Revue de presse du MEDEF IDF du 31 Janvier 2017

2017-03-02T07:03:04+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 31/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 31/01/2017

Grand Paris : la bataille du métro a commencé

 

Champigny, mardi dernier. Les travaux spectaculaires de la gare de la future ligne 15 Sud ont débuté.

C’est le marché du siècle, qui fait saliver plus d’une entreprise. Le Grand Paris Express, c’est 200 km de lignes nouvelles de métro et 68 gares à construire d’ici 2030, soit un chantier d’au moins… 25 Md€. « Un investissement d’avenir qui portera l’économie du pays », a lancé Philippe Yvin, président de la Société du Grand Paris (SGP), lors de ses vœux la semaine dernière. 2017 marque l’entrée en chantier de quatorze des seize gares de la ligne 15 Sud (Pont-de-Sèvres – Noisy-Champs), et la mise en route du premier tunnelier. Un chantier gigantesque qui fait rêver PME, poids lourds du BTP, pros des transports et élus.

Qui pour creuser et construire ?

Plus de 4 000 salariés travaillent déjà sur le futur métro (2 500 ingénieurs et architectes, 1 500 ouvriers). Certains étaient à pied d’œuvre cette semaine avec SNCF Réseau pour une première opération majeure (5 M€) : le ripage d’un pont sous des voies de chemins de fer (photo ci-contre), à Champigny (Val-de-Marne). Il y en aura des dizaines d’autres ! Plus d’un milliard d’euros de travaux sont prévus cette année et, au plus fort des chantiers, en 2018, la Fédération régionale des travaux publics table sur 22 000 emplois.

Pour répartir cette masse de travail, la SGP a tronçonné les lignes en différents lots, afin que plusieurs entreprises puissent creuser ou construire les gares en même temps. 2017 sera très importante : les cinq derniers marchés de la 15 Sud et les deux premiers de la 16 seront attribués, soit près de 9 Mds€ ! Bouygues, Vinci et Eiffage, les géants français du secteur, sont dans les starting-blocks.

Mais l’attribution en 2016 d’un premier tunnel de 7 km pour 363 M€ au Français Demathieu Bard, associé à des Italiens, des Belges et des Suisses, a fait grincer quelques dents. « Il ne peut pas y avoir de préférence nationale, c’est interdit », tranche Philippe Yvin. En revanche, la SGP oblige les entreprises à faire travailler 20 % de PME. Un observatoire sera lancé dans les prochains jours pour vérifier que cette disposition est bien appliquée.

Qui pour faire rouler ?

Selon la loi sur le Grand Paris, la RATP, opérateur historique du métro parisien, bénéficie de droit de la gestion des infrastructures (rails et tunnels) du Grand Paris Express. Mais l’exploitant (celui qui fera rouler les métros) sera, lui, désigné à l’issue d’un appel d’offres ouvert à la concurrence. Celui-ci doit être lancé cette année. La RATP sera bien sûr sur les rangs, mais aussi Keolis (filiale de la SNCF), et sans doute d’autres professionnels des transports, français ou étrangers. La bataille sera rude. Keolis a déjà redouté publiquement que la gestion des infrastructures ne donne un avantage à la RATP, et a lancé une opération séduction pour montrer son savoir-faire, à Londres par exemple.

La même compétition devrait avoir lieu pour le matériel roulant : Alstom et ses concurrents seront sans doute sur les rangs pour construire les rames. La SGP va lancer cette année le marché des métros automatiques de la 15 Sud : à la clé, la construction de 120 trains, représentant 516 voitures, d’ici à 2025 ! Le gagnant sera connu en 2018.

Qui pour diriger ?

C’est une autre bataille, en coulisses, qui s’est jouée jusqu’en fin d’année dernière. Celle pour la gouvernance du futur métro. Valérie Pécresse a milité pour une fusion entre le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), qu’elle préside, et la SGP. Une idée rejetée par Philippe Yvin, et ensuite par le Conseil économique, social et environnemental (Ceser), sollicité pour donner un avis.

Grâce à un lobbying discret et efficace, la SGP conserve son autonomie — et ses milliards… pour l’instant. Car les prochaines échéances électorales vont contribuer à remettre le dossier sur la table. Une autre étape dans la bataille du Grand Paris.

Jean-Gabriel Bontinck

 

 

FRANCE BLEU – 31/01/2017

L’île Seguin futur pôle culturel du Grand Paris ?

 

Le futur visage de l’île Seguin, avec le projet de pôle culturel (à droite) et la Seine Musicale (à gauche).

Elle veut devenir un haut lieu de la culture dans la métropole du Grand Paris. L’île Seguin a définitivement tourné la page de son histoire industrielle. Le site des Hauts-de-Seine se prépare à basculer dans une nouvelle ère, qui débutera en avril avec l’ouverture de la Seine Musicale.

Le projet de pôle culturel et artistique sur l’île Seguin a été dévoilé ce lundi à Boulogne-Billancourt (92). Cet équipement d’envergure verra le jour sur la pointe amont (au sud de l’île), à l’opposé de la Seine Musicale, la salle de concert de 6.000 places qui sera inaugurée le 22 avril prochain. Il s’agit en réalité de deux constructions distinctes, d’où le nom du projet « S17 S18 ». La première, une grande vitrine dédiée à l’art et à la culture, abritera la Fondation Emerige, des espaces d’exposition, un cinéma multiplex de 8 salles, 4.000 m² de bureaux et autant d’espaces commerciaux. La seconde sera un hôtel de 13.000 m², résolument « arty » : chacune des 220 chambres aura son œuvre d’art unique. L’établissement 4 étoiles sera doté d’un spa, d’une piscine, et d’un restaurant en rooftop.

 

L’entrée du Centre d’Art de l’île Seguin.

La mutation est en marche pour l’île Seguin, une bande de terre de 11,5 hectares étirée entre Billancourt et le Bas-Meudon, qui a abrité les usines Renault pendant plus de 60 ans. Jadis point de passage pour les aristocrates entre Paris et Versailles, le site rêve de rayonner tel un phare dans la métropole. L’idée, est de « déplacer le centre de gravité culturel de Paris vers l’ouest » assure le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet. Qui s’enthousiasme : « ce sera la plus belle concentration culturelle d’Europe sur une île, c’est extraordinaire ! »

Le Centre d’art sera multidisciplinaire (musique, cinéma, arts numériques…) et proposera une programmation moderne et variée, axée sur les artistes français. L’art contemporain sera particulièrement mis en valeur, avec les œuvres du fonds de Laurent Dumas de chez Emerige, la collection d’art Renault ainsi que celle de la Fondation Giacometti.

 

Le projet d’aménagement de la pointe amont, vu depuis Meudon.

Le projet artistique et culturel est aussi architectural, avec un savant mélange entre minéral et végétal. Une promenade sera aménagée sur les berges. Quant à la partie centrale de l’île, elle devrait accueillir un parc. Le site, au cœur du futur réseau de transport de la métropole, sera parfaitement desservi avec une gare du Grand Paris Express (ligne 15). Une liaison par câbles (télécabines) est aussi à l’étude. L’île Seguin pourrait accueillir à terme un flux de 2 millions de visiteurs par an. Les travaux d’aménagement de la pointe amont (au sud de l’île) devraient débuter l’année prochaine pour une livraison espérée en 2021.

Nicolas Olivier

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Résidences secondaires : Paris vote la surtaxe, les autres villes sont plus prudentes

Le Conseil de Paris a voté ce lundi la majoration de 60 % de la taxe d’habitation des pieds-à-terre. Une surenchère fiscale que dénoncent les associations de propriétaires.

Trouver de nouvelles recettes, libérer des logements pour les Parisiens, le tout sans grever leurs impôts. C’est l’équation qu’a fait valoir le Conseil de Paris pour voter une nouvelle surtaxe d’habitation sur les résidences secondaire ce lundi. Pour la deuxième fois en trois ans, les parlementaires ont donné dans la loi de finances la possibilité aux maires de doper les taxes des résidents intermittents. Un surcroît de 20 % avait déjà été voté fin 2014, convaincant une centaine de communes de tous bords politiques de l’adopter. Il avait rapporté une quinzaine de millions à la capitale.

Cette fois, les maires des 1.149 communes en zones tendues se voient ouverte la possibilité de pousser la majoration entre 5 et 60  %. C’est à nouveau la mairie de Paris qui a convaincu le gouvernement et le Parlement d’adopter cette mesure qui pourrait lui rapporter 43 millions d’euros. Plus précisément le groupe communiste de la majorité parisienne qui espérait même une hausse de 100 %, soit un doublement de la taxe d’habitation des propriétaires de résidence secondaires. Le plafond a été limité par les députés à 60  %, taquet repris à Paris. Jacques Baudrier, élu du 20e arrondissement, rappelle qu’entre 1999 et 2014, le nombre de résidences secondaires a bondi de 75.074 à 107.063 unités, une augmentation de 43 % qu’il compare avec les 3 % d’augmentation des logements.

Un taux de 21 %

Lundi la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a relativisé l’impact fiscal : « Le produit cumulé du taux de la taxe d’habitation et celui de la majoration sur les résidences secondaires se traduira par un taux de 21 %, c’est moins que la moyenne nationale. » Dans sa communication, la mairie reconnaît que la première majoration de 2015 n’avait pas suffi pour inciter des reventes, espérant cette fois un taux plus dissuasif. « Nous tablons sur plusieurs milliers de vente », espère Jacques Baudrier.

La mesure ne suscitera probablement pas le même engouement qu’avant. Son produit attendu est de 150 millions d’euros, similaire à la projection de 2015. Contactée par « Les Echos », la mairie Modem de Biarritz, qui faisait partie de la quinzaine de communes de Pyrénées-Atlantique ayant mobilisé le levier en 2015, explique qu’elle ne le fera pas cette fois. « C’est la tendance sur la côte », assure par ailleurs le cabinet du maire.

En Ile-de-France, Philippe Laurent (UDI) à Sceaux explique ne l’exclut pas dans les années à venir mais pas cette année. En revanche, le maire communiste de Montreuil, Patrick Bessac, a inscrit une majoration de 60 %, soit 550.000 euros de recettes au Conseil municipal de mercredi. L’Union nationale des propriétaire immobilier (UNPI) s’indigne, elle, de cette surenchère fiscale : « Certains propriétaires doivent déjà verser au titre de la taxe foncière jusqu’à trois mois de loyer. »

Matthieu Quiret

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

NKM veut une couverture du périphérique parisien

Souhaitant réduire la fracture entre Paris et la banlieue, la chef de l’opposition municipale défend ce projet mardi devant le Conseil de Paris.

Selon ses détracteurs, Anne Hidalgo est taxée de créer la rupture entre Paris et sa banlieue en interdisant depuis l’été les berges rive droite aux voitures venant largement des villes voisines. Dans ce contexte de tension et de polémique toujours vive autour de ces trois kilomètres de route piétonnisée, Nathalie Kosciusko-Morizet (les Républicains) a bien l’intention de faire figure de réconciliatrice. La chef de file de l’opposition municipale a ressorti des cartons une idée qui figurait dans son programme lors des précédentes municipales: la couverture du périphérique.

Avec ce projet, soumis ce mardi au Conseil de Paris, la responsable politique compte adresser un message architectural: faire cesser la fracture qui existe entre Paris et sa banlieue. Avec ses 35 km de rocade utilisés chaque jour par 1,1 million de véhicules, le périphérique constitue indéniablement une frontière entre la capitale et les villes limitrophes. Il est aussi un enfer pour les quelque 100. 000 riverains en prise directe avec les émissions de polluants et de bruit liées au trafic. Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet note dans son dossier de presse relatif à ce projet qu’aujourd’hui l’Hôtel de ville dirigé par l’élue socialiste se préoccupe beaucoup des aménagements de l’hypercentre de Paris en proposant rues piétonnes et circulation douce «achevant de créer», peut-on lire, «un Paris à plusieurs vitesses»…

À ce jour, seulement 6 kilomètres sont couverts, notamment à l’ouest de la capitale. Il s’agit donc de poursuivre la couverture quand celle-ci est techniquement possible ou d’imaginer divers aménagements en vue de créer de nouveaux espaces urbains qui viendront ainsi effacer la rupture. À ceux qui déjà dénoncent ce projet comme étant irréalisable en raison de son coût pharaonique, l’entourage de la chef de file de l’opposition rétorque qu’il s’agit de lancer un appel à projets. «Il permettra aux promoteurs de financer ces travaux et en contrepartie ils exploiteront de nouvelles surfaces aménageables. C’est la nouveauté de ce projet», explique-t-on en faisant valoir que de nombreuses viles se sont lancées dans ce type de travaux. Parmi elles: Hambourg et Madrid.

Cette proposition, qui a peu de chances d’être votée, rejoint les nombreuses réflexions en cours portant sur la circulation dans la capitale. L’équipe d’Anne Hidalgo a quant à elle choisi de présenter lors du Conseil de Paris un vaste plan piéton, tout en gardant le cap sur l’objectif phare qui est la réduction de la place de la voiture. Nathalie Kosciusko-Morizet a donc une autre vision. Il s’agit pour elle de maintenir une part du trafic mais d’en effacer les effets négatifs.

Angélique Négroni

 

::: ECONOMIE

L’OPINION – 31/01/2017

Medef : nouveaux tiraillements internes sur l’Assurance-chômage

Alors que la CPME, l’UPA mais aussi la plupart des syndicats seraient disposés à rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage, le Medef pour l’instant freine des quatre fers, faute de consensus interne

Les réunions se multiplient en bilatérales, mais aussi en interne au sein du patronat, d’une part, et des syndicats, d’autre part, au sujet de l’Assurance-chômage. Les uns et les autres se sont engagés à se prononcer avant le 15 février sur la réouverture éventuelle d’une négociation.

Au Medef, la gêne est palpable. L’organisation patronale refuse tout commentaire sur les discussions en cours autour de l’assurance-chômage. Mercredi, se tient une réunion interne – avec de petits airs de réunion de crise – de son pôle social.

Syndicats et patronats ont en ligne de mire le 15 février. C’est à cette date qu’ils décideront d’ouvrir ou non de nouveau une négociation. Avec cet impératif que tous revendiquent : « Si on relance un round, c’est pour aboutir ». Reste que les syndicats (y compris FO) semblent nettement plus enclins à trouver des compromis, ne serait-ce que pour montrer que le paritarisme a sa raison d’être et sait prendre ses responsabilités.

Pas question, en effet, de revivre l’échec de juin dernier. « Le contexte est plus favorable, c’est dépassionné par rapport à la séquence de la loi Travail. Aujourd’hui, ça s’est apaisé », assure un membre de l’équipe patronale, plutôt optimiste. Pour d’autres, la période reste compliquée avec l’élection présidentielle : « Ouvrir une négo maintenant, c’est être kamikaze et n’avoir aucun sens politique ».

Ces deux points de vue traversent violemment le Medef. « On est de nouveau face à un patronat qui n’a pas de mandat et qui est incapable de se mettre d’accord », résume un négociateur syndical. Avec deux blocs. L’un, porté par les fédérations de la métallurgie et de la plasturgie, plutôt favorable à une reprise des négociations. L’autre, mené par la banque, l’assurance ou encore le bâtiment, nettement plus réticent.

Contrats courts. La taxation des contrats courts continue en effet de cristalliser les oppositions, même si des voies de passage semblent envisageables en faisant un distinguo entre contrats courts et très courts (moins d’un mois). Les syndicats exigent une taxation mais semblent prêts à plus de souplesse qu’en juin dernier : un prélèvement temporaire, modulé ou plus ciblé.

La dernière étude de l’Unedic montre que les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, entre 2000 à 2016. Certains secteurs sont nettement plus consommateurs que d’autres, « ce qui est embarrassant car, si on taxe ceux qui ont le plus recours aux contrats courts, cela fait voler en éclat la notion de mutualisation au sein du Medef », confie un dirigeant patronal.

En réalité, les tiraillements ne concernent pas que l’Assurance-chômage. « Aujourd’hui, vu les divisions internes, on aboutit à des propositions insipides », se désole un adhérent. Ainsi, mardi, le Medef présente-t-il ses propositions sur l’entreprenariat. Mais, selon une source proche du dossier, « tout a été aseptisé. Ce n’est pas avec la création d’un numéro de Siret dès 16 ans qu’on va changer les choses…». Le Medef comptait encourager le travail indépendant mais y a renoncé du fait d’une levée de boucliers de certaines fédérations, en interne.

Un poids lourd conclut : « On se moque des deux gauches mais on a aussi nos frondeurs ! Il faudrait qu’on ait une vraie clarification, ce n’est plus possible ». Pour le moment, Pierre Gattaz tente tant bien que mal de faire la synthèse.

Fanny Guinochet

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité : les entreprises au pied du mur

Les employeurs doivent remplir d’ici à mardi soir les déclarations 2016 des expositions aux risques de leurs salariés, malgré leurs nombreuses réticences vis-à-vis du dispositif.

Le couperet tombe… ce mardi! Ce 31 janvier, les entreprises doivent avoir rempli leurs déclarations sociales au titre de 2016, en indiquant l’exposition de leurs salariés à dix facteurs de pénibilité. Elles auront jusqu’à fin septembre pour corriger leurs saisies. Une obligation administrative source de complexité et d’inquiétude pour la majorité d’entre elles! Quatre facteurs – les plus faciles à mesurer: travail de nuit, répétitif, en milieu hyperbare et en équipes successives alternantes – sont en vigueur depuis janvier 2015. Mais s’y sont ajoutés le 1er juillet dernier six critères (port de charge lourde, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux, températures extrêmes et bruit) bien plus complexes à appréhender.

Toutes les entreprises se retrouvent donc en ce début d’année, au moment de l’envoi des déclarations annuelles de données sociales (DADS) ou de la déclaration sociale nominative (DSN), au pied du mur. Il leur faut inscrire noir sur blanc si leurs salariés ont été exposés à un ou plusieurs des critères l’année passée et, si oui, dans quelle mesure. Or la très grande majorité des employeurs, notamment de PME et de TPE, n’aura pas rempli à l’heure son obligation. «Elles ne sont même pas capables de dire si elles sont ou non éligibles au dispositif car elles ne savent pas comment mesurer les six nouveaux critères», jure Jean-Eudes Du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME). De fait, les branches professionnelles sont encore en train de définir les référentiels, sorte de «mode d’emploi» à l’attention de leurs adhérents, pour remplir les fiches d’exposition à la pénibilité.

Au-delà de la difficulté technique, nombre de PME sont réticentes à appliquer cette mesure dont elles demandent l’abrogation. Et beaucoup jouent la montre, misant sur une alternance politique en mai (François Fillon a en effet promis de supprimer le dispositif) ou espérant un coup de pouce du Conseil d’État (la CPME a déposé en décembre un recours en annulation de ses décrets d’application).

Cotisation spécifique

Leur réticence s’explique par trois raisons majeures. Primo, les patrons sont rebutés par la complexité de la mesure, qualifiée «d’usine à gaz» à l’heure de la simplification administrative. Secundo, remplir cette déclaration revient à reconnaître que le salarié est exposé à un risque, ce qui inquiète juridiquement les employeurs. Tertio, l’ensemble constitue une charge financière conséquente. En effet, déclarer qu’un salarié a été exposé à un risque déclenche le versement d’une cotisation spécifique – en plus de la cotisation générale touchant toutes les entreprises – qui viendra alimenter le compte de prévention de la pénibilité (C3P) du salarié. Un compte que ce dernier pourra utiliser pour financer une formation à un autre métier moins exposé, compenser un passage à mi-temps ou financer un départ anticipé en retraite.

D’autres, enfin, trouvent que la loi manque totalement son objectif. «C’est une loi scélérate. Les quotas d’heures d’exposition sont tellement élevés que dans mon entreprise personne n’est concerné, fulmine Jean-Claude Brossier, patron d’une PME (160 salariés) de travaux publics à Tours. Il faudra justifier 6 mois de postures pénibles ou 4 mois à lever des charges lourdes ou 6 mois en températures extrêmes pour être reconnu en pénibilité». Une hérésie selon lui sachant que «dans les travaux publics, à peine 5 % de la population sera susceptible de répondre à l’un des critères».

Marathonien lui-même, il s’est très tôt intéressé à la santé au travail de ses salariés et a mis en place depuis douze ans diverses actions de prévention. Déçu, il conclut que «cette loi pénalise un peu plus les entreprises qui doivent faire des déclarations salarié par salarié avec plein de paperasses. Tout cela pour rien. Car on fait croire aux salariés à un rêve qu’ils ne vivront jamais».

Ce que risquent les récalcitrants

En cas de contrôle, les patrons qui n’auront pas déclaré leurs salariés exposés à l’un des dix facteurs de pénibilité risquent un redressement du montant des cotisations patronales spécifiques dues, mais également une pénalité par salarié jusqu’à 50 % du plafond mensuel de la Sécu (fixé à 3 269 euros en 2017), explique Angéline Duffour, du cabinet Cohen & Gresser. Ces sommes sont versées à l’État. En outre, si un salarié est victime d’un accident du travail, la faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue, engendrant une majoration des cotisations accident du travail, le versement d’une rente et des dommages et intérêts qui pourraient être demandés par le salarié.

Marie-Cécile Renault

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité: le patronat est désuni sur le sujet

 

Alexandre Saubot, Président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du MEDEF

DÉCRYPTAGE – Les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes face aux textes de loi.

Voilà qui ne va pas aider les entreprises à y voir clair: les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes, voire dangereuses, face aux textes de loi.

Cinq fédérations professionnelles (négoce des matériaux de construction, poissonniers…) ont ainsi établi un référentiel, qui a été homologué par le ministère du Travail, sur lequel pourront s’appuyer leurs adhérents pour remplir leur déclaration de pénibilité. Neuf autres branches, dont le commerce à distance, ont conclu un document en attente d’homologation. Ce qui est peu depuis l’été 2015. «Ce sont surtout des branches où le personnel est peu concerné par la pénibilité», assure en outre Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME, représentant des PME). Au total, sur les 16 millions de salariés en France, seuls 515.000 seront couverts par ces référentiels.

Et pour cause: dans les branches très touchées, pas de référentiel en vue! «Il est impossible d’en faire un car les situations sont trop variables selon les chantiers», assène Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). La métallurgie n’en a pas publié non plus mais a édité un guide, qui a moins d’implications juridiques. Une variante de plus!

Légalisme du Medef

Autre complication, chacun interprète les textes à sa manière. À l’U2P (artisans et professions libérales) et à la CPME, on laisse entendre que les entrepreneurs peuvent attendre le 30 septembre pour remplir la déclaration. «Les entreprises ont jusqu’à cette date pour corriger leurs saisies», explique Pierre Burban, le secrétaire général de l’U2P. Et ce pour jouer la montre, mais sans le dire, en espérant la victoire de la droite, qui a promis d’abroger le compte pénibilité, à la présidentielle de mai. Le ministère du Travail conteste cette analyse, soulignant qu’«une déclaration pour être corrigée doit d’abord avoir été produite».

Le Medef, de son côté, prône le légalisme. «Nous demandons à nos fédérations d’aider les entreprises qui le souhaitent à remplir la déclaration d’ici au 31 janvier», rappelle Alexandre Saubot, le président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du Medef. Pas question pour l’organisation de Pierre Gattaz d’agacer le gouvernement dans la dernière ligne droite. Même si certains dirigeants comprennent que des fédérations professionnelles aient, sur le terrain, un discours très revendicatif. Pour ajouter à cette cacophonie, la CPME a choisi d’attaquer en justice, seule, des décrets d’application du compte pénibilité.

Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Le nombre de défaillances d’entreprises est en très net recul

Moins de 58.000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure judiciaire en 2016 (-8,3 %), selon Altares.
L’embellie va se poursuivre cette année : le nombre de défaillances devrait se rapprocher de son niveau d’avant crise.

L’année 2016 aura marqué une réelle embellie sur au moins un point : les défaillances d’entreprises. Selon la société Altares, le nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’une procédure judiciaire – redressement, liquidation ou sauvegarde – l’an passé a reculé de 8,3 % par rapport à 2015. Les défaillances sont même passées en 2016 sous la barre des 60.000 puisqu’elles se sont élevées à 57.844. « C’est 8.000 de plus qu’en 2007, avant la crise, mais on s’approche du niveau de 2008 », remarque Thierry Millon, directeur des études chez Altares. « Et si l’on ne s’intéresse qu’au quatrième trimestre, alors le nombre de défaillances est presque équivalent à celui des trois derniers mois de 2007. A partir d’octobre, l’embellie s’est amplifiée chaque mois », souligne-t-il.

Le recul des défaillances sur le seul quatrième trimestre atteint 12,2 %. L’amélioration est donc indiscutable, malgré le fait que la croissance de 2016 – attendue à 1,2 % – n’a pas été meilleure que celle de 2015. Mais les marges des entreprises ont continué à progresser l’an passé grâce aux mesures du gouvernement comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) et le pacte de responsabilité, ainsi qu’à la modération du prix du pétrole. Les taux d’intérêt toujours bas ont aussi contribué à les aider.

La confiance retrouvée des chefs d’entreprise

Autre preuve de l’embellie, tous les secteurs d’activité ont vu le nombre de sinistres reculer, à l’exception notable de l’agriculture où les défaillances ont continué à grimper. La construction va ainsi nettement mieux, comme le décollage du nombre de permis de construire le montre : le secteur a compté 2.300 défaillances en moins en 2016 par rapport à 2015. Le commerce et les services aux particuliers ont profité de la hausse de consommation et du regain de pouvoir d’achat. Même les entreprises de l’hébergement et restauration, très touchées par les attentats, s’en sortent finalement bien.

De la même façon, toutes les tailles d’entreprises profitent de cette amélioration, de la très petite à celle de plus de 100 salariés. Le recul est particulièrement prononcé pour les grosses PME. Logiquement, les procédures enclenchées l’an passé mettent donc moins d’emplois en danger : 200.000 environ, soit 35.000 de moins que l’année précédente. Ce mieux va-t-il se confirmer en 2017 ? « On voit que, tant les chefs d’entreprise que les consommateurs, retrouvent la confiance », pointe Thierry Millon. Il s’attend à un nouveau recul des défaillances, de 6 % cette année, à 54.000 sinistres environ. Un tel chiffre ferait de 2017 la meilleure année depuis 2007 et permettrait de s’approcher du niveau des défaillances enregistrées avant la crise. L’assureur-crédit Euler Hermes anticipe aussi un recul du même ordre (-7 %).

Dans le même temps, les créations d’entreprises ont tendance à augmenter. Plus de 330.000 entreprises ont été créées l’an passé, hors micro-entreprises, soit autant qu’en 2007. D’autres pays, notaient récemment les économistes de la Coface, ne peuvent pas en dire autant. Ainsi, en Allemagne, les créations d’entreprises sont de 20 % inférieures à celles de 2007. Mais le pays affiche, il est vrai, un taux de chômage bien plus faible qu’en France.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

5 heures : la mise en garde de France Stratégie

Le think tank appelle les candidats à la présidentielle à clarifier l’objectif poursuivi par une réforme du temps de travail.

C’est une « note d’action critique » sur un sujet politiquement très clivant dans la campagne présidentielle, que publie France Stratégie ce mardi matin et dont « Les Echos » ont eu copie. Elle porte en effet sur le temps de travail. Victorieux de la primaire du PS dimanche, Benoît Hamon prône le passage de 35 à 32 heures. A droite, François Fillon, lui, veut supprimer toute durée légale et, par voie de conséquence, la majoration obligatoire des heures supplémentaires.

Le centre de réflexion rattaché à Matignon ne prend pas position pour l’un ou l’autre, mais « veut clarifier le débat en identifiant l’objectif visé », explique l’un de ses auteurs, Fabrice Lenglart, commissaire général adjoint de France Stratégie. Celui d’une réduction ou d’une augmentation de la durée du travail est le même : lutter contre le chômage, estime la note. Pour y réussir, dans un cas comme dans l’autre, il faut « avant tout veiller à maîtriser les coûts salariaux unitaires ».

Dans un « contexte de croissance faible et de rupture technologique », « une nouvelle baisse de la durée du travail […] peut être vue comme une modalité de partage du temps de travail » et « conduire à des créations d’emplois et à une baisse du chômage à court terme », admet France Stratégie. Mais pour qu’elle soit « durable », il faut des gains de productivité via une « réorganisation des méthodes de travail » et une modération y compris des bas salaires. A défaut d’une baisse du SMIC mensuel, l’institut évoque la nécessité de nouvelles baisses des prélèvements sur les entreprises, alors même que les allégements de cotisations « ont déjà considérablement augmenté ». A contrario, une hausse de la durée du travail « risque d’entraîner à court terme une hausse du chômage dans la mesure où les entreprises auront tendance, à niveau donné de leurs carnets de commandes, à ajuster leur cible de main-d’oeuvre à la baisse », surtout si la conjoncture est déprimée, juge le think tank. A moyen terme, l’effet peut s’inverser, à la condition d’une hausse des salaires inférieure à celle de la durée du travail, conduisant à une baisse des coûts salariaux unitaires. Sans garantie cependant « sur la motivation des salariés et donc sur leur productivité ».

S’il renvoie donc dos à dos droite et gauche sur le temps de travail, France Stratégie n’oublie pas pour autant un troisième scénario : celui défendu par Emmanuel Macron, qui a évoqué l’idée d’une durée du travail qui varierait selon l’âge du salarié. D’autres pays ont d’ailleurs engagé des réformes en ce sens. Mais elles visent à « porter l’adéquation tout au long de la vie des temps de travail aux aspirations des salariés à plus de liberté dans la gestion de leur temps et aux besoins de flexibilité des entreprises », pas à baisser le chômage, avertit France Stratégie, qui inclut dans une telle logique le travail du dimanche.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 31/01/2017

Hôtellerie-restauration : le patronat pousse son plan d’action

L’Umih appelle à gagner 1 point de PIB en cinq ans.
Soit 200.000 emplois et 21 milliards supplémentaires.

Le tourisme ne sera pas absent des débats de la campagne présidentielle, ni de ceux des élections législatives et sénatoriales qui suivront. L’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, et ses syndicats associés vont profiter de cette séquence politique chargée pour porter haut les couleurs de ce secteur clef – 7,4 % du PIB en 2015 et quelque 2 millions d’emplois – en proposant un « Plan d’actions à l’adresse des candidats aux élections de 2017 ».

Officialisé ce mardi et présenté sous la forme d’un livret didactique, ce plan s’articule autour de « 7 priorités » – accompagnées de diverses mesures -, la première d’entre elles entraînant les six autres : l’Umih appelle tout d’abord à gagner 1 point de PIB supplémentaire en cinq ans, soit 21 milliards d’euros de recettes additionnelles (la consommation touristique représente près de 159 milliards) et 200.000 emplois.

Création d’un fonds pour la promotion

Reprenant l’objectif gouvernemental des 100 millions de visiteurs étrangers en 2020, à comparer à environ 85 millions en 2015 et probablement entre 80 et 82 millions l’an dernier, l’Umih préconise de porter à 100 millions d’euros par an le budget alloué à la promotion. Pour ce faire, elle plaide pour la création d’un fonds, soutenu par l’Etat et alimenté par « tous les acteurs » profitant du tourisme.

En outre, l’organisation préconise de simplifier le pilotage de la filière, qui dépend de deux ministères – Economie et Affaires étrangères – et de deux secrétariats d’Etat, avec la création d’un ministère du Tourisme de « plein exercice ». Par ailleurs, le plan de l’Umih remet sur la table des thématiques bien connues mais pas assez « creusées », comme la valorisation de l’apprentissage et la simplification administrative. Autres sujets lancinants : la stabilisation de la fiscalité et le respect par les plates-formes Internet de leurs obligations légales.

Christophe Palierse

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Les grands ports français résistent

 

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe.

Le ralentissement du commerce mondial, de mauvaises récoltes céréalières et la crise énergétique ont pesé en 2016.
Des investissements en hausse, des efforts sur la logistique et des chantiers innovants soutiennent l’activité.

Promulguée le 21 juin 2016, la loi sur l’Economie bleue censée traduire « une politique maritime ambitieuse », comme s’en félicitait Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, ne sera pas du luxe pour le domaine portuaire français. L’initiateur de ce texte, le député PS Arnaud Leroy, en appelait d’ailleurs à « un véritable plan Marshall portuaire ». Au vu des bilans d’activité mitigés des grands ports maritimes français, ces infrastructures portuaires en ont plus que jamais besoin.

Haropa – Le Havre, Rouen, Paris

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre, qui constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe, ont enregistré en 2016 une baisse de 4,8 % de leurs trafics maritimes, à 87,1 millions de tonnes, pénalisés notamment par la mauvaise récolte céréalière. Pour Hervé Martel, son président (et directeur général du Port du Havre), Haropa « a cumulé les handicaps sur des facteurs exogènes ». Ceux-ci n’ont cependant pas empêché le trafic de conteneurs de battre « pour la deuxième année de suite son propre record de et vers le marché français », avec 1,96 million d’EVP (pour équivalent vingt pieds, unité de mesure des conteneurs), en hausse de 0,6 %. Sur la période 2011-2016, la part de marché des ports de Paris, Rouen et Le Havre sur les conteneurs échangés dans les ports du « range nord » européen est passée de 5,9 % à 6,4 %. En 2017, Haropa va investir près de 95 millions d’euros, tandis que les investissements privés devraient atteindre plus de 595 millions, contre 527 millions en 2016.

Marseille Fos

Malgré « la réduction de la rente pétrolière », que pointe du doigt Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille Fos, la hausse du nombre de conteneurs débarqués (+3 %), mais aussi de voitures (+5 %), remorques (+7 %), « petits vracs » et GNL a permis de stabiliser le trafic 2016 au niveau de 2015, avec un trafic total de 80,9 millions de tonnes. Quant au trafic passagers, à 2,7 millions (+6 % sur un an), il témoigne du succès de la destination provençale pour les croisiéristes (+9 %), du dynamisme des lignes vers l’international (+12 %) et d’un retour à la normale pour la desserte de la Corse. De quoi rendre les autorités portuaires « assez confiantes » pour 2017. D’autant que s’y ajoute, à terre, un potentiel logistique, comme l’illustrent les 250.000 mètres carrés développés en 2016. Les investissements totaux ont progressé de 22 %, à 55 millions d’euros.

Si la fermeture de la raffinerie Total de La Mède symbolise la fin d’un modèle, le positionnement de Marseille Fos sur la transition énergétique est conforté par de nombreux projets. Quant au choix du néerlandais d’Interxion de baser son futur data center dans des locaux portuaires obsolètes, il souligne encore ce changement d’ère. En 2017, le port de Marseille table sur une croissance de 2,2 % de son trafic et des investissements en hausse de 18 %, à 65 millions.

Dunkerque

Troisième des grands ports maritimes en termes de trafic, Dunkerque a vu son activité en 2016 freinée par les arrêts techniques pour maintenance d’un des hauts fourneaux d’ArcelorMittal, la fermeture définitive de la société de raffinerie de Dunkerque et le retard dans le démarrage de l’exploitation du terminal méthanier. Il a néanmoins réussi à maintenir son tonnage, à 46,7 millions de tonnes (+0,3 %). Avec le trafic de Calais et Boulogne-sur-Mer, les ports des Hauts-de-France totalisent 90,7 millions de tonnes. L’Association des ports des Hauts-de-France vient d’ailleurs d’être créée avec pour objectif avoué de gagner des parts de marché sur Le Havre au sud et Anvers et Rotterdam au nord, grâce au futur canal Seine Nord, qui leur permettra d’aller chercher des flux de conteneurs dans l’« hinterland », à l’intérieur des terres. Dunkerque-Port a déjà enregistré en 2016 une progression record de 7 % de son trafic de conteneurs, à 341.000 EVP, souligne Stéphane Raison, président du directoire. Ce dernier se félicite du retour de grands groupes nordistes comme Castorama, Roquette ou encore Auchan. Selon des projections ambitieuses, le trafic conteneurs pourrait être multiplié par 7 en… 2035, à 2,5 millions d’EVP.

Nantes-SaintNazaire

Après cinq ans de baisse continue, le trafic du port de Nantes-Saint-Nazaire a légèrement progressé en 2016, à 25,5 millions de tonnes (+0,3 %). La progression aurait été plus marquée sans les blocages de la raffinerie de Donges liés à la loi travail, en mai et juin 2016. Les trafics énergétiques, qui représentent 64 % des volumes, ont néanmoins progressé de 6,5 %. Autre satisfaction, le sursaut du trafic roulier (+19 %) porté par l’autoroute de la mer Vigo-Montoir et par la Milk Run Med. Celle-ci, transportant des colis aéronautiques, est désormais utilisée par Renault Nissan et Scania. Le trafic du terminal à conteneurs de Montoir a lui perdu 2 %, à 183.000 EVP. Nantes-Saint-Nazaire reste très au-dessous de son équilibre économique. Il lui faudrait 30 millions de tonnes pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Pour y parvenir, les investissements se poursuivent avec 40 millions d’euros programmés cette année, après 30 millions l’an dernier.

Bordeaux La Rochelle

Le port de Bordeaux a vu son trafic reculer de 6,5 %, à 7,85 millions de tonnes, l’an dernier sous l’effet de la baisse des exportations de céréales, qui pèse un quart du tonnage traité. Les hydrocarbures, autre grand poste d’activité, ont faibli de 1,7 %. Une lente glissade qui a fait le bonheur de La Rochelle, un port en eau profonde et désormais premier port en tonnage de la région Nouvelle-Aquitaine, à 9,23 millions de tonnes (-5,9 %). Avec le projet XL Gironde de dragage de l’estuaire dans lequel le port de Bordeaux investit 15 millions d’euros cette année, le port a l’ambition de faire gagner près de 10 % de tirant d’eau aux navires. Enfin, Bordeaux s’invite parmi les destinations de choix pour les croisiéristes. Ils ont été 50 à accoster en 2016, en hausse de 40 % par rapport à 2015, et devraient être 53 cette année.

Antoine Boudet et Nicole Buyse

 

::: POLITIQUE

FRANCEINFO – 31/01/2017

Présidentielle : les propositions du Medef pour sauver l’entreprise

 

Le président du Medef Pierre Gattaz le 10 janvier 2017 à l’Elysée au moment des vœux aux partenaires sociaux.

Franceinfo vous révèle les propositions que le Medef va soumettre mardi 31 janvier aux candidats à la présidentielle pour sauver l’entreprenariat. 

Pour le Medef, le constat est simple : le sujet de l’entreprenariat est en train de passer à la trappe des programmes des candidats à la présidentielle. A trois mois du scrutin, le patronat se mobilise pour remettre ce sujet au centre du débat. Le Medef et le collectif Entreprendre2017 dévoilent mardi 31 janvier plusieurs  propositions concrètes à destination des candidats de droite comme de gauche.

Insuffler l’esprit d’entreprendre aux plus jeunes

Le Medef préconise de sensibiliser les élèves dès l’école primaire mais aussi les apprentis, les étudiants et les enseignants via des méthodes ou des formations spécifiques.

Encourager la création d’entreprise

Pour créer plus d’entreprise et diminuer le taux de défaillance, le Medef veut revoir le dispositif d’exonération de charges sociales la première année.

Simplifier la cession des entreprises

Le collectif propose de supprimer la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Cette loi oblige les patrons à informer les salariés de tout projet de vente de l’entreprise, deux mois avant l’échéance, sous peine d’amende.

Attribuer un numéro de Siret à tous les Français dès l’âge de 16 ans

Le numéro Siret est un peu le numéro de la carte d’identité d’une entreprise. Avec cette mesure, le Medef estime que les Français pourront créer une entreprise à n’importe quel moment. Cette proposition avait déjà été avancée par Jean-François Copé lors de la campagne de la primaire de la droite.

Sarah Lemoine

 

 

L’OPINION – 31/01/2017

Hamon ou la tentation du clash avec le PS

Rallier la gauche au-delà du PS ou rassembler l’ensemble de la famille socialiste ? Benoît Hamon est désormais au pied du mur. Prochain test : la convention d’investiture, ce dimanche

Le Premier ministre a reçu lundi Benoît Hamon. À l’issue de ce tête-à-tête, Bernard Cazeneuve a mis en garde le vainqueur de la primaire : « Je le dis franchement et nettement à Benoît Hamon, la gauche ne réussira pas sans assumer le bilan de François Hollande. » De son côté, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a indiqué que le quinquennat était « bon sur certains aspects, plus discutables sur d’autres », souhaitant « enrichir son projet mais sans le dénaturer ». Benoît Hamon doit s’entretenir jeudi avec le président de la République.

