Revue de presse du MEDEF IDF du 01 Mars 2017

2017-03-02T07:00:11+01:00Mots-clés : , , |

 

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE PARISIEN – 01/03/2017

Seine-et-Marne. Ce que le Grand Paris Express apportera

La carte du supermétro du Grand Paris Express montre les trois lignes et les quatre gares qui seront construites en Seine-et-Marne.

 

Quels sont les atouts du futur métro automatique pour la Seine-et-Marne ? Le département présente une exposition itinérante (voir encadré) pour mettre en valeur les avantages du Grand Paris Express (GPE) pour le 77.

Des trajets plus rapides La ligne 15 Sud reliera Noisy-Champs à Pont-de-Sèvres en 33 minutes contre 1 h 1 aujourd’hui (RER A et métro), à partir de 2022. La ligne 16 permettra d’aller de Noisy-Champs et Chelles à Saint-Denis Pleyel via Le Bourget RER en 26 minutes au lieu de 39, à partir de fin 2023. Pour aller de Noisy-Champs à Clichy-Montfermeil, le temps sera compressé à 7 minutes contre 56. A l’horizon 2030, la ligne 17, du Mesnil-Amelot au Bourget RER, passera par l’Aéroport Charles-de-Gaulle. De Chelles, il faudra 26 minutes seulement pour rejoindre l’aéroport. La Seine-et-Marne est concernée par 5 km de la ligne 16 et par 4 km sur la ligne 17 Nord, contre 200 km en tout en Ile-de-France.

240 000 déplacements A terme, 240 000 déplacements seront effectués par jour sur l’ensemble des gares GPE de Seine-et-Marne*. Des interconnexions se feront entre les lignes de RER A (à Noisy-Champs) et le RER E et la ligne P du Transilien (à Chelles et Bry-Villiers-Champigny). « Des gares routières proches des gares du GPE, des parkings relais et des stationnements pour les vélos doivent être créés. Les réseaux de bus en rabattement sur les gares du GPE devront être réorganisés et développés pour irriguer au mieux les territoires voisins », indique Jean-Jacques Barbaux (LR), président du département. A noter que 41 880 habitants vivent dans un rayon de 1 km autour de l’ensemble des gares GPE situées dans le département**.

De l’emploi… La Communauté d’agglomération Paris Vallée de la Marne, la Société du Grand Paris (SGP), les villes de Champs-sur-Marne et Chelles vont signer prochainement « une convention pour le développement de l’emploi dans les territoires du Grand Paris Express, d’une durée de 5 à 7 ans, visant la mise en œuvre opérationnelle des clauses sociales et au développement de l’emploi local, liés au déploiement des chantiers du Grand Paris Express sur le territoire » indique la SGP. Une convention du même type devrait être conclue avec la Communauté d’agglomération Roissy Pays de France.

…et du logement L’arrivée du GPE dans la commune de Champs-sur-Marne contribuera à renforcer la Cité Descartes dans son rôle de cluster de la ville durable avec à terme « près de 15 000 nouveaux logements » et « plusieurs centaines de milliers de mètres carrés de bureau ». A Chelles, la gare s’inscrit dans le projet d’aménagement du centre-ville. « Un partenariat portant sur l’utilisation de déblais du GPE a permis l’aménagement d’un parc urbain, sur le site Sempin, situé sur les communes de Chelles et Montfermeil », ajoute la SGP. Enfin sur la plate-forme aéroportuaire CDG, la gare viendra desservir le nouveau terminal (T4).

Une exposition itinérante tourne depuis fin novembre

Ce sont les communes qui contactent le département pour recevoir l’exposition itinérante. Depuis fin novembre, elle a été visible dans sept communes : Moussy-le-Neuf, Lésigny, Presles-en-Brie, La Grande-Paroisse, Esbly et Penchard. « Esbly est située à 10 minutes de Chelles en Transilien. Il y aura une correspondance avec la ligne 16 du Grand Paris Express en 2023. Nous pensions que cela pouvait intéresser nos administrés. Cela permettra de raccourcir leur temps de trajet vers l’aéroport Charles-de-Gaulle et vers la banlieue », explique René Garcher, maire-adjoint chargé de l’urbanisme à la mairie d’Esbly. En 2015, il y avait chaque jour en moyenne 3 860 montants en gare d’Esbly sur la ligne P du transilien, un chiffre en progression de 16 % par rapport à 2012. A la descente, 548 voyageurs étaient enregistrés. L’exposition sera prochainement visible à Montgé-en-Goële et Ozoir-la-Ferrière.

*En prenant en compte les deux gares desservant l’Aéroport Charles-de-Gaulle.**En dehors de la gare Charles-de-Gaulle T4.

 

Julie Olagnol

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : le Medef entrouvre la porte

Le patronat a transmis mardi aux syndicats un projet d’accord qui évoque les contrats courts mais écarte tout système de « bonus-malus » sur ceux-ci.
Les représentants des salariés jugent le texte « inacceptable ».

C’est ce qu’on appelle une ouverture. Le projet d’accord que le patronat a transmis mardi aux syndicats intègre un nouvel article 2 qui aborde le sujet extrêmement sensible des contrats courts. Cette ouverture reste cependant très timide. Là où les représentants des salariés réclament la mise en place d’un système de bonus-malus de cotisation pour pénaliser les employeurs abusant des contrats précaires, l’article 2 du texte, qui va servir de base aux discussions à partir de mardi prochain se contente d’évoquer une « incitation sectorielle de modération du recours aux contrats de travail très courts ».

Pour le patronat, leur surconsommation ne relève pas d’une « logique d’optimisation » contrairement à la « permittence », liée à des conditions d’indemnisation trop avantageuses qui poussent à alterner périodes courtes d’emploi et de chômage, dont le président du Medef, Pierre Gattaz, a fait son cheval de bataille. Elle vise à répondre « dans le cadre actuel de la réglementation du travail à des contraintes opérationnelles fortes », note le document qui pointe les « secteurs en tension ». Très prudent, le patronat prône avant tout un diagnostic via « un indicateur robuste et pérenne […] afin de caractériser les situations sectorielles de recours  ».

Incitations pertinentes

Mais pas question de sanctionner des pratiques ou de les interdire : il est proposé en cas de consommation « sensible [ment] » supérieure à la moyenne, d’ « incit [er] à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, […] et de mettre en place des incitations pertinentes qu’elles soient d’ordre juridique ou économique, permettant de modérer [leur] utilisation au sein desdits secteurs lorsque cela est possible ». Cette rédaction ménage ceux qui, au Medef, étaient vent debout contre toute ouverture du dossier des contrats courts et étaient prêts à passer la main à l’Etat sur l’assurance-chômage.

Mais elle a été très mal reçue par les syndicats. « Reprendre le texte de juin et ajouter une demi-page sur les contrats courts sans une once de recettes supplémentaires, c’est se fiche [r] du monde », s’emporte Michel Beaugas, le négociateur de FO, pointant également l’absence d’évolution sur le dossier des chômeurs seniors. Le projet patronal continue à prévoir un relèvement de 50 à 59 ans pour bénéficier d’une durée d’indemnisation rallongée. « La vérité est que le patronat a comme seul mandat de négociation le saccage des droits des chômeurs », a pour sa part dénoncé la CGT dans un communiqué. La proposition patronale est « inacceptable en l’état, il va vraiment falloir négocier sur les contrats courts et les seniors », a tweetté Véronique Descacq, en charge du dossier à la CFDT.

La séance de mardi, premier rendez-vous hebdomadaire d’une série de quatre, s’annonce très tendue. « La rédaction du texte ne correspond pas à ce qui nous a été dit lors de nos derniers contacts », déplore un syndicaliste qui souligne que « le problème, c’est que le calendrier ne permet pas la stratégie des petits pas, nous n’avons qu’un mois pour négocier ! » La seule autre modification significative du projet patronal par rapport à la version de juin dernier porte la marque de l’actualité de ces derniers mois et… de la campagne électorale. Il propose que le groupe de travail que le patronat veut voir réfléchir à « une assurance-chômage moins coûteuse » traite « notamment des évolutions des formes de relations de travail ». Le patronat veut qu’il cherche aussi « à caractériser les situations de ces nouveaux travailleurs indépendants » et qu’il « identifie l’impact du développement de ces formes d’emploi sur le régime d’assurance-chômage et, le cas échéant, les évolutions de la réglementation à envisager ».

Leïla de Comarmond

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Assurance chômage : le Medef fait un petit geste sur les contrats courts

Après l’échec de juin 2016, les négociations sur l’assurance chômage vont reprendre en mars. Le patronat veut inciter à modérer le recours aux contrats très courts.

Le patronat a envoyé ce mardi aux syndicats sa nouvelle proposition de révision de la convention d’assurance-chômage. Ce document doit servir de base à la négociation qui a officiellement repris le 15 février et dont la prochaine – en fait vraie première – séance a été fixée au mardi 7.

Un texte dit «martyr» dont il ne restera pas grand-chose dans le projet d’accord fin mars et qui doit permettre à chaque centrale, en réalité, de fixer ses lignes rouges et marges de négociation. Ce texte patronal reprend le projet de protocole d’accord qui avait été proposé il y a neuf mois aux syndicats, juste avant que la négociation échoue. Le même texte donc, mais avec deux modifications majeures. D’abord, l’ajout d’un article 2, sur les contrats courts, qui a en grande partie conditionné le retour de tous les protagonistes à la table des discussions.

Incitations sectorielles

La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus

Comme il l’avait annoncé, le Medef propose ainsi d’instaurer non pas une nouvelle surcotisation des CDD (notamment de moins d’un mois) mais un système d’incitations sectorielles «d’ordre économique ou juridique», précise-t-il sans en dire plus, «permettant de modérer l’utilisation des contrats très courts au sein desdits secteurs lorsque cela est possible».

Les syndicats qui plaident pour un dispositif plus contraignant ne se contenteront toutefois pas de ces déclarations de bonne intention. La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus. L’inconnue reste la marge dont disposera Alexandre Saubot, le chef de file patronal et n° 2 du Medef en charge du social, pour s’éloigner de la proposition initiale et coller à l’une des options syndicales sur la table. Le second ajout du texte s’adresse à l’État. Le Medef demande ni plus ni moins que la révision du mécanisme de contribution du régime d’assurance-chômage au budget de Pôle emploi. «Le montant de la contribution versée par l’Unedic ne pourra être supérieur au montant de la dotation versée par l’État», propose le patronat, soit… 1,5 milliard d’euros. Si l’exécutif accepte ce point, l’économie pour l’Unedic – qui verse chaque année 10 % de ses ressources à Pôle emploi, soit 3,5 milliards en 2016 – sera considérable et le manque à gagner pour Pôle emploi, conséquent (de l’ordre de 2 milliards).

Le patronat n’a en revanche pas modifié sa proposition sur les seniors. Il souhaite reporter à 57 ans, au lieu de 50 aujourd’hui, la borne d’entrée dans cette filière qui permet aux demandeurs d’emploi d’être indemnisés – s’ils ont suffisamment cotisé – trois ans au lieu de deux. Une proposition, là encore, que les syndicats entendent assouplir. La CFDT serait ainsi partisane de remonter le seuil d’entrée à 55 ans, FO à 52.

 

L’OPINION – 01/03/2017

Assurance-chômage: comment le Medef compte enrayer la dégradation des comptes

 

Alexandre Saubot, chef de file patronal de la négociation Unédic

Indemnisation des seniors, calcul de l’indemnité journalière, limitation des CDD courts dans certains secteurs… Le patronat met sur la table ces sujets alors que la situation des comptes l’Unédic s’aggrave : 37,5 milliards d’euros de dette prévus fin 2018

Le Medef vient d’envoyer aux centrales syndicales plusieurs mesures pour réduire le déficit de l’assurance-chômage, alors même que l’Unédic vient de transmettre ses prévisions financières pour 2017 et 2018. Les partenaires sociaux se sont donnés jusqu’au 28 mars pour se mettre d’accord et acter une nouvelle convention.

Le projet d’accord sur l’assurance-chômage que le Medef a envoyé mardi aux syndicats fait une quinzaine de pages et vise un milliard d’euros d’économies. Pour cela, le patronat propose de limiter la « permittence » (les allers-retours abusifs entre emploi et chômage), de revoir l’indemnisation des seniors, mais aussi de limiter la multiplication des contrats courts…

Une première partie du texte concerne les modalités de calcul et de versement de l’allocation d’aide au retour à l’emploi. Le Medef le rappelle : « Il s’agit d’éviter les logiques d’optimisation à la fois du côté de l’employeur et du salarié et mettre fin à des situations inéquitables ». En effet, dans certains cas, un chômeur a intérêt à enchaîner plusieurs contrats très courts plutôt qu’un contrat un peu plus long. Il y gagne financièrement et l’allocation-chômage n’est plus un revenu de remplacement mais de complément. Une anomalie que de nombreux syndicats sont prêts à corriger.

Pour ce faire, le Medef propose une nouvelle équation qui – grosso modo — reviendrait à baisser d’un tiers le niveau des allocations versées aujourd’hui, pour ceux qui jouent de cette « permittence ». Seul hic, selon plusieurs sources syndicales, « le niveau proposé par le Medef est trop bas et n’incitera pas les gens à reprendre un travail. » La discussion va donc porter sur le niveau du curseur.

Indicateur objectif. Sur la question des contrats courts, le patronat se montre plus prudent. Il propose d’ouvrir des négociations dans les secteurs où il y a « une accentuation du phénomène de réembauche d’un même salarié par le même employeur » et suggère de « convenir d’un indicateur objectif » qui prendrait en compte tous les secteurs. Ceux qui seraient au-dessus de cet indicateur « seront incités à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, quelles qu’elles soient, au regard des tensions du travail, et à mettre en place des incitations pertinentes, pour modérer l’utilisation de ces contrats très courts, lorsque cela est possible ». Les mots sont pesés — n’apparaît pas le terme taxation — pour ne pas raviver les vives polémiques internes au Medef. Mais les syndicats veulent un système de bonus-malus de cotisations. La CFDT prévient déjà que « la proposition est inacceptable en l’état » et qu’il va « falloir vraiment négocier sur les contrats courts ». Cette mention des contrats courts par le patronat est pourtant déjà une avancée : en juin, le Medef refusait d’aborder le sujet, ce qui avait contribué à empêcher tout accord.

L’autre point sensible est l’indemnisation des seniors. Le Medef propose de changer les règles pour les plus de 50 ans. La durée maximale de versement de l’allocation-chômage passerait de trente-six à vingt-quatre mois pour les 50- 55 ans. Cette proposition promet de susciter des oppositions du côté de la CGT et de FO, mais la CFDT devrait valider. Pour les seniors entre 55 ans et l’âge de la retraite, le Medef propose un système progressif par étapes. Ainsi pour les personnes dont l’âge est supérieur ou égal à 57 ans, et strictement inférieur à 59 ans au moment de l’ouverture des droits au chômage, la durée d’indemnisation serait de 30 mois, avec des exigences un peu assouplies sur la période travaillée auparavant. En revanche, les plus âgés (59 ans et plus), verraient leur durée d’indemnisation de 36 ans maintenue afin de ne pas mettre en difficulté ces chômeurs en attente de leur retraite. Sur le volet seniors, le Medef propose aussi des systèmes d’incitation à la formation, via la mobilisation du compte personnel de formation (CPF). Mais là encore, les syndicats risquent de tiquer car cela nécessite que le senior active son CPF. Rien n’est mentionné, par ailleurs, sur le payeur de ces formations.

Prévisions de l’Unédic. L’ensemble de ces propositions intervient dans le cadre très particulier de cette négociation, qui se situe en pleine période électorale. Quoiqu’ils en disent, patronat et syndicats sont sensibles aux dires des candidats à la présidentielle, qui promettent la nationalisation du régime (Macron) ou encore des mesures drastiques pour résorber les 30 milliards de dette (Fillon). La situation économique pèse aussi sur les échanges. Et ce d’autant plus que selon l’Unédic, qui a présenté ce mardi ses prévisions, l’endettement pourrait atteindre plus de 37,5 milliards d’euros à la fin de l’année 2018.

Et alors que l’organisme paritaire table sur une reprise, celle-ci serait finalement peu porteuse en termes d’emplois. L’Unédic prévoit en effet la création de 135 000 emplois en 2017 puis de 113 000 postes en 2018. Et d’anticiper une lente réduction du nombre de demandeurs d’emplois inscrits. En catégorie A, le nombre de chômeurs a baissé de 107 000 personnes en 2016 ; cette tendance devrait se poursuivre en 2017 et 2018.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : vers une légère décrue du déficit cette année

 

Le déficit 2017 de l’assurance-chômage sera réduit à 3,6 millliards d’euros en 2017, selon les dernières prévisions.

La prévision de déficit de l’Unédic a été ramené à 3,6 milliards en 2017, soit 213 millions de moins que prévu en septembre.

Comme chaque année à pareille époque, l’Unédic a actualisé ses prévisions financière à court et moyen terme. Conclusion ? Du mieux en lien avec l’amélioration du marché du travail, mais pas suffisamment pour exonérer les partenaires sociaux, qui gèrent l’assurance-chômage , de trouver des économies.

Le consensus des économistes table désormais sur une progression du PIB de 1,3 % en 2017 et de 1,4 % en 2018. L’inflation est attendue en hausse de 1,3 % ces deux années. Dans ce contexte, les créations d’emplois dans le privé s’élèveraient à 135.000 cette année et 113.000 l’an prochain. C’est nettement moins qu’en 2016 (+218.000), mais nettement mieux que ce qu’attendait l’Unédic dans sa dernière prévision de septembre (+76.000 et +66.000 respectivement). L’explication ? Du côté positif: une croissance un peu plus forte. Du côté négatif, le ralentissement des effets de la prime à l’embauche dans les PME ou des mesures de baisse des charges des entreprises.

Le nombre de chômeurs repartirait à la hausse

Le nombre de demandeurs d’emplois sans activité progresserait de 47.000 en 2017. Là encore, c’est nettement moins bon que le recul de 107.400 l’année dernière. Mais c’est nettement mieux que la hausse de 79.000 anticipée en septembre. Les tendances sont les mêmes pour les chômeurs de catégories B ou C, c’est-à-dire en activité réduite. Le taux de chômage au sens du BIT ressortirait à 9,8 %, stable.

Résultat, l’Unédic a confirmé sa prévision de déficit pour 2016, attendu à hauteur de 4,2 milliards d’euros. Pour 2017, ses experts l’estiment désormais un peu moins de 3,6 milliards, soit 213 millions de mieux qu’en septembre. Et à 3,9 milliards l’année suivante, exercice aux termes duquel la dette cumulée serait de 37,5 milliards.

A quelques centaines de millions près, les nouvelles prévisions financières de l’assurance-chômage sont donc conformes à celles de septembre. Mais ce sont surtout les prochaines qui compteront. Celles qui, en cas d’accord des partenaires sociaux prendront en compte la nouvelle convention. Par la suite, il faudra aussi intégrer, la politique d’emploi du futur gouvernement.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

La croissance française moins forte en 2016 qu’en 2015

Les chiffres de l’Insee publiés ce mardi confirment que le PIB n’a progressé que de 1,1% sur l’ensemble de l’année, une hausse nettement inférieure aux prévisions.

Les chiffres sont confirmés. La croissance de l’économie française a bien atteint 0,4% au quatrième trimestre 2016 et s’est donc établie à 1,1% sur l’ensemble de l’année, selon une deuxième estimation publiée, ce mardi, par l’Insee. Ces chiffres sont conformes aux premières estimations de l’Insee rendues publiques le 31 janvier. Au quatrième trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a accéléré après la légère hausse de 0,2% au cours des trois mois précédents. Mais ces chiffres, pour 2016, sont inférieurs de 0,1 point par rapport à 2015 où la croissance avait atteint 1,2%. En outre, la hausse de 2016, dernière année pleine du quinquennat de François Hollande, est inférieure de 0,3 point à la prévision du gouvernement, qui avait réajusté sa prévision de 1,5% à 1,4% à l’automne.

Dans le détail, les dépenses de consommation des ménages ont accéléré en 2016, augmentant de 1,8% après une progression de 1,5% en 2015, portées «notamment par les achats en biens d’équipement du logement au premier semestre», selon l’Insee. De même, l’investissement s’est mieux porté, en particulier celui des entreprises qui a crû de 4% l’an dernier, après une hausse de 2,7% en 2015. Il a notamment accéléré au quatrième trimestre après deux trimestres plus moroses, les chefs d’entreprise ayant anticipé la fin du dispositif de suramortissement fiscal sur les investissements productifs, prévue en avril.

Un commerce extérieur qui pèse

Mais l’investissement des administrations publiques a pour sa part continué de reculer, mais à un rythme nettement moins fort qu’en 2015 (-0,6% contre -3,9%). Les exportations ont marqué le pas, ne progressant que de 1,1% en 2016 contre une hausse de 6% un an auparavant. Les importations ont également ralenti, mais moins fort que les exportations (+3,7% après +6,4%), ce qui explique que le solde extérieur a pesé davantage sur la croissance en 2016 qu’en 2015 (-0,8 point après -0,3 point).

La production a, de son côté, augmenté un peu plus qu’en 2015 (+1,4% après +1,3%), rebondissant notamment dans la construction. Mais la production agricole a fortement diminué (-5,7% après -2,2%), «en raison de conditions climatiques défavorables» selon l’Insee, ce qui a particulièrement pesé sur la croissance. Selon l’Insee, la croissance de l’économie française devrait augmenter de 0,4% aux premier et deuxième trimestre 2017.

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les maires donnent un coup d’arrêt aux hausses d’impôts locaux

 

Quarante des plus grandes communes de France ainsi que la plupart des intercommunalités ont décidé de ne pas augmenter leurs taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017.

De Saint-Denis à Nantes ou Bordeaux, les quarante plus grandes villes de France ont voté des taux stables pour l’année 2017, selon notre enquête.

Après la tempête, c’est une mer d’huile qui s’annonce pour la fiscalité des grandes villes. L’examen par « Les Echos » des budgets primitifs votés ces deux derniers mois montrent que tous affichent des zéros dans l’évolution des taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017. C’est le cas des quarante plus grandes communes de France ainsi que de la plupart des intercommunalités. L’an dernier, la moyenne des taux de ces taxes avait grimpé de 1 %, après une hausse de 1,8 % en 2015.

Un mouvement général

Un expert des finances locales rappelle que cette situation est plutôt classique à l’attaque de la troisième année d’un mandat municipal, sauf que cette fois la baisse des dotations financières de l’Etat complique singulièrement les équations budgétaires des élus. La tendance est d’autant plus remarquable que le législateur a fixé à 0,4 % la revalorisation des bases, refusant la généreuse hausse de 1 % des années précédentes qui dépassait nettement l’inflation. L’an dernier, les édiles s’étaient reposés sur cette revalorisation pour faire preuve de modération : les deux-tiers des maires des grandes villes n’avaient pas touché aux taux.

Cette année, le mouvement est général même parmi le tiers restant. C’est le cas de Clermont-Ferrand qui avait la palme de la hausse du taux de taxe d’habitation l’an dernier (5,8 %). Ou de Toulouse qui s’était distinguée en 2015 en augmentant de 15 % la taxe d’habitation et la taxe foncière. Sa métropole avait à son tour appliqué 7 % de hausse des taux l’an dernier. La communauté de Nantes n’avait pas hésité à voter 18,5 % de revalorisation de la taxe d’habitation en 2016. Lille, qui caracolait au sommet du niveau de taux (46 %) dans l’étude 2016 du Forum pour la gestion des villes, a fait le même choix. Sans surprise, Le Havre enchaîne une huitième année de stabilité, quand Nice interrompt deux ans de baisse de ses taux. Même les villes moins favorisées comme Montreuil ou Saint-Denis ont choisi d’épargner leurs contribuables.

Quid des départements

Cela ne signifie pas pour autant un gel des impôts locaux pour les habitants. Outre la hausse de 0,4 % due aux bases, ils pourraient sentir passer la part départementale qui entre dans le calcul de la taxe foncière. Le responsable d’une association d’élus juge que « c’est devenu très risqué pour un maire d’afficher des taux en hausse, vis-à-vis de son assemblée ou de sa population. Seuls les départements peuvent encore le faire car ils sont moins proches de la population et ils ont l’excuse absolue des difficulté de financement du RSA ». D’autant que la baisse des dotations supportée par les villes a, cette année, été deux fois moins forte que prévu à l’origine.

Il reste aussi aux élus des grandes villes une poignée de leviers pour maintenir une épargne brute raisonnable, au-delà des plus simples déjà utilisés comme la fiscalité, la baisse des investissements et les coupes dans les subventions aux associations. Il faut s’attendre à ce que les villes « ajustent » les tarifs municipaux, dopent les taxes de poche (terrasse, stationnement, etc.), optimisent leurs achats, fassent de la « gestion de patrimoine » (vendre), développent le mécénat, voire « révisent leur périmètre d’intervention ». Comprendre une révision à la baisse du service public : horaires d’ouverture, fréquence des bus, etc.

Trois situations différentes, une même décision

Décision in-extremis à Mulhouse. Le conseil municipal de la ville alsacienne a opté fin décembre pour la stabilité fiscale. « Suite à la baisse des dotations de l’Etat, nous avions annoncé trois ans de hausse à 3 % en 2014, mais la loi de finances 2017 nous a permis au final d’éviter une troisième hausse », explique l’adjoint aux finances Philippe Maitreau. Le débat reste néanmoins en cours à la communauté d’agglomération.

Bordeaux mise sur son attractivité. Bordeaux est typique des métropoles en expansion du flanc ouest de la France. Comme Nantes ou Rennes, la ville explique miser sur son attractivité et son dynamisme démographique pour « anticiper 1,2 % de hausse des bases ». Ces villes prospères tablent aussi sur les recettes immobilières, assument de futures hausses de tarifs et comptent sur un essor du mécénat.

Saint-Denis a dégagé des marges. Après un bond de 10 % en 2015, la commune de Seine-Saint-Denis prévoit de voter une fiscalité stable jeudi en débat d’orientation puis dans son budget en mars. « La hausse de 2016 et de gros efforts sur les dépenses offrent des marges de manoeuvres cette année. Nous pourrons accompagner notre dynamisme démographique, soit un groupe scolaire tous les ans » indique Erwann Le Guern, adjoint aux finances.

 

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 01/03/2017

Ventes d’armes : la France a battu un record historique en 2016

L’industrie française a exporté pour plus de 20 milliards d’euros de matériels militaires.

En 2016, les exportations françaises d’armement ont battu un record historique, à plus de 20 milliards d’euros. C’est deux fois plus que la commande nationale. Et, au bas mot, 3 milliards de plus qu’en 2015 qui était déjà un grand millésime. La performance de la France est sans doute bien supérieure. «Nous avons été conservateurs en comptabilisant la part française (DCNS et ses sous-traitants, NDLR) du contrat australien dans les sous-marins à 6 milliards d’euros. C’est une fourchette basse. À cela s’ajoutent 14 milliards de contrats dont les plus emblématiques ont été les Rafale vendus à l’Inde et les hélicoptères Caracal commandés par le Koweït», détaille le ministère de la Défense.

Grâce à ces grands contrats mais aussi au renforcement du «socle» de commandes plus modestes, «la France est, depuis deux ans, le numéro deux mondial des exportations militaires, loin derrière les États-Unis (40-50 milliards), mais ex aequo avec la Russie», précise-t-on à l’hôtel de Brienne.

L’année 2015 a marqué un tournant pour les industriels, que 2016 a confirmé. «Nous avons enregistré une forte hausse des prises de commandes à 1,8 milliard d’euros dans la défense, en 2016. Pour la première fois depuis longtemps, le book-to-bill est supérieur à 1», explique Philippe Petitcolin, PDG du motoriste Safran. Patrice Caine, le patron de Thales, ne dit pas autre chose.

Après un point bas en 2012, le volume des affaires gagnées à l’international par la France a quintuplé. Les industriels ont bénéficié d’une situation géopolitique favorable. Les attentats terroristes, la lutte contre l’État islamique, la déstabilisation du Moyen-Orient, les tensions en mer de Chine mais aussi aux frontières pakistano-indiennes et chinoises ont entraîné un réarmement général. Les États qui avaient baissé la garde ont compris qu’ils devaient investir davantage dans la défense et la sécurité tandis que les autres accélèrent. En 2016, le niveau des exportations a atteint son «plus haut volume depuis la fin de la guerre froide», selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).

Cohérence française

Mais la géopolitique n’explique pas tout. Les industriels français gagnent des contrats car le politique a su créer les conditions de la confiance et établir les bases d’un partenariat stratégique avec les pays clients. À cet effet, Jean-Yves Le Drian a parcouru 1,5 million de kilomètres (409.000 en 2016) depuis son arrivée à l’hôtel de Brienne. L’infatigable ministre de la Défense a effectué un total de 65 déplacements au Moyen-Orient, de 7 voyages en Inde et 3 en Australie. Avec son cabinet, il a mis en place une méthode et une équipe France dans laquelle chacun – politique, armée, industriels – est à sa place et joue dans son compartiment. D’où une grande cohérence de l’offre française. L’industrie est, en outre, en mesure de fournir une panoplie d’armements haut de gamme et sophistiqués dans tous les domaines: terrestre, naval, aérien et spatial.

Certains industriels à l’instar de DCNS avec Gowind, ont aussi développé des gammes dédiées à l’exportation. Les armements français ont acquis une grande crédibilité auprès des armées étrangères. Ils ne sont pas seulement exposés dans les salons ou présentés lors de démonstrations, ils sont «combat proven» car utilisés au quotidien par les armées françaises sur les théâtres d’opérations (Afrique, Irak…).

Enfin, la France a acquis un savoir-faire en matière de packages (matériels, formation, maintenance, services) et de transfert complet de technologie. Un atout alors que la plupart des pays clients exigent des retombées pour leur économie.

Véronique Guillermard

 

 

LE MONDE – 01/03/2017

Transdev et Renault-Nissan s’associent dans le véhicule sans conducteur

Le quatrième constructeur mondial et le leader du transport public vont tester des voitures électriques autonomes consacrées au transport à la demande.

Avant, c’était simple. Il y avait d’un côté l’automobile et de l’autre les transports en commun. Et en à peine quelques mois, tout a changé. Désormais, cette différence s’estompe, cette frontière s’efface sous les coups de boutoir des nouvelles technologies et de l’économie numérique.

Le dernier épisode en date de cette mutation est spectaculaire. Lundi 27 février, dans le cadre du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, Renault-Nissan et l’opérateur de transports en commun Transdev ont annoncé avoir conclu un partenariat pour développer des services de transport public à la demande utilisant des voitures électriques et autonomes.

Les entreprises « vont collaborer pour développer un système de transport complet et modulaire pour permettre aux clients de réserver des trajets, et aux opérateurs de mobilité de surveiller et opérer des flottes de voitures autonomes », ont-elles précisé dans un communiqué commun. Ce partenariat débutera par des expérimentations sur le plateau de Saclay, au sud-ouest de Paris, avec des voitures électriques Renault Zoé, combinées à « la plate-forme de répartition à la demande, de supervision et de routage élaborée par Transdev », expliquent les deux sociétés.

« Nous changeons d’échelle »

L’événement n’est pas anodin. C’est la première fois que l’un des leaders mondiaux du transport public – le français Transdev – s’associe à un constructeur automobile majeur dans le but d’inventer un futur « business » commun. Car il s’agit bien de cela : renouveler des modèles économiques différents en les faisant converger. Les constructeurs automobiles espèrent trouver dans les services de mobilité une piste nouvelle de croissance ; les opérateurs traditionnels de transport public cherchent une porte de sortie face à l’ubérisation de leur activité.

L’un comme l’autre ont choisi à travers ce partenariat une alliance avec un acteur d’envergure. Transdev (dont l’actionnaire principal est la Caisse des dépôts) est « l’un des opérateurs de mobilité multimodale les plus importants au monde », remarque Ogi Redzic, vice-président de l’alliance franco-japonaise, chargé des véhicules connectés et des nouvelles mobilités.

« Avec l’Alliance Renault-Nissan, nous changeons d’échelle », se félicite Yann Leriche, directeur de la performance de Transdev. Ce dernier, qui réalise 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires (vingt fois moins que l’entité Renault-Nissan), a déjà mis en place une dizaine de projets pilotes de transport public par véhicule autonome. Transdev fait rouler en particulier un minibus sans conducteur au sein de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). En ce moment même, l’opérateur réalise un tour des Etats-Unis avec une navette autonome.

Des pistes de croissance

Même si elle n’est pour le moment qu’un simple partenariat de recherche visant à tester des technologies en développement, l’association avec Renault-Nissan est essentielle pour Transdev. « Cela va nous permettre de mettre les mains dans la voiture, sa technologie, ses algorithmes, explique M. Leriche. C’est fondamental pour garantir sécurité et qualité de service à nos clients. »

Transdev peut espérer aussi que cette coopération lui permettra de trouver à terme des solutions à certaines de ses difficultés actuelles. L’opérateur est leader de la mobilité à la demande en porte-à-porte, à Londres (où il fait fonctionner une plate-forme de taxis) et aux Etats-Unis. Là-bas, il opère plusieurs flottes de taxis ou des services équivalents comme des minivans qui font la liaison avec des aéroports. Il y subit de plein fouet la concurrence d’Uber et de Lyft, les plates-formes de VTC. Transdev a dû d’ailleurs se séparer de ses taxis de Las Vegas, déficitaires. Une offre sans chauffeur constituerait une option intéressante pour ce type d’activité.

Côté industriels de l’automobile, les offres de partage de véhicule sont déjà nombreuses. Mais, plusieurs constructeurs voient aussi dans le petit transport en commun sans conducteur des pistes de croissance. Ford en fait une priorité et veut proposer aux sociétés de taxis des flottes de véhicules autonomes dès 2021. Quant à Uber, il a choisi Volvo comme partenaire dans la course contre la montre qu’il a entrepris pour disposer au plus vite des véhicules sans chauffeur indispensables à sa survie.

Éric Béziat

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Valeo manifeste un insatiable appétit de croissance

 

Jacques Aschenbroich, PDG du groupe Valeo, a présenté, mardi à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans.

L’équipementier automobile vise une progression de plus de 60% de son activité d’ici 2021.

L’ambition de Valeo est immense. Même le temps ne lui résiste pas. L’équipementier automobile a présenté, mardi 28 février à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans. «Nous avons été beaucoup plus vite que prévu au niveau de la croissance de l’activité mais également des prises de commandes, justifie Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo. Nous étions certains de dépasser les objectifs fixés en 2015. Nous avons donc décidé de les mettre à jour.»

Et la mise à jour est pour le moins ambitieuse. Valeo visait, dans le cadre de son plan précédent, 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2020. Désormais, l’équipementier compte réaliser 27 milliards d’euros en 2021, contre 16,5 milliards d’euros l’an dernier.

La croissance annuelle de l’activité sera supérieure à 10%, quand celle des ventes de voitures dans le monde n’est attendue qu’à 2,3%. Cette performance très supérieure à celle du marché s’explique par «une vague de croissances successives», selon le patron de Valeo. Dans les systèmes de propulsion, par exemple, le groupe bénéficie de la stratégie des constructeurs visant à optimiser les moteurs à combustion.

Marges historiques

Mais une deuxième vague d’activité vient de démarrer avec l’électrification des moteurs. Dans un premier temps, cela concerne l’hybridation, avant de passer aux moteurs électriques. La coentreprise que Valeo a créée l’an dernier avec Siemens dans ce domaine a déjà engrangé 1,6 milliard d’euros de commandes.

Le phénomène est identique dans les aides à la conduite. Aujourd’hui, l’activité concerne des systèmes d’assistance, avant de passer à la connectivité et, demain, d’embrayer sur les voitures réellement autonomes.

Pour saisir ces vagues de croissance, l’équipementier mise sur l’innovation. Les dépenses consacrées à la R&D sont considérables. En net, elles représentaient 5,8% du chiffre d’affaires en 2016, un niveau qui devrait rester sensiblement identique dans les prochaines années. Et les résultats sont au rendez-vous: «50% des prises de commandes réalisées l’an dernier portent sur des produits nouveaux, qui n’existaient pas il y a trois ans», se félicite Jacques Aschenbroich.

Dernier levier de croissance: les acquisitions. Le groupe en a réalisé plusieurs l’an dernier, en Allemagne, au Japon ou en Corée du Sud. «Nous visons des opérations ciblées qui nous apportent des technologies ou une couverture géographique complémentaire», détaille le patron de l’équipementier. La prise de contrôle du japonais Ichikoh a ainsi permis à Valeo de doubler l’activité réalisée avec Toyota. En dix ans, la part de l’Asie dans le chiffre d’affaires de Valeo est passée de 15% à 37%, après les dernières opérations.

Ce dynamisme ne se fait pas au détriment des marges ou de la capacité à générer de la trésorerie. Le groupe français vise une marge opérationnelle de 9% à l’horizon 2021, contre 8,1% enregistrée l’an dernier. Des niveaux jamais vus dans l’histoire de Valeo. De même, le groupe vise à doubler sa génération de trésorerie nette (free cash-flow) entre la période 2012-2016, où elle était de 2 milliards d’euros, et la période 2017-2021, où elle est attendue à 3,7 milliards d’euros. Un niveau parfois jugé modeste par les investisseurs, mais que le patron du groupe justifie par les investissements en R&D et en usines nécessaires pour financer la croissance. L’utilisation de ces liquidités ne se fera pas via le lancement d’«un programme de rachat d’actions, car nous avons encore suffisamment d’idées», explique Jacques Aschenbroich. Pas non plus de rapprochement structurant avec un autre grand acteur. «L’important n’est pas la taille globale, mais être numéro un ou deux mondial dans chacun de nos métiers. Et c’est le cas», justifie encore le patron de Valeo.

Cette confiance et ces ambitions élevées ont laissé de marbre les marchés financiers, le titre cédant même 0,31% en séance mardi 28 février. Il est vrai qu’il affiche une hausse de 71% sur trois ans. Un horizon temporel sans doute plus pertinent pour juger de la qualité d’un groupe qui reste industriel.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les banques françaises sur le toit de l’Europe

Les six groupes français ont dégagé 23,5 milliards d’euros de bénéfices grâce à leur diversification. En 2017, ils accélèrent encore leur digitalisation.

Le début d’année 2016 chahuté sur les marchés , les vagues de renégociation de crédits immobiliers provoquées par la faiblesse des taux d’intérêt ou encore le vote en faveur du Brexit n’auront pas eu raison de la santé des banques françaises. En 2016, leurs profits cumulés ont encore surpassé les résultats 2015, déjà revenus au niveau d’avant crise. Globalement, les six premiers groupes français ont généré un total de 23,5 milliards d’euros de bénéfices nets l’an passé, soit 660 millions de plus qu’en 2014.

Une performance éclatante face aux pertes de leurs concurrents européens Deutsche Bank , UniCredit ou RBS – encore aux prises avec de lourdes restructurations ou litiges hérités de la crise financière. Mais les champions français restent bien loin des résultats dégagés par les banques américaines : à elle seule, JP Morgan affiche un bénéfice net de 27,8 milliards de dollars en 2016 .

 « Les banques françaises n’ont pas de boulevards de croissance devant elles, si ce n’est sur des métiers spécialisés, et depuis la crise elles font particulièrement attention à leurs coûts . Mais grâce à leurs modèles de revenus diversifiés elles parviennent à obtenir des résultats résilients et des niveaux de rentabilité de 7 à 8 % », rappelle Romain Burnand, gérant chez Moneta.

Une inconnue, le volet réglementaire

De fait, en 2016, outre le bond de leurs revenus de banques de financement et d’investissement au second semestre, les banques françaises ont profité de la dynamique de leurs revenus d’assurance, de location de véhicules longue durée ou encore de gestion d’actifs. Et logiquement, dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les acteurs les plus concentrés sur la banque de détail (la filiale de Crédit Agricole, LCL, ou La Banque Postale ) ont éprouvé davantage de difficultés à compenser la baisse de leurs revenus d’intérêts.

De ce point de vue 2017 s’engage mieux que 2016 : « Clairement, nous avons atteint un point d’inflexion dans la politique monétaire avec la remontée des taux longs fin 2016. Plus sensibles à la pente des taux du fait de la structure du marché de l’épargne et du crédit immobilier, les banques françaises devraient en profiter », estime Jérôme Legras, directeur de la recherche chez Axiom AI.

Reste que de nombreux chantiers de digitalisation et d’automatisation des métiers de banque de détail ont été lancés à l’occasion de la publication des comptes annuels, chez BPCE et BNP Paribas notamment. De leur succès dépendra la capacité des banques françaises à conserver leurs parts de marché, tout en serrant leurs coûts. Signe que les deux démarches sont étroitement liées, la robotisation des processus permettrait de diviser par neuf les coûts des banques, selon une étude de Deloitte.

L’autre grande inconnue de l’année 2017 concerne le volet réglementaire. Au point mort depuis le début de l’année, les négociations sur le parachèvement de la réforme Bâle III – rebaptisée « Bâle IV » par les banques opposées à ce chantier – pourraient amener les établissements à une nouvelle fois renforcer leurs fonds propres. Surtout, après le Brexit et l’élection de Donald Trump, le protectionnisme a fait une entrée en force dans la réglementation, ce qui pose question pour la compétitivité des banques européennes. Des questions qui se sont certainement invitées au menu de la rencontre prévue ce mardi entre le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le président de la Fédération bancaire française, Philippe Brassac.

Des robots en soutien des conseillers physiques

L’automatisation sera l’un des chantiers phares pour les banques françaises en 2017, mais sans remettre en cause la place de l’humain.

Les robots dans la banque, beaucoup en parlent, mais peu de clients en ont déjà rencontré ! Or parvenir à automatiser davantage la relation client sera clairement un des grands défis 2017 pour les banques françaises. Les « chatbots » – ces systèmes d’intelligence artificielle capables de converser avec les clients – en sont déjà le premier cas d’usage visible. Mais ils demeurent bien souvent limités à des sujets non bancaires. C’est le cas, par exemple, de Société Générale, qui a lancé une expérimentation en octobre dernier autour de la communauté du rugby.

Le mouvement devrait toutefois s’approfondir. « Nous vivons dans le domaine une vague d’expérimentations sans précédent », explique Damien Leurent, associé chez Deloitte. Les nouvelles possibilités d’usage vont par nature se multiplier, puisque le principe même des intelligences artificielles est de s’enrichir et d’apprendre au fur et à mesure.

Potentiellement, tous les aspects de la relation client sont concernés, depuis l’avant-vente (tarifs, réponse de principe sur un crédit…) jusqu’au suivi de dossiers ou le traitement des réclamations. Nombre de ces innovations ne seront pas directement perceptibles par le public, l’attente d’une relation humaine restant encore très forte. Ainsi, ces nouveaux outils digitaux ne devraient pas remplacer, mais plutôt « augmenter » le conseiller bancaire traditionnel . Ce dernier s’appuierait sur les outils d’intelligence artificielle, mais pas seulement. Les tâches administratives (comme le traitement d’une réclamation) vont rapidement connaître un degré de robotisation supplémentaire, synonyme de gain de temps pour le conseiller. Ainsi, l’automatisation des processus de gestion simple devrait encore gagner du terrain en 2017.

Sharon Wajsbrot et Edouard Lederer

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 01/03/2017

Accord Hamon-Jadot: le PS dans l’enfer vert

L’accord signé par les deux hommes ne fait pas seulement la part belle aux écologistes sur le plan électoral. Il remet aussi en cause quelques fondamentaux socialistes, et passe donc mal au sein de sa famille politique. Turbulences à gauche

Retour aux sources ce mercredi pour le candidat socialiste à l’élection présidentielle. Benoît Hamon effectue un déplacement en Bretagne, conclu par un meeting à Brest. Il a réuni pour la première fois mardi, à huis clos, dans son QG, rue du Château-d’Eau, à Paris, le « conseil parlementaire », composé des députés, sénateurs et eurodéputés qui le soutiennent.

C’est l’histoire d’un parti politique piégé par son propre candidat à la présidentielle. Sorti vainqueur, à la surprise générale, de la primaire de la gauche le 29 janvier, avec 58 % des voix, Benoît Hamon a signé le 23 février avec le candidat écologiste Yannick Jadot un « projet de plateforme présidentielle » qui va à rebours de trois décennies de discussions doctrinales au sein du Parti d’Epinay… et fait sérieusement tanguer la rue de Solférino, qui n’a pas eu son mot à dire.

L’historien Alain Bergounioux, directeur des études politiques au PS, a soulevé le problème, lundi soir, au bureau national : sur le nucléaire, qui a toujours divisé les socialistes, la position du PS est de parvenir à un « mix énergétique » dans lequel la part du nucléaire aurait vocation à diminuer, tandis que celle des énergies renouvelables augmenterait. Or la plateforme présidentielle PS-Verts prévoit beaucoup plus radicalement, et sans que les socialistes n’en aient jamais débattu, le zéro nucléaire d’ici à vingt-cinq ans.

Un ministre écologiste ne croit cependant pas à cet engagement de papier, et sourit de la formulation retenue, celle d’une « sortie progressive et intégrale du nucléaire à horizon de 25 ans » : « Faites-leur dire qu’ils fermeront 17 réacteurs d’ici 2025, et l’on en reparlera ! » De fait, Guillaume Balas, député européen et coordinateur du projet de Benoît Hamon, qui a participé aux discussions avec les Verts, souligne que cet engagement « ne change pas grand-chose pour le quinquennat qui vient », puisqu’il ne fait que reprendre « la fermeture des premiers réacteurs », un engagement déjà pris (et non tenu) par François Hollande en 2012.

Conférences de consensus. Autres points durs, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Sur ces deux chantiers, Benoît Hamon promet des « conférences de consensus ». Soit deux couleuvres à avaler, pour les socialistes de Loire-Atlantique et pour ceux de Savoie, qui soutiennent majoritairement les deux projets. Interpellé lundi soir en Bureau national sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, approuvé par référendum par les électeurs de Loire-Atlantique en juin 2016, Jean-Marc Germain, codirecteur de la campagne de Benoît Hamon, a répliqué que le candidat, avec ses « conférences de consensus », a « trouvé la formule qui va bien ».

« Notre-Dame-des-Landes, c’était un engagement du candidat Hamon dans la primaire, rappelle Guillaume Balas, et un point important pour les écologistes. Par ailleurs, l’accord ne prévoit pas l’abandon pur et simple, mais une conférence de consensus, c’est-à-dire qu’on remet tout le monde autour de la table… » Idem pour le Lyon-Turin. « Les travaux ont démarré, on n’a pas dit qu’on les suspendait, nuance l’eurodéputé. On dit juste qu’il faut trouver toutes les réponses possibles à la saturation des vallées alpines. »

Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat au Développement, a dénoncé mardi « un programme de rupture avec sa famille politique ». Sur le nucléaire, « les socialistes ont toujours été pour un équilibre dans notre politique énergétique, a rappelé ce proche de Manuel Valls. C’est nous qui avons contribué à civiliser le nucléaire ». L’élu parisien souligne que même Arnaud Montebourg (candidat à la primaire, désormais conseiller pour les affaires internationales du candidat socialiste) n’est pas dans cette logique. « Décréter la fin de la filière nucléaire », c’est mettre en cause « des centaines de milliers d’emplois dans ce pays », a-t-il dénoncé sur RTL.

Quant aux dispositions de l’accord sur Notre-Dame-des-Landes et le Lyon-Turin, le secrétaire d’Etat a ironisé sur « le tour de France des ZAD [NDLR : zones à défendre] : on a pris tous les chantiers où il y avait un élément de mobilisation radicalisée, et on dit : on arrête, on arrête »…

Doxa socialiste. Face aux questions soulevées par ce programme, très éloigné de la doxa socialiste, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a répliqué qu’il appliquait le principe « le parti propose, le candidat dispose ». En clair, ce dernier a le dernier mot. C’est d’ailleurs bien comme cela que Benoît Hamon entend les choses. « C’est quand même moi qui ai gagné la primaire, et je l’ai gagnée sur ma ligne », répond-il en substance à ses détracteurs socialistes.

Au-delà de l’accord avec les Verts, d’autres lignes de fracture, plutôt prévisibles, apparaissent entre le candidat et sa « famille politique ». Ainsi, la semaine dernière, le premier « comité politique » du candidat, où siègent huit membres du gouvernement, a été relativement houleux. Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, a reproché au candidat ses propos dans une interview au Journal du Dimanche sur les banlieues, le 19 février. Le candidat socialiste avait estimé que la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat « protège aussi bien la fille habillée en short que celle qui veut librement porter le foulard ». Une conception de la laïcité bien éloignée de celle de la ministre, proche de Manuel Valls.

Un non-sens. Last but not least, les propos de Benoît Hamon, lundi matin sur France Inter, au sujet de la dette, ont laissé pantois pas mal de ses camarades. Le député des Yvelines a jugé que la barre des 3 % de PIB du déficit public était « un non-sens », et estimé « qu’en matière de dette et de déficit, il faut regarder ce que nous pourrons rembourser, ce que nous ne pourrons pas rembourser. » « La règle des 3 % est rationnelle, elle a des conséquences », lui a répondu le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin. « Il vaut mieux la respecter, non parce que ce serait venu d’ailleurs et imposé par l’Europe, mais parce que c’est bon pour la France. Continuer à entasser des dettes, ce n’est pas forcément une bonne solution », a-t-il insisté.

« C’est un très mauvais signal sur le fond, c’est un signal de marginalisation, la preuve qu’il ne veut pas être président », déplore un responsable socialiste. François Hollande aurait fait part mardi matin à l’un de ses ministres son « inquiétude » face à la tournure que prend la campagne de Benoît Hamon. « Nous assumons ces réorientations, réplique Guillaume Balas. Le patrimoine socialiste doit être revisité. Ce qui n’a pas été compris par les uns et les autres, c’est que la candidature de Benoît Hamon fusionnait les questions socialistes et écologistes ».

Nathalie Segaunes

 

 

LE PARISIEN – 01/03/2017

Présidentielle : les 10 heures de labour de Marine Le Pen au Salon de l’agriculture

 

Paris (XVe), hier. Marine Le Pen a notamment proposé de « franciser » les aides agricoles.

Dix heures de visite ! Hier, la candidate frontiste a pris le temps de poursuivre son opération séduction du monde paysan.

Attention, opération séduction ! Marine Le Pen s’est livrée hier à un véritable marathon dans les allées du Salon de l’agriculture : dix heures au pas de charge pour promouvoir ses propositions agricoles. A chaque stand, elle développe les mêmes arguments : le patriotisme économique, la lutte contre la concurrence déloyale, les dérives de la grande distribution et, pour finir, ces aides « francisées » qu’elle veut substituer aux subventions européennes. A chaque fois, la candidate frontiste précise que ces nouvelles subventions ne seront pas distribuées en fonction « des hectares », mais « des bonshommes ».

Marine Le Pen, qui cite sans hésiter le revenu moyen des agriculteurs, a travaillé cette visite en amont. Et pour cause : le FN est en pleine dynamique dans le monde rural. Pas question donc de rater ce passage obligé de la présidentielle.

Mais elle ne fait pas mouche à chaque fois pour autant : « C’est des promesses, toujours des promesses », balaie Jérôme, un éleveur de vaches limousines qui vient d’échanger quelques minutes avec elle. « Les subventions, c’est 40 % de mon chiffre d’affaires. Alors remettre en cause la politique agricole commune (PAC)… Et puis, on exporte, faut pas l’oublier non plus », s’agace-t-il.

« La fin de la PAC peut avoir du bon »

Marjorie, 21 ans, s’apprête à glisser un bulletin Marine Le Pen dans l’urne le 23 avril. D’ailleurs plus pour sa politique sécuritaire que pour son programme agricole : « La fin de la PAC peut avoir du bon, avec la hausse du prix du lait, par exemple. Et du mauvais, avec la remise en cause des subventions », évalue Marjorie, qui précise : « Les jeunes autour de moi votent pour la plupart Marine Le Pen, tandis que les plus de 40 ans continuent de voter à droite. »

Ses apparitions dans les allées du Salon, sous une nuée de caméras, suscitent une curiosité polie. Elle est parfois accueillie par quelques huées, un « Marine en prison » ou encore un homme, armé d’une… casserole, qui prévient : « Je reviens demain (NDLR : aujourd’hui) pour Fillon. »

Un groupe de féministes essaie de l’approcher pour lui remettre le prix du « féminisme en carton » avant d’être brutalement rabroué par son service d’ordre. Quelques « Marine présidente » sont scandés çà et là. Imperturbable, la candidate trace son sillon dans ce monde agricole dont elle a fait un enjeu : un symbole de cette France des oubliés où elle espère moissonner d’ici deux mois.

Une commission d’eurodéputés s’est prononcée en faveur d’une levée de l’immunité de Marine Le Pen dans le cadre d’une enquête sur la diffusion de photos de décapitations par Daech sur son compte Twitter en décembre 2015. Un vote de tous les députés est programmé demain. La levée d’immunité ne concernerait pas l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen.

Hollande, « ennemi des fonctionnaires »

La réponse de Marine Le Pen au chef de l’Etat — qui s’était ému lundi des menaces proférées par la présidente du FN à l’adresse des agents de l’Etat — ne s’est pas fait attendre. « François Hollande est le pire ennemi des fonctionnaires », a-t-elle martelé. Elle a aussi corrigé le tir : « Je n’ai fait aucune menace à quiconque », a-t-elle affirmé. Dimanche, lors de son meeting à Nantes (Loire-Atlantique), Marine Le Pen avait mis en garde les fonctionnaires qui se livreraient à des pratiques illégales sous la pression du pouvoir. Son entourage assurait hier que ces propos s’adressaient aux hauts fonctionnaires.

Valérie Hacot

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

François Fillon «reporte» à la dernière minute sa visite au Salon de l’agriculture

Attendu à huit heures ce mercredi matin, le candidat des Républicains a fait savoir dans un communiqué qu’il ne se rendrait pas à la Porte de Versailles. Selon nos informations, il devrait s’expliquer sur cette absence vers midi.

La nouvelle a surpris tout le monde. Alors qu’il était attendu au Salon de l’agriculture (SIA) ce mercredi matin, François Fillon a fait savoir à la dernière minute qu’il ne se rendrait finalement pas à la Porte de Versailles. «La visite est reportée. Le nouveau rendez-vous sera communiqué ultérieurement», a-t-il été annoncé aux journalistes sans plus d’explications. C’est la première fois qu’un responsable politique de cette ampleur annule sa visite sur cet incontournable Salon.

Mardi soir, un intime du candidat assurait pourtant au Figaro que sa visite serait bel et bien maintenue malgré l’accueil houleux que certains lui promettaient sur place. Selon nos informations, celle-ci aurait d’ailleurs dû se dérouler «en deux temps». François Fillon était en effet censé visiter le Hall 1 (des animaux) ce mercredi – de l’ouverture du Salon jusqu’à 15 heures -, puis le Hall 2 (du pôle végétal) vendredi. Impossible de savoir, à cette heure, si ce programme sera maintenu tel quel.

