Revue de presse du MEDEF IDF du vendredi 13 janvier 2017

2017-06-05T10:33:44+02:00Mots-clés : , , |

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 13/01/2017

Le Medef va lancer une campagne de com’ sur les bienfaits de la formation en entreprise

Comme l’organisation patronale l’avait fait avec ses spots Beau Travail, elle va diffuser à la télé et la radio des programmes courts pour raconter de belles histoires de PME ayant réussi leur développement grâce à la formation professionnelle. Un sondage montre l’absence d’information des dirigeants sur le sujet.

Incroyable mais vrai, le Medef va communiquer en 2017 sur… la formation, comme il l’avait fait il y a plus d’un an sur le travail (la série intitulée Beau Travail). Au premier semestre, l’organisation présidée par Pierre Gattaz diffusera des spots à la télévision (France 3 et France 5) ainsi qu’en radio (Europe 1, France inter, BFM Business). Ces programmes courts «racontent de belles histoires de PME françaises qui ont réussi leur internationalisation, leur transition numérique ou leur transition verte, grâce notamment à la formation professionnelle et la montée en compétences de leurs salariés».

Afin de mieux cibler les besoins des PME/TPE, le Medef a commandé un sondage à l’institut Elabe auprès des PME de 10 à 249 entreprises. Selon cette enquête, réalisée en décembre, 84% des TPE et PME estiment que la formation professionnelle est bien devenue un levier de performance. «Nous nous sommes penchés sur trois mutations majeures: la transformation numérique, la transition verte et l’internationalisation», détaille Florence Poivey, présidente de la commission éducation, formation et insertion de l’organisation patronale.

Les PME sensibilisées au défi du numérique et de la transition écologique

L’enquête dévoile que les PME considèrent aujourd’hui le numérique (à 68%) et l’écologie -enjeux énergétiques, climatiques, RSE et environnementaux- (à 58%) comme des défis majeurs. L’internationalisation apparaît en revanche comme le parent pauvre. Plus de la moitié des entreprises interrogées considèrent qu’elle ne représente pas un enjeu pour elles. Fort logiquement, seule une petite minorité de PME a donc décidé de former ses salariés sur les sujets export import.

Les résultats sont meilleurs pour le numérique (24% des entreprises ont formé la majorité de leurs salariés) et la transition verte (21% ayant formé la majorité de leurs salariés) mais encore relativement faibles. Cette frilosité pourrait s’expliquer par un manque d’informations. Seulement 63% des PME s’estiment bien informées sur les formations liées à la transition numérique et 48 % sur celles liées à l’écologie.

Le pari du Medef est donc simple: en améliorant la connaissance des chefs d’entreprise sur la formation, l’organisation incitera les PME à mieux former leurs salariés et les aidera ainsi à relever les défis de l’économie du XXIè siècle.

Anne de Guigné

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

Election dans les TPE : vers une abstention record

L’élection de représentativité dans les TPE s’achève ce vendredi en métropole.
Elle aura eu encore moins de succès que celle de 2012, avec une participation très inférieure à 10 %.

L’élection de représentativité syndicale dans les très petites entreprises (TPE) s’achève ce vendredi en métropole. Elle se prolongera jusqu’au 20 janvier outre-mer. Mais les dés sont déjà jetés. La participation à ce scrutin sera encore plus faible qu’en décembre 2012, quand n’avaient voté qu’à peine plus de 10 % des salariés travaillant dans des entreprises de moins de 11 salariés, où le Code du travail n’impose aucune représentation collective du personnel.

Les chiffres définitifs de la participation à cette seconde édition de l’élection syndicale, instituée par la réforme de la représentativité syndicale de 2008 pour les TPE, ne seront pas connus avant plusieurs jours. Mais la tendance constatée depuis le début du scrutin laisse augurer d’un taux encore plus faible qu’il y a un peu plus de quatre ans, où il n’avait atteint que 10,38 %. Seuls 6,34 % des salariés qui y étaient invités ont déjà voté, après près de deux semaines de scrutin, selon Solidaires. Pourtant, la possibilité de vote électronique a sans doute été plus utilisée du fait du développement de la pratique du Net, réduisant le délai de comptabilisation des bulletins. Interrogé dans la soirée sur franceinfo, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a prédit un taux final de participation « autour de 7/8% ». Dans ce contexte, si le ministère du Travail a refusé de répondre positivement à la demande de la CGT et de Solidaires de prolonger le scrutin d’une semaine, il devrait faire preuve d’une certaine souplesse concernant le cachet de la poste sur les enveloppes de vote par correspondance au motif que dans les zones rurales, les horaires de levée journalière du courrier limitent de fait la possibilité de voter ce vendredi. Mais cela ne devrait modifier qu’à la marge le taux de participation, qui s’annonce d’ores et déjà comme un échec.

Candidature personnalisée

Il intervient paradoxalement, alors que l’élection de cette année a un contenu moins virtuel que la précédente. Cette fois-ci, elle ne s’est pas faite sur sigle, mais les syndicats ont eu la possibilité de personnaliser leurs candidatures. En outre, le vote ne servira pas seulement à alimenter le compteur de représentativité des syndicats pour la pesée agrégeant ses résultats à ceux des élections professionnelles – qui se sont déroulées dans les entreprises entre 2013 et 2016. Il désignera aussi des représentants des salariés dans des commissions paritaires régionales. Ces instances, qui seront installées en juillet 2017, auront notamment comme mission d’informer les salariés et les employeurs sur le Code du travail et les conventions collectives, mais aussi de « faciliter la résolution de conflits individuels ou collectifs » ou de « faire des propositions en matière d’activités sociales et culturelles ». Mais tout dépendra de la volonté du patronat de jouer le jeu.

Le report du scrutin des quinze premiers jours de décembre 2016 aux quinze premiers jours de janvier 2017, à la suite d’un recours en cassation de la CGT contre la présentation du Syndicat des travailleurs corses, n’aura pas aidé. Un report dont le ministère du Travail renvoie la responsabilité à la centrale de Philippe Martinez. Tandis que la CGT l’accuse d’avoir plombé le scrutin en le déplaçant au lendemain des fêtes.

Leïla de Comarmond

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

Fiscalité : la France appelée à baisser son taux d’impôt sur les sociétés

Le Conseil des prélèvements obligatoires prône un taux de 25 %.
Un élargissement de l’assiette et la fin du taux réduit limiteraient le coût.

La France doit encore poursuivre la baisse de son taux d’impôt sur les sociétés (IS), au-delà de ce qui est déjà prévu dans la dernière loi de finances. C’est la principale recommandation du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), une institution placée auprès de la Cour des comptes et chargée d’évaluer la fiscalité française, dans son dernier rapport publié jeudi. « Le CPO n’est pas engagé dans une course au moins-disant fiscal, mais préconise de s’adapter face à l’évolution du cadre juridique et international », a souligné son président, Didier Migaud.

Le rapport rappelle que la plupart des pays européens ont baissé leur taux d’IS ou sont sur le point de le faire, à l’instar du Royaume-Uni, de la Hongrie ou du Luxembourg. Un critère souvent déterminant pour attirer des investissements étrangers.

Alors que la dernière loi de finances prévoit d’abaisser le taux de l’IS à 28 % d’ici à 2020, le CPO considère qu’il faut encore aller plus loin, en le ramenant à 25 %, soit la moyenne européenne actuellement.

Des pistes de financement

Pourquoi 25 % précisément ? « Les études économétriques montrent que les grands pays pouvant présenter d’autres avantages que la fiscalité (infrastructures, etc.) n’ont pas tellement d’avantage à se situer en dessous de la moyenne », souligne Florian Colas, rapporteur de ces travaux. D’autant que cette nouvelle baisse de l’IS aurait un coût pour les finances publiques, estimé à 4,2 milliards d’euros. Pour mémoire, la trajectoire de baisse à 28 % à l’horizon 2020, adoptée à l’automne, coûterait déjà 7 milliards à l’Etat, par rapport à un rendement net de l’IS de 33 milliards.

Ce rapport donne des pistes de financement, la plus inattendue étant la suppression du taux réduit de 15 % pour les PME de moins de 7,6 millions d’euros de chiffre d’affaires (dans la limite de 75.000 euros de bénéfices). Cet avantage, dont ont bénéficié 670.000 PME en 2014, coûte chaque année 2,6 milliards d’euros à l’Etat. « Il ne se justifie pas pour des raisons objectives », estime Didier Migaud, notant que moins d’un tiers des pays de l’OCDE dispose d’un taux réduit. Une suggestion qui n’est pas du goût de la CPME (ex-CGPME) : « C’est bien connu les PME ont plus de facilité que les grands groupes, ce qui se retrouve dans le taux de défaillance des entreprises », a réagi l’organisation.

A contre-courant de certaines idées reçues, ce rapport montre que la rentabilité financière des PME (moins de 250 salariés) n’est pas inférieure à celle des grandes entreprises. Les taux implicites d’impôt sur les sociétés ne seraient pas non plus très éloignés (lire ci-dessous). Lors du dernier débat budgétaire à l’automne, les députés ont pourtant décidé d’accentuer la baisse de l’IS pour les PME.

Enrayer la concurrence fiscale en Europe

Cette baisse du taux pourrait également être financée par une révision du régime de l’intégration fiscale, déjà visé par plusieurs décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), ainsi que par le resserrement de certains régimes, sur la propriété intellectuelle notamment. Face à ces enjeux, le CPO appelle la France à soutenir le projet d’assiette commune au niveau européen (Accis). Pour enrayer la concurrence fiscale, cette assiette commune devrait s’accompagner de la mise en place d’un « tunnel » de taux pour l’IS, comme il en existe déjà un sur la TVA. Ce corridor est tout à fait « faisable juridiquement », assure Didier Migaud, mais nécessiterait l’unanimité des Etats membres.

Ingrid Feuerstein

 

 

LE FIGARO – 13/01/2017

L’emploi à domicile encore à la peine

Le geste sur les cotisations n’a pas suffi à contrer les effets de la crise, qui oblige les ménages à renoncer à des dépenses jugées superflues.

Hors activité de garde d’enfant, le secteur de l’emploi à domicile n’est toujours pas sorti de la crise qui le frappe depuis plusieurs années. Au troisième trimestre 2016, le nombre d’heures déclarées par les particuliers employeurs a baissé de 2%, selon l’Acoss, la banque de la Sécurité Sociale. Seule consolation, le nombre de foyers faisant appel à des femmes de ménage, jardiniers et autres aides s’est stabilisé (+0,1%).

Ces résultats sont décevants, alors que le gouvernement a porté, à compter de décembre 2015, l’allégement de charges sociales pour l’emploi à domicile de 0,75 centimes à 2 euros par heure travaillée. Mais ils s’expliquent. Le geste sur les cotisations n’a pas suffi à contrer les effets de la crise, qui oblige les ménages à renoncer à des dépenses jugées superflues.

En revanche, ce coup de pouce a eu de l’effet sur la garde d’enfants, domaine où les dépenses sont obligatoires. Les ménages, qui faisaient travailler leurs nounous en partie «au noir», ont été incités à tout déclarer. Ainsi, pour la garde d’enfants à domicile, à la fois le nombre d’employeurs (+0,9%) et le nombre d’heures déclarées par employeur (+0,3%) ont progressé au troisième trimestre. Pour les assistantes maternelles, le volume horaire déclaré par les ménages a diminué à l’été, mais après deux bons trimestres.

La majorité actuelle n’a pris que tardivement conscience de l’importance de l’emploi à domicile, qui représente 3,6 millions d’employeurs et 1,6 million de salariés.

La majorité actuelle n’a pris que tardivement conscience de l’importance de l’emploi à domicile, qui représente 3,6 millions d’employeurs et 1,6 million de salariés. Après la suppression sous l’ère Sarkozy des 15 points d’abattements de cotisation patronale, une autre incitation – la déclaration au forfait – a été abolie en 2013. Le gouvernement a alors instauré un allégement de charges sociales de 0,75 euro par heure travaillée, mais qui ne compensait pas la perte financière pour les ménages. Résultat, le secteur a continué à perdre des emplois déclarés et le travail au noir s’est envolé. Ce qui a poussé le gouvernement à accroître l’allégement de charges, fin 2015. Avantage qui s’ajoute au crédit d’impôt sur le revenu existant.

Cécile Crouzel

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 13/01/2017

Le rendement de l’assurance-vie fond d’année en année

INFOGRAPHIE – Les assureurs mettent des réserves de côté pour résister à une hausse des taux.

L’heure des comptes a sonné pour les épargnants, qui commencent à mesurer l’impact qu’a eu l’an dernier la baisse des taux d’intérêt sur le rendement de leurs assurances-vie. Si le recul est limité à 0,20 % ou 0,30 % sur certains contrats, beaucoup décrochent de 0,40 % ou plus, comme celui de l’Afer, la célèbre association d’épargnants, qui a rapporté 2,65 % en 2016, contre 3,05 % en 2015.

Car les assureurs n’avaient aucune envie de faire des efforts. Au contraire, ces rendements modestes vont les aider à dissuader les épargnants de faire de nouveaux versements sur les fonds en euros. Et c’est bien l’objectif recherché: les compagnies d’assurances ne veulent pas de capitaux frais à investir dans de mauvaises conditions sur les marchés, car elles doivent protéger leurs vieux portefeuilles, qui procurent encore des rendements confortables. C’est le sésame pour pouvoir faire face, un jour, à une remontée des taux d’intérêt, qui rendrait d’autres placements plus attrayants. «Limiter la collecte sur les fonds en euros, c’est aussi protéger les souscripteurs qui ont déjà investi, pour que la performance de leur placement résiste mieux», relève Guillaume Rosenwald, directeur épargne retraite à la MACSF.

Que l’ACPR, leur autorité de tutelle, les ait incités à mettre en réserve pour l’avenir une partie de leurs gains de l’année est finalement un excellent prétexte. Beaucoup de compagnies se sont exécutées de bonne grâce. Et cela a diminué d’autant la rémunération offerte aux épargnants.

L’Afer, par exemple, qui promettait pourtant à l’origine de distribuer intégralement ses gains financiers, a mis en réserve l’équivalent de 0,25 % de rendement. Sans cela, le contrat de l’association d’épargnants aurait rapporté 2,90 %. Avec les réserves également engrangées les années passées, l’Afer a désormais de côté 0,65 % de rendement.

Mais d’autres sont déjà très bien lotis. La MACSF, qui a servi 2,40 % à 2,45 % (0,40 % de moins qu’en 2015), a déjà mis de côté 1,7 %. La palme revient à la GMF, qui conserve dans ses caisses de quoi verser 5,2 % d’intérêts à ses souscripteurs. Pourtant, elle aussi a baissé encore cette année le rendement de ses contrats (2,50 % au lieu de 2,80 % en 2015) et encore arrondi son trésor de guerre (4,9 % en 2015). En théorie, ces réserves appartiennent aux assurés et doivent leur être redistribuées. Mais ils attendront encore, et peut-être longtemps.

Les associations d’épargnants en tête

Cette année, les meilleurs rendements devraient donc être l’apanage de vieux contrats, «qui collectent peu d’épargne nouvelle, et n’ont pas eu à faire d’importantes provisions», explique Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures et créateur du site Good Value for Money, destiné aux épargnants.

C’est le cas de Gaipare, une autre association d’épargnants, qui n’a arrondi ses provisions que modestement et a servi 2,90 %, ou d’Asac Fapès (2,80 %). «Il faut être raisonnable sur le taux affiché, mais aussi défendre les intérêts des adhérents qui doivent profiter de la bonne gestion du contrat», estime Jean Berthon, le président de Gaipare. Les grands perdants sont sans doute les contrats qui, notamment dans les banques, continuent à collecter beaucoup, auprès d’une clientèle populaire qui ne peut pas risquer ses économies hors du fonds en euros.

Anne Bodescot

 

 

LES ECHOS – 13/01/2017

La France sur le chemin de la déconsommation

Les ventes de produits de grande consommation ne progressent plus en volume. Pourtant, dans les supers et les hypers, les prix ont encore baissé de 1,2 %.

Officiellement, la consommation tient en France malgré les séquelles de la crise financière de 2008. Mais les premiers chiffres que « Les Echos » se sont procurés sur les ventes de produits de grande consommation (PGC) en 2016, montrent que la consommation de masse entre dans une spirale négative. La « déconsommation » sonne à la porte des supers et hypers.

Selon les dernières indications de l’Insee, la croissance aura pourtant été d’environ 1,3 % en 2016, la consommation elle-même a crû de 1,6 % et les ventes du commerce de détail ont progressé de 1,1 %, comme l’ont rappelé ce jeudi les dirigeants de Procos, la fédération des enseignes du commerce spécialisé. Mais derrière ces données qui agglomèrent aussi bien les abonnements téléphoniques que les achats de paquets de cigarettes, et incluent la création de nouvelles surfaces de vente qui se poursuit malgré tout, se cache une tendance qui affecte les courses du quotidien.

Moins d’alcool, de pain, de viande…

Selon l’institut IRI, la consommation en volume des PGC et des produits frais a légèrement baissé en 2016. Avec un chiffre de – 0,1 %, susceptible d’évoluer encore un peu avec les dernières remontées issues des magasins de hard discount, on est à l’épaisseur du trait et on peut parler de ventes « étales ». Mais les experts commencent à évoquer la déconsommation, au moins pour certains catégories de produits.

« Moins d’alcool, les consommateurs français sont de plus en plus sobres. Moins de pain, moins de produits d’origine animale, notamment la viande rouge. D’autres produits de base comme le lait et les produits laitiers sont également impactés, et le tout dans un contexte de food bashing de plus en plus fréquent », relève Gaëlle Le Floch, directrice des études stratégiques chez le panéliste Kantar Worldpanel. « Le marché de l’hygiène-beauté est confronté à un enjeu de volume avec des acheteurs moins fréquents. Ses produits sont de moins en moins prioritaires pour les Français, qui vont vers moins de sophistication, plus de naturel », ajoute-t-elle. Le repli se confirme aussi pour les colas, les jus de fruits ambiants, les anisés. Seule ou presque la bière tire son épingle du jeu. Hors de l’univers des PGC, l’habillement est à -1,8 % et la chaussure à -4 %.

Le bio et les produits locaux en vogue

Pour mieux souligner l’aspect inédit de la situation, les experts d’IRI notent qu’en moyenne sur les dix dernières années la consommation en volume des PGC avait progressé de 0,7 %. En 2016 encore, la seule croissance démographique a entraîné une hausse des volumes de produits achetés de 0,4 %. Il faut bien nourrir les bébés. Mais les adultes mangent décidément moins.

Heureusement, ils mangent mieux, et ils achètent donc des produits plus chers. C’est le bio , les produits locaux issus des PME. Les circuits de distribution dits alternatifs, comme les petites épiceries ou les marchés de plein air, progressent aussi. Ainsi, le marché des produits de grande consommation a tout de même gagné 0,7 % en valeur en 2016. Mais la hausse était de 2,4 % par an au cours de la dernière décennie. Signe des temps, la consommation n’est plus une affaire de prix. En 2016, la déflation a été de 1,2 % et cela fait trois ans que les distributeurs rendent 1 milliard d’euros aux consommateurs. On gaspille donc moins, on privilégie la qualité. Les spécialistes appellent cela l’« éconologie », fille naturelle de l’économie et de l’écologie.

Philippe Bertrand

 

 

L’EXPRESS – 13/01/2017

La Poste envisage de doubler les embauches de facteurs en 2017

 

Un facteur au centre postal d’Audincourt, le 22 septembre 2014.

Dans le cadre des négociations sur les conditions de travail, La Poste propose d’embaucher 1500 facteurs de plus en CDI en 2017.

3000 nouveaux facteurs embauchés en CDI en 2017? La direction de La Poste a proposé jeudi, au dernier jour de négociations portant sur les conditions de travail des facteurs, de doubler le nombre d’embauches prévues cette année, indiquent des sources syndicales.

L’information a été dévoilée à la presse par SUD-PTT et confirmée par les autres syndicats participant aux séance de négociations sur le métier de facteur.

« Un chiffre homéopathique »

« C’est pas mal, mais il faut voir d’où on part », a réagi Eddy Talbot pour SUD-PTT, deuxième syndicat dans la branche courrier. « A la distribution, on n’a même plus de marge de manoeuvre, donc 3000 c’est un chiffre homéopathique », selon lui.

Confrontée à une baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015), la Poste a réorganisé ses services et réduit sensiblement les effectifs (3000 à 5000 postes en moins par an, rien que pour les facteurs, depuis 2005), ce qui a gravement dégradé les conditions de travail, selon les syndicats.

Souffrance au travail

C’est dans ce contexte qu’a débuté fin octobre le cycle de négociations après que plusieurs cas de souffrance au travail, dont des suicides, ont été médiatisés.

« La Poste occulte la crise sociale, qui va continuer. Il n’est même pas fait mention des risques psycho-sociaux » dans le dernier projet d’accord, déplore Pascal Panozzo, également de SUD-PTT.

Outre la question de l’emploi, les négociations ont concerné la gestion du temps de travail des 70 000 facteurs, les rythmes et charges de travail, les remplacements et, plus généralement, l’amélioration des conditions de travail.

 

LE FIGARO – 13/01/2017

EDF en état d’alerte avant la vague de froid

Face à la baisse attendue des températures, le réseau sera très exposé. Les différents acteurs sont mobilisés.

Le scénario tant redouté risque-t-il se produire? À la fin de 2016, alors qu’une vingtaine de réacteurs nucléaires d’EDF étaient à l’arrêt – pour des opérations de maintenance ou des tests de résistance -, l’approvisionnement électrique semblait menacé en cas de grand froid. En début de semaine prochaine, les températures se situeront à 3° en moyenne en dessous des normales saisonnières, puis entre 6° et 8° pour les jours suivants. Et sept réacteurs ne sont toujours pas raccordés au réseau alors même que des pics de consommation à plus de 90.000 mégawatts (MW) sont probables.

EDF estime que, au stade actuel, le parc des centrales est disponible à hauteur de 87 %, soit juste en dessous de la barre des 90 % qui est la norme à cette époque de l’année. Le groupe précise que deux réacteurs s’apprêtent à rentrer en service: Bugey 4 (Ain) et Tricastin 4 (Drôme). En revanche, deux unités – Civaux 1 (Vienne) et Tricastin 2 – devront s’interrompre pour des arrêts courts – trois semaines environ – dans le cadre des essais demandés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour tester certains équipements.

En attendant, les pouvoirs publics se montrent très vigilants sur la capacité électrique du pays à faire face à la vague de froid. Ce vendredi au ministère de l’Énergie, tous les acteurs du système (EDF, RTE, Enedis, l’Ademe…) se réunissent pour coordonner les messages d’incitation pour que les Français réduisent leur consommation d’énergie en raison de la chute des températures. Les capacités d’importations – de l’ordre de 12.000 MW – ne peuvent pas tout résoudre pour un pays comme la France, hautement thermosensible: un degré en dessous des normales saisonnières entraîne une consommation supplémentaire de 2400 MW, soit l’équivalent de la consommation de Lyon et Marseille réunies.

