2016. L’Etat ne pourra donc plus compter sur ces économies, ni sur celles qu’il a faites récemment sur la contribution au budget de l’Union européenne, estime la Cour des comptes. « Ces dernières années, le déficit a diminué à un rythme moyen de 0,3 % par an, voire 0,2 % pour 2016. Passer de ce rythme constaté à un rythme plus rapide ne va pas de soi », commente Raoul Briet, le président de la première chambre. Pour la Cour des comptes, l’effort doit donc « changer de nature, en s’attachant à réduire les principales sources d’inefficacité de la dépense, mais aussi en effectuant des choix explicites ». L’institution entend par là qu’il faut revoir le périmètre d’action de l’Etat. « Cela signifie éviter les doublons entre Etat et collectivités, et lier la réflexion sur la dépense publique à leur mission », précise Didier Migaud.

Reste à savoir si les candidats à la présidentielle seront sensibles à cet avertissement. Le gagnant du scrutin devra en tout état de cause assumer l’héritage du précédent quinquennat. La Cour des comptes a prévenu que l’objectif de 2,7 % pour 2017 « sera très difficile à atteindre. » Ses inquiétudes portent autant sur la surestimation des recettes que sur la sous-budgétisation des dépenses. En cause : une hypothèse de croissance « globalement un peu élevée » et des dépenses dans les ministères qui repartent à la hausse.

Déficit : ce que disent les candidats

Pour l’instant, seuls François Fillon et Marine Le Pen ont présenté une trajectoire de déficit. Le premier prévoit une « grosse bosse » en 2018 pour financer les baisses d’impôts, puis un retour progressif à l’équilibre des comptes publics à l’horizon 2022. La candidate du FN table sur une hausse du déficit à 4,5 % en 2018 et promet de le ramener à 1,3 % en 2022. Quant à Emmanuel Macron, il considère qu’il n’est « pas pertinent de viser l’équilibre des comptes dans le contexte actuel », mais veut ramener la dépense publique à 50 % du PIB en 2022 (54 % aujourd’hui). Benoît Hamon, lui, veut « en finir avec le dogme du 3 % ».

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Paris Saclay : 5 milliards pour une « impasse »

 

5,3 milliards d’euros ont été engagés depuis que Nicolas Sarkozy a pris la décison, en 2008,

de créer un pôle scientifique et technologique de rang mondial sur le plateau de Saclay.

La Cour des comptes propose la création d’un responsable interministériel pour dénouer le dossier.

François Hollande voulait en faire « un bon exemple et pas un contre-exemple ». Le projet Paris Saclay, vaisseau amiral de la recherche publique française, n’en prend pas le chemin, à lire le rapport de la Cour des comptes. « Le projet d’université intégrée […] est aujourd’hui dans l’impasse », écrivent les magistrats. Car l’Etat s’y est lancé « sans avoir au préalable défini clairement les moyens permettant de le réaliser ».

Depuis la décision de Nicolas Sarkozy, en 2008, de créer un pôle scientifique et technologique de rang mondial sur le plateau de Saclay, 5,3 milliards d’euros ont été engagés, dont 700 millions pour le volet scientifique, 2,6 milliards pour l’immobilier universitaire et 2 milliards pour les transports. Le site est censé rassembler, à terme, 15 % de la recherche publique française autour des établissements d’enseignement supérieur et de recherche les plus prestigieux – université Paris Sud, Polytechnique, CNRS, CEA… Mais ceux-ci n’arrivent pas à s’entendre sur la gouvernance. Et les différentes tutelles des établissements – Enseignement supérieur, Défense, Bercy – se déchirent. « L’Etat se révèle incapable de parler d’une seule voix » sur ce projet, de fait « en suspens », indique la Cour. Le « pilotage défaillant » pèse lourd sur « le risque de dilution d’une grande ambition », pointe-t-elle. Le projet se résumerait alors « à un rapprochement géographique d’établissements […] sans cohérence réelle ni visibilité internationale ». Des efforts ont, certes, été réalisés, sur des diplômes communs ou « le début de structuration de la recherche ». Mais « la création d’une grande université de recherche intégrant universités et grandes écoles est au point mort ».

« Deux visions s’opposent »

« Deux visions de l’université Paris Saclay s’opposent » parmi les dix-huit membres de la communauté d’universités, poursuit la Cour : d’un côté, celle visant à créer une université unifiée, portée « notamment par l’université Paris Sud » ; de l’autre, celle qui a pour chef de file l’Ecole polytechnique, qui craint de « diluer [sa] réputation d’excellence dans une université encore sans renommée et peu sélective ». Cette « logique divergente » conduit l’université Paris Sud à « aller vers un modèle qui mettrait en commun, au sein de l’université Paris Saclay, les licences, masters et doctorats ainsi que la recherche ». Mais elle fait craindre aux écoles la perte de leur personnalité juridique.

Les commentaires de la Cour sont « quelque peu caricaturaux », réplique le président de l’université Paris Saclay, Gilles Bloch, assurant que la grande majorité des membres adhère à la perspective d’une université Paris Saclay « hybridant les modèles de l’université française classique et des grandes écoles dans un modèle plus performant ». En ligne de mire, le maintien des financements liés aux investissements d’avenir (Idex) pèse lourd : en avril 2016, le jury international a donné 18 mois à Paris Saclay pour clarifier son projet. Trouver une « position convergente » à court terme paraît « difficile », concluent les magistrats. Ils préconisent la désignation d’un responsable interministériel. Ce que l’Ecole polytechnique voit déjà d’un mauvais oeil…

Marie-Christine Corbier

 

 

L’OPINION – 09/02/2017

Ecotaxe: un Royal scandale

L’abandon de l’écotaxe va coûter une fortune aux contribuables, dénonce la Cour des comptes. Un fiasco dont la ministre de l’Environnement est la première responsable

La Cour des Comptes consacre un chapitre de son rapport annuel à « l’échec stratégique » et « l’abandon coûteux » de la taxe poids lourd. La ministre de l’Environnement n’en démord pas : « Le gouvernement a fait au mieux » en renonçant ce « système pervers », a réagi Ségolène Royal, se vantant d’avoir « supprimé un système très coûteux pour le remplacer par un prélèvement tout simple sur la consommation de carburant ». Tout simple, et payé par tous les automobilistes.

« Servir l’Etat, dans l’état où il est… », voilà le constat désabusé fait dans un grand soupir par Philippe Séguin, en novembre 2009, peu avant sa mort. Didier Migaud, son successeur au poste de premier président de la Cour des comptes, ne doit pas être loin d’éprouver le même sentiment, tant la lecture du rapport de la juridiction financière sur l’écotaxe est édifiante. « Un échec stratégique, un abandon coûteux » : voilà comment les magistrats de la Rue Cambon intitulent leur chapitre. « Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! »

En fait, il s’agit d’un désastre, d’un incroyable gâchis de fonds publics qui mériterait de figurer dans un Petit manuel du mauvais ministre. « Les Français règlent l’addition de S.Royal : 1Md pour la fin de l’écotaxe. La lâcheté et le renoncement ont un prix », a ainsi tweeté Nathalie Kosciusko-Morizet. De fait, la responsabilité de Ségolène Royal dans ce fiasco est évidente. Même si la Cour des Comptes ne le dit pas comme ça, son analyse le montre.

Certes, elle n’est pas à l’origine de la « suspension » de cette taxe, annoncée le 29 octobre 2013 par le Premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Cela sous la pression de violentes manifestations des « bonnets rouges » bretons, qui craignaient que cette mesure pénalise une filière agroalimentaire déjà en plein marasme. L’écotaxe avait pourtant été votée à la quasi-unanimité par les parlementaires en 2009. Elle visait notamment, selon le principe du pollueur-payeur, à assurer une meilleure couverture des coûts d’usage du réseau routier hexagonal par les transports de marchandises. La mise en place du dispositif avait été confiée au consortium franco-italien Ecomouv’ dans le cadre d’un partenariat public-privé, pour un début de collecte en juillet 2013.

Risques identifiés. « Dès que l’écotaxe a été suspendue, nous avons tous travaillé pour imaginer un autre système, confie un proche du dossier. Et nous étions confiants dans le fait que cela pouvait repartir ». La Cour des comptes ne dit pas autre chose. « A la suite de la suspension les administrations ont recherché des solutions contractuelles envisageables… Les deux options les plus solides juridiquement étaient soit la résiliation du contrat de partenariat pour motif d’intérêt général, soit sa continuation normale », peut-on lire dans le rapport. Ceci était clair dès la fin novembre 2013.

Mais, à peine nommée ministre de l’Ecologie, en avril 2014, Ségolène Royal suscite une vive controverse en déclarant que le dossier de l’écotaxe poids lourd doit être remis à plat. Les administrations des transports et des douanes s’engagent donc dans la conception d’un dispositif de substitution sous la forme d’un « péage de transit poids lourds », qui consistait pour l’essentiel à réduire le réseau taxable. « Tout le monde était conscient que cela n’était pas terrible, mais on se disait aussi que c’était un début et qu’ensuite, nous pourrions étendre le dispositif », explique l’un des représentants du ministère des Transports.

La facture n’a pas fini de s’alourdir. Selon nos informations, les sociétés habilités au péage demandent à être elles aussi dédommagées, pour un montant de 270 millions d’euros

Il a suffi que les transporteurs routiers menacent d’une grève pour le 15 octobre 2014 pour que Ségolène Royal les reçoive le 9. « Nous avons décidé de suspendre sine die le dispositif d’écotaxe », déclare-t-elle à l’issue de la réunion. Ecomouv’, son actionnaire italien Autostrade, les conseils juridiques, et même la propre administration de Ségolène Royal, tous apprennent la nouvelle par la presse. Hostile à « l’écologie punitive », la ministre a pris cette décision seule. Pourtant, les risques financiers associés avaient été parfaitement identifiés par chacun de ces acteurs.

De fait, la punition est en fait très sévère pour le contribuable. Catastrophique même. Commençons par l’indemnisation d’Ecomouv’ et de ses partenaires à hauteur de 958 millions d’euros, dont 518 millions ont été payés en 2015, le solde de 440 millions d’euros s’échelonnant entre 2016 et 2024, au rythme de 50 millions d’euros par an.

L’addition va encore grimper. Ces sommes servent à rembourser les banques qui ont prêté à Ecomouv’ qui, bizarrement, existe toujours ! Ségolène Royal n’a pas voulu que l’Etat reprenne directement la dette du consortium – cela aurait fait mauvais effet. Mais s’il s’était retrouvé face aux créanciers, il aurait pu renégocier les prêts et, compte tenu de la baisse des taux d’intérêt, payer nettement moins cher. Encore un surcoût à porter au compte de la ministre de l’Environnement.

La facture n’a pas fini de s’alourdir puisque des demandes d’indemnités sont encore en cours. Elles viennent en particulier des sociétés habilités au péage (Axxés, filiale de Vinci et d’Eiffage ; Eurotoll, filiale de la Sanef…) qui, selon nos informations, demandent à être elles aussi dédommagées, pour un montant de 270 millions d’euros. Quant aux portiques, que l’Etat s’était engagé à démanteler, ils sont en train de rouiller tranquillement sur les routes…

En plus de tout cela, l’écotaxe aurait dû rapporter 7 milliards d’euros de 2015 à 2024 (nets des frais de gestion). Fort habilement, cette perte de recettes a été compensée par une majoration du tarif de la TICPE (taxe intérieure de consommation des produits énergétiques, ex-TIPP). Dans sa réponse à la Cour des Comptes, Bernard Cazeneuve indique qu’il ne partage donc pas « l’affirmation selon laquelle l’abandon aurait été très coûteux pour les finances publiques ». C’est un drôle de calcul.

Il aurait été tout à fait possible de combiner l’écotaxe et la hausse de la TICPE : la première aurait dû être payée par les poids lourds français et étrangers, la seconde l’est à hauteur de 57 % par les automobilistes français. Ségolène Royal a eu le culot de s’en féliciter. « Le gouvernement a fait au mieux, c’est-à-dire a supprimé un système très coûteux pour le remplacer par un prélèvement tout simple sur la consommation de carburant », a-t-elle indiqué, le 8 février, sur Europe 1. Plus c’est gros, plus ça passe : La facture étant payée par les contribuables, elle aurait pu dire aussi que l’on est passé du principe du « pollueur-payeur » à celui du « pollué-payeur ».

Irène Inchauspé

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

La gestion de la retraite des indépendants à nouveau épinglée

 

Les dysfonctionnements de la Cipav ne sont pas récents, suscitant la colère des cotisants.

La Cour des comptes met en garde contre le risque d’une « nouvelle catastrophe industrielle », en référence à celle du RSI.

Dans la famille des organismes de protection sociale des travailleurs indépendants, il n’y a pas que le RSI qui pose problème. Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes se penche sur la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance-vieillesse des professions libérales. La Cipav est l’organisme qui gère les régimes d’assurance-vieillesse et de décès-invalidité des architectes et géomètres, mais aussi, depuis 2009, une grande partie des autoentrepreneurs. Elle a plus d’un demi-million de cotisants. Son constat est d’autant plus sévère que ce n’est pas la première fois que la Rue Cambon épingle la gestion de cette caisse. En 2014, la Cour avait constaté de graves dysfonctionnements et appelé à des réformes en profondeur pour y remédier. Les problèmes n’ont pas disparu, loin s’en faut, constate-t-elle à la suite d’un nouveau contrôle réalisé en 2016.

Certes, un processus a bien été engagé, mais il est notoirement insuffisant, note le rapport. Non seulement, les pouvoirs publics ont tardé à s’emparer du sujet, ce qui a contribué à aggraver les difficultés, mais les préconisations de la Cour de clarifier la gouvernance des différentes caisses gérant l’assurance-vieillesse des professions libérales, dont la Cipav, n’a pas été suivie. Cette dernière a bien mis en oeuvre un plan de redressement, mais « incomplet » et accompagné d’une augmentation des effectifs « substantielle », qui n’a pas été affectée là où cela aurait été nécessaire.

« Lacunes persistantes »

La gestion financière et immobilière de la Cipav a insuffisamment progressé. Et la Cour constate « des lacunes persistantes dans le service rendu aux usagers », sur le délai de traitement des courriers comme de liquidation des pensions malgré des efforts. S’y ajoute un outil informatique « incomplet et défaillant ».

Dans ce contexte, la Cour est alarmiste sur la dernière réforme lancée sans études préalables, visant à faire basculer un grand nombre de professions de la Cipav vers le RSI, « lui-même très fragile ». Elle y voit le risque d’une « nouvelle catastrophe industrielle », en référence à celle de la création du RSI. Il y a « un fort risque d’échec » lié notamment à « la capacité du RSI à absorber les nouveaux flux d’affiliés ». La Cour des comptes alerte donc sur la nécessité de se fixer comme « objectif premier de retrouver au plus vite une gestion fiable et rigoureuse des droits des intéressés », et notamment de clarifier pour cela les futurs périmètres de la Cipav et du RSI.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 09/02/2017

Le Grand Paris et les aéroports portent la croissance de Vinci

Le groupe de BTP affiche un bénéfice en hausse de 16,2 % en 2016. Le chiffre d’affaires de sa branche aéroports dépasse le milliard d’euros.

Cap sur le Grand Paris. « Des chantiers d’une telle ampleur, je n’en avais jamais vu de toute ma carrière, cela arrive une fois par siècle et peut-être même pas » : mardi 7 février, lors de la présentation des résultats 2016 de Vinci, marqués par un bénéfice en hausse de 16,2 % à 2,37 milliards d’euros, son PDG Xavier Huillard est revenu sur ce projet phare convoité par tous les groupes de BTP.

« Jamais dans l’histoire de la région parisienne, nous ne verrons autant de grues et de chantiers souterrains », ajoute-t-il au sujet de ce programme unique en Europe estimé à 25 milliards d’euros sur vingt ans, et comprenant un métro automatique souterrain sur 200 kilomètres, 68 gares et plus de 250 000 logements. Le chantier démarre vraiment avec le choix des entreprises : « Cette année sera marquée par l’attribution de trois méga lots d’environ 800 millions d’euros et d’un super-méga lot de 1,5 à 2 milliards. »

Le premier contrat a été confié, le 1er février, à un groupement piloté par Bouygues Travaux publics pour la réalisation d’un tronçon du métro Grand Paris Express qui reliera Villejuif à Créteil, au sud-est de la capitale. Il comprend aussi Soletanche Bachy, une filiale de Vinci. Quant à l’attribution du deuxième lot, elle serait très proche.

« Cathédrale souterraine » à la Défense

« Nous sommes face à des défis titanesques de construction », s’enthousiasme M. Huillard en évoquant par exemple la gare qui sera bâtie sous le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) à la Défense, « une véritable cathédrale souterraine ». « Les défis seront techniques et humains », car il faut à la fois tenir compte d’un sous-sol déjà très encombré et former des personnels à l’utilisation des tunneliers pour forer.

Le chantier du Grand Paris masque cependant des disparités sur le territoire quant à la relance de la construction, avec des différences notables selon les régions. Cette légère reprise n’est pas spécifique à la France. « Après une année de stabilisation en 2016, ce secteur d’activité redémarre un peu partout dans le monde, que ce soit aux Etats-Unis ou en Allemagne », constate le PDG. Plus globalement, il se montre confiant sur l’ensemble de ce groupe de 38 milliards de chiffre d’affaires : « Au vu des carnets de commandes, nous sommes plutôt lucidement optimistes. »

Si M. Huillard peut se féliciter des perspectives de la branche construction, il a les yeux de Chimène pour l’activité de concession et de constructions d’aéroports. En 2016, les chiffres se sont envolés en dépassant le milliard de chiffre d’affaires. Le taux de croissance du trafic de passagers pour l’ensemble des plateformes gérées par Vinci a progressé de 10 %. Mieux : au Portugal, où le français opère dix aéroports, le trafic a crû de 14 %, s’est félicité le PDG. Avec de tels résultats, il se dit « très heureux » du boom de cette activité « extrêmement dynamique ».

Toutefois, M. Huillard se veut prudent pour 2017, car conscient « de ne pouvoir soutenir une telle croissance ». L’an dernier, le groupe a changé de catégorie en devenant le « numéro quatre mondial » du secteur après les arrivées dans son portefeuille des aéroports du Kansai, (Japon), de six plateformes en République dominicaine et de l’aéroport de Lyon. Au total, en 2016, les 35 plateformes de Vinci Aéroports ont accueilli 132 millions de passagers.

« Le trafic aérien va doubler »

Le groupe ne veut pas s’endormir sur ses lauriers et reste à l’affût de possibles acquisitions. Mais le plus difficile, selon son PDG, est de « trouver des opportunités ». Pour élargir son empreinte, Vinci vise « des pays stables sur le plan politique, économique et social » tels que « le Chili ou le Japon ». Pour y parvenir, le groupe a les poches profondes. « Ce n’est pas un problème de capitaux », indique M. Huillard. La preuve : dans les prochains jours, le groupe va remettre une offre en partenariat avec le groupe indien Tata pour construire le nouvel aéroport de Bombay (Inde). Une plateforme créée ex-nihilo qui pourra, in fine, faire transiter « plusieurs dizaines de millions de passagers par an ». Un contrat de « plusieurs centaines de millions d’euros ».

Le patron de Vinci entrevoit un futur radieux pour sa branche aéroports. Selon lui, « le trafic aérien mondial va doubler » à l’avenir, notamment grâce à la consolidation des classes moyennes en Chine et en Inde. Un phénomène qui se double d’une montée en puissance des compagnies aériennes low cost et d’une « vague favorable à la prise en concession » d’aéroports de par le monde. Un dispositif « bien adapté au secteur aérien », ajoute-t-il. L’autre « intérêt de cette activité est que vous pouvez développer le trafic en attirant des compagnies aériennes avec l’ouverture de nouvelles routes ». En 2016, Vinci Aéroports a ainsi ouvert 220 nouvelles routes.

Désormais, M. Huillard voit grand pour sa branche aéroports. Son objectif est que cette activité représente « 5 % du chiffre d’affaires total ». Il y a quatre ans, avant l’acquisition des dix aéroports du Portugal, elle pesait seulement 0,8 % du chiffre d’affaires du groupe. En 2016, elle a atteint 2,8 % des revenus de Vinci.

Dominique Gallois et Guy Dutheil

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Le BTP reste confronté au travail dissimulé

 

Les salariés d’un sous-traitant de Vinci pour la rénovation du métro à Châtelet-Les Halles n’étaient pas payés.

Epinglé sur le chantier du métro des Halles, Vinci s’est défendu mercredi.
Mais des affaires de ce type surviennent régulièrement.

Une trentaine d’ouvriers kurdes turcs non payés depuis deux à huit mois, dont cinq sans papiers, sur le chantier de rénovation par Vinci du métro à Châtelet-Les Halles (Paris) : la énième affaire de travail dissimulé révélée par un contrôle de l’inspection du travail le 16 janvier est « totalement inacceptable », a martelé mercredi Xavier Huillard, le PDG du groupe mis en cause.

Vinci s’efforce maintenant d’éteindre l’incendie en embauchant les ouvriers du sous-traitant incriminé, FH Services, et négocie avec eux le paiement de leurs arriérés de salaires. « A ce stade, 18 ouvriers ont accepté le contrat de chantier proposé », précise le président de Vinci Construction, Jérôme Stubler.

Vinci a intérêt à donner des gages de bonne volonté car la loi s’est musclée depuis 2014 : elle impose aux « donneurs d’ordre » de vérifier les bulletins de paie et attestations de cotisations sociales de leurs sous-traitants. « Sur ce chantier, c’était la quatrième grève des ouvriers pour non-paiement des salaires depuis novembre 2015, donc Vinci ne pouvait ignorer le problème », assure pourtant Marilyne Poulain, de la CGT, qui a alerté l’Inspection du travail. De fait, mi-2016, Vinci avait mis fin au contrat de son précédent sous-traitant FC10 et, affirme Jérôme Stubler, « avait proposé aux ouvriers de les embaucher via une agence d’intérim, mais ils avaient préféré rejoindre FH Services »… Une nouvelle société du même gérant (turc) que FC10, note la CGT.

L’Inspection du travail vient par ailleurs de boucler son enquête et d’envoyer un procès-verbal au parquet sur une autre affaire extrême, découverte en septembre 2016 : l’emploi, pour la démolition de l’ex-siège parisien de Michelin, avenue de Breteuil, de 25 Maliens sans papiers, via le sous-traitant MT Bat. Le donneur d’ordre était l’entreprise de BTP Capron (80 personnes) qui a, depuis, embauché les 25 sans-papiers. Mais cela n’arrêtera pas les poursuites.

Comment expliquer de tels cas, alors que la loi impose tant de contrôles ? « S’agissant d’un chantier de démolition, mon conducteur de travaux n’y faisait qu’un passage par jour et MT Bat m’a trompé : il ne devait y avoir sur ce chantier que 14 employés ! » – et non 25, tous non déclarés -, justifie le patron de Capron, Edouard Durier, en expliquant que « l’attestation de paiement des cotisations sociales a été contrôlée, mais elle porte toujours sur le trimestre précédent. Or, en l’occurrence, le chantier n’avait pas commencé. L’attestation portait donc sur zéro salarié. C’est fréquent dans les petites entreprises en l’absence de chantiers ». D’autres failles du système sont dénoncées. « Les attestations du sous-traitant peuvent porter sur un nombre de salariés inférieur à la réalité du chantier, explique Maître Aline Chanu, du cabinet Lepany. L’enjeu est de démontrer que le nombre officiel de salariés n’est pas crédible vu la taille du chantier et que le donneur d’ordre ne pouvait pas l’ignorer. »

Badges d’accès

« Nous avons 250.000 chantiers par an, comment tout contrôler ? », soupire Xavier Huillard. La CGT, elle, dénonce une situation qui dure. Les ouvriers gardent souvent les badges d’accès aux chantiers où ils ont travaillé et « un des sans-papiers, à Châtelet-Les Halles, travaillait depuis 2010 pour nombre de filiales de Vinci : il a des badges de Bateg, Dumez, GTM et Sicra », énumère Marilyne Poulain, qui ne s’étonne pas de cette fidélité : « En 2009, des sans-papiers du chantier de Bouygues à la Tour First [La Défense, NDLR] avaient gardé des badges d’autres chantiers passés de Bouygues, dont l’ambassade des Etats-Unis et l’Assemblée nationale, où ils allaient travailler en passant par les parkings ! » poursuit-elle.

Le géant Vinci comme la PME Capron préfèrent évoquer l’avenir que le passé. « Cela fait longtemps qu’on réclame la carte d’identification du BTP, souligne Edouard Durier, chez Capron. Elle arrive enfin, il était temps. » En attendant, la PME redoute le poids de l’amende dont elle risque d’écoper pour l’affaire de l’avenue de Breteuil.

Myriam Chauvot

 

 

LE FIGARO – 09/02/2017

2016 se termine mieux que prévu pour Sanofi

Grâce à un bon quatrième trimestre, le chiffre d’affaires annuel ressort à 33,8 milliards d’euros, en hausse de 1,2% à taux constants. Le groupe pharmaceutique prévoit 1,5 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2018.

Décidément, 2016 a été pour Sanofi une année en dents de scie. Elle a été émaillée de mauvaises surprises, avec notamment les déboires sur le Praluent et dans le diabète ou avec l’échec du rachat de la biotech Medivation.

Pourtant, grâce à un bon quatrième trimestre, le chiffre d’affaires annuel ressort à 33,8 milliards d’euros, en hausse de 1,2% à taux constants. Le bénéfice net progresse lui de 9,8%, à 4,7 milliards d’euros. «Les performances sont meilleures que prévu», résume Olivier Brandicourt, directeur général du groupe tricolore.

Deux métiers de Sanofi se portent bien. La division médecine de spécialités, logée sous l’enseigne Genzyme, affiche une hausse de 17,3% des ventes, qui représentent désormais 15% du chiffre d’affaires total. Une performance due au dynamisme des traitements de la sclérose en plaques, Aubagio et Lemtrada, ainsi qu’aux médicaments contre les maladies rares.

Les vaccins s’avèrent également une valeur sûre. La commercialisation du Dengvaxia contre la dengue, un produit sur lequel Sanofi a misé plus d’un milliard d’euros, est moins rapide que prévu. «On s’attendait à davantage de commandes», explique Olivier Brandicourt en pointant, parmi les freins, les problèmes économiques et politiques au Brésil. Mais cela n’empêche pas les ventes de vaccins d’afficher une hausse de près de 9%.

«Réorganiser, simplifier»

Plus étonnant, aidé par le Toujeo, une nouvelle insuline censée combler la chute des ventes de Lantus, le diabète résiste aux «vents contraires», avec une hausse au quatrième trimestre.

Et Sanofi a d’autres indices de bonne santé à mettre en avant. Des économies, d’abord. Celles-ci se sont élevées à 650 millions d’euros en 2016. Elles atteindront 1,5 milliard à l’horizon 2018, détaille Olivier Brandicourt, qui entend continuer à «réorganiser, simplifier» tout en «soutenant les efforts d’innovation».

Autre point très apprécié des marchés: le dividende. Il est «en hausse pour la 23e année consécutive», insiste Jérôme Contamine, le directeur financier. Autant d’informations goûtées par les marchés, malgré la prévision, déjà annoncée auparavant, d’un bénéfice par action en léger repli en 2017. Le titre a gagné près de 1% mercredi.

L’avenir est beaucoup plus flou, en particulier sur les sujets délicats de 2016. Dans le cardiovasculaire, l’anticholestérol Praluent fait face, entre autres difficultés, à une attaque en justice d’Amgen qui pourrait lui interdire les ventes aux États-Unis à partir du 21 février. Toutefois, persuadé que les arguments du laboratoire américain ne tiennent pas la route, Olivier Brandicourt n’a «pas de plan B».

Dans le cancer, il est «impossible de ne pas être présent», car cela représentera bientôt «25% du marché des médicaments», estime Elias Zerhouni, directeur de la recherche et du développement. Malgré son retard, Sanofi a de quoi y «prendre sa place», selon Olivier Brandicourt. Et ce, sans passer forcément par un achat, malgré la tentative d’acquisition du spécialiste du cancer Medivation l’an dernier. «Nous ne sommes pas dans l’urgence de faire des acquisitions», assure le patron du labo.

Armelle Bohineust

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Paris et Berlin testent un itinéraire commun de voiture autonome

 

Pour tirer le maximum d’enseignements de cette expérimentation, le trajet sera composé d’autoroute et de route, à la fois en milieu urbain et rural.

La France et l’Allemagne vont lancer une expérimentation de voiture autonome, sur un itinéraire entre Metz et la Sarre.

Les automobilistes de Metz peuvent se préparer à croiser… des voitures sans chauffeur. Les ministres des Transports français et allemand ont signé mercredi, à Berlin, une lettre d’intention visant à créer le premier site expérimental transfrontalier au monde pour tester les technologies de conduite autonome. Le parcours, mis en place d’ici à fin mars, ira de Metz à la ville allemande de Merzig, dans la Sarre.

«  L’objectif est d’évaluer les potentialités et les impacts de cas concrets de l’utilisation de la conduite automatisée et connectée, sans donner a priori la préférence à une technologie », a déclaré le secrétaire d’Etat français Alain Vidalies. «  Les systèmes automatisés et connectés ne peuvent pas se cantonner aux Etats nationaux, a ajouté son homologue allemand, Alexander Dobrindt. Ils doivent fonctionner partout. »

Pour tirer le maximum d’enseignements, le trajet sera composé d’autoroute et de route, à la fois en milieux urbain et rural. Si le lancement est prévu pour le premier trimestre, sa mise en oeuvre devrait prendre plusieurs semaines. Il sera ouvert à tous les constructeurs, équipementiers automobiles ou entreprises des télécommunications ou du numérique.

Eprouver l’interopérabilité

Comme l’Allemagne le fait déjà depuis un an sur un tronçon d’autoroute en Bavière, il s’agit de tester des capteurs et radars, des systèmes de communication entre véhicules, via notamment la technologie 5G, ou d’autres équipements de signalisation. La dimension transfrontalière doit permettre d’éprouver leur interopérabilité. Par ailleurs, des centres de coordination doivent servir de guichet unique dans chaque pays, notamment pour l’homologation des véhicules.

Depuis le double choc du scandale des moteurs diesel truqués par Volkswagen et l’apparition de nouveaux acteurs de la Silicon Valley, comme Tesla ou Google, ou d’Asie, l’industrie automobile allemande est décidée à rattraper son retard dans la voiture électrique et autonome. «  Je ne sais pas si nos constructeurs européens resteront parmi les meilleurs dans dix ans », a reconnu Alexander Dobrindt.

Face à cette menace, la France et l’Allemagne veulent aller vite et, ensemble, peser de tout leur poids dans la fixation des futures normes et réglementations. «  On va essayer de conserver un temps d’avance dans la compétition mondiale », a renchéri Alain Vidalies. Ces normes peuvent concerner les technologies, mais aussi des questions juridiques. Le « conducteur » doit-il être tenu responsable en cas d’accident, quand bien même il ne serait pas physiquement en train de conduire ? Ces questions, qui font l’objet de discussions au sein de l’ONU, peuvent avoir un impact essentiel sur la conception des véhicules. Berlin vient d’adopter un projet de loi qui rend le conducteur responsable.

Thibaut Madelin

 

 

LA TRIBUNE – 09/02/2017

Total démontre sa résilience dans un environnement difficile

 

Total affiche de meilleurs résultats 2016 que les autres majors.

 

Le pétrolier français superforme de nouveau le secteur, avec des résultats en baisse de 21% mais sensiblement meilleurs que ceux des majors. Son PDG Patrick Pouyanné maintient le cap pour renforcer la résistance du groupe dans un contexte qu’il juge toujours incertain.

« Ce qu’on contrôle, on le contrôle bien », reconnaît Patrick Pouyanné, le PDG de Total, en commentant les résultats de son groupe pour l’année 2016. Et ce que Total contrôle particulièrement bien, et de mieux en mieux, ce sont ses coûts de production. De 9,9 dollars par baril il y a deux ans, ils sont tombés à 5,9$ en 2016. Ce qui a largement contribué au programme de baisse des coûts, dont les objectifs pour l’année écoulée, de 2,4 milliards de dollars, ont été dépassés pour atteindre 2,8 Mds. Et ce qui permet à Total d’afficher de meilleurs résultats que les majors, qui le surpassent pourtant assez nettement en termes de production. A 8,3 milliards de dollars, son résultat net ajusté est en baisse de 21% sur ceux de 2015, quand Exxon ou Shell affichent, eux, des résultats de 40% inférieurs à ceux de l’année précédente.

Une activité aval très rentable

« Toutes les activités ont contribué à ces résultats, souligne Patrick Pouyanné. Mais c’est dans l’exploration/production que l’écart avec la concurrence est le plus significatif. » Si ses coûts de production sont aussi compétitifs, c’est, affirme-t-il que le groupe, contrairement à ses concurrents, a fait dès 2014 l’analyse d’une crise durable, et non pas d’un simple passage à vide comme celui enregistré en 2008. « Cette fois, il y avait à la fois une offre trop élevée et une demande trop faible ; convaincus d’un cycle baissier durable, nous avons eu la meilleure réaction, ce qui nous donne aujourd’hui un temps d’avance. » Le PDG loue la prise de conscience et la mobilisation de toute l’entreprise autour de cet objectif de réduction des coûts, ainsi qu’un fort soutien de l’aval. Passée « de parent pauvre à star du groupe » avec une rentabilité de 34% (à comparer avec 17% pour le plus performant de ses concurrents), cette activité a aussi servi de modèle en matière de sobriété.

Le programme de cession de 10 milliards est réalisé à 80% (avec notamment la cession d’Atotech), le solde se composant de quelques opérations de taille modeste. Le taux d’endettement est aujourd’hui de 27%, et l’objectif est de le ramener sous la barre des 20%.

Autre différence avec la concurrence, l’effort en recherche/développement dans l’activité oil & gaz s’est accru de 5%.

Un point mort à 50$ le baril

La nouvelle entité « low carbon business », qui regroupe le gaz, l’électricité et les renouvelables (dont les activités de SunPower, Saft ou encore Lampiris) a également contribué positivement aux résultats. Avec 4,7 Mds$ et un résultat de 500 M$, soit une rentabilité de 9% sur les capitaux investis, « c’est encore un business modeste, mais appelé à croître », observe Patrick Pouyanné. Le PDG rappelle que le scénario 2°C dans lequel le groupe s’inscrit, en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris adopté lors de la COP21, implique de se préparer à une baisse de l’activité pétrolière à horizon 2035/2040 et une hausse du gaz, et de prendre position sur ces activités « bas carbone. »

Les prix bas s’accompagnant de coûts bas, c’est également la concentration sur des actifs à bas coûts et des montants d’investissements par baril nettement inférieurs aux prévisions qui a contribué au programme de réduction des coûts.

Ainsi, 1,25 milliards sont budgétés pour 27 nouveaux puits en 2017, contre 1,4 milliards pour 1,4 Mds$ en 2016.

L’époque est également favorable aux acquisitions à coûts très compétitifs. 900 millions de dollars ont ainsi suffi à l’acquisition de nouvelles réserves en 2016 là où 2 milliards avaient été budgétés. Le groupe entend profiter de ce contexte pour lacer une dizaine de nouveaux projets dans les 18 prochains mois.

En hausse de 4,5% (contre +9% en 2015 mais à comparer avec +1% pour ses concurrents), la production, qui devrait encore s’accroître de 4% en 2017, est en ligne avec l’objectif de croissance annuelle de 5% sur la période 2015/2020. Grâce à quoi, Total est aujourd’hui rentable avec un baril à 40$ avant dividende ou 50$ avec dividende.

Une lutte permanente pour abaisser les coûts de production

Confiant « dans la solidité des résultats et du bilan du groupe, ainsi que dans les perspectives de croissance du cash flow disponible », le groupe propose une augmentation du dividende de 1,6% à 62 centimes, soit 2,45€ sur l’année.

Pas question pour autant de s’endormir sur ses lauriers. Aussi le programme de réduction de coûts va se poursuivre avec un objectif de 3,5 Mds$ en 2017 et 4 Mds$ en 2018, et une « lutte permanente pour continuer d’abaisser les coûts de production », fixés à 5,5 $/baril pour 2017 et 5$/baril pour 2018.

Car le marché demeure volatile, les stocks restent de 10% plus élevés qu’ils ne devraient, et Patrick Pouyanné ne croit pas à une remontée durable des cours à moyen terme. « Le plus difficile, c’est l’incertitude », reconnaît le PDG, qui, dans cet environnement incertain, reste « optimiste grâce aux fondamentaux solides du groupe« .

Dominique Pialot  

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 09/02/2017

Emmanuel Macron, dans les pas économiques de François Hollande

Les mesures distillées par l’ex-ministre de l’économie laissent entrevoir une ligne politique qui poursuit et amplifie celle menée pendant le quinquennat.

Des mesures, oui il y en a, un certain nombre même. Un programme, structuré, construit, pas encore. Il semble qu’il faille encore patienter quelques semaines avant de connaître en détail le projet d’Emmanuel Macron pour la France. En attendant, les électeurs devront se contenter de ce que l’ancien locataire de Bercy a pu distiller ici ou là lors de ses discours de meetings ou interventions à la radio et à la télévision.

Parcours oblige (inspection des finances, banque d’affaires Rothschild et surtout ministère de l’économie), M. Macron est attendu sur les questions économiques. Desquelles risque de dépendre sa crédibilité en tant que présidentiable. Or en la matière, les propositions du candidat Macron peinent encore à convaincre les spécialistes.

« Il y a des choses intéressantes et potentiellement efficaces, mais rien de bien nouveau, remarque Alexandre Delaigue, économiste à l’université Lille-I. C’est la continuité de ce que proposent les hauts fonctionnaires de Bercy depuis un moment et de la politique appliquée par le gouvernement Hollande ces trois dernières années. »

Transformer le CICE

C’est le cas de la mesure sur le temps de travail. Le fondateur d’En Marche ! qui avait à un moment exprimé la volonté de moduler la durée légale du travail en fonction de l’âge est finalement revenu sur cette proposition. Aujourd’hui, il souhaite conserver les 35 heures comme seuil de déclenchement des heures supplémentaires, tout en renvoyant à la possibilité de négocier au sein de l’entreprise des accords primant sur ceux décidés au niveau de la branche. Ce que prévoit déjà peu ou prou la loi El Khomri promulguée en août 2016.

Il en va de même pour la politique fiscalement favorable aux entreprises que le candidat Macron souhaite mettre en place : s’il arrive au pouvoir, l’ex-ministre se propose de transformer le Crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE) lancé en 2014 par le gouvernement de Manuel Valls en allégement de charges permanent. Il souhaite, par ailleurs, faire en sorte qu’embaucher une personne au smic ne coûte plus rien à son employeur afin de stimuler le marché de l’emploi. Efficace ? Certes. Nouveau ? Pas tout à fait. « L’idée qu’il faut réduire les charges remonte aux années 1990 », commente M. Delaigue. Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, rappelle pour sa part qu’avec le pacte de responsabilité et la prime à l’embauche, « un smic ne coûte en théorie presque plus rien aujourd’hui ».

« Certes M. Macron simplifie les choses pour les entreprises en pérennisant les baisses de charges, une mesure efficace. Mais une fois qu’on a suffisamment baissé le coût du travail, que fait-on pour stimuler le marché du travail ? Car à partir d’un certain seuil, cette politique coûte cher pour un effet dérisoire sur l’emploi, et certains économistes pensent que nous l’avons atteint », analyse M. Delaigue.

Assurance-chômage étendue

Autre travers pointé par les économistes : un risque « d’année blanche » fiscale lors de la mise en place du dispositif. « Le CICE est, comme son nom l’indique, un crédit. Il est donc payé, puis remboursé l’année d’après par le gouvernement. Si le dispositif est mis en place en 2018, le gouvernement devra rembourser celui de 2017, et perdra la somme équivalente cette année-là puisque la baisse directe aura été actée », explique Mathieu Plane. Soit un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards d’euros cette année-là.

Sur l’assurance-chômage, en revanche, tous sont d’accord. Il s’agit là d’une nouveauté. M. Macron propose en effet de l’étendre à tous les actifs, même les démissionnaires et les indépendants. Une évolution qui ne se fera pas sans sacrifices. Ainsi cette nouvelle « sécurité » s’accompagnerait de plus de « flexibilité » : l’obligation de se former pour être indemnisé au bout d’un certain temps, et des sanctions allant jusqu’à l’arrêt de l’indemnisation si le demandeur d’emploi refuse « toute offre raisonnable ». Pour fluidifier le marché du travail, M. Macron souhaite, par ailleurs, assouplir les conditions du licenciement et plafonner les indemnités prud’homales, une mesure un temps envisagée dans la loi travail avant d’être retirée devant l’opposition féroce qu’elle suscitait.

Enfin, la gestion de l’Unedic (organisme qui supervise l’assurance-chômage) sera retirée aux partenaires sociaux et confiée au gouvernement.

Sarah Belouezzane

 

 

LE FIGARO – 09/02/2017

François Fillon revient sur le thème de la sécurité

Mercredi, le déplacement du candidat à Athis-Mons a été perturbé par des militants de la gauche radicale.

Qu’importent les bourrasques, François Fillon continue sa campagne. Après Troyes et avant un aller-retour express pour tenir un meeting jeudi à Poitiers, le candidat à l’élection présidentielle s’est rendu mercredi à Athis-Mons, dans le département de l’Essonne. Échaudée par les précédentes étapes, l’équipe de campagne voulait un déplacement sans heurts. «Le programme a été très fluctuant», confirme un membre de la délégation. Mais c’était compter sans une dizaine de militants mélenchonistes bien informés. Armés de casseroles, de banderoles et de slogans, ils ont attendu l’ancien premier ministre devant toutes les entrées du centre de surveillance urbaine où il devait se rendre. Le lieu, situé dans une ancienne zone industrielle réhabilitée et sans vie, semblait pourtant idéal pour un déplacement balisé autour de questions de sécurité… «Voyou!», «Remboursez nos impôts», pouvait-on lire sur les pancartes pendant qu’une manifestante chantait : «Fillon, t’es cuit, t’as trop de casseroles.»«Il a raison de tenir bon. Il a la solidité et l’ardeur pour affronter les vents contraires», réagit alors un élu LR qui attend patiemment l’ancien premier ministre.

Discours de fermeté

Les slogans, le candidat ne les aura entendus que de loin. À l’intérieur du bâtiment, il n’est question que de sécurité, sujet que François Fillon maîtrise et qui a l’avantage de fédérer la droite. Mi-janvier, un quartier de la ville voisine de Juvisy-sur-Orge a été saccagé par une bande. L’ancien premier ministre s’est alors entretenu avec le jeune maire de la commune, Robin Reda. Le voilà maintenant face à lui et plusieurs édiles du secteur pour présenter des éléments de son programme. «Je veux mettre 12 milliards d’euros de plus sur la défense, la gendarmerie, la police et la justice pour faire un effort de modernisation», explique-t-il face à un mur d’écrans qui centralise les images de vidéosurveillance de la ville. «La police municipale doit être un élément clé de la sécurité publique», ajoute le candidat en proposant de l’armer «systématiquement». Il propose que l’État finance à hauteur de 50 % l’achat de vidéosurveillance. À ses côtés, le député Éric Ciotti, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, et l’ancien patron de la police nationale, Frédéric Péchenard, ne peuvent qu’approuver. Même discours de fermeté à l’évocation des derniers événements d’Aulnay-sous-Bois, où quatre policiers ont été mis en examen après le viol présumé d’un jeune homme, déclenchant des émeutes dans cette ville de banlieue. Évoquant des «fautes» commises par les policiers mis en cause, qui «doivent être sanctionnées», François Fillon a saisi l’occasion d’afficher son soutien aux forces de sécurité en général, «qui n’ont rien à voir là-dedans».

L’ancien premier ministre, qui veut supprimer 500.000 fonctionnaires, précise qu’il épargnera les forces de l’ordre. «Il faudra des moyens humains supplémentaires», dit-il même en indiquant qu’il s’attaquera à la «bureaucratie» et aux «tâches statiques» qui occupent les agents. Autant d’éléments qui ont pour but de rassurer une profession sensible aux arguments de la droite mais désabusée et séduite par le Front national. La veille, Marine Le Pen était justement en visite dans les commissariats de Juvisy-sur-Orge pour dérouler ses propositions.

Tristan Quinault-Maupoil

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 09/02/2017

Les députés britanniques autorisent Theresa May à déclencher le Brexit

VIDÉO – Le projet de loi sur le déclenchement de l’article 50 a été approuvé hier soir par les députés à une très large majorité.

Tout ça pour ça. Pendant six mois, Theresa May a tenté à tout prix d’éviter de soumettre le déclenchement du Brexit à l’approbation des députés. Sous la contrainte de la Cour suprême, fin janvier, la première ministre avait finalement été obligée de présenter un projet de loi concernant le retrait du Royaume-Uni de l’UE au Parlement. Or l’opposition à laquelle la première ministre craignait de se heurter ne s’est pas matérialisée.

Hier soir, les députés ont voté pour l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne lors d’un vote final aux Communes à 494 voix contre 122. La semaine dernière, 498 députés s’étaient déjà prononcés en faveur du déclenchement du Brexit, au terme d’une seconde lecture du texte. La victoire du gouvernement est pleine et entière: non seulement les membres de la chambre basse ont approuvé le projet de loi à une très large majorité mais ils n’ont pas été en mesure de s’accorder sur un seul amendement.

Theresa May n’a pas remporté la guerre – le texte doit maintenant être examiné par la Chambre des Lords – mais elle peut se féliciter d’avoir mis K.O. la Chambre des Communes. Le «Blitzkrieg» parlementaire imaginé par le gouvernement s’est déroulé comme il avait été prévu par la générale en chef du «hard Brexit»: les députés ont été autorisés à s’exprimer sur le processus, pas à s’emparer du dossier de la sortie de l’UE.

D’abord, parce que 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit le 23 juin dernier. Ensuite, parce qu’au fil des mois, avec l’aide des tabloïds, le gouvernement de Theresa May a instillé un climat très hostile à la moindre remise en cause du bien-fondé de la sortie de l’Europe. Dans les cercles du pouvoir, se prononcer contre le divorce avec les Vingt-Sept équivaut à porter atteinte à l’esprit patriotique britannique.

Un Parti conservateur uni

La victoire qui se profile est d’autant plus savoureuse pour May que l’examen du projet de loi sur le Brexit a mis de nouveau en évidence les divisions au sein du Labour. La semaine dernière, lors du vote initial, 47 députés ont passé outre la consigne de vote donnée par leur leader, Jeremy Corbyn, en votant contre le texte. La rébellion a même gagné l’entourage proche de Corbyn.

La très loyale Diana Abbott, chargée des affaires intérieures au sein du cabinet fantôme travailliste, s’est fait remarquer par son absence mardi dernier. A une heure du vote, la députée londonienne, dont la circonscription a rejeté le Brexit, s’était éclipsée des Communes, prétextant «une migraine». Hier soir, Mme Abbott est rentrée dans le rang mais Clive Lewis, jusqu’alors responsable du commerce au sein de l’équipe Corbyn, a remis sa démission du shadow cabinet. Avant lui, trois autres membres du cabinet fantôme avaient démissionné depuis la fin janvier.

Face à un parti travailliste déchiré, Theresa May peut se féliciter de l’unité du parti conservateur. La première ministre a fait suffisamment de concessions – d’aucuns diront de gestes symboliques – pour décourager les rares élus pro-européens qui siègent encore sur les bancs de la majorité d’attaquer le gouvernement. Pour autant, la cheffe de la majorité aurait tort de s’estimer invincible.

Hier, lors des traditionnelles questions au premier ministre, Theresa May a subi une attaque en règle de Jeremy Corbyn au sujet d’un accord secret que le gouvernement aurait passé avec le comté du Surrey qui menaçait d’augmenter les impôts locaux de 15% pour compenser les coupes budgétaires imposés par le gouvernement. Le Brexit n’est pas le seul dossier brûlant sur lequel la «Dame de fer» va devoir plancher.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/02/08/01003-20170208ARTFIG00293-brexit-victoire-par-ko-de-may-aux-communes.php

 

Amandine Alexandre

 

 

L’OPINION – 09/02/2017

Les partenaires commerciaux des Etats-Unis déstabilisés par les menaces de Donald Trump

 

Donald Trump et son secrétaire au Commerce Wilbur Ross entendent remettre de l’ordre dans les relations commerciales des Etats-Unis

Les chiffres du commerce extérieur pour 2016 ne sont pas près de calmer la colère du président américain à l’égard de la Chine, du Japon, de l’Allemagne et du Mexique

Le déficit commercial des Etats-Unis s’est contracté davantage que prévu en décembre (44,3 milliards de dollars, en baisse de 3,2 %) en raison d’exportations à leur plus haut niveau depuis un an et demi et augmentant plus vite que les importations. Sur l’ensemble de 2016, les Etats-Unis affichent néanmoins un déficit commercial de 502,3 milliards de dollars, soit un pic de quatre ans, en hausse de 0,4 %. Cela représente 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) contre 2,8 % en 2015.

Dévoilés mardi, les chiffres du commerce extérieur des Etats-Unis pour l’année 2016 ne devraient pas calmer les ardeurs protectionnistes de Donald Trump. A 502,3 milliards de dollars, le déficit en matière d’échange de biens et de services a encore progressé de 0,4% l’an dernier. Certes, le phénomène s’explique surtout par le fait que les exportations américaines (2209,4 milliards, -2,2%) ont reculé plus fortement que les importations (2711,7 milliards, -1,8%) mais, même en baisse, les déséquilibres demeurent importants avec une poignée de pays.

C’est le cas avec la Chine et l’Allemagne où, bien qu’en repli respectivement de 5,4% et de 13,3%, la balance demeure fortement déficitaire à hauteur de 347 milliards de dollars pour le premier pays et de 64,9 milliards pour le second. Le Japon, dont l’excédent est resté stable à 68,9 milliards, se hisse au deuxième rang des « mauvais partenaires » des Etats-Unis, aux yeux de l’hôte de la Maison blanche. Suivent le Mexique (63,2 milliards de dollars), l’Irlande (35,9 milliards) et l’Italie (28,5 milliards), la France venant loin derrière avec un surplus de 15,8 milliards de dollars. En cumulé, l’Union européenne affiche un excédent de 146,3 milliards de dollars.

Autant dire que les règlements de comptes ne devraient pas tarder. Pour l’instant, Donald Trump a surtout dirigé ses foudres à l’encontre du Mexique en faisant pression, non sans succès, sur les constructeurs automobiles américains et étrangers pour qu’ils abandonnent leurs investissements de l’autre côté du Rio Grande, en les menaçant de taxer leurs importations à hauteur de 35%. Outre sa volonté de faire financer par Mexico la construction d’un mur entre les deux pays, il a déjà prévenu qu’il renégocierait rapidement l’accord de libre échange nord américain (Alena) liant les Etats-Unis au Mexique et au Canada.

Rétorsion. Via ses attaques contre Toyota et sa décision de jeter aux orties l’accord de partanariat transpacifique cher à Tokyo, l’hôte de la Maison blanche a aussi mis la pression sur le Japon au point de pousser Shinzo Abe à se rendre à Washington vendredi pour essayer d’arrondir les angles. Mais la Chine et l’Allemagne n’en sont pas quittes pour autant. Avant son arrivée à la Maison blanche, il n’a eu de cesse de les accuser de « commercer à sens unique » et de bâtir leurs richesses sur le dos des Américains. Ces derniers jours, son « équipe commerciale » s’est attachée à attiser le feu. Aucun pays affichant un important excédent commercial avec les Etats-Unis ne devrait éviter des rétorsions américaines.

En se présentant à Davos comme le nouveau champion du libre-échange, Xi Jinping, le président chinois, a eu droit à un rapide rappel à l’ordre de Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce. « C’est une chose de parler de libre-échange mais nous aimerions que nos partenaires commerciaux le pratiquent aussi », a-t-il répondu lors de son audition au Sénat américain. Il fustige la Chine, « pays le plus protectionniste parmi les grands pays ». Sans vouloir infliger des droits de douane de 35% sur les produits chinois, comme évoqué par Donald Trump lors de sa campagne électorale, Wilbur Ross a expliqué néanmoins qu’il fallait « punir et sévèrement » les pays ne « respectant pas les règles ».

C’est Peter Navarro, le conseiller national pour le commerce, qui a mené la charge en direction de l’Allemagne. Berlin utilise un « Deutschmark implicite (l’euro) grossièrement sous-évalué » pour exploiter les Etats-Unis et ses partenaires européens, a-t-il récemment dénoncé dans un entretien accordé au Financial Times. Ce qui a amené Angela Merkel à répondre que la Banque centrale européenne était « indépendante » et que son pays ne cherchait pas à l’influencer.

« Bad hombres ». Face à la volonté de Donald Trump d’imposer un rapport de forces avec ses partenaires commerciaux, aucun pays ne semble avoir trouvé à ce jour le ton adéquat. Les ponts semblent coupés avec le Mexique depuis un coup de téléphone houleux où l’hôte de la Maison Blanche aurait menacé son homologue Enrique Peña Nieto d’envoyer ses militaires pour s’occuper des « bad hombres » ( « mauvais hommes ») dont « son armée a peur ». A l’inverse, la Canadien Justin Trudeau qui pourrait se rendre à Washington au début de la semaine prochaine joue la carte de la conciliation…

Mais le pire serait encore à venir. La nouvelle administration veut baisser le taux d’imposition des sociétés de 35% à 20% voire 15% et pousser les entreprises américaines à rapatrier leurs quelque 2300 milliards de dollars de bénéfices parqués dans des paradis fiscaux, en les taxant une bonne fois pour toutes à hauteur de 10%. En outre, elle concocterait une arme fatale sur le plan fiscal : pour les convaincre d’investir aux Etats-Unis, les firmes pourraient ainsi ne plus pouvoir déduire le coût de leurs importations dans le calcul de leurs impôts. Ce qui serait une manière d’arrêter l’hémorragie en matière de commerce extérieur.

Gilles Sengès

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

La justice russe élimine un opposant à la présidentielle

 

AlexeÏ Navalny attendait le verdict au tribunal de Kirov qui pourrait le priver de candidature à la présidentielle de 2018.

Alexei Navalny déclaré inéligible pour mars 2018.Un autre opposant empoisonné.

Voilà une décision de justice fort opportune pour le pouvoir russe dans l’optique de la présidentielle. L’un des principaux leaders de l’opposition et héraut de la lutte contre la corruption, Alexei Navalny, ne devrait pas pouvoir affronter Vladimir Poutine lors du scrutin de mars 2018. Il a été jugé coupable mercredi de détournement de fonds par un tribunal de Kirov, une décision de justice qui se traduit automatiquement par une inéligibilité. Alexei Navalny a répliqué que la Constitution lui permettait, au contraire, de concourir.

Ce charismatique blogueur anti-corruption de trente-neuf ans au programme par ailleurs nationaliste, fait valoir que les accusations de détournement de 377.000 euros d’une exploitation forestière de la région sont totalement loufoques et constituent une machination politique. Ces accusations lui avaient déjà valu d’être condamné à cinq ans de prison en 2013, mais il avait réussi à faire casser ce jugement par la Cour Suprême en novembre dernier. Il a aussi fait condamner, jeudi, la Russie devant la Cour européenne des droits de l’homme pour détention arbitraire. Pas certain toutefois qu’il parvienne à faire casser le verdict de mercredi et donc à sauver sa candidature.

Verrouiller le scrutin

Alexei Navalny, qui venait d’inaugurer son premier local de campagne à Saint-Pétersbourg, continue d’être populaire auprès d’une frange de la nouvelle classe moyenne russe, libérale et exaspérée par la corruption. C’est lui qui, pendant les manifestations de 2011-2012, avait initié le slogan fédérateur contre Vladimir Poutine, « chef du parti des bandits et des voleurs. » Il a publié récemment des informations sur la luxueuse propriété du premier ministre Dmitry Medvedev et a osé déposer une plainte à Moscou accusant Vladimir Poutine d’avoir ordonné l’octroi de 1,5 milliard d’euros de fonds publics au groupe de pétrochimie dont l’un des principaux actionnaires serait marié à une des filles du chef du Kremlin. Alexei Navalny avait marqué les esprits en septembre 2013, aux élections municipales de Moscou en obtenant 27 % des voix face au maire de Moscou sortant Sergueï Sobianine.

Ce développement laisse augurer d’une volonté du Kremlin de verrouiller totalement le scrutin présidentiel, encore une fois. D’autant plus que le leader de PARNAS, un autre parti d’opposition, Vladimir Kara-Murza, est hospitalisé depuis une semaine suite à un mystérieux empoisonnement. Il avait déjà survécu en juin 2015 à un empoisonnement du même genre, dont ses proches avaient attribué la responsabilité au FSB. Vladimir Kara- Murza est aussi un dirigeant de premier plan de « Open Russia », une ONG coordonnant les mouvements de la société civile travaillant à assurer des élections libres et transparentes en Russie.

La volonté du Kremlin et des services de sécurité est de ne rien laisser au hasard à la présidentielle pourrait laisser Vladimir Poutine face à quelques adversaires plus ou moins comparses comme cela a été le cas en 2012. Au risque d’ailleurs d’ôter tout intérêt au scrutin et donc de déprimer le taux participation, ce qui chagrinerait fort le Kremlin.

Yves Bourdillon avec Benjamin Quénelle

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

Tél. : 01 40 55 12 43

Fax : 01 40 55 12 40

elena.natalitch@medef-idf.fr

www.medef-idf.fr

Revue de presse du MEDEF IDF du 8 Février 2017

2017-09-19T13:35:42+02:00Mots-clés : , , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LE PARISIEN – 08/02/2017

Ile-de-France : Cazeneuve et Pécresse relancent un plan d’investissement de 7,4 Mds€

 

Massy, ce mardi. Jean-Michel Baylet, ministre de l’Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales,

Bernard Cazeneuve, Premier ministre, Valérie Pecresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France et Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France et préfet de Paris,

lors de la signature de l’avenant du contrat de plan Etat-Region pour la période 2015-2020.

Il donne les grandes lignes de ce que sera l’Ile-de-France de demain, notamment en termes de transports. Réunis ce mardi à Massy, Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, et Valérie Pecresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France, ont signé un avenant au contrat plan Etat-Région 2015-2020. Un document qui a pour but d’accélérer la réalisation de ces nombreux projets au coût pharaonique de 7,4 Mds€ (3 Mds€ versés par l’Etat, 4,4 Mds€ par la région). Nous vous en présentons les grandes lignes.

« Impulser une dynamique anti bouchons »

En mars 2017, un Plan spécial anti-bouchons sera lancé en Île-de-France, avec des moyens supplémentaires de très grande envergure (200 M€). Il prévoit notamment le contournement d’Orly. Le contournement routier par l’est de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle va également être lancé. Contre les embouteillages, des études d’aménagements de l’autoroute A86 seront également menées. Enfin, l’élargissement de la Francilienne à l’Est pour faciliter le contournement de l’agglomération parisienne va se poursuivre.

De vieux projets relancés

On en parle depuis longtemps. L’Etat et la région promettent qu’ils verront le jour dans les prochaines années. Le projet de prolongement du RER Éole (Paris-La Défense-Mantes-la-Jolie), qui réclame à lui seul plus de 2 Mds€, va être relancé. Tout comme plusieurs projets de tramways : le Tram-Train Massy-Évry, le T9 (Paris-Orly) ou le T1 à l’Est-Val de Fontenay. Plusieurs prolongements de métros sont également en études ou en travaux, comme le prolongement de la ligne 11 à Rosny ou la ligne 10 à Ivry-sur-Seine.

Autres objectifs : essaimer un peu partout sur le territoire de « nouveaux pôles gares multimodaux », comme Cergy ou La Défense, mais aussi travailler aux futures gares du Grand Paris Express des lignes 15 Sud et 16, à Issy-les-Moulineaux et à Chelles. Enfin, l’électrification de la ligne P (Paris-Troyes) va être poursuivie.

Favoriser le trafic fluvial

Les transports du futur se feront également sur l’eau. Un partenariat du Stif avec la société Batobus va permettre aux Franciliens de se déplacer au quotidien sur la Seine à un tarif préférentiel. Par ailleurs, le contrat plant Etat-Région envisage d’accélérer le développement des ports franciliens et la remise en état d’écluses du bassin de la Seine. Il comprend aussi un volet sur le financement de la réhabilitation de l’écluse de Méricourt (Yvelines).

Modernisation des trains

Au volet modernisation des trains, Valérie Pécresse a annoncé ce mardi un renouvellement du matériel roulant des RER, avec la commande de 700 trains neufs ou rénovés d’ici 2021 pour 9,5 Mds€, pris en charge à 100 % par le Stif.

Enseignement supérieur et recherche

Le conseil plan Etat-Région ne concerne pas que les transports, mais aussi l’enseignement supérieur. Il acte le démarrage des travaux de la bibliothèque du Campus Condorcet à Aubervilliers (75 M€). Au programme également, la construction du nouveau site « Picpus – Nation » de l’Université Paris III (20 M€) et la réhabilitation de l’IUT de l’Université de Cergy-Pontoise à Neuville. Le plan prévoit aussi l’extension du bâtiment Ader sur le site de la Cité Descartes, le projet d’extension de l’antenne de Paris-II Assas à Melun et le projet de bâtiment dédié aux maladies psychiatriques sur le campus Henri Mondor à Créteil.

Gérald Moruzzi

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 08/02/2017

Salaires : la réalité des écarts selon les conventions collectives

Le salaire net mensuel moyen d’un salarié couvert par une convention collective était de 2.240 euros, hors apprenti, en 2014, selon une étude publiée ce mardi par la Dares. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes.

Pour gagner sa vie, mieux vaut travailler dans la métallurgie que la coiffure… Une étude de la Direction de la recherche du ministère du travail (Dares) portant sur les conventions collectives, mise en ligne ce mardi, vient mettre en chiffres les écarts de salaire entre les branches d’activité.

Au total, le salaire mensuel net moyen d’un équivalent temps plein hors apprenti était de 2.240 euros en 2014 pour les 15,3 millions de salariés couverts par une convention collective de branche. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes. Ainsi, dans les branches de plus de 50.000 salariés, elle s’échelonne entre 1.350 euros dans la coiffure et 4.360 euros chez les cadres de la métallurgie.

Ces éléments le confirment s’il en était besoin, le niveau du salaire moyen dépend « en grande partie » de la structure socio-professionnelle du salariat de chaque branche. Avec une « prime » liée au taux d’encadrement. « Les branches ayant un salaire moyen supérieur à 2.600 euros ont au moins 20 % de leurs effectifs composés de cadres », note la Dares.

Mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie

Mais au sein même des catégories professionnelles, tous les secteurs ne se valent pas. Pour les cadres, mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie … Dans le premier cas, comme dans le transport aérien, la chimie ou la banque, le salaire moyen est au dessus de 5.000 euros tandis que dans le second cas, il tourne entre 2.800 et 3.000 euros, comme dans le commerce de détail de fruits et légumes ou la restauration rapide. Pour les employés, le salaire dans les pharmacies d’officine et celui dans l’industrie pharmaceutique sont aux deux bouts de l’échelle (1.660 euros contre 2.960 euros).

Cette dernière fait aussi partie des huit industries qui paient les ouvriers à temps plein plus de 2.000 euros. contre 1.280 euros seulement dans le secteur de la propreté. Mais ce n’est pas seulement parce que l’un paie mieux que l’autre. « Au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, les différences salariales s’expliquent aussi par l’hétérogénéité des postes occupés et par les différences de structure par âge », note l’étude du ministère du travail.

Elle évalue en outre à 7% la part des salaires mensuels nets en équivalent temps plein compris entre 1 et 1,05 SMIC parmi les salariés couverts par une convention collective, dont 90% sont des ouvriers ou employés. Cette proportion inférieure à celle des smicards dans l’ensemble du salariat du privé est liée au fait que les grilles salariales conventionnelles démarrent au-dessus du salaire minimum dans une bonne partie des branches.

Là encore, le pourcentage varie fortement d’une branche à l’autre : moins de 1% dans la métallurgie, le personnel au sol des transports aériens ou, toujours, l’industrie pharmaceutique ; 25% dans la coiffure ou la propreté. A l’autre extrême, près de 12% des salariés bénéficiant d’une convention collective perçoivent plus de 3 fois le SMIC.

Leïla de Comarmond

 

 

LE PARISIEN – 08/02/2017

Le nouveau réquisitoire de la Cour des comptes

 

Dans son rapport annuel, la Cour estime que les 1,5% de croissance avancé par Bercy dans son projet de loi de finance sont optimistes.

Dépenses publiques, fiasco de l’écotaxe… le rapport annuel de la Cour des comptes se montre sévère avec la gestion du gouvernement et pessimiste quant aux prévisions de Bercy. 

La Cour des comptes vient de rendre son rapport public annuel. L’épais document – plus de 1000 pages ! – des sages de la rue Cambon porte un coup assez sévère aux prévisions du gouvernement pour l’année à venir. La Cour estime que les 1,5% de croissance avancé par Bercy dans son projet de loi de finance sont optimistes, rappelant que l’OCDE et la Banque de France privilégie l’hypothèse d’une croissance entre 1,1% et 1,3%. Pour l’institution, la baisse des taux d’intérêts en 2016 explique en grande partie le léger fléchissement du déficit à 3,3% (-0,2 points).

Attention donc, car la remontée des taux pourrait soudainement alourdir la note dès 2017, alors que la France n’est toujours pas rentrée dans les clous européens. Bref, la Cour met en garde contre toute tentation de relâchement budgétaire, alors que plusieurs candidats à la présidentielle envisagent de s’affranchir de la règle des 3%.

« Le redressement de nos comptes publics est encore loin d’être acquis et nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables, ce qui tend à nos isoler et nous affaiblir », avait déjà prévenu Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, lors de l’audience de rentrée mi-janvier. Enfin, le gouvernement table sur une baisse des dépenses de l’assurance-chômage, mais rien ne permet selon la Cour des Comptes de certifier qu’elle aura lieu.