Réunion au QG avec Bertrand et Le Maire

Sur place, les équipes du candidat, prêtes à l’accueillir, ont assuré qu’elles n’avaient pas été prévenues et n’avaient reçu aucune information supplémentaire. Idem concernant l’ancien ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, qui se rend sur le Salon presque tous les jours et était «venu aujourd’hui pour accompagner François Fillon». «Je ne suis au courant de rien, vous me l’apprenez», a-t-il assuré, interrogé sur l’absence du candidat dès son arrivée.

Contacté par Le Figaro, un très proche de l’ancien premier ministre assure qu’il «va s’exprimer dans la matinée, vraisemblablement vers midi». «Cette déclaration devrait, en principe, se faire au QG de campagne», indique-t-on encore, tandis que Xavier Bertrand et Bruno Le Maire viennent à l’instant de se rendre rue Firmin Gillot. Détail pour le moins symbolique: ce local est situé dans le XVe arrondissement de Paris… à quelques centaines de mètres environ du Salon.

La sécurité du Salon en question

Président de l’interprofession de la filière porc (Inaporc), Guillaume Roué était censé rencontrer François Fillon ce mercredi matin avant l’ouverture du Salon. «Les agriculteurs aiment le débat et la confrontation un peu musclée mais pas le chahut, pas de la part de représentants des professionnels. Fillon n’est pas le genre à se débiner pour un peu de chahut. Quand on aspire aux plus hautes fonctions, on ne craint pas ce type de manifestation», s’est-il étonné auprès du Figaro.

Selon le JDD , l’absence de François Fillon serait liée à une «convocation par les juges d’instruction». Ce que niaient plusieurs proches dans la matinée, invoquant plutôt les conditions de sécurité du Salon. Un responsable des forces de l’ordre assurait pourtant dans le même temps que «toutes les dispositions avaient été prises pour assurer la sécurité» de François Fillon sur place. «Sa visite s’est passée de manière tout à fait normale mardi au SIMA, où il est arrivé tôt le matin et reparti à 15 heures», insistait-on d’ailleurs.

L’annulation de ce mercredi n’est pas la seule modification inopinée de l’agenda de François Fillon, dont la campagne est devenue quasi-impossible à mener depuis les révélations sur les emplois présumés fictifs de ses proches. Mardi, le comité stratégique de campagne, prévu en fin d’après-midi, a ainsi été annulé et reporté à la semaine prochaine. L’équipe de campagne s’est ensuite réunie autour du candidat dans la soirée, pour une réunion qui se serait terminée tard dans la nuit.

VIDÉO – http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/01/35003-20170301ARTFIG00066-francois-fillon-reporte-a-la-derniere-minute-sa-visite-au-salon-de-l-agriculture.php

 

Jean-Baptiste Garat et Eric de La Chesnais

 

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 01/03/2017

Avec le Brexit, le spectre d’une nouvelle frontière hante les deux Irlande

 

Londonderry

Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée

La réintroduction inéluctable d’une frontière entre les deux Irlande est perçue avec crainte par de nombreux Irlandais du Nord. Elle menace aussi bien les échanges économiques entre les deux sœurs voisines que la paix, si difficilement acquise en 1998 après trente ans de conflit.

Un paysage hivernal grisâtre, aspergé de bruine, défile le long de la route de Buncrana. Depuis environ trois kilomètres, la voiture a quitté la limite de Derry/LondonDerry, la principale ville du nord-ouest de l’Irlande. Au milieu d’une ligne droite, deux panneaux de chacun des côtés de la route annoncent la nouvelle limite de vitesse : 100 km/h. Fini donc les miles par heure. La couleur du marquage au sol de la chaussée a aussi changé : elle est passée du blanc au jaune. Et c’est tout. Voilà comment 20 000 véhicules traversent quotidiennement ce point de la frontière entre la république d’Irlande et l’Irlande du Nord.

Ce passage sans entrave est sérieusement remis en cause par le vote du 23 juin dernier des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Et par les choix politiques énoncés depuis lors par leur Première ministre Theresa May. Lors de son grand discours sur le Brexit le 17 janvier, elle a indiqué sa volonté de sortir de l’union douanière de l’UE car celle-ci « nous empêche de négocier nos propres accords commerciaux avec d’autres pays ».

Depuis, le Premier Ministre irlandais Enda Kenny multiplie les déclarations pour assurer que « le gouvernement irlandais s’opposera à une frontière physique et défendra le libre mouvement sur cette île ». Une agitation sans doute à l’image de son impuissance et de l’inéluctabilité du retour d’une délimitation physique. Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée.

Frontière fluide. La forme que prendra le contrôle des frontières demeure inconnue. Grâce aux développement technologique, les autorités des deux Irlande espèrent le maintien d’une frontière aussi fluide que possible, voire invisible pour affecter le moins possible leurs 3 milliards d’euros de commerce bilatéral. Cela n’empêchera pas son existence. « Derry vit surtout grâce aux échanges locaux », indique Michael Gallagher, l’un des responsables de la stratégie économique de la ville : « D’une manière générale, toutes les activités industrielles se sont organisé des deux côtés de la frontière depuis les accords de paix. Les multinationales et les coopératives produisent par exemple leur lait au Nord et le traitent au Sud alors que c’est l’inverse avec la viande. Les flux sont incessants. »

Gabriel d’Arcy sourit jaune. A la tête de la coopérative LacPatrick, formée il y a deux ans par la fusion de deux coopératives situées de part et d’autres d’une frontière alors théorique, il inaugurera le mois prochain sa quatrième usine de traitement de lait à proximité de Derry. « Dès le Brexit effectif, nous risquons de ne plus pouvoir exporter : le Royaume-Uni ne pourra pas signer rapidement un accord commercial avec les pays africains, asiatiques et moyen-orientaux qui achètent 90 % de notre production. Notre échec serait celui de toute l’Irlande du Nord, dont l’économie est totalement dépendante de l’agriculture et de l’élevage. »

Comme tous les habitants de la région, il n’a pas oublié les Troubles, ces trente années durant lesquelles plus de 3 500 personnes ont péri et 47 000 ont été blessées, ces violences arrêtées en 1998 par l’accord de paix du vendredi saint. « Les vingt dernières années ont apporté une sorte de normalité qui a permis aux communautés frontalières de refleurir », rappelle-t-il. « Outre qu’elle mettrait en danger les milliers emplois de nos salariés et de nos fournisseurs, le retour d’une frontière recréerait une séparation en Irlande et pourrait ainsi mettre en péril la paix. »

Eloignement. En se promenant dans la partie fortifiée de la ville, longtemps réservée aux protestants, majoritairement favorables à la préservation de l’union avec la Grande-Bretagne, Michael Cooper, élu municipal Sinn Fein, maudit le Brexit. « De nombreux unionistes ont voté en faveur du Brexit pour obtenir la réintroduction d’une frontière en Irlande, grommelle ce républicain ardent. Elle favorisera l’éloignement des deux Etats irlandais et renforcera les liens entre l’Irlande du Nord et Londres. » L’Irlande du Nord a voté à 56 % en faveur du maintien dans l’UE.

La main posée sur le mur qui surplombe son Bogside, le ghetto catholique pauvre où furent tués par la police quatorze habitants lors du Bloody Sunday du 30 janvier 1972, il martèle le contraste entre la paranoïa des unionistes vis-à-vis de leurs partenaires de coalition et le rapprochement des deux camps sur le terrain. « Nous coopérons de plus en plus. Il m’est désormais possible de me promener dans le vrai dernier bastion unioniste de la ville sans crainte, ce qui était inimaginable il y a dix ans. » Les rues ont gardé la plupart de leurs peintures murales, souvenirs du conflit. Elles sont pourtant aujourd’hui la preuve qu’un nouvel avenir est possible pour ce coin du monde autrefois explosif.

Tristan de Bourbon

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Revue de presse du MEDEF IDF du 28 février 2017

2017-04-05T09:04:12+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 28/02/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 28/02/2017

Le nouveau portrait-robot du travailleur indépendant

Le nombre de travailleurs indépendants a été divisé par deux depuis les années 1970, du fait notamment de l’essor de la grande distribution et la disparition des petites exploitations agricoles. Les autoentrepreneurs et l’émergence des plates-formes collaboratives ont fait naître une nouvelle génération.

Voici le portrait-robot du travailleur indépendant d’aujourd’hui. C’est un homme (à 66 %), âgé de 46 ans, diplômé, dans le secteur des services. Si on exclut du compte les autoentrepreneurs et les agriculteurs, il exerce de plus en plus fréquemment sous forme sociétaire (45 %) et il gagne 38.280 euros par an. Une fois sur dix ses revenus sont nuls ou négatifs. Il prendra sa retraite après avoir travaillé quelques mois de plus qu’un salarié, pour une pension de 1.170 euros par mois (contre 1.280 euros en moyenne pour un salarié).

Dans un rapport publié récemment sur les 2,8 millions de travailleurs indépendants que compte la France, le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFiPS) éclaire la révolution tranquille en cours depuis quarante ans. En 1970, deux emplois sur dix (20,8 %) étaient non-salariés, contre un sur dix en 2014 (10,6 %). Le point bas a été atteint au début des années 2000, avec seulement 2,2 millions d’indépendants. Depuis 2003, ils sont 500.000 de plus.

Remodelage de l’économie

Le recul des indépendants est allé de pair avec le remodelage de l’économie. Leur nombre dans l’agriculture a été divisé par cinq, fondant avec le nombre d’exploitations et la croissance du salariat. Les agriculteurs sont encore souvent indépendants, à 63 %. Mais ils ne pèsent plus que 15 % de l’emploi non-salarié, alors qu’ils formaient la moitié du bataillon il y a vingt-cinq ans.

Après l’exode rural, l’autre grand moteur du changement a été la mue du secteur tertiaire : les commerçants ont été remplacés par des chefs de rayon et des caissiers de supermarché. Résultat, seuls 9 % des travailleurs du tertiaire sont indépendants aujourd’hui contre quasiment le double en 1970.

On note également l’essor de l’exercice sociétaire. Plus de la moitié des agriculteurs font désormais ce choix, en créant une EARL ou un GAEC. Les médecins libéraux se regroupent aussi, avec une multiplication par treize du nombre de sociétés d’exercice libéral entre 2000 et 2010. Ces créations d’entreprises favorisent le salariat, parfois même pour le créateur lui-même. En 2011, on estimait ainsi que 168.000 indépendants de fait pointaient au régime général : dirigeants de SA ou de SAS, gérants minoritaires de SARL, gérants non associés de SNC, dirigeants de GIE.

Un million d’autoentrepreneurs

Si les indépendants reviennent en grâce, c’est à cause de la crise, qui a forcé nombre de Français à créer leur propre emploi, et de l’apparition en 2009 du statut d’autoentrepreneur. Il sont un million à bénéficier de ce régime social simplifié à condition de ne pas engranger trop de chiffre d’affaires. Ceux qui sont actifs gagnent seulement 5.280 euros par an. Par conséquent, en 2006-2012, le revenu moyen des indépendants a baissé de 15 % en euros constants en moyenne. Hors auto-entrepreneurs, il a progressé de 1,3 %.

Enfin, l’arrivée des plates-formes collaboratives a braqué le projecteur sur les nouvelles formes d’emploi précaire ou à la lisière du salariat. Le nombre de travailleurs affiliés aux plateformes « pourrait être supérieur à la seule estimation aujourd’hui disponible de 200.000 », selon le HCFiPS. Ce dernier relève toutefois que le non-salariat n’a pas été le seul à muter. Le salariat a crû, mais en tolérant une proportion croissante de contrats à durée déterminée, de contrats aidés, d’intérim et d’apprentissage  : de 1982 à 2014, la part de ces emplois fragiles est passée de 5 % à 12 % du total.

Solveig Godeluck

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Les risques de l’extension de l’assurance-chômage

Pour éviter les effets d’aubaine du projet de Macron, une durée minimale d’activité serait imposée aux indépendants, ainsi qu’un plancher de rémunération.

« Aller vers une assurance-chômage universelle… » Cette proposition très populaire d’Emmanuel Macron repose sur l’idée qu’il faut supprimer les différences de traitement selon le statut des actifs face au risque de chômage. Comment ne pas penser aux chauffeurs de VTC, dont certains se retrouvent coincés avec une rémunération insuffisante car sans revenu de remplacement en cas d’abandon de leur activité ? La proposition du président d’En marche peut séduire à l’heure de l’ubérisation : elle ouvrirait droit pour les VTC à une indemnisation alignée sur celle des salariés. Celle-ci serait, en effet, étendue aux travailleurs indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs. Et pour zéro euro. Comme les salariés, les non-salariés ne paieraient pas de cotisations, les contributions de tous les actifs étant transférées sur la CSG, précise un proche d’Emmanuel Macron.

Si on ne chiffre pas le surcoût du dispositif, dans son entourage, on souligne que, comme l’élargissement de l’accès à l’assurance-chômage aux démissions, son extension aux actifs non assurés aujourd’hui par l’Unédic serait financée par les économies générées par l’amélioration de l’efficacité du régime, et en particulier du contrôle des chômeurs.

Une question d’équité

Le dispositif encore en cours d’élaboration suscite cependant une interrogation en termes d’équité côté financement entre les dirigeants et leurs salariés. Car, a priori, seules les rémunérations des seconds donneraient lieu au versement de la cotisation patronale par l’entreprise que compte maintenir Emmanuel Macron en complément de la CSG. Alors même qu’aujourd’hui, assurer des dirigeants contre le risque de perte d’emploi coûte entre 3 % et 4,28 % de la rémunération brute via la GSC, le régime facultatif qu’ont créé les organisations patronales en 1979 (« Les Echos » du 27 février). En Suède, où les travailleurs non salariés sont aussi couverts par un régime de base d’assurance-chômage obligatoire et où il n’y a pas de cotisation salariale pour financer le régime des salariés, les non-salariés paient une cotisation. A noter qu’elle est bien plus faible que celle des entreprises pour leurs salariés (0,10 % contre 2,64 %).

En l’absence de contribution directe des non-salariés – comme des salariés – au financement des prestations, l’instauration d’un régime universel d’assurance-chômage comporte par ailleurs un risque d’effet d’aubaine. « L’élargissement aux non-salariés, c’est un peu comme si vous pouviez assurer votre voiture gratuitement puis y mettre le feu et être indemnisé », explique un fin connaisseur de l’assurance-chômage. Cet « aléa moral » concerne cette fois-ci plutôt les entrepreneurs individuels que les chefs d’entreprise employant des salariés, dont on imagine mal qu’ils mettent la clef sous la porte sans raison majeure. Pour éviter cet effet d’aubaine, il est prévu d’imposer aux travailleurs indépendants une durée minimale d’activité assortie d’un plancher de rémunération dont les niveaux sont en cours d’arbitrage, souligne-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

Leïla de Comarmond

 

 

LA TRIBUNE – 28/02/2017

L’emploi intérimaire continue de progresser

 

L’emploi intérimaire continue de progresser en janvier avec 8% d’intérimaires de plus qu’il y a un an.

Mais il n’est pas certain que ce mouvement conduise à terme à de l’emploi stable.

 

Sur un an, le nombre d’intérimaires a progressé de 8% en janvier. Tous les secteurs sont concernés.

Dans l’intérim, la hausse de l’emploi continue en janvier, même si cette progression marque un peu le pas. D’après le dernier baromètre de Prism’emploi – l’organisation professionnelle qui regroupe les entreprises de l’intérim-  après une progression de 13,3% en décembre (sur une année), la croissance de l’emploi intérimaire est demeurée solide en janvier avec une hausse de 8%. Un signe supplémentaire que la situation du marché du travail connaît un lent redressement.

Davantage d’intérimaires dans tous les secteurs

Signe encourageant, tous les secteurs sont orientés à la hausse: la palme revient à l’industrie qui voit le nombre de ses intérimaire croître de 9,4%. Dans les transports, la hausse atteint 8,8% (après 14, 3% en décembre). Dans le BTP et les services, les progressions sont respectivement de 7,6% et 6,4%. Enfin, le commerce enregistre une hausse plus modeste de 3,1%.

S’agissant des métiers, ce sont les plus qualifiés qui soutiennent la croissance: les cadres et les professions intérimaires (11,8%) et les ouvriers qualifiés (11,3%).

Bon pour l’emploi durable?

Certes, si l’on continue de considérer que l’intérim constitue un indicateur avancé de l’emploi, cette bonne santé de ce secteur peut alors en effet être considérée comme une bonne nouvelle. A terme, en effet, si la croissance le permet, cet emploi intérimaire est susceptible de se transformer en emploi stable.

Mais il n’est plus certain que cette thèse soit encore évidente. La généralisation des contrats très courts et l’explosion du nombre des CDD semblent constituer un phénomène en phase de  pérennisation; un nouveau mode de gestion des entreprises qui ne veulent pas prendre le risque de recruter sous des contrats durables. Dans ce contexte, il n’est donc pas certain, à terme, même en cas de bonne tenue de la croissance, que l’emploi intérimaire se transforme en emploi durable.

Jean-Christophe Chanut  

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 28/02/2017

La SNCF est revenue aux bénéfices en 2016 mais son modèle économique reste fragile

La rentabilité du TGV continue de baisser. La dette a encore augmenté de 3 milliards d’euros en 2016

Comment va la SNCF ? En apparence mieux qu’il y a un an. La compagnie ferroviaire nationale a présenté, lundi 27 février, des comptes 2016 bénéficiaires de 567 millions d’euros, à comparer avec la perte abyssale de 12 milliards qui avait marqué l’année 2015. L’entreprise publique avait dû intégrer dans son bilan une dépréciation d’actifs, à cause, en particulier, de la dégradation du réseau ferré français.

A première vue, ces mauvais comptes appartiennent au passé. Le chiffre d’affaires de 32,2 milliards d’euros pour 2016 ressort en croissance de 2,8 %, le nombre de voyageurs transportés par toutes les sociétés du groupe a dépassé pour la première fois les 13,5 millions de passagers transportés.

Le développement existe donc et il est d’autant plus méritoire qu’il intervient dans le contexte d’une année difficile, marquée par le contrecoup des attentats, la grève liée à l’organisation du travail (jusqu’à 80 % de grévistes de fin mai à début juin), les inondations catastrophiques du printemps et une récolte céréalière historiquement faible.

La SNCF estime à 700 millions d’euros le manque à gagner dû à ces événements. Dans un tel contexte, réaliser un demi-milliard de profits est une jolie performance. « Dans un environnement difficile, 2016 marque le retour d’une croissance organique et d’un chiffre d’affaires rentable », souligne Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance du groupe.

Pourtant, à y regarder de près, les comptes publiés ne sont pas si rassurants. A commencer par la rentabilité de SNCF Mobilités. Cette branche constitue le cœur du groupe (le transport par train). Elle génère l’essentiel du chiffre d’affaires et les plus substantiels profits. Or, la marge opérationnelle de Mobilités est en baisse continue. Elle est passée de 9,2 % du chiffre d’affaires en 2013, à 7,5 % l’an dernier.

« Réduire les coûts pour faire baisser les prix »

« Il nous manque deux points de marge, reconnaît Guillaume Pepy, président du directoire de la SNCF. Il n’y a qu’une façon de les regagner : réduire les coûts pour faire baisser les prix. » Le patron des cheminots met en avant les efforts de productivité accomplis cette année : optimisation des achats, lutte contre la fraude, baisse des coûts de production et de structure. Au total, SNCF Mobilités et SNCF Réseau (qui gère l’infrastructure ferroviaire) ont réalisé des gains de productivité de 825 millions d’euros en 2016, supérieurs aux objectifs de 750 millions. Et sans les événements imprévus de 2016, la rentabilité se serait améliorée, assure la direction.

Le souci, c’est que morosité touristique, mouvements sociaux et rails inondés n’expliquent pas tout. Il y a un problème structurel et il porte un nom : le modèle TGV. Le vaisseau amiral du groupe public prend l’eau. En témoignent les résultats pour le moins médiocres de Voyage SNCF – autrement dit tout ce qui n’est pas trains régionaux et trains de banlieue –, dont la marge opérationnelle s’est effondrée de 11,7 % en 2015 à 8,5 % l’an dernier. La baisse du trafic TGV a atteint environ 3 % en 2016. Sur les 20 millions de « trains-kilomètres » manquants en 2016 par rapport à 2015, 10 millions sont imputables aux événements, le reste à des difficultés structurelles.

« Remise à plat du modèle TGV »

Le voyage en train, avec son fer de lance, la grande vitesse, doit faire face à la concurrence agressive de nouveaux modes à très bas coût : covoiturage, aérien low cost, cars Macron. Résultat : pour ne pas se laisser distancer, la SNCF multiplie les offres à prix attractifs. Et avec succès. Si on gomme l’effet grèves, le TGV a attiré plus de voyageurs en 2016 qu’en 2015 (+ 1,9 %), grâce à ses nouvelles propositions tarifaires comme TGV Pop (billets à bas prix de dernière minute). Plus globalement, l’ensemble des offres Oui (Ouigo, Ouibus, Ouicar) a généré 76 % de voyageurs supplémentaires en 2016. L’offensive commerciale maintient les parts de marché… mais au détriment de la rentabilité. Une vraie quadrature du cercle financier.

Et il y a plus grave. Les nouvelles lignes TGV vont non seulement être beaucoup moins rentables, mais elles pourraient se révéler déficitaires. « Certains péages ne sont plus soutenables, assure M. Pepy. Nous avons dû inscrire au budget 2017 une perte de 90 millions d’euros sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique pour une demi-année d’exploitation. » En cause, le modèle économique (des partenariats public-privé) qui implique un retour sur investissement mettant sous pression financière la SNCF. Pour Guillaume Pepy, « une remise à plat du modèle TGV » paraît inévitable.

Ce déclin est d’autant plus problématique que la SNCF s’est lancée dans un vaste programme destiné à redonner du lustre aux voies ferrées françaises. « Notre priorité stratégique, c’est l’investissement dans la rénovation du réseau ferré structurant, le plus circulé, précise Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau et vice-président du directoire du groupe. Il a été le grand oublié de ces dernières années, délaissé au profit des lignes à grande vitesse. » Sur les 8,6 milliards investis par l’entreprise en 2016, 5,2 l’ont été par SNCF Réseau, dont près de 3 milliards pour la seule rénovation.

Quelques vraies bonnes nouvelles

Tout ceci se fait dans un contexte financier ultra-contraint. La dette de la partie Réseau a encore augmenté de 2,68 milliards d’euros. Elle atteignait, au 1er janvier, 44,94 milliards. La stratégie de désendettement n’est pas encore en place : elle passe en théorie par une règle d’or qui interdira à l’entreprise de se lancer dans un projet non financé au préalable, et par une amélioration de la performance de SNCF Réseau censée rapporter 500 millions d’euros par an dès 2020 et 1,2 milliard à terme en 2027.

On n’y est pas encore. En 2016, le plan de performance de la branche Réseau a généré 248 millions d’euros d’économies. Surtout, la SNCF a encore dû financer elle-même un certain nombre de projets, généralement sous pression politique, comme l’illustre l’affaire Alstom-Belfort.

Il y a quand même quelques vraies bonnes nouvelles. On les déniche dans les résultats des filiales opérant à l’international. L’opérateur de transport public Keolis, qui a franchi le seuil de 3 milliards de voyageurs en 2016, améliore sa marge opérationnelle de 13 %.

Encore mieux : SNCF Logistics apporte 200 millions d’euros de rentabilité opérationnelle supplémentaire au groupe, portée par les performances de Geodis en Europe et en Amérique du Nord. C’est précisément une acquisition de Geodis aux Etats-Unis, qui permet au chiffre d’affaires du groupe d’apparaître en hausse. Sans cela, les ventes auraient reculé de 1,5 %. Malgré les difficultés du fret en France, la logistique apporte désormais à la SNCF un tiers de son activité.

Éric Béziat

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Le groupe Eram veut vendre Tati, le pionnier des bas prix

Le spécialiste des vêtements à petits prix a creusé ses pertes en 2016. 1.720 emplois sont en jeu.

Tati, la célèbre enseigne pionnière du discount textile, est à vendre. Son propriétaire, le groupe Eram, a décidé de céder ce spécialiste des vêtements à petits prix, fondé il y a près de 70 ans, et qui n’a cessé de creuser ses pertes ces dernières années, comme l’a révélé le site boutique2mode.com. Un mandat a été confié a une banque d’affaires pour trouver un repreneur à Agora- la filiale du groupe Eram dans laquelle est logé Tati- et éviter un drame social. Ce pôle discount, qui compte aussi les marques Giga Store et Fabio Lucci, également en vente, regroupe pas moins de 1.720 salariés et 140 magasins. Une nouvelle menace, après la faillite du géant Vivarte.

Depuis la crise de 2008, et les difficultés persistantes du marché de l’habillement, Tati a vu les nuages s’accumuler. L’arrivée en France de nouveaux concurrents, avec des prix cassés, et des produits plus attractifs, comme Primark, a aussi précipité la chute. Sans parler l’an dernier, des caprices de la météo, conjugués aux menaces d’attentat.

Une image vieillissante

Agora, dont l’enseigne au vichy rose est la principale contributrice, a ainsi vu, selon nos informations, sa perte nette s’alourdir à 54 millions d’euros en 2016 (contre près de 37 millions en 2015) pour 346 millions d’euros de ventes. Le groupe Eram, connu aussi pour ses marques Gemo, Mellow Yellow ou Heyraud (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) a donc décidé de s’en séparer. L’entreprise familiale, toujours contrôlée par la famille Biotteau, avait déjà mandaté une banque d’affaires en 2015. Mais la seule offre provenant d’un fonds avec à la clef de lourdes conséquences sur l’emploi, avait fait reculer son propriétaire. Finalement, le processus a été relancé l’an dernier pour l’instant sans résultat.

Tati, créée en 1948 à Barbès par Jules Ouaki, est restée une enseigne mythique, mais avec une image vieillissante face à des enseignes de mode a bas prix comme H&M ou Zara. Eram avait décidé de la relancer en créant ses propres collections, alors que l’enseigne avait bâti son succès sur le déstockage, avec des articles pas chers présentés en vrac. Elle a conservé une offre large de vêtements et d’accessoires pour hommes, femmes et enfants. ainsi qu’un rayon mariage, ou encore des produits pour la maison. Ses prix étaient restés abordables, avec un tarif moyen de 5 euros. Le groupe Eram n’avait pas hésité a investir en ouvrant une centaine de magasins en dix ans, portant le réseau à 130 points de vente. Le plus grand Tati de France étant inauguré en 2014 à Créteil. Tati avait aussi fait le pari d’internet pour se développer.

Ce come back avait commencé à porter ses fruits puisque le roi français du « pas cher » avait redressé la situation à partir de 2011, parvenant presque à l’équilibre en 2013, avant de replonger dans le rouge. Pour se relancer, l’enseigne née dans le quartier de Barbès à Paris avait aussi tenté de s’exporter. A partir de 2014, elle avait commencé à ouvrir des points de vente aux Émirats arabes unis, à Bahreïn, en Arabie Saoudite et en Algérie, toujours en visant une clientèle populaire qui avait fait son succès.

Dominique Chapuis

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Dernière ligne droite pour mettre d’accord distributeurs et fournisseurs

Les traditionnelles négociations commerciales pour les tarifs 2017 se terminent ce mardi soir à minuit. Encore une fois, les industriels ont dénoncé des demandes irraisonnées de la part des grandes enseignes.

La journée s’annonce longue du côté des box de négociations. Si en 2016, industriels et fournisseurs ont eu 24 heures de plus pour boucler les négociations tarifaires, cette année, elles se termineront comme l’exige la loi le 28 février à minuit. Et comme tous les ans depuis une décennie, les industriels ont donné cette année de la voix pour dénoncer un rapport de force inégalitaire face aux géants de la grande distribution regroupés en quatre supercentrales (Système U-Auchan, Casino-Intermarché, Carrefour-Cora et Leclerc), et les 15.000 acteurs de l’agroalimentaire qui maillent la France.

Dans ce traditionnel rapport de force: un mot était sur les lèvres de tous les représentants des industriels: «déflation». Que ce soit chez les 70 géants de la grande distribution regroupés au sein de l’Ilec (Nestlé, Danone, Ferrero, Heineken…), chez les groupes coopératifs (Coop de France), ou encore chez les 15.000 membres de l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires (Ania), tous ont dénoncé des demandes systématiques de baisses tarifaires de la part des enseignes. «La négociation ne se fait que sur les prix, et pas sur les produits», déplorait encore lundi midi Dominique Chargé, le président de Coop de France alimentaire, en marge du Salon de l’Agriculture qui se tient actuellement à la Porte de Versailles à Paris.

Flambée des matières premières

Quelques semaines plus tôt, l’Ania avait dénoncé ces mêmes phénomènes, qu’elle estimait d’autant moins légitimes dans un contexte de forte hausse des matières premières (+22% sur le porc depuis un an, +60% sur le saumon, +16% sur l’huile d’olive, +55% sur le beurre…). «À minima, on nous demande de ne passer aucune hausse, mais dans la majorité des cas, ce sont des demandes de déflation, explique Jean-Philippe Girard. Certaines enseignes veulent changer, et être plus respectueuses, mais dans les faits, c’est toujours aussi tendu». Le dirigeant dénonce notamment des pénalités de retard de plus en plus systématiques et «pointilleuses». Du côté de l’Ilec, on souligne aussi certains comportements plus vertueux, notamment dans le moindre recours aux menaces de déréférencements sauvages, mais aussi la sourde oreille faite aux demandes de hausses tarifaires. Un constat corroboré par une récente étude de Coop de France (40% de l’agroalimentaire français) dans laquelle sur les 80% de répondants concernés par la hausse des matières premières, seuls 10% ont eu un accompagnement tarifaire de la part de leur client distributeur.

Au final, Coop de France estime que sur les grandes marques, les baisses tarifaires exigées allaient encore, 48 heures avant la fin des négociations, de 2 à 4%. Inacceptable alors que les prix devraient en moyenne être augmentés de 5% pour compenser l’impact des matières premières, selon cette dernière. Alors qu’après Carrefour, la répression des fraudes est sur le point d’envoyer une assignation à une enseigne pour des pratiques commerciales frauduleuses pendant les négociations 2016, les deux prochaines nuits devraient être longues.

Olivia Détroyat

 

 

LE PARISIEN – 28/02/2017

Airbnb veut installer une limite automatique à 120 nuitées à Paris

 

Emmanuel Marill explique qu’« un hôte loue 33 nuitées par an en moyenne dans la capitale »en utilisant Airbnb.

Emmanuel Marill, le nouveau directeur général de la plate-forme de location de logements en France, propose un nouvel outil pour éviter les abus dans la capitale. 

Emmanuel Marilla pris les commandes d’Airbnb France en septembre. Avec 8 millions d’utilisateurs dans l’Hexagone, la plate-forme de location de logements entre particuliers suscite les critiques des hôteliers, des syndics de copropriété ou même du fisc qui lui reprochent entre autres de fausser la concurrence et d’encourager la fraude. Le nouveau patron s’en défend et annonce en exclusivité une proposition pour améliorer la réglementation.

Ces derniers mois, Airbnb semble jouer au bon élève pour apaiser les tensions…

EMMANUEL MARILL.Nous avons un rôle à jouer pour améliorer la législation. Nous l’avons fait en 2015, lorsqu’on s’est mis à collecter la taxe de séjour pour la mairie de Paris. D’ici la fin de l’année, nous le ferons pour toutes les villes (lire ci-dessous). Aujourd’hui, nous avons une nouvelle proposition pour limiter la fraude.

Que suggérez-vous ?

Nous voulons installer sur notre plate-forme une limite automatique à 120 nuitées (le maximum légal) pour les 50 000 hôtes parisiens. S’ils ont des autorisations pour louer davantage — parce que ce sont des professionnels, qu’ils sont mutés pendant six mois, qu’ils ont un bail touristique… —, ils pourront décocher sur l’honneur cette limite automatique.

Quel est l’objectif ?

La mairie de Paris dispose de 25 agents pour réaliser des contrôles. Malgré les fantasmes — un hôte loue 33 nuitées par an en moyenne dans la capitale –, nous proposons ce dispositif pour cibler les contrôles. Nous pourrions transmettre à la mairie les contacts des hôtes qui louent plus de 120 nuits afin d’affiner les recherches de fraudes.

Quand pensez-vous pouvoir lancer cette option ?

La balle est dans le camp de la Ville de Paris. Nous discutons depuis des semaines. En cas d’accord, il nous faudra environ trois mois pour démarrer.

Comptez-vous le déployer partout en France ?

Non. il est adapté à Paris où il existe de grands débats sur le logement.

Les syndics s’agacent des nuisances des touristes Airbnb. Que répondez-vous ?

Le nombre de plaintes pour tapage nocturne lié à Airbnb reste infime. Cela dit, nous avons créé un « outil de voisinage » pour signaler qu’il y a des nuisances dans une copropriété. Et nous expliquons régulièrement à nos voyageurs étrangers qu’à Paris, les cloisons sont fines, les parquets grincent…

Airbnb pratique l’optimisation fiscale et paie peu d’impôts en France. Comprenez-vous que cette attitude puisse choquer ?

Je peux le comprendre. Mais c’est une vision biaisée car sur une nuitée à 100 €, 97 € restent dans la poche de l’hôte français. Et nous payons des millions d’euros de TVA. Enfin, depuis deux ans, nous aidons nos hôtes à déclarer leurs revenus en leur envoyant un rappel fiscal.

En 2019, les données fiscales seront envoyées par les plates-formes aux impôts. Qu’en pensez-vous ?

La loi a été votée et nous restons en contact avec Bercy. Après, est-ce que nos hôtes ont intérêt à ce que nous transmettions leurs données directement à l’administration fiscale ? C’est une vraie question. Et je m’interroge aussi sur la dimension égalitaire de cette nouvelle loi…

C’est-à-dire ?

Si on étouffe les plates-formes avec trop de réglementations, on risque de voir les hôtes basculer vers des plates-formes de petites annonces où il y a moins de garanties que chez nous. Et plus de fraudes !

18 000 villes vont percevoir la taxe de séjour d’Airbnb

C’est un petit effort pour Airbnb. Mais une grande victoire pour les villes. Après Paris et Chamonix en 2015, 19 communes se sont partagées, en 2016, 7,3 M€ de taxe de séjour collectée par la plate-forme de location de logements Airbnb auprès de leurs hôtes. D’ici le printemps, l’ensemble des 18 000 villes qui perçoivent cette taxe sur leur territoire rejoindra le club des bénéficiaires.

« Les sommes ne sont pas colossales, autour de 9 000 € par an, prévient Laurent Bellanger, le directeur général des services de Deauville (Calvados). Mais la démarche est hautement symbolique ! » Idem à La Baule (Loire-Atlantique), où la taxe de séjour perçue auprès des voyageurs Airbnb est estimée à 20 000 €. « Mais cela fait des mois que nous relancions la plate-forme, grogne Xavier de Zuchowicz, l’adjoint au maire chargé du commerce. Pour nous, c’est un signal fort à envoyer à nos hôteliers et campings qui dénonçaient à juste titre une concurrence déloyale. »

Aurélie Lebelle, Matthieu Pelloli et Odile Plichon

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Emploi : les énergies renouvelables ne sont pas l’eldorado annoncé

INFOGRAPHIE – Pas de doute, la transition écologique est en route, mais les créations d’emplois restent plutôt modérées.

La transition énergétique, quelle transition énergétique? Pour de nombreux observateurs, c’est une véritable révolution qui se dessine, portée à la fois par l’héritage de la COP21 et la prise en compte de l’urgence climatique. Deux vecteurs en particulier contribuent à ce mouvement: d’une part, l’essor des énergies renouvelables, d’autre part, le développement de l’efficacité énergétique (pilotage des installations, mobilité électrique, rénovation de l’habitat, transformation digitale…). Ces mutations exerceraient un très fort impact sur l’emploi: selon l’Irena – l’Agence internationale des énergies renouvelables -, plus de 8 millions de personnes dans le monde travailleraient déjà dans ce secteur. Et ses projections sont dynamiques, avec le chiffre de 24 millions évoqué à l’horizon de 2030.

À l’échelle – plus modeste – de la France, Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, a annoncé que la transition écologique créerait plus de 100.000 emplois sur trois ans. En 2007, le Grenelle de l’environnement annonçait 600.000 postes sur la période 2009-2020. Mais que valent exactement ces estimations ambitieuses? La crédibilité de la croissance verte est au prix de la vérité des chiffres, et de leur décryptage sur le plan opérationnel.

Un bilan nuancé en France

La France n’a pas attendu la loi de transition énergétique (votée en 2015) pour commencer à comptabiliser les emplois dans ce domaine. Dès 2006, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a démarré un comptage précis. Selon les dernières statistiques, les énergies renouvelables emploient quelque 80.000 personnes contre 59.000 en 2006. À titre de comparaison, le nucléaire recense 220.000 salariés et 174.000 pour le gaz. Le charbon n’a pas disparu de la circulation, avec environ 5000 emplois.

De son côté, l’efficacité énergétique regroupe quelque 230.000 postes (environ 137 000 travaillant sur le résidentiel et 93 000 dans le transport), contre 120.000 dix ans auparavant. «Pour les énergies vertes, autant les emplois liés àl’exploitation progressent régulièrement, autant ceux relevant de l’installation subissent des variations sensibles, explique Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables, à cela une bonne raison: plus le contexte réglementaire est favorable à la construction de nouvelles infrastructures, plus on embauche. Et le contraire se vérifie de la même manière.»

La filière solaire illustre bien ce phénomène de stop-and-go: au début des années 2010, le moratoire décrété par le gouvernement – c’est-à-dire l’interruption des dispositifs de tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque – a eu «un impact dévastateur» selon les termes de Daniel Bour, le président du groupe Générale du solaire: «On considère que le secteur a perdu près de 60 % de ses effectifs entre 2011 et 2013, passant de 25.000 à 10.000 emplois en moins de deux ans.»

Jean-Louis Bal n’en fait pas mystère: le bilan de l’emploi dans le renouvelable est mitigé, «car nous sommes victimes de trop de freins: à la fois une législation chaotique, des obstacles administratifs pour les projets d’envergure – comme l’implantation des éoliennes offshore au large des côtes françaises, victime d’une avalanche de recours – et une inadéquation entre les objectifs et les moyens à disposition.» La loi d’orientation énergétique prévoit que le renouvelable assure 23 % de la consommation énergétique en France en 2023, mais il peine actuellement à dépasser 17 %.

Dans l’efficacité énergétique, la France a été le premier pays européen à présenter son plan national d’action. C’était au printemps 2014, l’objectif étant de réaliser 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020, conformément à la directive bruxelloise. Certains chantiers sont considérés comme très porteurs, telles la transformation de l’habitat et la révolution des transports. Mais le maquis réglementaire (concernant la première) et les hésitations des industriels empêchent de parler de trajectoire exponentielle en termes d’emplois. Certains groupes, comme Engie (ex-GDF Suez), ont cependant franchi le pas. Celui-ci fédère déjà 100.000 personnes dans l’efficacité énergétique et prévoit de créer 5 700 postes supplémentaires au cours des trois prochaines années.

Une évolution contrastée dans le monde

Le monde vu sous l’angle des emplois de la transition énergétique est presque divisé en deux: les pays en voie de développement se montrent beaucoup plus dynamiques que les économies développées, en raison de leur demande énergétique plus forte et d’une production renouvelable encore plus compétitive par rapport aux énergies traditionnelles. «Notre ambition de doubler nos capacités installées d’énergies renouvelables d’ici à 2030 répond à un besoin essentiel: près de 1,5 milliard d’habitants de la planète n’ont toujours pas accès à l’électricité», illustre Antoine Cahuzac, le directeur général d’EDF Énergies nouvelles (EDF EN). Fin 2016, l’entreprise a inauguré sa plus grande ferme solaire au Chili, l’un des rares pays où l’énergie photovoltaïque ne profite d’aucun mécanisme de soutien.

Les pays émergents disposent aussi de l’avantage de construire pour le reste du monde un grand nombre d’équipements nécessaires à transition énergétique. «Mais il faut sortir ici de l’idée préconçue selon laquelle l’emploi dans le solaire serait exclusivement concentré dans des usines de fabrication de panneaux situées en Chine, souligne Daniel Bour. Ces outils représentent une part de moins en moins importante dans la valeur ajoutée totale d’une centrale solaire. Les emplois de demain sont à créer dans ce qui constitue la véritable bataille des années à venir: la gestion de l’intermittence.»

Dans l’efficacité énergétique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que l’effort est encore insuffisant pour «mettre le monde sur les rails d’un système énergétique décarboné». Certes, ses 29 pays membres ont investi quelque 221 milliards d’euros en 2015, en progression de 6 %, mais le dernier rapport de l’agence souligne la nécessité de renforcer les politiques nationales. De son côté, l’Europe table toujours sur 2 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2020.

Une nouvelle carte des investissements

C’est la question qui fâche: la progression des emplois liés à la transition énergétique entraîne-t-elle un recul des postes liés aux énergies traditionnelles? «Le “solde” entre création et destruction d’emplois de valeur associée aux orientations de ce grand mouvement est complexe à mesurer», répond immédiatement Florian Ortega chez Colombus Consulting. Le phénomène est d’autant plus difficile à analyser que la situation actuelle des énergéticiens historiques les encourage plutôt à dégraisser. «En raison des prix bas de l’énergie et des surcapacités résultant de l’essor des énergies renouvelables, le chiffre d’affaires des 15 principaux producteurs européens d’électricité a baissé en moyenne de 5 % et la rentabilité opérationnelle de 9 % sur la période 2013-2015.»

Reste que l’affectation des investissements vers le renouvelable – ou tout simplement la volonté de participer à la lutte contre le réchauffement climatique – exerce une incidence sur les autres types d’énergie. Comme le note Florian Ortega, des investisseurs institutionnels comme Axa, BNP Paribas ou Société générale ont décidé de réduire drastiquement leur exposition au charbon, voire de s’en affranchir complètement. «À partir d’une dynamique similaire, près de 20.000 emplois dans ce secteur ont été détruits aux États-Unis depuis 2012.»

En sens inverse, la transition énergétique booste la transition numérique qui sous-tend le développement des réseaux intelligents – nécessaires à l’intégration des énergies renouvelables. «L’association Think Smartgrids a calculé que le digital créerait 15.000 emplois en France d’ici à 2020, dans le double sillage du déploiement des compteurs communicants et de l’exportation d’un savoir-faire à l’étranger», précise encore le consultant. La transition énergétique peut donc avoir des effets vertueux sur l’emploi hors de ses frontières naturelles.

Un avenir en pointillé

Sur le front des emplois créés par la transition énergétique, les scénarios du futur dépendent beaucoup de la compétitivité des filières. Le photovoltaïque possède ainsi une longueur d’avance: «Non seulement les coûts baissent à une vitesse accélérée, mais c’est une énergie qui bénéficie de l’assentiment de l’ensemble des consommateurs, collectivités, entreprises et particuliers», souligne Jean-Louis Bal. Selon France Territoire Solaire, le think-tank qui regroupe la plupart acteurs du secteur, 25.000 emplois supplémentaires sont envisageables d’ici à 2023. «Une part de plus en plus importante des postes sont liés à la maintenance et constituent donc des emplois pérennes et non délocalisables», insiste Daniel Bour.

Le futur passe aussi par l’essor de filières encore embryonnaires, comme celle du gaz renouvelable. Actuellement, les 26 sites injectant du biométhane dans les réseaux ne couvrent que 0,05 % de la demande française, mais la loi de transition énergétique fixe à 10 % la consommation de gaz vert à l’horizon de 2030. Si cette montée en puissance se concrétise, les professionnels misent sur la création de 2000 à 3000 emplois directs à l’horizon de 2020. «Et si l’on considère la filière biogaz dans son ensemble, incluant l’injection et la distribution de biométhane carburant, on pourrait grimper jusqu’à 15.000 emplois en tout», souligne un industriel.

Indépendamment des grandes options énergétiques et technologiques, l’avenir de l’emploi dépend aussi du soutien des pouvoirs publics. Aujourd’hui, le renouvelable bénéficie d’un tarif de rachat mais que se passera-t-il quand les énergies vertes ne seront plus subventionnées? «C’est un faux problème, dès l’instant où une véritable fiscalité écologique est mise sur les rails, un cercle vertueux est recréé au profit de nos industries, répond Jean-Louis Bal, mais cela nécessite beaucoup de travail, à commencer par l’instauration d’un prix du carbone à l’échelon européen.»

En réalité, les partisans de la transition énergétique croient résolument en son dynamisme mais savent que les gains en termes d’emplois sont assortis de nombreuses conditions.

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE FIGARO – 28/02/2017

L’industrie française, fragilisée, s’invite dans la présidentielle

INFOGRAPHIE – Les représentants de Fillon, Hamon et Macron sont auditionnés mardi devant plusieurs organisations patronales sur leur vision du futur du secteur.

«Reconquête industrielle: maintenant ou jamais!» C’est sur cette accroche que des fédérations patronales – industries mécaniques (FIM), industries textiles (UIT), fédérations industrielles (GFI) et entreprises de taille intermédiaire (METI) – invitent ce mardi des représentants des candidats à l’élection présidentielle à s’exprimer. Ceux de François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon vont exposer la vision de leur champion sur l’industrie, la compétitivité et plus spécifiquement sur la fiscalité de la production. «Car nous sommes un des rares pays à être à ce point imposé, et ce n’est pas vertueux», souligne Vincent Moulin Wright, le directeur général du GFI.

Le secteur industriel connaît en effet, depuis trois décennies, un véritable déclin. Après avoir souffert dans les années 1990, l’industrie française a manqué le tournant de la mondialisation de son appareil productif, de la montée en gamme et de la robotisation au début des années 2000. Pénalisée par sa compétitivité, elle n’a que très peu profité des opportunités apportées par l’émergence des classes moyennes, en Asie notamment. La crise de 2008 n’a rien arrangé: les entreprises les plus fragiles n’ont pas survécu. Et les plans de réduction d’effectifs se sont accumulés.

Selon l’Insee, l’industrie manufacturière pesait 22,3% du PIB en 1970, contre deux fois moins en 2014. Certes, les entreprises industrielles ont externalisé une partie de leurs activités vers les services (R&D, marketing, distribution, nettoyage…), ce qui a fait sortir ces activités de la comptabilité manufacturière, et mécaniquement baisser le poids du secteur dans la richesse nationale. Mais cela n’explique pas tout.

Pourtant, l’industrie joue un rôle essentiel dans l’économie: elle produit toujours 266 milliards d’euros de richesse chaque année. Les produits industriels représentent plus de 96% des exportations. Et elle génère 76,6% du total des dépenses annuelles de R&D engagées par des entreprises, soit 23,5 milliards d’euros – contre 7,2 milliards pour le reste de l’économie. Enfin, l’emploi dans l’industrie a un effet multiplicateur: un emploi dans l’industrie génère trois à quatre emplois hors du secteur industriel.

Recul des parts de marché

Avec la mise en place du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) ces dernières années, mais aussi le programme d’Industrie du futur, les entreprises ont retrouvé un peu d’oxygène. Leurs marges ont retrouvé leur niveau d’avant-crise. Selon COE-Rexecode, le coût salarial unitaire a augmenté moins vite en France sur la période allant de 2012 à 2016 (de 0,8%) que dans le reste de la zone euro (3,7%) et en Allemagne (9,1%). Mais cette amélioration de la situation ne s’est pas traduite par des gains de part de marché à l’international. La part des exportations françaises de biens et services parmi celles de la zone euro a reculé en 2016: elle s’établit à 13,4%, après 13,6% en 2015. Pour mémoire, elle était de 17% en 2000.

«Il y a eu beaucoup de zigzags et les bonnes choses qui ont été mises en place ont été abîmées par de mauvaises», souligne Vincent Moulin Wright, citant l’instabilité fiscale, la mise en œuvre du compte pénibilité ou l’alignement de l’imposition du capital sur celle du travail.

Marie Visot

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Ce que proposent les candidats à la présidentielle pour sauver l’industrie française

Les représentants de plusieurs candidats exposent ce mardi leurs propositions pour redresser une industrie française fragilisée.

Les fédérations patronales – industries mécaniques (FIM), industries textiles (UIT), fédérations industrielles (GFI) et entreprises de taille intermédiaire (METI) – invitent ce mardi des représentants des candidats à l’élection présidentielle à s’exprimer. Tour d’horizon des principales propositions.

  • François Fillon: un engagement de stabilité fiscale

Le plan du candidat des Républicains s’articule autour de quelques grands axes. La suppression des 35 heures d’abord. Cette «utopie qui est restée une exception française» sera remise en cause: la loi fixera la durée maximale du «travail hebdomadaire selon la norme européenne», soit 48 heures par semaine. Les accords d’entreprise seront la norme et l’accord majoritaire s’imposera au contrat de travail. Cela«permettra de développer l’activité sans carcan juridique», plaide Fillon. La simplification du droit du travail devra aussi redonner de l’oxygène aux entreprises. Pour «rénover le dialogue social qui s’est progressivement complexifié», Fillon veut notamment relever les seuils sociaux de 10 à 50 salariés et de 50 à 100, et limiter le temps consacré au mandat syndical à 50 % du temps de travail. Parce que «les prélèvements fiscaux directs sur les entreprises sont deux fois plus élevés en France qu’en Allemagne», il compte enfin aligner le taux d’IS sur nos voisins, supprimer l’ISF et s’engager sur la stabilité fiscale une fois ces mesures prises. Mais aussi refondre la fiscalité du capital pour «réorienter l’épargne des Français vers l’investissement productif».

  • Emmanuel Macron: priorité à la compétitivité

Macron est très clair: «Il faut remettre l’industrie au cœur de notre économie, et l’homme au cœur de l’industrie.». Le candidat d’En marche! veut transformer le CICE en allégements permanents de cotisation pour les entreprises, ce qui «représentera 6 points de charges en moins au niveau du smic jusqu’à 2,5 smic». Le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) sera ramené de 33,3 % à la moyenne en Europe, soit 25 %, en cinq ans. Macron mise aussi sur un plan d’investissement de 50 milliards, pour rehausser les compétences et la montée en gamme des entreprises. 15 milliards seront consacrés aux compétences des Français, avec un plan de formation des jeunes et des demandeurs d’emploi, et 15 autres milliards iront à la transition écologique et énergétique. Enfin, il veut donner la priorité à la négociation collective, dans les branches ou les entreprises, que ce soit sur la question du temps de travail ou des salaires. «Il faut  aller plus loin que la loi El Khomri» en matière de travail, dit-il.

  • Marine Le Pen: rétablir l’État stratège

C’est notamment par le protectionnisme que la candidate du FN veut soutenir les entreprises françaises «face à la concurrence internationale déloyale». Cela passe par l’interdiction de l’importation de produits provenant de l’étranger ne respectant pas les normes imposées aux producteurs français. Ou en «se libérant des contraintes européennes» et en réservant la commande publique aux entreprises françaises si l’écart de prix est raisonnable. Marine Le Pen veut créer un secrétariat d’État dédié aux mutations économiques, rattaché à Bercy «afin d’anticiper les évolutions des formes de travail liées aux nouvelles technologies (ubérisation, robotisation, économie du partage…)». Dans ce cadre, elle veut mettre en place «un plan de réindustrialisation associant l’industrie et l’État stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative». Le FN appelle aussi à une renationalisation des sociétés d’autoroutes. La candidate prévoit, par ailleurs, d’alléger la complexité administrative et fiscale pesant sur les PME, supprimer des contraintes liées aux seuils, abaisser les charges en fusionnant tous les dispositifs d’allégements existants ou encore créer un taux intermédiaire d’IS à 24%.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2017/02/27/20002-20170227ARTFIG00290-ce-que-proposent-les-candidats-a-la-presidentielle-pour-sauver-l-industrie-francaise.php

 

Marie Visot

 

 

L’OPINION – 28/02/2017

Présidentielle, le grand n’importe quoi fiscal

La fiscalité est sur le point de revenir le devant de la scène dans la campagne : les candidats cherchent « la » mesure à même de séduire l’électorat. La réflexion de fond sur le rôle de l’impôt, elle, a encore été oubliée par les écuries présidentielles

Taxer les robots, créer 14 tranches d’impôts sur le revenu, exonérer 80 % des Français de taxes d’habitation, créer une cotisation sociale sur les produits importés… Les principaux candidats à l’élection présidentielle rivalisent d’ingéniosité pour séduire leur électorat. Mais la mesure fiscale « choc », qui fait traditionnellement l’élection en France, n’est pas encore née dans cette campagne 2017. Une chance ?

C’était le 27 février… 2012. Il y a cinq ans. Le candidat François Hollande abattait une carte décisive contre Nicolas Sarkozy en annonçant, sur TF1, une taxe de 75 % sur les salaires supérieurs à 1 million d’euros. Surprise générale dans son camp, y compris chez son conseiller économique, un certain Emmanuel Macron, qui ironisait sur ce « Cuba sans le soleil ». Mais un coup de maître. Car à cette époque, le candidat socialiste voyait celui de la droite revenir dans son sillage et Jean-Luc Mélenchon lui rogner des voix sur son aile gauche. Dès le lendemain, et jusqu’au deuxième tour de l’élection, Nicolas Sarkozy n’a jamais réussi à refaire son retard.

« Tuer le match » de 2017 avec une proposition fiscale choc ? Personne n’en parle ouvertement dans les écuries mais tout le monde y pense. Emmanuel Macron a tenté sa chance la semaine dernière, avec sa proposition de réduire la taxe d’habitation pour 80 % des ménages français qui rappelle par son côté démagogique la taxe à 75 % de son ancien mentor. François Fillon y travaille très dur avec ses équipes dans l’espoir de se relancer, en fin de semaine lors de son meeting aux Docks d’Aubervilliers. Il cherche notamment une mesure pour séduire les classes moyennes. Mais à 54 jours seulement du premier tour, tout cela donne l’impression d’une grande confusion et laisse encore les sujets de fond de côté.

Aucun des candidats ne prend par exemple soin de rappeler que l’impôt est l’un des fondements de notre pacte social car, pour être consenti, il implique que le citoyen fasse confiance à l’Etat et aux autres contribuables. Le premier pour qu’il utilise bien l’argent collecté, les seconds pour ne pas qu’ils fraudent. Aucun ne propose une vision sur la fiscalité : sans doute le ras-le-bol fiscal éprouvé par les Français explique-t-il cette réticence. Aucun n’ose vraiment de même énoncer une règle de base : pour baisser les impôts de façon significative, il faut d’abord diminuer fortement les dépenses publiques. A vouloir éviter tous ces sujets, on ne risque pas de clarifier ni de simplifier notre système fiscal. Ni de lancer une grande réforme. Au contraire, les mesures qui figurent actuellement dans les programmes officiels allient, pour beaucoup, démagogie et contresens économique. L’Opinion en dresse un petit florilège.