Délestages ciblés

Les dispositifs pour freiner la consommation d’énergie de la population et des entreprises sont plus ou moins arrêtés. Réseau de transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF en charge des lignes haute et très haute tensions, a prévu une série d’actions graduées. L’opérateur peut interrompre l’alimentation de 21 sites industriels de grande envergure, puis baisser de 5 % la tension des réseaux de distribution (comme celui d’Enedis) et, enfin, si la situation l’exige vraiment, procéder à des délestages ciblés – c’est-à-dire des coupures de courant momentanées dans un certain nombre de zones. Enfin, RTE a inauguré en décembre la nouvelle version d’Eco2Mix, son application sur téléphone mobile destinée notamment à sensibiliser professionnels et particuliers: les alertes par SMS d’Eco2Mix appelleront à réduire la consommation électrique par une série de gestes simples comme la réduction de la luminosité des écrans d’ordinateurs.

Quels que soient, ou pas, les températures de la semaine prochaine, la vague de froid contribuera à faire resurgir les débats autour de l’efficacité d’un «mix» énergétique diversifié. «Au risque d’être provocant, on se doit de dire qu’en cette période hivernale la production des éoliennes est quasi nulle et celle des installations solaires pas beaucoup plus élevée, souligne un spécialiste du secteur. La volonté de verdir le parc de production électrique français est sûrement respectable mais notons immédiatement ses limites: au moment où la France a le plus besoin d’électricité, elle reste tributaire de ses équipements énergétiques traditionnels.»

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE PARISEN – 13/01/2017

Primaire à gauche : ce qu’il faut retenir du premier débat

Pendant un peu plus de deux heures, les sept candidats du scrutin des 22 et 29 janvier ont débattu sur leur projet économique, sur la lutte contre le terrorisme ou encore sur la laïcité. Petit résumé de la soirée. 

Pour ce premier débat, les sept candidats étaient plutôt dans la retenue et il n’y a pas eu de coup d’éclat. Le revenu universel et la loi Travail ont permis de montrer des différences nettes entre Benoît Hamon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon notamment.

Le revenu universel de Hamon au coeur du débat

Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont attaqué la mesure phare du programme de Benoît Hamon. Ce dernier peut au moins se féliciter que sa proposition ait été au centre du débat. « Le travail se transforme, se raréfie, explique l’ancien ministre dès son introduction. Les vieilles recettes ne marchent pas aujourd’hui elles ne marcheront pas demain ».

Manuel Valls, comme il l’avait déjà fait en ce début de semaine, dénonce cette mesure en craignant de voir se développer «une société d’assistés et du farniente». L’ancien Premier ministre, comme Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, plaide pour «une société du travail».

Valls défend la loi Travail que ses adversaires veulent abroger

Alors qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon promettent d’abroger la loi El Khomri s’ils sont élus, Manuel Valls s’agace. «J’entends évoquer l’idée même d’abrogation, ici parmi les candidats. Nous voulons abroger quoi? La négociation dans l’entreprise, soutenue par les syndicats réformistes? Le compte personnel d’activité qui se met en oeuvre? Le compte pénibilité, parce qu’il y a des salariés qui travaillent dur et qui vont devoir partir plus tôt à la retraite? La garantie jeune qui concerne d’abord les jeunes précaires?», a lancé l’ancien Premier ministre. «Alors on pourrait refaire le débat sur la loi travail, sur les explications ratées, je les ai bien sûr assumées. Mais cette loi, à travers les exemples que je viens de prendre est, j’en suis convaincu, une avancée», a-t-il poursuivi.

Un peu plus tôt, Benoît Hamon a assuré qu’il y a «des dispositions dans la loi El Khomri qui facilitent le licenciement, et qui vont fragiliser les salariés au moment où ils cherchent à préserver leur emploi». En exemple, il a cité le plan social en préparation à la Voix du Nord. Des propos qu’a aussitôt dénoncé la ministre Myriam El Khomri sur twitter.

Tous pour les assassinats ciblés de djihadistes, mais contre les «bavardages» de Hollande

Devinant la gravité du sujet, la journaliste a réclamé un réponse brève : « oui ou un non », les candidats seraient-ils prêts à ordonner des exécutions extra-judiciaires ciblées de djihadistes ? Tous ont opiné du chef, mais sans pouvoir s’empêcher de développer. « S’il faut prendre ce genre de responsabilités, j’y suis prêt bien entendu, dans l’intérêt supérieur de la France », a insisté Arnaud Montebourg. Comme Manuel Valls, qui en tant que premier ministre, a pu seconder le chef de l’Etat dans ces prises de décisions difficiles : « Nous sommes en guerre, il faut protéger les Français », a-t-il martelé martial.

Mais si l’ensemble des participants au débat jeudi soir ont conforté ce pouvoir d’exécution du chef de l’Etat, ils ont avec la même unanimité critiqué la « légèreté » avec laquelle il a divulgué ces informations à des journalistes. « Je ne crois pas que ce soit le bavardage sur ces secrets d’Etat qui donne la dimension d’un homme d’Etat, a par exemple taclé Vincent Peillon. Il y a peut-être parfois des responsabilités à prendre pour protéger ceux qu’on aime (…) mais en faire étalage c’est indécent, et en faire un sujet journalistique ça ne vaut pas mieux. » Manuel Valls lui a répété ce qu’il avait déjà dit au Parisien samedi dernier : «ce qui doit être fait doit être fait, ce qui doit rester secret doit rester secret».

Bennahmias sur sa planète

Particulièrement décontracté, le seul sans cravate, Jean-Luc Bennahmias a interpellé ses adversaires à coup de «Benoît», «Manuel» ou «Sylvia» dans un discours parfois décousu. Entraînant les sourires, gênés ou figés, de ses concurrents.

«Vous président, avez-vous une mesure pour lutter contre le terrorisme?», l’a interrogé Elisabeth Martichoux de RTL. «Vous président ?», insiste-t-elle. «J’y pense tous les jours…», plaisante l’intéressé, moqué toute la soirée sur Twitter. Quelques minutes auparavant, il a paru découvrir dans la bouche de cette même journaliste sa proposition de constituer un corps de vigiles privés… qui figure bien sur son site internet.

Il tente même de faire de l’humour lorsqu’il évoque l’architecte Castro. Manuel Valls précise qu’il s’agit de Roland et non de Fidel. L’ancien Vert répond qu’il n’évoque pas Ségolène Royal, en référence aux propos polémiques de la ministre lors des obsèques du Cubain; déclenchant le fou rire de Manuel Valls. «Pardon c’est de l’humour. Très mauvais, je sais», ajoute-t-il devant la mine gênée de ses concurrents.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/primaires/primaire-a-gauche-ce-qu-il-faut-retenir-du-premier-debat-13-01-2017-6560322.php

 

Rosalie Lucas et Charles Sapin

 

 

L’EXPRESS – 13/01/2017

Primaire à gauche: comment les candidats se sont démarqués

 

À l’occasion d’un premier débat étrangement atone, les sept candidats ont chacun fait valoir leur brevet de gauche.

Les sept candidats à la primaire organisée par le Parti socialiste ont débattu ce jeudi soir pour la première fois. Si aucun débordement n’est à déplorer, chacun a tenté de tirer son épingle du jeu. Voici comment.

La primaire à gauche vient réellement de débuter. Les sept candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle ont débattu ce jeudi soir pour la première fois. Un événement qui n’a débouché sur aucun accrochage direct mais n’a pas empêché, malgré tout, chacun des candidats à chercher à tirer son épingle du jeu. En misant sur des stratégies attendues, mais très diverses.

Manuel Valls l’expérimenté

L’ancien Premier ministre était attendu au tournant. La difficulté, pour lui, était d’être en mesure d’incarner un projet nouveau tout en assumant un minimum le bilan du quinquennat Hollande. Pour y parvenir, il a concédé certains regrets, bien calculés. Comme la hausse des impôts du début de quinquennat, utiles pour redresser les finances publiques, mais largement rejetées par les Français. Manuel Valls n’a pas manqué de rappeler qu’il était alors en poste au ministère de l’Intérieur et qu’il s’agit davantage du bilan de Jean-Marc Ayrault.

Au-delà de ce sujet, Valls a insisté sur son expérience. Il cherche à prendre de la hauteur face à ces concurrent. « Ici je n’ai pas d’adversaire », lance-t-il d’emblée. Attaqué sur le fond sur les sujets économiques, en particulier la Loi Travail, Manuel Valls a pu se refaire une santé sur la lutte contre le terrorisme. Son travail a même été salué par la plupart de ses adversaires.

La rupture Hamon

Pour Benoît Hamon, l’enjeu était clair: donner le sentiment que son projet était le plus travaillé, le plus concret et, surtout, le plus en phase avec l’électorat de gauche du XXIe siècle. De ce point de vue-là, les choses n’auront probablement pas évolué d’un iota entre le début et la fin du débat. Confrontant Manuel Valls sur la loi El Khomri tout en restant modéré dans ses attaques, l’ancien ministre de l’Education s’est montré le plus efficace lorsqu’il a traité le sujet plus global du travail et de son avenir. Robotisation, revenu universel, nouvelle fiscalité sur le patrimoine… Tout en soulignant sa proximité avec l’aile gauche du PS, Benoît Hamon s’est affiché comme un candidat qui se projette davantage vers l’avenir, ouvrant son propos, en début de débat, en dissertant sur l’ubérisation de l’économie et les enjeux environnementaux.

Peillon le professeur

Le discours de Vincent Peillon a quelque peu varié par rapport au début de sa campagne. S’il a continué à plaider pour le rassemblement, l’ancien ministre de l’éducation a surtout endossé son costume de professeur, n’hésitant pas à reprendre de volée ses rivaux. En particulier sur le sérieux de leurs propositions économiques. Avec ses 16 milliards d’euros de dépenses prévues pour son quinquennat, il prend ses distances avec la rupture de Hamon et ses 300 milliards d’euros.

Vincent Peillon n’hésite pas à explique son approche « philosophique » d’un problème et cite régulièrement les exemples historiques de défaites, victoires ou tournants dans la vie politique. Son objectif: être ontologiquement de gauche.

Souvent présenté comme l’héritier autodéclaré de François Hollande, Vincent Peillon n’a pas hésité à prendre ses distances ce jeudi soir. Il retient une « incompréhension » des Français sur la politique conduite. Autre exemple, sur les exécutions ciblées. « En faire étalage est indécent », estime-t-il, rappelant plus ou moins discrètement que le président de la République s’est confié à ce sujet aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme.

Montebourg, la gauche volontaire

Arnaud Montebourg veut repositionner le curseur de la gauche… plus à gauche. Pour y parvenir, il a critiqué d’emblée l’action du gouvernement, évoquant un bilan « difficile à défendre », soulignant plusieurs fois la nécessité de faire preuve de « volonté », une vision qu’il portait déjà haut lors de son passage au ministère du Redressement productif. Il a ensuite repris de vieilles recettes de la gauche: accepter de laisser filer dans un premier temps les déficits, lui ne voyant pas dans le critère des 3% un « objectif politique ». Il a défendu une politique productiviste, promet la France du Travail, en augmentant les « petits salaires et les petites retraites ».

Bennahmias, l’original

Jean-Luc Bennahmias est l’un des inconnus de la primaire. Il a misé sur l’originalité. Sur la forme, tout d’abord, puisqu’il était le seul homme sans cravate ce soir. Il n’a pas non plus hésité à rire de lui-même. Sur le fond, c’était autre chose. Ex-écolo, ex-Modem et fondateur du Front démocrate, le candidat n’a pas toujours semblé très à l’aise avec son programme, loin de là. « Oui j’ai un programme », a-t-il fini par se justifier tout en s’agaçant que les journalistes citent des éléments pourtant glanés sur le site du candidat. Très loin de la politique internationale conduite sous le quinquennat de Manuel Valls, Jean-Luc Bennahmias a notamment appelé à des discussions plus poussées avec Poutine.

Sylvia Pinel l’enracinée

Sur la forme, Sylvia Pinel était probablement la candidate la moins rompue à l’exercice du grand débat télévisé. Sur le fond, la présidente du Parti radical de gauche (PRG) s’est avérée être, avec Manuel Valls et Jean-Luc Bennahmias, la plus fervente laudatrice du quinquennat qui s’achève.

Compensant ses carences programmatiques par une forme de proximité avec la vie concrète des entreprises et des citoyens (une des marques de la formation qu’elle dirige), l’ancienne ministre du Logement n’a malgré tout pas brillé par sa force de proposition. Son « fait d’arme »: d’avoir critiqué ses concurrents pour leur vision « très caricaturale » de l’entreprise. « On est encore dans une lutte des classes entre patrons et employés », a-t-elle fustigé, mettant en lumière, avant tout, la matrice sociale-démocrate du PRG.

François De Rugy, l’écolo-réaliste

Comme son lointain cousin écologiste Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy n’avait pas grand chose à perdre dans ce débat. Mais son parti-pris était tout autre, misant sur la mesure là où Bennahmias a plusieurs fois opté pour l’exubérance.

Mettant en avant d’entrée de jeu ses « 66 propositions », le président du Parti écologiste s’est exprimé longuement sur les « déserts médicaux » et les salaires. « Je propose (…) la hausse du salaire net », a-t-il fait valoir, à travers une suppression des cotisations des entreprises destinées à la branche famille de la Sécurité sociale. Une proposition qui ressemble, dans ses éléments de langage, à celles de François Fillon.

Il a par ailleurs exprimé son opposition au revenu de base. « Comme si la gauche n’avait que le revenu de base pour résoudre le chômage », s’est-il agacé, avant d’ajouter que sa perspective, « ce n’est pas un revenu de base où on donnerait 500 euros aux Français en leur disant ‘débrouillez-vous' ».

 

LE MONDE – 13/01/2017

Anne Hidalgo : « Hollande, Macron et Valls sont responsables de l’immense gâchis »

La maire de Paris refuse de dire si elle soutiendra le candidat désigné par la primaire si son champion, Vincent Peillon, échoue.

Un mois après avoir déclaré son soutien à Vincent Peillon pour la primaire à gauche, la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, défend, dans un entretien au Monde, son candidat, dont la campagne peine à décoller. M. Peillon est le seul, selon elle, qui peut permettre à la gauche d’être présente au second tour de la présidentielle. Elle lâche ses coups contre le président de la République, son ancien premier ministre Manuel Valls et son ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron.

Quel regard portez-vous sur le processus de primaire de la gauche ?

Anne Hidalgo : Son calendrier avait été préparé pour François Hollande. C’est une élection qui arrive tard, avec peu de moyens, mais elle a le mérite d’exister. La droite a fait une primaire très réussie. C’est important que, de notre côté, il y ait aussi un débat très ouvert, avec les différentes sensibilités de la gauche.

Vous soutenez Vincent Peillon, dont la campagne ne semble pas décoller. Regrettez-vous votre choix ?

Je suis heureuse de le soutenir. Il y avait un manque dans cette primaire, avant sa candidature. Il n’y avait pas l’expression de la social-démocratie qu’il incarne et dans laquelle je me reconnais. De plus, Vincent élève le débat. Ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui a une pensée du temps long, de notre histoire, qui ne dit pas qu’avant ou après lui, il n’y a rien.

Que répondez-vous à ceux qui vous soupçonnent de soutenir M. Peillon juste pour affaiblir M. Valls ?

Je récuse cette analyse. Je respecte Manuel Valls, nous avons l’habitude d’explications franches, mais il n’incarne pas ma vision de l’engagement politique. Il n’est pas social-démocrate. Ce n’est ni sa pratique ni sa pensée. Il a même théorisé les gauches irréconciliables. Selon moi, il y a trois personnes responsables de l’immense gâchis du quinquennat qui se termine : François Hollande, qui a décidé de la politique à conduire, Emmanuel Macron, qui a été son conseiller et l’inspirateur d’une pensée qui a très largement fracturé la gauche, et Manuel Valls. Ce dernier a porté une vision autoritaire allant jusqu’à soutenir, avec le président de la République, la déchéance de nationalité. Ce n’est pas possible pour moi. Je n’aurais pas pu soutenir un autre candidat que Vincent Peillon.

Le PS a-t-il d’ores et déjà perdu la présidentielle de 2017 ?

Seul le positionnement de Vincent Peillon peut permettre à la gauche d’être au second tour. Il vient occuper un espace que d’autres se sont évertués à détruire. Il peut réconcilier les différentes familles de pensée, en amenant l’ensemble de la gauche à dialoguer. Le choix de François Fillon m’inquiète beaucoup. Il porte, avec une radicalité conservatrice, un projet de société en faveur d’une minorité de Français. La primaire de la droite terminée, il refuse de s’ouvrir à un centre plus modéré. Sa redéfinition du pacte social, la dureté de ses propos et son conservatisme ouvrent un espace pour un positionnement social-démocrate qui pourrait l’emporter.

Vincent Peillon n’incarne-t-il pas, comme François Hollande, une forme de synthèse qui a mené la gauche dans l’impasse ?

L’art de la synthèse de François Hollande consistait à étouffer les conflits et à trouver des voies de sortie qui ne nommaient pas les problèmes. Vincent Peillon a au contraire la volonté de se situer à un point d’équilibre, pour montrer ce que le Parti socialiste peut apporter à la démocratie. Je ne crois pas à l’homme providentiel, qui explique qu’il va vous sauver, qu’il a tout compris, qu’il va tout décider. Cela me fait même peur. Je crois au collectif, aux gens qui s’inscrivent dans une histoire.

Vous parlez d’Emmanuel Macron ?

Notamment. J’ai pratiqué cet homme comme conseiller de François Hollande puis comme ministre. Il est l’incarnation de la reproduction sociale des élites. Il porte une vision très autocentrée, jacobine, colbertiste. Je n’ai perçu dans son travail quotidien ni une modernité qui m’aurait éblouie, ni un rapport à la démocratie qui me donnerait confiance. Mais j’imagine qu’il doit servir les intérêts de beaucoup de gens pour faire autant la « une » des journaux et pour avoir été à ce point porté comme la figure imposée d’une modernité. Le réveil risque d’être difficile pour ceux qui y croient !

Sur quels thèmes Vincent Peillon peut-il se démarquer ?

Il a une vision très européenne. J’aime son approche sur cette question. Arrêtons de nous raconter des histoires : pendant des années, la France a obtenu de Bruxelles de ne pas être sanctionnée sur l’orthodoxie budgétaire en contrepartie de soi-disant réformes structurelles, qui sont les Graal des néoconservateurs libéraux à la tête de l’Europe. Il faut sortir de cette logique-là, avec un New Deal : il nous faut relancer la dynamique européenne économique et sociale, avec un programme d’investissements massifs de 1 000 milliards d’euros. La contrepartie de cet engagement serait que chaque pays fasse preuve de sérieux dans sa gestion budgétaire et d’une vigilance accrue en matière d’endettement.

En cas d’élimination du candidat PS au premier tour, la social-démocratie est-elle menacée de disparition ?

Il y a eu beaucoup d’amalgames et d’inculture de la part de ceux qui ont été les chefs de file de ce quinquennat. Ils nous ont conduits à un état de confusion absolue. Je leur en veux pour cela. Je suis triste face à cet énorme gâchis. Nous n’étions pas obligés de nous infliger ça. Je leur ai dit à chaque étape : ils auraient pu faire autrement. Il y a un an, il était encore temps de réagir. Si on avait nommé quelqu’un comme Bernard Cazeneuve à l’époque à Matignon, nous ne serions pas dans la même situation. Mais je ne pense pas que la social-démocratie écologiste disparaîtra. Il y a la place pour cette offre politique, qui défend la décentralisation et la place de la société civile.

Vous défendez, dans un courrier adressé aux candidats à la primaire, un grand plan pour les villes. Pourquoi ?

Je propose d’apporter 40 milliards d’euros par an aux territoires périurbains, pour réduire les inégalités, soit l’équivalent de ce qui a été donné sans contrepartie aux entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité. Le CICE est un échec : chaque emploi sauvegardé ou créé dans ce cadre a coûté près de 260 000 euros au contribuable ! Si cet argent avait été investi dans les quartiers en difficulté, nous aurions créé plus d’emplois, d’énergie et de confiance dans l’avenir.

Benoît Hamon est celui qui porte le plus le thème de l’écologie dans la primaire, que vous érigez également en priorité. Pourquoi ne pas le soutenir ?

Benoît Hamon est quelqu’un que j’aime beaucoup. J’apprécie le courage avec lequel il a entrepris de relever le défi climatique. Mais il a un positionnement politique qui n’est pas le mien. Je n’ai jamais été à la gauche du parti.

Ce thème de l’écologie est-il suffisamment présent dans les débats de la primaire ?

Il a été totalement absent de la primaire de la droite. Je pense qu’il sera beaucoup plus abordé dans les débats à venir de la primaire de la gauche. Quand Vincent Peillon prône « un New Deal européen », il s’agit notamment d’investissements qui vont permettre d’accélérer la transition énergétique.

Il ne va pas jusqu’à proposer de sortir les dépenses environnementales de la dette publique, comme vous le faites.

J’avais fait cette proposition à François Hollande au moment de la COP21. Si nous déduisions du calcul de notre déficit public la dépense militaire, qui ne sert pas uniquement à la France mais aussi à l’Europe, et celle liée à la transition énergétique, ce déficit serait de l’ordre de 1,5 %. Ce ne serait pas une opération de passe-passe. Cette dépense pour la transition énergétique ne crée pas de la dette pour les générations à venir, mais au contraire un héritage positif. Vincent Peillon n’a pas formulé cette proposition, mais elle s’inscrit tout à fait dans sa stratégie pour la France et pour l’Europe.

Est-ce que vous soutiendrez le gagnant de la primaire, quel qu’il soit ?

Je ne me sens redevable de personne, je n’ai jamais été dans des écuries et j’ai ma liberté. J’espère avant toute chose que Vincent gagnera.

Nicolas Chapuis et Béatrice Jérôme

 

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 13/01/2017

Entreprises : la France à la reconquête de l’Afrique

Les patrons tricolores redécouvrent le continent noir, investi depuis une décennie par les pays émergents. En témoigne l’importante délégation, à Bamako, pour le sommet Afrique-France.

Pierre Gattaz le reconnaît volontiers : « Je ne connais pas très bien l’Afrique. » Aux commandes de Radiall, sa société spécialisée dans les composants électroniques, le chef d’entreprise ne s’est guère frotté au continent noir. Mais comme patron des patrons, le président du Medef s’en est fait une cause. Une mission, même, qu’il défend avec des accents passionnés et parfois presque un peu… désespérés.