La hausse des dépenses de l’Etat pointée du doigt. Pour 2016, le rapport déplore une augmentation des dépenses de l’Etat de 3%, pointant du doigt une hausse des effectifs de 14 000 agents dans la fonction publique ainsi qu’une revalorisation salariale pour certains fonctionnaires. La Cour délivre quand même un bon point aux collectivités territoriales qui poursuivent leurs efforts de baisse de la dépense publique… même si celui-ci ne sera que de 1Mdsd’€ contre 2Mds d’€ prévus initialement. Les dépenses de l’assurance maladie, elles, continuent d’augmenter (2 ,1% en 2017).

Problème récurrent, certaines missions de l’Etat ou prestations sociales sont sous-budgétisées : c’est le cas des opérations militaires extérieures de l’armée, provisionnées à hauteur de 450M d’€ alors qu’environ 1 milliard est dépensé ces dernières années. Une critique adressée par la Cour au ministère de la Défense depuis longtemps… « Aucune économie structurelle » n’est clairement présente dans la loi de finance du gouvernement selon l’institution.

Alerte sur les effectifs des CRS et des gendarmes. A l’inverse, la Cour pointe une évolution préoccupante des effectifs effectifs des CRS et de gendarmes. Depuis 2010, ils ont chuté de 7,5% alors que la protection des Français a dû être renforcée sur fond de menace terroriste. La crise migratoire, mais aussi la Cop 21 et l’Euro 2016 ont mis à rude épreuve les forces de sécurité. L’élargissement continu des missions est donc visé : il représente un surcoût pour l’Etat et une fatigue supplémentaire pour les policiers et gendarmes « déjà engagés au maximum des possibilités opérationnelles sur le terrain ».

La formation professionnelle, un terreau propice pour la fraude. Autre situation épinglée par les magistrats, celle de la formation professionnelle qui coûte 11 Mds d’€ chaque année aux entreprises. Une somme que l’Etat prend en charge indirectement à hauteur de 4,8 Mds d’€. Le hic ? La puissance publique apparaît inefficace dans ses contrôles, notamment contre la fraude, tant du côté des entreprises que de celui des salariés. Une remise à plat de la gestion des organismes chargés de collecter les versements des entreprises pour la formation professionnelle est préconisée.

Mic-mac à Levallois (Hauts-de-Seine). Cette année, le rapport de la Cour pourrait prendre un tour particulièrement politique. La haute institution s’est penchée sur la gestion de la ville de Levallois-Perret. Son maire, Patrick Balkany, est déjà mis en examen, notamment pour corruption passive et blanchiment de fraude fiscale aggravée. Les sages dénoncent « un système peu transparent, générateur d’irrégularités et de dérives », ainsi qu’« une information incomplète et biaisée à destination de l’assemblée constituante ». Ils pointent du doigt « des élus municipaux exposés à des situations de conflits d’intérêts », « des anomalies dans la gestion des ressources humaines » et « des pratiques contraires au droit de la commande publique ».

Le gâchis de l’écotaxe. Autre chapitre éminement politique du rapport la Cour revient sur le fiasco de l’éco-taxe, mesure phare de l’action de Ségolène Royal au ministère de l’environnement enterrée par le gouvernement. de Manuel Valls. Cette redevance pour les poids lourds circulant en France avait été abandonnée fin 2014 après la grogne des Bonnets rouges. A l’arrivée, la facture avait été salée pour les finances publiques – 1,2 Mds d’€. Les sages ont des mots particulièrement durs, évoquant « un échec traduisant un perte de vision stratégique » ainsi qu’« un gâchis patrimonial, économique, financier, industriel et social ».

Matthieu Pelloli et Jean-Victor Semeraro

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La formation continue: ses 32 milliards de dépenses par an et son risque élevé de fraude

Face à un secteur à la gouvernance très complexe et malgré de nombreuses réformes qui n’ont en rien simplifié un système complexe, les magistrats de la Cour des comptes demandent à l’État de mener une véritable politique de lutte contre la fraude pour limiter les abus les plus fréquents.

Malgré de multiples réformes, le système de la formation professionnelle reste particulièrement complexe en France. La formation est désormais considérée par Bruxelles comme un secteur concurrentiel comme les autres. Il se distingue cependant par sa grande proximité avec les pouvoirs publics -l’État et les régions restant les premiers financeurs de la formation des chômeurs- et l’implication des syndicats et du patronat au cœur de sa gouvernance via les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).

Cette alchimie complexe, conjuguée à l’importance des sommes -32 milliards d’euros en 2014 au total qui naviguent dans le système- a toujours favorisé les soupçons de fraude ou de financements occultes. La Cour des comptes les partage. «La formation professionnelle est exposée à des risques d’irrégularités et de fraude, en raison de l’importance des montants en jeu, de la multiplicité des prestataires dispensant des formations, de l’absence de régulation et de la faiblesse des contrôles», notent ses experts.

Moins de 1% des prestataires de formation contrôlés

Les magistrats recensent les plus classiques: fausses listes d’émargement, surfacturation des heures de stage, détournements du champ de la formation professionnelle. Du côté des entreprises, plusieurs contrôles ont mis à jour un procédé consistant à recruter des salariés sous contrat de professionnalisation, sans leur donner la formation pour laquelle l’entreprise reçoit pourtant une subvention. Au sein des organismes paritaires, qui prennent en charge plus de 40% des dépenses de formation des entreprises, des cas de création de dossiers fictifs de remboursement ont été aussi repérés.

Au regard de ces enjeux, les magistrats jugent l’activité de contrôle par l’État particulièrement faible. Ainsi en 2014, ses services ont contrôlé moins de 1% des prestataires de formation susceptibles de l’être. Ils appellent alors de leurs vœux l’instauration d’une véritable politique de lutte anti-fraude avec des visites régulières aussi bien auprès des organismes paritaires que des sociétés de formation.

Anne de Guigné

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La fin de l’écotaxe poids lourds a coûté plus de 1 milliard d’euros aux contribuables

VIDÉOS – La Cour des comptes reproche vivement au gouvernement sa gestion dans le dossier de l’écotaxe poids lourd. Elle y voit «un échec stratégique et un abandon coûteux».

C’est l’histoire d’un fiasco que décrit par le menu la Cour des comptes dans son rapport annuel 2017. Votée à la quasi-unanimité par le parlement en 2009, dans l’élan du Grenelle de l’environnement, l’écotaxe poids lourds n’a finalement jamais vu le jour. Face à la révolte des «bonnets rouges» en Bretagne, qui détruisaient les portiques de l’écotaxe dans la région, le gouvernement Ayrault a décidé sa suspension. Une décision «prise dans la précipitation», selon les magistrats financiers, sans «qu’aucune analyse préalable de la portée de cette décision n’ait été conduite».

Et les dysfonctionnements ne se sont pas arrêtés là. S’en sont suivis des mois d’atermoiement, dus notamment à des divergences au sein de l’exécutif. A l’origine, le ministère de l’Écologie voulait maintenir la possibilité de mettre en œuvre la taxe, qui devait frapper les poids lourds utilisant 15.000 kilomètres de routes nationales ou importantes et qui devait financer la construction d’infrastructures, notamment ferroviaires ; le premier ministre avait, lui, comme objectif d’éviter que l’État paye les premiers loyers à Ecomouv’, l’opérateur privé choisi pour mettre en œuvre l’écotaxe.

Des indemnisations mal négociées et des risques de contentieux

Puis, alors que des projets alternatifs de taxation des poids lourds existaient, Ségolène Royal, ministre de l’écologie depuis avril de cette année-là, a annoncé le 9 octobre 2014, la suspension sine die de l’écotaxe. Le contrat avec Ecomouv’ a été résilié le 30 octobre. «Cette nouvelle décision n’a pas été davantage préparée que la précédente», tacle la Cour.

Surtout, elle a coûté cher. Il a fallu indemniser Ecomouv’ à hauteur de 181 millions d’euros pour la suspension de la taxe en 2014. Sachant que, selon la Cour, payer des loyers à la société n’aurait coûté que de 148 millions, voire 100 à 120 millions. Dit autrement, l’État – et donc le contribuable – ont perdu de l’argent avec l’option prise par le premier ministre d’éviter de payer les redevances. Quant à l’indemnisation liée à la résiliation définitive du contrat, elle a coûté 777 millions d’euros aux finances publiques! Pis, la Cour estime que l’État, en demandant que le paiement de cette indemnité soit étalé de 2016 à 2024, a renchéri la facture de 35 millions… Des éléments contestés par le gouvernement dans sa réponse à la Cour, qui juge que les deux indemnisations auraient été majorées de 100 millions chacune sans ces négociations. Quoi qu’il en soit, malgré ces indemnisations, s’ajoutent des risques de contentieux, évalués à 270 millions d’euros.

Actifs vendus pour une bouchée de pain

En outre, «les administrations ont engagé des dépenses de 70 millions entre 2008 et 2015, qui s’avèrent rétrospectivement inutiles», souligne la Cour. Des emplois avaient été créés aux Douanes, un système d’information mis en place… Quant aux portiques et autres éléments, qui valaient 652 millions d’euros, ils ne servent plus à rien. Certains ont été vendus, mais à prix cassé, si bien que l’État n’a récupéré que 2,19 millions. «Les serveurs informatiques ont été vendus à 2% de leur valeur», pointent ainsi les magistrats financiers.

Certes, le gouvernement a décidé de compenser la perte liée à la disparition de l’écotaxe en relevant la TICPE sur le gazole (taxe intérieure de consommation des produits énergétiques). Les finances publiques dans leur ensemble devraient en sortir gagnantes (pour 1,5 milliard d’euros de 2015 à 2024), la TICPE étant un impôt dynamique. Mais alors que les camions étrangers traversant la France auraient payé 31% de l’écotaxe, ils ne contribuent qu’à 2% de la TICPE selon la Cour ou 15% selon le gouvernement, ces transporteurs faisant peu le plein en France. Bref, le rééquilibrage des charges entre camionneurs français et étrangers est manqué. L’abandon de la taxe poids lourd constitue «un gâchis patrimonial, social et industriel» conclut la Cour. On ne saurait dire moins.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2017/02/08/20002-20170208ARTFIG00019-la-fin-de-l-ecotaxe-poids-lourds-a-coute-plus-de-1-milliard-d-euros-aux-contribuables.php

 

Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 08/02/2017

L’inquiétant creusement du déficit commercial français

Le déficit commercial est reparti à la hausse en 2016, à 48,1 milliards d’euros, après quatre années de baisse. Le solde des biens manufacturés s’est alourdi de plus de 10 milliards, dépassant son record de 2011.

« L’année 2016 n’a pas été bonne pour le commerce extérieur, ce n’est pas la peine de tourner autour du pot. » Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, a lui-même résumé, ce mardi, la situation. Pour la première fois depuis quatre ans, le déficit commercial des biens a augmenté. Il atteint 48,1 milliards d’euros en 2016, soit 2,5 milliards d’euros de plus que l’année précédente. A titre de comparaison, sur les onze premiers mois de l’an passé, l’Allemagne affiche un excédent commercial de 234 milliards d’euros.

Mais le chiffre français cache en fait une aggravation bien plus inquiétante. Car la facture énergétique a reculé, elle, de plus de 8 milliards d’euros en 2016 avec la baisse du prix du pétrole. Le solde des biens manufacturés, c’est-à-dire hors agriculture, énergie et matériel militaire, s’est creusé de plus de 10 milliards d’euros l’an passé. Il s’est élevé à 35 milliards d’euros, dépassant son record de 2011. On est donc loin du déficit zéro, hors énergie, fixé par François Hollande lors de son arrivée à l’Elysée et abandonné deux ans plus tard. Ce chiffre seul dit beaucoup sur la faiblesse du tissu productif français en général et de l’industrie en particulier. Il montre surtout qu’il n’y a pas eu d’amélioration de la compétitivité française depuis 2012.

Contre-performance pour l’automobile

Plus en détail, cette aggravation du déficit global s’explique par la contre-performance de trois secteurs traditionnellement très dynamiques : l’aéronautique, l’automobile et l’agriculture, qui « contribuent le plus fortement à la dégradation du commerce extérieur », selon Matthias Fekl. Le solde de l’automobile s’est dégradé de 2,5 milliards en un an et le problème est grave, parce que structurel. La hausse des importations de véhicules, notamment en provenance d’Allemagne, a fortement progressé tandis que l’excédent enregistré par les équipementiers, lui, s’est réduit. Ces derniers ont tendance à suivre leurs clients, les fabricants, et donc à délocaliser. « C’est un élément d’inquiétude », a avoué le secrétaire d’Etat.

Les difficultés qu’a connues le secteur aéronautique l’an passé, et en premier lieu Airbus, apparaissent, en revanche, conjoncturelles. L’avionneur a pâti de retards de livraison en 2016 dûs à des problème d’approvisionnement qui ont ralenti les chaînes de production toulousaines. Dès cette année, l’excédent commercial que dégage traditionnellement ce secteur devrait augmenter. Il en est de même pour l’agriculture. En raison d’une météo capricieuse en 2016, les récoltes ont été mauvaises.

Autre raison de l’accroissement du déficit commercial global qui pourrait se révéler n’être que temporaire : les importations d’équipements mécaniques, électroniques et informatiques ont été fortes. Cela s’explique au moins en partie par le dynamisme de l’investissement des entreprises, tirés l’an passé par la mesure de sur-amortissement des investissements productifs.

Dans une étude récente, les économistes de Coe-Rexecode notaient que, depuis 2012, les coûts salariaux horaires dans l’industrie manufacturière en France avaient progressé de 4,8 %, « soit un rythme nettement plus modéré que dans la moyenne de la zone euro (7,3 %) et qu’en Allemagne (+9,3 %) ». Les mesures du gouvernement ont permis de modérer le coût du travail mais elles n’ont donc pas à elles seules suffi à redresser la barre. Le prochain exécutif est prévenu.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 08/02/2017

Commerce extérieur : les services touchés par la crise du tourisme

La balance commerciale des services, auparavant largement excédentaire, est à l’équilibre en 2016.

C’était un des points forts du commerce extérieur français. Ce secteur de l’économie a dégagé pendant plus de quinze ans des excédents récurrents qui ont atteint près de 25 milliards d’euros certaines années, comme en 2012. C’est fini. Le secteur des services affiche désormais une balance commerciale à peine excédentaire. L’excédent s’est élevé à 400 millions d’euros en 2016, contre 8 milliards l’année précédente.

En 2015, les trois quarts de cet excédent provenaient des dépenses des touristes étrangers en France. Celles-ci se sont effondrées l’an dernier, de 6 %. « Le contexte post-attentats, la mauvaise météo et les mouvements sociaux au printemps ont eu un impact sur le tourisme », a expliqué Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. En effet, l’an dernier, l’hôtellerie française a enregistré 4 millions de nuitées d’étrangers en moins qu’en 2015. Quant aux résidences et villages de vacances, la chute représente 2 millions de nuitées selon l’Insee. La dégradation est inquiétante, car le tourisme est un des atouts de la France et un secteur important dans l’économie.

Baisse du prix des destinations lointaines

Parallèlement, les Français dépensent, eux, de plus en plus à l’étranger, ce qui s’explique notamment par la baisse du prix des destinations lointaines. Les services de transport sont aussi moins rémunérateurs. La faiblesse des échanges de marchandises pèse sur leur prix. Enfin, on assiste à une tendance à « l’externationalisation des services support par les entreprises dans les pays émergents », a indiqué Matthias Fekl. Récemment, l’institut COE-Rexecode remarquait que « la part des exportations françaises de services dans le total de la zone euro poursuit sa chute : elle s’établit au deuxième trimestre 2016 à 14,4 %, soit son plus bas niveau depuis 2000 ». Bref, quelles qu’en soient les raisons, l’exportation de services, un des moteurs de l’économie française, a calé l’an passé.

La balance française des transactions courantes – qui prend en compte les exportations et importations de biens et services ainsi que les dividendes et salaires perçus et reçus de l’étranger et les investissements – est de plus en plus déficitaire. Alors que le déficit courant ne représentait que 0,2 % du PIB en 2015, il atteint 1,1 % de la richesse nationale produite en 2016. Pas de quoi paniquer à court terme, puisque Bruxelles considère qu’il n’y a danger qu’à partir d’un déficit courant représentant 4 % du PIB. Mais l’Allemagne, elle, devrait dégager un excédent de plus de 9 % de son PIB. Un record mondial qui prouve que les économies des deux pays divergent. De façon plus profonde, leurs intérêts commerciaux aussi ne sont plus convergents. Ce n’est pas une bonne nouvelle à l’heure du Brexit et de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Guillaume de Calignon

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 08/02/2017

Agriculture : les défaillances d’exploitations en forte hausse

Les redressements ou mises en liquidation ont augmenté de 4 % en 2016.
En crise profonde, le secteur est le seul à afficher cette tendance.

L’agriculture est à la traîne. C’est la seule activité économique où les défaillances d’entreprises se sont encore aggravées en 2016, avec une nouvelle hausse de +4 %, pour 1.331 redressements ou mises en liquidation. Certaines productions agricoles sont encore plus mal loties que l’ensemble du secteur. C’est le cas de l’élevage, où les défaillances ont fait un bond de +30 % pour ce qui concerne la production laitière et +83 % dans le cas des élevages de porcs.

Dans tous les autres secteurs de l’économie, elles ont diminué de plus de 8 % selon la société Altares. Les entreprises non agricoles ont gagné en profitabilité, selon Thierry Millon, le directeur des études chez Altares, grâce aux mesures gouvernementales telles que le Cice (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), le pacte de responsabilité ou la baisse du pétrole.

Dans le secteur de l’agriculture, accablé par deux années de crise très profonde – crise du porc, impact de la fin des quotas laitiers… -, cela n’a pas suffi. Pourtant, selon le ministère de l’Agriculture, l’Etat a accordé 2,8 milliards d’euros d’allégements de charges sociales et fiscales supplémentaires aux entreprises agricoles et agroalimentaires en 2016 par rapport à 2012, à la veille de la mise en oeuvre du Cice et du pacte de solidarité.

Il faut néanmoins noter que l’essentiel de la baisse de charges (1,14 milliard) qui bénéficient aux exploitants agricoles concerne les charges patronales. L’impact du Cice, lui, est près de trois fois moindre, à 392 millions d’euros, tandis que la baisse des cotisations individuelles des exploitants a atteint 675 millions d’euros. Xavier Beulin, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), met en garde contre une interprétation trop rapide des chiffres et souligne que « les charges sociales des agriculteurs ont baissé parce que leurs revenus ont baissé ».

En 2017, « l’impact de ces allégements devrait plus se ressentir en 2017 du fait de la mesure annoncée par Manuel Valls, Premier ministre en février 2016, de diminution de 10 points des charges sociales combinée à un revenu en retrait », précise encore Xavier Beulin. Et pourtant, la FNSEA s’attend à une accélération des défaillances cette année.

Selon le ministère de l’agriculture, la diminution des charges sur l’ensemble de la filière devrait atteindre 4,06 milliards d’euros au total, dont 2,26 milliards bénéficiant aux agriculteurs et 1,8 milliard aux coopératives et aux industries agroalimentaires.

Pas mieux en fin d’année

Tous secteurs de l’économie confondus, le quatrième trimestre a vraiment confirmé l’amélioration de l’état de santé des entreprises françaises, avec une nouvelle baisse des défaillances par rapport à la même période des trois années précédentes. Là encore, l’agriculture est à contre-courant. On ne voit pas poindre le moindre signe d’amélioration en fin d’année.

Au global, l’emploi dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire représente 1.200.000 salariés équivalents temps plein, employés par 241.000 établissements – une masse salariale de 34 milliards d’euros, dont 23 milliards d’euros entrant dans l’assiette du Cice.

Marie-Josée Cougard

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

BNP Paribas accélère sa transformation digitale

Pour investir 3 milliards d’ici à 2020 et augmenter ses profits, la banque va lancer un plan d’économies de 3,4 milliards.

BNP Paribas a très bien traversé l’année 2016. Malgré un environnement de taux très bas pesant sur ses marges et un durcissement réglementaire, la première banque française a dégagé un bénéfice net de 7,7 milliards d’euros, en hausse de 15,1 % par rapport à 2015. Un résultat comparable à ceux enregistrés en 2010 et en 2007, avant la crise financière.

BNP Paribas se fixe désormais pour objectif de faire croître ce résultat d’au moins 6,5 % par an en moyenne, d’ici à 3 ans. Dans le même temps, ses revenus devraient augmenter de plus 2,5 % annuellement en moyenne. Pour y parvenir, la banque de la rue d’Antin s’appuiera sur son nouveau plan de développement 2017-2020, dont les détails seront dévoilés le 20 mars.

Ce plan ambitieux a été conçu à partir d’hypothèses économiques prudentes (remontée graduelle des taux d’intérêt et croissance modérée dans la zone euro et aux États-Unis). Il repose sur l’investissement de 3 milliards d’euros, essentiellement dans le numérique.

Tous les métiers de la banque seront concernés par l’accélération de la «transformation digitale» et l’utilisation des données des clients. À commencer par la banque de détail, dont le réseau poursuivra sa mue. Le nombre d’agences devrait donc continuer à diminuer pour s’adapter à la moindre fréquentation des clients. Dans les pays du Vieux Continent où elle est très présente (Belgique, Italie, France), le nombre d’agences a déjà fondu de plus de 10 % depuis 2012. En France, 236 agences ont discrètement fermé leur porte en quatre ans (1964 agences au total fin 2016).

3,4 milliards d’euros d’économies entre 2017 et 2020

En parallèle, Hello Bank! continuera à monter en puissance. La banque en ligne compte aujourd’hui 2,5 millions de clients en Europe, dont 284.000 en France (et 1,54 million en Allemagne). Les dirigeants de la banque constatent depuis l’automne et l’annonce des hausses de tarifs bancaires, une augmentation des demandes d’ouvertures de comptes dans l’Hexagone. La banque d’affaires et les services financiers (leasing automobile, crédit conso…) accéléreront aussi leur digitalisation.

Ces investissements seront financés par des économies. BNP Paribas entend réaliser 3,4 milliards d’euros d’économies entre 2017 et 2020. Avec cette réduction de coûts massives et ces investissements, la banque espère générer 2,7 milliards d’euros d’économies par an à partir de 2020.

Contrairement au plan précédent (2014-2016), «l’objectif ne réside pas dans ces seules économies, mais bien dans la transformation qualitative de notre modèle bancaire au service du client» obtenu grâce aux transformations digitales, a expliqué mardi Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas. Au cours des trois prochaines années, le groupe a aussi prévu de verser 50 % de ses bénéfices sous forme de dividende, contre 45 % en 2016. Cela aboutira à un dividende en hausse moyenne de 9 % par an.

Chute de l’action en Bourse

Pour autant, l’action BNP Paribas, qui a atteint des sommets début janvier (62 euros), a dévissé de 4,77 % (à 57,15 euros) mardi à la Bourse de Paris. Et entraîné dans son sillage, les autres valeurs bancaires françaises. «Le plan de développement est prudent. Tenant compte des contraintes réglementaires et de la concurrence accrue dans la banque de détail, il prévoit une hausse timide de l’activité, pour mettre l’accent comme le précédent sur les gains d’efficacité, tirés cette fois par la digitilsation», estime Gildas Surry, analyste chez Axiom IM.

La banque de détail reste sous pression en France alors que l’arrivée prochaine d’Orange Bank sur le marché fait craindre une guerre de prix et un effondrement des marges comparable à celui qui a suivi l’entrée de l’opérateur Free sur le marché de la téléphonie mobile. De plus, la loi Macron, qui facilite depuis le 6 février les démarches des particuliers pour changer d’établissement, pourrait favoriser les banques en ligne, aux tarifs moins élevés, au détriment des établissements traditionnels.

Les résultats de BNP Paribas au quatrième trimestre, ont aussi déçu les investisseurs. «Ils étaient inférieurs aux attentes des analystes et les perspectives pour la banque de détail en 2017 sont jugées un peu faibles par le marché», estime Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion. «En 2017, les revenus de la banque de détail en France vont continuer de se dégrader, de façon moins importante qu’en 2016 mais ils subiront encore la pression des taux bas», a expliqué Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas. La banque anticipe toutefois de meilleures perspectives en France à partir de 2018.

En revanche, au cours des trois derniers mois de l’année, la situation a été nettement plus positive dans le pôle Corporate and Institutional Banking (CIB) où, à l’instar de nombreux acteurs du secteur financier, BNP Paribas a bénéficié du bond des activités de courtage, qui a suivi l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Danièle Guinot

 

::: SOCIAL

LE FIGARO – 08/02/2017

À Chartres, des médecins manifestent contre la violence

REPORTAGE – Il y a une semaine, le docteur Patrick Rousseaux a été tué par un ex-patient à son cabinet de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).

C’est «un sentiment de peine mêlé d’effroi et de colère» que les médecins sont venus exprimer mardi devant la préfecture d’Eure-et-Loir à Chartres. Une cinquantaine de médecins, mais aussi quelques infirmières ou pharmaciens, arborant un brassard blanc en signe de deuil, ont manifesté, une semaine après le meurtre d’un confrère, tué par un ex-patient à son cabinet de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Également en signe de solidarité, environ la moitié des cabinets médicaux avaient fermé leurs portes dans la matinée en Eure-et-Loir, selon le syndicat départemental des médecins.

«On voit bien que les incivilités augmentent!, s’exclame le Dr Jean-Paul Ortiz, président national de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). C’est tous les jours, y compris dans les petites villes… Si ça continue la désertification médicale va encore s’accentuer.» Isabelle, généraliste, raconte que son associée «a déplaqué de Trappes, car elle n’en pouvait plus»: «Agressée plusieurs fois, elle avait demandé à la police d’être accompagnée dans ses visites de nuit, mais cela lui avait été refusé.»

Président de la Fédération des médecins de France, le Dr Jean-Paul Hamon rapporte l’histoire d’«une de mes anciennes internes, dans le 92, qui a fait une consultation dans un logement où flottait un drapeau de Daech…». Et aussi celle de cette femme médecin, à La Réunion, qui a signalé, en décembre, aux services sociaux une petite fille marquée de brûlures de fer à repasser. «Trois jours après, le père venait avec un fusil de chasse, la menaçant d’incendier son cabinet et sa voiture!, indique-t-il. J’ai écrit au ministère, à l’Élysée, au Défenseur des droits. Seul ce dernier s’est mobilisé. Il a fallu faire un rappel au procureur pour qu’il contacte le médecin. Que penser d’un État qui ne respecte pas ses médecins?» Une autre généraliste renchérit: «On est un maillon invisible, et pourtant un ciment sociétal.» «La ministre viendra-t-elle demain à l’enterrement?, s’interroge-t-elle. Qui s’intéresse à nous? On abuse de nous sur tous les fronts.»

À 14h30, une délégation a été reçue par le préfet. «Les solutions sont toutes sur la table!, indique le Dr Ortiz. Nous réclamons des boutons d’alerte, comme dans les bijouteries ou les banques. Des caméras de surveillance aux abords des cabinets, qu’on puisse être accompagné en cas de visite la nuit et que nos numéros de portables soient reconnus dans les commissariats, de manière à être prioritaires. Cela fonctionne déjà dans certains départements.»

«En trois mois, on en est au quatrième cas dramatique, poursuit le Dr Ortiz. Bref, il y a tellement de choses à faire. Qu’attend le gouvernement? Le prochain mort?» Le docteur Patrick Rousseaux, 64 ans, avait été retrouvé par son associé mercredi 1er février, lardé de 48 coups de couteau. Interpellé aux Mureaux (Yvelines), un homme de 41 ans, ancien patient du Dr Rousseaux, a été placé en garde à vue peu de temps après. La veille, une violente agression avait lieu à Limoux (Aude). Selon le journal L’Indépendant, un généraliste entamait sa journée de consultation, quand un patient, mécontent de devoir rester trop longtemps en salle d’attente, l’a frappé, avant de lui jeter une pierre au visage.

En 2015, 924 attaques verbales ou physiques ont été répertoriées par l’Observatoire de la sécurité des médecins. «Mais tous les vigiles, toutes les caméras du monde et tous les doubles sas, déplore le Dr Hamon, seront impuissants à arrêter cette violence insidieuse et perverse qui conduit parfois les médecins et les autres soignants au suicide. Trois plus que dans la population générale.»

L’Ordre des médecins réclame des solutions pérennes

La Santé, l’Intérieur, la Justice. Pas moins de trois ministères s’étaient penchés, le 20 avril 2011, au chevet des professionnels de santé, pour signer, avec les conseils de l’Ordre concernés, un protocole relatif à leur sécurité. Une circulaire du ministère de l’Intérieur suivait le 6 juin de la même année pour préciser aux préfets comment mettre en œuvre, au niveau local, ce protocole national. Hélas, six ans plus tard, 42 départements ne l’ont toujours pas signé. Dans les autres, de nombreuses expérimentations ont été tentées. «Il faut en finir avec cette culture, bien française, de l’expérimentation, s’agace le Dr Patrick Bouet, président de l’Ordre national des médecins, et il faut aujourd’hui regarder quelles sont les solutions qui ont donné des résultats et que nous ayons la volonté de les généraliser sur le territoire.»

Une volonté que l’Ordre a semble-t-il évoquée le 15 décembre dernier chez le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux. «Nous n’avons pas, pour l’instant, été suivis par la ministre de la Santé», regrette le médecin. Les solutions ne manquent pas: création d’un bouton d’appel d’urgence, accompagnement des professionnels de santé par des agents lors de visites sensibles, géolocalisation des médecins ou encore vidéosurveillance… «Des dizaines d’initiatives ont été prises, il faut maintenant évaluer et généraliser», explique le Dr Bouet.

Stéphane Kovacs

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 08/02/2017

Présidentielle : la visite nocturne de Hamon sur un chantier du métro parisien

 

Le député des Yvelines était en visite de 02H00 à 03H00 du matin à la station Raspail sur la ligne 4.

Le candidat à l’élection présidentielle s’est rendu dans la nuit de mardi à mercredi sur un chantier du métro parisien.

«La France ne s’arrête pas de vivre entre 21H00 et 07H00, notamment dans les services publics qui assurent une continuité». Pour cette raison, Benoît Hamon s’est rendu dans la nuit de mardi à mercredi sur un chantier du métro parisien afin notamment de mettre en lumière les difficiles «conditions de travail». Le candidat socialiste à l’élection présidentielle a prévenu qu’il effectuerait «beaucoup de déplacements de nuit» durant la campagne présidentielle et jusqu’au premier tour le 23 avril.

«Ca m’intéresse de voir comment on peut améliorer les conditions de ceux qui travaillent la nuit, surtout quand ce sont des situations extrêmement exposées à des tâches répétitives, à des cadences qui sont dures, au travail en extérieur», a-t-il poursuivi.en visite de 2 heures à 3 heures du matin à la station Raspail sur la ligne 4.

«La France des invisibles»

«Il y a des métiers qui abîment les organismes et le compte pénibilité mis en oeuvre sous le précédent quinquennat et qui doit se déployer maintenant, doit à mes yeux être renforcé afin que ceux qui ont eu un métier pénible puissent partir plus tôt à la retraite», a précisé Benoît Hamon, en exprimant sa volonté de parler «positivement» de «la France des invisibles».

L’actuel compte de prévention pénibilité, qui fait partie du compte personnel d’activité mis en place par la loi Travail votée en 2016, permet d’accumuler des points et de bénéficier en échange de formation, d’un temps partiel ou d’un départ anticipé à la retraite.

Casque de chantier sur la tête et gilet fluo orange sur les épaules, Benoît Hamon s’est rendu sur les quais en réfection de la station, où s’affairaient une grosse vingtaine d’ouvriers de la RATP. «On a une grosse machine comme la RATP qui travaille 24 heures sur 24. Comme usager on n’en est pas toujours 100% satisfait (…) mais il y a quand même là une qualité de service public qu’on nous envie dans le monde entier», a-t-il estimé.

L’ancien ministre de l’Education a également réaffirmé son souhait de placer «la question sociale au coeur de l’élection présidentielle», en répondant à des problématiques concrètes du «quotidien des Français»

Il a aussi décoché une flèche à ceux qui attaquent sa proposition de revenu universel en lui reprochant de ne pas être le candidat du travail. «Ce sont les paresseux de la pensée qui disent ça. Pour le coup, revenu universel c’est travail universel car si on donne les moyens à chacun de disposer d’instruments pour pouvoir s’il le veut réduire son temps de travail, cela libère du travail, créé de l’emploi», a-t-il répondu.

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La droite resserre les rangs derrière François Fillon

VIDÉO – «Il n’y a pas de plan B, il y a un plan A comme attaque», a lancé devant ses troupes le candidat de la droite et du centre, qui entend relancer une campagne entravée depuis quinze jours.

François Fillon est à l’offensive. Avant de publier, ce mercredi, une «lettre aux Français» dans la presse quotidienne régionale – véritable plaidoyer pro domo -, le candidat a consacré sa matinée de mardi à remobiliser les parlementaires, avant de se rendre l’après-midi à Troyes (Aube), chez le sénateur maire LR François Baroin.

Mais en fin de journée, dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné faisait état, pour la troisième semaine consécutive, de nouvelles révélations sur l’épouse du candidat. Penelope Fillon aurait touché 45.000 euros d’indemnités de licenciement, payées par l’Assemblée nationale, en deux fois «alors que, selon le journal satirique, la législation ne prévoit pas un tel niveau d’indemnités de licenciement pour un collaborateur parlementaire». L’hebdomadaire affirme que l’épouse du candidat a perçu, en août 2002, «16.000 euros d’indemnités, soit l’équivalent de cinq mois de salaires» tandis qu’elle avait retrouvé un mois plus tôt un emploi auprès du suppléant de François Fillon, Marc Joulaud. L’épouse du candidat aurait également touché, en novembre 2013, «29.000 euros de primes» après avoir de nouveau travaillé pendant un an et demi pour son mari redevenu député.

Dans un communiqué publié mardi soir, intitulé «Les mensonges du Canard enchaîné », François Fillon dénonce les «erreurs manifestes» de l’article du journal. Il souligne que «les chiffres (…) rendus publics lundi (lors de sa conférence de presse, NDLR) comprenaient la totalité des sommes figurant sur les bulletins de paye de (son) épouse, y compris les indemnités diverses de fin de contrat». Et il affirme que Penelope Fillon n’a pas reçu, en novembre 2013, la somme de 29.000 euros mais «7754,02 euros comprenant les congés payés».

Cette nouvelle polémique peut-elle remettre en cause les bénéfices de la séance de motivation du matin, au QG parisien du candidat? François Fillon a certes donné du «mes chers amis» aux parlementaires Républicains et centristes qu’il a reçus pendant une petite heure. Mais c’est à une reprise en main en bonne et due forme qu’il s’est livré. Un participant décrit «une organisation militaire». «Il n’y a pas de plan B, il y a juste un plan A comme attaque», a lancé le candidat, qui a consacré l’essentiel de son intervention à reprendre les arguments qu’il avait développés la veille face à la presse. «À travers cette crise, c’est bien la question de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des pouvoirs qui est posée», a insisté le député de Paris. Relayant la ligne de défense de ses avocats, il a martelé: «Un parlementaire ne peut pas faire l’objet d’une incrimination pénale pour détournement de fonds publics.»

François Fillon a en outre annoncé plusieurs réaménagements dans son dispositif de campagne. Les deux présidents de groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat, Christian Jacob et Bruno Retailleau, vont désormais se partager la direction politique de la campagne. «C’est un resserrement du dispositif, et la présence de Jacob dans le cœur du réacteur garantit la proximité avec tous les députés», se félicite le sénateur LR de la Manche, Philippe Bas.

Et pour mettre un terme aux cafouillages dans la communication du candidat, qui avait six porte-parole de campagne, François Fillon a promu mardi Thierry Solère, l’ex-président du comité d’organisation de la primaire, comme «seul porte-parole officiel». Le député LR des Hauts-de-Seine coordonnera les interventions «de tous ceux qui ont accès aux médias», selon les termes utilisés par le candidat.

Pour bien montrer que l’ancien premier ministre est le porte-drapeau de la droite et du centre, la parole a été donnée lors de cette réunion aux présidents des groupes centristes de l’Assemblée nationale et du Sénat, Philippe Vigier et François Zocchetto. «Sans cette alliance, on ne gagnera pas, car la tentation est forte, chez les centristes, d’aller chez Emmanuel Macron», a expliqué en substance le patron des députés centristes. Mais derrière cet appel à l’union demeure la question centrale des investitures accordées à l’UDI. «On a compris que l’UDI était tout à fait disposée à soutenir notre candidat… pourvu que nous lui donnions les circonscriptions qu’ils demandent», ironise un élu LR.

Après les interventions «officielles», des doigts se sont levés dans la salle. Outre le président du Sénat Gérard Larcher, un seul parlementaire a pu s’exprimer: le député UDI des Français de l’étranger Meyer Habib. S’adressant à l’auditoire, François Fillon avait évoqué un peu plus tôt les «doutes» éprouvés par «certains» élus de LR. «Je ne leur en veux pas», avait assuré le candidat. «Je lui ai répondu que tout le monde avait douté, même si certains seulement le lui avaient dit, mais que depuis sa conférence de presse, c’était l’unité absolue derrière lui, Républicains et centristes confondus», confie Meyer Habib.

François Fillon a effectivement déjoué toute tentative de «plan B». «Il n’y avait pas de consensus possible faisant l’unanimité sur un autre nom», estime Philippe Bas. «Avec le retrait réaffirmé à trois reprises d’Alain Juppé, il n’y a pas de plan B qui tienne la route», admet Philippe Gosselin. Une semaine plus tôt, le député LR de la Manche avait lancé un appel au maire de Bordeaux, qui y a donc répondu par une fin de non-recevoir.

Jugeant que le candidat avait été «très bon» lors de sa conférence de presse, les parlementaires ont retrouvé mardi un espoir qui reste néanmoins fragile. «On sentait un regain d’optimisme dans l’assistance, mais toujours teinté d’incertitude sur le rebond dont François Fillon peut bénéficier dans l’opinion», confie Christian Kert.

En réalité, tous ont envie de tourner la page et d’entrer pleinement en campagne. Même si, comme l’a affirmé le député du Nord et ex-sarkozyste Sébastien Huyghe, «la colère des électeurs de droite est à la hauteur de leur déception». Avant les nouvelles révélations du Canard, les réactions relevaient plutôt du soulagement. «Fillon, c’est le patron, tout le monde est derrière lui», résumait Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône). Son collègue Marc Le Fur (Côtes-d’Armor) fustigeait «un complot organisé». «La droite a un candidat très légitime, dont la campagne est entravée par des affaires lancées en pâture à l’opinion publique», dénonçait encore Philippe Goujon (Paris).

Dans sa «Lettre aux Français», Fillon cherche à répondre au «trouble» de l’opinion, qu’il «comprend parfaitement». Il réaffirme qu’il a «toujours agi dans la stricte légalité et dans la plus parfaite honnêteté» et réitère ses «excuses» pour ne pas avoir interrompu plus tôt sa collaboration avec sa femme. «Reste à savoir quelle va être la température donnée par les sondages. On ne pourra pas les ignorer», estime néanmoins un élu filloniste.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/02/07/35003-20170207ARTFIG00324-la-droite-resserre-les-rangs-derriere-francois-fillon.php

 

Judith Waintraub et Sophie Huet

 

 

L’OPINION – 08/02/2017

Remue-ménage en vue à la DGSE

L’après-Hollande se prépare déjà en coulisses dans le monde des services secrets. Nomination à la DGSE, réforme des structures existantes, les services de renseignements seront en haut de l’agenda du prochain chef de l’Etat

Alors que la France est toujours sous la menace terroriste et que les tensions internationales s’avivent, le directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure, Bernard Bajolet, doit en principe quitter son poste le 21 mai prochain, jour de son 68ème anniversaire. Sa succession est ouverte et elle sera l’un des premiers dossiers sur le bureau du prochain chef de l’Etat élu le 7 mai, qui pourrait également avoir à engager des réformes de structures. Plusieurs schémas sont sur la table. Dans les équipes de campagne, les spécialistes phosphorent.

C’est un anniversaire qui tombe un peu trop tôt. Le 21 mai prochain, Bernard Bajolet aura 68 ans et, atteignant la limite d’âge, il devra quitter son poste de directeur de la DGSE. Élu deux semaines auparavant, le nouveau président de la République devra nommer son successeur à la tête des services secrets. Ce sera l’une de ses toutes premières nominations importantes, à moins que le gouvernement ne parvienne à bricoler un dispositif juridique permettant à Bernard Bajolet d’assumer lui-même un bref intérim. Quoi qu’il en soit, le renseignement et la DGSE s’imposent en haut de l’agenda du futur chef de l’État.

Dans les équipes de campagnes, les experts s’activent… discrètement. Ainsi, chez Emmanuel Macron, François Heisbourg, président de l’International Institute for Strategic Studies, ou l’ambassadeur Jean-Claude Cousseran, ancien directeur de la DGSE (2000-2002) sont écoutés. À droite François Fillon s’appuie d’abord sur son ancien directeur de cabinet à Matignon Jean-Paul Faugère, pour traiter ses sujets sensibles.

Tous les lobbies, tous les spécialistes, toutes les ambitions font le siège des vainqueurs potentiels de la présidentielle. Pour certains, les résultats des primaires n’ont pas été à la hauteur de leurs espérances. Les milieux policiers notamment, misaient sur Nicolas Sarkozy et Manuel Valls. Las ! La défaite d’Alain Juppé a également douché quelques espoirs…

Stagiaire. Chacun arrive avec son idée, qui de nouvelles têtes, qui de réformes de structures. Pour l’heure, peu de noms circulent quant à un successeur possible de Bernard Bajolet à la tête de la DGSE. Ce diplomate est un proche de longue date de François Hollande qu’il tutoie pour l’avoir accueilli comme stagiaire de l’ENA à l’ambassade d’Alger. Pour la première fois, l’idée d’une nomination interne est envisagée, avec la promotion d’un des principaux cadres du Service.

Jusqu’à présent, les directeurs de la DGSE ont toujours été choisis à l’extérieur, parmi les militaires, les préfets ou les diplomates, comme si le gouvernement se méfiait de la « Centrale ». Pour beaucoup, une promotion interne confirmerait la confiance que l’hôte de l’Élysée témoigne au personnel de ce service de l’État, certes un peu particulier, mais qui a acquis une nouvelle légitimité au sein des institutions publiques.

À droite, certains experts s’interrogent sur une réforme en profondeur du renseignement. Deux grands sujets sont sur la table : le rôle du Coordonnateur national du renseignement (CNR) à l’Élysée et la création d’une NSA à la française, en cassant la DGSE en deux entités.

Créé en 2008 par Nicolas Sarkozy, le CNR n’a jamais complètement trouvé sa place dans le dispositif du renseignement. En neuf ans, cinq hommes ont occupé ce poste, dont quatre sous François Hollande. Le CNR est entouré d’une toute petite équipe de six personnes installée rue de l’Élysée et qui n’a pas de rôle opérationnel direct. Certains souhaitent donner plus d’importance au CNR, peut-être en y nommant un général spécialiste du renseignement. Il s’agirait alors de piloter les différents services de la communauté du renseignement depuis l’Élysée, sur le modèle du Director of National Intelligence (DNI) américain.

Naturellement, les grands patrons des services, comme la DGSE ou la DGSI – ou ceux qui aspirent à le devenir – voient cette perspective d’un très mauvais œil. L’expérience américaine aurait plutôt tendance à leur donner raison : Washington a rajouté un niveau bureaucratique à un univers qui n’en manquait pas. L’exemple britannique invite aussi à la prudence, comme on l’a vu à l’époque de la guerre d’Irak (2003) : lorsque le renseignement est dirigé d’en haut, par le niveau politique, la tentation est forte de faire dire aux services uniquement ce que le pouvoir a envie d’entendre… La pluralité des sources est, à cet égard, une garantie pour la qualité du travail des services et pour la liberté de choix des décideurs.

Ecosystème. Néanmoins, une meilleure coopération entre les différents services est une nécessité, qui n’échappe à aucun spécialiste. Certes, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années, mais l’alternance politique et de nouvelles réformes pourraient être l’occasion de relancer des rivalités. Parmi ces réformes, l’idée de couper la DGSE en deux revient sur la table. Les policiers de la DGSI se plaignent parfois de ne pas avoir suffisamment accès aux interceptions qui relèvent de la Direction technique (DT) de la DGSE. D’où le projet de créer une « agence » chargée uniquement des interceptions, comme la NSA américaine ou le CGHQ britannique, et qui alimenterait les autres services.

La DGSE est évidemment vent debout contre cette perspective, qui la priverait de la moitié de ses effectifs, en sortant la DT de son « écosystème ». La DGSE entend rester un « service intégré », gage, selon elle, de son efficacité à moindres frais. Autre menace vue du Boulevard Mortier : l’idée de lui retirer son bras armé pour les opérations clandestines, le Service Action. Comme le SAS britannique ou le JSOC américain, le Commandement des opérations spéciales (qui relève des armées) pourrait récupérer ces missions. Au risque d’une confusion entre opérations militaires et clandestines. Seules ces dernières ne sont pas publiquement assumées par le gouvernement.

D’autres propositions, comme celle de la commission Fenech sur les attentats visant à la création d’une Agence nationale de lutte contre le terrorisme, sont également avancées. Mais comme le dit un haut fonctionnaire au cœur du dossier, invitant à la prudence, « on doit améliorer les choses, mais c’est aussi simple que de changer les pièces d’une voiture en train de rouler ». Car, face à la menace terroriste et à la montée des tensions internationales, le renseignement ne peut se payer le luxe d’une sortie de route, pour une réforme mal pensée. Ou mal conduite.

Jean-Dominique Merchet

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 08/02/2017

Le Parlement écossais se prononce contre le lancement du « Brexit »

Les députés écossais ont voté symboliquement mardi contre le projet de loi du autorisant la première ministre britannique Theresa May à lancer le processus du Brexit.

Le Parlement écossais, dominé par les indépendantistes du Parti national écossais (Scottish National Party, SNP), a voté symboliquement, mardi 7 février, à une majorité écrasante contre le projet de loi du gouvernement britannique autorisant la première ministre Theresa May à lancer le processus du Brexit – la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE).

Ce vote, acquis par 90 voix contre le projet et 34 pour, n’a aucun poids à Londres. La Cour suprême a statué en janvier : seul le Parlement à Westminster devait être consulté sur le Brexit, s’opposant à une consultation des Parlements régionaux. Et ce sera le cas mercredi : les députés britanniques voteront en première lecture sur le texte permettant de lancer la procédure de divorce d’avec l’UE, avant son examen par la chambre des Lords.

Cela n’a pas empêché le SNP de présenter son vote comme « l’un [d]es plus significatifs dans l’histoire du Parlement écossais depuis la dévolution » accordée aux Parlements régionaux, selon la première ministre, Nicola Sturgeon : « Ce vote est beaucoup plus que symbolique. C’est un test-clé pour savoir si la voix de l’Ecosse est écoutée et si nos souhaits peuvent être pris en compte au sein du processus britannique [de sortie de l’UE]. »

Le Parti travailliste écossais en renfort

Le Parti travailliste écossais, fort de vingt-quatre représentants au Parlement régional, avait également fait part de son opposition au projet de loi gouvernemental, apportant ainsi suffisamment de voix au SNP – qui a 63 représentants sur 129 – pour assurer le résultat du vote. Sa cheffe, Kezia Dugdale, a toutefois appelé Nicola Sturgeon à cesser d’utiliser le Brexit pour brandir la menace d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Lors du référendum de 2014, Edimbourg s’était vu promettre d’être considéré comme un « partenaire égal » à Londres au sein du Royaume-Uni si la région rejetait la scission, ce qu’elle a fait par 55 % des voix. Vingt mois plus tard, l’Ecosse a voté à 62 % pour rester dans l’UE, mais le Brexit l’a emporté avec 52 % des voix dans l’ensemble du pays.

L’Irlande du Nord a elle aussi voté majoritairement pour le maintien dans l’UE, tandis que le pays de Galles s’est rallié à la position de l’Angleterre, favorable à une sortie.

 

LES ECHOS – 08/02/2017

Varsovie et Berlin tentent de resserrer leurs liens

 

« L’Allemagne et la Pologne sont deux Etats européens qui ont un rôle important à jouer du fait des changements en cours dans l’Union européenne »,

a déclaré la Première ministre polonaise Beate Szydlo aux côtés d’Angela Merkel à Varsovie

Varsovie a réservé un accueil chaleureux à Angela Merkel, qui a insisté sur les valeurs.

L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le vote britannique en faveur du Brexit rebattent les cartes en Europe. Après s’être opposés sur la politique d’asile , Berlin et Varsovie ont cherché mardi à ressouder les liens alors que Bruxelles menace le gouvernement polonais de suspendre ses droits de vote au sein de l’Union européenne (UE) à cause de sa politique jugée autoritaire.

« L’Allemagne et la Pologne sont deux Etats européens qui ont un rôle important à jouer du fait des changements en cours dans l’Union européenne », a déclaré la Première ministre polonaise Beate Szydlo aux côtés d’Angela Merkel, venue à Varsovie pour un déplacement de plus de sept heures.

Kaczynski « pro-Merkel »

Détail crucial, la chancelière allemande devait ensuite rencontrer Jaroslaw Kaczynski, chef de file du parti conservateur Droit et Justice (PiS) perçu comme celui qui tire les ficelles à Varsovie. « Merkel serait le mieux pour nous », avait pris soin de déclarer celui-ci auparavant à la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » tout en critiquant Martin Schulz, le rival d’Angela Merkel . L’an dernier, Jaroslaw Kaczynski avait fustigé la politique de migrants de cette dernière et jugé que l’Allemagne n’était pas à la hauteur de la « domination discrète » qu’elle exerce en Europe.

Changement de donne diplomatique

L’élection de Donald Trump, qui plaide pour un resserrement des liens avec Vladimir Poutine et le Brexit, qui prive l’Union d’un ardent défenseur d’une ligne dure face à Moscou, incitent toutefois Varsovie à revoir sa copie et se retourner vers Angela Merkel, qui sert de rempart contre l’ennemi héréditaire russe et se dit prête à assumer plus de responsabilité en matière de défense.

Témoin de ce rapprochement, la chancelière et la Première ministre ont décidé de mettre en place un groupe de travail sur le projet controversé de nouvel oléoduc russo-européen, que Berlin avait poussé . « P our la Pologne, il n’est pas acceptable que Nordstream 2 soit réalisé », a martelé Beate Szydlo.

Dérive autoritaire

Angela Merkel, qui s’est posée face à Donald Trump en garante des valeurs libérales et démocratiques, s’est félicitée que le gouvernement polonais veuille répondre aux questions de la Commission européenne sur l’Etat de droit, l’indépendance des médias et de la justice.

Bruxelles s’inquiète d’une dérive autoritaire en Pologne. « Je souhaite que la discussion soit très constructive », a dit l’ancienne citoyenne de RDA en invitant la Pologne à être à la hauteur de son passé. « Solidarnosc a aussi marqué ma vie », a-t-elle dit en soulignant l’influence du syndicat sur la fin de la guerre froide. « De cette période, nous savons à quel point les sociétés plurielles, une justice indépendante et les médias sont importants car tout ceci n’existait pas avant ».

La veille, le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen avait menacé Varsovie de suspendre ses droits de vote . « On ne peut pas passer de compromis sur l’Etat de droit. Soit vous respectez l’Etat de droit, soit ce n’est pas le cas », a dit le Finlandais à Reuters. Une telle mesure devrait toutefois être votée à l’unanimité par les autres Etats membres. Or la Hongrie a signalé son soutien à son voisin.

Thibaut Madelin et Gabriel Grésillon

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

Commerce : Trump déterminé à réduire le déséquilibre avec la Chine

La nouvelle Administration américaine est prête à remettre en question des décennies de prinicipes fondamentaux du commerce international pour favoriser ses intérêts.

La Chine reste le premier pays avec lequel les États-Unis accumulent un déficit commercial en 2016. Pour autant la situation globale du commerce américain ne se détériore guère. Le déficit est presque inchangé l’an dernier par rapport à 2015, grimpant de 500,4 à 502,3 milliards de dollars, selon les chiffres publiés mardi par le département du Commerce. L’écart avec la Chine atteint encore 347 milliards de dollars, mais recule de 5,5 %. Le Japon, l’Allemagne et le Mexique sont loin derrière, avec des déficits entre 63 et 69 milliards de dollars.

Pour Donald Trump, ce déficit prouve que l’Amérique est victime d’un système international défavorable à ses intérêts. Sa priorité est donc de changer d’approche pour «remettre l’Amérique au premier rang». Le Sénat n’a toujours pas confirmé les choix du nouveau président aux postes clés de secrétaire au Commerce et de négociateur commercial. Mais Wilbur Ross et Robert Lighthizer, les deux personnalités désignées par Donald Trump pour ces fonctions, semblent déterminés à remettre en question plusieurs décennies de principes fondamentaux du commerce international pour rééquilibrer les échanges commerciaux américains.

Sanctions pénalisantes

La confrontation avec le Mexique a déjà commencé. La renégociation du traité de libre-échange de 1994 doit s’engager au printemps, sous la menace de droits de douane américains. Surtout, dans le but d’arracher des concessions à la Chine, jugée encore plus déloyale et destructrice de l’emploi industriel américain, beaucoup croient la nouvelle Administration capable d’imposer des sanctions pénalisantes à Pékin, au point de mettre les États-Unis en marge de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

À ses yeux, les règles actuelles privent l’Amérique de son principal moyen de pression: l’accès à son immense marché domestique. De fait, l’organisation forcerait Washington à pratiquer une politique perçue par Donald Trump comme un désarmement unilatéral profitant avant tout à la Chine.

Pierre-Yves Dugua

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du 4 Février 2017

2017-04-05T09:10:58+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

CONSTRUCTION CAYOLA – 02/02/2017 – en p-jointe

Grand Paris : l’Observatoire des PME se met en place

La Société du Grand Paris a réuni le 1er février dernier pour la première fois les membres fondateurs de l’Observatoire des PME (CCI, CRMA, Capeb, FRTP, FFB, Medef Ile-de-France, Insee et Direccte Ile-de-France). L’objectif : mettre en place un instrument de mesure de la participation des PME/TPE à la réalisation du Grand Paris Express.
L’Observatoire se veut également une plate-forme d’échanges pour consolider et maintenir un dialogue continu avec les PME/TPE concernées par les opportunités qu’offre ce formidable projet. Les données relatives à l’implication des PME dans la réalisation du nouveau métro seront publiées deux fois par an. Les premiers chiffres seront présentés au printemps.

Depuis le lancement du projet, la Société du Grand Paris est attentive à ce que la réalisation du Grand Paris Express profite à tous. C’est pourquoi nous imposons qu’une part d’au moins 20 % des travaux soit exécutée par des PME. Pour nous assurer du respect de cette clause et stimuler l’implication des PME dans le projet, nous mettons en place un Observatoire qui bénéficie de l’engagement des chambres consulaires, des organisations patronales et des fédérations professionnelles franciliennes“, précise le président de la SGP, Philippe Yvin.

L’Observatoire des PME complète un travail engagé depuis déjà un an par la CCI Paris Île-de-France. Sa plate-forme, CCI Business, informe les entreprises franciliennes sur les opportunités de croissance offertes par les chantiers du Grand Paris Express. 650 PME sont déjà inscrites sur cette plate-forme. Elles bénéficient de l’appui de conseillers dans chacun des huit départements franciliens, qui les mettent en relation avec les maîtres d’ouvrage.

Les résultats des travaux de l’Observatoire seront présentés chaque année au Conseil de surveillance et au Comité stratégique de la Société du Grand Paris.

 

 

94.CITOYENS.COM – 02/02/2017 – en p-jointe

 

LE PARISIEN – 03/02/2017

Bureaux : les deux plus grosses transactions 2017 en Ile-de-France sont signées à Nanterre

Nanterre. Visuel du projet de siège pour Vinci dans le quartier des Groues.

Deux des quatre plus grosses transactions immobilières qui se concrétiseront en 2017 en Ile-de-France concernent des immeubles de bureaux à Nanterre. Il s’agit du futur siège du groupe de construction français Vinci (74 000 m²) dans le quartier des Groues, et du regroupement des sites franciliens de l’assureur français Groupama sur les Terrasses.

C’est ce qui ressort de la présentation ce jeudi matin place Vendôme à Paris de l’étude annuelle sur le marché francilien du cabinet britannique Knight Frank, spécialiste de l’immobilier d’entreprise en France et à l’international.

Le siège du groupe Vinci, actuellement à Rueil-Malmaison, s’installera en 2020 dans un ensemble neuf à construire à côté de la U Arena et au pied de la future gare de Nanterre-La Folie, où arriveront le RER E et la ligne 15 du Grand Paris Express. Conçus par les architectes Jean-Paul Viguier et Marc Mimram, ces bâtiments seront construits partiellement sur la gare Eole. Ils permettront de rassembler sur un même site le siège social du groupe et ses pôles d’activités, soit 4 000 collaborateurs de Vinci.

Groupama va quant à lui regrouper à partir de cette année ses différentes implantations franciliennes dans plusieurs immeubles, près de la préfecture de Nanterre. Au total, environ 3 000 collaborateurs vont s’y installer d’ici trois ans, dans cinq bâtiments, dont l’assureur sera locataire. Les immeubles West Park 1 (14 300 m²) et West Park 2 (18 100 m²) auparavant occupés par HSBC et EDF et en cours de rénovation, seront occupés dès l’été 2017, puis West Park 3 (1 200 m²) en octobre. Les deux derniers bâtiments, occupés actuellement par RTE et AXA, seront mis à disposition de Groupama entre 2018 et 2020.

Florence Hubin

 

 

GLOBAL SECURITY MAG – 02/02/2017 – en p-jointe

LES ECHOS – 03/02/2017

Actus franciliennes

LA TRIBUNE – 03/02/2017

Voies sur berges : “La voiture n’est pas un modèle rationnel de transport” (1/2)

“La voiture n’est pas un modèle rationnel de transport. À 15 km/h, elle est moins rapide que le métro ou qu’un vélo. Surtout, en termes de capacité de transport, une voie pour voiture a moins de capacité qu’une voie pour vélo ou de bus”, explique Christophe Najdovski, adjoint aux transports à la Ville de Paris.

Alors que la bataille des chiffres fait rage autour de la fermeture des voies sur berges, La Tribune a rencontré les messieurs « transports » côté Ville et côté Région. S’ils sont tous deux d’accord sur la nécessité de réduire le trafic automobile en ville, ils divergent sur la méthode à utiliser. Ainsi que sur la place à consacrer aux voitures, notamment en matière d’infrastructures. Entretien, côté Ville, avec Christophe Najdovski, adjoint aux transports à la Ville de Paris.

LA TRIBUNE – La période d’essai de la fermeture des berges de Seine s’achèvera fin mars. Quels en sont les premiers enseignements ?

CHRISTOPHE NAJDOVSKI – Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une période d’essai mais d’une période d’observation, pour ce qui est un engagement de campagne de notre programme commun avec Anne Hidalgo. Et ce projet est tout de même soutenu par la majorité des Parisiens. Selon plusieurs sondages, 60 % étaient favorables à la piétonisation des voies sur berge en amont et 55 % au moment de sa mise en place, c’est-à-dire au plus fort de la polémique. Un arrêté conjoint a été pris par la préfecture de Police et la mairie de Paris, instituant une aire piétonne sur ce qui était auparavant une autoroute urbaine. D’ailleurs, si l’on replace ce projet dans un contexte historique, rappelons qu’il y a cinquante ans, ces berges étaient en partie piétonnes ! Cette autoroute urbaine a été créée ex nihilo, afin d’amener de la circulation automobile là où il n’y en avait pas auparavant.

Cette période d’observation a été établie pour voir si l’on constate la thrombose qui avait été évoquée : ce n’est pas le cas. Les chiffres montrent une diminution des flux de circulation sur les itinéraires de report entre les mois de septembre et de décembre 2016. Il y a du report sur le boulevard Saint-Germain et sur les quais hauts, mais la circulation sur la berge a disparu. Les reports se sont diffusés, en partie peut-être sur le périphérique, et aussi grâce à un phénomène d’évaporation.

Comprenez-vous l’opposition de la présidente de Région et des 168 élus de banlieue qui se sont associés au recours déposé par Valérie Pécresse le 24 novembre dernier devant le tribunal administratif ?

Les maires de banlieues qui s’opposent à la piétonisation des berges font dans leurs villes des zones limitant la vitesse à 30 km/h et des centres-villes piétonniers. Pourquoi Paris n’aurait-elle pas le droit de le faire ? Aujourd’hui on constate, et c’est la DRIEA (Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France) qui le dit, qu’une bonne partie de la congestion autoroutière provient de ces mesures municipales. Le trafic, qui auparavant se faisait sur les voies secondaires, se reporte sur les autoroutes, qui à la base, étaient faites pour les trajets de longue distance. Aujourd’hui, elles sont empruntées pour quelques kilomètres entre deux sorties… Les travaux du tramway Nord et ceux des gares du Grand Paris Express créent aussi des perturbations. C’est donc bien plus complexe que les seules voies sur berge ! On n’a pas réduit les flux entrants, mais on peut aménager l’espace public pour le partager. Par exemple en créant un réseau express vélo d’est en ouest, notamment sur les Champs-Élysées.

Outre les aménagements que vous êtes en train de réaliser, que faudrait-il changer pour améliorer la situation ?

Aujourd’hui l’un des grands défauts, c’est l’absence de régulation sur le stationnement et l’absence de contrôles de la part de la préfecture de Police. On décompte actuellement quelque 90 % de fraude au paiement du stationnement de surface ! Sans parler des incivilités… Il faudrait remettre des agents de la circulation.

La Ville a pris du retard du fait de son architecture institutionnelle : Paris n’a pas la main sur la politique des transports – le Stif (Syndicat des transports d’Île-de-France) est présidé par la présidente de la Région. Ce qui n’est pas le cas des autres métropoles. Le maire de Paris est celui qui a le moins de pouvoirs en France. Mais avec le vote de la loi sur le statut de Paris, à partir du printemps, pour la première fois de son histoire, la maire de Paris aura de vrais pouvoirs en matière de circulation.

Vous êtes donc convaincu que cet aménagement va dans le bon sens et que cela va permettre, à terme, de diminuer le nombre de voitures en ville ? Finalement, c’est le changement qui pose problème ?

Il y a 15 ans, Bertrand Delanoë avait déclenché des cris d’orfraie avec ses couloirs de bus : ça allait être l’apocalypse. Or, personne ne les remettrait en cause aujourd’hui. C’est un éternel recommencement. Le rapport à l’automobile est passionné. Il y a eu un mouvement d’adaptation des villes à la voiture depuis l’avènement de l’automobile, qui a entraîné de la pollution, de la congestion, puis une remise en cause : il faut réduire la place de la voiture et la partager avec d’autres modes de déplacements comme les transports publics.

Il faut aussi prendre en compte la question de la fréquence d’utilisation du véhicule ! Les gens continuent de prendre leur voiture, mais moins souvent. C’est ce qui crée de l’évaporation. On n’a pas forcément réduit les flux aux portes de Paris, mais seulement au centre. Alors oui, entre 16 heures et 21 heures c’est compliqué. Mais on ne va pas en rester là. Nous avons lancé pour l’autopartage le service SVP, qui met plus de 200 places de parking en surface à la disposition d’opérateurs tels que Zipcar, et nous travaillons à réaliser des aires de covoiturage aux portes de Paris (porte d’Auteuil et à l’est de Paris).

Pourquoi êtes-vous contre le plan routier du Stif qui vise, notamment, à fluidifier la circulation afin de diminuer la pollution liée à la congestion ?

Nous ne sommes pas d’accord avec les infrastructures routières supplémentaires que cela implique. Sur l’intensification de la route, en revanche, on se rejoint. On pourrait transporter plus de personnes avec moins de véhicules. Cette équation est possible si on s’en donne les moyens avec des lignes de bus express, du covoiturage… C’est la solution à l’échelle de l’Île-de-France et cela se répercute ensuite dans Paris.

C’est une chimère de penser que les infrastructures vont tout régler. La réalité aujourd’hui, c’est que les routes sont sous-utilisées. Avec une moyenne de 1,2 occupant, la voiture n’est pas un instrument capacitaire. Dans une rue comme Rivoli, si vous faites disparaître la carrosserie des véhicules, il y a moins de monde sur la chaussée que sur les trottoirs aux heures de pointe. La voiture n’est pas un modèle rationnel de transport. À 15 km/h, elle est moins rapide que le métro ou qu’un vélo. Surtout, en termes de capacité de transport, une voie pour voiture a moins de capacité qu’une voie pour vélo ou de bus.

Le projet de piétonisation des voies sur berge pourrait-il être remis en cause, notamment sous un nouveau gouvernement ?

On regardera cartes sur table quels sont les flux de circulation. Pour cela, un comité de suivi, composé de la mairie de Paris et de la préfecture de police, se réunit régulièrement. La Ville de Paris a ses propres mesures, grâce à ses capteurs, pour suivre l’évolution de la situation et observer la circulation sur les itinéraires de report, c’est-à-dire les quais hauts, le boulevard Saint-Germain et le périphérique. Mais la mairie ne compte pas revenir en arrière. Dans les textes, la maire de Paris a la compétence de prendre cette décision, après avis conforme de la préfecture de Police, qui aurait un droit de veto si elle émettait un avis défavorable.

Quel que soit le résultat des prochaines échéances électorales, je ne vois pas comment un nouveau gouvernement pourrait recentraliser ce qui a déjà été décentralisé. Paris est une ville particulière : l’État n’est jamais loin, mais sur les questions de choix à opérer, c’est nous qui allons devenir compétents en vertu de la future loi sur le statut de Paris, qui doit être votée en février. Je n’imagine pas qu’un nouveau pouvoir revienne sur cette question.