Emmanuel Macron : exonérer 80 % des Français de la taxe d’habitation

Il risque de ne pas être très bien reçu, le 22 mars, à la maison de la Radio. Ce jour-là, les candidats ayant tous leurs parrainages plancheront devant près de 700 élus. Lesquels n’ont pas digéré l’annonce fracassante du candidat d’En Marche ! sur la taxe d’habitation, qui consiste à exonérer de cet impôt les ménages dont le revenu est inférieur à 20 000 euros annuels par part fiscale. L’Association des Maires de Frances (AMF) a aussitôt dénoncé une mesure « démagogique, non financée et attentatoire aux libertés locales ». Emmanuel Macron a pourtant affirmé que la mesure ne « coûtera rien aux collectivités locales » puisqu’elle sera à la charge de l’Etat, reprenant la formule de François Hollande à propos des emplois d’avenir. Mais les collectivités locales se méfient : le financement du RSA a montré que l’Etat ne compense pas toujours ses propres décisions. Si l’impôt est transformé en dotation, le risque est que les communes, opportunistes, augmentent le taux de cette taxe. Enfin, il faudra bien trouver 10 milliards par an en instaurant des hausses d’impôts pour d’autres contribuables. Emmanuel Macron veut aussi augmenter la CSG mais pas sur les revenus du capital, sur lesquels il prévoit un prélèvement libératoire de 30 %. Et aussi supprimer l’ISF, mais pas sur l’immobilier. Un peu compliqué.

Benoît Hamon : taxer les robots pour financer le revenu universel

C’est l’idée lancée par le candidat socialiste : prélever des cotisations sociales sur les robots qui remplacent les emplois peu qualifiés. Cette « manne » permettrait de financer le revenu universel cher au cœur de Benoît Hamon. « L’histoire économique nous montre l’hérésie de taxes frappant des objets plutôt que des sommes monétaires, rappelle Robin Rivaton, essayiste et membre du conseil scientifique Fondapol. Le jour où le Directoire, pendant la Révolution, a instauré une taxe sur les fenêtres comme taxe foncière, les citoyens les ont tout simplement murées. » Ensuite, les gains de productivité réalisés grâce aux robots sont déjà taxés par l’impôt sur les sociétés. Benoît Hamon souhaite aussi la création à l’encontre des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] d’une taxe qui serait « européenne ». Une menace bien vague. Enfin, il est question d’une incitation fiscale en faveur des exploitants qui cèdent leur entreprise à leurs salariés, réunis au sein d’une société coopérative ouvrière de production (SCOP). Modeste contribution au vaste problème que soulèvent les destructions d’emplois causés par le départ des fondateurs des entreprises.

Jean-Luc Mélenchon : taxer tous les Français partout dans le monde

Le candidat de La France insoumise prévoit 100 milliards de hausses d’impôts, ce qui ferait de la France le champion du monde incontesté des taux de prélèvements obligatoires à 49,1 % du PIB. Pourtant, une de ses intuitions est juste : pour être accepté, l’impôt doit être acquitté par tous les citoyens. Mais son « impôt universel » prévoyant 14 tranches d’impôt sur le revenu pour le rendre plus progressif aboutit à un coup de massue sans précédent. Avec certaines aberrations comme l’idée de taxer les Français résidants à l’étranger, sur le même modèle que les Etats-Unis. « Cela signifie modifier les 160 conventions fiscales reliant la France aux autres pays, à condition que ces derniers acceptent de le faire », résume Jean-Yves Mercier du Cercle des fiscalistes. Autres propositions du candidat, parmi les plus démagogiques : une taxe sur les produits de luxe, une nouvelle sur les transactions immobilières ou encore le durcissement de l’ISF.

Marine Le Pen : une contribution sociale sur les importations

Le programme fiscal de la candidate FN n’est pas le point le plus critiquable de sa politique économique. Il prend même acte de la colère des Français en promettant de baisser de nombreux impôts. Sauf sur deux points : Marine Le Pen propose elle aussi de réduire ou de supprimer la taxe d’habitation pour les ménages les plus modestes, « ce qui est un puits sans fonds pour les finances publiques », résume Jean-Yves Mercier ; mais surtout, elle souhaite instaurer « une Prime de Pouvoir d’Achat (PPA) à destination des bas revenus et des petites retraites [pour les revenus jusqu’à 1 500 euros par mois], financée par une contribution sociale sur les importations de 3 % ». Une telle taxe sociale sur les importations est non seulement impossible dans l’Union européenne mais dans l’hypothèse où la France opterait pour un « Frexit », il est très peu probable que cette contribution soit acceptée lors des indispensables traités commerciaux bilatéraux que notre pays aura quand même l’obligation de conclure.

François Fillon : pas de geste fiscal pour les bas revenus

Suppression de l’impôt sur la fortune, augmentation de la TVA, relèvement du quotient familial… le candidat de la droite a certes présenté un programme complet, basé sur de fortes économies de dépenses publiques, mais il a oublié les petits revenus. « Je pense que le programme de François Fillon est une caricature du libéralisme qui apparaît comme une purge patronale. C’est du Robin des bois à l’envers : prendre de l’argent aux pauvres pour le donner aux riches… », a même affirmé Alain Madelin, ancien ministre de l’Economie, qui fut pourtant un fervent défenseur du libéralisme. Fin janvier, il a tenté d’adoucir son programme, en affirmant notamment qu’il n’y aurait pas que du sang et des larmes dans sa réforme des retraites. « Toutes les pensions du régime de base inférieures à 1 000 euros augmenteront de plus de 300 euros par an », a-t-il ainsi déclaré. Le coup de pouce de François Fillon, distribué en sifflet entre 800 et 1 200 euros, concernerait 4 millions de Français. Cette mesure serait financée par les économies à venir avec le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Il pourrait aussi différer dans le temps les hausses de TVA. Pas sûr que cela suffise à « casser » son image de candidat des riches. D’autant que la fin des 35 heures et l’allégement des charges des entreprises le font pencher clairement du côté de celles-ci plutôt que de celui du « peuple ».

Irène Inchauspé et Cyrille Lachèvre

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Benoît Hamon plaide pour un moratoire sur la dette française

Le candidat du PS se dit prêt à un bras de fer avec l’Allemagne pour réformer la zone euro.

Benoît Hamon célèbre à sa façon les vingt-cinq ans du traité de Maastricht. Le candidat du PS à la présidentielle milite pour une refonte complète des règles européennes, qui mettrait fin au sacro-saint seuil des 3 % de PIB pour le déficit public et aboutirait à un moratoire sur une partie de la dette. Interrogé lundi sur France Inter, il a fustigé la « barre des 3 % » comme étant un « non-sens » : « Cela ne répond pas aux besoins d’une économie comme la nôtre. » Classique au sein de la classe politique française, cette diatribe contre les 3 % s’est accompagnée d’une menace plus inhabituelle, évoquant à demi-mot une restructuration de la dette française : « Il faudra regarder ce qu’on pourra rembourser ou ne pas rembourser. Il y a une dette vis-à-vis de la planète que nous ne pouvons pas rembourser. Il y a une dette vis-à-vis des banquiers que nous pouvons tout à fait renégocier », a-t-il affirmé.

Priorité à la croissance

Une telle sortie ira sans doute droit au coeur du Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, que Benoît Hamon prévoit d’aller voir à Athènes. Elle témoigne surtout de l’infléchissement du programme européen du candidat depuis qu’il travaille avec Thomas Piketty. L’économiste milite pour la mise en place d’un parlement de la zone euro chargé de coordonner les politiques budgétaires des Etats utilisant la monnaie unique. « Le Pacte de stabilité et ses critères automatiques, comme la règle des 3 %, ont connu un échec patent durant la crise, aboutissant à casser la reprise européenne en 2011-2013 », explique Thomas Piketty aux « Echos ».

Celui-ci plaide donc pour donner les clefs à une assemblée où siégeraient des représentants des parlements nationaux à due proportion de leur poids dans la démographie européenne : la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne obtiendraient 76 % du total. Ce Parlement de la zone euro serait chargé de décider du niveau de consolidation budgétaire pour chacun des pays. « Nous espérons que cette assemblée pourra nous faire sortir de l’austérité. L’objectif est d’obtenir un moratoire sur la règle des 3 % et de donner la priorité à la croissance sur les déficits », indique Thomas Piketty.

Dans la vision du candidat socialiste, une telle réforme servirait également à la mutualisation de la partie des dettes publiques européennes dépassant le niveau de 60 % du PIB. « Avant de rembourser la dette, il faut retrouver un niveau de production de richesse suffisant. Compte tenu du niveau de dette en Europe du Sud, mais aussi dans d’autres pays comme la France, dire que l’on va s’en sortir sans moratoire en consacrant au remboursement 2 % à 4 % d’excédent budgétaire pendant cinquante ans, cela ne tient pas la route », estime l’économiste.

Dans l’attente de ce grand soir, Benoît Hamon se prépare à une épreuve de force dans l’éventualité de son élection. « En 2017, nous nous affranchirons du Pacte de stabilité de façon raisonnable pour financer la croissance », avance Thomas Piketty, qui sait que sa réforme va susciter des frictions avec Berlin. « Les choses doivent changer, et cela peut passer par un bras de fer avec l’Allemagne. Si celle-ci dit « non » à la démocratisation, cela aboutira de facto à la fin de l’euro », prévient-il.

Renaud Honoré

 

::: INTERNATIONAL

LA TRIBUNE – 28/02/2017

Brexit : l’Ecosse osera-t-elle un référendum unilatéral sur l’indépendance ?

 

L’Ecosse divorcera-t-elle sans consentement de Londres du Royaume-Uni ?

 

Theresa May refuse tout nouveau référendum écossais sur l’indépendance. Mais les Nationalistes écossais pourraient passer outre. Non sans problème.

Le gouvernement régional écossais se retrouve désormais dans une situation « à la catalane ». Depuis le 23 juin et le vote britannique en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (le « Brexit »), le gouvernement écossais, dirigée par le Parti Nationaliste Ecossais (SNP), évoque la possibilité d’un second référendum sur l’indépendance. L’Ecosse a en effet massivement soutenu le maintien dans l’UE à 62 % le 23 juin, alors que l’ensemble du Royaume-Uni votait en faveur du Brexit à 51,7 %. La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a défendu l’idée d’un respect du choix des Ecossais et donc d’un maintien, d’une façon ou d’une autre, dans l’UE. Même au prix, avait-elle dit d’emblée, d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Le 18 septembre 2014, les Ecossais avaient choisi à 55 % de demeurer dans le Royaume-Uni. La crainte de se voir « expulser » de fait de l’UE avait joué un rôle fondamental dans ce résultat. Le SNP avait accepté l’issue du scrutin et avait enterré provisoirement l’idée d’un nouveau référendum « sauf en cas de changement majeur de circonstances ». Nicola Sturgeon considère que le vote en faveur du Brexit constitue un de ces changements et qu’il convient donc de consulter à nouveau le peuple écossais.

L’effet « hard Brexit »

La décision du gouvernement britannique dirigé par Theresa May le 17 janvier de préférer le contrôle des frontières au maintien dans le marché unique, autrement dit de privilégier un « Brexit dur », a encore alimenté la détermination de Nicola Sturgeon qui avait alors jugé que ce « hard Brexit rapprochait l’Ecosse d’un nouveau vote » sur la sécession. Cette colère n’avait, du reste, été que renforcée par une autre décision, celle de la Haute Cour, qui avait confirmé que l’accord des parlements des régions aux pouvoirs dévolus (Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) n’était pas nécessaire dans le processus de séparation avec l’UE.

Le problème de la légalité de la voie unilatérale

Mais ce deuxième référendum pose de nombreux problèmes. Le premier est sa légalité. En 2014, le vote sur l’indépendance avait été le fruit d’un processus de négociation entre Londres et Edimbourg. Le gouvernement britannique avait validé le vote et s’était engagé à en reconnaître le résultat en engageant des discussions de deux ans pour achever la séparation. Mais, cette fois, un tel accord est improbable. Dimanche 26 février, la première ministre britannique Theresa May a confirmé qu’elle ne voulait pas d’un nouveau référendum sur l’indépendance. « Il y a eu un référendum. Il était clair, décisif et légal. Les deux parties ont accepté de reconnaître le résultat de ce référendum », a indiqué la locataire du 10, Downing Street. Autrement dit, Theresa May estime que la question de l’indépendance écossaise est close. Elle peut compter sur le soutien sur ce point du chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, qui a demandé au SNP ce week-end de « respecter » le résultat du Brexit et d’abandonner la « folie » de l’indépendance.

L’Ecosse comme la Catalogne

Nicola Sturgeon ne peut donc compter sur un processus comparable à celui de 2014. Elle va devoir choisir entre se soumettre à la légalité britannique, renoncer à l’indépendance et accepter le Brexit négocié par Londres ou se lancer dans un référendum unilatéral qui ne sera pas reconnu par le Royaume-Uni, mais sans doute pas davantage par la plupart des Etats de l’UE – ce qui risque de mettre en cause la capacité d’une Ecosse devenue ainsi indépendante à retourner dans le giron européen. Choix délicat, donc, qui, d’une certaine façon, était celui des Indépendantistes catalans voici quelques mois avant que ces derniers décident de se lancer dans un processus unilatéral avant le mois de juillet 2016.

La voie unilatérale pose de nombreux problèmes : celui de la reconnaissance international, du risque de conflit avec l’Etat central et de l’absence de participation des opposants à l’indépendance – donc de légitimité. Nicola Sturgeon peut-elle se lancer dans un tel processus ? En Catalogne, les Indépendantistes disposaient d’un mandat pour préparer l’indépendance et d’une majorité parlementaire. Leur décision n’en est pas moins contestée en Espagne où plusieurs dirigeants catalans sont poursuivis par la justice pour leur décision d’aller vers l’indépendance catalane.

« Nouveau référendum » ?

En Ecosse, Nicola Sturgeon peut en théorie s’appuyer sur une majorité indépendantiste en s’alliant avec les Verts écossais, qui sont favorables à la sécession, mais cette alliance sur un référendum est à construire puisque l’indépendance n’a pas été au cœur de la campagne des élections régionales de mai 2016. Certes, Nicola Sturgeon peut construire la légitimité de son référendum sur l’éclatement du statu quo le 23 juin dernier. C’est ce qu’elle tente de faire, notamment en demandant, selon le quotidien The National, à ces conseillers de ne pas parler de « second référendum » mais de « nouveau référendum » puisque les conditions sont différentes. « C’est un nouveau référendum parce qu’il s’agit d’une question de déficit démocratique et de sortir, contre notre volonté de l’UE », a indiqué aux dirigeants SNP la première ministre. Mais c’est un fondement fragile face à l’absence de légitimité.

L’UE au bout du chemin ? Pas si sûr

Surtout, Nicola Sturgeon doit redouter la réaction de l’UE elle-même. Les Européens sont confrontés au refus de l’Espagne et de la France de prendre en compte la demande de l’Ecosse d’une réintégration immédiate d’une Ecosse indépendante dans l’UE. Cette perspective avait été envisagée plus ou moins clairement après le 23 juin par la Commission européenne, puis par certains négociateurs européens comme l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, afin de faire pression sur Londres dans les discussions sur le Brexit. Mais, pour Madrid, ce serait un désastre car un tel processus légitimerait une sécession unilatérale et rendrait impossible le rejet du processus catalan en cours. Un des arguments du gouvernement espagnol contre l’indépendance catalane sera l’éjection d’une république catalane indépendance de l’UE en cas de sécession. L’UE a dû se plier à ces craintes.

Dans le Financial Times de ce 27 février, la Commission fait savoir que l’Ecosse devra postuler à l’adhésion, comme tous les autres candidats, en cas d’indépendance. Certes, Bruxelles reconnaît que la procédure « sera plus rapide », puisque l’Ecosse est sans doute plus proche de l’UE que d’autres pays candidats, mais elle devra se soumettre à toute la procédure qui, en réalité, est toujours longue. Et surtout, la question principale reste en suspens : une indépendance unilatérale pourrait-elle enclencher ce processus ? L’UE devra reconnaître cette indépendance. Et si l’indépendance de l’Ecosse est reconnue via un référendum unilatérale, pourquoi refuser cette reconnaissance à la Catalogne ? Madrid, immanquablement, pour maintenir l’isolement de la Catalogne, bloquera l’adhésion écossaise…

Majorité des Ecossais contre un nouveau référendum

Autrement dit, Nicola Sturgeon ne pourra pas faire miroiter facilement le retour dans l’UE au bout de son référendum d’indépendance… C’est donc l’argument principal du SNP qui est fragilisé. Certes, la brutalité de Londres, qui ignore la spécificité écossaise dans le processus du Brexit, joue en faveur de l’indépendance. Selon les sondages, l’indépendance est certes encore minoritaire, mais elle a beaucoup progressé dans l’opinion écossaise depuis la décision d’un « hard Brexit » de Theresa May. Néanmoins, selon la dernière enquête, 51 % des Ecossais pensent qu’il ne faut pas convoquer un nouveau référendum, contre 44 % qui sont de l’avis contraire. Le Brexit ne semble donc pas une circonstance décisive pour la majorité des Ecossais pour revenir sur leur vote de 2014. Tout le travail de Nicola Sturgeon sera, si elle veut parvenir à l’indépendance, de changer cet état d’esprit. Pour cela, elle peut sans doute compter sur l’inflexibilité de Theresa May et du Labour. Car une des leçons de la Catalogne, c’est que la cause de l’indépendance ne progresse jamais tant que quand le pouvoir central fait mine d’ignorer la spécificité d’une région tentée par la sécession et mise sur une forme de mise au pas et de mépris.

Romaric Godin

 

 

LE PARISIEN – 28/02/2017

Trump face au casse-tête de l’Obamacare

 

Denver (Etats-Unis), le 7 février. Manifestation pour le maintien de l’Affordable Care Act.

ÉTATS-UNIS. C’est aujourd’hui que le nouveau président doit préciser comment il gomme la grande réforme santé de son prédécesseur. Problème : les Américains n’y sont plus si hostiles…

Après les décrets anti-immigration, c’est une autre de ses promesses phares que Donald Trump va mettre sur le métier : la réforme de l’Obamacare. C’est lors d’un discours prononcé aujourd’hui devant le Congrès (Parlement américain) que le 45e président des Etats-Unis précisera s’il « détricotera » ou abrogera purement et simplement cette loi emblématique de l’ère Obama. L’Affordable Care Act (loi sur la santé abordable), son nom exact, a permis à 20 millions d’Américains aux revenus modestes de bénéficier d’une couverture santé, faisant ainsi chuter le nombre de personnes sans assurance de 16 % en 2010 à 8,9 % l’an dernier.

Une avancée gigantesque dans un pays où, à moins d’être presque sans ressources (on touche alors les aides publiques du Medicaid) ou de travailler dans une entreprise qui prend en charge la couverture maladie, se soigner peut vite s’avérer un luxe inabordable.

Depuis son entrée en vigueur en 2010, l’Obamacare a nourri une hostilité qui a fait en partie le lit de Donald Trump — qui l’avait qualifié de désastre pendant la campagne présidentielle. Philosophiquement, cette réforme était, pour beaucoup de républicains libéraux, synonyme d’ingérence de l’Etat fédéral dans la vie des Américains. Pis ! l’Obamacare a fini par provoquer des hausses de 25 % en moyenne des primes d’assurance, ce qui a renforcé la colère de ses détracteurs. « L’élection de Donald Trump s’est en grande partie jouée sur le rejet de l’Obamacare, souligne un spécialiste des Etats-Unis. Ce qu’il va proposer devant le Congrès va avoir un impact déterminant sur l’ensemble de son mandat. »

Or, depuis que Trump a juré d’aller vite, l’opinion a sensiblement évolué sur le sujet. Certains élus républicains, qui doivent gérer et financer partiellement les dossiers des bénéficiaires de l’Obamacare, réalisent localement les effets pervers d’une telle refonte. Que vont devenir ceux qui bénéficient déjà de la couverture santé ? Comment vont évoluer les primes ? L’inquiétude est partagée par les assureurs et les hôpitaux. Sondage après sondage, une majorité d’Américains expriment désormais leur souhait de conserver ce totem des années Obama. Les « vétérans » viennent ainsi de publier une vidéo sur le site VoteVets, dans laquelle un soldat amputé d’une jambe lors d’une mission en Afghanistan accuse Trump de le priver des aides dont il bénéficiait. « Vous avez perdu le soutien populaire, et votre popularité continue de s’effondrer, assène-t-il. Ce n’est pas l’Amérique pour laquelle je me suis sacrifié. »

Donald Trump se retrouve donc dans l’embarras. Il pourrait assouplir quelques dispositions clés de l’Obamacare, comme l’obligation individuelle d’être assuré ou celle, pour les entreprises de plus de 50 salariés, de fournir une assurance santé. Il devrait aussi réduire la couverture maternité ou de maladies mentales. Il conserverait, en revanche, la mesure — plutôt consensuelle — permettant aux enfants de bénéficier de la couverture maladie de leurs parents jusqu’à 26 ans ainsi que l’interdiction pour un assureur de refuser un patient en raison de son état de santé.

L’abrogation de la loi, déclinée de façon singulière dans chacun des 50 Etats du pays, s’avère extrêmement complexe. Même si Trump ne devait pas abroger entièrement la loi, le retrait ou la réécriture de certains articles demandera du temps et un sens politique aigu.

Bush lui fait la leçon

George W. Bush, président des Etats-Unis entre 2000 et 2008, ne sort pas souvent de sa paisible retraite texane. Mais quand il le fait, aïe ! Hier, sur la chaîne NBC, l’ancien et très controversé leadeur a donné une leçon de démocratie à Donald Trump, républicain comme lui, mais dont il supporte mal les incessantes attaques contre les médias, qualifiés « d’ennemis du peuple américain ». « Ils sont indispensables pour que des gens comme moi aient à rendre des comptes », a lâché Bush, devenu… peintre. Le 43e président des Etats-Unis, régulièrement éreinté par la presse américaine (et mondiale) quand il était à la Maison-Blanche, a ajouté que « le pouvoir peut être très addictif et corrosif, et il est très important que les médias demandent des comptes à ceux qui abusent du pouvoir ».

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/international/trump-face-au-casse-tete-de-l-obamacare-28-02-2017-6718203.php

 

Jannick Alimi

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 24 février 2017, le programme économique d’Emmanuel MACRON

2017-07-06T09:03:47+02:00Mots-clés : , , |

::: ECONOMIE

L’OPINION – 24/02/2017

Assurance-chômage: plus que les contrats courts, la question des seniors pourrait polluer la négociation

Le patronat veut que la durée maximale d’indemnisation soit réduite de trois à deux ans pour les demandeurs d’emploi de 50 à 55 ans

En matière d’assurance-chômage, les débats se sont beaucoup focalisés sur les contrats de travail courts et leur taxation. Mais selon plusieurs négociateurs, le dossier des seniors est un point très litigieux dans les discussions qui se tiennent actuellement entre les partenaires sociaux, cogestionnaires de l’Unédic.

Les plus de 50 ans représentent un quart des bénéficiaires de l’assurance-chômage et bénéficient d’une durée maximale d’indemnisation de 36 mois (les moins de 50 ans sont indemnisés 24 mois maximum), répondant à leur difficulté à retrouver un emploi. Cela pèse lourdement sur les comptes de l’Unédic : les allocations versées au-delà de deux années représentaient 1 milliard d’euros en 2015.

Aussi, le Medef propose-t-il de relever l’âge d’entrée dans cette filière à 55 ans (au départ, il envisageait même 57 ou 59 ans). La CFDT pourrait suivre cette proposition, faisant valoir que les règles en vigueur pour les plus de 50 ans envoient un très mauvais signal aux seniors et aux employeurs. Par ailleurs, selon une étude de l’Unédic citée par le Conseil d’orientation des retraites, le recul de l’âge de la retraite a multiplié par deux, entre 2008 et 2015, le nombre de chômeurs indemnisés de 60 ans et plus.

Les autres syndicats, et notamment Force ouvrière, dont la position est particulièrement regardée dans cette négociation, ne veulent pas entendre parler de changement à 55 ans. « C’est appliquer encore une logique purement comptable. On veut bien bouger le curseur mais pas au-delà de 52 ans, c’est une ligne rouge que nous ne franchirons pas », prévient Jean-Claude Mailly, qui estime que le service après-vente d’un tel report serait trop compliqué chez les salariés. Et d’anticiper une inflexibilité patronale sur ce point « car le Medef tient à afficher un milliard d’économies sur cette négociation… »

La prochaine séance de négociation est fixée au 7 mars, et les partenaires sociaux se donnent jusqu’au 28 pour trouver un accord… ou pas.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 24/02/2017

Malgré les incertitudes politiques, les patrons gardent le moral

Le climat des affaires reste bien orienté, selon l’Insee. Les industriels, notamment, sont de plus en plus optimistes.

A deux mois de la présidentielle , les investisseurs ont beau évaluer les scénarios politiques les plus sombres et s’interroger sur les risques de voir Marine Le Pen accéder au pouvoir , les patrons français, eux, ont toujours le moral. Le climat des affaires, calculé par l’Insee , n’a pas bougé en février. A 104 points, il est toujours supérieur à sa moyenne de long terme, qui se situe à 100. Un tel niveau correspond peu ou prou à un rythme de croissance trimestriel de 0,4 %. C’est d’ailleurs la progression du PIB attendue par les économistes de la banque Natixis au premier trimestre 2017.

La bonne nouvelle est venue de l’industrie. L’indicateur de la confiance des industriels français a grimpé de 1 point, à 107 points et se situe à son plus haut niveau depuis juin 2011. Mieux, quand l’Insee interroge les chefs d’entreprise sur leurs perspectives personnelles de production, ces derniers se montrent très positifs sur l’avenir : le solde entre les optimistes et pessimistes atteint désormais son plus haut depuis janvier 2008.

Le chômage recule en France

En France, comme dans beaucoup d’autres pays tels que l’Allemagne, l’industrie est le secteur qui se porte le mieux dans les enquêtes. Cela s’explique par le fait que les prix des produits industriels destinés au marché français et aux marchés étrangers ont commencé à augmenter à l’automne dernier. L’économie américaine est en forme, les craintes sur l’activité en Chine semblent, au moins à court terme, s’atténuer et les pays émergents, Russie et Brésil en tête, sortent bon an mal an des récessions de ces deux dernières années. Le Brexit n’a pas entraîné l’impact économique redouté sur la Grande-Bretagne jusqu’à présent.

Quant à la zone euro, qui bénéficie de la politique monétaire ultra-accommodante et d’une politique budgétaire qui n’est plus restrictive, elle retrouve de l’élan. En France, doucement mais sûrement, le chômage recule avec la reprise des créations d’emplois, ce qui participe au raffermissement de la demande des ménages. D’où la confiance grandissante des industriels. Le secteur du bâtiment connaît lui aussi une embellie. Ainsi, la production de logements collectifs neufs a crû de 21 % en 2016, et se retrouve à un record depuis 2010. Enfin, dans les services, l’hôtellerie-restauration et le tourisme en général, extrêmement affectés par les attentats, pourraient avoir touché leur point bas.

Les problèmes structurels de l’économie française ne sont peut-être pas réglés mais sur le plan conjoncturel, l’amélioration de ces derniers mois est désormais indéniable. Tout se passe comme si, petit à petit, la France et la zone euro retrouvaient une santé économique. Reste à voir si le risque politique ne va pas venir faire dérailler une activité remise sur de bons rails.

Guillaume de Calignon

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 24/02/2017

L’automobile française en pleine renaissance

Les groupes PSA et Renault ont dégagé les marges les plus élevées de leur histoire l’an dernier.

Carlos Tavares, président du directoire de PSA, n’a pas caché sa satisfaction en présentant les résultats du constructeur pour l’année 2016. Il s’est félicité d’une «marge opérationnelle au niveau le plus élevé de tous les temps». Surtout, le dirigeant a souligné le chemin parcouru en seulement trois années. En 2013, la marge opérationnelle de PSA était négative (- 2,8 %) et le groupe perdait 1 milliard d’euros en termes de capacité d’autofinancement. L’an dernier, sa marge a atteint 6 %. Et le constructeur a accumulé 8,1 milliards d’euros de capacité d’autofinancement sur les trois derniers exercices.

Les salariés de PSA ont toutes les raisons de s’en réjouir, puisqu’ils toucheront au moins 2 000 euros d’intéressement au titre de 2016. La hausse est de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette bonne santé ne concerne pas seulement le constructeur sochalien, mais également son concurrent hexagonal, Renault, qui a lui aussi dégagé des résultats spectaculaires l’an dernier, avec ses ventes en croissance de 13 % et une marge de 6,4 %.

Les constructeurs français ont longtemps été considérés comme les champions des petites voitures bon marché, ne pouvant dégager que des marges inférieures à celles de leurs concurrents allemands, japonais ou américains. Au plus fort de la crise de 2008-2009, ils ont même été considérés comme moribonds. Leur redressement est donc spectaculaire. «Au vu des résultats financiers des deux constructeurs français, il est possible de parler de renaissance», affirme même Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem.

Pour parvenir à ces résultats, les deux constructeurs ont, pour partie, utilisé les mêmes recettes. D’abord en profitant de la bonne tenue du marché automobile mondial. «Renault et PSA ne sont pas les seuls constructeurs à publier de bons résultats sur l’exercice 2016», souligne d’ailleurs Xavier Caroen, analyste chez Bryan Garnier. Les deux français ont, surtout, profité de leur exposition à l’Europe, marché particulièrement dynamique l’an dernier. Grâce à cette bonne conjoncture, ils ont pu maintenir leurs prix de ventes et les marges sur leurs véhicules. «Peugeot est la référence des marques généralistes en Europe aujourd’hui», s’est ainsi félicité Carlos Tavares.

Succès de la gamme low-cost de Renault

Ensuite, «Renault et PSA ont signé, dès 2013, des accords de compétitivité avec une majorité des syndicats, ce qui leur a permis de restaurer la rentabilité des sites industriels français», précise Flavien Neuvy. Ils ne se sont pas contentés de ces accords, mais ont également mis de l’argent sur la table, en investissant massivement dans leurs sites de production pour le moderniser. Dernière annonce en date: PSA consacrera 200 millions d’euros à son usine plus que centenaire de Sochaux.

Pour autant, les divergences entre les deux groupes sont bien réelles. Renault a profité de deux atouts uniques. D’abord, le succès de sa gamme low-cost. Vendus sous la marque Dacia en Europe, ces modèles représentent plus de 40 % des ventes mondiales de la marque au losange. Renault a été plus loin en lançant la Kwid ultra-low-cost en Inde. Avec un grand succès. Ce modèle sera aussi commercialisé en Amérique latine. Et d’autres véhicules ultra-low-costs sortiront bientôt. Ensuite, le groupe dirigé par Carlos Ghosn profite de son alliance avec Nissan, désormais rejoint par Mitsubishi. Cette alliance lui donne un poids inédit pour maximiser les achats de pièces et de composants. Un phénomène d’autant plus fort que Renault et Nissan utilisent aujourd’hui les mêmes plateformes, des ensembles d’éléments communs à plusieurs véhicules. Grâce à ces économies, Renault a pu multiplier les lancements de nouveaux modèles, comme l’Espace, la Megane, le Kadjar ou la Talisman. Cette stratégie explique le dynamisme commercial rencontré en 2016, année pendant laquelle les ventes ont progressé de 13,3 %.

Pour PSA, la situation est différente. La croissance des ventes l’an dernier s’explique même exclusivement par l’intégration des volumes du partenaire iranien, Iran Khodro. «Le redressement des marges s’est fait en coupant dans les coûts, notamment de développement», explique Xavier Caroen. Carlos Tavares a compté chaque euro dépensé, notamment dans le lancement de nouveaux modèles et le développement technologique. C’est ainsi que les véhicules électriques ou hybrides rechargeables développés en propre n’arriveront que dans quelques années. Conséquences: dans un marché dynamique, PSA a perdu des parts de marché l’an dernier. Le redressement financier est réel, mais «PSA se trouve dans une situation plus difficile pour affronter les défis de l’industrie automobile des prochaines années», estime Flavien Neuvy. Le constructeur risque de ne pas pouvoir faire face à tous les investissements technologiques (conduite autonome, connectivité, électromobilité…). Renault n’a, lui, pas à faire des choix, puisqu’il peut en partager les coûts avec ses partenaires de l’alliance. C’est pour régler, au moins en partie, ce souci, que Carlos Tavares a décidé de se lancer dans l’acquisition d’Opel.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 24/02/2017

Bouygues profite à plein de l’embellie du BTP en France

Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards et Colas en a fini avec le marasme des travaux routiers.
Le plan d’infrastructures de Trump, s’il se concrétise, serait un « aléa positif » pour Colas, très présent aux Etats-Unis.

« Je vais avoir soixante-cinq ans dans quelques semaines, il faut que je m’organise. » Martin Bouygues, qui avait annoncé l’an dernier prendre du champ, persiste et signe mais était fidèle au poste pour présenter jeudi matin les résultats annuels de son groupe. Une tâche plutôt agréable car le groupe se porte bien, tant du côté des télécoms (lire page 22) que de celui du BTP. Bouygues célèbre l’anniversaire de son patron par un résultat net (part du groupe) de 732 millions d’euros, contre 483 millions en 2015.

Le BTP constitue toujours l’activité contribuant le plus à ce résultat d’ensemble. En fait, il explose même les compteurs avec une contribution au résultat net de 754 millions d’euros. Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards d’euros. Et, une fois n’est pas coutume, la locomotive n’est pas le grand international mais la France. La chute du taux de change du dollar et de la livre sterling se fait sentir. Même si « le Brexit et la chute de la livre n’ont pas d’impact financier, car dans un pays nos coûts et nos approvisionnements sont locaux », assure Martin Bouygues.

Chez Colas, la filiale de travaux routiers de Bouygues, qui a particulièrement souffert de la crise, le carnet de commandes remonte de 7 % en France. A l’international, il recule de 3 %. Une tendance qui pourrait s’inverser, car Colas est très présent aux Etats-Unis, et à ses 7 milliards d’euros actuels en carnet de commandes pourrait s’ajouter nettement plus si Donald Trump lance son grand plan d’infrastructures. « Ce plan n’a pas été chiffré ni financé. A ce stade, je considère que c’est un aléa positif », juge Martin Bouygues. Qu’importe, déjà maintenant, Colas constitue le plus gros contributeur aux bénéfices nets du groupe (343 millions à lui seul). L’autre aléa positif de Colas serait de passer à la phase d’industrialisation de sa route solaire, s’il achève avec succès les tests en cours sur son innovation encensée par Ségolène Royal. Une de ses expériences est en cours en Géorgie, aux Etats-Unis.

Montée en puissance

Bouygues Construction, l’autre gros contributeur aux bénéfices du groupe (320 millions), connaît la même tendance que Colas, dans son carnet de commandes. L’international y recule (-2 %, à 6,9 milliards d’euros) et la part française s’envole de 17 %, à 5,8 milliards. Idem pour Bouygues Immobilier, porté par le succès des ventes de logements neufs (+19 %) dans un marché dopé par le régime locatif Pinel.

Cet état de grande forme n’est pas près de faiblir, puisque la montée en puissance du Grand Paris, le plus grand projet d’Europe, ne fait que commencer. Cinq milliards d’euros de contrats de tunnels et de stations de métro doivent être attribués cette année.

Myriam Chauvot

 

 

LE FIGARO – 24/02/2017

Immobilier: la hausse des prix s’est accélérée fin 2016

Sur l’ensemble de l’année 2016, les prix des logements ont gagné 1,8% selon l’Insee. Ils sont tirés par l’Ile-de-France, et surtout Paris, où les logements se sont vendus 4,4% plus chers qu’un an plus tôt.

La hausse des prix de l’immobilier se confirme. Au dernier trimestre 2016, les prix ont progressé de 1,8% sur l’ensemble de la France, après 1,3% au troisième trimestre et 0,6% au deuxième, selon l’Insee. Les prix remontent car les ménages se sont remis à acheter: le marché est resté très dynamique en 2016, après une bonne année 2015.

La légère remontée des taux d’intérêt et des prix a incité les ménages indécis à passer à l’action. L’incertitude liée à l’élection présidentielle est passée au second plan. L’année dernière, les volumes de ventes ont ainsi atteint et même dépassé leurs niveaux records de mai 2006, avec près de 850.000 biens vendus. Ce record est cependant à relativiser puisqu’en 10 ans, le parc immobilier français s’est accrû de 1% par an en moyenne. Il aurait donc fallu que les volumes de ventes dépassent les 900.000 pour dépasser réellement le record de 2006. Le cru 2016 n’en reste pas moins une bonne année.

Les prix sont par ailleurs en grande partie tirés par l’Ile-de-France (+3,1% sur un an), et particulièrement Paris (+4,4%). Dans les autres régions que l’Ile-de-France, les prix progressent plus modérément, de 1,3% sur un an. En région parisienne, sur laquelle les notaires ont publié ce jeudi de nouvelles données détaillées, «la fluidité retrouvée du marché et des ventes en croissance de 8% dans l’ancien et de 10% dans le neuf sont allées de pair avec une inversion de tendance sur les prix et une hausse qui s’est progressivement diffusée du centre vers la périphérie de la région», expliquent les notaires. Pour les prochains mois, ils anticipent une poursuite de la hausse des prix au même rythme, pour atteindre 3,7% sur un an au mois d’avril.

Dans le détail, la hausse des prix atteint 2,8% sur un an pour les appartements dans les Yvelines et 2,4% dans le Val d’Oise tandis que l’inflation immobilière reste plutôt contenue en Seine-et-Marne (+1,1%) et en Essonne (+1%). Certaines villes affichent en revanche de fortes baisses. Ainsi de Meaux en Seine-et-Marne, qui perd 10,3% sur un an. «Cette baisse de prix s’explique par la construction de nombreux programmes de défiscalisation, dont les investisseurs cherchent aujourd’hui à se séparer», explique Guénaël Chalut-Natal, notaire à Moret-sur-Loing. L’évolution des prix des maisons est légèrement différente (+2,7% dans les Yvelines, +2% en Essonne, +1,6% en Seine-et-Marne et +1,5% dans le Val d’oise).

4,4% de hausse à Paris

En petite couronne, les prix des appartements grimpent en moyenne de 3,1% et ceux des maisons de 2,8%. Ce sont les Hauts-de-Seine qui progressent le plus (3,4%), suivis du Val-de-Marne (3,1%) tandis que la hausse reste contenue en Seine-Saint-Denis (1,8%). Certaines communes sortent cependant du lot. Ainsi de Vincennes, désormais commune la plus chère du Val-de-Marne, qui voit ses prix flamber de 7,8%. A l’Ouest, les prix grimpent de 6,5% à Boulogne-Billancourt. Mais c’est à Saint-Denis que l’inflation est la plus forte, avec une hausse de 11,6% sur un an. Les prix devraient cependant peu évoluer, voire s’éroder en petite couronne au printemps prochain.

 

A Paris enfin, «prix élevés et manque d’offres limitent la reprise de l’activité dans la capitale», analysent les notaires. Les prix ont en effet progressé de 4,4% sur un an au quatrième trimestre 2016 et ils devraient progresser encore au printemps prochain, de 5,6% sur un an. Paris est le seul département d’Ile-de-France qui devrait voir la hausse des prix encore accélérer dans les prochains moins, jusqu’à flirter avec le record historique d’août 2012. En moyenne, un appartement s’y vendait en fin d’année 8340 euros le m², avec de fortes disparités entre le quartier de Pont de Flandres dans le 19e, le moins cher de Paris à 6270 euros le m², et celui de l’Odéon, le plus cher de la capitale (14.820 euros le m²).

Les arrondissements dont les prix ont le plus grimpé en 2016 sont le 3e (+8,8% à 10.690 euros le m²), le 18e (+8,7% à 7810 euros), le 17e (+8,5% à 8930 euros) ou encore le 19e (+7% à 6920 euros). A l’inverse, les prix ont baissé dans les 1er, 4e et 8e arrondissements.

Marie Bartnik

 

 

L’OPINION – 24/02/2017

General Electric va créer 500 emplois en France grâce à sa filiale éolienne

 

La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie totale est encore faible en France comparée aux leaders européens

L’entreprise danoise LM Wind Power, fabricant de pale pour éolienne et propriété de General Electric, a signé mercredi un accord avec la région Normandie pour construire une usine à Cherbourg, selon Ouest France.

Le fabricant danois de pales d’éolienne LM Wind Power a annoncé, jeudi 23 février 2017, la construction d’une usine de fabrication à Cherbourg en Normandie. La production est supposée démarrer en juin l’année prochaine. Près de 500 créations emplois sont déjà annoncées.

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe comme jamais, mais la France est à la traîne comparée aux pays leaders en la matière. Cette annonce sonne-t-elle l’heure de la rébellion ? Une usine doit voire le jour à Cherbourg en Normandie, propriété de LM Wind Power, récemment acquis par General Electric. Le groupe danois y construira des pales d’éolienne pour répondre à la demande naissante suite au lancement de plusieurs projets hamps d’éoliennes en mer au large des côtes françaises.

L’accord a été signé mercredi 22 février 2017. LM Wind Power, spécialiste de la fabrication de pales, a paraphé mercredi l’accord avec la Région Normandie et General Electric, sa maison-mère. Le journal Les Echos avance un investissement à hauteur de 45 millions d’euros de la part du danois. Le groupe a annoncé « l’emploi de plus de 550 personnes, ainsi que la création de plus de 2 000 emplois indirects, dans la région », selon le site d’information Normandie-actu.

100 millions d’investissements de la région. De son côté, Ouest France, détaille les rôles joués par les parties impliquées. « Ports normands associés (PNA), bras armé de la Région dans le domaine portuaire, a investi 100 millions d’euros pour agrandir le port de Cherbourg. Hervé Morin, président UDI de la Normandie, est informé très régulièrement des négociations des industriels (…) Cherbourg a également fait le travail en instruisant les permis de construire », avance le quotidien régional.

Pour la France, l’enjeu est tout de même de taille, car nous ne sommes loin d’être les champions dans ce domaine. En 2015, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie n’était que de 14,9 %, alors qu’elle aurait dû atteindre 17 % pour être en phase avec l’objectif de 23 % en 2020, fixé dans le cadre du « paquet énergie-climat » européen. Ces mauvaises performances nous placent dans la queue du peloton européen, loin de la Suède (52,6 % de renouvelables), de la Finlande (38,7 %), de l’Autriche (33,1 %) ou du Danemark (29,2 %). De tous les pays de l’Union européenne, elle est celui qui accuse le retard le plus important sur son objectif…

 

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 24/02/2017

Emmanuel Macron : « Mon projet économique »

INTERVIEW – Impôts, économies, travail, investissements : le candidat d’En marche à la présidentielle dévoile ses cartes dans « Les Echos ». La fiscalité du capital sera réformée en profondeur et l’Etat mis « sous tension ».

Quelle analyse faites-vous de la situation économique de la France et de l’Europe aujourd’hui ?

Nous sommes face à de multiples défis. D’abord, la France et l’Europe n’ont pas été au rendez-vous de la reprise mondiale. Face à la crise, l’Europe s’est enfermée dans une politique économique inadaptée s’engageant dans une politique d’austérité à contretemps alors que les Etats-Unis ont opté bien plus efficacement pour une relance temporaire. Suite à cette crise, nous héritons d’un déficit d’investissements privés et publics. L’Allemagne elle-même arrive au bout de cette logique : pour soutenir la croissance, on ne peut pas accumuler indéfiniment des excédents commerciaux.

Le deuxième défi auquel nous devons répondre est l’invention d’un nouveau modèle de croissance. Pour être juste et soutenable, elle doit être écologique et servir la mobilité sociale.

Et les défis spécifiquement français ?

La France est un des seuls grand pays de l’Union européenne qui n’a pas réglé le problème du chômage de masse : cela doit être notre priorité. Par ailleurs, nos marchés de biens et services fonctionnent souvent mal. Le meilleur exemple en est le logement : les prix trop élevés pèsent sur le pouvoir d’achat des Français comme sur la compétitivité de nos entreprises. Enfin, la sphère publique est marquée par un déficit d’efficacité, avec trop de dépenses de fonctionnement et une insuffisance d’investissements publics ciblés et utiles.

Comment relancer l’Union européenne ?

La réponse est dans la relance d’une dynamique européenne. La France doit faire des réformes structurelles : c’est ce qui est bon pour nous, et cela permettra aussi de rassurer nos partenaires, et d’abord l’Allemagne. Cela nous permettra d’aller en zone euro vers une approche consolidée de nos équilibres budgétaires. A quelle fin ? Il est d’abord nécessaire de mettre en place une capacité d’investissement commune beaucoup plus ambitieuse. Le plan Juncker était nécessaire mais reste insuffisant face à l’ampleur des défis. Nous devons créer un vrai budget, contrôlé démocratiquement et piloté par un ministre de l’Economie et des Finances de la zone euro. Ce budget sera doté de ressources propres qui se chiffreront en centaines de milliards et permettra de réaliser les investissements nécessaires et de réagir ensemble aux crises.

Vous plaidez donc pour plus d’intégration ?

C’est la seule façon de réconcilier responsabilité et solidarité.

Faut-il en passer par un bras de fer avec l’Allemagne ?

La geste habituelle dans une campagne présidentielle française est de dire : « Je renverserai la table et réorienterai le couple franco-allemand ». Ca ne rime à rien et n’a strictement jamais fonctionné. Il faut recréer de la confiance dans le couple franco-allemand. Mieux vaut un dialogue franc et exigeant que des rodomontades. Nous en sommes co-responsables. Si nous n’avons pas une politique courageuse de réformes sur le plan structurel, les Allemands ne nous suivront pas. Ce n’est pas ce que propose François Fillon, lui qui annonce un gros choc fiscal au début et des économies pour plus tard, comme en 2007. Personne ne s’est d’ailleurs demandé comment il arrivait à faire à la fois 100 milliards d’économies et une croissance de 2,3% ce qui est impossible.

Cela va prendre des années avant d’avoir des changements…

Les choses sont en train de changer en Allemagne car nos voisins comprennent qu’ils sont au bout de leur modèle de sur-consolidation budgétaire. Ils savent qu’on ne peut pas attendre et sont très préoccupés par le risque Marine Le Pen. Notre chance, c’est le calendrier. En Allemagne, les élections sont en effet prévues cet automne et les conséquences politiques en seront tirées en fin d’année. Cela nous donne donc six mois pour faire la démonstration que nous sommes des partenaires de confiance, grâce à des réformes structurelles et à une trajectoire budgétaire vertueuse. Et pour engager des discussions sur l’avenir.

Quelle trajectoire budgétaire proposez-vous ?

Je veux rendre nos dépenses publiques plus efficaces tout en finançant la transformation de notre modèle de croissance. Cela passe par trois grandes idées. D’abord le respect de nos engagements européens en restant dans l’épure des 3% de déficit avec des prévisions de croissance prudente : 1,4% cette année, 1,8% en 2022. Pour 2017, la prévision est à 2,9% de déficit. Sur cette base, je ne prendrai pas de mesures additionnelles à l’été : ni cadeau, ni rigueur supplémentaire.

Deuxième point, le poids de la dépense publique devra être progressivement ramené vers la moyenne de la zone euro. Je prévois donc une baisse de 3 points de la part des dépenses dans la richesse nationale. Cela représente 60 milliards d’économies par rapport au tendanciel.

Troisième point, je construirai un nouveau modèle de croissance avec un plan d’investissement public de 50 milliards d’euros durant le quinquennat, en plus du soutien fiscal à l’investissement privé.

En quoi consistera-t-il ?

Sur ces 50 milliards, 15 milliards seront consacrés aux compétences et qualifications des Français avec un plan de formation ambitieux des jeunes et des demandeurs d’emploi. 15 milliards seront consacrés à la transition écologique et énergétique, y compris en accompagnant, comme à Fessenheim, les territoires. Autres priorités : la modernisation des administrations publiques (numérisation), l’agriculture, les transports locaux, et la santé.

La dette n’est pas un problème ?

La clef vis-à-vis des marchés comme de nos partenaires est de pouvoir démontrer une baisse de nos dépenses courantes et une croissance dynamique. Financé par des taux d’intérêts très bas, notre plan d’investissement permettra de réduire nos dépenses avant la fin du quinquennat et de soutenir notre croissance potentielle. C’est cela qui améliorera la soutenabilité de notre dette.

Comment réalisez-vous vos 60 milliards d’économies ?

Je vise d’abord 25 milliards d’économies sur la sphère sociale. Cela passe par 15 milliards sur l’assurance-maladie, avec une progression des dépenses contenue à 2,3% par an. C’est tout à fait tenable. Je ne supprimerai aucun poste dans la fonction publique hospitalière. La réorganisation du système de soins est de nature à faire ces économies et à conduire un vrai plan de modernisation de l’hôpital.

Ensuite je réaliserai 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage grâce aux réformes structurelles. Le taux de chômage peut raisonnablement atteindre 7% en 2022.

Vous ne prévoyez aucune économie sur le système de retraites…

Je ne modifierai pas les prestations familiales et les retraites. Je détaillerai une proposition de réforme structurelle des retraites le 2 mars prochain : elle ne sera pas guidée par une logique budgétaire mais par une logique d’équité.

Comment baissez-vous les dépenses des collectivités ?

Je veux rompre avec la méthode de la baisse des dotations consistant à couper les vivres pour provoquer des économies. Cette méthode de régulation budgétaire est trop centralisatrice. Je veux nouer avec les collectivités un pacte sur cinq ans, dans lequel je contractualiserai une baisse de 10 milliards d’euros de leurs dépenses. Cette baisse sera à leur main. Parallèlement, je leur donnerai des marges de manoeuvre.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, quand l’Etat décide d’augmenter le salaire des fonctionnaires, les collectivités n’ont pas leur mot à dire. Ce sera à elles de décider désormais pour leurs agents. Elles pourront également recourir plus largement à des recrutements de droit privé. Je leur demande par ailleurs, comme l’a indiqué la Cour des comptes , de respecter la durée annuelle légale du temps de travail : 1.607 heures par an.

Autre liberté : les communes qui le souhaitent pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires.

Quelles seront les autres économies sur l’Etat ?

Au total, l’effort atteindra 25 milliards d’euros. Il reposera sur un mode de gouvernance totalement nouveau. D’abord, je veux redonner des souplesses à la fonction publique. C’est-à-dire recruter hors du statut pour les fonctions d’encadrement, donner la possibilité d’avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités. Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé. Il s’agit de mieux reconnaître les plus engagés. Je crois par ailleurs nécessaire de restaurer un jour de carence pour les fonctionnaires.

Prévoyez-vous des suppressions de postes sur le quinquennat ?

Il est possible de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires, 70.000 venant des collectivités et 50.000 de l’Etat. Ce n’est pas un objectif, mais un référentiel, ce sera aux ministres de faire des choix. Je veux des ministres pleinement responsables sur les dépenses publiques. Je fixerai l’effort budgétaire en début de période, en définissant des priorités, et chaque ministre devra les décliner en rendant des comptes. Je veux aussi impliquer directement les parlementaires dans cet exercice. En contrepartie, je donnerai aux ministres une vraie latitude politique. Je ne les garderai pas s’ils ne mettent pas en oeuvre les économies.

Cela suppose un gouvernement resserré ?

Oui. Autour d’une petite quinzaine de ministres. Et extrêmement solidaire. Auprès des ministres, il pourra y avoir des secrétaires d’Etat, mais il n’y aura pas de divisions des périmètres ministériels, ce qui est fondamental si on veut des ministres responsables. Je propose aussi une réduction massive des effectifs des cabinets, de l’ordre de cinq personnes afin que les ministres s’appuient davantage sur leurs administrations.

Quelles autres propositions avez-vous en matière de gouvernance ?

Dans les deux premiers mois du quinquennat, je changerai ou confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique… C’est une mise sous tension de l’appareil d’Etat. Cette fois-ci, on n’a pas le droit d’échouer.

François Fillon propose une baisse des prélèvements obligatoires de 50 milliards d’euros, dont 40 pour les entreprises. Quels sont vos engagements ?

Je propose une politique fiscale plus réaliste, plus juste et plus équilibrée, avec des baisses d’impôts réparties équitablement entre ménages et entreprises. Chez François Fillon, la hausse de TVA fait plus que compenser les baisses d’impôts des ménages ! Sur le quinquennat, mon objectif est d’aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards, pour soutenir le pouvoir d’achat et l’investissement.

Quelles sont les mesures pour le pouvoir d’achat ?

Je rappelle d’abord la suppression des cotisations salariales maladie et d’assurance-chômage, mesure qui sera entièrement financée par une hausse de la CSG sauf pour les petites retraites, et qui rapportera 250 euros de plus par an à une personne au SMIC. Une hausse de 50% de la prime d’activité est aussi prévue. Et toute hausse de TVA est exclue. En matière de fiscalité, les couples pourront choisir d’individualiser leur impôt sur le revenu. Et je présenterai prochainement une autre mesure de réduction d’impôt, pour environ 10 milliards, qui sera mise en oeuvre au début du quinquennat et qui visera les classes populaires et les classes moyennes.

La hausse de la CSG va alourdir encore la fiscalité du capital, une des plus élevées du monde…

C’est pour cela qu’elle s’accompagnera d’une réforme globale, avec la création d’un prélèvement forfaitaire unique au taux de l’ordre de 30%, prélèvements sociaux inclus, pour tous les revenus du capital : intérêts, loyers, dividendes, plus-values, etc. Cela rapprochera la France de la moyenne européenne et simplifiera considérablement la fiscalité du capital. Les abattements pour les plus-values immobilières seront maintenus.

Quid de l’assurance-vie, qui offre un prélèvement libératoire de 23% (prélèvement sociaux de 15,5% compris) au bout de huit ans de détention ?

Ces conditions ne changeront pas pour les contrats et dépôts existants, mais seulement pour les flux à venir, les nouveaux versements. L’objectif est de réorienter massivement l’épargne vers l’économie productive. C’est la même logique qui prévaut pour la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière.

Que prévoyez-vous pour la compétitivité des entreprises ?

La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en allègement pérenne de cotisation s’opérera dès 2018, et représentera 6 points de charges en moins au niveau du SMIC jusqu’à 2,5 SMIC. Elle ne coûtera rien aux finances publiques, puisque la dette fiscale existe déjà. Pour supprimer les dernières charges patronales au niveau du SMIC, nous ajoutons un allègement de 4 points, avec un point de sortie à 1,6 SMIC. Par ailleurs, le taux de l’impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3% à la moyenne européenne, c’est-à-dire 25%, sur le quinquennat. Il s’agit de donner un cadre clair, stable et prévisible aux entreprises pour soutenir l’investissement et l’attractivité.

Y-aura-t-il des hausses d’impôts ?

Uniquement en matière de fiscalité écologique, avec l’alignement progressif de la fiscalité du diesel sur l’essence et la montée en charge de la taxe carbone. Parallèlement, les propriétaires de véhicules diesel anciens bénéficieront d’une prime de conversion pour l’achat d’un véhicule plus écologique, neuf ou d’occasion.

Les droits de succession seront-ils relevés ?

Non.

Comment s’attaquer au problème du chômage ?

Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accords. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unedic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique.

Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.

Sur ce point, justement, pourquoi aller si loin ? Cela va permettre aux plus formés de gérer leur carrière aux frais de la collectivité ?

Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela créé aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.

Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?

Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste en période de chômage de masse.

En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé ».

Et la formation ?

Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, un million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.