« Les Africains que j’ai rencontrés ces trois dernières années disent : “On ne vous voit plus. Vous les Français, vous avez déserté l’Afrique”, se désole M. Gattaz. Ne loupons pas le réveil africain ! C’est un continent formidable, énorme, qui a besoin de tout et nous attend ! » Dont acte. Alors que se tient à Bamako, au Mali, vendredi 13 et samedi 14 janvier, la 27e édition d’un sommet très politique des chefs d’Etat Afrique-France, l’organisation patronale affiche son ambition d’en faire aussi un événement économique.

Le Medef emmène une soixantaine d’entreprises tricolores, dont des grands groupes comme Veolia ou Thales, mais également des PME (Vergnet…) et des start-up, pour un raout centré « business ». Un forum qui prolonge les initiatives tous azimuts lancées ces derniers mois par un Medef en mode « reconquête » : conférences, rencontres entrepreneuriales, tournées en grande pompe sur des terrains soigneusement choisis…

En avril 2016, une délégation monstre de 150 chefs d’entreprises français se rendait ainsi en Côte d’Ivoire, nouvelle championne de la croissance africaine. Six mois plus tôt, c’est le Nigeria qu’élisait Pierre Gattaz pour son premier voyage au sud du Sahara. Un géant de 186 millions d’habitants, première économie du continent, où la France ne détenait, en 2015, que 3,3 % de parts de marché.

Au Nigeria anglophone, cette présence commerciale modeste ne surprend pas tellement. Mais le constat général est peu réjouissant : dans toute l’Afrique subsaharienne, l’Hexagone a perdu du terrain. En dix ans, ses parts de marché ont été divisées par deux, passant de 7 % en 2005 à 4 % en 2015. Même avec les pays de la zone franc, la France a perdu sa place de premier fournisseur dès 2008, relevait le Trésor dans une note d’avril 2016.

Frilosité des entreprises françaises

Les spécialistes du continent nuancent la réalité des chiffres. « Les statistiques douanières traduisent imparfaitement la présence de la France en Afrique, qui ne se manifeste pas seulement par des exportations, mais aussi par des implantations sur le terrain », souligne Etienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique. Cet ancien de Bolloré cite l’exemple du groupe qui, depuis 2000, a gagné la gestion de quatorze ports sur le continent.

Il n’empêche. « Sur un marché qui a crû beaucoup, la proportion de la France a baissé, c’est indéniable, reconnaît M. Giros. Pendant un temps, les entreprises françaises ont sans doute un peu minimisé les opportunités et surévalué les risques. » Frileuses, les sociétés hexagonales se sont fait tailler des croupières par les pays émergents. La Chine bien sûr, dont la part de marché a bondi de 8 % à 22 % en une décennie, mais également la Turquie, la Corée du Sud, le Brésil, la Malaisie…

« Désamour » français pour le continent ? C’est ce qu’a ressenti Alain Taïeb, observateur privilégié, à travers sa société Mobilitas, spécialiste du déménagement international et présente dans les 54 pays africains. « Les élections truquées, les guerres, les maladies, le racket fiscal : longtemps on n’a parlé que de ça au lieu de regarder tout ce qui bougeait, regrette le président du conseil de surveillance de cette entreprise de taille intermédiaire, fondée par ses parents. Dans les groupes, les mutations nobles, c’était l’Asie, jamais l’Afrique. » Pourtant, se réjouit-il, les choses changent aujourd’hui : « Cela aurait dû se passer il y a dix ou vingt ans, mais enfin, ça y est, tout le monde se met à chanter la chanson de l’Afrique. »

Sujet désormais « prioritaire »

Au diapason du Medef, le milieu des affaires français se pique du continent. De séminaires en colloques, on se repasse les statistiques comme autant de promesses de création de valeur : essor d’une classe moyenne émergente estimée entre 150 millions et 300 millions de consommateurs ; urbanisation accélérée à un rythme de 4 % par an, selon l’agence ONU-Habitat ; explosion du marché du mobile, et avec lui de l’e-commerce…

La conjoncture connaît certes un gros trou d’air, dans le sillage de la chute des prix du pétrole. Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne a vu son produit intérieur brut progresser de 1,5 % en 2016, soit sa plus mauvaise performance en plus de vingt ans. Mais des pays comme le Rwanda, l’Ethiopie, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire affichent toujours des taux de croissance supérieurs à 6 %. Et l’Afrique reste un continent à équiper, dans les infrastructures de transport, le traitement des eaux et des déchets, l’électricité, la distribution ou encore l’industrie agroalimentaire.

« C’est une bonne nouvelle pour la France qui, en plus de ses atouts historiques, dispose de fortes positions dans ces secteurs », estime Jean-Michel Severino, ex-directeur de l’Agence française de développement, aujourd’hui à la tête d’Investisseurs et Partenaires, un fonds d’investissement pour les PME africaines. D’ailleurs, on le voit : dans la plupart des groupes français, le sujet africain est devenu prioritaire. »

Selon un rapport publié fin 2015 par le cabinet BearingPoint, les entreprises françaises s’attendent à ce que la part de leur chiffre d’affaires réalisé en Afrique augmente de 75 % en dix ans. Témoin, Danone, qui a créé en 2015 une direction Afrique, un marché où il ne cesse de se développer, notamment au Ghana, au Kenya, au Togo. Les enseignes de distribution appuient aussi sur l’accélérateur, à l’image de Carrefour, qui ouvre des hypermarchés en Côte d’Ivoire ou au Kenya. Pour mieux prendre le pouls du continent, L’Oréal a transféré mi-2016 des Etats-Unis à Johannesburg, en Afrique du Sud, son centre de recherche sur les cheveux africains et les peaux noires.

« Retournement » de situation

Dans les services financiers, Axa multiplie les acquisitions et les prises de participation. L’an dernier, le groupe a investi 75 millions d’euros pour s’offrir 8 % de Jumia, numéro un de l’e-commerce africain, via lequel il compte distribuer ses produits d’assurance. Déjà massivement engagé, Orange clame que l’Afrique est devenue son premier axe de développement à l’international. Outre les rachats d’opérateurs locaux, il s’est imposé sur le segment du paiement mobile, avec son service Orange Money.

En quatre ans, Business France est passé d’un seul bureau compétent, à Johannesburg, à un réseau de huit entités couvrant toute l’Afrique subsaharienne

La trajectoire de la start-up française Afrimarket symbolise également cet engouement. Cette plateforme d’e-commerce à destination de six pays d’Afrique francophone a déjà levé 13 millions d’euros, dont 10 millions en septembre. Son tour de table, essentiellement tricolore, compte des noms comme Olivier Mathiot (cofondateur de PriceMinister), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee.com), ou encore Xavier Niel (patron de Free et actionnaire, à titre individuel, du Monde).

Pourtant, il y a trois ans, une première tournée auprès d’investisseurs avait quasiment fait chou blanc. « On nous répondait : l’Afrique, on ne connaît pas, on n’y va pas, raconte Rania Belkahia, cofondatrice d’Afrimarket. Depuis, c’est le retournement. Même le Quai d’Orsay nous a invités pour parler consommation africaine ! »

« La charge de la preuve a changé, note l’investisseur franco-béninois Lionel Zinsou. Avant, les boîtes disaient : “Expliquez-moi pourquoi il faut aller en Afrique ? Maintenant, si vous n’y êtes pas, on se demande pourquoi. » Le patron du fonds PAI Partners préside aujourd’hui AfricaFrance, une fondation créée en 2013 sous l’impulsion de l’Elysée pour resserrer les liens économiques avec le continent. Un signe parmi d’autres d’une volonté de sursaut au niveau de l’Etat.

« Nœud d’enjeux »

« Dans l’administration, le poids des affaires africaines – la Françafrique, le traumatisme rwandais – avait entraîné une posture de retrait, analyse M. Severino. Il y a eu une prise de conscience qu’il fallait remobiliser l’appareil public, car il y a là un nœud d’enjeux tous liés : commercial, sécuritaire, politique, migratoire. »

L’Afrique s’est retrouvée au premier plan de la diplomatie économique instaurée par Laurent Fabius quand il était au Quai d’Orsay, entre 2012 et 2016. Un exemple ? En quatre ans, Business France, l’agence chargée de promouvoir l’Hexagone à l’international, est passé d’un seul bureau compétent, à Johannesburg, à un réseau de huit entités couvrant toute l’Afrique subsaharienne.

Pour autant, gare à l’aventurisme ! Tous les connaisseurs soulignent que le continent noir peut être un relais de croissance à condition de bien s’y préparer. « Il est vital de connaître le terrain et ne pas imaginer que, en quelques mois seulement, on va faire beaucoup d’argent », insiste Jérôme Douat, patron de Vergnet, une PME spécialiste des énergies renouvelables, qui réalise près de 50 % de son chiffre d’affaires en Afrique. « C’est un marché d’avenir, résume-t-il, mais pour y travailler, il faut des reins solides. »

Marie de Vergès

 

 

LE FIGARO – 13/01/2017

Migrants, Brexit, élections : l’Europe sous tension en 2017

INFOGRAPHIE – Malte a pris la barre de la galère européenne jusqu’à l’été pour une présidence qui s’annonce bien chahutée.

Petit pays, gros défis. Nul ne sait quelles secousses l’année 2017 garde en réserve, mais c’est à un minuscule archipel, posé plus près de l’Afrique que du Vieux Continent, que revient la mission d’épauler l’UE dans sa neuvième année d’une déprime tous azimuts. «Nous sommes sans illusion de grandeur, dit le premier ministre maltais Joseph Muscat. L’urgence est d’écouter les questions qui taraudent les Européens et d’y apporter des réponses, avant que les extrémistes ne s’en emparent.»

Malte pèse moins de 0,1 % des habitants de l’Union, mais ce n’est peut-être pas un mauvais choix pour prendre la barre de la galère européenne jusqu’à l’été, pour six mois d’une présidence «tournante» qui s’annonce chahutée. Les écueils se resserrent: l’investiture de Donald Trump d’ici à quelques jours, l’engagement du divorce britannique en mars, l’encombrant voisinage de Vladimir Poutine, des scrutins cruciaux en France et en Allemagne, et sans doute un troisième déferlement de migrants avec la fin de l’hiver. «Cela se profile comme la tempête du siècle mais ici, au milieu de la Méditerranée, nous avons l’habitude», lâche, à La Valette, un pilier de la présidence maltaise.

Les 450.000 insulaires gardent un regard étonnamment neuf sur une Union qui se déclare fatiguée. Ils sont les plus enthousiastes à la cause, à l’inverse des Européens de l’Est entrés comme eux dans l’UE en 2004. La croissance dépasse 3 %, l’emploi est en plein essor, le bâtiment explose. Perdue au milieu de la mer, l’ex-colonie britannique révère toujours «la Reine» et le Commonwealth. Mais elle s’est arrimée sans retour au grand marché. «Nous sommes sortis de notre rocher grâce à l’Europe, dit l’un d’entre eux, aujourd’hui nous pouvons mêmes devenir astronautes!»

Cet îlot de fraîcheur ne nuit pas, en lisière d’un espace politique assombri par l’obsession du déclin et de la perte d’identité. Les Maltais, placés par l’Histoire au carrefour des crises de civilisation, en ont vu bien d’autres. Et l’Europe elle-même, quoi qu’elle en dise, ne se porte pas si mal. L’activité économique, même modeste, a fini 2016 sur une note aussi robuste qu’inattendue. Le continent redémarre et le chômage baisse à peu près partout. Les déficits publics, boulets de la décennie, s’allègent franchement. Dans les 19 pays de l’euro, ils sont tombés de 6 à 1,5 % du PIB depuis 2010, sauf en France.

Le Brexit, un catalyseur

L’euro, malgré les augures, survit tant bien que mal et la Grèce en fait toujours partie. Les frontières intérieures de Schengen déjouent les pronostics et restent ouvertes. À force de noircir, c’est à peine si l’on a relevé que la catastrophe instantanée promise au Royaume-Uni depuis le vote de rupture n’y a en rien entamé l’activité. À Noël, les magasins ont fait le plein. À court terme, la victoire de Donald Trump, elle, semble avoir dopé les prévisions, y compris sur le Vieux Continent. Bref, si l’Europe ne va pas bien, l’économie, les marchés et les investissements ne se portent pas si mal.

L’avenir de l’UE paraît encore bouché, mais c’est moins un problème économique qu’une question politique: elle est mal gouvernée, ou plus précisément chaque nouvelle épreuve la trouve moins capable de formuler des solutions communes et crédibles. «La crise de confiance a commencé dès 2008, avec une réponse trop lente à l’effondrement des subprimes aux États-Unis. Trop peu, trop tard, note Louis Grech, vice-premier ministre maltais. Le Brexit n’est pas le mot de la fin, c’est un catalyseur: après avoir joué un rôle moteur pendant un demi-siècle, le projet européen semble de ne plus être capable que de produire des tensions entre capitales et des frustrations chez l’électeur.»

L’afflux d’Africains en quête de mieux-vivre risque de mettre à nouveau le continent à l’épreuve, dès le retour d’une météo calme en Méditerranée. «L’UE va tout droit vers la crise, dès le printemps, avec des débarquements sans précédent sur sa façade méridionale et, à nouveau, des noyades par milliers», prévient Joseph Muscat. La côte libyenne est à 350 km à peine de son bureau. Le «président» de l’UE s’inquiète de voir les Vingt-Huit foncer tête baissée dans une troisième année de débâcle à ses portes. L’an dernier, passant au large, plus de 181.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, un record absolu d’après Frontex.

Une crise persistante de l’exercice du pouvoir

L’Europe a colmaté l’an dernier la brèche grecque en mer Égée, avec le renfort énergique de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Mais en Libye, elle manque d’interlocuteur crédible et le premier ministre maltais s’inquiète ouvertement de voir les Russes multiplier les gesticulations navales au large de ce pays plongé dans le chaos. Il préférerait voir les marines de l’Otan et de l’UE occuper le terrain – y compris les eaux territoriales – afin de casser le business florissant des passeurs, avec l’accord de Tripoli. «Il est plus que temps de braver l’orage qui menace», insistait-il jeudi devant quelques journalistes. Le débat bruxellois sur les «quotas» nationaux de réfugiés de guerre peut bien attendre un an de plus. Il est déjà dépassé…

Les élections néerlandaises, françaises, allemandes fourniront aux Européens l’occasion d’exprimer leur mécontentement face à la paralysie de l’UE et contre la disparition des frontières.

Les élections néerlandaises, françaises, allemandes fourniront aux Européens l’occasion d’exprimer leur mécontentement face à la paralysie de l’UE et contre la disparition des frontières. Mais ni l’extrémiste Geert Wilders, ni Marine Le Pen, ni l’égérie de l’AfD Frauke Petry ne semblent pouvoir décrocher les majorités indispensables au renversement de l’ordre établi. Pour l’Europe, le danger politique principal est moins la montée du populisme et de ses idées simples qu’une crise persistante de l’exercice du pouvoir, à tous les niveaux.

Défi d’une génération, la «crise» migratoire ne peut avoir de solution plausible que collective. Pour l’heure, elle reflète surtout l’incapacité des Vingt-Huit à trouver rapidement des réponses à la hauteur, comme l’annonçaient déjà la déroute financière de 2008-2009 et ses séquelles. Le casse-tête de la dette grecque va bientôt entrer dans sa 9e année, mais à Bruxelles on murmure déjà le scénario d’un quatrième plan de sauvetage. Trop peu, trop tard. L’Europe n’en finit pas de saper sa propre crédibilité.

Jean-Jacques Mével

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Janvier 2017 : les projets de Valérie PECRESSE pour l’Ile de France

2017-09-19T13:35:41+02:00Mots-clés : , , , |

Chef de file de l’action économique depuis le 1er janvier 2017, la collectivité régionale a validé mi-décembre sa stratégie économique globale pour la période 2017/2020. Elle vise à renforcer les atouts de l’Ile-de-France et combler ses faiblesses pour devenir la 1ère région économique mondiale, avec comme mots d’ordre : attractivité, compétitivité, innovation, simplification, efficience, digitalisation…

Tout juste un an après avoir pris ses fonctions, la nouvelle majorité régionale a élaboré un plan d’actions pour les quatre années à venir aussi précis et exhaustif qu’ambitieux. Pas un pan du développement économique ne manque aux thèmes abordés par le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) novation de la loi NOTRe, adopté par le conseil régional d’Ile-de-France le 14 décembre 2016, après six mois d’une très large concertation, menée notamment par Jérôme Chartier, premier vice-président en charge de ces questions.

En effet, outre le transfert de la compétence économique aux régions, la dernière loi de décentralisation en date imposait à ces dernières l’adoption d’un outil de programmation prescriptif. Considérant « l’absence de leadership sur les sujets économiques nuisible à l’efficacité globale de l’action publique », Valérie Pécresse s’est saisi à bras le corps de ce nouveau rôle d’acteur central de l’économie.

Valérie Pécresse. © Jgp

Valérie Pécresse entend faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». © Jgp

Aussi, la présidente de la région Ile-de-France a fixé une « stratégie ambitieuse et partagée avec tous les acteurs publics (Etat, villes, intercommunalités, départements) et privés pour libérer et encourager l’exceptionnel potentiel de croissance, d’emplois et d’innovation de l’Ile-de-France afin d’en faire la première région du monde à l’horizon 2020 ».

Agir sur tous les leviers simultanément

Face à un solde migratoire négatif, l’incapacité de la région à capitaliser sur ses atouts et retenir ses talents, la chute de l’emploi industriel et un taux de chômage bloqué à 8,5 %, il convient d’agir sur tous les leviers simultanément. Pour combler ces faiblesses, les deux priorités de Valérie Pécresse sont de « redonner du souffle à l’économie francilienne », en instaurant un climat favorable aux affaires et en soutenant les entrepreneurs, et renforcer l’attractivité de l’Ile-de-France pour attirer entreprises, investisseurs et talents.

Pour les premiers, il s’agira de rendre les aides aux entreprises plus « efficaces, lisibles, faciles d’accès et homogènes sur l’ensemble du territoire régional », notamment en vue d’accroître l’internationalisation des PME franciliennes via un nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE). Mais aussi, d’alléger la fiscalité des entreprises, de simplifier les normes, d’équiper tout le territoire régional du très haut débit en 2020 et d’adapter les formations à la révolution digitale et au développement du big data.

500 000 m2 de bureaux par an d’ici à 2030

Pour attirer les entreprises et investisseurs internationaux, la stratégie du SDREII repose sur la création d’un guichet unique « Choose Paris Region » et d’une marque commune à tous les acteurs, « Paris Region ».

Valérie Pécresse, entourée de Manuel Valls, Patrick Ollier et Jean-Paul Vermès, lors de l'inauguration de "Choose Paris Region". © Jgp

Valérie Pécresse, entourée de Manuel Valls, Patrick Ollier et Jean-Paul Vermès, lors de l’inauguration de « Choose Paris Region ». © Jgp

Sa mise en œuvre sera assurée par Paris région entreprises (PRE) qui devient le référant unique pour toutes les actions de marketing, prospection et accompagnement. La démarche concerne aussi les forces vives franciliennes, tels les territoires de projet identifiés internationalement à l’instar de Paris-Quartier central des affaires, La Défense, Grand Roissy-Le Bourget, Saclay, Vallée de la Seine et ceux à fort potentiel tels Plaine-Saint-Denis, Marne-la-Vallée, Orly-Rungis, Cergy Confluence, Génopôle… dont l’animation et la promotion à l’internationale seront assurées par la Région et PRE.

Enfin, pour doper l’offre de bureaux dont le besoin de création-renouvellement est estimé à 500 000 m2 par an d’ici à 2030 et optimiser la production d’immeubles réversibles, le SRDEII désigne l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise (Orie) comme le « lieu d’analyse et d’échange » entre pouvoirs publics et professionnels permettant « d’inspirer les orientations stratégiques des grands opérateurs » publics et privés. En matière d’offre foncière, l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif) apportera sa contribution, tandis que d’autres opérateurs publics (ville de Paris, EPA, EPCI, départements) pourront intervenir en complément.

« Laboratoire de la modernisation de l’innovation publique »

Mais Valérie Pécresse veut aussi profiter de l’occasion pour faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». Cette ambition se décline dans toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du SRDEII dont les maitres mots sont la concertation et la coconstruction. Par exemple, les représentants du monde économique et les collectivités locales seront consultés pour identifier les enjeux prioritaires en Ile-de-France et les besoins en faveur de la diversité de l’économie et du développement des nouvelles formes d’économie (circulaire, sociale et solidaire). Cette concertation aboutira à une « stratégie régionale partagée » de l’économie circulaire pilotée par la Région.

De même, un travail de concertation avec les élus régionaux, les acteurs industriels et tous les partenaires concernés sera engagé au cours du 1er semestre 2017 pour déterminer les enjeux liés à l’industrie afin de fixer ensuite des pistes d’actions concrètes pour maintenir ou renforcer les activités industrielles.

Création d’une instance de suivi et d’évaluation

Cette modernisation de l’action publique vise aussi à simplifier et à renforcer l’efficacité de l’action administrative ce qui se traduira notamment par la territorialisation de l’action régionale via la définition de 24 bassins d’emploi. Sur chacun d’eux, la Région sélectionnera un guichet actif via un appel à manifestation d’intérêt, qui aura pour vocation de cibler les besoins des entreprises et les aider à bénéficier des aides adaptées. La Région désignera un référant pour chaque guichet (EPCI, agence de territoire, etc.) et coordonnera le réseau des 24 guichets.

Enfin, un système de suivi et d’évaluation permettra d’ajuster les actions en fonction de leurs résultats. Il s’opèrera par la création d’une instance dédiée, pilotée par la Région et le Ceser, dont l’une des missions sera de coordonner la mise en place d’outils partagés en s’appuyant sur le réseau de partenaires actifs (Direccte, DRIEA, Insee, Pôle emploi, etc.). Les premiers travaux dès 2017 consisteront à choisir des indicateurs de suivi, lancer des premières études et préparer les premières évaluations à mettre en place en 2018.

Les autres actions phares du SRDEII

Optimiser les outils et financements :

  • Faire monter en gamme les infrastructures de transports et les services associés, ainsi que les équipements structurants.
  • Développer l’axe Seine en mettant en cohérence les SRDEII des régions Normandie et Ile-de-France.
  • Optimiser le Contrat de plan interrégional Etat-Régions (CPIER) par un meilleur fléchage des crédits.
  • Élaborer un plan filière déchets en coordination avec le plan d’action en faveur de l’économie circulaire.
  • Recruter cinq développeurs de projets chargés d’aider la mobilisation des fonds européens par les entreprises, les pôles de compétitivité et clusters, les EPCI, les acteurs de la recherche.
  • Créer une plateforme dématérialisée de dépôt des dossiers de demande d’aide auprès de la Région, « Paris Region up ».
  • Favoriser l’accès des TPE-PME à la commande publique via un Small business act régional.