Propos recueillis par Dominique Pialot et Mounia Van de Casteele

 

 

LES ECHOS – 03/02/2017

Les Champions de la Croissance 2017 en Île-de-France

En septembre dernier, les Echos et Statista lançaient une grande enquête visant à répertorier les entreprises dont le chiffre d’affaires avait le plus progressé sur la période 2012-2015. Alors que le palmarès vient d’être dévoilé dans les pages des Echos Week-End et via notre dossier dédié, gros plan sur les régions qui abritent ces nouveaux Champions de la Croissance.

L’Île-de-France abrite 215 Champions de la Croissance, dont le tout premier du classement : Theano Advisors. Cabinet de conseil en stratégie auprès de grands groupes industriels (aéronautique, défense, transports, constructeurs automobiles), de services (banque, assurance, immobilier) et d’organismes publics a bénéficié d’un chiffre d’affaires en 2015 frôlant les 15 millions d’euros, et compte déjà aujourd’hui une quarantaine de professionnels répartis dans des bureaux en France et en Allemagne.

Autre Champion en Île-de-France, la société Drone Volt – spécialisée dans la conception et la commercialisation de drones civils à usage professionnel -, un secteur en pleine croissance et qui a permis à la société de connaître un taux de croissance annuel moyen de 2358,646% entre 2012 et 2015. Le classement témoigne de la diversification des secteurs dans la région, puisque les cinq premières entreprises appartiennent aussi bien au conseil, à l’industrie, qu’au commerce de détail et aux télécommunications. La tendance est toutefois au développement des sociétés dans les services informatiques, avec à la quatrième place Kameleoon, une plateforme offrant des solutions d’optimisation de la conversion pour les commerces électroniques.

En savoir plus : http://www.lesechos.fr/infographie/TABLO_Champions/TAB_27/Tab27-Ile-de-france.html

 

 

LES ECHOS – 03/02/2017

JO : dernière ligne droite pour Paris 2024

Le CIO annoncera le nom de la ville organisatrice des Jeux Olympiques de 2024 le 13 septembre prochain.

Paris 2024 remet ce vendredi le dernier volet de son dossier de candidature.
Il met notamment en avant des Jeux « compacts » et accessibles.

Budapest, Los Angeles et Paris : les trois villes encore candidates à l’organisation des Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques d’été de 2024 entrent ce vendredi dans la dernière ligne droite de la minutieuse procédure du Comité international olympique (CIO), avec pour date d’arrivée le 13 septembre prochain, celle du choix fatidique du CIO à Lima, capitale du Pérou.

Le comité de candidature de chacune des trois villes doit en effet remettre à l’institution Olympique, sise à Lausanne, le troisième et dernier livret de leur dossier, élément déterminant dans le choix que feront les membres votants du CIO (87 des 95).

Sur le plan formel, cette troisième partie des dossiers de candidature porte sur les conditions de livraison des Jeux, l’expérience proposée et leur héritage, et fait la synthèse des deux premières.

De fait, la candidature parisienne, portée par la structure Paris 2024, coprésidée par le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet et l’ancien président de la Fédération internationale de rugby Bernard Lapasset, met l’accent sur un dispositif compact avec, notamment, 85 % des athlètes logés à moins de 30 minutes de leur lieu de compétition. Autre ligne directrice : le développement durable avec, entre autres, une possibilité de transport en commun pour l’ensemble des spectateurs se rendant sur les sites.

Billets à partir de 15 euros

S’agissant de l’organisation, ce livret III précise les garanties du comité d’organisation en matière de capacités hôtelières à disposition mais aussi des tarifs pratiqués. Pour ce qui concerne les capacités, Paris 2024 frappe fort puisque s’engageant sur un total de 57.000 chambres, alors que le CIO en demande 40.000. A ce stade, le nombre de visiteurs étrangers n’est en revanche pas à préciser, indique-t-on chez Paris 2024. Ce même livret III détaille un autre aspect crucial des JO : la billetterie. Dans ce domaine, Paris 2024 a été prudent en se basant sur un taux de remplissage des enceintes de 85 % (75 % pour les Jeux Paralympiques), alors qu’il a dépassé les 95 % pour les JO de Londres de 2012, la référence la plus pertinente. Par ailleurs, Paris 2024 joue la carte de l’accessibilité avec la moitié des billets à un prix inférieur à 50 euros et un prix de départ de 15 euros (10 euros pour les Jeux Paralympiques).

Ce sujet billetterie est capital puisqu’il verrouille le financement du comité d’organisation des Jeux. Concrètement, la vente de billets doit lui apporter 1 milliard d’euros de recettes dans le cadre du projet parisien sur un budget de 3,6 milliards, le CIO apportant une dotation de 1,7 milliard, le solde étant couvert par les opérations de marketing domestiques.

En parallèle, le budget d’investissement pour les territoires, qui englobe notamment le village Olympique et le centre aquatique, est chiffré à 3 milliards avec un financement à parité public-privé.

Enfin, la période qui s’ouvre à compter de ce vendredi sera cruciale. Les comités de candidature ont désormais la possibilité de faire la promotion de leur projet. Ainsi, Paris 2024 tiendra dès ce vendredi, en fin d’après-midi, une conférence de presse, visant les médias internationaux. Dans la foulée, sera dévoilée sa « signature » internationale, cette fois-ci en anglais. Une autre illustration des leçons tirées de l’échec cuisant pour les Jeux de 2012.

Christophe Palierse

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 03/02/2017

Comment le fisc et la Sécu vont taxer les revenus de l’économie collaborative

Les plateformes comme AirBnB ou Leboncoin devront alerter les utilisateurs sur leurs obligations fiscales et sociales.

Louer son appartement, partager sa voiture… Les revenus tirés de toutes ces activités facilitées par les plateformes numériques sont potentiellement soumis à l’impôt et aux cotisations sociales. Le ministère des Finances a précisé à quelles conditions en septembre. Côté cotisations, de nouvelles dispositions ont été votées à l’automne. Mais il est difficile de s’y retrouver. Le ministère des Finances a donc mis en ligne jeudi des fiches pratiques. Les plateformes numériques vont devoir rediriger leurs usagers vers ces documents, précise un décret à paraître vendredi. Elles devront aussi leur fournir un récapitulatif annuel de leurs revenus – certaines le font déjà – afin d’aider les particuliers à remplir leur déclaration annuelle de revenus.

  • Les grands principes

Le fisc et la Sécu scindent en deux groupes les revenus des adeptes de BlaBlaCar, eBay ou Airbnb. Ce qui relève du partage de frais (covoiturage…) n’est tout d’abord ni imposable ni soumis aux cotisations sociales. Et rien d’autre: tout le reste, comme la location de sa voiture, de son appartement ou de sa tondeuse, intéresse le fisc et les Urssaf. Le régime d’imposition dépend ensuite des niveaux de recettes générées. À 305 euros ou moins par an, le principe est l’exonération mais l’obligation de déclaration demeure. À moins de 32.900 euros (plafond 2016), le particulier peut opter pour le régime simplifié «micro-BIC», avec lequel les recettes sont imposées à l’impôt sur le revenu mais après un abattement pour frais de 50 %. Au-delà, le droit commun des professionnels s’applique (déclaration spécifique, facturation de la TVA, etc.).

En matière de Sécurité sociale, si l’activité est jugée «professionnelle» – ce qui dépend des activités -, il faut s’enregistrer sur le site guichet-entreprise.fr. Avec un chiffre d’affaires inférieur à 33.100 euros (plafond 2017), il est conseillé de s’inscrire en tant que microentrepreneur (ex-autoentrepreneur). Au-delà, le droit commun des professionnels s’applique également.

  • Le covoiturage

Offrir, contre rémunération, une place dans sa voiture lors d’un trajet n’est en principe ni imposé ni soumis aux cotisations. Mais encore faut-il respecter quelques règles. Le déplacement doit d’abord être effectué pour son propre compte, sans gonfler la facture pour réaliser un profit. Le voyage doit être facturé en fonction du coût réel (selon le barème de l’administration, auquel on ajoute les éventuels péages). Enfin, le coût du trajet doit être divisé par le nombre de voyageurs, conducteur compris. Si l’un de ces critères n’est pas rempli, alors le conducteur doit payer charges sociales et impôts en fonction de ses revenus.

  • Louer son logement meublé

Que ce soit pour une nuit ou trois semaines, la location de son logement est soumise à l’impôt sur le revenu. Il faut donc reporter ses recettes dans sa déclaration de revenus. Côté cotisations sociales, c’est plus compliqué sauf pour les chambres d’hôtes, qui bénéficient d’une approche particulière. Si les recettes sont inférieures à 23.000 euros par an, alors elles sont assimilées à des revenus du patrimoine, sans cotisation sociale à la clé mais avec 15,5 % de prélèvements sociaux. Au-delà de 23.000 euros, il s’agit de revenus professionnels. Il faut alors suivre les règles générales évoquées plus haut.

  • Location ou vente de biens

Sécurité sociale et fisc considèrent différemment les revenus générés par la location d’un bien. La première ne prélève rien sur les revenus inférieurs à 7846 euros (barème 2017), qui relèvent de «la gestion du patrimoine privé». L’administration fiscale applique en revanche les grands principes en fonction du montant des recettes générées.

En matière de vente de biens, sur eBay ou Leboncoin par exemple, les règles appliquées par la Sécu et le fisc sont les mêmes: si les objets ont été achetés en vue d’être revendus, l’activité est considérée comme professionnelle et doit donc être déclarée. Sinon, ils sont exonérés d’impôts et de cotisations sociales.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 03/02/2017

Industrie du futur : la France joue l’union sacrée

La prochaine édition de la Hannover Messe, le plus grand salon industriel du monde, se déroulera du 24 au 28 avril dans la capitale du Land de Basse-Saxe.

Le thème de cette année : l’industrie intégrée.

Lors de la prochaine édition de la Hannover Messe, le plus grand salon industriel au monde, qui se déroulera en avril, les entreprises françaises seront toutes réunies sous la bannière tricolore.

En dépit des succès de certaines filières, notamment aéronautiques et spatiales, on dit l’industrie tricolore en souffrance.

Depuis le début des années 80, plus de deux millions d’emplois dans le secteur manufacturier ont été détruits. La part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée de 20% à 12,3%, contre 23% en Allemagne. La balance commerciale est en déficit depuis 2003.

Des millions de contacts à la clé

Le développement des nouvelles technologies peut-elle rebattre les cartes ? Beaucoup y croient dans le camp des industriels français. Comme en janvier, où les start-up de la French tech avaient débarqué en force lors du CES de Las Vegas, les entreprises françaises ont bien l’intention d’attirer les regards lors de la prochaine édition de la Hannover Messe, le plus grand salon industriel du monde, qui se déroulera du 24 au 28 avril dans la capitale du Land de Basse-Saxe.

Lors de la précédente édition, en 2016, plus de 200.000 personnes ont arpenté les travées du salon. Plus de six millions de contacts d’affaires ont été réalisés par les exposants. Ces statistiques devraient évoluer à la hausse cette année. Plus d’une centaine de pays seront présents “, avance Marc Siemering, le directeur de la Hannover Messe dont le thème principal est cette année l’industrie intégrée. ” La transition numérique ne crée pas seulement de nouvelles valeurs en améliorant les installations et les machines. Elle s’empare aussi de nouveaux champs d’activités et accroît la productivité “, poursuit Marc Siemering.

Un point d’entrée unique, le pavillon France

Jusqu’ici disséminées dans les 24 halls du salon, la centaine d’industriels français qui feront le déplacement seront pour la plupart réunis sous les couleurs du Pavillon France organisé par Business France. Ce n’est pas une première – le pavillon existait dansles secteurs Energy et sous-traitance – mais il semble que le mouvement de concentration s’amorce. En effet, pour la seconde année consécutive fois, le secteur “Digital factory” rassemblera le savoir-faire français dans ce domaine.

En effet, la réputation des entreprises françaises à jouer leur carte seule sur les salons et foires internationales n’est plus à faire. Une pratique qui se différencie de celle de l’Allemagne et de l’Italie qui, par ailleurs, affichent des capacités à l’export bien plus imposantes que celles de la France. Ainsi, la France compte environ 125.000 entreprises exportatrices, quand nos partenaires et concurrents en affichent respectivement le double et le triple.

Lors de ce salon, elles pourront témoigner de leur capacité à apporter des solutions innovantes et ce, à tous les stades du processus industriel “, explique Philippe Richert, l’ancien ministre chargé des collectivités territoriales du gouvernement Fillon aujourd’hui à la tête de la présidence du conseil régional du Grand Est, qui enverra à Hanovre une délégation d’entreprises régionales, réunies sous le pavillon France.

Concrètement, elles peuvent donc s’emparer de niches, de secteurs aujourd’hui en plein développement. Reconstruire des filières jadis d’excellence serait donc illusoire. La France ne pourra plus briller et concurrencer l’Allemagne dans le secteur de la machine-outil par exemple, ou la Chine et l’Inde dans le textile.

Fabien Piliu  

 

 

LA TRIBUNE – 03/02/2017

Hôtellerie : la stratégie des professionnels face à leurs concurrents numériques

“On n’a jamais été opposé à la modernité. Tout ce que l’on demande c’est de l’équité et de la transparence”, insiste Roland Héguy, président de l’Umih.

En cette année focalisée sur l’agenda politique, les professionnels du tourisme en profitent pour dévoiler leurs priorités pour leur secteur aujourd’hui en difficulté. Une situation qui s’explique en partie par le poids des plateformes numériques comme Airbnb, dont les hôteliers attendent une concurrence loyale et de la transparence.

Pays le plus visité au monde avec 84,5 millions de touristes, la France voit paradoxalement ses hôtels, cafés et restaurants dans le rouge. Pour la deuxième année consécutive, leur chiffre d’affaires est en baisse. Le cabinet MKG Hospitality estime leur manque à gagner à 650 millions d’euros pour l’hôtellerie, voire 900 millions d’euros en comptant la restauration en 2016.

En pleine année électorale, les professionnels du secteur, représentés par l’Union des métiers et des industries hôtelières (Umih) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC) en tête, ont livré mardi leurs priorités aux candidats à la présidentielle, mais aussi aux législatives et sénatoriales.

L’hébergement hybride aura un impact durable sur les taux d’occupation

Outre des demandes d’allègements et de rationalisation réglementaire et fiscale, ainsi qu’un plan gouvernemental de 100 millions d’euros destiné à la “promotion de la destination France” -pour redorer l’image du pays après la série d’attentats et les agressions de touristes asiatiques-, les professionnels font face à un défi au long court : la bataille face aux plateformes numériques.

Dans une étude publiée en septembre dernier, le cabinet KPMG a estimé que l’année 2017 sera très difficile pour le secteur, surtout à cause du poids de ces concurrents désormais bien installés. “L’hébergement hybride aura un impact durable sur les taux d’occupation”, a commenté Stéphane Botz, responsable du pôle hôtellerie de KPMG France, dans les colonnes des Echos. Le cabinet parlait même de risques de faillites importants.

Une concurrence loyale garantie

Les hôteliers sont conscients du poids d’Airbnb et consort, dont l’activité en France pèse désormais 2 milliards d’euros, soit 15% du chiffre d’affaires de l’activité d’hébergement des hôtels. Les professionnels pointent l’“opacité” de leurs pratiques. “On n’a jamais été opposé à la modernité. Tout ce que l’on demande c’est de l’équité et de la transparence”, insiste Roland Héguy, président de l’Umih.

Une équité et une transparence pourtant consacrées dans la loi. Transmission automatique des données, blocage au-delà de 120 jours, taxe de séjour… la France a bâti un cadre réglementaire pour réguler l’activité des plateformes. En l’attente de la publication de l’ensemble des décrets d’application, les professionnels se disent néanmoins satisfaits des textes votés. “Il n’est pas utile d’en rajouter, l’essentiel est là. Ce que nous avons obtenu en France est supérieur à ce que nos confrères ont obtenu ailleurs dans le monde”, souligne Jacques Barré, président du GNC. “On demande simplement que la loi soit respectée et que la concurrence loyale soit garantie.”

S’inspirer de l’offre des plateformes numériques

Une fois à armes égales, l’enjeu pour les hôteliers est de proposer une offre capable de concurrencer les plateformes à long terme. Outre l’hébergement, la location d’un appartement sur Airbnb ou Abritel comprend parfois des services de conciergerie, voire même des prestations de restauration, autrement dit des services traditionnellement proposés par l’hôtellerie.

En réponse, les professionnels à leur tour empiètent sur les plates bandes des plateformes numériques. “Ce sont des aiguillons pour les hôteliers pour adapter leur offre”, explique Jacques Barré. S’appuyant sur la philosophie du partage et de la collaboration, certains commencent à proposer de nouveaux services : comme des guides touristiques interactifs, ou de la restauration collaborative.

Se réapproprier leur présence sur le web

Enfin, les hôteliers veulent reprendre en main leur présence sur internet. D’abord leur e-réputation, en luttant contre les faux avis distillés sur des sites comme Booking.com et TripAdvisor. Ce dernier n’a d’ailleurs toujours pas adopté la norme Afnor, alors que 200 sites d’avis en ligne s’y sont pliés.

En outre, les professionnels comptent engager une réflexion au niveau européen sur la question de la propriété intellectuelle. Ils s’estiment floués par les agences de voyage en ligne qui se sont constituées des murs de mots-clés et captent l’essentiel des recherches de nuitées d’hôtels sur les moteurs de recherche.

Jean-Christophe Catalon

 

 

LE PARISIEN – 03/02/2017

EDF : nouvelles coupures dans les effectifs

Face aux difficultés financières, EDF devrait annoncer vouloir amplifier et prolonger son plan de réduction d’effectifs pour arriver à  62 050 salariés en 2019 contre 67 200 à la fin 2015

Au mois d’avril, Jean-Bernard Lévy, le pdg d’EDF avait assuré que le plan d’économies dans l’entreprise d’un milliard d’euros jusqu’en 2019 ne serait pas accompagné de nouvelles suppressions d’emplois. En quelques mois, la situation a changé. Ce jeudi, lors du comité central d’entreprise, EDF devrait annoncer une amplification et une prolongation de son plan de réduction d’effectifs annoncé l’an dernier.

Après avoir recruté pendant plusieurs années, l’électricien avait annoncé en janvier 2016, une baisse de ses effectifs de 5%, «sans aucun licenciement» sur trois ans (2016-2018), soit environ 3 500 postes en moins.

Désormais, EDF prévoit la suppression de 5 200 à 7 000 postes en quatre ans avec pour objectif de porter ses effectifs entre 60 200 et 62 050 salariés contre 67 200 à la fin 2015. Au total, cette baisse des effectifs sera de 7,7% à 10,4% en quatre ans. Un effort qui intervient alors que l’Etat, son actionnaire à près de 85%, va renflouer à hauteur de trois milliards d’euros le groupe qui est endetté à hauteur de 37,5 milliards d’euros.

Si un accord visant à «anticiper l’évolution de l’emploi» dans l’entreprise sur la période 2016-2019 a été signé en novembre avec des dispositifs de fin de carrière, de mobilité interne,…, ces réductions d’effectifs inquiètent les syndicats. Selon eux, les salariés des fonctions support (achats, juridique, RH, commercial, logistique…) sont les plus touchés. En outre, l’intersyndicale CGT, SUD, CFE-CGC, CFDT, FO et CFTC alerte aussi sur les baisses d’effectifs qui «menacent la recherche.»

Pour les syndicats, tailler dans les effectifs est un choix «facile» et une vision à court terme. Cela pourrait pénaliser dans l’avenir EDF dans ses futures échéances avec la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point en Angleterre, la maintenance du parc des centrales nucléaires vieillissantes,… En outre, les syndicats veulent savoir si ces suppressions de postes incluent ou non la fermeture anticipée de la centrale nucléaire de Fessenheim.

La CGT a annoncé qu’elle allait demander lors du CCE à EDF de revoir sa copie.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/emploi/edf-nouvelles-coupures-dans-les-effectifs-02-02-2017-6647985.php

 

 

LE FIGARO – 03/02/2017

Areva franchit une étape de sa restructuration

Le groupe nucléaire tient vendredi une assemblée générale. Une double augmentation de capital doit être entérinée, de même que l’arrivée d’investisseurs japonais.

Le redressement d’Areva est un long parcours qui passe par une série d’étapes significatives. L’assemblée générale du groupe nucléaire, vendredi à La Défense (Hauts-de-Seine), en est une. À l’ordre du jour, une double augmentation de capital, l’une de 2 milliards d’euros pour NewCo – le nom actuel du nouvel Areva, recentré autour du cycle du combustible (mines, enrichissement, retraitement) -, l’autre de 3 milliards d’euros pour Areva SA, chargée en particulier de l’exécution d’Olkiluoto 3 – le chantier du réacteur de nouvelle génération EPR en Finlande. Quant à la partie Areva NP – la branche réacteurs et services d’Areva -, elle doit rejoindre EDF, dans le cadre d’une recomposition de la filière nucléaire française approuvée par les pouvoirs publics.

Si elle est entérinée, cette double augmentation de capital ne sera pas toutefois immédiatement sur les rails. En effet, la Commission européenne a assorti le restructuration du nucléaire français de deux conditions: d’une part, l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) doit déclarer conforme la cuve de l’EPR de Flamanville 3 (Manche) qui fait actuellement l’objet de tests de résistance. Par ailleurs, le rapprochement entre EDF et Areva NP doit recevoir l’aval de Bruxelles et justifier ainsi qu’il ne présente aucun problème de concurrence. Il est difficile de connaître le calendrier de ces deux conditions mais selon les observateurs du secteur, ces dossiers devraient être tranchés au cours du premier semestre 2017. En attendant que NewCo et Areva SA puissent disposer de cet apport d’argent frais, l’État s’engagera à hauteur d’un prêt relais.

Le volet des cessions est presque achevé

Dans le cadre de l’augmentation de capital de NewCO, une enveloppe de 500 millions d’euros devrait être apportée par de nouveaux investisseurs. Ceux-ci sont japonais, avec respectivement Mistsubishi – un partenaire de longue date d’Areva – et JNFL, présent sur l’aval du cycle nucléaire. Au départ, il était également question que des investisseurs chinois puissent également s’engager, en l’occurrence l’électricien CNNC, mais les discussions ont finalement capoté. Dans l’entourage d’Areva, on note simplement que la porte n’est pas définitivement fermée.

En marge de cette double augmentation de capital, le groupe nucléaire poursuit d’autres chantiers de sa restructuration. Parmi ceux-là, le volet des cessions est presque achevé. Areva travaille également sur un plan de performance qui doit lui permettre d’économiser un milliard d’euros sur la période 2015-2018: à la date d’aujourd’hui, ce programme est déjà couvert à hauteur de 75%.

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE JDD – 03/02/2017

Les écolos sont pour un “projet commun” avec Hamon voire… un candidat commun

INFO JDD – Les discussions entre Benoît Hamon, Yannick Jadot et David Cormand ont visiblement porté leurs fruits. Après ces premiers contacts, le gouvernement du parti EELV a adopté ce jeudi un texte appelant à “construire un projet commun” et envisageant, au détour d’une phrase, un candidat commun. 

Il manquait quelque chose d’officiel. Les rencontres de Benoît Hamon avec le candidat d’EELV Yannick Jadot, puis avec le patron du parti écolo David Cormand, montraient déjà une dynamique. Ce jeudi, le gouvernement du parti (le bureau exécutif – BE – dans le langage d’EELV) a acté ce rapprochement. Avec la victoire de Hamon, la situation a changé. “Une nouvelle espérance peut naître qui débouche sur une victoire”, affirme le texte du BE, signé par Yannick Jadot et David Cormand, que nous avons pu consulter et qui vient d’être transmis aux adhérents pour initier le débat.

“Il faut qu’Hamon s’autonomise de l’aile droite de son parti”

Le but? “Construire un projet commun”. Rien de moins. “Nous devons ouvrir le dialogue avec Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon et tous ceux qui se retrouvent dans cet esprit de recherche de convergences, pour construire un projet commun. Personne ne serait à la hauteur de l’enjeu si chacun continuait à faire campagne dans son sillon, sans tenter de construire la convergence capable de faire gagner l’écologie”, poursuit ce texte. EELV envisage même déjà un nouveau vote : “Si jamais les choix que nous avons faits venaient à être modifiés, l’ensemble des adhérentes et des adhérents seront amenés à se prononcer.” “On est ouvert à l’idée d’un vaste rassemblement mais on n’est pas non plus naïfs, on a déjà donné avec les promesses de François Hollande. Il faut qu’Hamon s’autonomise de l’aile droite de son parti”, déclare Alain Coulombel, chargé du projet chez les écolos.

Une démarche qui répond aussi aux souhaits du PCF. “Nous appelons toutes les forces de la gauche au dialogue pour construire le rassemblement” afin de déboucher sur “un pacte de majorité de gauche”, défendait mardi Pierre Laurent, le secrétaire national du parti.

Un candidat commun?

Le texte des écologistes va encore plus loin. “Il y a urgence à dépasser les egos et les appareils politiques pour privilégier le projet de société et la dynamique collective. Sans préalable sur qui serait notre candidat commun.” Sans préalable, certes, mais cette phrase est clairement une façon d’indiquer qu’un candidat commun est une perspective. Un candidat commun ? “Nous ne sommes pas fermés à cette idée-là si les conditions sont réunies. Mais il faut qu’elles le soient et pour qu’elles le soient, il ne faudrait pas que Hamon cherche trop à courir après les amis de Valls”, explique un pilier du parti. “On verra, rien n’est fermé”, affirme Alain Coulombel. “Ce texte a pour vocation de lancer le débat en interne et d’informer sur ce qu’il se passe. Pas de retirer Yannick, pas de signer un accord avec un parti tierce, et n’augure rien de la suite des discussions sur la présidentielle”, estime pour sa part Sandra Regol, la porte-parole du parti.

Pour ce faire, les écologistes veulent clarifier la situation sur trois points : la transition énergétique, une sixième république et la refondation de l’Europe. A priori, rien d’insurmontable. “On veut avoir une approche globale, présidentielle et législatives”, indique le directeur de campagne de Benoît Hamon, Mathieu Hanotin. “Oui, il y a l’idée d’avoir une plateforme de législatives et une plateforme de gouvernement”, abonde David Cormand. “Contrairement à 2012, on est dans une situation radicalement différente. Là, nous sommes plutôt dans un dialogue sur le fond puisque Benoît Hamon a développé un projet écologiste”, ajoute-t-il.

 

L’OPINION – 03/02/2017

Macron: on demande le programme !

Fréquemment attaqué sur l’absence de mesures concrètes à présenter, le candidat progressiste contourne les codes de la présidentielle, et proposera un « contrat avec la nation »

Emmanuel Macron, en pleine ascension dans les sondages, réunit ses supporters samedi à Lyon, pour un grand meeting de mobilisation autour de sa candidature. Mercredi, pendant deux heures sur France Inter et pendant son interview à TF1, le fondateur d’En Marche ! s’est efforcé de démontrer qu’il a bien un projet, dont le détail et le chiffrage seront dévoilés fin février.

Emmanuel Macron va se livrer à une nouvelle démonstration de force, samedi à Lyon, huit semaines après le meeting de la porte de Versailles, à Paris. Quelque 15 000 personnes se sont inscrites pour venir écouter le fondateur d’En Marche !, au Palais des Sports. Le candidat a demandé à ses soutiens de faire le déplacement. De nouveaux visages plus ou moins connus, plus ou moins surprenants apparaîtront dans les premiers rangs, venus de la société civile et de tous les bords politiques, quand Benoît Hamon, dimanche matin à la Mutualité, ne devrait être entouré que de militants socialistes et associatifs. Alors que les deux anciens ministres de François Hollande se disputent l’image de la modernité, rien n’est laissé au hasard. « Il le veut comme un meeting de lancement de campagne », affirme un proche.

Le candidat progressiste arrivera sur les bords du Rhône porté par une vague de sondages flatteurs. Pour la première fois, les courbes de François Fillon et d’Emmanuel Macron se sont croisées mercredi, dans un sondage Elabe pour Les Echos. Le candidat LR, plombé par le Penelopegate, ne se qualifie plus pour le second tour (il est à 19 ou 20 % selon que François Bayrou est candidat ou non). L’ancien ministre de l’Economie en profite pour le doubler (22-23 %), et se retrouve en finale face à Marine Le Pen (26-27).

Le candidat ne considère pas avoir changé de statut pour autant dans la course présidentielle. « Ce n’est pas un statut (de favori), c’est un mouvement qui est en cours », a-t-il commenté jeudi au Salon des entrepreneurs. « Tout le monde voit bien que cela a un côté conjoncturel, il monte parce que Fillon baisse », relativise l’un de ses conseillers.

Ticket d’entrée. Le Rolling Ifop-Paris Match, lancé mercredi, confirme la dynamique. « C’est une percée inédite, note Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. On n’avait jamais vu cela dans l’histoire de la Ve République : inconnu il y a deux ans et demi, jamais élu, il arrive à tutoyer le second tour de la présidentielle ! Ni Jean-Pierre Chevènement en 2002, ni François Bayrou en 2007, n’y était parvenu ». Le politologue souligne que « l’émiettement de la gauche » et la « fragilisation des partis de gouvernement » font baisser le ticket d’entrée pour le second tour, qui se situe désormais un peu au-dessus de 20 %.

Candidat attrape-tout, Emmanuel Macron trouve un tiers de ses intentions de vote chez les anciens électeurs de François Hollande, 30 % chez ceux de François Bayrou, 15 % chez ceux de Nicolas Sarkozy. Mais la structure de son électorat potentiel reste fragile : « 42 % seulement des personnes qui choisissent Macron aujourd’hui sont sûres de leur vote », souligne le politologue. Une incertitude due, selon lui, à « un positionnement jamais vu auparavant », qui fait fi du traditionnel clivage droite-gauche. « Il nous faut stabiliser notre électorat », convient-on dans l’entourage du candidat.

Ce n’est cependant pas la seule faiblesse d’Emmanuel Macron. Le candidat ne parvient pas à lever les doutes qui entourent sa candidature. Doutes sur le programme essentiellement. Samedi à Lyon, il prononcera une « déclaration de politique générale », explique son entourage. Mais toujours pas de feuille de route pour les cinq ans à venir. Mercredi soir sur TF1, Emmanuel Macron s’est agacé que la question du programme lui soit une nouvelle fois posée. « J’ai posé une vision, un cap, une cohérence, s’est-il défendu, un projet que j’égrène dans sa cohérence depuis le 10 décembre ».

« François Fillon a mis sur la table un programme qu’il change tous les jours, Benoît Hamon a fait un programme qu’il ne tient pas, qu’il va devoir modifier », a-t-il contre-attaqué. « Les programmes ne sont jamais appliqués », répète-t-on dans son entourage. « Ce n’est pas le fond du programme qui fait l’adhésion, c’est ce qu’on incarne », juge un parlementaire proche du candidat.

« A un moment, la question lui sera posée par l’opinion : where is the beef ? », prédit un très proche de Manuel Valls, faisant référence à l’interpellation de Walter Mondale à Gary Hart durant les primaires démocrates de 1984, alors que le sémillant sénateur américain ne faisait campagne que sur sa personnalité. « Il n’y aura pas un programme, du type les 110 propositions de Mitterrand ou les 60 engagements de Hollande », assure cependant un proche. Mais un « contrat avec la nation », synthèse de ses propositions budgétées, annoncé pour fin février.

Cercles concentriques. Au sein de son mouvement, Emmanuel Macron a établi un fonctionnement très centralisé, où tout remonte à lui et tout procède de lui. « Tout le monde a accès à lui, tout le monde a son portable », confie un membre du staff. « Est-ce que ça vole ? » est son interrogation fétiche, lorsqu’une mesure lui est proposée.

Le candidat, à moins de 80 jours du premier tour, n’a toujours pas de directeur de campagne. Très exigeant avec son entourage, il avale note sur note, délègue peu et dort quatre à cinq heures par nuit. « Il descend à un niveau de détail impressionnant », confie un membre de l’équipe. « Tu vas mourir », lui a lancé un jour un élu effaré.

Comme François Mitterrand, il fonctionne par cercles concentriques, qui ne se croisent pas. Comme François Hollande, sur les sujets qu’il ne connaît pas (la sécurité par exemple), il fait venir à lui les spécialistes, les écoute longuement, puis fait son miel. « Il est capable de rendre des arbitrages qui ne correspondent pas à son intention de départ », témoigne un marcheur. Emmanuel Macron ne se prive pas non plus de solliciter les conseils de certaines personnalités, comme l’ancien maire PS de Paris Bertrand Delanoë.

« Que tout repose sur lui, c’est une fragilité », s’inquiète un parlementaire de ses soutiens. « J’ai travaillé avec Jospin, il décidait de tout lui aussi », relativise un autre. « Avec cent hommes déterminés, on peut prendre le pouvoir », aurait lancé un jour François Mitterrand à Pierre Mauroy. Emmanuel Macron a manifestement la même conviction.

Nathalie Segaunes

 

 

LE FIGARO – 03/02/2017

Fillon continue, la droite s’inquiète

VIDÉO – Décidé à se battre, l’ancien premier ministre n’est toujours pas parvenu à dissiper les doutes sur sa capacité à mener la campagne présidentielle.

Tous les regards se sont tournés jeudi soir vers Penelope Fillon. La discrète, l’amoureuse des jardins et des chevaux s’est retrouvée héroïne malgré elle de l’émission Envoyé spécial de France 2. L’émission a récupéré les rushes de l’interview qu’elle avait accordée le 18 mai 2007 au quotidien britannique Daily Telegraph, et dans laquelle elle déclarait: «Je n’ai jamais été l’assistante de mon mari et je ne me suis pas non plus occupée de sa communication.»

Un nouveau coup dur pour François Fillon, qui a été accueilli jeudi aux cris de «Fillon démission!» lors d’un déplacement à Charleville-Mézières (Ardennes). Décidé à aller «jusqu’au bout» de sa campagne présidentielle, l’ancien premier ministre avait choisi ses mots: «Ces attaques contre un candidat investi et légitimé non seulement par les siens mais par des millions de Français sont d’une violence inouïe.»

Animé par «une colère froide face à toute cette meute qui se complaît dans cette entreprise de démolition», Fillon a dénoncé «ces attaques (qui) ne sortent pas de nulle part, (qui) ont été soigneusement préparées, mijotées dans les arrière-cuisines des officines qu’on découvrira un jour». Et le député de Paris d’insister: «Je ne suis pas dupe: ce n’est pas la justice que l’on cherche, mais à me casser. Et, au-delà de ma seule personne, à casser la droite, à lui voler son vote.»

Des remontées catastrophiques

Fillon a eu beau demander mardi matin aux troupes parlementaires de «tenir quinze jours», beaucoup pensent en réalité que «ça ne peut plus durer». Après avoir affirmé mardi que le résultat de la primaire était «caduc», malgré ses 4,4 millions de participants, le député du Rhône, Georges Fenech, a poursuivi l’offensive en proposant mercredi à ses collègues de signer un appel demandant la convocation d’un «conseil national extraordinaire des Républicains»pour que le parti «reprenne son destin en main».

Tout en affirmant son attachement à la «présomption d’innocence», ce magistrat de formation estime que «les derniers événements judiciaires remettent en cause la légitimité du candidat issu des élections primaires pour porter le projet». Sa conclusion vaut condamnation de la candidature Fillon: «Le redressement de la France (…) ne pourra être mis en œuvre que dans la clarté, la transparence et l’exemplarité». Les députés, sonnés, n’ont pas dû se précipiter pour signer ce texte puisque, jeudi, Fenech leur a donné «un délai de réflexion supplémentaire jusqu’au 6 février à 15 heures». «C’est malin de sa part, commente un élu qui souhaite rester anonyme. D’ici à lundi, il y aura eu l’émission d’Élise Lucet, de nouveaux sondages vraisemblablement catastrophiques, et on se sera fait insulter sur les marchés. Ça ne peut que booster les signatures!»

Gérard Larcher, qui préside le comité politique de LR, a proposé mercredi soir que cette instance se réunisse désormais toutes les semaines et non plus tous les quinze jours. Le président du Sénat a estimé que «le candidat doit être présent le plus souvent possible», ce qui correspond aux souhaits des élus. La réunion de mardi prochain sera d’autant plus suivie que, selon les parlementaires, «les remontées des territoires (sur cette affaire) sont catastrophiques».

Après celle de Philippe Gosselin en faveur d’une candidature de recours d’Alain Juppé, une autre offensive a été lancée par l’ex-sarkozyste Sébastien Huyghe, qui a tweeté jeudi: «Il est urgent de convoquer le bureau politique des Républicains, dont la dernière réunion remonte au 29 novembre 2016.» Mais François Fillon a opposé une fin de non-recevoir à la réunion du bureau politique, trop sarkozyste à ses yeux.

Incontestablement, la tension grandit de jour en jour et les langues se délient. Évoquant les salaires alloués à l’épouse et à deux des enfants de Fillon, un poids lourd de LR lance: «Les montants perçus sont choquants, mais ce n’est pas éliminatoire. Ce qui est éliminatoire, c’est le mensonge!»

L’eurodéputé Renaud Muselier ne fait pas dans la nuance: «Le problème, c’est qu’aujourd’hui le crédit de François Fillon est complètement annihilé, a-t-il relevé sur France Bleue Provence. Il n’a plus la capacité de défendre son projet, il n’a plus la capacité de défendre notre famille politique. Il est obligé de se défendre toute la journée, lui.» Muselier ne voit pas comment le candidat peut se remettre des dégâts politiques de l’affaire: «Tout cela est condamnable sur le plan moral, même si ce n’est pas forcément illégal.» Les électeurs de droite sont aussi en plein doute, si l’on en croit un sondage Kantar Sofres, diffusé jeudi, dans lequel François Fillon perd quatre points, à 27 % de bonnes opinions. Il arrive loin derrière le trio de tête formé d’Emmanuel Macron (38 %), Benoît Hamon (33 %) et Jean-Luc Mélenchon (33 %).

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/02/02/35003-20170202ARTFIG00298-fillon-retourne-affronter-le-terrain.php

 

Sophie Huet et Judith Waintraub

 

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 03/02/2017

Sommet de l’UE à Malte : migrations et Trump au menu

Les dirigeants européens vont tenter d’afficher leur unité, vendredi à Malte, pour faire face au défi migratoire, mais aussi de fixer un cap à l’Union, ébranlée par le Brexit et l’arrivée de l’administration Trump.

Malte, qui assure la présidence semestrielle tournante de l’UE, a tiré le signal d’alarme : le printemps pourrait être synonyme de nouvelle crise migratoire. Dix mois après la quasi-fermeture de la route passant par la mer Egée, un nombre record de traversées a été enregistré via la Méditerranée centrale : plus de 181 000 tentatives en 2016, dont 90 % depuis la Libye. La priorité est de soutenir et de former les gardes-côtes libyens, qui opèrent dans leurs eaux territoriales, où ne peuvent entrer les opérations de sauvetage et de surveillance chapeautées par l’UE. L’Union se fixerait également pour objectif d’améliorer la situation économique des communautés locales en Libye et d’assurer de bonnes conditions d’accueil aux migrants stoppés. L’idée de voir s’ouvrir des camps depuis lesquels les migrants pourraient directement déposer leur demande d’asile en Libye se heurte au problème de l’instabilité politique et sécuritaire du pays. Les Etats voisins d’Afrique du Nord seront également sollicités par l’UE.

Au déjeuner, les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE s’entretiendront des défis engendrés par la nouvelle donne géopolitique, en particulier des débuts tonitruants de Donald Trump. Face au protectionnisme prôné outre-Atlantique, quel rôle doit endosser l’UE dans l’ordre mondial ? Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a vivement pris à partie Washington en début de semaine, qualifiant d’« inquiétantes » les premières décisions prises et la nouvelle administration qui remet en cause, à ses yeux, sept décennies de politique étrangère américaine. L’ombre de M. Trump devrait aussi planer sur la deuxième partie du sommet qui se déroulera sans le Royaume-Uni, de facto écarté depuis le vote en faveur du Brexit, pour une discussion sur l’avenir de l’UE.

Jeanne Cavelier

 

 

LE MONDE – 03/02/2017

Le gouvernement britannique a rendu public son Livre blanc sur le Brexit

Le document fixe les plans du Royaume-Uni en vue de la négociation à venir avec ses partenaires européens sur la sortie de l’Union européenne.

Le Royaume-Uni, fort de sa santé économique et de sa solide démocratie, se trouve en position de force pour négocier un « nouveau partenariat positif et constructif » avec l’Union européenne, affirme le Livre blanc sur le Brexit, publié jeudi 2 février par le gouvernement britannique. Révélé au lendemain d’un vote massif du Parlement, autorisant Theresa May à déclencher la procédure de divorce, le document de 75 pages reprend les principaux points développés le 17 janvier par la première ministre, lorsqu’elle avait annoncé à ses « frères d’Europe » sa décision de rompre avec le marché unique européen, tout en réclamant un statut douanier favorable.

« Parce que nous sommes un grand pays mondial avec tant à offrir à l’Europe et tant à offrir au monde », a écrit Mme May dans l’avant-propos du document, où elle se prévaut de l’unité nationale, elle s’attend à ce que la négociation avec les Vingt-Sept, qui devrait s’ouvrir en mars, soit « un succès ».

Annoncé comme « stratégique », le Livre blanc dresse en réalité un catalogue des ambitieux objectifs de Londres sans préciser la méthode retenue pour les atteindre. D’ailleurs, pour « garantir le meilleur résultat », le gouvernement « gardera scrupuleusement pour lui [ses] positions et devra parfois être prudent dans ses commentaires publics », prévient le document, qui promet une « sortie en douceur au bénéfice de tous ».

La question du statut des expatriés

En matière économique, il est de nouveau question de parvenir à « un accord de libre-échange ambitieux et global » avec l’Union européenne, afin d’établir les relations commerciales « les plus libres et les plus fluides possible en matière de biens et de services ». Le déficit commercial du Royaume-Uni avec l’Union est, comme de coutume, présenté comme un avantage pour les Britanniques.

Selon cette rhétorique, l’Europe aurait davantage à perdre de l’établissement de barrières douanières que Londres. Une autre vision consiste à mettre en regard le fait que 46 % des exportations du Royaume-Uni sont destinées à l’Europe tandis que le Royaume-Uni ne représente que 5 % du commerce extérieur des Vingt-Sept.

Le Livre blanc décrit la City de Londres comme « la seule plate-forme [financière] mondiale dont continuera de dépendre l’UE ». L’Union aurait donc intérêt à rechercher « des arrangements en vue d’une coopération mutuelle ». Sur la question sensible du futur statut des expatriés, le document s’en tient à la position connue depuis des semaines : Londres souhaite stabiliser « à la première occasion » le droit au séjour et au travail des Européens. Mais le gouvernement britannique, faisant mine d’oublier qu’il est en position de demandeur et que les Vingt-Sept souhaitent négocier collectivement ce dossier, assure que « cela n’a pas été possible » jusqu’à présent faute d’une garantie de réciprocité pour ses ressortissants.

Presque rien à propos du coût de la procédure

Affirmant que les droits sociaux liés à l’UE seront préservés pour les travailleurs britanniques, Downing Street affirme même que le Royaume-Uni est plus généreux que l’Europe en matière de congés, au prix d’une erreur cocasse dans un croquis du Livre blanc, selon lequel les salariés britanniques bénéficient de quatorze semaines de congés payés par an (au lieu de 5,6 en réalité). Le document affirme, enfin, que les étudiants européens continueront de pouvoir venir étudier au Royaume-Uni, mais il reste muet sur l’accès des travailleurs.

Tandis que le ministre du Brexit, David Davis, affirme que « le meilleur est à venir » pour le Royaume-Uni, les travaillistes prétendent que le Livre blanc « ne dit rien ». Ils protestent contre sa publication tardive, au lendemain du vote donnant carte blanche à Theresa May pour engager le Brexit. Centré sur l’avenir des relations économiques et commerciales avec le continent, obsession logique des autorités britanniques, le document est en revanche presque muet sur le coût de cette procédure de divorce, premier point crucial de la négociation qui va s’ouvrir.

La somme dont doit s’acquitter Londres pour solder les nombreux comptes et chantiers en cours, y compris la retraite de ses fonctionnaires européens, est estimée entre 40 milliards et 60 milliards d’euros. « Il se peut que nous souhaitions participer à des programmes européens, indique le document. Dans ce cas, il serait raisonnable que nous contribuions de façon appropriée ». Mais « une fois que nous aurons quitté l’UE, ajoute le Livre blanc à l’adresse des électeurs et contribuables britanniques, nous ne serons plus contraints de contribuer largement au budget de l’UE ».

Vidéo : http://abonnes.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2017/02/02/le-gouvernement-britannique-a-rendu-public-son-livre-blanc-sur-le-brexit_5073502_4872498.html

Philippe Bernard

 

 

LES ECHOS – 03/02/2017

La lune de miel entre Trump et les grands patrons est déjà terminée

L’interdiction d’entrée aux Etats-Unis prononcée à l’égard des citoyens de sept pays de confession musulmane

a provoqué la consternation des grands patrons américains, pour des raisons économiques autant que morales

(de gauche à droite : Jeff Bezos (Amazon), Larry Page (Alphabet Inc.) Sheryl Sandberg (Facebook), le vice-président Mike Pence)

Une quinzaine de PDG sont reçus à la Maison-Blanche ce vendredi. L’idée de restreindre les visas des salariés très diplômés sème la discorde.

L’interdiction d’entrée aux Etats-Unis prononcée à l’égard des citoyens de sept pays de confession musulmane (Iran, Irak, Yémen, etc.) a provoqué la consternation des grands patrons américains, pour des raisons économiques autant que morales. L’éventualité de voir Donald Trump bientôt restreindre les visas proposés aux meilleurs ingénieurs de la planète a consommé la rupture , dans ce qui s’apparente cette fois-ci à une vraie menace pour les grands champions nationaux (Facebook, Goldman Sachs, Microsoft, etc.).

Car si le premier décret risque de frapper quelques dizaines de salariés par entreprise, tout au plus, le deuxième peut potentiellement casser le « moteur même de l’économie » , s’alarme Blake Irving, patron de GoDaddy (gestion de noms de domaines sur Internet).

Les grands patrons fustigent Trump ouvertement

Le patronat avait jusqu’alors accordé le bénéfice du doute au nouveau président. Il s’était même enthousiasmé pour sa promesse de restreindre la réglementation et les impôts. Les derniers jours ont sonné la fin de la lune de miel : de Tesla à Starbucks, en passant par Google et JP Morgan, les grands patrons du pays sont désormais nombreux à fustiger ouvertement la politique de Donald Trump, bien qu’avec une certaine prudence publique. Il y a encore deux semaines, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, promettait de créer 100.000 emplois aux Etats-Unis, en laissant le nouveau président s’octroyer le mérite du projet. Mais l’heure n’est plus aux faux-semblants : depuis le début de la semaine, le même Jeff Bezos travaille avec parlementaires et avocats pour faire barrage aux plans migratoires de la Maison-Blanche.

Forum stratégique

Le sujet devrait aussi dominer le « forum stratégique » qui rassemblera, ce vendredi, le président et une quinzaine des plus grands PDG du pays (IBM, JP Morgan, Walmart, BlackRock, etc.). À l’ordre du jour officiel figurent la régulation, la fiscalité, la place des femmes en entreprise et le commerce. Mais la question de l’immigration risque d’occulter toutes les autres, tant les conséquences potentielles sont graves. Dans des groupes tels qu’Amazon, Twitter et Uber, les développeurs informatique sont pour plus de 70 % étrangers, témoigne Vivek Ravisankar, qui travaille pour le cabinet de recrutement HackerRank.

Protéger les fameux visas H1B

Le projet de décret préparé par la Maison-Blanche vise clairement ces salariés : il appelle à protéger « les emplois, les salaires et le bien-être des travailleurs américains » en réduisant notamment les fameux visas H1B , utilisés à Wall Street et dans la Silicon Valley pour recruter des étrangers qualifiés. Ces visas tirent les salaires à la baisse, estime Donald Trump, et sont utilisés de manière abusive par certaines entreprises pour ne pas avoir à recruter d’Américains. Un lot de 85.000 visas H1B est accordé chaque année, un nombre jugé déjà très insuffisant par le patronat.

La Maison-Blanche menace de le réduire encore davantage. De nouvelles règles doivent être fixées dans les trois mois qui viennent, indique-t-elle dans le projet de décret. Les chefs d’entreprise vont tout faire pour l’en dissuader d’ici là.

Lucie Robequain

 

 

LES ECHOS – 03/02/2017

Décrets anti-immigration de Trump : la tech remontée, l’industrie inquiète

Très exposés à l’international, les grands conglomérats industriels américains s’inquiètent de la nouvelle politique d’immigration

Nombre d’entreprises ont réagi aux mesures contre l’immigration, dont les effets sont de nature très diverse d’un secteur à l’autre.

La tech à la pointe de la contestation

Les géants de la tech n’ont jamais porté le candidat Trump dans leur coeur. Amazon, Apple, Google ou encore Microsoft se retrouvent en toute logique à la pointe de la contestation contre le locataire de la Maison-Blanche. Ils ne digèrent pas le décret du 27 janvier, qui risque de les priver des talents dont ils ont besoin. Mais le pire est peut-être à venir pour eux, avec le projet de réforme des visas des travailleurs étrangers, leur vivier en développeurs et ingénieurs informatiques. Une lettre ouverte à Donald Trump serait en préparation pour rappeler les bienfaits de l’immigration sur l’économie américaine. Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, étudie les moyens juridiques de faire annuler la mesure. Les groupes télécoms, qui ont tout à gagner des projets de dérégulation de Trump, restent muets pour l’instant.

Des géants de l’industrie inquiets

Très exposés à l’international, les grands conglomérats industriels américains s’inquiètent de la nouvelle politique d’immigration. Leader emblématique du domaine, General Electric génère plus de la moitié de ses revenus hors des Etats-Unis. « Il est important que les Etats-Unis conservent de bonnes relations avec nos clients potentiels dans le monde, a souligné jeudi le patron du groupe, Jeff Immelt, dans un entretien à Bloomberg. A la fin des fins, si nous voulons créer plus d’emplois, il ne faut pas que nous nous mettions à dos le reste du monde. » Si UTC, Dow Chemical ou Lockheed Martin affirment comprendre la volonté du président de favoriser le made in America, les restrictions de la Maison-Blanche en matière d’immigration suscitent une levée de boucliers. Coca-Cola a proclamé son soutien aux idéaux de diversité et d’équité tandis que le patron de Nike a écrit à ses employés en indiquant que le groupe s’opposerait « à toute forme de discrimination ». « Nike croit dans un monde où chacun célèbre la puissance de la diversité », a expliqué Mark Parker. « Ces valeurs, ajoute-t-il, sont menacées par le décret présidentiel interdisant les réfugiés autant que les visiteurs de sept pays à majorité musulmane. »

Une industrie automobile devenue prudente

Alors que Trump menace d’instaurer une taxe de 35 % sur les véhicules importés du Mexique, les industriels ont quasiment tous annoncé des plans d’investissement et d’embauche sur le territoire américain, la palme revenant à Ford, qui a annulé un projet d’usine au Mexique. Mais tous restent inquiets. Fruit d’un flux international de composants et pièces détachées, la chaîne de valeur automobile s’accommode mal du protectionnisme. Le secteur a néanmoins choisi ses combats. Seul Ford a manifesté son inquiétude face au décret anti-réfugiés : « Nous ne soutenons et ne soutiendrons aucune politique allant à l’encontre de nos valeurs », a réagi Mark Fields, le patron de Ford. Reste un terrain plus consensuel : les réglementations environnementales, que Trump veut assouplir. Une demande unanime des industriels.

Les banques en retrait

Même si Goldman Sachs, Citi et JP Morgan se sont exprimés en début de semaine, les banques ne se sont pas précipitées pour condamner le décret anti-réfugiés de Trump, dont l’impact est sur elles assez limité. Depuis la victoire de Trump, l’industrie financière est sur un petit nuage. Grandes gagnantes de la nouvelle administration, les maisons de Wall Street devraient bénéficier à plein de la vague de dérégulation promise par le nouveau président. Jusqu’à récemment, elles saluaient même « l’optimisme croissant » de leurs clients, observé dans leurs réseaux d’agences, selon le PDG de Bank of America. Très exposé au Mexique, où il compte investir 1 milliard de dollars, Citi est en revanche sur la réserve. John Corbat, son PDG, a d’ailleurs été l’un des plus critiques sur le décret anti-réfugiés.

Maxime Amiot, Romain Gueugneau, Emmanuel Grasland et Elsa Conesa

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

Cordialement,

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du 2 Février 2017

2017-04-05T09:10:24+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 1 Février 2017

2017-04-05T09:10:40+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 31 Janvier 2017

2017-03-02T07:03:04+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 31/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 31/01/2017

Grand Paris : la bataille du métro a commencé

 

Champigny, mardi dernier. Les travaux spectaculaires de la gare de la future ligne 15 Sud ont débuté.

C’est le marché du siècle, qui fait saliver plus d’une entreprise. Le Grand Paris Express, c’est 200 km de lignes nouvelles de métro et 68 gares à construire d’ici 2030, soit un chantier d’au moins… 25 Md€. « Un investissement d’avenir qui portera l’économie du pays », a lancé Philippe Yvin, président de la Société du Grand Paris (SGP), lors de ses vœux la semaine dernière. 2017 marque l’entrée en chantier de quatorze des seize gares de la ligne 15 Sud (Pont-de-Sèvres – Noisy-Champs), et la mise en route du premier tunnelier. Un chantier gigantesque qui fait rêver PME, poids lourds du BTP, pros des transports et élus.

Qui pour creuser et construire ?

Plus de 4 000 salariés travaillent déjà sur le futur métro (2 500 ingénieurs et architectes, 1 500 ouvriers). Certains étaient à pied d’œuvre cette semaine avec SNCF Réseau pour une première opération majeure (5 M€) : le ripage d’un pont sous des voies de chemins de fer (photo ci-contre), à Champigny (Val-de-Marne). Il y en aura des dizaines d’autres ! Plus d’un milliard d’euros de travaux sont prévus cette année et, au plus fort des chantiers, en 2018, la Fédération régionale des travaux publics table sur 22 000 emplois.

Pour répartir cette masse de travail, la SGP a tronçonné les lignes en différents lots, afin que plusieurs entreprises puissent creuser ou construire les gares en même temps. 2017 sera très importante : les cinq derniers marchés de la 15 Sud et les deux premiers de la 16 seront attribués, soit près de 9 Mds€ ! Bouygues, Vinci et Eiffage, les géants français du secteur, sont dans les starting-blocks.

Mais l’attribution en 2016 d’un premier tunnel de 7 km pour 363 M€ au Français Demathieu Bard, associé à des Italiens, des Belges et des Suisses, a fait grincer quelques dents. « Il ne peut pas y avoir de préférence nationale, c’est interdit », tranche Philippe Yvin. En revanche, la SGP oblige les entreprises à faire travailler 20 % de PME. Un observatoire sera lancé dans les prochains jours pour vérifier que cette disposition est bien appliquée.

Qui pour faire rouler ?

Selon la loi sur le Grand Paris, la RATP, opérateur historique du métro parisien, bénéficie de droit de la gestion des infrastructures (rails et tunnels) du Grand Paris Express. Mais l’exploitant (celui qui fera rouler les métros) sera, lui, désigné à l’issue d’un appel d’offres ouvert à la concurrence. Celui-ci doit être lancé cette année. La RATP sera bien sûr sur les rangs, mais aussi Keolis (filiale de la SNCF), et sans doute d’autres professionnels des transports, français ou étrangers. La bataille sera rude. Keolis a déjà redouté publiquement que la gestion des infrastructures ne donne un avantage à la RATP, et a lancé une opération séduction pour montrer son savoir-faire, à Londres par exemple.

La même compétition devrait avoir lieu pour le matériel roulant : Alstom et ses concurrents seront sans doute sur les rangs pour construire les rames. La SGP va lancer cette année le marché des métros automatiques de la 15 Sud : à la clé, la construction de 120 trains, représentant 516 voitures, d’ici à 2025 ! Le gagnant sera connu en 2018.

Qui pour diriger ?

C’est une autre bataille, en coulisses, qui s’est jouée jusqu’en fin d’année dernière. Celle pour la gouvernance du futur métro. Valérie Pécresse a milité pour une fusion entre le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), qu’elle préside, et la SGP. Une idée rejetée par Philippe Yvin, et ensuite par le Conseil économique, social et environnemental (Ceser), sollicité pour donner un avis.

Grâce à un lobbying discret et efficace, la SGP conserve son autonomie — et ses milliards… pour l’instant. Car les prochaines échéances électorales vont contribuer à remettre le dossier sur la table. Une autre étape dans la bataille du Grand Paris.

Jean-Gabriel Bontinck

 

 

FRANCE BLEU – 31/01/2017

L’île Seguin futur pôle culturel du Grand Paris ?

 

Le futur visage de l’île Seguin, avec le projet de pôle culturel (à droite) et la Seine Musicale (à gauche).

Elle veut devenir un haut lieu de la culture dans la métropole du Grand Paris. L’île Seguin a définitivement tourné la page de son histoire industrielle. Le site des Hauts-de-Seine se prépare à basculer dans une nouvelle ère, qui débutera en avril avec l’ouverture de la Seine Musicale.

Le projet de pôle culturel et artistique sur l’île Seguin a été dévoilé ce lundi à Boulogne-Billancourt (92). Cet équipement d’envergure verra le jour sur la pointe amont (au sud de l’île), à l’opposé de la Seine Musicale, la salle de concert de 6.000 places qui sera inaugurée le 22 avril prochain. Il s’agit en réalité de deux constructions distinctes, d’où le nom du projet « S17 S18 ». La première, une grande vitrine dédiée à l’art et à la culture, abritera la Fondation Emerige, des espaces d’exposition, un cinéma multiplex de 8 salles, 4.000 m² de bureaux et autant d’espaces commerciaux. La seconde sera un hôtel de 13.000 m², résolument « arty » : chacune des 220 chambres aura son œuvre d’art unique. L’établissement 4 étoiles sera doté d’un spa, d’une piscine, et d’un restaurant en rooftop.

 

L’entrée du Centre d’Art de l’île Seguin.

La mutation est en marche pour l’île Seguin, une bande de terre de 11,5 hectares étirée entre Billancourt et le Bas-Meudon, qui a abrité les usines Renault pendant plus de 60 ans. Jadis point de passage pour les aristocrates entre Paris et Versailles, le site rêve de rayonner tel un phare dans la métropole. L’idée, est de « déplacer le centre de gravité culturel de Paris vers l’ouest » assure le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet. Qui s’enthousiasme : « ce sera la plus belle concentration culturelle d’Europe sur une île, c’est extraordinaire ! »

Le Centre d’art sera multidisciplinaire (musique, cinéma, arts numériques…) et proposera une programmation moderne et variée, axée sur les artistes français. L’art contemporain sera particulièrement mis en valeur, avec les œuvres du fonds de Laurent Dumas de chez Emerige, la collection d’art Renault ainsi que celle de la Fondation Giacometti.

 

Le projet d’aménagement de la pointe amont, vu depuis Meudon.

Le projet artistique et culturel est aussi architectural, avec un savant mélange entre minéral et végétal. Une promenade sera aménagée sur les berges. Quant à la partie centrale de l’île, elle devrait accueillir un parc. Le site, au cœur du futur réseau de transport de la métropole, sera parfaitement desservi avec une gare du Grand Paris Express (ligne 15). Une liaison par câbles (télécabines) est aussi à l’étude. L’île Seguin pourrait accueillir à terme un flux de 2 millions de visiteurs par an. Les travaux d’aménagement de la pointe amont (au sud de l’île) devraient débuter l’année prochaine pour une livraison espérée en 2021.

Nicolas Olivier

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Résidences secondaires : Paris vote la surtaxe, les autres villes sont plus prudentes

Le Conseil de Paris a voté ce lundi la majoration de 60 % de la taxe d’habitation des pieds-à-terre. Une surenchère fiscale que dénoncent les associations de propriétaires.

Trouver de nouvelles recettes, libérer des logements pour les Parisiens, le tout sans grever leurs impôts. C’est l’équation qu’a fait valoir le Conseil de Paris pour voter une nouvelle surtaxe d’habitation sur les résidences secondaire ce lundi. Pour la deuxième fois en trois ans, les parlementaires ont donné dans la loi de finances la possibilité aux maires de doper les taxes des résidents intermittents. Un surcroît de 20 % avait déjà été voté fin 2014, convaincant une centaine de communes de tous bords politiques de l’adopter. Il avait rapporté une quinzaine de millions à la capitale.

Cette fois, les maires des 1.149 communes en zones tendues se voient ouverte la possibilité de pousser la majoration entre 5 et 60  %. C’est à nouveau la mairie de Paris qui a convaincu le gouvernement et le Parlement d’adopter cette mesure qui pourrait lui rapporter 43 millions d’euros. Plus précisément le groupe communiste de la majorité parisienne qui espérait même une hausse de 100 %, soit un doublement de la taxe d’habitation des propriétaires de résidence secondaires. Le plafond a été limité par les députés à 60  %, taquet repris à Paris. Jacques Baudrier, élu du 20e arrondissement, rappelle qu’entre 1999 et 2014, le nombre de résidences secondaires a bondi de 75.074 à 107.063 unités, une augmentation de 43 % qu’il compare avec les 3 % d’augmentation des logements.

Un taux de 21 %

Lundi la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a relativisé l’impact fiscal : « Le produit cumulé du taux de la taxe d’habitation et celui de la majoration sur les résidences secondaires se traduira par un taux de 21 %, c’est moins que la moyenne nationale. » Dans sa communication, la mairie reconnaît que la première majoration de 2015 n’avait pas suffi pour inciter des reventes, espérant cette fois un taux plus dissuasif. « Nous tablons sur plusieurs milliers de vente », espère Jacques Baudrier.

La mesure ne suscitera probablement pas le même engouement qu’avant. Son produit attendu est de 150 millions d’euros, similaire à la projection de 2015. Contactée par « Les Echos », la mairie Modem de Biarritz, qui faisait partie de la quinzaine de communes de Pyrénées-Atlantique ayant mobilisé le levier en 2015, explique qu’elle ne le fera pas cette fois. « C’est la tendance sur la côte », assure par ailleurs le cabinet du maire.

En Ile-de-France, Philippe Laurent (UDI) à Sceaux explique ne l’exclut pas dans les années à venir mais pas cette année. En revanche, le maire communiste de Montreuil, Patrick Bessac, a inscrit une majoration de 60 %, soit 550.000 euros de recettes au Conseil municipal de mercredi. L’Union nationale des propriétaire immobilier (UNPI) s’indigne, elle, de cette surenchère fiscale : « Certains propriétaires doivent déjà verser au titre de la taxe foncière jusqu’à trois mois de loyer. »

Matthieu Quiret

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

NKM veut une couverture du périphérique parisien

Souhaitant réduire la fracture entre Paris et la banlieue, la chef de l’opposition municipale défend ce projet mardi devant le Conseil de Paris.

Selon ses détracteurs, Anne Hidalgo est taxée de créer la rupture entre Paris et sa banlieue en interdisant depuis l’été les berges rive droite aux voitures venant largement des villes voisines. Dans ce contexte de tension et de polémique toujours vive autour de ces trois kilomètres de route piétonnisée, Nathalie Kosciusko-Morizet (les Républicains) a bien l’intention de faire figure de réconciliatrice. La chef de file de l’opposition municipale a ressorti des cartons une idée qui figurait dans son programme lors des précédentes municipales: la couverture du périphérique.

Avec ce projet, soumis ce mardi au Conseil de Paris, la responsable politique compte adresser un message architectural: faire cesser la fracture qui existe entre Paris et sa banlieue. Avec ses 35 km de rocade utilisés chaque jour par 1,1 million de véhicules, le périphérique constitue indéniablement une frontière entre la capitale et les villes limitrophes. Il est aussi un enfer pour les quelque 100. 000 riverains en prise directe avec les émissions de polluants et de bruit liées au trafic. Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet note dans son dossier de presse relatif à ce projet qu’aujourd’hui l’Hôtel de ville dirigé par l’élue socialiste se préoccupe beaucoup des aménagements de l’hypercentre de Paris en proposant rues piétonnes et circulation douce «achevant de créer», peut-on lire, «un Paris à plusieurs vitesses»…

À ce jour, seulement 6 kilomètres sont couverts, notamment à l’ouest de la capitale. Il s’agit donc de poursuivre la couverture quand celle-ci est techniquement possible ou d’imaginer divers aménagements en vue de créer de nouveaux espaces urbains qui viendront ainsi effacer la rupture. À ceux qui déjà dénoncent ce projet comme étant irréalisable en raison de son coût pharaonique, l’entourage de la chef de file de l’opposition rétorque qu’il s’agit de lancer un appel à projets. «Il permettra aux promoteurs de financer ces travaux et en contrepartie ils exploiteront de nouvelles surfaces aménageables. C’est la nouveauté de ce projet», explique-t-on en faisant valoir que de nombreuses viles se sont lancées dans ce type de travaux. Parmi elles: Hambourg et Madrid.

Cette proposition, qui a peu de chances d’être votée, rejoint les nombreuses réflexions en cours portant sur la circulation dans la capitale. L’équipe d’Anne Hidalgo a quant à elle choisi de présenter lors du Conseil de Paris un vaste plan piéton, tout en gardant le cap sur l’objectif phare qui est la réduction de la place de la voiture. Nathalie Kosciusko-Morizet a donc une autre vision. Il s’agit pour elle de maintenir une part du trafic mais d’en effacer les effets négatifs.

Angélique Négroni

 

::: ECONOMIE

L’OPINION – 31/01/2017

Medef : nouveaux tiraillements internes sur l’Assurance-chômage

Alors que la CPME, l’UPA mais aussi la plupart des syndicats seraient disposés à rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage, le Medef pour l’instant freine des quatre fers, faute de consensus interne

Les réunions se multiplient en bilatérales, mais aussi en interne au sein du patronat, d’une part, et des syndicats, d’autre part, au sujet de l’Assurance-chômage. Les uns et les autres se sont engagés à se prononcer avant le 15 février sur la réouverture éventuelle d’une négociation.