Avez-vous été surpris par la décision de François Bayrou ?

Nous avons discuté à plusieurs reprises de manière apaisée et constructive. C’est une décision intime de sa part. J’ai été frappé par le fait qu’il partage avec moi la gravité du moment et la nécessité de recomposer, et combien mûrissait en lui cette volonté de ne pas fragmenter mais de former un rassemblement en mesure de gagner.

Qu’est-ce que cela change pour les deux derniers mois de la campagne ?

C’est un tournant de la campagne. Cela évite qu’il y ait justement une fragmentation du camp des progressistes. S’il avait été candidat, François Bayrou aurait porté sa candidature, en tant que représentant d’une famille centriste qui a toute sa place au sein de l’échiquier politique. Je ne suis pas centriste, mais c’est important que nous ne soyons pas divisés.

Les quatre exigences posées par François Bayrou sont parfaitement cohérentes avec les valeurs que nous portons. Sur le travail, c’est exactement ma stratégie. Sur la moralisation de la vie publique, cela fait partie du contrat que je propose à la nation, et nous allons la travailler ensemble. Sur l’alternance et le changement de pratiques politiques, nous le faisons depuis le début car nous sommes dans le renouvellement très profond de ces pratiques. Enfin le pluralisme politique est constitutif de nos gênes.

La question à régler entre vous est celle de la dose de proportionnelle…

Oui. Nous allons discuter de ça. C’est très ouvert. Je l’avais déjà dit lors de mon meeting à Strasbourg [le 4 octobre, NDLR], il faut ouvrir le débat et prendre le risque qu’il y ait une représentation du FN au Parlement. On ne peut pas la refuser. On ne peut pas le faire pour les prochaines législatives car les règles sont déjà fixées.

Sur la moralisation de la vie politique, quelles sont les mesures prioritaires ?

Le point principal est celui des conflits d’intérêts, en plus de ce que j’ai déjà annoncé sur la limitation des mandats et le renouvellement.

François Bayrou va-t-il faire campagne à vos côtés ?

Je le souhaite. François Bayrou fera campagne à sa façon, dans son style et sa liberté, ce qui est sa marque de fabrique, et cela me va très bien. Il pourra y avoir des désaccords, car c’est la sincérité d’un rassemblement large. C’est aussi un moment de respiration de notre vie démocratique. On ne peut pas recomposer si on n’accepte pas des différences et des identités politiques différentes. François Bayrou avait besoin de sentir et comprendre ma méthode. Je ne suis pas caporaliste.

Qu’est-ce qui vous distingue de François Fillon et de Benoît Hamon ?

Je veux construire un nouveau modèle de société et une nouvelle économie. Contrairement à François Fillon, je ne crois pas dans la purge et le rétablissement du pays contre lui-même. Je pense plutôt au changement du pays en responsabilisant chacun des acteurs. Et contrairement à Benoît Hamon, je n’accepte pas la défaite quant au travail. La bataille du travail est gagnable si on invente ce nouveau modèle de croissance.

Comment s’attaquer au problème du chômage ?

Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accord. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unédic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique. Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.

Les mieux formés vont gérer leur carrière aux frais de la collectivité…

Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela crée aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.

Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?

Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste avec un chômage de masse. En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé. »

Et la formation ?

Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, 1 million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.

Etienne Lefebvre, Nicolas Barré, Dominique Seux, Gregoire Poussielgue et Renaud Honoré

 

 

LE MONDE – 24/02/2017

Présidentielle : le retrait de Jadot permet à Hamon de s’afficher en « candidat de l’écologie politique »

Le ralliement du représentant d’Europe Ecologie-Les Verts doit encore être validé par les électeurs de la primaire.

« Maintenant, on va pouvoir passer à autre chose », confie Benoît Hamon, soulagé que le long feuilleton des négociations avec les écologistes se termine enfin. « Je vais pouvoir m’adresser aux Français et retrouver ma liberté », précise le candidat du PS, qui a salué, jeudi 23 février, en meeting à Arras (Pas-de-Calais), « le choix extrêmement important de Yannick Jadot ». « Je suis désormais le candidat de l’écologie politique », résume le socialiste, au terme d’une journée entièrement consacrée aux enjeux environnementaux.

Quelques instants plus tôt, au « 20 heures » de France 2, celui qui se présentait encore au nom d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle n’avait pas tergiversé. « Ma responsabilité (…), c’est de dépasser les ego, de déporter les appareils politiques et de construire la grande aventure de cette élection présidentielle. Alors oui, ce soir, je retire ma candidature. C’est ce sur quoi voteront tous ceux qui ont participé à la primaire écologiste », avait lancé M. Jadot. Le député européen, comme il l’explique au Monde, juge qu’il s’agit d’un « accord exceptionnel ». « Il y a là une vraie constitution d’un pôle écolo, social, européen et démocrate et notre responsabilité n’est pas d’être dans notre tour d’ivoire de l’écologie », ajoute-t-il.

Plateforme commune

Ce mariage rose-vert permet à Benoît Hamon de contrecarrer une autre alliance, passée mercredi entre Emmanuel Macron et François Bayrou. Un « petit arrangement » qui range désormais l’ancien ministre de l’économie du gouvernement Valls « à droite », affirme le vainqueur de la primaire de La Belle Alliance populaire. La veille, les deux hommes s’étaient croisés au dîner organisé à Paris par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Ils se sont salués, une photo d’eux souriants côte à côte a même circulé sur les réseaux sociaux. « Ça va me faire plaisir de te battre ! », a glissé Benoît Hamon à Emmanuel Macron, avant de prendre congé.

Son alliance avec Yannick Jadot lui permet de s’afficher comme le candidat qui rassemble une partie de la gauche à la présidentielle et de continuer à mettre la pression sur Jean-Luc Mélenchon. Le député des Yvelines le répète, il refuse de « tomber dans une forme de remake » avec le député européen. Pas question de persister dans un faux-semblant de dialogue. Qu’importe Mélenchon, pourvu qu’il y ait Jadot…

Pour obtenir cette photo de famille, les socialistes ont satisfait nombre de revendications historiques des écolos qui ont toujours présenté un candidat depuis 1974 à la présidentielle. M. Jadot a évoqué sur France 2 une sortie du nucléaire « en vingt-cinq ans », la fin du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et une dose de proportionnelle aux législatives.

Selon plusieurs sources à EELV, la plateforme commune comprend également l’abandon du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, du site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, le droit de vote des étrangers aux élections locales via un référendum, le principe de la réunion d’une Assemblée constituante ou encore l’abrogation de la loi El Khomri. « Le pari de Yannick, c’est que ça débloque le tissu écolo classique au-delà de notre parti, explique Jérôme Gleizes, l’un des négociateurs d’EELV. Sur le papier, c’est le meilleur accord sur le fond qu’on ait eu depuis 1997. Maintenant, il faut s’assurer qu’il ne reste pas dans les archives. »

« Beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans »

Côté électoral, l’équipe de M. Hamon a fait des concessions mais moins qu’espéré par les écolos. « C’est beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans mais c’est sérieux », estime David Cormand, secrétaire national d’EELV. Au final, pointe ce dernier, « une quarantaine » de circonscriptions sera réservée aux écologistes – contre plus de 60 dans l’accord de 2011 – dont celles de leurs huit sortants ainsi qu’« une dizaine » d’autres jugées « gagnables ». « De quoi espérer un groupe écolo dans le cadre de la victoire de Benoît Hamon », veut croire le numéro un du parti écologiste.

Jusqu’au bout, la circonscription parisienne de Cécile Duflot aura constitué un casus belli d’un côté comme de l’autre mais les socialistes ont fini par céder jeudi. Un membre de la direction assure également avoir découvert dans la soirée que M. Jadot aurait obtenu de son côté une circonscription dans la capitale, celle de M. Baupin, qui ne figure cependant pas dans l’accord selon plusieurs sources écolos. M. Jadot, lui, affirme n’avoir rien négocié pour son propre cas. « Je reste député européen », indique-t-il. M. Cormand trouverait cependant « souhaitable » qu’il puisse devenir parlementaire national.

Tout cela doit maintenant être validé par un vote des électeurs de la primaire d’EELV qui se tiendra de vendredi à dimanche. Rares sont ceux qui se lancent dans les pronostics, d’autant que la façon dont M. Jadot a annoncé son retrait, semblant enjamber ce vote, n’a pas forcément été bien vécue en interne. Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’EELV et soutien de la première heure de M. Jadot, se dit « déçue » : « Les militants écolos n’aiment pas trop être pris à revers. »

Si M. Jadot a conscience que sa manière de faire a pu « froisser », il se veut « confiant ». M. Cormand, lui, ne préfère pas s’avancer. « En politique, c’est comme en amour, il y a les déclarations et les preuves, note-t-il. Les militants écolos sont exigeants et échaudés. » Dans cette présidentielle, où rien ne s’est jusqu’à présent passé comme prévu, mieux vaut effectivement être prudent.

Bastien Bonnefous et Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

::: INTERNATIONAL

LE PARISIEN – 24/02/2017

Afrique : 1,4 million d’enfants menacés par la famine cette année, selon l’Unicef

 

Une mère et son enfant souffrant de malnutrition, le 11 octobre 2016 à Aweil au Sud Soudan

Quatre pays d’Afrique présentent de très forts risques de famine pour 2017, s’alarme l’Unicef. Ces situations sont dues à des conflits humains.

Près de 1,4 million d’enfants risquent de mourir de la famine cette année au Nigéria, en Somalie, au Soudan du sud et au Yémen, selon Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Au Soudan du Sud, où l’état de famine a déjà été déclaré par le gouvernement dans plusieurs zones du pays, plus de 270 000 enfants souffrent de malnutrition, 1 million de Sud-soudanais risquant par ailleurs la famine dans les prochains mois, selon la même source. Les agences humanitaires déplorent d’autant plus cette situation qu’elle est «causée par l’homme», à savoir par la guerre qui ravage le pays depuis plus de trois ans.

Urgence humanitaire au Soudan du Sud

«Lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim», se sont alertées trois organisations humanitaires. La famine déclarée lundi au Soudan du Sud est la première qui l’est dans la région depuis celle qui a tué 260 000 personnes en Somalie, en 2011.

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12 000 Casques bleus.

Au Yémen, 462 000 enfants souffrent de malnutrition sévère, alors qu’une guerre oppose les Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition arabe, sur fond de crises humanitaires.

Au Nigéria, Boko Haram

Dans le nord-est du Nigeria, où sévit le groupe islamiste Boko Haram, ce sont 450 000 enfants qui ne peuvent pas se nourrir décemment. Fews Net, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine, a noté que les régions les plus reculées de la province de Borno sont déjà frappées par la famine depuis la fin de l’année dernière. Le désastre pourrait empirer, les agences d’aide étant dans l’impossibilité d’atteindre les victimes, selon l’Unicef.

 

LE FIGARO – 24/02/2017

«Il n’y aura pas d’expulsions massives» de Mexicains promet le secrétaire d’État américain

 

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à son arrivée à l’aéroport international de Mexico

Lors d’une visite à Mexico, Rex Tillerson a tenté de renouer le dialogue avec son voisin du sud. Mais rien n’est réglé pour autant, tant sur la construction du mur que l’avenir des échanges commerciaux.

La visite du secrétaire d’État américain Rex Tillerson et du secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly, ce jeudi à Mexico, n’a pas permis d’éclaircir les nombreux points de désaccords entre les deux pays. Mais son objectif, moins ambitieux, est atteint: le dialogue est renoué. Le président Enrique Pena Nieto a fini par accepter de recevoir les deux envoyés de la Maison-Blanche au palais présidentiel de Los Pinos. Lors d’une réunion préliminaire, le ministre des Affaires étrangères, Luis Videragay Caso, a pu constater «le professionnalisme et la volonté constructive» de ses interlocuteurs américains.

Le seul sujet sur lequel des déclarations d’apaisement ont été prononcées concerne les expulsions de Mexicains sans papiers des États-Unis. «Soyons très très clairs: il n’y aura pas d’expulsions massives» a assuré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly. Ce dernier a également assuré que Washington «ne fera pas appel à l’armée en matière migratoire». C’est un point de friction très sensible entre les deux pays. D’importantes manifestations ont été organisées au Mexique en début de semaine pour protester contre le nouveau traitement réservé aux migrants sans papiers.

Les déclarations incendiaires du candidat à la Maison-Blanche Donald Trump qualifiant les immigrés mexicains de «violeurs» et de «criminels» et annonçant l’expulsion de millions de Mexicains ont crispé l’opinion publique mexicaine. Le durcissement dans l’application de la loi sur les clandestins a déjà provoqué l’expulsion de nombreux Mexicains, parfois installés depuis plusieurs années aux États-Unis. «Avec Obama, il fallait commettre une erreur pour se faire expulser. Maintenant on peut vous déporter pour n’importe quoi» témoignait dans le quotidien espagnol El Pais Paz, un travailleur sans papier mexicain.

Un suicide près du poste frontière de San Isidro

La marge de manœuvre des agents de l’immigration a été considérablement réduite. «Avant, ils pouvaient ne pas renvoyer tous les migrants entre leurs mains devant une juridiction, détaille Alex Galvez, avocat spécialisé dans la législation sur les migrations. Maintenant, ils n’ont plus cette liberté.» Il y a 11 millions de travailleurs sans papier aux États-Unis dont beaucoup sont là depuis des années, ont fondé une famille. Normalement un migrant présent depuis plus de deux ans n’est pas expulsable mais, depuis quelques semaines, plusieurs d’entre eux qui n’étaient pas en mesure de prouver immédiatement leur présence sur le territoire américain depuis plus de 24 mois ont été expulsés. L’un d’entre eux s’est suicidé près du poste frontière de San Isidro mardi dernier.

Ce voyage aura permis de faire, un peu, oublier les provocations de Donald Trump. Celui-ci avait fait des déclarations tonitruantes à Mexico après une rencontre avec le président Pena Nieto fin août 2016, laissant entendre que ce dernier était prêt à payer pour le mur que le locataire de la Maison-Blanche a promis de construire entre les deux pays, provoquant une crise politique à Mexico.

Il y a quelques semaines, Donald Trump avait déclaré quelques jours avant un voyage prévu à Washington du président mexicain, qu’il n’était pas la peine que ce dernier fasse le voyage s’il n’était pas prêt à payer pour le mur. Le déplacement a été annulé. Donald Trump a promis de prélever une taxe sur l’argent envoyé par les migrants mexicains à leur famille pour financer l’ouvrage titanesque.

Si la tension est légèrement redescendue, les sujets qui fâchent sont toujours là. Outre la construction de ce mur, les échanges économiques et le traité de libre-échange de l’Amérique du Nord, l’Alena, sont fortement contestés par le nouveau président américain. Le Mexique a prévenu que si son voisin du Nord bloque l’importation de produits mexicains, les accords de coopération en matière de migrations et de trafic de drogue pourraient être remis en cause, ce qui serait une catastrophe pour Washington.

L’annulation d’un investissement de Ford au Mexique avait été très médiatisée. L’ouverture prochaine par le même constructeur de deux centres de production dans ce même pays l’est beaucoup moins. Pour la plupart des industriels, il semble impossible d’imposer des restrictions aux échanges entre les deux pays et ils espèrent que les tractations qui vont s’ouvrir en juin autour de la révision des accords de l’Alena se feront loin des déclarations provocantes du président Trump. Dans un climat apaisé. Le voyage de Rex Tillerson et John Kelly à Mexico était un premier signe de cette volonté d’apaisement de la part de l’administration Trump.

Patrick Bèle

 

 

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Revue de presse du MEDEF IDF du 23 février 2017

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::: ILE-DE-FRANCE

USINE NOUVELLE – 23/02/2017

L’Ile-de-France va commander une centaine de rames Regio2N à Bombardier

La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a annoncé une commande supplémentaire de 99 rames Regio2N, à l’occasion d’un déplacement dans les Hauts-de-France sur les sites de Bombardier à Crespin et d’Alstom à Petite-Forêt.

Près de Valenciennes (Nord), la météo était perturbée en ce mercredi 22 février 2017, pour la visite de Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France et Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, venus visiter les deux usines d’Alstom à Petite-Forêt et de Bombardier à Crespin qui vont bénéficier de la méga-commande de 3,75 milliards d’euros pour les 255 rames de futur RER NG.

Deux sites qui vont produire jusqu’en 2025 pour l’Ile-de-France les RER NG (Alstom et Bombardier), les Regio 2N (Bombardier), les Francilien (Bombardier), les tram-trains (Alstom) et les métros MP14 (Alstom). Des commandes qui font partie du vaste plan lancé par la région Ile-de-France de 708 trains neufs ou rénovés livrés entre 2016 et 2021. Tout comme celle qui a été annoncée par Valérie Pécresse à Crespin pour 80 rames du train Bombardier à deux étages, Regio2N, à destination de la ligne N entre Montparnasse, Rambouillet et Mantes-la-Jolie et 19 rames sur la ligne D pour la branche en direction de Malesherbes.

Une commande d’1 milliard d’euros à livrer à partir de 2019

« Cette commande d’une centaine de rames supplémentaires pour environ 1 milliard d’euros aura bien lieu d’ici le mois de mai, et je compte sur vous pour qu’elle soit livrée entre 2019 et 2021, a prévenu la présidente de la région Ile-de-France. Au total, l’ensemble des commandes atteint près de 10 milliards d’euros. » Comme pour rappeler que ces investissements vont améliorer la vie des Franciliens dans les prochaines années, – en attendant l’appel d’offre pour les métros du Grand Paris Express -, et vont aussi permettre d’assurer la pérennité de la filière ferroviaire du Nord (et donner du travail à d’autres sites d’Alstom).

Et Xavier Bertrand de rappeler dans l’usine de Crespin qui présentait la première rame Regio2N destinée à l’Ile-de-France, qui sera livrée en fin d’année. « Ma première priorité, c’est l’emploi, la priorité de Valérie Pécresse, c’est le confort des Franciliens. Nous étions faits pour nous rencontrer« , a-t-il répété comme pour montrer qu’ils tenaient leurs promesses en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Il prévoit également de futures commandes pour Bombardier quand un accord aura été trouvé sur la ligne Intercité Paris- Saint-Quentin – Maubeuge/Cambrai. Une usine Bombardier en pleine activité et « une filière qui reprend espoir. Ce sont 2000 salariés, 6 000 emplois induits et 1 300 fournisseurs qui sont concernés« , se réjouit Laurent Bouyer, le président de Bombardier Transport France, même si un trou d’air de 18 mois est prévu à partir de 2018 avec une baisse de l’activité.

Chômage partiel à Petite-Forêt

Une forte baisse d’activité qui a déjà commencé à Petite-Forêt chez Alstom. La visite pour découvrir les ateliers qui vont produire les futurs RER NG et les métros MP14 est saisissante. Quelques rames de métro destinées à Caracas au Venezuela attendent à l’extérieur avec une rame MI09 (RER A). Dans l’usine, quelques tram-trains sont en production pour une trentaine de rames à livrer. La dernière rame MI09 est sur le point d’être terminée. De 500 000 heures en période de pleine activité, « la production va tomber à 200 000 heures en 2017, prévient Christophe Gourlay, le directeur du site qui emploie 1 200 personnes. Nous allons devoir détacher du personnel sur certains sites Alstom ou chez des clients et procéder à des mesures de temps partiel pour 70 personnes. » 27% des employés sont des ouvriers.

A contrario, la conception et l’ingénierie vont être fortement sollicitées. Et le carnet de commandes est au beau fixe avec des rames de métro pour Lyon, Lille et Hanoï (Vietnam), des trains pour la Belgique. Pendant ce temps à Belfort, une autre bonne nouvelle pour Alstom. Le Président de la République, François Hollande, annonçait que, jeudi 23 février, la SNCF doit confirmer la commande de 15 TGV dans le plan de sauvetage de l’usine belfortaine.

Olivier Cognasse

 

 

20 MINUTES – 23/02/2017

JO 2024: Budapest retire sa candidature pour l’organisation de la compétition, Paris et Los Angeles pour la lutte finale

 

Budapest n’est plus en lice pour organiser les Jeux olympiques 2024.

La ville de Budapest a retiré ce jeudi sa candidature pour les Jeux olympiques 2024, alors qu’une pétition a recueilli assez de signatures pour déclencher l’organisation d’un référendum contre la candidature hongroise…

La candidature de la ville de Budapest à l’organisation des Jeux olympiques 2024 n’est plus que de l’histoire ancienne. La capitale hongroise a jeté l’éponge ce jeudi. « Budapest va officiellement demander au conseil municipal de retirer la candidature hongroise, en accord avec le gouvernement », a déclaré le maire de Budapest, Istvan Tarlos, après une réunion avec le Premier ministre Viktor Orban, selon l’agence de presse MTI.

La pétition lancée par de jeunes activistes pour l’organisation d’un référendum contre les Jeux de Budapest a récolté près de 266.000 signatures d’après ses organisateurs, presque le double du nécessaire pour organiser une consultation populaire. Plusieurs partis politiques critiques de l’homme fort du pays Viktor Orban avaient apporté leur soutien à cette campagne.

Paris et Los Angeles en finale

Le Premier ministre a toujours appuyé cette candidature lancée en 2015, en hommage à l’histoire olympique du pays : seuls neuf pays ont remporté plus de médailles que la Hongrie dans l’histoire des Jeux. La candidature de Budapest avait également reçu le soutien du maire de Budapest avec l’accord du Conseil municipal, du Parlement hongrois ainsi que du gouvernement Orban.

Mais les critiques ont vite pointé du doigt les coûts d’une telle candidature, affirmant que les contribuables avaient le droit de décider de la manière dont leur argent était dépensé. Le maire avait lui affirmé qu’il ne ferait pas « abstraction de la volonté du peuple ». Avec le retrait de Budapest, Paris et Los Angeles restent les deux seules villes encore en lice pour organiser la compétition. Le Comité olympique donnera le nom du vainqueur le 13 septembre.

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 23/02/2017

Les DRH unanimes sur le coût du travail mais pas sur les 35 heures

Selon l’Association nationale des DRH, la baisse des charges patronales est une priorité. La réforme des 35 heures et le contrat de travail pré-causé divisent les DRH.

Comme beaucoup d’organisations professionnelles ces derniers jours, l’Association nationale des DRH (ANDRH) a rendu publiques ce mercredi les attentes de ses adhérents en vue de l’élection présidentielle . L’intérêt particulier de ce sondage est d’avoir l’avis de professionnels de terrain sur le social et l’emploi, deux sujets qui figurent parmi les premières préoccupations des Français et sur lesquels les candidats à la présidentielle ont commencé à dévoiler leurs propositions.

Pour les 582 répondants à l’enquête menée par l’ANDRH (dont 55 % ont plus de 300 salariés), les trois sujets qui devraient être prioritaires dans le débat public actuellement sont l’insertion professionnelle des jeunes, la transformation numérique et le développement des nouveaux modes d’organisation du travail (télétravail par exemple).

Dans le champ social, c’est l’emploi qui arrive en tête des actions à mener en priorité pour les DRH (67 %), très loin devant le dialogue social (10 %), la formation professionnelle (8 %) ou encore les retraites (5 %). Sur les leviers d’action pour relancer l’emploi, en revanche, les avis sont plus partagés : 55 % estiment que la durée du travail est une réforme prioritaire, alors que 45 % n’y voient pas un levier majeur. Et même parmi ceux qui attendent une réforme de la durée du travail, seuls 20 % souhaitent en augmenter la durée. Ce qui laisse penser que la préoccupation majeure des employeurs n’est pas tant de faire travailler plus leurs salariés, mais d’avoir suffisamment de commandes pour les faire travailler tout court. Le développement de l’apprentissage fait, lui, l’unanimité : 92 % y voient le meilleur moyen de faire baisser le taux de chômage des jeunes. Pour cela, ils recommandent une exonération totale des charges sociales pour l’embauche d’un apprenti.

Assouplir les CDD

Même unanimité pour revoir le coût du travail (85 % le souhaitent), avec en priorité la suppression des charges salariales qui ne relèvent pas de la sphère du travail, par exemple la cotisation maladie et la suppression totale des charges patronales au niveau du SMIC, une proposition défendue par Emmanuel Macron . Sur le contrat de travail, 70 % des DRH estiment nécessaire de faire évoluer le CDD vers plus de souplesse mais sans précariser, ce qui semble un objectif compliqué. Quant à l’instauration d’un ­contrat unique, qui a pu séduire un temps le patronat, elle divise profondément les DRH : 52 % y sont favorables, et 48 % s’y opposent. Même constat sur le contrat de travail dont les modalités de rupture seraient prédéfinies et progressives, comme le propose François Fillon : 55 % des DRH y croient, et 45 % sont contre.

Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 23/02/2017

Nouvelle hausse des fraudes détectées par les caisses d’allocations familiales

43.000 cas de fraudes détectés l’an dernier (+8 %), pour 275 millions de préjudice.
La fraude réelle, elle, reste stable, autour de 1,5 milliard d’euros.

Ni flicage ni laxisme. Soucieux de casser les stéréotypes qui entachent sa politique de contrôle, la Caisse nationale des allocations familiales a sorti le grand jeu : elle a mis en ligne depuis ce mercredi, sur son site, Twitter ou sur sa chaîne YouTube, une vidéo pédagogique en parallèle de la publication des résultats de son action sur 2016. Message : si la fraude détectée a augmenté de 8 % par rapport à 2015, le taux de fraude aux allocations, lui, reste stable, signe « des progrès considérables » réalisés par l’institution, s’est félicité son directeur général, Daniel Lenoir.

Des principaux chiffres présentés, il ressort que 35,5 millions de contrôles ont été effectués l’an dernier, l’immense majorité – 32 millions – de manière automatique, les autres sur pièces (3,3 millions) ou sur place (167.000). Résultat : 42.959 fraudes détectées, un chiffre en hausse donc de 8 % sur un an. Tous ces cas représentent un peu plus de 275 millions d’euros (contre 247,8 millions en 2015), répartis – à raison de 6.412 euros en moyenne – sur 0,36 % des allocataires.

La majorité des fraudes détectées ont concerné les minima sociaux, RSA notamment, au moment où les départements renforcent eux aussi leurs contrôles sur les bénéficiaires (lire « Les Echos » du 22 février), et les aides au logement. Parce qu’il suppose une déclaration tous les trois mois, le Revenu de solidarité active est, parmi toutes les prestations, celle qui est la plus sujette à erreur, dans un sens ou dans un autre, explique-t-on à la Cnaf.

Des suites dans tous les cas

Les trois quarts des fraudes détectées proviennent d’omissions ou de fausses déclarations, 16,5 % de fraudes à l’isolement (quand le fraudeur dissimule sa vie de couple), le solde concernant des faux, usages de faux ou escroqueries. Et aucune n’est restée sans suite : des pénalités financières pour les deux tiers, des avertissements et des poursuites pénales pour 30 % et 5 % d’entre elles respectivement.

Si l’on remonte à 2012, la hausse du nombre de cas de fraude détectés est spectaculaire, les contrôleurs disposant d’un arsenal de plus en plus important d’outils pour mener leurs vérifications. Avec, en toile de fond, l’apport grandissant des technologies informatiques dites de « data mining », qui permettent de fouiller les bases de données de différentes origines sous tous les angles.

Reste qu’il y a encore du chemin avant d’assainir la situation. Mesurée sur la base de 7.000 contrôles sur place auprès d’allocataires tirés au sort, la fraude réelle, elle, est estimée au titre de 2014 à 1,5 milliard d’euros, soit 2,2 % des prestations versées cette année-là. Le chiffre est stable, mais encore loin des 275 millions détectés. La Cnaf espère que la lutte antifraude, par son effet dissuasif, permettra à terme de faire baisser ce taux de fraude.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Logement social : la Cour des comptes envisage un bail à durée limitée

Pour inciter les locataires du parc social à retourner dans le privé lorsque leurs revenus progressent, la Cour propose plusieurs nouvelles pistes.

Le secteur du logement social est un mastodonte qui manque d’efficacité. Il a beau engloutir 17,5 milliards d’euros par an et représenter près de la moitié du parc locatif, il peine à offrir une aide aux ménages les plus modestes, déplore la Cour des comptes dans un rapport publié hier qui souligne l’inertie du système.

Obtenir un logement social représente pourtant un sérieux coup de pouce pour les locataires: le loyer est en moyenne 40% moins cher que dans le secteur privé et même 50% moins cher en Ile-de-France. Mais la file d’attente à l’entrée ne cesse de s’allonger, tandis que les ménages qui en sortent sont de moins en moins nombreux. «L’attribution d’un logement social conduit en pratique à remettre les clés à vie», regrette la Cour des comptes. Aujourd’hui 1,9 million de personnes attendent un logement social alors que seuls 4,8 millions de logements sont proposés. Et dans le même temps, la moitié des ménages sous le seuil de pauvreté ne bénéficient pas d’un tel avantage. Pourtant, le parc existant permettrait largement de les accueillir tous.

Un système opaque

Il faut dire que les conditions d’octroi sont généreuses: les deux tiers de la population sont éligibles, et un ménage sur deux bénéficiant d’un logement social n’a pas des revenus modestes. Mais le système est opaque. Seul un organisme HLM sur quatre rend publiques ses méthodes de sélection.

En matière d’immobilier, difficile d’adapter finement l’offre à la demande. À Paris, les organismes HLM enregistrent 16 demandes pour une place, mais dans d’autres zones, où la population tend à décroître, les taux de vacance sont «préoccupants». Alors que la mixité sociale des villes fait partie des objectifs assignés au logement social, la Cour des comptes déplore que ces logements soient concentrés dans certaines zones. Enfin, l’offre du secteur social ne correspond plus aux attentes des ménages, le plus souvent composés d’une ou deux personnes, si bien que de nombreux logements s’avèrent sous-occupés.

Un parc mal géré

Alors, plutôt que de construire des logements sociaux à tout va, qui coûtent cher et ne remplissent pas leur office, la Cour des comptes recommande d’abord d’améliorer la gestion du parc existant. Selon ses calculs, les constructions record de logements sociaux ces dernières années (130.000 en 2016) n’ont pas permis d’améliorer l’accès au parc. Alors que 600.000 logements ont été créés entre 2002 et 2013, les attributions annuelles ont diminué dans le même temps de 70.000. A contrario, elle estime qu’une amélioration d’un point du taux de rotation permettrait de libérer 50.000 logements par an, sans coût supplémentaire. La Cour recommande donc de recentrer l’attribution de logements sociaux sur les ménages à revenus modestes, et d’encourager à partir ceux qui ne rempliraient plus les critères d’attribution.

Elle propose d’introduire, dans les zones tendues, des baux à durée limitée. Leur renouvellement dépendrait de l’évolution de la situation du ménage. Celui-ci pourrait avoir à payer un surloyer lorsque ses revenus dépassent un certain seuil. Il n’aurait ainsi rien à perdre en retournant se loger dans le secteur privé. De tels surloyers existent déjà mais sont pour l’instant rarement appliqués.

Cette mesure recueille les faveurs de la ministre du Logement, mais celle-ci maintient en revanche son objectif annuel de construction de 150.000 logements. Elle veut également continuer à attribuer les logements sociaux non seulement aux ménages modestes mais aussi aux classes moyennes.

Marie Bartnik

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 23/02/2017

BTP, autoroutes… Eiffage voit ses bénéfices bondir

 

A partir d’avril, les essais de vitesse terminés, la SNCF prendra la main et fera circuler des trains.

La rentabilité des métiers du BTP bondit malgré le repli du chiffre d’affaires.
Un quart de l’activité se fait désormais à l’international.

Pour sa première année à la tête d’Eiffage, Benoît de Ruffray, arrivé en janvier 2016, a dévoilé des résultats en forme d’hommage à son prédécesseur prématurément disparu, Pierre Berger. «  Les efforts de ces dernières années ont payé », a résumé le groupe. Le plan de réduction de coûts, conjugué à la baisse des taux d’intérêt (donc des frais financiers), et l’embellie dans le BTP au quatrième trimestre, s’est traduit par un bond de 33 % du résultat net, à 416 millions d’euros et le résultat opérationnel atteint 1,6 milliard (+11,6 %), malgré la stagnation du chiffre d’affaires. A 14 milliards d’euros (+0,7 %), il « est en légère progression grâce aux acquisitions, sans lesquelles il serait en léger repli », reconnaît Benoît de Ruffray.

Cette panne de croissance est due au BTP, où l’activité (11,5 milliards d’euros) recule de 1,2 % à périmètre constant (hors acquisitions). N’importe, en 2016, Eiffage a connu un tournant. Ses profits ne sont plus dus à la seule prospérité de ses concessions d’autoroutes, APRR et Area. Elles sont toujours florissantes (leur résultat opérationnel a encore grimpé de 12 % à 1,2 milliard d’euros). Mais le BTP a vu sa rentabilité rebondir. Il affiche une hausse de 10 % de son résultat opérationnel, à 378 millions d’euros et les marges s’améliorent.

Envol des ventes de logements neufs

Certes, la construction de bâtiment a bénéficié de l’envol des ventes de logements neufs. Mais dans les travaux d’infrastructures, Eiffage devait négocier en 2016 une passe délicate. Son plus gros chantier, celui à 3 milliards d’euros de la nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse Rennes-Le Mans, s’achève (lire ci-dessous). Il a aussi connu un accident de parcours sur le chantier de la prolongation de la ligne 14 du métro parisien, où les travaux sont arrêtés suite à l’inondation de la station en construction porte de Clichy. Combien ce métro promis pour 2019 par la RATP aura-t-il de retard ? « Les travaux de confortement de la station devraient être terminés dans la première quinzaine de mars et pour la suite, nous regardons la possibilité d’accélérer les travaux », indique Jean-Louis Servranckx, le patron de la branche infrastructures. Selon lui, l’impact financier du retard serait à la charge de la RATP car « dans nos contrats nous ne prenons pas la responsabilité de la conception ni de la géologie », a-t-il souligné. En fait, selon nos informations, un expert judiciaire travaille depuis décembre à départager les responsabilités des deux parties. Mais ces incidents ponctuels n’empêchent pas une bonne performance générale du pôle infrastructures. Le chiffre d’affaires des travaux routiers s’est stabilisé, après deux ans où la baisse a été de 11 % par an et la construction métallique se redresse.

Le carnet de commandes des métiers du BTP a progressé de 5 %, à 12 milliards. Surtout, Eiffage se développe à l’international. L’activité infrastructures y a progressé de 9,6 % en 2016, avec des contrats à Madagascar, au Sénégal. Et au final, tous métiers confondus, l’international a représenté l’an dernier 24 % de l’activité BTP, « contre 18 % il y a cinq ans », a rappelé Benoît de Ruffray. Le PDG table pour 2017 sur une légère croissance de l’activité comme des bénéfices du groupe.

Myriam Chauvot

 

 

LE MONDE – 23/02/2017

Rachat d’Opel : l’opération de charme du patron de PSA en Allemagne

Carlos Tavares a donné des garanties sur l’emploi – jusqu’en 2018 – à Angela Merkel et aux salariés du constructeur allemand.

Carlos Tavares a réussi, mardi 21 février, son tour de charme en Allemagne. Au siège d’Opel à Rüsselsheim, puis à Berlin par téléphone, le PDG de PSA a donné aux représentants des salariés et à la chancelière Angela Merkel la garantie que les sites de production du groupe allemand ne seraient pas fermés et que ses 19 000 salariés en Allemagne conserveraient leur emploi… en tout cas jusqu’en 2018. « Une première bonne nouvelle », s’est félicité le président du comité d’entreprise d’Opel, Wolfgang Schäfer-Klug, mardi midi.

Les responsables politiques à Berlin se sont également empressés de célébrer ce résultat comme une réussite. Hasard du calendrier, la ministre du travail française Myriam El Khomri était en visite en Allemagne auprès de son homologue Andrea Nahles. Les deux femmes ont eu beau jeu de présenter la fusion à venir comme une opération « gagnant-gagnant ». L’annonce, le 14 février, du projet de General Motors (GM) de vendre Opel à PSA avait suscité le courroux de Berlin, vexé de ne pas avoir été informé préalablement de l’opération. En pleine année électorale, la menace d’une suppression de milliers d’emplois dans l’automobile aurait été du plus mauvais effet. Depuis, trois ministères surveillent au plus près l’avancée des négociations.

Les apparences sont donc sauves. Mais en réalité, Carlos Tavares n’est pas allé bien au-delà de ses obligations légales. Car GM s’était déjà engagé à préserver les emplois jusqu’en 2018 ainsi qu’à maintenir des investissements et des sites de production jusqu’en 2020. L’avenir n’a donc rien d’assuré à moyen terme. Les représentants du personnel, longtemps malmenés par la maison mère GM, peuvent certes s’appuyer sur la vision d’un Opel intégré dans une entreprise de tradition familiale européenne, qui a réussi son redressement, et rêver à un « champion européen » qui maintiendrait tous les emplois. Mais ils ne peuvent ignorer les Cassandre qui se sont multipliées ces derniers jours.

« Ne pas se faire d’illusion »

Les analystes de la société de conseil britannique Evercore ISI estiment ainsi, dans une étude publiée le 15 février, qu’« au regard des chevauchements entre les deux entreprises, on ne devrait pas se faire d’illusion sur ce qui va se passer si on veut en faire une seule ». Ils estiment ainsi que l’avenir du site d’Eisenach, en Thuringe, qui emploie un peu moins de 2 000 personnes, est compromis. L’expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, de l’université Duisburg-Essen, voit aussi ce site menacé. Il a calculé que le coût du travail des sites allemands – à 52 euros de l’heure – est le plus élevé de tous les pays européens. Le site d’Eisenach n’est par ailleurs exploité qu’à 66 %. A la faveur d’un renouvellement de modèle, sa production pourrait être délocalisée dans une usine du groupe PSA en Europe de l’Est et profiter de coûts du travail plus réduits, jugent les analystes.

A court terme en tout cas, pas question de parler de fermeture, côté PSA. Après l’Allemagne, Carlos Tavares va reprendre son bâton de pèlerin afin d’aller convaincre, vendredi 24 février, des Britanniques passablement inquiets eux aussi. Il est plus facile de se séparer d’une usine au Royaume-Uni que sur le continent, conviennent les spécialistes des restructurations du secteur automobile. Peugeot en a d’ailleurs déjà fermé une en 2006 à Ryton, dans le centre de l’Angleterre.

Cela dit, le Brexit peut paradoxalement protéger les deux usines de Luton, non loin de Londres, et d’Ellesmere Port, dans le nord du pays, explique un expert du secteur. Dans la perspective de droits de douane élevés, mieux vaut produire en Grande-Bretagne les Vauxhall (le nom d’Opel outre-Manche) que l’on vend en Grande-Bretagne. Il y a une condition nécessaire pour que l’équation économique soit valable : une forte majorité des composants des véhicules doivent aussi être produits sur place afin d’éviter un coûteux jeu de saute-frontière.

Projet à la fois « inquiétant » et « encourageant »

Côté français, la grogne et l’anxiété montent aussi. Les représentants des salariés se sentent mis à l’écart. « Nous ne sommes absolument au courant de rien, déplore Franck Don, délégué central CFTC du groupe PSA. Il est plus que temps que la direction échange avec les organisations syndicales françaises. » Le projet est à la fois « inquiétant » et « encourageant », estime Christian Lafaye, délégué syndical FO, premier syndicat de PSA. De son côté, la CFE-CGC a réclamé « des garanties sur la pérennité » de l’activité du groupe automobile en France.

Au siège de PSA, on relativise ces récriminations. « Nous avons organisé une information à l’intention des organisations syndicales françaises, rappelle un porte-parole. Mais il est compréhensible que, pour le moment, il puisse y avoir des frustrations dans la mesure où nous ne pouvons pas détailler un projet qui est en cours de négociation. »

La curiosité des syndicalistes français devrait être – au moins partiellement – satisfaite mercredi 22 février. Dans la matinée, un conseil de surveillance devrait aborder le sujet du rachat d’Opel, même si l’ordre du jour officiel, à savoir l’examen des résultats financiers de 2016, n’a pas été modifié. « Il faudra de toute manière réunir à nouveau un conseil de surveillance extraordinaire la semaine prochaine, assure un membre des instances dirigeantes du groupe. C’est une obligation légale. » Le calendrier pourrait d’ailleurs s’accélérer : on estime au siège de PSA qu’il pourrait se tenir le lundi 27 ou le mardi 28 février, avec une annonce officielle dès mercredi 1er mars.

Éric Béziat et Cécile Boutelet

 

 

LES ECHOS – 23/02/2017

La location touristique entre particuliers a explosé en 2016

 

La province représente désormais 80 % de la fréquentation des logements touristiques de particuliers proposés par des plates-formes sur Internet.

Selon l’Insee, 76,5 millions de nuitées ont été passées, l’an dernier, dans des logements de particuliers proposés à la location sur Internet (+30 %). Ce qui représente 16 % du total des nuitées passées dans les hébergements touristiques marchands.

Ce n’est pas une surprise : la location touristique de logements par des particuliers, via des plates-formes Internet de type Airbnb ou Abritel, est en plein boom en France. Mais pour la première fois, l’Insee a tenté de chiffrer le phénomène. Selon l’Institut, 25,5 millions de nuits ont ainsi été facturées en 2016 au titre de logements de particuliers proposés à la location sur le Web. Un chiffre en hausse de 30 % par rapport à 2015. Cela représente 11,3 % de la fréquentation de l’ensemble des hébergements touristiques l’an dernier.

« La vigueur de l’augmentation est toutefois un peu moindre chaque trimestre, traduisant une certaine maturité du marché », note l’étude. En particulier en Ile-de-France où l’activité n’a augmenté « que » de 10 % en 2016 (la région a aussi été davantage pénalisée par l’impact des attentats), quant à elle a bondi de 36 % en province. La province représente d’ailleurs désormais 80 % de la fréquentation des logements touristiques de particuliers proposés par des plates-formes sur Internet, contre 76 % en 2015.

La clientèle hexagonale tire le marché

Autre enseignement : ce n’est pas tant la clientèle étrangère (+19 % sur un an) que la clientèle française (+36 %) qui tire le marché. Cette dernière représente ainsi 66 % de la clientèle des plates-formes de location touristique par des particuliers. « Ces données suggèrent ainsi un relais de croissance pris par la clientèle hexagonale, même si la clientèle étrangère continue de progresser », indique l’Insee, qui tempère cependant ses propos du fait du faible historique des données disponibles.

Si les plates-formes d’hébergement alternatif ont pâti, comme les hôtels, de l’effet des attentats terroristes en Ile-de-France et à Nice et de la menace terroriste persistance, elles ont bénéficié l’an dernier de l’Euro de football organisé dans l’Hexagone , qui a « stimulé » une fréquentation étrangère en berne. Celle-ci tend en outre à se redresser depuis la fin 2016. Une tendance observée plus globalement dans tout le secteur touristique.

Un diagnostic plus favorable sur le tourisme

L’augmentation de la fréquentation des logements loués par les particuliers sur le Net s’est accompagnée d’un accroissement du nombre de personnes hébergées. L’Insee estime leur nombre à 76,5 millions en 2016 sur la base d’une hypothèse de trois personnes en moyenne par logement loué, ce qui correspond à 16 % de l’ensemble des nuitées dans l’hébergement marchand. Cette part est ramenée à 14 % si l’on retient une hypothèse de 2,5 personnes par logement, indique l’institut de statistiques.

D’ailleurs, note-t-il, « l’intégration de ces données sur les plates-formes conduirait à un diagnostic plus favorable sur le tourisme en France ». Le recul de la clientèle étrangère ne s’établirait ainsi plus qu’à 3,9 % en 2016, au lieu de -5,2 %, dans l’hypothèse numéro un de trois personnes par logement loué. Surtout, la fréquentation touristique exprimée en nuitées ne serait plus en baisse de 1,3 % sur 2016, mais en hausse de 2,6 %. Une lecture toute différente.

La méthodologie de l’étude

L’Insee a récolté des données mensuelles agrégées auprès d’un échantillon représentatif de plates-formes. Cet échantillon a été établi en collaboration avec l’Union nationale pour la promotion et pour la location de vacances (UNPLV) ainsi que Gîtes de France. L’objectif était d’avoir une idée du volume d’activité que représente la location de logements de particuliers via des plates-formes sur Internet, par comparaison avec les autres hébergements marchands que sont les hôtels, les résidences de tourisme et les campings.

Elsa Dicharry

 

 

LE PARISIEN – 23/02/2017

Fausses promotions : lourdes amendes pour les stars de l’e-commerce

 

Vente-privee.com, dont les locaux sont situés à Saint-Denis, fait partie des sites épinglés par la DGCCRF.

Vente en ligne. A la suite d’une enquête de la Répression des fraudes, des grands noms du Web ont été pris la main dans le sac.

Belles promos, grosses arnaques ! Sur Internet, de nombreuses enseignes attirent toute l’année les consommateurs à coups de réductions séduisantes et de rabais inespérés. Mais parmi ces prix cassés se cachent bien souvent de fausses ristournes. C’est ce que dévoile en exclusivité, dans « le Parisien » – « Aujourd’hui en France », la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a enquêté pendant des mois sur l’arnaque des fausses promotions sur Internet.

Entre fin 2015 et courant 2016, 19 entreprises d’e-commerce ont été prises en flagrant délit de tromperie commerciale. Exemples ? Les tours de passe-passe sont nombreux pour leurrer l’internaute : des « soldes » au même prix de vente qu’avant le lancement, des prix de référence revus à la hausse pour afficher un pourcentage de promo plus alléchant, ou encore des réductions à ne pas louper, soi-disant limitées dans le temps, mais qui se renouvellent en réalité toute l’année…

35 millions de Français achètent en ligne

Selon la DGCCRF, ces pratiques trompeuses sont généralisées sur la Toile. Et, pour la première fois en France, elles ont fait l’objet de condamnations non négligeables. Au total, l’amende s’élève à 2,4 M€. Parmi les fraudeurs, on retrouve Amazon, le no 1 de l’e-commerce français !

Celui qui attire plus de 18 millions de visiteurs uniques par mois — et qui n’a pas donné suite à notre courriel envoyé hier midi — a dû mettre la main au porte-monnaie à hauteur de 1 M€. D’autres grands noms du Web — Zalando, H&M, Vente-privée, Showroomprivé, Grosbill (également sollicitées, ces enseignes n’ont pas souhaité nous répondre), Comptoir des cotonniers, Gérard Darel… — ont été condamnés, verbalisés ou sont encore dans le viseur de la DGCCRF. Qui ne compte rien lâcher.

« Les enquêtes de la DGCCRF se poursuivent en 2017 pour assurer au consommateur qu’une bonne affaire est toujours une bonne affaire », assure Martine Pinville, la secrétaire d’Etat chargée du Commerce. Pas sûr néanmoins que cela soit suffisant pour assainir les pratiques alors que le marché en ligne a encore progressé de 14 %* entre 2014 et 2015, avec 64,9 Mds€ de chiffre d’affaires. Les 35 millions de Français qui achètent sur la Toile tenteront de se rassurer comme ils peuvent. Et de se protéger avec les moyens du bord (voir encadré).

Pour autant, la DGCCRF tente de positiver. Après sa condamnation, Amazon a par exemple mis en place des procédures pour vérifier — tous les trimestres seulement — le prix de référence renseigné par ses fournisseurs. Idem chez Zalando qui précise dans un courriel que ses clients ont davantage d’informations sur les prix. « Cela va dans le bon sens, reconnaît-on à la DGCCRF. A nous d’être vigilants mais, en cas de récidive, la justice pourrait aller plus loin. » Car si, pour cette première condamnation, certaines amendes s’apparentent à de simples avertissements, en cas de récidive, les géants du Web pourraient être obligés de verser jusqu’à… 10 % de leur chiffre d’affaires !

* Chiffres clés de la Fevad 2015.

Aurélie Lebelle

::: POLITIQUE

L’OPINION – 23/02/2017

Macron-Bayrou, une alliance au centre du jeu

En proposant au candidat d’En Marche ! une alliance, le président du MoDem bouscule le jeu de la présidentielle. Pour François Fillon et Benoît Hamon, c’est une mauvaise surprise

A l’occasion d’une déclaration à la presse très attendue, François Bayrou a annoncé qu’il ne serait pas candidat à l’Elysée pour la quatrième fois. Le maire de Pau a proposé une alliance à Emmanuel Macron. Celui-ci l’a accepté dans la foulée, y voyant « un tournant de la campagne » mais aussi « de la vie politique ». Les deux hommes se verront ce jeudi pour la finaliser.

Mercredi 22 février, à 16 h 37, un coup de tonnerre béarnais a éclaté dans le ciel de la présidentielle française. François Bayrou annonce qu’il ne sera pas candidat une quatrième fois à l’élection présidentielle et propose une offre d’alliance à Emmanuel Macron, basée sur quatre exigences (une loi de moralisation de la vie publique, une juste rémunération du travail, la proportionnelle, une véritable alternance).

A peine une heure plus tard, l’ancien ministre de l’Economie accepte la proposition surprise du président du MoDem. « L’alliance proposée par François Bayrou porte sur les valeurs et les idées et s’inscrit pleinement dans la démarche de renouvellement et de rassemblement qui, depuis le début, est la nôtre », déclare le patron d’En Marche!. Les deux hommes se rencontreront dès ce jeudi. Cette nouvelle donne, inédite et spectaculaire, rebat toutes les cartes de la bataille élyséenne et pourrait modifier à terme en profondeur le paysage politique national.

« La panique se lève au milieu des arbres. » François Bayrou aime cette citation de Victor Hugo. Ce mercredi, sa déclaration a pris de court beaucoup de monde, à droite comme à gauche. Elle a aussi quelque chose de logique. D’abord, même si la tentation première du maire de Pau est toujours de se lancer dans les combats, y compris les plus difficiles, cette quatrième candidature se présentait mal. Crédité de 5 % dans les sondages, dans quel état en sortirait-il ? Ces derniers jours, le centriste a été très marqué par le démarrage difficile de son dernier livre. Résolution française s’est vendu à peine à 5 000 exemplaires en deux semaines.

«Tu as raté Ségolène…» Ensuite, François Bayrou a depuis quinze ans fait de l’explosion du clivage droite-gauche son objectif et sa marque de fabrique. Lors de la présidentielle de 2007, il avait obtenu un très bon score (18,5 %), mais échoué à le concrétiser. Cinq ans plus tard, le Béarnais avait appelé à voter pour François Hollande au second tour, mais n’avait rien exigé en échange. De son côté, le chef de l’Etat avait commis une faute originelle, qui allait plomber tout son quinquennat, en ne saisissant pas la main tendue du leader du MoDem.

Les jours précédents sa prise de décision, un ami avait glissé à François Bayrou ceci : « Tu as raté Ségolène, tu as raté Dany, si tu veux maintenant rater Macron… » Dans l’entre-deux tours de 2007, prête à tout bousculer, Ségolène Royal s’était même rendue en bas de son domicile parisien afin de trouver un accord, mais le centriste n’avait pas répondu à son appel. A l’occasion des européennes de 2009, il avait préféré affronter Dany Cohn-Bendit au lieu de présenter des listes communes avec l’écologiste joueur qui n’attendait que cela. Cette fois, le maire de Pau va au bout de sa logique. Emmanuel Macron se dit « de droite et de gauche » ; il est beaucoup mieux placé que lui pour l’emporter. Il s’allie avec lui. Pour l’ancien ministre de l’Economie, c’est une vraie bouffée d’oxygène alors que depuis quinze jours sa campagne patinait. Jusqu’où le pack entre les deux hommes va-t-il bousculer le jeu ?

Pour François Fillon, ce n’est pas une bonne nouvelle. Le candidat de la droite ne le cachait pas : il avait tout intérêt à ce que François Bayrou soit candidat afin de priver Emmanuel Macron de quelques points précieux et d’un accès au second tour. « Présente-toi, j’en ai besoin et après je te donne ce que tu veux », avait lancé l’ancien Premier ministre au centriste, lorsqu’ils s’étaient vus, la dernière fois, le 24 janvier. Le premier avait pris bien soin d’opposer une fin de non-recevoir au second, qui lui demandait un groupe parlementaire. « Un groupe parlementaire pour Bayrou plus un groupe parlementaire pour l’UDI, c’est compliqué », confiait encore François Fillon la veille de l’annonce de François Bayrou. Les minutes suivant celle-ci, ses troupes exhumaient les anciennes déclarations très critiques du Béarnais à l’égard d’Emmanuel Macron. Elles rappelaient le soutien de François Bayrou à François Hollande en 2012 afin de mieux gauchiser le leader d’En Marche!. Mais avec l’appui du patron du MoDem, ce dernier est renforcé sur son centre droit, ce qui lui manquait jusqu’à présent.

« Donneurs de leçon permanente». A gauche, les partisans de Benoît Hamon sont également immédiatement montés au front. Pour eux non plus, cette nouvelle donne n’est pas sans répercussion. Le candidat du PS est empêtré dans ses discussions avec Yannick Jadot et ses bisbilles avec Jean-Luc Mélenchon. La dynamique dont il comptait profiter avec l’alliance des forces de gauche est au point mort. De son côté, Emmanuel Macron devrait enregistrer de nouveaux ralliements venus du PS dans les prochains jours.

« Hamon s’empêtre avec Jadot et Mélenchon mais n’a pas fait un geste en direction du cœur du parti depuis un mois, et les gens sentent qu’une dynamique en faveur de Macron se met en place, affirme une députée PS. Rugy et Bayrou le même jour, on a beau dire, ça enclenche quelque chose. » « Ce que nous sommes incapables de faire avec Jadot-Hamon-Macron… Accablé par les donneurs de leçon permanente », a d’ailleurs tweeté François Michel Lambert, député socialiste des Bouches-du-Rhône, montrant son dépit après « l’union des forces » proposé par François Bayrou.

Au-delà de toutes ces conséquences tactiques, c’est aussi la fin d’une autre histoire. Après Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, c’est une autre figure du paysage politique français qui ne sera pas sur la ligne de départ de la présidentielle. Le renouvellement continue, les surprises s’enchaînent, faisant de cette élection une présidentielle folle.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 23/02/2017

Taubira : « Je ne crois pas à la défaite inéluctable de la gauche »

L’ex-ministre de la justice considère, dans un entretien au « Monde », que « ce qui différencie les sensibilités de gauche n’est pas rédhibitoire ».

Christiane Taubira, qui publie un nouveau livre, Nous habitons la Terre (Philippe Rey), regrette, dans un entretien au Monde, le « renoncement de la gauche à son identité » et la « lente déliquescence » politique. L’ex-garde des sceaux estime que les gauches ne sont pas irréconciliables et qu’elles sont face à une « responsabilité historique ».

Dans votre livre, vous expliquez que le mot « crise » est brandi depuis des décennies pour empêcher toute réflexion de fond. Considérez-vous que la France traverse actuellement, à deux mois de la présidentielle, une crise politique ?

Il n’y a pas une crise politique en France. La situation dans laquelle nous sommes s’est construite lentement, hélas. Ce sont au moins vingt ou trente ans de renoncement de la gauche à son identité politique, à son propre vocabulaire, à sa capacité de réflexion et de proposition de solutions nouvelles, qui nous ont placés dans cette situation. Ce n’est pas une crise, quelque chose qui surgit à l’improviste, c’est une lente déliquescence. Nous sommes dans un moment paroxystique, mais il suffisait d’un peu de lucidité pour le voir venir.