Lundi, en fin d’après-midi, dans la cour de Matignon, le Premier ministre, après une heure et demie de tête-à-tête avec le candidat socialiste, a adopté un ton particulièrement grave : « Benoît Hamon a une responsabilité éminente. C’est à lui de rassembler, de trouver les mots ». Puis il a souligné qu’en tant que chef de la majorité, il œuvrerait lui-même pour rassembler les progressistes, mais « dans un souci de crédibilité, de vérité et de confrontation avec la réalité. » Chaque mot est pesé au trébuchet et renvoie aux interrogations qui pèsent sur Benoît Hamon.

Le Premier ministre n’a pas adopté ce ton « de la dernière chance » par hasard. Depuis quelques jours, les proches de Benoît Hamon ne cessaient de susurrer, dans un sourire entendu, « vous verrez dimanche, il fera un discours d’ouverture. » À l’heure dite, dimanche soir, la famille socialiste était donc sur France2 pour entendre son nouveau candidat à l’élection présidentielle. Son intervention a eu l’effet d’un coup de massue. En s’adressant directement à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, il a fait exactement le contraire de ce que beaucoup espéraient.

Héros des frondeurs. Benoît Hamon n’a envoyé aucun signe propre à rassurer les proches de Manuel Valls ou du chef de l’État. Ni sur le bilan, ni sur son propre programme qui aurait été passé à la paille de fer de la crédibilité. Il a suivi la dynamique de la primaire, qui le déporte sur sa gauche, visant à « ringardiser Mélenchon », à demeurer le héros des frondeurs et l’épouvantail de tous les socialistes qui estiment que l’histoire rendra justice à ce quinquennat. « Soit il représente une candidature de témoignage, qui va tenter de prendre deux ou trois points à Mélenchon dans l’objectif d’incarner après 2017 le leadership de l’opposition, soit il veut véritablement se hisser à 20 %, se battre pour être au deuxième tour de la présidentielle et il se recentre au cœur de la famille socialiste », souligne un poids lourd du gouvernement.

Lundi matin, à Matignon, le Premier ministre qui avait réuni tout son gouvernement, avait perçu une ambiance proche de la sidération. « Autour de la table, la plupart des ministres étaient plongés dans la stupéfaction, note un secrétaire d’État. Beaucoup ne vont avoir qu’une idée en tête, se mettre en quarantaine ».

« C’est manifestement notre candidat, remarque un ministre abattu. On ne peut donc pas lui cracher à la figure ». Même parmi les socialistes les moins critiques à l’égard de Benoît Hamon, on estime que son entrée en scène présidentielle a été une erreur. « Aujourd’hui, l’opinion majoritaire à gauche, c’est qu’être légitimiste, c’est voter Macron. Il doit renverser la vapeur », observe un leader du PS. Un proche de François Hollande approuve : « Macron, lui au moins, il ne dit pas de mal du bilan, il se contente de dire du bien de ce qu’il va faire ».

Un reproche qu’a dû percevoir Benoît Hamon. Lors du Journal de 20 heures, lundi 30 janvier sur France 2, l’ancien ministre a en effet admis que ce quinquennat était pourvu « d’éléments positifs », louant le combat de Matthias Fekl contre le Tafta ou la persévérance de Marisol Touraine sur le compte pénibilité. Il s’est par ailleurs dit prêt à s’inspirer des « contributions qui sont celles de la famille socialiste » pour enrichir son programme, tout en restant ferme sur le revenu universel, dont il « maintiendra le cap ».

Grand oral. « On a une vingtaine de jours utiles pour mettre tous les signaux au vert : rassembler, éviter l’hémorragie et poursuivre la dynamique. Il y a une bataille de l’opinion interne au PS à mener », estime Régis Juanico, le porte-parole de Benoît Hamon. Après avoir hésité, le candidat a préféré reporter l’épreuve d’affronter les députés socialistes à l’occasion de la réunion de groupe. Son grand oral face aux députés n’aura pas lieu ce mardi matin. « Il faut laisser les choses se décanter, ne pas mettre la pression », observe un proche de Hamon, ce que traduit un leader socialiste : « Il lui était difficile de faire face à 200 députés hostiles ».

En réalité, tout devrait se dénouer le 5 février, à la convention d’investiture. À 12 heures 30, Benoît Hamon prendra longuement la parole devant 2 000 socialistes. « On verra alors s’il est en capacité de parler à tous », note un proche du chef de l’État, qui sera présent à la Mutualité. Concrètement, cela veut dire donner des gages sur le bilan et ses propres propositions. Les Hollandais, qui se réunissaient lundi soir autour de Stéphane Le Foll, au ministère de l’Agriculture, rue de Varenne, ont une idée très précise des points durs. Pour eux, le bilan ne se cristallise pas sur le 49.3 ou sur la déchéance de nationalité, deux marqueurs dont ils ne font pas des totems.

En revanche, la loi El Khomri ne peut être simplement rayée d’un trait de plume. « Il faudra dimanche qu’il nous dise clairement ce qu’il peut garder de la loi », affirme l’un d’entre eux. Benoît Hamon est également attendu sur le Pacte de responsabilité. « Il a indiqué que la première marche de son revenu d’existence, c’était l’équivalent du Pacte de responsabilité et de compétitivité, soit 40 milliards d’euros. Soit il a pris seulement un élément de comparaison, soit il a l’intention de revenir sur le Pacte, et il franchit la ligne jaune ».

Droit d’inventaire. Lundi matin, autour de Bernard Cazeneuve, le débat s’est également noué sur la question du bilan. « L’idée qu’il y a une sorte de droit d’inventaire dans ce quinquennat n’est pas totalement absurde, souligne un membre du gouvernement. On voit bien que notre électorat rejette une partie de ce bilan, et que ceux qui s’en sortent le mieux dans l’opinion sont ceux qui ont pris leurs distances avec Hollande et son bilan. Après, on ne peut pas gagner en disant que tout a été nul non plus. Le problème, c’est de trouver la bonne distance. » Ce ministre fait remarquer que Benoît Hamon était membre du gouvernement lorsque François Hollande a annoncé le CICE, puis amorcé, avec le Pacte de responsabilité, son tournant social-libéral, et n’a pas bronché.

Au sein du gouvernement et du « marais » parlementaire, on est donc prêt à s’accorder sur un possible soutien à Benoît Hamon. Mais cela n’ira pas sans sacrifices pour ce dernier. « Il a donné suffisamment de gages à gauche, notamment aux jeunes CSP + qui soutiennent Mélenchon, maintenant, il doit se recentrer, faire la synthèse », espère encore un jeune ministre. Mais rien n’indique à ce stade que Benoît Hamon, fort de ses 59 % de suffrages, ait la moindre intention de se livrer à cet exercice.

Jean-Jérôme Bertolus

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Jadot invite Hamon à « s’émanciper » du PS

Le candidat écologiste déclare qu’il y aura « un bulletin Jadot à la présidentielle ». Les vallsistes, eux, demandent à Benoît Hamon un projet présidentiel de nature à créer « une dynamique de rassemblement ».

Benoît Hamon, qui a remporté la primaire à gauche dimanche 29 janvier, a annoncé au soir des résultats qu’il comptait dialoguer avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et avec Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche qui se présente désormais sous la bannière du mouvement La France insoumise. « Je proposerai à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de construire une majorité gouvernementale sociale, économique et démocratique, a déclaré celui qui est désormais le candidat du PS à l’élection présidentielle. Il faudra rassembler la gauche et les écologistes. »

Invité sur BFM-TV, Yannick Jadot s’est félicité lundi de la victoire de Benoît Hamon. « En temps que candidat écologiste qui veut que le débat écologiste s’ouvre [largement] en France », c’est une « excellente nouvelle », a-t-il dit. En revanche, le candidat EELV ne s’est pas prononcé sur un éventuel soutien au candidat issu de la primaire à gauche, estimant que la question était maintenant celle de la « cohérence ».

« Si Benoît Hamon est prêt à s’émanciper d’un Parti socialiste qui n’a jamais fait sa conversion écologiste, je militerai à ses côtés pour que nous nous lancions ensemble dans cette grande aventure. » Mais « si l’objectif d’Hamon est de faire le compromis avec Valls, il n’y aura pas de grande dynamique ». « Ce que je lui propose, c’est le grand large », a-t-il déclaré.

  1. Jadot a souligné par ailleurs que la question de son désistement n’était pas à l’ordre du jour : « J’ai un mandat, je suis le candidat écologiste issu d’une primaire. » « Il y aura un bulletin Jadot à la présidentielle », a-t-il assuré, ajoutant qu’il avait pour l’heure rassemblé 350 signatures sur les 500 nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle.

« Tendre la main »

Lundi, le directeur de campagne du candidat vainqueur, Mathieu Hanotin, a répété l’appel au rassemblement lancé la veille par Benoît Hamon. « Le rassemblement c’est bien au-delà des acteurs institutionnels, politiques, qui ont fait le choix d’être candidats, ça s’adresse avant tout aux citoyens de gauche », a-t-il estimé à l’antenne de LCI.

« Est-ce que le bilan de François Hollande est indéfendable ? Certains l’ont dit, Benoît Hamon ne l’a pas dit », a également déclaré le député de Seine-Saint-Denis, soucieux de tendre la main aux soutiens de Manuel Valls. Soulignant trois divergences fortes avec la politique gouvernementale – « la déchéance de nationalité, la loi travail, l’utilisation du 49-3 » – M. Hanotin a ajouté : « En dehors de ça, il s’est quand même passé beaucoup de choses au gouvernement et beaucoup de choses sur lesquelles à titre personnel, [et] Benoît Hamon lui-même, nous avons voté les lois », a-t-il assuré.

Au micro de RTL, le porte-parole de Manuel Valls, Philippe Doucet, soutient qu’il revient à M. Hamon de « tendre la main » et de faire « l’inverse » de ce qu’a fait François Fillon après sa victoire à la primaire de la droite.

« Je pense qu’il y a des désaccords qui resteront. Mais Benoît Hamon, dans la semaine, dans les quinze jours qui viennent, il a un choix à faire (…). Il doit élargir, il doit passer d’un projet de la primaire à un projet de la présidentielle. »

  1. Doucet soutient que le vainqueur de la primaire à gauche a « intérêt à réunir les candidats de la primaire autour de lui » pour avoir « une dynamique de rassemblement » et regarder « où il y a des points de convergence ».

Interrogé sur d’éventuels ralliements à Emmanuel Macron de parlementaires socialistes, le porte-parole de M. Valls a répondu : « On ne sait pas ce que pense Emmanuel Macron et puis, par ailleurs, quand vous êtes un député socialiste, élu par des électeurs socialistes avec des militants socialistes, vous avez aussi des comptes à rendre à vos propres militants et à vos propres électeurs, fait valoir Philippe Doucet. Je pense que la majorité des députés socialistes ne suivra pas Macron, (…) peut-être même moins d’une dizaine. C’est mon sentiment, je peux me tromper mais je pense que ça n’ira pas beaucoup plus loin. »

« Pas de rendez-vous pris » avec Mélenchon

Egalement invité au rassemblement dimanche par Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon avait opposé jeudi une fin de non-recevoir à toute idée en ce sens. Depuis, le candidat de La France insoumise a adouci son discours envers le candidat socialiste, saluant dimanche « des paroles si proches des nôtres » et « un fait qui donnera ses fruits le moment venu ».

Lundi, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, a estimé que la candidature de Benoît Hamon n’incarnait pas le renouvellement souhaité par les Français et a écarté l’idée que son leader puisse s’effacer au profit du candidat socialiste. « Ce serait extrêmement arrogant que le candidat PS dise (…) “arrêtez de faire campagne” », a-t-il déclaré, précisant qu’il y aurait bien un bulletin Mélenchon à la présidentielle.

Réaction d’Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, lundi sur Sud Radio-Public Sénat : « A ce stade, il n’y a pas encore de rendez-vous de pris » avec le candidat de La France insoumise.

Le candidat socialiste doit rencontrer lundi le premier ministre Bernard Cazeneuve et les membres du gouvernement, ainsi que François Hollande dans la semaine.

Vidéo : http://abonnes.lemonde.fr/primaire-de-la-gauche/article/2017/01/30/jadot-invite-hamon-a-s-emanciper-du-ps_5071594_5008374.html

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

François Fillon repart à l’offensive et compte cibler Emmanuel Macron

Le candidat de la droite estime avoir remobilisé ses troupes dimanche lors de son grand meeting de la Villette.

La justice a exaucé le vœu de François Fillon: il souhaitait être reçu «dans les plus brefs délais» par le parquet financier, il a été entendu lundi, avec son épouse. Pendant que l’enquête se poursuit, le candidat et son équipe essaient, eux, de continuer à mener campagne. Comme si de rien n’était, ou presque. Lors de la réunion des cadres qui a précédé le meeting de la Villette, dimanche matin, Patrick Stefanini, le directeur de campagne, n’a pas dit un mot du soupçon d’emplois fictifs qui pèse sur Penelope Fillon. «Il n’a parlé que de l’organisation, rapporte un participant, et c’était du Stefanini pur jus: net, carré.» François Fillon ne s’est pas montré. Il ne devrait pas non plus apparaître mardi devant les élus régionaux les Républicains, convoqués par le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer.

Quant aux parlementaires qui espéraient voir le candidat cette semaine, ils seront déçus. «Fillon considère que le meeting a remobilisé les troupes, il ne veut pas donner l’impression de s’occuper de l’interne, explique un proche. Il doit être entièrement tourné vers les Français.» Tous les porte-parole, Thierry Solère en tête, ont célébré le «beau discours» de leur champion à la Villette. «C’était puissant», a assuré le député LR des Hauts-de-Seine, reprenant un qualificatif employé par Jean-Pierre Raffarin.

Les lieutenants de l’ex-premier ministre doivent repartir à l’offensive. Conformément aux «éléments de langage» – «EDL» , dans le jargon de la communication politique – diffusés par le QG, les fillonistes les plus fréquemment invités dans les médias ont concentré leurs tirs sur Emmanuel Macron. Avant que l’issue de la primaire de gauche soit connue, la consigne était déjà de présenter le fondateur d’En marche! comme un «candidat de gauche». Depuis que Benoît Hamon a triomphé de Manuel Valls, l’angle d’attaque a été affiné. «Macron est désormais le dernier survivant du hollandisme», explique Thierry Solère, qui se réjouit que «la gauche soit segmentée entre deux représentants irréconciliables».

«Se battre comme un lion»

Vue du terrain, la séquence «remobilisation» paraît moins aboutie qu’on semble le penser à Paris. «Chez moi, c’est 50/50, raconte le député du Var Philippe Vitel. La moitié de nos électeurs considère qu’on harcèle notre candidat de façon ignoble, l’autre moitié est ébranlée.»

Assurant qu’il «garde le moral» et qu’il veut «se battre comme un lion», Vitel a apprécié le discours de Fillon, qu’il a suivi à la télé, mais juge qu’il en faudra plus pour reconquérir des sympathisants déroutés. Le problème, selon lui, ne se limite pas aux «boules puantes»: «Ce qui nous a fait beaucoup de mal, estime le député, c’est la santé. Le tract format carte postale de Marine Le Pen où elle dit “Fillon va vous rendre malade” a causé de gros dégâts, et ce que Fillon a dit à la Villette n’a pas suffi à rassurer les gens. Il faut leur expliquer qu’ils vont être mieux soignés pour moins cher!»

Dans le Var, «Macron prend au centre, mais aussi à droite», affirme Philippe Vitel, qui explique par «une obsession de renouveau» l’attraction opérée par le candidat d’En marche!

Dans le Maine-et-Loire, terre plus centriste, le député ex-juppéiste Marc Laffineur fait le même constat. Selon lui, «les gens sont très perplexes et très hésitants. Ceux qui se tournent vers Macron le font par attrait pour la nouveauté, mais aussi par rejet des autres. Mais ils ne sont pas encore dans la présidentielle. Ils ne s’intéressent pas à son programme, ils ne se demandent pas avec quelle majorité il pourrait bien gouverner». «Rien n’est perdu», assure Laffineur, qui est revenu plein d’espoir du meeting de la Villette: «Fillon a mis dans son discours beaucoup plus d’affect que d’habitude, et c’est très bien!»

Dans le Grand Est, la conseillère régionale sarkozyste Valérie Debord se réjouit, elle, des annonces sociales du candidat. «C’est exactement ce qu’on attendait, ça prouve qu’on a été entendus», confie-t-elle. Elle a pu vérifier lundi lors d’une galette des rois organisée par la Ville de Nancy que les retraités avaient apprécié les augmentations promises par François Fillon. Elle assure que «c’est de nature à contrebalancer la tentation de voter pour Marine Le Pen, plus présente dans cette partie de la France que la tentation Macron». Le FN aussi espère profiter des malheurs du candidat de la droite.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/01/30/35003-20170130ARTFIG00328-fillon-repart-a-l-offensive-et-compte-cibler-macron.php

 

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 31/01/2017

Brexit : les entreprises préfèrent l’Allemagne et les Pays-Bas à la France

 

Bye-bye London ? Bonjour Paris ? Pas évident.

Selon une étude d’EY, la France n’est que le troisième pays préféré par les entreprises étrangères pour relocaliser leur activité.

« Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. » Cette célèbre petite phrase du footballeur britannique Gary Lineker peut aussi s’appliquer à l’économie. En tout cas en ce qui concerne les conséquences du Brexit. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par le cabinet de conseil EY qui a interrogé 254 dirigeants de sociétés étrangères implantées au Royaume-Uni en novembre dernier. Selon cette enquête, 14 % des entreprises à capitaux étrangers installées de l’autre côté de la Manche estiment que le vote de juin dernier aura des conséquences sur leur organisation, ce qui les poussera à transférer tout ou une partie de leur activité autre part. « C’est considérable et cela va avoir un impact fort sur l’industrie manufacturière et l’industrie financière en Grande-Bretagne », estime Marc Lhermitte, associé chez EY et coauteur de l’étude.

L’Allemagne est la destination privilégiée par ces entreprises désireuses de transférer une partie de leur activité à l’étranger, suivie des Pays-Bas. La France n’arrive qu’en troisième position, juste avant l’Irlande. « Le contexte général est inquiétant pour les multinationales. Il existe une instabilité générale depuis l’élection de Donald Trump : les taux de change sont volatils et l’avenir du commerce international, incertain. Du coup, l’Allemagne, avec une élection à venir qui ne fait pas particulièrement peur, est vue comme un îlot de stabilité », explique Marc Lhermitte. D’ailleurs, chez les dirigeants interrogés, le Brexit n’apparaît que comme étant la troisième plus forte préoccupation, derrière la volatilité des marchés et l’instabilité politique des pays européens. A l’inverse, « la France ne propose pas un contexte politique très stable actuellement ni un environnement fiscal et réglementaire assez efficace », juge l’associé d’EY. A ce titre, « le résultat de l’élection présidentielle sera important ».

Les Asiatiques intéressés

Toutefois, l’Hexagone a des atouts à faire valoir, notamment sa capitale, dynamique et qui reste la plus grande ville d’Europe continentale. « A terme, le Grand Paris a beaucoup à gagner. Le jeu reste ouvert », pointe Marc Lhermitte. A la question de savoir quelles villes seraient leur destination privilégiée en Europe, les investisseurs étrangers interrogés par le cabinet de conseil citent d’abord Londres – pour 54 % d’entre eux – puis Paris, mis en avant par 48 % des investisseurs et enfin, loin derrière, Francfort, Berlin et Madrid. « Paris a réduit l’écart avec Londres, parce que l’enthousiasme pour la capitale britannique baisse et parce que les investisseurs cherchent une autre ville « réellement mondiale » en Europe, les Asiatiques se montrant particulièrement intéressés », notent les auteurs de l’étude.

VIDEO – Quels pays profitent vraiment du Brexit ? http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0211738648714-brexit-les-entreprises-preferent-lallemagne-et-les-pays-bas-a-la-france-2061379.php

 

Guillaume de Calignon

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Merkel face à la pression de plus en plus forte d’Erdogan

Le président turc exige que l’Europe lui livre tous ceux qui tentent d’échapper à la purge déclenchée après le putsch manqué.

Angela Merkel se prépare à un exercice périlleux. Jeudi, la chancelière allemande se rend en Turquie pour parler, officiellement, de la crise des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme. Mais c’est tout simplement des relations entre l’Europe et Ankara dont il sera question, alors que le pouvoir se durcit dans la péninsule et menace l’Union. Le président Recep Tayyip Erdogan réclame le soutien des Européens dans son entreprise de purge de l’opposition, faute de quoi, laisse-t-il comprendre, l’accord sur le contrôle de la frontière, qui protège l’Union d’une éventuelle nouvelle crise migratoire, serait remis en cause.

De l’autre côté de la mer Égée, l’embarras est perceptible face à l’escalade d’Ankara. En témoigne la gêne des autorités allemande ou grecque vis-à-vis des militaires turcs qui ont fui leur pays depuis la tentative de putsch avortée du 15 juillet dernier. Une quarantaine d’officiers de haut rang stationnés sur les bases de l’Otan ont ainsi demandé l’asile en Allemagne, ont révélé Der Spiegel et l’ARD ce week-end. «Si je retourne en Turquie, je risque d’être emprisonné et peut-être même torturé», a déclaré l’un des militaires aux médias allemands. Il craint d’être accusé d’avoir soutenu le coup d’État. Il assure pourtant n’avoir «aucune sympathie pour les putschistes».

La réponse turque n’en a pas moins été cinglante: «Les autorités et les tribunaux allemands doivent y réfléchir très attentivement et absolument rejeter leurs demandes», a affirmé le ministre de la Défense, Fikri Isik. Les procédures suivront leur cours comme pour n’importe quelle demande d’asile, ont laconiquement réagi les autorités allemandes.

La mise en garde du pouvoir turc à Berlin est du même ordre que celle adressée à Athènes la semaine dernière. Le gouvernement turc exige que huit militaires, qui ont fui le pays le 16 juillet, lui soient remis. Mais la Cour suprême grecque s’est opposée à leur extradition vers la Turquie, alors qu’ils ont été jugés et condamnés en Grèce pour être entrés illégalement sur le territoire. «Nous ne pouvons pas regarder positivement un pays qui protège des terroristes, des traîtres, des putschistes», a menacé vendredi Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères. «La Grèce doit savoir cela. Nous prendrons les mesures nécessaires, y compris l’annulation de l’accord de réadmission», a-t-il prévenu.

À Athènes, le premier ministre Alexis Tsipras s’est retranché derrière l’institution judiciaire. «Les responsables du coup d’État ne sont pas les bienvenus dans notre pays, a-t-il souligné, mais la justice grecque est indépendante.» Pour la Cour suprême, les militaires condamnés risquaient d’être torturés dans leur pays.

En Turquie, la chancelière se prépare à un numéro d’équilibriste. L’opposition turque critique son voyage, qui ne pourra servir qu’à «soutenir» Recep Tayyip Erdogan, a déclaré son leader, Kemal Kiriçadaroglu, dans une interview à la Süddeutsche Zeitung. À quelques semaines d’un référendum pour renforcer ses pouvoirs, le président turc savoure son influence: avant de recevoir la chancelière, c’est la première ministre britannique, Theresa May, qui a fait le déplacement jusqu’à lui.

À Berlin, on est conscient des contradictions. Mais Angela Merkel tient coûte que coûte à l’accord sur les réfugiés qu’elle a négocié l’année dernière. Elle veut aussi éviter un raidissement des relations diplomatiques qui pousserait Ankara dans les bras de Moscou. Au ministère des Affaires étrangères, on plaide pour le maintien du dialogue avec Ankara. On veut croire aussi que la Turquie n’a pas intérêt à rompre ses relations avec l’Europe.

Nicolas Barotte

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Theresa May maintient l’invitation à Donald Trump en dépit des protestations

Des milliers de personnes ont manifesté, lundi en Grande-Bretagne, contre la venue annoncée du président américain.

« Honte à May ! ». Pour la première ministre britannique, le retour de bâton est spectaculaire. Deux jours après avoir été couverte de louanges par la presse conservatrice pour sa prestation jugée plutôt habile au côté de Donald Trump à Washington, des milliers de manifestants l’ont conspuée, lundi 30 janvier, toute la soirée, non seulement aux abords de Downing Street mais dans de nombreuses villes du pays. Au même moment, la pétition officielle lancée sur le site du Parlement contre la visite d’Etat du président américain à l’invitation de Theresa May dépassait 1,6 million de signataires.

Image flétrie

« C’était déjà embarrassant qu’elle se précipite pour être la première à faire la révérence à Trump. Mais qu’elle invite ce raciste ici, c’est vraiment trop », fulmine Caroline, 36 ans, une professeur d’anglais noyée dans le rassemblement londonien « contre le bannissement des musulmans ». « Non au racisme, non à Trump ! », « Expulsez Theresa May ! », « La relation spéciale [avec les Etats-Unis] ? Dites simplement non ! », proclament les banderoles. Dans une sono crachotante, des militants pro-droits de l’homme, des réfugiés de « pays musulmans » et des ténors politiques de gauche s’époumonent.

« May sacrifie nos valeurs pour obtenir un accord commercial post-Brexit. Elle se fait complice de la tyrannie ! », lance Caroline Lucas, leader des Verts, tandis que Diane Abbott, proche du leader Labour Jeremy Corbyn appelle à « résister à l’islamophobie ». Des militants musulmans disent leur « honte » et leur « crainte » ; certains démarrent leur harangue en scandant des « Allahou akbar ». Le patron d’un syndicat d’enseignants avertit : « On sait ce qui s’est passé dans les années 30 quand les gens n’ont rien dit ».

Plutôt accueillie avec fierté au Royaume-Uni, l’image de Theresa May en tailleur rouge marchant main dans la main, vendredi, avec Donald Trump, a commencé à se flétrir dès le lendemain lorsque, en déplacement en Turquie, elle a refusé à trois reprises de condamner la décision de Donald Trump de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays. Il a fallu de longues heures pour que Downing Street réprouve du bout des lèvres la mesure, tout en considérant qu’elle « concerne le gouvernement des Etats-Unis ».

Reçu comme « Mugabe et Ceausescu »

Lundi, Mme May a fait savoir qu’elle était « très heureuse » que M. Trump ait accepté l’invitation formellement adressée par la reine Elizabeth. Boris Johnson, son ministre des affaires étrangères a même insisté : le président Trump, a-t-il déclaré au cours d’un tumultueux débat en urgence aux Communes, est « le chef d’un Etat qui est notre plus proche allié » et « il n’y a absolument aucune raison de ne pas lui accorder une visite d’Etat ». Tout en qualifiant la décision du président américain de « controversée, discriminatoire et mauvaise », M. Johnson a affirmé que M. Trump « aboie plus qu’il ne mord ».

Alors que les députés multipliaient les références à la montée du nationalisme dans les années 1930, certains qualifiant M. Trump de « fasciste », le chef du Foreign Office a usé d’un étonnant argument pour justifier l’invitation à M. Trump : après tout, a-t-il remarqué, en leur temps « Robert Mugabe [dictateur du Zimbabwe] et Nicolae Ceausescu [ex-dictateur roumain] ont été reçus par Sa Majesté la reine ».

Philippe Bernard

 

 

LE PARISIEN – 31/01/2017

Décret anti-immigration de Trump : Obama sort de son silence

 

Manifestation à Bruxelles contre le décret anti-immigration, le 30 janvier 2017

Le décret américain qui interdit l’accueil de réfugiés et de ressortissant de sept pays musulmans continue de susciter des réactions hostiles à travers le monde et aux Etats-Unis.

Trois jours après la décision de Donald Trump d’interdire vendredi par décret l’entrée aux Etats-Unis des réfugiés de toute origine et des ressortissants de sept pays à majorité musulmane*, l’onde de choc continue de se propager à travers le monde. Aux Etats-Unis, des personnalités du show business mais aussi du monde des affaires n’ont pas tardé à manifester leur désapprobation, en écho aux manifestations qui ont eu lieu dimanche aux abords de la Maison blanche, dans le reste du pays et ailleurs dans le monde. Dix jours après avoir quitté ses fonctions, Barack Obama est également sorti de son silence. Les réactions sont tout aussi vives à l’extérieur des frontières américaines.

Obama estime «les valeurs fondamentales» menacées

Barack Obama avait promis de se tenir à l’écart du débat politique sauf si «les valeurs fondamentales» de l’Amérique étaient menacées : dix jours seulement après son départ de la Maison Blanche, il a jugé que c’était déjà le cas, encouragé par «le niveau de mobilisation» à travers le pays.

«Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a déclaré son porte-parole, Kevin Lewis.

«Une discrimination fondée sur la nationalité»

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé lundi le «manque de générosité» du décret. «La discrimination fondée sur la nationalité est interdite par les droits de l’Homme», a tweeté le haut responsable onusien, qui s’exprime très rarement sur les réseaux sociaux. Selon lui, le décret américain «gaspille les ressources nécessaires pour lutter contre le terrorisme».

Merkel : un décret anti-musulman 

«La lutte nécessaire contre le terrorisme ne justifie en aucune manière de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l’occurrence ici des personnes de foi musulmane, ou en fonction de leur origine», a estimé lundi la chancelière allemande Angela Merkel.

Ayrault : la France souhaite l’annulation du décret

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a souhaité lundi l’annulation du décret du président américain. «Je pense que ce serait le bon sens» d’annuler cette décision, a t-il déclaré lors d’une visite à Téhéran, dénonçant une situation «inacceptable et très pénalisante pour les personnes concernées».

Les Européens binationaux dans le doute 

Un ressortissant de l’Union européenne ayant la double nationalité iranienne et française peut-il continuer à rendre visite à sa famille aux Etats-Unis ?Les conséquences juridiques du décret américain «ne sont pas encore claires» en ce qui concerne leur impact éventuel sur des ressortissants de l’UE détenteurs de la double nationalité des pays visés, a expliqué lundi le porte-parole de la commission européenne Margaritis Schinas, «Nos avocats sont en contact avec nos partenaires européens et autres, et nous allons nous assurer qu’aucune discrimination n’est infligée à nos citoyens.»

* Les sept pays visés par le décret américain sont : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.

Le transport aérien demande une clarification

«Le décret a été signé sans coordination ou avertissement préalable, ce qui a causé de la confusion chez les compagnies aériennes comme chez les voyageurs», a déploré lundi l’Association du transport aérien international (IATA) qui a demandé à l’administration américaine de clarifier rapidement ses mesures. Les compagnies aériennes doivent vérifier les passeports et visas de leurs passagers avant le départ, sous peine d’amendes et de retour à leurs frais des visiteurs indésirables. La principale difficulté porte notamment sur les binationaux.

Damas appelle les réfugiés syriens à rentrer 

Le gouvernement syrien de Bachar-el-Assad, qui n’avait pas encore réagi, a renouvelé hier, par la voix du chef de la diplomatie Walid Mouallem, «l’appel du gouvernement aux réfugiés syriens installés dans les pays voisins à rentrer au pays, réaffirmant sa disposition à les accueillir et leur assurer une vie digne». Il n’a toutefois pas fait directement allusion au décret américain qui vise directement les réfugiés syriens, sans limitation de temps.

L’Irak exige la révision d’«une décision erronée»

Le ministère irakien des Affaires étrangères a appelé lundi les Etats-Unis à revoir lundi la décision suspendant l’entrée des citoyens irakiens sur le sol américain, en la qualifiant d’ «erronée». «Il est malheureux que cette décision ait été prise à l’encontre d’un pays allié, lié aux Etats-Unis par un partenariat stratégique», précise l’Irak. Les députés irakiens avaient voté juste avant une motion appelant le gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur sa décision de suspendre l’entrée des citoyens irakiens.

Trois Iraniens bloqués à Vienne

Trois ressortissants iraniens, une femme et un couple de personnes âgées disposant d’un visa pour les Etats-Unis, sont restés bloqués trois jours en zone de transit de l’aéroport de Vienne (Autriche) après avoir été interdits d’embarquer pour les Etats-Unis. Ils ont finalement accepté de rentrer dans leur pays ce lundi. «Ils (étaient) arrivés samedi matin et (avaient) refusé de réembarquer pour Ispahan (sud de l’Iran), dans l’espoir que les autorités américaines changent d’avis», avait expliqué la compagnie Austrian Airlines. Téhéran avait annoncé samedi qu’il appliquerait le principe de réciprocité pour les citoyens américains. L’Autriche a par ailleurs déploré lundi avoir dû annuler 300 visas attribués à des membres de minorités religieuses iraniennes (chrétiens, juifs, baha’i désireux de s’installer aux Etats-Unis).

Des diplomates américains protestent

Plusieurs diplomates américains ont protesté officiellement contre le décret «Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis», a confirmé lundi le Département d’Etat. Ces derniers, dont on ignore le nombre, ont utilisé un «canal» officiel dit de «dissidence», qui permet de contester en interne une décision de l’administration. Ce canal de communication avait ainsi été activé en juin lorsqu’une cinquantaine de diplomates avaient réclamé que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien.

«L’Amérique doit de nouveau être sûre», tweete Trump

Le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, «a dit que tout se passait bien avec très peu de problèmes. L’AMERIQUE DOIT DE NOUVEAU ETRE SURE ! », a tweeté le président lundi le président Trump.

Selon lui, «les gros problèmes dans les aéroports ont été causés par une panne d’ordinateur de Delta, les manifestants et les larmes du sénateur Schumer (un sénateur démocrate Ndlr)». Il souligne que seulement 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivées sur le sol américain parmi les 325.000 passagers quotidiens.

Les manifestations à travers tout le pays, les décisions de certains juges de suspendre temporairement l’application de certaines clauses, empêchant l’expulsion immédiate de personnes arrêtées à l’aéroport, et une certaine confusion dans les aéroports du pays semblent avoir néanmoins poussé l’administration américaine a mettre de l’eau dans son vin en particulier pour les détenteurs d’un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi pour les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.

VIDEO. Manifestations contre le décret anti-immigration de Trump :  http://www.leparisien.fr/international/decret-anti-immigration-de-trump-l-onu-denonce-un-manque-de-generosite-30-01-2017-6639294.php

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Revue de presse du MEDEF IDF du samedi 28 au lundi 30 janvier 2017

2017-03-02T07:03:33+01:00Mots-clés : , , |

:: ECONOMIE

LE FIGARO – 28/01/2017

Assurance-chômage : syndicats et patronat proches d’un accord sur les contrats courts

INFO LE FIGARO – La surtaxation des CDD de moins d’un mois avait été le point bloquant de la négociation avortée en juin 2016.

Vers un déblocage? Peut-être bien. En tout cas, les discussions entre patronat et syndicats autour de l’assurance-chômage avancent à grands pas. Depuis décembre, les partenaires sociaux se réunissent de manière informelle afin d’«établir un diagnostic commun» sur le marché du travail et l’assurance-chômage. Ils se reverront le 8 février avant de décider, le 15, de relancer ou non la négociation qui avait avorté en juin 2015 faute d’accord. Avec, en cas de réponse positive, l’objectif de s’accorder avant l’élection présidentielle sur une nouvelle convention.

La négociation avait achoppé l’année dernière sur le point précis des CDD de moins d’un mois. Selon une étude de l’Unedic présentée mercredi aux partenaires sociaux, le recours à ces contrats a plus que doublé en quinze ans, passant de 1,5 million par trimestre en 2000 à plus de 4 millions en 2016. Pour inciter les entreprises à en limiter le recours, les syndicats exigeaient au printemps un système de bonus-malus a minima, voire une surtaxation, des contrats courts.

Surtaxation expérimentale

Jusqu’à présent, le patronat avait opposé son veto à toute forme de prélèvement sur les CDD de moins d’un mois. Mais les lignes seraient en train de bouger. Selon nos informations, les chefs de file des délégations patronales et syndicales planchent actuellement sur le principe d’une surtaxation expérimentale, donc temporaire, réservée aux entreprises les plus utilisatrices de contrats courts. Et notamment l’hôtellerie-restauration, les études de marché, sondages et agences de publicité, et les entreprises d’hébergement social pour personnes âgées et handicapées, pointées du doigt par l’Unedic dans son étude.

«On est très loin d’avoir décidé si on reprenait la négociation, nuance-t-on du côté patronal. On travaille.» Une source syndicale est plus catégorique: «On est proche de la solution qui permettrait de relancer la négociation.» La raison est simple. «Il est essentiel de démontrer que nous pouvons négocier, sinon les politiques reprendront le dossier, prévient Éric Courpetin, le chef de file CFTC. Nous sommes ouverts à tout.» Michel Beaugas est, lui, plus circonspect. «Nous défendons toujours un système de bonus-malus qui s’applique à l’ensemble des contrats», explique le leader FO.

Les rencontres bilatérales vont s’enchaîner d’ici à la mi-février. Chacun va prendre le temps de mesurer les rapports de force entre les différents camps, mais aussi dans son organisation avant de se lancer dans une nouvelle négociation. Quant au patronat, il fixera un mandat précis à son chef de file. «Si on y retourne, c’est qu’on sera sûr de conclure», jure un acteur du dossier. Un nouvel échec, après l’épisode de juin, décrédibiliserait durablement le dialogue social et n’est donc pas une option. Et ce, d’autant que plusieurs candidats à la présidentielle ont annoncé leur intention de légiférer, notamment pour réintroduire la dégressivité des allocations-chômage.

Refonte de la filière senior

Trouver un consensus sur les contrats courts est d’autant plus crucial que les partenaires sociaux ont avancé sur d’autres points sensibles, comme la refonte de la filière senior. Les chômeurs de plus de 50 ans ont aujourd’hui droit, s’ils ont cotisé pendant trois ans, à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois maximum pour les autres. Cet avantage coûte 1 milliard par an au régime, selon la Cour des comptes. Au printemps, le Medef a proposé de relever à 55 ans l’entrée dans cette filière.

Les modalités de cumul allocation-salaire sont également dans le viseur. La formule a été revue lors de la convention de 2014 mais n’incite toujours pas assez à reprendre un emploi. Des salariés, notamment en intérim, peuvent enchaîner contrats courts et périodes de chômage pour toucher un revenu proche du smic de ceux qui travaillent à temps plein aux mêmes postes, voire supérieur.

Anne de Guigné

 

 

L’OPINION – 30/01/2017

Pourquoi la CPME lance une négociation avec les syndicats sur la responsabilité sociale et environnementale

Cette idée en a fait sourire plus d’un. Une négociation afin de mieux faire reconnaître les actions sociales et environnementales que mènent les entreprises, surtout les petites. Le Medef n’en voulait pas, ni les artisans (U2P). Finalement François Asselin, le numéro un de la CPME a réussi convaincre tout le monde. Y compris les syndicats, qui tous ont répondu présent. La CGT a même été la première à dire oui.

C’est ainsi que le 1er février se tiendra la première réunion des partenaires sociaux. « L’idée est d’encourager la vertu», explique François Asselin à l’Opinion : « De nombreuses entreprises font du recyclage des déchets, des plans de préventions santé, encouragent la promotion des femmes, sans jamais être valorisées. Pire, lorsqu’une patrouille –Urssaf, inspection du travail- vient les contrôler, elles se font sanctionner si elles n’ont pas appliqué avec formalisme un programme égalité homme-femme, une mesure pénibilité etc. C’est insupportable !».

Aussi, la CPME aimerait-elle aboutir à la création d’une sorte de certification RSE qui puisse être valorisée, notamment lorsque les entreprises concourent à des appels d’offres.

Si l’intention est louable, le risque n’est-il pas de créer une contrainte supplémentaire ? « Au contraire, puisque dans cette certification RSE nous pourrions réunir de nombreuses obligations (égalité homme-femme, environnement, diversité, seniors etc..) » répond encore François Asselin.

Ses homologues patronaux traînent encore un peu les pieds. Ils craignent d’ouvrir la boîte de Pandore « Lancer une négo sur ce thème ramasse-tout, en ce moment, c’est ouvrir la boîte à claques. Les syndicats vont vouloir y mettre tout et n’importe quoi, et à chaque fois qu’on dira non, on passera pour des réac’», juge un membre du Medef.

François Asselin, lui, n’a pas peur : «C’est une occasion aussi pour les partenaires sociaux de traiter des sujets ouverts et positifs ». Bref de se refaire une santé au moment où le paritarisme est si décrié.

Fanny Guinochet

 

 

L’EXPRESS – 30/01/2017

Travaux à domicile: les artisans obligés d’annoncer leurs prix sur leur site web

 

L’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes

Afin de contrer les arnaques des artisans, lors de dépannages et travaux à domicile, un arrêté qui entrera en vigueur le 1er avril les oblige à afficher leurs tarifs sur leur site internet, s’ils en possèdent un.

Le texte est paru samedi, au Journal officiel. A partir du 1er avril 2017, il imposera aux professionnels intervenant au domicile des particuliers pour des travaux, comme les plombiers ou les serruriers, d’afficher obligatoirement leurs tarifs sur internet, s’ils ont un site.