Au Medef, la gêne est palpable. L’organisation patronale refuse tout commentaire sur les discussions en cours autour de l’assurance-chômage. Mercredi, se tient une réunion interne – avec de petits airs de réunion de crise – de son pôle social.

Syndicats et patronats ont en ligne de mire le 15 février. C’est à cette date qu’ils décideront d’ouvrir ou non de nouveau une négociation. Avec cet impératif que tous revendiquent : « Si on relance un round, c’est pour aboutir ». Reste que les syndicats (y compris FO) semblent nettement plus enclins à trouver des compromis, ne serait-ce que pour montrer que le paritarisme a sa raison d’être et sait prendre ses responsabilités.

Pas question, en effet, de revivre l’échec de juin dernier. « Le contexte est plus favorable, c’est dépassionné par rapport à la séquence de la loi Travail. Aujourd’hui, ça s’est apaisé », assure un membre de l’équipe patronale, plutôt optimiste. Pour d’autres, la période reste compliquée avec l’élection présidentielle : « Ouvrir une négo maintenant, c’est être kamikaze et n’avoir aucun sens politique ».

Ces deux points de vue traversent violemment le Medef. « On est de nouveau face à un patronat qui n’a pas de mandat et qui est incapable de se mettre d’accord », résume un négociateur syndical. Avec deux blocs. L’un, porté par les fédérations de la métallurgie et de la plasturgie, plutôt favorable à une reprise des négociations. L’autre, mené par la banque, l’assurance ou encore le bâtiment, nettement plus réticent.

Contrats courts. La taxation des contrats courts continue en effet de cristalliser les oppositions, même si des voies de passage semblent envisageables en faisant un distinguo entre contrats courts et très courts (moins d’un mois). Les syndicats exigent une taxation mais semblent prêts à plus de souplesse qu’en juin dernier : un prélèvement temporaire, modulé ou plus ciblé.

La dernière étude de l’Unedic montre que les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, entre 2000 à 2016. Certains secteurs sont nettement plus consommateurs que d’autres, « ce qui est embarrassant car, si on taxe ceux qui ont le plus recours aux contrats courts, cela fait voler en éclat la notion de mutualisation au sein du Medef », confie un dirigeant patronal.

En réalité, les tiraillements ne concernent pas que l’Assurance-chômage. « Aujourd’hui, vu les divisions internes, on aboutit à des propositions insipides », se désole un adhérent. Ainsi, mardi, le Medef présente-t-il ses propositions sur l’entreprenariat. Mais, selon une source proche du dossier, « tout a été aseptisé. Ce n’est pas avec la création d’un numéro de Siret dès 16 ans qu’on va changer les choses…». Le Medef comptait encourager le travail indépendant mais y a renoncé du fait d’une levée de boucliers de certaines fédérations, en interne.

Un poids lourd conclut : « On se moque des deux gauches mais on a aussi nos frondeurs ! Il faudrait qu’on ait une vraie clarification, ce n’est plus possible ». Pour le moment, Pierre Gattaz tente tant bien que mal de faire la synthèse.

Fanny Guinochet

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité : les entreprises au pied du mur

Les employeurs doivent remplir d’ici à mardi soir les déclarations 2016 des expositions aux risques de leurs salariés, malgré leurs nombreuses réticences vis-à-vis du dispositif.

Le couperet tombe… ce mardi! Ce 31 janvier, les entreprises doivent avoir rempli leurs déclarations sociales au titre de 2016, en indiquant l’exposition de leurs salariés à dix facteurs de pénibilité. Elles auront jusqu’à fin septembre pour corriger leurs saisies. Une obligation administrative source de complexité et d’inquiétude pour la majorité d’entre elles! Quatre facteurs – les plus faciles à mesurer: travail de nuit, répétitif, en milieu hyperbare et en équipes successives alternantes – sont en vigueur depuis janvier 2015. Mais s’y sont ajoutés le 1er juillet dernier six critères (port de charge lourde, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux, températures extrêmes et bruit) bien plus complexes à appréhender.

Toutes les entreprises se retrouvent donc en ce début d’année, au moment de l’envoi des déclarations annuelles de données sociales (DADS) ou de la déclaration sociale nominative (DSN), au pied du mur. Il leur faut inscrire noir sur blanc si leurs salariés ont été exposés à un ou plusieurs des critères l’année passée et, si oui, dans quelle mesure. Or la très grande majorité des employeurs, notamment de PME et de TPE, n’aura pas rempli à l’heure son obligation. «Elles ne sont même pas capables de dire si elles sont ou non éligibles au dispositif car elles ne savent pas comment mesurer les six nouveaux critères», jure Jean-Eudes Du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME). De fait, les branches professionnelles sont encore en train de définir les référentiels, sorte de «mode d’emploi» à l’attention de leurs adhérents, pour remplir les fiches d’exposition à la pénibilité.

Au-delà de la difficulté technique, nombre de PME sont réticentes à appliquer cette mesure dont elles demandent l’abrogation. Et beaucoup jouent la montre, misant sur une alternance politique en mai (François Fillon a en effet promis de supprimer le dispositif) ou espérant un coup de pouce du Conseil d’État (la CPME a déposé en décembre un recours en annulation de ses décrets d’application).

Cotisation spécifique

Leur réticence s’explique par trois raisons majeures. Primo, les patrons sont rebutés par la complexité de la mesure, qualifiée «d’usine à gaz» à l’heure de la simplification administrative. Secundo, remplir cette déclaration revient à reconnaître que le salarié est exposé à un risque, ce qui inquiète juridiquement les employeurs. Tertio, l’ensemble constitue une charge financière conséquente. En effet, déclarer qu’un salarié a été exposé à un risque déclenche le versement d’une cotisation spécifique – en plus de la cotisation générale touchant toutes les entreprises – qui viendra alimenter le compte de prévention de la pénibilité (C3P) du salarié. Un compte que ce dernier pourra utiliser pour financer une formation à un autre métier moins exposé, compenser un passage à mi-temps ou financer un départ anticipé en retraite.

D’autres, enfin, trouvent que la loi manque totalement son objectif. «C’est une loi scélérate. Les quotas d’heures d’exposition sont tellement élevés que dans mon entreprise personne n’est concerné, fulmine Jean-Claude Brossier, patron d’une PME (160 salariés) de travaux publics à Tours. Il faudra justifier 6 mois de postures pénibles ou 4 mois à lever des charges lourdes ou 6 mois en températures extrêmes pour être reconnu en pénibilité». Une hérésie selon lui sachant que «dans les travaux publics, à peine 5 % de la population sera susceptible de répondre à l’un des critères».

Marathonien lui-même, il s’est très tôt intéressé à la santé au travail de ses salariés et a mis en place depuis douze ans diverses actions de prévention. Déçu, il conclut que «cette loi pénalise un peu plus les entreprises qui doivent faire des déclarations salarié par salarié avec plein de paperasses. Tout cela pour rien. Car on fait croire aux salariés à un rêve qu’ils ne vivront jamais».

Ce que risquent les récalcitrants

En cas de contrôle, les patrons qui n’auront pas déclaré leurs salariés exposés à l’un des dix facteurs de pénibilité risquent un redressement du montant des cotisations patronales spécifiques dues, mais également une pénalité par salarié jusqu’à 50 % du plafond mensuel de la Sécu (fixé à 3 269 euros en 2017), explique Angéline Duffour, du cabinet Cohen & Gresser. Ces sommes sont versées à l’État. En outre, si un salarié est victime d’un accident du travail, la faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue, engendrant une majoration des cotisations accident du travail, le versement d’une rente et des dommages et intérêts qui pourraient être demandés par le salarié.

Marie-Cécile Renault

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité: le patronat est désuni sur le sujet

 

Alexandre Saubot, Président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du MEDEF

DÉCRYPTAGE – Les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes face aux textes de loi.

Voilà qui ne va pas aider les entreprises à y voir clair: les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes, voire dangereuses, face aux textes de loi.

Cinq fédérations professionnelles (négoce des matériaux de construction, poissonniers…) ont ainsi établi un référentiel, qui a été homologué par le ministère du Travail, sur lequel pourront s’appuyer leurs adhérents pour remplir leur déclaration de pénibilité. Neuf autres branches, dont le commerce à distance, ont conclu un document en attente d’homologation. Ce qui est peu depuis l’été 2015. «Ce sont surtout des branches où le personnel est peu concerné par la pénibilité», assure en outre Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME, représentant des PME). Au total, sur les 16 millions de salariés en France, seuls 515.000 seront couverts par ces référentiels.

Et pour cause: dans les branches très touchées, pas de référentiel en vue! «Il est impossible d’en faire un car les situations sont trop variables selon les chantiers», assène Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). La métallurgie n’en a pas publié non plus mais a édité un guide, qui a moins d’implications juridiques. Une variante de plus!

Légalisme du Medef

Autre complication, chacun interprète les textes à sa manière. À l’U2P (artisans et professions libérales) et à la CPME, on laisse entendre que les entrepreneurs peuvent attendre le 30 septembre pour remplir la déclaration. «Les entreprises ont jusqu’à cette date pour corriger leurs saisies», explique Pierre Burban, le secrétaire général de l’U2P. Et ce pour jouer la montre, mais sans le dire, en espérant la victoire de la droite, qui a promis d’abroger le compte pénibilité, à la présidentielle de mai. Le ministère du Travail conteste cette analyse, soulignant qu’«une déclaration pour être corrigée doit d’abord avoir été produite».

Le Medef, de son côté, prône le légalisme. «Nous demandons à nos fédérations d’aider les entreprises qui le souhaitent à remplir la déclaration d’ici au 31 janvier», rappelle Alexandre Saubot, le président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du Medef. Pas question pour l’organisation de Pierre Gattaz d’agacer le gouvernement dans la dernière ligne droite. Même si certains dirigeants comprennent que des fédérations professionnelles aient, sur le terrain, un discours très revendicatif. Pour ajouter à cette cacophonie, la CPME a choisi d’attaquer en justice, seule, des décrets d’application du compte pénibilité.

Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Le nombre de défaillances d’entreprises est en très net recul

Moins de 58.000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure judiciaire en 2016 (-8,3 %), selon Altares.
L’embellie va se poursuivre cette année : le nombre de défaillances devrait se rapprocher de son niveau d’avant crise.

L’année 2016 aura marqué une réelle embellie sur au moins un point : les défaillances d’entreprises. Selon la société Altares, le nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’une procédure judiciaire – redressement, liquidation ou sauvegarde – l’an passé a reculé de 8,3 % par rapport à 2015. Les défaillances sont même passées en 2016 sous la barre des 60.000 puisqu’elles se sont élevées à 57.844. « C’est 8.000 de plus qu’en 2007, avant la crise, mais on s’approche du niveau de 2008 », remarque Thierry Millon, directeur des études chez Altares. « Et si l’on ne s’intéresse qu’au quatrième trimestre, alors le nombre de défaillances est presque équivalent à celui des trois derniers mois de 2007. A partir d’octobre, l’embellie s’est amplifiée chaque mois », souligne-t-il.

Le recul des défaillances sur le seul quatrième trimestre atteint 12,2 %. L’amélioration est donc indiscutable, malgré le fait que la croissance de 2016 – attendue à 1,2 % – n’a pas été meilleure que celle de 2015. Mais les marges des entreprises ont continué à progresser l’an passé grâce aux mesures du gouvernement comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) et le pacte de responsabilité, ainsi qu’à la modération du prix du pétrole. Les taux d’intérêt toujours bas ont aussi contribué à les aider.

La confiance retrouvée des chefs d’entreprise

Autre preuve de l’embellie, tous les secteurs d’activité ont vu le nombre de sinistres reculer, à l’exception notable de l’agriculture où les défaillances ont continué à grimper. La construction va ainsi nettement mieux, comme le décollage du nombre de permis de construire le montre : le secteur a compté 2.300 défaillances en moins en 2016 par rapport à 2015. Le commerce et les services aux particuliers ont profité de la hausse de consommation et du regain de pouvoir d’achat. Même les entreprises de l’hébergement et restauration, très touchées par les attentats, s’en sortent finalement bien.

De la même façon, toutes les tailles d’entreprises profitent de cette amélioration, de la très petite à celle de plus de 100 salariés. Le recul est particulièrement prononcé pour les grosses PME. Logiquement, les procédures enclenchées l’an passé mettent donc moins d’emplois en danger : 200.000 environ, soit 35.000 de moins que l’année précédente. Ce mieux va-t-il se confirmer en 2017 ? « On voit que, tant les chefs d’entreprise que les consommateurs, retrouvent la confiance », pointe Thierry Millon. Il s’attend à un nouveau recul des défaillances, de 6 % cette année, à 54.000 sinistres environ. Un tel chiffre ferait de 2017 la meilleure année depuis 2007 et permettrait de s’approcher du niveau des défaillances enregistrées avant la crise. L’assureur-crédit Euler Hermes anticipe aussi un recul du même ordre (-7 %).

Dans le même temps, les créations d’entreprises ont tendance à augmenter. Plus de 330.000 entreprises ont été créées l’an passé, hors micro-entreprises, soit autant qu’en 2007. D’autres pays, notaient récemment les économistes de la Coface, ne peuvent pas en dire autant. Ainsi, en Allemagne, les créations d’entreprises sont de 20 % inférieures à celles de 2007. Mais le pays affiche, il est vrai, un taux de chômage bien plus faible qu’en France.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

5 heures : la mise en garde de France Stratégie

Le think tank appelle les candidats à la présidentielle à clarifier l’objectif poursuivi par une réforme du temps de travail.

C’est une « note d’action critique » sur un sujet politiquement très clivant dans la campagne présidentielle, que publie France Stratégie ce mardi matin et dont « Les Echos » ont eu copie. Elle porte en effet sur le temps de travail. Victorieux de la primaire du PS dimanche, Benoît Hamon prône le passage de 35 à 32 heures. A droite, François Fillon, lui, veut supprimer toute durée légale et, par voie de conséquence, la majoration obligatoire des heures supplémentaires.

Le centre de réflexion rattaché à Matignon ne prend pas position pour l’un ou l’autre, mais « veut clarifier le débat en identifiant l’objectif visé », explique l’un de ses auteurs, Fabrice Lenglart, commissaire général adjoint de France Stratégie. Celui d’une réduction ou d’une augmentation de la durée du travail est le même : lutter contre le chômage, estime la note. Pour y réussir, dans un cas comme dans l’autre, il faut « avant tout veiller à maîtriser les coûts salariaux unitaires ».

Dans un « contexte de croissance faible et de rupture technologique », « une nouvelle baisse de la durée du travail […] peut être vue comme une modalité de partage du temps de travail » et « conduire à des créations d’emplois et à une baisse du chômage à court terme », admet France Stratégie. Mais pour qu’elle soit « durable », il faut des gains de productivité via une « réorganisation des méthodes de travail » et une modération y compris des bas salaires. A défaut d’une baisse du SMIC mensuel, l’institut évoque la nécessité de nouvelles baisses des prélèvements sur les entreprises, alors même que les allégements de cotisations « ont déjà considérablement augmenté ». A contrario, une hausse de la durée du travail « risque d’entraîner à court terme une hausse du chômage dans la mesure où les entreprises auront tendance, à niveau donné de leurs carnets de commandes, à ajuster leur cible de main-d’oeuvre à la baisse », surtout si la conjoncture est déprimée, juge le think tank. A moyen terme, l’effet peut s’inverser, à la condition d’une hausse des salaires inférieure à celle de la durée du travail, conduisant à une baisse des coûts salariaux unitaires. Sans garantie cependant « sur la motivation des salariés et donc sur leur productivité ».

S’il renvoie donc dos à dos droite et gauche sur le temps de travail, France Stratégie n’oublie pas pour autant un troisième scénario : celui défendu par Emmanuel Macron, qui a évoqué l’idée d’une durée du travail qui varierait selon l’âge du salarié. D’autres pays ont d’ailleurs engagé des réformes en ce sens. Mais elles visent à « porter l’adéquation tout au long de la vie des temps de travail aux aspirations des salariés à plus de liberté dans la gestion de leur temps et aux besoins de flexibilité des entreprises », pas à baisser le chômage, avertit France Stratégie, qui inclut dans une telle logique le travail du dimanche.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 31/01/2017

Hôtellerie-restauration : le patronat pousse son plan d’action

L’Umih appelle à gagner 1 point de PIB en cinq ans.
Soit 200.000 emplois et 21 milliards supplémentaires.

Le tourisme ne sera pas absent des débats de la campagne présidentielle, ni de ceux des élections législatives et sénatoriales qui suivront. L’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, et ses syndicats associés vont profiter de cette séquence politique chargée pour porter haut les couleurs de ce secteur clef – 7,4 % du PIB en 2015 et quelque 2 millions d’emplois – en proposant un « Plan d’actions à l’adresse des candidats aux élections de 2017 ».

Officialisé ce mardi et présenté sous la forme d’un livret didactique, ce plan s’articule autour de « 7 priorités » – accompagnées de diverses mesures -, la première d’entre elles entraînant les six autres : l’Umih appelle tout d’abord à gagner 1 point de PIB supplémentaire en cinq ans, soit 21 milliards d’euros de recettes additionnelles (la consommation touristique représente près de 159 milliards) et 200.000 emplois.

Création d’un fonds pour la promotion

Reprenant l’objectif gouvernemental des 100 millions de visiteurs étrangers en 2020, à comparer à environ 85 millions en 2015 et probablement entre 80 et 82 millions l’an dernier, l’Umih préconise de porter à 100 millions d’euros par an le budget alloué à la promotion. Pour ce faire, elle plaide pour la création d’un fonds, soutenu par l’Etat et alimenté par « tous les acteurs » profitant du tourisme.

En outre, l’organisation préconise de simplifier le pilotage de la filière, qui dépend de deux ministères – Economie et Affaires étrangères – et de deux secrétariats d’Etat, avec la création d’un ministère du Tourisme de « plein exercice ». Par ailleurs, le plan de l’Umih remet sur la table des thématiques bien connues mais pas assez « creusées », comme la valorisation de l’apprentissage et la simplification administrative. Autres sujets lancinants : la stabilisation de la fiscalité et le respect par les plates-formes Internet de leurs obligations légales.

Christophe Palierse

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Les grands ports français résistent

 

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe.

Le ralentissement du commerce mondial, de mauvaises récoltes céréalières et la crise énergétique ont pesé en 2016.
Des investissements en hausse, des efforts sur la logistique et des chantiers innovants soutiennent l’activité.

Promulguée le 21 juin 2016, la loi sur l’Economie bleue censée traduire « une politique maritime ambitieuse », comme s’en félicitait Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, ne sera pas du luxe pour le domaine portuaire français. L’initiateur de ce texte, le député PS Arnaud Leroy, en appelait d’ailleurs à « un véritable plan Marshall portuaire ». Au vu des bilans d’activité mitigés des grands ports maritimes français, ces infrastructures portuaires en ont plus que jamais besoin.

Haropa – Le Havre, Rouen, Paris

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre, qui constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe, ont enregistré en 2016 une baisse de 4,8 % de leurs trafics maritimes, à 87,1 millions de tonnes, pénalisés notamment par la mauvaise récolte céréalière. Pour Hervé Martel, son président (et directeur général du Port du Havre), Haropa « a cumulé les handicaps sur des facteurs exogènes ». Ceux-ci n’ont cependant pas empêché le trafic de conteneurs de battre « pour la deuxième année de suite son propre record de et vers le marché français », avec 1,96 million d’EVP (pour équivalent vingt pieds, unité de mesure des conteneurs), en hausse de 0,6 %. Sur la période 2011-2016, la part de marché des ports de Paris, Rouen et Le Havre sur les conteneurs échangés dans les ports du « range nord » européen est passée de 5,9 % à 6,4 %. En 2017, Haropa va investir près de 95 millions d’euros, tandis que les investissements privés devraient atteindre plus de 595 millions, contre 527 millions en 2016.

Marseille Fos

Malgré « la réduction de la rente pétrolière », que pointe du doigt Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille Fos, la hausse du nombre de conteneurs débarqués (+3 %), mais aussi de voitures (+5 %), remorques (+7 %), « petits vracs » et GNL a permis de stabiliser le trafic 2016 au niveau de 2015, avec un trafic total de 80,9 millions de tonnes. Quant au trafic passagers, à 2,7 millions (+6 % sur un an), il témoigne du succès de la destination provençale pour les croisiéristes (+9 %), du dynamisme des lignes vers l’international (+12 %) et d’un retour à la normale pour la desserte de la Corse. De quoi rendre les autorités portuaires « assez confiantes » pour 2017. D’autant que s’y ajoute, à terre, un potentiel logistique, comme l’illustrent les 250.000 mètres carrés développés en 2016. Les investissements totaux ont progressé de 22 %, à 55 millions d’euros.

Si la fermeture de la raffinerie Total de La Mède symbolise la fin d’un modèle, le positionnement de Marseille Fos sur la transition énergétique est conforté par de nombreux projets. Quant au choix du néerlandais d’Interxion de baser son futur data center dans des locaux portuaires obsolètes, il souligne encore ce changement d’ère. En 2017, le port de Marseille table sur une croissance de 2,2 % de son trafic et des investissements en hausse de 18 %, à 65 millions.

Dunkerque

Troisième des grands ports maritimes en termes de trafic, Dunkerque a vu son activité en 2016 freinée par les arrêts techniques pour maintenance d’un des hauts fourneaux d’ArcelorMittal, la fermeture définitive de la société de raffinerie de Dunkerque et le retard dans le démarrage de l’exploitation du terminal méthanier. Il a néanmoins réussi à maintenir son tonnage, à 46,7 millions de tonnes (+0,3 %). Avec le trafic de Calais et Boulogne-sur-Mer, les ports des Hauts-de-France totalisent 90,7 millions de tonnes. L’Association des ports des Hauts-de-France vient d’ailleurs d’être créée avec pour objectif avoué de gagner des parts de marché sur Le Havre au sud et Anvers et Rotterdam au nord, grâce au futur canal Seine Nord, qui leur permettra d’aller chercher des flux de conteneurs dans l’« hinterland », à l’intérieur des terres. Dunkerque-Port a déjà enregistré en 2016 une progression record de 7 % de son trafic de conteneurs, à 341.000 EVP, souligne Stéphane Raison, président du directoire. Ce dernier se félicite du retour de grands groupes nordistes comme Castorama, Roquette ou encore Auchan. Selon des projections ambitieuses, le trafic conteneurs pourrait être multiplié par 7 en… 2035, à 2,5 millions d’EVP.

Nantes-SaintNazaire

Après cinq ans de baisse continue, le trafic du port de Nantes-Saint-Nazaire a légèrement progressé en 2016, à 25,5 millions de tonnes (+0,3 %). La progression aurait été plus marquée sans les blocages de la raffinerie de Donges liés à la loi travail, en mai et juin 2016. Les trafics énergétiques, qui représentent 64 % des volumes, ont néanmoins progressé de 6,5 %. Autre satisfaction, le sursaut du trafic roulier (+19 %) porté par l’autoroute de la mer Vigo-Montoir et par la Milk Run Med. Celle-ci, transportant des colis aéronautiques, est désormais utilisée par Renault Nissan et Scania. Le trafic du terminal à conteneurs de Montoir a lui perdu 2 %, à 183.000 EVP. Nantes-Saint-Nazaire reste très au-dessous de son équilibre économique. Il lui faudrait 30 millions de tonnes pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Pour y parvenir, les investissements se poursuivent avec 40 millions d’euros programmés cette année, après 30 millions l’an dernier.

Bordeaux La Rochelle

Le port de Bordeaux a vu son trafic reculer de 6,5 %, à 7,85 millions de tonnes, l’an dernier sous l’effet de la baisse des exportations de céréales, qui pèse un quart du tonnage traité. Les hydrocarbures, autre grand poste d’activité, ont faibli de 1,7 %. Une lente glissade qui a fait le bonheur de La Rochelle, un port en eau profonde et désormais premier port en tonnage de la région Nouvelle-Aquitaine, à 9,23 millions de tonnes (-5,9 %). Avec le projet XL Gironde de dragage de l’estuaire dans lequel le port de Bordeaux investit 15 millions d’euros cette année, le port a l’ambition de faire gagner près de 10 % de tirant d’eau aux navires. Enfin, Bordeaux s’invite parmi les destinations de choix pour les croisiéristes. Ils ont été 50 à accoster en 2016, en hausse de 40 % par rapport à 2015, et devraient être 53 cette année.

Antoine Boudet et Nicole Buyse

 

::: POLITIQUE

FRANCEINFO – 31/01/2017

Présidentielle : les propositions du Medef pour sauver l’entreprise

 

Le président du Medef Pierre Gattaz le 10 janvier 2017 à l’Elysée au moment des vœux aux partenaires sociaux.

Franceinfo vous révèle les propositions que le Medef va soumettre mardi 31 janvier aux candidats à la présidentielle pour sauver l’entreprenariat. 

Pour le Medef, le constat est simple : le sujet de l’entreprenariat est en train de passer à la trappe des programmes des candidats à la présidentielle. A trois mois du scrutin, le patronat se mobilise pour remettre ce sujet au centre du débat. Le Medef et le collectif Entreprendre2017 dévoilent mardi 31 janvier plusieurs  propositions concrètes à destination des candidats de droite comme de gauche.

Insuffler l’esprit d’entreprendre aux plus jeunes

Le Medef préconise de sensibiliser les élèves dès l’école primaire mais aussi les apprentis, les étudiants et les enseignants via des méthodes ou des formations spécifiques.

Encourager la création d’entreprise

Pour créer plus d’entreprise et diminuer le taux de défaillance, le Medef veut revoir le dispositif d’exonération de charges sociales la première année.

Simplifier la cession des entreprises

Le collectif propose de supprimer la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Cette loi oblige les patrons à informer les salariés de tout projet de vente de l’entreprise, deux mois avant l’échéance, sous peine d’amende.

Attribuer un numéro de Siret à tous les Français dès l’âge de 16 ans

Le numéro Siret est un peu le numéro de la carte d’identité d’une entreprise. Avec cette mesure, le Medef estime que les Français pourront créer une entreprise à n’importe quel moment. Cette proposition avait déjà été avancée par Jean-François Copé lors de la campagne de la primaire de la droite.

Sarah Lemoine

 

 

L’OPINION – 31/01/2017

Hamon ou la tentation du clash avec le PS

Rallier la gauche au-delà du PS ou rassembler l’ensemble de la famille socialiste ? Benoît Hamon est désormais au pied du mur. Prochain test : la convention d’investiture, ce dimanche

Le Premier ministre a reçu lundi Benoît Hamon. À l’issue de ce tête-à-tête, Bernard Cazeneuve a mis en garde le vainqueur de la primaire : « Je le dis franchement et nettement à Benoît Hamon, la gauche ne réussira pas sans assumer le bilan de François Hollande. » De son côté, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a indiqué que le quinquennat était « bon sur certains aspects, plus discutables sur d’autres », souhaitant « enrichir son projet mais sans le dénaturer ». Benoît Hamon doit s’entretenir jeudi avec le président de la République.

Lundi, en fin d’après-midi, dans la cour de Matignon, le Premier ministre, après une heure et demie de tête-à-tête avec le candidat socialiste, a adopté un ton particulièrement grave : « Benoît Hamon a une responsabilité éminente. C’est à lui de rassembler, de trouver les mots ». Puis il a souligné qu’en tant que chef de la majorité, il œuvrerait lui-même pour rassembler les progressistes, mais « dans un souci de crédibilité, de vérité et de confrontation avec la réalité. » Chaque mot est pesé au trébuchet et renvoie aux interrogations qui pèsent sur Benoît Hamon.

Le Premier ministre n’a pas adopté ce ton « de la dernière chance » par hasard. Depuis quelques jours, les proches de Benoît Hamon ne cessaient de susurrer, dans un sourire entendu, « vous verrez dimanche, il fera un discours d’ouverture. » À l’heure dite, dimanche soir, la famille socialiste était donc sur France2 pour entendre son nouveau candidat à l’élection présidentielle. Son intervention a eu l’effet d’un coup de massue. En s’adressant directement à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, il a fait exactement le contraire de ce que beaucoup espéraient.

Héros des frondeurs. Benoît Hamon n’a envoyé aucun signe propre à rassurer les proches de Manuel Valls ou du chef de l’État. Ni sur le bilan, ni sur son propre programme qui aurait été passé à la paille de fer de la crédibilité. Il a suivi la dynamique de la primaire, qui le déporte sur sa gauche, visant à « ringardiser Mélenchon », à demeurer le héros des frondeurs et l’épouvantail de tous les socialistes qui estiment que l’histoire rendra justice à ce quinquennat. « Soit il représente une candidature de témoignage, qui va tenter de prendre deux ou trois points à Mélenchon dans l’objectif d’incarner après 2017 le leadership de l’opposition, soit il veut véritablement se hisser à 20 %, se battre pour être au deuxième tour de la présidentielle et il se recentre au cœur de la famille socialiste », souligne un poids lourd du gouvernement.

Lundi matin, à Matignon, le Premier ministre qui avait réuni tout son gouvernement, avait perçu une ambiance proche de la sidération. « Autour de la table, la plupart des ministres étaient plongés dans la stupéfaction, note un secrétaire d’État. Beaucoup ne vont avoir qu’une idée en tête, se mettre en quarantaine ».

« C’est manifestement notre candidat, remarque un ministre abattu. On ne peut donc pas lui cracher à la figure ». Même parmi les socialistes les moins critiques à l’égard de Benoît Hamon, on estime que son entrée en scène présidentielle a été une erreur. « Aujourd’hui, l’opinion majoritaire à gauche, c’est qu’être légitimiste, c’est voter Macron. Il doit renverser la vapeur », observe un leader du PS. Un proche de François Hollande approuve : « Macron, lui au moins, il ne dit pas de mal du bilan, il se contente de dire du bien de ce qu’il va faire ».

Un reproche qu’a dû percevoir Benoît Hamon. Lors du Journal de 20 heures, lundi 30 janvier sur France 2, l’ancien ministre a en effet admis que ce quinquennat était pourvu « d’éléments positifs », louant le combat de Matthias Fekl contre le Tafta ou la persévérance de Marisol Touraine sur le compte pénibilité. Il s’est par ailleurs dit prêt à s’inspirer des « contributions qui sont celles de la famille socialiste » pour enrichir son programme, tout en restant ferme sur le revenu universel, dont il « maintiendra le cap ».

Grand oral. « On a une vingtaine de jours utiles pour mettre tous les signaux au vert : rassembler, éviter l’hémorragie et poursuivre la dynamique. Il y a une bataille de l’opinion interne au PS à mener », estime Régis Juanico, le porte-parole de Benoît Hamon. Après avoir hésité, le candidat a préféré reporter l’épreuve d’affronter les députés socialistes à l’occasion de la réunion de groupe. Son grand oral face aux députés n’aura pas lieu ce mardi matin. « Il faut laisser les choses se décanter, ne pas mettre la pression », observe un proche de Hamon, ce que traduit un leader socialiste : « Il lui était difficile de faire face à 200 députés hostiles ».

En réalité, tout devrait se dénouer le 5 février, à la convention d’investiture. À 12 heures 30, Benoît Hamon prendra longuement la parole devant 2 000 socialistes. « On verra alors s’il est en capacité de parler à tous », note un proche du chef de l’État, qui sera présent à la Mutualité. Concrètement, cela veut dire donner des gages sur le bilan et ses propres propositions. Les Hollandais, qui se réunissaient lundi soir autour de Stéphane Le Foll, au ministère de l’Agriculture, rue de Varenne, ont une idée très précise des points durs. Pour eux, le bilan ne se cristallise pas sur le 49.3 ou sur la déchéance de nationalité, deux marqueurs dont ils ne font pas des totems.

En revanche, la loi El Khomri ne peut être simplement rayée d’un trait de plume. « Il faudra dimanche qu’il nous dise clairement ce qu’il peut garder de la loi », affirme l’un d’entre eux. Benoît Hamon est également attendu sur le Pacte de responsabilité. « Il a indiqué que la première marche de son revenu d’existence, c’était l’équivalent du Pacte de responsabilité et de compétitivité, soit 40 milliards d’euros. Soit il a pris seulement un élément de comparaison, soit il a l’intention de revenir sur le Pacte, et il franchit la ligne jaune ».

Droit d’inventaire. Lundi matin, autour de Bernard Cazeneuve, le débat s’est également noué sur la question du bilan. « L’idée qu’il y a une sorte de droit d’inventaire dans ce quinquennat n’est pas totalement absurde, souligne un membre du gouvernement. On voit bien que notre électorat rejette une partie de ce bilan, et que ceux qui s’en sortent le mieux dans l’opinion sont ceux qui ont pris leurs distances avec Hollande et son bilan. Après, on ne peut pas gagner en disant que tout a été nul non plus. Le problème, c’est de trouver la bonne distance. » Ce ministre fait remarquer que Benoît Hamon était membre du gouvernement lorsque François Hollande a annoncé le CICE, puis amorcé, avec le Pacte de responsabilité, son tournant social-libéral, et n’a pas bronché.

Au sein du gouvernement et du « marais » parlementaire, on est donc prêt à s’accorder sur un possible soutien à Benoît Hamon. Mais cela n’ira pas sans sacrifices pour ce dernier. « Il a donné suffisamment de gages à gauche, notamment aux jeunes CSP + qui soutiennent Mélenchon, maintenant, il doit se recentrer, faire la synthèse », espère encore un jeune ministre. Mais rien n’indique à ce stade que Benoît Hamon, fort de ses 59 % de suffrages, ait la moindre intention de se livrer à cet exercice.

Jean-Jérôme Bertolus

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Jadot invite Hamon à « s’émanciper » du PS

Le candidat écologiste déclare qu’il y aura « un bulletin Jadot à la présidentielle ». Les vallsistes, eux, demandent à Benoît Hamon un projet présidentiel de nature à créer « une dynamique de rassemblement ».

Benoît Hamon, qui a remporté la primaire à gauche dimanche 29 janvier, a annoncé au soir des résultats qu’il comptait dialoguer avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et avec Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche qui se présente désormais sous la bannière du mouvement La France insoumise. « Je proposerai à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de construire une majorité gouvernementale sociale, économique et démocratique, a déclaré celui qui est désormais le candidat du PS à l’élection présidentielle. Il faudra rassembler la gauche et les écologistes. »

Invité sur BFM-TV, Yannick Jadot s’est félicité lundi de la victoire de Benoît Hamon. « En temps que candidat écologiste qui veut que le débat écologiste s’ouvre [largement] en France », c’est une « excellente nouvelle », a-t-il dit. En revanche, le candidat EELV ne s’est pas prononcé sur un éventuel soutien au candidat issu de la primaire à gauche, estimant que la question était maintenant celle de la « cohérence ».

« Si Benoît Hamon est prêt à s’émanciper d’un Parti socialiste qui n’a jamais fait sa conversion écologiste, je militerai à ses côtés pour que nous nous lancions ensemble dans cette grande aventure. » Mais « si l’objectif d’Hamon est de faire le compromis avec Valls, il n’y aura pas de grande dynamique ». « Ce que je lui propose, c’est le grand large », a-t-il déclaré.

  1. Jadot a souligné par ailleurs que la question de son désistement n’était pas à l’ordre du jour : « J’ai un mandat, je suis le candidat écologiste issu d’une primaire. » « Il y aura un bulletin Jadot à la présidentielle », a-t-il assuré, ajoutant qu’il avait pour l’heure rassemblé 350 signatures sur les 500 nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle.

« Tendre la main »

Lundi, le directeur de campagne du candidat vainqueur, Mathieu Hanotin, a répété l’appel au rassemblement lancé la veille par Benoît Hamon. « Le rassemblement c’est bien au-delà des acteurs institutionnels, politiques, qui ont fait le choix d’être candidats, ça s’adresse avant tout aux citoyens de gauche », a-t-il estimé à l’antenne de LCI.

« Est-ce que le bilan de François Hollande est indéfendable ? Certains l’ont dit, Benoît Hamon ne l’a pas dit », a également déclaré le député de Seine-Saint-Denis, soucieux de tendre la main aux soutiens de Manuel Valls. Soulignant trois divergences fortes avec la politique gouvernementale – « la déchéance de nationalité, la loi travail, l’utilisation du 49-3 » – M. Hanotin a ajouté : « En dehors de ça, il s’est quand même passé beaucoup de choses au gouvernement et beaucoup de choses sur lesquelles à titre personnel, [et] Benoît Hamon lui-même, nous avons voté les lois », a-t-il assuré.

Au micro de RTL, le porte-parole de Manuel Valls, Philippe Doucet, soutient qu’il revient à M. Hamon de « tendre la main » et de faire « l’inverse » de ce qu’a fait François Fillon après sa victoire à la primaire de la droite.

« Je pense qu’il y a des désaccords qui resteront. Mais Benoît Hamon, dans la semaine, dans les quinze jours qui viennent, il a un choix à faire (…). Il doit élargir, il doit passer d’un projet de la primaire à un projet de la présidentielle. »

  1. Doucet soutient que le vainqueur de la primaire à gauche a « intérêt à réunir les candidats de la primaire autour de lui » pour avoir « une dynamique de rassemblement » et regarder « où il y a des points de convergence ».

Interrogé sur d’éventuels ralliements à Emmanuel Macron de parlementaires socialistes, le porte-parole de M. Valls a répondu : « On ne sait pas ce que pense Emmanuel Macron et puis, par ailleurs, quand vous êtes un député socialiste, élu par des électeurs socialistes avec des militants socialistes, vous avez aussi des comptes à rendre à vos propres militants et à vos propres électeurs, fait valoir Philippe Doucet. Je pense que la majorité des députés socialistes ne suivra pas Macron, (…) peut-être même moins d’une dizaine. C’est mon sentiment, je peux me tromper mais je pense que ça n’ira pas beaucoup plus loin. »

« Pas de rendez-vous pris » avec Mélenchon

Egalement invité au rassemblement dimanche par Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon avait opposé jeudi une fin de non-recevoir à toute idée en ce sens. Depuis, le candidat de La France insoumise a adouci son discours envers le candidat socialiste, saluant dimanche « des paroles si proches des nôtres » et « un fait qui donnera ses fruits le moment venu ».

Lundi, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, a estimé que la candidature de Benoît Hamon n’incarnait pas le renouvellement souhaité par les Français et a écarté l’idée que son leader puisse s’effacer au profit du candidat socialiste. « Ce serait extrêmement arrogant que le candidat PS dise (…) “arrêtez de faire campagne” », a-t-il déclaré, précisant qu’il y aurait bien un bulletin Mélenchon à la présidentielle.

Réaction d’Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, lundi sur Sud Radio-Public Sénat : « A ce stade, il n’y a pas encore de rendez-vous de pris » avec le candidat de La France insoumise.

Le candidat socialiste doit rencontrer lundi le premier ministre Bernard Cazeneuve et les membres du gouvernement, ainsi que François Hollande dans la semaine.

Vidéo : http://abonnes.lemonde.fr/primaire-de-la-gauche/article/2017/01/30/jadot-invite-hamon-a-s-emanciper-du-ps_5071594_5008374.html

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

François Fillon repart à l’offensive et compte cibler Emmanuel Macron

Le candidat de la droite estime avoir remobilisé ses troupes dimanche lors de son grand meeting de la Villette.

La justice a exaucé le vœu de François Fillon: il souhaitait être reçu «dans les plus brefs délais» par le parquet financier, il a été entendu lundi, avec son épouse. Pendant que l’enquête se poursuit, le candidat et son équipe essaient, eux, de continuer à mener campagne. Comme si de rien n’était, ou presque. Lors de la réunion des cadres qui a précédé le meeting de la Villette, dimanche matin, Patrick Stefanini, le directeur de campagne, n’a pas dit un mot du soupçon d’emplois fictifs qui pèse sur Penelope Fillon. «Il n’a parlé que de l’organisation, rapporte un participant, et c’était du Stefanini pur jus: net, carré.» François Fillon ne s’est pas montré. Il ne devrait pas non plus apparaître mardi devant les élus régionaux les Républicains, convoqués par le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer.

Quant aux parlementaires qui espéraient voir le candidat cette semaine, ils seront déçus. «Fillon considère que le meeting a remobilisé les troupes, il ne veut pas donner l’impression de s’occuper de l’interne, explique un proche. Il doit être entièrement tourné vers les Français.» Tous les porte-parole, Thierry Solère en tête, ont célébré le «beau discours» de leur champion à la Villette. «C’était puissant», a assuré le député LR des Hauts-de-Seine, reprenant un qualificatif employé par Jean-Pierre Raffarin.

Les lieutenants de l’ex-premier ministre doivent repartir à l’offensive. Conformément aux «éléments de langage» – «EDL» , dans le jargon de la communication politique – diffusés par le QG, les fillonistes les plus fréquemment invités dans les médias ont concentré leurs tirs sur Emmanuel Macron. Avant que l’issue de la primaire de gauche soit connue, la consigne était déjà de présenter le fondateur d’En marche! comme un «candidat de gauche». Depuis que Benoît Hamon a triomphé de Manuel Valls, l’angle d’attaque a été affiné. «Macron est désormais le dernier survivant du hollandisme», explique Thierry Solère, qui se réjouit que «la gauche soit segmentée entre deux représentants irréconciliables».

«Se battre comme un lion»

Vue du terrain, la séquence «remobilisation» paraît moins aboutie qu’on semble le penser à Paris. «Chez moi, c’est 50/50, raconte le député du Var Philippe Vitel. La moitié de nos électeurs considère qu’on harcèle notre candidat de façon ignoble, l’autre moitié est ébranlée.»

Assurant qu’il «garde le moral» et qu’il veut «se battre comme un lion», Vitel a apprécié le discours de Fillon, qu’il a suivi à la télé, mais juge qu’il en faudra plus pour reconquérir des sympathisants déroutés. Le problème, selon lui, ne se limite pas aux «boules puantes»: «Ce qui nous a fait beaucoup de mal, estime le député, c’est la santé. Le tract format carte postale de Marine Le Pen où elle dit “Fillon va vous rendre malade” a causé de gros dégâts, et ce que Fillon a dit à la Villette n’a pas suffi à rassurer les gens. Il faut leur expliquer qu’ils vont être mieux soignés pour moins cher!»

Dans le Var, «Macron prend au centre, mais aussi à droite», affirme Philippe Vitel, qui explique par «une obsession de renouveau» l’attraction opérée par le candidat d’En marche!

Dans le Maine-et-Loire, terre plus centriste, le député ex-juppéiste Marc Laffineur fait le même constat. Selon lui, «les gens sont très perplexes et très hésitants. Ceux qui se tournent vers Macron le font par attrait pour la nouveauté, mais aussi par rejet des autres. Mais ils ne sont pas encore dans la présidentielle. Ils ne s’intéressent pas à son programme, ils ne se demandent pas avec quelle majorité il pourrait bien gouverner». «Rien n’est perdu», assure Laffineur, qui est revenu plein d’espoir du meeting de la Villette: «Fillon a mis dans son discours beaucoup plus d’affect que d’habitude, et c’est très bien!»

Dans le Grand Est, la conseillère régionale sarkozyste Valérie Debord se réjouit, elle, des annonces sociales du candidat. «C’est exactement ce qu’on attendait, ça prouve qu’on a été entendus», confie-t-elle. Elle a pu vérifier lundi lors d’une galette des rois organisée par la Ville de Nancy que les retraités avaient apprécié les augmentations promises par François Fillon. Elle assure que «c’est de nature à contrebalancer la tentation de voter pour Marine Le Pen, plus présente dans cette partie de la France que la tentation Macron». Le FN aussi espère profiter des malheurs du candidat de la droite.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/01/30/35003-20170130ARTFIG00328-fillon-repart-a-l-offensive-et-compte-cibler-macron.php

 

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 31/01/2017

Brexit : les entreprises préfèrent l’Allemagne et les Pays-Bas à la France

 

Bye-bye London ? Bonjour Paris ? Pas évident.

Selon une étude d’EY, la France n’est que le troisième pays préféré par les entreprises étrangères pour relocaliser leur activité.

« Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. » Cette célèbre petite phrase du footballeur britannique Gary Lineker peut aussi s’appliquer à l’économie. En tout cas en ce qui concerne les conséquences du Brexit. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par le cabinet de conseil EY qui a interrogé 254 dirigeants de sociétés étrangères implantées au Royaume-Uni en novembre dernier. Selon cette enquête, 14 % des entreprises à capitaux étrangers installées de l’autre côté de la Manche estiment que le vote de juin dernier aura des conséquences sur leur organisation, ce qui les poussera à transférer tout ou une partie de leur activité autre part. « C’est considérable et cela va avoir un impact fort sur l’industrie manufacturière et l’industrie financière en Grande-Bretagne », estime Marc Lhermitte, associé chez EY et coauteur de l’étude.

L’Allemagne est la destination privilégiée par ces entreprises désireuses de transférer une partie de leur activité à l’étranger, suivie des Pays-Bas. La France n’arrive qu’en troisième position, juste avant l’Irlande. « Le contexte général est inquiétant pour les multinationales. Il existe une instabilité générale depuis l’élection de Donald Trump : les taux de change sont volatils et l’avenir du commerce international, incertain. Du coup, l’Allemagne, avec une élection à venir qui ne fait pas particulièrement peur, est vue comme un îlot de stabilité », explique Marc Lhermitte. D’ailleurs, chez les dirigeants interrogés, le Brexit n’apparaît que comme étant la troisième plus forte préoccupation, derrière la volatilité des marchés et l’instabilité politique des pays européens. A l’inverse, « la France ne propose pas un contexte politique très stable actuellement ni un environnement fiscal et réglementaire assez efficace », juge l’associé d’EY. A ce titre, « le résultat de l’élection présidentielle sera important ».

Les Asiatiques intéressés

Toutefois, l’Hexagone a des atouts à faire valoir, notamment sa capitale, dynamique et qui reste la plus grande ville d’Europe continentale. « A terme, le Grand Paris a beaucoup à gagner. Le jeu reste ouvert », pointe Marc Lhermitte. A la question de savoir quelles villes seraient leur destination privilégiée en Europe, les investisseurs étrangers interrogés par le cabinet de conseil citent d’abord Londres – pour 54 % d’entre eux – puis Paris, mis en avant par 48 % des investisseurs et enfin, loin derrière, Francfort, Berlin et Madrid. « Paris a réduit l’écart avec Londres, parce que l’enthousiasme pour la capitale britannique baisse et parce que les investisseurs cherchent une autre ville « réellement mondiale » en Europe, les Asiatiques se montrant particulièrement intéressés », notent les auteurs de l’étude.

VIDEO – Quels pays profitent vraiment du Brexit ? http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0211738648714-brexit-les-entreprises-preferent-lallemagne-et-les-pays-bas-a-la-france-2061379.php

 

Guillaume de Calignon

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Merkel face à la pression de plus en plus forte d’Erdogan

Le président turc exige que l’Europe lui livre tous ceux qui tentent d’échapper à la purge déclenchée après le putsch manqué.

Angela Merkel se prépare à un exercice périlleux. Jeudi, la chancelière allemande se rend en Turquie pour parler, officiellement, de la crise des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme. Mais c’est tout simplement des relations entre l’Europe et Ankara dont il sera question, alors que le pouvoir se durcit dans la péninsule et menace l’Union. Le président Recep Tayyip Erdogan réclame le soutien des Européens dans son entreprise de purge de l’opposition, faute de quoi, laisse-t-il comprendre, l’accord sur le contrôle de la frontière, qui protège l’Union d’une éventuelle nouvelle crise migratoire, serait remis en cause.

De l’autre côté de la mer Égée, l’embarras est perceptible face à l’escalade d’Ankara. En témoigne la gêne des autorités allemande ou grecque vis-à-vis des militaires turcs qui ont fui leur pays depuis la tentative de putsch avortée du 15 juillet dernier. Une quarantaine d’officiers de haut rang stationnés sur les bases de l’Otan ont ainsi demandé l’asile en Allemagne, ont révélé Der Spiegel et l’ARD ce week-end. «Si je retourne en Turquie, je risque d’être emprisonné et peut-être même torturé», a déclaré l’un des militaires aux médias allemands. Il craint d’être accusé d’avoir soutenu le coup d’État. Il assure pourtant n’avoir «aucune sympathie pour les putschistes».

La réponse turque n’en a pas moins été cinglante: «Les autorités et les tribunaux allemands doivent y réfléchir très attentivement et absolument rejeter leurs demandes», a affirmé le ministre de la Défense, Fikri Isik. Les procédures suivront leur cours comme pour n’importe quelle demande d’asile, ont laconiquement réagi les autorités allemandes.

La mise en garde du pouvoir turc à Berlin est du même ordre que celle adressée à Athènes la semaine dernière. Le gouvernement turc exige que huit militaires, qui ont fui le pays le 16 juillet, lui soient remis. Mais la Cour suprême grecque s’est opposée à leur extradition vers la Turquie, alors qu’ils ont été jugés et condamnés en Grèce pour être entrés illégalement sur le territoire. «Nous ne pouvons pas regarder positivement un pays qui protège des terroristes, des traîtres, des putschistes», a menacé vendredi Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères. «La Grèce doit savoir cela. Nous prendrons les mesures nécessaires, y compris l’annulation de l’accord de réadmission», a-t-il prévenu.

À Athènes, le premier ministre Alexis Tsipras s’est retranché derrière l’institution judiciaire. «Les responsables du coup d’État ne sont pas les bienvenus dans notre pays, a-t-il souligné, mais la justice grecque est indépendante.» Pour la Cour suprême, les militaires condamnés risquaient d’être torturés dans leur pays.

En Turquie, la chancelière se prépare à un numéro d’équilibriste. L’opposition turque critique son voyage, qui ne pourra servir qu’à «soutenir» Recep Tayyip Erdogan, a déclaré son leader, Kemal Kiriçadaroglu, dans une interview à la Süddeutsche Zeitung. À quelques semaines d’un référendum pour renforcer ses pouvoirs, le président turc savoure son influence: avant de recevoir la chancelière, c’est la première ministre britannique, Theresa May, qui a fait le déplacement jusqu’à lui.

À Berlin, on est conscient des contradictions. Mais Angela Merkel tient coûte que coûte à l’accord sur les réfugiés qu’elle a négocié l’année dernière. Elle veut aussi éviter un raidissement des relations diplomatiques qui pousserait Ankara dans les bras de Moscou. Au ministère des Affaires étrangères, on plaide pour le maintien du dialogue avec Ankara. On veut croire aussi que la Turquie n’a pas intérêt à rompre ses relations avec l’Europe.

Nicolas Barotte

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Theresa May maintient l’invitation à Donald Trump en dépit des protestations

Des milliers de personnes ont manifesté, lundi en Grande-Bretagne, contre la venue annoncée du président américain.

« Honte à May ! ». Pour la première ministre britannique, le retour de bâton est spectaculaire. Deux jours après avoir été couverte de louanges par la presse conservatrice pour sa prestation jugée plutôt habile au côté de Donald Trump à Washington, des milliers de manifestants l’ont conspuée, lundi 30 janvier, toute la soirée, non seulement aux abords de Downing Street mais dans de nombreuses villes du pays. Au même moment, la pétition officielle lancée sur le site du Parlement contre la visite d’Etat du président américain à l’invitation de Theresa May dépassait 1,6 million de signataires.

Image flétrie

« C’était déjà embarrassant qu’elle se précipite pour être la première à faire la révérence à Trump. Mais qu’elle invite ce raciste ici, c’est vraiment trop », fulmine Caroline, 36 ans, une professeur d’anglais noyée dans le rassemblement londonien « contre le bannissement des musulmans ». « Non au racisme, non à Trump ! », « Expulsez Theresa May ! », « La relation spéciale [avec les Etats-Unis] ? Dites simplement non ! », proclament les banderoles. Dans une sono crachotante, des militants pro-droits de l’homme, des réfugiés de « pays musulmans » et des ténors politiques de gauche s’époumonent.

« May sacrifie nos valeurs pour obtenir un accord commercial post-Brexit. Elle se fait complice de la tyrannie ! », lance Caroline Lucas, leader des Verts, tandis que Diane Abbott, proche du leader Labour Jeremy Corbyn appelle à « résister à l’islamophobie ». Des militants musulmans disent leur « honte » et leur « crainte » ; certains démarrent leur harangue en scandant des « Allahou akbar ». Le patron d’un syndicat d’enseignants avertit : « On sait ce qui s’est passé dans les années 30 quand les gens n’ont rien dit ».

Plutôt accueillie avec fierté au Royaume-Uni, l’image de Theresa May en tailleur rouge marchant main dans la main, vendredi, avec Donald Trump, a commencé à se flétrir dès le lendemain lorsque, en déplacement en Turquie, elle a refusé à trois reprises de condamner la décision de Donald Trump de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays. Il a fallu de longues heures pour que Downing Street réprouve du bout des lèvres la mesure, tout en considérant qu’elle « concerne le gouvernement des Etats-Unis ».

Reçu comme « Mugabe et Ceausescu »

Lundi, Mme May a fait savoir qu’elle était « très heureuse » que M. Trump ait accepté l’invitation formellement adressée par la reine Elizabeth. Boris Johnson, son ministre des affaires étrangères a même insisté : le président Trump, a-t-il déclaré au cours d’un tumultueux débat en urgence aux Communes, est « le chef d’un Etat qui est notre plus proche allié » et « il n’y a absolument aucune raison de ne pas lui accorder une visite d’Etat ». Tout en qualifiant la décision du président américain de « controversée, discriminatoire et mauvaise », M. Johnson a affirmé que M. Trump « aboie plus qu’il ne mord ».

Alors que les députés multipliaient les références à la montée du nationalisme dans les années 1930, certains qualifiant M. Trump de « fasciste », le chef du Foreign Office a usé d’un étonnant argument pour justifier l’invitation à M. Trump : après tout, a-t-il remarqué, en leur temps « Robert Mugabe [dictateur du Zimbabwe] et Nicolae Ceausescu [ex-dictateur roumain] ont été reçus par Sa Majesté la reine ».

Philippe Bernard

 

 

LE PARISIEN – 31/01/2017

Décret anti-immigration de Trump : Obama sort de son silence

 

Manifestation à Bruxelles contre le décret anti-immigration, le 30 janvier 2017

Le décret américain qui interdit l’accueil de réfugiés et de ressortissant de sept pays musulmans continue de susciter des réactions hostiles à travers le monde et aux Etats-Unis.

Trois jours après la décision de Donald Trump d’interdire vendredi par décret l’entrée aux Etats-Unis des réfugiés de toute origine et des ressortissants de sept pays à majorité musulmane*, l’onde de choc continue de se propager à travers le monde. Aux Etats-Unis, des personnalités du show business mais aussi du monde des affaires n’ont pas tardé à manifester leur désapprobation, en écho aux manifestations qui ont eu lieu dimanche aux abords de la Maison blanche, dans le reste du pays et ailleurs dans le monde. Dix jours après avoir quitté ses fonctions, Barack Obama est également sorti de son silence. Les réactions sont tout aussi vives à l’extérieur des frontières américaines.

Obama estime «les valeurs fondamentales» menacées

Barack Obama avait promis de se tenir à l’écart du débat politique sauf si «les valeurs fondamentales» de l’Amérique étaient menacées : dix jours seulement après son départ de la Maison Blanche, il a jugé que c’était déjà le cas, encouragé par «le niveau de mobilisation» à travers le pays.

«Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a déclaré son porte-parole, Kevin Lewis.

«Une discrimination fondée sur la nationalité»

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé lundi le «manque de générosité» du décret. «La discrimination fondée sur la nationalité est interdite par les droits de l’Homme», a tweeté le haut responsable onusien, qui s’exprime très rarement sur les réseaux sociaux. Selon lui, le décret américain «gaspille les ressources nécessaires pour lutter contre le terrorisme».

Merkel : un décret anti-musulman 

«La lutte nécessaire contre le terrorisme ne justifie en aucune manière de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l’occurrence ici des personnes de foi musulmane, ou en fonction de leur origine», a estimé lundi la chancelière allemande Angela Merkel.

Ayrault : la France souhaite l’annulation du décret

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a souhaité lundi l’annulation du décret du président américain. «Je pense que ce serait le bon sens» d’annuler cette décision, a t-il déclaré lors d’une visite à Téhéran, dénonçant une situation «inacceptable et très pénalisante pour les personnes concernées».

Les Européens binationaux dans le doute 

Un ressortissant de l’Union européenne ayant la double nationalité iranienne et française peut-il continuer à rendre visite à sa famille aux Etats-Unis ?Les conséquences juridiques du décret américain «ne sont pas encore claires» en ce qui concerne leur impact éventuel sur des ressortissants de l’UE détenteurs de la double nationalité des pays visés, a expliqué lundi le porte-parole de la commission européenne Margaritis Schinas, «Nos avocats sont en contact avec nos partenaires européens et autres, et nous allons nous assurer qu’aucune discrimination n’est infligée à nos citoyens.»

* Les sept pays visés par le décret américain sont : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.

Le transport aérien demande une clarification

«Le décret a été signé sans coordination ou avertissement préalable, ce qui a causé de la confusion chez les compagnies aériennes comme chez les voyageurs», a déploré lundi l’Association du transport aérien international (IATA) qui a demandé à l’administration américaine de clarifier rapidement ses mesures. Les compagnies aériennes doivent vérifier les passeports et visas de leurs passagers avant le départ, sous peine d’amendes et de retour à leurs frais des visiteurs indésirables. La principale difficulté porte notamment sur les binationaux.

Damas appelle les réfugiés syriens à rentrer 

Le gouvernement syrien de Bachar-el-Assad, qui n’avait pas encore réagi, a renouvelé hier, par la voix du chef de la diplomatie Walid Mouallem, «l’appel du gouvernement aux réfugiés syriens installés dans les pays voisins à rentrer au pays, réaffirmant sa disposition à les accueillir et leur assurer une vie digne». Il n’a toutefois pas fait directement allusion au décret américain qui vise directement les réfugiés syriens, sans limitation de temps.

L’Irak exige la révision d’«une décision erronée»

Le ministère irakien des Affaires étrangères a appelé lundi les Etats-Unis à revoir lundi la décision suspendant l’entrée des citoyens irakiens sur le sol américain, en la qualifiant d’ «erronée». «Il est malheureux que cette décision ait été prise à l’encontre d’un pays allié, lié aux Etats-Unis par un partenariat stratégique», précise l’Irak. Les députés irakiens avaient voté juste avant une motion appelant le gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur sa décision de suspendre l’entrée des citoyens irakiens.

Trois Iraniens bloqués à Vienne

Trois ressortissants iraniens, une femme et un couple de personnes âgées disposant d’un visa pour les Etats-Unis, sont restés bloqués trois jours en zone de transit de l’aéroport de Vienne (Autriche) après avoir été interdits d’embarquer pour les Etats-Unis. Ils ont finalement accepté de rentrer dans leur pays ce lundi. «Ils (étaient) arrivés samedi matin et (avaient) refusé de réembarquer pour Ispahan (sud de l’Iran), dans l’espoir que les autorités américaines changent d’avis», avait expliqué la compagnie Austrian Airlines. Téhéran avait annoncé samedi qu’il appliquerait le principe de réciprocité pour les citoyens américains. L’Autriche a par ailleurs déploré lundi avoir dû annuler 300 visas attribués à des membres de minorités religieuses iraniennes (chrétiens, juifs, baha’i désireux de s’installer aux Etats-Unis).

Des diplomates américains protestent

Plusieurs diplomates américains ont protesté officiellement contre le décret «Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis», a confirmé lundi le Département d’Etat. Ces derniers, dont on ignore le nombre, ont utilisé un «canal» officiel dit de «dissidence», qui permet de contester en interne une décision de l’administration. Ce canal de communication avait ainsi été activé en juin lorsqu’une cinquantaine de diplomates avaient réclamé que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien.

«L’Amérique doit de nouveau être sûre», tweete Trump

Le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, «a dit que tout se passait bien avec très peu de problèmes. L’AMERIQUE DOIT DE NOUVEAU ETRE SURE ! », a tweeté le président lundi le président Trump.

Selon lui, «les gros problèmes dans les aéroports ont été causés par une panne d’ordinateur de Delta, les manifestants et les larmes du sénateur Schumer (un sénateur démocrate Ndlr)». Il souligne que seulement 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivées sur le sol américain parmi les 325.000 passagers quotidiens.

Les manifestations à travers tout le pays, les décisions de certains juges de suspendre temporairement l’application de certaines clauses, empêchant l’expulsion immédiate de personnes arrêtées à l’aéroport, et une certaine confusion dans les aéroports du pays semblent avoir néanmoins poussé l’administration américaine a mettre de l’eau dans son vin en particulier pour les détenteurs d’un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi pour les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.

VIDEO. Manifestations contre le décret anti-immigration de Trump :  http://www.leparisien.fr/international/decret-anti-immigration-de-trump-l-onu-denonce-un-manque-de-generosite-30-01-2017-6639294.php

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du samedi 28 au lundi 30 janvier 2017

2017-03-02T07:03:33+01:00Mots-clés : , , |

:: ECONOMIE

LE FIGARO – 28/01/2017

Assurance-chômage : syndicats et patronat proches d’un accord sur les contrats courts

INFO LE FIGARO – La surtaxation des CDD de moins d’un mois avait été le point bloquant de la négociation avortée en juin 2016.

Vers un déblocage? Peut-être bien. En tout cas, les discussions entre patronat et syndicats autour de l’assurance-chômage avancent à grands pas. Depuis décembre, les partenaires sociaux se réunissent de manière informelle afin d’«établir un diagnostic commun» sur le marché du travail et l’assurance-chômage. Ils se reverront le 8 février avant de décider, le 15, de relancer ou non la négociation qui avait avorté en juin 2015 faute d’accord. Avec, en cas de réponse positive, l’objectif de s’accorder avant l’élection présidentielle sur une nouvelle convention.

La négociation avait achoppé l’année dernière sur le point précis des CDD de moins d’un mois. Selon une étude de l’Unedic présentée mercredi aux partenaires sociaux, le recours à ces contrats a plus que doublé en quinze ans, passant de 1,5 million par trimestre en 2000 à plus de 4 millions en 2016. Pour inciter les entreprises à en limiter le recours, les syndicats exigeaient au printemps un système de bonus-malus a minima, voire une surtaxation, des contrats courts.

Surtaxation expérimentale

Jusqu’à présent, le patronat avait opposé son veto à toute forme de prélèvement sur les CDD de moins d’un mois. Mais les lignes seraient en train de bouger. Selon nos informations, les chefs de file des délégations patronales et syndicales planchent actuellement sur le principe d’une surtaxation expérimentale, donc temporaire, réservée aux entreprises les plus utilisatrices de contrats courts. Et notamment l’hôtellerie-restauration, les études de marché, sondages et agences de publicité, et les entreprises d’hébergement social pour personnes âgées et handicapées, pointées du doigt par l’Unedic dans son étude.

«On est très loin d’avoir décidé si on reprenait la négociation, nuance-t-on du côté patronal. On travaille.» Une source syndicale est plus catégorique: «On est proche de la solution qui permettrait de relancer la négociation.» La raison est simple. «Il est essentiel de démontrer que nous pouvons négocier, sinon les politiques reprendront le dossier, prévient Éric Courpetin, le chef de file CFTC. Nous sommes ouverts à tout.» Michel Beaugas est, lui, plus circonspect. «Nous défendons toujours un système de bonus-malus qui s’applique à l’ensemble des contrats», explique le leader FO.

Les rencontres bilatérales vont s’enchaîner d’ici à la mi-février. Chacun va prendre le temps de mesurer les rapports de force entre les différents camps, mais aussi dans son organisation avant de se lancer dans une nouvelle négociation. Quant au patronat, il fixera un mandat précis à son chef de file. «Si on y retourne, c’est qu’on sera sûr de conclure», jure un acteur du dossier. Un nouvel échec, après l’épisode de juin, décrédibiliserait durablement le dialogue social et n’est donc pas une option. Et ce, d’autant que plusieurs candidats à la présidentielle ont annoncé leur intention de légiférer, notamment pour réintroduire la dégressivité des allocations-chômage.

Refonte de la filière senior

Trouver un consensus sur les contrats courts est d’autant plus crucial que les partenaires sociaux ont avancé sur d’autres points sensibles, comme la refonte de la filière senior. Les chômeurs de plus de 50 ans ont aujourd’hui droit, s’ils ont cotisé pendant trois ans, à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois maximum pour les autres. Cet avantage coûte 1 milliard par an au régime, selon la Cour des comptes. Au printemps, le Medef a proposé de relever à 55 ans l’entrée dans cette filière.

Les modalités de cumul allocation-salaire sont également dans le viseur. La formule a été revue lors de la convention de 2014 mais n’incite toujours pas assez à reprendre un emploi. Des salariés, notamment en intérim, peuvent enchaîner contrats courts et périodes de chômage pour toucher un revenu proche du smic de ceux qui travaillent à temps plein aux mêmes postes, voire supérieur.

Anne de Guigné

 

 

L’OPINION – 30/01/2017

Pourquoi la CPME lance une négociation avec les syndicats sur la responsabilité sociale et environnementale

Cette idée en a fait sourire plus d’un. Une négociation afin de mieux faire reconnaître les actions sociales et environnementales que mènent les entreprises, surtout les petites. Le Medef n’en voulait pas, ni les artisans (U2P). Finalement François Asselin, le numéro un de la CPME a réussi convaincre tout le monde. Y compris les syndicats, qui tous ont répondu présent. La CGT a même été la première à dire oui.

C’est ainsi que le 1er février se tiendra la première réunion des partenaires sociaux. « L’idée est d’encourager la vertu», explique François Asselin à l’Opinion : « De nombreuses entreprises font du recyclage des déchets, des plans de préventions santé, encouragent la promotion des femmes, sans jamais être valorisées. Pire, lorsqu’une patrouille –Urssaf, inspection du travail- vient les contrôler, elles se font sanctionner si elles n’ont pas appliqué avec formalisme un programme égalité homme-femme, une mesure pénibilité etc. C’est insupportable !».