Prioriser les filières stratégiques :

  • Miser sur sept filières d’excellence ou à fort potentiel : aéronautique/spatial/défense, agriculture et agroalimentaire, automobile et mobilités, numérique, santé, tourisme, région-ville durable.
  • Redéfinir la stratégie régionale d’animation de ces filières dès 2017.
  • Créer des comités régionaux copilotés par l’Etat et la Région pour chaque filière stratégique pour optimiser l’accompagnement des entreprises.

Valoriser l’innovation :

  • Devenir un hub mondial de l’innovation au services des entreprises.
  • Soutenir le développement et la consolidation des Grands lieux intégrés d’innovation (GLII). Labelliser « Paris Region innovation » les GLII justifiant d’une notoriété à fort potentiel et d’un lien avec au moins une des filières stratégiques.
  • Mailler l’ensemble du territoire régional de lieux et d’offres de services territorialisés. Confier à la Métropole du Grand Paris sur Paris et la petite couronne, et à l’EPA Paris Saclay sur le bassin d’emploi Versailles-Saclay une mission de réflexion sur les conditions de développement d’une offre immobilière et de services en direction des entreprises innovantes.
  • Animer avec les partenaires de la Région une communauté francilienne des entreprises d’excellence.
  • Organiser tous les ans une conférence régionale sur le financement des entreprises.
  • Faire grandir les TPE-PME en Ile-de-France : 5 000 prêts croissance TPE pour un montant de 150 millions ; 1 500 entreprises bénéficiaires du dispositif TP’up et plus de 1 000 de PM’up notamment pour accompagner dans la transformation numérique et écologique.

Dynamiser l’économie des territoires ruraux et des quartiers :

  • Ouvrir 1 000 tiers lieux publics et privés d’ici à 2021 pour avoir un maillage optimum du territoire francilien ; démarche pilotée par la Région en lien avec le Collectif des tiers lieux, les EPCI et la ville de Paris, la Caisse des dépôts et les opérateurs privés.
  • Ouvrir en 2017 la plateforme de réservation des espaces disponibles « Place des tiers lieux ».
  • Mettre en œuvre d’un Pacte rural dans des domaines ciblés : commerces de proximité, services à la personne, artisanat, sylviculture, biomatériaux, transmission-reprise, déploiement du très haut débit.
  • Créer un « fonds quartiers » doté de 10 millions d’euros qui investira dans les entreprises à vocation commerciale basée dans un quartier de la politique de la ville.

Qui fait quoi ?

Les collectivités locales et leurs groupements :

  • La Région : elle élabore, pilote et anime le SRDEII ; elle est la seule compétente pour définir les aides aux entreprises.
  • Les communes et les groupements : ils fixent les aides en matière d’immobilier d’entreprise et peuvent par convention participer au financement des aides de la région.
  • Les départements : ils apportent leurs compétences, expertises et ressources en matière d’insertion professionnelle, solidarité territoriale, aménagement, tourisme, transport, politique de la ville… ; ils assurent l’animation économique locale dans le cadre des bassins d’emploi.
  • Les agences de développement économiques départementales : elles pourraient se structurer en « agences de territoires » autour d’un socle de missions (animation, ingénierie de projets…), mais leur financement reste incertain.

Les autres acteurs :

  • L’Etat : intervient en matière d’attractivité internationale, d’animation des bassins d’emploi et des filières stratégiques, d’internationalisation des entreprises, création-reprise.
  • Paris région entreprises (PRE) : elle met en œuvre de la stratégie régionale de l’attractivité en coordonnant les acteurs, en portant le déploiement de la marque Paris Region, en pilotant le processus d’installation des entreprises étrangères.
  • La CCI Paris Ile-de-France : elle accompagne au quotidien les entreprises, formule des recommandations pour dynamiser la croissance, contribue à la montée en gamme de l’appareil de formation ; elle agira avec la Région sur l’attractivité, l’internationalisation, l’innovation, la création-reprise, le développement des entreprises, la mise en réseaux.
  • La Banque publique d’investissement (BPI) : elle intervient aux côtés de la Région dans l’aide aux entreprises pour leurs premiers besoins d’investissement, soutien de la croissance des PME (3 milliards d’euros de prêts bancaires garantis via le fonds régional de garantie) et le renforcement des ETI.
  • La Caisse des dépôts : avec la région, elle agira sur l’attractivité du territoire (soutien aux projets d’aménagement structurants), le développement de grands lieux d’innovation, le soutien à la création et au développement des entreprises dont celle de l’ESS.
  • Business France : elle élabore avec la Région le nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises, assure la promotion de l’Ile-de-France et favorise notamment avec PRE l’implantation d’investissements directs étrangers.
  • Les chambres régionales et départementales de métiers et d’artisanat : elles contribuent à l’amélioration de l’appareil de formation, la création-reprise-développement des entreprises, l’internationalisation, l’immobilier et aux événements de promotion.

Revue de presse du MEDEF IDF du vendredi 6 janvier 2017

2017-06-05T10:33:16+02:00Mots-clés : , , |

:: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 06/01/2016

Île-de-France : la région réduit la voilure sur le logement social

 

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse souhaite que la métropole du Grand Paris assume sa compétence logement.

 

La région Île-de-France veut que la métropole du Grand Paris finance à sa place les logements sociaux en petite couronne francilienne. Car elle en a désormais la compétence.

La région Île-de-France va réduire ses financements au parc locatif social de 30 millions d’euros en 2017. De 70 millions d’euros en 2016, le budget logement social de la région l’Île-de-France passera en effet à seulement 40 millions d’euros cette année. Cette baisse importante est en partie due à un doublon en matière de compétence territoriale : la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, a récupéré une compétence logement ce 1er janvier 2017… que la région possède aussi.

C’est pourquoi la présidente de la région Valérie Pécresse, qui a toujours été opposée à la création de la MGP, souhaite se désengager du financement du logement social sur le périmètre de la métropole du Grand Paris, c’est-à-dire Paris et 130 communes du centre de l’agglomération francilienne. Deux exceptions à ce retrait : les logements destinés aux jeunes et aux étudiants, et les logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU).

Pas question pour la région de se substituer à la métropole

Quid tout de même de la compensation du désengagement de la région par la MGP, dont le budget total en 2016 n’était que de 65 millions d’euros et avoisinerait les 100 millions en 2017 ? Pourra-t-elle compenser l’action de la région sur son territoire ? Ce n’est, du reste, pas le problème de Valérie Pécresse. « L’État nous réduit la dotation globale de fonctionnement de 75 millions d’euros en 2017, et il redonne la compétence logement à la métropole », indique la présidente de la région.

Selon elle, la compensation du désengagement de la région dans le logement social est donc désormais le problème de l’État et de la MGP.

En matière de logement, la région s’attelle toutefois à mettre en oeuvre sa nouvelle stratégie foncière par le biais l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF), que Valérie Pécresse préside. Son but est « de libérer davantage de foncier disponible par une politique de cession de ses terrains à prix coûtant et d’accélérer la construction de nouveaux logements », indique Valérie Pécresse. La région indique que 23 sites sont d’ores et déjà mobilisables et sont à même de permettre la construction de près de 1.300 logements.

Pour en finir avec les ghettos ?

Mais pour justifier ses investissements dans le logement, la région élargit en fait le spectre à la politique de la ville. Ainsi elle compte engager, d’ici à 2021, 2 milliards d’euros en faveur du logement et de la politique de la ville « pour en finir avec les ghettos ». La région consacrera notamment 250 millions d’euros dans le cadre du NPNRU, qui concernera 102 quartiers en Île-de-France dont 43 sont d’intérêt régional. Et plutôt que d’axer tout sur le logement, la région investira dans ces quartiers autour de trois priorités : « la sécurité, le développement des services et commerces de proximité et de pied d’immeuble, et les équipements pour l’enfance et la jeunesse (crèches, équipements sportifs et périscolaires, etc.) ».

Pour lutter contre les ghettos et désenclaver des quartiers, la région compte également investir dans les transports. Ainsi, d’ici la fin du mandat engagé, « ce sont 86 millions d’euros qui seront consacrés au débranchement T4 à Clichy-Montfermeil  (…) En Essonne, la Région soutient le projet de Tzen4, et en Seine-Saint-Denis, elle mobilise 348 millions d’euros pour le prolongement de ligne 11 du métro à Rosny-Bois Perrier qui permettra aux habitants de Montreuil d’être à 25 minutes de Châtelet », indique Valéry Pécresse.

De quoi entretenir, en partie, une dynamique d’inclusion des populations délaissées en Île-de-France.

Mathias Thépot

 

 

LE PARISIEN – 06/01/2016

Feu vert pour la future gare du Grand Paris Express

Elle sera situéeà l’intersection entre Châtillon, Montrouge, Bagneux et Malakoff, et se connectera en 2022 à l’actuelle station, qui marque l’arrêt de la ligne 13. Le préfet des Hauts-de-Seine vient de signer le permis de construire de la future gare de Châtillon-Montrouge, qui fera partie de la ligne 15 du Grand Paris Express (Noisy-Champs – Pont de Sèvres). Les travaux préparatoires avaient déjà démarré pendant l’été 2015, avec notamment des déviations des réseaux et la réorganisation de la gare routière. En 2022, la partie Sud de la ligne desservira 22 communes, principalement réparties entre les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. Elle espère accueillir 300 000 voyageurs chaque jour.

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 06/01/2016

Emploi des seniors : ce qu’a changé la retraite à 62 ans

Le report de l’âge de départ en retraite a accru le taux d’emploi des seniors. Mais il n’a pas eu d’effet d’entraînement pour les seniors au chômage.

La retraite à 62 ans n’a pas changé fondamentalement la donne pour l’emploi des seniors, du moins pas à court terme. C’est ce que montre une étude de l’Insee publiée ce jeudi. La réforme de 2010, qui a retardé de deux ans l’âge d’ouverture des droits à retraite, a eu pour « effet dominant » de « figer les situations atteintes à l’approche de la soixantaine », selon les auteurs. Autrement dit, les travailleurs sont restés un peu plus longtemps au travail et les chômeurs un peu plus longtemps au chômage, ces derniers basculant parfois dans l’inactivité en fin de droits. La réforme a, certes, permis d’accroître l’emploi global, mais de façon mécanique, par l’allongement de la durée d’emploi des seniors encore en emploi entre 58 et 60 ans.

L’Insee s’est concentrée sur les comportements à 60 et 61 ans des générations nées en 1951 et 1952, qui ont dû respectivement attendre 4 mois et 9 mois de plus que les générations 1949 et 1950 pour partir à la retraite. Elle a exclu de son champ la génération 1953, qui a dû patienter 14 mois de plus, car l’élargissement du dispositif de départ anticipé pour carrières longues en novembre 2012 risquait de fausser l’analyse.

Les temps partiels augmentent

Résultat : après 60 ans et jusqu’à leur âge d’ouverture des droits à retraite, les hommes voient leur probabilité d’être à la retraite chuter de 27 points à 30 %. Pour les femmes, elle baisse de 22 points à 18 % – elles doivent généralement travailler plus longtemps pour compenser des carrières plus heurtées. En miroir, la probabilité d’être en emploi à temps plein croît de 14 points à 38 % chez les hommes et de 9 points à 32 % chez les femmes. A noter, les temps partiels augmentent de 3 points pour eux, et de 7 points pour elles. Cela peut traduire des conditions de travail aménagées pour tenir compte d’un état de santé dégradé, mais aussi un regain de temps partiel subi. La probabilité d’être au chômage s’accroît en parallèle de 7 points chez les hommes, et de 6 points chez les femmes. Et l’inactivité croît de 3 points pour eux, alors qu’elle est stable pour elles.

Vu sous un autre angle, à 58 ans, la probabilité de rester en emploi jusqu’à l’âge légal de la retraite quand on est déjà en poste augmente de 9,5 points à 91,3 %, pour compenser la baisse de la probabilité de se retrouver à la retraite, tandis que le risque de tomber au chômage demeure très limité, passant de 1,2 % à 1,7 %. Les travailleurs se maintiennent donc massivement en place. Les chômeurs se « pétrifient » eux aussi de plus en plus souvent dans leur statut, puisque pendant la période de transition avant la retraite, ils sont 54 % à rester au chômage, soit 9,4 points de plus qu’avant la réforme. Ces chômeurs voient par ailleurs leurs chances de retrouver un emploi in extremis chuter de 6,8 points, à 24,2 %. Le recul de l’âge de la retraite n’a donc pas eu d’effet multiplicateur sur l’emploi des seniors dans l’immédiat. Mais le changement viendra peut-être dans la durée.

Solveig Godeluck

 

 

LES ECHOS – 06/01/2016

Les bas salaires plus affectés par la hausse de l’âge légal

Le recul des bornes d’âge de la retraite a un effet antiredistributif : les chômeurs et les bas salaires sont les premiers perdants.

Les assurés les plus fragiles seront ceux qui pâtiront le plus des récentes réformes des retraites. Ils rallongeront plus que les autres leur durée de cotisation, et le montant de leur pension sera plus affecté. C’est ce que montre une étude réalisée en décembre par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère des Affaires sociales pour le compte du Conseil d’orientation des retraites.

Première responsable de cet effet « antiredistributif », la réforme de 2010, qui a décalé de deux ans à la fois l’âge minimum pour partir à la retraite (62 ans) et l’âge auquel on peut automatiquement toucher une retraite à taux plein, même si l’on n’a pas cotisé suffisamment de trimestres (67 ans). Au sein de la génération née en 1980, qui atteindra donc l’âge de faire valoir ses droits en 2042, les 25 % de revenus les plus faibles devraient reculer de 22 mois leur âge de départ moyen, contre 21 mois pour les plus hauts salaires. Quant aux populations « hors emploi », elles devraient patienter deux ans de plus.

Cet écart entre les hauts salaires et l’autre extrémité du spectre s’explique par la discontinuité des carrières en bas de l’échelle. Chômeurs, précaires, peu qualifiés courent plus le risque d’arriver à 62 ans sans avoir cotisé suffisamment pour toucher le taux plein ou le minimum contributif, et de devoir jouer les prolongations jusqu’à 67 ans. Autre issue pour eux : attendre d’être « délivrés » avant l’âge du taux plein, pour inaptitude au travail ou invalidité. « De plus, comme ces deux catégories sont souvent éloignées du marché du travail, le recul de deux ans des âges légaux entraîne quasiment un recul identique de leurs âges de départ, dans la mesure où elles ne valident que peu de trimestres supplémentaires », écrit la DREES.

Les « hors emploi » plus touchés

L’élargissement des conditions d’accès à la retraite anticipée pour carrière longue, fin 2012, a lui aussi eu un effet de bord antiredistributif. Car les premiers concernés par ce dispositif sont les revenus intermédiaires, voire élevés. Enfin, la pension moyenne des plus modestes, cumulée sur le cycle de vie, devrait baisser plus fortement que celle des plus riches. Dans la projection du ministère, les « hors emploi » de la génération 1980 subissent une chute de plus de 10 % de leurs pensions cumulées. A comparer avec une glissade de 6 % pour la moitié de la population la moins bien payée et de 3 % pour l’autre moitié. Cet écart s’explique d’abord par la réforme de 2010, explique la DREES : « Les deux années de report de départ à la retraite ne sont que très peu compensées par une rente plus élevée [24 mois de report pour une hausse de 5 % en moyenne]. »

La réforme de 2014, qui va accroître la durée de cotisation jusqu’à 43 ans, jouera aussi un rôle, car les personnes éloignées de l’emploi demeurent confrontées à l’impossibilité de travailler plus. Mais l’effet de cette évolution est plus limité, conclut l’étude : « En termes de pension cumulée sur le cycle de vie, les mesures d’âge sont plus antiredistributives – au sens de la redistribution verticale des plus aisés vers les plus modestes – que les mesures de durée. »

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 06/01/2016

Depuis le 1er janvier, la Garantie jeunes est devenue un droit pour tous les jeunes

Pas moins de 150.000 jeunes pourraient emprunter ce dispositif d’accompagnement intensif vers l’emploi en 2017. Il a été généralisé dans le cadre de la loi El Khomri.

La Garantie jeunes est devenue, depuis le 1er janvier, un droit pour tous les jeunes de moins de 26 ans en situation de précarité et sans situation stable, c’est-à-dire ni en emploi, ni en études. Le dispositif d’accompagnement intensif vers l’emploi avait été expérimenté dès 2013, puis peu à peu étendu. Depuis 2013, 100.000 jeunes en ont bénéficié. En 2017, le gouvernement espère enrôler 150.000 participants, alors que le programme est désormais généralisé à l’ensemble du territoire.

Piloté par les missions locales, le cursus dure pendant une année. Sous réserve de leur assiduité, les jeunes perçoivent une indemnité de 470,95 euros par mois. Les animateurs organisent des ateliers pour faciliter leur insertion sur le marché du travail. Ils travaillent en parallèle avec les services sociaux pour lever les freins annexes au retour à l’emploi: santé, logement, formation… Les participants sont répartis par les missions locales en petits groupes d’une quinzaine de jeunes. Chaque mois, une nouvelle promotion démarre le programme.

Un budget de 500 millions d’euros pour 2017

Selon la Cour des comptes, très positive sur cet accompagnement intensif, le coût s’élève à 6000 euros par an et par jeune. L’Union européenne finançant un quart du programme, le coût total pour l’État français devrait tourner autour de 675 millions pour 150.000 jeunes, répartis sur plusieurs budgets, la formation courant en général sur deux années civiles. Le budget alloué pour 2017 s’élève à 498,54 millions d’euros, en augmentation de 77% en un an.

L’effet du dispositif apparaît modeste, mais est réel. Selon les données du ministère du Travail, quatorze mois après l’entrée dans le dispositif, le taux d’emploi total des jeunes augmente de 6,3 points et celui d’emploi durable de 4,6 points. La part des jeunes ayant suivi le dispositif en emploi durable s’élève ainsi à 20,5%, contre 15,9% pour une cohorte similaire non prise en charge.

Anne de Guigné

 

 

LES ECHOS – 06/01/2016

Fiscalité des successions : le rapport qui relance le débat

Une note de France Stratégie publiée jeudi prône une refonte radicale.
La taxation dépendrait des sommes héritées tout au long d’une vie.

« Mal adaptée », favorisant « une société d’héritiers », « inéquitable »... La fiscalité des successions est à revoir de fond en comble, estime France Stratégie, un organisme de réflexion dépendant de Matignon (mais dont les propositions n’engagent pas l’exécutif). Dans une note publiée jeudi, le think tank s’alarme d’une augmentation des inégalités, à la fois entre générations mais aussi au sein d’une même génération.

Premier constat : le patrimoine a augmenté beaucoup plus vite que les revenus ces trente dernières années. En conséquence, les héritages représentent 19 % du revenu net disponible des ménages, contre 8,5 % il y a trente ans. « Dans un contexte de croissance économique ralentie, ce mouvement risque d’accentuer la reproduction sociale, puisque les destins individuels dépendront moins de la trajectoire des revenus individuels et davantage de l’importance des héritages reçus », relève France Stratégie. Qui plus est, l’allongement de l’espérance de vie fait que les ménages héritent de plus en plus tard, à 50 ans aujourd’hui environ, soit huit ans de plus qu’en 1980. Ce qui fait que les sexagénaires sont quatre fois plus riches que les trentenaires, alors que l’écart était de 1 à 2 dans les années 1980.

Inciter les ménages à transmettre plus tôt

D’où la nécessité de rendre la fiscalité sur les successions plus progressive et d’inciter les ménages à transmettre plus tôt leur patrimoine, estime France Stratégie. Des préconisations qui s’opposent à une autre vision des droits de succession : celle qui consiste à dire que, comme l’argent gagné tout au long d’une vie a déjà été taxé, il ne doit pas l’être encore lorsqu’il est transmis aux descendants. C’est cette conception qu’a défendue Nicolas Sarkozy pendant la primaire de la droite, en proposant de relever l’abattement sur les frais de succession de 100.000 à 400.000 euros pour les descendants directs.

Pour appuyer son propos, France Stratégie souligne certaines incohérences de la fiscalité actuelle. « La progressivité est mal construite, avec un fort effet lié au lien de parenté », juge Clément Dherbécourt, chef de projet au sein de l’organisme. Pour les transmissions entre parents et enfants, le taux moyen d’imposition se situe entre 2 % et 3 %, alors qu’il est de l’ordre de 25 % pour les individus sans enfants. Les écarts entre individus viennent aussi du fait que le taux d’imposition ne tient pas compte des sommes déjà héritées par le passé. Ainsi une personne qui hérite successivement de 200.000 euros de chacun de ses parents paiera moins de droits qu’une autre ayant reçu en une seule fois 400.000 euros d’un parent. Enfin, il n’y a pas d’incitation à transmettre aux jeunes générations, puisque l’abattement est le même pour les successions et les donations. Face à ce constat, France Stratégie propose d’abaisser, voire même de supprimer l’abattement sur les droits de succession, tout en maintenant celui sur les donations. L’organisme préconise également une réduction des frais en cas de donation à un héritier de moins de 40 ans. Mais, pour pallier les défauts du système actuel, il faudrait, selon France Stratégie, aller plus loin en prenant compte l’ensemble du patrimoine hérité tout au long d’une vie, une proposition relayée dans la primaire socialiste par Vincent Peillon (lire ci-dessous). Certains économistes ont même imaginé un système d’impôt négatif qui doterait chaque individu âgé de 18 ans d’un patrimoine minimal. Une idée qui avait séduit François Hollande dans la perspective d’une nouvelle candidature à la présidentielle, finalement abandonnée. Mais France Stratégie reconnaît qu’une telle mesure soulève quelques difficultés « sur son montant, son financement et sur les conditions éventuelles de son utilisation ».

Ingrid Feuerstein

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 06/01/2017

A 500 ans, le port du Havre craint d’être rayé de la carte maritime mondiale

En retard sur ses rivaux d’Europe du Nord, le deuxième port de commerce français cherche à redevenir compétitif.

Les responsables de la ville du Havre (Seine-Maritime) auraient rêvé d’un contexte plus guilleret pour célébrer les 500 ans de leur cité. Le 7 février 1517, François Ier ordonnait la création à l’embouchure de la Seine d’un port fortifié, « un bon havre destiné à recevoir et tenir en sécurité les vaisseaux navigant sur la mer Océane ».

Cinq siècles plus tard, le port craint de se retrouver doucement effacé de la carte. « Nous devons bouger rapidement si nous ne voulons pas disparaître, c’est simple ! », s’exclame Michel Segain, le président de l’Union maritime et portuaire du Havre (UMEP), qui présente, jeudi 5 janvier, un plan stratégique destiné à éviter le naufrage.

Il y a péril en la demeure, assure M. Segain, un transitaire en viande. Certes, Le Havre reste le deuxième port de commerce français par le volume de marchandises embarquées et débarquées derrière Marseille, et le premier pour les seuls conteneurs. Mais il perd du terrain par rapport aux grands ports du nord de l’Europe. Le mouvement, engagé depuis plusieurs années, devient de plus en plus préoccupant.