Parmi ces informations devront figurer le taux horaire de main d’oeuvre, les modalités de décompte du temps estimé, les prix des prestations forfaitaires, les frais de déplacement, ou le caractère gratuit ou payant du devis. Elles devaient déjà, pour la plupart, être communiquées au consommateur avant toute prestation. Ces informations « doivent également être aisément accessibles sur tout espace de communication en ligne dédié au professionnel », indique le texte.

Le dépannage à domicile, visé par de nombreuses plaintes

Cet arrêté prévoit par ailleurs qu’avant tout travaux, les professionnels devront remettre au client un document détaillé où figureront ces informations. Elles devront auparavant avoir déjà été précisées dans les documents appelés « ordre de réparation » et « devis ».

Selon les données de la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF), l’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes. En septembre, cette dernière a mené une campagne de sensibilisation, destinée à informer les consommateurs sur les pratiques de certains professionnels du dépannage à domicile qui profitent de leur vulnérabilité pour les tromper.

 

LE PARISIEN – 28/01/2017

Salaires : les Français gagnent en moyenne 2225 euros net par mois

 

Le BTP est le seul secteur où les salaires ont baissé en 2014

Bonne nouvelle : les salaires continuent de progresser. Selon la dernière étude de la Darès, la direction des études statistiques du ministère du Travail, ils ont progressé en 2014 de 1% après +0,7% en 2013. Résultat, le salaire moyen s’établit désormais à 2225 euros net et à 2957 euros brut. «La croissance des rémunérations est intervenue dans un contexte de de reprise soutenue de l’activité économique», explique la Darès.

Un écart de 18,6% entre hommes et femmes

Ces moyennes dissimulent cependant de fortes disparités. En premier lieu, l’écart de salaires entre hommes et femmes, qui diminue depuis 2008, reste important puisqu’il est en moyenne de 18,6%. Autre facteur d’inégalité, vous ne gagnerez pas la même chose selon que vous travaillez dans une multinationale et chez un artisan. «Plus l’entreprise est grande et plus les salaires net moyens sont élevés», confirme la Darès. Ainsi, le salaire moyen est de 1883 euros net dans les entreprises de moins de 10 salariés mais il bondit à 2461 dans les groupes de plus de 500 employés.

Des salaires en baisse dans le BTP

Enfin, la paie n’est pas du tout la même selon les secteurs. Dans le haut de la fourchette des rémunérations, les cadres de la finance et de l’assurance émargent en moyenne à 3251 euros net alors qu’un technicien de la chimie et de la pharmacie gagne 3021 €. La rémunération tombe sous la barre des 2000 € dans le textile et descend à 1661 dans l’hôtellerie-restauration. Dernière précision : les métiers du BTP ont presque tous vu les rémunérations baisser en 2014. Mais ce secteur fait figure d’exception.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/les-francais-gagnent-en-moyenne-2225-euros-nets-par-mois-27-01-2017-6627072.php

 

Marc Lomazzi

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

Bercy accentue la lutte contre le blanchiment

INFO LE FIGARO – En 2016, les amendes payées par les sociétés ayant manqué à leurs obligations en la matière sont allées jusqu’à 200.000 euros.

Depuis les événements tragiques de 2015, l’Europe et plus particulièrement la France ont mis un véritable coup d’accélérateur à la lutte contre le blanchiment de capitaux. La Commission nationale des sanctions, créée fin 2014 et dépendant de Bercy, est désormais un véritable outil pour punir les professionnels qui, volontairement ou non, créent des conditions favorables à du blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme à travers des entités légales. Son action commence à payer: au cours de l’année 2016, la Commission s’est prononcée sur 22 dossiers et a sanctionné 43 personnes. Et au total, depuis le lancement de ses travaux, elle a examiné 43 dossiers et sanctionné 79 personnes, selon le rapport annuel remis ce lundi au ministre de Finances, Michel Sapin, dévoilé par Le Figaro.

Le rôle de cette autorité consiste à sanctionner les professionnels qui manquent à leurs obligations. Elle ne surveille pas ceux qui appartiennent au secteur financier ou du droit, ces derniers dépendant d’organismes disciplinaires spécifiques. Mais elle a autorité sur les agences immobilières, les personnes exerçant l’activité de domiciliation, les professionnels du jeu ou encore, depuis début décembre, les antiquaires et les agents sportifs. Tous ont des obligations strictes: non seulement mettre en place en interne des systèmes de gestion des risques financiers, mais aussi conserver certains documents, vérifier les identités de tous leurs clients, former leur personnel et s’adresser à Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy) lorsqu’ils ont un doute sur l’origine ou la destination des flux financiers.

Rendre publiques les entreprises sanctionnées

L’an dernier, onze affaires ont concerné des agences immobilières. Il peut s’agir par exemple d’un professionnel qui ne s’interroge pas sur le fait qu’un de ses clients fasse l’acquisition de plusieurs biens immobiliers en un temps réduit et semble indifférent à l’emplacement, ainsi qu’au coût des travaux. Une situation qui est susceptible de présenter un risque de blanchiment des capitaux.

Neuf dossiers ont, par ailleurs, concerné des entreprises de domiciliation, qui offrent à leurs clients une adresse et diverses prestations. Ces sociétés ont pu ne pas demander les pièces permettant de confirmer l’identité de la personne (la société de domiciliation ne rencontrant pas toujours physiquement son client). Des montages financiers peuvent alors être destinés à masquer l’origine des fonds ou leur bénéficiaire effectif. Pour la première fois, enfin, la Commission nationale des sanctions a connu deux cas concernant de casinos et de cercles de jeux.

Ces affaires se sont soldées par des avertissements et des interdictions temporaires d’exercice de l’activité allant de trois mois à trois ans, avec sursis. Les amendes, présentes dans 40 % des cas de sanctions, se sont échelonnées de 1000 à 200.000 euros. C’est bien plus que l’année précédente, où la sanction la plus importante n’avait pas dépassé 8000 euros. «Cela a pu tenir à la gravité des manquements, mais aussi au fait que l’ignorance de leurs obligations par les professionnels peut plus difficilement être invoquée comme circonstance atténuante avec les années qui passent», explique François Lamy, conseiller d’État et président de la Commission nationale des sanctions. Aujourd’hui, il prévient: «Nous allons, à l’avenir, rendre nominatives les publications de sanctions.»

Marie Visot

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 28/01/2017

L’Etat tente d’éviter le naufrage d’une grande usine de la Creuse

A court de trésorerie, le site GM & S de La Souterraine est menacé de liquidation. Deux cent quatre-vingt-deux emplois sont en jeu.

C’est un des paradoxes de cette fin de quinquennat : le chômage diminue, les marges des entreprises remontent, mais le gouvernement se retrouve face à une nouvelle série d’entreprises en difficulté. Après la restructuration de Vivarte qui va entraîner la suppression de centaines d’emplois, après l’annonce de la délocalisation de l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme), les pouvoirs publics se mobilisent à présent pour sauver l’usine GM & S Industry de La Souterraine (Creuse).

Ce site de pièces pour l’automobile risque d’être rayé de la carte de façon imminente. Une audience est prévue vendredi 27 janvier au tribunal de Poitiers. En jeu, 282 emplois. Le personnel a le sentiment – pas forcément infondé – d’être victime d’une succession de patrons voyous et de chasseurs de primes, et de stratégies définies loin d’eux par les constructeurs.

Placée le 2 décembre 2016 en redressement judiciaire, l’entreprise devait bénéficier d’une période d’observation de six mois, jusqu’en juin. Mais faute d’activité, la trésorerie a fondu, et « on risque la liquidation dès vendredi », s’alarme Vincent Labrousse, de la CGT. A moins que le gouvernement et les clients de l’usine n’apportent les fonds nécessaires pour faire tenir le site quelques mois encore, le temps de trouver un repreneur. Le président François Hollande lui-même a été alerté. Il a reçu une délégation de syndicalistes à l’occasion d’un déplacement en Corrèze, le 6 janvier.

« Nous avons déjà lancé un appel d’offres pour trouver un nouvel actionnaire, et trois groupes, dont deux industriels, ont marqué leur intérêt, indique l’administrateur judiciaire, Vincent Gladel. Ils vont expertiser le dossier. Encore faut-il que nous disposions de financements complémentaires pour leur laisser le temps de formuler des offres. »

Manque de compétitivité

Le cas de La Souterraine, « La Sout’» comme on l’appelle, est suivi depuis des années par les pouvoirs publics. L’usine a été construite en 1963, en pleines « trente glorieuses ». C’était alors un atelier de fabrication de jouets en métal et de trottinettes. L’entreprise s’est ensuite reconvertie avec succès dans l’emboutissage pour l’automobile. Avec près de 700 salariés, elle fut un temps le premier employeur de la Creuse.

Mais depuis plus de dix ans, ce site souffre d’un double problème : un manque de compétitivité, comme beaucoup de sites français de l’industrie lourde, et une forte instabilité de ses actionnaires et dirigeants. En 2009, au moment où toute la filière automobile a plongé, l’usine a été reprise par Altia-Caddie, un petit groupe industriel monté de bric et de broc à partir de sociétés achetées à la barre de tribunaux de commerce. Mais l’espoir d’un nouvel essor a vite été douché. En 2014, Altia-Caddie s’est écroulé comme un château de cartes, provoquant l’ouverture d’une enquête pénale, et tous ses actifs ont été éparpillés.

L’usine de La Souterraine, renommée GM & S, a alors été récupérée par Gianpiero Colla, un entrepreneur italien décidé à profiter de la crise pour faire ses emplettes en France. « Je ne suis pas un industriel de passage », affirmait-il à l’époque, en promettant des investissements. Nouvelle déception. A La Souterraine, rachetée pour 3 euros symboliques, M. Colla n’a injecté que 50 000 euros en capital, puis s’est fait invisible. La relance annoncée ne s’est pas concrétisée malgré le soutien des pouvoirs publics et de l’un des donneurs d’ordre, PSA.

Interrogations sur le rôle de PSA

Les clients Renault, Plastic Omnium, etc., ont peu à peu pris le large, jusqu’au dépôt de bilan. L’équipe italienne s’est néanmoins rémunérée de façon confortable, le nouveau directeur commercial prélevant par contrat 1 % du chiffre d’affaires. Le reste de la campagne de M. Colla en France n’a guère été plus triomphant : deux de ses autres acquisitions, des fonderies installées à Fumel (Lot-et-Garonne) et Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), sont retombées en faillite.

S’agit-il d’un simple échec industriel ? Les syndicats s’interrogent sur le rôle de PSA, le grand donneur d’ordres de « La Sout’». Selon eux, PSA aurait pu se servir de M. Colla comme d’un mercenaire, chargé de maintenir l’usine en marche tant qu’elle était indispensable à la fabrication de ses modèles, puis de la fermer maintenant que d’autres sources d’approvisionnement ont été mises en place. « C’est une hypothèse qu’on ne peut écarter », opinent deux des experts appelés à analyser la situation.

« On se trompe de cible quand on nous attaque », réplique-t-on au siège de PSA. Le constructeur refuse d’endosser la responsabilité des déboires de La Souterraine. « Depuis le départ, nous avons au contraire toujours été là. Nous avons accepté des hausses de prix, maintenu un volume d’achats constant, avancé de l’argent pour que les matières premières puissent être achetées… » Si PSA a diversifié ses approvisionnements, c’est simplement pour ne pas être bloqué en cas de soucis chez son sous-traitant, ce qui est arrivé en décembre, assure le groupe : « 750 000 pièces ne nous ont pas été livrées, alors que nous avions préfinancé l’achat des matières. »

Ces dernières semaines, PSA a suggéré des noms de repreneurs. Comme les pouvoirs publics, le constructeur suit le dossier comme le lait sur le feu.

Denis Cosnard

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

La filière solaire mise sur un rebond en 2017

INFO LE FIGARO – Plus de 1000 mégawatts devraient être raccordés au réseau. Des grands appels d’offres sont en préparation.

La fin de la mandature Hollande s’annonce chargée pour la filière solaire. Plusieurs décrets sont en préparation, dont les professionnels attendent la signature avec impatience. Les textes en question concernent notamment l’auto-
consommation, le partage du coût du raccordement entre le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis et les opérateurs ainsi que l’évolution des tarifs pour les petites centrales de moins de 100 kilowatts (kW).

Cette étape réglementaire permettrait de compléter les mesures déjà prises dans le cadre de la loi sur la transition énergétique (votée en 2015) et d’accélérer l’activité après un exercice 2016 qualifié de «petit millésime» parla nouvelle édition de l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque, publiée lundi.

L’année dernière, moins de 700 mégawatts (MW) solaires ont été raccordés au réseau, contre un bon millier en 2015. La quasi-totalité des segments ont été impactés par cette baisse mais les grandes installations (1 MW et plus) l’ont été encore plus. «Pourtant après le doublement des volumes octroyé lors des appels d’offres en 2015, les chiffres de raccordement auraient dû être très supérieurs en 2016», souligne Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat professionnel, membre du think tank France Territoire Solaire qui édite l’Observatoire.

Parmi les explications, le document pointe les difficultés et les lenteurs administratives liées au cahier des charges qui ont retardé le démarrage des projets lauréats. De manière générale, il faut toujours entre trois et cinq ans pour voir aboutir un chantier photovoltaïque d’envergure. Les délais sont un peu supérieurs pour l’éolien, au grand dam des partisans des énergies renouvelables qui insistent sur la nécessité de se doter de procédures d’examen des projets plus souples.

«Heureusement, des programmes sont en train de sortir de terre: l’année 2017 sera un bon millésime pour le solaire avec plus de 1000 MW raccordés, poursuit Daniel Bour. Et la loi de transition énergétique permet de tabler à l’avenir sur des chiffres régulièrement supérieurs à 1000 MW avec la mise en place par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’appels d’offres bi ou tri-annuels.»

La CRE justement attend d’ici à quelques jours la remise de l’ensemble des dossiers pour un nouvel appel d’offres de 450 MW pour des centrales au sol ou sur des ombrières de parking. Les professionnels du secteur s’attendent d’ores et déjà à une concurrence vivace: «Les projets lauréats des derniers appels d’offres se situaient entre 70 et 100 euros par mégawattheure (MWh) selon la taille et le type d’installation, contre plus de 320 euros à la fin des années 2010, insiste Daniel Bour. Ces chiffres vont continuer à baisser, ce qui rend le solaire comme l’une des énergies les plus compétitives au monde.» Toutefois, cette énergie reste largement subventionnée, avec en France un tarif de rachat du MWh solaire qui varie en fonction de la taille de l’installation.

Soutien au renouvelable

En marge des chantiers industriels, la filière solaire observe évidemment avec attention les programmes des différents candidats à l’élection présidentielle et leur degré de soutien, affiché ou non, aux énergies renouvelables. Une trajectoire ambitieuse a été assignée au photovoltaïque dans le cadre de la loi d’orientation énergétique – à hauteur de 10,2 gigawatts (GW) en 2018 et entre 18 et 20 GW en 2023 -, ce qui requiert une accélération du rythme de lancement des projets. Actuellement, la France compte 6,2 GW d’énergie solaire. À titre de comparaison, l’Allemagne a déjà dépassé les 40 GW et mène largement la danse en Europe.

«Après plusieurs années difficiles, la loi sur la transition énergétique a permis de retrouver du dynamisme en France, mais la progression ne suit pas le même rythme que celle observée à l’échelle de la planète, explicite Daniel Bour. Cet essor mondial ouvre d’ailleurs de nombreuses perspectives pour nos entreprises.»

En 2015, le photovoltaïque s’est imposé comme la deuxième énergie dans le monde en termes de nouvelles capacités installées. Le parc mondial a dépassé les 230 GW de puissance cumulée, dont 42 % sont disponibles en Europe.

Frédéric de Monicault

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

Reprise confirmée pour les logements neufs en 2016

Dans la construction neuve, la reprise amorcée en 2015 s’est amplifiée en 2016.

Sortie de crise pour le bâtiment : la reprise de la construction de logements neufs, amorcée en 2015, s’est confirmée et amplifiée en 2016. Quelque 376.500 logements neufs ont en effet été mis en chantier l’an dernier, soit une progression de 10,4 % par rapport à 2015, montrent les chiffres publiés vendredi par le ministère du Logement. Dans le détail, les mises en chantier de logements ordinaires ont augmenté de 10,7 % à 349.300 unités, tirées par les logements collectifs. Celles des logements en résidence pour seniors, étudiants ou touristes, segment plus volatil, ont affiché une hausse plus modeste : +6,4 %, à 27.100 unités.

« Reprise en cours »

Parallèlement, les permis de construire ont bondi de 14,2 %, à 453.200 unités. «  La reprise en cours est essentiellement liée à deux facteurs : avant tout, des taux de crédit extrêmement bas qui provoquent des effets de rattrapage ou d’aubaine et stimulent les ventes, mais aussi le plan de relance dans le neuf, avec le dispositif Pinel et le renforcement du prêt à taux zéro », analyse l’économiste de Crédit Agricole SA, Olivier Eluère, cité par l’AFP. «  La dynamique des ventes se ressent dans les mises en chantier : ce sont les ménages accédants à la propriété, mais aussi l’investissement, qui ont porté le secteur », estime Alexandra François-Cuxac, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui se félicite que la construction neuve ait retrouvé l’an passé «  ses volumes de mises en chantier et de logements autorisés de 2012, après avoir chuté en 2013 et 2014 en raison de l’encadrement des loyers ». Les taux de crédit immobilier s’établissaient à 1,34 % en moyenne en décembre, ce qui signe une très légère remontée après une année de baisse continue, indique l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Ces conditions d’emprunt exceptionnelles ont permis à un nombre croissant de ménages de boucler leur dossier de financement. Le crédit à l’habitat a ainsi connu l’an passé un rebond marqué : la production de nouveaux prêts, qui avait déjà quasiment doublé en 2015, a atteint un « nouveau record historique ». A fin novembre (les chiffres pour l’année ne sont pas encore publiés), le crédit à l’habitat avait mobilisé 258 milliards d’euros, en progression de 20 % sur un an. Les régions où la construction de logements neufs a le plus progressé sont la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+22,9 %), la Nouvelle-Aquitaine (+18,4 %), l’Occitanie (+17,2 %), la Bretagne (+15,5 %) et l’Ile-de-France (+12,7 %), loin derrière le micromarché de la Corse (+77,1 %) qui affiche un spectaculaire rebond. En revanche, les mises en chantier ont reculé dans le Grand Est (-2,9 %) et en Normandie (-1,3 %).

Jean-Michel Gradt

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

La pression monte sur le prix des médicaments

 

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé ».

La ministre de la Santé a menacé de baisser unilatéralement les prix dans l’hépatite C.

Qui dit mieux ? Vendredi, le laboratoire AbbVie a officiellement abaissé le prix de son antiviral contre l’hépatite C. La cure combinée de Viekirax et Exviera sur trois mois est désormais commercialisée au prix public de 28.700 euros. Autrement dit, le laboratoire s’aligne sur le prix, négocié quelques jours auparavant, par son concurrent MSD. Il affiche également un tarif de 26.400 euros pour un traitement simple au Viekirax, qui ne fonctionnera que pour certains malades, mais qui a l’avantage d’être pour l’instant le plus bas du marché. La course est engagée. Huit mois après que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé » – ouvert aux porteurs sains du virus et aux malades légers -, c’est à qui détrônera le leader, Gilead, en offrant le meilleur rapport qualité-prix.

Mais le laboratoire pionnier, lui, n’a pas renoncé à ses prétentions financières. Sa combinaison-vedette Harvoni coûte toujours 46.000 euros, et la négociation est serrée pour fixer le prix de son dernier né, Epclusa, la seule molécule qui peut traiter tous les malades quel que soit leur génotype. Marisol Touraine s’en est émue. Le 17 janvier, lors de la réunion des ministres de la Santé de l’OCDE, elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser. « Tous les pays, sans exception, sont confrontés au risque de médicaments innovants inaccessibles car trop chers : ce serait économiquement absurde, socialement inégalitaire et humainement insupportable », a-t-elle expliqué, demandant à l’industrie pharmaceutique de « garantir la soutenabilité de l’innovation médicale ». Puis elle a menacé Gilead : « En France, si le principal laboratoire concerné reste sourd à cet appel, les outils renforcés en loi de financement de la Sécurité sociale seront mobilisés. »

Les contentieux font perdre 40 millions d’euros

A l’automne, l’arsenal de la maîtrise des dépenses pharmaceutiques s’est en effet enrichi de dispositions permettant au gouvernement de baisser unilatéralement les tarifs. Cette possibilité était déjà inscrite dans la loi, mais de façon trop peu détaillée, si bien que les décisions du CEPS (Comité économique des produits de santé) étaient régulièrement retoquées. En 2016, les contentieux ont ainsi fait perdre 40 millions d’euros à la Sécurité sociale, suite à l’annulation de certaines baisses de prix pour « défaut de base légale ». La loi fixe désormais six critères. D’abord, un principe général, celui de la soutenabilité financière pour la collectivité. Si les montants remboursés sont très élevés, ou bien si les dépenses augmentent fortement au sein de la même famille de pathologies, la baisse unilatérale est possible. D’autres critères amplifient les marges de manoeuvre du CEPS : l’ancienneté des produits, l’écart de prix avec des médicaments du même type, la nécessité de combiner plusieurs molécules pour soigner, l’existence de ristournes dans la chaîne de distribution et des prix encore plus bas dans d’autres pays. De quoi contraindre les laboratoires les plus récalcitrants.

Solveig Godeluck

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 30/01/2017

Après la victoire de Hamon, les socialistes entrent dans la semaine de tous les dangers

Une période de turbulences s’ouvre au PS, entre désaccords sur la ligne et risques de ralliements à Emmanuel Macron

Benoît Hamon défendra les couleurs socialistes à l’élection présidentielle après sa nette victoire face à Manuel Valls dimanche au second tour de la primaire élargie du PS. A 49 ans, il a réuni 58,65 % des suffrages, contre 41,35 % pour Manuel Valls, 54 ans, selon les premiers résultats de ce scrutin, qui marque aussi un désaveu pour ceux qui ont exercé le pouvoir depuis 2012, François Hollande et Manuel Valls en tête.

Benoît Hamon l’a largement emporté dimanche soir face à Manuel Valls. Avec 58,5 % des voix, contre 41,5 % pour son rival, et une participation plus importante qu’au premier tour, l’ancien frondeur est désormais, contre toute attente, le candidat de la Belle Alliance populaire de Jean-Christophe Cambadélis. Imaginée il y a un peu moins d’un an pour redonner une légitimité à François Hollande au sein de sa famille politique, cette primaire a donc mis en selle celui qui a réussi à incarner le mieux le vote-sanction à l’égard de la politique de François Hollande.

Le député des Yvelines a verbalisé dimanche soir sa volonté de « rassembler les socialistes, tous les socialistes ». Mais sans opérer la moindre inflexion programmatique, vantant une nouvelle fois son « revenu universel », largement considéré comme irréalisable au sein de la gauche de gouvernement. En revanche, Benoît Hamon s’est tourné dès dimanche soir vers le candidat écologiste Yannick Jadot et celui de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, afin de « construire ensemble une majorité cohérente et durable ». Comme si, au fond, Benoît Hamon cherchait davantage à séduire à gauche du PS, qu’au cœur de celui-ci.

Electrochoc. La victoire de Benoît Hamon, que personne n’imaginait le 15 décembre – jour limite pour le dépôt des candidatures – constitue en tout cas pour beaucoup de socialistes un véritable électrochoc. Car Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’Assemblée depuis qu’il a quitté, à l’insu de son plein gré, le gouvernement, et n’a eu de cesse, depuis, que de pilonner la politique du gouvernement. Aussi sa victoire est-elle susceptible d’ouvrir une crise au sein du PS, où nombreux désormais sont ceux tentés de rallier Emmanuel Macron. « On peut tout imaginer, y compris que la moitié du BN (Bureau national) s’en aille », soupire un ministre.

Dès lundi, aux premières heures de la matinée, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a prévu de réunir l’ensemble du gouvernement. Objectif : maintenir la cohésion gouvernementale, et éviter les déclarations contradictoires dans les médias. Le chef de la majorité s’entretiendra avec Jean-Christophe Cambadélis à 11 heures, puis recevra Benoît Hamon dans l’après-midi. Il devrait demander au candidat socialiste, pour prix du « rassemblement » autour de sa candidature, qu’il défende le bilan de l’exécutif depuis 2012…

L’enjeu est désormais, pour les principaux responsables socialistes, que le parti ne se fracture pas en deux. Au Bureau national, lundi soir, Jean-Christophe Cambadélis menacera quiconque soutient la candidature d’Emmanuel Macron de lui retirer son investiture pour les élections législatives. Premiers visés, les « rénovateurs » du PS, qui doivent se réunir mardi pour débattre de leur ralliement au candidat d’En Marche !

Benoît Hamon devrait de son côté, dès dimanche soir, s’entretenir par téléphone avec le président François Hollande. Les prochains jours vont être décisifs pour Benoît Hamon, pour rassembler les socialistes, la gauche et faire fructifier la dynamique que lui aura conférée sa victoire sur Manuel Valls. Avec en point d’orgue la convention d’investiture, prévue le 5 février à la Mutualité.

Jean-Jérôme Bertolus et Nathalie Segaunes

 

 

LE JDD – 29/01/2017

François Fillon : « Des forces sont à l’œuvre pour me faire taire »

 

François Fillon samedi à son QG de campagne porte de Versailles, à Paris.

INTERVIEW – Pris dans la tourmente du « Penelopegate », François Fillon assure qu’il se battra « jusqu’au bout ». Avant son meeting cet après-midi à Paris, il dévoile au JDD des mesures en faveur des classes moyennes.

Cette semaine, vous avez parlé de « boules puantes » au sujet des accusations concernant l’emploi de votre épouse, Penelope. Avez-vous le sentiment d’être victime d’un coup politique?
Comment ne pas avoir ce sentiment? Comment ne pas considérer qu’il y a des forces qui sont à l’œuvre pour me faire taire et tenter d’affaiblir ma candidature, voire tenter de m’empêcher de me présenter? Comment expliquer une telle violence? Quel clan ai-je dérangé? Quels intérêts ai-je remis en cause? C’est une manipulation grossière, mais je suis certain que la justice ne se laissera pas instrumentaliser par ces manœuvres qui puent la calomnie.

Ces faits remontent à des années, les feuilles de paie sont enregistrées à l’Assemblée nationale, tout a été déclaré au fisc, des majorités se sont succédé à l’Assemblée et à Bercy. Et tout cela sort à moins de trois mois de l’élection présidentielle… Comment imaginer un seul instant que cette affaire ne soit pas montée de toutes pièces pour m’abattre? Mais je ne me laisserai pas abattre. 

C’est peu dire que cette affaire trouble les Français…
Je comprends que les Français s’interrogent et doutent. Comment pourrait-il en être autrement? Mais je sais aussi qu’on n’a pas le droit de laisser abîmer la démocratie par ces officines. C’est la raison pour laquelle je vais me battre de toutes mes forces. Et jusqu’au bout.

Plusieurs de vos proches se sont étonnés de la célérité de la justice dans cette affaire. Souhaitez-vous qu’elle aille vite?
Le plus vite possible. D’ailleurs, sur le fond, je ne répondrai plus qu’à la justice. C’est à elle seule que je fais confiance pour établir la vérité. Je ne me soumettrai pas au tribunal médiatique.

Comprenez-vous que les niveaux de rémunération évoqués puissent choquer les Français?
Les niveaux de rémunération évoqués sont faux. On mélange le brut et le net. Je donnerai tous les éléments aux enquêteurs.

Avez-vous déjà remis des documents à la justice?
Oui.

Quel type de documents?
Des bulletins de salaire notamment, pour établir les montants et les dates.

Vous avez dit que vous aviez décidé d’arrêter cette collaboration avec votre épouse en 2013. Pourquoi?
S’agissant du travail que mon épouse a effectué pour Marc Ladreit de Lacharrière, elle a souhaité arrêter. Elle aurait aimé en faire plus mais elle a bien senti l’hostilité du directeur de la revue.

S’agissant de son travail d’assistante parlementaire, nous sommes bien conscients que l’opinion a évolué sur ces sujets et c’est la première raison pour laquelle nous avons décidé qu’elle cesserait d’être rémunérée. Ensuite, la valeur ajoutée la plus importante de ma femme était liée à sa connaissance du terrain dans la Sarthe. Étant devenu député de Paris, je pensais qu’elle pourrait maintenir le lien avec la Sarthe, mais cela n’avait plus le même sens.

Quand vous vous êtes lancé dans cette campagne, vous vous attendiez à ce que ce soit aussi dur?
Non. [Rire triste.]

Mais n’est-ce pas toujours le cas, dans une campagne présidentielle?
Je ne pouvais pas imaginer un seul instant que ce serait d’une telle violence et d’une telle bassesse.

Nicolas Sarkozy dit que faire une campagne présidentielle, c’est comme être nu dans la rue et « scanné » sous toutes les coutures…
C’est exactement ce que j’éprouve. Et ma femme encore plus que moi. Ce que je trouve le plus ignoble dans tout ça, c’est la prise en otage de ma famille.

Nicolas Sarkozy vous-a-t-il appelé?
Vendredi matin, oui. Un coup de fil très sympathique. Et utile.

Regrettez-vous d’avoir dit : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen? »
Non. C’est ma conviction profonde. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes politiques qui vous diraient les yeux dans les yeux : si je suis mis en examen, je ne me présenterai pas à l’élection présidentielle.

Vous êtes en meeting à la Villette cet après-midi. Quel sera votre message?
Je veux montrer que l’essence de mon projet, c’est la liberté. Il faut libérer un pays qui a toutes les raisons de réussir, qui devrait être leader européen, être en situation de plein-emploi et qui est tout le contraire parce qu’il s’est enfermé sous les réglementations, les normes, les impôts. C’est facile de redresser la France : il suffit de lever cette contrainte administrative qui nous étouffe. Ma politique permettra immédiatement d’améliorer les conditions de vie, en particulier des Français les plus modestes.

En quoi?
Les capacités financières dégagées par le passage progressif de l’âge de la retraite à 65 ans permettront d’augmenter les petites retraites. Ainsi, toutes les pensions du régime de base inférieures à 1.000 euros augmenteront de plus de 300 euros par an. De même, on augmentera d’au moins 600 euros par an les petites pensions de reversion. Et ce dès le début du quinquennat. De même, c’est grâce à l’augmentation de la TVA que je mettrai en place une franchise de cotisations salariales. Je veux augmenter de façon significative le salaire net des Français, via un abattement forfaitaire qui sera de l’ordre de 250 euros par an pour un ­salarié. Cela sera directement visible sur la feuille de paie et cela vaudra pour les salariés du public comme du privé.

Quel sera le coût de cet abattement?
Six milliards d’euros. Je propose aussi l’augmentation du plafond du quotient familial, le rétablissement de l’universalité des allocations ­familiales, ainsi qu’une mesure sur les donations aux enfants et petits-enfants. Je veux faire passer le délai entre deux donations de quinze à dix ans et réduire les droits en fonction de l’âge du donateur.

Je propose aussi une mesure puissante pour encourager l’épargne salariale et développer l’intéressement dans les entreprises de moins de 50 ­salariés avec un dispositif beaucoup plus souple et avantageux. Tout cela est rendu possible par la hausse de la TVA, le relèvement de l’âge de la retraite et un effort rigoureux de maîtrise des dépenses publiques.

Est-ce votre façon de répondre aux critiques sur la dureté libérale de votre projet?
C’est ma façon de démontrer que si mon projet comporte des mesures de compétitivité, elles sont d’abord destinées à donner du travail aux Français et à atteindre le plein-­emploi.

C’est cela que vous promettez aux Français, le plein-emploi?
Oui.

Il est dangereux de faire ce genre de promesses…
Je prends tous les risques, car sans prise de risques il n’y a pas de bénéfice à la clé pour les Français. Je pense qu’on peut descendre en dessous de 7% de chômage dans cinq ans.

Avez-vous compris les critiques contre votre projet?
Ces critiques reflètent surtout le fait que beaucoup de responsables politiques et sociaux français pensent qu’il n’est pas possible de changer les choses. La gauche ne croit plus à la croissance. Dans leurs programmes, mes concurrents n’essaient même plus de défendre l’objectif d’une réduction du chômage. Ils préfèrent parler de revenu universel et aligner des mesures coûteuses qu’ils n’ont pas les moyens de financer.

Vous n’êtes donc pas convaincu par les arguments de Benoît Hamon…
Penser que l’économie numérique est la fin de l’emploi, c’est un contresens terrible. Toutes les révolutions technologiques ont créé de la richesse et des emplois. Vouloir taxer les robots, comme le propose M. Hamon, c’est absurde.

Moi, ce que je propose, c’est de prendre en compte cette révolution numérique en créant un statut de travailleur ­indépendant pour permettre à ceux qui veulent se mettre à leur compte grâce à ces nouvelles technologies de le faire, et de pouvoir passer des contrats avec des entreprises ou des collectivités tout en ayant une protection sociale par ailleurs. Cela représente un gisement d’un million d’emplois potentiels. Le deuxième gisement d’emplois, ce sont les ­emplois de service. On va donc mettre le paquet dessus.

C’est-à-dire?
Non seulement nous allons rétablir les mesures de défiscalisation remises en cause par la gauche, mais je propose des emplois de service avec un niveau de charges extrêmement bas pour réduire leur coût horaire au minimum. Nous mettrons en place des plateformes pour simplifier la vie des employeurs et des employés. On pourra, par exemple, avec son smartphone, commander trois heures de garde d’enfant. Le salarié, lui, n’aura plus à gérer 36 employeurs différents, tout passera par cette plateforme. C’est une idée chère à Jean-Louis Borloo, avec qui j’ai beaucoup travaillé sur cette question. Là aussi, le potentiel est de l’ordre d’un million d’emplois.

Les critiques contre votre projet n’émanent pas que de la gauche…
Cette idée qu’on ne peut rien changer existe aussi dans mon camp, c’est vrai. Mais ce serait quand même invraisemblable qu’un pays qui a autant d’atouts que le nôtre ne se saisisse pas du potentiel de croissance et d’innovation qu’il y a aujourd’hui dans le monde. Prenons un exemple : il suffirait d’un tout petit effort pour que la France soit parmi les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. [Il s’anime.] Je veux reprendre les privatisations, sortir une partie des participations de l’État du capital d’entreprises où cet argent ne sert à rien pour le réinvestir dans des domaines de pointe comme celui-là.

Ce dimanche se tient le second tour de la primaire de la gauche. Entre Valls et Hamon, vous avez une préférence?
Aucune. La seule qualité de Benoît Hamon, c’est une forme d’authenticité et de sincérité. S’agissant de Manuel Valls, il n’y a rien de financé dans son projet et aucune mesure réellement nouvelle. Au fond, comme le disait André Malraux il y a un peu plus de cinquante ans, et je vais conclure mon discours en le citant, il y a quatre gauches en France.

La première, c’est la gauche pure, dure, rouge. C’est Mélenchon, le Fidel Castro de YouTube. La deuxième, c’est la gauche socialiste ; c’est l’équipage des naufragés du Titanic hollandais qui viennent de s’entredévorer sur le radeau de la Méduse de la primaire. La gauche numéro 3, c’est Macron : il fait croire qu’il est neuf, en réalité c’est lui qui a fait le programme de Hollande. Toute l’équipe gouvernementale de Hollande est en train de le rejoindre. Macron, c’est le sortant, c’est l’héritier, c’est Hollande. C’est pour ça que ce sera très difficile pour lui. La gauche numéro 4, c’est le FN : sortie de l’euro, retraite à 60 ans, augmentation du salaire minimum, recrutement illimité de fonctionnaires… L’original, c’est Mélenchon ; la copie, c’est Marine Le Pen.

Vous voulez nous faire croire que Macron n’est pas votre adversaire le plus dangereux?
Il dit qu’il est réformateur, il l’est beaucoup moins que moi. Quand j’entends certaines de ses propositions, je me dis qu’il est sûrement très intelligent mais qu’il ne connaît pas le pays. Et il aura quand même du mal à incarner les classes populaires!

Mais il apparaît comme nouveau…
Ça, ça ne marche pas dans une élection présidentielle. Il s’agit de choisir le chef des armées, la personne qui va défendre le pays dans un contexte international et sécuritaire extrêmement difficile. Pour résumer : on a un président américain dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est inattendu ; une Russie qui dérive de manière dangereuse ; une guerre commerciale qui s’amorce entre les États-Unis et la Chine ; le totalitarisme islamique qui nous menace ; et au milieu de tout ça, une Europe qui se défait.

Peut-on confier la présidence de la République française à quelqu’un qui a zéro expérience en matière internationale, qui n’a aucun projet sur le plan sécuritaire, qui explique que les réfugiés sont les bienvenus et qui, au Liban cette semaine, change de position en fonction de ses interlocuteurs?

La ferveur qu’il suscite ne vous impressionne pas?
J’ai vécu ça pendant deux ans dans la primaire… Le miroir médiatique est déformant.

Ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui l’inexpérience passe pour de la modernité?
C’est la raison pour laquelle je propose un projet de rupture et que je veux faire entrer la société civile dans mon gouvernement.

Justement, vous aviez promis de rendre publics les noms de vos trois principaux ministres. Alors?
C’est trop tôt. J’attends de voir qui va se révéler dans la campagne, qui seront les plus actifs.

Pensez-vous, comme certains dirigeants politiques, qu’il y a réellement un risque aujourd’hui que le FN arrive au pouvoir?
Si on continue à tenter de ­détruire tous les candidats crédibles à l’élection présidentielle, cela va finir par arriver.

Anna Cabana, Hervé Gattegno et Christine Ollivier

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 30/01/2017

L’Union européenne mise au défi par Donald Trump

Face au président américain, qui s’est notamment réjoui du Brexit et a estimé que l’Alliance atlantique était «obsolète», François Hollande a appelé à l’union et à la «fermeté».

Les premiers contacts entre Donald Trump et les chefs de file européens, France, Allemagne et Grande-Bretagne, n’ont pas été de nature à rassurer l’UE. Le choix de réserver sa première rencontre avec un dirigeant étranger depuis son investiture à Theresa May, première ministre d’un pays en train de quitter l’Union, a été considéré comme une provocation par les autres Européens. Donald Trump s’est en effet réjoui du Brexit, une «chose merveilleuse» selon lui dont il appliquerait volontiers le modèle à d’autres pays du Vieux Continent.

Depuis l’élection de Donald Trump, l’un des principaux sujets d’inquiétude des pays européens réside dans la future relation à l’Otan, dont les États-Unis sont le pilier, à la fois militaire, économique et politique. Pour Donald Trump, l’Alliance atlantique est «obsolète», son article 5, qui organise la défense collective en cas d’attaque d’un de ses membres, est sujet à discussion et son organisation financière doit être repensée.

Dans ses conversations téléphoniques avec François Hollande et Angela Merkel samedi, le nouveau président américain a cherché à apaiser ses alliés européens, qui depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale font en partie reposer leur sécurité sur l’Organisation atlantique et aimeraient qu’elle continue à tenir ce rôle face à la montée en puissance de l’impérialisme russe. Il a ainsi réaffirmé l’attachement américain à l’Otan, qui conserve à ses yeux une «importance fondamentale». Mais il a aussi rappelé à François Hollande la nécessité de rééquilibrer le fonctionnement de l’Alliance et de mieux «partager le fardeau des dépenses de défense». Une manière de dire à ses alliés européens: si vous voulez que l’Otan continue à vous défendre, vous allez devoir payer.

Deuxième sujet de contentieux, la Russie de Vladimir Poutine. La longue conversation téléphonique entre les présidents américain et russe, samedi, visait à amorcer le réchauffement entre les États-Unis et la Russie après des années de dégradation marquées par l’annexion de la Crimée, l’intervention russe en Syrie et l’ingérence du Kremlin dans l’élection présidentielle américaine. Pour tourner la page des années Obama, Trump a souvent évoqué la possibilité de lever les sanctions imposées à la Russie pour sanctionner la déstabilisation de l’Ukraine. Ce qui placerait les Européens, divisés à ce sujet, en porte à faux.

Theresa May accusée de renier les droits de l’homme

Mais c’est le décret sur l’immigration qui a jeté le plus grand trouble chez les Européens. Theresa May en a été la victime collatérale: elle a été vivement critiquée en Grande-Bretagne pour avoir refusé de le dénoncer lorsqu’elle était à Washington. Accusée de renier les droits de l’homme au profit de la relation spéciale avec les États-Unis, elle a dû revenir sur son silence.