Aussi, la CPME aimerait-elle aboutir à la création d’une sorte de certification RSE qui puisse être valorisée, notamment lorsque les entreprises concourent à des appels d’offres.

Si l’intention est louable, le risque n’est-il pas de créer une contrainte supplémentaire ? « Au contraire, puisque dans cette certification RSE nous pourrions réunir de nombreuses obligations (égalité homme-femme, environnement, diversité, seniors etc..) » répond encore François Asselin.

Ses homologues patronaux traînent encore un peu les pieds. Ils craignent d’ouvrir la boîte de Pandore « Lancer une négo sur ce thème ramasse-tout, en ce moment, c’est ouvrir la boîte à claques. Les syndicats vont vouloir y mettre tout et n’importe quoi, et à chaque fois qu’on dira non, on passera pour des réac’», juge un membre du Medef.

François Asselin, lui, n’a pas peur : «C’est une occasion aussi pour les partenaires sociaux de traiter des sujets ouverts et positifs ». Bref de se refaire une santé au moment où le paritarisme est si décrié.

Fanny Guinochet

 

 

L’EXPRESS – 30/01/2017

Travaux à domicile: les artisans obligés d’annoncer leurs prix sur leur site web

 

L’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes

Afin de contrer les arnaques des artisans, lors de dépannages et travaux à domicile, un arrêté qui entrera en vigueur le 1er avril les oblige à afficher leurs tarifs sur leur site internet, s’ils en possèdent un.

Le texte est paru samedi, au Journal officiel. A partir du 1er avril 2017, il imposera aux professionnels intervenant au domicile des particuliers pour des travaux, comme les plombiers ou les serruriers, d’afficher obligatoirement leurs tarifs sur internet, s’ils ont un site.

Parmi ces informations devront figurer le taux horaire de main d’oeuvre, les modalités de décompte du temps estimé, les prix des prestations forfaitaires, les frais de déplacement, ou le caractère gratuit ou payant du devis. Elles devaient déjà, pour la plupart, être communiquées au consommateur avant toute prestation. Ces informations « doivent également être aisément accessibles sur tout espace de communication en ligne dédié au professionnel », indique le texte.

Le dépannage à domicile, visé par de nombreuses plaintes

Cet arrêté prévoit par ailleurs qu’avant tout travaux, les professionnels devront remettre au client un document détaillé où figureront ces informations. Elles devront auparavant avoir déjà été précisées dans les documents appelés « ordre de réparation » et « devis ».

Selon les données de la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF), l’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes. En septembre, cette dernière a mené une campagne de sensibilisation, destinée à informer les consommateurs sur les pratiques de certains professionnels du dépannage à domicile qui profitent de leur vulnérabilité pour les tromper.

 

LE PARISIEN – 28/01/2017

Salaires : les Français gagnent en moyenne 2225 euros net par mois

 

Le BTP est le seul secteur où les salaires ont baissé en 2014

Bonne nouvelle : les salaires continuent de progresser. Selon la dernière étude de la Darès, la direction des études statistiques du ministère du Travail, ils ont progressé en 2014 de 1% après +0,7% en 2013. Résultat, le salaire moyen s’établit désormais à 2225 euros net et à 2957 euros brut. «La croissance des rémunérations est intervenue dans un contexte de de reprise soutenue de l’activité économique», explique la Darès.

Un écart de 18,6% entre hommes et femmes

Ces moyennes dissimulent cependant de fortes disparités. En premier lieu, l’écart de salaires entre hommes et femmes, qui diminue depuis 2008, reste important puisqu’il est en moyenne de 18,6%. Autre facteur d’inégalité, vous ne gagnerez pas la même chose selon que vous travaillez dans une multinationale et chez un artisan. «Plus l’entreprise est grande et plus les salaires net moyens sont élevés», confirme la Darès. Ainsi, le salaire moyen est de 1883 euros net dans les entreprises de moins de 10 salariés mais il bondit à 2461 dans les groupes de plus de 500 employés.

Des salaires en baisse dans le BTP

Enfin, la paie n’est pas du tout la même selon les secteurs. Dans le haut de la fourchette des rémunérations, les cadres de la finance et de l’assurance émargent en moyenne à 3251 euros net alors qu’un technicien de la chimie et de la pharmacie gagne 3021 €. La rémunération tombe sous la barre des 2000 € dans le textile et descend à 1661 dans l’hôtellerie-restauration. Dernière précision : les métiers du BTP ont presque tous vu les rémunérations baisser en 2014. Mais ce secteur fait figure d’exception.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/les-francais-gagnent-en-moyenne-2225-euros-nets-par-mois-27-01-2017-6627072.php

 

Marc Lomazzi

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

Bercy accentue la lutte contre le blanchiment

INFO LE FIGARO – En 2016, les amendes payées par les sociétés ayant manqué à leurs obligations en la matière sont allées jusqu’à 200.000 euros.

Depuis les événements tragiques de 2015, l’Europe et plus particulièrement la France ont mis un véritable coup d’accélérateur à la lutte contre le blanchiment de capitaux. La Commission nationale des sanctions, créée fin 2014 et dépendant de Bercy, est désormais un véritable outil pour punir les professionnels qui, volontairement ou non, créent des conditions favorables à du blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme à travers des entités légales. Son action commence à payer: au cours de l’année 2016, la Commission s’est prononcée sur 22 dossiers et a sanctionné 43 personnes. Et au total, depuis le lancement de ses travaux, elle a examiné 43 dossiers et sanctionné 79 personnes, selon le rapport annuel remis ce lundi au ministre de Finances, Michel Sapin, dévoilé par Le Figaro.

Le rôle de cette autorité consiste à sanctionner les professionnels qui manquent à leurs obligations. Elle ne surveille pas ceux qui appartiennent au secteur financier ou du droit, ces derniers dépendant d’organismes disciplinaires spécifiques. Mais elle a autorité sur les agences immobilières, les personnes exerçant l’activité de domiciliation, les professionnels du jeu ou encore, depuis début décembre, les antiquaires et les agents sportifs. Tous ont des obligations strictes: non seulement mettre en place en interne des systèmes de gestion des risques financiers, mais aussi conserver certains documents, vérifier les identités de tous leurs clients, former leur personnel et s’adresser à Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy) lorsqu’ils ont un doute sur l’origine ou la destination des flux financiers.

Rendre publiques les entreprises sanctionnées

L’an dernier, onze affaires ont concerné des agences immobilières. Il peut s’agir par exemple d’un professionnel qui ne s’interroge pas sur le fait qu’un de ses clients fasse l’acquisition de plusieurs biens immobiliers en un temps réduit et semble indifférent à l’emplacement, ainsi qu’au coût des travaux. Une situation qui est susceptible de présenter un risque de blanchiment des capitaux.

Neuf dossiers ont, par ailleurs, concerné des entreprises de domiciliation, qui offrent à leurs clients une adresse et diverses prestations. Ces sociétés ont pu ne pas demander les pièces permettant de confirmer l’identité de la personne (la société de domiciliation ne rencontrant pas toujours physiquement son client). Des montages financiers peuvent alors être destinés à masquer l’origine des fonds ou leur bénéficiaire effectif. Pour la première fois, enfin, la Commission nationale des sanctions a connu deux cas concernant de casinos et de cercles de jeux.

Ces affaires se sont soldées par des avertissements et des interdictions temporaires d’exercice de l’activité allant de trois mois à trois ans, avec sursis. Les amendes, présentes dans 40 % des cas de sanctions, se sont échelonnées de 1000 à 200.000 euros. C’est bien plus que l’année précédente, où la sanction la plus importante n’avait pas dépassé 8000 euros. «Cela a pu tenir à la gravité des manquements, mais aussi au fait que l’ignorance de leurs obligations par les professionnels peut plus difficilement être invoquée comme circonstance atténuante avec les années qui passent», explique François Lamy, conseiller d’État et président de la Commission nationale des sanctions. Aujourd’hui, il prévient: «Nous allons, à l’avenir, rendre nominatives les publications de sanctions.»

Marie Visot

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 28/01/2017

L’Etat tente d’éviter le naufrage d’une grande usine de la Creuse

A court de trésorerie, le site GM & S de La Souterraine est menacé de liquidation. Deux cent quatre-vingt-deux emplois sont en jeu.

C’est un des paradoxes de cette fin de quinquennat : le chômage diminue, les marges des entreprises remontent, mais le gouvernement se retrouve face à une nouvelle série d’entreprises en difficulté. Après la restructuration de Vivarte qui va entraîner la suppression de centaines d’emplois, après l’annonce de la délocalisation de l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme), les pouvoirs publics se mobilisent à présent pour sauver l’usine GM & S Industry de La Souterraine (Creuse).

Ce site de pièces pour l’automobile risque d’être rayé de la carte de façon imminente. Une audience est prévue vendredi 27 janvier au tribunal de Poitiers. En jeu, 282 emplois. Le personnel a le sentiment – pas forcément infondé – d’être victime d’une succession de patrons voyous et de chasseurs de primes, et de stratégies définies loin d’eux par les constructeurs.

Placée le 2 décembre 2016 en redressement judiciaire, l’entreprise devait bénéficier d’une période d’observation de six mois, jusqu’en juin. Mais faute d’activité, la trésorerie a fondu, et « on risque la liquidation dès vendredi », s’alarme Vincent Labrousse, de la CGT. A moins que le gouvernement et les clients de l’usine n’apportent les fonds nécessaires pour faire tenir le site quelques mois encore, le temps de trouver un repreneur. Le président François Hollande lui-même a été alerté. Il a reçu une délégation de syndicalistes à l’occasion d’un déplacement en Corrèze, le 6 janvier.

« Nous avons déjà lancé un appel d’offres pour trouver un nouvel actionnaire, et trois groupes, dont deux industriels, ont marqué leur intérêt, indique l’administrateur judiciaire, Vincent Gladel. Ils vont expertiser le dossier. Encore faut-il que nous disposions de financements complémentaires pour leur laisser le temps de formuler des offres. »

Manque de compétitivité

Le cas de La Souterraine, « La Sout’» comme on l’appelle, est suivi depuis des années par les pouvoirs publics. L’usine a été construite en 1963, en pleines « trente glorieuses ». C’était alors un atelier de fabrication de jouets en métal et de trottinettes. L’entreprise s’est ensuite reconvertie avec succès dans l’emboutissage pour l’automobile. Avec près de 700 salariés, elle fut un temps le premier employeur de la Creuse.

Mais depuis plus de dix ans, ce site souffre d’un double problème : un manque de compétitivité, comme beaucoup de sites français de l’industrie lourde, et une forte instabilité de ses actionnaires et dirigeants. En 2009, au moment où toute la filière automobile a plongé, l’usine a été reprise par Altia-Caddie, un petit groupe industriel monté de bric et de broc à partir de sociétés achetées à la barre de tribunaux de commerce. Mais l’espoir d’un nouvel essor a vite été douché. En 2014, Altia-Caddie s’est écroulé comme un château de cartes, provoquant l’ouverture d’une enquête pénale, et tous ses actifs ont été éparpillés.

L’usine de La Souterraine, renommée GM & S, a alors été récupérée par Gianpiero Colla, un entrepreneur italien décidé à profiter de la crise pour faire ses emplettes en France. « Je ne suis pas un industriel de passage », affirmait-il à l’époque, en promettant des investissements. Nouvelle déception. A La Souterraine, rachetée pour 3 euros symboliques, M. Colla n’a injecté que 50 000 euros en capital, puis s’est fait invisible. La relance annoncée ne s’est pas concrétisée malgré le soutien des pouvoirs publics et de l’un des donneurs d’ordre, PSA.

Interrogations sur le rôle de PSA

Les clients Renault, Plastic Omnium, etc., ont peu à peu pris le large, jusqu’au dépôt de bilan. L’équipe italienne s’est néanmoins rémunérée de façon confortable, le nouveau directeur commercial prélevant par contrat 1 % du chiffre d’affaires. Le reste de la campagne de M. Colla en France n’a guère été plus triomphant : deux de ses autres acquisitions, des fonderies installées à Fumel (Lot-et-Garonne) et Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), sont retombées en faillite.

S’agit-il d’un simple échec industriel ? Les syndicats s’interrogent sur le rôle de PSA, le grand donneur d’ordres de « La Sout’». Selon eux, PSA aurait pu se servir de M. Colla comme d’un mercenaire, chargé de maintenir l’usine en marche tant qu’elle était indispensable à la fabrication de ses modèles, puis de la fermer maintenant que d’autres sources d’approvisionnement ont été mises en place. « C’est une hypothèse qu’on ne peut écarter », opinent deux des experts appelés à analyser la situation.

« On se trompe de cible quand on nous attaque », réplique-t-on au siège de PSA. Le constructeur refuse d’endosser la responsabilité des déboires de La Souterraine. « Depuis le départ, nous avons au contraire toujours été là. Nous avons accepté des hausses de prix, maintenu un volume d’achats constant, avancé de l’argent pour que les matières premières puissent être achetées… » Si PSA a diversifié ses approvisionnements, c’est simplement pour ne pas être bloqué en cas de soucis chez son sous-traitant, ce qui est arrivé en décembre, assure le groupe : « 750 000 pièces ne nous ont pas été livrées, alors que nous avions préfinancé l’achat des matières. »

Ces dernières semaines, PSA a suggéré des noms de repreneurs. Comme les pouvoirs publics, le constructeur suit le dossier comme le lait sur le feu.

Denis Cosnard

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

La filière solaire mise sur un rebond en 2017

INFO LE FIGARO – Plus de 1000 mégawatts devraient être raccordés au réseau. Des grands appels d’offres sont en préparation.

La fin de la mandature Hollande s’annonce chargée pour la filière solaire. Plusieurs décrets sont en préparation, dont les professionnels attendent la signature avec impatience. Les textes en question concernent notamment l’auto-
consommation, le partage du coût du raccordement entre le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis et les opérateurs ainsi que l’évolution des tarifs pour les petites centrales de moins de 100 kilowatts (kW).

Cette étape réglementaire permettrait de compléter les mesures déjà prises dans le cadre de la loi sur la transition énergétique (votée en 2015) et d’accélérer l’activité après un exercice 2016 qualifié de «petit millésime» parla nouvelle édition de l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque, publiée lundi.

L’année dernière, moins de 700 mégawatts (MW) solaires ont été raccordés au réseau, contre un bon millier en 2015. La quasi-totalité des segments ont été impactés par cette baisse mais les grandes installations (1 MW et plus) l’ont été encore plus. «Pourtant après le doublement des volumes octroyé lors des appels d’offres en 2015, les chiffres de raccordement auraient dû être très supérieurs en 2016», souligne Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat professionnel, membre du think tank France Territoire Solaire qui édite l’Observatoire.

Parmi les explications, le document pointe les difficultés et les lenteurs administratives liées au cahier des charges qui ont retardé le démarrage des projets lauréats. De manière générale, il faut toujours entre trois et cinq ans pour voir aboutir un chantier photovoltaïque d’envergure. Les délais sont un peu supérieurs pour l’éolien, au grand dam des partisans des énergies renouvelables qui insistent sur la nécessité de se doter de procédures d’examen des projets plus souples.

«Heureusement, des programmes sont en train de sortir de terre: l’année 2017 sera un bon millésime pour le solaire avec plus de 1000 MW raccordés, poursuit Daniel Bour. Et la loi de transition énergétique permet de tabler à l’avenir sur des chiffres régulièrement supérieurs à 1000 MW avec la mise en place par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’appels d’offres bi ou tri-annuels.»

La CRE justement attend d’ici à quelques jours la remise de l’ensemble des dossiers pour un nouvel appel d’offres de 450 MW pour des centrales au sol ou sur des ombrières de parking. Les professionnels du secteur s’attendent d’ores et déjà à une concurrence vivace: «Les projets lauréats des derniers appels d’offres se situaient entre 70 et 100 euros par mégawattheure (MWh) selon la taille et le type d’installation, contre plus de 320 euros à la fin des années 2010, insiste Daniel Bour. Ces chiffres vont continuer à baisser, ce qui rend le solaire comme l’une des énergies les plus compétitives au monde.» Toutefois, cette énergie reste largement subventionnée, avec en France un tarif de rachat du MWh solaire qui varie en fonction de la taille de l’installation.

Soutien au renouvelable

En marge des chantiers industriels, la filière solaire observe évidemment avec attention les programmes des différents candidats à l’élection présidentielle et leur degré de soutien, affiché ou non, aux énergies renouvelables. Une trajectoire ambitieuse a été assignée au photovoltaïque dans le cadre de la loi d’orientation énergétique – à hauteur de 10,2 gigawatts (GW) en 2018 et entre 18 et 20 GW en 2023 -, ce qui requiert une accélération du rythme de lancement des projets. Actuellement, la France compte 6,2 GW d’énergie solaire. À titre de comparaison, l’Allemagne a déjà dépassé les 40 GW et mène largement la danse en Europe.

«Après plusieurs années difficiles, la loi sur la transition énergétique a permis de retrouver du dynamisme en France, mais la progression ne suit pas le même rythme que celle observée à l’échelle de la planète, explicite Daniel Bour. Cet essor mondial ouvre d’ailleurs de nombreuses perspectives pour nos entreprises.»

En 2015, le photovoltaïque s’est imposé comme la deuxième énergie dans le monde en termes de nouvelles capacités installées. Le parc mondial a dépassé les 230 GW de puissance cumulée, dont 42 % sont disponibles en Europe.

Frédéric de Monicault

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

Reprise confirmée pour les logements neufs en 2016

Dans la construction neuve, la reprise amorcée en 2015 s’est amplifiée en 2016.

Sortie de crise pour le bâtiment : la reprise de la construction de logements neufs, amorcée en 2015, s’est confirmée et amplifiée en 2016. Quelque 376.500 logements neufs ont en effet été mis en chantier l’an dernier, soit une progression de 10,4 % par rapport à 2015, montrent les chiffres publiés vendredi par le ministère du Logement. Dans le détail, les mises en chantier de logements ordinaires ont augmenté de 10,7 % à 349.300 unités, tirées par les logements collectifs. Celles des logements en résidence pour seniors, étudiants ou touristes, segment plus volatil, ont affiché une hausse plus modeste : +6,4 %, à 27.100 unités.

« Reprise en cours »

Parallèlement, les permis de construire ont bondi de 14,2 %, à 453.200 unités. «  La reprise en cours est essentiellement liée à deux facteurs : avant tout, des taux de crédit extrêmement bas qui provoquent des effets de rattrapage ou d’aubaine et stimulent les ventes, mais aussi le plan de relance dans le neuf, avec le dispositif Pinel et le renforcement du prêt à taux zéro », analyse l’économiste de Crédit Agricole SA, Olivier Eluère, cité par l’AFP. «  La dynamique des ventes se ressent dans les mises en chantier : ce sont les ménages accédants à la propriété, mais aussi l’investissement, qui ont porté le secteur », estime Alexandra François-Cuxac, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui se félicite que la construction neuve ait retrouvé l’an passé «  ses volumes de mises en chantier et de logements autorisés de 2012, après avoir chuté en 2013 et 2014 en raison de l’encadrement des loyers ». Les taux de crédit immobilier s’établissaient à 1,34 % en moyenne en décembre, ce qui signe une très légère remontée après une année de baisse continue, indique l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Ces conditions d’emprunt exceptionnelles ont permis à un nombre croissant de ménages de boucler leur dossier de financement. Le crédit à l’habitat a ainsi connu l’an passé un rebond marqué : la production de nouveaux prêts, qui avait déjà quasiment doublé en 2015, a atteint un « nouveau record historique ». A fin novembre (les chiffres pour l’année ne sont pas encore publiés), le crédit à l’habitat avait mobilisé 258 milliards d’euros, en progression de 20 % sur un an. Les régions où la construction de logements neufs a le plus progressé sont la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+22,9 %), la Nouvelle-Aquitaine (+18,4 %), l’Occitanie (+17,2 %), la Bretagne (+15,5 %) et l’Ile-de-France (+12,7 %), loin derrière le micromarché de la Corse (+77,1 %) qui affiche un spectaculaire rebond. En revanche, les mises en chantier ont reculé dans le Grand Est (-2,9 %) et en Normandie (-1,3 %).

Jean-Michel Gradt

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

La pression monte sur le prix des médicaments

 

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé ».

La ministre de la Santé a menacé de baisser unilatéralement les prix dans l’hépatite C.

Qui dit mieux ? Vendredi, le laboratoire AbbVie a officiellement abaissé le prix de son antiviral contre l’hépatite C. La cure combinée de Viekirax et Exviera sur trois mois est désormais commercialisée au prix public de 28.700 euros. Autrement dit, le laboratoire s’aligne sur le prix, négocié quelques jours auparavant, par son concurrent MSD. Il affiche également un tarif de 26.400 euros pour un traitement simple au Viekirax, qui ne fonctionnera que pour certains malades, mais qui a l’avantage d’être pour l’instant le plus bas du marché. La course est engagée. Huit mois après que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé » – ouvert aux porteurs sains du virus et aux malades légers -, c’est à qui détrônera le leader, Gilead, en offrant le meilleur rapport qualité-prix.

Mais le laboratoire pionnier, lui, n’a pas renoncé à ses prétentions financières. Sa combinaison-vedette Harvoni coûte toujours 46.000 euros, et la négociation est serrée pour fixer le prix de son dernier né, Epclusa, la seule molécule qui peut traiter tous les malades quel que soit leur génotype. Marisol Touraine s’en est émue. Le 17 janvier, lors de la réunion des ministres de la Santé de l’OCDE, elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser. « Tous les pays, sans exception, sont confrontés au risque de médicaments innovants inaccessibles car trop chers : ce serait économiquement absurde, socialement inégalitaire et humainement insupportable », a-t-elle expliqué, demandant à l’industrie pharmaceutique de « garantir la soutenabilité de l’innovation médicale ». Puis elle a menacé Gilead : « En France, si le principal laboratoire concerné reste sourd à cet appel, les outils renforcés en loi de financement de la Sécurité sociale seront mobilisés. »

Les contentieux font perdre 40 millions d’euros

A l’automne, l’arsenal de la maîtrise des dépenses pharmaceutiques s’est en effet enrichi de dispositions permettant au gouvernement de baisser unilatéralement les tarifs. Cette possibilité était déjà inscrite dans la loi, mais de façon trop peu détaillée, si bien que les décisions du CEPS (Comité économique des produits de santé) étaient régulièrement retoquées. En 2016, les contentieux ont ainsi fait perdre 40 millions d’euros à la Sécurité sociale, suite à l’annulation de certaines baisses de prix pour « défaut de base légale ». La loi fixe désormais six critères. D’abord, un principe général, celui de la soutenabilité financière pour la collectivité. Si les montants remboursés sont très élevés, ou bien si les dépenses augmentent fortement au sein de la même famille de pathologies, la baisse unilatérale est possible. D’autres critères amplifient les marges de manoeuvre du CEPS : l’ancienneté des produits, l’écart de prix avec des médicaments du même type, la nécessité de combiner plusieurs molécules pour soigner, l’existence de ristournes dans la chaîne de distribution et des prix encore plus bas dans d’autres pays. De quoi contraindre les laboratoires les plus récalcitrants.

Solveig Godeluck

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 30/01/2017

Après la victoire de Hamon, les socialistes entrent dans la semaine de tous les dangers

Une période de turbulences s’ouvre au PS, entre désaccords sur la ligne et risques de ralliements à Emmanuel Macron

Benoît Hamon défendra les couleurs socialistes à l’élection présidentielle après sa nette victoire face à Manuel Valls dimanche au second tour de la primaire élargie du PS. A 49 ans, il a réuni 58,65 % des suffrages, contre 41,35 % pour Manuel Valls, 54 ans, selon les premiers résultats de ce scrutin, qui marque aussi un désaveu pour ceux qui ont exercé le pouvoir depuis 2012, François Hollande et Manuel Valls en tête.

Benoît Hamon l’a largement emporté dimanche soir face à Manuel Valls. Avec 58,5 % des voix, contre 41,5 % pour son rival, et une participation plus importante qu’au premier tour, l’ancien frondeur est désormais, contre toute attente, le candidat de la Belle Alliance populaire de Jean-Christophe Cambadélis. Imaginée il y a un peu moins d’un an pour redonner une légitimité à François Hollande au sein de sa famille politique, cette primaire a donc mis en selle celui qui a réussi à incarner le mieux le vote-sanction à l’égard de la politique de François Hollande.

Le député des Yvelines a verbalisé dimanche soir sa volonté de « rassembler les socialistes, tous les socialistes ». Mais sans opérer la moindre inflexion programmatique, vantant une nouvelle fois son « revenu universel », largement considéré comme irréalisable au sein de la gauche de gouvernement. En revanche, Benoît Hamon s’est tourné dès dimanche soir vers le candidat écologiste Yannick Jadot et celui de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, afin de « construire ensemble une majorité cohérente et durable ». Comme si, au fond, Benoît Hamon cherchait davantage à séduire à gauche du PS, qu’au cœur de celui-ci.

Electrochoc. La victoire de Benoît Hamon, que personne n’imaginait le 15 décembre – jour limite pour le dépôt des candidatures – constitue en tout cas pour beaucoup de socialistes un véritable électrochoc. Car Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’Assemblée depuis qu’il a quitté, à l’insu de son plein gré, le gouvernement, et n’a eu de cesse, depuis, que de pilonner la politique du gouvernement. Aussi sa victoire est-elle susceptible d’ouvrir une crise au sein du PS, où nombreux désormais sont ceux tentés de rallier Emmanuel Macron. « On peut tout imaginer, y compris que la moitié du BN (Bureau national) s’en aille », soupire un ministre.

Dès lundi, aux premières heures de la matinée, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a prévu de réunir l’ensemble du gouvernement. Objectif : maintenir la cohésion gouvernementale, et éviter les déclarations contradictoires dans les médias. Le chef de la majorité s’entretiendra avec Jean-Christophe Cambadélis à 11 heures, puis recevra Benoît Hamon dans l’après-midi. Il devrait demander au candidat socialiste, pour prix du « rassemblement » autour de sa candidature, qu’il défende le bilan de l’exécutif depuis 2012…

L’enjeu est désormais, pour les principaux responsables socialistes, que le parti ne se fracture pas en deux. Au Bureau national, lundi soir, Jean-Christophe Cambadélis menacera quiconque soutient la candidature d’Emmanuel Macron de lui retirer son investiture pour les élections législatives. Premiers visés, les « rénovateurs » du PS, qui doivent se réunir mardi pour débattre de leur ralliement au candidat d’En Marche !

Benoît Hamon devrait de son côté, dès dimanche soir, s’entretenir par téléphone avec le président François Hollande. Les prochains jours vont être décisifs pour Benoît Hamon, pour rassembler les socialistes, la gauche et faire fructifier la dynamique que lui aura conférée sa victoire sur Manuel Valls. Avec en point d’orgue la convention d’investiture, prévue le 5 février à la Mutualité.

Jean-Jérôme Bertolus et Nathalie Segaunes

 

 

LE JDD – 29/01/2017

François Fillon : « Des forces sont à l’œuvre pour me faire taire »

 

François Fillon samedi à son QG de campagne porte de Versailles, à Paris.

INTERVIEW – Pris dans la tourmente du « Penelopegate », François Fillon assure qu’il se battra « jusqu’au bout ». Avant son meeting cet après-midi à Paris, il dévoile au JDD des mesures en faveur des classes moyennes.

Cette semaine, vous avez parlé de « boules puantes » au sujet des accusations concernant l’emploi de votre épouse, Penelope. Avez-vous le sentiment d’être victime d’un coup politique?
Comment ne pas avoir ce sentiment? Comment ne pas considérer qu’il y a des forces qui sont à l’œuvre pour me faire taire et tenter d’affaiblir ma candidature, voire tenter de m’empêcher de me présenter? Comment expliquer une telle violence? Quel clan ai-je dérangé? Quels intérêts ai-je remis en cause? C’est une manipulation grossière, mais je suis certain que la justice ne se laissera pas instrumentaliser par ces manœuvres qui puent la calomnie.

Ces faits remontent à des années, les feuilles de paie sont enregistrées à l’Assemblée nationale, tout a été déclaré au fisc, des majorités se sont succédé à l’Assemblée et à Bercy. Et tout cela sort à moins de trois mois de l’élection présidentielle… Comment imaginer un seul instant que cette affaire ne soit pas montée de toutes pièces pour m’abattre? Mais je ne me laisserai pas abattre. 

C’est peu dire que cette affaire trouble les Français…
Je comprends que les Français s’interrogent et doutent. Comment pourrait-il en être autrement? Mais je sais aussi qu’on n’a pas le droit de laisser abîmer la démocratie par ces officines. C’est la raison pour laquelle je vais me battre de toutes mes forces. Et jusqu’au bout.

Plusieurs de vos proches se sont étonnés de la célérité de la justice dans cette affaire. Souhaitez-vous qu’elle aille vite?
Le plus vite possible. D’ailleurs, sur le fond, je ne répondrai plus qu’à la justice. C’est à elle seule que je fais confiance pour établir la vérité. Je ne me soumettrai pas au tribunal médiatique.

Comprenez-vous que les niveaux de rémunération évoqués puissent choquer les Français?
Les niveaux de rémunération évoqués sont faux. On mélange le brut et le net. Je donnerai tous les éléments aux enquêteurs.

Avez-vous déjà remis des documents à la justice?
Oui.

Quel type de documents?
Des bulletins de salaire notamment, pour établir les montants et les dates.

Vous avez dit que vous aviez décidé d’arrêter cette collaboration avec votre épouse en 2013. Pourquoi?
S’agissant du travail que mon épouse a effectué pour Marc Ladreit de Lacharrière, elle a souhaité arrêter. Elle aurait aimé en faire plus mais elle a bien senti l’hostilité du directeur de la revue.

S’agissant de son travail d’assistante parlementaire, nous sommes bien conscients que l’opinion a évolué sur ces sujets et c’est la première raison pour laquelle nous avons décidé qu’elle cesserait d’être rémunérée. Ensuite, la valeur ajoutée la plus importante de ma femme était liée à sa connaissance du terrain dans la Sarthe. Étant devenu député de Paris, je pensais qu’elle pourrait maintenir le lien avec la Sarthe, mais cela n’avait plus le même sens.

Quand vous vous êtes lancé dans cette campagne, vous vous attendiez à ce que ce soit aussi dur?
Non. [Rire triste.]

Mais n’est-ce pas toujours le cas, dans une campagne présidentielle?
Je ne pouvais pas imaginer un seul instant que ce serait d’une telle violence et d’une telle bassesse.

Nicolas Sarkozy dit que faire une campagne présidentielle, c’est comme être nu dans la rue et « scanné » sous toutes les coutures…
C’est exactement ce que j’éprouve. Et ma femme encore plus que moi. Ce que je trouve le plus ignoble dans tout ça, c’est la prise en otage de ma famille.

Nicolas Sarkozy vous-a-t-il appelé?
Vendredi matin, oui. Un coup de fil très sympathique. Et utile.

Regrettez-vous d’avoir dit : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen? »
Non. C’est ma conviction profonde. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes politiques qui vous diraient les yeux dans les yeux : si je suis mis en examen, je ne me présenterai pas à l’élection présidentielle.

Vous êtes en meeting à la Villette cet après-midi. Quel sera votre message?
Je veux montrer que l’essence de mon projet, c’est la liberté. Il faut libérer un pays qui a toutes les raisons de réussir, qui devrait être leader européen, être en situation de plein-emploi et qui est tout le contraire parce qu’il s’est enfermé sous les réglementations, les normes, les impôts. C’est facile de redresser la France : il suffit de lever cette contrainte administrative qui nous étouffe. Ma politique permettra immédiatement d’améliorer les conditions de vie, en particulier des Français les plus modestes.

En quoi?
Les capacités financières dégagées par le passage progressif de l’âge de la retraite à 65 ans permettront d’augmenter les petites retraites. Ainsi, toutes les pensions du régime de base inférieures à 1.000 euros augmenteront de plus de 300 euros par an. De même, on augmentera d’au moins 600 euros par an les petites pensions de reversion. Et ce dès le début du quinquennat. De même, c’est grâce à l’augmentation de la TVA que je mettrai en place une franchise de cotisations salariales. Je veux augmenter de façon significative le salaire net des Français, via un abattement forfaitaire qui sera de l’ordre de 250 euros par an pour un ­salarié. Cela sera directement visible sur la feuille de paie et cela vaudra pour les salariés du public comme du privé.

Quel sera le coût de cet abattement?
Six milliards d’euros. Je propose aussi l’augmentation du plafond du quotient familial, le rétablissement de l’universalité des allocations ­familiales, ainsi qu’une mesure sur les donations aux enfants et petits-enfants. Je veux faire passer le délai entre deux donations de quinze à dix ans et réduire les droits en fonction de l’âge du donateur.

Je propose aussi une mesure puissante pour encourager l’épargne salariale et développer l’intéressement dans les entreprises de moins de 50 ­salariés avec un dispositif beaucoup plus souple et avantageux. Tout cela est rendu possible par la hausse de la TVA, le relèvement de l’âge de la retraite et un effort rigoureux de maîtrise des dépenses publiques.

Est-ce votre façon de répondre aux critiques sur la dureté libérale de votre projet?
C’est ma façon de démontrer que si mon projet comporte des mesures de compétitivité, elles sont d’abord destinées à donner du travail aux Français et à atteindre le plein-­emploi.

C’est cela que vous promettez aux Français, le plein-emploi?
Oui.

Il est dangereux de faire ce genre de promesses…
Je prends tous les risques, car sans prise de risques il n’y a pas de bénéfice à la clé pour les Français. Je pense qu’on peut descendre en dessous de 7% de chômage dans cinq ans.

Avez-vous compris les critiques contre votre projet?
Ces critiques reflètent surtout le fait que beaucoup de responsables politiques et sociaux français pensent qu’il n’est pas possible de changer les choses. La gauche ne croit plus à la croissance. Dans leurs programmes, mes concurrents n’essaient même plus de défendre l’objectif d’une réduction du chômage. Ils préfèrent parler de revenu universel et aligner des mesures coûteuses qu’ils n’ont pas les moyens de financer.

Vous n’êtes donc pas convaincu par les arguments de Benoît Hamon…
Penser que l’économie numérique est la fin de l’emploi, c’est un contresens terrible. Toutes les révolutions technologiques ont créé de la richesse et des emplois. Vouloir taxer les robots, comme le propose M. Hamon, c’est absurde.

Moi, ce que je propose, c’est de prendre en compte cette révolution numérique en créant un statut de travailleur ­indépendant pour permettre à ceux qui veulent se mettre à leur compte grâce à ces nouvelles technologies de le faire, et de pouvoir passer des contrats avec des entreprises ou des collectivités tout en ayant une protection sociale par ailleurs. Cela représente un gisement d’un million d’emplois potentiels. Le deuxième gisement d’emplois, ce sont les ­emplois de service. On va donc mettre le paquet dessus.

C’est-à-dire?
Non seulement nous allons rétablir les mesures de défiscalisation remises en cause par la gauche, mais je propose des emplois de service avec un niveau de charges extrêmement bas pour réduire leur coût horaire au minimum. Nous mettrons en place des plateformes pour simplifier la vie des employeurs et des employés. On pourra, par exemple, avec son smartphone, commander trois heures de garde d’enfant. Le salarié, lui, n’aura plus à gérer 36 employeurs différents, tout passera par cette plateforme. C’est une idée chère à Jean-Louis Borloo, avec qui j’ai beaucoup travaillé sur cette question. Là aussi, le potentiel est de l’ordre d’un million d’emplois.

Les critiques contre votre projet n’émanent pas que de la gauche…
Cette idée qu’on ne peut rien changer existe aussi dans mon camp, c’est vrai. Mais ce serait quand même invraisemblable qu’un pays qui a autant d’atouts que le nôtre ne se saisisse pas du potentiel de croissance et d’innovation qu’il y a aujourd’hui dans le monde. Prenons un exemple : il suffirait d’un tout petit effort pour que la France soit parmi les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. [Il s’anime.] Je veux reprendre les privatisations, sortir une partie des participations de l’État du capital d’entreprises où cet argent ne sert à rien pour le réinvestir dans des domaines de pointe comme celui-là.

Ce dimanche se tient le second tour de la primaire de la gauche. Entre Valls et Hamon, vous avez une préférence?
Aucune. La seule qualité de Benoît Hamon, c’est une forme d’authenticité et de sincérité. S’agissant de Manuel Valls, il n’y a rien de financé dans son projet et aucune mesure réellement nouvelle. Au fond, comme le disait André Malraux il y a un peu plus de cinquante ans, et je vais conclure mon discours en le citant, il y a quatre gauches en France.

La première, c’est la gauche pure, dure, rouge. C’est Mélenchon, le Fidel Castro de YouTube. La deuxième, c’est la gauche socialiste ; c’est l’équipage des naufragés du Titanic hollandais qui viennent de s’entredévorer sur le radeau de la Méduse de la primaire. La gauche numéro 3, c’est Macron : il fait croire qu’il est neuf, en réalité c’est lui qui a fait le programme de Hollande. Toute l’équipe gouvernementale de Hollande est en train de le rejoindre. Macron, c’est le sortant, c’est l’héritier, c’est Hollande. C’est pour ça que ce sera très difficile pour lui. La gauche numéro 4, c’est le FN : sortie de l’euro, retraite à 60 ans, augmentation du salaire minimum, recrutement illimité de fonctionnaires… L’original, c’est Mélenchon ; la copie, c’est Marine Le Pen.

Vous voulez nous faire croire que Macron n’est pas votre adversaire le plus dangereux?
Il dit qu’il est réformateur, il l’est beaucoup moins que moi. Quand j’entends certaines de ses propositions, je me dis qu’il est sûrement très intelligent mais qu’il ne connaît pas le pays. Et il aura quand même du mal à incarner les classes populaires!

Mais il apparaît comme nouveau…
Ça, ça ne marche pas dans une élection présidentielle. Il s’agit de choisir le chef des armées, la personne qui va défendre le pays dans un contexte international et sécuritaire extrêmement difficile. Pour résumer : on a un président américain dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est inattendu ; une Russie qui dérive de manière dangereuse ; une guerre commerciale qui s’amorce entre les États-Unis et la Chine ; le totalitarisme islamique qui nous menace ; et au milieu de tout ça, une Europe qui se défait.

Peut-on confier la présidence de la République française à quelqu’un qui a zéro expérience en matière internationale, qui n’a aucun projet sur le plan sécuritaire, qui explique que les réfugiés sont les bienvenus et qui, au Liban cette semaine, change de position en fonction de ses interlocuteurs?

La ferveur qu’il suscite ne vous impressionne pas?
J’ai vécu ça pendant deux ans dans la primaire… Le miroir médiatique est déformant.

Ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui l’inexpérience passe pour de la modernité?
C’est la raison pour laquelle je propose un projet de rupture et que je veux faire entrer la société civile dans mon gouvernement.

Justement, vous aviez promis de rendre publics les noms de vos trois principaux ministres. Alors?
C’est trop tôt. J’attends de voir qui va se révéler dans la campagne, qui seront les plus actifs.

Pensez-vous, comme certains dirigeants politiques, qu’il y a réellement un risque aujourd’hui que le FN arrive au pouvoir?
Si on continue à tenter de ­détruire tous les candidats crédibles à l’élection présidentielle, cela va finir par arriver.

Anna Cabana, Hervé Gattegno et Christine Ollivier

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 30/01/2017

L’Union européenne mise au défi par Donald Trump

Face au président américain, qui s’est notamment réjoui du Brexit et a estimé que l’Alliance atlantique était «obsolète», François Hollande a appelé à l’union et à la «fermeté».

Les premiers contacts entre Donald Trump et les chefs de file européens, France, Allemagne et Grande-Bretagne, n’ont pas été de nature à rassurer l’UE. Le choix de réserver sa première rencontre avec un dirigeant étranger depuis son investiture à Theresa May, première ministre d’un pays en train de quitter l’Union, a été considéré comme une provocation par les autres Européens. Donald Trump s’est en effet réjoui du Brexit, une «chose merveilleuse» selon lui dont il appliquerait volontiers le modèle à d’autres pays du Vieux Continent.

Depuis l’élection de Donald Trump, l’un des principaux sujets d’inquiétude des pays européens réside dans la future relation à l’Otan, dont les États-Unis sont le pilier, à la fois militaire, économique et politique. Pour Donald Trump, l’Alliance atlantique est «obsolète», son article 5, qui organise la défense collective en cas d’attaque d’un de ses membres, est sujet à discussion et son organisation financière doit être repensée.

Dans ses conversations téléphoniques avec François Hollande et Angela Merkel samedi, le nouveau président américain a cherché à apaiser ses alliés européens, qui depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale font en partie reposer leur sécurité sur l’Organisation atlantique et aimeraient qu’elle continue à tenir ce rôle face à la montée en puissance de l’impérialisme russe. Il a ainsi réaffirmé l’attachement américain à l’Otan, qui conserve à ses yeux une «importance fondamentale». Mais il a aussi rappelé à François Hollande la nécessité de rééquilibrer le fonctionnement de l’Alliance et de mieux «partager le fardeau des dépenses de défense». Une manière de dire à ses alliés européens: si vous voulez que l’Otan continue à vous défendre, vous allez devoir payer.

Deuxième sujet de contentieux, la Russie de Vladimir Poutine. La longue conversation téléphonique entre les présidents américain et russe, samedi, visait à amorcer le réchauffement entre les États-Unis et la Russie après des années de dégradation marquées par l’annexion de la Crimée, l’intervention russe en Syrie et l’ingérence du Kremlin dans l’élection présidentielle américaine. Pour tourner la page des années Obama, Trump a souvent évoqué la possibilité de lever les sanctions imposées à la Russie pour sanctionner la déstabilisation de l’Ukraine. Ce qui placerait les Européens, divisés à ce sujet, en porte à faux.

Theresa May accusée de renier les droits de l’homme

Mais c’est le décret sur l’immigration qui a jeté le plus grand trouble chez les Européens. Theresa May en a été la victime collatérale: elle a été vivement critiquée en Grande-Bretagne pour avoir refusé de le dénoncer lorsqu’elle était à Washington. Accusée de renier les droits de l’homme au profit de la relation spéciale avec les États-Unis, elle a dû revenir sur son silence.

Dans leur conversation avec le président américain, Angela Merkel et François Hollande ont tous deux critiqué la décision du président américain. La première, dont la politique d’ouverture migratoire avait été qualifiée d’«erreur catastrophique» par Donald Trump, «regrette» les limites imposées à l’immigration. Le second appelle Trump à respecter le principe de «l’accueil des réfugiés», un fondement des «démocraties». La chancelière comme le président français considèrent que la lutte contre le terrorisme ne peut pas servir d’excuse pour bannir les immigrants musulmans.

Jusque-là, les Européens s’étaient rassurés en croyant détecter dans l’attitude de Donald Trump une part de bluff. Ils comptent aussi sur les contre-pouvoirs, notamment le Congrès américain, pour poser des limites au caractère imprévisible et incontrôlable du nouveau président. Mais les décisions de politique étrangère prises par Donald Trump depuis son investiture ont creusé le doute, qu’il s’agisse de la construction d’un mur à la frontière du Mexique ou de l’abandon de l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Sans compter les menaces proférées contre l’accord sur le nucléaire iranien, contre les engagements pour le climat ou contre l’ONU.

La multiplication des signes d’unilatéralisme, l’amorce d’un repli sur soi, le court termisme des décisions et plus généralement l’incertitude quant à la politique étrangère qui sera menée constituent en elles-mêmes une nouvelle donne géopolitique. François Hollande considère qu’il s’agit d’un «défi» pour l’Union européenne. Il appelle ses alliés à l’union et à la «fermeté». Mais le chemin risque d’être long et sinueux. À Lisbonne, à l’occasion d’un sommet des pays du sud de l’UE, il était l’un des seuls, samedi, à appeler l’Europe à faire front contre la politique de Trump.

Isabelle Lasserre

 

 

LE MONDE – 30/01/2017

Donald Trump soulève l’indignation après son décret sur l’immigration

Après un week-end de confusion, de jugements défavorables et de manifestations, la Maison Blanche a assuré que l’interdiction d’entrée des ressortissants de sept pays restait en vigueur.

Une vague d’indignation internationale, un parti partagé, un imbroglio juridique… le décret paraphé vendredi 27 janvier par Donald Trump au nom de la sécurité des Etats-Unis a placé son administration sur la défensive, samedi et dimanche. Pendant la campagne, le candidat républicain avait suggéré d’interdire l’accès au territoire américain aux musulmans. Devant le tollé suscité par une mesure probablement anticonstitutionnelle, il avait alors reformulé sa proposition en mentionnant des mesures spécifiques visant les pays en proie au terrorisme.

De nombreux ressortissants de sept pays, tous à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), ont été pris de court par l’entrée en vigueur d’une décision interdisant pour quatre-vingt-dix jours les entrées aux Etats-Unis, y compris pour ceux qui venaient d’arriver dans des aéroports américains. Cette mesure sera pérennisée pour les seuls Syriens. La situation s’est compliquée lorsqu’il est apparu que les détenteurs de titres de séjour légaux, temporaires comme permanents, étaient également concernés par l’interdiction, vite considérée comme antimusulmane.

Une ligne dure vite fragilisée

Dans un premier temps, samedi, M. Trump avait minimisé la confusion. « Tout marche très bien », avait-il assuré après avoir signé de nouveaux décrets présidentiels. « Nous étions totalement préparés. On le voit dans les aéroports, on le voit partout », ajoutait le président contre toute évidence.

Quelques instants auparavant, de hauts responsables de la nouvelle administration, s’exprimant officieusement, avaient défendu le texte, assurant que toutes les dispositions nécessaires avaient été prises en amont avec les administrations concernées, le département d’Etat et le département de la sécurité intérieure. Une affirmation contestée tout aussi officieusement par des responsables de ces dernières auprès de la presse américaine.

Les conseillers de la Maison Blanche ont défendu une lecture stricte du décret en assurant que le sort des détenteurs de permis de séjour légaux se trouvant actuellement à l’étranger serait examiné « au cas par cas ». Selon les associations opposées à ce texte, un demi-million de résidents seraient concernés.

Cette ligne dure a été fragilisée, dans la soirée de samedi, par les décisions de juges fédérales de l’Etat de New York et de Virginie d’autoriser l’entrée de personnes disposant de titre de séjour en règle mais bloquées dans les aéroports américains. Elles avaient été saisies par des organisations de défense des droits des citoyens.

Déclarations contradictoires sur les « cartes vertes »

Ces décisions n’ont cependant pas remis en cause le décret en lui-même, qui empêche par ailleurs l’arrivée de réfugiés parvenus au terme de longues procédures d’admission pendant cent vingt jours.

Dimanche matin, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Reince Priebus, a fait machine arrière sur la question des détenteurs de permis de séjour permanent (« carte verte »). Le sort des binationaux n’a cependant pas été totalement éclairci.

Dimanche soir, un haut responsable de l’administration américaine a toutefois assuré que les détenteurs de « cartes vertes » ayant demandé une exemption au nouveau décret migratoire du président Donald Trump l’ont obtenue : « Toutes les personnes qui ont demandé une exemption dans le cadre de la carte verte l’ont reçue », a déclaré ce haut responsable lors d’une conférence téléphonique avec la presse. Selon lui, leur nombre se montait dimanche à 170.

Les médias incriminés

Dans l’après-midi, la Maison Blanche a diffusé un communiqué dans lequel M. Trump a mis en avant pour expliquer ses déboires son bouc émissaire habituel, les médias, incriminés à deux reprises dans un communiqué de douze lignes.

Le président s’est retranché derrière un gel bien plus ciblé visant l’Irak pratiqué en son temps par son prédécesseur, Barack Obama, pour défendre ses mesures, en dépit de situations très peu comparables. « Ce n’est pas une interdiction [anti-] musulmane », a assuré M. Trump, qui a ajouté que les pays concernés étaient « des sources de terrorisme ».

Si la liste comporte effectivement des Etats en proie à des troubles, elle ne comprend pas l’Afghanistan, le Pakistan ni l’Arabie saoudite, auxquels étaient liés les responsables des attentats de San Bernardino (Californie) et d’Orlando (Floride), respectivement en décembre 2015 et en juin 2016.

  1. Trump assure, en outre, vouloir combattre en priorité l’organisation Etat islamique (EI), alors que cette dernière n’est pas implantée en Iran, pays à majorité chiite. Le djihadisme concerne principalement des groupes extrémistes sunnites.

Le décret fait également référence au 11-Septembre mais aucun des pays dont étaient originaires les kamikazes (Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis et Liban) n’y figure. Enfin, l’écrasante majorité des attaques terroristes perpétrées aux Etats-Unis, depuis cette date, l’ont été par des citoyens américains ou naturalisés.

Dissensions dans les rangs républicains

Le décret signé le 27 janvier ne mentionne spécifiquement aucune religion, mais il prévoit une procédure discrétionnaire pour les minorités persécutées. M. Trump s’est chargé du sous-titrage du jargon administratif en publiant sur son compte Twitter, dimanche matin, un message déplorant que « les chrétiens au Moyen-Orient [aient] été exécutés en grand nombre », sans mentionner les victimes musulmanes de la violence qui y sévit, pourtant beaucoup plus nombreuses. « Nous ne pouvons pas laisser cette horreur continuer », a-t-il ajouté.

En fin d’après-midi, des conseillers de la Maison Blanche, s’exprimant officieusement, ont relativisé le nombre de personnes bloquées pendant le week-end, et assuré que le texte restait pleinement en vigueur, à l’exception des résidents permanents.

La confusion a fait apparaître de premières dissensions dans les rangs républicains, alors que dans le même temps, le Parti démocrate annonçait une mobilisation générale, parallèlement aux associations de défense des droits des citoyens. Une trentaine de parlementaires du Grand Old Party (GOP) se sont inquiétés de ses possibles conséquences, notamment pour les relations entre les Etats-Unis et l’Irak. Cela a été le cas du président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Corker (Tennessee), et du président de la commission des forces armées, John McCain (Arizona), qui a déploré avec le sénateur Lindsey Graham (Caroline du Sud) « une blessure faite à soi-même dans la lutte contre le terrorisme ».

Gilles Paris

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

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Revue de presse du MEDEF IDF du 27 janvier 2017

2017-03-02T07:03:45+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Voies sur berges : la guerre des chiffres

 

A Paris, la fermeture des voies sur berges, comme ici le 26 octobre 2016, entraîne mécaniquement une augmentation des véhicules sur les voies et rues qui bordent en surplomb les quais de la Seine.

 

Chacune dotée de son comité de suivi, la Mairie de Paris et la Région se livrent une lutte acharnée au sujet de l’impact de la piétonisation des voies en matière de trafic, de temps de parcours et de pollution.

« Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave. »

C’est ainsi que, le 19 janvier, Valérie Pécresse résumait le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, installé en septembre sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris.

Pourtant, trois jours plus tôt, la Ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, et des temps de parcours inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact.

« La réduction du trafic sur les axes de report, constatée depuis octobre, se confirme en décembre 2016, indique un communiqué de presse de la Mairie. Elle démontre que les automobilistes qui empruntaient autrefois les quais bas rive droite sont de plus en plus nombreux à adapter leur itinéraire ou leur mode de transport. »

Et la Ville de conclure : « La situation est donc encourageante et cohérente avec les prévisions de l’étude d’impact. »

Des chiffres en Open Data qui n’empêchent par la guerre de diagnostics

Mois après mois, ces déclarations contradictoires rythment le feuilleton dont la piétonisation de la voie Georges-Pompidou a constitué le premier épisode. Sur l’évolution entre septembre 2015 et septembre 2016, quand la Mairie de Paris notait un allongement de 39% du temps de trajet sur les quais hauts le soir, la Région affichait une augmentation de 74%.

C’est bien connu, on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Mais il n’en reste pas moins étonnant d’aboutir à des résultats si divergents à partir de mesures dont une grande partie est commune. En effet, les données concernant le trafic, qu’elles soient utilisées par la Ville de Paris, qui les transmet à la préfecture, ou par la Région, proviennent de capteurs de type boucles électromagnétiques appartenant à la Ville. Installés de façon permanente dans les chaussées, ils alimentent la régulation en temps réel des feux tricolores mais aussi une base de données servant à établir des statistiques. L’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), qui les traite pour le compte du comité de suivi régional, les récupère lorsqu’ils sont mis en open data. C’est-à-dire entre un mois et un mois et demi plus tard.

Ainsi, les données commentées le 19 janvier par la Région datent de novembre 2016, quand les analyses de la Ville trois jours plus tôt portent sur ceux de décembre. La Région se penche aussi sur des itinéraires de report tels que le périphérique ou l’A86, pour lesquels les données de circulation sont fournies à l’IAU par l’État et les départements. Quant aux temps de parcours, suivis à la fois par la Ville et par la Région, ils sont établis grâce aux données de GPS embarqués dans les véhicules.

Des méthodes de présentation qui entravent la comparaison

Abstraction faite du décalage dans la récupération des données, des contradictions subsistent entre les rapports présentés par les deux collectivités concernant un même mois. C’est qu’à partir des mêmes données, les deux collectivités ne calculent pas et, surtout, ne présentent pas les mêmes choses. En effet, l’IAU raisonne sur les seuls mardis et jeudis ouvrés, hors vacances scolaires, car ce sont les jours les moins susceptibles de subir de variations.

« C’est comme cela que nous pourrons vraiment comparer 2015 et 2016, repérer compteur par compteur les anomalies (telles que les manifestations, les camps de migrants, les pannes, etc.) susceptibles de biaiser les résultats, exclure les secteurs perturbés par des travaux tels que ceux du tramway, etc. », explique un expert.

Mais ce sont aussi les jours qui connaissent la circulation la plus dense, accuse la Ville, qui, pour sa part, raisonne sur cinq jours ouvrés.

Autre différence : les horaires pris en considération pour étudier le pic de circulation du soir varient également, l’IAU travaillant sur la tranche de 18 heures à 19 heures, quand la Ville prend en compte le créneau de 19 heures à 20 heures.

Surtout, quand la Région communique en pourcentage, la Ville présente des allongements du temps global de traversée de quelques minutes seulement et, surtout, en majorité inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact préalable. L’augmentation de 31% en novembre le matin sur le boulevard Saint-Germain correspond ainsi à un allongement de 3 minutes et demie.

La Région défend la qualité de l’air et s’oppose à la réduction de la circulation

Mais c’est avant tout sur la qualité de l’air que la Région concentre ses attaques. Un sujet sur lequel elle rappelle être chef de file et qu’elle affirme prendre « très à coeur », comme en témoigne la multiplication par 13 des moyens dédiés au plan air dans son budget 2017, dont 4 millions d’aides au remplacement des véhicules polluants pour les artisans et commerçants, et autant pour le remplacement des chaudières à bois.

« Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution », s’alarmait ainsi le professeur Carli le 19 janvier, citant une augmentation de 53% pour le NOx et 49% pour les particules fines sur les quais hauts. « Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berges n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », a-t-il conclu.

Ces chiffres proviennent des relevés de 13 capteurs implantés le long des quais hauts et du boulevard Saint-Germain, directement concernés par la fermeture, mais ne disent rien de la qualité générale de l’air dans la capitale.

L’impact des conditions météo

Airparif, qui a installé depuis novembre de nouveaux capteurs sur les voies et les quais hauts et en petite couronne, a prévu deux campagnes pour mesurer l’incidence de la fermeture des voies sur berges. La première a été menée de mi-novembre à mi-décembre et la seconde est prévue entre les mois de mai et de juin.

Dans une note du 16 janvier, on peut lire : « Les niveaux mensuels ne montrent aucune tendance claire imputable à la seule fermeture des voies sur berges. Ces variations constatées sur le réseau de stations permanentes d’Airparif traduisent l’effet imbriqué des émissions de polluants et de la météorologie. De ce fait, elles ne peuvent être interprétées directement et uniquement par rapport aux variations de trafic induites par la seule fermeture des voies sur berges. »

L’impact de la météo se traduit notamment par les pics de pollution de décembre, non imputables à la seule piétonisation, puisqu’ils touchaient toute l’Île-de-France mais aussi les régions de Lyon ou de Londres. Airparif insiste surtout sur le fait qu’il ne sera pas possible de tirer des enseignements valables avant les six mois d’observation prévus, et qu’il faudra tenir compte de la météo et de l’éventuelle évolution des comportements.

Le rapport complet de la première campagne comprenant l’interprétation de l’ensemble de ces résultats en lien avec ceux du trafic sera diffusé en mars 2017, correspondant en principe avec la fin de la période d’observation. Mais le rapport final de l’étude, intégrant la deuxième campagne de mesure en période estivale et la comparaison entre ces deux campagnes, ne sera, lui, disponible qu’en septembre.

Autant dire que le feuilleton n’est pas près de s’achever…

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 27/01/2017

Pierre Gattaz : « La mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables »

Tribune de Pierre GATTAZ, Président du MEDEF

Le protectionnisme de Donald Trump ne peut pas être transposé dans notre pays, le marché intérieur français ne pourrait pas soutenir notre économie. Il faut choisir l’international en misant sur nos atouts, selon le président du Medef.

Les déclarations antimondialisation de Donald Trump suscitent visiblement des interrogations ou des vocations de certains de nos politiques. La fermeture des frontières est-elle donc une stratégie économique possible ?

Il faut raison garder et constater tout d’abord qu’à ce stade, on est dans le discours, à la fois pour les menaces, mais aussi pour les promesses. Attendons de voir la réalité des faits. M. Trump l’a suffisamment démontré durant sa campagne : c’est un joueur de poker de génie. Et dans cette affaire, ce n’est pas forcément le seul…

Néanmoins, cette volonté affichée de repli américain à l’intérieur de ses frontières est, à plus d’un titre, inquiétante. En adoptant cette stratégie, les Etats-Unis choisiraient de s’exonérer des traités internationaux et de revenir à la loi du plus fort, certains que leur puissance les protégerait. Elle apparaît donc comme une aventure solitaire risquée même avec la maîtrise monétaire et un important marché intérieur.

Une telle stratégie provoquerait des réactions des autres pays et continents, Chine en tête. Si une telle aventure peut s’envisager pour le pays le plus fort économiquement au niveau mondial, transposée au niveau de la France, elle serait suicidaire : le seul marché français ne suffit pas à assurer un débouché à nos produits et services, et l’absence de liberté monétaire, même en imaginant sortir de l’euro, réduit fortement nos marges de manœuvre.

L’exemple de l’Allemagne montre bien que, pour un pays industriel de taille moyenne, la mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables.

Alors, que faut-il faire ? Contrairement à ce que pensent certains de nos politiques, la stratégie doit être de se tourner résolument vers la mondialisation en capitalisant sur nos atouts. Comment ?

En arrêtant de nous auto-dénigrer.

Je rentre du Mali, j’étais aux Etats-Unis tout début janvier, en Chine fin 2016… Partout, la France est admirée et respectée. Nos atouts sont considérables d’un point de vue économique. Cessons de penser que nous allons continuer à perdre en nous mondialisant. C’est faux et beaucoup d’entreprises françaises le prouvent et gagnent des marchés. Pas assez malheureusement.

En amenant plus d’entreprises à l’exportation.

C’est ce que je fais tous les mois, dans différents pays, en accompagnant des PME et des ETI à l’international. Mais notre volontarisme ne suffira pas à lui seul pour régler les problèmes structurels de notre pays. Voilà pourquoi les réformes doivent être menées. Vite et fort.

En ayant une vraie vision et déployer une stratégie internationale.

Les Etats-Unis resteront un marché important, mais les difficultés à prévoir doivent nous pousser à agir dans trois directions complémentaires de manière plus résolue :

Nous devons achever la construction européenne d’urgence. L’Europe, par la taille de son marché, peut être un vrai atout, mais cela nécessite évidemment d’achever rapidement une forme de convergence sociale et fiscale. Nous devons le faire d’abord au sein de la zone euro qui donne l’avantage d’une monnaie commune cohérente. Là encore agissons vite et fort.

Capitalisons aussi sur l’Afrique. Je ne le dirai jamais assez : l’Afrique est un continent pour les entreprises françaises. D’abord, parce qu’en maîtrisant deux langues (le français et l’anglais), on peut agir sur presque tout le continent. Ensuite, grâce à la diaspora africaine que nous avons en France : beaucoup de jeunes Français ont une double culture (française et du pays de leurs parents ou grands-parents). C’est un atout clé pour notre développement en Afrique.

Allons résolument sur ce continent en proposant un modèle de codéveloppement respectueux, en ayant une véritable approche gagnant-gagnant, humblement et respectueusement. Nous en tirerons tous bénéfice.

Enfin, tournons-nous vers l’Asie plus résolument. En France, la Chine fait peur, souvent par méconnaissance. Là encore, les opportunités sont faramineuses et les relations compliquées à prévoir avec les Etats-Unis offrent des opportunités à nos industriels. Profitons-en !

En cessant d’être naïfs.

La mondialisation est vertueuse si elle obéit à des règles. A cet égard, ceux qui ont dénoncé les accords de type TTIP ont rejeté des règles qui permettraient, si elles étaient bien négociées, d’encadrer notamment l’acteur dominant (les Etats-Unis) et d’ouvrir à nos PME d’immenses marchés. On peut critiquer le contenu de l’accord ou la méthode de négociation, mais rejeter l’idée même de ces traités, c’est accepter de laisser les Etats-Unis imposer leurs règles au reste du monde !

Alors que la France va être amenée à faire un choix important dans les mois qui viennent, je pense qu’il nous faut cesser de nous dénigrer et faire enfin le choix de la fierté, de la conquête et de l’enthousiasme.

Pierre Gattaz

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Entreprises : un nouvel outil contre l’optimisation fiscale

 

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert.

La France a ratifié l’accord de l’OCDE instaurant un échange automatique des données « pays par pays » des multinationales. Deux cents grands groupes français devront fournir ces informations au fisc.

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert. Il s’exprimait face aux sénateurs qui ont ratifié, ce jeudi, l’accord international, signé par une cinquantaine d’Etats, permettant d’échanger de façon automatique des données stratégiques sur les multinationales. Chiffre d’affaires, bénéfices, impôts, actifs, capital social, nombre de salariés… Les entreprises de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires devront transmettre l’ensemble de ces données à l’administration fiscale de leur pays, qui les échangera ensuite avec les Etats signataires de l’accord.

Lutte contre l’optimisation fiscale

Ce processus de reporting « pays par pays » constitue l’un des volets du plan de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre l’optimisation fiscale (« BEPS ») , adopté par le G20 fin 2015. Sa logique est comparable à celle de l’échange automatique sur les comptes bancaires, qui permettra dès 2018 à l’administration fiscale d’être informée sur les comptes à l’étranger de ses ressortissants.

Sans permettre au fisc de déclencher directement des contrôles, le reporting « pays par pays » lui apportera de précieuses informations pour vérifier que les « prix de transfert » correspondent bien à une réalité économique. Car les flux intragroupes constituent souvent un moyen pour les grandes entreprises de localiser leurs bénéfices dans les pays à faible fiscalité. « L’objectif global est de localiser les assiettes en cohérence avec le lieu où se produit la valeur ajoutée », expliquait Bruno Parent, le patron de l’administration fiscale, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

200 grands groupes français concernés

Ce dispositif s’applique aux entreprises de plus de 750 millions de chiffre d’affaires, soit 10 % des entreprises représentant 90 % du chiffre d’affaires mondial. En France, ce sont près de 200 grands groupes qui sont concernés.

S’il renforce les moyens de l’administration fiscale, le reporting « pays par pays » n’est pas sans limite. Les sénateurs ont exprimé jeudi à plusieurs reprises leur inquiétude sur la position ambiguë des Etats-Unis, qui ont adopté ce reporting mais sans ratifier l’accord d’échange international (lire ci-dessous). Et le changement d’administration à Washington laisse planer des doutes sur l’application des mesures anti-optimisation validées au sein de l’OCDE. « On ne peut qu’espérer que, malgré l’évolution du contexte international, les engagements pris par chacun seront respectés », a déclaré Christian Eckert au Sénat. Dans le cas où les Etats-Unis ne transmettraient pas leurs données, le secrétaire d’Etat a évoqué l’existence d’un mécanisme alternatif : le fisc français pourrait obliger les filiales hexagonales des groupes américains à fournir leurs informations sur la France.

Confidentialité du reporting

Des questions se posent également sur la confidentialité de ce reporting. Que se passe-t-il si un Etat transmet à une entreprise nationale des données sur un concurrent étranger ? L’accord signé à l’OCDE prévoit que les renseignements obtenus soient tenus secrets. « Malgré ces strictes conditions, le risque d’une utilisation détournée ne peut être complètement écarté », alerte un rapport du Sénat. Sur ce point, Christian Eckert affirme que « la France suspendra ses échanges si la confidentialité n’est pas respectée ».

Quant à la perspective de rendre ce reporting public, comme le réclament les ONG et certains députés, elle s’éloigne. Votée dans la loi Sapin 2, cette disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel. « La France est favorable au reporting public dès lors qu’il sera la règle au sein de l’UE », a rappelé Christian Eckert.

Ingrid Feuerstein

 

 

LE PARISIEN – 27/01/2017

Contrats de travail : les CDD très courts explosent, avec moins de CDI à la clé

 

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions. 

Le nombre d’embauches en CDD de moins d’un mois a plus que doublé en 15 ans et ces contrats débouchent de moins en moins sur un CDI, selon deux études de l’Unédic et de France Stratégie.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, tandis que celles de plus d’un mois n’ont pas bougé (environ un million). Ce document a été présenté aux partenaires sociaux mercredi lors d’une réunion de diagnostic du marché du travail, préalable à une éventuelle reprise des négociations sur l’assurance chômage.

Malgré cette tendance au raccourcissement des CDD, la part globale de ces contrats dans l’emploi reste stable sur cette période, à 9%, alors que les CDI représentent 76% de l’emploi total.