Cette lente déliquescence s’exprime-t-elle dans cette campagne présidentielle ?

La déliquescence se traduit par une perte de confiance, par un désarroi qui conduit des personnes à accepter, du fait des difficultés économiques et de leurs angoisses existentielles, des discours qu’en d’autres temps elles n’auraient pas tolérés. Dans la présidentielle, les candidats eux-mêmes se retrouvent pris dans ce tourbillon d’une société où la classe politique a contribué à brouiller les repères.

Vous regrettez que la gauche ait perdu la bataille des mots. Dans la campagne, voyez-vous un candidat qui parle avec des mots de gauche ?

C’est vrai que, sur le quinquennat, la parole politique n’a pas réhabilité l’engagement à gauche, elle est restée dans la tendance lourde qui consiste, soi-disant au nom du pragmatisme, à ne pas assumer ses valeurs. Cela avait déjà été le cas à la fin de la législature Jospin. Pendant les deux quinquennats de la droite, entre 2002 et 2012, alors que la gauche a remporté des victoires électorales, elle a accumulé les défaites politiques et culturelles.

Elle a fait l’erreur de croire qu’elle gagnait les élections intermédiaires parce qu’elle atténuait son discours. Depuis 2012, j’ai entendu à chaque échec électoral des dirigeants de gauche expliquer que si les Français voulaient plus de gauche, ils auraient voté pour les communistes. Sauf que la politique n’est pas une arithmétique : ne pas assumer l’identité de la gauche a été la cause de la sanction.

En prenez-vous votre part personnellement ?

Non ! J’assume collectivement, je dis « nous », mais j’ai laissé suffisamment de traces et de déclarations, durant le quinquennat et avant, qui prouvent mes désaccords. J’ai choisi de rester dans le camp de la gauche, je reste solidaire y compris de ses erreurs. Mais je n’y ai pas contribué personnellement, j’ai même plutôt pourri la vie de certains dirigeants de gauche.

L’affaire Théo L., ce jeune homme victime d’un viol présumé lors d’une interpellation, illustre-t-elle un ultime échec de la gauche dans sa relation avec les quartiers populaires ?

Je n’ai pas envie d’en parler sous cet angle. Il y a une jeunesse en demande, en attente. Que lui offre-t-on ? Du fond, des repères historiques, de la méthode ? Ou simplement de la superficialité ? De quoi parle-t-on quand on parle des banlieues ? D’une planète perdue ? Il s’agit de notre territoire où vivent des Français depuis plusieurs générations, on parle de citoyens pleins et entiers. C’est cela, le sujet. Plus personne ne parle du contrat social. Les jeunes ne savent plus bien ce que c’est, mais les politiques non plus.

La gauche était plus attendue sur les banlieues que la droite ou l’extrême droite…

C’est un échec politique depuis quarante ans. En 2001, après le 11-Septembre, Lionel Jospin avait fait un discours de premier ministre pendant quarante-cinq minutes à la tribune de l’Assemblée nationale. Pas une seule fois le mot laïcité n’avait été prononcé. Pas une phrase pour dire à des jeunes qui, pétris de frustrations, risquaient de s’identifier à ces monstres-là, qu’ils étaient d’ici et ne devaient pas se laisser aspirer.

C’est un vieil échec récurrent, de la gauche, de la droite. Mais la gauche est plus coupable parce qu’elle a plus que d’autres le devoir de se préoccuper de la cohésion sociale, de la justice sociale, de l’égalité des chances.

Vous avez fait la « une »  des « Inrocks » le 1er février pour une interview croisée sur la jeunesse avec l’ex-chroniqueur du « Bondy Blog » Mehdi Meklat. Vous avez réagi à la polémique sur ses propos sur Twitter, antisémites et violents, en les condamnant…

Oui, je condamne ces propos. Si c’est, paraît-il, un jeu, il est tellement pestilentiel et dangereux qu’il n’y a aucune circonstance atténuante possible. Ce sont des torrents de boue comme on en trouve tous les jours sur les réseaux sociaux. Mais je refuse de réduire la jeunesse au fait qu’un jeune se soit livré à ce qui est absolument incompréhensible et inexcusable.

Qui, de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron représente la gauche que vous réclamez de vos vœux ?

Il y a un principe fondamental en sociologie, c’est se nommer soi-même. Quand certains disent qu’ils ne sont pas à gauche, ce n’est pas à moi de les attraper au lasso pour les y emmener. La gauche porte constamment la transformation de la société. Incontestablement, Benoît Hamon porte des idées et une parole de gauche, un engagement et une volonté de gauche. Il produit des idées qui bousculent, qui sont la risée de certains ou nourrissent des espoirs.

Les tensions entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ne donnent-elles pas raison rétrospectivement à Manuel Valls quand il parlait des gauches irréconciliables ?

Historiquement, il est établi qu’il existe plusieurs sensibilités, mais, dans les moments les plus graves, les gauches se sont rendu compte qu’elles n’avaient rien d’irréconciliable et qu’elles étaient capables de travailler ensemble. C’est évident sous le Front populaire, sous Mitterrand ou sous Jospin. Je crois que ce qui différencie les sensibilités de gauche n’est pas rédhibitoire.

A deux mois du premier tour, attendez-vous une candidature commune à gauche ?

J’ai toujours refusé les calculs du microcosme. J’ai un seul souci : qu’adviendra-t-il des gens, et notamment des plus vulnérables, qui ont besoin de la puissance de l’Etat pour les protéger ? Ce ne sont ni les politiques d’extrême droite, introuvables, ni celles de la droite, dont on connaît le programme brutal, qui peuvent remplir ce rôle.

La gauche a une responsabilité historique. L’option n’est pas de savoir si un tel est meilleur ou plus sympathique, si un tel doit s’aligner derrière un tel, ce n’est pas le sujet. Est-ce que nous prenons la responsabilité de voir la situation sociale et économique, et aussi budgétaire, se détériorer et des personnes en prendre plein la figure pendant cinq ans ? Ou sommes-nous capables de nous dépasser et d’affronter toutes les difficultés aujourd’hui plutôt que d’avoir demain à répondre à ceux qui nous diront : « Ainsi vous nous avez livrés à ces gens-là » ?

Vous dites cela à M. Mélenchon ?

Je le dis à la société tout entière. Les responsables politiques ont aussi besoin d’entendre la maturité de la société. Les gens voient certains jeux et les trouvent intolérables. Ils voient des crispations, certes légitimes, mais inopportunes. On ne s’amuse pas là, on n’est pas à la kermesse, il y va du sort de millions de gens, de ce que sera l’Europe demain et de l’état du monde.

Est-ce la raison pour laquelle vous n’avez pas voulu être candidate ?

Je suis partie [du gouvernement] sur un désaccord assumé, mais je considère que nous sommes toujours aux responsabilités. Nous avons conduit une pleine législature, nous avons mené des réformes de qualité, d’autres qui sont restées au milieu du gué, d’autres encore qui n’étaient pas à faire. L’éthique du pouvoir est d’expliquer, y compris ce que l’on n’a pas fait.

Parce que nous savons ce que peut représenter une alternance de la droite, ou pire une arrivée au pouvoir de l’extrême droite, nous avons des responsabilités particulières. J’ai estimé que nous ne pouvions pas entrer dans la présidentielle sur la base d’un exercice routinier. Mes amis ont eu beau me dire que j’étais la meilleure, la seule capable de rassembler la gauche, ce n’était pas le sujet pour moi. L’enjeu n’était pas d’aller se livrer à un exercice de compétition et de rivalité internes.

Est-ce que vous croyez à une droitisation de la société ?

J’ai entendu des responsables de gauche justifier leurs politiques de cette façon-là. Il y a peut-être une droitisation liée au fait que les idées que projette la droite paraissent plus simples. Mais, si cela a lieu, je ne vois pas pourquoi je devrais l’accompagner ! Au contraire, je résiste de toutes mes forces.

Emmanuel Macron, qui séduit une partie de la gauche, est-il pour vous le symbole d’une perte de repères de la gauche ?

Les abandons de la gauche ont ouvert des espaces. Il y a un jeu qui consiste à dire : « Je ne suis ni de droite ni de gauche parce qu’il faut réconcilier tout le monde. » Cela n’a aucun sens. La politique ne crée pas la guerre, elle l’évite. Elle permet d’exprimer la pluralité des visions. Si on prétend faire de la politique, on doit dire aux citoyens, à visage découvert, comment on pense la société.

Pensez-vous comme Emmanuel Macron que la colonisation a été un « crime contre l’humanité » ?

C’est le débat inextinguible entre le droit et l’éthique. Le droit définit le crime contre l’humanité. Soit Emmanuel Macron se place dans ce cadre, soit il est dans un autre champ. Il y a une définition du crime contre l’humanité, du génocide, et il y a une réalité de la colonisation, qui n’a rien à voir avec le « partage des cultures » vanté par François Fillon. Cela a à voir avec des crimes, des massacres, des millions de morts, du travail forcé… Mais je suis mal à l’aise avec les calculs électoraux sur des sujets aussi lourds.

  1. Macron regrette également que lors du débat sur le mariage pour tous, ses opposants aient été « humiliés ». Etes-vous d’accord ?

Qui a été humilié ? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins ? Celle qui recevait des menaces de mort ? Celle sur qui on lançait des œufs ? A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendus et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient.

Mais je ne compte pas, je fais rempart parce que, derrière moi, il y a des gens. Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées ? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celle avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d’« enfants Playmobil ». Elle était dans quel camp, l’humiliation ?

Quel rôle comptez-vous jouer désormais, à part écrire des livres ?

Je suis une politique qui écrit. Je n’écris pas pour gagner ma vie ou pour raconter des histoires, j’écris avec une sommation vitale. J’essaie d’aider la jeunesse à lire le monde. C’est elle qui fera la suite. Son énergie est indomptable. Pour la campagne, je vais participer autant que possible. J’aime le contact avec les gens, aller sur les marchés, faire les immeubles, expliquer les choses, rire des adversaires aussi…

Vous parlez beaucoup de Gramsci dans votre livre et des défaites culturelles. Est-ce à dire que pour vous, la défaite électorale de la gauche, qui, selon le philosophe italien, est l’étape suivante, est inéluctable ?

Je ne crois pas à la défaite inéluctable. Mais on sortira de cette période quand la gauche sera consciente de ses défaites culturelles. Je n’ai pas écrit ce livre pour la campagne. Il faut que la gauche se retrouve pour travailler sur le fond et dans la durée.

Nicolas Chapuis et Bastien Bonnefous

 

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Fillon retourne sur le terrain pour parler du fond

REPORTAGE – Le candidat s’est rendu à Fontainebleau mercredi dans une maison de santé.

Au lendemain de la présentation de ses propositions concernant la santé devant la Mutualité française, François Fillon est allé visiter une maison de santé à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Le candidat à la présidentielle a choisi de renouer avec les déplacements qu’il affectionnait pendant la primaire, en petit comité et sans la nuée de caméras qui l’entouraient depuis sa victoire fin novembre, surtout après les révélations du Canard enchaîné. «Une élection présidentielle, ce n’est pas une émission de téléréalité. Quand il y a autant de médias, les gens ne se livrent pas de la même manière», tranche son entourage.

Alors que certains déplacements ont été perturbés par des manifestants, ses conseillers rejettent l’idée d’un «candidat bunkerisé». «Pouvoir échanger une heure sur des sujets de fond, c’est pour lui une bouffée d’oxygène», avance un de ses proches. Accompagné seulement de deux journalistes, du Figaro et de la presse quotidienne régionale de l’Est, et de quelques élus (Éric Wœrth, Jean Leonetti, Bernard Debré) qui avaient travaillé sur ses propositions relatives à la santé, François Fillon a rencontré une dizaine de jeunes praticiens venus s’installer en Seine-et-Marne.

Très détendu et souriant, comme on ne l’avait plus vu depuis des semaines, sans réciter son programme mais se voulant à l’écoute de ses intervenants, le candidat a multiplié les questions à l’attention de ses interlocuteurs. «Pour vous, ce n’est pas seulement une mise en commun des moyens, c’est aussi une meilleure offre de soins?» a-t-il demandé à une jeune kinésithérapeute un brin intimidée.

La maison de soins universitaire ouverte il y a dix-huit mois regroupe médecins généralistes, orthophonistes, sages-femmes, infirmières, kinés… Sur une feuille jaune vif, François Fillon prend des notes. Il s’intéresse particulièrement à la cohabitation entre maison de santé et hôpital sur un même territoire. L’existence de la première fait-elle diminuer la fréquentation des urgences? interroge-t-il. Dans le débat de l’entre-deux-tours de la primaire face à Alain Juppé, François Fillon estimait que «créer un maximum de maisons de santé» permettrait de «décharger l’hôpital de missions qu’il accomplit aujourd’hui».

Table ronde

Ses interlocuteurs à Fontainebleau sont moins catégoriques. «Il y a un problème d’éducation de la population, en particulier jeune, qui veut tout maintenant et tout de suite, mais seulement quand elle a le temps…», lui répond un des professeurs de médecine présents à la table ronde. «30 % à 40 % des patients qui viennent aux urgences n’ont même pas appelé leur médecin», poursuit le professeur Renard. «Avec une maison de santé, il y a progressivement un phénomène d’éducation à la santé, mais ça prend du temps», explique le Dr Sophie Brossier, à la tête de la maison de santé.

Le candidat s’intéresse aussi à la désertification médicale. «On perd 75 médecins par an en Seine-et-Marne, on n’en récupère que la moitié», assure un médecin. «On a dit qu’on voulait régionaliser le numerus clausus, la rencontre m’a conforté dans cette idée, confie le candidat, même s’il y a un débat sur l’ajuster ou pas.»

Autour de la table ronde, les sigles et termes techniques se multiplient. «Moi j’ai tout compris», fanfaronne François Fillon à l’issue de la rencontre. Pour le candidat de la droite, «la réorganisation de notre système de santé passe par les médecins généralistes. Ils doivent redevenir le maillon central de notre système de santé», indique-t-il. «Pendant trois ans, j’ai tourné dans toute la France et dans tous les sens, je me suis rendu compte qu’énormément d’initiatives étaient bridées ou rendues impossibles par les contraintes et les normes. Or je suis frappé de voir qu’il peut y avoir plein de modèles de maison de santé. Mais il faut laisser une immense liberté aux médecins pour s’organiser, souligne-t-il. Dès qu’on peut redonner de la liberté, de la responsabilité,ça marche mieux.»

Marion Mourgue

 

::: INTERNATIONAL

LE POINT – 23/02/2017

Terrorisme : Paris et Berlin veulent revoir l’espace Schengen

 

Les contrôles aux frontières peuvent être prolongés pendant deux ans.

Les ministres de l’Intérieur français et allemand ont écrit à la Commission européenne pour témoigner de la « nécessité de procéder à la révision du Code ».

Paris et Berlin demandent des comptes à l’Europe concernant l’espace Schengen, dans un contexte tendu pour ces deux pays touchés par des attentats. La France et l’Allemagne ont exhorté la Commission européenne à réviser le Code Schengen afin de mieux tenir compte de la menace terroriste, selon une lettre commune que l’Agence France-Presse a pu consulter. « La persistance de la menace terroriste et l’efficacité des contrôles actuels aux frontières intérieures témoignent de la nécessité de procéder à la révision du Code frontières Schengen […] en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure », écrivent les ministres de l’Intérieur Thomas de Maizière et Bruno Le Roux.

La lettre, écrite de Berlin et datée de lundi, est adressée principalement au Premier vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, et à ses collègues chargés de la Migration et de la Sécurité, respectivement Dimitris Avramopoulos et Julian King. Les deux ministres allemand et français souhaitent que les contrôles soient rétablis pour « des durées supérieures à celles prévues actuellement », et que les conditions d’exercice des contrôles en dehors d’une période de rétablissement soient « assouplies ». La France a reçu le feu vert pour un rétablissement de contrôles à ses frontières jusqu’à la mi-juillet pour cause de menace terroriste persistante.

Durée maximale de deux ans

Berlin, de son côté, a déjà annoncé son intention de justifier à l’avenir ses contrôles aux frontières – temporairement rétablis à la suite de la crise migratoire – par la menace terroriste, à l’image de ce que fait Paris. Selon les règles actuelles, la durée maximale pour appliquer les contrôles en vertu de la menace terroriste est de deux ans. Le couple franco-allemand demande également à la Commission d’aller plus loin que le projet actuel de l’exécutif européen de système d’entrée et sortie de l’UE et d’inclure dans la liste des voyageurs, dont la trace est enregistrée, les ressortissants européens et ceux de pays tiers en long séjour. L’objectif est d’« identifier les trajets et filières de combattants étrangers », partant combattre en Irak et en Syrie, à travers un nouveau répertoire central.

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Syrie : les acteurs de la crise de retour à Genève

 

Qtaffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU en Syrie (à gauche), et Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à Moscou, le 16 février,

où ils se sont rencontrés en prévision des négociations intersyriennes prévues ce jeudi, à Genève

Les délégations des deux camps rivaux en Syrie ouvrent jeudi de nouvelles discussions, sous l’égide de l’ONU, pour tenter de mettre un terme à six années de conflit meurtrier. Ces nouvelles négociations sont un test pour la relation Trump-Poutine.

C’est la quatrième fois que l’ONU tente de forcer la paix en Syrie en organisant des négociations. Mais le nouveau volet diplomatique qui s’ouvre jeudi à Genève entre les représentants du régime et de l’opposition est porté par une configuration radicalement différente. Le retrait américain du Moyen-Orient amorcé par Barack Obama et l’effacement des Européens, qui n’ont plus les leviers nécessaires pour influencer le conflit, ont créé un vide qui a été comblé par les puissances régionales. La Russie, l’Iran et la Turquie ont repris en main le dossier syrien. D’abord en intervenant militairement au sol, puis en imposant un cessez-le-feu entre l’armée et les groupes rebelles, le 30 décembre. Enfin en organisant, à Astana au Kazakhstan, des discussions réunissant pour la première fois des représentants du régime et une petite délégation rebelle.

Les pourparlers d’Astana, dans lesquels les États-Unis n’ont pas été impliqués, n’ont débouché sur aucune percée majeure. Mais ils ont officialisé le rôle des trois nouveaux parrains du dossier syrien. Ils ont aussi «beaucoup aidé» pour organiser de nouvelles négociations de Genève. C’est en tout cas ce que pense Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie. «Le nouveau cessez-le-feu a davantage de chances de tenir que les autres, car les pays qui le garantissent ont des atouts sur le terrain, leurs militaires au sol qui peuvent agir auprès des uns et des autres», a affirmé l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie à la Conférence sur la sécurité de Munich. L’intervention russe en Syrie, puis le rapprochement diplomatique entre Moscou et Ankara ont «changé la donne», explique de Mistura. Il estime qu’il faut «soutenir la realpolitik lorsqu’elle va dans le bon sens». Pour autant et malgré son optimisme irréductible, l’envoyé spécial de l’ONU ne se «berce pas d’illusions» sur les chances d’aboutir à une solution.

Comme à chaque veille de négociations, l’armée syrienne a intensifié ses bombardements, menaçant ainsi de saboter l’initiative diplomatique. «Aucun cessez-le-feu ne peut durer sans solution politique», prévient en outre Staffan de Mistura. Et celle-ci ne se profile pas encore à l’horizon. Le sort de Bachar el-Assad divise toujours les protagonistes. Sa tête est réclamée par l’opposition. Mais le président syrien est en position de force et n’a aucune intention de faire des concessions. Avec l’aide de la Russie et de l’Iran, le régime a repris Alep, le fief de l’opposition, dans le nord du pays.

Inconnue américaine

La rébellion s’est réduite comme une peau de chagrin. Elle a en outre perdu l’un de ses principaux soutiens, la Turquie, qui, en se rapprochant de Moscou, a dû réviser sa politique syrienne. «Que vous le vouliez ou non, Bachar est toujours là. La coalition a totalement échoué en Syrie. Son seul propos fut de réclamer le départ du président syrien. Mais pour le remplacer par qui? Par le chaos?» s’insurge Konstantin Kosachev, le chef de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération russe. La question de la transition politique ne devrait pas être abordée directement à Genève, où les discussions concerneront les trois piliers de la résolution 2232, une gouvernance inclusive, une nouvelle Constitution et des élections supervisées par l’ONU. Mais elle sera dans toutes les têtes.

Et puis, il y a aussi l’inconnue américaine. Ajoutée à la poursuite de la violence et au fossé qui sépare les belligérants, l’incertitude sur les intentions du nouveau président hypothèque sérieusement les chances de réussite des pourparlers de Genève. «Où sont les États-Unis? Je ne peux pas vous le dire car je l’ignore», affirme Staffan de Mistura. L’envoyé spécial du président américain pour la coalition anti-Daech, Brett McGurk, peut lui fournir une réponse: «Nous sommes devenus une balle de ping-pong pour les Russes et les Turcs», regrette-t-il à Munich.

L’effacement américain a été amorcé sous la précédente Administration. «Barack Obama a fait une grosse erreur: il a voulu s’opposer à Bachar politiquement, sans utiliser la force militaire et affronter Daech militairement, sans proposer de solution politique», poursuit Brett McGurk. Sera-t-il confirmé ou infirmé par Donald Trump? Comme le dit Kenneth Roth, le chef de l’organisation Human Rights Watch: «Que Dieu vienne en aide aux Syriens s’il faut attendre que Trump donne une solution!»

Isabelle Lasserre

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

Tél. : 01 40 55 12 43

Fax : 01 40 55 12 40

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Revue de presse du MEDEF IDF du mardi 21 au mercredi 22 février 2017

2017-09-19T13:35:41+02:00Mots-clés : , , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

GRAND PARIS METROPOLE – 22/02/2017

Direct live de la Métropole du Grand Paris ce 22 février

La Métropole du Grand Paris cherche à accroitre sa visibilité auprès des citoyens. Ce mercredi 22 février, son président Patrick Ollier accompagné de Manuel Aeschlimann, vice-président à la Communication et à l’Information citoyenne, donnent donc rendez-vous aux habitants de la métropole dans un live en direct de la MGP.

L’émission est à suivre en ligne à partir de 18h00 sur http://www.metropolegrandparis.fr/directmetropole .

Vous pouvez dès à présent poser vos questions dans un formulaire dédié.

 

LA CROIX – 21/02/2017

 

Grand Paris : « Une quarantaine de chantiers vont être engagés dans les prochains mois »

 

 

Philippe Yvin, le président du directoire de la Société du Grand Paris, explique les particularités de ce projet hors normes.

 

Au total, 200 km d’infrastructures de transport doivent être construites autour de Paris, avec notamment quatre nouvelles lignes de métro, pour un budget d’une trentaine de milliards d’euros.

 

La Croix : Peut-on dire que 2017 est l’année du démarrage du Grand Paris ?

 

Philippe Yvin : Les équipes travaillent déjà sur les différents projets depuis plusieurs années. Mais pour le grand public, les travaux vont commencer à prendre forme cette année. En tout, une quarantaine de chantiers vont être engagés dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne au cours des prochains mois, avec des événements symboliques comme la mise en route des premiers tunneliers.

 

Nous sommes dans une phase de montée en puissance. L’an prochain, trois nouvelles lignes de métro seront en construction. Il y a longtemps que l’on n’avait pas connu cela en Île-de-France. Au cours des quinze dernières années, seulement dix kilomètres de lignes nouvelles ont été créés.

 

En novembre, vous avez signé une charte avec la Fédération nationale des travaux publics pour que les chantiers soient exemplaires. En quoi cela consiste ?

 

  1. Y. : Nous avons voulu d’abord mettre l’accent sur les questions d’environnement et d’acceptabilité des chantiers, qui peuvent représenter des sources de nuisances pour les riverains. La priorité est donnée à la concertation et les entreprises se sont engagées à beaucoup communiquer sur le terrain. Le traitement des déblais et leur évacuation feront aussi l’objet d’une attention particulière.

Le deuxième point essentiel est d’intégrer ces chantiers dans la vie économique. L’objectif est de favoriser l’emploi local et l’insertion des jeunes.

 

L’accent est également mis sur les PME, à qui nous réserverons 20 % du montant des travaux. Pour les travaux qui se font en souterrain, il n’y a quelques grands groupes à pouvoir les faire. Mais pour le reste, personne ne comprendrait que les PME soient écartées.

 

Nous allons suivre cela très sérieusement avec la mise en place d’un observatoire qui nous permettra d’avoir en temps réel un tableau de bord de la situation et de pouvoir piloter au mieux les besoins de formation.

 

La Société du Grand Paris démarre cette année ses premiers emprunts. Craignez-vous la hausse des taux d’intérêt que se profile ?

 

  1. Y. : Quand on se prépare à devenir un grand emprunteur sur les marchés, il faut accepter d’être soumis au risque de taux. Mais nous sommes assez tranquilles car l’équilibre du projet Grand Paris a été calé sur la base d’un taux d’intérêt à 5,5 %. Nous en sommes très loin. D’ici à la fin de l’année, nous devrions emprunter à un taux compris entre 1,5 % et 2 %.

 

Au total, la Société du Grand Paris devrait emprunter environ 25 milliards d’euros pour des durées de quarante ans, avec la garantie de l’État.

 

Recueillis par Jean-Claude Bourbon

 

 

LE PARISIEN – 22/02/2017

Bagneux : le Grand Paris Express se plie en quatre pour ne pas (trop) gêner

 

Bagneux, ce mardi. Le préfet Pierre Soubelet, ici avec Marie-Hélène Amiable, a visité le chantier de la gare du Grand Paris Express.

Les choses sérieuses commencent. Ce mardi, le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, a visité le chantier de la gare de Bagneux de la ligne 15 sud du Grand Paris Express. Une visite loin d’être anodine puisqu’il vient tout juste de signer le permis de construire de la gare. Cette signature marque le début des grands travaux de cette gare, qui sera aussi reliée à la future station de la ligne 4. Mais aussi l’arrivée de nouvelles nuisances pour les riverains. Première étape en mars avec l’installation du puits du tunnelier dans le parc Robespierre suivie du comblement des carrières à partir de mai. La Société du Grand Paris (SGP), qui gère les travaux, a mis en place plusieurs mesures pour tenter d’atténuer les gênes liées au chantier.

Des réunions régulières

Des comités de suivi, qui regroupent riverains, élus locaux et acteurs du projet, sont organisés tous les 2 à 3 mois. « Il n’y a aucune censure, les gens peuvent nous faire part de tous leurs problèmes », affirme Isabelle Rivière, la directrice des relations territoriales à la SGP. Le prochain comité sera organisé en mars. Le reste du temps, les habitants peuvent se rendre à la maison des projets, installée au 28, rue Henri-Barbusse, et ouverte tous les jours. « Trois agents de la ville sont présents quotidiennement, explique Marie-Hélène Amiable, la maire (PCF). Des permanences de la RATP et de la SGP sont aussi mises en place. »

Un agent de proximité dans les rues

Si vous ne venez pas à elle, c’est elle qui pourra venir à vous. Laëtitia Haddad est l’agent de proximité de la SGP pour la gare de Bagneux. « Elle est nos yeux et nos oreilles, sourit Isabelle Rivière. Chaque semaine, elle nous fournit des rapports sur ce qu’elle a entendu sur le terrain et on prend les mesures adéquates pour remédier aux problèmes qu’elle nous relaie. » Un numéro de téléphone lui a été attribué (06.68.85.05.81). Vous pouvez aussi poser vos questions sur la page web : contact.societedugrandparis.fr

Des solutions trouvées au cas par cas

« Nous pouvons indemniser les commerçants impactés par les travaux, souligne Isabelle Rivière. Il leur suffit de remplir un dossier. » Les particuliers peuvent également être accompagnés pendant la durée des travaux. Comment ? « On peut notamment mettre en place des portages de repas pour ceux qui en ont besoin. Des hommes-trafic aideront aussi les passants à traverser les rues impactées », liste la directrice des relations territoriales. Les appartements trop touchés par le bruit des pelleteuses peuvent aussi être équipés de double vitrage, sur demande.

Des travaux moins bruyants

La SGP entend aussi réduire les nuisances sur le chantier lui-même. « On va installer un hangar insonorisé dans le parc Robespierre où sera construit le puits du tunnelier et où les chariots pourront déposer la terre rapportée du sous-sol, explique Jack Royer, le chef de projet pour la SGP à Bagneux. Cela permettra aussi d’éviter les propagations de poussière ». Des écrans acoustiques mobiles seront également placés aux endroits les plus sensibles et pourront être déplacés pendant le chantier. « Le bip qu’émettent les camions lorsqu’ils reculent sera aussi atténué », confie Isabelle Rivière.

La gare de Bagneux en chiffres :

2022 : date de mise en service

60 000 voyageurs par jour attendus

33 m de profondeur

3 minutes 30 pour sortir de la gare

2 minutes 30 pour rejoindre la ligne 4

Maison des projets, au 28, avenue Henri-Barbusse à Bagneux. Ouverte le lundi et mercredi de 9 heures à 12 heures, le mardi de 16 h 30 à 19 h 30, le jeudi de 14 à 17 h 30 et le vendredi de 14 heures à 17 heures.

Laëtitia Haddad, agent de proximité joignable au 06.68.85.05.81 ou sur le site : contact.societedugrandparis.fr

Ariane Riou

 

 

LES ECHOS – 22/02/2017

Le premier immeuble-pont au-dessus du périphérique

Situé au-dessus du boulevard circulaire, entre la porte Maillot et la porte des Ternes, le terrain dit « Pershing » se transformera en 2022 en une mini-ville végétalisée.

A l’horizon de 2022, un immeuble-pont se dressera au-dessus du périphérique. Entre la porte Maillot et la porte des Ternes dans le XVIIe arrondissement, une skyline verte marquera l’entrée dans Paris. Près du Palais des Congrès, le projet Mille Arbres, vainqueur du concours « Reinventer Paris » et adopté par le Conseil de Paris fin 2016, a pour ambition de « remettre la nature au coeur de la ville », comme l’explique son architecte, Manal Rachdi de l’agence OXO, qui travaille en duo avec le Japonais Sou Fujimoto. « En proposant notre projet à la Ville de Paris, nous voulions investir l’ensemble du site et proposer un seul et même bâtiment qui s’appuyait sur le boulevard Pershing mais aussi sur le pont qui enjambe le périphérique », explique-t-il. Le terrain actuel abrite un parking de 6.450 m² destiné aux autocars (dont une partie assure la liaison vers l’aéroport de Beauvais). Le projet devait inclure une gare routière. Elle sera située au sous-sol, sur 1.800 m2 et dotée de toutes les fonctionnalités.

Un food-court dessiné par Starck

Au-dessus, 1.000 arbres adaptés à la faune francilienne seront plantés, répartis entre la forêt en toiture et le parc au premier niveau. Venus de pépinières françaises et étrangères, ils constitueront l’écrin de verdure qui abritera un immeuble sur 7 étages de 127 logements (50 % en accession à la propriété, 30 % de logements sociaux, 20 % de logements sociaux intermédiaires – PLAI). Il y aura également 27.000 m² de bureaux et un hôtel 4 étoiles de 250 chambres. A tout cela s’ajoute un pôle enfance avec deux crèches de 60 berceaux et un espace de jeux couvert.

« Un food-court de la grande gastronomie française viendra pallier le manque d’offre de restauration à côté du Palais des Congrès », s’enthousiasme Manal Rachdi, qui travaillera avec Philippe Starck.

Pour imaginer un projet d’habitation au-dessus du périphérique, il était nécessaire de prendre en compte les nuisances sonores et la pollution. « Nous prévoyons que le périphérique sera plus silencieux dans une quinzaine d’années grâce au travail prévu par la Ville de Paris sur le bitume mais aussi avec l’essor des véhicules électriques et hybrides », estime Manal Rachdi. L’architecte affirme s’être inspiré des expériences de Tokyo qui a déjà utilisé ces nouveaux revêtements de route. « La couverture du périphérique permettra de générer du foncier là où il n’y en a pas et d’effacer la frontière entre Paris et sa banlieue », poursuit-il. Coté promoteur, OGIC et La Compagnie de Phalsbourg sont aux manettes. Les investissements devraient atteindre 550 millions d’euros.

À noter

Les permis de construire seront déposés à l’été 2017 pour une livraison en 2022.

Lamia Barbot

 

 

LA TRIBUNE – 21/02/2017

Paris et l’Île-de-France ont perdu 1,5 million de touristes en 2016

 

La fréquentation des musées et monuments franciliens a elle été « mitigée » en 2016.

La région Paris Île-de-France a perdu 1,5 million de touristes en 2016 suite aux attentats, les visiteurs chinois et japonais ayant notamment fait défaut, a annoncé mardi le Comité régional du Tourisme. Le manque à gagner en termes de consommation touristique est estimé à près de 1,3 milliard d’euros, selon le bilan annuel du CRT.

« Avec près de 31 millions d’arrivées hôtelières au cours de l’année 2016, la fréquentation touristique de la destination Paris Île-de-France est en baisse de 4,7% par rapport à 2015 du fait de la baisse des clientèles internationales (-8,8%)« , indique-t-il. Le nombre de touristes français est pour sa part resté quasi stable (-0,8% à 16,7 millions).

Baisse « moins importante que prévue »

En comptabilisant les nuitées hôtelières (soit le nombre de nuits passées) – et non pas les arrivées hôtelières (comptées une seule fois quelle que soit la durée du séjour) – la baisse sur un an atteint 7,2%, et même 10,8% s’agissant uniquement des étrangers. La Chine est en recul de 21,5%, avec une perte de 268.000 visiteurs, suivie par le Japon (-41,2%, soit 225.000 touristes en moins), l’Italie (-26,1 %, soit 215.000 touristes) et la Russie (-27,6%, soit -5.000 touristes).

Le CRT estime que les Américains – premier contingent de visiteurs dans l’Hexagone – ont été « peu impactés », avec une perte de 100.000 visiteurs en 2016, soit un recul de 4,9%. « Au total, les hôteliers franciliens ont ainsi accueilli 1,5 million de touristes français et internationaux en moins par rapport à 2015, soit une baisse moins importante que prévu« , estime le CRT Paris Île-de-France.

La Tour Montparnasse ne fait plus recette

Il met en effet en avant « l’excellente fréquentation en novembre et surtout durant les fêtes de fin d’année« , qui ont « permis de combler une partie du retard accumulé depuis le début de l’année« . « Rare constat positif« , le tourisme d’affaires est en forte progression par rapport à 2015, avec un nombre de nuitées « supérieur » aux années record de 2011 et 2012.

La fréquentation des musées et monuments franciliens a elle été « mitigée » en 2016: grâce à « une belle programmation », certains sites ont su tirer leur épingle du jeu comme le Centre Pompidou avec +9% par rapport à 2015.

A contrario, d’autres sites « ont fortement subi la désaffection des touristes et l’annulation des déplacements des groupes scolaires » comme la Tour Montparnasse (-32%), l’Arc de triomphe (-24%), les musées du Louvre (-13,3%) et d’Orsay (-12,9%), le château de Versailles (-9,8%) ou encore Disneyland Paris (-9,5%).

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 22/02/2017

Prélèvement à la source: le «plan B» du Medef

L’organisation patronale propose de ponctionner le compte en banque des contribuables.

Les entreprises ne veulent décidément pas entendre parler du prélèvement à la source. Depuis que les grandes lignes de la réforme ont été présentées en février 2016, le patronat rue dans les brancards. Il ne veut pas que les entreprises prélèvent l’impôt sur le revenu sur les salaires de ses équipes, pour le reverser ensuite au fisc. Mardi, le Medef est toutefois passé de la critique à la proposition. Et s’est dit favorable à une retenue mensuelle, obligatoire et «contemporaine», sur le compte en banque du contribuable.

La solution envisagée par Bercy est une «usine à gaz», critique l’organisation présidée par Pierre Gattaz. À partir du 1er janvier prochain, l’entreprise recevra de l’administration un taux de prélèvement à appliquer sur chacun des salaires de ses employés. Avantage, le montant d’impôt varie automatiquement et en temps réel en fonction des revenus. Les entreprises, elles, retiennent surtout qu’elles joueront le rôle de collecteur d’impôt. Pire, si elles faillissent, elles devront payer des pénalités.

Une solution plus simple

Sans surprise, la droite et le patronat n’y voient que des inconvénients. «Le Medef n’a pas de position politique sur le sujet, insiste Geoffroy Roux de Bézieux, son vice-président délégué en charge de la fiscalité. Nous nous en sommes saisis parce que les réactions de nos antennes locales étaient unanimes: le prélèvement à la source sera un vrai casse-tête pour les PME.» Leurs craintes? Outre des complications administratives, que les salariés viennent se plaindre auprès de leur employeur en raison de la baisse de leur salaire net après le premier prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.

Le Medef a donc imaginé une solution, la plus proche possible de celle du gouvernement… mais sans que l’entreprise ait à jouer le rôle de collecteur d’impôt. Il propose que le fisc prélève lui-même l’impôt sur le compte en banque du contribuable. Et ce, de façon «contemporaine». D’abord, parce que le contribuable pourrait demander de modifier les prélèvements si ses revenus évoluent. Ensuite, parce que le Medef ne remet pas en cause le fait que 2017 soit une «année blanche». Les Français ne seront en effet pas imposés sur leurs revenus courants cette année pour éviter d’être taxés deux fois l’année prochaine: sur leurs revenus de 2018 et sur ceux de 2017. «Notre solution est simple, opérationnelle et permet au futur gouvernement de n’avoir qu’à appuyer sur un bouton pour la lancer», résume Geoffroy Roux de Bézieux. Bercy avait envisagé cette piste, parmi d’autres, avant de l’écarter lors de ses travaux préliminaires. Contrairement à la retenue à la source, «cette solution ne permet pas de tenir compte de manière immédiate et automatique des variations de revenus», rapporte l’administration fiscale dans l’étude d’impact publiée à l’automne 2016. Il ne s’agirait donc que «d’une réforme a minima».

Le «plan B» du Medef pourrait toutefois retenir l’attention de l’équipe de François Fillon. Le candidat LR à la présidentielle a déjà promis qu’il reviendrait sur la réforme du prélèvement à la source. «Il n’est pas question de prendre le risque de voir descendre dans la rue, en janvier 2018, des milliers de contribuables en colère parce que leur salaire est directement amputé par les impôts», assène Gilles Carrez, le président de la commission des finances de l’Assemblée et membre de l’équipe de campagne de François Fillon.

Reste que le candidat LR n’a pas tranché sur ce qu’il va proposer à la place du prélèvement à la source. L’acompte contemporain poussé par le Medef est envisagé. Mais l’ancien ministre du Budget, Éric Woerth, propose que l’entreprise envoie le montant du salaire au fisc, qui se chargerait ensuite de faire la ponction sur le compte en banque des contribuables. Le Medef est séduit, mais ne l’envisage «pas possible avant 2019», le temps de s’assurer que les échanges d’informations avec Bercy fonctionnent parfaitement.

Guillaume Guichard

 

 

L’OPINION – 22/02/2017

Impôt à la source: le coup de gueule du Medef

 

Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef : « C’est le grand oublié des programmes économiques. À l’exception de François Fillon qui a promis de le supprimer, aucun des autres candidats ne mentionne le prélèvement à la source. »

Les entreprises craignent de devoir jouer les agents du fisc

Le patronat est toujours vent debout contre le modèle de prélèvement à la source présenté par le gouvernement. Il refuse d’être le collecteur de l’impôt et propose de placer le contribuable au cœur du système.

Le Medef ne baisse pas la garde. Alors que le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert multiplie les déplacements en province pour expliquer le nouveau système de prélèvement à la source qui, sauf modification du prochain gouvernement, entrera en vigueur le 1er janvier prochain, l’organisation patronale veut faire entendre une autre voix dans la campagne présidentielle. « C’est le grand oublié des programmes économiques. À l’exception de François Fillon qui a promis de le supprimer, aucun des autres candidats ne mentionne le prélèvement à la source », déplore le vice-président délégué du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.

L’organisation patronale n’en démord pas : pas question de faire de l’employeur le collecteur de l’impôt. Les entreprises craignent de devoir jouer le rôle d’agent du fisc en lieu et place de l’administration. Les patrons craignent les réactions des salariés le jour où ils verront leur salaire net amputé de quelques dizaines, centaines ou milliers d’euros. « Cela pèsera nécessairement dans les négociations salariales », souligne Geoffroy Roux de Bézieux. Il est certains que le passage au prélèvement à la source créera quelques remous au sein des entreprises. Mais à Bercy, on assure que toutes les demandes seront transférées vers l’administration fiscale.

Une autre voie. Pour autant, si le Medef dénonce aussi la complexité et le coût du système – il va falloir payer les éditeurs de logiciels, payer les formations… – l’organisation patronale n’est pas contre l’idée d’un prélèvement contemporain de l’impôt. Bien au contraire. « Supprimer le décalage entre le moment où l’on touche ses revenus et le paiement de l’impôt, un an plus tard, permet de libérer une partie de l’épargne de précaution que se constituent les ménages », explique Michel Taly, avocat associé du cabinet Arsene Taxand. Une bonne chose pour l’économie. Pour le Medef, c’est donc « oui au prélèvement contemporain, non au prélèvement par l’employeur », comme le résume d’une formule le vice-président de l’organisation.

Pour cela, la contrainte la plus importante est la mise en place d’une année de transition, faussement intitulée « année blanche », durant laquelle les revenus ne sont pas taxés. C’est le cas pour 2017. Le Medef propose donc de conserver cette opportunité. Mais plutôt que de faire en sorte que l’administration envoie chaque mois un taux d’imposition à l’employeur, à qui il revient de ponctionner le salaire du contribuable, le Medef propose de renverser la logique en mettant le contribuable au cœur du dispositif et non l’entreprise. À ce dernier de déclarer son niveau d’imposition et de le faire varier en cas de modification de son niveau de revenu. Une souplesse qu’offre déjà le système actuel puisque les contribuables mensualisés peuvent facilement modifier le montant des sommes versées chaque mois. Une logique qui transfère la responsabilité du paiement de l’entreprise, déjà soumise à de lourdes contraintes administratives, au contribuable payeur. Une alternative jugée crédible par le Conseil des prélèvements obligatoires dans un rapport de février 2012.

Raphaël Legendre

 

 

LA TRIBUNE – 22/02/2017

Emploi : la fracture territoriale se creuse

 

D’ici 2022, 85% des ingénieurs en informatique, 75% des professionnels de l’information et de la communication et 69% des postes de personnel d’études

seront créés dans les grandes métropoles souligne une étude de France Stratégie sur les inégalités territoriales en matière d’emploi.

 

A elles seules, la douzaine de métropoles concentrent 46% des emplois, dont 22% à Paris d’après une étude de France Stratégie.

Les créations d’emplois en France se concentrent depuis une dizaine d’années sur les aires urbaines de plus de 500.000 habitants, positionnées sur les métiers les plus dynamiques, notamment de cadres, au détriment des villes petites et moyennes, selon une étude de France Stratégie parue mardi 21 février.

Les métropoles représentent la majorité des emplois

La douzaine de métropoles régionales rassemblent près de 46% des emplois, dont 22% pour Paris et 24% en province. De 2006 à 2013, c’est dans ces aires urbaines de plus de 500.000 habitants que se sont concentrées les créations d’emplois alors que les villes moyennes, les petites villes et les communes isolées ont subi des pertes, observe l’organisme placé auprès du Premier ministre.

Cette évolution est « inédite » depuis 1968: la croissance de l’emploi profitait à l’ensemble du territoire jusqu’en 1999, puis les territoires se sont de plus en plus différenciés, et entre 2006 et 2013, les écarts se sont creusés, analyse France Stratégie.

La concentration des emplois cadres

Cette « métropolisation », qui « devrait se poursuivre », est principalement liée à une concentration des emplois de cadres dans les métropoles, positionnées sur des « métiers structurellement dynamiques », aux tâches « non répétitives » et à « fort potentiel de créations d’emplois d’ici 2022 » (85% des ingénieurs en informatique, 75% des professionnels de l’information et de la communication, 69% du personnel d’études).

A cela s’ajoute un « effet local »: pour un métier donné, la croissance y est supérieure au reste du pays. Le nombre de cadres y croît davantage, mais aussi les métiers industriels, qui résistent mieux qu’ailleurs.

Toulouse, Montpellier ont créé de nombreux emplois

Cet effet est néanmoins inégal: de 1999 à 2013, les métropoles de Toulouse, Montpellier, Nantes, Rennes, Bordeaux et Lyon ont créé de nombreux emplois mais Lille et Strasbourg moins, et Rouen en a perdu. Et Paris a enregistré ces dernières années une dynamique beaucoup moins favorable qu’en province.

A contrario, les villes petites et moyennes sont plus positionnées sur des métiers en perte de vitesse (ouvriers, employés, agriculteurs). Les aires urbaines de moins de 100.000 habitants et les aires moyennes subissent aussi des « dynamiques négatives », et l’impact de la désindustrialisation y est plus fort qu’avant.

Cette surreprésentation des métiers fragiles « sera source de diminutions d’emplois et de reconversions professionnelles imposées par les mutations économiques », anticipe l’étude, qui prévient: « Le risque qui pèse sur ces territoires est d’autant plus élevé que les personnes exerçant des métiers fragiles ont une mobilité géographique généralement faible ».

Quant aux communes isolées, si elles souffrent d’une baisse de l’emploi dans les métiers agricoles et ouvriers, l’effet local y est positif: les métiers industriels résistent mieux, les professions de santé et artistiques s’y développent plus.

 

LES ECHOS – 22/02/2017

Les embauches de cadres vont retrouver leur niveau d’avant la crise

Les entreprises anticipent au moins 208.000 recrutements de cadres cette année.

Le millésime 2016 de l’emploi des cadres s’annonçait bon. Il a même été meilleur que prévu. Et celui de 2017 devrait être encore plus porteur. C’est ce que montre le baromètre annuel de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publié ce mercredi et basé sur une enquête auprès de 11.000 entreprises. L’an dernier, le cap des 200.000 recrutements de personnel d’encadrement en CDI ou CDD d’au moins un an a été franchi. L’emploi des cadres a même vu pour la première fois depuis 2007 des recrutements légèrement supérieurs aux sorties (démissions, licenciements, départs à la retraite…), le nombre de promotions internes restant stables. Il y a eu 45.300 créations nettes de postes de cadre en 2016. C’est certes deux fois moins que lors du record de 2000, mais c’est autant qu’avant la crise des « subprimes ».

La situation devrait encore s’améliorer cette année. Le marché de l’emploi des cadres devrait retrouver au moins son niveau record de 2007, où 208.200 recrutements avaient été faits. « Tous les clignotants sont au vert, l’horizon est dégagé », résume Jean-Marie Marx, le directeur général de l’Apec, qui pointe toutefois le risque que représentent l’élection présidentielle, le Brexit ou la présidence Trump.

L’étude évalue entre 208.000 et 225.000 les embauches de cadres en 2017. Comme en 2016, selon les entreprises interrogées, les principaux bénéficiaires de cette nouvelle embellie seront les cadres ayant six à dix ans d’expérience. Mais les plus novices et les plus anciens aussi profiteront de l’amélioration. Seuls perdants : les seniors, au-delà de 20 ans d’expérience. La photographie ex post sera peut-être un peu différente de celle annoncée. Si les employeurs ont du mal à recruter, les plus jeunes et les plus âgés pourraient en bénéficier.

Prévisions positives

Ces tensions sur le marché de l’emploi des cadres ne toucheront bien sûr pas de la même manière tous les secteurs. Mais la tendance est à la hausse des recrutements partout. Dans les services, toujours les plus dynamiques, bien sûr mais aussi dans l’industrie, la construction et le commerce. Une analyse plus fine sur vingt-six secteurs montre qu’elle ne reste négative que dans quatre d’entre eux (bois-papier-imprimerie, distribution généraliste, activités associatives et communication-médias). Stables dans les transports-logistique et dans le caoutchouc-plastique, les prévisions d’embauche sont positives dans les dix-neuf autres secteurs, avec en pointe l’informatique-télécommunication. Révolution digitale oblige, côté fonctions aussi, l’informatique est en tête, avec 23 % des recrutements de cadres prévus. Si l’on y ajoute les deux suivantes – commercial-marketing et études-R & D -, cela représente près de six projets d’embauches sur dix.

Sur le plan géographique, aussi, les nouvelles sont bonnes. Selon l’Apec, l’an prochain, toutes les régions devraient être « bien orientées », en particulier Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. Mais la palme en valeur absolue va continuer à revenir à l’Ile-de-France, qui a frôlé les 100.000 embauches en 2016.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 22/02/2017

Sous-traitance : la loi sur le «devoir de vigilance» des entreprises adoptée

L’Assemblée a voté définitivement, mardi, le texte qui impose aux grandes entreprises de prendre des mesures pour prévenir les manquements éthiques ou environnementaux de leurs sous-traitants. Les syndicats et ONG qui soutenaient cette loi se réjouissent, le patronat s’inquiète. Les parlementaires LR vont saisir le Conseil constitutionnel.

Bientôt quatre ans après le drame, au Bangladesh, du Rana Plaza, la pression de plusieurs syndicats, d’ONG et de frondeurs de gauche a poussé le gouvernement à, finalement, soutenir la proposition de loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères. Porté par le député socialiste Dominique Potier, le texte a été adopté définitivement mardi à l’Assemblée, après deux lectures, des modifications et en dépit de l’opposition sénatoriale et patronale. Elle impose aux 150 entreprises employant de plus de 5000 salariés en France de mettre en place des plans de prévention, dits «de vigilance», pour prévenir les manquements éthiques ou environnementaux de leurs sous-traitants, aussi bien dans des pays lointains comme le Bangladesh ou le Cambodge qu’en Europe. En cas de non-respect, et après une mise en garde, les sanctions financières, pourront aller jusqu’à 30 millions d’euros pour la société mère. Trois fois plus que prévu à l’origine.

Seules les infractions aux critères établis dans le plan seront prises en considération afin d’éviter que les entreprises ne soient tenues responsables de toutes les dérives de leurs sous-traitants. Cette «vigilance» concerne le travail des enfants, la sécurité, la mise en place d’un système d’alerte pour que les salariés puissent signaler des dysfonctionnements. Les sanctions seront civiles et non pénales comme prévu dans une première version du texte. Mais chacun – particulier, association ou société – peut attaquer une entreprise.

«Sanctions excessives»

Les syndicats, dont la CFDT, et des ONG, comme Amnesty International, Éthique sur l’étiquette ou Sherpa, se réjouissent de cette loi. Mais les uns et les autres jugent l’amende maximale faible au regard des chiffres d’affaires des entreprises concernées. Nayla Ajaltouni, coordinatrice du collectif Éthique sur l’étiquette, regrette aussi que «des entreprises aux effectifs inférieurs à 5000 salariés en France échappent à cette loi, qu’il aurait fallu appliquer à toutes. Des PME à risques, par exemple dans l’extraction pétrolière, ne sont pas concernées, c’est dommage.»

Du côté des entreprises, le montant des sanctions est jugé excessif. Plus gênant, c’est la judiciarisation même induite par la loi et les répercussions pour les PME qui hérissent le patronat, Medef en tête. À l’arrivée, les concessions faites pour que le texte soit adopté ne satisfont personne. «C’est une mauvaise réponse à une question importante, estime-t-on au Medef. Ce texte nuit à l’attractivité de la France et à la compétitivité de ses entreprises, aucun autre pays européen n’ayant voté une telle loi à ce jour. Il faudrait que ce débat ait lieu au minimum au niveau de l’Union européenne.» Justement, rétorquent les défenseurs de la loi. «Elle n’est qu’un début et pourra encourager d’autres pays à suivre cette voie», estime Nayla Ajaltouni.

À condition que le Conseil constitutionnel ne retoque pas la loi sur certains points. Chez les parlementaires, Les Républicains comptent déposer un recours. Parmi les moyens invoqués: les contours de la «responsabilité pour fait d’autrui» ne sont à leur sens pas assez précis. Le triplement de l’amende par rapport au montant initial pourrait aussi poser problème. De son côté, le Medef a écrit au Conseil constitutionnel afin d’alerter sur ce texte.

Anne-Sophie Cathala

 

 

L’OPINION – 22/02/2017

Air France: hôtesses et stewards vent debout contre le projet de nouvelle compagnie

Les pilotes ont donné lundi leur feu vert au projet « Boost », la compagnie à bas coût d’Air France. Très opposés au projet, les navigants envisagent, eux, de lancer une grève

Une intersyndicale réunissant 8 syndicats de personnels de cabine s’est tenue mardi après-midi. Les représentants des navigants envisagent un mouvement de grève : ils estiment que la direction et les pilotes les prennent pour la « variable d’ajustement ». Dans un document interne que l’Opinion a pu consulter, le gain salarial que les pilotes obtiendront après leur accord sur Boost est estimé entre 4 et 10 %, en fonction des vols.

Très vite, les navigants ont tenu à exprimer leur mécontentement. Leurs syndicats se sont réunis sans tarder mardi pour échanger sur la meilleure façon de faire entendre leur opposition. Les discussions ont porté sur la tenue d’une grève. C’est le feu vert donné par les pilotes, lundi, à la création d’une nouvelle compagnie low-cost qui a mis le feu aux poudres. « Pour nous, Boost signifie la fin de notre métier ; si les pilotes s’étaient opposés, la direction aurait renoncé, mais maintenant, c’est fichu… », se désole une hôtesse, qui affiche vingt ans de maison et requiert l’anonymat. Elle regrette le temps béni « où les pilotes savaient défendre un collectif, faisaient corps avec les navigants, et ne pensaient pas juste à leurs privilèges ! »

Pour de nombreux stewards et hôtesses, les pilotes les ont vendus. La réponse positive qu’ils ont donnée au référendum organisé par le SNPL, leur principal syndicat, en est le signe évident. A la question « approuvez-vous l’externalisation d’une partie de l’activité et de la flotte long et moyen-courrier d’Air France dans une nouvelle structure ? », ils ont en effet dit « oui » à 58,1 %. Et ce, alors même que le bureau du SNPL s’était plutôt prononcé contre. Avec 73,8 % de participation, le syndicat n’a pas d’autre choix que de se rallier à cette consultation – sans aucune valeur juridique – mais assure toutefois qu’il ne faut pas prendre ce vote « pour un blanc-seing au projet général d’accord », Trust Together, dont Boost constitue le noyau dur. Le SNPL réclame d’ailleurs des garanties supplémentaires à la direction, d’ici le 24 février, date butoir pour donner leur accord au texte.

Référendum. Lundi, la direction a salué les résultats de ce référendum. Et pour cause. Pour lancer Boost, il lui faut absolument l’aval du SNPL (selon une disposition juridique historique). Aussi a-t-elle poussé un grand ouf de soulagement, mais s’est gardée de tout triomphalisme. Car si elle voit dans Boost le moyen de retrouver des marges de manœuvre, notamment sur la masse salariale, elle sait que la partie est loin d’être gagnée.