Dans leur conversation avec le président américain, Angela Merkel et François Hollande ont tous deux critiqué la décision du président américain. La première, dont la politique d’ouverture migratoire avait été qualifiée d’«erreur catastrophique» par Donald Trump, «regrette» les limites imposées à l’immigration. Le second appelle Trump à respecter le principe de «l’accueil des réfugiés», un fondement des «démocraties». La chancelière comme le président français considèrent que la lutte contre le terrorisme ne peut pas servir d’excuse pour bannir les immigrants musulmans.

Jusque-là, les Européens s’étaient rassurés en croyant détecter dans l’attitude de Donald Trump une part de bluff. Ils comptent aussi sur les contre-pouvoirs, notamment le Congrès américain, pour poser des limites au caractère imprévisible et incontrôlable du nouveau président. Mais les décisions de politique étrangère prises par Donald Trump depuis son investiture ont creusé le doute, qu’il s’agisse de la construction d’un mur à la frontière du Mexique ou de l’abandon de l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Sans compter les menaces proférées contre l’accord sur le nucléaire iranien, contre les engagements pour le climat ou contre l’ONU.

La multiplication des signes d’unilatéralisme, l’amorce d’un repli sur soi, le court termisme des décisions et plus généralement l’incertitude quant à la politique étrangère qui sera menée constituent en elles-mêmes une nouvelle donne géopolitique. François Hollande considère qu’il s’agit d’un «défi» pour l’Union européenne. Il appelle ses alliés à l’union et à la «fermeté». Mais le chemin risque d’être long et sinueux. À Lisbonne, à l’occasion d’un sommet des pays du sud de l’UE, il était l’un des seuls, samedi, à appeler l’Europe à faire front contre la politique de Trump.

Isabelle Lasserre

 

 

LE MONDE – 30/01/2017

Donald Trump soulève l’indignation après son décret sur l’immigration

Après un week-end de confusion, de jugements défavorables et de manifestations, la Maison Blanche a assuré que l’interdiction d’entrée des ressortissants de sept pays restait en vigueur.

Une vague d’indignation internationale, un parti partagé, un imbroglio juridique… le décret paraphé vendredi 27 janvier par Donald Trump au nom de la sécurité des Etats-Unis a placé son administration sur la défensive, samedi et dimanche. Pendant la campagne, le candidat républicain avait suggéré d’interdire l’accès au territoire américain aux musulmans. Devant le tollé suscité par une mesure probablement anticonstitutionnelle, il avait alors reformulé sa proposition en mentionnant des mesures spécifiques visant les pays en proie au terrorisme.

De nombreux ressortissants de sept pays, tous à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), ont été pris de court par l’entrée en vigueur d’une décision interdisant pour quatre-vingt-dix jours les entrées aux Etats-Unis, y compris pour ceux qui venaient d’arriver dans des aéroports américains. Cette mesure sera pérennisée pour les seuls Syriens. La situation s’est compliquée lorsqu’il est apparu que les détenteurs de titres de séjour légaux, temporaires comme permanents, étaient également concernés par l’interdiction, vite considérée comme antimusulmane.

Une ligne dure vite fragilisée

Dans un premier temps, samedi, M. Trump avait minimisé la confusion. « Tout marche très bien », avait-il assuré après avoir signé de nouveaux décrets présidentiels. « Nous étions totalement préparés. On le voit dans les aéroports, on le voit partout », ajoutait le président contre toute évidence.

Quelques instants auparavant, de hauts responsables de la nouvelle administration, s’exprimant officieusement, avaient défendu le texte, assurant que toutes les dispositions nécessaires avaient été prises en amont avec les administrations concernées, le département d’Etat et le département de la sécurité intérieure. Une affirmation contestée tout aussi officieusement par des responsables de ces dernières auprès de la presse américaine.

Les conseillers de la Maison Blanche ont défendu une lecture stricte du décret en assurant que le sort des détenteurs de permis de séjour légaux se trouvant actuellement à l’étranger serait examiné « au cas par cas ». Selon les associations opposées à ce texte, un demi-million de résidents seraient concernés.

Cette ligne dure a été fragilisée, dans la soirée de samedi, par les décisions de juges fédérales de l’Etat de New York et de Virginie d’autoriser l’entrée de personnes disposant de titre de séjour en règle mais bloquées dans les aéroports américains. Elles avaient été saisies par des organisations de défense des droits des citoyens.

Déclarations contradictoires sur les « cartes vertes »

Ces décisions n’ont cependant pas remis en cause le décret en lui-même, qui empêche par ailleurs l’arrivée de réfugiés parvenus au terme de longues procédures d’admission pendant cent vingt jours.

Dimanche matin, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Reince Priebus, a fait machine arrière sur la question des détenteurs de permis de séjour permanent (« carte verte »). Le sort des binationaux n’a cependant pas été totalement éclairci.

Dimanche soir, un haut responsable de l’administration américaine a toutefois assuré que les détenteurs de « cartes vertes » ayant demandé une exemption au nouveau décret migratoire du président Donald Trump l’ont obtenue : « Toutes les personnes qui ont demandé une exemption dans le cadre de la carte verte l’ont reçue », a déclaré ce haut responsable lors d’une conférence téléphonique avec la presse. Selon lui, leur nombre se montait dimanche à 170.

Les médias incriminés

Dans l’après-midi, la Maison Blanche a diffusé un communiqué dans lequel M. Trump a mis en avant pour expliquer ses déboires son bouc émissaire habituel, les médias, incriminés à deux reprises dans un communiqué de douze lignes.

Le président s’est retranché derrière un gel bien plus ciblé visant l’Irak pratiqué en son temps par son prédécesseur, Barack Obama, pour défendre ses mesures, en dépit de situations très peu comparables. « Ce n’est pas une interdiction [anti-] musulmane », a assuré M. Trump, qui a ajouté que les pays concernés étaient « des sources de terrorisme ».

Si la liste comporte effectivement des Etats en proie à des troubles, elle ne comprend pas l’Afghanistan, le Pakistan ni l’Arabie saoudite, auxquels étaient liés les responsables des attentats de San Bernardino (Californie) et d’Orlando (Floride), respectivement en décembre 2015 et en juin 2016.

  1. Trump assure, en outre, vouloir combattre en priorité l’organisation Etat islamique (EI), alors que cette dernière n’est pas implantée en Iran, pays à majorité chiite. Le djihadisme concerne principalement des groupes extrémistes sunnites.

Le décret fait également référence au 11-Septembre mais aucun des pays dont étaient originaires les kamikazes (Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis et Liban) n’y figure. Enfin, l’écrasante majorité des attaques terroristes perpétrées aux Etats-Unis, depuis cette date, l’ont été par des citoyens américains ou naturalisés.

Dissensions dans les rangs républicains

Le décret signé le 27 janvier ne mentionne spécifiquement aucune religion, mais il prévoit une procédure discrétionnaire pour les minorités persécutées. M. Trump s’est chargé du sous-titrage du jargon administratif en publiant sur son compte Twitter, dimanche matin, un message déplorant que « les chrétiens au Moyen-Orient [aient] été exécutés en grand nombre », sans mentionner les victimes musulmanes de la violence qui y sévit, pourtant beaucoup plus nombreuses. « Nous ne pouvons pas laisser cette horreur continuer », a-t-il ajouté.

En fin d’après-midi, des conseillers de la Maison Blanche, s’exprimant officieusement, ont relativisé le nombre de personnes bloquées pendant le week-end, et assuré que le texte restait pleinement en vigueur, à l’exception des résidents permanents.

La confusion a fait apparaître de premières dissensions dans les rangs républicains, alors que dans le même temps, le Parti démocrate annonçait une mobilisation générale, parallèlement aux associations de défense des droits des citoyens. Une trentaine de parlementaires du Grand Old Party (GOP) se sont inquiétés de ses possibles conséquences, notamment pour les relations entre les Etats-Unis et l’Irak. Cela a été le cas du président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Corker (Tennessee), et du président de la commission des forces armées, John McCain (Arizona), qui a déploré avec le sénateur Lindsey Graham (Caroline du Sud) « une blessure faite à soi-même dans la lutte contre le terrorisme ».

Gilles Paris

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 27 janvier 2017

2017-03-02T07:03:45+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Voies sur berges : la guerre des chiffres

 

A Paris, la fermeture des voies sur berges, comme ici le 26 octobre 2016, entraîne mécaniquement une augmentation des véhicules sur les voies et rues qui bordent en surplomb les quais de la Seine.

 

Chacune dotée de son comité de suivi, la Mairie de Paris et la Région se livrent une lutte acharnée au sujet de l’impact de la piétonisation des voies en matière de trafic, de temps de parcours et de pollution.

« Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave. »

C’est ainsi que, le 19 janvier, Valérie Pécresse résumait le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, installé en septembre sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris.

Pourtant, trois jours plus tôt, la Ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, et des temps de parcours inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact.

« La réduction du trafic sur les axes de report, constatée depuis octobre, se confirme en décembre 2016, indique un communiqué de presse de la Mairie. Elle démontre que les automobilistes qui empruntaient autrefois les quais bas rive droite sont de plus en plus nombreux à adapter leur itinéraire ou leur mode de transport. »

Et la Ville de conclure : « La situation est donc encourageante et cohérente avec les prévisions de l’étude d’impact. »

Des chiffres en Open Data qui n’empêchent par la guerre de diagnostics

Mois après mois, ces déclarations contradictoires rythment le feuilleton dont la piétonisation de la voie Georges-Pompidou a constitué le premier épisode. Sur l’évolution entre septembre 2015 et septembre 2016, quand la Mairie de Paris notait un allongement de 39% du temps de trajet sur les quais hauts le soir, la Région affichait une augmentation de 74%.

C’est bien connu, on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Mais il n’en reste pas moins étonnant d’aboutir à des résultats si divergents à partir de mesures dont une grande partie est commune. En effet, les données concernant le trafic, qu’elles soient utilisées par la Ville de Paris, qui les transmet à la préfecture, ou par la Région, proviennent de capteurs de type boucles électromagnétiques appartenant à la Ville. Installés de façon permanente dans les chaussées, ils alimentent la régulation en temps réel des feux tricolores mais aussi une base de données servant à établir des statistiques. L’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), qui les traite pour le compte du comité de suivi régional, les récupère lorsqu’ils sont mis en open data. C’est-à-dire entre un mois et un mois et demi plus tard.

Ainsi, les données commentées le 19 janvier par la Région datent de novembre 2016, quand les analyses de la Ville trois jours plus tôt portent sur ceux de décembre. La Région se penche aussi sur des itinéraires de report tels que le périphérique ou l’A86, pour lesquels les données de circulation sont fournies à l’IAU par l’État et les départements. Quant aux temps de parcours, suivis à la fois par la Ville et par la Région, ils sont établis grâce aux données de GPS embarqués dans les véhicules.

Des méthodes de présentation qui entravent la comparaison

Abstraction faite du décalage dans la récupération des données, des contradictions subsistent entre les rapports présentés par les deux collectivités concernant un même mois. C’est qu’à partir des mêmes données, les deux collectivités ne calculent pas et, surtout, ne présentent pas les mêmes choses. En effet, l’IAU raisonne sur les seuls mardis et jeudis ouvrés, hors vacances scolaires, car ce sont les jours les moins susceptibles de subir de variations.

« C’est comme cela que nous pourrons vraiment comparer 2015 et 2016, repérer compteur par compteur les anomalies (telles que les manifestations, les camps de migrants, les pannes, etc.) susceptibles de biaiser les résultats, exclure les secteurs perturbés par des travaux tels que ceux du tramway, etc. », explique un expert.

Mais ce sont aussi les jours qui connaissent la circulation la plus dense, accuse la Ville, qui, pour sa part, raisonne sur cinq jours ouvrés.

Autre différence : les horaires pris en considération pour étudier le pic de circulation du soir varient également, l’IAU travaillant sur la tranche de 18 heures à 19 heures, quand la Ville prend en compte le créneau de 19 heures à 20 heures.

Surtout, quand la Région communique en pourcentage, la Ville présente des allongements du temps global de traversée de quelques minutes seulement et, surtout, en majorité inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact préalable. L’augmentation de 31% en novembre le matin sur le boulevard Saint-Germain correspond ainsi à un allongement de 3 minutes et demie.

La Région défend la qualité de l’air et s’oppose à la réduction de la circulation

Mais c’est avant tout sur la qualité de l’air que la Région concentre ses attaques. Un sujet sur lequel elle rappelle être chef de file et qu’elle affirme prendre « très à coeur », comme en témoigne la multiplication par 13 des moyens dédiés au plan air dans son budget 2017, dont 4 millions d’aides au remplacement des véhicules polluants pour les artisans et commerçants, et autant pour le remplacement des chaudières à bois.

« Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution », s’alarmait ainsi le professeur Carli le 19 janvier, citant une augmentation de 53% pour le NOx et 49% pour les particules fines sur les quais hauts. « Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berges n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », a-t-il conclu.

Ces chiffres proviennent des relevés de 13 capteurs implantés le long des quais hauts et du boulevard Saint-Germain, directement concernés par la fermeture, mais ne disent rien de la qualité générale de l’air dans la capitale.

L’impact des conditions météo

Airparif, qui a installé depuis novembre de nouveaux capteurs sur les voies et les quais hauts et en petite couronne, a prévu deux campagnes pour mesurer l’incidence de la fermeture des voies sur berges. La première a été menée de mi-novembre à mi-décembre et la seconde est prévue entre les mois de mai et de juin.

Dans une note du 16 janvier, on peut lire : « Les niveaux mensuels ne montrent aucune tendance claire imputable à la seule fermeture des voies sur berges. Ces variations constatées sur le réseau de stations permanentes d’Airparif traduisent l’effet imbriqué des émissions de polluants et de la météorologie. De ce fait, elles ne peuvent être interprétées directement et uniquement par rapport aux variations de trafic induites par la seule fermeture des voies sur berges. »

L’impact de la météo se traduit notamment par les pics de pollution de décembre, non imputables à la seule piétonisation, puisqu’ils touchaient toute l’Île-de-France mais aussi les régions de Lyon ou de Londres. Airparif insiste surtout sur le fait qu’il ne sera pas possible de tirer des enseignements valables avant les six mois d’observation prévus, et qu’il faudra tenir compte de la météo et de l’éventuelle évolution des comportements.

Le rapport complet de la première campagne comprenant l’interprétation de l’ensemble de ces résultats en lien avec ceux du trafic sera diffusé en mars 2017, correspondant en principe avec la fin de la période d’observation. Mais le rapport final de l’étude, intégrant la deuxième campagne de mesure en période estivale et la comparaison entre ces deux campagnes, ne sera, lui, disponible qu’en septembre.

Autant dire que le feuilleton n’est pas près de s’achever…

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 27/01/2017

Pierre Gattaz : « La mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables »

Tribune de Pierre GATTAZ, Président du MEDEF

Le protectionnisme de Donald Trump ne peut pas être transposé dans notre pays, le marché intérieur français ne pourrait pas soutenir notre économie. Il faut choisir l’international en misant sur nos atouts, selon le président du Medef.

Les déclarations antimondialisation de Donald Trump suscitent visiblement des interrogations ou des vocations de certains de nos politiques. La fermeture des frontières est-elle donc une stratégie économique possible ?

Il faut raison garder et constater tout d’abord qu’à ce stade, on est dans le discours, à la fois pour les menaces, mais aussi pour les promesses. Attendons de voir la réalité des faits. M. Trump l’a suffisamment démontré durant sa campagne : c’est un joueur de poker de génie. Et dans cette affaire, ce n’est pas forcément le seul…

Néanmoins, cette volonté affichée de repli américain à l’intérieur de ses frontières est, à plus d’un titre, inquiétante. En adoptant cette stratégie, les Etats-Unis choisiraient de s’exonérer des traités internationaux et de revenir à la loi du plus fort, certains que leur puissance les protégerait. Elle apparaît donc comme une aventure solitaire risquée même avec la maîtrise monétaire et un important marché intérieur.

Une telle stratégie provoquerait des réactions des autres pays et continents, Chine en tête. Si une telle aventure peut s’envisager pour le pays le plus fort économiquement au niveau mondial, transposée au niveau de la France, elle serait suicidaire : le seul marché français ne suffit pas à assurer un débouché à nos produits et services, et l’absence de liberté monétaire, même en imaginant sortir de l’euro, réduit fortement nos marges de manœuvre.

L’exemple de l’Allemagne montre bien que, pour un pays industriel de taille moyenne, la mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables.

Alors, que faut-il faire ? Contrairement à ce que pensent certains de nos politiques, la stratégie doit être de se tourner résolument vers la mondialisation en capitalisant sur nos atouts. Comment ?

En arrêtant de nous auto-dénigrer.

Je rentre du Mali, j’étais aux Etats-Unis tout début janvier, en Chine fin 2016… Partout, la France est admirée et respectée. Nos atouts sont considérables d’un point de vue économique. Cessons de penser que nous allons continuer à perdre en nous mondialisant. C’est faux et beaucoup d’entreprises françaises le prouvent et gagnent des marchés. Pas assez malheureusement.

En amenant plus d’entreprises à l’exportation.

C’est ce que je fais tous les mois, dans différents pays, en accompagnant des PME et des ETI à l’international. Mais notre volontarisme ne suffira pas à lui seul pour régler les problèmes structurels de notre pays. Voilà pourquoi les réformes doivent être menées. Vite et fort.

En ayant une vraie vision et déployer une stratégie internationale.

Les Etats-Unis resteront un marché important, mais les difficultés à prévoir doivent nous pousser à agir dans trois directions complémentaires de manière plus résolue :

Nous devons achever la construction européenne d’urgence. L’Europe, par la taille de son marché, peut être un vrai atout, mais cela nécessite évidemment d’achever rapidement une forme de convergence sociale et fiscale. Nous devons le faire d’abord au sein de la zone euro qui donne l’avantage d’une monnaie commune cohérente. Là encore agissons vite et fort.

Capitalisons aussi sur l’Afrique. Je ne le dirai jamais assez : l’Afrique est un continent pour les entreprises françaises. D’abord, parce qu’en maîtrisant deux langues (le français et l’anglais), on peut agir sur presque tout le continent. Ensuite, grâce à la diaspora africaine que nous avons en France : beaucoup de jeunes Français ont une double culture (française et du pays de leurs parents ou grands-parents). C’est un atout clé pour notre développement en Afrique.

Allons résolument sur ce continent en proposant un modèle de codéveloppement respectueux, en ayant une véritable approche gagnant-gagnant, humblement et respectueusement. Nous en tirerons tous bénéfice.

Enfin, tournons-nous vers l’Asie plus résolument. En France, la Chine fait peur, souvent par méconnaissance. Là encore, les opportunités sont faramineuses et les relations compliquées à prévoir avec les Etats-Unis offrent des opportunités à nos industriels. Profitons-en !

En cessant d’être naïfs.

La mondialisation est vertueuse si elle obéit à des règles. A cet égard, ceux qui ont dénoncé les accords de type TTIP ont rejeté des règles qui permettraient, si elles étaient bien négociées, d’encadrer notamment l’acteur dominant (les Etats-Unis) et d’ouvrir à nos PME d’immenses marchés. On peut critiquer le contenu de l’accord ou la méthode de négociation, mais rejeter l’idée même de ces traités, c’est accepter de laisser les Etats-Unis imposer leurs règles au reste du monde !

Alors que la France va être amenée à faire un choix important dans les mois qui viennent, je pense qu’il nous faut cesser de nous dénigrer et faire enfin le choix de la fierté, de la conquête et de l’enthousiasme.

Pierre Gattaz

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Entreprises : un nouvel outil contre l’optimisation fiscale

 

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert.

La France a ratifié l’accord de l’OCDE instaurant un échange automatique des données « pays par pays » des multinationales. Deux cents grands groupes français devront fournir ces informations au fisc.

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert. Il s’exprimait face aux sénateurs qui ont ratifié, ce jeudi, l’accord international, signé par une cinquantaine d’Etats, permettant d’échanger de façon automatique des données stratégiques sur les multinationales. Chiffre d’affaires, bénéfices, impôts, actifs, capital social, nombre de salariés… Les entreprises de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires devront transmettre l’ensemble de ces données à l’administration fiscale de leur pays, qui les échangera ensuite avec les Etats signataires de l’accord.

Lutte contre l’optimisation fiscale

Ce processus de reporting « pays par pays » constitue l’un des volets du plan de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre l’optimisation fiscale (« BEPS ») , adopté par le G20 fin 2015. Sa logique est comparable à celle de l’échange automatique sur les comptes bancaires, qui permettra dès 2018 à l’administration fiscale d’être informée sur les comptes à l’étranger de ses ressortissants.

Sans permettre au fisc de déclencher directement des contrôles, le reporting « pays par pays » lui apportera de précieuses informations pour vérifier que les « prix de transfert » correspondent bien à une réalité économique. Car les flux intragroupes constituent souvent un moyen pour les grandes entreprises de localiser leurs bénéfices dans les pays à faible fiscalité. « L’objectif global est de localiser les assiettes en cohérence avec le lieu où se produit la valeur ajoutée », expliquait Bruno Parent, le patron de l’administration fiscale, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

200 grands groupes français concernés

Ce dispositif s’applique aux entreprises de plus de 750 millions de chiffre d’affaires, soit 10 % des entreprises représentant 90 % du chiffre d’affaires mondial. En France, ce sont près de 200 grands groupes qui sont concernés.

S’il renforce les moyens de l’administration fiscale, le reporting « pays par pays » n’est pas sans limite. Les sénateurs ont exprimé jeudi à plusieurs reprises leur inquiétude sur la position ambiguë des Etats-Unis, qui ont adopté ce reporting mais sans ratifier l’accord d’échange international (lire ci-dessous). Et le changement d’administration à Washington laisse planer des doutes sur l’application des mesures anti-optimisation validées au sein de l’OCDE. « On ne peut qu’espérer que, malgré l’évolution du contexte international, les engagements pris par chacun seront respectés », a déclaré Christian Eckert au Sénat. Dans le cas où les Etats-Unis ne transmettraient pas leurs données, le secrétaire d’Etat a évoqué l’existence d’un mécanisme alternatif : le fisc français pourrait obliger les filiales hexagonales des groupes américains à fournir leurs informations sur la France.

Confidentialité du reporting

Des questions se posent également sur la confidentialité de ce reporting. Que se passe-t-il si un Etat transmet à une entreprise nationale des données sur un concurrent étranger ? L’accord signé à l’OCDE prévoit que les renseignements obtenus soient tenus secrets. « Malgré ces strictes conditions, le risque d’une utilisation détournée ne peut être complètement écarté », alerte un rapport du Sénat. Sur ce point, Christian Eckert affirme que « la France suspendra ses échanges si la confidentialité n’est pas respectée ».

Quant à la perspective de rendre ce reporting public, comme le réclament les ONG et certains députés, elle s’éloigne. Votée dans la loi Sapin 2, cette disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel. « La France est favorable au reporting public dès lors qu’il sera la règle au sein de l’UE », a rappelé Christian Eckert.

Ingrid Feuerstein

 

 

LE PARISIEN – 27/01/2017

Contrats de travail : les CDD très courts explosent, avec moins de CDI à la clé

 

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions. 

Le nombre d’embauches en CDD de moins d’un mois a plus que doublé en 15 ans et ces contrats débouchent de moins en moins sur un CDI, selon deux études de l’Unédic et de France Stratégie.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, tandis que celles de plus d’un mois n’ont pas bougé (environ un million). Ce document a été présenté aux partenaires sociaux mercredi lors d’une réunion de diagnostic du marché du travail, préalable à une éventuelle reprise des négociations sur l’assurance chômage.

Malgré cette tendance au raccourcissement des CDD, la part globale de ces contrats dans l’emploi reste stable sur cette période, à 9%, alors que les CDI représentent 76% de l’emploi total.

Un CDD sur cinq se transforme en CDI

Arts et spectacles, édition et audiovisuel, activités pour la santé, hôtellerie-restauration, immobilier et enseignement privé notamment sont les secteurs qui ont eu, en 2012, le plus recours à des contrats de moins d’un mois, voire quelques jours.

L’étude de l’Unédic, qui gère l’assurance chômage, souligne aussi le «poids croissant» de la réembauche, 84% des CDD de moins d’un mois étant des réembauches par un ancien employeur, selon des données de 2012.

«Dans certains secteurs, certains employeurs s’entendent implicitement avec leurs salariés sur la possibilité d’embauches successives avec parfois des engagements d’exclusivité», observe l’Unédic, sans plus de précisions.

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008. «Ces études confirment que les contrats courts sont au coeur du problème», a estimé Éric Courpotin (CFTC) après la réunion.

La surcotisation des contrats courts

Les négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage avaient échoué en juin 2016, après le refus du patronat de taxer les contrats courts. L’actuelle convention a été prolongée par l’État pour une durée indéterminée.

Syndicats et patronat ont repris langue en décembre pour faire un «diagnostic partagé» sur l’épineux dossier, en programmant une série de réunions jusqu’au 15 février, date à laquelle ils décideront de rouvrir ou non les négociations.

«Toutes ces études ne font pas avancer le « schmilblick ». On sent le même blocage qu’au printemps, les employeurs ne veulent pas discuter de leur choix dans le recours à la précarité car ils savent que ça aboutit forcément à la surcotisation des contrats courts», a commenté Denis Gravouil (CGT).

Olivier Boitet

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Incroyable mais vrai, le nombre de plans sociaux a chuté en 2016

Le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi a baissé de 12% l’an passé. Lors de ses vœux à la presse, Myriam El Khomri a répondu aux critiques sur la loi travail qui, selon ses détracteurs, faciliterait les licenciements.

Myriam El Khomri avait réservé l’annonce pour ses vœux à la presse: entre 2015 et 2016, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) a diminué de 12%. «Qu’il n’y ait aucun malentendu, je ne veux absolument pas minimiser l’ampleur» des derniers plans de restructuration, comme celui du groupe Vivarte, «ni minimiser la souffrance de ces salariés», a tenu à préciser d’emblée la ministre. Chez Vivarte en effet, la direction a annoncé, lundi, le lancement de deux PSE, à la Halle aux Chaussures et dans sa filiale Vivarte Services.

Si ce recul des plans sociaux est la conséquence logique de la reprise économique, le sujet est sensible pour Myriam El Khomri. Une partie de la gauche reproche à la loi travail, qui porte son nom, de faciliter les plans sociaux. Benoît Hamon, finaliste à la primaire socialiste, avait ainsi, lors du premier débat public entre les candidats, expliqué que le plan social de la Voix du Nord n’aurait pas été possible sans la loi El Khomri. Une affirmation réfutée par la ministre elle-même. La direction du quotidien régional évoque en effet la sauvegarde de la compétitivité pour justifier son plan. Or ce motif était accepté par la jurisprudence de la Cour de cassation bien avant la loi El Khomri.

Pour les plans sociaux, la grande nouveauté date de 2013

Selon la ministre, «la loi travail ne facilite pas les licenciements». Le texte «explicite seulement, sur la base de la jurisprudence actuelle, dans quelles circonstances précises une entreprise a le droit de procéder à des licenciements économiques». «Elle leur donne un cadre clair et sécurisé sans rien retirer au pouvoir des juges», a-t-elle appuyé.

Myriam El Khomri a raison. Même si elle a fait couler beaucoup moins d’encre, la réforme la plus importante du quinquennat en matière de plans sociaux date de juin 2013 et de la loi sur la sécurisation de l’emploi. Le texte visait à simplifier les procédures des licenciements économiques de taille importante. Il s’applique aux entreprises de 50 salariés et plus qui souhaitent licencier pour motif économique au moins dix salariés sur une même période de 30 jours.

Deux modalités sont désormais prévues: soit l’employeur conclut un accord collectif majoritaire avec les représentants syndicaux, qui est soumis à validation par l’administration régionale, soit il prend une décision unilatérale, soumise dans ce cas à homologation de l’administration. Auparavant le chef d’entreprise devait seulement notifier le PSE auprès de l’administration. Pour les entreprises, ce cadre présente le grand avantage de limiter les contentieux. Elles se félicitent aussi d’avoir désormais à faire, en cas de recours, au juge administratif et non plus judiciaire. Enfin, la nouvelle procédure est également plus rapide.

En 2014, 728 PSE ont été mis en œuvre. 39 % de ces plans résultaient de la validation d’un accord entre l’entreprise et les organisations syndicales. Les services du ministère du travail publieront dans les prochaines semaines les données pour 2015 et 2016.

Anne de Guigné

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 27/01/2017

Autoroutes : un plan de relance à 800 millions d’euros

Après une première vague d’investissement décidée en avril 2015, ce deuxième plan devrait permettre la création de 5 000 emplois supplémentaires.

Derniers chantiers avant les élections. Durant son quinquennat, François Hollande aura choyé les autoroutes. Pas moins de deux plans de relance auront été mis en place en l’espace de deux ans : le premier de 3,2 milliards d’euros a été signé en avril 2015 et un nouveau programme d’investissements de 800 millions d’euros a été annoncé jeudi 26 janvier. Un montant légèrement inférieur au milliard espéré.

Cela permettra la création de 5 000 emplois qui s’ajouteront aux 8 000 à 10 000 prévus dans le cadre du premier chantier. Une ampleur jamais vue. A titre de comparaison, le paquet vert autoroutier réalisé en 2010 par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy avait déjà été salué par son importance. Il prévoyait 1 milliard d’euros d’investissements pour améliorer les performances environnementales du réseau et 4 000 emplois.

32 échangeurs, 25 aires de covoiturages

Les deux plans de ce quinquennat diffèrent à la fois sur la nature des travaux et sur leur financement. Si le premier consistait principalement à aménager les grands axes existants en les élargissant, le second répond à des préoccupations locales.

Pour le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, ce programme prévoyant 32 échangeurs, 25 aires de covoiturages ainsi que des aménagements pour la protection du milieu naturel a « pour objectif de répondre à des attentes fortes des collectivités territoriales », explique-t-il, dans un communiqué. « Il vise à améliorer la desserte des territoires et à créer de l’activité en investissant dans l’amélioration de la qualité des infrastructures. »

En conséquence, le financement sera réparti entre les collectivités locales et les automobilistes. Les premières contribueront pour « plus de 50 % en moyenne pour les opérations routières d’intérêt local. Le complément proviendra d’une faible augmentation des péages, limitée de 0,1 % à 0,4 % par an de 2019 à 2021 », a précisé le secrétaire d’Etat. Rien à voir avec le plan de relance de 2015. En contrepartie de la prise en charge des 3,2 milliards d’investissement, les sociétés privées d’autoroutes ont obtenu un rallongement de deux ans et demi en moyenne de la durée des concessions.

Vinci sera le plus grand bénéficiaire

Dans les deux cas Vinci qui exploite 52 % du réseau autoroutier français est le plus grand bénéficiaire. Sur les 3,2 milliards d’euros du plan de 2015, il contribuait pour plus de 2 milliards, le reste étant réparti entre deux autres groupes Eiffage avec APRR et AREA, et Sanef contrôlé par l’espagnol Abertis.

Cette fois, sur les 800 millions d’euros du programme, Vinci fera un peu plus de la moitié des chantiers, Eiffage et Abertis, engageront des travaux estimés respectivement à 220 millions et 147 millions. Toutefois les protocoles d’accord entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes doivent encore être examinés par le régulateur du rail et de la route, l’Arafer. « Toutes ces étapes permettront d’engager les premiers travaux dès la fin de l’année 2017 », espère M. Vidalies.

La rapidité avec laquelle le deuxième programme a été entériné tranche aussi avec le précédent. Si le premier plan avait abouti trois ans après son annonce en 2012 – sur fond d’une vive polémique concernant le niveau élevé des péages – le nouveau, annoncé en juillet 2016 par François Hollande, a mis à peine six mois pour se conclure.

Dominique Gallois

 

 

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Rapprochement DCNS/Fincantieri : c’est non pour le moment

 

Le patron de DCNS Hervé Guillou a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan, le dossier de rapprochement entre son groupe et Fincantieri

 

Ces dernières semaines, le PDG de DCNS Hervé Guillou proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri.

C’est l’un des rêves d’Hervé Guillou. Depuis son arrivée à la barre de DCNS, le PDG du groupe naval travaille à une consolidation européenne. Ces dernières semaines, il proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri, un dossier qui a pour nom de code Magellan. C’est non, lui a récemment signifié l’État, selon des sources concordantes. Une nouvelle déception pour celui qui a la foi du charbonnier concernant l’Europe et la consolidation du secteur. Interrogé par La Tribune, DCNS n’a pas souhaité faire de commentaires.

« Je ne peux faire aucune prévision concernant une éventuelle consolidation ou m’engager sur un calendrier mais je m’engage à être prêt si un tel moment se présente », avait-il expliqué en février 2015.

A l’été 2015, Hervé Guillou s’était déjà heurté à un refus. DCNS et Fincantieri étaient pourtant en train de négocier un rapprochement à parité dans les bâtiments de surface. Les deux groupes navals, qui ont développé en commun le programme de frégates multimissions (FREMM), avaient alors secrètement signé un « Head of Agreement » (HoA), un document non engageant pour encadrer leurs négociations après des discussions entamées depuis la fin 2014.

DCNS autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan

Pour des questions pratiques notamment, l’État veut dissocier les deux dossiers : celui de STX, où DCNS devrait entrer dans le capital pour accompagner l’État, et Magellan. C’est d’ailleurs pour cela que la porte reste ouverte pour un rapprochement entre DCNS et Fincantieri. Tout n’est donc pas perdu pour Hervé Guillou mais la porte n’est qu’entrouverte. Dans ce cadre, DCNS a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan par l’État sans préjuger de sa réponse définitive. Car ce dernier s’interroge encore sur la nécessité d’une telle opération, surtout à quelques mois de l’élection présidentielle. « L’État n’est pas convaincu mais reste ouvert », explique-t-on à La Tribune. A Hervé Guillou de transmettre sa foi de charbonnier …

Le morcellement de l’industrie navale militaire européenne se résorbe peu à peu grâce à une consolidation au niveau national autour de grands maîtres d’œuvre dans six pays avec BAE Systems (Royaume-Uni), DCNS (France), Fincantieri (Italie), ThyssenKrupp Marine (Allemagne), Navantia (Espagne) et Damen (Pays-Bas). Des groupes, qui se retrouvent en concurrence frontale pour les marchés à l’export comme DCNS et Fincantieri au Qatar, où les Italiens ont gagné en juin dernier. Pour autant, selon des sources concordantes, les négociations entre les Italiens et Doha seraient actuellement très, très difficiles sur plusieurs points : le prix, le financement, la formation et les spécifications techniques. Bref, un contrat en bonne et due forme est loin d’être signé …

Michel Cabirol  

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Le e-commerce s’enracine dans le quotidien des Français

Le commerce en ligne a dépassé la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires en 2016. Il ne représente que 8 % du commerce de détail mais la fréquence d’achat augmente sensiblement.

Tous les indicateurs montrent qu’acheter sur la Toile devient un geste familier pour les Français. C’est le principal enseignement du bilan 2016 et des prévisions 2017 qu’a établis ce jeudi la Fevad, la fédération professionnelle du secteur.

Noël a été de nouveau un pic pour les Amazon et autres Cdiscount. Pour les fêtes de fin d’année, les ventes ont atteint les 14 milliards d’euros, en hausse de 15 %. De ce fait, l’année se termine pour le secteur par une nouvelle croissance à deux chiffres, de 14,6 %, la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires étant dépassée (72 milliards précisément). Et les projections pour 2018 tablent sur le franchissement de la marche des 80 milliards, à 81,7 milliards.

Le coût de la livraison n’apparaît plus comme un frein

Cela représenterait une hausse de 13 %, moins forte que les années précédentes, qui traduit une forme de banalisation de l’acte d’achat sur la Toile. De fait, les e-acheteurs réalisent désormais en moyenne 28 transactions par an, contre 23 en 2015. Selon une enquête CSA, 58 % des acheteurs en ligne achètent sur le Web au moins une fois par mois. Quelques 19 % des sondés comptent acheter encore plus en ligne en 2017, et notamment 26 % des 25-34 ans. Conséquence logique, le montant moyen d’une transaction diminue, lui, de 7 %, et passe à 70 euros. On était à 91 euros en 2008.

Parmi les éléments qui encouragent les achats en ligne, le fait que la livraison, et son coût, apparaisse de moins en moins comme un obstacle, grâce à la multiplication des abonnements annuels, du type Amazon Premium ou FNAC +. « Ces offres désinhibent les achats en ligne, notamment sur les petits montants », a déclaré à Reuters Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Selon Médiamétrie, la France compte désormais 37 millions de cyberacheteurs.

Amazon, site le plus visité de France

Avec 16 millions de visiteurs uniques par mois, Amazon reste le site le plus fréquenté en France. devant Cdiscount (12 millions) et la FNAC (10 millions).

Autre indice de la banalisation, l’utilisation du smartphone pour commander, notamment par les jeunes. Les ventes sur smartphones et tablettes ont crû de 30 % en 2016 et ont représenté à Noël 28 % des achats.

La banalisation du e-commerce touche particulièrement l’habillement. Plus de la moitié des cyberacheteurs, selon CSA, ont acheté de la mode en 2016. Suivent les produits culturels (49 %), les chaussures (39 %) et les produits techniques (39 %).

Les achats de produits de beauté se multiplient

Phénomène plus nouveau mais qui s’ancre lui aussi dans les habitudes : 37 % des acheteurs en ligne achètent des produits de beauté et de santé. Ainsi, de façon contre-intuitive, les Français vont d’abord sur la Toile pour trouver des produits qui touchent à leur apparence (habillement, produits de beauté). L’absence de cabine d’essayage ne semble pas les affecter, loin de là.

L’enquête CSA indique également que 30 % des consommateurs qui achètent en ligne ont déjà commandé un repas sur Internet et que 13 % le font une fois par mois. Le succès des Foodora, Just Eat et autres Deliveroo ne se dément pas.

Les magasins traditionnels résistent

Toutefois, les chiffres ne condamnent pas les magasins traditionnels. D’abord, le budget moyen consacré par les consommateurs français sur Internet est de 2.000 euros par an. Et le e-commerce ne représente toujours que 8 % de l’ensemble du commerce de détail. Par ailleurs, la livraison en magasin progresse (+5 % en 2016, à 36 %) et un autre comportement commence à être quantifié par les experts : la réservation en ligne. Près d’un tiers des cyberacheteurs indiquent ainsi être allés sur les sites marchands juste pour réserver un produit qu’ils sont ensuite allés chercher dans une boutique.

Philippe Bertrand

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

Arthur Sadoun remplace Maurice Lévy à la tête de Publicis

  1. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

Le patron de Publicis, Maurice Lévy, sera remplacé par Arthur Sadoun à la présidence du directoire à partir du 1er juin, a annoncé jeudi 26 janvier le groupe dans un communiqué. M. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

La philosophe féministe Elisabeth Badinter, principale actionnaire du groupe et fille de son fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, a dit « avoir toute confiance dans cette équipe pour mener à bien les tâches qui l’attendent ». De son côté, M. Levy, qui avait pris la tête du groupe en 1987, s’est « réjoui de ce choix qui me paraît le plus juste et le plus judicieux pour notre groupe et son avenir », selon le communiqué publié par Publicis. Il prendra la tête du conseil de surveillance, à la place de Mme Badinter, à compter du 1er juin, si cette nomination est validée par l’assemblée générale des actionnaires qui se tiendra le 31 mai.

Bénéfice de 901 millions d’euros

Sous l’impulsion de M. Levy, Publicis va connaître un coup d’accélérateur à l’international, avec des prises de participation dans le monde, qui en ont fait le troisième groupe mondial de communication et de publicité. Le géant français a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 9,6 milliards d’euros, qui lui a permis de dégager un bénéfice net de 901 millions d’euros.

Dans son communiqué, Publicis a également annoncé l’arrivée de Steve King, actuellement à la tête de Publicis Media, au sein du directoire.

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Les start-up françaises attirent de plus en plus de financements

2016 est une année record avec plus de 2 milliards d’euros de levées de fonds.

Changement de décor pour le capital-risque français. Après une période compliquée, au cours de laquelle les jeunes entreprises peinaient à trouver des financements, les robinets coulent désormais à flots. L’année dernière, les seules entreprises technologiques françaises ont levé 2 milliards d’euros, quasiment deux fois plus qu’en 2015. Ce dynamisme permet à la France de doubler l’Allemagne et de se placer juste derrière le Royaume-Uni, avec 486 opérations de financement réalisées au cours des douze derniers mois (contre 909 pour les Anglais), selon une étude réalisée par CB Insights et la French Tech.