Un CDD sur cinq se transforme en CDI

Arts et spectacles, édition et audiovisuel, activités pour la santé, hôtellerie-restauration, immobilier et enseignement privé notamment sont les secteurs qui ont eu, en 2012, le plus recours à des contrats de moins d’un mois, voire quelques jours.

L’étude de l’Unédic, qui gère l’assurance chômage, souligne aussi le «poids croissant» de la réembauche, 84% des CDD de moins d’un mois étant des réembauches par un ancien employeur, selon des données de 2012.

«Dans certains secteurs, certains employeurs s’entendent implicitement avec leurs salariés sur la possibilité d’embauches successives avec parfois des engagements d’exclusivité», observe l’Unédic, sans plus de précisions.

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008. «Ces études confirment que les contrats courts sont au coeur du problème», a estimé Éric Courpotin (CFTC) après la réunion.

La surcotisation des contrats courts

Les négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage avaient échoué en juin 2016, après le refus du patronat de taxer les contrats courts. L’actuelle convention a été prolongée par l’État pour une durée indéterminée.

Syndicats et patronat ont repris langue en décembre pour faire un «diagnostic partagé» sur l’épineux dossier, en programmant une série de réunions jusqu’au 15 février, date à laquelle ils décideront de rouvrir ou non les négociations.

«Toutes ces études ne font pas avancer le « schmilblick ». On sent le même blocage qu’au printemps, les employeurs ne veulent pas discuter de leur choix dans le recours à la précarité car ils savent que ça aboutit forcément à la surcotisation des contrats courts», a commenté Denis Gravouil (CGT).

Olivier Boitet

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Incroyable mais vrai, le nombre de plans sociaux a chuté en 2016

Le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi a baissé de 12% l’an passé. Lors de ses vœux à la presse, Myriam El Khomri a répondu aux critiques sur la loi travail qui, selon ses détracteurs, faciliterait les licenciements.

Myriam El Khomri avait réservé l’annonce pour ses vœux à la presse: entre 2015 et 2016, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) a diminué de 12%. «Qu’il n’y ait aucun malentendu, je ne veux absolument pas minimiser l’ampleur» des derniers plans de restructuration, comme celui du groupe Vivarte, «ni minimiser la souffrance de ces salariés», a tenu à préciser d’emblée la ministre. Chez Vivarte en effet, la direction a annoncé, lundi, le lancement de deux PSE, à la Halle aux Chaussures et dans sa filiale Vivarte Services.

Si ce recul des plans sociaux est la conséquence logique de la reprise économique, le sujet est sensible pour Myriam El Khomri. Une partie de la gauche reproche à la loi travail, qui porte son nom, de faciliter les plans sociaux. Benoît Hamon, finaliste à la primaire socialiste, avait ainsi, lors du premier débat public entre les candidats, expliqué que le plan social de la Voix du Nord n’aurait pas été possible sans la loi El Khomri. Une affirmation réfutée par la ministre elle-même. La direction du quotidien régional évoque en effet la sauvegarde de la compétitivité pour justifier son plan. Or ce motif était accepté par la jurisprudence de la Cour de cassation bien avant la loi El Khomri.

Pour les plans sociaux, la grande nouveauté date de 2013

Selon la ministre, «la loi travail ne facilite pas les licenciements». Le texte «explicite seulement, sur la base de la jurisprudence actuelle, dans quelles circonstances précises une entreprise a le droit de procéder à des licenciements économiques». «Elle leur donne un cadre clair et sécurisé sans rien retirer au pouvoir des juges», a-t-elle appuyé.

Myriam El Khomri a raison. Même si elle a fait couler beaucoup moins d’encre, la réforme la plus importante du quinquennat en matière de plans sociaux date de juin 2013 et de la loi sur la sécurisation de l’emploi. Le texte visait à simplifier les procédures des licenciements économiques de taille importante. Il s’applique aux entreprises de 50 salariés et plus qui souhaitent licencier pour motif économique au moins dix salariés sur une même période de 30 jours.

Deux modalités sont désormais prévues: soit l’employeur conclut un accord collectif majoritaire avec les représentants syndicaux, qui est soumis à validation par l’administration régionale, soit il prend une décision unilatérale, soumise dans ce cas à homologation de l’administration. Auparavant le chef d’entreprise devait seulement notifier le PSE auprès de l’administration. Pour les entreprises, ce cadre présente le grand avantage de limiter les contentieux. Elles se félicitent aussi d’avoir désormais à faire, en cas de recours, au juge administratif et non plus judiciaire. Enfin, la nouvelle procédure est également plus rapide.

En 2014, 728 PSE ont été mis en œuvre. 39 % de ces plans résultaient de la validation d’un accord entre l’entreprise et les organisations syndicales. Les services du ministère du travail publieront dans les prochaines semaines les données pour 2015 et 2016.

Anne de Guigné

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 27/01/2017

Autoroutes : un plan de relance à 800 millions d’euros

Après une première vague d’investissement décidée en avril 2015, ce deuxième plan devrait permettre la création de 5 000 emplois supplémentaires.

Derniers chantiers avant les élections. Durant son quinquennat, François Hollande aura choyé les autoroutes. Pas moins de deux plans de relance auront été mis en place en l’espace de deux ans : le premier de 3,2 milliards d’euros a été signé en avril 2015 et un nouveau programme d’investissements de 800 millions d’euros a été annoncé jeudi 26 janvier. Un montant légèrement inférieur au milliard espéré.

Cela permettra la création de 5 000 emplois qui s’ajouteront aux 8 000 à 10 000 prévus dans le cadre du premier chantier. Une ampleur jamais vue. A titre de comparaison, le paquet vert autoroutier réalisé en 2010 par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy avait déjà été salué par son importance. Il prévoyait 1 milliard d’euros d’investissements pour améliorer les performances environnementales du réseau et 4 000 emplois.

32 échangeurs, 25 aires de covoiturages

Les deux plans de ce quinquennat diffèrent à la fois sur la nature des travaux et sur leur financement. Si le premier consistait principalement à aménager les grands axes existants en les élargissant, le second répond à des préoccupations locales.

Pour le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, ce programme prévoyant 32 échangeurs, 25 aires de covoiturages ainsi que des aménagements pour la protection du milieu naturel a « pour objectif de répondre à des attentes fortes des collectivités territoriales », explique-t-il, dans un communiqué. « Il vise à améliorer la desserte des territoires et à créer de l’activité en investissant dans l’amélioration de la qualité des infrastructures. »

En conséquence, le financement sera réparti entre les collectivités locales et les automobilistes. Les premières contribueront pour « plus de 50 % en moyenne pour les opérations routières d’intérêt local. Le complément proviendra d’une faible augmentation des péages, limitée de 0,1 % à 0,4 % par an de 2019 à 2021 », a précisé le secrétaire d’Etat. Rien à voir avec le plan de relance de 2015. En contrepartie de la prise en charge des 3,2 milliards d’investissement, les sociétés privées d’autoroutes ont obtenu un rallongement de deux ans et demi en moyenne de la durée des concessions.

Vinci sera le plus grand bénéficiaire

Dans les deux cas Vinci qui exploite 52 % du réseau autoroutier français est le plus grand bénéficiaire. Sur les 3,2 milliards d’euros du plan de 2015, il contribuait pour plus de 2 milliards, le reste étant réparti entre deux autres groupes Eiffage avec APRR et AREA, et Sanef contrôlé par l’espagnol Abertis.

Cette fois, sur les 800 millions d’euros du programme, Vinci fera un peu plus de la moitié des chantiers, Eiffage et Abertis, engageront des travaux estimés respectivement à 220 millions et 147 millions. Toutefois les protocoles d’accord entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes doivent encore être examinés par le régulateur du rail et de la route, l’Arafer. « Toutes ces étapes permettront d’engager les premiers travaux dès la fin de l’année 2017 », espère M. Vidalies.

La rapidité avec laquelle le deuxième programme a été entériné tranche aussi avec le précédent. Si le premier plan avait abouti trois ans après son annonce en 2012 – sur fond d’une vive polémique concernant le niveau élevé des péages – le nouveau, annoncé en juillet 2016 par François Hollande, a mis à peine six mois pour se conclure.

Dominique Gallois

 

 

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Rapprochement DCNS/Fincantieri : c’est non pour le moment

 

Le patron de DCNS Hervé Guillou a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan, le dossier de rapprochement entre son groupe et Fincantieri

 

Ces dernières semaines, le PDG de DCNS Hervé Guillou proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri.

C’est l’un des rêves d’Hervé Guillou. Depuis son arrivée à la barre de DCNS, le PDG du groupe naval travaille à une consolidation européenne. Ces dernières semaines, il proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri, un dossier qui a pour nom de code Magellan. C’est non, lui a récemment signifié l’État, selon des sources concordantes. Une nouvelle déception pour celui qui a la foi du charbonnier concernant l’Europe et la consolidation du secteur. Interrogé par La Tribune, DCNS n’a pas souhaité faire de commentaires.

« Je ne peux faire aucune prévision concernant une éventuelle consolidation ou m’engager sur un calendrier mais je m’engage à être prêt si un tel moment se présente », avait-il expliqué en février 2015.

A l’été 2015, Hervé Guillou s’était déjà heurté à un refus. DCNS et Fincantieri étaient pourtant en train de négocier un rapprochement à parité dans les bâtiments de surface. Les deux groupes navals, qui ont développé en commun le programme de frégates multimissions (FREMM), avaient alors secrètement signé un « Head of Agreement » (HoA), un document non engageant pour encadrer leurs négociations après des discussions entamées depuis la fin 2014.

DCNS autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan

Pour des questions pratiques notamment, l’État veut dissocier les deux dossiers : celui de STX, où DCNS devrait entrer dans le capital pour accompagner l’État, et Magellan. C’est d’ailleurs pour cela que la porte reste ouverte pour un rapprochement entre DCNS et Fincantieri. Tout n’est donc pas perdu pour Hervé Guillou mais la porte n’est qu’entrouverte. Dans ce cadre, DCNS a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan par l’État sans préjuger de sa réponse définitive. Car ce dernier s’interroge encore sur la nécessité d’une telle opération, surtout à quelques mois de l’élection présidentielle. « L’État n’est pas convaincu mais reste ouvert », explique-t-on à La Tribune. A Hervé Guillou de transmettre sa foi de charbonnier …

Le morcellement de l’industrie navale militaire européenne se résorbe peu à peu grâce à une consolidation au niveau national autour de grands maîtres d’œuvre dans six pays avec BAE Systems (Royaume-Uni), DCNS (France), Fincantieri (Italie), ThyssenKrupp Marine (Allemagne), Navantia (Espagne) et Damen (Pays-Bas). Des groupes, qui se retrouvent en concurrence frontale pour les marchés à l’export comme DCNS et Fincantieri au Qatar, où les Italiens ont gagné en juin dernier. Pour autant, selon des sources concordantes, les négociations entre les Italiens et Doha seraient actuellement très, très difficiles sur plusieurs points : le prix, le financement, la formation et les spécifications techniques. Bref, un contrat en bonne et due forme est loin d’être signé …

Michel Cabirol  

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Le e-commerce s’enracine dans le quotidien des Français

Le commerce en ligne a dépassé la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires en 2016. Il ne représente que 8 % du commerce de détail mais la fréquence d’achat augmente sensiblement.

Tous les indicateurs montrent qu’acheter sur la Toile devient un geste familier pour les Français. C’est le principal enseignement du bilan 2016 et des prévisions 2017 qu’a établis ce jeudi la Fevad, la fédération professionnelle du secteur.

Noël a été de nouveau un pic pour les Amazon et autres Cdiscount. Pour les fêtes de fin d’année, les ventes ont atteint les 14 milliards d’euros, en hausse de 15 %. De ce fait, l’année se termine pour le secteur par une nouvelle croissance à deux chiffres, de 14,6 %, la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires étant dépassée (72 milliards précisément). Et les projections pour 2018 tablent sur le franchissement de la marche des 80 milliards, à 81,7 milliards.

Le coût de la livraison n’apparaît plus comme un frein

Cela représenterait une hausse de 13 %, moins forte que les années précédentes, qui traduit une forme de banalisation de l’acte d’achat sur la Toile. De fait, les e-acheteurs réalisent désormais en moyenne 28 transactions par an, contre 23 en 2015. Selon une enquête CSA, 58 % des acheteurs en ligne achètent sur le Web au moins une fois par mois. Quelques 19 % des sondés comptent acheter encore plus en ligne en 2017, et notamment 26 % des 25-34 ans. Conséquence logique, le montant moyen d’une transaction diminue, lui, de 7 %, et passe à 70 euros. On était à 91 euros en 2008.

Parmi les éléments qui encouragent les achats en ligne, le fait que la livraison, et son coût, apparaisse de moins en moins comme un obstacle, grâce à la multiplication des abonnements annuels, du type Amazon Premium ou FNAC +. « Ces offres désinhibent les achats en ligne, notamment sur les petits montants », a déclaré à Reuters Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Selon Médiamétrie, la France compte désormais 37 millions de cyberacheteurs.

Amazon, site le plus visité de France

Avec 16 millions de visiteurs uniques par mois, Amazon reste le site le plus fréquenté en France. devant Cdiscount (12 millions) et la FNAC (10 millions).

Autre indice de la banalisation, l’utilisation du smartphone pour commander, notamment par les jeunes. Les ventes sur smartphones et tablettes ont crû de 30 % en 2016 et ont représenté à Noël 28 % des achats.

La banalisation du e-commerce touche particulièrement l’habillement. Plus de la moitié des cyberacheteurs, selon CSA, ont acheté de la mode en 2016. Suivent les produits culturels (49 %), les chaussures (39 %) et les produits techniques (39 %).

Les achats de produits de beauté se multiplient

Phénomène plus nouveau mais qui s’ancre lui aussi dans les habitudes : 37 % des acheteurs en ligne achètent des produits de beauté et de santé. Ainsi, de façon contre-intuitive, les Français vont d’abord sur la Toile pour trouver des produits qui touchent à leur apparence (habillement, produits de beauté). L’absence de cabine d’essayage ne semble pas les affecter, loin de là.

L’enquête CSA indique également que 30 % des consommateurs qui achètent en ligne ont déjà commandé un repas sur Internet et que 13 % le font une fois par mois. Le succès des Foodora, Just Eat et autres Deliveroo ne se dément pas.

Les magasins traditionnels résistent

Toutefois, les chiffres ne condamnent pas les magasins traditionnels. D’abord, le budget moyen consacré par les consommateurs français sur Internet est de 2.000 euros par an. Et le e-commerce ne représente toujours que 8 % de l’ensemble du commerce de détail. Par ailleurs, la livraison en magasin progresse (+5 % en 2016, à 36 %) et un autre comportement commence à être quantifié par les experts : la réservation en ligne. Près d’un tiers des cyberacheteurs indiquent ainsi être allés sur les sites marchands juste pour réserver un produit qu’ils sont ensuite allés chercher dans une boutique.

Philippe Bertrand

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

Arthur Sadoun remplace Maurice Lévy à la tête de Publicis

  1. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

Le patron de Publicis, Maurice Lévy, sera remplacé par Arthur Sadoun à la présidence du directoire à partir du 1er juin, a annoncé jeudi 26 janvier le groupe dans un communiqué. M. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

La philosophe féministe Elisabeth Badinter, principale actionnaire du groupe et fille de son fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, a dit « avoir toute confiance dans cette équipe pour mener à bien les tâches qui l’attendent ». De son côté, M. Levy, qui avait pris la tête du groupe en 1987, s’est « réjoui de ce choix qui me paraît le plus juste et le plus judicieux pour notre groupe et son avenir », selon le communiqué publié par Publicis. Il prendra la tête du conseil de surveillance, à la place de Mme Badinter, à compter du 1er juin, si cette nomination est validée par l’assemblée générale des actionnaires qui se tiendra le 31 mai.

Bénéfice de 901 millions d’euros

Sous l’impulsion de M. Levy, Publicis va connaître un coup d’accélérateur à l’international, avec des prises de participation dans le monde, qui en ont fait le troisième groupe mondial de communication et de publicité. Le géant français a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 9,6 milliards d’euros, qui lui a permis de dégager un bénéfice net de 901 millions d’euros.

Dans son communiqué, Publicis a également annoncé l’arrivée de Steve King, actuellement à la tête de Publicis Media, au sein du directoire.

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Les start-up françaises attirent de plus en plus de financements

2016 est une année record avec plus de 2 milliards d’euros de levées de fonds.

Changement de décor pour le capital-risque français. Après une période compliquée, au cours de laquelle les jeunes entreprises peinaient à trouver des financements, les robinets coulent désormais à flots. L’année dernière, les seules entreprises technologiques françaises ont levé 2 milliards d’euros, quasiment deux fois plus qu’en 2015. Ce dynamisme permet à la France de doubler l’Allemagne et de se placer juste derrière le Royaume-Uni, avec 486 opérations de financement réalisées au cours des douze derniers mois (contre 909 pour les Anglais), selon une étude réalisée par CB Insights et la French Tech.

Redevenu très actif, le financement des jeunes pousses n’est cependant pas encore optimal. Les fonds apportés concernent à 65 % des opérations d’amorçage ou de premier rang (série A), pour des montants généralement compris entre quelques centaines de milliers d’euros et 5 à 7 millions. S’ils correspondent aux besoins des entreprises – les start-up foisonnent et de nouveaux projets continuent d’émerger quotidiennement -, ils marquent aussi la difficulté des Français à lever des fonds plus importants.

231 transactions recensées

Autre caractéristique: Paris concentre la plus grande partie des financements, avec 231 transactions recensées qui ont drainé un peu plus d’un milliard d’euros. En région, le soutien de la French Tech est encore balbutiant. Montpellier arrive ainsi en deuxième position, avec seulement onze opérations. «L’émergence de “bâtiments totems”» aussi symboliques que Station F à Paris, commence aussi en région, ce qui témoigne du dynamisme des territoires», veut cependant croire Antoine Darodes, directeur de l’Agence du numérique. Lille, pour ne citer qu’elle, a ainsi son paquebot, avec EuraTechnologies, qui a hébergé une centaine de start-up en phase d’incubation en 2016.

Le financement reste dominé par les acteurs français. Bpifrance tient son rang de locomotive du financement de l’innovation en nombre d’opérations réalisées, tandis que Kima Ventures arrive en deuxième position. Le fonds, créé par Xavier Niel, investit dans deux à trois start-up par semaine, en France et à l’étranger. «Niel, c’est la France», avait d’ailleurs lâché Michel Sapin, ministre de l’Économie, au détour d’une conversation au CES.

Les fonds étrangers et plus particulièrement américains commencent tout juste à manifester leur intérêt pour l’écosystème français. Ils sont un complément indispensable aux acteurs nationaux pour accompagner les entreprises dans leur croissance, sous peine de les voir rachetées par des grands groupes étrangers, comme l’illustrent les opérations bouclées l’année dernière. Les cinq principales acquisitions de start-up françaises ont en effet été réalisées par des groupes étrangers, à l’image du rachat de l’éditeur de logiciels Enablon par Wolters Kluwer pour 250 millions d’euros. Il s’agit de la plus grosse transaction de l’année, suivie par le rachat de Withings par Nokia pour 170 millions d’euros.

Les opérations de financement de grande ampleur se comptent encore sur les doigts des deux mains. Le record de 2016 revient au leader européen des centres de stockage de données OVH, avec 250 millions d’euros, suivi de Sigfox, qui a engrangé 150 millions pour le déploiement de son réseau télécoms dédié à l’Internet des objets. La levée de fonds de 100 millions d’euros bouclée par le fabricant français d’enceintes connectées Devialet est remarquable à plus d’un titre. Il est le seul acteur de l’électronique grand public à avoir bouclé un financement de plus de 20 millions d’euros, sur les 18 opérations de cette taille recensées par CB Insights. Devialet a aussi attiré des investisseurs étrangers prestigieux, comme Foxconn – le géant chinois de la sous-traitance connu pour produire les iPhone d’Apple – ou Sharp.

2017 pourrait être une année de d’amplification. Tous les indicateurs sont au vert pour espérer une nouvelle augmentation des financements privés, marquée par une participation plus importante des fonds étrangers. Pour que la tendance continue, les créateurs de start-up français expriment les mêmes souhaits que la plupart des entrepreneurs, appelant à plus de stabilité fiscale et, plus largement, à un environnement plus favorable aux entreprises. À ce titre, ils ont les yeux rivés sur les programmes des candidats à la présidentielle.

Elsa Bembaron

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 27/01/2017

Primaire à gauche : Hamon-Valls, leurs derniers arguments

LE FAIT DU JOUR. Par entretiens croisés, Benoît Hamon et Manuel Valls se livrent dans notre journal à un ultime face-à-face. Dimanche, l’un d’eux sera le candidat du Parti socialiste à la présidentielle. 

Benoît Hamon et Manuel Valls ont au moins une chose en commun : c’est la cuisine de maman qu’ils préfèrent. Mais ce n’est pas uniquement ce que l’on apprend dans ces deux interviews des rivaux, réalisées hier, au même moment dans leurs QG respectifs. On y découvre que l’ancien ministre de l’Education a pris plaisir à cette campagne qu’il estime réussie, tandis que l’ex-Premier ministre déplore pour sa part — comme pour conjurer le sort ? — sa brièveté.

De fait, au 11e étage de la tour Montparnasse, dans les bureaux spartiates de Benoît Hamon, aux allures de local étudiant, l’ambiance est à l’optimisme jovial. Hamon aime à raconter que c’est dans cette tour que François Mitterrand avait, lui aussi, installé son siège de campagne présidentielle en 1974 ; « Et, comme lui, j’ai tenu mon dernier meeting d’avant-premier tour à Toulouse et j’achèverai ma campagne ce soir à Lille », ajoute celui qui s’inscrit dans les pas du premier président socialiste de la Ve République.

Quant à Manuel Valls, inhabituellement serein et détendu dans ses locaux du XIIIe arrondissement, à deux pas de la bibliothèque François-Mitterrand, il espère une participation supérieure dimanche, dépassant cette fois la barre des 2 millions. Aujourd’hui, avant la fin officielle de la campagne, ce soir à minuit, tous deux arpenteront le terrain, jetant dans la bataille leurs dernières forces.

BENOÎT HAMON : « J’aurais aimé plus de participation »

Qu’avez-vous pensé de cette campagne d’entre-deux-tours ?

BENOîT HAMON. On a eu un débat télévisé de bonne qualité. Manuel Valls et moi-même avons eu le souci de développer nos projets sur des contenus plutôt que sur des caractérisations négatives… Même s’il a été sur le terrain de « il vend du rêve ». Et son entourage a démarré sur un terrain extrêmement agressif et blessant (NDLR : les accusations de « candidat des Frères musulmans » portées par des proches de Valls). Cela distille un poison. Et si Manuel pensait cela de moi, il ne m’aurait pas nommé ministre de l’Education nationale ! Ce qui m’a blessé, ce n’est pas que l’extrême droite m’appelle Bilal Hamon — et d’ailleurs, c’est joli comme prénom, Bilal —, c’est de voir que cette campagne déborde au point que l’on reprenne des arguments de Florian Philippot (NDLR : vice-président du FN) ! Ce n’est pas sous mon gouvernement qu’on a décoré le prince saoudien qui est l’héritier de la dynastie wahhabite, c’est-à-dire de ceux qui financent les mosquées les plus radicales en France.

Avez-vous eu des échanges entre vos deux équipes pour calmer le jeu ?

Il y a eu un contact off, pas à ma demande. Le problème, c’est qu’après il faudra rassembler. Si on commence à expliquer qu’il y a des gens parmi nous qui frayent avec l’islam radical et d’autres qui sont de dangereux anticléricaux… Il faut qu’on fasse cause commune. J’ai demandé à mes équipes de fixer nos lignes jaunes, de s’interdire tout propos désobligeant.

Est-ce qu’il y a des choses que vous feriez différemment dans cette campagne ?

Qu’est-ce que je changerais ? Je prendrais peut-être quelque chose pour dormir. Et puis il y a eu un débat de trop avant le premier tour. J’en ferais peut-être un spécialement avec des journalistes européens.

Si, dimanche, vous êtes élu, changerez-vous les choses au parti ?

Je ferai les gestes nécessaires à l’égard de toutes les familles du PS. Et, au-delà, de toute la gauche. En même temps, pour marcher, une campagne ne peut pas être prisonnière d’un appareil. Elle doit pouvoir s’épanouir, s’ébrouer. Mon premier réflexe ne serait pas de dire que j’ai gagné le congrès du PS. Je ne suis pas là pour prononcer des excommunications : j’en parlerais avec Jean-Christophe Cambadélis.

Êtes-vous satisfait de cette primaire ?

J’aurais aimé qu’il y ait plus de participation. J’espère que ce sera le cas au second tour.

Quel est le seuil d’une bonne participation ?

J’espère qu’on va approcher 2 millions.

François Hollande ne votera pas au second tour. Auriez-vous souhaité qu’il s’investisse plus dans la primaire ?

Il est le président, il s’est retiré, je trouve logique et normal qu’il ne vote pas. C’est plutôt le contraire qui eût été curieux.

N’y a-t-il pas un côté après moi le déluge ?

C’est la Ve République. Les institutions vous enferment et vous hissent à des niveaux de puissance et d’impunité. Les contre-pouvoirs sont quasi inexistants. Cela tend à vous extraire du monde tel qu’il est.

Qu’est-ce qui vous distingue, Manuel Valls et vous ?

Sans vouloir être blessant, les solutions que met sur la table Manuel Valls ont toutes été pour partie déjà expérimentées. Cette politique se rattache davantage à la page qui est en train de se tourner.

Quel est son point faible ?

Il est difficile pour lui de donner l’impression que le candidat Valls est en désaccord avec le Premier ministre Valls. Parfois, à l’écouter, on se dit qu’il aurait voté contre certaines de ses propositions…

Si vous étiez élu, quelle serait votre première mesure ?

J’interdirais les produits toxiques et les perturbateurs endocriniens. J’ouvrirais immédiatement le chantier d’une nouvelle loi Travail. Je proposerais trois référendums : l’un sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, l’autre sur le vote blanc et, enfin, sur le 49-3 citoyen.

En cas de défaite, ferez-vous campagne pour le vainqueur ?

On ne peut pas dire le contraire de ce que l’on a défendu ! Donc on se met en retrait…

L’affaire Penelope Fillon est-elle le signe qu’en politique l’exemplarité est décidément impossible ?

Nous avons en chacun de nous une humanité imparfaite. Mais sur le plan de la probité, je revendique qu’il faut un personnel politique honnête. Si son épouse n’a pas travaillé, et pour un salaire de 7 900 € par mois, c’est choquant.

MANUEL VALLS : « Je n’ai pas de regrets »

Que pensez-vous de cette campagne ?

Manuel Valls. C’est une campagne intense, courte. Trop courte, sans doute. Mais passionnante. Au fond, elle a véritablement pris son envol au soir du premier tour. Sept candidats, sept personnalités, sept projets… La première partie était assez confuse. Le second tour a la vertu de proposer deux orientations pour la gauche et pour la France.

Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?

Le temps du bilan n’est pas venu, mais je n’ai pas de regrets.

Même d’avoir proposé la suppression du 49-3 ?

Non. J’ai quitté Matignon pour m’engager dans la campagne présidentielle. A ce moment-là, le regard des Français sur moi a changé. Le seul regret que je peux avoir, c’est de ne pas avoir eu assez de temps pour ce passage entre le statut de chef du gouvernement et celui de candidat à la présidence de la République.

Auriez-vous préféré que François Hollande s’investisse davantage ?

Non. Je suis candidat à la présidence de la République, donc ma préoccupation essentielle, c’est le rapport avec les Français. Les soutiens sont importants, évidemment, mais ça n’est pas l’essentiel.

Tout de même, n’auriez-vous pas souhaité que les membres du gouvernement vous soutiennent plus ?

Mais beaucoup se sont investis !

Cela ne s’est pas beaucoup vu…

Je ne suis pas d’accord. Je suis celui qui a reçu le plus de soutiens, notamment de Jean-Yves Le Drian, Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Jacques Urvoas, de l’écologiste Emmanuelle Cosse. Mais, encore une fois, l’essentiel, c’est le vote massif des électeurs. J’appelle ceux qui veulent que la gauche réformiste, républicaine et laïque gagne à venir voter dimanche.

Jugez-vous d’ores et déjà que cette primaire est un succès ?

Non. Pas encore ! J’avais défini les conditions d’un succès : un choix clair — c’est possible dimanche —, des débats de qualité — c’était le cas mercredi soir. Mais la première condition que j’avais posée était la participation. Il faut saluer ceux qui sont venus voter au premier tour. 1,6 million d’électeurs, c’est beaucoup plus que l’ensemble des militants du PS et des formations qui participent à la primaire. Mais c’est en deçà de nos espérances. J’attends du second tour qu’il y ait une participation plus importante pour faire un choix clair.

Combien faudrait-il d’électeurs au second tour pour que cela soit un succès ?

Pour que la primaire gagne en force, il faut plusieurs centaines de milliers d’électeurs supplémentaires par rapport au premier tour.

Qu’ils soient au moins 2 millions ?

Oui, au moins.

Qu’est-ce qui vous distingue de Benoît Hamon ?

La crédibilité.

Quel est son principal point de faiblesse ?

La crédibilité.

En cas de défaite, soutiendrez-vous Benoît Hamon ?

Quand on est engagé dans un combat, c’est pour le gagner. Je veux gagner.

On vous imagine mal faire campagne pour le revenu universel d’existence…

C’est bien là le problème… Moi, j’ai toujours dit que je respectais les règles de la primaire, mais nous sommes face à un choix historique. Nous avons toujours eu des débats à gauche. Mais ce que nous n’avons pas tranché ces quinze dernières années a pesé sur le quinquennat. Je ne veux pas que cela se reproduise demain. Il faut que les Français tranchent. Pour le reste, rendez-vous lundi matin.

Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure ?

Je réunirai les chefs d’Etat européens pour bâtir une Europe de la défense. C’est vital face aux défis de notre monde. L’Europe se meurt de ne pas avoir de projet politique. Cette Europe de la défense, c’est la première étape vers une refondation de l’Europe autour de trois priorités : la sécurité, la croissance, la défense de nos choix collectifs contre le dumping environnemental et social.

Beaucoup se demandent, après le soupçon d’emplois fictifs concernant l’épouse de François Fillon, si l’exemplarité en politique n’est pas impossible…

Quand on veut accéder aux responsabilités publiques ou quand on les exerce, il ne faut pas prêter le flanc à des soupçons. Quand, en plus, on fait campagne sur l’exemplarité, la transparence et l’honnêteté, il faut être encore davantage à la hauteur de ses propres exigences. Donc, à chaque fois qu’il y a un soupçon, il faut que la justice puisse agir rapidement pour que la vérité soit établie. Tout le paradoxe, c’est que, alors que l’on a durci les règles de transparence et les sanctions, cela profite aux populistes et à l’extrême droite qui est elle-même poursuivie par la justice dans bien des affaires !

Vidéo : http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/j-aurais-aime-plus-de-participation-27-01-2017-6624846.php

 

Propos recueillis par Ava Djamshidi et Henri Vernet, Philippe Martinat et Pauline Théveniaud

 

 

L’OPINION – 27/01/2017

Comment Benoît Hamon a braqué la primaire de la gauche

Revenu universel, fin du travail, écologie… Le concurrent de Manuel Valls a dépoussiéré de vieilles idées, avec une stratégie précise : cibler des catégories de population favorables à la gauche bien au-delà du PS

Quelque 5,5 millions de téléspectateurs ont suivi mercredi soir le débat entre Benoît Hamon et Manuel Valls, soit 3 millions de moins que le débat opposant fin novembre Alain Juppé et François Fillon. Les deux finalistes étaient en meeting jeudi soir, l’un à Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’autre à Alfortville (Val-de-Marne). Le second tour de la primaire de la gauche se déroulera dimanche.

Comment Benoît Hamon a-t-il réussi à s’imposer dans la primaire de la gauche ? Comment l’éternel apparatchik du PS, engagé en politique depuis trente ans, qui a signé à peu près toutes les synthèses hollandaises, qui fut ministre durant la première moitié du quinquennat, fit voter la loi qui ouvre à la concurrence le secteur des lunettes, qui fut le coartisan de l’accession de Manuel Valls au poste de Premier ministre, et le ministre de l’Education nationale le plus éphémère et inopérant que la gauche ait donné au pays, a-t-il réussi à incarner un « futur désirable » aux yeux d’une partie de la gauche ?

Le tour de force fera sans doute l’objet d’études approfondies dans les instituts de science politique. En attendant, un premier constat s’impose : le candidat Hamon a été porté en tête du classement au premier tour par une vague qui déborde largement… sur la gauche du Parti socialiste. « Benoît Hamon fait un score honorable dans l’électorat socialiste, mais c’est dans l’électorat du Front de gauche et écologiste qu’il fait la différence avec Manuel Valls », souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès. Une étude de l’institut Elabe a montré que 59 % de la gauche hors PS a voté Hamon, tandis que 43 % des électeurs se déclarant proches du PS ont voté Valls. « Dans mes bureaux de vote, j’ai vu beaucoup de militants de la CGT et du Parti de Gauche », témoigne un député PS du Sud-Ouest. En Grande-Bretagne, le même phénomène a porté Jeremy Corbyn à la tête du Labour en 2015.

« Ce qui a été l’un des mots d’ordre de Nicolas Sarkozy dans la primaire de la droite, “On ne va pas se laisser voler notre primaire”, est en train de se passer dans la primaire de la gauche, souligne Gilles Finchelstein. Le PS pourrait dire qu’il se fait voler sa primaire par la gauche radicale et écologiste, qui est venue sanctionner le gouvernement. »

Parole politique pure. Reste que ce vote-sanction aurait pu bénéficier à Arnaud Montebourg, très critique lui aussi à l’égard de la politique du gouvernement. S’il n’en a rien été, c’est que Benoît Hamon a réussi à installer le débat autour de ses propositions. « Il a réussi à donner une impression de sincérité, de compétence et de cohérence », observe Gilles Finchelstein. « C’est le seul qui a eu une parole politique pure, sur le thème “Si on veut, on peut” », estime Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. Un petit air du « Yes, we can » de Barack Obama !

Mettant en application – sans l’assumer – la stratégie électorale préconisée dans un rapport du think tank Terra Nova (proche du PS) en 2011 (qui avait fait polémique à l’époque), Benoît Hamon s’est aussi adressé à des catégories de population très ciblées, à des « niches » a priori favorables à la gauche : les jeunes, les précaires, les urbains, les femmes, les Français issus de l’immigration.

Les jeunes et les précaires ont été séduits par l’idée du revenu universel. « Les étudiants pourraient faire leurs études dans de meilleures conditions, sans travailler à côté, les autres pourraient éviter de prendre des bullshit jobs », explique Antoine Stéphany, en quatrième année à Sciences Po, coordinateur formation au Mouvement français pour un revenu de base. Le terme a été conceptualisé par David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, venu à la rencontre des militants de Nuit Debout à Paris après avoir été l’un des piliers du mouvement Occupy Wall Street. « Ce qui est drôle, c’est que ce débat sur la fin du travail, on l’a eu au PS il y a vingt ans, au PSU, s’amuse un proche d’Arnaud Montebourg. Son talent, c’est d’avoir remis au goût du jour de vieilles idées, en les faisant passer pour des idées neuves… »

Culture commune. La récente conversion de Benoît Hamon à l’écologie a plu à l’électorat « bobo » des centres-villes, comme le démontre son score de plus de 40 % à Paris, mais pas seulement. « Benoît Hamon a réussi à créer une culture commune en comprenant que la question sociale était indissociable de la question écologique, analyse Lucile Schmidt, présidente de la Fondation de l’Ecologie politique, auteur du livre La France résiste-t-elle à l’Ecologie ?. Pour cela, il a parlé de sujets concrets, « concernants », comme la pollution ou les perturbateurs endocriniens. « Il a aussi évoqué les inégalités environnementales qui renforcent souvent les inégalités sociales », souligne Lucile Schmidt. Cela permet de toucher un large public, pas forcément « bobo ». Ceux qui sont le plus soumis aux pollutions ou aux nuisances sonores sont ceux dont le logement insalubre, éloigné des services publics, est situé près des axes routiers ou d’établissements industriels. Les agriculteurs sont aussi victimes de maladies professionnelles liées notamment aux pesticides.

Sa fibre écologique a été alimentée par la lecture d’Albert Camus, dont il a aimé l’ode à la nature et à la beauté de la Méditerranée, dans le recueil de nouvelles Noces, et L’Exil d’Hélène, «un texte très politique où il dénonce l’humanité qui prétend soumettre la nature», expliquait le candidat au site Reporterre. Il a aussi lu François Jullien, qui a écrit Les Transformations silencieuses. Livre dans lequel l’auteur évoque un handicap de la pensée occidentale, son incapacité à penser les transitions. Et un autre philosophe, André Gorz, théoricien de la décroissance.

Enfin, son plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la Palestine, et sa conception souple de la laïcité, lui ont rapporté de meilleurs scores encore en Seine-Saint-Denis qu’à Paris (42,5 % des voix).

Ces positions qui charment la gauche altermondialiste passeront-elles la rampe du débat présidentiel ? Benoît Hamon s’est comparé lui-même à François Fillon : méprisé par les médias et les sondeurs en début de campagne, il s’est imposé dans la primaire par ses idées, qui parlent à la gauche la plus radicale là où les positions de François Fillon parlent à la droite la plus conservatrice. Il risque du coup, s’il est élu dimanche prochain, de connaître lui aussi, comme François Fillon, une entrée compliquée dans l’atmosphère, et de subir un problème d’adéquation de son projet aux aspirations, craintes et désirs de l’ensemble des Français.

Irène Inchauspé et Nathalie Segaunes

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

La campagne de François Fillon déstabilisée par les accusations visant sa femme

Cacophonie des porte-parole, ironie d’Alain Juppé, silence des élus LR et grogne des sarkozystes : le candidat de la droite voit la relance de sa campagne entravée.

François Fillon avait prévu de mettre en scène ses retrouvailles avec Alain Juppé à Bordeaux. Quelques belles images devaient asseoir, mercredi 25 janvier, le rassemblement de la droite autour de sa candidature.

Mais lorsque, vers 10 heures, le candidat de la droite à la présidentielle descend de sa voiture pour saluer le maire de la ville, devant l’entreprise Thalès, il affiche la mine des mauvais jours. « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte », lance-t-il, visage fermé, tandis que la presse l’assaille sur la réalité de l’emploi de sa femme, Penelope, comme assistante parlementaire et « conseillère littéraire » de La Revue des deux mondes.

« Parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? », s’indigne-t-il, se disant « scandalisé par le mépris et la misogynie » du Canard enchaîné, qui a révélé l’affaire. M. Fillon enchaîne sur la visite de l’entreprise Thalès, essayant même des casques de l’armée d’un air le plus détaché possible.

Rien n’y fait. Dans le cortège qui le suit, élus, collaborateurs et journalistes n’ont qu’une question en tête : sa femme, qui a perçu 500 000 euros, a-t-elle réellement travaillé à l’Assemblée nationale ? François Fillon et Alain Juppé, eux-mêmes, semblent incapables d’éviter les allusions. « On a failli se crasher dans les montagnes ! », lance le premier en embarquant dans un simulateur de vol en hélicoptère. Et le second : « On est dans le même appareil ! »

  1. Fillon contraint d’adapter sa stratégie

A cette heure de la journée, on minimise pourtant l’« affaire ». Le matin, au QG du candidat, à Paris, Patrick Stefanini attend la fin de la réunion pour aborder le sujet. Devant des parlementaires Les Républicains (LR) inquiets, le directeur de campagne juge que les premières explications vont suffire à calmer la tempête médiatique.

Mais l’après-midi, coup de tonnerre : une enquête préliminaire est ouverte par le parquet national financier. M. Fillon est contraint d’adapter sa stratégie. Dans un communiqué publié dans la soirée, il demande à « être reçu au parquet national financier dans les plus brefs délais » et dénonce une manœuvre : « Je ne peux que m’étonner que des faits aussi anciens et légaux fassent l’objet d’une telle campagne, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. »

Moins dommageable, puisqu’il ne s’agit pas d’argent public, les 100 000 euros brut touchés entre mai 2012 et décembre 2013 par Penelope Fillon de La Revue des deux mondes, propriété du patron de la holding Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière – un ami de l’ancien premier ministre. Seules deux courtes recensions de livres ont été publiées (sous le pseudonyme de Pauline Camille) à l’automne 2012, sans que le directeur de l’époque, Michel Crépu, ne les ait jamais sollicitées. « Un après-midi, Marc Ladreit de Lacharrière m’a appelé et m’a dit : Penelope Fillon s’ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ?, raconte M. Crépu. Je ne l’ai jamais vue, ne lui ai jamais parlé. Les deux notes ne sont pas passées par moi. »

Cette fois, Marc Ladreit de Lacharrière vole au secours du candidat. « La revue voyait son chiffre d’affaires baisser chaque année, explique mercredi soir le milliardaire au Monde. J’ai donc demandé à quelques amis et personnalités de réfléchir à son devenir, notamment en l’ouvrant vers l’étranger. » « Penelope Fillon était de ceux-là, ajoute-t-il sans donner d’autres noms. C’est une femme intelligente, elle a lu beaucoup de livres – dont deux résumés seulement ont été publiés. »

« On a beaucoup d’ennemis en interne »

Selon l’homme d’affaires, cette « réflexion stratégique informelle » à laquelle M. Crépu, parti fin 2014, n’a pas été associé, n’a pas donné lieu à des réunions. « J’ai dans mes activités une agence de notation, avec des sièges à New York, Londres et Hongkong, je suis un homme du téléphone et de face-à-face », argumente le patron de Fimalac.

Au fil de la journée, la cacophonie des porte-parole sème encore davantage le trouble. Alors que le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, assure sur France Inter avoir « souvent vu » Penelope Fillon « participer à ses travaux », « y compris en de multiples circonstances à l’Assemblée nationale », Florence Portelli, porte-parole de M. Fillon, explique que « si on n’a pas vu madame Fillon, c’est parce qu’elle était dans la Sarthe ».

L’absence de coordination de ses troupes – un problème récurrent dans la campagne – semble agacer l’ex-premier ministre, qui profite d’une table ronde avec un entrepreneur à la cité du vin pour leur glisser une amabilité : « Vous venez de décrire mon projet avec une précision que peu de mes porte-parole sont capables d’apporter ! »

Le candidat ne peut pas compter non plus sur un soutien sans faille de la part d’Alain Juppé, qui au fur et à mesure de la journée prend ses distances. « J’ai choisi de te soutenir, finit par déclarer le maire de Bordeaux. Enfin… j’ai été conduit à te soutenir. »

Décidément bien seul, M. Fillon n’a pas reçu non plus beaucoup de renforts chez les élus LR, dont la grande majorité est restée silencieuse. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, ancienne proche du candidat, a confié jeudi matin sur RTL qu’elle ne « savai[t] pas » que Pénélope Fillon était assistante parlementaire. Certains des proches du candidat LR ont d’ailleurs suggéré que la « fuite » viendrait de son propre camp. « Le problème, c’est qu’on a beaucoup d’ennemis en interne », s’inquiète un proche de M. Fillon, qui comprend que « l’affaire Penelope » est un rude coup pour celui qui voulait relancer sa campagne avec un grand meeting à Paris, dimanche. « Cela remet en cause sa probité. Or, cela a toujours été un marqueur pour lui », regrette un membre de l’équipe.

Réunion de parlementaires sarkozystes

A moins de quatre mois de la présidentielle, elle fournit un angle d’attaque en or aux adversaires de M. Fillon, tant elle contraste avec la rigueur affichée en matière de gestion de l’argent public. « C’est le principe des boules puantes de taper là où ça fait mal… », se désole un filloniste.

L’« affaire » vient enfin confirmer que, malgré une large victoire à la primaire, la droite peine à faire bloc derrière son candidat. Plusieurs voix se sont élevées en interne ces dernières semaines, tels Laurent Wauquiez, Christian Estrosi ou Rachida Dati. Mercredi matin, une cinquantaine de parlementaires sarkozystes se sont réunis dans un restaurant parisien. « C’est le signe d’une préoccupation », juge Brice Hortefeux.

Lors de ce petit-déjeuner, plusieurs élus, dont Mme Dati, se sont plaints d’une trop faible considération. Il a aussi été question, bien sûr, de « l’affaire Penelope » : « Fillon n’a pas de gens prêts au combat autour de lui. Nous, nous sommes disponibles », a assuré le sénateur de Paris Pierre Charon, qui peut se prévaloir d’une certaine expérience en la matière.

Matthieu Goar, Alexandre Lemarié et Ariane Chemin

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 27/01/2017

Hollande et Merkel veulent une clarification politique sur l’Europe au sommet de La Valette

Les dirigeants français et allemand se rencontrent vendredi à Berlin pour préparer le sommet organisé à Malte le 3 février. Ils espèrent provoquer un débat avec les pays de l’est sur les valeurs communes aux Européens

Ce sera une des dernières visites officielles de François Hollande à Berlin. Le président de la République s’y rend ce vendredi pour un déjeuner de travail avec Angela Merkel. Objectif : préparer le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union européenne (UE), qui a lieu le 3 février à Malte, et les cérémonies de commémoration du Traité de Rome, le 25 mars.

Cette rencontre intervient dans un contexte particulier : juste après l’investiture de Donald Trump, qui prône le protectionnisme et salue le Brexit comme s’il espérait une dislocation de l’UE; au début de la campagne électorale française, à laquelle le président a renoncé à participer ; et trois jours après la décision surprise du Parti social-démocrate allemand (SPD) de nommer Martin Schulz pour affronter Angela Merkel en septembre.

Ce calendrier et ce contexte semblent pousser le couple franco-allemand à accélérer le tempo et lancer une opération vérité au sein de l’Union. « Le 60 ème anniversaire du Traité de Rome sera certes une commémoration, explique-t-on à Paris, mais cela ne peut pas suffire ». Dans l’environnement actuel, fait d’incertitudes extérieures mais aussi de divisions à l’intérieur, « les Européens doivent redéfinir une direction commune ». Or l’Europe est profondément divisée par la crise des réfugiés, de nombreux pays à l’est de l’Europe ayant refusé de partager le fardeau des demandeurs d’asile. Aux yeux d’Angela Merkel et de François Hollande, le sommet de La Valette, la semaine prochaine, doit être l’occasion d’engager un débat politique entre dirigeants européens sur les valeurs et objectifs qu’ils partagent. Les Vingt-sept doivent confronter leur visions de l’Europe de demain. Quelle solidarité ? « On ne peut pas refuser au Royaume Uni une Europe à la carte, et permettre à certains dans l’Union de rester à l’écart de la politique d’accueil des réfugiés », souligne-t-on encore dans l’entourage du chef de l’Etat.

Calendrier politique serré

Le débat risque d’être perturbé par le calendrier électoral de part et d’autres du Rhin. La chancelière « a d’abord forcé les autres Etats de l’UE à faire des économies et humilié les Français et les Italiens, a déclaré au « Stern » Sigmar Gabriel le président sortant du SPD, qui doit devenir ce vendredi ministre des Affaires étrangères. Et ensuite elle a frappé à leurs portes pour qu’ils la soulagent de quelques centaines de milliers de réfugiés ». François Fillon ne pense pas forcément différemment. « Ma position est claire : la France ne peut pas accepter plus de réfugiés », a-t-il lancé lundi à Berlin après avoir vu Angela Merkel.

Le candidat du parti Les Républicains veut « rétablir un équilibre dans la relation franco-allemande ». Selon Claire Demesmay, il convient d’être prudent sur les ambitions des candidats dans ce domaine. « Le déséquilibre économique et politique entre les deux pays, mais aussi la multiplication de crises et leur complexité, font que cela restera difficile ». juge l’experte de l’Institut allemand de politique étrangère DGAP. Outre les réfugiés, Berlin profitera sûrement du sommet européen pour évoquer la question du libre-échange. Jeudi, Angela Merkel a abordé la question au téléphone avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, cherchant à renforcer l’axe entre l’Europe et la Chine pour faire front aux idées protectionnistes de Donald Trump.

Thibaut Madelin et Catherine Chatignoux

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Premier hôte reçu à la Maison-Blanche, Theresa May vise un accord commercial

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi.

Tu seras «ma Maggie». En invoquant la complicité entre Margaret Thatcher et Ronald Reagan, Donald Trump ne pouvait se montrer mieux disposé à l’égard de Theresa May. C’est le premier chef d’État étranger qu’il reçoit, une semaine après son installation à la Maison-Blanche. La diplomatie britannique n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir cette faveur.

Les choses s’étaient pourtant mal engagées, quand le président élu avait appelé une dizaine d’autres dirigeants de la planète avant de parler avec la première ministre en novembre. Pas rancunière, elle lui a envoyé avec ses vœux la copie d’un discours de guerre de Churchill sur la «relation spéciale» entre les deux pays. Trump a remis dans le Bureau ovale le buste du grand homme anglais déplacé par Obama. May a dépêché ses deux chefs de cabinet et même son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, à la Trump Tower auprès du staff du nouveau président, pour solliciter l’invitation.

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi. Elle devait appeler les deux pays à s’unir pour «diriger, ensemble, à nouveau». Elle trace un parallèle entre le Brexit et l’élection de Trump. «Alors que nous redécouvrons notre confiance ensemble – vous renouvelez votre nation précisément alors que nous renouvelons la nôtre -, nous avons l’opportunité, et même la responsabilité, de renouveler notre relation spéciale pour cette nouvelle ère», devait-elle déclarer. Enterrées, les critiques sur le candidat Trump «qui sème la division».

Un atout face à l’UE

Theresa May ne ménage pas sa peine pour se présenter en alliée digne de confiance, à l’heure où les deux pays ont fait des choix isolationnistes. Ce rapprochement espéré concrétiserait ses assurances qu’«en quittant l’Union européenne, la Grande-Bretagne ne se retire pas du monde». Les partisans du Brexit n’ont de cesse de rappeler la primauté des liens transatlantiques sur les relations avec l’Europe. C’est pourquoi la priorité de Londres est d’entamer au plus vite les pourparlers d’un accord de libre-échange bilatéral. Trump a affirmé y être disposé et promet même de le conclure très rapidement. À ceci près qu’il faut au préalable que le Royaume-Uni règle sa sortie de l’UE. Cela n’empêche pas le gouvernement britannique de rêver d’un accord prêt à être signé dès celle-ci effective, théoriquement en 2019. Theresa May compte utiliser cet atout dans les négociations sur ses futures relations avec les Européens, au risque de se placer en position de faiblesse par rapport aux Américains.

Beaucoup doutent du réalisme de ces ambitions. Un accord commercial risque de prendre des années. De plus, «les négociateurs américains seront sans doute soucieux de connaître les conditions d’accès de la Grande-Bretagne au marché européen avant de s’engager», précise Allie Renison, spécialiste de la politique commerciale à l’organisme patronal Institute of Directors. 44 % des exportations britanniques sont destinées à l’UE, 17 % aux États-Unis. «Les discussions avec les États-Unis ne peuvent être vues comme une alternative à nos relations existantes avec l’Europe», martèle Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confederation of British Industry.

Inquiétude britannique

Malgré la bonne volonté commune, les intérêts divergent. Il pourrait être difficile de concilier le mot d’ordre de Trump, «l’Amérique d’abord», et le souci de Theresa May de «placer les intérêts et les valeurs britanniques en premier». Si le premier assume son tournant protectionniste, la seconde reste partisane du libre-échange. Déjà, l’inquiétude monte en Grande-Bretagne sur de possibles importations de bœuf aux hormones américain, ou la mise en concurrence du service de santé public. Tout le monde ne voit pas d’un bon œil les courbettes de Theresa May. «Alors qu’elle menace nos partenaires européens, elle promet de signer un chèque en blanc à Donald Trump», dénonce Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste. Le premier ministre britannique est-il prêt à redevenir le «caniche» du président américain, un comportement reproché à Tony Blair face à George W. Bush?

La restauration par Trump de la torture dans les interrogatoires tombe au plus mal. «Je n’ai pas peur de parler franchement au président américain», répliquait May la veille de son départ. Elle redit la condamnation britannique de cette pratique.

Elle entend aussi attirer l’attention de son hôte sur l’importance du rôle de l’Otan, la nécessité de rester ferme face à Poutine et va peut-être tenter, si elle en a l’occasion, de lui vanter les mérites de l’accord sur le nucléaire iranien.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du 26 janvier 2017

2017-03-02T07:04:14+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 26/01/2017

Vers une ville sans voiture ?

 

Estimé par la Banque mondiale à plus de 5.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale,

le coût annuel de la pollution s’établit à 101,3 milliards d’euros pour la France.

Et le coût en vies humaines à près de 3 millions dans le monde en 2013 pour la seule pollution aux particules fines (PM10),

et 48.000 décès prématurés par an en France (dont 6.500 pour l’Île-de-France et 2.500 pour la capitale).

 

Dans sa démarche d’élimination progressive des voitures polluantes, la Ville de Paris a voté la fermeture de la voie Georges-Pompidou, s’attirant les foudres de ses opposants. Soutenue par nombre d’élus, la présidente de Région Valérie Pécresse mène la fronde. La maire de Paris s’inscrit pourtant dans un mouvement engagé par de nombreuses villes du monde. Mais l’émiettement de la gouvernance francilienne en matière de transport complique la donne.

À peine entrées en vigueur et déjà utilisées. De couleur orange, violette, grise ou verte selon l’âge et la motorisation de la voiture, les vignettes Crit’Air viennent de faire leur apparition dans les rues parisiennes, où elles sont en principe obligatoires depuis le 16 janvier pour pouvoir y circuler en semaine entre 8 heures et 20 heures. Dès le lundi 23 janvier, les grises, correspondant à la catégorie d’émissions la plus polluante, étaient interdites à la circulation pour cause de pic de pollution. Fini la circulation alternée, place à la circulation différenciée. Plusieurs mois devraient néanmoins s’écouler avant que la préfecture ne commence à verbaliser les contrevenants n’affichant pas leur vignette, à condition de ne pas braver les interdictions de circulation, ponctuelles comme cette semaine ou définitives.

Eliminer les véhicules les plus polluants… pour commencer

Car c’est bien à une élimination progressive des véhicules les plus polluants qu’elles sont destinées, dans le cadre de l’instauration d’une « zone de restriction de circulation » couvrant Paris intra-muros. Dispositif national lancé dans la foulée de la loi pour la transition énergétique, Crit’Air peut être utilisé par chaque ville à sa discrétion. À ce jour, seules Paris et Grenoble ont franchi le pas. Concernant la capitale, Crit’Air s’inscrit dans un vaste programme – une déclaration de guerre selon certains – visant à bouter progressivement la voiture hors de la ville, en commençant par les plus polluantes. Jusqu’à présent, la circulation alternée instaurée lors des pics de pollution frappait indifféremment les petites citadines neuves et les vieux 4×4 diesel. Mais Paris avait déjà mis en place de premières mesures basées sur la nuisance des véhicules, avec l’interdiction en septembre 2015 des poids lourds et autocars immatriculés avant octobre 2001. D’ici à 2020, ce sont tous les moteurs diesel qu’Anne Hidalgo entend bien avoir définitivement éliminé des rues parisiennes.

Bien qu’accompagnée d’aides à l’achat de véhicules propres, ou encore de passes Navigo et d’abonnements à Autolib’, l’entrée en vigueur des vignettes Crit’Air a suscité l’ire de certaines associations, comme 40 Millions d’automobilistes.

Mais cela n’est rien, comparé à la gigantesque polémique occasionnée par la piétonisation de 3,3 kilomètres de la voie Georges-Pompidou allant du tunnel des Tuileries au bassin de l’Arsenal. Depuis son approbation par le Conseil de Paris en décembre 2015, cette promesse de campagne de la maire élue en avril 2014 déchaîne l’opposition. Pendant six mois, les élus de droite ont multiplié demandes de moratoire et recours auprès de la préfecture. Mais rien n’y a fait. Effective depuis le mois de juillet, une exposition dédiée à la COP22 ayant succédé à Paris Plages, la piétonisation a été confirmée par le Conseil de Paris le 26 septembre dernier, Anne Hidalgo saluant alors une « décision historique et la reconquête de la Seine ».

Polémique et guerre des chiffres

En dépit de l’avis défavorable de la commission d’enquête pointant le périmètre trop restreint de l’étude d’impact diligentée par la Ville, cette décision a été prise sur avis conforme du préfet de police de Paris. À condition toutefois d’une période d’observation de six mois impliquant la mise en place d’un comité de suivi et du maintien d’une voie réservée aux véhicules de secours.

Arguant de son rôle de « chef de file » en matière de qualité de l’air, la Région installait le 12 septembre son propre comité. Placé sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris, il regroupe Airparif, Bruitparif, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU), le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif), l’Observatoire régional de santé d’Île-de-France (ORS) et l’ONG France Nature Environnement IDF.

Depuis, la guerre des chiffres fait rage et, avec elle, celle qui oppose défenseurs et détracteurs de la piétonisation. Qu’ils portent sur la circulation, la qualité de l’air ou le bruit, les résultats contradictoires alimentent les recours intentés par des riverains et des associations, par la Région et des départements franciliens, ou par 168 élus qui ont adressé fin novembre à la maire de Paris une lettre ouverte, publiée dans Le Figaro.

Des millions d’euros en ménagements de voirie, nouveaux transports…

Mais celle-ci n’a nullement l’intention de revenir en arrière. Bien au contraire. Clamant haut et fort son objectif de « diviser par deux en moyenne la place de la voiture individuelle polluante » sur ces deux axes de la capitale, elle a annoncé début janvier de nouveaux projets d’aménagement de la rue de Rivoli et des quais hauts, qui accueilleraient un « nouveau transport écologique ». En l’espèce, une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) qui doit prendre la forme d’un tram-bus électrique baptisé « tramway olympique » dans le cadre de la candidature aux Jeux olympiques de 2024. La rue de Rivoli serait aménagée pour accueillir une piste cyclable bidirectionnelle. Destiné à rouler dans les deux sens (supprimant deux voies de circulation pour les voitures), ce tram-bus doit pouvoir transporter plusieurs milliers de voyageurs par jour. Il entrerait en service à compter de septembre 2018 selon la Ville, qui a budgété 35 millions d’euros d’aménagement, le coût du matériel roulant devant être pris en charge par le Stif.

Tous d’accord pour réduire le trafic, mais la dispute continue

C’est là que le bât blesse. Car Valérie Pécresse, qui préside la Région et le Stif, affirme que le projet validé par le syndicat et budgété dans le contrat de plan qui doit être signé début février avec l’État n’a rien à voir avec celui présenté par la Ville. Il porte sur un bus électrique et non un tramway (nettement plus onéreux), et n’est prévu que sur une seule file sur les quais hauts, le retour se faisant par la rue de Rivoli. D’après la présidente de Région, celui évoqué début janvier par la Ville « n’a fait l’objet d’aucune concertation d’aucune sorte avec aucune autorité, ni d’aucune étude d’impact ».

Cet incident n’est qu’un épisode de plus dans le feuilleton qui oppose les deux femmes depuis la fermeture partielle de la voie Georges-Pompidou.

Certes, la présidente de Région ne manque pas une occasion d’affirmer son soutien à la réduction du trafic. « Nous ne sommes pas contre la piétonisation du centre de Paris », a-t-elle encore répété lors de la présentation le 19 janvier du dernier rapport du comité régional de suivi. Mois après mois, ce comité présente des chiffres reflétant des allongements de temps de parcours et un accroissement de la pollution sur les itinéraires de report. Des résultats nettement plus négatifs que ceux délivrés par la Mairie de Paris, voire contradictoires.

Cette fois, Valérie Pécresse a franchi une nouvelle étape en présentant des projets alternatifs à celui de la Ville. Imaginés par l’IAU, ces trois projets visent « moins de circulation, moins d’embouteillages et plus de place pour les piétons, les vélos et les transports en commun », a-t-elle précisé. Ils sont conçus pour se relayer selon les horaires et les saisons. Tous prévoient de remettre en circulation une ou deux voies sur la berge actuellement fermée, et d’alléger plutôt le trafic sur les quais hauts. « Pourquoi se soucier de la pollution dont pourraient souffrir les poissons plus que de celle affectant les riverains ? », a ainsi observé Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l’écologie à la Région, lors de cette présentation. Valérie Pécresse en a profité pour annoncer que la Région ferait bientôt d’autres propositions plus globales de fluidification de la circulation dans Paris et sa banlieue.

26 jours de pics de pollution en 2015, 48.000 décès/an en France…

La position assumée par la Région reste cependant plutôt « pro véhicules propres qu’antivoitures ». Alors que la Ville, tout en visant en priorité les véhicules les plus polluants, s’est bel et bien lancée dans une chasse à la voiture individuelle.

Une démarche qui s’inscrit « dans le temps long », comme aime à le rappeler Anne Hidalgo, initiée dès 2001 par Bertrand Delanoë avec l’élargissement des couloirs de bus qui avait déjà mis le feu aux poudres. D’ailleurs, les voitures par kilomètre ont diminué de 30 % en quinze ans. Outre la vignette et la piétonnisation des voies sur berges, la Ville entend reprendre la main en privatisant le stationnement rotatif dont le taux de paiement actuel de 10 % n’a rien de dissuasif. Anne Hidalgo promet aussi de doubler les kilomètres de pistes cyclables entre 2014 et 2020. Après la République, le réaménagement de sept autres grandes places parisiennes est également au programme.

Mais cette démarche s’inscrit aussi et surtout dans un vaste mouvement engagé par toutes les grandes villes du monde, confrontées aux ravages de la pollution.

Estimé par la Banque mondiale à plus de 5.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, le coût annuel de la pollution s’établit à 101,3 milliards d’euros pour la France. Et le coût en vies humaines à près de 3 millions dans le monde en 2013 pour la seule pollution aux particules fines, et 48.000 décès prématurés par an dans l’Hexagone dont, selon la Ville de Paris, 6.500 pour l’Île-de-France et 2500 pour la capitale. 15 % des Franciliens respirent un air pollué dans une agglomération qui a enregistré 26 jours de pic de pollution en 2015.

Londres, Lisbonne, Stockholm… mobilisées contre l' »airpocalypse »

Si l’« airpocalypse » qui écrase régulièrement Pékin sous une chape de particules fines est essentiellement due à la combustion du charbon, dans la plupart des pays développés la pollution automobile joue un rôle significatif, évalué à 50% à Paris lors des pics de pollution, et à un peu moins de 30% dans la pollution « de fond ».

D’ailleurs, le principe des zones à basses émissions est déjà appliqué dans plus de 200 villes européennes. Londres a mis en place dès 2003 un péage urbain, suivi par Stockholm en 2007. Les centres-villes de Lisbonne et de nombreuses villes italiennes sont interdits aux véhicules les plus polluants, Madrid pourrait soumettre cette année à sa population un projet de piétonnisation de son centre et Oslo veut le mettre en oeuvre d’ici à 2019.

Autopartage et covoiturage: vers la modification des comportements

Nombreuses également sont les villes qui, de l’Asie aux États-Unis, ont supprimé leurs autoroutes urbaines, le plus souvent pour les transformer en parcs, et les remplacer par des espaces mieux partagés entre les différentes formes de mobilité, en faisant la part belle aux déplacements doux tels que le vélo ou la marche. Les études consacrées au sujet montrent que ces transformations commencent toujours par susciter une opposition avant de recueillir les suffrages des habitants.

Mais le cas de Paris et de l’Île-de-France est unique à bien des égards : en termes d’infrastructures d’abord, avec un réseau autoroutier plus dense que la moyenne européenne et des rocades particulièrement proches de la ville, qui drainent un important trafic des petite et grande couronnes ; en termes de taille ensuite, avec une superficie intra-muros très inférieure à celles de Londres, Rome ou Berlin.

Gouvernance des transports très émiettée en Ile-de-France

Mais c’est surtout la gouvernance très émiettée de ses transports qui distingue la métropole francilienne. Le cas du Stif, présidé par la Région mais dont la Ville est le plus gros contributeur, est emblématique, comme l’illustre le tram-bus électrique rue de Rivoli annoncé par Anne Hidalgo et contesté par Valérie Pécresse. Alors que les mesures prises par la Ville ont des répercussions sur les Franciliens, c’est la Région qui est décisionnaire en matière de transports publics. En réalité, les quelque 10 millions d’habitants des 400 communes de la région sont soumis à presque autant de réglementations concernant le stationnement, la circulation, la livraison, etc. Et faute de coordination, la multitude d’initiatives en matière de mobilité ne parvient pas à former un tout.

La Ville mise aussi sur la multiplication des offres de covoiturage, autopartage, navettes autonomes (testées entre les gares de Lyon et d’Austerlitz) et des Sea Bubble qui « voleront » bientôt sur la Seine, pour inciter les automobilistes à modifier leurs comportements. Et enfin démontrer l’évaporation d’une partie du trafic supprimé des voies sur berges, assortie d’une amélioration de la qualité de l’air. Ne lui reste qu’à espérer que la période d’observation, qui s’achève en mars prochain, suffise pour que les Franciliens s’adaptent à la nouvelle donne. D’ici là, le projet des voies sur berges promet encore de nombreux rebondissements, avec pour toile de fond une opposition historique de près de cent cinquante ans entre la Ville et la Région.

Dominique Pialot  

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Hidalgo et Santini relancent la bataille de l’eau en Ile-de-France

 

Anne Hidalgo, la maire de Paris, et André Santini, le patron du Syndicat des eaux d’Ile-de-France.