2,5 millions de conteneurs traités par an

En 1995, Le Havre traitait 1 million de conteneurs, Anvers 2 millions, et Rotterdam près de 5 millions. En 2016, le port français a vu passer quelque 2,5 millions de conteneurs. Une progression d’environ 150 % en vingt et un ans. Mais Anvers a, de son côté, annoncé fin décembre avoir franchi le cap des 10 millions, tandis que Rotterdam dépasse largement les 12 millions de conteneurs par an. Dans le même temps, Shanghaï a doublé tous ses rivaux : plus de 36 millions de « boîtes » y ont transité en un an… La part de marché du Havre s’effrite donc par rapport aux ports du « delta d’or », Rotterdam, Anvers et Zeebruges, qui profitent bien davantage de la mondialisation.

L’écart s’est amplifié en 2016. Lors des grèves contre la loi El Khomri, les dockers et les personnels portuaires du Havre se sont fortement mobilisés, entraînant l’annulation des escales de plus de soixante-dix navires. Résultat, les volumes traités par le port normand ont reculé de 4 % à 5 %, alors qu’ils ont au contraire progressé de plus de 4 % à Anvers.

« La question de la marginalisation du Havre est posée », constate le géographe Antoine Frémont, directeur de recherche à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux.

Menacé par un projet de canal à grand gabarit

Deux éléments risquent d’accélérer le phénomène. Les grands armateurs mondiaux (Maersk, MSC, CMA-CGM, etc.) sont en train de reconfigurer leurs alliances commerciales, et de choisir les ports dans lesquels s’arrêteront leurs porte-conteneurs. « Nos dirigeants ont effectué le tour du monde pour convaincre les compagnies de maintenir leur présence en Normandie », indique-t-on chez Haropa, la structure qui réunit les ports du Havre, de Rouen et de Paris.

Mais les responsables des principaux ports concurrents ont fait de même. Qui l’emportera ? Le départ de l’un des champions du transport maritime pourrait être terrible pour Le Havre. Des décisions sont attendues d’ici à la fin du trimestre.

Une deuxième menace plane. Celle provoquée par le projet de canal à grand gabarit reliant la Seine à l’Oise, et au-delà, au réseau des canaux belges, néerlandais et allemands. Evoqué depuis des lustres mais sans cesse repoussé, ce chantier de 4,5 milliards d’euros a fait l’objet en novembre d’un accord entre l’Etat et les régions Hauts-de-France et Ile-de-France. Si bien que les travaux devraient enfin commencer en 2017, pour aboutir en 2024.

Cette infrastructure de 107 kilomètres pourrait alors devenir une « autoroute à conteneurs » entre Anvers et la région parisienne. De quoi inciter les transporteurs à décharger leurs marchandises en Belgique plutôt qu’en France. « Cela risque vraiment de désertifier le port du Havre », peste M. Segain, qui a tenté en vain de bloquer ce projet qu’il juge aberrant.

Le Havre peut-il remonter la pente ? « Ce n’est pas facile, dans la mesure où l’axe de la Seine est un peu périphérique dans la géographie européenne, estime M. Frémont. Le Havre n’est que le port naturel de Paris. Anvers et Rotterdam, eux, constituent les portes de l’Europe rhénane et de la puissante machine économique allemande. » En ce sens, le déclin relatif du Havre reflète celui de la France, dont la part dans les exportations de marchandises de la zone euro a baissé d’un tiers depuis 1999.

Concentrer les efforts sur Marseille et Le Havre

Les responsables havrais ne lâchent pas prise pour autant. Tel est le sens du plan présenté par l’UMEP. Il prévoit de concentrer les efforts maritimes français sur Le Havre et Marseille. « On ne peut plus faire de saupoudrage entre les sept grands ports maritimes actuels, argumente le président de l’UMEP. Les autres, comme Dunkerque ou Bordeaux, doivent devenir de simples ports régionaux. »

Dans ce schéma, Le Havre bénéficierait d’investissements de 16 milliards d’euros à l’horizon 2050, sous réserve de décrocher les fonds publics nécessaires. Priorité à court terme, la création d’une « chatière » entre le port à conteneurs actuel et la Seine. Les barges remplies de conteneurs pourraient ainsi accéder par tous les temps aux terminaux du port. Coût estimé : 100 millions d’euros. « Anvers s’est développé grâce aux infrastructures construites sur place, nous devons faire de même », plaide M. Segain.

Le précédent du terminal multimodal du Havre incite toutefois à la prudence. Après quatre mois d’activité, la société qui exploite ce système destiné à faire passer les conteneurs d’un bateau à un train ou à un camion, et vice versa, a déposé son bilan en octobre 2015. Reprise par le port, la structure fonctionne de nouveau depuis quelques mois. Mais cet investissement de 137 millions d’euros censé améliorer la compétitivité du Havre est loin d’être rentabilisé.

Denis Cosnard

 

 

LE FIGARO – 06/01/2017

Le marché des données marketing pèse 1,7 milliard d’euros en France

Le marché du data traverse une période de forte consolidation.

Appliqué à l’univers marketing, le marché du big data est devenu l’or noir de l’industrie publicitaire. Estimé aujourd’hui à un peu plus de 28 milliards de dollars dans le monde, il devrait plus que doubler d’ici à 2021 pour atteindre près de 67 milliards de dollars (plus de 64 milliards d’euros), selon MarketsandMarkets. Ce qui représente une croissance de près de 20 % par an pendant cinq ans!

En France, l’estimation la plus récente est celle qui a été faite par l’institut BVA Limelight pour le compte de Mediapost, la filiale de La Poste spécialisée dans le marketing direct. Il l’a estimé pour 2014 à un peu plus de 1,7 milliard d’euros, pour un périmètre n’incluant que les 274 acteurs de la data à finalité marketing et communication qui réalisent plus de 1 million d’euros de chiffre d’affaires.

En 2014, ce marché a progressé de 4,6 % en France. Il aurait depuis continué à croître de façon plus marquée, entre 5 % et 10 % par an. On peut donc l’estimer pour 2016 dans une fourchette allant de 1,7 à 1,8 milliard d’euros. Avec deux segments qui continuent de se démarquer par leur forte croissance: ceux sur lesquels opèrent des acteurs de l’analyse et de l’intelligence (datamining, dataresearch…) et ceux de la diffusion et du ciblage. Les premiers connaîtraient des rythmes de croissance de 5 % à 10 % et les seconds supérieurs à 20 %. Normal, ce sont des activités portées par le dynamisme du marché de la publicité en ligne, seul secteur de la communication en croissance constante depuis quinze ans.

Collecte et vente en baisse

Ce marché du data marketing évolue rapidement car la valeur est en train de se déplacer. La publicité en ligne n’est-elle pas devenue le premier marché dans l’achat d’espace en France? Très longtemps dominantes, pesant la moitié du marché du data marketing, la collecte et la vente sont désormais des activités en pente douce. C’est dans cette catégorie d’acteurs que se rangent notamment les «brokers d’e-mails», qui achètent et vendent des listes d’e-mails, et ont longtemps fait la pluie et le beau temps dans le marketing en ligne. Mais depuis quelques années, l’économie du secteur – et donc les investissements – s’est déportée vers le ciblage comportemental, dont l’essor est assuré par l’amoncellement de données de surf et d’achat généré par la massification des usages sur Internet fixe et mobile. À l’inverse, les activités de structuration et de stockage, qui représentent environ 10 % du marché, sont orientées à la baisse.

Outre le fait qu’il accélère, ce marché du data traverse une période de forte consolidation. Dans le business de l’analyse et de l’intelligence en particulier, des acteurs européens voire mondiaux apparaissent, qu’ils soient des acteurs historiques du data comme Acxiom, fusion de plusieurs poids lourds du secteur, ou des SSII mondiales comme Adobe ou Oracle. Le même phénomène est observable dans le ciblage.

Alexandre Debouté

 

 

LES ECHOS – 06/01/2017

Bruxelles va pousser Engie à payer 300 millions d’euros au Luxembourg

 

La Commission européenne estime qu’Engie a économisé 300 millions d’euros d’impôts au Luxembourg entre 2009 et 2015.

La Commission européenne dénonce le traitement fiscal accordé au groupe de 2009 à 2015 par le Grand-Duché.

Les pratiques fiscales d’Engie au Luxembourg auraient permis au groupe d’économiser quelque 300 millions d’euros d’impôts de 2009 à 2015. C’est ce qui ressort des documents publiés jeudi par la Commission européenne, qui dévoilent le détail de son enquête préliminaire sur les avantages fiscaux accordés par le Grand-Duché au groupe, détenu à 33 % par l’Etat français.

Le 19 septembre, la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, avait lancé une enquête approfondie, estimant que les rescrits fiscaux accordés à l’ex-GDF-Suez constituent des aides d’Etat déguisées faussant la concurrence – et à ce titre en infraction avec les règles européennes. Mais aucun chiffre n’avait été évoqué. C’est désormais chose faite. Ces 300 millions représentent la somme qu’Engie risque de devoir verser au Luxembourg en arriérés d’impôts au terme de la procédure. Un montant qui pourrait être réévalué à la hausse en fonction de nouveaux éléments.

Deux transactions en causes

Les 56 pages de l’enquête préliminaire dévoilées décrivent dans le détail la mécanique mise en oeuvre par le groupe, présent au Luxembourg depuis quatre-vingt ans ans pour y échapper à quasiment tout impôt sur ses profits. En cause : deux emprunts convertibles en actions contractés en 2009 puis 2011 par deux filiales d’Engie, LNG Supply (LNG) puis GDF Suez Treasury Management (GSTM), auprès de deux autres filiales, LNG Luxembourg puis Electrabel Invest Luxembourg. Le problème est que, en vertu de rescrits fiscaux accordés en 2008, le Luxembourg a traité ces opérations comme des emprunts pour GTSM et LNG mais aussi, dans le même temps, comme des prises de participation pour les filiales prêtant.

En conséquence, les premières ont pu déduire les intérêts versés de leurs revenus imposables, ce qui a ramené ces derniers à quasi-zéro ; et les secondes ont pu éviter d’être imposées sur les revenus perçus, assimilés à des dividendes non taxés. Or « une même entreprise ne peut pas gagner sur les deux tableaux pour une seule et même transaction », insiste un expert de la Commission, qui dénonce le blanc-seing délivré par les autorités luxembourgeoises à une telle « double non-imposition ».

Engie ne fait pas de commentaires

Les documents collectés par Bruxelles l’amènent à estimer que GSTM a, de 2011 à 2015 et au prix d’un montage complexe, abusivement déduit de ses revenus imposables un total cumulé de 600 à 650 millions d’euros, et LNG, de 2009 à 2015, un total de 400 à 450 millions. Soit, en tout, un gros milliard d’euros. Cette somme aurait dû être imposée au taux en vigueur au Luxembourg (29 %), générant ainsi 300 millions d’euros d’impôts.

Contacté, Engie ne fait pas de commentaire. « Nous fournirons toutes les informations souhaitées à la Commission et à l’Etat du Luxembourg », se contente d’indiquer le groupe. En septembre, la directrice générale, Isabelle Kocher, avait souligné que c’est au Luxembourg que Bruxelles adressait ses reproches, et non au groupe : « Personne ne nous soupçonne d’avoir fraudé le fisc. » L’enquête fait suite au scandale des « Luxleaks », révélé en 2014, et s’inscrit dans le vaste bras de fer entre Bruxelles et le Luxembourg qui en a découlé. En octobre 2015, Fiat y a été condamné à verser 30 millions d’euros d’arriérés d’impôts et des enquêtes sont en cours sur des rescrits fiscaux accordés à Amazon et à Mc Donald’s.

Derek Perrotte

 

 

::: SOCIETE

LE FIGARO – 06/01/2017

Avoirs criminels: près d’un demi-milliard d’euros saisi aux délinquants en 2016

Les saisies d’avoirs criminels ont augmenté de 3,9%sur les onze premiers mois, par rapport à l’année 2015. Le nombre des affaires a déjà doublé en quatre ans.

Voyant leurs biens saisis, leurs comptes asséchés, rendus parfois exsangues par la confiscation de valises de billets ou de leurs assurances-vies, les trafiquants, escrocs et malfaiteurs de tout acabit ont passé une douloureuse année 2016. Jamais ils n’ont tant été frappés là où ils ont le plus mal, c’est-à-dire au portefeuille.

Un bilan porté à la connaissance du Figaro et de France Inter révèle que les services répressifs du ministère de l’Intérieur ont procédé à la saisie de 471,425 millions d’euros d’avoirs criminels dans les onze premiers mois de l’année. Soit une hausse de 3,9% par rapport à la même période de l’année précédente, sachant que l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels saisis et confisqués (Agrasc) enregistre un essor exponentiel. Placée sous l’égide du ministère de la Justice, cette institution créée en 2011 a depuis lors vu son activité quasiment doubler en quatre ans pour franchir la barre des 13.200 affaires en 2015. Désormais, ce bras séculier de la Place Vendôme gère chaque mois plus de 1100 dossiers visant des immeubles à l’acquisition souvent douteuse, mais aussi des comptes, du numéraire ou encore des produits de placement utilisés pour blanchir l’argent sale.

Blanchiment et voitures de location

Toujours selon nos informations, les enquêteurs de la gendarmerie ont saisi à eux seuls entre janvier et novembre dernier l’équivalent de 215,64 millions d’euros, soit 52% de plus en un an. «Ce résultat est le fruit d’un investissement à long terme amorcé il y a dix ans avec un seul objectif: confisquer le magot», se félicite le général Jean-Pierre Michel, sous-directeur de la police judiciaire. «Au départ, on identifiait bien les délinquants, mais pas le produit de leurs infractions. Or, il n’était pas acceptable de les envoyer en prison alors que des millions les attendaient à la sortie», renchérit le chef d’escadron Romain Stiffel, chef de la cellule nationale avoirs criminels à la Direction générale de la gendarmerie.

En 2007, quelque 160 militaires ont donc joué les pionniers en se convertissant en «enquêteurs patrimoniaux». Mission? Pister l’argent sale avant que les malfaiteurs essaient – en général au moment des interpellations – de l’engloutir en le redistribuant à des parents plus ou moins lointains, voire des amis prompts à jouer les hommes de pailles. «La criminalité organisée a développé toute une ingénierie pour blanchir des pactoles entiers dans l’immobilier, des placements offshore ou, de façon plus basique, des parts de société au nom de proches», poursuit le commandant Stiffel, qui rappelle que le milieu s’adapte en permanence, à l’image des caïds de la drogue: ces derniers roulent en voitures de location depuis qu’ils ont compris que leurs rutilantes berlines achetées pour la parade ou pour transporter de la marchandise étaient systématiquement saisies ou confisquées.

La politique des petits ruisseaux

Soucieux d’intensifier les frappes financières, les gendarmes sont montés en puissance en rédigeant en 2008 un guide de l’enquête patrimoniale offrant une méthodologie à l’ensemble des enquêteurs, tandis que Jean-Luc Warsmann, alors président de la commission des lois, a facilité dès 2010 les saisies d’un plus large éventail de biens. Une initiative d’autant plus précieuse que, selon un document de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj) dévoilée en novembre dernier, le marché illicite des stupéfiants représentait déjà à l’époque 2 milliards et 300.000 euros.

Depuis lors, grâce à un maillage de référents patrimoniaux installés dans chacune des 3200 brigades ainsi qu’à des binômes d’experts travaillant à temps sur cette thématique dans chaque région, les gendarmes systématisent les saisies sous toutes les formes, incluant même des lots de bijoux, d’or, de matériel multimédia ou encore d’électroménager. Pour une valeur de quelques centaines d’euros parfois, mais qu’importe. «La politique des petits ruisseaux est notre marque de fabrique, martèle le général Jean-Pierre Michel. L’important est de prouver que le crime profite de moins en moins et que la commission d’une infraction n’est plus rentable, quel que soit son niveau. En prenant des valeurs ou en retirant les voitures, même modestes, utiles au business, on fait mal directement avant même toute comparution devant la justice.» Grâce à une politique de préemption plutôt volontariste, les gendarmes ont en outre récupéré au total pour leurs unités pas moins 800 véhicules, dont des fourgonnettes transformées en «sous-marins» de surveillance, des camping-cars discrets pour les filatures ou encore de gros 4 × 4 pour l’intervention.

Des affaires spectaculaires

De son côté, toujours selon nos informations, la police nationale a réalisé dans les premiers onze mois de 2016 plus de la moitié (54%) de la globalité des saisies d’avoirs criminels exécutées en France, pour une valeur de 255,785 millions d’euros. S’il constitue un repli de 18% par rapport à l’année précédente, ce bilan ne saurait masquer certaines affaires spectaculaires à mettre notamment à l’actif de la police judiciaire.

Les investigations portant sur Teodorin Obiang, fils du président de Guinée équatoriale et vice-président de son pays, accusé de s’être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable, témoignent de la dimension de certains dossiers. Parmi les biens présumés mal acquis dans le collimateur de la justice, qui a reporté le procès de ce dignitaire africain au 19 juin prochain, figurent un hôtel particulier avenue Foch à Paris de plusieurs milliers de mètres carrés, acheté 25 millions d’euros en 2005, de la joaillerie et une collection automobile siglée Porsche, Ferrari, Bentley ou Bugatti. N’oubliant pas de cibler dans le même temps les petits voleurs ou les cambrioleurs, la police tente d’insuffler le réflexe de saisie dans les affaires plus modestes.

«Nous allons renforcer la formation sur l’enquête patrimoniale, notamment pour les services de sécurité publique qui n’ont pas forcément le temps lors des investigations d’examiner les comptes et la non-justification de ressources», précise Corinne Bertoux, chef de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), qui souhaite en outre «pouvoir faire évoluer les investigations post-sentenciels». C’est-à-dire ne pas relâcher la pression après la condamnation.

Pour délivrer la bonne parole, les experts de la plateforme d’identification des avoirs criminels (Piac), impliquée dans les affaires les plus difficiles, multiplient les formations d’enquêteurs sur le terrain et disposent de 260 correspondants policiers et gendarmes à travers le pays. L’activité du banditisme, toujours florissante en dépit de la crise, pourrait connaître encore certains revers.

Des ferrari de collection: 780.000 euros

Le fruit d’une escroquerie réinvesti dans des voitures de rêve… Il a fallu deux ans d’investigation à la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Dijon pour élucider l’arnaque au faux ordre de virement qui a visé une entreprise bordelaise en 2014 pour un préjudice de 1,8 million d’euros. Après avoir identifié les arcanes du blanchiment, les enquêteurs ont établi que le butin avait été converti dans cinq Ferrari Maranello acquises au nom d’un malfaiteur et d’une obscure société basée au Japon. «Les voitures, dont la production va être stoppée, devaient être revendues avec une grosse plus-value comme des modèles de collections»,siffle un policier. Estimation des bolides: 700.000 euros, sans compter 30.000 euros saisis en espèces et 50.000 sur un compte en banque.

Bitcoins en ligne de mire: 385.000 euros

Le bitcoin, la cryptomonnaie dont le cours a franchi la barre des 1 000 euros au 1er janvier dernier, est devenu une valeur refuge pour les trafiquants qui se pensent à tort intouchables. Des cybercriminels installés dans la région Midi-Pyrénées en ont vécu l’amère expérience en 2014. Animant une plateforme illégale dans le Darkweb, où se négocient armes, drogue de synthèse ou articles de contrefaçon, ils changeaient leur butin en monnaie numérique. Dans leur portefeuille crypté, les gendarmes de la section de recherches (SR) de Toulouse avaient saisi pas moins de 385 bitcoins. Une première en France. Plus récemment, en février dernier, les militaires ont interpellé un «cannabiculteur» de Loire-Atlantique. Un peu geek, il pensait déjouer les surveillances en achetant des bitcoins

Du cash issu des narcos: 7,6 millions d’euros

Des montagnes d’argent en cash, en liasses de 10, 20 ou encore 50 euros disséminés entre la France, la Belgique ou encore les Pays-Bas… Dans le cadre de l’opération «Kouri» visant au démantèlement d’un tentaculaire réseau de narcotrafic et de blanchiment animé depuis le Maroc, les enquêteurs européens ont découvert au total près de 7,6 millions d’euros. En France, les gendarmes des sections de recherches de Marseille et de Paris, appuyés par le GIGN, ont saisi en novembre dernier 2,4 millions en numéraires, mais aussi de l’or pour un montant de 800 000 euros ainsi que 10 kilos de cocaïne. Pas moins de 26 suspects ont été interpellés au cours de ce coup de filet qui a mobilisé 425 militaires. La découverte très récente de nouvelles liasses, d’une valeur de 1,6 million d’euros, démontre que l’enquête n’est pas finie.

Cocaïne bien blanchie: 800.000 euros

Sous le nom de code «Cedar» (cèdre en anglais), l’affaire, peu médiatisée en dépit de son ampleur, est digne d’un véritable polar politique. Élucidée en janvier 2016 grâce une équipe commune d’enquête inédite unissant les limiers de l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et leurs homologues américains de la Drug Enforcement Administration (DEA), elle met en scène un gang de «blanchisseurs» libanais. Interpellés notamment à l’aéroport de Roissy, ils travaillaient au profit de gros trafiquants de cocaïne en Colombie. À la faveur de perquisitions menées en France et en Allemagne, les policiers ont saisi 800 000 euros en espèces et en montres de luxe. Les blanchisseurs, convaincus d’être en lien avec le Hezbollah, ont vu tous leurs avoirs gelés à travers le monde.

Christophe Cornevin

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 06/01/2017

François Bayrou : « Les orientations de François Fillon inquiètent »

Le président du MoDem laisse planer le doute sur son éventuelle candidature. Mais malgré ses critiques, il ne ferme pas la porte à une alliance avec M. Fillon.

Le président du MoDem, qui laisse toujours planer le doute sur son éventuelle quatrième candidature à la présidentielle, exhorte François Fillon à « réfléchir à l’équilibre de son programme », jugé trop favorable envers « les plus privilégiés ». Sans fermer la porte à une alliance avec le candidat de la droite.

Etes-vous candidat à l’élection présidentielle ?

Question originale ! Le paysage de la prochaine élection présidentielle n’est absolument pas fixé. Les Français ont le sentiment justifié d’un grand bazar. Mais c’est plus profond encore : les primaires changent le sens de l’élection présidentielle et l’esprit des institutions, puisqu’elles placent le président de la République dans l’allégeance à un camp. Je me suis donc fixé deux lignes de conduite. La première : faire apparaître, notamment au travers d’un livre, une certaine conception de l’avenir national, qui est aujourd’hui absente du débat. La seconde : favoriser toute évolution qui aille dans le sens de l’intérêt du pays. L’idée de rassemblement m’intéresse, à la condition que le projet vaille la peine.