A terme, cette nouvelle compagnie doit assurer 20 % du moyen-courrier et 10 % des longs courriers. Les 28 avions qui y seront consacrés seront pilotés par des commandants, pilotes et copilotes Air France. Un contrat unique leur permet d’officier sur la compagnie historique et sur la nouvelle. Mais cette disposition n’est pas prévue pour les hôtesses et stewards. C’est bien là que ça coince. Pour Boost, les équipes de personnels de cabine (PNC) seront constituées par des recrutements extérieurs, payés 40 % moins cher. Pour l’UnsaPNC mais aussi le SnpPNC, qui à eux deux représentent près de 50 % des suffrages, Boost va « venir directement concurrencer les emplois, les conditions de travail et de rémunération à moyen terme [actuels] ». Un tract de l’UnsaPnc stipule : « Pas avant 4 à 5 ans, très certainement, le temps que la compagnie “jumelle” soit totalement opérante avec l’arrivée des avions nécessaires (A350), mais c’est la mort de notre métier. »

Si les navigants sont aussi amers, c’est parce qu’ils ont le sentiment d’être la variable d’ajustement de la compagnie. « Quand Air France perd un milliard, c’est 20 % d’efforts pour nous, quand elle gagne un milliard, c’est 40 % d’efforts supplémentaires pour le PNC », s’insurgent encore les syndicats. La fronde vient aussi après que les navigants ont déjà fait des efforts lors des précédents plans de redressement. Et alors même que les pilotes sont la catégorie qui a le moins souffert : 13 % de gains de productivité, contre 20 % pour les personnels au sol, et 19 % pour les PNC.

Gain salarial. Les « avantages » que la direction a offert aux pilotes ces derniers jours pour emporter leur adhésion à Boost ravivent l’impression du deux poids-deux mesures. Dans un document interne que l’Opinion a pu consulter, le gain salarial que les pilotes obtiendront est estimé entre 4 et 10 %, en fonction des vols. Outre cet intéressement sur leur rémunération, les pilotes ont aussi obtenu plusieurs petits plus non négligeables, comme la mise à disposition d’un téléphone portable pour chacun, le lancement d’un groupe de travail afin de trouver le moyen d’accéder positivement aux demandes de congés, ou encore le remplacement progressif sur moyens courriers de leur vulgaire cassolette équipage par des plateaux-repas Business…

Les huit syndicats de navigants vont se tourner ces prochains jours vers leurs adhérents. Mais l’idée d’une grève est clairement sur la table. La semaine dernière, la présentation des résultats annuels d’Air France-KLM a rappelé combien la situation sociale en France pesait sur les comptes. Les bons chiffres de l’année 2016 sont dus aux deux tiers aux bénéfices de la compagnie néerlandaise ! En 2016, Air France a connu plusieurs mouvements de grève, pour une facture de plus de 130 millions d’euros.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 22/02/2017

Nissan teste la colocation automobile à Paris

Le constructeur lance une offre permettant à plusieurs personnes de partager l’usage d’une Micra.
L’objectif est de s’insérer sur le marché des nouveaux services de mobilité.

La colocation est-elle compatible avec l’automobile ? Nissan le pense, et a lancé ce mardi une offre d’un genre inédit, baptisée « Get & Go Micra », qui permet à plusieurs automobilistes de partager l’usage d’une Micra – une citadine comparable à une Clio. Accessible pour l’instant à Paris uniquement – la France est le pays pilote – et dans les départements voisins, le service se veut 100 % numérique (tout est pilotable via une application de smartphone). Après s’être inscrit, l’usager se voit proposer, via une plate-forme logicielle mise en place par RCI Banque – filiale de Renault, allié de Nissan -, une liste de colocataires potentiels proches de chez lui et affichant des besoins horaires complémentaires (usage le matin plutôt que l’après-midi, la semaine plutôt que le week-end…).

De quoi former un groupe d’utilisateurs, qui peut compter jusqu’à cinq membres. « Plus on est nombreux, plus le prix par tête baisse », indique Bernard Loire, le patron des ventes de Nissan pour l’Europe de l’Ouest. Ainsi, pour une Micra partagée par quatre automobilistes et roulant à hauteur de 15.000 km à l’année, le prix par tête – assurance et entretien inclus – est de 87 euros par mois sur un an (la durée de l’engagement). « Au global, en intégrant le carburant et les frais de parking, on arrive sur un budget individuel moyen de 1.700 euros par an. Contre 2.500 euros pour un service équivalent d’autopartage et 3.500 euros pour de la location courte durée », assure Bernard Loire.

Côté carburant, une carte essence est fournie pour payer sans avancer d’argent, avec une facturation individuelle, en fonction du nombre de kilomètres parcourus par chaque utilisateur. Côté parking, soit l’un des colocataires dispose d’une place à partager, soit les colocataires s’arrangent pour payer un parking commun.

Complémentarité des loueurs

Séduisante sur le papier, la solution devra convaincre dans la vie de tous les jours. Sera-t-il si facile pour les utilisateurs d’avoir des besoins totalement complémentaires et de conserver une certaine flexibilité d’usage au quotidien ? La question du tarif, très variable selon le nombre de colocataires et les frais de parking, sera un enjeu clef. Roulant en thermique – essence ou diesel -, la nouvelle Micra – fabriquée en France, à l’usine de Flins – ne permet pas de se dispenser de frais de carburant ou de parking, comme aurait pu le faire un modèle électrique. « Rien n’est figé, on peut proposer d’autres modèles à l’avenir », dit Bernard Loire, qui indique que, en cas de succès, le service pourra être étendu à d’autres villes. La cible : des citadins qui roulent régulièrement, mais trop peu pour amortir le coût d’achat d’une voiture neuve. « A Paris, on a 1.500 voitures qui roulent moins de 2.000 km par an », estime Bernard Loire. Pour Nissan, c’est finalement l’occasion de répondre à l’explosion des nouveaux usages de mobilité (autopartage, VTC, location…), et d’éviter une désintermédiation par des plates-formes comme Uber ou BlaBlaCar.

Maxime Amiot

 

 

LE PARISIEN – 22/02/2017

Nicolas Sarkozy rejoint le conseil d’administration de l’hôtelier AccorHotels

L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, prend la tête… du comité stratégie internationale d’AccorHotels

Nicolas Sarkozy tient sa reconversion. Éliminé dès le premier tour de la primaire de la droite, le 21 novembre, l’ancien chef de l’État avait annoncé vouloir se consacrer à sa «vie privée». Trois mois plus tard, jour pour jour, le voilà de retour dans une fonction inattendue. Ce mardi, le groupe AccorHotels a annoncé la nomination de Nicolas Sarkozy au sein de son conseil d’administration.

«Nicolas Sarkozy présidera le comité stratégie internationale dont les missions et la composition seront précisées lors d’un prochain conseil d’administration», a détaillé le groupe hôtelier dans un communiqué. «Je suis très heureux de participer au développement et au rayonnement international d’AccorHotels, un des fleurons des entreprises françaises», a pour sa part réagi l’intéressé.

Une «parfaite connaissance des enjeux géopolitiques»

Le PDG du groupe, Sébastien Bazin, également cité dans le communiqué, estime que « l’expertise internationale de Nicolas Sarkozy et sa parfaite connaissance des enjeux géopolitiques mondiaux seront de formidables atouts pour le groupe ». Ce poste d’administrateur indépendant serait le premier poste de cette nature occupé par l’ancien président.

AccorHotels exploite sous ses 20 marques Sofitel, Pullman, Novotel, Mercure, Ibis, HotelF1 mais aussi Raffles, Fairmont et Swissôtel, plus de 4000 hôtels, dans 95 pays.

 

LES ECHOS – 22/02/2017

Bio : le marché français a bondi de 20% en 2016

Les ventes de produits bio ont atteint 7 milliards d’euros en 2016, selon l’Agence Bio. Le nombre de fermes bio a augmenté de 12%.

Le succès du bio s’envole. Le marché a fait un bond de 20% à 7 milliards d’euros en 2016, selon les derniers chiffres fournis par l’Agence Bio. Alors qu’un Français sur deux n’en consommait jamais en 2003, ils sont désormais sept sur 10 à en manger « régulièrement », c’est-à-dire au moins une fois par mois, selon l’Agence Bio. Au quotidien, 15% des Français ont mangé bio en 2016, contre 10% un an avant.

La première raison à cet engouement est la santé. Les amateurs invoquent massivement leur confiance dans les cahiers des charges, les contrôles systématiques, l’absence d’OGM, de produits artificiels et de colorants, ainsi que le bien-être animal. Ils justifient leur préférence par la qualité nutritionnelle des produits, leur goût meilleur et la satisfaction de contribuer à la préservation de l’environnement en privilégiant le bio. Les légumes viennent en tête du Top 5, suivis par les produits laitiers et les oeufs, puis l’épicerie et la viande.

Le sud de la France d’abord

Pour l’Agence Bio, il n’est pas douteux que les consommateurs sont en train de changer leurs habitudes. Les agriculteurs l’ont bien compris. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à répondre à cette demande en croissance régulière. Les conversions se traduisent en hectares. Les surfaces bio ont augmenté de 16% en un an à 1,54 million d’hectares. Le nombre de fermes a progressé aussi (+12%). Elles sont plus de 32.300, tirées par les élevages laitiers et les producteurs de viande.

La première région pour le bio est l’Occitanie, devant l’Auvergne et le Nouvelle Aquitaine. Un peloton de tête qui a creusé l’écart avec le reste de la France. Le mouvement de conversion (+9,5%) se retrouve tout naturellement dans les entreprises, chez les importateurs et exportateurs ainsi que dans la distribution. Les ventes ont plus progressé en magasins spécialisés que dans les enseignes mais en importance, les deux circuits sont à peu près ex-aequo.

VIDEO – Le marché français du « bio » atteint les 7 milliards d’euros : http://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0211814713831-bio-le-marche-en-france-a-bondi-de-20-en-2016-2066608.php

Marie-Josée Cougard

 

 

LE FIGARO – 22/02/2017

Alstom: François Hollande se rend à Belfort ce mercredi

Le président de la République doit visiter les sites d’Alstom et de General Electric. Les syndicats, toujours sceptiques sur le devenir des emplois, attendent une garantie du maintien de l’activité de l’usine.

La visite est symbolique et attendue. À quelques mois de la fin de son mandat, François Hollande se rend ce mercredi à Belfort, accompagné du secrétaire d’État chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue. Une première dans le cadre de son mandat et qui intervient alors que l’État tente coûte que coûte de préserver l’emploi chez Alstom sur ce site de production. En octobre dernier, le gouvernement avait en effet décidé d’acheter, en direct, quinze rames pour alimenter cette usine, dont la fermeture venait d’être annoncée.

Dans le détail, le programme du président de la République est chargé. A 9 heures, il débutera d’abord par une visite du site de General Electric, puis enchaînera, quarante-cinq minutes plus tard par celui d’Alstom. Il terminera son excursion, annoncée au dernier moment lundi par l’Élysée, par un discours à 10h15.

Pour rappel, François Hollande s’était personnellement impliqué dans le dossier du rachat de la branche énergie d’Alstom par GE, en 2014. Il avait alors reçu le PDG du géant américain, Jeff Immelt, à l’Élysée. À la suite de ce rachat, le site de l’industriel s’était alors recentré sur ses activités de transport. À ce titre, la visite présidentielle n’est pas sans rappeler celle que le Président avait effectuée à Florange pour défendre son bilan auprès des salariés d’ArcelorMittal, en novembre dernier. Les syndicats l’attendent d’ailleurs de pied ferme, avec un seul objectif: l’interpeller sur les 1000 embauches promises par General Electric, d’ici fin 2018. Et pour cause, en janvier 2016, General Electric avait annoncé la suppression de 765 emplois dans l’Hexagone, semant ainsi le trouble dans les esprits.

La SNCF va acheter les 15 rames

«À partir du moment où le Président s’est engagé, il doit maintenant concrétiser ses paroles. Or, il semblerait qu’il y a encore quelques difficultés», assène Olivier Kohler, délégué CFDT, au micro de France Bleu. «Il y a une volonté politique, mais ces commandes promises ne sont pas actées. Nous demandons un réel engagement, une garantie du maintien de l’activité à Belfort». Même son de cloche pour Eddy Cardot, délégué CGT, au micro de France 3. «Les quinze rames TGV, ça nous donne un petit sursis de plus», reconnaît-il. «[Mais] on voudrait que tout soit entériné avant la fin du mandat de François Hollande». Le maire de Belfort tient un discours similaire, mais se veut néanmoins optimiste: «C’est toujours le président de la République et il a le pouvoir de faire changer les choses», indique-t-il à France Bleu.

La semaine dernière, la question des quinze rames est revenue sur la table. Dans un premier temps réticente, la SNCF a fini par accepter de prendre en charge cette commande, que le gouvernement avait décidé de passer en direct pour un montant de 480 millions d’euros. «La décision qui a finalement été prise est équilibrée et plus cohérente», estime des dirigeants de la SNCF, interrogé par Le Figaro , le 15 février dernier. «Nous allons radier 24 rames vieillissantes à un seul niveau pour les remplacer par quinze rames à deux niveaux et donc plus capacitaires. Nous allons économiser 150 millions d’euros que nous aurions dû dépenser en les rénovant». Toujours selon nos informations, cette décision devrait être entérinée demain, jeudi 23 février.

 

 

::: POLITIQUE

LE POINT – 22/02/2017

À Londres, Macron cherche à séduire les expatriés

 

Emmanuel Macron a affirmé que son programme allait contribuer au succès de la France « dans ce nouveau monde » qui implique le Brexit.

Le candidat d’En marche ! à la présidentielle exhorte les Français vivant outre-Manche à venir entreprendre en France. Il avait rencontré avant Theresa May.

Emmanuel Macron en mission séduction. Mardi 21 février, le candidat d’En marche ! à la présidentielle s’exprimait lors d’un meeting à Londres devant plusieurs milliers de personnes. Il a exhorté les Français résidant outre-Manche à venir entreprendre en France. Son ambition : « Retrouver une culture du succès ». Le candidat tenait un meeting en fin de journée dans l’imposant Central Hall Westminster, une salle d’architecture baroque située près du Parlement britannique.

Acclamé à son arrivée, Emmanuel Macron a exprimé devant plus de 2 000 personnes sa volonté de « convaincre » certains des 300 000 Français vivant au Royaume-Uni, dont une majorité à Londres, de « revenir entreprendre, faire en France, innover, chercher, enseigner ». « Je veux que l’on soit un pays où l’on peut faire tout cela », a-t-il dit. En France, « on n’a pas le droit d’échouer, mais pas le droit de réussir trop bien », a-t-il poursuivi, devant un public comptant des entrepreneurs et de nombreux employés de la finance.

« Il faut aimer le succès », ou alors les Français vont « le chercher ailleurs », a-t-il regretté, déplorant la « peur de l’échec » propre, selon lui, à la France. Taclant à plusieurs reprises le candidat LR François Fillon, Emmanuel Macron a évoqué « l’argent qu'[il] a [lui-même] gagné » avant de se lancer en politique. « Je vous rassure, c’est moi qui l’ai gagné. J’avais un travail, ça semble affreux… » a-t-il ironisé. Dans la salle figuraient notamment le footballeur Yohan Cabaye et le député du Parti libéral-démocrate (centre) Nick Clegg, ancien vice-Premier ministre.

Vers un Brexit juste

Selon deux sondages publiés mardi, Emmanuel Macron arrive soit en deuxième position des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, ex æquo avec François Fillon, soit troisième derrière ce dernier. Le candidat d’En marche ! a rencontré en début d’après-midi Theresa May au 10, Downing Street, pour évoquer notamment la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

À l’issue de l’entretien, il a affirmé en anglais avoir exprimé à Theresa May sa « volonté d’aboutir à un Brexit juste », tout « en protégeant les intérêts des Français et des Européens ». « Nous avons parlé de lutte contre le terrorisme, de défense, qui sont des sujets très structurants pour notre pays », a ajouté en français Emmanuel Macron, premier candidat à la présidentielle française reçu par Theresa May.

Un porte-parole de Downing Street a expliqué que cette rencontre avait été organisée à la demande d’Emmanuel Macron et qu’il n’était pas inhabituel qu’un dirigeant britannique reçoive un candidat français, citant Nicolas Sarkozy reçu par Tony Blair en 2007.

« Je veux les banques »

Emmanuel Macron a affirmé que son programme, qu’il n’a pas encore publié, allait contribuer au succès de la France « dans ce nouveau monde » qui implique le Brexit. « Dans mon programme, vous aurez une série d’initiatives pour attirer les gens de talent dans la recherche, et dans de nombreux autres domaines », a-t-il dit, repassant à l’anglais. « Je veux les banques, les talents, les chercheurs, etc. » a-t-il ajouté, laissant présager de son discours très ciblé sur les entrepreneurs.

« Cela fera partie de mon programme de les attirer », en particulier ceux qui sont actuellement au Royaume-Uni, a-t-il insisté, dans un appel du pied à la communauté française. « Je veux les convaincre que la France change […] qu’ils auront l’opportunité de revenir en France dans les prochaines années et d’y rencontrer le succès. » Interrogé sur un possible rapprochement avec le président du MoDem François Bayrou, il a dit ne pas vouloir répondre « à des questions de politique française ».

François Bayrou doit faire une déclaration à la presse mercredi après-midi et les spéculations vont bon train sur ce qu’il pourrait annoncer : nouvelle candidature à la présidentielle ou soutien à un candidat en lice. Gérard Collomb, maire PS de Lyon et proche d’Emmanuel Macron, a dit mardi espérer le soutien de M. Bayrou à son candidat pour éviter « le risque » d’une victoire de Marine Le Pen.

 

BFM – 21/02/2017

Sécurité sociale: Macron et Fillon livrent leurs pistes d’économies

Cinq candidats à l’élection présidentielle ont défilé ce mardi 21 février au Palais Brogniart pour présenter leur programme en matière de santé. Emmanuel Macron et François Fillon ont présenté des pistes d’économies pour la Sécu, Benoît Hamon a évoqué une réforme du mode de financement des hôpitaux.

Les prétendants à l’Élysée ont passé leur grand oral sur la santé ce mardi 21 février. Les candidats à la présidentielle se sont ainsi succédé au Palais Brongniart pour exposer leurs mesures lors de cet événement organisé par la Mutualité française. L’occasion, pour certains, de livrer quelques pistes d’économies. Voici ce qu’il fallait retenir des interventions d’Emmanuel Macron, François Fillon et Benoît Hamon.

Macron veut investir 5 milliards dans les hôpitaux 

Premier à ouvrir le bal, le candidat d’En Marche! a annoncé lors qu’il comptait « améliorer l’organisation de l’hôpital « en le décloisonnant ». Il propose pour cela « de plafonner à 50% » la tarification à l’activité des hôpitaux (T2A), de « renforcer l’autonomie des hôpitaux » ou encore « d’élargir » les groupements hospitaliers de territoire pour avoir en amont une meilleure organisation de l’offre de soins.

Emmanuel Macron a également promis d’investir 5 milliards d’euros dans les hôpitaux et « dans l’innovation médicale ». Par ailleurs, l’ex-ministre de l’Économie a fixé à 2,3% l’objectif d’évolution des dépenses d’assurance-maladie sur la période 2018-2022. Cette hausse modeste nécessiterait de réaliser 15 milliards d’euros d’économies.

Pour y parvenir, Emmanuel Macron entend développer la médecine ambulatoire: « ce qui coûte cher dans le système de santé ce sont les gens qui restent » à l’hôpital, rappelle-t-il. Autre piste: le leader d’En Marche! entend également « lutter contre le gâchis » en permettant la vente de médicaments à l’unité. Par ailleurs, l’ex-ministre de l’Économie promet qu' »aucun soin utile ne serait déremboursé ».

Fillon: « pas question de toucher à l’assurance-maladie »

Le candidat de la droite et du centre était très attendu sur ce sujet après avoir été accusé de vouloir « privatiser » la Sécurité sociale cet hiver. L’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy a ainsi abandonné la distinction entre « petit » et « gros risques ». « Il n’est pas question de toucher à l’assurance-maladie et encore moins de la privatiser ni même de baisser son taux d’intervention », a-t-il encore déclaré.

François Fillon avait déjà confié au Parisien vouloir ramener les comptes de l’assurance-maladie à l’équilibre d’ici à 2020 en réalisant « 20 milliards d’économies en cinq ans ».

Un objectif d’autant plus ambitieux que l’ex-Premier ministre promet que le niveau de prise en charge des dépenses par l’assurance-maladie « ne diminuera pas ». Il souhaite même que « pour les dépenses les plus coûteuses », les patients n’aient rien à payer de leur poche grâce à un partenariat entre la Sécurité sociale et les mutuelles. Il promet également que les lunettes pour les enfants seront prises en charge à 100%.

Pour réaliser ces 20 milliards d’euros d’économies, François Fillon mise sur « des efforts d’efficience ». « Je fais le pari que la prévention ça rapporte », a-t-il souligné. L’ex-Premier ministre compte également traquer « les soins redondants » et renforcer la lutte contre les fraudes (carte vitale, CMU, etc..).

Par ailleurs, François Fillon a évoqué « la piste » d’une modulation des carrières pour tenir compte de la pénibilité. « Par exemple, il faudrait accepter l’idée que ceux qui ont une espérance de vie plus longue travaillent plus longtemps », a-t-il expliqué. Ce qui, a-t-il reconnu, pourrait également signifier que les ouvriers, eux, pourraient avoir une carrière plus courte.

Hamon veut réformer le financement des hôpitaux

Moins disert sur les pistes d’économies, le vainqueur de la primaire de la gauche annonce toutefois qu’il veut modifier le modèle de financement de l’hôpital, basé « selon la tarification à l’activité ».

« On multiplie les actes pour obtenir un bon financement de l’hôpital. Si un certain nombre d’actes doivent continuer à être financés de cette manière, je pense qu’il faut introduire une notion de financement forfaitaire », a insisté le candidat désigné par la primaire du parti socialiste.

Benoît Hamon considère qu' »il faut augmenter la part de remboursement de la Sécurité sociale » pour les soins dentaires, d’optique et les prothèses auditives.

Vidéo : http://bfmbusiness.bfmtv.com/france/securite-sociale-macron-et-fillon-livrent-leurs-pistes-d-economies-1107347.html

 

 

L’OPINION – 22/02/2017

François Bayrou, dernière cartouche

Déjà trois fois candidat à l’élection présidentielle, le président du MoDem met fin ce mercredi au suspense sur ses intentions. Seul ou avec Emmanuel Macron, il joue son ultime va-tout

François Bayrou doit faire une déclaration ce mercredi à 16 heures 30 depuis le siège du MoDem, qui se réunissait en bureau exécutif mardi soir. Le leader centriste, qui a récemment échangé avec Emmanuel Macron, entretenait mardi encore le suspense sur son intention de se lancer ou pas dans l’élection présidentielle. Le maire de Pau sera mercredi soir l’invité du 20 heures de France 2 puis de la matinale de RTL jeudi matin. Selon l’enquête Ifop-Fiducial pour Paris-Match, iTélé et Sud-Radio publiée mardi soir, François Bayrou ne dépasse pas les 5,5 % d’intentions de vote.

Quand il décroche son téléphone mardi matin, François Bayrou a l’air serein, détendu. Le président du MoDem n’a pas vraiment le ton de celui qui s’apprête à se lancer dans la course à la présidentielle. En fait, il regarde avec amusement toutes les spéculations qui courent autour de lui. Va-t-il s’allier à Emmanuel Macron, après avoir discuté avec lui la semaine dernière, comme l’affirme Le Point ? « Intox », assure un cadre du MoDem. Va-t-il annoncer sa quatrième candidature à l’élection présidentielle, comme le présume Le Figaro ? Lui se plaît à constater l’émulation créée par un suspense savamment entretenu.

Tous les cadres du parti s’astreignent à une réserve qui empêche presque toute discussion normale avec quiconque est en dehors du secret. Drôle d’ambiance au MoDem, où tout le monde attend avec hâte que le suspense soit tranché. Depuis la salle Lecanuet, au rez-de-chaussée du QG parisien, François Bayrou fera une allocution mercredi à 16 heures 30. Un discours d’une trentaine de minutes, retransmis en direct sur les chaînes d’info en continu. « C’est une déclaration solennelle et personnelle. C’est une manière de s’adresser aux Français face caméras », explique-t-on dans son entourage.

Quatuor. Cela fait plusieurs jours que François Bayrou a pris sa décision. Après le bureau exécutif du parti mardi dernier, le maire de Pau a tranché. Rentré dans sa ville pour le week-end avant de rejoindre Paris dimanche soir, il a passé ces derniers jours auprès de sa garde rapprochée, la vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, la vice-présidente du Sénat, Jacqueline Gourault et le secrétaire général du parti, Marc Fesneau. C’est au sein de ce quatuor que les échanges à bâtons rompus ont eu lieu toute la journée de lundi pour arrêter la date précise et le format de l’annonce. « On lui a dit ce qu’on ressentait, on voit tous le trouble qui existe dans l’opinion. Aucun d’entre nous n’est rassuré par les propos des candidats à l’élection présidentielle, quels qu’ils soient », raconte l’un d’eux.

Avant l’affaire Fillon, plusieurs cadres du parti doutaient de l’opportunité d’une candidature mais le tumulte à droite a rebattu les cartes. Ils sont finalement plusieurs parmi ses proches à l’avoir encouragé à y aller. « Il a l’envie, les moyens, la carrure, le projet, les idées », plaide Yann Wehrling, président du groupe MoDem au conseil régional d’Ile-de-France. Mais François Bayrou n’a pas le potentiel électoral. Toutes les enquêtes d’opinion le créditent autour de 5 % d’intentions de vote. Et surtout, l’espace politique au centre est déjà largement occupé par Emmanuel Macron, que les sondages donnent autour de 20 %.

À entendre les cadres du parti, il semble pourtant faire peu de doutes que le candidat se lancera. Ils ont toujours un argument pour expliquer pourquoi les obstacles dans sa course vers l’Elysée n’en seront pas. Les 500 parrainages ? Le parti compte plus de 500 élus et sympathisants et autant qui ont systématiquement apporté leur soutien à François Bayrou lors des trois dernières élections présidentielles. Le financement ? « Pas un sujet non plus ». Le MoDem est propriétaire de son siège de la rue de l’Université, dans le très chic 7e arrondissement de Paris, ce qui lui offre une caution substantielle. Le laps de temps très court pour faire campagne ? « Cette campagne sera courte pour tout le monde. Les débats n’ont toujours pas commencé ! », défend un cadre du parti.

Course folle. Dans un contexte où François Fillon n’a plus le boulevard qui lui était promis au sortir de la primaire, comment imaginer que François Bayrou ne se relance pas dans cette course folle, lui qui dit toujours aimer « l’odeur de la poudre » ? Tout le laisse à penser, et pourtant. Dans une campagne présidentielle lunaire et jalonnée d’invraisemblables rebondissements, le leader centriste pourrait à son tour en provoquer un. « Cette campagne attend encore sa surprise », théorisait-il mi-janvier.

Rompre avec le scénario d’une candidature écrit d’avance ne serait-il pas se rallier au jeune et ambitieux Macron ? Les deux hommes se parlent souvent. Mais aucune discussion n’a pour le moment abouti. « Ils se sont dit ce qu’ils avaient à se dire par médias interposés », juge un proche de François Bayrou. « Macron est dans une logique “tous derrière moi”, ça n’est pas comme cela qu’on crée une majorité », repousse Yann Wehrling.

Certes, le rapprochement entre deux personnalités que tout oppose dans leurs parcours n’a rien d’évident. Mais le pragmatisme en politique pourrait les pousser à le faire. « Si on s’alliait avec Macron, on ferait sauter la banque ! », confiait mi-janvier François Bayrou. Il est vrai que le tandem aurait de quoi inquiéter François Fillon, avec qui le lien s’est rompu depuis l’affaire des soupçons d’emplois fictifs de sa famille. Les deux hommes se sont vus pour la dernière fois le 24 janvier, jour des premières révélations du Canard Enchaîné. « Je pense depuis le début que François Bayrou, en raison de son histoire notamment récente, n’a pas de compatibilité avec les électeurs de droite », jugeait la semaine dernière depuis La Réunion le candidat de la droite, visiblement peu inquiet par la potentielle candidature du centriste.

En s’alliant à Emmanuel Macron, François Bayrou pourrait lui apporter l’expérience et la solidité qui lui manque. Quand Emmanuel Macron pourrait apporter à François Bayrou l’image du renouveau, à l’heure où le courant du « dégagisme » souffle sur les partis. Seul ou à deux, la seule certitude dont dispose aujourd’hui le centriste de 65 ans, c’est qu’après trois candidatures, cette élection présidentielle sera la dernière.

Caroline Vigoureux

 

 

LES ECHOS – 22/02/2017

Sortie de l’euro : les effets désastreux du projet économique du FN

L’Institut Montaigne juge que la sortie de l’euro amputerait le PIB de 180 milliards et détruirait plus de 500.000 emplois dans l’Hexagone. L’économie française entrerait dans une ère inconnue.

C’est le pilier du programme économique de Marine Le Pen. La sortie de l’euro et le retour au franc, prônés par la candidate du Front national à l’Elysée, auraient des conséquences désastreuses sur l’activité économique dans l’Hexagone, alerte l’Institut Montaigne .

Le think tank, d’inspiration libérale, s’est penché sur le coût d’une telle mesure, qui n’a jamais été chiffrée par le parti d’extrême droite. En prenant comme hypothèse une dépréciation du taux de change de 20 % et une hausse des taux d’intérêt, il estime que le PIB de la France reculerait de 2,3 % au cours de la première année du retour au franc et serait inférieur de 9 % à long terme (une fourchette de 4 % à 13 % est avancée) par rapport au niveau qu’il aurait atteint sans cette décision.

Soit une perte d’activité de 180 milliards d’euros. Et encore, un tel scénario doit être considéré comme optimiste, prévient l’institut, qui prend pour hypothèse une non-désagrégation de la zone euro, scénario pourtant le plus probable (lire page 4). A long terme, le coût de la sortie de l’euro est évalué à « environ 7.000 euros par emploi résidant en France. L e nombre d’emplois détruits par cette mesure atteindrait plusieurs dizaines de milliers dès la première année, et pourrait largement dépasser un demi-million d’emplois détruits à long terme ».

Fuite des capitaux

Les effets d’une sortie de l’euro passeraient par différents canaux. D’abord, comme la France accuse un lourd déficit extérieur, le franc subirait une dévaluation par rapport à l’euro que le think tank estime à 15 %. « Une dépréciation de ce nouveau franc contribuerait de façon favorable à la croissance à court et moyen termes », via une relance des exportations, admettent les auteurs. Mais rapidement, nos partenaires commerciaux mettraient en place des barrières tarifaires. Deuxième canal de transmission du choc : la monnaie. « Les épargnants français pourraient souhaiter placer leurs capitaux à l’étranger afin de se protéger de la dévaluation anticipée du « nouveau franc » […]. Et les détenteurs de capitaux étrangers placés en France seraient incités à rapatrier leurs capitaux pour se prémunir d’une chute du taux de change », selon l’institut. Les taux d’intérêt grimperaient fortement et, par ricochet, le crédit se raréfierait.

« La fuite des capitaux vers l’étranger, la défiance des ménages et des entreprises vis-à-vis d’une monnaie en dépréciation et le moindre accès des banques aux financements étrangers mettraient les institutions financières en danger », alertent les auteurs. Avec un risque de panique bancaire. Il serait alors « vraisemblablement indispensable de ­contraindre la politique de change et d’instaurer un contrôle des mouvements transfrontaliers de capitaux ». Comme en Grèce entre 2011 et 2013… Parallèlement, l’inflation risquerait d’accélérer « de manière significative compte tenu de la dépréciation » du nouveau franc, ce qui affecterait le pouvoir d’achat des ménages. Bref, l’économie française serait propulsée dans un monde totalement inconnu.

« Difficultés transitoires »

Pas pour Jean Messiha, le coordinateur du projet de Marine le Pen. « Il n’y aura pas de hausse des taux très forte parce que nous allons revenir sur l’interdiction qui est aujourd’hui faite à la Banque de France de financer le déficit public. Et la remontée de l’inflation n’est pas un problème puisque nous faisons aujourd’hui face à des risques déflationnistes. Les difficultés ne seront que transitoires », assure cet énarque.

Mais changer la loi de 1973 sur le recours à la Banque de France signifierait le retour de la planche à billets, avec une envolée de l’inflation et des conséquences potentiellement encore plus fortes. En outre, « comme il n’existe pas de position consensuelle au sein de la zone euro, la sortie ne peut être concertée. Elle sera donc nécessairement violente », prévient Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Pour Gilles Moec, chef économiste de Bank of America Merrill Lynch, « le fonctionnement de la zone euro a certainement des défauts mais il est préférable d’améliorer l’existant que de tout casser. Car la monnaie unique a tout de même eu de gros avantages pour les Français ». Deux chiffres, parmi d’autres, le prouvent : l’écart de taux d’intérêt entre les emprunts d’Etat allemands et français s’est réduit de 1,5 point depuis la création de l’euro. Et l’inflation est passée de 4,4 % en moyenne par an entre 1981 et 1998 à 1,5 % depuis 1999.

VIDEO – Combien coûterait la sortie de l’Euro voulue par Marine Le Pen ? http://www.lesechos.fr/elections/marine-le-pen/0211812836869-sortie-de-leuro-les-effets-desastreux-du-projet-economique-du-front-national-2066884.php

 

Guillaume de Calignon

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 22/02/2017

Brexit : le divorce imposé avec le Royaume-Uni déchire l’Irlande

INFOGRAPHIE – Dublin plaide pour un accord de sortie favorable aux Britanniques, mais se place du côté de l’UE dans les négociations. La prospérité de la République est en jeu.

Un divorce peut en cacher un autre. Si le Brexit marque la rupture entre le Royaume-Uni et l’Europe, il implique aussi un éloignement entre le pays et son voisin, l’Irlande, victime collatérale du vote des Britanniques. Les relations entre l’ancienne colonie, devenue indépendante au terme d’une guerre de sécession il y a un siècle, et la puissance britannique s’étaient normalisées au point de faire des deux pays les partenaires les plus proches au sein de l’Union européenne. Cette proximité est mise à mal par la décision britannique de quitter l’UE, vécue comme un traumatisme de l’autre côté de la mer d’Irlande. Plus grave crise pour le pays depuis son indépendance, le Brexit met en danger «à la fois notre paix et notre prospérité», déclarait le premier ministre irlandais, Enda Kenny, vendredi, lors du deuxième «sommet de dialogue civique» organisé à Dublin pour évaluer les conséquences de cette décision.

Priorité du gouvernement irlandais: obtenir un accord de commerce le plus favorable possible entre le Royaume-Uni et l’UE. «Pas question de punir Londres», plaide-t-on à Dublin. «L’Irlande et le Royaume-Uni étaient dans les faits un seul marché intérieur. Les entreprises des deux pays sont très imbriquées économiquement. La communauté d’affaires irlandaise espérait que les Britanniques resteraient dans l’Europe», explique Danny McCoy, directeur de l’Ibec, le Medef irlandais. Les craintes sur les conséquences du Brexit portent sur l’impact d’éventuels droits de douane imposés de part et d’autre. Mais aussi, à terme, sur l’avenir de la localisation des multinationales implantées en Irlande si Londres se lance vraiment, comme annoncé, dans la course au dumping fiscal, même si la situation peut à l’inverse présenter aussi des opportunités immédiates à saisir.

Libre circulation

La dépendance irlandaise à l’économie britannique s’est déjà largement atténuée. Lors de l’entrée simultanée des deux voisins dans le marché commun en 1973, le Royaume-Uni absorbait plus des deux tiers des exportations irlandaises contre environ 17% aujourd’hui. Deux fois moins que celles vers le reste de l’Union européenne. Mais cette exposition au grand voisin est plus sensible pour les PME. Selon les calculs d’économistes, la facture du Brexit pourrait s’élever entre 4 et 5 points de PIB pour l’économie irlandaise.

Dublin veut conserver sa zone de libre circulation avec le Royaume-Uni. Le rétablissement d’une frontière physique est vu comme le mal absolu. Celui-ci pourrait raviver les braises pas tout à fait éteintes de trente ans de guerre civile. «Une frontière en dur est inévitable sans un statut spécial pour l’Irlande», craint Gerry Adams, leader du parti nationaliste Sinn Féin. C’est pourquoi le gouvernement irlandais veut placer la protection des accords de paix au cœur des négociations qui vont s’engager entre Londres et Bruxelles. Parmi les particularités locales, les habitants d’Irlande du Nord, britanniques, ont aussi droit à un passeport irlandais et resteront donc citoyens européens. Autant de «circonstances exceptionnelles» que l’Irlande entend faire reconnaître.

Pour autant, Dublin a choisi son camp. Dans les négociations sur le Brexit, «nous serons d’un seul côté de la table, celui de l’UE», affirme Enda Kenny. «Le Brexit est une décision britannique, pas irlandaise ou européenne», justifie-t-il. «Nous ne serons pas les intermédiaires du gouvernement de Londres dans les discussions», ajoute le ministre des Affaires étrangères, Charlie Flanagan. Loin d’écouter les rares voix en faveur d’un «Irexit», la République entend jouer pleinement son rôle au sein d’une Europe à qui elle doit beaucoup.

Le premier ministre Kenny sur le départ

Chef du gouvernement irlandais depuis six ans, Enda Kenny pourrait annoncer sa démission ce mercredi.  Il est affaibli par un scandale de corruption dans la police, que  son gouvernement est accusé d’avoir couvert. Un lanceur d’alerte aurait été victime d’intimidation alors qu’il dénonçait le laxisme de la police avec les puissants du pays  sur leurs infractions routières. Enda Kenny, reconduit il y a un an à la tête d’un gouvernement sans majorité parlementaire, a survécu à un vote de défiance  la semaine dernière.  Mais il a annoncé qu’il accepterait la pression  de son parti Fine Gael (droite) pour céder  sa place. Deux de ses ministres sont favoris pour lui succéder.

Florentin Collomp

 

 

LE FIGARO – 22/02/2017

Le Kremlin prépare la réélection de Poutine

En 2018, le maître de la Russie l’emportera, mais il faut que son score soit haut comme la participation.

Vladimir Poutine devra être réélu en 2018 pour un quatrième mandat à la tête de la Russie avec un résultat et un niveau de participation électorale le plus élevé possible: tel est le plan sur lequel travaillent les conseillers du président russe selon le récit qu’en faisaient mardi les principaux médias du pays, dûment briefés par le Kremlin. À un an du scrutin, prévu en mars 2018, il ne fait plus guère de doute que l’intéressé briguera une nouvelle fois le fauteuil suprême, ce qui l’emmènera jusqu’en 2024, année où il fêtera ses 72 ans et vingt-quatre ans de pouvoir ininterrompu. «Il est prématuré de faire une quelconque déclaration électorale dans la mesure où l’ordre du jour est actuellement autre», a néanmoins démenti son porte-parole, Dmitri Peskov.

Signes avant-coureurs, Vladimir Poutine a congédié pas moins de cinq gouverneurs, depuis le début de l’année, dont le niveau de popularité et d’efficacité dans les régions qu’ils dirigeaient était sujet à caution: la Carélie et Novgorod au nord-ouest du pays, Riazan, au sud-est de Moscou, Perm et la Bouriatie, respectivement en Oural et en Sibérie. Ces hauts fonctionnaires ont tous été remplacés par de jeunes technocrates, semblables à ceux qui peuplent depuis l’été dernier les couloirs de l’administration présidentielle: un afflux de sang neuf destiné à compenser l’immobilisme qui prévaut au sommet du pouvoir, selon les analystes russes.

Si, en soi, la réélection de Vladimir Poutine semble assurée, le Kremlin planche dès à présent sur la mise en scène de la future victoire. «70-70» apparaît comme l’une des formules fétiches censée résumer l’enjeu, ces deux chiffres figurant respectivement le pourcentage de participation et l’ampleur du score. Or, dans le passé, jamais l’intéressé n’a pu combiner de tels résultats. Le jour venu, «les électeurs devront se bouger le c…», résume un conseiller du Kremlin, cité par le quotidien Komsomolskaïa Pravda. Quitte pour cela à modifier la loi électorale. Les citoyens absents de leur domicile le jour du scrutin, pourraient se présenter à l’improviste au bureau de vote le plus proche. Les jeunes, généralement apathiques quand il s’agit de politique, se verraient offrir l’accès à un jeu informatique après avoir glissé leur bulletin dans l’urne. À titre de plaisanterie, un haut fonctionnaire a évoqué l’idée d’une chasse aux Pokémon dans le bureau électoral.

L’ampleur de la victoire, elle, dépendra du caractère du scrutin, qui ne doit pas ressembler à une compétition mais à un référendum, poursuit le Kremlin. Le principal opposant, Alexeï Navalny, ayant été écarté pour cause de condamnation judiciaire, seuls les libéraux «historiques», tels l’inusable Grigory Yavlinsky (Iabloko), seraient autorisés à concourir. «On ne va pas créer de candidats artificiels, les électeurs ne seraient pas dupes», argumentent les conseillers de Vladimir Poutine. «Il s’agira d’un plébiscite auquel participeront formellement d’autres candidats et dont le résultat devra donner au président les coudées franches pour conduire des réformes économiques impopulaires», décrypte le politologue Igor Bounine. Notamment l’augmentation de l’âge du départ à la retraite.

Enfin, concluent les conseillers du Kremlin, ce résultat statistique devra être obtenu à l’issue d’un scrutin encore plus «transparent, honnête et légitime» qu’auparavant. Ces derniers souhaitent multiplier les caméras dans les bureaux de vote, quitte à fixer leur nombre dans la loi.

Selon Grigory Melkoniants, coprésident de l’ONG Golos, la tâche relève de la quadrature du cercle. Au final, prédit ce défenseur des droits électoraux, «on forcera les gens à voter où on les incitera avec des cadeaux ou des places de spectacle. Comme d’habitude».

Pierre Avril

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 16 Février 2017

2017-09-19T13:35:42+02:00Mots-clés : , , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LE PROGRES – 16/02/2017

Le préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes nommé préfet d’Île-de-France

Michel Delpuech, ancien préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes a été nommé préfet d’Île-de-France, mercredi 15 février, en Conseil des ministres. Le préfet des Pays de la Loire le remplacera.

La rumeur a été confirmée. Michel Delpuech, ancien préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes a été nommé préfet d’Île-de-France. Il prendra ses nouvelles fonctions à partir du 27 février 2017.
C’est le préfet des Pays de la Loire, Henri-Michel Comet, qui le remplacera, à partir du 6 mars 2017.

Quel rôle pour le préfet ?

Le préfet reste le « dépositaire de l’autorité de l’État dans le département », indique le site vie-publique.fr.

  • Responsable de l’ordre public : il détient des pouvoirs de police qui font de lui une « autorité de police administrative ».
  • Représentant direct du Premier ministre et de chaque ministre dans le département. Il met en œuvre les politiques gouvernementales de développement et d’aménagement du territoire à l’échelle du département.

 

Marc Taubert

 

 

BFM – 16/02/2017

Île-de-France: l’activité économique reprend des couleurs

Ces trois derniers mois, les planètes semblent alignées au-dessus de la région Île-de-France, dont l’activité économique présente tous les symptômes de la reprise. 

Depuis trois mois, l’activité économique en Île-de-France semble retrouver un nouveau souffle. Après une difficile année 2016, notamment marquée par la baisse de l’activité touristique, la région surfe sur une dynamique. En effet, les principaux indicateurs témoignant d’une bonne santé économique sont au vert, à commencer par l’augmentation de 15% du chiffre d’affaires des entreprises en moyenne sur trois mois, selon un communique du préfet de Paris.

Une progression générale qui touche l’ensemble des secteurs d’activité (industrie manufacturière, BTP, transport…). Le climat des affaires enregistre lui aussi une forte hausse et retrouve un niveau jamais atteint depuis 2011 dans la région. Même son de cloche pour les projets d’investissement et les crédits qui augmentent de 4%, d’après la Banque de France. Sur le front de l’emploi, les bons chiffres de l’activité ont permis une hausse des embauches à hauteur de 6,4% en CDI et 3,3% en CDD. Les demandes de chômage partiel, elles, sont en net recul de 20% sur l’année 2016.

Enfin, le tourisme reprend lui aussi des couleurs. En témoigne le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, très touché par les attentats en 2015 et 2016, et qui connaissent une amélioration. Si la reprise du secteur est surtout perceptible en province, le nombre de nuitées enregistrées en Île-de-France a tout de même augmenté de 4,5% fin 2016.

 

LA TRIBUNE – 16/02/2017

Paris Ile-de-France : une métropole attractive – en p-jointe

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 16/02/2017

Assurance-chômage : syndicats et patronat se donnent six semaines pour bâtir un accord

Les partenaires sociaux ont décidé de rouvrir les négociations avortées en juin.Ils visent un accord avant la présidentielle.

Objectif 28 mars ! Réunis mercredi après-midi pour une ultime séance de diagnostic du marché du travail, les partenaires sociaux ont décidé dans la foulée de rouvrir une négociation sur l’avenir de l’Assurance chômage. Le mandat donné deux jours plus tôt à Alexandre Saubot, le vice-président du Medef en charge du social (et patron de la branche métallurgie) avait ouvert la voix aux retrouvailles, huit mois après l’échec du dernier round de discussions. Le contexte, depuis, a été dépollué des débats sur la loi travail, définitivement adoptée. Mais l’approche de la présidentielle et les menaces d’une reprise en main par l’Etat, ont aussi poussé les partenaires sociaux à prouver qu’ils sont capables de prendre leurs responsabilités pour conserver la gestion d’un pan majeur du paritarisme.

Patronat et syndicats ont donc décidé d’avancer vite pour bâtir un nouveau régime. Tel qu’arrêté, le calendrier prévoit quatre séances de négociations : 7 mars, 14 mars, 23 mars et 28 mars. En cas d’accord, ce ne sera pas trop tôt pour le faire homologuer avant le premier tour de la présidentielle. « Nous voulons aller vite étant donné le contexte électoral», a confirmé Véronique Descacq, chef de file pour la CFDT. Oui, « le calendrier est très contraint », a abondé Eric Courpotin pour la CFTC. « La négociation sur l’Assurance-chômage la plus express qu’on ait jamais connu », a même plaisanté Denis Gravouil pour la CGT,

Charge maintenant au Medef de repartir du relevé des discussions tel qu’il est resté en l’état en juin dernier, et de l’amender en ajoutant, notamment, un chapitre sur les contrats courts, peut-être « LE » sujet le plus clivant sur la table (« Les Echos » d’hier). Si les débats s’annoncent vifs, les syndicats ont au moins eu la satisfaction d’entendre Alexandre Saubot leur confirmer qu’il avait mandat d’en discuter « sans tabou ». Sans tabou peut-être mais en rappelant bien la ligne rouge posée par le patronat : pas de hausse du coût du travail.

Pour le Medef, la multiplication des CDD de moins d’un mois est une réalité mais ils ne concernent qu’à peine un peu plus de 2% de la masse salariale en France. Qui plus est, argue-t-il, en stock, le CDI reste le contrat majoritaire depuis des années. « C’est un phénomène particulier qui ne nécessite pas d’en faire le centre de la négociation », a déclaré Alexandre Saubot.

Loin de toute mesure globale, le texte de départ de la négociation, qui devrait être envoyé en fin de semaine prochaine ou au début de la suivante aux syndicats, pourrait donc proposer des mécanismes « incitatifs » pour les branches qui recourent le plus aux contrats courts, la plupart du temps pour répondre à des contraintes opérationnelles d’immédiateté. Seraient concernées l’hôtellerie-restauration, les sondages et le médico-social, quitte, à modifier la loi pour cela. « Toutes les pistes vont être étudiées (…) une modulation des cotisations n’est peut-être pas nécessaires sur tous les secteurs. On verra bien », a estimé Eric Courpotin.

En cas d’accord sur une nouvelle convention, les partenaires sociaux comptent bien aussi mettre l’Etat, à qui ils imputent une partie des 4,3 milliards de déficit annuel des comptes de l’Unédic, devant ses responsabilités. Ils prévoient dores et déjà d’écrire au gouvernement une lettre de griefs, portant notamment sur les frontaliers et le budget de Pôle emploi.

Alain Ruello

 

 

RADIO CLASSIQUE – 16/02/2017

L’invité de l’économie : Pierre GATTAZ, Président du MEDEF

Assurance-chômage, surtaxation des contrats courts…

PODCAST : https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/matinale-de-radio-classique/l-invite-de-l-economie/

 

LE MONDE – 16/02/2017

Le taux de chômage en France a baissé en 2016 pour la deuxième année d’affilée

Le chômage a reculé de 0,2 point en 2016 pour s’établir à 10 %, selon les données publiées, jeudi, par l’Insee.

Pour la deuxième année d’affilée, le taux de chômage a légèrement baissé (de 0,2 point) en 2016 en France, pour s’établir à 9,7 % en métropole et à 10 % de la population active pour la France entière, a annoncé l’Insee jeudi 16 février.

Au 4e trimestre, l’indicateur, mesuré par l’Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a terminé l’année sur une baisse de 0,1 point. En revanche, le taux du 3e trimestre a été révisé à la hausse, à 9,8 % en métropole (au lieu de 9,7 %) et à 10,1 % avec l’outre-mer (au lieu de 10 %).

A la fin de 2016, l’Insee a recensé 2,78 millions de chômeurs en métropole, soit 31 000 de moins (- 1,1 %) sur le trimestre et 68 000 de moins (- 2,4 %) sur l’année. Parmi eux, 1,2 million de personnes cherchaient du travail depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée diminue, à 4,2 % de la population active (- 0,1 point).

La baisse portée par les jeunes

Au 4e trimestre, comme sur l’année, la baisse du chômage est portée par les jeunes (15-24 ans), qui restent malgré tout les plus touchés par le fléau. Leur taux s’établit à 23,3 %, en baisse de 1,7 point sur le trimestre et de 0,7 point sur un an. Quant aux seniors (50 ans et plus), avec un taux de chômage de 6,7 %, leur situation est stable sur un an, malgré une amélioration en fin d’année (- 0,4 point).

La tendance enregistrée par l’Insee se rapproche de celle de Pôle emploi, qui a vu partir 17 400 personnes de sa catégorie A (sans activité) sur le trimestre et 107 400 sur l’année 2016. Mais les baisses enregistrées sur le trimestre et sur l’année sont à nuancer par le fait que le « halo autour du chômage » est, lui, en hausse.

Ces personnes souhaitant travailler, mais non comptabilisées parce qu’elles ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles immédiatement, étaient 1,5 million au 4e trimestre, un nombre en augmentation de 21 000 sur le trimestre et de 65 000 sur un an.

En revanche, le nombre de personnes en sous-emploi, c’est-à-dire qui souhaiteraient travailler davantage, continue de diminuer (- 0,1 point sur le trimestre, – 0,4 point sur l’année), à 6,2 %. Il s’agit, pour l’essentiel, de travailleurs à temps partiel subi.

En 2015, le taux de chômage avait baissé de 0,1 point sur un an.

 

LE FIGARO – 16/02/2017

Les robots nous volent-ils nos boulots ?

LE SCAN ÉCO – Le Parlement européen doit adopter ce jeudi une directive sur les robots. Le taux de chômage est toujours très élevé en France et le débat autour de la raréfaction du travail s’intensifie. Mais cette destruction d’emplois n’est-elle pas aussi créatrice ?

Le débat, récurrent, sur une raréfaction du travail liée à l’accélération des mutations technologiques revient en force dans la campagne présidentielle, sur fond de chômage de masse. Propositions phares du candidat socialiste Benoît Hamon, le revenu universel et l’idée de taxer les robots découlent en partie du postulat que la révolution numérique va détruire de nombreux emplois.

Ce diagnostic est-il juste? «La question remonte à l’Antiquité, Aristote pensait déjà que les animaux prendraient le travail des esclaves. Elle ressurgit à chaque vague de mutation technologique, comme la révolte des canuts de Lyon au XIXe siècle liée à la peur des machines», rappelle l’économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. Ce jeudi, le Parlement européen se penche sur une directive sur les robots.

Aujourd’hui, les experts tentent régulièrement de mesurer l’impact des transformations. Un rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a estimé en janvier que moins de 10% des emplois risquaient de disparaître en France comme dans d’autres pays de l’OCDE, du fait de l’automatisation et de la numérisation. Des projections bien plus positives que l’étude très commentée parue en 2013 (dite «Frey et Osborne»), et qui tablait sur une suppression de 47% des emplois dans les 20 prochaines années.

Nouvelles perspectives

Plus que la quantité d’emplois impactés, c’est la capacité à en créer de nouveaux qui interroge. «On sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne. Il y a une vraie incertitude. Mais on sait qu’au cours des vingt dernières années, où l’on a déjà assisté à une numérisation, le volume global de l’emploi a plutôt augmenté», souligne Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE.

Sergine Dupuy a créé Beeboss, start-up qui propose aux géants de la distribution les services d’autoentrepreneurs afin de compléter leur offre mais qui s’adresse aussi aux particuliers qui préfèrent payer pour s’offrir des services. Pour elle, «la digitalisation ne va pas exiger des caissières qu’elles se mettent à développer des algorithmes, elle va permettre, par exemple, de proposer une nouvelle offre de services grâce à des plateformes de mise en relation pour monter des meubles, faire des courses pour des personnes âgées, etc. Le service à la personne est une mine et il offre aussi des opportunités de travail pour les personnes peu qualifiées. Le digital développe également le commerce». Bref, le champs des emplois à créer est vaste. Et la réponse à cette destruction n’est donc pas que technologique. «Les technologies vont même peut-être aider à maintenir certains emplois ou leur redonner vie. Grâce aux plateformes de mise en relation, un concept a été développé pour permettre aux agriculteurs de partir en vacances tranquillement pendant que quelqu’un trait les vaches», raconte Sergine Dupuy.

Mais pour les «techno-pessimistes», ce phénomène de destruction créatrice s’enraye. D’une part parce que, contrairement à la précédente révolution industrielle, celle que nous vivons aujourd’hui n’a qu’un faible effet sur la croissance, qui ne décolle pas. Ensuite, parce que les progrès de l’intelligence artificielle sont tels que peu à peu, les outils ne sont «plus seulement au service de l’homme, ils prennent une partie des décisions, s’adaptent à notre subjectivité et pourront faire parfois mieux que les hommes lorsque le travail sera trop complexe», analyse le philosophe Raphaël Liogier, auteur de «Sans emploi: condition de l’homme post-industriel».

Pilotes automatiques, aspirateurs intelligents, big data…: étant donné que «la machine remplacera l’homme non plus seulement sur des tâches d’exécution», il existe «une forte probabilité pour que le solde net d’emplois crées par rapport aux emplois détruits soit négatif», prédit aussi la fondation Jean-Jaurès.

Plus qu’en professions supprimées, Raphaël Liogier pense en terme de tâches au sein des métiers: presque toutes seraient selon lui impactées, et plus seulement celles considérées comme «ingrates».