La mairie de Paris lance ce mercredi la modernisation d’une usine de l’opérateur Eau de Paris, symbole de la remunicipalisation de l’eau des Parisiens. Les partisans d’une métropolisation multiplient, eux, leurs arguments en faveur d’un rapprochement entre le Sedif et Eau de Paris

La bataille de l’eau francilienne est relancée. Souterrain depuis quelques mois, l’affrontement entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le patron du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), André Santini, fait surface ce mercredi à l’occasion d’une visite de celle-ci chez l’opérateur municipal Eau de Paris. La maire était restée discrète depuis son début de mandat sur la remunicipalisation de l’eau décidée fin 2008 par son prédécesseur Bertrand Delanoë. En visitant ce mercredi le chantier de rénovation de l’usine d’eau portable d’Orly, Anne Hidalgo reprend le flambeau et lance une opération séduction auprès des élus franciliens.

Un enjeu politique, industriel et financier

L’enjeu est énorme. Il est politique, industriel et financier. D’un côté, le Sedif, créé dans les années 1920, alimente en eau potable 4,5 millions de Franciliens dans 150 communes en petite et grande couronne. Depuis des décennies, le syndicat offre à son sous-traitant Veolia sa plus belle vitrine internationale. La Ville de Paris, de l’autre, a repris en 2010 à Veolia et Suez la gestion directe de son approvisionnement. Un pari industriel et une promesse de réduire nettement le coût du mètre cube que la Cour des comptes a jugé réussie dans un rapport d’octobre 2014.

Depuis, les deux camps cherchent à étendre leur emprise auprès des communes et de leurs communautés. Les estocades se multiplient. Dernière en date, le Sedif annonce en décembre une baisse du prix de l’eau au 1er janvier 2017 de 10 centimes le m3, à 1,37 euros. Il y a un an, c’est Eau de Paris qui attaquait le gros contrat remporté par le Sedif et Suez pour alimenter les 540.000 habitants servis par le Syndicat des eaux de la Presqu’île de Gennevilliers.

Fermer une usine

Sur la défensive, Eau de Paris cherche maintenant à déminer l’offensive d’André Santini et d’autres élus franciliens qui militent pour un transfert de la compétence à la Métropole du Grand Paris, comprendre un rapprochement du Sedif et d’Eau de Paris. « La logique de la gouvernance métropolitaine va s’imposer à l’avenir », assure par exemple Eric Azière, le président du groupe centriste au Conseil de Paris.

Relayés par les grands opérateurs privés, ces partisans d’un opérateur unique développent à nouveau depuis quelques mois trois arguments. Eau de Paris est moins cher car l’opérateur a baissé ses investissements. Secondo, la consommation des habitants baissent et la surproduction ne cesse d’augmenter, une métropolisation permettrait de fermer une usine en Ile-de-France et de réduire les coûts. Enfin, Eau de Paris serait distancé par les grands groupes français en terme d’innovation.

Plusieurs échéances à venir

Célia Blauel, adjointe de la maire et présidente d’Eau de Paris, rétorque que le programme d’investissement en hausse est respecté, avec 80 millions d’euros annuels. Elle revendique le plus bas prix de la région, un réseau au taux de rendement de 90  % et la nécessité de conserver des marges de production importante face aux risques terroristes et aux épisodes de crue ou de canicule. « Leurs investissements sont financés par de l’endettement », s’agace Eric Azière.

Plusieurs échéances à venir avivent la bataille de l’eau. Eau de Paris cherche à convaincre des intercommunalités de l’Essonne de suivre le mouvement de la remunicipalisation comme Vitry-Châtillon en 2011. Dans le territoire Grand-Orly Seine-Bièvre au Sud de Paris, une poignée de communes n’ont pas rallié le Sedif et restent ouvertes au dialogue. Dans quelques mois, la communauté de Coeur d’Essonne lancera sa propre régie. A plus long terme, en 2021, c’est la fin du contrat du Sedif avec Veolia qui aiguise tous les appétits.

Matthieu Quiret

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 26/01/2017

2017, une année sous le signe des incertitudes pour les entreprises françaises

Le climat des affaires s’est légèrement dégradé en janvier en France, après la nette amélioration de décembre.

Le moral des chefs d’entreprise ne se porte pas trop mal… mais il peine à retrouver de vraies couleurs. L’indicateur du climat des affaires de l’Insee, publié mercredi, s’est établi à 104 points en janvier, après 105 en décembre. Un niveau qui indique que la confiance des entrepreneurs est meilleure que la moyenne de long terme, mais que ces derniers ont quand même du mal à voir l’horizon s’éclaircir totalement.

Cette moyenne, calculée par l’Insee, cache en fait des disparités assez importantes selon les secteurs. C’est dans les services que les sociétés sont les moins optimistes. «Pour les prochains mois, les chefs d’entreprise sont nettement moins nombreux qu’en décembre à anticiper une hausse de l’activité et de la demande», explique l’Institut de la statistique. Dans le commerce de détail, le climat s’altère également en janvier: «Les détaillants sont globalement moins nombreux qu’en décembre à prévoir une hausse de leurs ventes et de leurs commandes.» En revanche, la confiance remonte un peu dans le bâtiment, et reste stable dans l’industrie.

Dans l’industrie, justement, la confiance se maintient à 106 points, «son plus haut niveau depuis août 2011», note l’étude. Plusieurs éléments sont encourageants. Les perspectives de production des industriels enregistrent une nouvelle progression en janvier. Ils estiment notamment que leurs carnets de commandes globaux seront stables, mais que la demande en provenance de l’étranger devrait continuer d’augmenter.

Cycle électoral

Finalement, l’année 2017 commence en demi-teinte pour les entreprises. Requinquées par des marges qui se sont améliorées grâce au crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et au pacte de responsabilité, mais aussi grâce au recul des cours du pétrole et des taux d’intérêt ces dernières années, elles ne sont pas sereines pour autant. Et si «l’indicateur de retournement» de lnsee se situe aujourd’hui dans une zone indiquant «une conjoncture favorable», il fait peu de doutes que les dirigeants sont dans une phase d’incertitudes. Face au contexte national, d’abord. Même s’il est de bon ton de dire que les chefs d’entreprise ne se calent pas sur les cycles électoraux pour prendre des décisions, l’issue de l’élection présidentielle pourrait avoir un impact non négligeable pour eux en fonction du vainqueur – que ce soit sur le plan de la fiscalité, des charges sociales ou du droit du travail. Et donc sur l’évolution de l’emploi et l’investissement. D’ailleurs, une autre enquête de l’Insee publiée mardi montre que lesindustriels sont un peu plus nombreux à prévoir des suppressions d’emplois pour les prochains mois.

Demande de flexibilité

«Tant que les entreprises n’auront pas des gages que l’on peut réformer et flexibiliser le pays, la France gardera une croissance potentielle basse», ajoute Olivier Vigna, directeur des études économiques chez HSBC France.

L’environnement international demeure, par ailleurs, incertain – l’impact du Brexit et de l’élection de Donald Trump est encore difficile à mesurer. «Or, de manière générale, les chefs d’entreprise détestent l’incertitude», note l’économiste.

Le «Consensus Forecats» du mois de janvier – synthétisant les prévisions conjoncturelles de 24 établissements financiers et instituts de conjoncture – qui vient d’être publié prévoit pour cette année une croissance de 1,3 %. Une performance médiocre.

Nouveau record pour les ruptures conventionnelles en 2016

En 2016, 389.900 ruptures conventionnelles ont été homologuées par l’administration, contre 357.200 en 2015. Un nouveau record, qui porte la hausse annuelle à 9,1 %. Instaurée en 2008, la rupture conventionnelle permet à un salarié et un employeur de se séparer à l’amiable et de manière sécurisée. Le salarié touche alors un chèque et a droit aux allocations-chômage. Quant à l’employeur, il n’a pas à fournir de motif à la séparation, contrairement à ce qui se produit en cas de licenciement.

Ces avantages pour les deux parties expliquent pourquoi le nombre de ruptures conventionnelles n’a cessé d’augmenter, malgré le durcissement de la législation (hausse des prélèvements, allongement du délai avant de percevoir les allocations-chômage…) mais aussi de la jurisprudence de la Cour de cassation.

Marie Visot et Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

La Cour des comptes fait le procès des incohérences de l’Etat actionnaire

Situation financière dégradée, objectifs contradictoires : la gestion des participations est sévèrement critiquée.
Les magistrats proposent notamment de revoir le périmètre du portefeuille de l’Etat.

« L’Etat peine à être un bon actionnaire. » C’est en termes délicats que les choses sont dites par la Cour des comptes. Mais le rapport dévoilé mercredi par les sages de la rue Cambon sur les participations publiques est un réquisitoire cinglant contre l’action de l’Etat, jugé « à la fois trop présent dans la gestion et trop peu vigilant comme actionnaire ». « Son mode d’action souffre de faiblesses chroniques », pointe Didier Migaud, le premier président de la Cour. « L’actionnariat public se révèle rarement le moyen le plus adapté pour contrer la perte de compétitivité et la désindustrialisation de l’économie française. »

La France accorde une importance particulière à la place de l’Etat au capital des entreprises. En témoigne le fait que 2,4 millions de personnes travaillent dans des sociétés à participation publique via l’Agence des participations de l’Etat (APE), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) ou bpifrance, soit 10 % de l’emploi total. Cela ne se révèle pas pour autant une bonne affaire financière. La Cour des comptes s’inquiète de la lourde perte enregistrée par l’APE en 2015 (10,1 milliards d’euros) en conséquence des difficultés endurées par la SNCF, EDF et Areva. Pour quelques bons rendements (PSA et Renault notamment), le portefeuille boursier public recèle surtout des titres peu performants, avec une baisse de la valorisation à périmètre constant de 29 % entre 2010 et 2016 (+28 % pour le CAC 40 sur la même période).

Et du point de vue budgétaire, il y a pire encore, avec les « besoins financiers croissants du fait de la dégradation financière des grands groupes publics », souligne Didier Migaud, qui cite les sommes nécessaires pour recapitaliser EDF et Areva (7 milliards). « Il faudra soit amplifier fortement le programme de cessions, soit mettre à contribution le budget général et augmenter ainsi la dépense et la dette publique », écrit la Cour. Il y a quelques semaines, le candidat de la droite à l’Elysée, François Fillon, s’était prononcé pour une accélération du programme de cessions.

Sortir de l’impasse

Ces problèmes patrimoniaux découlent directement de la façon dont l’Etat gère ses participations, « conciliant des objectifs nombreux et souvent contradictoires », selon les sages. L’Etat est en effet un actionnaire aux dédoublements de personnalité fréquents, passant du gestionnaire de finances publiques au régulateur en passant par le porteur de politiques publiques, quand il n’est pas client lui-même.

La Cour remarque bien que les pouvoirs publics ont tenté d’améliorer les choses ces dernières années en revoyant les méthodes de gouvernance, mais ces « progrès notables » – avec la mise en place d’outils et de procédures plus appropriés – n’effacent pas des « carences persistantes », comme le montre la situation d’Areva. « Il y a eu des défauts de vigilance, et certains d’entre eux ont été lourds de conséquences », juge Didier Migaud. Pour tenter de sortir de cette impasse, la Cour suggère plusieurs pistes, qui passeraient notamment par une meilleure répartition des rôles entre l’APE et bpifrance, la première transférant à la seconde ses participations industrielles. L’APE deviendrait également une agence autonome. Surtout, il est proposé de « redimensionner » le portefeuille des participations publiques, soit en baissant le niveau des taux de participation (pour récolter au passage une dizaine de milliards d’euros de cessions), soit en réduisant significativement le périmètre. Dans cette dernière option, cela « cantonnerait son rôle à des motifs précis, comme le sauvetage d’entreprises dont la défaillance emporterait des risques systémiques, ou la protection d’entreprises présentant des intérêts essentiels pour la sécurité nationale », conclut la Cour. Toutefois, prévient Marc Schwartz, le rapporteur général, pour les domaines où l’Etat se désengagerait, « la question de l’actionnaire remplaçant l’Etat n’est pas anodine ».

Renaud Honoré

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 26/01/2017

Le trafic aérien français s’est déjà remis du choc des attentats

 

L’aéroport de Lyon décroche la palme de la croissance en 2016, avec un trafic en hausse de 9,7 %, à 9,5 millions de passagers

Malgré les attaques terroristes, le trafic des aéroports français est resté globalement en croissance en 2016, grâce à un fort rebond de l’activité en fin d’année.

Le transport aérien en France a une nouvelle fois prouvé son extraordinaire résilience en 2016. Malgré les attaques terroristes, le nombre de passagers sur les vols intérieurs et internationaux est resté en croissance de 3,1 % sur l’année, avec un total de 154,6 millions de passagers, grâce à un très net rebond de l’activité cet hiver. C’est ce qui ressort des chiffres collectés par la direction générale de l’aviation civile. Cet effet de rattrapage se traduit notamment par une hausse de 10,1 % du trafic français en décembre 2016, comparé à décembre 2015. Seule ombre au tableau : la part du pavillon français continue de baisser et ne représente plus que 42,9 % du trafic total et 33 % du trafic international.

Trafic intérieur très dynamique

Le trafic intérieur est resté particulièrement dynamique. Malgré le développement des bus, du covoiturage, des promotions tarifaires en tout genre de la SNCF et les grèves du contrôle aérien, les liaisons intérieures continuent de bénéficier de la croissance des compagnies à bas coûts, avec un nombre de passagers en hausse de 6,3 % sur l’année, à 31 millions de passagers, et de 6,3 % en décembre. Le trafic entre la métropole et les départements d’Outre-mer, dopé lui-aussi par le développement de la concurrence, fait encore mieux, avec une croissance de 4,5 % sur l’année, à 2,5 millions de passagers, et de 9,5 % en décembre.

Le trafic international en hausse sur tous les segments

Le rebond de l’activité est aussi très net sur les vols internationaux, au trafic en hausse de 11,3 %, à 123,5 millions de passagers. Avec le retour des touristes internationaux , tous les segments de trafic sont repartis à la hausse en décembre, avec des progressions à deux chiffres sur les pays de l’Union européenne (+13,6 %), l’Asie-Pacifique (+10,6 %), l’Afrique (+11%)… Deux axes seulement restent en baisse en cumul sur l’année : les liaisons entre la métropole et l’Europe hors pays de l’Union européenne (-2,8 %) et les liaisons avec l’Asie (-2,2 %). Et quelques destinations restent également dans le rouge sur l’année, notamment le Japon, en baisse de 13,8 % en 2016, les touristes japonais ayant été les premiers à se détourner de la France, mais aussi la Turquie (-14,5 %) du fait des attentats à répétition, le Brésil en crise (-3,5 %) et, à un degré moindre, la Russie et la Tunisie (-0,4 %).

Forte hausse du trafic avec l’Espagne et le Royaume-Uni

A l’inverse, le trafic entre la France et le Royaume-Uni a bondi de 6,6 % en 2016, à 12,7 millions de passagers, de même que l’Espagne, en hausse de 6,7 %, à 13 millions de passagers. En long-courrier, le trafic sur Etats-Unis reste en légère hausse de 0,8 %, à 7,5 millions de passagers. L’Algérie a également connu une progression notable de 3,9 % sur un an, à 4,5 millions de passagers.

Lyon, Bordeaux et Nantes champions de la croissance

Du côté des aéroports, la palme de la croissance revient à Lyon (+9,7 % et 9,5 millions de passagers), Bordeaux (+ 8,6 % et 5,8 millions de pax) et Nantes (+ 8,5 % et 4,5 millions de pax), suivis par Toulouse (+5,4 % et 8,1 millions de passagers). La plus forte progression en volume est toutefois pour Orly, en hausse de 5,3 %, à 31,2 millions de passagers. A l’inverse, l’aéroport de Beauvais enregistre une baisse de 7,7 % sur un an, à 4,3 millions de passagers. L’aéroport low cost a apparemment davantage souffert de la désaffection des touristes pour Paris et des grèves du trafic du contrôle aérien que les aéroports parisiens.

Bruno Trevidic

 

 

LE FIGARO – 26/01/2017

Le groupe PSA s’attaque au difficile marché indien

 

Carlos Tavares (à gauche), Président du directoire de PSA, et CK Birla, PDF de CK Birla Group,

lors de la signature, mercredi à Paris, du partenariat entre les deux groupes qui marque le retour du constructeur français en Inde.

Un investissement initial de 100 millions d’euros est prévu en Inde. Le groupe espère commercialiser ses premiers modèles en 2020.

«Une étape majeure dans l’expansion internationale de PSA.» Carlos Tavares, président du directoire de PSA, ne cache pas sa satisfaction, au moment de parapher, avec son nouveau partenaire CK Birla, l’accord qui marque le retour du constructeur français en Inde. Ce partenariat passe par la création de deux coentreprises. La première, où PSA est majoritaire avec 80 % du capital, produira des voitures pour le marché indien. La seconde, détenue à parité par les deux partenaires, fabriquera des moteurs, utilisables pour les véhicules assemblés dans la première coentreprise mais qui seront également vendus à d’autres clients.

Cette arrivée sur le marché indien avait été annoncée par Carlos Tavares lors de la présentation de son plan stratégique Push to Pass en avril. Il misait sur un accord avec un partenaire local d’ici à 2018, pour une commercialisation en 2021. Finalement, PSA sera en avance d’un an pour les deux échéances.

Le nouveau partenaire de PSA connaît bien le monde automobile. Le groupe Birla a longtemps été le premier constructeur indien, notamment dans les années 1950 et 1960, lorsqu’il assemblait des versions locales de la Morris britannique, via sa filiale Hindustan Motors. CK Birla Group est aujourd’hui un conglomérat, qui réalise 1,6 milliard de dollars de chiffre d’affaires et emploie 20.000 salariés. Dans l’automobile, il se concentre sur le métier d’équipementier, notamment dans les moteurs et les transmissions. Cette activité en fait un partenaire idéal pour PSA, puisqu’il dispose du personnel et des compétences pour permettre une intégration locale forte, condition indispensable pour réussir sur le marché indien. De plus, CK Birla Group possède une usine d’assemblage, utilisée actuellement pour fabriquer des Mitsubishi et qui sera acquise par la coentreprise. Elle sera modernisée, mais présente un actif de valeur compte tenu des difficultés – légales – à construire de nouveaux sites industriels dans le pays.

Un premier objectif à 100.000 véhicules par an

Avec cette stratégie de partenariat, le constructeur français limite les risques. Cette approche peut s’expliquer par les déboires passés du constructeur français dans le pays. À la fin des années 1990, PSA avait passé un accord avec l’indien Premier afin d’assembler des Peugeot 309. Une expérience qui n’avait duré que quelques années. «L’investissement initial atteint 100 millions d’euros, dont les deux tiers pour PSA et un tiers à la charge de CK Birla», précise Carlos Tavares. Les ambitions sont modestes pour commencer. Le groupe espère commercialiser ses premiers modèles en 2020, avec une capacité de production initiale de 100.000 véhicules par an.

Le marché indien est prometteur. L’an dernier, 3 millions de véhicules y ont été vendus. Surtout, l’Association des constructeurs automobiles indiens (Siam) vise 8 à 10 millions de voitures d’ici à 2025. Prometteur, mais difficile. Il est dominé par deux acteurs, Maruti Suzuki, avec 47 % de parts de marché l’an dernier, et Hyundai (17,3 %). Ces acteurs fabriquent des véhicules «ultra-low-costs» très spécifiques à l’Inde. Renault a réussi une percée l’an dernier: en grappillant 4,5 % du marché, avec sa Kwid, il se place en concurrence directe avec les leaders. Le positionnement des futurs véhicules de PSA n’est, lui, pas encore décidé. «Nous n’avons pas encore déterminé la marque avec laquelle nous entrerons sur le marché indien, et nous réfléchissons encore à notre positionnement et à nos modèles», reconnaît Carlos Tavares. En revanche, le dirigeant du constructeur de Sochaux a reconnu que le groupe utilisera la plateforme actuellement développée avec son partenaire chinois Dongfeng.

Parts de marché des constructeurs automobiles en Inde en 2016:

Maruti Suzuki: 47 %

Hyundai: 17,3 %

Mahindra: 7,5 %

Honda: 5,4 %

Toyota: 4,6 %

Renault: 4,5 %

Tata: 3,5 %

Ford: 2,6 %

Volkswagen: 1,1 %

Emmanuel Egloff

 

 

L’EXPRESS – 26/01/2017

Des ouvriers non payés depuis des mois sur un chantier du métro parisien

 

Une quarantaine d’ouvriers travaillant sur un chantier du métro parisien pour un sous-traitant de la Sogea sont en grève depuis lundi minuit

pour obtenir notamment le paiement de leurs salaires

Employés par un sous-traitant de la Sogea, filiale du groupe Vinci, ces ouvriers sont dans une « situation inacceptable », a affirmé mercredi le géant du BTP. La RATP a décidé de porter plainte contre X.

C’est une situation délicate que traverse le groupe de construction Vinci. Mandaté par la RATP pour la rénovation du métro parisien, il a confié les travaux à l’une de ses filiales, la Sogea, qui ne paye visiblement plus ses salariés.

Du coup, Vinci « enquête sur la situation des salariés de l’entreprise FH Service, sous-traitant de [sa] filiale Sogea TPI, opérant sur un chantier de rénovation de la station Châtelet à Paris » pour le compte de la RATP, a indiqué le groupe dans une déclaration. « Au stade de l’enquête interne, nous constatons que ces travailleurs sont dans une situation inacceptable, reconnait Vinci. Selon nos informations, ces ouvriers sont en situation régulière en France. Pour autant, il y aurait des retards dans le paiement de leurs salaires. »

Pas payés depuis des mois

La filiale du groupe, Sogea TPI, est « actuellement en contact avec l’employeur » FH Service « et ses salariés, pour trouver sans délai une solution durable à cette situation », a indiqué le groupe de BTP. La RATP a pour sa part « décidé de porter plainte contre X pour le préjudice subi ».

Le maître d’ouvrage du chantier a affirmé dans un communiqué s’être « acquitté de toutes se obligations contractuelles » vis-à-vis de Sogéa, notamment le paiement de « toutes les factures présentées (…) pour le compte de son sous-traitant. » L’entreprise publique, qui dit n’être « en aucune manière à l’origine du litige », ajoute avoir demandé à la filiale de Vinci « de permettre la reprise » des travaux « dans les meilleurs délais ».

Une quarantaine d’ouvriers travaillant sur un chantier du métro parisien pour un sous-traitant de la Sogea sont en grève depuis lundi minuit pour obtenir notamment le paiement de leurs salaires, avait révélé mardi la CGT. Ces ouvriers, « majoritairement des travailleurs turcs », n’auraient pas été payés depuis 2 à 8 mois selon les cas, précise Christian Renard, responsable de l’union syndicale de la construction CGT Paris et délégué CGT du groupe Vinci. Selon lui, l’inspection du travail a procédé à un contrôle lundi soir. Les ouvriers réclament en premier lieu le paiement des arriérés de salaires, ainsi que l’ensemble de leurs fiches de paie, avec leur contrat de travail.

Pour la CGT-Construction, « cette situation scandaleuse met une nouvelle fois au jour la forte vulnérabilité de ces travailleurs en situation précaire, victimes du travail dissimulé, exposés à la surexploitation et aux risques professionnels par des patrons sans scrupules. »

De son côté, Vinci a assuré veiller en permanence à garantir un traitement équitable à l’ensemble des personnes présentes sur ses chantiers, qu’il s’agisse de ses salariés directs ou ceux de ses sous-traitants », et ce « sur tous ses chantiers et dans tous ses métiers, partout dans le monde ».

 

LES ECHOS – 26/01/2017

L’artisanat du bâtiment interpelle les présidentiables

 

Patrick Liebus, president de la Capeb

La Confédération des artisans réclame dix trains de mesures à prendre dans les 100 premiers jours du quinquennat.
En 2016, pour ­la première fois depuis quatre ans l’activité des artisans ­a progressé.

Les artisans représentent 98 % des entreprises du bâtiment (celles de moins de 20 salariés) et la majorité de son chiffre d’affaires comme de ses effectifs (plus de 700.000 salariés et apprentis, sans compter la foule des entreprises unipersonnelles). De quoi donner du poids à la Confédération des artisans, la Capeb, qui s’invite aujourd’hui dans le débat présidentiel. Elle dévoile son « agenda idéal » des mesures à prendre dans les 100 premiers jours du prochain quinquennat. « Je vais rencontrer les équipes des candidats à la présidentielle puis les candidats eux-mêmes pour leur présenter les dix volets de mesures de notre agenda et leur demander de prendre position, en commençant début février par le candidat de la droite » annonce le président de la Capeb, Patrick Liébus.

Les rencontres se passeront dans un contexte plutôt favorable, car la reprise s’est enfin enclenchée chez les artisans. L’emploi se stabilise, et les carnets de commandes des artisans se remplissent : ils sont passés en un an de 72 à 82 jours. « Pour la première fois depuis quatre ans, l’activité a progressé l’an dernier, de 1,5 % sur l’année et même de 2 % au quatrième trimestre, se félicite Patrick Liébus . 2016 a été une année charnière, où les mesures prises depuis deux ans (comme la TVA à 10 % pour la rénovation classique, ou encore le crédit d’impôt de 30 % et la TVA à 5,5 % pour la rénovation énergétique) ont enfin produit leur effet. » Si la rénovation énergétique « ne décolle pas comme elle devrait », admet-il, elle a tout de même progressé de 1,5 %, ce qui a permis aux travaux de rénovation dans leur ensemble de finir l’année dans le vert (+0,5 %).

Cela reste loin des +2,5 % affichés par les travaux sur construction neuve, l’autre moitié de l’activité du bâtiment. « La construction neuve a pour moteur une clientèle d’investisseurs dans la pierre, pas la rénovation des logements, analyse le président de la Capeb. C’est pourquoi la rénovation pâtit davantage de la crainte par les particuliers du chômage et les derniers chiffres de l’Insee en la matière ne suffisent pas à susciter une vraie confiance. » D’où la volonté des artisans du bâtiment de sécuriser l’avenir par les dix trains de mesures réclamés dans leur agenda. En priorité , « il faut lutter contre la concurrence déloyale du régime de l’ auto-entreprise, le travail non déclaré et la fraude au détachement, poursuit-il. La carte d’identification des travailleurs du BTP, qui commencera à être distribuée fin février, y aidera à condition de dégager des moyens pour effectuer des contrôles sur les chantiers de BTP le soir et le week-end. »

Concurrences

La récente réforme du statut d’auto-entrepreneur a en tout cas déjà apporté une première victoire à la Capeb puisque les créations de ces micro-entreprises dans le BTP se sont effondrées de 22 % en 2016, selon l’Insee. « Nombre d’entreprises artisanales ne créaient plus d’emplois par peur de cette concurrence à bas coût, qui venait d’ailleurs souvent de nos propres salariés pendant leur temps libre. Nous allons donc retrouver un équilibre économique, applaudit Patrick Liébus, Mais François Fillon a à ses côtés des esprits libéraux chantres de la micro-entreprise… que fera-t-il ? ».

L’autre mesure phare de l’agenda, c’est « pouvoir passer de 35 à 39 heures sans alourdir le coût du travail, donc sans charges sociales attachées à ces quatre heures supplémentaires », poursuit-il. Car, s’inquiète le président de la Capeb, « la loi El Khomri a permis aux grands groupes de re-négocier le temps de travail par des accords d’entreprise plutôt que par des conventions de branche. Je crains que cela n’aboutisse à davantage d’allègement du coût du travail pour les grands groupes que pour les artisans dépendant des conventions de branche. Ce serait une nouvelle forme de concurrence déloyale ».

Myriam Chauvot

 

::: SOCIETE

LE FIGARO – 26/01/2017

Insécurité dans les transports : les voyants au rouge

INFOGRAPHIES – Les agressions ont bondi de 14 % en un an et 330 voyageurs ont été détroussés en moyenne chaque jour à travers le pays.

La vague d’agressions a semé la panique sur une partie du réseau RATP. Jeudi dernier, deux voyous ont agressé au couteau plusieurs voyageurs notamment sur la ligne 7 du métro parisien, frappant tour à tour dans trois stations des Xe et XIe arrondissements. Les agresseurs, recherchés pour des motifs de droit commun, sont en cavale. Entre Cannes et Grasse (Alpes-Maritimes), c’est une dizaine d’adolescents menant une expédition punitive qui a fait irruption dans un TER avant d’asperger de gaz et de frapper les passagers d’une rame. Trois de ces derniers ont été blessés et hospitalisés. Au même moment, la ligne TER entre Metz et Luxembourg empruntée par des milliers de voyageurs frontaliers a été paralysée pendant plusieurs heures après l’agression d’une contrôleuse, menacée de mort.

Coups et blessures, passages à tabac, vols en réunion, agressions sexuelles… Cette litanie de faits divers pourrissant la vie quotidienne des usagers témoigne de l’insécurité qui s’enracine chaque jour davantage dans les transports en commun. Loin d’être de simples bouffées sporadiques, ils démontrent que les transports sont plus que jamais gangrenés en profondeur par la violence. En la matière, le bilan statistique de la délinquance en 2016, déjà mitigé à plus d’un égard, est édifiant. Chiffres à l’appui, ce document estampillé par le ministère de l’Intérieur prouve que les gares, des trains, des rames et des bus charrient davantage la violence que partout ailleurs en France. Tous les voyants oscillent entre le rouge et l’écarlate.

Les voyous sévissent davantage en sous-sols

«En 2016, le nombre de vols violents commis dans les transports en commun et enregistré par la police et la gendarmerie nationales a augmenté de 7 % (12.151 vols violents en 2016 contre 11.329 en 2015) alors que globalement, tous lieux confondus, il diminuait de 5 % (104.057 en 2016 et 109.515 en 2015)», relèvent les statisticiens de l’Insee. Tout aussi traumatisantes, les agressions physiques et les vols sans violences ont respectivement bondi dans le même temps de 14 % et 17 % alors que ces types de délits restaient relativement stables (+ 2 %) sur le reste du territoire.

Et il apparaît que les voyous sévissent davantage en sous-sols. Les techniciens de la Place Beauvau relèvent en effet qu’«en 2016, ces infractions se produisent davantage dans les réseaux métropolitains (46 %) que dans les réseaux ferrés (33 %) ou de surface (21 %)» avant de détailler que «les vols sans violence se concentrent dans les réseaux métropolitains (un cas sur deux) alors que les vols avec violence et les agressions se concentrent plutôt dans les réseaux ferrés (respectivement 42 % et 43 %)».

Au total, environ 121.000 vols ont donc été enregistrés l’année dernière dans les transports. Soit en moyenne 330 voyageurs détroussés chaque jour à travers le pays. Désormais, «12 % des vols violents commis en France le sont dans les transports en commun», souligne le document Interstats diffusé par le ministère de l’Intérieur. Une tendance confirmée par l’enquête nationale de victimation «Cadre de vie et sécurité» de l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP): entre 2013 et 2015, 13 % des victimes avaient déclaré que leur agression avait eu lieu sur le réseau.

«Leurs voyages se déroulent dans des lieux clos, confinés et à forte concentration qui favorisent les vols à la tire au préjudice d’usagers pas toujours vigilants», décrypte Christophe Soullez, directeur de l’ONDRP. N’excluant pas que l’envol des chiffres est «peut-être lié à une meilleure prise en compte des plaintes et donc une meilleure révélation des faits», le criminologue impute le «sentiment d’insécurité» à une «promiscuité anxiogène», au fait que «les victimes sont beaucoup moins libres de fuir, d’appeler au secours notamment à la nuit tombée» et que «les autorités donnent l’impression ne pas maîtriser l’espace dont ils ont la responsabilité».

D’un point de vue géographique, pas moins des deux tiers de l’ensemble des vols, coups et blessures perpétrés dans les transports en commun ont eu lieu en Ile-de-France. Plus soutenu selon le rapport «avec les trajets domicile-travail des Franciliens et les touristes qui visitent la région», le trafic des trains et des rames véhicule 25 % des vols et agressions perpétrés dans l’agglomération. «Alors que beaucoup de nos collègues ont été davantage sollicités, la Brigade des réseaux ferrés n’a été renforcée par aucune sortie d’école depuis un an alors qu’elle est passée sous la barre de mille fonctionnaires, déplore Yvan Assioma, secrétaire régional du syndicat Alliance à Paris. Si l’on avait deux cents effectifs en plus, ce ne serait pas indécent au moment où le trafic voyageurs risque encore de gonfler sous l’effet des mesures de restriction de circulation des automobilistes…»

Autre explication: les patrouilles, concentrées sur la lutte antiterroriste et mobilisées par le contrôle des flux croissants de migrants dans les gares parisiennes, ont été contraintes de lever le pied sur les lignes des banlieues où prospèrent les bandes. Relevant lui aussi une «forte progression des vols simples et des vols à la tire», marqués par des hausses de 5,4 % et 4,6 % l’année dernière en région parisienne, le préfet de police Michel Cadot confirme que «les équipes des réseaux ferrés ont été moins utilisées sur des contrôles de trains» afin d’être en partie redéployées sur la protection de l’Euro 2016 et sur des «missions de sécurité publique».

Toujours selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), le réseau parisien a été le théâtre de 56.887 vols et agressions l’année dernière. La capitale, qui détient le triste record en raison de la saturation de ses lignes souterraines, enregistre une «hausse sensible» des faits en un an.

«Hors Ile-de-France, les départements du Rhône, des Bouches-du-Rhône, de l’Hérault et de la Loire-Atlantique ont connu des hausses significatives», établissent les experts. Par ailleurs, ils précisent qu’au total pas moins de 9.909 prédateurs du rail ont été mis en cause pour des agressions sexuelles, des vols en tout genre ou encore des coups et blessures volontaires. Si 82 % d’entre eux sont de nationalité française, le rapport annuel souligne que «les deux groupes de nationalités dominants chez les mis en cause étrangers sont les nationalités d’Afrique (28 %) et celles des 28 pays de l’Union européenne (15 %)».

«Parmi les 740 mis en cause étrangers de moins de 15 ans dans les transports en commun, la Roumanie et la Bosnie-Herzégovine» sont «surreprésentées», poursuivent les auteurs. Et de noter: «Ces deux nationalités représentent 88 % de l’ensemble». Consciente de la délinquance qui écorne son image, la SNCF a musclé sans attendre la sûreté ferroviaire en portant ses effectifs à 3.200 hommes, soit 200 de plus en un an. Grâce à un décret pris à l’automne, ces trains marshals à la française vont généraliser les patrouilles en civil pour agir par surprise. Dans leur collimateur? Les fraudeurs, mais aussi les auteurs d’attouchements sexuels qui se multiplient.

Christophe Cornevin

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 26/01/2017

Valls durcit le ton, au péril du rassemblement

Deuxième au premier tour, l’ancien premier ministre multiplie les attaques contre Benoît Hamon sur la laïcité.

C’est une loi d’airain en politique, les batailles les plus violentes se déroulent toujours à l’intérieur d’une même famille, d’un même clan. Celle qui oppose Benoît Hamon et Manuel Valls, pour le second tour de la primaire, ne fait pas exception. A cinq jours du vote, et à la veille d’un débat télévisé décisif, mercredi 25 janvier, l’ancien premier ministre, en retard de près de cinq points sur son rival, a décidé de lâcher ses coups. Au risque de rendre délicat le rassemblement des socialistes au lendemain du scrutin.

Dès le soir du premier tour, l’ancien chef du gouvernement a ciblé sans ambages M. Hamon, expliquant que sa victoire dimanche prochain conduirait à la « défaite assurée » du PS à la présidentielle. Depuis, il a multiplié les attaques contre son adversaire (un « marchand de sable ») et son revenu universel d’existence (« la ruine de notre budget »). Mais c’est surtout sur le terrain de la laïcité et la lutte contre l’islam radical que M. Valls a décidé de monter d’un ton.

Défendant mardi sur France Info « la lutte contre le communautarisme », il a jugé M. Hamon « ambigu » sur le sujet. Pour appuyer son propos, M. Valls s’est rendu dans la foulée à la Maison des femmes de Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour expliquer qu’« aucune tradition culturelle dans la République ne peut admettre qu’on interdise à des femmes un lieu ou un espace public ». Allusion à la polémique déclenchée en décembre par les propos du député des Yvelines qui, invité à commenter un reportage montrant l’absence de mixité dans certains cafés de banlieues, avait expliqué qu’« historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes », semblant ainsi relativiser.

Désireux de discréditer M. Hamon, certains partisans de M. Valls ont même sous-entendu que l’élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, serait au mieux coupable d’indulgence envers l’islam radical, au pire sous influence. En off, ces proches expliquent ainsi que M. Hamon est « le candidat des Frères musulmans », selon Libération, ou qu’il est « soutenu par les Indigènes de la République », mouvement identitaire postcolonial. « Benoît Hamon est en résonance avec une frange islamo-gauchiste et fait un appel du pied électoral », a expliqué, mardi, dans le quotidien 20 Minutes, le député de l’Essonne et ancien président de SOS-Racisme, Malek Boutih, un des « snipers » de M. Valls.

« Une version dévoyée de la laïcité »

Ces différentes attaques ont provoqué l’ire de M. Hamon et de ses soutiens. « C’est du niveau du caniveau ! », a réagi, mardi, le directeur de sa campagne, Mathieu Hanotin, qui estime que M. Valls « joue sur les peurs et les instrumentalise ». « Cela nous rappelle Ali Juppé ! », a ajouté un porte-parole de M. Hamon, Alexis Bachelay, faisant référence à la campagne menée sur les réseaux sociaux par la mouvance identitaire contre Alain Juppé durant la campagne de la primaire de la droite. Mardi soir, M. Hanotin a demandé par courrier au premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, de dénoncer ces attaques qui installent, selon lui, « un climat nauséabond » contraire à la charte éthique de la primaire. Dans le cas contraire, l’équipe Hamon ne s’interdit pas de saisir la Haute Autorité.

Mercredi matin sur France 2, M. Hamon a accusé son adversaire de distiller un « poison ». « Je regrette que des personnes de ma famille politique relaient des attaques de l’extrême droite », a-t-il lancé. La veille, sur RFI, il avait observé que ce n’était pas lui qui avait « une version dévoyée de la laïcité » mais M. Valls, à qui « le Conseil d’Etat a rappelé ce qu’était la loi sur le burkini quand il s’est porté au secours des maires » voulant l’interdire.

Cette stratégie frontale fait débat au sein même de l’équipe de campagne de M. Valls. Certains de ses soutiens estiment que l’ancien premier ministre devrait se concentrer sur l’économique et le social, pour faire venir aux urnes un électorat plus âgé et sensible à la baisse des impôts ou à la hausse des pensions de retraites, proposées dans son projet.

« Cette violence ne lui apportera pas une voix »

Mais d’autres, à l’instar de M. Valls lui-même, assument ce durcissement, au nom d’une indispensable « clarification ». « Manuel Valls ne tape pas, il clive. A quoi servirait la semaine de campagne avant le second tour si elle ne permettait pas de distinguer clairement les profils des deux candidats ? », commente la ministre des familles, Laurence Rossignol, qui ne comprend pas cette « injonction à la douceur ». De son côté, le directeur de la communication de la campagne, Harold Hauzy, déplore « une volonté de nous enfermer dans une posture d’agressivité », pour éviter de parler des « sujets de fond ».

Reste que la fin de campagne de M. Valls sidère une partie des troupes socialistes. « Valls met une ambiance détestable entre les deux tours », s’agace le député de la Nièvre Christian Paul, ex-soutien d’Arnaud Montebourg. Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, qui a soutenu Vincent Peillon, ne comprend pas, elle non plus, la ligne choisie par M. Valls. « Cela va crescendo en termes d’attaques, observe-t-elle. Cette violence ne lui apportera pas une voix. Et va faire des dégâts qu’il sera impossible de soigner après. »

Depuis leur avantin, les amis de François Hollande assistent au spectable, affligés. « Ça s’est emballé et c’est regrettable », note ainsi l’ancien ministre Frédéric Cuvillier, qui appelle au « calme ». Mercredi sur France Info, Stéphane Le Foll a indiqué qu’il ne voterait pas pour M. Hamon, mais « pour les idées (que lui, M. Le Foll, a) toujours défendues ». Incapable de dire explicitement qu’il voterait pour M. Valls, pour qui il nourrit un profond ressentiment, le premier des hollandais s’est contenté d’appeler à la « déduction ». Il a en outre recommandé d’« éviter » le « brutal » dans cette fin de campagne et rappelé « l’enjeu du rassemblement ».

Au PS, ils sont de plus en plus nombreux à redouter la « gueule de bois du lundi matin », au lendemain de cet entre-deux-tours à couteaux tirés. « On a du mal à voir le jour d’après, ou alors on le voit trop bien », soupire un proche de M. Hollande, qui imagine déjà une fuite de nombreux élus chez Emmanuel Macron dès la semaine prochaine.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

LE PARISIEN – 26/01/2017

Présidentielle : Macron monte au front pour se défendre d’avoir profité d’argent public

 

Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement le 30 août dernier.

Gourmand Emmanuel Macron ? Entre janvier et août 2016, le candidat aurait dépensé une grande partie des frais de représentation de Bercy. Il se défend de l’avoir fait pour son ambition personnelle.

Conscient que sa prise de parole, mercredi, n’avait pas éteint le feu couvant, Emmanuel Macron a pris sa plume ce jeudi pour dénoncer les accusations qui sont portées contre lui. Dans un livre consacré au ministère des Finances – Bercy, cette grande maison qui trône au-dessus de la Seine à Paris – , les journalistes Marion L’hour et Frédéric Says révèlent que l’ancien ministre aurait utilisé à lui seul 80% de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère en 2016. Selon eux, ce chiffre, couplé aux reproches qui avaient été faits à Macron au moment de la création d’En Marche de ne plus défendre l’action gouvernementale, laisse à penser qu’il aurait, les derniers mois, profité des moyens alloués à sa fonction pour préparer sa campagne.

« Aucun centime du budget du ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique n’a jamais été utilisé pour En Marche. Toute affirmation du contraire est purement et simplement diffamatoire » affirme le mouvement dans un long communiqué intitulé « Mensonges et contrevérités : En Marche répond ». Et de remercier « tous les anonymes bien intentionnés » qui montrent que Emmanuel Macron, ministre, « a déployé une activité exceptionnelle » à Bercy. Le communiqué évoque « une loi économique importante du quinquennat », omettant de rappeler qu’elle a été définitivement adoptée en juillet 2015. Sans mettre en question le chiffre de 80%, le communiqué précise aussi que le ministre a oeuvré « sans relâche pour la refondation de l’Union Européenne », un argument qui pourrait se retourner contre le candidat à la présidentielle.

« Recevoir au Ministère des acteurs extérieurs à l’administration fait bien partie du rôle et de la fonction d’un ministre qui ne saurait travailler en circuit fermé et exclusif avec son administration », martèle encore le communiqué.

Le chiffre pas remis en cause, l’objectif oui

« J’ai toujours respecté les règles de la République avec beaucoup de scrupules », affirmait déjà hier Emmanuel Macron sur RTL. Et ce jeudi, Michel Sapin a volé au secours de son prédécesseur à Bercy : « cette information n’a pas de sens. Macron n’a pas dépensé plus que ce à quoi il avait droit très naturellement dans un ministère comme le nôtre », a affirmé le ministre sur LCP. « Ce sont des mesquineries budgétaires », a ajouté Michel Sapin, qui ne s’entendait pourtant pas forcément bien avec Emmanuel Macron du temps où ils étaient tous deux. Il lui a toutefois reproché d’avoir levé le pied après l’approbation de sa loi. « C’est une évidence. Il n’avait plus de projet de loi à porter et il a, dès ce moment-là, peut-être l’avait-il déjà en tête, essayé de travailler à sa propre candidature », a-t-il assuré.

Au printemps dernier, alors que son ambition présidentielle se pressentait, l’intéressé avait déjà dû désamorcer une polémique sur son patrimoine. Fin mai 2016, Médiapart avait révélé que le ministre de l’Economie allait payer un rattrapage d’ISF pour 2013 et 2014 faute d’une évaluation correcte de sa maison du Touquet. «Une erreur d’estimation» sans volonté de minimiser son imposition, avait plaidé Macron, s’arrêtant surtout sur le caractère nauséabond de cette révélation.

 

L’OPINION – 26/01/2017

François Fillon: la déflagration

A la veille du lancement de sa campagne, le candidat de la droite est au cœur d’une polémique au sujet son épouse : elle aurait bénéficié d’emplois de complaisance. Sidération à droite

François Fillon était mercredi à Bordeaux afin de donner une image d’unité aux côtés d’Alain Juppé. Mais cette journée a été gâchée par les révélations du Canard Enchaîné sur son épouse. Selon l’hebdomadaire, l’ex-Premier ministre l’a embauchée comme assistante parlementaire durant des années. Et en 2012 et 2013, Penelope Fillon a été employée à La revue des deux mondes. Activité réelle ? Activité fictive ? La polémique bat son plein. Dans un communiqué, son mari s’étonne d’avoir « appris par la presse l’ouverture d’une enquête préliminaire » et « souhaite, pour rétablir la vérité, être reçu au Parquet national financier dans les plus brefs délais ».

François Fillon est tel un lapin dans les phares d’une voiture. Pour un candidat à l’Elysée – a fortiori pour un favori – c’est un classique. Il arrive toujours un moment où il est passé au laser. En 2007, Nicolas Sarkozy avait dû s’expliquer sur les conditions d’acquisition de la maison qu’il possédait alors à Neuilly et le financement des travaux qu’il y avait effectués. A pareille époque, Ségolène Royal, alors en couple avec François Hollande, avait, elle, été accusée d’avoir sous-estimé son ISF.

Le Canard Enchaîné était à chaque fois à l’origine de ces deux polémiques. Dix ans plus tard, ce même hebdomadaire a plongé, le 25 janvier, le candidat de la droite à l’Elysée dans la tourmente. Selon le journal, François Fillon, alors député de la Sarthe, a embauché son épouse Penelope comme assistante parlementaire de 1998 à 2002, puis les premiers mois (six au minimum) de son mandat de député de Paris en 2012. De 2002 à 2007, alors que son mari était ministre du gouvernement Raffarin puis sénateur, elle l’a été de son suppléant sarthois à l’Assemblée, Marc Joulaud. Elle a ainsi perçu au total 500 000 euros bruts.

Le Canard Enchaîné ne s’arrête pas là. Il révèle que de mai 2012 à la fin de 2013, Penelope Fillon a été recrutée comme conseiller littéraire à La Revue des deux mondes, propriété du groupe Fimalac dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière, percevant 100 000 euros bruts de salaire. Or, celle-ci n’aurait rédigé que deux notes de lecture sous pseudonyme.

« Misogynie ». L’entourage de François Fillon n’a pas démenti l’existence de ces emplois et salaires perçus. Dès la sortie du Canard Enchaîné, les éléments de langage adressés à ses porte-parole sont sans ambiguïté. « C’est fréquent que les conjoints des parlementaires soient leur collaborateur, à gauche comme à droite. Mme Fillon est diplômée. Elle a toujours travaillé, dans l’ombre car ce n’est pas son style de se mettre en avant », leur est-il notamment conseillé de répéter sur les ondes. La première partie de l’argument est juste : la pratique n’a rien d’illégale ; elle est fréquente au Sénat, comme à l’Assemblée nationale. Toute la question est de savoir si, dans le cas de Penelope Fillon, cela correspondait à des activités réelles.

C’est d’ailleurs sur ce terrain que François Fillon et les siens ont fait porter la contre-attaque. « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte. Je ne ferai pas de commentaire parce qu’il n’y a rien à commenter. Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et la misogynie de cet article. Parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un instant qu’un homme politique dise d’une femme, comme le fait cet article, qu’elle ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient », a répliqué François Fillon, en déplacement à Bordeaux, pour officialiser le soutien d’Alain Juppé.

« Parce que c’est une femme, il faudrait cantonner Penelope Fillon à la confection de confitures ou de tartes aux pommes ? », s’est étonné Bruno Retailleau, en charge de la coordination et de la stratégie de sa campagne.

Cette ligne de défense tiendra-t-elle ? A peine une demi-journée après la sortie du Canard Enchaîné, le parquet national financier a fait savoir qu’il ouvrait une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel afin de vérifier la réalité de l’activité de Penelope Fillon à l’Assemblée. Celle-ci a plusieurs fois, dans les médias, prétendu se tenir à l’écart de la carrière politique de son mari. « La vraie bombe à fragmentation, c’est La revue des deux mondes, confie, de son côté, un important élu LR. Cela peut être un abus de bien social. »

Même si la gauche et le FN n’ont pas rebondi sur l’affaire (eux-mêmes ont embauché nombre de leurs proches !), celle-ci arrive à un moment délicat pour François Fillon. Dimanche se tiendra le grand lancement de sa campagne, Porte de La Villette, à Paris. Cela se veut l’équivalent du raout du 14 janvier 2007 de Nicolas Sarkozy, Porte de Versailles, et du 22 janvier 2012 de François Hollande, au Bourget. Penelope Fillon ne peut pas ne pas être là. Habituée à la discrétion, elle sera cette fois traquée par les caméras de télévision. A la veille du premier tour de la primaire, alors que la victoire de son époux se profilait, son visage lors du grand meeting de celui-ci au Palais des Congrès de Paris avait déjà beaucoup marqué plusieurs élus. « Elle était livide », se souvient un proche.

Toboggan. Déjà avant cette polémique, le candidat était très attendu. L’ex-Premier ministre n’a pas su entretenir la dynamique née de son triomphe du 27 novembre. Il n’a pas su se dépêtrer de la polémique sur sa réforme de l’assurance-maladie. Dans les rangs de la droite, les voix dissonantes n’ont pas manqué. Le 25 janvier, une cinquantaine de parlementaires se sont réunis à l’initiative de Brice Hortefeux. « La tonalité générale, c’est que les gens étaient très inquiets de la campagne de François Fillon », rapporte un présent. « Fillon est en haut du toboggan. Il ne faut pas qu’il le prenne : cela dépendra à 50 % de son discours de dimanche et à 50 % du contexte », confie un autre.

« Le second tour de la primaire a montré qu’on ne savait pas gérer la polémique. On n’en est toujours pas sorti », reconnaît un membre de l’équipe Fillon. C’est tout l’enjeu du moment. La droite a été saisie par un profond effet de sidération après ses révélations sur son nouveau champion, dont elle ne doutait pas de la probité. L’ex-Premier ministre et son équipe sauront-ils cette fois adopter une communication de crise efficace ? S’exposer en pleine tempête, ce n’est pas la nature première du très orgueilleux François Fillon. Pourra-t-il y échapper, alors que son patrimoine, et notamment les activités de sa société de conseil, n’a pas fini d’être disséqué ?

Ludovic Vigogne

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 26/01/2017

Les Grecs résistent à la carte bancaire, le travail au noir prospère

Depuis le 1er janvier, la loi impose le paiement par carte à un panel de métiers divers dans le but de réduire le volume colossal de transactions et de revenus qui échappent au fisc.

Dimitris Variamis a tout du plombier modèle. Juché sur sa moto, à longueur de journée, zigzagant entre les bouchons des rues de Thessalonique, deuxième ville du pays, il est rarement en retard à un rendez-vous. Son énorme sacoche contenant tout son arsenal professionnel, de la clé aux joints en caoutchouc, ne le quitte jamais. Toujours affable et souriant, il confie avoir «plusieurs fois réparé des fuites bénévolement dans des familles frappées par la crise et la brusque paupérisation de la société». Mais, depuis le 1er janvier, Dimitris ne décolère pas. «On nous impose à présent d’avoir tous un terminal de paiement par carte bancaire, alors que je ne sais même pas comment ça marche!»

Depuis la mise en place du contrôle des changes, le 25 juin 2015, le gouvernement et les banques ont tenté à plusieurs reprises, de communiquer sur le bien-fondé des paiements par carte. Et depuis le 1er janvier, la loi impose ces machines à un panel de métiers divers. À savoir: médecins, avocats, restaurants et tavernes, bars, électriciens ou encore plombiers. Au total, 200.000 professionnels sont concernés. L’objectif est tout simplement de réduire le volume colossal de transactions et de revenus qui échappent au fisc.

Amende pour les récalcitrants

Les professionnels ont six mois pour s’équiper, sous peine d’amende, dont le montant n’est pas précisé mais qui pourrait s’inspirer de celle de 1000 euros infligée aux magasins n’ayant pas affiché la possibilité, pour leurs clients, de payer par carte.

Pour Dimitris Variamis, au-delà des problèmes techniques, «dans les îles ou villages éloignés des grandes villes, la grande majorité des personnes, âgées notamment, ne paient qu’en liquide. C’est culturel dans le pays. Quant aux autres, elles préfèrent éviter le coût de la TVA et refusent les factures.» Le plombier peste aussi contre les banques qui «prennent 2 à 3 % de commission sur chaque transaction, alors que la norme européenne ne dépasse pas 0,3 %». En prime, les plombiers ne veulent pas que l’État ait accès à leur compte bancaire. Beaucoup sont surendettés, et, si leurs gains étaient prélevés directement pour payer leurs dettes, «ils n’auraient pas d’autres choix que de mettre la clé sous la porte» s’insurge-t-il.

Son inquiétude, aujourd’hui, est partagée. De plus en plus de collègues ferment leur entreprise tout en continuant de travailler sans être déclarés, et, de facto, sans assurance. «L’État croit que nous filoutons le fisc, comme d’autres métiers de service, mais avec ces mesures dont personne ne bénéficie finalement, et surtout pas le client, il nous pousse à ne plus rien déclarer.»

Plus d’impôts, moins de recettes

C’est justement tout le problème qui se pose au gouvernement d’Alexis Tsipras. Il ne s’est pas contenté de suivre à la lettre les objectifs des créanciers publics (FMI, BCE, UE), mais, selon ses détracteurs, il aurait même fait du zèle. Le gouvernement a réussi à imposer six fois plus de taxes que celles demandées, mais le résultat n’est pas celui escompté. Ainsi, les recettes de 2016 ne sont pas plus importantes qu’en 2015, malgré la première vague d’augmentation d’impôts. L’année 2017 ne sera sans doute pas meilleure, malgré la pluie de nouvelles taxes. Pourtant, le ministère des Finances espère percevoir 900 millions d’euros de plus que l’an dernier, grâce aux taxes sur les cigarettes, la téléphonie mobile ou l’essence.

Les chiffres de 2017 prévoient des recettes fiscales d’un montant total de 43,98 milliards d’euros, dont 3,1 milliards (soit plus de 7 %) qui pourraient provenir, entre autres, de la TVA sur le tabac. Mais les professionnels du secteur prévoient une perte équivalente. «Parce que l’un des plus grands fléaux du pays est la contrebande de cigarettes, qui touche 20 % du marché», avance Andreas Koutras, analyste financier. «Et c’est la même chose dans tous les secteurs, car la consommation des ménages a chuté de 50 %. Rares sont ceux qui peuvent payer leurs impôts, assure l’expert. «De surcroît, le coût du travail ne cesse de s’alourdir. Le nombre d’employés à temps partiel a augmenté de 20 % en deux ans. Ce qui signifie que les patrons déclarent de plus en plus de temps partiel, alors qu’en réalité les employés travaillent à plein temps», conclut Andreas Koutras.

Une chose est sûre: si les recettes n’augmentent pas dans les prochains mois, le gouvernement devra faire face à un sérieux problème de liquidités, qui pourrait relancer les scénarios les plus dangereux pour le pays.

Alexia Kefalas

 

 

LE FIGARO – 26/01/2017

Les Européens observent les crispations turques avec inquiétude

Le durcissement du régime en Turquie depuis le putsch raté du 15 juillet 2016 préoccupe le Conseil de l’Europe.

La répression qui sévit en Turquie inquiète les Européens. Ce mardi, le secrétaire du Conseil de l’Europe s’est félicité d’avoir pu maintenir le contact avec Ankara, tout en affichant ses préoccupations relatives au durcissement qui prévaut depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet. En tout, quelque 100.000 personnes ont été touchées par les purges dans l’armée, la police, la justice, l’enseignement, la presse, l’administration et les entreprises. Alors que l’état d’urgence, décrété après le putsch raté et reconduit à plusieurs reprises, est toujours en vigueur, le Parlement turc a adopté samedi la fameuse réforme constitutionnelle en faveur d’un renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

Le texte doit être soumis à référendum au printemps. «Le pays souhaite aller vers un système plus présidentiel de gouvernement, c’est une question qui relève de la démocratie turque. Néanmoins, demander au peuple d’apporter des changements aussi profonds à la structure de l’État, alors que cet État se trouve dans le cadre d’un état d’urgence, cela suscite des préoccupations», a déclaré Thorbjorn Jagland, devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Avant d’ajouter: «Dans un état d’urgence, les droits civiques peuvent être soumis à des restrictions. J’espère donc qu’il sera levé avant que le référendum ait lieu.»

Libérer les journalistes détenus

Inquiet de la mise sous silence d’une partie de l’opposition, le secrétaire du Conseil de l’Europe se pose aussi la question de la présence de «contrepoids suffisants dans le système», à la lecture du «contenu même de ces amendements constitutionnels». L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe suit également de près la récente dégradation de la liberté d’expression, notamment la fermeture de médias et la détention de journalistes, en vertu de décrets adoptés durant l’état d’urgence. Elle appelle Ankara à «remettre en liberté les journalistes détenus qui n’ont pas été inculpés pour participation active à des actes de terrorisme».

Thorbjorn Jagland souligne toutefois que le dialogue se poursuit sur le dossier des personnes arrêtées avec les autorités turques et qu’il a permis d’obtenir quelques résultats. Aussi, depuis lundi a-t-il constaté que la garde à vue a été ramenée de trente à sept jours, même si cette durée peut être prolongée par le procureur général. L’accès à un avocat est également de nouveau possible avant le cinquième jour.

La Turquie a par ailleurs accepté de mettre en place une commission nationale de recours. Celle-ci devrait pouvoir prendre en compte les requêtes déposées par les personnes affectées par des décrets-lois ayant entraîné leur licenciement ou la fermeture des associations, fondations ou entreprises dans lesquelles elles œuvraient. «Ces recours nationaux sont essentiels. Si la cour (européenne des droits de l’homme) est submergée de dizaines de milliers d’affaires venant de Turquie, ces citoyens pourraient se voir contraints d’attendre des années avant qu’un arrêt ne soit exécuté», a estimé Thorbjorn Jagland. Il a néanmoins rappelé que la Cour de Strasbourg serait toujours là pour recueillir les plaintes de ceux qui contesteraient les décisions de cette commission ou des tribunaux turcs.

Delphine Minoui

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Donald Trump instaure une politique migratoire extrêmement restrictive

 

Donald Trump a confirmé, mercredi, son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine

Sept nationalités, issues du monde musulman, vont être interdites d’accès aux Etats-Unis (Syrie, Irak, Iran, etc). Trump confirme son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine mais se heurte à la résistance du Congrès.

Voilà des décennies que les Etats-Unis accueillent les persécutés du monde entier, des juifs d’Europe centrale aux anticommunistes chinois en passant par les opposants à la révolution cubaine. Cette ouverture au monde est probablement révolue. Donald Trump doit signer plusieurs décrets, ces mercredi et jeudi, qui traduisent une volonté farouche de fermer les frontières du pays, par peur de la menace terroriste et des cartels de drogues notamment.

Cette avalanche de décrets a un autre avantage, celui de détourner l’attention des journalistes des sujets qui fâchent, tels la proximité qui unit la nouvelle administration et la Russie ou les conflits d’intérêt qui menacent le président. « Donald Trump veut galvaniser sa base, après une prise de pouvoir particulièrement chaotique», estime un conseiller républicain au Sénat.

Des mesures importantes

Les mesures anti-immigration n’en sont pas moins importantes : l’accueil de réfugiés devrait être totalement suspendu pendant au moins trois mois, le temps que les Etats-Unis durcissent leurs contrôles de détection des profils dits « dangereux ». Les procédures américaines sont pourtant déjà considérées parmi les plus exigeantes du monde : un Syrien, par exemple, doit compter jusqu’à deux ans d’interviews et d’enquêtes pour être accepté sur le sol américain. L’accueil de réfugiés reprendra ensuite, assure la Maison Blanche, mais à un rythme deux fois moindre qu’aujourd’hui. Seuls 50.000 seront acceptés sur le sol américain cette année, contre 110.000 sous l’ère Obama.

Les pays visés tous musulmans

Ce n est pas tout : les citoyens de sept pays musulmans devraient être totalement privés d’accès aux Etats-Unis (Syrie, Irak, Iran, Yémen, Somalie, Soudan et Libye), à l’exception des chrétiens qui y sont persécutés. Nul ne sait combien de temps sera maintenue cette interdiction. Pendant la campagne déjà, Donald Trump avait fait miroiter la perspective d’interdire l’entrée de musulmans sur le territoire américain. Les mesures présentées cette semaine en constituent une version édulcorée, certainement plus acceptable d’un point de vue constitutionnel. Des recours en justice sont toutefois fort probables, les pays visés étant tous musulmans : « Son discours de campagne ciblait clairement une religion. Les propos tenus par ses conseillers aussi », rappelle Hiroshi Motomura, professeur de droit à l’Université de Californie à Los Angeles.

Trump persiste sur la question du mur face au Mexique

Donald Trump a également confirmé, mercredi, son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine -une provocation à moins d’une semaine de la visite officielle du président mexicain . Mais le décret qui devait être signé mercredi n’est guère plus qu’une déclaration d’intention : il ne garantit pas le fait que le projet aboutira un jour. Son coût est estimé entre 10 et 20 milliards de dollars, une facture que ni les Mexicains ni les Républicains au Congrès ne souhaitent prendre en charge. Même les ministres de Donald Trump sont sceptiques : « Une barrière physique n’arrêtera pas les cartels de drogues », a jugé la semaine dernière le nouveau secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly.

Les villes protégeant les sans-papiers en ligne de mire

Le décret de mercredi permettra d’allouer quelques dizaines de millions de dollars de crédits fédéraux pour lancer le chantier au plus vite. Mais il faudra nettement plus pour en venir à bout, et seul le Congrès sera habilité à débloquer les fonds nécessaires. Donald Trump s’en prend, enfin, aux villes sanctuaires (San Francisco, New York, Dallas, Miami, etc …) qui refusent de coopérer avec les autorités fédérales pour expulser les sans-papiers. Le président menace de leur couper certains crédits fédéraux. Une perspective inquiétante pour les 11 millions de clandestins qui vivent aux Etats-Unis aujourd’hui.

Lucie Robequain

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 25 janvier 2017

2017-03-02T07:05:07+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

FRANCEINFO – 25/01/2017

Hausse du chômage en décembre en Île-de-France

Fin décembre 2016, en Île-de-France, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité qui correspond à la catégorie A s’établit à 668 920. Ce nombre a augmenté de 0,9 % sur un mois.

Hausse du chômage en Île-de-France pour ce mois de décembre, et ce sont surtout les demandeurs d’emploi âgés de 50 ans et plus qui sont les plus touchés avec une augmentation de +1,3 % sur un mois.

LE TAUX DE CHÔMAGE AUGMENTE POUR LES SENIORS

Sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A diminue de 2,0 % pour les moins de 25 ans (+1,1 % sur un mois et –5,7 % sur un an), reste stable pour ceux âgés de 25 à 49 ans (+0,7 % sur un mois et –2,7 % sur un an) et progresse de 2,5 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+1,3 % sur un mois et +2,9 % sur un an).

En un mois, c’est dans le Val-d’Oise que l’augmentation du nombre de chomeurs est la plus élevée

Les évolutions du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A se situent entre –0,4 % en Seine-Saint-Denis et +1,9 % en Essonne pour les évolutions sur trois mois. Sur un mois, elles se situent entre +0,4 % en Seine-Saint-Denis et +1,5 % dans le Val-d’Oise.

 

FRANCEINFO – 25/01/2017

Pollution : « La gratuité des transports en Ile-de-France a coûté quatre millions d’euros par jour »

La gratuité ne sera plus appliquée dans les transports parisiens lors des pics de pollution. Le dispositif coûtait quatre millions d’euros par jour, selon le vice-président d’Ile-de-France. À la place, la RATP propose un ticket de 3,80 euros par jour.

De nombreuses régions de France sont touchées par de fortes pollutions aux particules fines. À Lyon, Villeurbanne, Grenoble et Paris des restrictions de circulation ont été mises en place. Lors des premiers pics de pollution, fin 2016, les transports parisiens étaient gratuits, afin d’inciter les voyageurs à ne pas prendre leurs voitures. Trop chère, cette mesure n’a pas été reconduite lors des nouvelles alertes.

« Les raisons financières existent réellement. Je rappelle que la gratuité des transports en Ile-de-France a coûté 4 millions par jour au Syndicat des transports d’Ile-de-France », a expliqué sur franceinfo Stéphane Beaudet, vice-président de la région Ile-de-France en charge des transports.

Un tarif de 3,80 euros pour remplacer la gratuité

« Les seuils de pollution ont été rabaissés au 1er janvier 2017. On va donc avoir cette année beaucoup plus de journées de pics de pollution qu’il y en avait l’année dernière », a-t-elle poursuivi. « On prévoit cette année 20 à 25 jours de pollution, vous multipliez ça par quatre millions par jour, cela fait 80 millions de perte pour le Syndicat des transports d’Ile-de-France », a insisté Stéphane Beaudet, « on a donc demandé à l’État de compenser cette perte, mais il a refusé. »

Face à ce refus, le Syndicat a mis en place un tarif « attractif » de 3,80 euros par jour, qui permet de voyager dans l’ensemble des transports franciliens lors des pics de pollution. Mis en place le lundi 23 janvier, il est aussi appliqué le 24. Un système similaire a été adopté à Lille.

 

EUROPE 1 – 25/01/2017

Sans-abris : l’Ile-de-France valide un fonds « grand froid », « indigent » selon l’opposition

 

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris.

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris. Un montant qualifié d’ « indigent » par l’opposition.

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris, annoncé par la présidente Valérie Pécresse (LR) en pleine vague de froid, un montant qualifié d' »indigent » par l’opposition. Celle-ci dénonce le « désengagement massif » en faveur des plus démunis.