Sur quels critères prendrez-vous votre décision ?

Deux critères : la conception de la fonction présidentielle et la vision de l’avenir.

Pourriez-vous soutenir un candidat issu de la primaire à gauche ?

Non. La France a besoin d’alternance. Les cinq années que nous venons de vivre ont conduit le pays de désillusions en déceptions. Le Parti socialiste, dans l’état où il se trouve, ne peut pas se voir confier l’avenir du pays.

Vous devriez donc soutenir François Fillon…

Il y a un paradoxe : la personnalité de François Fillon inspirait confiance par sa modération et je partageais ce sentiment, alors qu’aujourd’hui ses orientations inquiètent. D’une certaine manière, il est victime de la primaire : une compétition qui enferme un candidat dans un projet partial et non pas rassembleur. En réalité, la primaire avait pour objet de sélectionner le meilleur candidat contre François Hollande. Mais François Hollande s’est retiré ! Du coup, on se met à regarder le projet de François Fillon. Et beaucoup d’interrogations s’expriment…

Pourquoi ?

L’inspiration thatchérienne qu’il revendique est-elle adaptée à la France de 2017 ? Le risque, au moment où nous avons à encourager et soutenir le moral et l’activité du pays, est de proposer une politique dans laquelle chacun se sentira exposé, sauf les plus privilégiés. Le résultat à craindre, c’est la récession. Et le deuxième risque, c’est la montée des inégalités, comme partout dans le capitalisme mondialisé. Cette croissance continue des inégalités, je me suis battu contre toute ma vie.

François Fillon menace-t-il de déséquilibrer le pays avec ses réformes libérales ?

Il présente son projet comme « radical ». Je voudrais qu’il entende que c’est un projet déstabilisant pour beaucoup de Français de bonne foi : les salariés, la fonction publique et ceux qui la font vivre, les petits revenus, ceux qui pensent que le modèle social est une force de la France, ceux qui ne veulent pas que les questions sociétales soient tranchées par l’esprit partisan. Ces questions, des millions de Français les partagent. Pour rassurer tous ceux-là, suffit-il de dire que le projet est fixé une fois pour toutes et qu’on n’en bougera pas ?

Que pensez-vous du fait que François Fillon a mis en avant sa foi chrétienne pour prouver qu’il ne « prendra jamais de décision contraire à la dignité humaine » ?

Je suis absolument opposé à l’utilisation de la religion en politique. Ce mélange des genres est déplacé, et il est dangereux. Je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme croyant. Je refuse d’avoir à juger de la pertinence d’une proposition en fonction de l’affichage religieux des uns ou des autres. Que l’on soit chrétien ou athée, juif, musulman ou bouddhiste, ou rien du tout, cela n’a rien à voir avec le projet : la démocratie ne doit pas faire de différence. Sinon, c’est le communautarisme que nous reprochons à juste titre à d’autres traditions.

Sa promesse de supprimer 500 000 fonctionnaires est-elle applicable ?

Je ne pense pas que cette proclamation soit la bonne méthode. D’abord, c’est impossible : cela voudrait dire qu’on ne remplace aucun départ à la retraite… au rythme actuel des départs. Mais si l’on repousse le départ à la retraite à 65 ans, comme annoncé, il n’y a plus de départs à la retraite pendant plusieurs années ! Dès lors, cela signifierait des licenciements de contractuels en grand nombre. Je pense qu’il est une tout autre manière, plus souple et plus efficace de reconfigurer l’action publique et l’Etat, en partant de la meilleure organisation de ses missions et de l’amélioration du service. Et les économies nécessaires seront le résultat de cet effort.

François Fillon doit-il adoucir son projet ?

Il doit réfléchir à l’équilibre de son programme. Il est devant une responsabilité très importante. J’ai connu et apprécié François Fillon quand il était avec Philippe Seguin dans la ligne du gaullisme social. Je ne crois pas qu’il ait changé au point de l’oublier.

Pour la primaire de la droite, vous n’aviez prévu que deux scénarios : une victoire d’Alain Juppé, que vous auriez soutenu pour la présidentielle, ou de Nicolas Sarkozy, que vous auriez affronté… La victoire de François Fillon à la primaire vous a-t-elle déstabilisé ?

En rien. Je continue de penser qu’Alain Juppé avait les qualités d’homme d’Etat qui justifiaient ce soutien. Mais j’ai toujours jugé que le mécanisme de la primaire était très risqué. Pour le reste, rien ne m’importe que le fond.

Avez-vous, comme l’a indiqué Le Canard Enchaîné, conclu un pacte avec M. Fillon qui prévoirait un échange de circonscriptions ou votre candidature à la présidentielle pour gêner Emmanuel Macron…

En aucune manière. Je suis libre. Et je défends mes idées en toute indépendance. Je ne changerai pas de ligne. Il y a des millions de Français qui ont besoin qu’on fasse entendre leurs attentes et leurs convictions, sans marchandages, sans esprit partisan et sans soumission.

Vous semblez plus proche d’Emmanuel Macron que de François Fillon…

J’ai deux questions sur Emmanuel Macron : est-il armé pour être président de la République ? Et pour quoi faire de différent ? Exemple : je résiste à François Fillon quand il propose d’augmenter la TVA de deux points. Mais Macron propose d’augmenter la CSG de (presque) deux points aussi… L’un propose donc une hausse des prix et l’autre une diminution des revenus des Français. Tout cela pour un gain de moins d’un euro par jour pour un smic ! Je défends une autre idée, très simple : pas d’augmentation des impôts ! Nous avons déjà trop de prélèvements.

La droite peut-elle perdre la présidentielle ? Marine Le Pen peut-elle être élue ?

La situation est devenue terriblement instable. Mais je ferai tout pour éviter de pareils risques.

Alexandre Lemarié et Yves Bordenave

 

 

L’OPINION – 06/01/2017

Entrepreneuriat : Marine Le Pen s’inspire de Montebourg, Sarkozy et Trump

 

Marine Le Pen a conclu jeudi une convention présidentielle sur l’entrepreneuriat et l’innovation.

Un mois avant la présentation de son programme économique, la candidate du Front national a levé le voile sur quelques mesures en faveur de l’entrepreneuriat et de l’innovation

« On disait naguère “heureux comme Dieu en France”. Je souhaite qu’avec mon projet, on puisse dire à l’avenir “heureux comme un entrepreneur en France” ». C’est une vraie offensive de charme qu’a lancée Marine Le Pen à l’intention des indépendants jeudi, en clôture d’une convention présidentielle dédiée à l’entrepreneuriat et à l’innovation. Les entrepreneurs, une nouveauté pour le Front national qui avait davantage misé sur les PME et les PMI en 2012. Pour séduire ce nouveau corps électoral, Marine Le Pen est allée faire son marché un peu partout sur l’échiquier politique.

RSI réformé. Le slogan « achetons français » en 2012 s’est déplacé vers le « made in France » et le « patriotisme économique ». Pas de méprise avec Arnaud Montebourg cependant : « Tous ceux qui parlent de patriotisme économique sans sortir de l’Union européenne sont dans une imposture totale », a lancé la présidente du FN. Comme François Fillon, par ailleurs copieusement critiqué durant la convention, ou Emmanuel Macron qui vient de proposer sa suppression, Marine Le Pen appelle à une « refonte complète du RSI qui trop souvent mène au RSA. » Comme Nicolas Sarkozy en 2007 (qui n’y est jamais parvenu), la candidate du FN propose de consacrer 2 % des 1 600 milliards d’encours d’assurance-vie au financement des entreprises françaises. Elle plaide aussi en faveur de la création d’un fonds d’innovation santé financé par Bpifrance… qui existe déjà, s’appelle Innobio, et a été lancé en 2009 par Nicolas Sarkozy (encore lui).

Au-delà de nos frontières, le « volontarisme » de Donald Trump est érigé en modèle après sa décision d’imposer à Ford le rapatriement de ses usines de production mexicaines sur le sol américain sous peine de lourde sanction fiscale. Même les Chinois sont plébiscités pour leur protectionnisme. Et Marine Le Pen de conclure sur sa volonté de « remettre l’économie en ordre », comme un hommage à la compagne présidentielle… de Ségolène Royal.

Raphaël Legendre

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 06/01/2017

La transition entre Obama et Trump tourne à la guerre froide

Alors que les deux hommes avaient, au lendemain de l’élection, affiché un souci d’unité, leurs divergences sont depuis apparues au grand jour.

La conversation promet. Le futur président des Etats-Unis, Donald Trump, doit rencontrer, vendredi 6 janvier, à New York, le directeur de la sécurité nationale, James Clapper. Au programme, la présentation du rapport présenté la veille au président Barack Obama à propos du piratage, à des fins politiques, d’informations confidentielles liées au Parti démocrate. Les dix-sept agences du renseignement accusent, depuis le 7 octobre, les autorités russes, qui l’ont toujours nié, d’avoir interféré dans la campagne présidentielle américaine. Une analyse validée par M. Obama.

Deux jours plus tôt, sur son compte Twitter, son principal canal d’expression, M. Trump avait assuré, sans en apporter la preuve, que ce briefing « sur le supposé piratage russe” » avait été repoussé, parce que « le Renseignement” » avait selon lui « besoin d’un peu plus de temps pour constituer un dossier ». «Très étrange », avait ajouté le milliardaire, on ne peut plus suspicieux à l’égard de ses propres services de renseignement.

Une défiance « qui inquiète »

Cette posture n’a guère de précédent. Entendu à ce sujet par la commission du renseignement du Sénat, jeudi, M. Clapper, qui va quitter ses fonctions à la fin du mandat de M. Obama, a déploré une défiance « qui inquiète certains de nos partenaires étrangers ». Il a ajouté à propos des critiques de M. Trump qu’« il y a une différence entre un scepticisme salutaire et le dénigrement ».

Ce dossier du piratage dont M. Trump n’a cessé de nier la substance a provoqué une algarade publique, le 15 décembre, entre l’une des principales conseillères du président élu, Kellyanne Conway, et le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, qualifié « d’irresponsable » pour l’avoir longuement évoqué. Il a constitué la première entaille dans l’esprit de concorde affiché initialement lors de la rencontre entre le vainqueur de la présidentielle et M. Obama, deux jours après l’élection, le 10 novembre.

Ce souci d’unité, avaient assuré les deux hommes, devait régner sur la transition jusqu’à la prestation de serment de M. Trump, le 20 janvier. Il n’a pas résisté au style non conventionnel de M. Trump ni à la crainte croissante de M. Obama de voir l’essentiel de son legs politique jeté aux orties par la future administration.

« Il n’y a qu’un seul président à la fois » (…) « le président Obama est le président des États-Unis jusqu’au 20 janvier »
Ben Rhodes, conseiller diplomatique de Barack Obama

Le 22 décembre, le magnat de l’immobilier a ainsi tenté de forcer la main de M. Obama à la veille d’un vote du Conseil de sécurité des Nations unies sur une résolution condamnant à la fois la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés depuis 1976 et les incitations à la violence palestiniennes. Les Etats-Unis ont permis son adoption en s’abstenant, alors que M. Trump souhaitait que Washington fasse usage de son droit de veto.

Sur son compte Twitter, ce dernier a réagi en promettant que « les choses ser [aie] nt différentes » après son arrivée à la Maison Blanche. Laconique, le conseiller diplomatique de M. Obama, Ben Rhodes, a rappelé qu’« il n’y a qu’un seul président à la fois » et que « le président Obama est le président des États-Unis jusqu’au 20 janvier ».

Passes d’armes

Le 26 décembre, dans un entretien diffusé par le podcast « The Axe Files » animé par son ancien conseiller politique David Axelrod, M. Obama s’est dit « sûr » qu’il aurait battu M. Trump si la Constitution lui avait permis de briguer un troisième mandat. Quatre jours plus tard, le milliardaire lui a répondu sur son canal favori : « Le président Obama a fait campagne activement dans plusieurs Etats-clés, et il a perdu. »

« Je fais de mon mieux pour ne pas réagir aux nombreuses déclarations incendiaires du président O. et aux obstacles » [qu’il accumule], a ajouté M. Trump le 28 décembre, toujours sur Twitter. Quelques heures plus tôt, le président démocrate avait classé, au grand dam des républicains, deux nouvelles régions sauvages dans l’Utah et le Nevada, pour les soustraire à toute forme d’exploitation par l’homme.

Les passes d’armes se sont poursuivies après l’annonce de l’expulsion, le même jour, par Washington, dans le cadre des accusations de piratage, de 35 diplomates russes considérés comme des membres des services de renseignement. Le 30 décembre, M. Trump félicite ostensiblement le président Vladimir Poutine après sa décision de ne pas riposter par des expulsions de diplomates américains proposées par son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Superbe manœuvre », écrit-il. « J’ai toujours su qu’il était très intelligent », ajoute-t-il.

La proximité de la cérémonie d’investiture n’a pas fait baisser la tension. Mardi, M. Trump a attaqué de manière préventive toute nouvelle libération de la prison d’exception installée sur la base militaire américaine de Guantanamo. « Ce sont des gens très dangereux et ils ne devraient pas avoir l’occasion de retourner au combat », a-t-il estimé. L’administration démocrate, empêchée par le Congrès républicain de fermer cette prison controversée, espère extraire encore une vingtaine de prisonniers contre lesquels ne reposent aucunes charges. Quatre d’entre eux ont été transférés en Arabie saoudite jeudi.

La bonne volonté n’est plus d’actualité

Mercredi, M. Obama s’est rendu au Congrès pour appeler les démocrates à la mobilisation. Le même jour, le vice-président Mike Pence s’y était également rendu pour confirmer l’intention de la nouvelle administration d’abroger la réforme de la protection sociale, à laquelle M. Obama a donné son nom, l’Obamacare. Lors de la rencontre du 10 novembre, le président avait tenté de convaincre le milliardaire d’étudier le dossier en dehors de toutes considérations partisanes. La bonne volonté affichée par ce dernier, qui n’avait pas exclu alors de se contenter de l’« amender », n’est définitivement plus d’actualité.

La mesure phare du président démocrate a permis de tirer de la précarité près de vingt millions de personnes, tous programmes confondus, à un prix jugé cependant exorbitant par les républicains. Ces derniers se sont toujours opposés, par ailleurs, à l’intervention de l’Etat fédéral que cette réforme a impliquée.

La bataille à venir sur l’Obamacare, avant celles attendues sur l’environnement ou l’accord nucléaire avec l’Iran, pourrait figer les lignes. Et renforcer la détermination du Parti démocrate, encore sous le choc d’une courte défaite à la présidentielle, de camper dans une opposition frontale comparable à celle du Grand Old Party pendant les deux mandats de M. Obama. La trop courte majorité conservatrice au Sénat donne en effet une grande latitude d’action aux démocrates grâce au « filibuster », l’obstruction pratiquée avec constance par les républicains jusqu’à ce qu’ils en reprennent le contrôle en 2015.

Interrogé mardi, le porte-parole de la Maison Blanche a assuré que les traditions qui encadrent la journée de prestation de serment seront respectées dans deux semaines. Elles prévoient notamment que le futur président se rende tout d’abord à la Maison Blanche pour partager un café avec son locataire sur le départ. Ce dernier risque cette année d’être particulièrement amer.

Gilles Paris

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du jeudi 5 janvier 2017

2017-06-05T10:31:23+02:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE JOURNAL DU GRAND PARIS – 04/01/2016

SRDEII : un plan ambitieux pour redonner du souffle à l’économie francilienne

Valérie Pécresse entend faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ».

Chef de file de l’action économique depuis le 1er janvier 2017, la collectivité régionale a validé mi-décembre sa stratégie économique globale pour la période 2017/2020. Elle vise à renforcer les atouts de l’Ile-de-France et combler ses faiblesses pour devenir la 1ère région économique mondiale, avec comme mots d’ordre : attractivité, compétitivité, innovation, simplification, efficience, digitalisation…

Tout juste un an après avoir pris ses fonctions, la nouvelle majorité régionale a élaboré un plan d’actions pour les quatre années à venir aussi précis et exhaustif qu’ambitieux. Pas un pan du développement économique ne manque aux thèmes abordés par le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) novation de la loi NOTRe, adopté par le conseil régional d’Ile-de-France le 14 décembre 2016, après six mois d’une très large concertation, menée notamment par Jérôme Chartier, premier vice-président en charge de ces questions.

En effet, outre le transfert de la compétence économique aux régions, la dernière loi de décentralisation en date imposait à ces dernières l’adoption d’un outil de programmation prescriptif. Considérant « l’absence de leadership sur les sujets économiques nuisible à l’efficacité globale de l’action publique », Valérie Pécresse s’est saisi à bras le corps de ce nouveau rôle d’acteur central de l’économie.

Aussi, la présidente de la région Ile-de-France a fixé une « stratégie ambitieuse et partagée avec tous les acteurs publics (Etat, villes, intercommunalités, départements) et privés pour libérer et encourager l’exceptionnel potentiel de croissance, d’emplois et d’innovation de l’Ile-de-France afin d’en faire la première région du monde à l’horizon 2020 ».

Agir sur tous les leviers simultanément

Face à un solde migratoire négatif, l’incapacité de la région à capitaliser sur ses atouts et retenir ses talents, la chute de l’emploi industriel et un taux de chômage bloqué à 8,5 %, il convient d’agir sur tous les leviers simultanément. Pour combler ces faiblesses, les deux priorités de Valérie Pécresse sont de « redonner du souffle à l’économie francilienne », en instaurant un climat favorable aux affaires et en soutenant les entrepreneurs, et renforcer l’attractivité de l’Ile-de-France pour attirer entreprises, investisseurs et talents.

Pour les premiers, il s’agira de rendre les aides aux entreprises plus « efficaces, lisibles, faciles d’accès et homogènes sur l’ensemble du territoire régional », notamment en vue d’accroître l’internationalisation des PME franciliennes via un nouveau plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE). Mais aussi, d’alléger la fiscalité des entreprises, de simplifier les normes, d’équiper tout le territoire régional du très haut débit en 2020 et d’adapter les formations à la révolution digitale et au développement du big data.

500 000 m2 de bureaux par an d’ici à 2030

Pour attirer les entreprises et investisseurs internationaux, la stratégie du SDREII repose sur la création d’un guichet unique « Choose Paris Region » et d’une marque commune à tous les acteurs, « Paris Region ».

Sa mise en œuvre sera assurée par Paris région entreprises (PRE) qui devient le référant unique pour toutes les actions de marketing, prospection et accompagnement. La démarche concerne aussi les forces vives franciliennes, tels les territoires de projet identifiés internationalement à l’instar de Paris-Quartier central des affaires, La Défense, Grand Roissy-Le Bourget, Saclay, Vallée de la Seine et ceux à fort potentiel tels Plaine-Saint-Denis, Marne-la-Vallée, Orly-Rungis, Cergy Confluence, Génopôle… dont l’animation et la promotion à l’internationale seront assurées par la Région et PRE.

Enfin, pour doper l’offre de bureaux dont le besoin de création-renouvellement est estimé à 500 000 m2 par an d’ici à 2030 et optimiser la production d’immeubles réversibles, le SRDEII désigne l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise (Orie) comme le « lieu d’analyse et d’échange » entre pouvoirs publics et professionnels permettant « d’inspirer les orientations stratégiques des grands opérateurs » publics et privés. En matière d’offre foncière, l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif) apportera sa contribution, tandis que d’autres opérateurs publics (ville de Paris, EPA, EPCI, départements) pourront intervenir en complément.

« Laboratoire de la modernisation de l’innovation publique »

Mais Valérie Pécresse veut aussi profiter de l’occasion pour faire de sa politique de développement économique « un laboratoire de la modernisation de l’innovation publique ». Cette ambition se décline dans toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du SRDEII dont les maitres mots sont la concertation et la coconstruction. Par exemple, les représentants du monde économique et les collectivités locales seront consultés pour identifier les enjeux prioritaires en Ile-de-France et les besoins en faveur de la diversité de l’économie et du développement des nouvelles formes d’économie (circulaire, sociale et solidaire). Cette concertation aboutira à une « stratégie régionale partagée » de l’économie circulaire pilotée par la Région.

De même, un travail de concertation avec les élus régionaux, les acteurs industriels et tous les partenaires concernés sera engagé au cours du 1er semestre 2017 pour déterminer les enjeux liés à l’industrie afin de fixer ensuite des pistes d’actions concrètes pour maintenir ou renforcer les activités industrielles.

Création d’une instance de suivi et d’évaluation

Cette modernisation de l’action publique vise aussi à simplifier et à renforcer l’efficacité de l’action administrative ce qui se traduira notamment par la territorialisation de l’action régionale via la définition de 24 bassins d’emploi. Sur chacun d’eux, la Région sélectionnera un guichet actif via un appel à manifestation d’intérêt, qui aura pour vocation de cibler les besoins des entreprises et les aider à bénéficier des aides adaptées. La Région désignera un référant pour chaque guichet (EPCI, agence de territoire, etc.) et coordonnera le réseau des 24 guichets.

Enfin, un système de suivi et d’évaluation permettra d’ajuster les actions en fonction de leurs résultats. Il s’opèrera par la création d’une instance dédiée, pilotée par la Région et le Ceser, dont l’une des missions sera de coordonner la mise en place d’outils partagés en s’appuyant sur le réseau de partenaires actifs (Direccte, DRIEA, Insee, Pôle emploi, etc.). Les premiers travaux dès 2017 consisteront à choisir des indicateurs de suivi, lancer des premières études et préparer les premières évaluations à mettre en place en 2018.

Les autres actions phares du SRDEII : https://www.lejournaldugrandparis.fr/plan-regional-ambitieux-redonner-souffle-a-leconomie-francilienne/

 

LES ECHOS – 05/01/2016

La sélection de l’exploitant du futur CDG Express est lancée

 

Le CDG Express, dont la mise en service est prévue pour 2023, offrira une alternative au RER B, qui rallie déjà la capitale à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Le projet de liaison ferroviaire directe Paris-Roissy doit franchir plusieurs étapes cruciales cette année.
Le gouvernement prépare l’appel d’offres qui doit désigner l’opérateur.

La course contre la montre pour construire le CDG Express à temps pour les Jeux Olympiques de 2024 (dans l’hypothèse où Paris serait désigné pour les organiser) se poursuit. «  L’échéance de la mise en service fin 2023 n’est pas un calendrier prévisionnel mais un impératif inhérent au projet lui-même », rappelait il y a quelques jours le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, devant les sénateurs.

La loi posant les bases juridiques de cette future liaison ferroviaire directe entre la capitale et l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a été approuvée par les parlementaires fin décembre. Le texte, qui prévoit notamment la création d’une filiale commune à SNCF Réseau et Paris Aéroports pour construire et entretenir l’infrastructure, a été publié au « Journal officiel » la semaine dernière.