Anticiper les mutations

Conséquence: le travail va se «fragmenter». «Ce qui n’empêche pas de nouvelles activités de se libérer, mais elles ne seront plus structurées comme des emplois» classiques, «correspondant à un espace-temps donné et à un contrat de travail exclusif», selon ce défenseur du revenu universel.

Les nouvelles technologies créent une véritable révolution mais pas seulement dans la suppression ou la création d’emplois. «Le monde du travail évolue au niveau du lien de surbordination, des temps de loisirs, du cumul des sources de revenus», énumère la patronne de Beeboss pour qui «c’est normal d’être sur la défensive. Mais quand on y réfléchit, si pour moi, aujourd’hui, c’est destructeur, pour le collectif, demain, cela permet le développement de business qui créent des emplois».

En gros, «la technologie ne génère pas une raréfaction du travail mais une mutation», appuie Nicolas Bouzou. La preuve: des pays comme la Corée ou la Suisse, bien plus robotisés que la France, affichent un chômage très bas.

L’enjeu principal réside dans l’anticipation de ces mutations, la nécessité de la formation, l’acceptation de redevenir un débutant dans certains cas et l’ouverture à de nouvelles perspectives.

Marie Théobald

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 16/02/2017

Outre-mer : de nouveaux marchés en vue pour les PME et TPE

 

Chantier BTP, travaux de renforcement de l’appontement de la Pointe Simon du Grand Port maritime de Martinique a Fort de France.

Travaux realises par l’entreprise Balineau.

La loi Egalité réelle outre-mer prévoit de réserver 30 % des marchés publics aux PME locales. Le dispositif est déjà en cours d’expérimentation sur l’île de la Réunion.

Le marathon parlementaire vient de s’achever pour la loi Egalité réelle de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts. Le texte, qui ambitionne de combler le fossé économique entre la métropole et les DOM-TOM, n’en est pas ressorti indemne ; il aura été maintes fois réécrit. Son article 19, qui instaure un « small business act » (ou stratégie du bon achat) en faveur des PME ultramarines, a toutefois réussi son examen de passage.

Après moultes tergiversations, les parlementaires l’ont jugé susceptible de passer sous les fourches caudines du droit européen. Et ce alors qu’il grave noir sur blanc la préférence locale en permettant aux pouvoirs publics ultramarins volontaires (Etat et collectivités) de réserver 30 % de leurs marchés aux entreprises locales. Quelques garde-fous ont été placés par les législateurs : cette préférence ne devra pas excéder en volume 15 % du montant annuel moyen des marchés du secteur au cours des trois dernières années. Et l’expérimentation se limite à cinq ans.

Un vrai coup de pouce

Pour les TPE ultramarines, qui constituent aujourd’hui le gros d’un tissu économique local qui continue à s’industrialiser, c’est potentiellement un vrai coup de pouce. « Si les créations sont nombreuses, la durée de vie des entreprises est relativement courte. L’environnement économique explique pour partie cet état de fait : le marché, relativement étroit, est soumis à une forte concurrence, parfois déséquilibrée. Nous souhaitons augmenter la part de marché des PME ultramarines et renforcer leur durée de vie », a fait valoir la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts. Trop éloignées pour gagner les marchés publics de la métropole, les TPE ultramarines n’ont pas davantage accès à ceux des pays voisins, ultraprotectionnistes. Les entreprises du BTP sont les premières touchées par ce déséquilibre.

Au delà du quota, l’objectif est d’accompagner les PME dans la conquête de marchés. Et de redonner de la latitude aux collectivités ultramarines, très frileuses à l’idée de déplaire à Bruxelles. « Les responsables de la commande publique sont avant tout des juristes préoccupés de protéger leur collectivité. Avec ce « small business act », ils vont devenir des agents du développement économique de leur territoire », se réjouit Fabrice Thibier, secrétaire général de l’Association pour le développement industriel de la Réunion.

Plans de sous-traitance

A l’heure actuelle, bon nombre de marchés publics sont attribués à de grands groupes, qui soit sous-traitent à des entreprises locales, soit envoient sur place leurs équipes. La loi leur imposera, en cas de marché supérieur à 500.000 euros, de présenter dès la phase de candidature, leur plan de sous-traitance et les modalités de participation des PME ultramarines. « Elles seront en meilleure position pour négocier que dans la situation actuelle, où les entreprises choisissent leur sous-traitant après avoir gagné le marché et leur mettent ainsi le couteau sous la gorge » estime Dominique Vienne, président de la confédération des PME (CPME) Réunion.

En revanche, nombre de grands groupes continueront à envoyer des équipes sur place, puis à les rapatrier une fois le marché exécuté… sans que l’île en tire le moindre bénéfice. « Il y a un enjeu de qualification de la main d’oeuvre ultramarine que la loi ne résoud pas. Or le marché public pourrait-être un levier, si l’on cessait de privilégier le critère du prix. Insérons de vraies clauses de formation, comme il en existe pour l’insertion », martèle Stéphane Lambert, le patron du Medef de Guyane, qui estime que « la loi est un premier pas mais ne va pas assez loin. »

Un point de vue partagé par de nombreux responsables patronaux ultra-marins. « Il faut aller au delà des belles intentions » confirme Didier Fauchard, le président du Medef Réunion. « Trois sujets n’ont pas été abordés : les délais de paiements des collectivités, l’accompagnement des PME et l’évaluation de cette expérimentation.

Laurence Albert et Bernard Grollier

 

 

LA TRIBUNE – 16/02/2017

Automobile : le bénéfice net de Valeo a bondi en 2016

 

Valeo, dont le chiffre d’affaires a crû de 14% à 16,52 milliards d’euros l’année dernière, s’est félicité d’une accélération des prises de commandes de 17% à 23,6 milliards d’euros

 

Les profits de l’équipementier automobile français sont venus s’établir juste en dessous d’un milliard d’euros l’an dernier, grâce à une progression des ventes de 11% et d’une forte croissance en Asie.

L’équipementier automobile français Valeo a publié jeudi un bénéfice net en progression de 27% pour 2016, à 925 millions d’euros, fruit de ventes en forte hausse et d’une nouvelle amélioration de la rentabilité.

Valeo, dont le chiffre d’affaires a crû de 14% à 16,52 milliards d’euros l’année dernière, s’est en outre félicité d’une accélération des prises de commandes de 17% à 23,6 milliards d’euros, « confirmant la capacité du groupe à croître structurellement à un rythme supérieur à celui de la production automobile », selon un communiqué. La marge opérationnelle a quant à elle gagné 0,4 point à 8,1% et Valeo a généré un flux de trésorerie libre, indicateur très surveillé dans l’industrie automobile, de 661 millions d’euros (+17%).

Forte croissance en Asie

La progression des ventes a été de 11% à périmètre et changes constants. Les changes ont eu peu d’incidence sur l’année et les trois points supplémentaires de croissance proviennent de l’intégration de deux sociétés allemandes, Peiker (électronique embarquée) et Spheros (air conditonné pour autobus). L’activité « première monte », c’est-à-dire les pièces livrées aux constructeurs pour installation sur des véhicules dans leurs usines, s’est avérée la plus dynamique, avec une croissance organique de 12% à 14,4 milliards d’euros, soit 87% du chiffre d’affaires.

Si l’Europe représente presque la moitié des débouchés commerciaux de Valeo dans cette branche (7 milliards d’euros, +11%), c’est l’Asie qui a connu la croissance la plus importante (+17%), portant les ventes à 3,9 milliards. Cette dernière région a bénéficié d’un bond de l’activité de 22% en Chine, premier marché automobile mondial, le reste du continent progressant de 11%, toujours à changes constants.

Les régions Amérique du Nord (3,1 milliards d’euros, +8%) et Amérique du Sud (296 millions, +7%) sont également dans le vert. Toutes les régions croissent pour Valeo à un rythme bien supérieur à la production automobile.

De l’optimisme en 2017

Pour cette année, l’entreprise dirigée par Jacques Aschenbroich se fixe le but d’une « croissance de son chiffre d’affaires supérieure de plus de 5 points à celle du marché » (8 points réalisés en 2016) ainsi qu’une « légère hausse de la marge opérationnelle » en pourcentage du chiffre d’affaires et avant acquisitions.

Elle a en outre prévu de diffuser le 28 février, à l’occasion d’une journée investisseurs, de nouveaux objectifs à moyen terme. Jusqu’ici, Valeo visait pour 2020 un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et une marge opérationnelle entre 8 et 9%.

 

L’OPINION – 16/02/2017

Petits arrangements (entre amis) pour le sauvetage d’Alstom Belfort

La SNCF, qui n’avait rien demandé, va finalement acquérir les 15 rames de TGV promises à Alstom par le gouvernement

Abracadabra. La commande des 15 rames de TGV promises à Alstom par l’État en octobre dernier pour sauver l’usine de Belfort aura bien lieu. Mais pas suivant le schéma initial. À l’origine, Bercy devait financer directement l’investissement et affecter les rames à la ligne Intercités Bordeaux-Marseille en attendant l’hypothétique mise en service des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan quelques années plus tard. Un plan ubuesque qui posait manifestement des problèmes juridiques, ce qui a conduit à sa révision.

C’est finalement la SNCF, et non son actionnaire, qui va payer la facture. L’exploitant des TGV qui n’avait rien demandé devra débourser entre 470 et 480 millions d’euros pour honorer la promesse publique. Les 15 rames livrées à partir de 2018 ne rouleront pas sur des lignes normales « ce qui paraissait peu cohérent », a admis mercredi un porte-parole du groupe. Elles seront affectées à la ligne à grande vitesse Bordeaux-Paris.

Sauver la face. Ce petit arrangement permet à toutes les parties de sauver la face. Alstom aura bien sa méga-commande, qui évitera le transfert de 400 salariés de Belfort vers d’autres sites voisins du groupe. La SNCF fait contre mauvaise fortune bon cœur en vantant « l’équilibre » de l’opération : ces 15 nouvelles rames à deux étages permettront d’économiser 150 millions d’euros prévus pour rénover 24 vieilles rames. Les coûts de maintenance d’un parc TGV plus homogène seront allégés de « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Last but not least, Bercy a promis de réduire de 70 millions d’euros par an pendant 5 ans (à compter de 2017) la contribution que paye l’entreprise pour financer le déficit des lignes Intercités.

Le compte est à peu près bon pour l’entreprise dirigée par Guillaume Pepy, à condition que les promesses ne changent pas d’ici cinq ans. Quant à l’État, il a réussi à refiler le mistigri et peut se targuer de tenir son engagement industriel.

Muriel Motte

 

::: SOCIAL

LE POINT – 16/02/2017

Vers la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle

 

Le burn-out toucherait « des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes », selon le député Gérard Sebaoun.

Des députés proposent que le syndrome d’épuisement professionnel soit reconnu ainsi que la création d’une agence nationale de la santé psychique au travail.

Le burn-out pourrait être reconnu comme maladie professionnelle. C’est en tout cas ce que propose mercredi une mission parlementaire. Pour mieux appréhender cette « réalité grandissante », elle propose aussi la création d’une agence nationale de la santé psychique au travail. Pour Gérard Sebaoun, député PS du Val-d’Oise et rapporteur d’une mission d’information à propos du syndrome d’épuisement professionnel, « les réponses qui ont été données jusqu’à aujourd’hui à cette réalité sont a minima insuffisantes, voire inadéquates ».

« Nous avons encore des difficultés à prendre en compte cette nouvelle souffrance psychique et notamment à la prévenir », a-t-il déclaré lors de la présentation des 27 propositions de la mission, devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Le burn-out toucherait « des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes », selon Gérard Sebaoun. Mais il n’existe aucune étude épidémiologique spécifique sur le sujet. L’INVS, devenu Santé publique France, évaluait à 30 000 le nombre de travailleurs touchés, sur la période 2007-2012.

25 % de taux d’incapacité

Actuellement, le burn-out n’est pas reconnu dans le tableau des maladies professionnelles. Seuls des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles peuvent statuer au cas par cas. Cependant, un seuil de 25 % de taux d’incapacité permanente est requis, un « verrou » qui « limite » le nombre de dossiers reconnus (418 en 2015), a regretté Gérard Sebaoun, à l’instar de nombreux professionnels. Après avoir auditionné une centaine de personnes, la mission propose donc « une expérimentation de l’abaissement » à 10 % de ce taux, voire « sa suppression ». Anticipant une « affluence de dossiers », elle demande « d’améliorer considérablement les moyens » des comités. Insistant sur le « problème de définition » du burn-out, le président de la mission, Yves Censi, député LR de l’Aveyron, a prévenu qu’il « sera très important d’être précis » et « ne pas tomber dans les confusions » avec d’autres pathologies : surmenage, anxiété, dépression, etc.

Pour « approfondir les connaissances », la mission suggère également de créer un « centre national de référence consacré à la santé psychique au Travail », placé sous l’autorité de Santé publique France, et d’évaluer le coût économique et social, « astronomique », des pathologies psychiques liées au travail. Il avait été chiffré en 2007 à entre 2 et 3 milliards par an « rien que pour le stress au travail », selon Gérard Sebaoun. Autre proposition : protéger les médecins, notamment du travail, pour qu’ils ne soient pas attaqués par les employeurs lorsqu’ils établissent un lien entre la pathologie et les conditions de travail.

« Stage ouvrier » pour les managers

Les députés souhaitent également faire de la prévention des risques psychosociaux (RPS) un sujet de négociation obligatoire dans les entreprises où la santé au travail « doit devenir un élément clef de la stratégie ». Ils suggèrent aussi d’obliger les managers à effectuer un stage parmi les salariés, sur le modèle des « stages ouvriers », afin de se rendre compte de leurs conditions de travail. Enfin, elle recommande une certification des cabinets spécialisés dans les RPS.

Ce travail parlementaire s’inscrit dans la suite de la loi Rebsamen, qui, en août 2015, avait simplifié la procédure d’accès aux comités régionaux d’évaluation. Un groupe de parlementaires socialistes, emmenés par Benoît Hamon, en était à l’origine. La reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle est inscrite dans le programme du candidat PS à la présidentielle.

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 16/02/2017

DOM-TOM : le Medef veut peser dans la présidentielle

L’organisation patronale expose ses revendications pour l’outre-mer, dont elle juge le potentiel économique mal exploité.

A quelques semaines de la présidentielle, le Medef veut faire entendre la voix du patronat ultramarin. L’organisation présidée par Pierre Gattaz a publié fin janvier un Livre blanc baptisé « Outre-mer 2020 », état des lieux de la situation économique des territoires d’outre-mer et plaidoyer énergique en faveur d’une nouvelle salve de réformes. «  Ce sont des territoires malmenés, alors qu’ils sont en réalité des joyaux oubliés, avec des potentiels de croissance faramineux entre l’économie bleue, la biodiversité, le tourisme, le numérique et les énergies renouvelables », a assuré Pierre Gattaz, lors de la journée de présentation réunissant les représentants patronaux ultramarins. Entre autres aspirations communes, celle d’une fiscalité plus favorable, allégée en charges, qui leur permette de rivaliser avec les pays voisins. Les ultra-marins plaident aussi pour davantage de simplification administrative et des investissements plus poussés dans les infrastructures (transports) qui affichent parfois de sérieux retards.

Un « socle commun » qui ne les empêche pas de réclamer du sur-mesure pour chaque territoire : le maintien de l’octroi de mer (taxe spécifique aux outre-mer sur les produits importés)pour Bernard Edouard, patron du Medef Martinique, un hub portuaire à Saint-Pierre-et-Miquelon, des équipements pour le numérique à La Réunion – seule île à être labellisée French Tech -, ou encore une zone franche à Mayotte, où le coût du travail, supérieur à celui des pays voisins, «  devrait encore grimper en 2018 de 15 à 40 % avec la mise en oeuvre du Code du travail », selon le président du Medef local, Thierry Galarme. «  Ces voix doivent être entendues », a martelé Pierre Gattaz.

Message aux prétendants

Message aux prétendants à l’Elysée, souvent enclins à choyer l’outre-mer pendant leur campagne. Mais pas uniquement : présente lors de la présentation du Livre blanc, Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, en a fait une mise au point. «  Durant ce mandat, nous avons fait beaucoup de choses pour ces territoires blessés par le chômage. En matière fiscale, nous sommes déjà dans des dispositions particulières, favorables. On peut toujours faire plus, mais on a déjà fait beaucoup », a indiqué la ministre. «  Il faut désormais essayer de requestionner ces aides économiques à la lumière des particularismes de chaque territoire, savoir pourquoi certains dispositifs ne marchent pas et les corriger, car ils décrédibilisent l’action publique mais aussi les entreprises, qui peuvent être taxées de chasseurs de primes.  »

Laurence Albert

 

 

LE FIGARO – 16/02/2017

Les professions libérales veulent une fiscalité adaptée aux petites entreprises

 

Le Président de l’UNAPL, Michel Chassang, rappelle que les médecins, avocats, architectes etc. représentent un million d’entreprises et deux millions d’actifs

L’Union nationale des professions libérales (l’UNAPL) présente jeudi ses 20 mesures pour le prochain quinquennat.

Faire des petites entreprises l’étalon des normes sociales et de la fiscalité. C’est le fil rouge des vingt propositions de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) aux candidats à la présidentielle, que Le Figaros’est procurées. «Ce que nous connaissons à ce jour des programmes nous inquiète: rien ne montre que les candidats ont une bonne connaissance des entreprises, et surtout des plus petites d’entre elles», revendique Michel Chassang, son président. Bien que nouvelle adhérente de l’organisation patronale U2P, qui regroupe aussi les artisans, l’UNAPL a développé des propositions spécifiques. Et pour cause. «Nous, libéraux, ne sommes pas considérés comme des entreprises, alors que nous en sommes!», souligne Michel Chassang, qui rappelle que les médecins, avocats, architectes, etc. représentent un million d’entreprises et deux millions d’actifs.

D’abord, l’UNAPL ne veut pas du prélèvement à la source. Pas question que la retenue de l’impôt sur le revenu sur le salaire vienne perturber la bonne marche des petites entreprises. «Évoquer le secret fiscal face à un chef d’entreprise qui n’emploie qu’un seul salarié, c’est ubuesque, critique Michel Chassang. Nous ne pourrons pas faire autrement que connaître la situation fiscale de nos collaborateurs en appliquant le taux de prélèvement envoyé par le fisc!» L’UNAPL appelle à transformer la réforme par un acompte mensuel obligatoire prélevé sur le compte en banque des contribuables.

Mais l’organisation réclame surtout une baisse de la fiscalité sur les libéraux. D’abord, via un abattement de 5,33 % sur les bénéfices imposables des entreprises individuelles soumis à l’impôt sur le revenu. «Un avantage équivalant à la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 décidée par le gouvernement», précise Michel Chassang. En un mot, l’UNAPL veut que la fiscalité soit équitable, quelle que soit la structure d’exercice – et donc le mode d’imposition – choisi. Les libéraux veulent aussi que soit «au moins» relevé le seuil d’assujettissement à la taxe sur les salaires. Cette fiscalité, qui s’applique aux entreprises non assujetties à la TVA, pèse surtout sur les professions de santé.

Risque prud’homal

Les libéraux regrettent par ailleurs qu’une des recommandations du rapport Grandguillaume de 2013 sur l’entreprise individuelle ait été enterrée par le gouvernement. À savoir, créer un taux forfaitaire de prélèvement de 15 % sur la part des bénéfices qui est réinvestie dans l’entreprise. Cette mesure serait à même de créer des emplois, défend l’UNAPL. De même, l’organisation aimerait que les TPE (très petites entreprises) et PME puissent créer des provisions pour risque prud’homal. Une disposition de la loi travail censurée par le Conseil constitutionnel pour vice de forme.

Le risque de se faire condamner aux prud’hommes est en effet particulièrement important pour les petits patrons et les libéraux, insiste Michel Chassang. «Il est quasiment certain qu’à un moment ou à un autre, nous ne respectons pas l’une ou l’autre de ces innombrables règles, car nous ne pouvons pas toutes les connaître, explique le médecin. Et pour cause, le droit du travail, illisible, a été modelé sur mesure pour les seules grandes entreprises et pas pour les petites.» L’UNAPL réclame ainsi que les accords de branche prévalent sur les accords d’entreprise, que les TPE n’ont pas les moyens de mettre en place. Elle s’oppose en cela au Medef, défenseur de l’accord d’entreprise.

Pour faire valoir ses propositions, l’UNAPL rencontrera un par un tous les candidats à la présidentielle d’ici à la mi-avril.

Guillaume Guichard

 

 

LES ECHOS – 16/02/2017

Macron vise 60 milliards d’économies sur le quinquennat

+VIDEO. EXCLUSIF. Le leader d’En marche finalise son cadrage budgétaire qui sera présenté mercredi prochain.La masse salariale de l’Etat et les dotations aux collectivités sont les principaux gisements d’économies identifiés.

Emmanuel Macron entre dans le vif du sujet. Dans une semaine, le candidat d’En marche à l’Elysée présentera le cadrage budgétaire de son programme présidentiel, avant la présentation de celui-ci le 2 mars. Le voile se lève peu à peu sur ses projections en matière budgétaire, alors que le candidat reste très attaqué par François Fillon et Marine Le Pen, notamment sur sa supposée « absence de programme ». Selon nos informations, l’ancien ministre de l’Economie ambitionne de faire baisser sur le prochain quinquennat de trois points de pourcentage le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB, actuellement proche de 56,5 %. Trois points qui signifient environ 60 milliards d’euros d’économies. A un horizon plus lointain, l’objectif d’Emmanuel Macron est de faire descendre ce taux à 50 %. « La France est le mauvais élève en Europe dans ce domaine, elle doit retrouver sa crédibilité », assure un proche du candidat. « Tout en le faisant à un rythme acceptable et en préservant notre modèle social », ajoute un autre.

En tablant sur soixante milliards d’économies sur cinq ans, Emmanuel Macron s’inscrit peu ou prou dans les pas de son ancien mentor, François Hollande. Celui-ci avait annoncé 50 milliards d’économie sur trois ans (2015-2017). Il devrait au final n’en réaliser que 40 milliards au mieux. L’ancien ministre de l’Economie veut donc s’attaquer lui aussi au problème, alors même que des nouvelles difficultés s’annoncent pour le futur locataire de l’Elysée. La remontée du loyer de l’argent est attendue à moyen terme, alors que « 40 % de la réduction du déficit intervenue depuis 2011 était due à la baisse des taux d’intérêt », selon Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes. Ce dernier a aussi mis en garde contre l’emballement de la dynamique salariale des administrations publiques, du fait de mesures de revalorisation des carrières et du dégel du point d’indice. « L’augmentation de la masse salariale de l’Etat devrait être équivalente pour 2017 au total de l’évolution intervenue entre 2011 et 2016 », a averti Didier Migaud.

Signe de l’importance de ce dossier, Emmanuel Macron a identifié cette masse salariale des agents de l’Etat – proche des 85 milliards d’euros – comme l’un de ses deux grands postes d’économies. Le deuxième doit passer par une nouvelle réduction des dotations aux collectivités locales, un classique des gouvernements depuis quelques années. Pour l’instant, il n’est pas question de toucher au système de retraite, pourtant le premier levier invoqué à droite pour faire des économies. D’ici à mercredi et la présentation de ce cadrage, des derniers arbitrages peuvent toutefois encore avoir lieu au sein de l’équipe « programme » du candidat, emmenée par Jean Pisani-Ferry, qui a quitté en janvier France Stratégie pour rejoindre le candidat d’En marche.

Emmanuel Macron s’est aussi imposé des règles limitant ses marges de manoeuvre : pas d’augmentation de la pression fiscale, et donc pas de hausse de la TVA, et maintien du déficit public sous la barre des 3 % du PIB, objectif prévu cette année. Cela donne au final un effort d’assainissement budgétaire qui le place à mi-chemin des Républicains et du PS : François Fillon a promis 100 milliards d’économies, quand, à l’inverse, Benoît Hamon ne s’est pas aventuré du tout sur ce terrain, lui qui ne prévoit pas de respecter de toute façon la règle européenne des 3 % de déficit.

VIDEO – Emmanuel Macron vise 60 milliards d’euros d’économies : http://www.lesechos.fr/elections/presidentielle-2017/0211803800132-macron-vise-60-milliards-deconomies-sur-le-quinquennat-2065250.php

 

Gregoire Poussielgue et Renaud Honoré

 

 

LE FIGARO – 16/02/2017

Fillon installe sa campagne sur le terrain de la sécurité

Le candidat de la droite à la présidentielle propose d’abaisser la majorité pénale à 16 ans.

Inaudible, François Fillon? Le candidat de la droite à la présidentielle entend prouver que ni les affaires, ni les manifestations qui troublent ses déplacements ne l’empêcheront plus longtemps de mener campagne. Il a souhaité en faire la démonstration mercredi avec une visite dans l’Oise centrée sur la sécurité. Le contexte s’y prête dramatiquement avec les suites de l’affaire Théo et les débordements qui ont touché plusieurs communes de la banlieue parisienne. Jeudi dernier, déjà, le candidat de LR avait échangé avec des policiers municipaux d’Athis-Mons (Essonne), promettant une grande réforme de la sécurité, avec la création d’un ministère de la Sécurité nationale et 12 milliards d’euros débloqués pour la défense, la police et la justice.

Mais François Fillon n’entend pas en rester là. Car c’est notamment sur les questions régaliennes que le candidat espère marquer des points alors qu’il se trouve en difficulté dans les sondages. D’abord face à Marine Le Pen, dont c’est l’un des thèmes de prédilection. La présidente du FN bénéficie d’un fort crédit auprès des Français sur les sujets relevant de l’autorité et d’un terreau favorable chez les forces de l’ordre. Une étude du Cevipof publiée cet automne indiquait qu’un policier sur deux avait déjà voté pour le FN par le passé et que 57 % d’entre eux déclaraient être prêts à glisser dans l’urne un bulletin Marine Le Pen en 2017. Le député de Paris espère également rattraper son retard sur Emmanuel Macron qui, lui aussi, a prévu de consacrer l’essentiel de son déplacement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, vendredi et samedi, au sujet.

Dès son arrivée à Compiègne (Oise), jeudi, le candidat a donc martelé son credo. «Président de la République, je soutiendrai les policiers, a-t-il lancé. Il y a eu des événements à Aulnay-sous-Bois  ; si une faute a été commise, elle doit être sanctionnée. Mais cela ne doit pas faire oublier le travail effectué par les policiers.» Les grandes lignes du projet de l’ex-premier ministre concernant la sécurité sont connues depuis longtemps : dépénalisation des petits délits (remplacés par des amendes), exécution effective des peines, construction de 16 000 places de prison, généralisation de l’armement des policiers municipaux et plus forte coordination de ces agents avec ceux de la police et de la gendarmerie nationales.

À Compiègne, le candidat a ajouté une nouvelle mesure. Il s’agit de l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, au lieu de 18 ans actuellement. «Si les nouveaux délinquants mineurs se conduisent comme des adultes délinquants, il convient de les traiter comme tels en supprimant l’excuse de minorité et en abaissant la majorité pénale à 16 ans, explique le candidat. Concrètement, il n’y aura donc plus d’excuse de minorité pour le délinquant de 16 ou 17 ans qui commettra un délit ou un crime. Il sera jugé pour ses actes, comme un adulte.» Pour cela, il faudrait «remettre à plat de manière radicale les ordonnances du 2 février 1945 sur les mineurs», explique un proche du candidat, en reconnaissant que ce ne sera «pas facile».

La mesure prête à débat à droite et ce depuis longtemps. Nicolas Sarkozy l’avait défendue en 2006, François Fillon premier ministre l’avait même inscrite au programme de la session extraordinaire de l’été 2007. Mais le projet de réforme a été remisé et le gouvernement s’est montré sourd aux demandes des députés UMP qui s’étaient mobilisés sur la question en 2011. Durant la campagne de la primaire, en 2016, Nicolas Sarkozy avait à nouveau défendu l’abaissement de la majorité pénale, sans que ses concurrents ne le suivent. «François Fillon ne s’était pas prononcé sur la question jusqu’à présent», précise un proche de l’ex-premier ministre. Certains fillonistes se montrent même réservés sur la question. «Abaisser l’âge de responsabilité pénale et assouplir le Code du travail pour favoriser l’intégration professionnelle des adolescents conduit naturellement à poser la question de la majorité civile et de l’extension du droit de vote à 16 ans», s’inquiète un parlementaire. «J’ai très longtemps hésité sur cette mesure, mais elle est aujourd’hui indispensable compte tenu de la montée de la violence des mineurs», a expliqué François Fillon jeudi.

Quelques heures après le déjeuner de Nicolas Sarkozy et de son ex-premier ministre, l’ajout de cette proposition a également une valeur symbolique. Il fait figure de bonne manière à l’égard des sarkozystes qui restent nombreux à trouver que François Fillon ne leur prête pas assez attention. Ce n’est qu’un début. Dans les jours qui viennent, et notamment lors du déplacement qu’il effectuera vendredi à Tourcoing (Nord), il devrait faire à nouveau des propositions concernant les effectifs de police cette fois.

Jean-Baptiste Garat

 

 

LE FIGARO – 16/02/2017

Valérie Pécresse : «Il y a un déni de réalité sur l’âge des auteurs de violences»

INTERVIEW – Pour enrayer les violences urbaines, la République doit, selon la présidente LR de la région Ile-de-France, reconquérir ses quartiers en éloignant les auteurs de violences de «leurs territoires».

LE FIGARO. – L’actualité des violences en banlieue parisienne vous fait «pousser un cri d’alarme». Lequel?

Valérie PÉCRESSE. – Il est urgent de prendre conscience de l’ampleur de ce qui est en train de se passer à Paris et en banlieue car il ne s’agit pas de commenter des incidents isolés mais d’organiser une vraie résistance contre la loi des bandes qui s’oppose aujourd’hui à la loi de la République. Le gouvernement dissimule la gravité de la situation. Des dizaines de communes ont été touchées par des casseurs. Dans la nuit de samedi, la préfecture a interdit aux bus de circuler dans tout le département de Seine-Saint-Denis, une décision jamais prise auparavant. Des milliers de Franciliens ont ainsi été empêchés de se déplacer. La gauche est dans un double déni, à la fois sur le constat et sur les solutions.

Que préconisez-vous?

Commençons par ouvrir les yeux et prendre la mesure de ce qui se passe pour poser un diagnostic lucide car ce n’est pas un problème ponctuel: la contestation de l’ordre établi s’étend, ça couve… Il faut mettre un terme à la loi des bandes et des groupuscules qui, sur fond de trafics divers et de communautarisme, font se replier les quartiers sur eux-mêmes. Ils livrent une guerre pied à pied, de territoire, contre tout ce qui incarne l’autorité, le policier, le pompier, mais aussi le maire ou le professeur… en instrumentalisant les plus jeunes. Certes, la police doit être exemplaire et tout dérapage immédiatement sanctionné, mais il faut aussi saluer l’extraordinaire courage et dévouement des forces de sécurité nationales et municipales aujourd’hui confrontées à la violence au quotidien. La République doit reconquérir ces territoires, en abordant sans tabou la question essentielle des mineurs. Chaque candidat à la présidentielle devra faire des choix clairs.

Des mineurs qui feraient l’objet, selon vous, d’un autre déni…

Oui, il y a un déni de réalité sur l’âge des auteurs de violences: ils sont aujourd’hui de plus en plus jeunes. Je reviens de Bobigny où dans la nuit de samedi à dimanche, une cinquantaine d’ados de 12 à 16 ans ont chargé une voiture de la police municipale, blessant à coups de pierres des agents, puis vandalisé et pillé des commerces. Ce sont encore ces jeunes bandes qui s’introduisent dans les établissements scolaires pour commettre des violences sur les proviseurs et les enseignants, comme on l’a vu récemment au Tremblay, à Saint-Denis ou dans le XXe arrondissement de Paris. C’est une bombe à retardement pour l’avenir, une génération qu’on est en train de perdre.

Quelles mesures?

Il faut mettre fin à l’excuse de minorité qui conduit les mineurs à se considérer comme «intouchables» par le juge avant 18 ans. Nous devons impérativement rescolariser les mineurs exclus du système scolaire pour des comportements violents ou des trafics dans des structures adaptées, et pas dans des collèges déjà fragiles. Il faut les contacter un par un et supprimer les allocations familiales en cas de refus de retour à l’école. Le ministère de l’Éducation nationale a le fichier des décrocheurs et refuse de le communiquer à la région pour qu’on puisse agir. Par ailleurs, on ne peut plus laisser les voyous les plus violents arrêtés par la police revenir dans leurs quartiers en attente de leur jugement, mais prononcer systématiquement des mesures d’éloignement. Enfin, plus aucun mineur ne doit être incarcéré dans une prison pour adultes. On sait que ce sont des lieux de recrutement du grand banditisme et du djihadisme. Quant aux réseaux sociaux dont le rôle est majeur, les enquêtes doivent permettre d’identifier et de sanctionner les auteurs des appels à la violence et ceux qui les relaient.

Delphine de Mallevoüe

 

 

L’OPINION – 16/02/2017

Benoît Hamon : le malaise s’installe dans la campagne

 

Plusieurs députés se sont plaints du comportement, sur le terrain, des amis de Benoît Hamon.

Au cours d’une réunion houleuse à l’Assemblée, le cœur des députés socialistes a exprimé sa gêne face à un candidat qui préfère fuir la discussion avec les élus qui n’ont pas voté pour lui

Comme chaque semaine, les députés socialistes se sont réunis à huis clos mardi matin salle Victor Hugo, à l’Assemblée nationale. En l’absence du candidat socialiste à l’élection présidentielle, ils ont émis de nombreuses interrogations sur la campagne de Benoît Hamon, avec laquelle ils se retrouvent parfois en porte-à-faux.

Alors que la presse guettait en vain, mardi matin, l’explosion au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale, c’est dans le huis clos du groupe socialiste que la déflagration s’est produite. Une semaine après le passage de Benoît Hamon devant les députés PS (une formalité expédiée par le candidat fraîchement investi en quarante-cinq minutes), une dizaine d’élus ont pris la parole ce mardi, pour dire enfin ce qu’ils avaient sur le cœur. « Nous avons eu ce matin une réunion de groupe… comment dire… agitée », reconnaissait mardi soir, au cours du pot de fin de session, Olivier Faure, président du groupe PS.

Loin de figurer parmi les partisans d’Emmanuel Macron (ces derniers, au nombre de trois ou quatre, se sont contentés de boire du petit-lait), les intervenants appartiennent à ce que l’on appelle couramment le « Marais ». Légitimistes, ils ont soutenu la politique de François Hollande durant le quinquennat, appelé à voter Manuel Valls à la primaire de la gauche, et s’apprêtent à entrer en campagne derrière le candidat socialiste, auquel ils n’ont rien à reprocher à titre personnel. Plutôt discrets, ils n’ont pas l’habitude d’intervenir en réunion de groupe.

En l’absence de Benoît Hamon, ils se sont adressés à ses représentants, Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine, codirecteur de campagne, et Régis Juanico, député de la Loire, et mandataire financier du candidat. « Cela a été très éruptif, tout le monde s’est lâché », témoigne un participant. « C’était une ambiance tendue et nerveuse, confirme un autre. Les députés sentent la pression de Macron dans leur circonscription, et ils ont le sentiment, face au danger, que Hamon ne fait pas le minimum d’efforts pour recoller les morceaux ». « Il n’y avait ni revanche, ni amertume, tempère un troisième. La question, c’est désormais comment on fait pour se rassembler ». « Les gens se demandent s’ils vont devoir distribuer des tracts dans lesquels ils se déjugent », complète un quatrième.

Les interventions des uns et des autres ont mis en lumière la difficulté de faire campagne pour un candidat minoritaire dans sa propre famille politique. Ainsi François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, a-t-il fortement déploré la position de Benoît Hamon sur l’usine d’aluminium de Gardanne, qui rejette des boues rouges dans le parc national des Calanques. Là où l’ancien Premier ministre Manuel Valls avait donné cinq ans à l’industriel pour se mettre aux normes, Benoît Hamon a promis, durant la campagne interne, que lui Président, il fermerait l’usine.

Démarche à la Trump ! Ce qui met François-Michel Lambert, député de Gardanne, « très en colère ». Quelque 700 emplois, directs ou indirects, sont en effet concernés. « Benoît Hamon n’écoute ni son propre camp, ni les services de l’Etat, accuse-t-il. Dire Moi je sais, et faire fi de tous les rapports qui ont été rédigés sur le sujet, et des militants sur place, c’est une démarche à la Trump ! » Devant ses collègues, mardi matin, cet ancien député écologiste (il a rejoint le groupe PS en 2015) a fait état des notes envoyées au candidat PS sur le sujet, restées sans réponse. Il a souhaité que Benoît Hamon prenne ses distances avec le « délire médiatique » sur cette affaire, et « revienne vite à une démarche partagée ».

Autre député en colère, David Habib (Pyrénées-Atlantiques) est lui aussi monté au créneau, pour s’inquiéter de l’accord avec les Verts. Alors qu’en 2012, les écologistes de sa circonscription avaient appelé à ne pas voter pour lui au second tour, en dépit d’un accord national avec le PS leur assurant 17 sièges à l’Assemblée, le député redoute de voir les mêmes causes produire les mêmes effets en 2017. « On va offrir à Cécile Duflot la circonscription la plus confortable de France, mais les Verts vont-ils appeler à voter PS au second tour ? », a-t-il interrogé, ajoutant qu’il n’a « pas vocation à faire la courte échelle à des gens qui ne sont pas respectueux des accords ».

Plusieurs députés, comme Michèle Delaunay (Gironde) et Jean-Yves Le Bouillonnec (Val-de-Marne) se sont plaints du comportement, sur le terrain, des amis de Benoît Hamon. « Benoît nous demande d’être loyaux à son égard, je lui demande d’être loyal lui aussi à mon égard », a ainsi lancé l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées, défiée à Bordeaux par le hamoniste Mathieu Rouveyre. Plus direct, le maire de Cachan a regretté la campagne que mènent contre lui, sur les réseaux sociaux, les hamonistes locaux. « Il faut que le candidat me dise si je suis un problème, a-t-il posé. Si je suis un obstacle, je ne me représenterai pas ».

Dame patronnesse. Le député vallsiste Malek Boutih (Essonne) a évoqué les incidents survenus à Bobigny durant le week-end, sur lesquels le candidat Benoît Hamon n’a guère été entendu. « Ces événements prouvent que la jeunesse de banlieue est prise en otage par les voyous et la racaille, a-t-il asséné. Il faut que la gauche arrête avec son discours de dame patronnesse, et condamne enfin la violence ».

Hugues Fourage (Vendée) a demandé « une clarification du candidat sur un certain nombre de sujets », comme le revenu universel, les dépenses budgétaires ou le 49.3 citoyen. Sur ce dernier point du programme de Benoît Hamon, David Habib a observé qu’il sera « difficile de faire campagne en Loire-Atlantique pour le 49.3 citoyen, alors que le premier geste du candidat est de bafouer le référendum sur Notre-Dame-des-Landes ».

Face aux critiques, les proches de Benoît Hamon n’ont guère apporté de réponses. « De toute façon, vous êtes libres de faire la campagne que vous voulez, on n’attend de personne qu’il ait le petit doigt sur la couture du pantalon », a répliqué en substance Jean-Marc Germain. Ce qui a fait bondir Catherine Beaubatie (Haute-Vienne). « Ce n’est pas cela un parti politique. Un parti, c’est un candidat, un projet, et chaque militant défend le projet », a-t-elle rappelé.

Depuis son investiture, Benoît Hamon fuit la confrontation avec les parlementaires de son camp. « Il ne faut pas oublier les 41 % de Manuel Valls, met en garde Hugues Fourage. C’est à lui de nous tendre la main ». « Il n’y aura pas assez de hamonistes pour faire le PS en entier », sourit Malek Boutih. « Il se prend pour Podemos, il ne veut pas se compromettre avec tout cela », croit comprendre un parlementaire. « On est en train de bien associer les parlementaires à la campagne », assure néanmoins Régis Juanico. Qui a eu mardi une altercation avec l’élu pro-Macron Jean-Louis Gagnaire (Haute-Loire), lui reprochant de « ne pas être à jour de ses cotisations au PS ». Un incident qui ne se reproduira pas : Olivier Faure a demandé mercredi matin aux « camarades qui soutiennent un autre candidat d’avoir la gentillesse de ne plus venir à nos réunions ».

Nathalie Segaunes

 

 

LE PARISIEN – 16/02/2017

Présidentielle : et pendant ce temps, Marine Le Pen trace sa route

 

Nice (Alpes-Maritimes), lundi. La candidate du Front national, Marine Le Pen, en campagne sur un marché niçois.

Le fait du jour. Alors que la campagne présidentielle ne cesse de nous réserver des surprises, Marine Le Pen creuse son sillon, imperturbable.

Elle engrange, elle engrange… Pendant que François Fillon peine à sortir de la polémique Penelope, que Benoît Hamon en est encore à tenter de rassembler son camp et que les banlieues s’embrasent, Marine Le Pen, elle, déroule. Sans forcer, à son rythme, confortablement installée depuis des mois dans son statut de favorite pour le premier tour de la présidentielle. Sur elle, tout glisse. Elle refuse de rembourser les quelque 300 000 € que lui réclame le Parlement européen pour recouvrir les salaires perçus par des assistants parlementaires qui auraient en fait travaillé pour le FN. Las. La polémique ne prend pas.

A tel point que même ses adversaires politiques en sont désormais à brandir la menace : la candidate du Front national pourrait accéder aux plus hautes fonctions. Celle-là même qui, il y a une semaine, a battu le record d’audience de « l’Emission politique » sur France 2, avec plus de 3,5 millions de téléspectateurs. « On est tous emportés dans une logique politique qui conduit à Marine Le Pen. Attention à elle ! » a récemment averti Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. « Si Mme Le Pen arrivait au pouvoir, ce serait la faillite au bout de six mois », martèle de son côté François Fillon.

Autant de postures qui, dans l’équipe de campagne de la candidate, font sourire : « C’est la preuve qu’on a gagné la bataille de la crédibilité : plus nos adversaires installent Marine au second tour, plus ils augmentent dans la tête des gens la possibilité que ça arrive », décrypte un membre de son staff. « Il y a encore quelques mois, on aurait pu se dire que l’impossible était impossible. Désormais, l’impossible est clairement possible », renchérit le vice-président du FN, Florian Philippot. « Elle a toujours fait le pari qu’avant la grande recomposition du paysage politique, il fallait passer par une décomposition. On est clairement là-dedans en ce moment », rajoute Philippe Olivier, chargé du pôle communication de la candidate.

Son programme : 100 à 200 milliards de dépenses nouvelles

Alors rue du Faubourg-Saint-Honoré (Paris VIIIe), au QG de campagne, on s’active. Depuis quelques jours, deux tracts, chacun tiré à plus de 4 millions d’exemplaires, sont sortis de presse : un sur la Sécurité sociale pour attaquer Fillon, l’autre de quatre pages pour présenter Marine Le Pen côté vie privée. A la fin du mois, la favorite des sondages entamera par ailleurs, à Nantes (Loire-Atlantique), sa tournée des Zénith, neuf d’ici au premier tour de la présidentielle. « Rien que pour ce premier rendez-vous, une quinzaine de cars de militants venus des départements voisins sont déjà réservés. La salle sera pleine », pronostique Jean-Lin Lacapelle, responsable du pôle mobilisation et militants.

Mais contrairement à 2012, ses grands-messes politiques avaient alors lieu le dimanche, elles auront, cette fois-ci, lieu le samedi. « C’est un choix très stratégique, poursuit Philippot. En s’exprimant le samedi, elle donne le ton du week-end à ses adversaires, notamment pour toutes les émissions politiques. Et on parlera d’elle autour du repas de famille du dimanche. »

Reste que le chemin qui mènerait à une hypothétique victoire est encore long. D’abord parce que Marine Le Pen — quel que soit son adversaire au second tour — est toujours systématiquement battue dans les sondages, et même de très loin. Mais aussi parce que la bataille de la crédibilité sur le terrain économique est pour elle loin d’être gagnée. Et encore moins depuis la présentation de son projet il y a dix jours à Lyon, 100 à 200 milliards de dépenses nouvelles sont envisagées pour renforcer la place et l’autorité de l’Etat, sans montants équivalents côté recettes.

Olivier Beaumont

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 16/02/2017

Trump et Nétanyahou enterrent la «solution de deux États»

Les deux dirigeants envisagent d’inclure la question palestinienne dans un accord de paix régional.

L’apparition de Donald Trump et Benyamin Nétanyahou côte à côte à la Maison-Blanche mercredi a résumé le message principal de leur premier rendez-vous officiel: l’alliance israélo-américaine sort de l’ère glaciaire où l’avait plongée Barack Obama, soupçonné de penchants propalestiniens. Puisqu’il s’agit avant tout de «changer le théâtre politique de la relation», il importe peu que la conférence de presse commune ait précédé les entretiens entre les deux hommes.

Le président américain et le Premier ministre israélien n’en ont pas eu besoin pour affirmer le «lien indestructible» qui unit leurs deux pays, affichant des positions très proches sur l’Iran et sur le processus de paix au Proche-Orient. Donald Trump a de nouveau critiqué l’accord nucléaire avec Téhéran comme «le pire (qu’il) ait jamais vu», sans toutefois le dénoncer. «J’ai déjà pris de nouvelles sanctions et je ferai plus pour empêcher que l’Iran puisse jamais, jamais développer une arme nucléaire». Benyamin Nétanyahou a salué «sa clarté sur la nécessité de tenir tête au régime terroriste iranien».

Le «négociateur en chef» américain voit un accord de paix au Proche-Orient comme «le deal suprême». Il a confié cette «mission impossible» à son gendre, Jared Kushner, 36 ans, juif orthodoxe proche d’Israël et du mouvement des colons, qui connaît Nétanyahou, un ami de son père, depuis l’enfance. Ses premières consultations ont inclus des ambassadeurs arabes à Washington, en particulier celui des Émirats arabes unis, Youssef al-Otaiba. L’idée de Kushner est de voir plus grand que le rapport de force israélo-palestinien, diluant les complexités de la relation bilatérale dans un accord de paix israélo-arabe incluant l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe.

Trump et Nétanyahou ont confirmé le projet mercredi. «Il y a une chance de parvenir à un accord beaucoup plus large que simplement entre Israéliens et Palestiniens, englobant beaucoup d’autres pays», a déclaré le président, y voyant une stratégie «à laquelle personne n’avait pensé avant», quoi qu’elle reprenne l’initiative de paix arabe de 2005. «Pour la première fois, les pays arabes ne voient pas Israël comme un ennemi, mais de plus en plus comme un allié, a renchéri le Premier ministre. Il y a là une opportunité sans précédent que, je l’espère, nous pourrons saisir.»

Dans cette logique, la nouvelle Administration ne se sent plus tenue par la solution de deux États, qui forme le socle des efforts de paix depuis les accords d’Oslo de 1993. «Je peux vivre avec un ou deux États, a badiné Trump. J’aime celui qu’on a aujourd’hui.» Un haut responsable de la Maison-Blanche avait expliqué avant la rencontre: «Nous n’allons pas dicter les termes de la paix. Une solution de deux États qui n’apporterait pas la paix n’est pas un objectif que quiconque voudrait atteindre.» Reste-t-elle la voie privilégiée d’un règlement? «Peut-être, peut-être pas, ce n’est pas à nous d’imposer cette vision», dit l’entourage de Trump, rompant avec les trois Administrations précédentes.

Les dirigeants palestiniens ont accueilli avec inquiétude cette remise en cause. Le ministère des Affaires étrangères s’est ému «d’une inflexion dangereuse». Hanan Ashrawi, haut responsable de l’OLP, a dénoncé «une déclaration irresponsable qui ne fait pas avancer la paix». Saeb Erekat, qui a participé à toutes les négociations avec Israël depuis vingt-cinq ans, estime que «saper la solution des deux États serait un désastre et une tragédie tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens». La «seule alternative», souligne-t-il en effet, «c’est un État démocratique et laïc dans lequel chrétiens, musulmans et juifs auront les mêmes droits» – sauf à créer «un régime d’apartheid inacceptable en 2017».

«Lever un peu le pied»

Aucun contact direct n’a encore eu lieu entre le locataire de la Maison-Blanche et le président palestinien, Mahmoud Abbas. Selon le quotidien Haaretz, cela n’a pas empêché Trump d’annoncer à Nétanyahou: «Les Palestiniens feront des concessions.» Le président américain a aussi appelé Israël à en faire: «J’aimerais vous voir lever un peu le pied» sur la colonisation, a-t-il dit au Premier ministre. Reprenant la terminologie en vigueur sous George Bush, un communiqué de la Maison-Blanche avait postulé la semaine dernière que l’extension des implantations juives en Cisjordanie n’est pas en soi «un obstacle à la paix», mais qu’elle «n’aide pas».

Quant au transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, jusqu’ici reporté à l’avènement de la paix, «j’aimerais le faire et je me penche sur la question avec attention», a dit Trump. Mais ce «n’est pas une décision facile», a-t-il avoué au journal israélien Israel Hayom.

Philippe Gélie et Cyrille Louis

 

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

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Revue de presse du MEDEF IDF du 15 février 2017

2017-04-05T09:06:31+02:00Mots-clés : , , , |

Présidentielle : le Medef présente ses doléances économiques et sociales

Unédic : les points durs de la négociation 

Dette : le nouveau « rapport Pébereau » sonne l’alarme

Ceta : mythes et réalités autour d’un accord souvent mal compris

[gview file= »http://www.massy-europe.fr/wp-content/uploads/2017/03/MEDEF170215.pdf »]

Revue de presse du MEDEF IDF du 10 Février 2017

2017-04-05T09:07:25+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LE MONDE – 10/02/2017

L’Ile-de-France attend son nouveau préfet

Michel Delpuech, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pourrait succéder à Jean-François Carenco.

Qui sera le prochain préfet d’Ile-de-France ? Jean-François Carenco, qui occupe la fonction depuis le 4 mars 2015, doit être nommé, dans les prochains jours, par François Hollande président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Il succédera à Philippe de Ladoucette dont le mandat vient de s’achever. « J’ai sollicité cette nomination, confie M. Carenco, non parce que j’avais peur d’être viré au lendemain de la présidentielle, mais parce que je serai atteint dans un an par la limite d’âge de 65 ans pour les carrières préfectorales. »  Le mandat à la tête de l’autorité indépendante chargée de l’accès aux marchés de l’énergie est de six ans.

Avant de signer le décret de nomination de M. Carenco, le président de la République devra avoir désigné son successeur, sans doute au prochain conseil des ministres. « Il n’y a rien de certain encore », s’obstinait à répondre, mercredi 8 février l’entourage du chef de l’Etat. Mais le choix de Michel Delpuech, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes est qualifié de « possible » à l’Elysée. Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, M. Delpuech, est issu de la promotion Voltaire comme le chef de l’Etat.

A 64 ans, cette promotion serait pour lui un bâton de maréchal. M. Delpuech arrive au terme d’une carrière qui l’aura conduit à être notamment directeur du cabinet du préfet de police de Paris, Philippe Massoni, puis de son successeur Jean-Paul Proust, de 1999 à 2003 sous le quinquennat de Jacques Chirac. ll a été nommé préfet des Hauts-de-Seine en 2003 quand Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur, avant de devenir préfet de Corse en 2006.

  1. Delpuech a été ensuite directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie au ministère de l’intérieur jusqu’en 2009. Ces fonctions successives sous les gouvernements de droite ne lui valent pas que des partisans dans les rangs de gauche.

Dossiers chauds

Du coup, même s’il fait figure de favori au sein de l’exécutif, d’autres noms circulent. Dont celui du préfet de police de Paris, Michel Cadot. « Ce choix serait étonnant, car Cadot réussit bien dans sa mission actuelle », avance toutefois un grand commis de l’Etat. Serait également sur les rangs l’actuel préfet des Pays de la Loire, Henri-Michel Comet.

  1. Comet a été nommé à son poste à Nantes en 2014 sous le gouvernement de Manuel Valls après avoir été préfet de Midi-Pyrénées. A 60 ans, il a lui aussi effectué une partie de sa carrière dans des cabinets ministériels de droite. Chargé de mission auprès de Jacques Chirac premier ministre de 1984 à 1986, il fut directeur de cabinet adjoint de Dominique de Villepin au ministère de l’intérieur avec d’être conseiller auprès de lui à Matignon jusqu’en 2007. Dans la bataille d’influence autour du choix du préfet de la première région de France, M. Comet n’est pas dépourvu de relais auprès de l’Elysée.

Quel qu’il sera, le successeur de M. Carenco aura plusieurs dossiers chauds à gérer. A commencer par celui des réfugiés. « Parmi les plus grands souvenirs de mon passage en Ile-de-France, j’en citerai un, se souvient M. Carenco. Le 4 novembre [2016], lorsque j’ai dû, en une journée, reloger 4 000 migrants à la rue à Paris. On n’avait que 2 800 places et en deux heures on a réussi à en trouver 1 200 de plus », raconte-t-il. Sur les deux ans écoulés, M. Carenco a « un seul regret », dit-il : l’attitude « fermée » d’une partie des habitants du 16e parisien, à l’annonce de l’ouverture d’un centre pour sans-abri dans le bois de Boulogne. « J’ai le regret de ne pas avoir convaincu ces gens », soupire celui qui a été directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo ministre notamment de l’écologie et de… l’énergie, sous François Fillon.

Béatrice Jérôme

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 10/02/2017

Les indépendants n’en peuvent vraiment plus du RSI, leur régime de protection sociale

INFO LE FIGARO – Ils sont de plus en plus nombreux à le quitter et à opter pour un statut, bien plus cher, assimilé au salariat.

Le divorce semble définitivement consommé. Malgré les efforts entrepris depuis 2012 pour améliorer la gestion du Régime social des indépendants (RSI), ses affiliés n’ont pas retrouvé confiance dans l’organisme. C’est le constat implacable de la troisième édition du baromètre du RSI, réalisé en janvier 2017 par le Syndicat des indépendants (SDI) auprès de 1020 chefs d’entreprise de moins de 20 salariés. Selon cette enquête dontLe Figaro publie les résultats en exclusivité, 78 % des personnes interrogées estiment que le RSI ne s’est pas amélioré ces dernières années. Pire, 76 % ont une appréciation négative de ses services rendus.

L’explication de ce mécontentement est simple: 59 % des dirigeants ont rencontré au moins une difficulté – d’un courrier contradictoire à un défaut de prise en compte du droit à l’indemnité journalière en cas de maladie – avec le RSI ces trois dernières années. «Les résultats de notre enquête sont stables malgré les efforts du RSI et du gouvernement pour répondre aux critiques (amélioration de l’outil informatique, diminution du délai de carence, abaissement des cotisations minimum forfaitaires…), note Marc Sanchez, le secrétaire général du SDI, car personne ne s’est attaqué au cœur du problème: la sécurisation du système.»