Un dispositif calqué sur un modèle nord-américain. Dans une déclaration d’intention figurant en annexe, la majorité régionale a accepté de « réfléchir à la manière dont la région peut s’inscrire » dans le programme ‘Un toit d’abord’, qui faisait l’objet d’un amendement défendu par l’écologiste Julien Bayou. Elle ne l’a toutefois pas inscrit au budget 2017. Pour l’élu écolo, ce dispositif, en oeuvre aux État-Unis et au Canada, « a démontré que loger les SDF gratuitement et sans condition revenait moins cher que de les laisser à la rue en leur portant assistance ponctuellement, en particulier s’agissant des personnes présentant des troubles psychiatriques liées à la rue ». « Ce serait intéressant que la région s’engage dans ce domaine », a dit Valérie Pécresse.

« C’eut été un beau geste ». Julien Bayou a lancé une pétition en faveur de ce dispositif qui a recueilli 2.175 signataires depuis vendredi soir. Il a fait part de sa « vraie déception » après la décision de la région. « C’eut été un beau geste », a-t-il dit, en pleine vague de froid et alors que viennent d’être célébrés les 10 ans de la mort de l’Abbé Pierre. Son groupe, comme le Front de gauche et le PS, ont contesté à plusieurs reprises, via de nombreux amendements, la suppression par la majorité régionale, depuis 2016, du dispositif de soutien aux centres d’accueil et d’hébergement pour personnes sans abri.

La « précarité grandissante » des Franciliens. « Cette décision est la conséquence de vos choix politiques (au niveau national, ndlr), avec la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) », qui a fait de l’hébergement d’urgence une compétence de l’Etat, a dit Farida Adlani, vice-présidente en charge de l’action sociale. « Vous n’hésitez pourtant pas à mettre des millions sur des prérogatives qui ne sont pas directement de la région, comme la sécurité », a rétorqué l’élue FDG Clémentine Autain. « Nous sommes sensibles à la précarité grandissante des Franciliens », a affirmé Farida Adlani informant, que, outre les 100.000 euros dégagés en urgence, la région « agit à travers le Fonds régional de solidarité et de soutien aux familles (soutien aux femmes en difficulté, aux structures d’aide alimentaire, etc.) » et « l’innovation sociale ».

La majorité a accepté, à l’initiative du groupe Modem, d’augmenter de 500.000 euros le soutien régional aux femmes en difficulté, et de mettre en place des « impact social bonds » (investissement à impact social). Le dispositif permet de « lever des fonds privés pour mener des actions sociales ».

 

LES ECHOS – 25/01/2017

Grand Paris : élus et PME du Val-de-Marne se mobilisent

Les chantiers sur la ligne 15 sud rentrent dans le dur cette année. Le département a bataillé depuis dix ans pour le réseau. Il mise sur les retombées des travaux.

Mardi 24 janvier, devant des badauds bravant le froid, l’opération de ripage du pont-rail à la gare de Champigny-sur-Marne a commencé. Cette première opération du genre du Grand Paris Express consiste à glisser une énorme boîte de béton de 40 mètres de long sous le pont SNCF afin de préfigurer une des deux sorties de la future gare. Les travaux durent jusqu’au vendredi 27 janvier, avant de se reproduire en août à la gare de Clamart et à la fin de l’année à Arcueil-Cachan. Une étape spectaculaire qui marque l’entrée dans le dur de la construction de la ligne 15 sud, qui traversera sur 33 kilomètres le Val-de-Marne de Pont-de-Sèvres (Hauts-de-Seine) à Noisy-Champs. Ouverture prévue en 2022. C’est sur ce territoire que les grandes manoeuvres commencent. Certes, un tunnelier est déjà en action depuis 2015 entre la gare Saint-Lazare et la mairie de Saint-Ouen, mais il ne fait « que » prolonger la ligne de métro 14 au nord de Paris. Avec la ligne 15, la Société du Grand Paris commence la création de ses quatre nouvelles lignes avec la 16, 17, 18.

Le Val-de-Marne focalise l’attention. D’ici cet été, 14 des seize gares seront en travaux, ainsi que 31 des 38 ouvrages annexes. Puits de ventilation et accès de sécurité pour les pompiers sont implantés tous les 800 mètres. Le premier tunnelier, installé dès cet automne, commencera à creuser au début de l’an prochain. Au total 7 à 10 de ces monstres d’acier creuseront de concert lorsque les travaux monteront en puissance l’an prochain.

Faciliter l’accès aux marchés publics pour les PME

Les marchés aiguisent les appétits des entreprises du BTP. Dans les semaines qui viennent, trois gros lots de génie civil – dont deux entre 800 millions et un milliard d’euros – seront attribués sur la ligne 15 sud. Il s’agit des tronçons entre Fort d’Issy-Vanves Clamart et Villejuif (fin février), puis jusqu’à Créteil l’Echat (fin janvier) et enfin jusqu’à Bry-Villiers-Champigny (mi-mars). Deux autres moins gros suivront. En 2016, trois lots avaient été attribués.

Le territoire se frotte les mains. Le Val-de-Marne avait bataillé pour obtenir le passage du Grand Paris Express. Il y a dix ans, le président du conseil général, Christian Favier (PCF), créait l’association Orbival pour promouvoir la création d’un métro inter-banlieue. Il donnera naissance au tracé actuel de la ligne 15 sud et 15 est. Pour s’assurer que le territoire soit pris en compte, le Val-de-Marne a réclamé dès le départ la présence de deux sites de maintenance. Ce sera chose faite à Champigny-sur-Marne et Vitry-sur-Seine, avec à la clé 800 salariés à terme. Habile. Elus et entreprises locales misent aujourd’hui sur les retombées du chantier. Pour faciliter l’accès aux marchés – dont 20 % doivent êtres réservés aux PME – un groupement de quinze patrons – bientôt 20 -, constitué en association loi 1901, s’est créé en juin 2016. Briand (bâtiment), SNTPP (BTP), Perez Morelli (démolition)… L’idée du « XV », qui s’est adossé à Eiffage sur deux offres, est de couvrir un maximum de compétences. « Certains marchés de construction des parois moulées pourraient être allotis pour que les PME puissent répondre », indique Bernard Benoist, PDG de la société de travaux publics UCP. Un Observatoire des PME sera installé la semaine prochaine par la SGP (Société du Grand Paris) en partenariat avec la CCI Paris-Ile-de-France, pour s’assurer du respect de cette clause. « Cet observatoire servira aussi à animer des réseaux de PME pour leur faire connaître les marchés accessibles », précise Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris. Dans la liste, le Val-de-Marne pourrait aussi accueillir le premier site de l’Académie du Grand Paris à l’automne. Mise en place avec la Fédération des travaux publics Ile-de-France, cette plate-forme de formation se déploiera sur plusieurs endroits.

Marion Kindermans

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 25/01/2017

Le chômage a baissé en 2016 pour la première fois en neuf ans, malgré une fausse note en décembre

 

 

Le nombre de demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi en catégorie A (ceux qui n’ont pas du tout travaillé) a augmenté de 26.100 en décembre.

+VIDEO. Le nombre d’inscrits à Pole emploi en catégorie A a augmenté de 26.100 en décembre. Mais sur l’année écoulée, il a baissé de 107.400.

Tout arrive. Malgré une fausse note en décembre, 2016 restera comme « le » millésime du quinquennat Hollande en matière de chômage. Sur le dernier mois de l’année écoulée, le nombre de demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi en catégorie A (ceux qui n’ont pas du tout travaillé) a augmenté de 26.100, par rapport à novembre, pour se fixer à 3,473 millions en France métropolitaine. Cette hausse, due principalement à des fins de CDD, fait de l’ombre au bon chiffre de novembre (-31.800), mais ne remet pas en cause la tendance.

Sur trois mois glissants, le nombre d’inscrits à Pôle emploi sans activité a baissé de 17.400. Mieux, sur l’année, le recul a atteint 107.400, après huit années de hausse consécutives, n’a pas manqué de souligner Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Autrement dit, non seulement 2016 sera l’année de l’inversion, mais en plus il faut remonter à 2007, soit l’année avant la crise des subprimes, pour retrouver une baisse annuelle du chômage en France, même si elle avait été beaucoup plus prononcée à l’époque (près de 250.000 demandeurs d’emplois de moins).

Les moins de 25 ans en sont les principaux bénéficiaires, toujours selon l’exécutif. Ils étaient 46.100 de moins sans activité fin 2016, soit une baisse de 8,8 % sur un an, « plus de deux fois supérieure » à celle de 2015. Et un retour au niveau de mi-2011. Pour les chômeurs de longue durée la baisse ressort à 2,4 %, à 58.300.

Quid du millésime 2017

Pour expliquer ces bons résultats, l’exécutif met encore une fois en avant les différents dispositifs mis en place pour réduire les charges des entreprises (CICE, pacte de responsabilité, prime PME…) et la hausse des créations d’emplois qui en a découlé, comme vient de le souligner l’Acoss, l’organisme qui collecte les cotisations sociales. De fait, les statistiques retraçant les entrées et sorties des catégories A, B (inscrits à Pôle emploi ayant travaillé moins de 78 heures), ou C (plus de 78 heures), confirment l’embellie sur un an : forte décrue des inscriptions pour fin de CDD d’un côté, forte décrue également pour reprise d’emplois déclarée de l’autre.

Toute la question est de savoir si le millésime 2017 sera du même tonneau que le précédent. D’un point de vue macro-économique, les économistes tablent sur une croissance de 1,2 % « seulement », comme l’année dernière. C’est suffisant pour faire baisser le nombre de demandeurs d’emplois, mais sans doute dans de moindres proportions car les dispositifs mentionnés précédemment vont s’essouffler.

Confiant, le gouvernement parie sur une poursuite de la tendance, au moins sur le premier semestre, d’autant que les premiers résultats, encore très partiels, du plan « 500.000 formations supplémentaires » de chômeurs seraient satisfaisants en termes de retour à l’emploi. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee table sur une décrue de 20.000 du nombre de chômeurs seulement, mais en comptant selon la norme du BIT.

Par ailleurs, si la courbe du chômage est bien inversée comme l’avait promis François Hollande, depuis son élection, le nombre d’inscrits en catégorie A a augmenté de 550.000.

VIDEO – Baisse du chômage en 2016, une première depuis 2007 : http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211725866185-chomage-une-fausse-note-en-decembre-2059727.php

 

Alain Ruello

 

 

LES ECHOS – 25/01/2017

Chômage : un recul quasiment dans toutes les régions

+VIDEO + INFOGRAPHIE – La baisse du chômage a été particulièrement forte l’an dernier dans les Pays de la Loire et en Bretagne.

En 2016, toutes les régions ont bénéficié de l’amélioration de la situation de l’emploi à une exception près, La Réunion, qui a encore accusé une progression du chômage, néanmoins limitée puisqu’elle est évaluée par le ministère du Travail à +0,1 %. Elles n’ont cependant pas toutes autant vu baisser leurs effectifs de chômeurs n’ayant pas du tout travaillé (catégorie A). Ainsi, les Pays-de-la-Loire sont arrivés en tête, avec une diminution de 5,2 % de leur nombre de demandeurs d’emploi, devant la Bretagne, où il a reculé de 4,7 %. La Bourgogne-Franche Comté est arrivée en troisième position, à – 4,6 %. L’Ile-de-France, elle, a vu sa population en recherche d’emploi se réduire de seulement 2 %, se plaçant à la onzième place sur les treize régions de France métropolitaine.

Le bilan du quinquennat s’annonce négatif

Reste que, dans toutes les régions, le bilan du quinquennat s’annonce négatif. C’est particulièrement vrai en valeur absolue dans trois d’entre elles qui auront vu le nombre de personnes pointant à Pôle emploi progresser de plus de 100.000 : l’Ile-de-France (+130.000) et le Grand-Est (+116.000 environ). L’Occitanie (un peu moins de 100.000) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (-90.400) ont approché ce seuil.

Le mouvement de baisse du chômage constaté en 2016 ne corrigera pas les inégalités fortes qui existent entre les régions en la matière. Au contraire, même, puisque l’on constate que les deux régions qui ont le plus vu leur situation s’améliorer sont celles qui ont déjà des taux de chômage parmi les plus faibles. C’est ce que montre la dernière étude de l’Insee sur les taux de chômage localisés au troisième trimestre de 2016 : les Pays-de-Loire et la Bretagne sont des régions où le taux de chômage est inférieur à 9 %, comme l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône Alpes. Quatre régions ont a contrario un taux de chômage supérieur à 11 % : les Hauts-de-France, l’Occitanie, Paca et la Corse.

Dans une étude réalisée fin 2015 au prisme des treize nouvelles régions, l’Insee avait montré que si aucune d’entre elles n’avait été épargnée par la crise, celles du nord et du sud-est du pays avaient été les plus impactés.

VIDEO – Baisse du chômage en 2016, une première depuis 2007 : http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211726429258-chomage-un-recul-quasiment-dans-toutes-les-regions-2059748.php

 

Leïla de Comarmond

 

 

LES ECHOS – 25/01/2017

L’emploi des jeunes demeure un point noir

La part des jeunes sans emplois dépasse en France la moyenne européenne.

L’insertion professionnelle des jeunes était déjà difficile en 1981, date d’un rapport de Bertrand Schwartz au Premier ministre d’alors, Pierre Mauroy, qui a fait date et est à l’origine de la création des missions locales. Elle est toujours voire plus difficile trente-cinq ans plus tard. C’est le diagnostic du rapport remis ce mardi par France Stratégie, un organisme de réflexion rattaché à Matignon, associé au ministère du Travail, et issu d’une concertation lancée par Myriam El Khomri.

Ce document permet d’en prendre la mesure au travers d’une batterie de chiffres inquiétants. Même s’il donne une image tronquée de la situation, le taux de chômage des jeunes – calculé comme le nombre de chômeurs de 15 à 24 ans rapporté à la population active du même âge – ressort à 25 % et a été multiplié par 3,5 en quarante ans. Pour tenir compte de tous les jeunes en études, le rapport juge plus pertinent de mettre en avant la part des jeunes sans emploi. Las, même moins noire, cette statistique n’est pas glorieuse non plus : 13,8 % pour les 20-24 ans et 11,6 % pour les 25-29 ans, contre 11,7 % et 10,2 % respectivement pour la moyenne européenne. Autre constat : 17 % des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Non seulement ce taux est supérieur à la moyenne des Vingt-Huit, mais il n’a pas encore reculé.

La dégradation de l’insertion des jeunes dans le marché du travail s’explique évidemment par celle du marché du travail dans sa globalité. Le faible cumul emploi-études joue aussi, malgré la hausse très importante de l’apprentissage. Mais les jeunes, plus que leurs aînés, ont pris de plein fouet la montée de la précarité. Les contrats temporaires concernent plus d’un tiers d’entre eux.

« Si la situation […] apparaît globalement dégradée, ce constat doit être nuancé », selon le rapport. De fait, le « diplôme » assure encore à ceux qui en ont décroché un de meilleures chances de trouver un travail. A l’opposé, la surexposition des moins qualifiés s’est accrue avec la crise, sachant qu’un jeune sur dix ne maîtrise pas les compétences dites « de base ». A cela s’ajoutent des freins périphériques – mobilité, résidence, fracture numérique, logement, ou encore pauvreté – qui touchent un jeune sur dix également. Les jeunes issus de l’immigration sont victimes d’une situation encore plus défavorable. C’est notamment le cas pour les descendants d’immigrés africains, « même quand on neutralise les effets liés à l’âge, au diplôme, à l’origine sociale ou au lieu de résidence ». « La France ne fait pas exception en Europe, mais cultive un certain nombre de spécificités », résume Hélène Garnier, directrice du département travail-emploi-compétences de France Stratégie.

Que dire enfin de la myriade de dispositifs censés favoriser l’insertion des jeunes ces dernières années ? Le constat est variable d’un dispositif à l’autre : bon pour la garantie jeunes, nettement moins bon pour le contrat de génération, mesure phare de François Hollande en début de quinquennat. Les accompagnements se sont intensifiés et individualisés, mais au prix d’une plus grande complexité d’ensemble et d’une perception d’instabilité des règles de financement de la part des entreprises. « Ce qui risque fortement de se traduire par une moindre efficacité d’ensemble », conclut le rapport.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

L’emploi des seniors, l’échec du quinquennat

Depuis juin 2014, le nombre de personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A a augmenté de 15 %.

C’est le point noir de la politique de l’emploi du quinquennat de François Hollande. Fin 2016, la barre symbolique des 900.000 personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A (sans aucune activité) à Pôle emploi a été franchie. Un chiffre en augmentation de 50 % depuis l’élection présidentielle de 2012. Les seniors représentent désormais plus du quart de l’ensemble des chômeurs sans activité. L’exécutif avait pourtant tenté de prendre le taureau par les cornes. En juin 2014, François Rebsamen, alors ministre du Travail, présentait un nouveau plan pour l’emploi des seniors. Avec un objectif précis, stabiliser le chômage de cette tranche d’âge en six mois, puis le faire reculer.

Au programme, les ficelles classiques des politiques de l’emploi: un doublement de l’aide lié au contrat de génération en cas d’embauche d’un senior, un renforcement du suivi de Pôle emploi pour 80.000 chômeurs de longue durée supplémentaires, l’instauration d’un dispositif pour inciter des chômeurs seniors à faire des stages en entreprise. Une enveloppe – modeste – de 150 millions d’euros était débloquée pour financer l’ensemble. Deux ans et demi après le lancement du plan, le bilan est négatif. Depuis juin 2014, le nombre de personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A a encore augmenté de 15 %.

Un effort sur la formation

«Le chômage des seniors est bien sûr encore trop élevé, même si la tendance s’est améliorée ces derniers mois, nuance-t-on au ministère du Travail. Pour y parvenir, le gouvernement a fait preuve de volontarisme en mobilisant l’ensemble des dispositifs dont il dispose.» Le nombre de seniors s’est ainsi accru parmi les contrats aidés du secteur non marchand. Ils représentent désormais plus de 32 % des effectifs.

Autre outil: la montée en puissance de la formation, dans le cadre notamment du plan 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d’emploi. En octobre, les plus de 50 ans, traditionnellement plutôt réfractaires à la formation, représentaient 23,7 % de l’ensemble des stagiaires. Reste un point à ne pas négliger: malgré cette hausse du chômage, le nombre de seniors en emploi a augmenté: le taux d’emploi des 55-64 ans a atteint 48,7 % fin 2015, contre 40 % cinq ans plus tôt. Une hausse liée au report de l’âge légal de départ à la retraite.

Anne de Guigné

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

La formation, la solution aux ravages du numérique

Réussir la transition numérique permettrait de sauvegarder les emplois menacés par les nouvelles technologies, selon une étude d’Accenture dévoilée en exclusivité par Le Figaro.

Le numérique aura un impact fort sur l’emploi dans les années à venir. Mais les économistes ne s’accordent pas sur son ampleur, les uns (OCDE…) estimant que moins de 10 % des postes seraient menacés par l’automatisation et l’intelligence artificielle, tandis que des experts d’Oxford fixent le curseur à 47 %. Quoi qu’il en soit, l’effet sera moins négatif si les salariés peuvent se reconvertir, en abandonnant des tâches automatisables pour des fonctions à valeur ajoutée.

D’où l’importance de la formation, mise en avant par une étude d’Accenture que Le Figaro dévoile en exclusivité. Si la formation fonctionne, la part des emplois risquant de disparaître du fait des nouvelles technologies ne sera que de 4 % aux États-Unis, 6 % au Royaume-Uni (contre 20 % autrement) et 10 % en Allemagne, selon les simulations de cabinet de conseil.

«Les salariés ont pris conscience de cet enjeu et sont prêts à se former», souligne Fabrice Asvazadourian, le directeur exécutif d’Accenture Strategy, en s’appuyant sur le sondage réalisé, auprès de plus de 10.000 personnes, dans dix pays dont la France, le Royaume-Uni, l’Inde, les États-Unis et le Japon.

64 % des personnes interrogées estiment ainsi que le changement s’accélère. Et 85 % veulent prendre sur leurs loisirs pour se former aux nouvelles technologies. Ce taux atteint encore 73 % en France, pays réputé pour son goût du temps libre… Malgré ces bouleversements, 87 % (78 % en France) restent optimistes et pensent que les nouvelles technologies amélioreront leur travail dans les cinq prochaines années.

Pénurie de main-d’œuvre

«Les entreprises qui réussiront la transition numérique seront celles qui auront su embarquer leurs collaborateurs en les formant. L’enjeu est immédiat: les entreprises ne peuvent plus se contenter de mener quelques projets digitaux», insiste Fabrice Asvazadourian. L’étude souligne aussi que la communauté des affaires doit inciter les gouvernements à réformer la formation initiale. Une nécessité, alors que 40 % des employeurs dans les pays étudiés font face à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée.

Cécile Crouzel

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 25/01/2017

Jacques Creyssel : « Le commerce est au cœur d’une triple révolution. C’est une chance »

 

Jacques Creyssel, Délégué Général de la Fédération du Commerce et de la Distribution

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), représente les plus grands distributeurs français – Carrefour, Casino, Auchan, Système U – à l’exception de Leclerc et Intermarché. Dans une interview aux « Echos », son délégué général, Jacques Creyssel, alerte les candidats à la présidentielle sur les enjeux à venir d’un secteur qui « pèse » 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 750.000 personnes en France.

La FCD sort un document intitulé : « Commerce et distribution, pour une politique d’avenir claire et ambitieuse ». C’est un catalogue de vos demandes aux candidats à la présidentielle ?

Ce n’est pas un catalogue ! C’est l’analyse détaillée des défis que l’un des secteurs d’activité les plus importants de notre économie va relever dans les années qui viennent. Le commerce n’est que rarement au coeur des campagnes électorales. Pourtant, c’est un acteur économique majeur qui représente au total plus de 1,7 million d’emplois – avec des entreprises qui sont les premiers recruteurs de jeunes peu qualifiés – et se situe au coeur d’une croissance qui s’appuie beaucoup sur la consommation. Ce secteur, longtemps considéré comme résilient, se trouve aujourd’hui au coeur d’une triple révolution : révolution des modes de consommation en faveur de plus de qualité, révolution digitale qui consacre le modèle omnicanal et révolution économique avec notamment l’instabilité des matières premières. Ce que nous demandons aux futurs gouvernants, c’est une vraie politique du commerce, fondée sur l’égalité des conditions de concurrence, car nous sommes persuadés que les révolutions en cours peuvent être une chance.

La plupart de vos revendications ne visent-elles pas à consolider le modèle de distribution omnicanal ?

On le voit, c’est bien la combinaison entre les magasins physiques et la vente en ligne qui constitue le modèle gagnant, et rentable, du commerce de demain. C’est à la fois plus de choix et de services pour le consommateur et pour le commerçant l’opportunité de remettre en avant le plaisir dans la consommation. Pour cela, il faut impérativement une égalité fiscale entre tous les acteurs, distributeurs « omnicanaux » et « pure players » d’e-commerce. Ces derniers, notamment ceux qui opèrent depuis l’extérieur de l’Europe, comme le chinois Alibaba, échappent en partie à l’impôt sur les sociétés et à la TVA. A l’inverse, le commerce physique est assujetti à une lourde fiscalité sur le bâti : la Tascom, qui porte sur les mètres carrés, et les impôts locaux. Au total, cela représente près de 1 % du chiffre d’affaires des distributeurs, soit l’équivalent de leur marge nette. Nous proposons la suppression de l’essentiel de ces taxes et un transfert sur la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et la TVA. Cette égalité fiscale est essentielle pour soutenir les magasins qui animent nos centres-villes. L’égalité des règles, c’est aussi rendre possible une plus grande ouverture des magasins, le dimanche et en soirée.

Selon vous, la révolution en cours aura-t-elle un impact fort sur les emplois ?

Oui, et là encore, il faut y voir une formidable opportunité. La digitalisation, c’est aussi l’évolution des types d’emploi. On parle souvent d’ubérisation. Mais on parle moins de l’apparition de nouveaux métiers qui génèrent de l’embauche, comme les spécialistes des données (« data scientists »), des designers adaptés au Web, des spécialistes du merchandising virtuel, des experts en sécurité informatique, etc. Il faut aussi mettre cela en parallèle avec le développement de la robotisation. Cela concerne pour partie les caisses, les entrepôts mais aussi à terme la livraison avec les véhicules autonomes. Nous n’avons pas une vision pessimiste de ces évolutions, bien au contraire. Si certains postes traditionnels peuvent être affectés, d’autres métiers existants vont avoir des besoins accrus : les métiers de bouche, les vendeurs et plus généralement les métiers de service essentiels à l’attractivité des magasins. Pour accompagner ces mouvements, nous préconisons de supprimer totalement les charges sociales sur le SMIC et de poursuivre ces nouvelles baisses de charges, de façon dégressive, jusqu’à au moins 2,5 SMIC. Le CICE a eu des effets positifs sur l’emploi qu’il faut développer. Il ne faut pas oublier que le commerce électronique emploie deux à trois fois moins de salariés que le commerce physique à chiffre d’affaires égal.

La distribution est aussi confrontée à un changement des modes de consommation. Il existe une réelle défiance à l’égard des produits alimentaires. N’est-ce pas là le plus grand défi des distributeurs, et de leurs fournisseurs ?

79 % des Français jugent probable que les aliments ont un effet sur leur santé. C’est un vrai défi qu’il nous faut relever ! Les consommateurs recherchent plus de qualité et plébiscitent les produits des PME qui ont représenté 84 % de la croissance du marché des produits de grande consommation en 2016 ! Concernant le boeuf et le lait, nous assistons à une baisse structurelle de la consommation. Ajouté à la volatilité du cours des matières premières au niveau mondial, cela pousse à la remise en question du modèle agricole français. Les réformes successives de la PAC ont privilégié l’ouverture au marché. Il faut en tirer les conséquences. Dans un système de marché, c’est le consommateur qui décide. Il est aberrant que l’on soit obligé d’importer les deux tiers des volumes de porc bio, alors que celui-ci est bien mieux rémunéré que le porc traditionnel. Autre exemple : les Français aiment le raisin sans pépin et nous le faisons venir d’Italie. Il faut intégrer dans les interprofessions la distribution, qui connaît les attentes du consommateur, et développer des filières avec des contrats pluriannuels. La France a besoin d’une nouvelle stratégie agricole fondée sur une autre approche, de la fourchette à la fourche et non plus l’inverse.

Philippe Bertrand

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

Whirlpool ferme sa dernière usine française

Le site d’Amiens, qui emploie 290 salariés, fermera en juin 2018. Le groupe américain, qui se réorganise depuis l’acquisition d’Indesit, délocalisera la production de sèche-linge vers la Pologne et la Grande-Bretagne.

Les 290 salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme) ont enfin eu la réponse à la question qu’ils se posent depuis des mois. Cette fois, la fermeture de leur site, où sont produits des sèche-linge, est confirmée. Et le messager de cette mauvaise nouvelle était bien leur nouveau directeur d’usine, arrivé il y a deux semaines tout juste. Il a annoncé mardi matin l’arrêt de la production sur le dernier site français du géant mondial de l’électroménager. Les appareils sortiront ensuite des chaînes de l’usine britannique de Yate et, surtout, de celles situées à Lodz (Pologne), un site qui est amené à grandir.

Whirlpool (20,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires) justifie ce projet comme la «mise en place d’un modèle économique pour s’adapter aux demandes d’une clientèle de plus en plus exigeante en termes de fonctionnalités et d’efficacité énergétique, dans le contexte d’un marché de plus en plus concurrentiel». La conjugaison de deux tendances dans l’électroménager a conduit le groupe américain à signer l’arrêt de mort de son usine dans le nord de la France.

D’un côté, c’est le regroupement de la production sur des sites de grande taille, comme dans l’automobile, pour produire à plus faible coût. De l’autre, c’est la constitution de grands groupes, souvent par des rachats, pour exploiter plusieurs marques. Depuis l’acquisition de l’italien Indesit en 2014, Whirlpool commercialise des mixeurs, réfrigérateurs et autres appareils sous neuf marques. Son plus grand concurrent, le chinois Haier, qui a racheté GE Appliances l’an dernier, en possède cinq et le français SEB pas moins d’une trentaine.

Depuis l’intégration d’Indesit, Whirlpool compte une cinquantaine d’usines, dont celles de la marque italienne dans son pays d’origine et que le groupe américain s’est engagé à ne pas fermer avant 2018…

Accords de compétitivité

En France, il n’a pas fait cette promesse. Sa seule obligation, conformément à la loi Florange, est de tenter de trouver un repreneur pour son site amiénois, qui employait 1300 personnes il y a quinze ans. Après plusieurs plans sociaux, il en reste aujourd’hui moins de 300, avec une moyenne d’âge supérieure à 40 ans. S’y ajoutent 250 intérimaires et une centaine de salariés d’un sous-traitant, qui travaille quasi exclusivement pour le groupe américain. «Nous avions pourtant fait des efforts en signant des accords de compétitivité et notre usine est rentable», déplore Cécile Delpirou, élue CFE-CGC, faisant part de la grande tristesse dans l’usine après «l’annonce brutale».

Whirlpool semblait en effet avoir donné des gages sur l’avenir d’un site dans son premier marché européen, qui serait aussi le plus profitable. «Amiens a toujours été une usine importante pour la France et l’Europe», affirmait le PDG Jeff Fettig début 2015 (nos éditions du 14 mars). Le groupe, qui a obtenu le label «Origine France Garantie», insistait il y a peu encore sur les 35 millions d’euros investis ces cinq dernières années à Amiens. Les syndicats estiment la somme inférieure, mais ils avaient tout de même repris confiance l’an dernier lorsque les capacités ont été augmentées. Si les salariés sont peu optimistes sur une possible reprise, ils espèrent mobiliser les hommes politiques en cette période préélectorale.

Annelot Huijgen

 

 

LE PARISIEN – 25/01/2017

Vivarte : la vente à la découpe a commencé

 

L’enseigne de chaussures André compte 135 magasins, 786 salariés.

Le géant de l’habillement a annoncé hier la cession de Naf Naf et André et la suppression de 1 000 emplois

Une vraie saignée… Le couperet est tombé pour des milliers de salariés du groupe d’habillement Vivarte, plombé par une dette nette de 1,15 Md€ héritée de la gestion par des LBO. Les LBO, ce sont ces opérations de rachat d’entreprises réalisées à grand renfort de dettes par des fonds d’investissement.

A vendre dès aujourd’hui : l’enseigne historique du chausseur André (135 magasins, 786 salariés), tout un symbole puisque le groupe a été créé à partir de cette entreprise. La marque Naf Naf (860 salariés) sera elle aussi cédée dans la foulée. Et d’autres pourraient l’être à l’avenir, « selon l’opportunité », a déclaré hier au « Figaro » le nouveau PDG du groupe, Patrick Puy. Alors que Vivarte a levé, hier, une partie du voile sur le traitement de choc administré à ses entreprises, ce dernier a assuré que la dette du groupe devrait être ramenée à 572 M€, « un accord avec les créanciers étant en très bonne voie ».

Le vaste plan de restructuration ne sera complètement connu qu’au fur et à mesure des comités centraux d’entreprise de toutes les autres enseignes (Kookaï, Caroll, Minelli, etc.).

Outre les cessions, le groupe a également confirmé hier une sévère restructuration dans les deux Halle (aux chaussures et aux vêtements). La plus impactée, la Halle aux chaussures (3 900 salariés) va fermer 141 points de vente (sur 650), soit plus de 730 postes supprimés. La fusion de 41 autres boutiques avec celles de la Halle aux vêtements (4 100 salariés) est prévue pour créer des magasins mixtes. Avec à la clé le lancement d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), comprenant une phase de départs volontaires. Les deux sièges, où travaillent 520 salariés, vont aussi fusionner et les effectifs seront divisés par deux, selon les syndicats. Sans compter Vivarte Services (240 salariés), où un deuxième PSE est prévu.

Un ancien PDG accuse les actionnaires

Un drame social et un désastre économique qui tombent mal. Le ministre de l’Economie Michel Sapin — comme ses prédécesseurs — va devoir expliquer pourquoi ses services, pourtant au fait de la situation, ne se sont pas saisis plus tôt de cette déconfiture annoncée du géant français de l’habillement.

Selon nos informations, plusieurs réunions ont eu lieu entre les conseillers de Bercy, ceux du ministère du Travail et les syndicats de Vivarte. « On les a alertés à plusieurs reprises sur la situation du groupe. A chaque fois, on est repartis sans aucune réponse »,affirme un représentant syndical. Lors de la dernière rencontre de l’intersyndicale à Bercy, le 11 janvier dernier, un des conseillers a réaffirmé que « Bercy n’avait aucun levier pour intervenir ». « On ne peut rien faire, ils n’ont enfreint aucune loi », s’est même vu rétorquer à l’Elysée l’ancien PDG, Stéphane Maquaire, débarqué quelques mois après son arrivée en octobre 2016. Un autre ancien PDG, Marc Lelandais, remercié en 2015, accuse directement les actionnaires sur les réseaux sociaux : ce sont « des fonds spéculatifs, vautours, qui ont pris les commandes » de Vivarte.

En pleine tourmente, ce sont cette fois les ministères de l’Economie et du Travail qui ont convoqué une réunion, aujourd’hui, avec les syndicats.

VIDEO. Manif des salariés de Vivarte : «On craint des centaines de licenciements» : http://www.leparisien.fr/economie/vivarte-la-vente-a-la-decoupe-a-commence-25-01-2017-6614958.php

 

 

LE MONDE – 25/01/2017

Fessenheim : EDF ouvre la voie à l’arrêt de la centrale nucléaire

Le conseil d’administration du groupe a donné son feu vert à l’accord d’indemnisation pour une fermeture anticipée de la plus vieille centrale de France.

Une nouvelle étape importante a été franchie, mardi 24 janvier, dans le règlement du « dossier Fessenheim » qui traîne depuis près de cinq ans. Au terme d’un compromis avec l’Etat, le conseil d’administration d’Electricité de France (EDF) a voté de justesse – grâce à la voix prépondérante de son PDG, Jean-Bernard Lévy – le mécanisme d’indemnisation du groupe d’électricité et de ses partenaires allemands et suisses pour l’arrêt de la centrale du Haut-Rhin. L’indemnisation sera constituée d’une part fixe de 490 millions d’euros versés d’ici à 2021 (coûts de reconversion du personnel, démantèlement…) et d’une part variable pour compenser d’éventuels manques à gagner jusqu’en 2041.

La ministre de l’environnement et de l’énergie a immédiatement salué une « décision équilibrée (…) qui va permettre de nouveaux investissements industriels franco-allemands sur le territoire du Haut-Rhin », indiquant qu’elle avait contacté le ministre allemand de l’économie, Sigmar Gabriel. Parmi les pistes de reconversion, Ségolène Royal a évoqué l’éventuelle installation d’une usine de voitures électriques Tesla, un projet d’usine de batteries de troisième génération ou la création d’un site pilote de démantèlement de centrales.

« C’est aussi un choix positif pour l’entreprise », a estimé Mme Royal. EDF pourra « rationaliser » ses investissements, les réorienter vers les énergies renouvelables et « respecter la loi de transition énergétique » qui prévoit de ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.

Le vote était loin d’être acquis il y a seulement quelques jours. Le conseil d’administration d’EDF compte dix-huit membres. Le gouvernement a travaillé au corps les six administrateurs indépendants, seuls susceptibles de voter en faveur d’un arrêt de la centrale : M. Lévy, dont le vote favorable était acquis ; Laurence Parisot, ex-présidente du Medef ; Bruno Lafont, ancien patron de Lafarge ; Colette Lewiner, conseillère du président de Capgemini ; Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec ; Claire Pedini, directrice générale adjointe de Saint-Gobain.

Première étape vers une fermeture

Leur accord était en effet nécessaire. Les six représentants de l’Etat ne pouvaient pas prendre part au vote sans être accusés de conflit d’intérêt. Quant aux six administrateurs salariés (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC), ils avaient annoncé depuis des semaines qu’ils se prononceraient contre une décision contraire, selon eux, aux intérêts des salariés, de l’entreprise et de l’activité autour d’une centrale qui génère 2 200 emplois, dont la moitié dans la centrale elle-même avec ses 850 salariés d’EDF et ses 250 prestataires permanents.

En cas de vote négatif sur Fessenheim, les pouvoirs publics menaçaient EDF de ne pas prendre deux textes réglementaires : le premier pour permettre la poursuite du chantier de Flamanville ; le second pour relancer le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime), en arrêt prolongé à la suite de la chute d’un générateur de vapeur de 450 tonnes dans le bâtiment réacteur.

La Commission européenne devra se prononcer sur le protocole d’indemnisation au regard du respect des règles sur les aides d’Etat. La voie sera alors libre pour que le gouvernement prenne, avant l’élection présidentielle d’avril-mai 2017, le décret d’abrogation de l’autorisation d’exploiter la doyenne du parc nucléaire français. Ainsi François Hollande pourra-t-il dire qu’il a au moins enclenché le processus, sans avoir respecté la promesse faite à ses alliés d’Europe Ecologie-Les Verts en 2011 de fermer la centrale au cours de son quinquennat.

Des indemnités jusqu’en 2041

L’indemnisation devra notamment compenser les pertes de recettes de ces deux réacteurs nucléaires de 900 mégawatts (MW) que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait pourtant autorisé à fonctionner pendant encore six ans. Un tiers sera versé au partenaire allemand EnBW et à un consortium suisse, qui ont financé ensemble 32,5 % de l’installation et « tirent » un tiers du courant produit.

Les deux réacteurs ne seront pas arrêtés avant la fin de 2018, l’horizon prévu par EDF pour le raccordement au réseau de l’EPR de Flamanville. Ses 1 650 mW compenseront alors les capacités électro-nucléaires perdues à Fessenheim, et la France conservera la même capacité de 63 000 mW de nucléaire, sur un parc de production de 130 000 mW (nucléaire, hydraulique, thermique, renouvelables).

Débrayages appelés par les syndicats

Les syndicats de la centrale ont appelé à des débrayages depuis lundi, soulignant le gâchis économique et social entraîné par une telle décision. Fessenheim, qui produit 2,4 % du courant français, a été la première centrale mise aux nouvelles normes post-Fukushima imposées par l’ASN. Elle génère plusieurs dizaines de millions d’euros de recettes, même si EDF se refuse à fournir des données sur la rentabilité de cette usine.

Tout en dénonçant les retards, les écologistes français, rejoints par des Verts allemands et suisses des régions frontalières, applaudiront à la fermeture d’une centrale qu’ils jugent « dangereuse », non seulement en raison de son ancienneté, mais aussi de sa situation en zone inondable et sur une faille sismique.

Yannick Jadot en a fait un symbole : le candidat désigné d’Europe Ecologie-Les Verts à l’élection présidentielle s’est rendu sur le site alsacien, le 20 janvier. Il a plaidé pour des « plans de conversion industrielle et professionnelle » afin d’éviter les pertes d’emplois. Ancien responsable des campagnes antinucléaires de Greenpeace, M. Jadot défend une « sortie progressive et définitive du nucléaire d’ici à 2035 ». Fessenheim doit être, selon lui, une des toutes premières centrales à fermer dès 2017.

Le feuilleton politique n’en est pas terminé pour autant. Car ce qu’un décret gouvernemental peut faire, un autre peut le défaire. François Fillon, candidat de la droite à l’élection présidentielle, s’est engagé à « stopper la fermeture » de la centrale s’il est élu en mai. Une centrale qui a reçu une autorisation de l’ASN pour produire jusqu’au 31 décembre 2022.

Jean-Michel Bezat

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

La France lance avec succès la plus importante obligation verte au monde

Les investisseurs ont plébiscité cette opération historique sur le marché de la finance environnementale.

Le succès a dépassé toutes les espérances. La France vient d’émettre son premier emprunt spécialement destiné à financer la transition énergétique, et a rencontré un accueil enthousiaste auprès des investisseurs français et européens. Si enthousiaste que l’Agence France Trésor a pu placer pour 7 milliards d’euros de ces nouvelles obligations vertes, un montant nettement plus important que ce qu’avaient laissé entendre Michel Sapin et Ségolène Royal le 3 janvier dernier. Ils tablaient alors prudemment sur 2,5 milliards d’euros minimum. «À 4 ou 5 milliards, l’opération aurait déjà été très belle, mais 7 milliards, c’est exceptionnel», résume Anthony Requin, directeur général de l’Agence France Trésor.

L’obligation verte tricolore est ainsi devenue d’emblée la plus importante au monde «devant celle de la BEI, qui totalise 3 milliards d’euros d’encours», précise Tanguy Claquin, responsable de la finance environnementale au Crédit agricole CIB.

Jusqu’en décembre dernier, aucun État n’avait encore émis d’obligations vertes. Des institutions internationales, des collectivités locales, comme la région Île-de-France, des entreprises (notamment dans le secteur de l’énergie, comme EDF ou Engie) et des banques les avaient déjà utilisées pour financer leurs projets environnementaux. «Mais avant qu’un État ne se lance à son tour, il fallait que le marché ait déjà acquis une certaine profondeur», indique Tanguy Claquin. La France aurait aimé être le premier pays à franchir le pas, mais la Pologne lui a grillé la politesse en décembre dernier, avec une petite émission (750 millions d’euros).

La première obligation à 22 ans

Rien à voir donc avec la taille de celle de l’État français, qui devrait encore grossir dans les prochains mois. Elle sera en effet complétée à hauteur de 4 à 5 milliards d’euros. L’enjeu est important car, sur le marché obligataire, la taille est un argument décisif pour les investisseurs: elle leur garantit une certaine facilité à acheter et revendre leurs titres.

Le gouvernement a identifié une enveloppe de 13 milliards d’euros de projets verts à financer. Et la demande rencontrée par la première émission lui donne une belle marge de manœuvre: elle a atteint un montant exceptionnel de plus de 23 milliards d’euros, soit près de trois fois le montant émis.

Cet engouement s’explique aussi par la durée de l’obligation verte française: 22 ans. Du jamais-vu. «Elle répond précisément aux attentes des investisseurs qui, dans les obligations vertes, avaient besoin de titres d’États et de durées longues pour diversifier leurs portefeuilles», explique Jérôme Broustra, responsable de la gestion obligataire chez Axa IM.

Cette émission, qui fait de la France un acteur majeur sur le marché naissant de la finance verte, coûtera à peine plus cher (0,01 %) au pays qu’un emprunt classique. Son taux d’intérêt, de 1,74 %, est certes un peu supérieur à celui de l’obligation la plus proche (1,60%), mais cela s’explique par sa durée de près de 3 ans plus longue.

Le succès de cette opération va sans doute conforter l’envie d’autres États de se lancer à leur tour. Ils sont neuf à vouloir franchir le pas en 2017. Le Nigeria s’y prépare pour le mois de mars. «Je souhaite que la France serve d’exemple au niveau international», a d’ailleurs indiqué Michel Sapin.

Les investisseurs se sont toujours montrés friands de ces titres, sans doute par envie de montrer, après la crise de 2008, que la finance pouvait s’engager au service de la société. C’est aussi un choix auquel leurs clients et leurs actionnaires sont sensibles. Pour l’émission emblématique de la France, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs souhaité que leurs noms soient communiqués au public dans les prochains jours.

Anne Bodescot

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 25/01/2017

La grande arnaque des «anti-système»

C’est devenu une sorte de mantra, de passage obligé de tous les politiques. Dénoncer le « système » permet surtout aux candidats à la présidentielle de s’exonérer de leurs responsabilités

La campagne de 1995 s’était jouée sur la fracture sociale ; celle de 2002 sur l’insécurité ; celle de 2007 sur le malaise identitaire… 2017 sera sans doute celle du procès des élites et du « système ». Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, et même François Fillon se revendiquent tous « hors cadre politique », « anti-système », « anti-establishment », etc. Analyse d’un étrange phénomène.

« Donc tout le monde serait bien inspiré de voir ce qui s’est passé aux États-Unis avec la mobilisation des jeunes actifs autour de Bernie Sanders, en Angleterre autour de Jeremy Corbyn, autour de Podemos en Espagne », a déclaré Benoît Hamon, au soir de sa victoire au premier tour de la primaire de la gauche. Le candidat a d’ailleurs été félicité sur Twitter par Yanis Varoufakis, l’ex-flamboyant ministre de l’Economie grec. L’« ingénu », vantant une social-écologie utopique, se réfère ainsi à l’« internationale antisystème. » Il faut dire que l’« anti-système » est très tendance en ce moment. Etre « antisystème », c’est comme avoir la grippe : c’est très, très contagieux.

Tous les candidats à l’élection présidentielle s’y sont mis, alors que jusqu’ici c’était le sujet de prédilection de Marine Le Pen. Primus inter pares, Emmanuel Macron, qui, lors de sa déclaration de candidature, le 16 novembre 2016, s’en est pris au système politique. « Ce système, je le refuse […] J’ai pu mesurer ces derniers mois, ce qu’il en coûte de refuser les règles obsolètes et claniques d’un système politique devenu le principal obstacle à la transformation du pays », a-t-il déclamé. Et d’un ! François Fillon lui, fustige volontiers l’establishment et le microcosme. « Il y a deux mois, je n’étais pas le candidat de l’establishment et je n’ai pas l’intention de le devenir », a-t-il ainsi déclaré lors de ses vœux à la presse. Et de deux ! Le 13 décembre 2016, Manuel Valls a lancé aux journalistes : « C’est vous qui êtes enfermés dans le système. C’est vous qui représentez le système, ce dont les Français ne veulent plus. » Et de trois ! Jean-Luc Mélenchon veut « balayer la caste au pouvoir. » Et de quatre, six en fait avec Marine Le Pen et Benoît Hamon.

« Cela commence à faire beaucoup, c’est totalement ridicule, estime Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Tous ces candidats se disent antisystème ? C’est un peu comme si José Bové était le candidat de Monsanto ou Philippe Poutou celui du Medef. Cela sentirait fortement l’arnaque ». Car tous les prétendants à la magistrature suprême font bien partie d’un « système » qui, s’il existe, leur a permis d’être là où ils sont.

Mot-valise. S’il existe… car c’est un « mot-valise » bien commode qui permet aux candidats de surfer sur la vague qui a porté Donald Trump et Theresa May au pouvoir. Faisons donc l’hypothèse, puisqu’il faut toujours en faire une, que le « système » n’est pas une pure vue de l’esprit. Mais alors qu’est ce que c’est ? Pour un individu lambda, « c’est l’ensemble des contraintes qui bordent son existence et le frustrent dans ses projets individuels et collectifs », explique Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. Cela permet de ratisser assez large ! Et d’arriver à une définition simple, en paraphrasant Sartre : le système, c’est les autres.

Cela marche aussi pour les candidats à l’élection présidentielle. « Rien n’est de leur faute, c’est normal, car ils savent que les Français sont très mécontents de leurs politiques, explique Christophe Bouillaud. Ils attribuent donc cette situation déplorable à un vaste ensemble de fonctionnements ou d’acteurs, le “système”, dont, par définition même puisqu’ils le critiquent, ils ne font pas partie. » Selon la dernière enquête du Cevipof, 41 % des Français disent que les responsables politiques ne méritent pas le respect, 67 % jugent qu’ils se soucient surtout « des riches et des puissants », 89 % qu’ils ne se préoccupent pas de leur avis. Et 75 % qu’ils sont corrompus. Mieux vaut essayer de se faire passer pour un homme ou une femme « neuf-qui-n’est-pas-issu-du-sérail ».

La ficelle est tout de même un peu grosse. « Le peuple contre les élites ? Cela sera sans doute un des thèmes majeurs de la campagne, estime Jean Garrigues, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Orléans. Il ne faut pas minimiser l’effet du slogan, cela peut marcher car une élection présidentielle a toujours un caractère très subjectif et émotionnel ». Le slogan répond aussi à une demande des électeurs. « Dans tout le monde occidental, on a un rejet populaire d’un mode de gouvernement et d’une manière de penser les élites médiatiques, politiques et intellectuelles, axé sur les bienfaits de la mondialisation, de l’ultralibéralisme, de l’ouverture, de la diversité », explique Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, en charge des questions régaliennes. D’où un vrai désir de la population de renverser la table, de voir des têtes nouvelles.

Complotisme. Mais le discours « antisystème » ne répond qu’en surface à ce désir et ne constitue pas une politique. « Le serpent se mord la queue, estime Maxime Tandonnet. C’est de la communication, et c’est paradoxal : les Français reprochent aux politiques de faire plutôt de la communication que de s’occuper de leurs problèmes… et les politiques font de plus en plus de communication ! » Alors il n’est pas sûr qu’à la fin la stratégie soit payante. « L’efficacité du message est une fonction décroissante de sa propagation », juge Dominique Reynié. Si tout le monde se dit antisystème, alors cela signifie que le système a été déserté. Mais qui donc habite le château ? Qui a les clés ? peut-on légitimement se demander. « Le peuple pourra estimer que ceux qui tirent vraiment les ficelles ne sont pas devant eux et tomber dans le complotisme », craint Dominique Reynié.

Pour tous ceux qui pensent gagner en se présentant comme candidat antisystème, un petit rappel historique s’impose. « En mars 1932, avant son arrivée au pouvoir, Hitler prononce un discours dans lequel il dit vouloir mettre le système au placard, explique l’historien Christian Ingrao, spécialiste de l’histoire du nazisme. Après l’installation du régime, on parlera de “Systemzeit”, du “temps du Système”, un peu à la manière dont on parle en France de l’Ancien Régime après la Révolution. » Si quelqu’un utilisait ce terme aujourd’hui en Allemagne, ajoute-t-il, il serait aussitôt perçu comme utilisant un vocable nazi…

En France, nous en sommes très loin ! « Nous n’avons pas besoin d’anarchistes qui veulent faire sauter le système, s’insurge l’économiste Jean-Marc Daniel. Nous avons besoin de gens qui sachent le faire marcher, le gèrent bien et mettent en place des politiques efficaces ». Etre antisystème ne veut rien dire. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus. Il y a beaucoup de choses à changer, mais entretenir la confusion sur un concept flou, c’est sans doute la meilleure façon de se tromper et de tromper le peuple.

Irène Inchauspé

 

 

LE PARISIEN – 25/01/2017

Au Liban, Macron la joue président

 

Beyrouth (Liban), hier. Emmanuel Macron a rencontré le Premier ministre libanais

Beyrouth, le « candidat des progressistes » a fait son apprentissage de la scène internationale.

Emmanuel Macron attaque ses mezzes avec la satisfaction d’une rencontre fructueuse. Avant de déguster ces mets concoctés par les réfugiées au restaurant coopératif Tawlet de Beyrouth, il a marqué des points chez Saad Hariri. Au Grand Sérail, le Premier ministre libanais a tenu à dire publiquement (et à la surprise de ses équipes) tout le bien qu’il pensait de son visiteur. « Ce qu’il représente, la jeunesse, sa manière de faire de la politique, est très important pour le Liban », a-t-il salué.

Voitures blindées, rencontres avec les plus hautes autorités

Le candidat a su trouver les mots, en lui parlant économie. « Si je suis élu, je proposerai, à partir de la fin de l’été, une nouvelle initiative de la France en faveur du Liban et d’une politique de développement de l’équipement, des infrastructures et de la numérisation », nous confie Macron. Les deux hommes ont échangé leurs numéros de téléphone. L’accueil fut plus retenu au palais de Baabda, chez le président pro-régime syrien, Michel Aoun, où Macron a redit que « Bachar al-Assad a failli ». L’occasion est belle pour le candidat de peaufiner sa stature de présidentiable, loin des turpitudes de la primaire PS, processus qu’il dépeint comme « la dialyse des partis politiques », « la traduction de leur mort clinique ».

Voitures blindées, rencontres avec les plus hautes autorités, dont le patriarche de l’Eglise maronite, qui lui lance en préambule : « Ça va ? Vous êtes en pleine préparation pour la présidentielle ? » Son déplacement n’avait rien à envier à celui d’un chef d’Etat.

Son conseiller diplomatique, et ami de longue date, Aurélien Lechevallier, qui a exercé à Beyrouth, n’a pas ménagé ses efforts. Bariza Khiari, présidente du groupe d’amitié France-Liban au Sénat, a également travaillé à l’élaboration de ce programme chargé. L’ambassade aussi a aidé, notamment pour la sécurité et la bonne connaissance du pays. « Comme pour tout candidat qui fera le déplacement », précise-t-on. Et puis l’attrait des Libanais pour Macron a joué. « Les gens ici suivent de très près nos affaires. Ils ont vu la même chose que les Français », décrypte une source diplomatique. Du côté du gouvernement libanais, on reconnaît : « C’est au cas où il serait président. On attend de voir ce que cela va donner, mais il est respecté. »

Place aux travaux pratiques dans l’après-midi, au centre pour réfugiés Ain el-Remmaneh. « J’ai entendu parler de Calais. Il y avait 6 000 réfugiés. Nous, au Liban, on en a 1,5 million. Alors, cela nous amuse… » interpelle Kamel Mohanna, le fondateur du centre. Macron acquiesce : « Il y a un devoir humanitaire qui nous éloigne de la barbarie. » Mais il ne dit pas si la France doit accueillir plus de demandeurs d’asile, ni combien. Ici, le centre est un incontournable des visites politiques. Un humanitaire observe : « Quand il y a des élections, il y a les discours de candidats. Il faudra prouver tout cela, après. »

Pauline Théveniaud

 

 

LE MONDE – 25/01/2017

Benoît Hamon se prépare à un affrontement dur avec Manuel Valls

L’ancien premier ministre a choisi le revenu universel et la laïcité comme angles d’attaque privilégiés.

Une semaine pour convaincre. Ou plutôt, pour transformer l’essai. Arrivé en tête du premier tour de la primaire à gauche, Benoît Hamon déroule sa stratégie d’entre-deux-tours, persuadé que la dynamique est en sa faveur, alors que les ralliements se sont enchaînés depuis dimanche soir. Le député des Yvelines a prévu de tenir deux meetings avant le vote de dimanche 29 janvier : le premier, jeudi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans une salle pouvant accueillir « entre 4 500 et 5 000 personnes », selon son entourage ; le second, vendredi soir, au Palais des sports Saint-Sauveur à Lille, dans le fief de Martine Aubry qui lui a apporté son soutien lundi.

Mais c’est surtout le débat d’entre-deux-tours, mercredi 25 janvier, que l’ancien ministre de l’éducation nationale prépare attentivement. Un débat où il risque gros. Le favori du scrutin sait que son adversaire Manuel Valls mise tout sur cette confrontation pour tenter de rattraper son retard. Revenu universel, taxation des robots ou encore brigade antidiscrimination : les propositions du député des Yvelines seront passées au crible par l’ancien premier ministre qui va tenter d’imposer sa propre « crédibilité » et sa stature d’homme d’Etat, contre ses propositions jugées « irréalistes », voire « régressives », selon les mots de certains de ses proches.

Interrogé lundi matin sur France Inter, M. Hamon a commencé à répondre aux attaques de M. Valls sur ce point. « Ce genre d’arguments, je le lui laisse. Je n’ai pas dénigré qui que ce soit dans cette campagne. Je ne procède pas par oukases, je suis ravi de débattre avec lui. J’espère qu’il aura un deuxième argument », a-t-il lancé, défendant un projet de « long terme » qui n’a « rien d’utopiste ».

« Un référendum pour ou contre Valls »

Au QG du candidat, au 11e étage de la tour Montparnasse, on fait mine de ne pas redouter le face-à-face à venir. « Benoît connaît par cœur Manuel. Ils se côtoient au PS depuis trente ans, rien ne l’impressionne chez lui », prévient un partisan du Finistérien. « On sait que Valls va tenter de nous attaquer. On va répondre coup pour coup, avec l’intention de faire du second tour un référendum pour ou contre Valls à gauche », prévient-on dans l’équipe Hamon.

Les trois premiers débats avant le premier tour ont servi de terrain d’entraînement pour l’ancien ministre de l’éducation. Particulièrement le dernier, où il avait affronté un tir de barrage général de la part de ses rivaux. Selon son directeur de campagne, le député Mathieu Hanotin, M. Hamon a alors démontré ses facultés de résistance. « Benoît a ainsi pu montrer qu’il avait tenu le mur. Il a gagné en crédibilité dans ces affrontements », notamment autour du revenu universel, qui fut ce soir-là la cible coordonnée de Manuel Valls, de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg.

Un autre thème devrait être particulièrement mis en avant par l’ancien premier ministre d’ici au second tour : celui du rapport des deux hommes à la laïcité. Derrière ce terme général, le camp Valls entend surtout attaquer M. Hamon sur ses positions par rapport à l’islam radical, mais aussi plus largement à l’immigration et aux banlieues.

« Pas de compromis avec des communautarismes »

  1. Valls estime que son concurrent est « ambigu » dans sa défense des principes républicains face à l’islamisme politique. Les proches du député de l’Essonne accusent M. Hamon, élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, de ne pas être assez ferme avec les communautarismes. Sur France Info mardi matin, M. Valls a évoqué des « risques d’accommodements » chez son concurrent, précisant qu’« il ne peut y avoir le moindre compromis avec des communautarismes ». Pour le camp Valls, si le candidat Hamon propose la légalisation du cannabis ou la reconnaissance de l’Etat de Palestine, c’est précisément pour s’attirer le vote des cités.

« Il faut bien sûr lutter contre l’islam radical, mais arrêtons de faire de l’islam un problème de la République », a réagi M. Hamon, lundi, se félicitant d’avoir réussi jusqu’à présent à orienter, par ses propositions, les débats de la primaire sur les thèmes économiques et sociaux plutôt que sur les thèmes identitaires. « Sur la question laïque, Benoît Hamon se revendique en héritier d’Aristide Briand qui veut apaiser plutôt qu’exciter les tensions », explique son porte-parole, le député Régis Juanico. Soit l’application stricte des principes de la loi de 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, sans recourir à l’inscription dans la Constitution d’une « charte de la laïcité », comme le propose M. Valls.

L’autre chantier de la semaine pour M. Hamon est de démontrer ses capacités à rassembler à gauche. Sur ce point, le discours des hamonistes est simple : on ouvre grand les bras à tous les ralliements possibles avant le second tour. « Aucun sectarisme, aucun ostracisme, on accueille tous ceux qui veulent. Notre objectif c’est de rassembler. Nous, on est zen, pas comme d’autres », sourit M. Juanico.

Après les ralliements de M. Montebourg et de Mme Aubry et de leurs proches, l’ancien ministre espère obtenir d’ici au 29 janvier un autre soutien de poids à gauche, celui de Christiane Taubira. Il lui a téléphoné dès lundi matin, mais rien n’a fuité pour l’instant des intentions de l’ancienne garde des sceaux. « On ne sait pas si Christiane va prendre position, mais si c’est le cas, on serait vraiment très étonné qu’elle soutienne Valls plutôt que Benoît », explique un proche du député.

Solenn de Royer, Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 25/01/2017

Quatre jours après son investiture, Donald Trump poursuit ses réformes

VIDÉO – Le nouveau président américain a une nouvelle fois légiféré par décrets pour relancer deux projets d’oléoducs bloqués par Obama. D’autres annonces ont été faites, notamment concernant la nomination d’un juge à la Cour suprême.

Quatre jours après son investiture, Donald Trump veut agir vite et le fait savoir. Le président américain, dont le cabinet n’est pas encore formellement constitué, dispose pour l’instant de pouvoirs concrets limités et légifère donc par décret. Tour d’horizon des principales mesures prises par le chef de l’État républicain ce mardi.

  • Deux projets d’oléoducs controversés relancés

Le nouveau président américain a redonné une impulsion à deux projets d’oléoducs très controversés dont la construction avait été bloquée par l’administration Obama au nom notamment de la lutte contre le changement climatique. Au lendemain de l’annonce du retrait de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), le nouveau président continue à traduire certaines de ses promesses de campagne sur le papier.

Il a signé une série de décrets ouvrant la voie à la construction du gigantesque oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux États-Unis, et à celui de la compagnie Energy Transfer Partners dans le Dakota du Nord. Évoquant le projet Keystone XL, il a souligné que l’aboutissement de ce projet était conditionné à une renégociation avec la société canadienne TransCanada. «Nous allons renégocier certains des termes et, s’ils le veulent, nous verrons si cet oléoduc peut être construit», a-t-il déclaré lors de la signature des documents dans le Bureau ovale.

Aux États-Unis, si le camp républicain a salué l’annonce avec enthousiasme, défenseurs de l’environnement et élus démocrates ont dénoncé une initiative malheureuse prise au mépris des enjeux climatiques. «Aujourd’hui, le président Trump a ignoré les voix de millions d’Américains et donné la priorité aux profits à court terme de l’industrie des énergies fossiles par rapport à l’avenir de notre planète», a déploré le sénateur Bernie Sanders, ancien rival d’Hillary Clinton lors de la primaire.

  • La tension monte avec la Chine

La tension a encore augmenté d’un cran entre l’administration du président américain Donald Trump et Pékin sur le sujet explosif des conflits territoriaux en mer de Chine méridionale. Rompant avec la prudence de Barack Obama sur ce dossier, l’équipe de son successeur n’hésite pas à multiplier les menaces à l’encontre de la Chine, au risque de provoquer une dangereuse escalade entre deux grandes puissances nucléaires.

Les dernières déclarations musclées de la Maison-Blanche ont d’autant plus irrité les autorités chinoises qu’elles ont cette fois été prononcées juste après l’intronisation du milliardaire américain, vendredi dernier, ce qui leur donne plus de poids. Le géant asiatique revendique la quasi-totalité de cette zone maritime stratégique proche de ses côtes. Il contrôle et agrandit des îlots pour y construire des installations portuaires ou des infrastructures militaires ; mais les Philippines, le Vietnam, le Brunei et la Malaisie lui disputent la souveraineté de certains territoires. «Si ces îles sont dans les eaux internationales et ne font pas à proprement parler partie de la Chine, nous ferons en sorte que les territoires internationaux ne soient pas contrôlés par un seul pays», a averti lundi Sean Spicer, le nouveau porte-parole de la Maison-Blanche, précisant que les États-Unis allaient «protéger leurs intérêts» dans la région. Début janvier, celui qui devrait être adoubé par le Sénat américain comme secrétaire d’État, Rex Tillerson, l’ex-PDG du groupe pétrolier ExxonMobil, avait martelé que l’accès de Pékin à ces îlots ne serait «plus permis».

Face à ce nouvel avertissement, les autorités chinoises se sont montrées inflexibles, affirmant mardi que la souveraineté de la Chine dans cette région était «indiscutable» et se disant, dans un écho aux propos américains, résolues à défendre leurs «droits et intérêts».

  • Trump annoncera le choix de son candidat à la Cour suprême la semaine prochaine

Par ailleurs, Donald Trump a déclaré mardi qu’il annoncerait «la semaine prochaine» le nom de son candidat pour occuper le neuvième siège de magistrat à la Cour suprême, une décision cruciale pour le sort de grands dossiers comme l’avortement. La plus haute instance judiciaire des États-Unis est menacée de blocage depuis le décès en février 2016 du juge conservateur Antonin Scalia car elle ne fonctionne qu’avec huit magistrats au lieu de neuf: quatre juges conservateurs et quatre progressistes.

Le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, avait proposé le magistrat Merrick Garland dès mars dernier pour le neuvième siège mais le Sénat, dominé par les républicains, a refusé de l’adouber. «Je prendrai ma décision cette semaine, nous l’annoncerons la semaine prochaine, nous avons des candidats exceptionnels et nous choisirons un juge de la Cour suprême vraiment extraordinaire», a déclaré Donald Trump devant la presse dans le Bureau ovale. Le nouveau président américain a récemment indiqué qu’il disposait d’une liste de 20 candidats possibles.

Peu après sa victoire le 8 novembre, le chef de l’État avait déclaré qu’il comptait nommer un juge, ou des juges en cas de décès d’un autre magistrat, anti-avortement et favorable au port d’armes à feu.

  • Le patron du FBI va être maintenu à son poste

Donald Trump entend également maintenir à son poste le directeur du FBI James Comey. Le patron de la police judiciaire fédérale américaine, inscrit comme républicain, avait provoqué la fureur du camp démocrate en annonçant onze jours avant l’élection présidentielle du 8 novembre la réouverture d’une enquête sur l’affaire de l’utilisation par Hillary Clinton d’une messagerie privée lorsqu’elle était secrétaire d’État.

Le FBI avait refermé le dossier deux jours avant le scrutin, affirmant que ces nouvelles investigations n’avaient rien changé à sa recommandation, formulée une première fois en juillet, de ne pas engager de poursuites contre Hillary Clinton. Mais entre-temps, la candidate démocrate avait nettement fléchi dans les sondages. Après l’élection, Hillary Clinton a présenté cette initiative de James Comey comme une des raisons de sa défaite à la présidentielle. Le patron du FBI s’était parallèlement mis Trump à dos en déclarant que ces investigations ne justifiaient pas d’ouvrir des poursuites judiciaires à l’encontre de la candidate démocrate.

Mais il a été reçu chaleureusement par le nouveau président des États-Unis lors d’une réception donnée dimanche à la Maison-Blanche. Trump n’a toutefois pas confirmé sa décision de le maintenir à son poste lorsqu’un journaliste l’a interrogé à ce sujet mardi dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche lors d’un tour ouvert à la presse. Le FBI, que Comey dirige depuis 2013, poursuit actuellement une enquête sur d’éventuels liens entre des membres de l’entourage de Donald Trump et le gouvernement russe.

  • Trump invité à prendre la parole devant le Congrès

Le président de la Chambre des représentants américaine, Paul Ryan, a annoncé mardi avoir invité le président républicain Donald Trump à s’exprimer devant le Congrès le 28 février. L’invitation est traditionnelle pour les nouveaux présidents depuis Ronald Reagan en 1981. Donald Trump prononcera ce discours devant tous les élus de la Chambre et du Sénat.

Ce discours de début d’année pourrait prendre les allures d’un discours sur l’état de l’Union, l’allocution solennelle prononcée chaque année par les présidents américains au Congrès et servant à décliner les priorités de l’administration.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/24/01003-20170124ARTFIG00326-quatre-jours-apres-son-investiture-donald-trump-poursuit-ses-reformes.php

 

Yohan Blavignat

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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