Redevenu très actif, le financement des jeunes pousses n’est cependant pas encore optimal. Les fonds apportés concernent à 65 % des opérations d’amorçage ou de premier rang (série A), pour des montants généralement compris entre quelques centaines de milliers d’euros et 5 à 7 millions. S’ils correspondent aux besoins des entreprises – les start-up foisonnent et de nouveaux projets continuent d’émerger quotidiennement -, ils marquent aussi la difficulté des Français à lever des fonds plus importants.

231 transactions recensées

Autre caractéristique: Paris concentre la plus grande partie des financements, avec 231 transactions recensées qui ont drainé un peu plus d’un milliard d’euros. En région, le soutien de la French Tech est encore balbutiant. Montpellier arrive ainsi en deuxième position, avec seulement onze opérations. «L’émergence de “bâtiments totems”» aussi symboliques que Station F à Paris, commence aussi en région, ce qui témoigne du dynamisme des territoires», veut cependant croire Antoine Darodes, directeur de l’Agence du numérique. Lille, pour ne citer qu’elle, a ainsi son paquebot, avec EuraTechnologies, qui a hébergé une centaine de start-up en phase d’incubation en 2016.

Le financement reste dominé par les acteurs français. Bpifrance tient son rang de locomotive du financement de l’innovation en nombre d’opérations réalisées, tandis que Kima Ventures arrive en deuxième position. Le fonds, créé par Xavier Niel, investit dans deux à trois start-up par semaine, en France et à l’étranger. «Niel, c’est la France», avait d’ailleurs lâché Michel Sapin, ministre de l’Économie, au détour d’une conversation au CES.

Les fonds étrangers et plus particulièrement américains commencent tout juste à manifester leur intérêt pour l’écosystème français. Ils sont un complément indispensable aux acteurs nationaux pour accompagner les entreprises dans leur croissance, sous peine de les voir rachetées par des grands groupes étrangers, comme l’illustrent les opérations bouclées l’année dernière. Les cinq principales acquisitions de start-up françaises ont en effet été réalisées par des groupes étrangers, à l’image du rachat de l’éditeur de logiciels Enablon par Wolters Kluwer pour 250 millions d’euros. Il s’agit de la plus grosse transaction de l’année, suivie par le rachat de Withings par Nokia pour 170 millions d’euros.

Les opérations de financement de grande ampleur se comptent encore sur les doigts des deux mains. Le record de 2016 revient au leader européen des centres de stockage de données OVH, avec 250 millions d’euros, suivi de Sigfox, qui a engrangé 150 millions pour le déploiement de son réseau télécoms dédié à l’Internet des objets. La levée de fonds de 100 millions d’euros bouclée par le fabricant français d’enceintes connectées Devialet est remarquable à plus d’un titre. Il est le seul acteur de l’électronique grand public à avoir bouclé un financement de plus de 20 millions d’euros, sur les 18 opérations de cette taille recensées par CB Insights. Devialet a aussi attiré des investisseurs étrangers prestigieux, comme Foxconn – le géant chinois de la sous-traitance connu pour produire les iPhone d’Apple – ou Sharp.

2017 pourrait être une année de d’amplification. Tous les indicateurs sont au vert pour espérer une nouvelle augmentation des financements privés, marquée par une participation plus importante des fonds étrangers. Pour que la tendance continue, les créateurs de start-up français expriment les mêmes souhaits que la plupart des entrepreneurs, appelant à plus de stabilité fiscale et, plus largement, à un environnement plus favorable aux entreprises. À ce titre, ils ont les yeux rivés sur les programmes des candidats à la présidentielle.

Elsa Bembaron

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 27/01/2017

Primaire à gauche : Hamon-Valls, leurs derniers arguments

LE FAIT DU JOUR. Par entretiens croisés, Benoît Hamon et Manuel Valls se livrent dans notre journal à un ultime face-à-face. Dimanche, l’un d’eux sera le candidat du Parti socialiste à la présidentielle. 

Benoît Hamon et Manuel Valls ont au moins une chose en commun : c’est la cuisine de maman qu’ils préfèrent. Mais ce n’est pas uniquement ce que l’on apprend dans ces deux interviews des rivaux, réalisées hier, au même moment dans leurs QG respectifs. On y découvre que l’ancien ministre de l’Education a pris plaisir à cette campagne qu’il estime réussie, tandis que l’ex-Premier ministre déplore pour sa part — comme pour conjurer le sort ? — sa brièveté.

De fait, au 11e étage de la tour Montparnasse, dans les bureaux spartiates de Benoît Hamon, aux allures de local étudiant, l’ambiance est à l’optimisme jovial. Hamon aime à raconter que c’est dans cette tour que François Mitterrand avait, lui aussi, installé son siège de campagne présidentielle en 1974 ; « Et, comme lui, j’ai tenu mon dernier meeting d’avant-premier tour à Toulouse et j’achèverai ma campagne ce soir à Lille », ajoute celui qui s’inscrit dans les pas du premier président socialiste de la Ve République.

Quant à Manuel Valls, inhabituellement serein et détendu dans ses locaux du XIIIe arrondissement, à deux pas de la bibliothèque François-Mitterrand, il espère une participation supérieure dimanche, dépassant cette fois la barre des 2 millions. Aujourd’hui, avant la fin officielle de la campagne, ce soir à minuit, tous deux arpenteront le terrain, jetant dans la bataille leurs dernières forces.

BENOÎT HAMON : « J’aurais aimé plus de participation »

Qu’avez-vous pensé de cette campagne d’entre-deux-tours ?

BENOîT HAMON. On a eu un débat télévisé de bonne qualité. Manuel Valls et moi-même avons eu le souci de développer nos projets sur des contenus plutôt que sur des caractérisations négatives… Même s’il a été sur le terrain de « il vend du rêve ». Et son entourage a démarré sur un terrain extrêmement agressif et blessant (NDLR : les accusations de « candidat des Frères musulmans » portées par des proches de Valls). Cela distille un poison. Et si Manuel pensait cela de moi, il ne m’aurait pas nommé ministre de l’Education nationale ! Ce qui m’a blessé, ce n’est pas que l’extrême droite m’appelle Bilal Hamon — et d’ailleurs, c’est joli comme prénom, Bilal —, c’est de voir que cette campagne déborde au point que l’on reprenne des arguments de Florian Philippot (NDLR : vice-président du FN) ! Ce n’est pas sous mon gouvernement qu’on a décoré le prince saoudien qui est l’héritier de la dynastie wahhabite, c’est-à-dire de ceux qui financent les mosquées les plus radicales en France.

Avez-vous eu des échanges entre vos deux équipes pour calmer le jeu ?

Il y a eu un contact off, pas à ma demande. Le problème, c’est qu’après il faudra rassembler. Si on commence à expliquer qu’il y a des gens parmi nous qui frayent avec l’islam radical et d’autres qui sont de dangereux anticléricaux… Il faut qu’on fasse cause commune. J’ai demandé à mes équipes de fixer nos lignes jaunes, de s’interdire tout propos désobligeant.

Est-ce qu’il y a des choses que vous feriez différemment dans cette campagne ?

Qu’est-ce que je changerais ? Je prendrais peut-être quelque chose pour dormir. Et puis il y a eu un débat de trop avant le premier tour. J’en ferais peut-être un spécialement avec des journalistes européens.

Si, dimanche, vous êtes élu, changerez-vous les choses au parti ?

Je ferai les gestes nécessaires à l’égard de toutes les familles du PS. Et, au-delà, de toute la gauche. En même temps, pour marcher, une campagne ne peut pas être prisonnière d’un appareil. Elle doit pouvoir s’épanouir, s’ébrouer. Mon premier réflexe ne serait pas de dire que j’ai gagné le congrès du PS. Je ne suis pas là pour prononcer des excommunications : j’en parlerais avec Jean-Christophe Cambadélis.

Êtes-vous satisfait de cette primaire ?

J’aurais aimé qu’il y ait plus de participation. J’espère que ce sera le cas au second tour.

Quel est le seuil d’une bonne participation ?

J’espère qu’on va approcher 2 millions.

François Hollande ne votera pas au second tour. Auriez-vous souhaité qu’il s’investisse plus dans la primaire ?

Il est le président, il s’est retiré, je trouve logique et normal qu’il ne vote pas. C’est plutôt le contraire qui eût été curieux.

N’y a-t-il pas un côté après moi le déluge ?

C’est la Ve République. Les institutions vous enferment et vous hissent à des niveaux de puissance et d’impunité. Les contre-pouvoirs sont quasi inexistants. Cela tend à vous extraire du monde tel qu’il est.

Qu’est-ce qui vous distingue, Manuel Valls et vous ?

Sans vouloir être blessant, les solutions que met sur la table Manuel Valls ont toutes été pour partie déjà expérimentées. Cette politique se rattache davantage à la page qui est en train de se tourner.

Quel est son point faible ?

Il est difficile pour lui de donner l’impression que le candidat Valls est en désaccord avec le Premier ministre Valls. Parfois, à l’écouter, on se dit qu’il aurait voté contre certaines de ses propositions…

Si vous étiez élu, quelle serait votre première mesure ?

J’interdirais les produits toxiques et les perturbateurs endocriniens. J’ouvrirais immédiatement le chantier d’une nouvelle loi Travail. Je proposerais trois référendums : l’un sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, l’autre sur le vote blanc et, enfin, sur le 49-3 citoyen.

En cas de défaite, ferez-vous campagne pour le vainqueur ?

On ne peut pas dire le contraire de ce que l’on a défendu ! Donc on se met en retrait…

L’affaire Penelope Fillon est-elle le signe qu’en politique l’exemplarité est décidément impossible ?

Nous avons en chacun de nous une humanité imparfaite. Mais sur le plan de la probité, je revendique qu’il faut un personnel politique honnête. Si son épouse n’a pas travaillé, et pour un salaire de 7 900 € par mois, c’est choquant.

MANUEL VALLS : « Je n’ai pas de regrets »

Que pensez-vous de cette campagne ?

Manuel Valls. C’est une campagne intense, courte. Trop courte, sans doute. Mais passionnante. Au fond, elle a véritablement pris son envol au soir du premier tour. Sept candidats, sept personnalités, sept projets… La première partie était assez confuse. Le second tour a la vertu de proposer deux orientations pour la gauche et pour la France.

Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?

Le temps du bilan n’est pas venu, mais je n’ai pas de regrets.

Même d’avoir proposé la suppression du 49-3 ?

Non. J’ai quitté Matignon pour m’engager dans la campagne présidentielle. A ce moment-là, le regard des Français sur moi a changé. Le seul regret que je peux avoir, c’est de ne pas avoir eu assez de temps pour ce passage entre le statut de chef du gouvernement et celui de candidat à la présidence de la République.

Auriez-vous préféré que François Hollande s’investisse davantage ?

Non. Je suis candidat à la présidence de la République, donc ma préoccupation essentielle, c’est le rapport avec les Français. Les soutiens sont importants, évidemment, mais ça n’est pas l’essentiel.

Tout de même, n’auriez-vous pas souhaité que les membres du gouvernement vous soutiennent plus ?

Mais beaucoup se sont investis !

Cela ne s’est pas beaucoup vu…

Je ne suis pas d’accord. Je suis celui qui a reçu le plus de soutiens, notamment de Jean-Yves Le Drian, Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Jacques Urvoas, de l’écologiste Emmanuelle Cosse. Mais, encore une fois, l’essentiel, c’est le vote massif des électeurs. J’appelle ceux qui veulent que la gauche réformiste, républicaine et laïque gagne à venir voter dimanche.

Jugez-vous d’ores et déjà que cette primaire est un succès ?

Non. Pas encore ! J’avais défini les conditions d’un succès : un choix clair — c’est possible dimanche —, des débats de qualité — c’était le cas mercredi soir. Mais la première condition que j’avais posée était la participation. Il faut saluer ceux qui sont venus voter au premier tour. 1,6 million d’électeurs, c’est beaucoup plus que l’ensemble des militants du PS et des formations qui participent à la primaire. Mais c’est en deçà de nos espérances. J’attends du second tour qu’il y ait une participation plus importante pour faire un choix clair.

Combien faudrait-il d’électeurs au second tour pour que cela soit un succès ?

Pour que la primaire gagne en force, il faut plusieurs centaines de milliers d’électeurs supplémentaires par rapport au premier tour.

Qu’ils soient au moins 2 millions ?

Oui, au moins.

Qu’est-ce qui vous distingue de Benoît Hamon ?

La crédibilité.

Quel est son principal point de faiblesse ?

La crédibilité.

En cas de défaite, soutiendrez-vous Benoît Hamon ?

Quand on est engagé dans un combat, c’est pour le gagner. Je veux gagner.

On vous imagine mal faire campagne pour le revenu universel d’existence…

C’est bien là le problème… Moi, j’ai toujours dit que je respectais les règles de la primaire, mais nous sommes face à un choix historique. Nous avons toujours eu des débats à gauche. Mais ce que nous n’avons pas tranché ces quinze dernières années a pesé sur le quinquennat. Je ne veux pas que cela se reproduise demain. Il faut que les Français tranchent. Pour le reste, rendez-vous lundi matin.

Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure ?

Je réunirai les chefs d’Etat européens pour bâtir une Europe de la défense. C’est vital face aux défis de notre monde. L’Europe se meurt de ne pas avoir de projet politique. Cette Europe de la défense, c’est la première étape vers une refondation de l’Europe autour de trois priorités : la sécurité, la croissance, la défense de nos choix collectifs contre le dumping environnemental et social.

Beaucoup se demandent, après le soupçon d’emplois fictifs concernant l’épouse de François Fillon, si l’exemplarité en politique n’est pas impossible…

Quand on veut accéder aux responsabilités publiques ou quand on les exerce, il ne faut pas prêter le flanc à des soupçons. Quand, en plus, on fait campagne sur l’exemplarité, la transparence et l’honnêteté, il faut être encore davantage à la hauteur de ses propres exigences. Donc, à chaque fois qu’il y a un soupçon, il faut que la justice puisse agir rapidement pour que la vérité soit établie. Tout le paradoxe, c’est que, alors que l’on a durci les règles de transparence et les sanctions, cela profite aux populistes et à l’extrême droite qui est elle-même poursuivie par la justice dans bien des affaires !

Vidéo : http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/j-aurais-aime-plus-de-participation-27-01-2017-6624846.php

 

Propos recueillis par Ava Djamshidi et Henri Vernet, Philippe Martinat et Pauline Théveniaud

 

 

L’OPINION – 27/01/2017

Comment Benoît Hamon a braqué la primaire de la gauche

Revenu universel, fin du travail, écologie… Le concurrent de Manuel Valls a dépoussiéré de vieilles idées, avec une stratégie précise : cibler des catégories de population favorables à la gauche bien au-delà du PS

Quelque 5,5 millions de téléspectateurs ont suivi mercredi soir le débat entre Benoît Hamon et Manuel Valls, soit 3 millions de moins que le débat opposant fin novembre Alain Juppé et François Fillon. Les deux finalistes étaient en meeting jeudi soir, l’un à Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’autre à Alfortville (Val-de-Marne). Le second tour de la primaire de la gauche se déroulera dimanche.

Comment Benoît Hamon a-t-il réussi à s’imposer dans la primaire de la gauche ? Comment l’éternel apparatchik du PS, engagé en politique depuis trente ans, qui a signé à peu près toutes les synthèses hollandaises, qui fut ministre durant la première moitié du quinquennat, fit voter la loi qui ouvre à la concurrence le secteur des lunettes, qui fut le coartisan de l’accession de Manuel Valls au poste de Premier ministre, et le ministre de l’Education nationale le plus éphémère et inopérant que la gauche ait donné au pays, a-t-il réussi à incarner un « futur désirable » aux yeux d’une partie de la gauche ?

Le tour de force fera sans doute l’objet d’études approfondies dans les instituts de science politique. En attendant, un premier constat s’impose : le candidat Hamon a été porté en tête du classement au premier tour par une vague qui déborde largement… sur la gauche du Parti socialiste. « Benoît Hamon fait un score honorable dans l’électorat socialiste, mais c’est dans l’électorat du Front de gauche et écologiste qu’il fait la différence avec Manuel Valls », souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès. Une étude de l’institut Elabe a montré que 59 % de la gauche hors PS a voté Hamon, tandis que 43 % des électeurs se déclarant proches du PS ont voté Valls. « Dans mes bureaux de vote, j’ai vu beaucoup de militants de la CGT et du Parti de Gauche », témoigne un député PS du Sud-Ouest. En Grande-Bretagne, le même phénomène a porté Jeremy Corbyn à la tête du Labour en 2015.

« Ce qui a été l’un des mots d’ordre de Nicolas Sarkozy dans la primaire de la droite, “On ne va pas se laisser voler notre primaire”, est en train de se passer dans la primaire de la gauche, souligne Gilles Finchelstein. Le PS pourrait dire qu’il se fait voler sa primaire par la gauche radicale et écologiste, qui est venue sanctionner le gouvernement. »

Parole politique pure. Reste que ce vote-sanction aurait pu bénéficier à Arnaud Montebourg, très critique lui aussi à l’égard de la politique du gouvernement. S’il n’en a rien été, c’est que Benoît Hamon a réussi à installer le débat autour de ses propositions. « Il a réussi à donner une impression de sincérité, de compétence et de cohérence », observe Gilles Finchelstein. « C’est le seul qui a eu une parole politique pure, sur le thème “Si on veut, on peut” », estime Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. Un petit air du « Yes, we can » de Barack Obama !

Mettant en application – sans l’assumer – la stratégie électorale préconisée dans un rapport du think tank Terra Nova (proche du PS) en 2011 (qui avait fait polémique à l’époque), Benoît Hamon s’est aussi adressé à des catégories de population très ciblées, à des « niches » a priori favorables à la gauche : les jeunes, les précaires, les urbains, les femmes, les Français issus de l’immigration.

Les jeunes et les précaires ont été séduits par l’idée du revenu universel. « Les étudiants pourraient faire leurs études dans de meilleures conditions, sans travailler à côté, les autres pourraient éviter de prendre des bullshit jobs », explique Antoine Stéphany, en quatrième année à Sciences Po, coordinateur formation au Mouvement français pour un revenu de base. Le terme a été conceptualisé par David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, venu à la rencontre des militants de Nuit Debout à Paris après avoir été l’un des piliers du mouvement Occupy Wall Street. « Ce qui est drôle, c’est que ce débat sur la fin du travail, on l’a eu au PS il y a vingt ans, au PSU, s’amuse un proche d’Arnaud Montebourg. Son talent, c’est d’avoir remis au goût du jour de vieilles idées, en les faisant passer pour des idées neuves… »

Culture commune. La récente conversion de Benoît Hamon à l’écologie a plu à l’électorat « bobo » des centres-villes, comme le démontre son score de plus de 40 % à Paris, mais pas seulement. « Benoît Hamon a réussi à créer une culture commune en comprenant que la question sociale était indissociable de la question écologique, analyse Lucile Schmidt, présidente de la Fondation de l’Ecologie politique, auteur du livre La France résiste-t-elle à l’Ecologie ?. Pour cela, il a parlé de sujets concrets, « concernants », comme la pollution ou les perturbateurs endocriniens. « Il a aussi évoqué les inégalités environnementales qui renforcent souvent les inégalités sociales », souligne Lucile Schmidt. Cela permet de toucher un large public, pas forcément « bobo ». Ceux qui sont le plus soumis aux pollutions ou aux nuisances sonores sont ceux dont le logement insalubre, éloigné des services publics, est situé près des axes routiers ou d’établissements industriels. Les agriculteurs sont aussi victimes de maladies professionnelles liées notamment aux pesticides.

Sa fibre écologique a été alimentée par la lecture d’Albert Camus, dont il a aimé l’ode à la nature et à la beauté de la Méditerranée, dans le recueil de nouvelles Noces, et L’Exil d’Hélène, «un texte très politique où il dénonce l’humanité qui prétend soumettre la nature», expliquait le candidat au site Reporterre. Il a aussi lu François Jullien, qui a écrit Les Transformations silencieuses. Livre dans lequel l’auteur évoque un handicap de la pensée occidentale, son incapacité à penser les transitions. Et un autre philosophe, André Gorz, théoricien de la décroissance.

Enfin, son plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la Palestine, et sa conception souple de la laïcité, lui ont rapporté de meilleurs scores encore en Seine-Saint-Denis qu’à Paris (42,5 % des voix).

Ces positions qui charment la gauche altermondialiste passeront-elles la rampe du débat présidentiel ? Benoît Hamon s’est comparé lui-même à François Fillon : méprisé par les médias et les sondeurs en début de campagne, il s’est imposé dans la primaire par ses idées, qui parlent à la gauche la plus radicale là où les positions de François Fillon parlent à la droite la plus conservatrice. Il risque du coup, s’il est élu dimanche prochain, de connaître lui aussi, comme François Fillon, une entrée compliquée dans l’atmosphère, et de subir un problème d’adéquation de son projet aux aspirations, craintes et désirs de l’ensemble des Français.

Irène Inchauspé et Nathalie Segaunes

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

La campagne de François Fillon déstabilisée par les accusations visant sa femme

Cacophonie des porte-parole, ironie d’Alain Juppé, silence des élus LR et grogne des sarkozystes : le candidat de la droite voit la relance de sa campagne entravée.

François Fillon avait prévu de mettre en scène ses retrouvailles avec Alain Juppé à Bordeaux. Quelques belles images devaient asseoir, mercredi 25 janvier, le rassemblement de la droite autour de sa candidature.

Mais lorsque, vers 10 heures, le candidat de la droite à la présidentielle descend de sa voiture pour saluer le maire de la ville, devant l’entreprise Thalès, il affiche la mine des mauvais jours. « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte », lance-t-il, visage fermé, tandis que la presse l’assaille sur la réalité de l’emploi de sa femme, Penelope, comme assistante parlementaire et « conseillère littéraire » de La Revue des deux mondes.

« Parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? », s’indigne-t-il, se disant « scandalisé par le mépris et la misogynie » du Canard enchaîné, qui a révélé l’affaire. M. Fillon enchaîne sur la visite de l’entreprise Thalès, essayant même des casques de l’armée d’un air le plus détaché possible.

Rien n’y fait. Dans le cortège qui le suit, élus, collaborateurs et journalistes n’ont qu’une question en tête : sa femme, qui a perçu 500 000 euros, a-t-elle réellement travaillé à l’Assemblée nationale ? François Fillon et Alain Juppé, eux-mêmes, semblent incapables d’éviter les allusions. « On a failli se crasher dans les montagnes ! », lance le premier en embarquant dans un simulateur de vol en hélicoptère. Et le second : « On est dans le même appareil ! »

  1. Fillon contraint d’adapter sa stratégie

A cette heure de la journée, on minimise pourtant l’« affaire ». Le matin, au QG du candidat, à Paris, Patrick Stefanini attend la fin de la réunion pour aborder le sujet. Devant des parlementaires Les Républicains (LR) inquiets, le directeur de campagne juge que les premières explications vont suffire à calmer la tempête médiatique.

Mais l’après-midi, coup de tonnerre : une enquête préliminaire est ouverte par le parquet national financier. M. Fillon est contraint d’adapter sa stratégie. Dans un communiqué publié dans la soirée, il demande à « être reçu au parquet national financier dans les plus brefs délais » et dénonce une manœuvre : « Je ne peux que m’étonner que des faits aussi anciens et légaux fassent l’objet d’une telle campagne, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. »

Moins dommageable, puisqu’il ne s’agit pas d’argent public, les 100 000 euros brut touchés entre mai 2012 et décembre 2013 par Penelope Fillon de La Revue des deux mondes, propriété du patron de la holding Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière – un ami de l’ancien premier ministre. Seules deux courtes recensions de livres ont été publiées (sous le pseudonyme de Pauline Camille) à l’automne 2012, sans que le directeur de l’époque, Michel Crépu, ne les ait jamais sollicitées. « Un après-midi, Marc Ladreit de Lacharrière m’a appelé et m’a dit : Penelope Fillon s’ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ?, raconte M. Crépu. Je ne l’ai jamais vue, ne lui ai jamais parlé. Les deux notes ne sont pas passées par moi. »

Cette fois, Marc Ladreit de Lacharrière vole au secours du candidat. « La revue voyait son chiffre d’affaires baisser chaque année, explique mercredi soir le milliardaire au Monde. J’ai donc demandé à quelques amis et personnalités de réfléchir à son devenir, notamment en l’ouvrant vers l’étranger. » « Penelope Fillon était de ceux-là, ajoute-t-il sans donner d’autres noms. C’est une femme intelligente, elle a lu beaucoup de livres – dont deux résumés seulement ont été publiés. »

« On a beaucoup d’ennemis en interne »

Selon l’homme d’affaires, cette « réflexion stratégique informelle » à laquelle M. Crépu, parti fin 2014, n’a pas été associé, n’a pas donné lieu à des réunions. « J’ai dans mes activités une agence de notation, avec des sièges à New York, Londres et Hongkong, je suis un homme du téléphone et de face-à-face », argumente le patron de Fimalac.

Au fil de la journée, la cacophonie des porte-parole sème encore davantage le trouble. Alors que le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, assure sur France Inter avoir « souvent vu » Penelope Fillon « participer à ses travaux », « y compris en de multiples circonstances à l’Assemblée nationale », Florence Portelli, porte-parole de M. Fillon, explique que « si on n’a pas vu madame Fillon, c’est parce qu’elle était dans la Sarthe ».

L’absence de coordination de ses troupes – un problème récurrent dans la campagne – semble agacer l’ex-premier ministre, qui profite d’une table ronde avec un entrepreneur à la cité du vin pour leur glisser une amabilité : « Vous venez de décrire mon projet avec une précision que peu de mes porte-parole sont capables d’apporter ! »

Le candidat ne peut pas compter non plus sur un soutien sans faille de la part d’Alain Juppé, qui au fur et à mesure de la journée prend ses distances. « J’ai choisi de te soutenir, finit par déclarer le maire de Bordeaux. Enfin… j’ai été conduit à te soutenir. »

Décidément bien seul, M. Fillon n’a pas reçu non plus beaucoup de renforts chez les élus LR, dont la grande majorité est restée silencieuse. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, ancienne proche du candidat, a confié jeudi matin sur RTL qu’elle ne « savai[t] pas » que Pénélope Fillon était assistante parlementaire. Certains des proches du candidat LR ont d’ailleurs suggéré que la « fuite » viendrait de son propre camp. « Le problème, c’est qu’on a beaucoup d’ennemis en interne », s’inquiète un proche de M. Fillon, qui comprend que « l’affaire Penelope » est un rude coup pour celui qui voulait relancer sa campagne avec un grand meeting à Paris, dimanche. « Cela remet en cause sa probité. Or, cela a toujours été un marqueur pour lui », regrette un membre de l’équipe.

Réunion de parlementaires sarkozystes

A moins de quatre mois de la présidentielle, elle fournit un angle d’attaque en or aux adversaires de M. Fillon, tant elle contraste avec la rigueur affichée en matière de gestion de l’argent public. « C’est le principe des boules puantes de taper là où ça fait mal… », se désole un filloniste.

L’« affaire » vient enfin confirmer que, malgré une large victoire à la primaire, la droite peine à faire bloc derrière son candidat. Plusieurs voix se sont élevées en interne ces dernières semaines, tels Laurent Wauquiez, Christian Estrosi ou Rachida Dati. Mercredi matin, une cinquantaine de parlementaires sarkozystes se sont réunis dans un restaurant parisien. « C’est le signe d’une préoccupation », juge Brice Hortefeux.

Lors de ce petit-déjeuner, plusieurs élus, dont Mme Dati, se sont plaints d’une trop faible considération. Il a aussi été question, bien sûr, de « l’affaire Penelope » : « Fillon n’a pas de gens prêts au combat autour de lui. Nous, nous sommes disponibles », a assuré le sénateur de Paris Pierre Charon, qui peut se prévaloir d’une certaine expérience en la matière.

Matthieu Goar, Alexandre Lemarié et Ariane Chemin

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 27/01/2017

Hollande et Merkel veulent une clarification politique sur l’Europe au sommet de La Valette

Les dirigeants français et allemand se rencontrent vendredi à Berlin pour préparer le sommet organisé à Malte le 3 février. Ils espèrent provoquer un débat avec les pays de l’est sur les valeurs communes aux Européens

Ce sera une des dernières visites officielles de François Hollande à Berlin. Le président de la République s’y rend ce vendredi pour un déjeuner de travail avec Angela Merkel. Objectif : préparer le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union européenne (UE), qui a lieu le 3 février à Malte, et les cérémonies de commémoration du Traité de Rome, le 25 mars.

Cette rencontre intervient dans un contexte particulier : juste après l’investiture de Donald Trump, qui prône le protectionnisme et salue le Brexit comme s’il espérait une dislocation de l’UE; au début de la campagne électorale française, à laquelle le président a renoncé à participer ; et trois jours après la décision surprise du Parti social-démocrate allemand (SPD) de nommer Martin Schulz pour affronter Angela Merkel en septembre.

Ce calendrier et ce contexte semblent pousser le couple franco-allemand à accélérer le tempo et lancer une opération vérité au sein de l’Union. « Le 60 ème anniversaire du Traité de Rome sera certes une commémoration, explique-t-on à Paris, mais cela ne peut pas suffire ». Dans l’environnement actuel, fait d’incertitudes extérieures mais aussi de divisions à l’intérieur, « les Européens doivent redéfinir une direction commune ». Or l’Europe est profondément divisée par la crise des réfugiés, de nombreux pays à l’est de l’Europe ayant refusé de partager le fardeau des demandeurs d’asile. Aux yeux d’Angela Merkel et de François Hollande, le sommet de La Valette, la semaine prochaine, doit être l’occasion d’engager un débat politique entre dirigeants européens sur les valeurs et objectifs qu’ils partagent. Les Vingt-sept doivent confronter leur visions de l’Europe de demain. Quelle solidarité ? « On ne peut pas refuser au Royaume Uni une Europe à la carte, et permettre à certains dans l’Union de rester à l’écart de la politique d’accueil des réfugiés », souligne-t-on encore dans l’entourage du chef de l’Etat.

Calendrier politique serré

Le débat risque d’être perturbé par le calendrier électoral de part et d’autres du Rhin. La chancelière « a d’abord forcé les autres Etats de l’UE à faire des économies et humilié les Français et les Italiens, a déclaré au « Stern » Sigmar Gabriel le président sortant du SPD, qui doit devenir ce vendredi ministre des Affaires étrangères. Et ensuite elle a frappé à leurs portes pour qu’ils la soulagent de quelques centaines de milliers de réfugiés ». François Fillon ne pense pas forcément différemment. « Ma position est claire : la France ne peut pas accepter plus de réfugiés », a-t-il lancé lundi à Berlin après avoir vu Angela Merkel.

Le candidat du parti Les Républicains veut « rétablir un équilibre dans la relation franco-allemande ». Selon Claire Demesmay, il convient d’être prudent sur les ambitions des candidats dans ce domaine. « Le déséquilibre économique et politique entre les deux pays, mais aussi la multiplication de crises et leur complexité, font que cela restera difficile ». juge l’experte de l’Institut allemand de politique étrangère DGAP. Outre les réfugiés, Berlin profitera sûrement du sommet européen pour évoquer la question du libre-échange. Jeudi, Angela Merkel a abordé la question au téléphone avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, cherchant à renforcer l’axe entre l’Europe et la Chine pour faire front aux idées protectionnistes de Donald Trump.

Thibaut Madelin et Catherine Chatignoux

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Premier hôte reçu à la Maison-Blanche, Theresa May vise un accord commercial

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi.

Tu seras «ma Maggie». En invoquant la complicité entre Margaret Thatcher et Ronald Reagan, Donald Trump ne pouvait se montrer mieux disposé à l’égard de Theresa May. C’est le premier chef d’État étranger qu’il reçoit, une semaine après son installation à la Maison-Blanche. La diplomatie britannique n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir cette faveur.

Les choses s’étaient pourtant mal engagées, quand le président élu avait appelé une dizaine d’autres dirigeants de la planète avant de parler avec la première ministre en novembre. Pas rancunière, elle lui a envoyé avec ses vœux la copie d’un discours de guerre de Churchill sur la «relation spéciale» entre les deux pays. Trump a remis dans le Bureau ovale le buste du grand homme anglais déplacé par Obama. May a dépêché ses deux chefs de cabinet et même son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, à la Trump Tower auprès du staff du nouveau président, pour solliciter l’invitation.

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi. Elle devait appeler les deux pays à s’unir pour «diriger, ensemble, à nouveau». Elle trace un parallèle entre le Brexit et l’élection de Trump. «Alors que nous redécouvrons notre confiance ensemble – vous renouvelez votre nation précisément alors que nous renouvelons la nôtre -, nous avons l’opportunité, et même la responsabilité, de renouveler notre relation spéciale pour cette nouvelle ère», devait-elle déclarer. Enterrées, les critiques sur le candidat Trump «qui sème la division».

Un atout face à l’UE

Theresa May ne ménage pas sa peine pour se présenter en alliée digne de confiance, à l’heure où les deux pays ont fait des choix isolationnistes. Ce rapprochement espéré concrétiserait ses assurances qu’«en quittant l’Union européenne, la Grande-Bretagne ne se retire pas du monde». Les partisans du Brexit n’ont de cesse de rappeler la primauté des liens transatlantiques sur les relations avec l’Europe. C’est pourquoi la priorité de Londres est d’entamer au plus vite les pourparlers d’un accord de libre-échange bilatéral. Trump a affirmé y être disposé et promet même de le conclure très rapidement. À ceci près qu’il faut au préalable que le Royaume-Uni règle sa sortie de l’UE. Cela n’empêche pas le gouvernement britannique de rêver d’un accord prêt à être signé dès celle-ci effective, théoriquement en 2019. Theresa May compte utiliser cet atout dans les négociations sur ses futures relations avec les Européens, au risque de se placer en position de faiblesse par rapport aux Américains.

Beaucoup doutent du réalisme de ces ambitions. Un accord commercial risque de prendre des années. De plus, «les négociateurs américains seront sans doute soucieux de connaître les conditions d’accès de la Grande-Bretagne au marché européen avant de s’engager», précise Allie Renison, spécialiste de la politique commerciale à l’organisme patronal Institute of Directors. 44 % des exportations britanniques sont destinées à l’UE, 17 % aux États-Unis. «Les discussions avec les États-Unis ne peuvent être vues comme une alternative à nos relations existantes avec l’Europe», martèle Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confederation of British Industry.

Inquiétude britannique

Malgré la bonne volonté commune, les intérêts divergent. Il pourrait être difficile de concilier le mot d’ordre de Trump, «l’Amérique d’abord», et le souci de Theresa May de «placer les intérêts et les valeurs britanniques en premier». Si le premier assume son tournant protectionniste, la seconde reste partisane du libre-échange. Déjà, l’inquiétude monte en Grande-Bretagne sur de possibles importations de bœuf aux hormones américain, ou la mise en concurrence du service de santé public. Tout le monde ne voit pas d’un bon œil les courbettes de Theresa May. «Alors qu’elle menace nos partenaires européens, elle promet de signer un chèque en blanc à Donald Trump», dénonce Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste. Le premier ministre britannique est-il prêt à redevenir le «caniche» du président américain, un comportement reproché à Tony Blair face à George W. Bush?

La restauration par Trump de la torture dans les interrogatoires tombe au plus mal. «Je n’ai pas peur de parler franchement au président américain», répliquait May la veille de son départ. Elle redit la condamnation britannique de cette pratique.

Elle entend aussi attirer l’attention de son hôte sur l’importance du rôle de l’Otan, la nécessité de rester ferme face à Poutine et va peut-être tenter, si elle en a l’occasion, de lui vanter les mérites de l’accord sur le nucléaire iranien.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 26 janvier 2017

2017-03-02T07:04:14+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 26/01/2017

Vers une ville sans voiture ?

 

Estimé par la Banque mondiale à plus de 5.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale,

le coût annuel de la pollution s’établit à 101,3 milliards d’euros pour la France.

Et le coût en vies humaines à près de 3 millions dans le monde en 2013 pour la seule pollution aux particules fines (PM10),

et 48.000 décès prématurés par an en France (dont 6.500 pour l’Île-de-France et 2.500 pour la capitale).

 

Dans sa démarche d’élimination progressive des voitures polluantes, la Ville de Paris a voté la fermeture de la voie Georges-Pompidou, s’attirant les foudres de ses opposants. Soutenue par nombre d’élus, la présidente de Région Valérie Pécresse mène la fronde. La maire de Paris s’inscrit pourtant dans un mouvement engagé par de nombreuses villes du monde. Mais l’émiettement de la gouvernance francilienne en matière de transport complique la donne.

À peine entrées en vigueur et déjà utilisées. De couleur orange, violette, grise ou verte selon l’âge et la motorisation de la voiture, les vignettes Crit’Air viennent de faire leur apparition dans les rues parisiennes, où elles sont en principe obligatoires depuis le 16 janvier pour pouvoir y circuler en semaine entre 8 heures et 20 heures. Dès le lundi 23 janvier, les grises, correspondant à la catégorie d’émissions la plus polluante, étaient interdites à la circulation pour cause de pic de pollution. Fini la circulation alternée, place à la circulation différenciée. Plusieurs mois devraient néanmoins s’écouler avant que la préfecture ne commence à verbaliser les contrevenants n’affichant pas leur vignette, à condition de ne pas braver les interdictions de circulation, ponctuelles comme cette semaine ou définitives.

Eliminer les véhicules les plus polluants… pour commencer

Car c’est bien à une élimination progressive des véhicules les plus polluants qu’elles sont destinées, dans le cadre de l’instauration d’une « zone de restriction de circulation » couvrant Paris intra-muros. Dispositif national lancé dans la foulée de la loi pour la transition énergétique, Crit’Air peut être utilisé par chaque ville à sa discrétion. À ce jour, seules Paris et Grenoble ont franchi le pas. Concernant la capitale, Crit’Air s’inscrit dans un vaste programme – une déclaration de guerre selon certains – visant à bouter progressivement la voiture hors de la ville, en commençant par les plus polluantes. Jusqu’à présent, la circulation alternée instaurée lors des pics de pollution frappait indifféremment les petites citadines neuves et les vieux 4×4 diesel. Mais Paris avait déjà mis en place de premières mesures basées sur la nuisance des véhicules, avec l’interdiction en septembre 2015 des poids lourds et autocars immatriculés avant octobre 2001. D’ici à 2020, ce sont tous les moteurs diesel qu’Anne Hidalgo entend bien avoir définitivement éliminé des rues parisiennes.

Bien qu’accompagnée d’aides à l’achat de véhicules propres, ou encore de passes Navigo et d’abonnements à Autolib’, l’entrée en vigueur des vignettes Crit’Air a suscité l’ire de certaines associations, comme 40 Millions d’automobilistes.

Mais cela n’est rien, comparé à la gigantesque polémique occasionnée par la piétonisation de 3,3 kilomètres de la voie Georges-Pompidou allant du tunnel des Tuileries au bassin de l’Arsenal. Depuis son approbation par le Conseil de Paris en décembre 2015, cette promesse de campagne de la maire élue en avril 2014 déchaîne l’opposition. Pendant six mois, les élus de droite ont multiplié demandes de moratoire et recours auprès de la préfecture. Mais rien n’y a fait. Effective depuis le mois de juillet, une exposition dédiée à la COP22 ayant succédé à Paris Plages, la piétonisation a été confirmée par le Conseil de Paris le 26 septembre dernier, Anne Hidalgo saluant alors une « décision historique et la reconquête de la Seine ».

Polémique et guerre des chiffres

En dépit de l’avis défavorable de la commission d’enquête pointant le périmètre trop restreint de l’étude d’impact diligentée par la Ville, cette décision a été prise sur avis conforme du préfet de police de Paris. À condition toutefois d’une période d’observation de six mois impliquant la mise en place d’un comité de suivi et du maintien d’une voie réservée aux véhicules de secours.

Arguant de son rôle de « chef de file » en matière de qualité de l’air, la Région installait le 12 septembre son propre comité. Placé sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris, il regroupe Airparif, Bruitparif, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU), le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif), l’Observatoire régional de santé d’Île-de-France (ORS) et l’ONG France Nature Environnement IDF.

Depuis, la guerre des chiffres fait rage et, avec elle, celle qui oppose défenseurs et détracteurs de la piétonisation. Qu’ils portent sur la circulation, la qualité de l’air ou le bruit, les résultats contradictoires alimentent les recours intentés par des riverains et des associations, par la Région et des départements franciliens, ou par 168 élus qui ont adressé fin novembre à la maire de Paris une lettre ouverte, publiée dans Le Figaro.