Mais plusieurs étapes cruciales restent à franchir. Le nouveau montage financier du projet (rendu nécessaire par le report à 2024 de la taxe sur les billets d’avion qui devait s’appliquer dès cette année) doit désormais être notifié à Bruxelles. Son approbation permettra la signature de la déclaration d’utilité publique, puis la finalisation du contrat de concession. Cela devrait être achevé fin avril, estime une source proche du dossier.

Dans le même temps, la recherche de l’opérateur ferroviaire qui sera désigné par l’Etat pour exploiter le CDG Express a débuté. Un appel à manifestation d’intérêts, prélude au lancement d’un appel d’offres, doit être publié au « JO » dans les semaines à venir. Les équipes du ministère des Transports ont commencé à plancher sur le cahier des charges. Celui-ci devrait être finalisé à la fin du premier semestre.

«  Il faut que l’exploitant soit désigné le plus vite possible, pour sortir de la zone de flou qui entoure ce dossier », estimait, il y a quelques semaines, un des soutiens du projet. L’objectif est d’aboutir à une décision en 2019. D’ici là, la bagarre promet d’être sévère entre les candidats. La SNCF et la RATP, par exemple, seront très probablement sur les rangs. Mais selon un expert, les deux entreprises publiques partent avec un handicap : elles exploitent en commun le RER B, qui dessert également Roissy-Charles de Gaulle. En cas de conflit social sur cette ligne, le CDG Express offrira une alternative appréciable pour rallier l’aéroport… à condition que ses conducteurs ne soient pas également en grève. Cela pourrait constituer un argument pour confier la ligne à un autre opérateur. D’autant que l’hypothèse d’un métro automatique a été écartée, la fiabilisation de l’exploitation sur un trajet à l’air libre aussi long comportant de forts risques de rater le coche de 2024.

La SNCF et la RATP pourraient toutefois contourner l’obstacle en se présentant à l’appel d’offres par le biais de leurs filiales Keolis ou RATP Dev. Mais des opérateurs étrangers pourraient également venir pimenter la donne.

Lionel Steinmann

 

LE PARISIEN – 05/01/2016

Seine-Saint-Denis : le conseil de développement du Grand Paris cherche des bénévoles

Vous habitez le Grand Paris, êtes inscrit sur les listes électorales et vous êtes intéressé par le développement de la métropole, l’occasion vous est donnée de vous exprimer sur le sujet. Le conseil de développement du Grand Paris, organe consultatif de réflexions et de propositions, cherche 24 Franciliens — 12 hommes et 12 femmes — pour donner leur avis sur le développement économique et les questions d’habitat et d’urbanisme, de mobilité durable, d’environnement et de développement durable, de questions sociales… Vous avez jusqu’au 15 janvier pour s’inscrire. Les 24 habitants retenus dans cet organisme, qui totalise 80 personnalités qualifiées, seront tirés au sort le 16 janvier.

Vous pouvez vous inscrire sur le site jusqu’au 15 janvier www.metropolegrandparis.fr

 

LES ECHOS – 05/01/2016

Actus franciliennes

 

 

::: ECONOMIE

L’EXPRESS – 05/01/2016

Le compte personnel d’activité (CPA) verra le jour le 12 janvier

 

Présenté comme la grande réforme du quinquennat Hollande, le compte personnel d’activité sera officiellement lancé le 12 janvier prochain,

a annoncé la ministre du Travail Myriam El Khomri.

Le dispositif qui regroupera le compte personnel de formation, le compté pénibilité et un nouveau compte engagement citoyen, sera officiellement lancé le 12 janvier, a annoncé ce mercredi la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Présenté comme la grande réforme du quinquennat Hollande, le compte personnel d’activité, verra prochainement le jour. La vocation du dispositif, qui n’a pas d’équivalent ailleurs, est de rattacher les droits sociaux à la personne et non plus au statut, afin de sécuriser des parcours professionnels de moins en moins linéaires.

A partir du 12 janvier, chaque actif pourra ouvrir son CPA sur un portail numérique gratuit, géré par la Caisse des dépôts. Y seront regroupés le compte pénibilité (C3P), le compte personnel de formation (CPF) – deux dispositifs existants – et un nouveau compte engagement citoyen (CEC). Il pourra aussi y consulter son bulletin de paie.

Son entrée en vigueur via l’ouverture du portail « donnera à chaque Français un moyen de faire évoluer ses compétences, de construire son parcours professionnel et surtout de rebondir en cas de difficultés, a déclaré à l’AFP la ministre du Travail, Myriam El Khomri. « C’est la base d’une protection sociale du XXIe siècle car il répond aux mutations du monde du travail », a estimé la ministre. Elle lancera le dispositif aux côtés du Premier ministre, Bernard Cazeneuve.

400 heures de formation supplémentaires pour les moins qualifiés

La loi Travail a enrichi le CPA de droits supplémentaires à la formation pour les personnes sans aucune qualification : leur plafond d’heures est porté à 400 heures, au lieu de 150 pour les autres. Le compte engagement citoyen rapportera aussi 20 heures de formation supplémentaires aux responsables associatifs bénévoles, jeunes en service civique et maîtres d’apprentissage.

« Dès que les personnes mobiliseront leur CPA, les droits seront financés », a assuré Myriam El Khomri. Elle a rappelé que le lancement du dispositif était « une première étape ». « Il y en aura d’autres, le champ des possibles est immense » pour enrichir le CPA de nouveaux droits, a-t-elle ajouté, souhaitant l’ouverture prochaine de concertations entre partenaires sociaux. Pour l’instant gelées.

 

LES ECHOS – 05/01/2016

Bernard Cazeneuve donne le coup d’envoi de la carte d’identification des salariés du BTP

 

Bernard Cazeneuve et Myriam El Khomri, mercredi, sur le site de l’Imprimerie nationale de Douai.

Son déploiement démarre début février.

Sur le site de l’Imprimerie nationale de Douai (Nord), l’impression des cartes d’identification des salariés du BTP a démarré. La lutte contre le travail illégal est un thème politique assez fort pour que Bernard Cazeneuve se soit déplacé ce mercredi, avec Myriam El Khomri, pour remettre cette nouvelle carte à l’une des entreprises chargées de la tester. La suite se fera par La Poste, parce qu’il y en aura, selon les estimations, de 2 à 2,5 millions à distribuer, « dont 1,3 million aux salariés classiques et 300.000 aux intérimaires français, le solde étant les détachés et les salariés changeant d’entreprise », précise la Fédération française du bâtiment (FFB). Seuls les autoentrepreneurs échappent à l’obligation d’avoir cette carte comprenant le nom, la photo, l’identité de l’employeur et un QR Code à flasher pour plus d’informations… Ne pas l’avoir sera passible de 2.000 euros d’amende. « Cela va faciliter les contrôles sur les chantiers, souligne le président de la FFB Jacques Chanut. Cela responsabilisera aussi les particuliers, qui ne pourront plus dire qu’ils ignoraient qu’un ouvrier travaillant chez eux n’était pas déclaré, il leur suffira de lui demander sa carte et de flasher le QR Code : vert, il est déclaré », rouge il ne l’est pas…

1.500 contrôles par mois

« Depuis plus d’un an, le nombre de contrôles contre la fraude au détachement a doublé, avec une moyenne de 1.500 contrôles par mois, a rappelé Bernard Cazeneuve. Près de 5 millions d’euros d’amendes administratives ont été notifiées pour non-respect des formalités du détachement sur les dix-huit derniers mois. 33 chantiers ont été suspendus ou arrêtés par les préfets en 2016. » Mais les contrôles se limitent aux grands chantiers les plus visibles, dénonce la FFB, qui espère les élargir aux travaux chez les particuliers. Ce serait inédit… et suppose de trouver les moyens humains mais techniquement, cette carte en test depuis le 5 décembre (« Les Echos » du 21 décembre) le permettra.

A la fin de la période de test actuel démarrera, début février, le déploiement, complété d’un arrêté de précisions techniques non encore paru. « Le déploiement sera graduel, à raison d’une zone par mois, en commençant par l’Aquitaine-Occitanie, qui a le plus fort taux de fraude, suivie du Grand Est, du Sud-Est puis du Nord-Ouest, en finissant par l’Ile-de-France, où le déploiement sera achevé au début de l’été », détaille le cabinet de Myriam El Khomri. La carte, valable cinq ans, devra être demandée par les entreprises des zones concernées sur le site Cartebtp. fr et coûtera 10,80 euros.

Myriam Chauvot

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 05/01/2017

Les pertes d’Autolib’ seraient majoritairement assumées par les contribuables

Le service Autolib’, exploité en délégation de service public, prévoit 179 millions d’euros de perte d’ici la fin du contrat en 2023. Mais seuls 60 millions d’euros devraient être supportés par le groupe Bolloré, affirme Le Canard Enchaîné.

Après cinq ans d’exploitation, la note des petites voitures électriques grises en libre-service est salée. Autolib’, le service de voitures en autopartage lancé par le groupe Bolloré en 2011, prévoit 179 millions d’euros de perte d’ici la fin du contrat en 2023, révèle Le Canard Enchaîné, qui cite le bilan financier du groupe Bolloré.

Toutefois cette charge sera majoritairement supportée par les contribuables. De fait, selon le contrat de délégation de service public signé pour une durée de douze ans (2011-2023), les pertes du service sont prises en charge à hauteur de 60 millions d’euros par le groupe Bolloré, indique le journal satirique. Le reste devra être assumé par la Mairie de Paris et les 97 villes d’Île-de-France équipées. La répartition se fera au prorata du nombre de véhicules garés dans les rues des communes.

Cinq ans plus tôt, l’homme d’affaires breton avait estimé qu’il faudrait sept ans pour que le système soit rentable. Selon lui, il faut 80.000 abonnés utilisant une voiture deux fois par semaine durant une heure pour atteindre l’équilibre financier. Aujourd’hui, le groupe se targue de compter 132.500 abonnés actifs… Mais l’objectif de rentabilité n’est pas atteint compte tenu «du déploiement et du développement actuel», du service explique-t-on chez Bolloré.

Les élus cherchent des solutions pour éponger les dettes

Les communes partenaires tentent de trouver des solutions pour éponger cette dette. Les élus ont voté, le 8 décembre dernier, une hausse des tarifs: la demi-heure va passer de 6 à 7 euros. Un avenant au contrat de délégation de service public a été consentie car cette hausse porte l’augmentation des tarifs à plus de 34%, seuil maximum fixé dans le contrat. Bolloré aurait, lui, proposé de fermer les stations les moins rentables ou d’autoriser la publicité sur les véhicules. Certains élus envisagent, pour leur part, de faire tout simplement disparaitre le service. Mais le coût serait encore plus élevé.

Une mauvaise publicité pour le groupe Bolloré qui a déjà étendu son service de voitures électriques en libre-service aux métropoles de Lyon et Bordeaux ainsi qu’à Indianapolis aux États-Unis et Turin en Italie. Le groupe prévoit de s’implanter, dès cette année, à Londres et à Singapour. À moins que les mauvais résultats financiers du service viennent contrecarrer ces projets.

Mathilde Golla

 

 

LE PARISIEN – 05/01/2016

SNCF : les attentats pèsent sur les résultats 2016

Les filiales européennes de la SNCF, comme Thalys ou Eurostar, ont été particulièrement touchées par cette baisse de chiffre d’affaires.

Sur les dix premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de la branche voyages de la SNCF, qui regroupe notamment les activités TGV, a chuté. Principale raison : les attentats.

2016 s’annonce comme une des pires années de la SNCF. Selon nos informations, fin octobre, le chiffre d’affaires de la branche voyages de la compagnie ferroviaire, qui regroupe notamment les activités TGV mais aussi l’Eurostar, le Thalys ou encore Ouibus, affichait déjà une baisse de 4,7 % par rapport à la même période de l’année précédente. Si le mois de décembre a connu un léger mieux, l’année s’est conclue avec des résultats en forte baisse comparé à 2015. «C’est probablement la pire année depuis la crise économique de 2008», estime une source proche du dossier. Une annus horribilis que la SNCF met principalement sur le compte des attentats.

Comme toute entreprise dont l’activité est liée au tourisme, la compagnie a été touchée de plein fouet par le climat de peur qui s’est répandu après les attaques du 13 novembre 2015 en Ile-de-France et celle du 14 juillet 2016 à Nice. Conséquence, des annulations en série, notamment des groupes scolaires, mais aussi une désaffection massive des touristes venus de l’étranger, comme de Chine, du Japon ou encore d’Italie.

Les filiales européennes de la SNCF comme Thalys et Eurostar ont ainsi particulièrement souffert en 2016. En revanche, les chiffres du trafic TGV en France sont restés relativement stables, grâce notamment à une politique tarifaire généreuse. Mais contrecoup de ces prix attrayants pour le client, des recettes en baisse pour la SNCF.

La chasse au gaspillage est ouverte

Autre facteur qui pèse sur les résultats 2016, les jours de grève, surtout ceux du printemps liés aux conditions de travail et à l’opposition au projet de loi El Khomri. Fin juin, Guillaume Pepy, président de la SNCF, avait calculé que ce conflit de 23 jours allait coûter au moins 250 M€. «Voyages SNCF va avoir les plus grandes difficultés à financer ses investissements, juge une source bien informée. C’est du jamais-vu.»

Si l’entreprise espère que cette situation sera temporaire, la chasse au gaspillage est plus que jamais ouverte. Il y a quelques semaines, elle s’est lancée dans un vaste programme de réduction des dépenses de 5 % par an sur les quatre prochaines années. Le budget 2017 prévoit une diminution nette des effectifs de 1 200 postes. Chez Voyages SNCF, pour atteindre son plan de performance, on souhaite se servir de Ouigo comme d’un laboratoire. Pas étonnant vu que la low-cost de la SNCF a des coûts au passager transporté 40 % moins élevés que ceux du TGV classique.

Si 2016 a été catastrophique, 2017 laisse quelques raisons d’être optimiste à la SNCF. D’abord, la compagnie devrait étendre son Ouigo vers Strasbourg et Bordeaux. Ensuite, la nouvelle ligne grande vitesse mettra à partir du 2 juillet la capitale girondine à 2 h 4 de Paris. Soit un gain de temps de 1 h 10.

Vincent Vérier

 

 

LES ECHOS – 05/01/2016

2016, année noire pour l’hôtellerie française

L’hôtellerie française a connu, l’an dernier, sa plus forte baisse d’activité depuis 2009.

On s’en doutait, au vu des statistiques égrenées tout au long de l’année : 2016 a été une année noire pour l’hôtellerie française. Selon le cabinet d’études et de conseil spécialisé MKG, qui a publié mercredi son dernier état des lieux annuel du secteur, 2016 est ainsi « l’année la plus mauvaise depuis 2009 » avec un recul du taux d’occupation (TO) moyen de 1,2 point, à 64,2 %, la recette unitaire moyenne par chambre disponible – le RevPAR, dans le jargon des professionnels -, indicateur de référence en matière de rentabilité, fléchissant par ailleurs de 5,1 %, à 56,30 euros. Petit lot de consolation, la chute du marché hôtelier tricolore a été, l’an dernier, moins sévère qu’en 2009, année de crise économique forte marquée par des baisses de 4,6 % du taux d’occupation moyen et de 9,2 % du RevPar (il faut remonter à 1993 pour retrouver une telle dégringolade !).

Au-delà de la tendance générale, MKG, qui fait autorité avec sa base de données, confirme le décrochage des deux locomotives régionales de l’hôtellerie française, à savoir l’Ile-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, durement affectées par le terrorisme et la chute du tourisme international, alors que le reste de la province a bénéficié d’une belle croissance. Les plus fortes baisses d’activité sont ainsi enregistrées à Paris, dont les ratios moyens sont traditionnellement les plus élevés, avec des chutes de 6,2 points du TO (à 72,3 %) et de 14,6 % du RevPar (112,50 euros), alors qu’elles sont respectivement de 5 points et de 9 % pour le reste de l’Ile-de-France. Pour sa part, la région PACA est sujette à un fléchissement de 1,3 point du taux d’occupation et de 2,8 % de la recette unitaire moyenne par chambre disponible. Pour la région PACA comme pour Paris, le segment haut de gamme a été le plus touché.

Des signes de reprise

A contrario, le reste de la province, dont les ratios sont les moins élevés, affiche de belles progressions avec un taux d’occupation en hausse de 1,5 point, à 61,9 %, et un RevPAR en augmentation de 4,4 %, à 47,30 euros. Hormis Paris, les huit principales agglomérations françaises ont des « résultats positifs », souligne même MKG, qui rappelle au passage l’effet d’entraînement de l’Euro de football et d’un calendrier d’événements favorable pour certaines d’entre elles (Lille, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Marseille).

Par ailleurs, et c’est une note d’espoir pour l’hôtellerie française, le cabinet spécialisé relève des « signes encourageants de reprise » depuis septembre et constate une hausse de la fréquentation de 0,5 point sur les quatre derniers mois de l’année, à comparer, il est vrai, à une difficile fin 2015, en raison de l’attaque terroriste du 13 novembre. Ce renversement de tendance devrait se prolonger en 2017, selon MKG, en raison d’un effet de base par rapport à une année 2016 négative mais aussi de la programmation de grands événements comme le Salon aéronautique Paris Air Show et celui autour du vin Vinexpo à Bordeaux. Pour autant, le cabinet ne s’attend pas à un retour des performances du secteur à leur niveau de l’année 2014. Par ailleurs, comme le soulignent bien des professionnels, la reprise « tient à un fil ». En clair, à l’éloignement de la menace terroriste.

Christophe Palierse

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 05/01/2017

A gauche, brutalité fiscale au programme

Les rares propositions en matière de réforme des impôts des candidats de la « Belle alliance populaire » promettent de coûter cher aux classes moyennes

Après Vincent Peillon et Manuel Valls mardi, Arnaud Montebourg a présenté hier le chiffrage de son programme présidentiel. A l’exception de l’ancien Premier ministre, tous les candidats proposent une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Une bombe fiscale qui entraînera des transferts de charges massifs entre classes de revenus. Selon Bercy, la réforme ferait au bas mot 9 millions de perdants : les classes moyennes et supérieures qui ont déjà subi un choc fiscal de 50 milliards d’euros en cinq ans.

N’ont-ils donc rien appris ? Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Benoît Hamon : ils étaient pourtant tous aux premières loges du gouvernement au moment de la révolte fiscale de 2013. Un ras-le-bol pris très au sérieux à l’époque au sommet de l’Etat, alors que les « bonnets rouges » démontaient les portails écotaxe, que les contribuables ulcérés par les hausses inédites d’impôts infligées depuis 2011 s’en prenaient de plus en plus violemment aux fonctionnaires des centres des impôts et que les « Pigeons » (business angels), « Dindons » (employés à domicile) et autres « Poussins » (auto-entrepreneurs) animaient la contestation sur les réseaux sociaux. Une ambiance insurectionnelle provoquée par une hausse brutale et inconsidérée de la fiscalité.

Et pourtant, trois ans plus tard, que propose le quatuor ? Des hausses d’impôts, encore et toujours, corolaires d’une augmentation non maîtrisée et non financée de la dépense publique (voir après). Des hausses qui reposeraient une fois de plus sur les classes moyennes et supérieures, qui ont déjà subit un choc fiscal de près de 50 milliards d’euros entre 2012 et 2017. La gauche dénonce « la violence inédite » du programme de François Fillon ? La brutalité fiscale des candidats de la « Belle alliance populaire » n’est pas en reste.

Raviver la révolte fiscale. En témoigne la résurgence de cette vieille lune de la gauche proposée par tous les candidats à l’exception notable de Manuel Valls : la fusion de la CSG (90 milliards de recettes) avec l’impôt sur le revenu (75 milliards) dans un grand impôt progressif qui rallumera à n’en pas douter les braises encore chaudes de la révolte fiscale.

Eux ne voient pas l’incendie. Pour Vincent Peillon, la CSG progressive bénéficierait « aux ménages modestes qui paient aujourd’hui le même taux que les plus fortunés ». Benoît Hamon en ferait un grand impôt rénové de 10 tranches. « Tous ceux qui gagnent moins de 2000 euros brut par mois auront un gain de pouvoir d’achat : 400€ par an pour ceux qui gagnent 1700 euros ; 1200 euros par an pour ceux qui gagnent le SMIC », annonce de son côté Arnaud Montebourg. Si ce dernier a trouvé une astuce en finançant ce big bang fiscal par amputation de moitié du CICE (10 milliards d’euros), les deux autres candidats n’expliquent à aucun moment que les classes moyennes et supérieures paieraient une addition d’une dizaine de milliards d’euros, elles qui sont déjà les seules à acquitter l’impôt sur le revenu. « C’est incontestablement la mesure la plus violente », reconnaît Philippe Bruneau, président du Cercle des fiscalistes.

9 millions de perdants. Les risques d’une telle mesure ont pourtant été soulignés par Bercy dans une étude réalisée début 2012. A produit constant, les transferts entre catégories de revenus feraient au moins 9 millions de perdants, dont 35% à 45 % touchant moins de 26 000 euros par an, certains moins de 14 000 euros (un million de foyers tout de même). Les classes moyennes et supérieures verraient leur facture bondir d’une dizaine de milliards d’euros. Le rapport de Bercy soulignait de « forts risques (…) sur l’acceptabilité du corps social, (…) budgétaire (…) et de détérioration de l’efficacité globale du système ». On pourrait rajouter risque constitutionnel puisque la CSG dégressive sur les bas salaires a déjà été censuré par deux fois par le Conseil constitutionnel : en 2000 sous Lionel Jospin et en 2015 sous Manuel Valls. A chaque fois, les sages de la rue Montpensier ont jugé la mesure contraire au principe d’égalité devant l’impôt.

La fiscalité du patrimoine risque également d’exploser. Benoît Hamon propose par exemple de fusionner l’ISF, la taxe foncière et les droits de mutation, pour « améliorer le rendement de l’impôt et faire en sorte que les prélèvements sur les derniers déciles soient plus importants qu’aujourd’hui ». Vincent Peillon promet un durcissement de la fiscalité sur les successions dont le taux « devra varier selon le montant reçu par l’héritier au cours de sa vie (plus il a reçu de patrimoine, plus il doit s’acquitter d’un montant élevé d’imposition) ». « Faire payer des droits en fonction du patrimoine de l’héritier, on en parlait déjà dans les congrès PS il y a quarante ans», se souvient le fiscaliste Michel Taly, ancien directeur de la législation fiscale sous Mitterrand. « M. Peillon mélange fiscalité du capital et héritage », ajoute Philippe Bruneau. « Je partage le constat sur une France pays d’héritiers. Mais il se trompe en affirmant que le rapprochement de l’imposition des revenus du capital sur celle des revenus du travail est un pas dans la bonne direction. Cette mesure a plombé l’investissement ».