Niveau de cotisation

«La méfiance est telle que les chefs d’entreprise sont prêts à payer des cotisations plus élevées, sans gagner forcément plus de protection, pour sortir du RSI et entrer dans un statut assimilé au salariat», ajoute-t-il. Selon l’étude, 23 % des chefs d’entreprise ont ainsi quitté le RSI en 2016. Ils n’étaient que 13 % à avoir franchi le pas en 2015 et 7 % en 2014. Les entrepreneurs optent le plus couramment pour une société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU), qui leur permet de bénéficier d’un statut d’«assimilé salarié» sans avoir à justifier d’un contrat de travail au sein de la structure.

Pour le chef d’entreprise, le passage du RSI au statut de la SASU se traduit pourtant par une augmentation de ses cotisations de 47 % à 63 %. Et ce, sans amélioration notable de la protection puisque le régime de salarié assimilé n’offre pas d’assurance-chômage et des prestations accident de travail et maladies professionnelles moins généreuses que le régime général.

Dans ce contexte de perte de crédibilité du RSI, le SDI plaide pour un rattachement des indépendants au régime général. Le syndicat a testé cette hypothèse auprès des personnes sondées. 46,5 % d’entre elles demandent d’avoir dans ce cas le choix de son niveau de cotisations versées et donc de protection sociale.

Le RSI a été créé en 2006 suite à la fusion de trois caisses de protection sociale des chefs d’entreprise. Le régime gère la couverture maladie des professionnels libéraux, des artisans et des commerçants, et la retraite des artisans et des commerçants. Depuis 2008, le régime centralise les cotisations. Il se partage ensuite avec les Urssaf les sujets de calculs, encaissements, recouvrements…

Dès sa création, l’organisme a été vivement critiqué en raison de nombreux dysfonctionnements informatiques qui ont provoqué des appels de cotisations erronés, des indus à rembourser, des relances inconsidérées… En 2012, la Cour des comptes qualifiait le RSI d’«accident industriel». Depuis, une démarche de fond (mais sans réelle efficacité si on se fie au SDI) a été lancée afin de rétablir la situation critique. Le RSI couvre plus de 6 millions de personnes pour 2,8 millions de cotisants.

Anne de Guigné

 

 

LE FIGARO – 10/02/2017

Le Loir-et-Cher veut favoriser l’emploi des allocataires du RSA

Grâce à sa plateforme web Job41, le département les met en contact avec les entreprises locales qui recrutent.

C’est une première en France! Le département du Loir-et-Cher vient de lancer une plateforme Web inédite pour rapprocher les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) avec les entreprises locales qui recrutent. «Le nombre de personnes au RSA augmente et représente une charge énorme pour les départements, rappelle Maurice Leroy, président (UDI) du Loir-et-Cher et vice-président de l’association des départements de France. Or de nombreuses entreprises peinent dans le même temps à recruter. Cette situation invraisemblable ne peut pas durer.»

Le principe de sa plateforme, baptisée «Job41», est simple: sur ce site dédié, les allocataires au RSA peuvent créer leur CV en ligne, consulter les offres d’emploi, candidater directement auprès des employeurs. «Tout se fait sur la base du volontariat, personne n’est obligé», insiste Maurice Leroy. Une logique différente donc de celle du Haut-Rhin, qui s’était fait retoquer par le tribunal administratif de Strasbourg pour avoir rendu obligatoires des heures de bénévolat pour toucher le RSA. Lancé le 16 janvier, «Job41» compte déjà 739 inscrits et une soixantaine d’offres d’emploi.

Le département a travaillé avec les équipes locales de Pôle emploi mais aussi avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour s’assurer de la sécurisation des données. Pilotée par l’ex-député centriste Nicolas Perruchot, premier vice-président du conseil départemental et ancien maire de Blois, l’initiative met l’accent sur la géolocalisation des offres qui permet aux demandeurs d’emploi de sélectionner celles comprises dans un périmètre choisi. Autre atout: la plateforme a été créée par une start-up des quartiers nord de Blois, Neolink, dont la majorité des salariés sont eux-mêmes d’anciens allocataires du RSA. Et le département a recruté deux personnes au RSA pour tenir la hotline et répondre aux questions des utilisateurs.

Baisse des dotations

Pris en tenaille entre la baisse des dotations de l’État et l’augmentation continue du nombre des allocataires du RSA en raison de la hausse du chômage, les départements sont dans une situation financière tendue. Dans le Loir-et-Cher, qui compte 10.000 allocataires au RSA (soit le double par rapport à 2004), cela représente une dépense de 42 millions d’euros que l’État ne rembourse qu’à hauteur de 20 millions.

Pour compenser la différence, le département a fait des économies de fonctionnement, réduit sa masse salariale et utilisé le levier fiscal (augmentation de 5 points de la part départementale sur le foncier bâti). «La seule solution pour faire baisser le coût du RSA, c’est de favoriser le retour à l’emploi. C’est un enjeu vital pour tous les départements», affirme ainsi Maurice Leroy.

La plateforme «Job41» pourrait faire des émules: pas moins de 15 départements, notamment ceux du Nord et de l’Indre-et-Loire, souhaiteraient s’en inspirer et ont pris contact avec les services de Maurice Leroy pour en dupliquer le principe.

Le Nord coupe les vivres à 450 bénéficiaires pour quatre mois

Les services du département du Nord ont suspendu, pour quatre mois, le versement du RSA à 450 bénéficiaires. Au motif qu’ils ne sont pas inscrits à Pôle emploi ou n’ont pas signé la «charte des droits et devoirs», comme c’est obligatoire depuis l’année dernière. Et ce après leur avoir déjà réduit de 100 euros le montant de leur prestation en guise de premier avertissement.

«Il ne s’agit pas de dire que l’allocataire du RSA est l’ennemi du département mais on ne peut pas donner d’aides en aveugle, a justifié Olivier Henno, vice-président en charge de l’insertion, sur Europe 1. Demain, si l’allocataire sanctionné s’inscrit à Pôle emploi ou s’il demande un contrat d’engagement réciproque, il retrouvera immédiatement ses droits.» Mais s’il persiste, il pourra être radié. 45.000 allocataires, sur les 108.000 du département, sont concernés par cette opération vérité, lancée en juin pour limiter l’envolée du coût du RSA.

Marie-Cécile Renault

 

 

LE MONDE – 10/02/2017

La France a créé 191 700 emplois marchands en 2016, meilleure performance depuis 2007

L’embellie a notamment concerné les services et l’interim, tandis que l’industrie et la construction ont continué de perdre des emplois.

L’économie française a créé, en net, 191 700 postes dans le secteur marchand en 2016, soit la meilleure performance sur le front de l’emploi privé depuis 2007, selon une estimation de l’Insee publiée vendredi.

Cela constitue une forte accélération sur le marché de l’emploi, après une année 2015 qui avait vu 99 000 postes se créer. La France avait détruit des emplois lors des trois années précédentes.

L’embellie concerne les services et l’intérim

Avec ces créations de poste, les effectifs du secteur marchand ont atteint 16,16 millions de personnes fin 2016, un niveau inédit depuis 2008. L’embellie, l’année dernière a notamment concerné les services et l’interim, tandis que l’industrie et la construction ont continué de détruire des emplois. Avec 654 100 postes, l’intérim a atteint son plus haut niveau depuis 2008. Le secteur est considéré comme précurseur des tendances de l’emploi.

Mais l’emploi de l’industrie (-0,7 % par rapport à 2015) et de la construction (-0,4 %) a contué de se dégrader. Les usines ont ainsi perdu, en quinze ans, près d’un million d’emplois, soit un quart de ses effectifs, tandis que le bâtiment a détruit plus de 200 000 postes depuis 2008.

 

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 10/02/2017

L’aéronautique reste la locomotive du « Made in France » à l’export

 

Selon le GIFAS, les livraisons aéronautiques et spatiales ont égalé le niveau record de 2015, à 58 milliards d’euros »

 

L’excédent de la filière aéronautique et spatiale a atteint 18,6 milliards d’euros en 2016, selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales.

Que ce soit dit, la filière aéronautique et spatiale reste le premier contributeur excédentaire au solde du commerce extérieur de la France en 2016, a assuré jeudi le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS). Car à la suite de la dégradation des chiffres du commerce extérieur français publié mardi par le ministère de l’Économie (48,1 milliards d’euros de déficit en 2016), « des commentaires ont attribué une part notable de cette détérioration à l’industrie aéronautique et spatiale », explique dans un communiqué  le GIFAS, qui n’a pas aimé.

Le GIFAS tient d’ailleurs préciser que « les livraisons aéronautiques et spatiales sont stables en 2016 » mais ont égalé « le niveau record de 2015, à 58 milliards d’euros ». Il précise également que « l’excédent aéronautique et spatial pour 2016 se situe à un excellent niveau à 18,6 milliards d’euros, sans pour autant égaler le record de 22,3 milliards en 2015 ». le GIFAS rappelle que « l’amélioration en décembre 2016 de la balance commerciale tient presque exclusivement au secteur aéronautique ». Les livraisons d’Airbus en décembre ont atteint le montant inédit de 5,8 milliards d’euros, pour 64 appareils livrés depuis la France.

« La filière aéronautique et spatiale française peut donc se féliciter de son excellente et constante contribution au solde du commerce extérieur de la France », estime le GIFAS.

Une année record pour Airbus en termes de livraisons

Airbus a fini l’année 2016 avec 731 commandes nettes au compteur et surtout 688 livraisons, l’indicateur pris en compte par les douanes. Une performance d’ensemble qui ne concerne pas que la France. En revanche, ATR n’a livré que 80 appareils (contre 90 espérés). En dépit d’une année difficile, les ATR-600 sont toutefois arrivés en tête de toutes les ventes d’avions régionaux en 2016, avec 36 commandes d’appareils.

De son côté Dassault Aviation a livré 49 avions d’affaires Falcon (contre 55 en 2015). L’avionneur a par ailleurs remis trois Rafale à l’Égypte l’année dernière (sur un total de neuf appareils). Enfin, héritier de la mythique société Morane-Saulnier, Daher continue de se jouer de la crise de l’aviation d’affaires. Après avoir livré 55 TBM en 2015 et 51 en 2014, le constructeur de petits avions d’affaires mono-turbopropulseurs a livré 54 TBM 900 et TBM 930 en 2016.

Michel Cabirol

 

 

LE MONDE – 10/02/2017

La grande mue de Renault-Flins devenue usine Nissan

Le site industriel de la région parisienne produira en majorité des Nissan Micra. Une première dans l’histoire de Renault.

La 4CV, la Frégate, la Dauphine, la 4L, la R16, la R5… Depuis 1952, tous les modèles qui ont fait la saga Renault – constructeur national d’automobiles populaires – sont passés sur les chaînes de l’usine de Flins et ses 237 hectares en bordure de Seine, à une demi-heure de voiture de Paris par l’autoroute de Normandie.

Or, depuis le mois de décembre, un bouleversement managérial est à l’œuvre sur ce site industriel emblématique qui fêtera ses 65 ans en 2017. Pour la première fois dans l’histoire de l’alliance Renault-Nissan, une usine de l’un des deux constructeurs – en l’espèce Renault – fabrique un modèle de l’autre entreprise – en l’occurrence la nouvelle Nissan Micra. Une voiture japonaise dans une usine française, c’était du jamais-vu. L’événement est d’autant plus remarquable qu’il constitue une délocalisation vers un site français depuis l’Inde, où la version précédente de la Micra était fabriquée.

Qualité exigée

Direction la chaîne de montage qui s’allonge sur plusieurs centaines de mètres dans l’un des plus grands bâtiments du site. Des petits robots autonomes, les AGV (automated guided vehicles), poussent en silence des chariots de pièces et des éléments de carrosserie vers les opérateurs, conformément aux règles du « juste à temps » et du credo très japonais du zéro stock (malgré 8 000 références de pièces à gérer).

Alentour, l’environnement rappelle que Flins n’est plus tout à fait une usine franco-française : ici un grand panneau proclame qu’on est « fier de fabriquer Micra », là des affiches énoncent la méthode vertueuse des « 5S », acronyme en japonais des verbes « trier », « ranger », « nettoyer », « standardiser » et « pratiquer ». Plus loin, le sigle jaune et rouge de l’« Alliance Production Way » rappelle que désormais dans toutes les usines de Renault et Nissan – alliés depuis 1999 – on est censé partager les mêmes méthodes de fabrication.

Sur la ligne, il faut un œil un peu averti pour distinguer la nouvelle venue qui vient s’ajouter aux deux modèles déjà fabriqués à Flins depuis 2012 : la Clio IV et le best-seller électrique de Renault, la Zoé. Les véhicules sont sensiblement de la même taille et partagent une partie de leurs pièces. Mais, pour fabriquer Micra, il a fallu intégrer de nouvelles normes de qualité dans le processus industriel, de nouveaux gestes, des procédures inusitées.

Quadragénaire costaud, fine barbe taillée, douze ans d’ancienneté chez Renault, Amadou Fall fait partie de la soixantaine d’ouvriers de Renault partis se former aux méthodes Nissan au Japon. Comme l’indique sa veste violette, M. Fall est devenu à son tour un formateur pour ses collègues de Flins. Ici, tout le monde le concède, le niveau de qualité exigé chez Nissan est un cran au-dessus des standards Renault. « Au Japon, on apprend à être extrêmement méticuleux, témoigne Amadou Fall. Cela n’empêche pas qu’on peut aussi leur apporter notre savoir-faire. »

« Ce qui se passe ici dépasse la simple intégration d’un nouveau modèle dans le processus de production, affirme Olivier Talabard, le directeur de l’usine. Flins est en train de vivre la plus grande transformation de son histoire. » M. Talabard a été nommé il y a trois ans à la tête du site pour enclencher cette mini-révolution. Cent dix millions d’euros ont été investis depuis 2015, 200 embauches en CDI viennent d’être annoncées pour 2017 qui s’ajoutent aux 350 déjà effectuées en deux ans. Des travaux d’envergure ont complètement redessiné l’usine, avec un effort de robotisation accru dans les ateliers qui fabriquent les carrosseries.

« Il n’y a pas de nostalgie »

Afin d’améliorer la qualité – un point-clé pour satisfaire aux exigences de Nissan –, la direction a fait appel aux services des psychologues du travail du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Un dispositif appelé « dialogue sur la qualité du travail » a été mis en place à l’échelle des unités de production, impliquant des opérateurs référents et une instance de pilotage. « On a pu constater des effets positifs sur la santé, l’absentéisme et l’efficacité en bout de chaîne là où le dispositif fonctionne », explique Jean-Yves Bonnefond, enseignant-chercheur à la chaire de psychologie du travail du CNAM.

Flins est-elle encore une usine Renault ? Mathématiquement, la réponse est non. Sur les 200 000 véhicules censés être produits à l’horizon 2018 (contre 160 000 en 2016), 132 000 seront des Nissan Micra. Les deux tiers. « Est-ce qu’il y a un problème de perte d’identité ? On s’est posé cette question », explique Olivier Talabard. Mais, assure-t-il, « personne [dans l’usine] ne m’a interpellé là-dessus ». « Il n’y a pas de nostalgie, renchérit Franck Daout, délégué central CFDT du groupe Renault. Il y a même une fierté d’avoir été choisi. Et puis la Micra à Flins, c’est d’abord une bonne nouvelle pour le site, sans compter que les salariés ont maintenant pris conscience de la réalité concrète de l’Alliance. »

« Au niveau des salariés de l’usine, ce n’est pas un sujet de discussion, expliquait à l’AFP Olivier Augustin, délégué CGT au comité d’entreprise. Pour nous, c’est une voiture supplémentaire, qu’elle porte le logo Renault ou Nissan. » A la CGT, on aurait plutôt tendance à dénoncer la dégradation des conditions de travail et le recours massif à l’intérim et à quelque 300 sociétés prestataires de services. « Sur les 2 378 salariés de l’usine, 80 % sont des intérimaires, tempête Fabien Gache, délégué central CGT. C’est hallucinant que cela ne choque personne. » Les syndicalistes rappellent aussi que l’usine assemblait encore près de 400 000 voitures par an en 2007. Les Twingo sont désormais montées en Slovénie, et les Clio en partie en Turquie.

Voiture ultratechnologique

L’avenir de Flins, ce sont donc ces 2 000 premières nouvelles Nissan Micra qui, en cet après-midi de février 2016, attendent au soleil d’hiver de partir en concession. Nissan, qui a choisi le site français pour se rapprocher de ses clients européens et parce que l’énorme usine Nissan de Sunderland (Royaume-Uni) tourne à plein, compte sur ce modèle pour se relancer en Europe et plus spécifiquement en France.

L’allié de Renault a vendu 79 200 véhicules en 2016 dans l’Hexagone (– 2,7 %) et vise 85 000 ventes cette année grâce notamment à cette fameuse Micra qui joue la carte de la voiture ultratechnologique. « Plus grande, plus connectée, un peu plus chère aussi. Par rapport à la précédente, on a tout changé sauf le nom », explique Bernard Loire, directeur général de Nissan Europe de l’Ouest. La Micra ambitionne d’entrer dans le « top 10 » français d’un segment très disputé et dominé par… la Clio, sa voisine sur la chaîne de montage.

Éric Béziat

 

 

L’EXPRESS – 10/02/2017

Vins et spiritueux: nouveau record pour les exportations françaises

 

Ventes de champagne dans un magasin de New York le 29 août 2016.

Avec un montant qui avoisine les 4 milliards d’euros, les spiritueux représentent un tiers du montant total des exportations françaises.

Les exportations françaises de vins et spiritueux ont enregistré en 2016 un nouveau record, améliorant légèrement le niveau « historique » de l’année précédente, avec un montant de 11,9 milliards d’euros, a annoncé ce jeudi la Fédération des exportateurs (FEVS).

Cette performance, en hausse de 1,2%, repose principalement sur les spiritueux (+5,2% en valeur) et notamment sur le cognac, dont les exportations ont atteint un niveau record, tant en volume (+5,5%) qu’en valeur (+6,5%). Avec un montant qui avoisine les 4 milliards d’euros, les spiritueux représentent un tiers du montant total des exportations.

Un « dynamisme » salué

La performance globale des alcools français leur permet de conforter leur rang de deuxième poste excédentaire de la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. « La parité euro/dollar est restée assez favorable à nos exportations », a commenté devant la presse le président de la fédération Christophe Navarre, qui a loué le « dynamisme » des spiritueux.

A l’inverse, il a déploré les difficultés rencontrées au Royaume-Uni, deuxième marché à l’export, dues à la livre sterling qui, dans la foulée du Brexit, a « dévissé et pénalisé nos exportations en Angleterre » (-8%). Cet « effet livre » a pénalisé en premier lieu les vins, qui marquent le pas, à 7,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde (-0,8%), après une forte augmentation l’an dernier.

 

LES ECHOS – 10/02/2017

Nucléaire : incident à la centrale de Flamanville

Le bâtiment a subi un départ d’incendie dans une zone non nucléaire.
L’incident, non classé par l’ASN, n’a pas eu d’impact sur la sûreté nucléaire.

« Un incident industriel banal dans un site industriel qui ne l’est pas. » C’est ainsi que le préfet de la Manche, Jacques Witkowski, a qualifié l’incident qui s’est produit jeudi dans la centrale nucléaire de Flamanville. « Une pièce mécanique a chauffé et provoqué un début d’incendie dans une zone non nucléaire de la centrale », explique-t-on chez EDF. « Ce départ de feu a été très vite maîtrisé, il n’y a eu aucune conséquence sur la sûreté nucléaire ni sur l’environnement. » Cinq personnes ont été légèrement incommodées par des dégagements de fumée.

Alors que la préfecture a suscité une certaine inquiétude en utilisant au départ le terme d’ « explosion », EDF affirme qu’ « il n’y a pas eu d’explosion, mais une détonation », poursuit le porte-parole. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, l’incident n’est pas de nature à être classé parmi ceux qu’elle répertorie. « Nous demanderons à EDF une analyse complète des causes et des conséquences de cet événement », indique un porte-parole aux « Echos ».

L’incident s’est produit dans le réacteur 1 de la centrale, dont la production a été arrêtée. Flamanville compte deux réacteurs habituellement en fonctionnement et, surtout, le chantier de l’EPR, qui fait régulièrement parler de lui pour ses retards et ses surcoûts. Le redémarrage est prévu le 16 février par le gestionnaire de réseau RTE, mais il faudra attendre d’avoir les résultats de l’analyse en cours sur l’incident pour avoir une date très précise.

Les ONG environnementales ont aussitôt réagi. Greenpeace a pointé « le contexte de dégradation grave des réacteurs français » et rappelé que deux incendies récents ont eu lieu sur la centrale de Cattenom, en Moselle. Des incidents survenus eux aussi hors zones nucléaires, donc eux aussi non classés.

« Contexte préoccupant »

L’ASN a jugé dans son dernier rapport sur 2015 que la sûreté d’exploitation des installations s’est « maintenue à un bon niveau ». Cette année-là, 1.039 événements significatifs lui ont été déclarés, dont 938 classés sur l’échelle Ines qui compte sept niveaux (848 de niveau 0, 89 de niveau 1, 1 de niveau 2). Le gendarme du nucléaire ne s’en est pas moins alarmé « d’un contexte préoccupant, porteur d’inquiétude pour l’avenir », compte tenu de la santé financière des acteurs de la filière. Depuis la publication de ce rapport, après les falsifications découvertes à l’usine d’Areva au Creusot, l’ASN a demandé l’arrêt pour contrôle de plusieurs réacteurs nucléaires, dont la plupart ont déjà redémarré.

Vidéo : Faut-il se méfier de la sécurité de notre parc nucléaire ? http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0211789226572-nucleaire-incident-a-la-centrale-de-flamanville-2063953.php

Anne Feitz et Philippe Legueltel

 

 

LE FIGARO – 10/02/2017

Total fait mieux que ses grands concurrents

En 2016, face à un environnement dégradé, la compagnie française a été l’une des plus rentables du secteur.

«Ce qu’on contrôle, on le contrôle bien.» Cette phrase, Patrick Pouyanné l’a martelée à l’envi à l’occasion de la présentation des comptes de Total pour 2016. Le PDG de la compagnie pétrolière française a affiché sa satisfaction, alors que le secteur affronte un environnement très contrasté: l’année dernière, le baril a chuté à 44 dollars en moyenne (contre 55 dollars en 2015, soit une baisse de 16%), tandis que les prix du gaz ont dégringolé de 25%.

Face à cette dégradation, Total a beaucoup mieux résisté que les autres majors de l’or noir: son résultat net ajusté, l’indicateur le plus regardé par les investisseurs, s’est élevé à 8,3 milliards de dollars, ce qui lui permet de dépasser à la fois Shell (7,2 milliards), BP (2,6 milliards) et Chevron (1,8 milliard). Seul ExxonMobil, le numéro un incontesté du secteur, fait mieux avec 8,9 milliards.

De son côté, porté par des dépréciations moindres qu’en 2015, le résultat net a bondi de 22% à 6,2 milliards de dollars. Une performance appréciée par les marchés: jeudi, à la Bourse de Paris, l’action Total a clôturé en hausse de 1,27%, à 47,42 euros.

Limitation des coûts

Pour expliquer cette «solidité des fondamentaux», Patrick Pouyanné avance plusieurs éléments: la hausse de la production – 4,5% en 2016, à 2,45 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbep/j) – en fait partie. Elle se conjugue à une très bonne tenue des activités aval (raffinage, chimie, stations-service…) qui ont contribué au résultat à hauteur de 5,8 milliards d’euros. Mais surtout, Total a fait preuve d’une très grande discipline de coûts, une orientation assignée par le dirigeant dès sa prise de fonction à l’automne 2014. «Sur les deux dernières années, nous avons réussi à économiser 3 milliards de dollars», s’est-il félicité. Cette exigence est toujours à l’ordre du jour: Total prévoit 500 millions de dollars d’économies supplémentaires pour 2017, et un montant cumulé de 4 milliards en 2018.

Ce resserrement des coûts a permis d’abaisser le seuil de rentabilité des grands projets dans l’amont (exploration production), avec un point mort qui tourne désormais autour de 40 dollars avant versement du dividende et 50 dollars après. Pour certains chantiers, l’effort budgétaire s’est révélé spectaculaire, avec une diminution des devis pouvant aller jusqu’à 30%. Au passage, cela contraint les fournisseurs de Total à faire de gros efforts sur le montant de leurs équipements et/ou de leurs prestations. La pression devrait d’autant moins se relâcher que le groupe doit étudier pas moins de dix projets d’envergure au cours des dix-huit prochains mois.

Cela concerne en particulier le Brésil, un pays devenu hautement stratégique après la conclusion d’un accord avec la compagnie nationale Petrobras sur l’exploitation de plusieurs champs. L’Iran aussi rentre dans ce cadre mais Patrick Pouyanné a prévenu que les dossiers ne seraient examinés qu’à la condition de la traduction de l’accord diplomatique de l’été 2015 – impliquant la levée de plusieurs sanctions.

Pour 2017, Total se livre à une analyse prudente du marché pétrolier. Certes, le baril est reparti à la hausse et semble durablement installé au-dessus de la barre des 50 dollars, mais il reste à voir dans quelle mesure l’accord entre l’Opep et les pays non Opep sur une réduction des livraisons de 1,8 mbj sera respecté. Par ailleurs, les stocks sont supérieurs de 10% à la moyenne. Enfin, la reprise de la production américaine de pétrole et gaz de schiste pourrait elle aussi jouer sur les cours. «Nous évoluons aujourd’hui dans un univers de très forte volatilité, ce qui rend difficile le pilotage d’une compagnie pétrolière», souligne Patrick Pouyanné. Ce qui n’empêche pas qu’il tient bien la barre.

TOTAL, UNE MAJOR EN BONNE FORME

  • 149,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires (-9%)
  • 8,3 milliards de dollars de résultat net ajusté (-21%)
  • 2,45 millions de barils équivalent pétrolepar jour (Mbep/j) produits (+4,5). Pour 2017, l’augmentation de la production devrait être inférieure à 4%

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

FRANCEINFO – 10/02/2017

Pénurie d’eau à Mayotte : Le MEDEF propose des solutions à la ministre des Outre-mer

 

Thierry GALARME, Président du MEDEF Mayotte

 

Le président du MEDEF Mayotte, Thierry Galarme, a écrit, le 8 février 2017, à la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, pour lui proposer des solutions à la crise préoccupante de pénurie d’eau ,telles que des unités mobiles de traitement d’eau.

Thierry Galarme souligne que le problème de la pénurie d’eau monte en puissance au niveau social (ravitaillement en eau potable de la population et des écoles), ainsi qu’au niveau économique (paralysie des secteurs de BTP et de l’hôtellerie).

Le MEDEF Mayotte suggère, parmi les solutions économiques, sans toutefois la privilégier, l’autorisation par l’Etat du recours massif au chômage technique, ce qui aura un coût élevé pour les fonds publics en pure perte…

Le MEDEF demande à la ministre Ericka Bareigts de privilégier une politique plus volontariste qui éviterait le chômage tout en réglant le problème social de la population.

Il propose, pour cela, des unités de traitement de l’eau de mer ou autre pour la rendre potable. Cette technique est parfaitement maîtrisée par Veolia, précise Thierry Galarme. http://technomaps.veoliawatertechnologies.com/traitement-eau-industriell… « Suez environnement présent à Mayotte, au travers de la Star qui gère le traitement des déchets  est capable de déployer dans des délais très rapides des unités du même type à plus faible débit mais de nature à tout de même apporter des solutions. J’ai vu le directeur de cette entreprise hier, il me dit avoir fait des propositions au Préfet de Mayotte et qu’il peut activer une solution disponible en 48 heures. Nous tenons donc une solution viable pour surmonter cette crise. », déclare Thierry Galarme. 

 

 

Ericka BAREIGTS, ministre des Outre-Mer
Le Medef Mayotte met en garde contre les conséquences désastreuses de cette situation si elle perdure : le système actuel  des tours en alimentation en eau dans le sud (deux jours de coupure pour un jour d’alimentation en eau) risque de s’étendre au nord de l’île.

« La limitation de l’eau aux rampes d’eau dans les villages est un scénario digne du tiers monde. Ce scénario fait redouter des émeutes dignes des événements de 2011(lors de la grève de 40 jours contre la vie chère), des actes de délinquance, des trafics en tous genres, voire « une guerre de l’eau » comme vous pouvez l’imaginer. », ajoute encore Thierry Galarme.

Il explique également que la pénurie d’eau entraînant la consommation d’eau stockée jusque 48h à 72h voire de l’eau puisée dans les cours d’eau sans précaution d’hygiène entraîne des risques sanitaires majeurs dont des maladies dignes du tiers-monde.

« L’urgence fait basculer le sujet en compétence Etat pour éviter une situation de catastrophe humanitaire. Je pense en clair que pour une fois que nous avons une solution concrète à un problème, nous devons la mettre en œuvre pour éviter de faire de Mayotte un petit Haïti sinistré. », insiste Thierry Galarme.

Selon le Medef, l’Etat devrait positionner les forces de l’ordre pour sécuriser les rampes d’eau, ce qui implique de mobiliser quasiment toutes les forces de l’ordre disponibles sur cette action les démobilisant de la lutte contre la délinquance.

Emmanuel TUSEVO DIASAMVU

 

::: POLITIQUE

LE FIGARO – 10/02/2017

Travailleurs indépendants: une thématique au cœur de la présidentielle

Si tous les candidats plaident a minima pour une réforme de la protection sociale des indépendants, leurs différences s’expriment sur leur vision de l’économie collaborative.

En parallèle de la question du revenu universel, les nouvelles formes d’emploi et le travail des indépendants se sont imposés au cœur du débat présidentiel. Si tous les candidats plaident a minima pour une réforme de la protection sociale des indépendants, leurs différences s’expriment sur leur vision de l’économie collaborative. Quand François Fillon et Emmanuel Macron entendent sécuriser le statut des travailleurs indépendants pour permettre le développement de ce secteur, Benoît Hamon se pose en protecteur des collaborateurs qu’il promet de requalifier en salariés.

Ce n’est pas, pour l’instant, le sujet de Marine Le Pen, la présidente du FN, en tête des sondages. Virulente contemptrice depuis des années du RSI, elle concentre ses propositions sur le volet de la protection sociale. Elle promet ainsi «qu’une fois au pouvoir» elle mettra en place un «bouclier social» pour les indépendants et organisera des «assises» pour «refondre complètement» le RSI.

François Fillon défend lui une vision plus large du travail indépendant. Il veut en faire son fer de lance contre le chômage et se fixe l’objectif d’un million d’indépendants en plus en cinq ans. L’ex-premier ministre veut assouplir au maximum le statut des microentrepreneurs (nouvelle appellation des autoentrepreneurs) et instaurer en contrepartie pour les artisans et commerçants une franchise de TVA, de même niveau que les nouveaux seuils de chiffre d’affaires des autoentrepreneurs.

Sur le volet protection sociale, François Fillon propose de remplacer le RSI par une caisse des indépendants qui aurait le monopole du calcul, de la collecte et de la gestion des cotisations, responsabilité aujourd’hui partagée entre le RSI et les Urssaf.

Statut social unique

Emmanuel Macron va un cran plus loin dans l’élaboration d’un nouveau statut de l’indépendant. Il propose, sans donner de précision, d’étendre la couverture chômage aux salariés qui démissionnent mais aussi aux artisans, indépendants, professions libérales et entrepreneurs. Le candidat d’En marche! a également inscrit à son programme «une baisse des charges» pour les indépendants. La encore, ni le périmètre ni le montant de la baisse n’est connu. L’ancien ministre de l’Économie plaide enfin pour la suppression du RSI et la création d’«un guichet pour les indépendants au sein du régime général».

Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire de la gauche, défend une vision relativement proche: suppression du RSI «qui ne fonctionne pas» et mise en place d’un «statut social unique» de l’actif. «Je rendrai ce statut plus protecteur selon le degré de vulnérabilité des actifs, à partir du socle commun du droit du travail et de la protection sociale», a détaillé fin janvier le député des Yvelines sur RTL.

La ressemblance avec le projet d’Emmanuel Macron s’arrête là. La création de ce statut social unique s’accompagnera en effet d’un vaste effort pour vérifier que les personnes travaillant sous statut d’indépendant pour les plateformes de services (Uber, Deliveroo…) ne sont pas des salariés déguisés. Quant à Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, il promet également de laisser les indépendants s’affilier au régime général.

«Nous sommes encore au milieu du gué. Certains candidats proposent une forme de replâtrage, d’autres vont vers le rattachement au régime général que nous préconisons, mais sans donner le montant des cotisations», indique Marc Sanchez, le secrétaire général du Syndicat des indépendants.

Quant à François Hurel, le président de l’Union des autoentrepreneurs, il estime que le prochain gouvernement disposera de deux leviers pour favoriser le travail indépendant: «La lutte contre les requalifications des collaborateurs en salariés qui créent de l’insécurité et la mise en place d’un terreau juridique favorable à la création de réseaux de travailleurs indépendants.»

Anne de Guigné

 

 

LE PARISIEN – 10/02/2017

Présidentielle : le duo Hamon-Jadot, c’est pas (encore) gagné

 

Benoît Hamon doit verdir un peu son projet pour rendre possible un retrait du candidat écolo à son profit.
Yannick Jadot soumettra les propositions d’alliance au vote des 17 000 participants de la primaire.

De nombreux écueils peuvent empêcher le rapprochement — voulu — entre les candidats socialiste et écologiste.

Et maintenant, la négociation avec Yannick Jadot. Alors que Benoît Hamon met la dernière main à son organigramme de campagne, la recherche d’un accord avec les écologistes, entre elle aussi, dans sa phase finale. Côté Verts, on n’attendait que ça. « Si le rassemblement est possible, organisons-nous. Sinon, on laisse tomber », lance Julien Bayou, le porte-parole d’EELV. Preuve de l’impatience qui règne dans les rangs écolos, leur presque plus candidat Yannick Jadot s’inquiète : « J’ai le sentiment qu’il y a toute une partie du PS qui ne facilite pas la tâche à Hamon. Ils veulent lui faire payer sa ligne politique. C’est important qu’il ne se fasse pas piéger. » Dans sa ligne de mire, le PS, peu enclin à faire des cadeaux aux écologistes qui ont pilonné le quinquennat Hollande.

Mais ces derniers placent, eux aussi, la barre très haut, bien décidés à vendre chèrement les quelques points dont ils disposent encore dans l’électorat. « Il faut se mettre d’accord sur un projet construit, cohérent », explique Jadot. Dimanche, les équipes des deux candidats ont un premier rendez-vous de travail. L’objectif est de parvenir à verdir un peu plus le projet présidentiel de Benoît Hamon afin de rendre possible un retrait du candidat écolo à son profit.

Les demandes des Verts passent mal

L’ancien secrétaire national d’EELV, Pascal Durand, qui représentera Jadot, prévient : « On ne va pas se contenter de positions de principe, aussi bonnes soient-elles. » Les écolos entendent mettre sur la table une vingtaine de mesures qui leur tiennent à coeur. Ils vont notamment défendre la sortie non seulement progressive mais totale du nucléaire, ainsi que — sur le plan électoral — la proportionnelle intégrale. Parmi les autres doléances : promouvoir le zéro pesticide et l’abandon des « projets inutiles » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la ligne grande vitesse Lyon-Turin. Des demandes qui seront loin de passer comme une lettre à la poste de la rue de Solferino. « Nous voulons vérifier qu’il y a une concordance, mais nous ne sommes pas dans une logique de lignes rouges », tempère le patron en titre d’EELV, David Cormand.

Mais comme rien n’est jamais simple chez les écolos, tout cela sera soumis à l’approbation des 17 000 votants à la primaire qui a désigné Jadot en novembre. Ainsi en a décidé hier le bureau exécutif d’EELV. Un premier vote par Internet doit avoir lieu en début de semaine prochaine concernant le principe même de la discussion avec l’équipe Hamon. Puis, en cas d’accord, une seconde consultation sera organisée fin février. Deux bonnes occasions pour la base écolo de retoquer le rapprochement avec le PS longtemps honni.

Philippe Martinat et Pauline Théveniaud

 

 

L’OPINION – 10/02/2017

Partis politiques: la société civile à la rescousse des candidats

À gauche comme à droite, les états-majors de campagne tentent de faire de la place aux « simples citoyens ». Il ne s’agit plus seulement d’un gadget tant la défiance envers les politiques est forte

« Conseil citoyen » et « 49.3 citoyen » pour Benoît Hamon. Mandat parlementaire impératif pour Jean-Luc Mélenchon. Entrée en masse de simples citoyens à l’Assemblée nationale pour Emmanuel Macron. Irruption en force de la société civile dans l’exécutif pour François Fillon. Les candidats à l’élection présidentielle promettent tous d’aérer la politique en l’ouvrant à ceux qui n’en font pas leur carrière.

La défiance n’a jamais été aussi grande. Selon le baromètre annuel du Cevipof publié mi-janvier, 70 % des personnes sondées estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien en France ». Et seulement 11 % font « confiance » aux partis politiques. Constat accablant. Et si l’élection présidentielle scellait le cercueil de la politique à l’ancienne ?

« Les Français ont envie de s’engager mais plus au sein des partis ou des syndicats », souligne Benjamin Griveaux, porte-parole d’En Marche ! Pour preuve, le foisonnement des associations. « On commence à se rendre compte que les citoyens sont devenus aussi des experts ; 44 % d’une classe d’âge est diplômée. Cela oblige les candidats à se redéfinir par rapport à cette réalité », explique Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et soutien de Benoît Hamon.

Pour les prétendants à l’Élysée, il s’agit simultanément de capter l’énergie de la société civile et de rétablir la confiance. « L’élément fondamental de l’émergence citoyenne, ce sont les réseaux sociaux. Ils abaissent le coût d’entrée la démocratie, poursuit Benjamin Griveaux. Sans eux, jamais on n’aurait pu faire En Marche ! en si peu de temps ». L’un de ceux qui ont le mieux compris le pouvoir des réseaux sociaux, c’est Jean-Luc Mélenchon : 950 000 abonnés sur Twitter, 600 000 sur Facebook, 200 000 sur YouTube… C’est à travers les vidéos sur sa chaîne qu’il interpelle Benoît Hamon. Et c’est sur Facebook live que le candidat socialiste lui répond.

Phase de R&D. François Fillon, lui, compte 75 000 abonnés sur Facebook. En pleine crise, le candidat a assuré qu’il « tiendrait bon » via une vidéo diffusée sur sa page. Même chose pour sa lettre aux Français, publiée mercredi sur le site en même temps que dans Ouest France. Une communication sans intermédiaire. L’ancien PDG de Numéricâble et de Capgemini, Pierre Danon, qui préside le « conseil national de la société civile » de François Fillon, a lancé cette semaine sur Mesopinions.com une pétition de soutien au candidat, signée par 13 000 personnes (400 000 personnes demandent à Pénélope de rembourser dans une autre une pétition).

Pas moins de 500 personnalités ont intégré ce conseil. Une cinquantaine dirigera des pôles thématiques (femmes avec Fillon, sportifs avec Fillon, mid-generation avec Fillon…): des profils variés, comme Murielle Réus, issue de la communication, ou la cofondatrice de Sens commun, Madeleine de Jessey. « Cela permet d’irriguer la campagne électorale dans des milieux professionnels », explique Thierry Solère, porte-parole de François Fillon.

C’était déjà la stratégie adoptée par le candidat lors de la primaire, à travers des groupes de travail. « Pour un même texte, s’il n’y a que la société civile qui s’en charge, ça fait un peu café du commerce ; s’il n’y a que des technos, ça tourne à l’eau tiède ; s’il n’y a que des politiques, la volonté de plaire aux électeurs est trop présente. Les trois réunis forment un bon cocktail », explique Pierre Danon. 70 des 400 mesures du programme Fillon ont été soumises au vote des internautes. Quelque 600 000 personnes y ont participé. « Cela a été très utile pendant la primaire. Maintenant, on est dans une phase opérationnelle, on n’est plus dans une phase de R & D », concède un membre de la campagne. Il n’empêche, en cas de victoire, François Fillon a promis un gouvernement dont la moitié des membres sera issue de la société civile. Audacieux.

De son côté, au-delà de l’élaboration de son programme, Benoît Hamon veut poursuivre pendant sa campagne les échanges avec les citoyens. « Nous allons réunir un conseil citoyen. Ce sera une chambre représentative de la société civile dans ses différentes composantes (âge, appartenance professionnelle, etc.). Elle permettra de tester des idées et d’enrichir les propositions », explique Nicolas Matyjasik, coresponsable du projet présidentiel. « L’ascenseur social est en panne. La parole des élites n’est plus prescriptive. Aujourd’hui, le mouvement politique n’est plus seulement descendant, il est aussi du bas vers le haut », analyse aussi un proche du candidat.

Elites omniscientes. Dans l’organigramme qui sera dévoilé samedi, des représentants de syndicats, d’associations ou encore des intellectuels figureront en bonne place. Jean-Marc Germain, qui dirige la campagne avec Mathieu Hanotin, imagine déjà un débat sur une chaîne d’info entre Éric Woerth, en charge du projet Fillon, et un membre d’une association pour représenter le candidat du PS : « Il faut des gens qui parlent comme tout le monde ». « Quand les sept candidats de la primaire de droite débattaient du CICE, vous pensez que ça parlait aux gens ? », renchérit Nicolas Matyjasik. Sur le fond, il y a la volonté de Benoît Hamon de ne pas apparaître comme un homme providentiel. « Les élites omniscientes, inamovibles, incontestables, ce n’est plus notre manière de faire de la politique », poursuit Nicolas Matyjasik.

Pour Emmanuel Macron, le renouvellement passe par sa volonté de réserver la moitié des 577 circonscriptions législatives à de simples citoyens. « Lorsque vous créez une start-up dans les Quartiers nord de Marseille, vous faites de la politique, presque plus que le député du quartier ! », souligne Benjamin Grivaud. Plusieurs milliers de candidats potentiels se sont déjà fait connaître. « C’est donner l’illusion que chacun peut être candidat car les critères de sélection sont évanescents. Surtout, comment Emmanuel Macron veut-il donner la parole aux citoyens quand son mouvement est si pyramidal ? », s’interroge Thierry Mandon. « On assume que la sélection se passe à Paris à travers une commission, rétorque Benjamin Grivaud. Pour faire émerger la société civile, installer la parité, il faut une action volontariste ».

Dans les faits, l’intégration de la société civile à la classe politique n’a rien d’évident. « À droite, on a toujours été habitué à aligner les élus plus qu’à compter sur des membres de la société civile. Ils ne cohabitent pas, ce sont des campagnes parallèles », résume Thierry Solère. Pourtant, dans tous les états-majors, on sait que la question de la confiance des citoyens structure cette présidentielle.

Jean-Jérôme Bertolus et Caroline Vigoureux

 

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 10/02/2017

Après le Brexit, Londres lance la contre-attaque

Le maire de la capitale britannique, Sadiq Khan, annonce une tournée commerciale dans cinq villes européennes. Il sera accompagné d’une large délégation d’entreprises.

Depuis le vote en faveur du Brexit, les capitales européennes se sont lancées dans une vaste bataille pour tenter de récupérer des emplois pour le moment implantés à Londres. Lundi 6 février, une délégation parisienne, menée par Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France (Les Républicains), est venue vanter les atouts de la capitale française.

Quelques jours plus tôt, Francfort organisait une réception pour une vingtaine de grandes banques internationales. Dublin, Luxembourg, Madrid ou encore Lisbonne ont également lancé des campagnes de promotion.

Mercredi, Sadiq Khan a lancé la contre-attaque. Le maire de Londres a annoncé qu’il va réaliser une tournée de cinq capitales européennes fin mars : Berlin, Bruxelles, Paris, Madrid et Varsovie. Il sera accompagné d’une large délégation d’entreprises, constituée essentiellement de start-up prometteuses, qui espèrent trouver de nouveaux débouchés. « Je vais porter à nos partenaires européens ce message vital que Londres est ouvert », a expliqué M. Khan, devant un parterre de cent cinquante chefs d’entreprise.

Porte-parole des anti-Brexit

Depuis le référendum, le maire de Londres s’est fait le porte-parole des anti-Brexit. Il faut dire que la ville a voté à 60 % pour rester dans l’Union européenne (UE). Mercredi soir, il ne cachait pas sa déception, car au moment où il prononçait son discours, la Chambre des communes votait à une immense majorité (494 voix contre 122) pour autoriser le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, qui débutera officiellement les négociations pour le retrait du Royaume-Uni de l’UE.

  1. Khan reconnaît que cette situation soulève de très nombreuses questions pour les entreprises. « En ces temps de grande incertitude, avec le Brexit qui domine tout, je ferai tout pour vous défendre », a-t-il lancé aux entrepreneurs. Il travaille sur l’idée d’instaurer un permis de travail uniquement pour Londres, milite pour conserver d’importants flux migratoires et pour accorder aux Européens déjà présents sur place un permis de résidence automatique.

Dans la salle pourtant, l’inquiétude est évidente. Certes, ces chefs d’entreprise ont été soigneusement sélectionnés et sont à la tête de sociétés qui vont bien. Depuis le vote en faveur du Brexit, tous disent que leurs affaires n’ont pas ralenti. Mais aucun ne montre le moindre enthousiasme pour la sortie de l’UE. Leur principal souci : ne pas réduire les flux migratoires.

Inquiétude des entreprises

Husayn Kassai dirige Onfido, une société qui s’occupe de vérifier sur Internet l’identité de personnes (par exemple sur Blablacar d’un passager souhaitant partager un covoiturage). A 27 ans, il a 145 salariés de 44 nationalités différentes. « La vraie question concerne l’immigration, explique cet enfant de Manchester, né d’un père iranien et d’une mère britannique. Londres est cette ville ouverte, où tout le monde est le bienvenu. Le Brexit a cassé cet élan. »

Sandra Sassow partage la même inquiétude. Sa société, Seab Energy, fabrique des machines qui transforment en électricité les déchets alimentaires. Elle est française, son mari est américain, et la moitié de ses 21 employés sont européens. « On vient de signer un très gros contrat en Inde et nous devons doubler notre main-d’œuvre. Mais depuis le Brexit, je reçois beaucoup moins de CV d’Européens qu’auparavant. » Certains de ses salariés espagnols envisagent même de partir. « Ils sont venus parce qu’ils étaient beaucoup mieux payés qu’en Espagne, mais avec la baisse de la livre sterling, cet avantage, converti en euros, a disparu. »

Mme Sassow raconte aussi que les investisseurs posent désormais beaucoup plus de questions qu’avant. « Ils me demandent quels sont mes plans de rechange, ce que je ferais en fonction de l’évolution des négociations du Brexit. »

Certaines entreprises ont aussi décidé d’ajuster leur stratégie. C’est le cas de Rocketseed, une société de vingt-cinq salariés, qui a développé une technologie permettant de suivre les e-mails envoyés (notamment pour savoir si ceux-ci ont été lus). « On s’est dit qu’il y aurait trop d’incertitudes concernant les relations avec l’Europe, alors on a décidé de concentrer notre croissance sur les Etats-Unis », explique Damian Hamp-Adams, son patron.

Eric Albert

 

 

LES ECHOS – 10/02/2017

Les pays Baltes, nouvelle terre d’exil pour les start-up

 

La TechChill Riga réunit cette semaine, dans la capitale lettone, les startuppeurs des trois pays Baltes.

Pour dynamiser leur écosystème, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie viennent de prendre des mesures, dont des exemptions fiscales et l’accueil simplifié de personnes originaires de pays non membres de l’Union européenne.

La concurrence entre l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ne s’arrête pas au seuil des start-up, au ­contraire. Chacune des Républiques baltes vient de prendre des mesures pour attirer à elle des entrepreneurs originaires de pays non membres de l’Union européenne (UE) et promouvoir la scène locale des jeunes pousses en devenir. Une nécessité pour ces Etats aux populations rapidement décroissantes, qui comptent moins de sept millions d’habitants pour l’ensemble des pays. « Plutôt que d’investir dans des usines, les gouvernements commencent à reconnaître le pouvoir de petites équipes ingénieuses », constate Ernests Stals, cofondateur de TechChill Riga, le principal rendez-vous balte des start-up, qui se termine ce vendredi dans la capitale lettonne. L’occasion de passer en revue les mesures adoptées dans ces pays entrés dans l’UE en 2004.

À noter : Lors de l’événement TechChill Riga, un concours de pitchs est organisé, dont le vainqueur se verra offrir un voyage dans la Silicon Valley pour rencontrer des investisseurs.

Lettonie : exemption de charges

Honneur à l’hôte de la sixième édition de TechChill Riga, la Lettonie. Depuis le 1er janvier de cette année, toute start-up âgée de moins de cinq ans et dans laquelle au moins 30.000 euros de capital-risque ont été investis (mais pas plus de 200.000 euros) peut, sous certaines conditions, obtenir une aide financière de l’Etat pendant cinq ans. Il s’agit avant tout d’exemptions de charges sociales et de déductions fiscales. La start-up ne doit payer qu’un montant fixe de 252 euros de charges par employé. Si cette personne gagne plus de 4.050 euros par mois, une taxe est due sur l’excédent. De plus, la Lettonie (2 millions d’habitants) est en train d’assouplir sa législation sur l’immigration des spécialistes IT originaires de pays non membres de l’UE, notamment pour épauler les pépites tech du cru.

111 millions d’euros
Le montant total levé par la start-up BitBury spécialisée dans le bitcoin.

Lituanie : visas facilités

Les talents étrangers sont au cœur du dispositif entré en vigueur depuis janvier en Lituanie (3 millions d’habitants). Le régime « visa start-up » permet à des fondateurs de start-up originaires de pays hors UE (ainsi qu’aux membres de leur famille) d’obtenir des permis de résidence temporaire de manière accélérée. Les demandes sont passées au crible par un jury d’investisseurs et de membres de Startup Lithuania, l’agence chargée du secteur dans ce pays. Plusieurs dizaines de demandes, assure-t-on. Une tournée sera organisée ce printemps en Biélorussie, en Ukraine et en Russie pour promouvoir le nouveau régime.

341.000 euros
C’est le montant total injecté par des investisseurs étrangers en capital-risque, en Lettonie en 2012.

Estonie : recrutements IT

La plus nordique des trois, l’Estonie (1,3 million d’habitants) n’est pas en reste, elle qui passe pourtant pour une terre fertile en start-up (Skype y a été créé, entre autres). Depuis janvier, un programme également baptisé « startup visa » est opérationnel, dans le même but qu’en Lituanie. Valide pendant 18 mois, il permet ensuite de demander un permis de résidence de cinq ans renouvelable. Plus besoin d’investir les 65.000 euros exigés auparavant. Il faut toutefois justifier d’économies correspondant à 130 euros par mois. De plus, le gouvernement a exempté 339 jeunes pousses locales de certaines obligations, ce qui leur permettra d’embaucher plus facilement des experts de pays non membres de l’UE, alors que le pays manque de milliers de spécialistes IT et que les investissements dans les start-up locales ont baissé de plus d’un tiers entre 2015 et 2016.

100 millions d’euros
Les start-up estionniennes ont connu une année record en 2015 avec un total de fonds levés jamais égalé.

 

Antoine Jacob

 

 

LE FIGARO – 10/02/2017

Décret anti-immigration : Donald Trump perd la deuxième manche

VIDÉO – La Cour d’appel de San Francisco a maintenu jeudi soir la suspension du décret présidentiel visant les réfugiés et les ressortissants de sept pays musulmans.

Donald Trump a perdu jeudi soir la deuxième manche de la bataille judiciaire engagée contre son décret limitant l’entrée aux États-Unis de certaines catégories d’étrangers. Dans une décision unanime de 29 pages, assez sévère pour son administration, trois magistrats de la Cour d’appel de San Francisco ont refusé d’annuler l’ordre de suspension qui avait été décrété pour l’ensemble du pays vendredi dernier par un juge de Seattle. Les réfugiés dont le statut avait été approuvé par les autorités d’immigration et les titulaires de visas américains dans les sept pays visés (1) peuvent donc continuer pour l’instant à se rendre aux Etats-Unis.

Quelques minutes après la publication du jugement, Donald Trump a tweeté «On se voit au tribunal, la sécurité de notre pays est en jeu!», indiquant son intention de contester la décision devant la Cour suprême.

Celle-ci a pour tradition d’accorder de larges pouvoirs à l’exécutif dans des domaines tels que l’immigration. Mais elle n’est pas obligée de se saisir d’une affaire et, actuellement limitée à huit membres, (quatre «libéraux» et quatre «conservateurs») se trouve à la merci d’un blocage. Si aucune majorité de cinq juges ne se dégage, sur la saisine ou sur le fond, la Cour fédérale du 9e Circuit gardera le dernier mot.

«Nous gagnerons à la fin, très facilement», a assuré le président depuis le Bureau ovale. La veille, il avait déploré la «politisation» du système judiciaire américain, dans lequel les juges fédéraux sont nommés par le président et confirmés par le Sénat. Lui-même vient de choisir un magistrat solidement conservateur pour occuper le 9e siège vacant à la Cour suprême. C’est aussi un républicain, James Robart, désigné par Bush, qui avait suspendu l’application de son décret en première instance. Et c’est par consensus que les trois juges d’appel (nommés par Carter, Bush et Obama) ont confirmé cette décision jeudi.

«Requête d’urgence»

La Cour fédérale ne se prononçait pas sur la légalité de l’ordonnance présidentielle, mais sur l’opportunité de mettre fin à sa suspension dans l’attente d’un jugement au fond. Elle a cependant balayé un large éventail d’arguments juridiques, au détriment du gouvernement. «Nous considérons qu'(il) n’a pas démontré ses chances de l’emporter sur le fond, ni qu’une levée de la suspension causerait un dommage irréparable», écrivent les juges pour justifier le rejet de la «requête d’urgence» déposée par le ministère de la Justice.

L’Administration Trump est déboutée sur son assertion selon laquelle l’autorité présidentielle en matière d’immigration échapperait entièrement au contrôle des tribunaux. Elle est critiquée pour n’avoir pas démontré en quoi le retour à la situation d’avant le décret provoquerait une insécurité inédite. Elle perd sur le terrain du 5e amendement en privant certains individus des protections légales auxquelles ont droit «toutes les personnes se trouvant aux États-Unis, y compris les étrangers dont la présence est légale ou illégale, temporaire ou permanente». Cette jurisprudence s’étend à certains voyageurs étrangers empêchés de revenir légalement dans le pays.

Vingt États et une centaine d’entreprises de la Silicon Valley avaient déposé devant la Cour des motions de soutien à la démarche amorcée par l’État de Washington et le Minnesotta. Dans leur dernier considérant, les juges d’appel soulignent que «des aspects de l’intérêt public jouent en faveur des deux parties. D’un côté, le public a un intérêt puissant dans la sécurité nationale et la capacité d’un président élu de mettre en œuvre des politiques. De l’autre, le public a aussi intérêt à bénéficier de la liberté de voyager, à éviter la séparation des familles et à être épargné par la discrimination. Nous n’avons pas à caractériser l’intérêt public de manière plus nette. Ces intérêts publics concurrents ne justifient pas de surseoir» à la suspension du décret.

(1)Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/02/10/01003-20170210ARTFIG00003-la-cour-d-appel-confirme-le-gel-du-decret-anti-immigration-de-trump.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

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Elena NATALITCH

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