Des millions d’euros en ménagements de voirie, nouveaux transports…

Mais celle-ci n’a nullement l’intention de revenir en arrière. Bien au contraire. Clamant haut et fort son objectif de « diviser par deux en moyenne la place de la voiture individuelle polluante » sur ces deux axes de la capitale, elle a annoncé début janvier de nouveaux projets d’aménagement de la rue de Rivoli et des quais hauts, qui accueilleraient un « nouveau transport écologique ». En l’espèce, une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) qui doit prendre la forme d’un tram-bus électrique baptisé « tramway olympique » dans le cadre de la candidature aux Jeux olympiques de 2024. La rue de Rivoli serait aménagée pour accueillir une piste cyclable bidirectionnelle. Destiné à rouler dans les deux sens (supprimant deux voies de circulation pour les voitures), ce tram-bus doit pouvoir transporter plusieurs milliers de voyageurs par jour. Il entrerait en service à compter de septembre 2018 selon la Ville, qui a budgété 35 millions d’euros d’aménagement, le coût du matériel roulant devant être pris en charge par le Stif.

Tous d’accord pour réduire le trafic, mais la dispute continue

C’est là que le bât blesse. Car Valérie Pécresse, qui préside la Région et le Stif, affirme que le projet validé par le syndicat et budgété dans le contrat de plan qui doit être signé début février avec l’État n’a rien à voir avec celui présenté par la Ville. Il porte sur un bus électrique et non un tramway (nettement plus onéreux), et n’est prévu que sur une seule file sur les quais hauts, le retour se faisant par la rue de Rivoli. D’après la présidente de Région, celui évoqué début janvier par la Ville « n’a fait l’objet d’aucune concertation d’aucune sorte avec aucune autorité, ni d’aucune étude d’impact ».

Cet incident n’est qu’un épisode de plus dans le feuilleton qui oppose les deux femmes depuis la fermeture partielle de la voie Georges-Pompidou.

Certes, la présidente de Région ne manque pas une occasion d’affirmer son soutien à la réduction du trafic. « Nous ne sommes pas contre la piétonisation du centre de Paris », a-t-elle encore répété lors de la présentation le 19 janvier du dernier rapport du comité régional de suivi. Mois après mois, ce comité présente des chiffres reflétant des allongements de temps de parcours et un accroissement de la pollution sur les itinéraires de report. Des résultats nettement plus négatifs que ceux délivrés par la Mairie de Paris, voire contradictoires.

Cette fois, Valérie Pécresse a franchi une nouvelle étape en présentant des projets alternatifs à celui de la Ville. Imaginés par l’IAU, ces trois projets visent « moins de circulation, moins d’embouteillages et plus de place pour les piétons, les vélos et les transports en commun », a-t-elle précisé. Ils sont conçus pour se relayer selon les horaires et les saisons. Tous prévoient de remettre en circulation une ou deux voies sur la berge actuellement fermée, et d’alléger plutôt le trafic sur les quais hauts. « Pourquoi se soucier de la pollution dont pourraient souffrir les poissons plus que de celle affectant les riverains ? », a ainsi observé Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l’écologie à la Région, lors de cette présentation. Valérie Pécresse en a profité pour annoncer que la Région ferait bientôt d’autres propositions plus globales de fluidification de la circulation dans Paris et sa banlieue.

26 jours de pics de pollution en 2015, 48.000 décès/an en France…

La position assumée par la Région reste cependant plutôt « pro véhicules propres qu’antivoitures ». Alors que la Ville, tout en visant en priorité les véhicules les plus polluants, s’est bel et bien lancée dans une chasse à la voiture individuelle.

Une démarche qui s’inscrit « dans le temps long », comme aime à le rappeler Anne Hidalgo, initiée dès 2001 par Bertrand Delanoë avec l’élargissement des couloirs de bus qui avait déjà mis le feu aux poudres. D’ailleurs, les voitures par kilomètre ont diminué de 30 % en quinze ans. Outre la vignette et la piétonnisation des voies sur berges, la Ville entend reprendre la main en privatisant le stationnement rotatif dont le taux de paiement actuel de 10 % n’a rien de dissuasif. Anne Hidalgo promet aussi de doubler les kilomètres de pistes cyclables entre 2014 et 2020. Après la République, le réaménagement de sept autres grandes places parisiennes est également au programme.

Mais cette démarche s’inscrit aussi et surtout dans un vaste mouvement engagé par toutes les grandes villes du monde, confrontées aux ravages de la pollution.

Estimé par la Banque mondiale à plus de 5.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, le coût annuel de la pollution s’établit à 101,3 milliards d’euros pour la France. Et le coût en vies humaines à près de 3 millions dans le monde en 2013 pour la seule pollution aux particules fines, et 48.000 décès prématurés par an dans l’Hexagone dont, selon la Ville de Paris, 6.500 pour l’Île-de-France et 2500 pour la capitale. 15 % des Franciliens respirent un air pollué dans une agglomération qui a enregistré 26 jours de pic de pollution en 2015.

Londres, Lisbonne, Stockholm… mobilisées contre l' »airpocalypse »

Si l’« airpocalypse » qui écrase régulièrement Pékin sous une chape de particules fines est essentiellement due à la combustion du charbon, dans la plupart des pays développés la pollution automobile joue un rôle significatif, évalué à 50% à Paris lors des pics de pollution, et à un peu moins de 30% dans la pollution « de fond ».

D’ailleurs, le principe des zones à basses émissions est déjà appliqué dans plus de 200 villes européennes. Londres a mis en place dès 2003 un péage urbain, suivi par Stockholm en 2007. Les centres-villes de Lisbonne et de nombreuses villes italiennes sont interdits aux véhicules les plus polluants, Madrid pourrait soumettre cette année à sa population un projet de piétonnisation de son centre et Oslo veut le mettre en oeuvre d’ici à 2019.

Autopartage et covoiturage: vers la modification des comportements

Nombreuses également sont les villes qui, de l’Asie aux États-Unis, ont supprimé leurs autoroutes urbaines, le plus souvent pour les transformer en parcs, et les remplacer par des espaces mieux partagés entre les différentes formes de mobilité, en faisant la part belle aux déplacements doux tels que le vélo ou la marche. Les études consacrées au sujet montrent que ces transformations commencent toujours par susciter une opposition avant de recueillir les suffrages des habitants.

Mais le cas de Paris et de l’Île-de-France est unique à bien des égards : en termes d’infrastructures d’abord, avec un réseau autoroutier plus dense que la moyenne européenne et des rocades particulièrement proches de la ville, qui drainent un important trafic des petite et grande couronnes ; en termes de taille ensuite, avec une superficie intra-muros très inférieure à celles de Londres, Rome ou Berlin.

Gouvernance des transports très émiettée en Ile-de-France

Mais c’est surtout la gouvernance très émiettée de ses transports qui distingue la métropole francilienne. Le cas du Stif, présidé par la Région mais dont la Ville est le plus gros contributeur, est emblématique, comme l’illustre le tram-bus électrique rue de Rivoli annoncé par Anne Hidalgo et contesté par Valérie Pécresse. Alors que les mesures prises par la Ville ont des répercussions sur les Franciliens, c’est la Région qui est décisionnaire en matière de transports publics. En réalité, les quelque 10 millions d’habitants des 400 communes de la région sont soumis à presque autant de réglementations concernant le stationnement, la circulation, la livraison, etc. Et faute de coordination, la multitude d’initiatives en matière de mobilité ne parvient pas à former un tout.

La Ville mise aussi sur la multiplication des offres de covoiturage, autopartage, navettes autonomes (testées entre les gares de Lyon et d’Austerlitz) et des Sea Bubble qui « voleront » bientôt sur la Seine, pour inciter les automobilistes à modifier leurs comportements. Et enfin démontrer l’évaporation d’une partie du trafic supprimé des voies sur berges, assortie d’une amélioration de la qualité de l’air. Ne lui reste qu’à espérer que la période d’observation, qui s’achève en mars prochain, suffise pour que les Franciliens s’adaptent à la nouvelle donne. D’ici là, le projet des voies sur berges promet encore de nombreux rebondissements, avec pour toile de fond une opposition historique de près de cent cinquante ans entre la Ville et la Région.

Dominique Pialot  

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Hidalgo et Santini relancent la bataille de l’eau en Ile-de-France

 

Anne Hidalgo, la maire de Paris, et André Santini, le patron du Syndicat des eaux d’Ile-de-France.

La mairie de Paris lance ce mercredi la modernisation d’une usine de l’opérateur Eau de Paris, symbole de la remunicipalisation de l’eau des Parisiens. Les partisans d’une métropolisation multiplient, eux, leurs arguments en faveur d’un rapprochement entre le Sedif et Eau de Paris

La bataille de l’eau francilienne est relancée. Souterrain depuis quelques mois, l’affrontement entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le patron du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), André Santini, fait surface ce mercredi à l’occasion d’une visite de celle-ci chez l’opérateur municipal Eau de Paris. La maire était restée discrète depuis son début de mandat sur la remunicipalisation de l’eau décidée fin 2008 par son prédécesseur Bertrand Delanoë. En visitant ce mercredi le chantier de rénovation de l’usine d’eau portable d’Orly, Anne Hidalgo reprend le flambeau et lance une opération séduction auprès des élus franciliens.

Un enjeu politique, industriel et financier

L’enjeu est énorme. Il est politique, industriel et financier. D’un côté, le Sedif, créé dans les années 1920, alimente en eau potable 4,5 millions de Franciliens dans 150 communes en petite et grande couronne. Depuis des décennies, le syndicat offre à son sous-traitant Veolia sa plus belle vitrine internationale. La Ville de Paris, de l’autre, a repris en 2010 à Veolia et Suez la gestion directe de son approvisionnement. Un pari industriel et une promesse de réduire nettement le coût du mètre cube que la Cour des comptes a jugé réussie dans un rapport d’octobre 2014.

Depuis, les deux camps cherchent à étendre leur emprise auprès des communes et de leurs communautés. Les estocades se multiplient. Dernière en date, le Sedif annonce en décembre une baisse du prix de l’eau au 1er janvier 2017 de 10 centimes le m3, à 1,37 euros. Il y a un an, c’est Eau de Paris qui attaquait le gros contrat remporté par le Sedif et Suez pour alimenter les 540.000 habitants servis par le Syndicat des eaux de la Presqu’île de Gennevilliers.

Fermer une usine

Sur la défensive, Eau de Paris cherche maintenant à déminer l’offensive d’André Santini et d’autres élus franciliens qui militent pour un transfert de la compétence à la Métropole du Grand Paris, comprendre un rapprochement du Sedif et d’Eau de Paris. « La logique de la gouvernance métropolitaine va s’imposer à l’avenir », assure par exemple Eric Azière, le président du groupe centriste au Conseil de Paris.

Relayés par les grands opérateurs privés, ces partisans d’un opérateur unique développent à nouveau depuis quelques mois trois arguments. Eau de Paris est moins cher car l’opérateur a baissé ses investissements. Secondo, la consommation des habitants baissent et la surproduction ne cesse d’augmenter, une métropolisation permettrait de fermer une usine en Ile-de-France et de réduire les coûts. Enfin, Eau de Paris serait distancé par les grands groupes français en terme d’innovation.

Plusieurs échéances à venir

Célia Blauel, adjointe de la maire et présidente d’Eau de Paris, rétorque que le programme d’investissement en hausse est respecté, avec 80 millions d’euros annuels. Elle revendique le plus bas prix de la région, un réseau au taux de rendement de 90  % et la nécessité de conserver des marges de production importante face aux risques terroristes et aux épisodes de crue ou de canicule. « Leurs investissements sont financés par de l’endettement », s’agace Eric Azière.

Plusieurs échéances à venir avivent la bataille de l’eau. Eau de Paris cherche à convaincre des intercommunalités de l’Essonne de suivre le mouvement de la remunicipalisation comme Vitry-Châtillon en 2011. Dans le territoire Grand-Orly Seine-Bièvre au Sud de Paris, une poignée de communes n’ont pas rallié le Sedif et restent ouvertes au dialogue. Dans quelques mois, la communauté de Coeur d’Essonne lancera sa propre régie. A plus long terme, en 2021, c’est la fin du contrat du Sedif avec Veolia qui aiguise tous les appétits.

Matthieu Quiret

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 26/01/2017

2017, une année sous le signe des incertitudes pour les entreprises françaises

Le climat des affaires s’est légèrement dégradé en janvier en France, après la nette amélioration de décembre.

Le moral des chefs d’entreprise ne se porte pas trop mal… mais il peine à retrouver de vraies couleurs. L’indicateur du climat des affaires de l’Insee, publié mercredi, s’est établi à 104 points en janvier, après 105 en décembre. Un niveau qui indique que la confiance des entrepreneurs est meilleure que la moyenne de long terme, mais que ces derniers ont quand même du mal à voir l’horizon s’éclaircir totalement.

Cette moyenne, calculée par l’Insee, cache en fait des disparités assez importantes selon les secteurs. C’est dans les services que les sociétés sont les moins optimistes. «Pour les prochains mois, les chefs d’entreprise sont nettement moins nombreux qu’en décembre à anticiper une hausse de l’activité et de la demande», explique l’Institut de la statistique. Dans le commerce de détail, le climat s’altère également en janvier: «Les détaillants sont globalement moins nombreux qu’en décembre à prévoir une hausse de leurs ventes et de leurs commandes.» En revanche, la confiance remonte un peu dans le bâtiment, et reste stable dans l’industrie.

Dans l’industrie, justement, la confiance se maintient à 106 points, «son plus haut niveau depuis août 2011», note l’étude. Plusieurs éléments sont encourageants. Les perspectives de production des industriels enregistrent une nouvelle progression en janvier. Ils estiment notamment que leurs carnets de commandes globaux seront stables, mais que la demande en provenance de l’étranger devrait continuer d’augmenter.

Cycle électoral

Finalement, l’année 2017 commence en demi-teinte pour les entreprises. Requinquées par des marges qui se sont améliorées grâce au crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et au pacte de responsabilité, mais aussi grâce au recul des cours du pétrole et des taux d’intérêt ces dernières années, elles ne sont pas sereines pour autant. Et si «l’indicateur de retournement» de lnsee se situe aujourd’hui dans une zone indiquant «une conjoncture favorable», il fait peu de doutes que les dirigeants sont dans une phase d’incertitudes. Face au contexte national, d’abord. Même s’il est de bon ton de dire que les chefs d’entreprise ne se calent pas sur les cycles électoraux pour prendre des décisions, l’issue de l’élection présidentielle pourrait avoir un impact non négligeable pour eux en fonction du vainqueur – que ce soit sur le plan de la fiscalité, des charges sociales ou du droit du travail. Et donc sur l’évolution de l’emploi et l’investissement. D’ailleurs, une autre enquête de l’Insee publiée mardi montre que lesindustriels sont un peu plus nombreux à prévoir des suppressions d’emplois pour les prochains mois.

Demande de flexibilité

«Tant que les entreprises n’auront pas des gages que l’on peut réformer et flexibiliser le pays, la France gardera une croissance potentielle basse», ajoute Olivier Vigna, directeur des études économiques chez HSBC France.

L’environnement international demeure, par ailleurs, incertain – l’impact du Brexit et de l’élection de Donald Trump est encore difficile à mesurer. «Or, de manière générale, les chefs d’entreprise détestent l’incertitude», note l’économiste.

Le «Consensus Forecats» du mois de janvier – synthétisant les prévisions conjoncturelles de 24 établissements financiers et instituts de conjoncture – qui vient d’être publié prévoit pour cette année une croissance de 1,3 %. Une performance médiocre.

Nouveau record pour les ruptures conventionnelles en 2016

En 2016, 389.900 ruptures conventionnelles ont été homologuées par l’administration, contre 357.200 en 2015. Un nouveau record, qui porte la hausse annuelle à 9,1 %. Instaurée en 2008, la rupture conventionnelle permet à un salarié et un employeur de se séparer à l’amiable et de manière sécurisée. Le salarié touche alors un chèque et a droit aux allocations-chômage. Quant à l’employeur, il n’a pas à fournir de motif à la séparation, contrairement à ce qui se produit en cas de licenciement.

Ces avantages pour les deux parties expliquent pourquoi le nombre de ruptures conventionnelles n’a cessé d’augmenter, malgré le durcissement de la législation (hausse des prélèvements, allongement du délai avant de percevoir les allocations-chômage…) mais aussi de la jurisprudence de la Cour de cassation.

Marie Visot et Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

La Cour des comptes fait le procès des incohérences de l’Etat actionnaire

Situation financière dégradée, objectifs contradictoires : la gestion des participations est sévèrement critiquée.
Les magistrats proposent notamment de revoir le périmètre du portefeuille de l’Etat.

« L’Etat peine à être un bon actionnaire. » C’est en termes délicats que les choses sont dites par la Cour des comptes. Mais le rapport dévoilé mercredi par les sages de la rue Cambon sur les participations publiques est un réquisitoire cinglant contre l’action de l’Etat, jugé « à la fois trop présent dans la gestion et trop peu vigilant comme actionnaire ». « Son mode d’action souffre de faiblesses chroniques », pointe Didier Migaud, le premier président de la Cour. « L’actionnariat public se révèle rarement le moyen le plus adapté pour contrer la perte de compétitivité et la désindustrialisation de l’économie française. »

La France accorde une importance particulière à la place de l’Etat au capital des entreprises. En témoigne le fait que 2,4 millions de personnes travaillent dans des sociétés à participation publique via l’Agence des participations de l’Etat (APE), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) ou bpifrance, soit 10 % de l’emploi total. Cela ne se révèle pas pour autant une bonne affaire financière. La Cour des comptes s’inquiète de la lourde perte enregistrée par l’APE en 2015 (10,1 milliards d’euros) en conséquence des difficultés endurées par la SNCF, EDF et Areva. Pour quelques bons rendements (PSA et Renault notamment), le portefeuille boursier public recèle surtout des titres peu performants, avec une baisse de la valorisation à périmètre constant de 29 % entre 2010 et 2016 (+28 % pour le CAC 40 sur la même période).

Et du point de vue budgétaire, il y a pire encore, avec les « besoins financiers croissants du fait de la dégradation financière des grands groupes publics », souligne Didier Migaud, qui cite les sommes nécessaires pour recapitaliser EDF et Areva (7 milliards). « Il faudra soit amplifier fortement le programme de cessions, soit mettre à contribution le budget général et augmenter ainsi la dépense et la dette publique », écrit la Cour. Il y a quelques semaines, le candidat de la droite à l’Elysée, François Fillon, s’était prononcé pour une accélération du programme de cessions.

Sortir de l’impasse

Ces problèmes patrimoniaux découlent directement de la façon dont l’Etat gère ses participations, « conciliant des objectifs nombreux et souvent contradictoires », selon les sages. L’Etat est en effet un actionnaire aux dédoublements de personnalité fréquents, passant du gestionnaire de finances publiques au régulateur en passant par le porteur de politiques publiques, quand il n’est pas client lui-même.

La Cour remarque bien que les pouvoirs publics ont tenté d’améliorer les choses ces dernières années en revoyant les méthodes de gouvernance, mais ces « progrès notables » – avec la mise en place d’outils et de procédures plus appropriés – n’effacent pas des « carences persistantes », comme le montre la situation d’Areva. « Il y a eu des défauts de vigilance, et certains d’entre eux ont été lourds de conséquences », juge Didier Migaud. Pour tenter de sortir de cette impasse, la Cour suggère plusieurs pistes, qui passeraient notamment par une meilleure répartition des rôles entre l’APE et bpifrance, la première transférant à la seconde ses participations industrielles. L’APE deviendrait également une agence autonome. Surtout, il est proposé de « redimensionner » le portefeuille des participations publiques, soit en baissant le niveau des taux de participation (pour récolter au passage une dizaine de milliards d’euros de cessions), soit en réduisant significativement le périmètre. Dans cette dernière option, cela « cantonnerait son rôle à des motifs précis, comme le sauvetage d’entreprises dont la défaillance emporterait des risques systémiques, ou la protection d’entreprises présentant des intérêts essentiels pour la sécurité nationale », conclut la Cour. Toutefois, prévient Marc Schwartz, le rapporteur général, pour les domaines où l’Etat se désengagerait, « la question de l’actionnaire remplaçant l’Etat n’est pas anodine ».

Renaud Honoré

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 26/01/2017

Le trafic aérien français s’est déjà remis du choc des attentats

 

L’aéroport de Lyon décroche la palme de la croissance en 2016, avec un trafic en hausse de 9,7 %, à 9,5 millions de passagers

Malgré les attaques terroristes, le trafic des aéroports français est resté globalement en croissance en 2016, grâce à un fort rebond de l’activité en fin d’année.

Le transport aérien en France a une nouvelle fois prouvé son extraordinaire résilience en 2016. Malgré les attaques terroristes, le nombre de passagers sur les vols intérieurs et internationaux est resté en croissance de 3,1 % sur l’année, avec un total de 154,6 millions de passagers, grâce à un très net rebond de l’activité cet hiver. C’est ce qui ressort des chiffres collectés par la direction générale de l’aviation civile. Cet effet de rattrapage se traduit notamment par une hausse de 10,1 % du trafic français en décembre 2016, comparé à décembre 2015. Seule ombre au tableau : la part du pavillon français continue de baisser et ne représente plus que 42,9 % du trafic total et 33 % du trafic international.

Trafic intérieur très dynamique

Le trafic intérieur est resté particulièrement dynamique. Malgré le développement des bus, du covoiturage, des promotions tarifaires en tout genre de la SNCF et les grèves du contrôle aérien, les liaisons intérieures continuent de bénéficier de la croissance des compagnies à bas coûts, avec un nombre de passagers en hausse de 6,3 % sur l’année, à 31 millions de passagers, et de 6,3 % en décembre. Le trafic entre la métropole et les départements d’Outre-mer, dopé lui-aussi par le développement de la concurrence, fait encore mieux, avec une croissance de 4,5 % sur l’année, à 2,5 millions de passagers, et de 9,5 % en décembre.

Le trafic international en hausse sur tous les segments

Le rebond de l’activité est aussi très net sur les vols internationaux, au trafic en hausse de 11,3 %, à 123,5 millions de passagers. Avec le retour des touristes internationaux , tous les segments de trafic sont repartis à la hausse en décembre, avec des progressions à deux chiffres sur les pays de l’Union européenne (+13,6 %), l’Asie-Pacifique (+10,6 %), l’Afrique (+11%)… Deux axes seulement restent en baisse en cumul sur l’année : les liaisons entre la métropole et l’Europe hors pays de l’Union européenne (-2,8 %) et les liaisons avec l’Asie (-2,2 %). Et quelques destinations restent également dans le rouge sur l’année, notamment le Japon, en baisse de 13,8 % en 2016, les touristes japonais ayant été les premiers à se détourner de la France, mais aussi la Turquie (-14,5 %) du fait des attentats à répétition, le Brésil en crise (-3,5 %) et, à un degré moindre, la Russie et la Tunisie (-0,4 %).

Forte hausse du trafic avec l’Espagne et le Royaume-Uni

A l’inverse, le trafic entre la France et le Royaume-Uni a bondi de 6,6 % en 2016, à 12,7 millions de passagers, de même que l’Espagne, en hausse de 6,7 %, à 13 millions de passagers. En long-courrier, le trafic sur Etats-Unis reste en légère hausse de 0,8 %, à 7,5 millions de passagers. L’Algérie a également connu une progression notable de 3,9 % sur un an, à 4,5 millions de passagers.

Lyon, Bordeaux et Nantes champions de la croissance

Du côté des aéroports, la palme de la croissance revient à Lyon (+9,7 % et 9,5 millions de passagers), Bordeaux (+ 8,6 % et 5,8 millions de pax) et Nantes (+ 8,5 % et 4,5 millions de pax), suivis par Toulouse (+5,4 % et 8,1 millions de passagers). La plus forte progression en volume est toutefois pour Orly, en hausse de 5,3 %, à 31,2 millions de passagers. A l’inverse, l’aéroport de Beauvais enregistre une baisse de 7,7 % sur un an, à 4,3 millions de passagers. L’aéroport low cost a apparemment davantage souffert de la désaffection des touristes pour Paris et des grèves du trafic du contrôle aérien que les aéroports parisiens.

Bruno Trevidic

 

 

LE FIGARO – 26/01/2017

Le groupe PSA s’attaque au difficile marché indien

 

Carlos Tavares (à gauche), Président du directoire de PSA, et CK Birla, PDF de CK Birla Group,

lors de la signature, mercredi à Paris, du partenariat entre les deux groupes qui marque le retour du constructeur français en Inde.

Un investissement initial de 100 millions d’euros est prévu en Inde. Le groupe espère commercialiser ses premiers modèles en 2020.

«Une étape majeure dans l’expansion internationale de PSA.» Carlos Tavares, président du directoire de PSA, ne cache pas sa satisfaction, au moment de parapher, avec son nouveau partenaire CK Birla, l’accord qui marque le retour du constructeur français en Inde. Ce partenariat passe par la création de deux coentreprises. La première, où PSA est majoritaire avec 80 % du capital, produira des voitures pour le marché indien. La seconde, détenue à parité par les deux partenaires, fabriquera des moteurs, utilisables pour les véhicules assemblés dans la première coentreprise mais qui seront également vendus à d’autres clients.

Cette arrivée sur le marché indien avait été annoncée par Carlos Tavares lors de la présentation de son plan stratégique Push to Pass en avril. Il misait sur un accord avec un partenaire local d’ici à 2018, pour une commercialisation en 2021. Finalement, PSA sera en avance d’un an pour les deux échéances.

Le nouveau partenaire de PSA connaît bien le monde automobile. Le groupe Birla a longtemps été le premier constructeur indien, notamment dans les années 1950 et 1960, lorsqu’il assemblait des versions locales de la Morris britannique, via sa filiale Hindustan Motors. CK Birla Group est aujourd’hui un conglomérat, qui réalise 1,6 milliard de dollars de chiffre d’affaires et emploie 20.000 salariés. Dans l’automobile, il se concentre sur le métier d’équipementier, notamment dans les moteurs et les transmissions. Cette activité en fait un partenaire idéal pour PSA, puisqu’il dispose du personnel et des compétences pour permettre une intégration locale forte, condition indispensable pour réussir sur le marché indien. De plus, CK Birla Group possède une usine d’assemblage, utilisée actuellement pour fabriquer des Mitsubishi et qui sera acquise par la coentreprise. Elle sera modernisée, mais présente un actif de valeur compte tenu des difficultés – légales – à construire de nouveaux sites industriels dans le pays.

Un premier objectif à 100.000 véhicules par an

Avec cette stratégie de partenariat, le constructeur français limite les risques. Cette approche peut s’expliquer par les déboires passés du constructeur français dans le pays. À la fin des années 1990, PSA avait passé un accord avec l’indien Premier afin d’assembler des Peugeot 309. Une expérience qui n’avait duré que quelques années. «L’investissement initial atteint 100 millions d’euros, dont les deux tiers pour PSA et un tiers à la charge de CK Birla», précise Carlos Tavares. Les ambitions sont modestes pour commencer. Le groupe espère commercialiser ses premiers modèles en 2020, avec une capacité de production initiale de 100.000 véhicules par an.

Le marché indien est prometteur. L’an dernier, 3 millions de véhicules y ont été vendus. Surtout, l’Association des constructeurs automobiles indiens (Siam) vise 8 à 10 millions de voitures d’ici à 2025. Prometteur, mais difficile. Il est dominé par deux acteurs, Maruti Suzuki, avec 47 % de parts de marché l’an dernier, et Hyundai (17,3 %). Ces acteurs fabriquent des véhicules «ultra-low-costs» très spécifiques à l’Inde. Renault a réussi une percée l’an dernier: en grappillant 4,5 % du marché, avec sa Kwid, il se place en concurrence directe avec les leaders. Le positionnement des futurs véhicules de PSA n’est, lui, pas encore décidé. «Nous n’avons pas encore déterminé la marque avec laquelle nous entrerons sur le marché indien, et nous réfléchissons encore à notre positionnement et à nos modèles», reconnaît Carlos Tavares. En revanche, le dirigeant du constructeur de Sochaux a reconnu que le groupe utilisera la plateforme actuellement développée avec son partenaire chinois Dongfeng.

Parts de marché des constructeurs automobiles en Inde en 2016:

Maruti Suzuki: 47 %

Hyundai: 17,3 %

Mahindra: 7,5 %

Honda: 5,4 %

Toyota: 4,6 %

Renault: 4,5 %

Tata: 3,5 %

Ford: 2,6 %

Volkswagen: 1,1 %

Emmanuel Egloff

 

 

L’EXPRESS – 26/01/2017

Des ouvriers non payés depuis des mois sur un chantier du métro parisien

 

Une quarantaine d’ouvriers travaillant sur un chantier du métro parisien pour un sous-traitant de la Sogea sont en grève depuis lundi minuit

pour obtenir notamment le paiement de leurs salaires

Employés par un sous-traitant de la Sogea, filiale du groupe Vinci, ces ouvriers sont dans une « situation inacceptable », a affirmé mercredi le géant du BTP. La RATP a décidé de porter plainte contre X.

C’est une situation délicate que traverse le groupe de construction Vinci. Mandaté par la RATP pour la rénovation du métro parisien, il a confié les travaux à l’une de ses filiales, la Sogea, qui ne paye visiblement plus ses salariés.

Du coup, Vinci « enquête sur la situation des salariés de l’entreprise FH Service, sous-traitant de [sa] filiale Sogea TPI, opérant sur un chantier de rénovation de la station Châtelet à Paris » pour le compte de la RATP, a indiqué le groupe dans une déclaration. « Au stade de l’enquête interne, nous constatons que ces travailleurs sont dans une situation inacceptable, reconnait Vinci. Selon nos informations, ces ouvriers sont en situation régulière en France. Pour autant, il y aurait des retards dans le paiement de leurs salaires. »

Pas payés depuis des mois

La filiale du groupe, Sogea TPI, est « actuellement en contact avec l’employeur » FH Service « et ses salariés, pour trouver sans délai une solution durable à cette situation », a indiqué le groupe de BTP. La RATP a pour sa part « décidé de porter plainte contre X pour le préjudice subi ».

Le maître d’ouvrage du chantier a affirmé dans un communiqué s’être « acquitté de toutes se obligations contractuelles » vis-à-vis de Sogéa, notamment le paiement de « toutes les factures présentées (…) pour le compte de son sous-traitant. » L’entreprise publique, qui dit n’être « en aucune manière à l’origine du litige », ajoute avoir demandé à la filiale de Vinci « de permettre la reprise » des travaux « dans les meilleurs délais ».

Une quarantaine d’ouvriers travaillant sur un chantier du métro parisien pour un sous-traitant de la Sogea sont en grève depuis lundi minuit pour obtenir notamment le paiement de leurs salaires, avait révélé mardi la CGT. Ces ouvriers, « majoritairement des travailleurs turcs », n’auraient pas été payés depuis 2 à 8 mois selon les cas, précise Christian Renard, responsable de l’union syndicale de la construction CGT Paris et délégué CGT du groupe Vinci. Selon lui, l’inspection du travail a procédé à un contrôle lundi soir. Les ouvriers réclament en premier lieu le paiement des arriérés de salaires, ainsi que l’ensemble de leurs fiches de paie, avec leur contrat de travail.

Pour la CGT-Construction, « cette situation scandaleuse met une nouvelle fois au jour la forte vulnérabilité de ces travailleurs en situation précaire, victimes du travail dissimulé, exposés à la surexploitation et aux risques professionnels par des patrons sans scrupules. »

De son côté, Vinci a assuré veiller en permanence à garantir un traitement équitable à l’ensemble des personnes présentes sur ses chantiers, qu’il s’agisse de ses salariés directs ou ceux de ses sous-traitants », et ce « sur tous ses chantiers et dans tous ses métiers, partout dans le monde ».

 

LES ECHOS – 26/01/2017

L’artisanat du bâtiment interpelle les présidentiables

 

Patrick Liebus, president de la Capeb

La Confédération des artisans réclame dix trains de mesures à prendre dans les 100 premiers jours du quinquennat.
En 2016, pour ­la première fois depuis quatre ans l’activité des artisans ­a progressé.

Les artisans représentent 98 % des entreprises du bâtiment (celles de moins de 20 salariés) et la majorité de son chiffre d’affaires comme de ses effectifs (plus de 700.000 salariés et apprentis, sans compter la foule des entreprises unipersonnelles). De quoi donner du poids à la Confédération des artisans, la Capeb, qui s’invite aujourd’hui dans le débat présidentiel. Elle dévoile son « agenda idéal » des mesures à prendre dans les 100 premiers jours du prochain quinquennat. « Je vais rencontrer les équipes des candidats à la présidentielle puis les candidats eux-mêmes pour leur présenter les dix volets de mesures de notre agenda et leur demander de prendre position, en commençant début février par le candidat de la droite » annonce le président de la Capeb, Patrick Liébus.

Les rencontres se passeront dans un contexte plutôt favorable, car la reprise s’est enfin enclenchée chez les artisans. L’emploi se stabilise, et les carnets de commandes des artisans se remplissent : ils sont passés en un an de 72 à 82 jours. « Pour la première fois depuis quatre ans, l’activité a progressé l’an dernier, de 1,5 % sur l’année et même de 2 % au quatrième trimestre, se félicite Patrick Liébus . 2016 a été une année charnière, où les mesures prises depuis deux ans (comme la TVA à 10 % pour la rénovation classique, ou encore le crédit d’impôt de 30 % et la TVA à 5,5 % pour la rénovation énergétique) ont enfin produit leur effet. » Si la rénovation énergétique « ne décolle pas comme elle devrait », admet-il, elle a tout de même progressé de 1,5 %, ce qui a permis aux travaux de rénovation dans leur ensemble de finir l’année dans le vert (+0,5 %).

Cela reste loin des +2,5 % affichés par les travaux sur construction neuve, l’autre moitié de l’activité du bâtiment. « La construction neuve a pour moteur une clientèle d’investisseurs dans la pierre, pas la rénovation des logements, analyse le président de la Capeb. C’est pourquoi la rénovation pâtit davantage de la crainte par les particuliers du chômage et les derniers chiffres de l’Insee en la matière ne suffisent pas à susciter une vraie confiance. » D’où la volonté des artisans du bâtiment de sécuriser l’avenir par les dix trains de mesures réclamés dans leur agenda. En priorité , « il faut lutter contre la concurrence déloyale du régime de l’ auto-entreprise, le travail non déclaré et la fraude au détachement, poursuit-il. La carte d’identification des travailleurs du BTP, qui commencera à être distribuée fin février, y aidera à condition de dégager des moyens pour effectuer des contrôles sur les chantiers de BTP le soir et le week-end. »

Concurrences

La récente réforme du statut d’auto-entrepreneur a en tout cas déjà apporté une première victoire à la Capeb puisque les créations de ces micro-entreprises dans le BTP se sont effondrées de 22 % en 2016, selon l’Insee. « Nombre d’entreprises artisanales ne créaient plus d’emplois par peur de cette concurrence à bas coût, qui venait d’ailleurs souvent de nos propres salariés pendant leur temps libre. Nous allons donc retrouver un équilibre économique, applaudit Patrick Liébus, Mais François Fillon a à ses côtés des esprits libéraux chantres de la micro-entreprise… que fera-t-il ? ».

L’autre mesure phare de l’agenda, c’est « pouvoir passer de 35 à 39 heures sans alourdir le coût du travail, donc sans charges sociales attachées à ces quatre heures supplémentaires », poursuit-il. Car, s’inquiète le président de la Capeb, « la loi El Khomri a permis aux grands groupes de re-négocier le temps de travail par des accords d’entreprise plutôt que par des conventions de branche. Je crains que cela n’aboutisse à davantage d’allègement du coût du travail pour les grands groupes que pour les artisans dépendant des conventions de branche. Ce serait une nouvelle forme de concurrence déloyale ».

Myriam Chauvot

 

::: SOCIETE

LE FIGARO – 26/01/2017

Insécurité dans les transports : les voyants au rouge

INFOGRAPHIES – Les agressions ont bondi de 14 % en un an et 330 voyageurs ont été détroussés en moyenne chaque jour à travers le pays.

La vague d’agressions a semé la panique sur une partie du réseau RATP. Jeudi dernier, deux voyous ont agressé au couteau plusieurs voyageurs notamment sur la ligne 7 du métro parisien, frappant tour à tour dans trois stations des Xe et XIe arrondissements. Les agresseurs, recherchés pour des motifs de droit commun, sont en cavale. Entre Cannes et Grasse (Alpes-Maritimes), c’est une dizaine d’adolescents menant une expédition punitive qui a fait irruption dans un TER avant d’asperger de gaz et de frapper les passagers d’une rame. Trois de ces derniers ont été blessés et hospitalisés. Au même moment, la ligne TER entre Metz et Luxembourg empruntée par des milliers de voyageurs frontaliers a été paralysée pendant plusieurs heures après l’agression d’une contrôleuse, menacée de mort.

Coups et blessures, passages à tabac, vols en réunion, agressions sexuelles… Cette litanie de faits divers pourrissant la vie quotidienne des usagers témoigne de l’insécurité qui s’enracine chaque jour davantage dans les transports en commun. Loin d’être de simples bouffées sporadiques, ils démontrent que les transports sont plus que jamais gangrenés en profondeur par la violence. En la matière, le bilan statistique de la délinquance en 2016, déjà mitigé à plus d’un égard, est édifiant. Chiffres à l’appui, ce document estampillé par le ministère de l’Intérieur prouve que les gares, des trains, des rames et des bus charrient davantage la violence que partout ailleurs en France. Tous les voyants oscillent entre le rouge et l’écarlate.

Les voyous sévissent davantage en sous-sols

«En 2016, le nombre de vols violents commis dans les transports en commun et enregistré par la police et la gendarmerie nationales a augmenté de 7 % (12.151 vols violents en 2016 contre 11.329 en 2015) alors que globalement, tous lieux confondus, il diminuait de 5 % (104.057 en 2016 et 109.515 en 2015)», relèvent les statisticiens de l’Insee. Tout aussi traumatisantes, les agressions physiques et les vols sans violences ont respectivement bondi dans le même temps de 14 % et 17 % alors que ces types de délits restaient relativement stables (+ 2 %) sur le reste du territoire.

Et il apparaît que les voyous sévissent davantage en sous-sols. Les techniciens de la Place Beauvau relèvent en effet qu’«en 2016, ces infractions se produisent davantage dans les réseaux métropolitains (46 %) que dans les réseaux ferrés (33 %) ou de surface (21 %)» avant de détailler que «les vols sans violence se concentrent dans les réseaux métropolitains (un cas sur deux) alors que les vols avec violence et les agressions se concentrent plutôt dans les réseaux ferrés (respectivement 42 % et 43 %)».

Au total, environ 121.000 vols ont donc été enregistrés l’année dernière dans les transports. Soit en moyenne 330 voyageurs détroussés chaque jour à travers le pays. Désormais, «12 % des vols violents commis en France le sont dans les transports en commun», souligne le document Interstats diffusé par le ministère de l’Intérieur. Une tendance confirmée par l’enquête nationale de victimation «Cadre de vie et sécurité» de l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP): entre 2013 et 2015, 13 % des victimes avaient déclaré que leur agression avait eu lieu sur le réseau.

«Leurs voyages se déroulent dans des lieux clos, confinés et à forte concentration qui favorisent les vols à la tire au préjudice d’usagers pas toujours vigilants», décrypte Christophe Soullez, directeur de l’ONDRP. N’excluant pas que l’envol des chiffres est «peut-être lié à une meilleure prise en compte des plaintes et donc une meilleure révélation des faits», le criminologue impute le «sentiment d’insécurité» à une «promiscuité anxiogène», au fait que «les victimes sont beaucoup moins libres de fuir, d’appeler au secours notamment à la nuit tombée» et que «les autorités donnent l’impression ne pas maîtriser l’espace dont ils ont la responsabilité».

D’un point de vue géographique, pas moins des deux tiers de l’ensemble des vols, coups et blessures perpétrés dans les transports en commun ont eu lieu en Ile-de-France. Plus soutenu selon le rapport «avec les trajets domicile-travail des Franciliens et les touristes qui visitent la région», le trafic des trains et des rames véhicule 25 % des vols et agressions perpétrés dans l’agglomération. «Alors que beaucoup de nos collègues ont été davantage sollicités, la Brigade des réseaux ferrés n’a été renforcée par aucune sortie d’école depuis un an alors qu’elle est passée sous la barre de mille fonctionnaires, déplore Yvan Assioma, secrétaire régional du syndicat Alliance à Paris. Si l’on avait deux cents effectifs en plus, ce ne serait pas indécent au moment où le trafic voyageurs risque encore de gonfler sous l’effet des mesures de restriction de circulation des automobilistes…»

Autre explication: les patrouilles, concentrées sur la lutte antiterroriste et mobilisées par le contrôle des flux croissants de migrants dans les gares parisiennes, ont été contraintes de lever le pied sur les lignes des banlieues où prospèrent les bandes. Relevant lui aussi une «forte progression des vols simples et des vols à la tire», marqués par des hausses de 5,4 % et 4,6 % l’année dernière en région parisienne, le préfet de police Michel Cadot confirme que «les équipes des réseaux ferrés ont été moins utilisées sur des contrôles de trains» afin d’être en partie redéployées sur la protection de l’Euro 2016 et sur des «missions de sécurité publique».