Indigence. Pour le reste, l’indigence des propositions des candidats en matière de fiscalité – aucun onglet fiscalité sur le site de Manuel Valls, deux lignes chez Arnaud Montebourg, guère plus chez Vincent Peillon et Benoît Hamon – ne permet pas de dessiner de stratégie fiscale pour le prochain quinquennat.

Au final, seul Manuel Valls et sa promesse de stabilité fiscale durant le quinquennat trouve grâce aux yeux de Jean-Yves Mercier – « une indication plutôt rassurante, tout comme sa volonté de préserver les outils de production des entreprises de toute nouvelle taxation ». Même si, pour ce membre du Cercle des fiscalistes, son programme aussi « manque cruellement de chiffres ».

La fiscalité doit pourtant s’imposer dans le débat comme une priorité alors que la France, sous François Hollande, est devenue championne d’Europe des prélèvements obligatoires (47,5% du PIB). L’effet récessif du choc fiscal imposé ces dernières années a été estimé par l’OFCE à 0,8 point de PIB en moyenne par an depuis 2012. L’économie française étouffe sous le poids des charges. Mais ce n’est visiblement pas un sujet « primaire » pour la gauche.

Raphaël Legendre

 

 

LE MONDE – 05/01/2017

Jean-Luc Mélenchon : « A quoi bon un candidat du PS ? »

Le député européen, qui se présente sous les couleurs de son nouveau mouvement, La France insoumise, affirme avoir réuni près de 500 parrainages.

Cela fait maintenant près d’un an que Jean-Luc Mélenchon a lancé sa campagne présidentielle. Celui qui est désormais le candidat de La France insoumise assure toucher au but quant aux 500 parrainages nécessaires pour se présenter et avoir l’accord d’une banque pour financer sa campagne.

Quel regard portez-vous sur la primaire du PS ?

La légitimité de la candidature PS, c’était celle du président sortant qui, faisant valoir son bilan, aurait proposé de le corriger ou de l’amplifier. Faute de bilan, il aurait pu y avoir comme alternative un projet ou un programme du PS. Mais lui-même a renoncé à en avoir un. Il leur reste donc 92 jours, entre la fin de la primaire et le premier tour de la présidentielle, pour boucler un programme et le faire assez connaître pour que les citoyens puissent se prononcer dessus.

Jusqu’à présent, l’ultime justification du candidat socialiste, c‘était d’être en tête dans les sondages. Il se présentait alors comme le “vote utile”. Actuellement, le PS est en troisième position derrière M. Macron et moi-même. Dans ces conditions, sans projet et sans avantage électoral, à quoi bon un candidat du PS ? En réalité, le vrai choix des électeurs du PS, c’est de trancher entre l’orientation gouvernementale amplifiée, telle que la porte M. Macron, et la tradition de l’humanisme émancipateur de la famille culturelle, que j’incarne.

Vous serez dimanche à Tourcoing (Nord) pour parler des conditions de travail. Plusieurs des candidats de la primaire du PS, eux, se posent en « candidat du travail »

Moi, je ne parle pas du travail mais des salariés. Cela fait quinze ans que le CAC 40 obtient tout ce qu’il veut et que ces faveurs successives se font sur le dos des salariés. Cela se traduit par une précarisation plus grande, des conditions de vie de plus en plus terribles et une souffrance au travail qui se vérifie dans pratiquement tous les secteurs et à tous les étages de la hiérarchie. Je veux introduire dans la campagne un projet de progrès social, et pas simplement une résistance aux méfaits de la financiarisation de l’économie.

Il faut poser des objectifs clairs : le retour aux 35 heures réelles, la retraite à 60 ans avec 40 annuités, la Sécurité sociale intégrale avec un remboursement à 100 % des frais médicaux et des droits fondamentaux inconditionnels – droit aux premiers mètres cubes d’eau, de gaz et aux premiers kilowattheures gratuits. Dans une situation aussi mouvante, c’est le moment ou jamais d’être précis et ferme pour entraîner et fédérer le peuple. L’ambiguïté ne peut mener qu’au désastre. Prenez le « revenu décent » de M. Valls ou le « revenu universel » de M. Hamon : dans le meilleur des cas, ce sont des illusions, souvent une pure mystification.

Que leur reprochez-vous ?

Les deux disent qu’ils fusionneront d’autres allocations, mais ils se gardent bien de dire lesquelles. Il y aurait en effet de quoi craindre. Car leurs deux formules sont au-dessous du seuil de pauvreté, de l’allocation aux adultes handicapés et même du minimum vieillesse ! M. Hamon propose un revenu universel de 535 euros et M. Valls de 800 euros, mais sous conditions – ce qui est encore pire. Cela ne permet pas aux gens de vivre ; tous seront dans l’obligation de trouver un autre revenu par le travail. Résultat : ça menace les actuels allocataires de minima sociaux, mais ça garantit un revenu supplémentaire à MM. Bolloré et Dassault. Absurde ! Certes, certains seront illusionnés. Mais pas les pauvres gens qui comptent à l’euro près ce qu’ils ont et n’auront plus. En entendant cette “gauche”, ils risquent de fuir de l’autre côté !

Qu’est-ce qui vous différencie d’Arnaud Montebourg, qui semble plus proche de votre ligne ?

Il y a des différences qui ne sont pas des nuances. Après avoir dit qu’il renonçait à l’idée d’une VIe République, il dit qu’il y revient. Mais il propose une méthode, assez voisine de celle de M. Peillon : des amendements à la Ve République, octroyés d’en haut, validés par référendum. Ce n’est pas du tout la méthode refondatrice du pays que je propose, avec la tenue d’une assemblée constituante.

Je propose aussi un modèle de relance par la planification écologique, et la sortie du nucléaire. Ce n’est ni son propos ni celui d’Hamon, d’ailleurs. Enfin, sur la construction européenne, c’est à lui de préciser : M. Montebourg dit qu’il faut écrire un nouveau traité et que cela le distingue de moi, qui veux sortir de l’actuel. Il joue un peu avec les mots…

Emmanuel Macron est donné devant vous dans les intentions de vote. Comment expliquez-vous cette dynamique ?

Je n’observe pas la dynamique dont vous me parlez. Je crois que c’est une erreur d’analyse de croire que la société réclame des formules libérales comme dans les années 1990-2000. Il y a un très gros appétit médiatique pour M. Macron, qui n’est pas désintéressé : c’est normal que la caste ait choisi le personnage qui lui paraît la représenter le plus brillamment. Mais que quelqu’un qui a bénéficié de cinquante « unes » de journaux en trois mois et qui est présent quasi continuellement sur tous les médias me batte d’un point, alors que je suis le pestiféré de la scène, ce n’est pas un exploit si extraordinaire.

Trop atomisée, la gauche est donnée pour l’heure absente du second tour. Est-ce une fatalité ?

Je ne suis pas d’accord avec l’analyse selon laquelle il y aurait une pluralité de candidatures à gauche, bloquant l’accès au second tour. D’ailleurs, qui est capable de dire où commence et où s’arrête “la gauche” aujourd’hui ? Vous classez M. Macron dans la gauche, mais lui-même le refuse. Je le mets donc de côté. Regardez le compte des candidatures : il n’y en a pas plus qu’en 2012, année où le PS a gagné l’élection. Il y en aura peut-être moins. Ce qui est certain, c’est que les repères de la scène politique ont explosé. Il peut se produire une situation où des secteurs du mouvement socialiste décident de me rejoindre. S’ils le font, ils peuvent assurer ma présence au second tour. La campagne est très ouverte.

Ma cible, c’est M. Fillon. Avec Le Pen en tête, Fillon en seconde position serait automatiquement élu. Il incarne la droite telle qu’elle est aujourd’hui : ultratraditionaliste quant à la société et ultralibérale quant à la politique économique. Non seulement on aurait une défaite socialement terrible, mais en plus, ce serait une défaite idéologique. On peut le battre car selon moi, sa politique n’est pas capable d’entraîner une majorité du peuple français.

Est-ce que M. Fillon pose un problème à Marine Le Pen ?

Clairement, oui. Beaucoup des électeurs de Mme Le Pen sont des électeurs ralliés par des valeurs traditionnelles que Fillon porte mieux désormais. Il y a toujours eu un secteur populaire et ouvrier à droite. Il l’était pour des raisons essentiellement culturelles, car son intérêt économique n’était pas de ce côté. De plus, Mme Le Pen fait une campagne ambiguë, qui nous singe. Et cette invraisemblable rose bleue ! Comment comprendre qu’elle choisisse le symbole du PS pour se définir elle-même ? Mais pour moi, la droite et l’extrême droite finiront par s’entendre, comme ça se passe dans à peu près tous les autres pays d’Europe, moyennant quelques purges et beaucoup de dissimulation. On voit assez clairement dans le FN la ligne qui sépare Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. Elles aussi seront contraintes à la clarification, comme toutes les autres composantes du champ politique.

Avez-vous vos 500 signatures ?

Je les ai, à 17 près. Mais je ne suis pas tranquille tant que je n’ai pas une marge, aux alentours de 600 signatures.

Comment financez-vous votre campagne ?

Le banquier est d’accord sur le principe pour un prêt. Nous avons déjà récolté 1 million d’euros de dons. On devrait être entre 5 et 7 millions d’euros, soit moins que les 9 millions de 2012.

Nicolas Chapuis et Raphaëlle Besse Desmoulières

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 05/01/2017

Theresa May en panne de négociateurs européens

VIDÉO – La démission fracassante de son ambassadeur à Bruxelles, Ivan Rogers, souligne le déficit de compétences de Londres sur le Brexit.

Cette fois, c’est écrit noir sur blanc, de la main d’un haut responsable britannique. Dans sa lettre de démission de son poste d’ambassadeur auprès de l’Union européenne, rendue publique mardi soir, Ivan Rogers avoue qu’il ne sait «pas encore ce que le gouvernement fixera comme objectifs de négociations pour la relation entre le Royaume-Uni et l’UE après la sortie». Inquiétant, à moins de trois mois du déclenchement de la procédure de divorce. Ce long e-mail adressé à ses équipes apparaît comme un document à charge sur la stratégie du gouvernement de Theresa May. Il y stigmatise à mots à peine couverts «les arguments sans fondements» et «raisonnements confus». Enfonçant le clou, il souligne qu’«il y a très peu d’expérience sérieuse sur les négociations multilatérales à Whitehall», l’avenue des ministères à Londres.

Les partisans du Brexit se sont immédiatement fait fort de présenter le diplomate comme un traître. Et de pousser Theresa May à envoyer à Bruxelles un des leurs pour le remplacer. Le nom de Nigel Farage, ancien chef du parti europhobe Ukip (United Kingdom Independence Party), a même été cité, avant qu’il n’écarte lui-même la possibilité d’une boutade. Il a toutefois appelé à d’autres démissions dans les rangs des diplomates britanniques «qui ont du mal à accepter le vote» pour quitter l’Europe.

Chasse aux sorcières

Vétéran du Foreign Office, rompu aux rouages européens, proche de David Cameron puis de Theresa May, Ivan Rogers s’était inquiété dès avril, deux mois avant le référendum, du risque d’un divorce «conflictuel» et coûteux entre Londres et l’UE. Ses relations avec le gouvernement s’étaient dégradées quand il a laissé entendre en décembre que la normalisation des relations entre le Royaume-Uni et l’Europe pourrait prendre jusqu’à dix ans.

«Une fois de plus, on voit des politiciens dénigrer une personnalité qui évoque une possible alternative à l’orthodoxie officielle», s’indigne Dave Penman, secrétaire général du FDA, le syndicat des hauts fonctionnaires britanniques. Dénonçant «un climat fébrile et toxique», il juge l’extrême politisation du dossier du Brexit comme «une voie dangereuse pour le gouvernement qui, en niant la complexité du sujet, affaiblit sa propre position». Même spontané, ce départ renforce par ailleurs l’impression de chasse aux sorcières chez les proeuropéens qui refusent de se taire. Il y avait déjà eu la démission du commissaire britannique à Bruxelles Jonathan Hill au lendemain du référendum. Un ancien dirigeant de l’administration, Gus O’Donnell, un ex-responsable du Foreign Office, Simon Fraser, ont eux aussi été vilipendés pour leurs mises en garde sur les difficultés du Brexit.

Downing Street a traité par le mépris un rapport du cabinet Deloitte, qui avait fuité en novembre, tirant le signal d’alarme sur les errements dans sa stratégie et les sous-effectifs de la fonction publique britannique devant l’ampleur de la tâche. Loin de reconnaître publiquement la complexité du chantier, Theresa May tient à distance ceux qui, au gouvernement comme au Parti conservateur, ne cachent pas leurs inquiétudes. Ils sont catalogués comme des oiseaux de mauvais augure. Ancien conseiller de David Cameron – pourtant favorable au Brexit -, Steve Hilton regrette une approche «mesquine et étroite» de la première ministre, accusée de chercher à «couper les ponts» avec l’Europe.

Un malentendu fondamental

Derrière cette vision très empreinte d’idéologie se profile une préoccupante perte de compétences européennes pour la Grande-Bretagne à un moment crucial. Pour Charles Grant, directeur du Centre for European Reform, la démission d’Ivan Rogers «affaiblit la capacité de May de parvenir à un bon accord avec l’UE». L’ambassadeur était «l’une des très rares personnalités au sommet de l’État à comprendre l’UE», tacle-t-il. Son départ est un «but contre son camp» marqué par le Royaume-Uni, selon l’ancien vice-premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg, qui a travaillé avec lui. Remuant le couteau dans la plaie, la Commission européenne, par la voix d’une de ses porte-parole, «regrette la perte d’un interlocuteur très professionnel, très bien informé, bien que pas toujours facile». Selon un diplomate de haut de rang à Bruxelles, Ivan Rogers était «profondément inquiet de l’impréparation des Britanniques, de la constante sous-estimation à Londres des problèmes induits par le divorce et, pour finir, de l’incapacité du cabinet May à trouver une ligne crédible».

Cette description met en lumière un malentendu fondamental entre Londres et les Vingt-Sept. «À écouter le débat sur le Brexit en Grande-Bretagne, le Royaume-Uni va décider de l’accord qu’il veut avec l’UE, de ce qu’il va négocier et recevoir. C’est comme si le pays disait: “Nous avons décidé de partir et nous allons aussi décider de comment nous allons le faire”», constate Bob Hancké, professeur de politique européenne à la London School of Economics. Or, poursuit-il, c’est oublier que le processus défini par l’article 50 du traité de Lisbonne (rédigé par un Britannique, lord Brian Kerr, autre proeuropéen) donne la main dans les négociations à l’UE «contre l’État membre sortant». Selon lui, les lignes rouges dressées par Londres à l’orée des pourparlers relèvent d’une «arrogance» qui risque de se retourner contre elle.

Pendant ce temps, l’administration britannique tarde à se doter des compétences nécessaires pour gérer ce chantier monumental. «Nous avons besoin d’objectifs clairs et de capacités pour les mettre en œuvre. Or, il risque d’être difficile de relever le défi législatif le plus vaste que nous ayons connu depuis la Seconde Guerre mondiale tout en menant les affaires courantes, avec une fonction publique réduite de 35% depuis 2010», s’inquiète Dave Penman, du syndicat FDA.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/04/01003-20170104ARTFIG00300-theresa-may-en-panne-de-negociateurs-europeens.php

Florentin Collomp

 

 

LE MONDE – 05/01/2017

Lutte contre l’évasion fiscale : l’Europe passe de la théorie à la pratique

Depuis le 1er janvier, les pays membres de l’Union européenne doivent communiquer les accords fiscaux préalables transfrontaliers qu’ils signent avec les entreprises.

C’est l’une des principales conséquences du « LuxLeaks », ce retentissant scandale financier dans lequel les médias avaient révélé, fin 2014, un système d’accords fiscaux très avantageux pour les multinationales mis en place au Luxembourg quand Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, en était encore le premier ministre.

Depuis dimanche 1er janvier, les administrations des vingt-huit Etats membres de l’Union européenne (UE) sont censées se communiquer sur une base automatique et obligatoire tous les rulings (les accords fiscaux préalables) qu’ils signent avec les entreprises en matière transfrontalière.

Le but de cette transparence est d’éviter qu’un pays n’octroie des conditions fiscales trop avantageuses à une multinationale et ne prive ainsi d’autres Etats de substantiels revenus liés à l’activité réelle de cette société sur leur territoire. Le fait d’être mutuellement tenus au courant de tous les rulings devrait permettre d’en finir avec cette forme de concurrence fiscale dommageable dans l’UE.

La directive à laquelle les Vingt-Huit doivent désormais se conformer a été proposée en urgence par la Commission fin 2014. Elle fut adoptée fin 2015 avec une célérité inhabituelle par l’ensemble des Etats membres, les plus réticents jusqu’alors à toute avancée en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales (Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Belgique) ayant dû céder sous la pression des opinions publiques.

Les pratiques ont changé

Les administrations doivent communiquer tous les rulings et accords sur les prix de transfert (prix que se facturent les filiales d’un groupe entre elles) à venir et/ou signés depuis 2012. Les rulings postérieurs au 1er janvier 2017 doivent être transmis – y compris à la Commission, qui n’en reçoit cependant qu’une information partielle – au plus tard trois mois après la fin du semestre de l’année civile au cours de laquelle ils sont signés ou modifiés. Les échanges d’informations entre Etats concernant les rulings signés à partir du 1er janvier auront donc lieu au plus tard le 1er septembre.

Les pratiques ont commencé à changer avant même l’entrée en vigueur de ce texte. Fin décembre, le grand-duché de Luxembourg a ainsi annoncé de nouvelles règles visant à empêcher les montages fiscaux « abusifs » de multinationales. Une tentative, pour le petit Etat, d’améliorer son image, et pour son premier ministre, Xavier Bettel, le successeur libéral du chrétien-démocrate Juncker, de marquer sa différence.

Les changements annoncés ont été qualifiés de « très bienvenus » par la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, dont les services ont, précise-t-elle, collaboré avec les autorités grand-ducales. La réforme de la législation luxembourgeoise concerne le traitement fiscal appliqué aux « sociétés de financement », ces sortes de caisses internes aux groupes multinationaux auxquels elles fournissent des prêts et autres services financiers. Ce sont elles qui ont permis à des sociétés basées au Grand-Duché de réduire artificiellement leurs impôts, en vertu de rulings conclus avec les autorités. Un système très répandu au Luxembourg mais aussi dans d’autres Etats membres, dont l’Irlande et les Pays-Bas.

Deux enquêtes pour aides d’Etat

Le pays de M. Bettel reste, lui, sous le coup de deux enquêtes pour aides d’Etat compte tenu de ses apparentes largesses à l’égard d’Amazon et de McDonald’s, deux dossiers qui ne sont pas immédiatement liés à la nouvelle législation. En octobre 2015, la Commission avait dénoncé le ruling qui avait permis à Fiat Finance de réduire son impôt d’un montant compris entre 20 millions et 30 millions d’euros depuis 2012.

Depuis les « LuxLeaks », la Commission n’a pas ménagé sa peine pour en finir avec la concurrence fiscale déloyale. Carte libre a été laissée à Mme Vestager et à Pierre Moscovici, son collègue chargé de l’économie, qui, en plus de la communication automatique et obligatoire des rulings, ont proposé d’autres législations afin d’en finir avec les abus fiscaux. Mais l’image de M. Juncker n’en reste pas moins durablement affectée, même si sa responsabilité personnelle n’a jusqu’à présent pas été directement engagée.

Lundi 2 janvier, The Guardian a enfoncé le clou en se basant sur des câbles diplomatiques allemands confidentiels. Le quotidien britannique a affirmé que le Luxembourg, à l’époque où il était dirigé par M. Juncker – il fut premier ministre de 1995 à 2013 –, s’est systématiquement opposé aux avancées en manière de lutte contre l’évasion fiscale des Européens. Le Grand-Duché faisait partie des pays « bloquants » au sein du très peu transparent groupe « Code de conduite » constitué de représentants des Etats membres et mis en place à Bruxelles en 1998 pour mettre fin aux pratiques de concurrence fiscale dommageables.

Ces révélations n’ont rien de surprenant, une première série de « leaks » du groupe « Code de conduite » ayant montré, en novembre 2015, que ce comité bruxellois était paralysé depuis des années. « C’est bien de réchauffer les soupes froides, mais ce serait bien aussi de regarder ce qui se passe réellement ici à Bruxelles [en matière de lutte contre l’évasion fiscale] », a réagi Margaritis Schinas, le chef de la communication à la Commission, mardi 3 janvier.

Jean-Pierre Stroobants et Cécile Ducourtieux

 

L’OPINION – 05/01/2017

Et pendant ce temps, l’Espagne a créé plus de 540000 emplois en 2016

 

Fatima Bañez, la ministre espagnole de l’Emploi, impute la baisse record du chômage à sa réforme du marché du travail.

En baisse pour la quatrième année consécutive, le nombre de chômeurs espagnols s’est réduit de plus de 390000 l’an dernier, soit un nouveau record

En Espagne, plus que Noël, l’Epiphanie est le jour où l’on se donne des cadeaux. Et les rois mages sont arrivés avec quelques jours d’avance pour Mariano Rajoy, le Président du gouvernement, dont le mandat a été renouvelé fin octobre après dix mois de crise politique. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Emploi et de la Sécurité sociale, le nombre de chômeurs a chuté de 390 534 en 2016, soit un record historique. C’est la quatrième année de baisse consécutive après 2013 (-147 385), 2014 (-253 627) et 2015 (-354 203).

Dans le même temps, 540 655 nouvelles personnes ont été enregistrées par la Sécurité sociale, qui compte désormais 17,8 millions d’adhérents (14,5 millions dépendant du régime général et 3,2 millions de celui des indépendants), soit un plus haut depuis 2009. « Il s’est créé 1 500 postes par jour l’an dernier », n’a pas manqué de souligner la ministre de l’Emploi, Fatima Bañez, en défendant sa réforme du marché du travail que l’opposition, majoritaire au Parlement, veut remettre en cause.

Nouvelle décrue. S’ils se félicitent de cette nouvelle décrue, les syndicats soulignent à l’image de l’UGT que 3,7 millions d’Espagnols sont encore au chômage (4,8 millions en 2012), « plus pauvres et avec moins de protection qu’avant », plus de la moitié ne bénéficiant plus selon elle d’allocations. Pour leur part, Commissions Ouvrières (CCOO) voient surtout dans ces performances un développement du travail précaire et du temps partiel. L’emploi demeure toujours la principale préoccupation (74,7 %) des Espagnols, devant la corruption (38,7 %) et la situation économique (24,7 %).

L’absence de gouvernement ne semble pas avoir pénalisé la péninsule ibérique qui a enregistré en 2016, comme en 2015, un taux de croissance de 3,2 %. La banque d’Espagne prévoit des progressions de 2,5 %, 2,1 % et 2 % en 2017, 2018 et 2019 date à laquelle le taux de chômage devrait tomber à 14,9 % contre 18,5 % aujourd’hui.

Gilles Sengès

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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