Toujours selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), le réseau parisien a été le théâtre de 56.887 vols et agressions l’année dernière. La capitale, qui détient le triste record en raison de la saturation de ses lignes souterraines, enregistre une «hausse sensible» des faits en un an.

«Hors Ile-de-France, les départements du Rhône, des Bouches-du-Rhône, de l’Hérault et de la Loire-Atlantique ont connu des hausses significatives», établissent les experts. Par ailleurs, ils précisent qu’au total pas moins de 9.909 prédateurs du rail ont été mis en cause pour des agressions sexuelles, des vols en tout genre ou encore des coups et blessures volontaires. Si 82 % d’entre eux sont de nationalité française, le rapport annuel souligne que «les deux groupes de nationalités dominants chez les mis en cause étrangers sont les nationalités d’Afrique (28 %) et celles des 28 pays de l’Union européenne (15 %)».

«Parmi les 740 mis en cause étrangers de moins de 15 ans dans les transports en commun, la Roumanie et la Bosnie-Herzégovine» sont «surreprésentées», poursuivent les auteurs. Et de noter: «Ces deux nationalités représentent 88 % de l’ensemble». Consciente de la délinquance qui écorne son image, la SNCF a musclé sans attendre la sûreté ferroviaire en portant ses effectifs à 3.200 hommes, soit 200 de plus en un an. Grâce à un décret pris à l’automne, ces trains marshals à la française vont généraliser les patrouilles en civil pour agir par surprise. Dans leur collimateur? Les fraudeurs, mais aussi les auteurs d’attouchements sexuels qui se multiplient.

Christophe Cornevin

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 26/01/2017

Valls durcit le ton, au péril du rassemblement

Deuxième au premier tour, l’ancien premier ministre multiplie les attaques contre Benoît Hamon sur la laïcité.

C’est une loi d’airain en politique, les batailles les plus violentes se déroulent toujours à l’intérieur d’une même famille, d’un même clan. Celle qui oppose Benoît Hamon et Manuel Valls, pour le second tour de la primaire, ne fait pas exception. A cinq jours du vote, et à la veille d’un débat télévisé décisif, mercredi 25 janvier, l’ancien premier ministre, en retard de près de cinq points sur son rival, a décidé de lâcher ses coups. Au risque de rendre délicat le rassemblement des socialistes au lendemain du scrutin.

Dès le soir du premier tour, l’ancien chef du gouvernement a ciblé sans ambages M. Hamon, expliquant que sa victoire dimanche prochain conduirait à la « défaite assurée » du PS à la présidentielle. Depuis, il a multiplié les attaques contre son adversaire (un « marchand de sable ») et son revenu universel d’existence (« la ruine de notre budget »). Mais c’est surtout sur le terrain de la laïcité et la lutte contre l’islam radical que M. Valls a décidé de monter d’un ton.

Défendant mardi sur France Info « la lutte contre le communautarisme », il a jugé M. Hamon « ambigu » sur le sujet. Pour appuyer son propos, M. Valls s’est rendu dans la foulée à la Maison des femmes de Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour expliquer qu’« aucune tradition culturelle dans la République ne peut admettre qu’on interdise à des femmes un lieu ou un espace public ». Allusion à la polémique déclenchée en décembre par les propos du député des Yvelines qui, invité à commenter un reportage montrant l’absence de mixité dans certains cafés de banlieues, avait expliqué qu’« historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes », semblant ainsi relativiser.

Désireux de discréditer M. Hamon, certains partisans de M. Valls ont même sous-entendu que l’élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, serait au mieux coupable d’indulgence envers l’islam radical, au pire sous influence. En off, ces proches expliquent ainsi que M. Hamon est « le candidat des Frères musulmans », selon Libération, ou qu’il est « soutenu par les Indigènes de la République », mouvement identitaire postcolonial. « Benoît Hamon est en résonance avec une frange islamo-gauchiste et fait un appel du pied électoral », a expliqué, mardi, dans le quotidien 20 Minutes, le député de l’Essonne et ancien président de SOS-Racisme, Malek Boutih, un des « snipers » de M. Valls.

« Une version dévoyée de la laïcité »

Ces différentes attaques ont provoqué l’ire de M. Hamon et de ses soutiens. « C’est du niveau du caniveau ! », a réagi, mardi, le directeur de sa campagne, Mathieu Hanotin, qui estime que M. Valls « joue sur les peurs et les instrumentalise ». « Cela nous rappelle Ali Juppé ! », a ajouté un porte-parole de M. Hamon, Alexis Bachelay, faisant référence à la campagne menée sur les réseaux sociaux par la mouvance identitaire contre Alain Juppé durant la campagne de la primaire de la droite. Mardi soir, M. Hanotin a demandé par courrier au premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, de dénoncer ces attaques qui installent, selon lui, « un climat nauséabond » contraire à la charte éthique de la primaire. Dans le cas contraire, l’équipe Hamon ne s’interdit pas de saisir la Haute Autorité.

Mercredi matin sur France 2, M. Hamon a accusé son adversaire de distiller un « poison ». « Je regrette que des personnes de ma famille politique relaient des attaques de l’extrême droite », a-t-il lancé. La veille, sur RFI, il avait observé que ce n’était pas lui qui avait « une version dévoyée de la laïcité » mais M. Valls, à qui « le Conseil d’Etat a rappelé ce qu’était la loi sur le burkini quand il s’est porté au secours des maires » voulant l’interdire.

Cette stratégie frontale fait débat au sein même de l’équipe de campagne de M. Valls. Certains de ses soutiens estiment que l’ancien premier ministre devrait se concentrer sur l’économique et le social, pour faire venir aux urnes un électorat plus âgé et sensible à la baisse des impôts ou à la hausse des pensions de retraites, proposées dans son projet.

« Cette violence ne lui apportera pas une voix »

Mais d’autres, à l’instar de M. Valls lui-même, assument ce durcissement, au nom d’une indispensable « clarification ». « Manuel Valls ne tape pas, il clive. A quoi servirait la semaine de campagne avant le second tour si elle ne permettait pas de distinguer clairement les profils des deux candidats ? », commente la ministre des familles, Laurence Rossignol, qui ne comprend pas cette « injonction à la douceur ». De son côté, le directeur de la communication de la campagne, Harold Hauzy, déplore « une volonté de nous enfermer dans une posture d’agressivité », pour éviter de parler des « sujets de fond ».

Reste que la fin de campagne de M. Valls sidère une partie des troupes socialistes. « Valls met une ambiance détestable entre les deux tours », s’agace le député de la Nièvre Christian Paul, ex-soutien d’Arnaud Montebourg. Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, qui a soutenu Vincent Peillon, ne comprend pas, elle non plus, la ligne choisie par M. Valls. « Cela va crescendo en termes d’attaques, observe-t-elle. Cette violence ne lui apportera pas une voix. Et va faire des dégâts qu’il sera impossible de soigner après. »

Depuis leur avantin, les amis de François Hollande assistent au spectable, affligés. « Ça s’est emballé et c’est regrettable », note ainsi l’ancien ministre Frédéric Cuvillier, qui appelle au « calme ». Mercredi sur France Info, Stéphane Le Foll a indiqué qu’il ne voterait pas pour M. Hamon, mais « pour les idées (que lui, M. Le Foll, a) toujours défendues ». Incapable de dire explicitement qu’il voterait pour M. Valls, pour qui il nourrit un profond ressentiment, le premier des hollandais s’est contenté d’appeler à la « déduction ». Il a en outre recommandé d’« éviter » le « brutal » dans cette fin de campagne et rappelé « l’enjeu du rassemblement ».

Au PS, ils sont de plus en plus nombreux à redouter la « gueule de bois du lundi matin », au lendemain de cet entre-deux-tours à couteaux tirés. « On a du mal à voir le jour d’après, ou alors on le voit trop bien », soupire un proche de M. Hollande, qui imagine déjà une fuite de nombreux élus chez Emmanuel Macron dès la semaine prochaine.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

LE PARISIEN – 26/01/2017

Présidentielle : Macron monte au front pour se défendre d’avoir profité d’argent public

 

Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement le 30 août dernier.

Gourmand Emmanuel Macron ? Entre janvier et août 2016, le candidat aurait dépensé une grande partie des frais de représentation de Bercy. Il se défend de l’avoir fait pour son ambition personnelle.

Conscient que sa prise de parole, mercredi, n’avait pas éteint le feu couvant, Emmanuel Macron a pris sa plume ce jeudi pour dénoncer les accusations qui sont portées contre lui. Dans un livre consacré au ministère des Finances – Bercy, cette grande maison qui trône au-dessus de la Seine à Paris – , les journalistes Marion L’hour et Frédéric Says révèlent que l’ancien ministre aurait utilisé à lui seul 80% de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère en 2016. Selon eux, ce chiffre, couplé aux reproches qui avaient été faits à Macron au moment de la création d’En Marche de ne plus défendre l’action gouvernementale, laisse à penser qu’il aurait, les derniers mois, profité des moyens alloués à sa fonction pour préparer sa campagne.

« Aucun centime du budget du ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique n’a jamais été utilisé pour En Marche. Toute affirmation du contraire est purement et simplement diffamatoire » affirme le mouvement dans un long communiqué intitulé « Mensonges et contrevérités : En Marche répond ». Et de remercier « tous les anonymes bien intentionnés » qui montrent que Emmanuel Macron, ministre, « a déployé une activité exceptionnelle » à Bercy. Le communiqué évoque « une loi économique importante du quinquennat », omettant de rappeler qu’elle a été définitivement adoptée en juillet 2015. Sans mettre en question le chiffre de 80%, le communiqué précise aussi que le ministre a oeuvré « sans relâche pour la refondation de l’Union Européenne », un argument qui pourrait se retourner contre le candidat à la présidentielle.

« Recevoir au Ministère des acteurs extérieurs à l’administration fait bien partie du rôle et de la fonction d’un ministre qui ne saurait travailler en circuit fermé et exclusif avec son administration », martèle encore le communiqué.

Le chiffre pas remis en cause, l’objectif oui

« J’ai toujours respecté les règles de la République avec beaucoup de scrupules », affirmait déjà hier Emmanuel Macron sur RTL. Et ce jeudi, Michel Sapin a volé au secours de son prédécesseur à Bercy : « cette information n’a pas de sens. Macron n’a pas dépensé plus que ce à quoi il avait droit très naturellement dans un ministère comme le nôtre », a affirmé le ministre sur LCP. « Ce sont des mesquineries budgétaires », a ajouté Michel Sapin, qui ne s’entendait pourtant pas forcément bien avec Emmanuel Macron du temps où ils étaient tous deux. Il lui a toutefois reproché d’avoir levé le pied après l’approbation de sa loi. « C’est une évidence. Il n’avait plus de projet de loi à porter et il a, dès ce moment-là, peut-être l’avait-il déjà en tête, essayé de travailler à sa propre candidature », a-t-il assuré.

Au printemps dernier, alors que son ambition présidentielle se pressentait, l’intéressé avait déjà dû désamorcer une polémique sur son patrimoine. Fin mai 2016, Médiapart avait révélé que le ministre de l’Economie allait payer un rattrapage d’ISF pour 2013 et 2014 faute d’une évaluation correcte de sa maison du Touquet. «Une erreur d’estimation» sans volonté de minimiser son imposition, avait plaidé Macron, s’arrêtant surtout sur le caractère nauséabond de cette révélation.

 

L’OPINION – 26/01/2017

François Fillon: la déflagration

A la veille du lancement de sa campagne, le candidat de la droite est au cœur d’une polémique au sujet son épouse : elle aurait bénéficié d’emplois de complaisance. Sidération à droite

François Fillon était mercredi à Bordeaux afin de donner une image d’unité aux côtés d’Alain Juppé. Mais cette journée a été gâchée par les révélations du Canard Enchaîné sur son épouse. Selon l’hebdomadaire, l’ex-Premier ministre l’a embauchée comme assistante parlementaire durant des années. Et en 2012 et 2013, Penelope Fillon a été employée à La revue des deux mondes. Activité réelle ? Activité fictive ? La polémique bat son plein. Dans un communiqué, son mari s’étonne d’avoir « appris par la presse l’ouverture d’une enquête préliminaire » et « souhaite, pour rétablir la vérité, être reçu au Parquet national financier dans les plus brefs délais ».

François Fillon est tel un lapin dans les phares d’une voiture. Pour un candidat à l’Elysée – a fortiori pour un favori – c’est un classique. Il arrive toujours un moment où il est passé au laser. En 2007, Nicolas Sarkozy avait dû s’expliquer sur les conditions d’acquisition de la maison qu’il possédait alors à Neuilly et le financement des travaux qu’il y avait effectués. A pareille époque, Ségolène Royal, alors en couple avec François Hollande, avait, elle, été accusée d’avoir sous-estimé son ISF.

Le Canard Enchaîné était à chaque fois à l’origine de ces deux polémiques. Dix ans plus tard, ce même hebdomadaire a plongé, le 25 janvier, le candidat de la droite à l’Elysée dans la tourmente. Selon le journal, François Fillon, alors député de la Sarthe, a embauché son épouse Penelope comme assistante parlementaire de 1998 à 2002, puis les premiers mois (six au minimum) de son mandat de député de Paris en 2012. De 2002 à 2007, alors que son mari était ministre du gouvernement Raffarin puis sénateur, elle l’a été de son suppléant sarthois à l’Assemblée, Marc Joulaud. Elle a ainsi perçu au total 500 000 euros bruts.

Le Canard Enchaîné ne s’arrête pas là. Il révèle que de mai 2012 à la fin de 2013, Penelope Fillon a été recrutée comme conseiller littéraire à La Revue des deux mondes, propriété du groupe Fimalac dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière, percevant 100 000 euros bruts de salaire. Or, celle-ci n’aurait rédigé que deux notes de lecture sous pseudonyme.

« Misogynie ». L’entourage de François Fillon n’a pas démenti l’existence de ces emplois et salaires perçus. Dès la sortie du Canard Enchaîné, les éléments de langage adressés à ses porte-parole sont sans ambiguïté. « C’est fréquent que les conjoints des parlementaires soient leur collaborateur, à gauche comme à droite. Mme Fillon est diplômée. Elle a toujours travaillé, dans l’ombre car ce n’est pas son style de se mettre en avant », leur est-il notamment conseillé de répéter sur les ondes. La première partie de l’argument est juste : la pratique n’a rien d’illégale ; elle est fréquente au Sénat, comme à l’Assemblée nationale. Toute la question est de savoir si, dans le cas de Penelope Fillon, cela correspondait à des activités réelles.

C’est d’ailleurs sur ce terrain que François Fillon et les siens ont fait porter la contre-attaque. « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte. Je ne ferai pas de commentaire parce qu’il n’y a rien à commenter. Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et la misogynie de cet article. Parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un instant qu’un homme politique dise d’une femme, comme le fait cet article, qu’elle ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient », a répliqué François Fillon, en déplacement à Bordeaux, pour officialiser le soutien d’Alain Juppé.

« Parce que c’est une femme, il faudrait cantonner Penelope Fillon à la confection de confitures ou de tartes aux pommes ? », s’est étonné Bruno Retailleau, en charge de la coordination et de la stratégie de sa campagne.

Cette ligne de défense tiendra-t-elle ? A peine une demi-journée après la sortie du Canard Enchaîné, le parquet national financier a fait savoir qu’il ouvrait une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel afin de vérifier la réalité de l’activité de Penelope Fillon à l’Assemblée. Celle-ci a plusieurs fois, dans les médias, prétendu se tenir à l’écart de la carrière politique de son mari. « La vraie bombe à fragmentation, c’est La revue des deux mondes, confie, de son côté, un important élu LR. Cela peut être un abus de bien social. »

Même si la gauche et le FN n’ont pas rebondi sur l’affaire (eux-mêmes ont embauché nombre de leurs proches !), celle-ci arrive à un moment délicat pour François Fillon. Dimanche se tiendra le grand lancement de sa campagne, Porte de La Villette, à Paris. Cela se veut l’équivalent du raout du 14 janvier 2007 de Nicolas Sarkozy, Porte de Versailles, et du 22 janvier 2012 de François Hollande, au Bourget. Penelope Fillon ne peut pas ne pas être là. Habituée à la discrétion, elle sera cette fois traquée par les caméras de télévision. A la veille du premier tour de la primaire, alors que la victoire de son époux se profilait, son visage lors du grand meeting de celui-ci au Palais des Congrès de Paris avait déjà beaucoup marqué plusieurs élus. « Elle était livide », se souvient un proche.

Toboggan. Déjà avant cette polémique, le candidat était très attendu. L’ex-Premier ministre n’a pas su entretenir la dynamique née de son triomphe du 27 novembre. Il n’a pas su se dépêtrer de la polémique sur sa réforme de l’assurance-maladie. Dans les rangs de la droite, les voix dissonantes n’ont pas manqué. Le 25 janvier, une cinquantaine de parlementaires se sont réunis à l’initiative de Brice Hortefeux. « La tonalité générale, c’est que les gens étaient très inquiets de la campagne de François Fillon », rapporte un présent. « Fillon est en haut du toboggan. Il ne faut pas qu’il le prenne : cela dépendra à 50 % de son discours de dimanche et à 50 % du contexte », confie un autre.

« Le second tour de la primaire a montré qu’on ne savait pas gérer la polémique. On n’en est toujours pas sorti », reconnaît un membre de l’équipe Fillon. C’est tout l’enjeu du moment. La droite a été saisie par un profond effet de sidération après ses révélations sur son nouveau champion, dont elle ne doutait pas de la probité. L’ex-Premier ministre et son équipe sauront-ils cette fois adopter une communication de crise efficace ? S’exposer en pleine tempête, ce n’est pas la nature première du très orgueilleux François Fillon. Pourra-t-il y échapper, alors que son patrimoine, et notamment les activités de sa société de conseil, n’a pas fini d’être disséqué ?

Ludovic Vigogne

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 26/01/2017

Les Grecs résistent à la carte bancaire, le travail au noir prospère

Depuis le 1er janvier, la loi impose le paiement par carte à un panel de métiers divers dans le but de réduire le volume colossal de transactions et de revenus qui échappent au fisc.

Dimitris Variamis a tout du plombier modèle. Juché sur sa moto, à longueur de journée, zigzagant entre les bouchons des rues de Thessalonique, deuxième ville du pays, il est rarement en retard à un rendez-vous. Son énorme sacoche contenant tout son arsenal professionnel, de la clé aux joints en caoutchouc, ne le quitte jamais. Toujours affable et souriant, il confie avoir «plusieurs fois réparé des fuites bénévolement dans des familles frappées par la crise et la brusque paupérisation de la société». Mais, depuis le 1er janvier, Dimitris ne décolère pas. «On nous impose à présent d’avoir tous un terminal de paiement par carte bancaire, alors que je ne sais même pas comment ça marche!»

Depuis la mise en place du contrôle des changes, le 25 juin 2015, le gouvernement et les banques ont tenté à plusieurs reprises, de communiquer sur le bien-fondé des paiements par carte. Et depuis le 1er janvier, la loi impose ces machines à un panel de métiers divers. À savoir: médecins, avocats, restaurants et tavernes, bars, électriciens ou encore plombiers. Au total, 200.000 professionnels sont concernés. L’objectif est tout simplement de réduire le volume colossal de transactions et de revenus qui échappent au fisc.

Amende pour les récalcitrants

Les professionnels ont six mois pour s’équiper, sous peine d’amende, dont le montant n’est pas précisé mais qui pourrait s’inspirer de celle de 1000 euros infligée aux magasins n’ayant pas affiché la possibilité, pour leurs clients, de payer par carte.

Pour Dimitris Variamis, au-delà des problèmes techniques, «dans les îles ou villages éloignés des grandes villes, la grande majorité des personnes, âgées notamment, ne paient qu’en liquide. C’est culturel dans le pays. Quant aux autres, elles préfèrent éviter le coût de la TVA et refusent les factures.» Le plombier peste aussi contre les banques qui «prennent 2 à 3 % de commission sur chaque transaction, alors que la norme européenne ne dépasse pas 0,3 %». En prime, les plombiers ne veulent pas que l’État ait accès à leur compte bancaire. Beaucoup sont surendettés, et, si leurs gains étaient prélevés directement pour payer leurs dettes, «ils n’auraient pas d’autres choix que de mettre la clé sous la porte» s’insurge-t-il.

Son inquiétude, aujourd’hui, est partagée. De plus en plus de collègues ferment leur entreprise tout en continuant de travailler sans être déclarés, et, de facto, sans assurance. «L’État croit que nous filoutons le fisc, comme d’autres métiers de service, mais avec ces mesures dont personne ne bénéficie finalement, et surtout pas le client, il nous pousse à ne plus rien déclarer.»

Plus d’impôts, moins de recettes

C’est justement tout le problème qui se pose au gouvernement d’Alexis Tsipras. Il ne s’est pas contenté de suivre à la lettre les objectifs des créanciers publics (FMI, BCE, UE), mais, selon ses détracteurs, il aurait même fait du zèle. Le gouvernement a réussi à imposer six fois plus de taxes que celles demandées, mais le résultat n’est pas celui escompté. Ainsi, les recettes de 2016 ne sont pas plus importantes qu’en 2015, malgré la première vague d’augmentation d’impôts. L’année 2017 ne sera sans doute pas meilleure, malgré la pluie de nouvelles taxes. Pourtant, le ministère des Finances espère percevoir 900 millions d’euros de plus que l’an dernier, grâce aux taxes sur les cigarettes, la téléphonie mobile ou l’essence.

Les chiffres de 2017 prévoient des recettes fiscales d’un montant total de 43,98 milliards d’euros, dont 3,1 milliards (soit plus de 7 %) qui pourraient provenir, entre autres, de la TVA sur le tabac. Mais les professionnels du secteur prévoient une perte équivalente. «Parce que l’un des plus grands fléaux du pays est la contrebande de cigarettes, qui touche 20 % du marché», avance Andreas Koutras, analyste financier. «Et c’est la même chose dans tous les secteurs, car la consommation des ménages a chuté de 50 %. Rares sont ceux qui peuvent payer leurs impôts, assure l’expert. «De surcroît, le coût du travail ne cesse de s’alourdir. Le nombre d’employés à temps partiel a augmenté de 20 % en deux ans. Ce qui signifie que les patrons déclarent de plus en plus de temps partiel, alors qu’en réalité les employés travaillent à plein temps», conclut Andreas Koutras.

Une chose est sûre: si les recettes n’augmentent pas dans les prochains mois, le gouvernement devra faire face à un sérieux problème de liquidités, qui pourrait relancer les scénarios les plus dangereux pour le pays.

Alexia Kefalas

 

 

LE FIGARO – 26/01/2017

Les Européens observent les crispations turques avec inquiétude

Le durcissement du régime en Turquie depuis le putsch raté du 15 juillet 2016 préoccupe le Conseil de l’Europe.

La répression qui sévit en Turquie inquiète les Européens. Ce mardi, le secrétaire du Conseil de l’Europe s’est félicité d’avoir pu maintenir le contact avec Ankara, tout en affichant ses préoccupations relatives au durcissement qui prévaut depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet. En tout, quelque 100.000 personnes ont été touchées par les purges dans l’armée, la police, la justice, l’enseignement, la presse, l’administration et les entreprises. Alors que l’état d’urgence, décrété après le putsch raté et reconduit à plusieurs reprises, est toujours en vigueur, le Parlement turc a adopté samedi la fameuse réforme constitutionnelle en faveur d’un renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

Le texte doit être soumis à référendum au printemps. «Le pays souhaite aller vers un système plus présidentiel de gouvernement, c’est une question qui relève de la démocratie turque. Néanmoins, demander au peuple d’apporter des changements aussi profonds à la structure de l’État, alors que cet État se trouve dans le cadre d’un état d’urgence, cela suscite des préoccupations», a déclaré Thorbjorn Jagland, devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Avant d’ajouter: «Dans un état d’urgence, les droits civiques peuvent être soumis à des restrictions. J’espère donc qu’il sera levé avant que le référendum ait lieu.»

Libérer les journalistes détenus

Inquiet de la mise sous silence d’une partie de l’opposition, le secrétaire du Conseil de l’Europe se pose aussi la question de la présence de «contrepoids suffisants dans le système», à la lecture du «contenu même de ces amendements constitutionnels». L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe suit également de près la récente dégradation de la liberté d’expression, notamment la fermeture de médias et la détention de journalistes, en vertu de décrets adoptés durant l’état d’urgence. Elle appelle Ankara à «remettre en liberté les journalistes détenus qui n’ont pas été inculpés pour participation active à des actes de terrorisme».

Thorbjorn Jagland souligne toutefois que le dialogue se poursuit sur le dossier des personnes arrêtées avec les autorités turques et qu’il a permis d’obtenir quelques résultats. Aussi, depuis lundi a-t-il constaté que la garde à vue a été ramenée de trente à sept jours, même si cette durée peut être prolongée par le procureur général. L’accès à un avocat est également de nouveau possible avant le cinquième jour.

La Turquie a par ailleurs accepté de mettre en place une commission nationale de recours. Celle-ci devrait pouvoir prendre en compte les requêtes déposées par les personnes affectées par des décrets-lois ayant entraîné leur licenciement ou la fermeture des associations, fondations ou entreprises dans lesquelles elles œuvraient. «Ces recours nationaux sont essentiels. Si la cour (européenne des droits de l’homme) est submergée de dizaines de milliers d’affaires venant de Turquie, ces citoyens pourraient se voir contraints d’attendre des années avant qu’un arrêt ne soit exécuté», a estimé Thorbjorn Jagland. Il a néanmoins rappelé que la Cour de Strasbourg serait toujours là pour recueillir les plaintes de ceux qui contesteraient les décisions de cette commission ou des tribunaux turcs.

Delphine Minoui

 

 

LES ECHOS – 26/01/2017

Donald Trump instaure une politique migratoire extrêmement restrictive

 

Donald Trump a confirmé, mercredi, son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine

Sept nationalités, issues du monde musulman, vont être interdites d’accès aux Etats-Unis (Syrie, Irak, Iran, etc). Trump confirme son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine mais se heurte à la résistance du Congrès.

Voilà des décennies que les Etats-Unis accueillent les persécutés du monde entier, des juifs d’Europe centrale aux anticommunistes chinois en passant par les opposants à la révolution cubaine. Cette ouverture au monde est probablement révolue. Donald Trump doit signer plusieurs décrets, ces mercredi et jeudi, qui traduisent une volonté farouche de fermer les frontières du pays, par peur de la menace terroriste et des cartels de drogues notamment.

Cette avalanche de décrets a un autre avantage, celui de détourner l’attention des journalistes des sujets qui fâchent, tels la proximité qui unit la nouvelle administration et la Russie ou les conflits d’intérêt qui menacent le président. « Donald Trump veut galvaniser sa base, après une prise de pouvoir particulièrement chaotique», estime un conseiller républicain au Sénat.

Des mesures importantes

Les mesures anti-immigration n’en sont pas moins importantes : l’accueil de réfugiés devrait être totalement suspendu pendant au moins trois mois, le temps que les Etats-Unis durcissent leurs contrôles de détection des profils dits « dangereux ». Les procédures américaines sont pourtant déjà considérées parmi les plus exigeantes du monde : un Syrien, par exemple, doit compter jusqu’à deux ans d’interviews et d’enquêtes pour être accepté sur le sol américain. L’accueil de réfugiés reprendra ensuite, assure la Maison Blanche, mais à un rythme deux fois moindre qu’aujourd’hui. Seuls 50.000 seront acceptés sur le sol américain cette année, contre 110.000 sous l’ère Obama.

Les pays visés tous musulmans

Ce n est pas tout : les citoyens de sept pays musulmans devraient être totalement privés d’accès aux Etats-Unis (Syrie, Irak, Iran, Yémen, Somalie, Soudan et Libye), à l’exception des chrétiens qui y sont persécutés. Nul ne sait combien de temps sera maintenue cette interdiction. Pendant la campagne déjà, Donald Trump avait fait miroiter la perspective d’interdire l’entrée de musulmans sur le territoire américain. Les mesures présentées cette semaine en constituent une version édulcorée, certainement plus acceptable d’un point de vue constitutionnel. Des recours en justice sont toutefois fort probables, les pays visés étant tous musulmans : « Son discours de campagne ciblait clairement une religion. Les propos tenus par ses conseillers aussi », rappelle Hiroshi Motomura, professeur de droit à l’Université de Californie à Los Angeles.

Trump persiste sur la question du mur face au Mexique

Donald Trump a également confirmé, mercredi, son intention de bâtir un mur à la frontière mexicaine -une provocation à moins d’une semaine de la visite officielle du président mexicain . Mais le décret qui devait être signé mercredi n’est guère plus qu’une déclaration d’intention : il ne garantit pas le fait que le projet aboutira un jour. Son coût est estimé entre 10 et 20 milliards de dollars, une facture que ni les Mexicains ni les Républicains au Congrès ne souhaitent prendre en charge. Même les ministres de Donald Trump sont sceptiques : « Une barrière physique n’arrêtera pas les cartels de drogues », a jugé la semaine dernière le nouveau secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly.

Les villes protégeant les sans-papiers en ligne de mire

Le décret de mercredi permettra d’allouer quelques dizaines de millions de dollars de crédits fédéraux pour lancer le chantier au plus vite. Mais il faudra nettement plus pour en venir à bout, et seul le Congrès sera habilité à débloquer les fonds nécessaires. Donald Trump s’en prend, enfin, aux villes sanctuaires (San Francisco, New York, Dallas, Miami, etc …) qui refusent de coopérer avec les autorités fédérales pour expulser les sans-papiers. Le président menace de leur couper certains crédits fédéraux. Une perspective inquiétante pour les 11 millions de clandestins qui vivent aux Etats-Unis aujourd’hui.

Lucie Robequain

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Revue de presse du MEDEF IDF du 25 janvier 2017

2017-03-02T07:05:07+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

FRANCEINFO – 25/01/2017

Hausse du chômage en décembre en Île-de-France

Fin décembre 2016, en Île-de-France, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité qui correspond à la catégorie A s’établit à 668 920. Ce nombre a augmenté de 0,9 % sur un mois.

Hausse du chômage en Île-de-France pour ce mois de décembre, et ce sont surtout les demandeurs d’emploi âgés de 50 ans et plus qui sont les plus touchés avec une augmentation de +1,3 % sur un mois.

LE TAUX DE CHÔMAGE AUGMENTE POUR LES SENIORS

Sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A diminue de 2,0 % pour les moins de 25 ans (+1,1 % sur un mois et –5,7 % sur un an), reste stable pour ceux âgés de 25 à 49 ans (+0,7 % sur un mois et –2,7 % sur un an) et progresse de 2,5 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+1,3 % sur un mois et +2,9 % sur un an).

En un mois, c’est dans le Val-d’Oise que l’augmentation du nombre de chomeurs est la plus élevée

Les évolutions du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A se situent entre –0,4 % en Seine-Saint-Denis et +1,9 % en Essonne pour les évolutions sur trois mois. Sur un mois, elles se situent entre +0,4 % en Seine-Saint-Denis et +1,5 % dans le Val-d’Oise.

 

FRANCEINFO – 25/01/2017

Pollution : « La gratuité des transports en Ile-de-France a coûté quatre millions d’euros par jour »

La gratuité ne sera plus appliquée dans les transports parisiens lors des pics de pollution. Le dispositif coûtait quatre millions d’euros par jour, selon le vice-président d’Ile-de-France. À la place, la RATP propose un ticket de 3,80 euros par jour.

De nombreuses régions de France sont touchées par de fortes pollutions aux particules fines. À Lyon, Villeurbanne, Grenoble et Paris des restrictions de circulation ont été mises en place. Lors des premiers pics de pollution, fin 2016, les transports parisiens étaient gratuits, afin d’inciter les voyageurs à ne pas prendre leurs voitures. Trop chère, cette mesure n’a pas été reconduite lors des nouvelles alertes.

« Les raisons financières existent réellement. Je rappelle que la gratuité des transports en Ile-de-France a coûté 4 millions par jour au Syndicat des transports d’Ile-de-France », a expliqué sur franceinfo Stéphane Beaudet, vice-président de la région Ile-de-France en charge des transports.

Un tarif de 3,80 euros pour remplacer la gratuité

« Les seuils de pollution ont été rabaissés au 1er janvier 2017. On va donc avoir cette année beaucoup plus de journées de pics de pollution qu’il y en avait l’année dernière », a-t-elle poursuivi. « On prévoit cette année 20 à 25 jours de pollution, vous multipliez ça par quatre millions par jour, cela fait 80 millions de perte pour le Syndicat des transports d’Ile-de-France », a insisté Stéphane Beaudet, « on a donc demandé à l’État de compenser cette perte, mais il a refusé. »

Face à ce refus, le Syndicat a mis en place un tarif « attractif » de 3,80 euros par jour, qui permet de voyager dans l’ensemble des transports franciliens lors des pics de pollution. Mis en place le lundi 23 janvier, il est aussi appliqué le 24. Un système similaire a été adopté à Lille.

 

EUROPE 1 – 25/01/2017

Sans-abris : l’Ile-de-France valide un fonds « grand froid », « indigent » selon l’opposition

 

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris.

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris. Un montant qualifié d’ « indigent » par l’opposition.

La région Ile-de-France a validé mardi un fonds « grand froid » de 100.000 euros pour les sans-abris, annoncé par la présidente Valérie Pécresse (LR) en pleine vague de froid, un montant qualifié d' »indigent » par l’opposition. Celle-ci dénonce le « désengagement massif » en faveur des plus démunis.

Un dispositif calqué sur un modèle nord-américain. Dans une déclaration d’intention figurant en annexe, la majorité régionale a accepté de « réfléchir à la manière dont la région peut s’inscrire » dans le programme ‘Un toit d’abord’, qui faisait l’objet d’un amendement défendu par l’écologiste Julien Bayou. Elle ne l’a toutefois pas inscrit au budget 2017. Pour l’élu écolo, ce dispositif, en oeuvre aux État-Unis et au Canada, « a démontré que loger les SDF gratuitement et sans condition revenait moins cher que de les laisser à la rue en leur portant assistance ponctuellement, en particulier s’agissant des personnes présentant des troubles psychiatriques liées à la rue ». « Ce serait intéressant que la région s’engage dans ce domaine », a dit Valérie Pécresse.

« C’eut été un beau geste ». Julien Bayou a lancé une pétition en faveur de ce dispositif qui a recueilli 2.175 signataires depuis vendredi soir. Il a fait part de sa « vraie déception » après la décision de la région. « C’eut été un beau geste », a-t-il dit, en pleine vague de froid et alors que viennent d’être célébrés les 10 ans de la mort de l’Abbé Pierre. Son groupe, comme le Front de gauche et le PS, ont contesté à plusieurs reprises, via de nombreux amendements, la suppression par la majorité régionale, depuis 2016, du dispositif de soutien aux centres d’accueil et d’hébergement pour personnes sans abri.

La « précarité grandissante » des Franciliens. « Cette décision est la conséquence de vos choix politiques (au niveau national, ndlr), avec la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) », qui a fait de l’hébergement d’urgence une compétence de l’Etat, a dit Farida Adlani, vice-présidente en charge de l’action sociale. « Vous n’hésitez pourtant pas à mettre des millions sur des prérogatives qui ne sont pas directement de la région, comme la sécurité », a rétorqué l’élue FDG Clémentine Autain. « Nous sommes sensibles à la précarité grandissante des Franciliens », a affirmé Farida Adlani informant, que, outre les 100.000 euros dégagés en urgence, la région « agit à travers le Fonds régional de solidarité et de soutien aux familles (soutien aux femmes en difficulté, aux structures d’aide alimentaire, etc.) » et « l’innovation sociale ».

La majorité a accepté, à l’initiative du groupe Modem, d’augmenter de 500.000 euros le soutien régional aux femmes en difficulté, et de mettre en place des « impact social bonds » (investissement à impact social). Le dispositif permet de « lever des fonds privés pour mener des actions sociales ».

 

LES ECHOS – 25/01/2017

Grand Paris : élus et PME du Val-de-Marne se mobilisent

Les chantiers sur la ligne 15 sud rentrent dans le dur cette année. Le département a bataillé depuis dix ans pour le réseau. Il mise sur les retombées des travaux.

Mardi 24 janvier, devant des badauds bravant le froid, l’opération de ripage du pont-rail à la gare de Champigny-sur-Marne a commencé. Cette première opération du genre du Grand Paris Express consiste à glisser une énorme boîte de béton de 40 mètres de long sous le pont SNCF afin de préfigurer une des deux sorties de la future gare. Les travaux durent jusqu’au vendredi 27 janvier, avant de se reproduire en août à la gare de Clamart et à la fin de l’année à Arcueil-Cachan. Une étape spectaculaire qui marque l’entrée dans le dur de la construction de la ligne 15 sud, qui traversera sur 33 kilomètres le Val-de-Marne de Pont-de-Sèvres (Hauts-de-Seine) à Noisy-Champs. Ouverture prévue en 2022. C’est sur ce territoire que les grandes manoeuvres commencent. Certes, un tunnelier est déjà en action depuis 2015 entre la gare Saint-Lazare et la mairie de Saint-Ouen, mais il ne fait « que » prolonger la ligne de métro 14 au nord de Paris. Avec la ligne 15, la Société du Grand Paris commence la création de ses quatre nouvelles lignes avec la 16, 17, 18.

Le Val-de-Marne focalise l’attention. D’ici cet été, 14 des seize gares seront en travaux, ainsi que 31 des 38 ouvrages annexes. Puits de ventilation et accès de sécurité pour les pompiers sont implantés tous les 800 mètres. Le premier tunnelier, installé dès cet automne, commencera à creuser au début de l’an prochain. Au total 7 à 10 de ces monstres d’acier creuseront de concert lorsque les travaux monteront en puissance l’an prochain.

Faciliter l’accès aux marchés publics pour les PME

Les marchés aiguisent les appétits des entreprises du BTP. Dans les semaines qui viennent, trois gros lots de génie civil – dont deux entre 800 millions et un milliard d’euros – seront attribués sur la ligne 15 sud. Il s’agit des tronçons entre Fort d’Issy-Vanves Clamart et Villejuif (fin février), puis jusqu’à Créteil l’Echat (fin janvier) et enfin jusqu’à Bry-Villiers-Champigny (mi-mars). Deux autres moins gros suivront. En 2016, trois lots avaient été attribués.

Le territoire se frotte les mains. Le Val-de-Marne avait bataillé pour obtenir le passage du Grand Paris Express. Il y a dix ans, le président du conseil général, Christian Favier (PCF), créait l’association Orbival pour promouvoir la création d’un métro inter-banlieue. Il donnera naissance au tracé actuel de la ligne 15 sud et 15 est. Pour s’assurer que le territoire soit pris en compte, le Val-de-Marne a réclamé dès le départ la présence de deux sites de maintenance. Ce sera chose faite à Champigny-sur-Marne et Vitry-sur-Seine, avec à la clé 800 salariés à terme. Habile. Elus et entreprises locales misent aujourd’hui sur les retombées du chantier. Pour faciliter l’accès aux marchés – dont 20 % doivent êtres réservés aux PME – un groupement de quinze patrons – bientôt 20 -, constitué en association loi 1901, s’est créé en juin 2016. Briand (bâtiment), SNTPP (BTP), Perez Morelli (démolition)… L’idée du « XV », qui s’est adossé à Eiffage sur deux offres, est de couvrir un maximum de compétences. « Certains marchés de construction des parois moulées pourraient être allotis pour que les PME puissent répondre », indique Bernard Benoist, PDG de la société de travaux publics UCP. Un Observatoire des PME sera installé la semaine prochaine par la SGP (Société du Grand Paris) en partenariat avec la CCI Paris-Ile-de-France, pour s’assurer du respect de cette clause. « Cet observatoire servira aussi à animer des réseaux de PME pour leur faire connaître les marchés accessibles », précise Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris. Dans la liste, le Val-de-Marne pourrait aussi accueillir le premier site de l’Académie du Grand Paris à l’automne. Mise en place avec la Fédération des travaux publics Ile-de-France, cette plate-forme de formation se déploiera sur plusieurs endroits.

Marion Kindermans

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 25/01/2017

Le chômage a baissé en 2016 pour la première fois en neuf ans, malgré une fausse note en décembre

 

 

Le nombre de demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi en catégorie A (ceux qui n’ont pas du tout travaillé) a augmenté de 26.100 en décembre.

+VIDEO. Le nombre d’inscrits à Pole emploi en catégorie A a augmenté de 26.100 en décembre. Mais sur l’année écoulée, il a baissé de 107.400.

Tout arrive. Malgré une fausse note en décembre, 2016 restera comme « le » millésime du quinquennat Hollande en matière de chômage. Sur le dernier mois de l’année écoulée, le nombre de demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi en catégorie A (ceux qui n’ont pas du tout travaillé) a augmenté de 26.100, par rapport à novembre, pour se fixer à 3,473 millions en France métropolitaine. Cette hausse, due principalement à des fins de CDD, fait de l’ombre au bon chiffre de novembre (-31.800), mais ne remet pas en cause la tendance.

Sur trois mois glissants, le nombre d’inscrits à Pôle emploi sans activité a baissé de 17.400. Mieux, sur l’année, le recul a atteint 107.400, après huit années de hausse consécutives, n’a pas manqué de souligner Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Autrement dit, non seulement 2016 sera l’année de l’inversion, mais en plus il faut remonter à 2007, soit l’année avant la crise des subprimes, pour retrouver une baisse annuelle du chômage en France, même si elle avait été beaucoup plus prononcée à l’époque (près de 250.000 demandeurs d’emplois de moins).

Les moins de 25 ans en sont les principaux bénéficiaires, toujours selon l’exécutif. Ils étaient 46.100 de moins sans activité fin 2016, soit une baisse de 8,8 % sur un an, « plus de deux fois supérieure » à celle de 2015. Et un retour au niveau de mi-2011. Pour les chômeurs de longue durée la baisse ressort à 2,4 %, à 58.300.

Quid du millésime 2017

Pour expliquer ces bons résultats, l’exécutif met encore une fois en avant les différents dispositifs mis en place pour réduire les charges des entreprises (CICE, pacte de responsabilité, prime PME…) et la hausse des créations d’emplois qui en a découlé, comme vient de le souligner l’Acoss, l’organisme qui collecte les cotisations sociales. De fait, les statistiques retraçant les entrées et sorties des catégories A, B (inscrits à Pôle emploi ayant travaillé moins de 78 heures), ou C (plus de 78 heures), confirment l’embellie sur un an : forte décrue des inscriptions pour fin de CDD d’un côté, forte décrue également pour reprise d’emplois déclarée de l’autre.

Toute la question est de savoir si le millésime 2017 sera du même tonneau que le précédent. D’un point de vue macro-économique, les économistes tablent sur une croissance de 1,2 % « seulement », comme l’année dernière. C’est suffisant pour faire baisser le nombre de demandeurs d’emplois, mais sans doute dans de moindres proportions car les dispositifs mentionnés précédemment vont s’essouffler.

Confiant, le gouvernement parie sur une poursuite de la tendance, au moins sur le premier semestre, d’autant que les premiers résultats, encore très partiels, du plan « 500.000 formations supplémentaires » de chômeurs seraient satisfaisants en termes de retour à l’emploi. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee table sur une décrue de 20.000 du nombre de chômeurs seulement, mais en comptant selon la norme du BIT.

Par ailleurs, si la courbe du chômage est bien inversée comme l’avait promis François Hollande, depuis son élection, le nombre d’inscrits en catégorie A a augmenté de 550.000.

VIDEO – Baisse du chômage en 2016, une première depuis 2007 : http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211725866185-chomage-une-fausse-note-en-decembre-2059727.php

 

Alain Ruello

 

 

LES ECHOS – 25/01/2017

Chômage : un recul quasiment dans toutes les régions

+VIDEO + INFOGRAPHIE – La baisse du chômage a été particulièrement forte l’an dernier dans les Pays de la Loire et en Bretagne.

En 2016, toutes les régions ont bénéficié de l’amélioration de la situation de l’emploi à une exception près, La Réunion, qui a encore accusé une progression du chômage, néanmoins limitée puisqu’elle est évaluée par le ministère du Travail à +0,1 %. Elles n’ont cependant pas toutes autant vu baisser leurs effectifs de chômeurs n’ayant pas du tout travaillé (catégorie A). Ainsi, les Pays-de-la-Loire sont arrivés en tête, avec une diminution de 5,2 % de leur nombre de demandeurs d’emploi, devant la Bretagne, où il a reculé de 4,7 %. La Bourgogne-Franche Comté est arrivée en troisième position, à – 4,6 %. L’Ile-de-France, elle, a vu sa population en recherche d’emploi se réduire de seulement 2 %, se plaçant à la onzième place sur les treize régions de France métropolitaine.

Le bilan du quinquennat s’annonce négatif

Reste que, dans toutes les régions, le bilan du quinquennat s’annonce négatif. C’est particulièrement vrai en valeur absolue dans trois d’entre elles qui auront vu le nombre de personnes pointant à Pôle emploi progresser de plus de 100.000 : l’Ile-de-France (+130.000) et le Grand-Est (+116.000 environ). L’Occitanie (un peu moins de 100.000) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (-90.400) ont approché ce seuil.

Le mouvement de baisse du chômage constaté en 2016 ne corrigera pas les inégalités fortes qui existent entre les régions en la matière. Au contraire, même, puisque l’on constate que les deux régions qui ont le plus vu leur situation s’améliorer sont celles qui ont déjà des taux de chômage parmi les plus faibles. C’est ce que montre la dernière étude de l’Insee sur les taux de chômage localisés au troisième trimestre de 2016 : les Pays-de-Loire et la Bretagne sont des régions où le taux de chômage est inférieur à 9 %, comme l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône Alpes. Quatre régions ont a contrario un taux de chômage supérieur à 11 % : les Hauts-de-France, l’Occitanie, Paca et la Corse.

Dans une étude réalisée fin 2015 au prisme des treize nouvelles régions, l’Insee avait montré que si aucune d’entre elles n’avait été épargnée par la crise, celles du nord et du sud-est du pays avaient été les plus impactés.

VIDEO – Baisse du chômage en 2016, une première depuis 2007 : http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211726429258-chomage-un-recul-quasiment-dans-toutes-les-regions-2059748.php

 

Leïla de Comarmond

 

 

LES ECHOS – 25/01/2017

L’emploi des jeunes demeure un point noir

La part des jeunes sans emplois dépasse en France la moyenne européenne.

L’insertion professionnelle des jeunes était déjà difficile en 1981, date d’un rapport de Bertrand Schwartz au Premier ministre d’alors, Pierre Mauroy, qui a fait date et est à l’origine de la création des missions locales. Elle est toujours voire plus difficile trente-cinq ans plus tard. C’est le diagnostic du rapport remis ce mardi par France Stratégie, un organisme de réflexion rattaché à Matignon, associé au ministère du Travail, et issu d’une concertation lancée par Myriam El Khomri.

Ce document permet d’en prendre la mesure au travers d’une batterie de chiffres inquiétants. Même s’il donne une image tronquée de la situation, le taux de chômage des jeunes – calculé comme le nombre de chômeurs de 15 à 24 ans rapporté à la population active du même âge – ressort à 25 % et a été multiplié par 3,5 en quarante ans. Pour tenir compte de tous les jeunes en études, le rapport juge plus pertinent de mettre en avant la part des jeunes sans emploi. Las, même moins noire, cette statistique n’est pas glorieuse non plus : 13,8 % pour les 20-24 ans et 11,6 % pour les 25-29 ans, contre 11,7 % et 10,2 % respectivement pour la moyenne européenne. Autre constat : 17 % des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Non seulement ce taux est supérieur à la moyenne des Vingt-Huit, mais il n’a pas encore reculé.

La dégradation de l’insertion des jeunes dans le marché du travail s’explique évidemment par celle du marché du travail dans sa globalité. Le faible cumul emploi-études joue aussi, malgré la hausse très importante de l’apprentissage. Mais les jeunes, plus que leurs aînés, ont pris de plein fouet la montée de la précarité. Les contrats temporaires concernent plus d’un tiers d’entre eux.

« Si la situation […] apparaît globalement dégradée, ce constat doit être nuancé », selon le rapport. De fait, le « diplôme » assure encore à ceux qui en ont décroché un de meilleures chances de trouver un travail. A l’opposé, la surexposition des moins qualifiés s’est accrue avec la crise, sachant qu’un jeune sur dix ne maîtrise pas les compétences dites « de base ». A cela s’ajoutent des freins périphériques – mobilité, résidence, fracture numérique, logement, ou encore pauvreté – qui touchent un jeune sur dix également. Les jeunes issus de l’immigration sont victimes d’une situation encore plus défavorable. C’est notamment le cas pour les descendants d’immigrés africains, « même quand on neutralise les effets liés à l’âge, au diplôme, à l’origine sociale ou au lieu de résidence ». « La France ne fait pas exception en Europe, mais cultive un certain nombre de spécificités », résume Hélène Garnier, directrice du département travail-emploi-compétences de France Stratégie.

Que dire enfin de la myriade de dispositifs censés favoriser l’insertion des jeunes ces dernières années ? Le constat est variable d’un dispositif à l’autre : bon pour la garantie jeunes, nettement moins bon pour le contrat de génération, mesure phare de François Hollande en début de quinquennat. Les accompagnements se sont intensifiés et individualisés, mais au prix d’une plus grande complexité d’ensemble et d’une perception d’instabilité des règles de financement de la part des entreprises. « Ce qui risque fortement de se traduire par une moindre efficacité d’ensemble », conclut le rapport.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

L’emploi des seniors, l’échec du quinquennat

Depuis juin 2014, le nombre de personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A a augmenté de 15 %.

C’est le point noir de la politique de l’emploi du quinquennat de François Hollande. Fin 2016, la barre symbolique des 900.000 personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A (sans aucune activité) à Pôle emploi a été franchie. Un chiffre en augmentation de 50 % depuis l’élection présidentielle de 2012. Les seniors représentent désormais plus du quart de l’ensemble des chômeurs sans activité. L’exécutif avait pourtant tenté de prendre le taureau par les cornes. En juin 2014, François Rebsamen, alors ministre du Travail, présentait un nouveau plan pour l’emploi des seniors. Avec un objectif précis, stabiliser le chômage de cette tranche d’âge en six mois, puis le faire reculer.

Au programme, les ficelles classiques des politiques de l’emploi: un doublement de l’aide lié au contrat de génération en cas d’embauche d’un senior, un renforcement du suivi de Pôle emploi pour 80.000 chômeurs de longue durée supplémentaires, l’instauration d’un dispositif pour inciter des chômeurs seniors à faire des stages en entreprise. Une enveloppe – modeste – de 150 millions d’euros était débloquée pour financer l’ensemble. Deux ans et demi après le lancement du plan, le bilan est négatif. Depuis juin 2014, le nombre de personnes de plus de 50 ans inscrites en catégorie A a encore augmenté de 15 %.

Un effort sur la formation

«Le chômage des seniors est bien sûr encore trop élevé, même si la tendance s’est améliorée ces derniers mois, nuance-t-on au ministère du Travail. Pour y parvenir, le gouvernement a fait preuve de volontarisme en mobilisant l’ensemble des dispositifs dont il dispose.» Le nombre de seniors s’est ainsi accru parmi les contrats aidés du secteur non marchand. Ils représentent désormais plus de 32 % des effectifs.

Autre outil: la montée en puissance de la formation, dans le cadre notamment du plan 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d’emploi. En octobre, les plus de 50 ans, traditionnellement plutôt réfractaires à la formation, représentaient 23,7 % de l’ensemble des stagiaires. Reste un point à ne pas négliger: malgré cette hausse du chômage, le nombre de seniors en emploi a augmenté: le taux d’emploi des 55-64 ans a atteint 48,7 % fin 2015, contre 40 % cinq ans plus tôt. Une hausse liée au report de l’âge légal de départ à la retraite.

Anne de Guigné

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

La formation, la solution aux ravages du numérique

Réussir la transition numérique permettrait de sauvegarder les emplois menacés par les nouvelles technologies, selon une étude d’Accenture dévoilée en exclusivité par Le Figaro.

Le numérique aura un impact fort sur l’emploi dans les années à venir. Mais les économistes ne s’accordent pas sur son ampleur, les uns (OCDE…) estimant que moins de 10 % des postes seraient menacés par l’automatisation et l’intelligence artificielle, tandis que des experts d’Oxford fixent le curseur à 47 %. Quoi qu’il en soit, l’effet sera moins négatif si les salariés peuvent se reconvertir, en abandonnant des tâches automatisables pour des fonctions à valeur ajoutée.

D’où l’importance de la formation, mise en avant par une étude d’Accenture que Le Figaro dévoile en exclusivité. Si la formation fonctionne, la part des emplois risquant de disparaître du fait des nouvelles technologies ne sera que de 4 % aux États-Unis, 6 % au Royaume-Uni (contre 20 % autrement) et 10 % en Allemagne, selon les simulations de cabinet de conseil.

«Les salariés ont pris conscience de cet enjeu et sont prêts à se former», souligne Fabrice Asvazadourian, le directeur exécutif d’Accenture Strategy, en s’appuyant sur le sondage réalisé, auprès de plus de 10.000 personnes, dans dix pays dont la France, le Royaume-Uni, l’Inde, les États-Unis et le Japon.

64 % des personnes interrogées estiment ainsi que le changement s’accélère. Et 85 % veulent prendre sur leurs loisirs pour se former aux nouvelles technologies. Ce taux atteint encore 73 % en France, pays réputé pour son goût du temps libre… Malgré ces bouleversements, 87 % (78 % en France) restent optimistes et pensent que les nouvelles technologies amélioreront leur travail dans les cinq prochaines années.

Pénurie de main-d’œuvre

«Les entreprises qui réussiront la transition numérique seront celles qui auront su embarquer leurs collaborateurs en les formant. L’enjeu est immédiat: les entreprises ne peuvent plus se contenter de mener quelques projets digitaux», insiste Fabrice Asvazadourian. L’étude souligne aussi que la communauté des affaires doit inciter les gouvernements à réformer la formation initiale. Une nécessité, alors que 40 % des employeurs dans les pays étudiés font face à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée.

Cécile Crouzel

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 25/01/2017

Jacques Creyssel : « Le commerce est au cœur d’une triple révolution. C’est une chance »

 

Jacques Creyssel, Délégué Général de la Fédération du Commerce et de la Distribution

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), représente les plus grands distributeurs français – Carrefour, Casino, Auchan, Système U – à l’exception de Leclerc et Intermarché. Dans une interview aux « Echos », son délégué général, Jacques Creyssel, alerte les candidats à la présidentielle sur les enjeux à venir d’un secteur qui « pèse » 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 750.000 personnes en France.

La FCD sort un document intitulé : « Commerce et distribution, pour une politique d’avenir claire et ambitieuse ». C’est un catalogue de vos demandes aux candidats à la présidentielle ?

Ce n’est pas un catalogue ! C’est l’analyse détaillée des défis que l’un des secteurs d’activité les plus importants de notre économie va relever dans les années qui viennent. Le commerce n’est que rarement au coeur des campagnes électorales. Pourtant, c’est un acteur économique majeur qui représente au total plus de 1,7 million d’emplois – avec des entreprises qui sont les premiers recruteurs de jeunes peu qualifiés – et se situe au coeur d’une croissance qui s’appuie beaucoup sur la consommation. Ce secteur, longtemps considéré comme résilient, se trouve aujourd’hui au coeur d’une triple révolution : révolution des modes de consommation en faveur de plus de qualité, révolution digitale qui consacre le modèle omnicanal et révolution économique avec notamment l’instabilité des matières premières. Ce que nous demandons aux futurs gouvernants, c’est une vraie politique du commerce, fondée sur l’égalité des conditions de concurrence, car nous sommes persuadés que les révolutions en cours peuvent être une chance.

La plupart de vos revendications ne visent-elles pas à consolider le modèle de distribution omnicanal ?

On le voit, c’est bien la combinaison entre les magasins physiques et la vente en ligne qui constitue le modèle gagnant, et rentable, du commerce de demain. C’est à la fois plus de choix et de services pour le consommateur et pour le commerçant l’opportunité de remettre en avant le plaisir dans la consommation. Pour cela, il faut impérativement une égalité fiscale entre tous les acteurs, distributeurs « omnicanaux » et « pure players » d’e-commerce. Ces derniers, notamment ceux qui opèrent depuis l’extérieur de l’Europe, comme le chinois Alibaba, échappent en partie à l’impôt sur les sociétés et à la TVA. A l’inverse, le commerce physique est assujetti à une lourde fiscalité sur le bâti : la Tascom, qui porte sur les mètres carrés, et les impôts locaux. Au total, cela représente près de 1 % du chiffre d’affaires des distributeurs, soit l’équivalent de leur marge nette. Nous proposons la suppression de l’essentiel de ces taxes et un transfert sur la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et la TVA. Cette égalité fiscale est essentielle pour soutenir les magasins qui animent nos centres-villes. L’égalité des règles, c’est aussi rendre possible une plus grande ouverture des magasins, le dimanche et en soirée.

Selon vous, la révolution en cours aura-t-elle un impact fort sur les emplois ?

Oui, et là encore, il faut y voir une formidable opportunité. La digitalisation, c’est aussi l’évolution des types d’emploi. On parle souvent d’ubérisation. Mais on parle moins de l’apparition de nouveaux métiers qui génèrent de l’embauche, comme les spécialistes des données (« data scientists »), des designers adaptés au Web, des spécialistes du merchandising virtuel, des experts en sécurité informatique, etc. Il faut aussi mettre cela en parallèle avec le développement de la robotisation. Cela concerne pour partie les caisses, les entrepôts mais aussi à terme la livraison avec les véhicules autonomes. Nous n’avons pas une vision pessimiste de ces évolutions, bien au contraire. Si certains postes traditionnels peuvent être affectés, d’autres métiers existants vont avoir des besoins accrus : les métiers de bouche, les vendeurs et plus généralement les métiers de service essentiels à l’attractivité des magasins. Pour accompagner ces mouvements, nous préconisons de supprimer totalement les charges sociales sur le SMIC et de poursuivre ces nouvelles baisses de charges, de façon dégressive, jusqu’à au moins 2,5 SMIC. Le CICE a eu des effets positifs sur l’emploi qu’il faut développer. Il ne faut pas oublier que le commerce électronique emploie deux à trois fois moins de salariés que le commerce physique à chiffre d’affaires égal.

La distribution est aussi confrontée à un changement des modes de consommation. Il existe une réelle défiance à l’égard des produits alimentaires. N’est-ce pas là le plus grand défi des distributeurs, et de leurs fournisseurs ?

79 % des Français jugent probable que les aliments ont un effet sur leur santé. C’est un vrai défi qu’il nous faut relever ! Les consommateurs recherchent plus de qualité et plébiscitent les produits des PME qui ont représenté 84 % de la croissance du marché des produits de grande consommation en 2016 ! Concernant le boeuf et le lait, nous assistons à une baisse structurelle de la consommation. Ajouté à la volatilité du cours des matières premières au niveau mondial, cela pousse à la remise en question du modèle agricole français. Les réformes successives de la PAC ont privilégié l’ouverture au marché. Il faut en tirer les conséquences. Dans un système de marché, c’est le consommateur qui décide. Il est aberrant que l’on soit obligé d’importer les deux tiers des volumes de porc bio, alors que celui-ci est bien mieux rémunéré que le porc traditionnel. Autre exemple : les Français aiment le raisin sans pépin et nous le faisons venir d’Italie. Il faut intégrer dans les interprofessions la distribution, qui connaît les attentes du consommateur, et développer des filières avec des contrats pluriannuels. La France a besoin d’une nouvelle stratégie agricole fondée sur une autre approche, de la fourchette à la fourche et non plus l’inverse.

Philippe Bertrand

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

Whirlpool ferme sa dernière usine française

Le site d’Amiens, qui emploie 290 salariés, fermera en juin 2018. Le groupe américain, qui se réorganise depuis l’acquisition d’Indesit, délocalisera la production de sèche-linge vers la Pologne et la Grande-Bretagne.

Les 290 salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme) ont enfin eu la réponse à la question qu’ils se posent depuis des mois. Cette fois, la fermeture de leur site, où sont produits des sèche-linge, est confirmée. Et le messager de cette mauvaise nouvelle était bien leur nouveau directeur d’usine, arrivé il y a deux semaines tout juste. Il a annoncé mardi matin l’arrêt de la production sur le dernier site français du géant mondial de l’électroménager. Les appareils sortiront ensuite des chaînes de l’usine britannique de Yate et, surtout, de celles situées à Lodz (Pologne), un site qui est amené à grandir.

Whirlpool (20,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires) justifie ce projet comme la «mise en place d’un modèle économique pour s’adapter aux demandes d’une clientèle de plus en plus exigeante en termes de fonctionnalités et d’efficacité énergétique, dans le contexte d’un marché de plus en plus concurrentiel». La conjugaison de deux tendances dans l’électroménager a conduit le groupe américain à signer l’arrêt de mort de son usine dans le nord de la France.

D’un côté, c’est le regroupement de la production sur des sites de grande taille, comme dans l’automobile, pour produire à plus faible coût. De l’autre, c’est la constitution de grands groupes, souvent par des rachats, pour exploiter plusieurs marques. Depuis l’acquisition de l’italien Indesit en 2014, Whirlpool commercialise des mixeurs, réfrigérateurs et autres appareils sous neuf marques. Son plus grand concurrent, le chinois Haier, qui a racheté GE Appliances l’an dernier, en possède cinq et le français SEB pas moins d’une trentaine.

Depuis l’intégration d’Indesit, Whirlpool compte une cinquantaine d’usines, dont celles de la marque italienne dans son pays d’origine et que le groupe américain s’est engagé à ne pas fermer avant 2018…

Accords de compétitivité

En France, il n’a pas fait cette promesse. Sa seule obligation, conformément à la loi Florange, est de tenter de trouver un repreneur pour son site amiénois, qui employait 1300 personnes il y a quinze ans. Après plusieurs plans sociaux, il en reste aujourd’hui moins de 300, avec une moyenne d’âge supérieure à 40 ans. S’y ajoutent 250 intérimaires et une centaine de salariés d’un sous-traitant, qui travaille quasi exclusivement pour le groupe américain. «Nous avions pourtant fait des efforts en signant des accords de compétitivité et notre usine est rentable», déplore Cécile Delpirou, élue CFE-CGC, faisant part de la grande tristesse dans l’usine après «l’annonce brutale».

Whirlpool semblait en effet avoir donné des gages sur l’avenir d’un site dans son premier marché européen, qui serait aussi le plus profitable. «Amiens a toujours été une usine importante pour la France et l’Europe», affirmait le PDG Jeff Fettig début 2015 (nos éditions du 14 mars). Le groupe, qui a obtenu le label «Origine France Garantie», insistait il y a peu encore sur les 35 millions d’euros investis ces cinq dernières années à Amiens. Les syndicats estiment la somme inférieure, mais ils avaient tout de même repris confiance l’an dernier lorsque les capacités ont été augmentées. Si les salariés sont peu optimistes sur une possible reprise, ils espèrent mobiliser les hommes politiques en cette période préélectorale.

Annelot Huijgen

 

 

LE PARISIEN – 25/01/2017

Vivarte : la vente à la découpe a commencé

 

L’enseigne de chaussures André compte 135 magasins, 786 salariés.

Le géant de l’habillement a annoncé hier la cession de Naf Naf et André et la suppression de 1 000 emplois

Une vraie saignée… Le couperet est tombé pour des milliers de salariés du groupe d’habillement Vivarte, plombé par une dette nette de 1,15 Md€ héritée de la gestion par des LBO. Les LBO, ce sont ces opérations de rachat d’entreprises réalisées à grand renfort de dettes par des fonds d’investissement.

A vendre dès aujourd’hui : l’enseigne historique du chausseur André (135 magasins, 786 salariés), tout un symbole puisque le groupe a été créé à partir de cette entreprise. La marque Naf Naf (860 salariés) sera elle aussi cédée dans la foulée. Et d’autres pourraient l’être à l’avenir, « selon l’opportunité », a déclaré hier au « Figaro » le nouveau PDG du groupe, Patrick Puy. Alors que Vivarte a levé, hier, une partie du voile sur le traitement de choc administré à ses entreprises, ce dernier a assuré que la dette du groupe devrait être ramenée à 572 M€, « un accord avec les créanciers étant en très bonne voie ».

Le vaste plan de restructuration ne sera complètement connu qu’au fur et à mesure des comités centraux d’entreprise de toutes les autres enseignes (Kookaï, Caroll, Minelli, etc.).

Outre les cessions, le groupe a également confirmé hier une sévère restructuration dans les deux Halle (aux chaussures et aux vêtements). La plus impactée, la Halle aux chaussures (3 900 salariés) va fermer 141 points de vente (sur 650), soit plus de 730 postes supprimés. La fusion de 41 autres boutiques avec celles de la Halle aux vêtements (4 100 salariés) est prévue pour créer des magasins mixtes. Avec à la clé le lancement d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), comprenant une phase de départs volontaires. Les deux sièges, où travaillent 520 salariés, vont aussi fusionner et les effectifs seront divisés par deux, selon les syndicats. Sans compter Vivarte Services (240 salariés), où un deuxième PSE est prévu.

Un ancien PDG accuse les actionnaires

Un drame social et un désastre économique qui tombent mal. Le ministre de l’Economie Michel Sapin — comme ses prédécesseurs — va devoir expliquer pourquoi ses services, pourtant au fait de la situation, ne se sont pas saisis plus tôt de cette déconfiture annoncée du géant français de l’habillement.

Selon nos informations, plusieurs réunions ont eu lieu entre les conseillers de Bercy, ceux du ministère du Travail et les syndicats de Vivarte. « On les a alertés à plusieurs reprises sur la situation du groupe. A chaque fois, on est repartis sans aucune réponse »,affirme un représentant syndical. Lors de la dernière rencontre de l’intersyndicale à Bercy, le 11 janvier dernier, un des conseillers a réaffirmé que « Bercy n’avait aucun levier pour intervenir ». « On ne peut rien faire, ils n’ont enfreint aucune loi », s’est même vu rétorquer à l’Elysée l’ancien PDG, Stéphane Maquaire, débarqué quelques mois après son arrivée en octobre 2016. Un autre ancien PDG, Marc Lelandais, remercié en 2015, accuse directement les actionnaires sur les réseaux sociaux : ce sont « des fonds spéculatifs, vautours, qui ont pris les commandes » de Vivarte.

En pleine tourmente, ce sont cette fois les ministères de l’Economie et du Travail qui ont convoqué une réunion, aujourd’hui, avec les syndicats.

VIDEO. Manif des salariés de Vivarte : «On craint des centaines de licenciements» : http://www.leparisien.fr/economie/vivarte-la-vente-a-la-decoupe-a-commence-25-01-2017-6614958.php

 

 

LE MONDE – 25/01/2017

Fessenheim : EDF ouvre la voie à l’arrêt de la centrale nucléaire

Le conseil d’administration du groupe a donné son feu vert à l’accord d’indemnisation pour une fermeture anticipée de la plus vieille centrale de France.

Une nouvelle étape importante a été franchie, mardi 24 janvier, dans le règlement du « dossier Fessenheim » qui traîne depuis près de cinq ans. Au terme d’un compromis avec l’Etat, le conseil d’administration d’Electricité de France (EDF) a voté de justesse – grâce à la voix prépondérante de son PDG, Jean-Bernard Lévy – le mécanisme d’indemnisation du groupe d’électricité et de ses partenaires allemands et suisses pour l’arrêt de la centrale du Haut-Rhin. L’indemnisation sera constituée d’une part fixe de 490 millions d’euros versés d’ici à 2021 (coûts de reconversion du personnel, démantèlement…) et d’une part variable pour compenser d’éventuels manques à gagner jusqu’en 2041.

La ministre de l’environnement et de l’énergie a immédiatement salué une « décision équilibrée (…) qui va permettre de nouveaux investissements industriels franco-allemands sur le territoire du Haut-Rhin », indiquant qu’elle avait contacté le ministre allemand de l’économie, Sigmar Gabriel. Parmi les pistes de reconversion, Ségolène Royal a évoqué l’éventuelle installation d’une usine de voitures électriques Tesla, un projet d’usine de batteries de troisième génération ou la création d’un site pilote de démantèlement de centrales.

« C’est aussi un choix positif pour l’entreprise », a estimé Mme Royal. EDF pourra « rationaliser » ses investissements, les réorienter vers les énergies renouvelables et « respecter la loi de transition énergétique » qui prévoit de ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.

Le vote était loin d’être acquis il y a seulement quelques jours. Le conseil d’administration d’EDF compte dix-huit membres. Le gouvernement a travaillé au corps les six administrateurs indépendants, seuls susceptibles de voter en faveur d’un arrêt de la centrale : M. Lévy, dont le vote favorable était acquis ; Laurence Parisot, ex-présidente du Medef ; Bruno Lafont, ancien patron de Lafarge ; Colette Lewiner, conseillère du président de Capgemini ; Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec ; Claire Pedini, directrice générale adjointe de Saint-Gobain.

Première étape vers une fermeture

Leur accord était en effet nécessaire. Les six représentants de l’Etat ne pouvaient pas prendre part au vote sans être accusés de conflit d’intérêt. Quant aux six administrateurs salariés (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC), ils avaient annoncé depuis des semaines qu’ils se prononceraient contre une décision contraire, selon eux, aux intérêts des salariés, de l’entreprise et de l’activité autour d’une centrale qui génère 2 200 emplois, dont la moitié dans la centrale elle-même avec ses 850 salariés d’EDF et ses 250 prestataires permanents.

En cas de vote négatif sur Fessenheim, les pouvoirs publics menaçaient EDF de ne pas prendre deux textes réglementaires : le premier pour permettre la poursuite du chantier de Flamanville ; le second pour relancer le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime), en arrêt prolongé à la suite de la chute d’un générateur de vapeur de 450 tonnes dans le bâtiment réacteur.

La Commission européenne devra se prononcer sur le protocole d’indemnisation au regard du respect des règles sur les aides d’Etat. La voie sera alors libre pour que le gouvernement prenne, avant l’élection présidentielle d’avril-mai 2017, le décret d’abrogation de l’autorisation d’exploiter la doyenne du parc nucléaire français. Ainsi François Hollande pourra-t-il dire qu’il a au moins enclenché le processus, sans avoir respecté la promesse faite à ses alliés d’Europe Ecologie-Les Verts en 2011 de fermer la centrale au cours de son quinquennat.

Des indemnités jusqu’en 2041

L’indemnisation devra notamment compenser les pertes de recettes de ces deux réacteurs nucléaires de 900 mégawatts (MW) que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait pourtant autorisé à fonctionner pendant encore six ans. Un tiers sera versé au partenaire allemand EnBW et à un consortium suisse, qui ont financé ensemble 32,5 % de l’installation et « tirent » un tiers du courant produit.

Les deux réacteurs ne seront pas arrêtés avant la fin de 2018, l’horizon prévu par EDF pour le raccordement au réseau de l’EPR de Flamanville. Ses 1 650 mW compenseront alors les capacités électro-nucléaires perdues à Fessenheim, et la France conservera la même capacité de 63 000 mW de nucléaire, sur un parc de production de 130 000 mW (nucléaire, hydraulique, thermique, renouvelables).

Débrayages appelés par les syndicats

Les syndicats de la centrale ont appelé à des débrayages depuis lundi, soulignant le gâchis économique et social entraîné par une telle décision. Fessenheim, qui produit 2,4 % du courant français, a été la première centrale mise aux nouvelles normes post-Fukushima imposées par l’ASN. Elle génère plusieurs dizaines de millions d’euros de recettes, même si EDF se refuse à fournir des données sur la rentabilité de cette usine.

Tout en dénonçant les retards, les écologistes français, rejoints par des Verts allemands et suisses des régions frontalières, applaudiront à la fermeture d’une centrale qu’ils jugent « dangereuse », non seulement en raison de son ancienneté, mais aussi de sa situation en zone inondable et sur une faille sismique.

Yannick Jadot en a fait un symbole : le candidat désigné d’Europe Ecologie-Les Verts à l’élection présidentielle s’est rendu sur le site alsacien, le 20 janvier. Il a plaidé pour des « plans de conversion industrielle et professionnelle » afin d’éviter les pertes d’emplois. Ancien responsable des campagnes antinucléaires de Greenpeace, M. Jadot défend une « sortie progressive et définitive du nucléaire d’ici à 2035 ». Fessenheim doit être, selon lui, une des toutes premières centrales à fermer dès 2017.

Le feuilleton politique n’en est pas terminé pour autant. Car ce qu’un décret gouvernemental peut faire, un autre peut le défaire. François Fillon, candidat de la droite à l’élection présidentielle, s’est engagé à « stopper la fermeture » de la centrale s’il est élu en mai. Une centrale qui a reçu une autorisation de l’ASN pour produire jusqu’au 31 décembre 2022.

Jean-Michel Bezat

 

 

LE FIGARO – 25/01/2017

La France lance avec succès la plus importante obligation verte au monde

Les investisseurs ont plébiscité cette opération historique sur le marché de la finance environnementale.

Le succès a dépassé toutes les espérances. La France vient d’émettre son premier emprunt spécialement destiné à financer la transition énergétique, et a rencontré un accueil enthousiaste auprès des investisseurs français et européens. Si enthousiaste que l’Agence France Trésor a pu placer pour 7 milliards d’euros de ces nouvelles obligations vertes, un montant nettement plus important que ce qu’avaient laissé entendre Michel Sapin et Ségolène Royal le 3 janvier dernier. Ils tablaient alors prudemment sur 2,5 milliards d’euros minimum. «À 4 ou 5 milliards, l’opération aurait déjà été très belle, mais 7 milliards, c’est exceptionnel», résume Anthony Requin, directeur général de l’Agence France Trésor.

L’obligation verte tricolore est ainsi devenue d’emblée la plus importante au monde «devant celle de la BEI, qui totalise 3 milliards d’euros d’encours», précise Tanguy Claquin, responsable de la finance environnementale au Crédit agricole CIB.

Jusqu’en décembre dernier, aucun État n’avait encore émis d’obligations vertes. Des institutions internationales, des collectivités locales, comme la région Île-de-France, des entreprises (notamment dans le secteur de l’énergie, comme EDF ou Engie) et des banques les avaient déjà utilisées pour financer leurs projets environnementaux. «Mais avant qu’un État ne se lance à son tour, il fallait que le marché ait déjà acquis une certaine profondeur», indique Tanguy Claquin. La France aurait aimé être le premier pays à franchir le pas, mais la Pologne lui a grillé la politesse en décembre dernier, avec une petite émission (750 millions d’euros).

La première obligation à 22 ans

Rien à voir donc avec la taille de celle de l’État français, qui devrait encore grossir dans les prochains mois. Elle sera en effet complétée à hauteur de 4 à 5 milliards d’euros. L’enjeu est important car, sur le marché obligataire, la taille est un argument décisif pour les investisseurs: elle leur garantit une certaine facilité à acheter et revendre leurs titres.

Le gouvernement a identifié une enveloppe de 13 milliards d’euros de projets verts à financer. Et la demande rencontrée par la première émission lui donne une belle marge de manœuvre: elle a atteint un montant exceptionnel de plus de 23 milliards d’euros, soit près de trois fois le montant émis.

Cet engouement s’explique aussi par la durée de l’obligation verte française: 22 ans. Du jamais-vu. «Elle répond précisément aux attentes des investisseurs qui, dans les obligations vertes, avaient besoin de titres d’États et de durées longues pour diversifier leurs portefeuilles», explique Jérôme Broustra, responsable de la gestion obligataire chez Axa IM.

Cette émission, qui fait de la France un acteur majeur sur le marché naissant de la finance verte, coûtera à peine plus cher (0,01 %) au pays qu’un emprunt classique. Son taux d’intérêt, de 1,74 %, est certes un peu supérieur à celui de l’obligation la plus proche (1,60%), mais cela s’explique par sa durée de près de 3 ans plus longue.

Le succès de cette opération va sans doute conforter l’envie d’autres États de se lancer à leur tour. Ils sont neuf à vouloir franchir le pas en 2017. Le Nigeria s’y prépare pour le mois de mars. «Je souhaite que la France serve d’exemple au niveau international», a d’ailleurs indiqué Michel Sapin.

Les investisseurs se sont toujours montrés friands de ces titres, sans doute par envie de montrer, après la crise de 2008, que la finance pouvait s’engager au service de la société. C’est aussi un choix auquel leurs clients et leurs actionnaires sont sensibles. Pour l’émission emblématique de la France, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs souhaité que leurs noms soient communiqués au public dans les prochains jours.

Anne Bodescot

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 25/01/2017

La grande arnaque des «anti-système»

C’est devenu une sorte de mantra, de passage obligé de tous les politiques. Dénoncer le « système » permet surtout aux candidats à la présidentielle de s’exonérer de leurs responsabilités

La campagne de 1995 s’était jouée sur la fracture sociale ; celle de 2002 sur l’insécurité ; celle de 2007 sur le malaise identitaire… 2017 sera sans doute celle du procès des élites et du « système ». Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, et même François Fillon se revendiquent tous « hors cadre politique », « anti-système », « anti-establishment », etc. Analyse d’un étrange phénomène.

« Donc tout le monde serait bien inspiré de voir ce qui s’est passé aux États-Unis avec la mobilisation des jeunes actifs autour de Bernie Sanders, en Angleterre autour de Jeremy Corbyn, autour de Podemos en Espagne », a déclaré Benoît Hamon, au soir de sa victoire au premier tour de la primaire de la gauche. Le candidat a d’ailleurs été félicité sur Twitter par Yanis Varoufakis, l’ex-flamboyant ministre de l’Economie grec. L’« ingénu », vantant une social-écologie utopique, se réfère ainsi à l’« internationale antisystème. » Il faut dire que l’« anti-système » est très tendance en ce moment. Etre « antisystème », c’est comme avoir la grippe : c’est très, très contagieux.

Tous les candidats à l’élection présidentielle s’y sont mis, alors que jusqu’ici c’était le sujet de prédilection de Marine Le Pen. Primus inter pares, Emmanuel Macron, qui, lors de sa déclaration de candidature, le 16 novembre 2016, s’en est pris au système politique. « Ce système, je le refuse […] J’ai pu mesurer ces derniers mois, ce qu’il en coûte de refuser les règles obsolètes et claniques d’un système politique devenu le principal obstacle à la transformation du pays », a-t-il déclamé. Et d’un ! François Fillon lui, fustige volontiers l’establishment et le microcosme. « Il y a deux mois, je n’étais pas le candidat de l’establishment et je n’ai pas l’intention de le devenir », a-t-il ainsi déclaré lors de ses vœux à la presse. Et de deux ! Le 13 décembre 2016, Manuel Valls a lancé aux journalistes : « C’est vous qui êtes enfermés dans le système. C’est vous qui représentez le système, ce dont les Français ne veulent plus. » Et de trois ! Jean-Luc Mélenchon veut « balayer la caste au pouvoir. » Et de quatre, six en fait avec Marine Le Pen et Benoît Hamon.

« Cela commence à faire beaucoup, c’est totalement ridicule, estime Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Tous ces candidats se disent antisystème ? C’est un peu comme si José Bové était le candidat de Monsanto ou Philippe Poutou celui du Medef. Cela sentirait fortement l’arnaque ». Car tous les prétendants à la magistrature suprême font bien partie d’un « système » qui, s’il existe, leur a permis d’être là où ils sont.

Mot-valise. S’il existe… car c’est un « mot-valise » bien commode qui permet aux candidats de surfer sur la vague qui a porté Donald Trump et Theresa May au pouvoir. Faisons donc l’hypothèse, puisqu’il faut toujours en faire une, que le « système » n’est pas une pure vue de l’esprit. Mais alors qu’est ce que c’est ? Pour un individu lambda, « c’est l’ensemble des contraintes qui bordent son existence et le frustrent dans ses projets individuels et collectifs », explique Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. Cela permet de ratisser assez large ! Et d’arriver à une définition simple, en paraphrasant Sartre : le système, c’est les autres.

Cela marche aussi pour les candidats à l’élection présidentielle. « Rien n’est de leur faute, c’est normal, car ils savent que les Français sont très mécontents de leurs politiques, explique Christophe Bouillaud. Ils attribuent donc cette situation déplorable à un vaste ensemble de fonctionnements ou d’acteurs, le “système”, dont, par définition même puisqu’ils le critiquent, ils ne font pas partie. » Selon la dernière enquête du Cevipof, 41 % des Français disent que les responsables politiques ne méritent pas le respect, 67 % jugent qu’ils se soucient surtout « des riches et des puissants », 89 % qu’ils ne se préoccupent pas de leur avis. Et 75 % qu’ils sont corrompus. Mieux vaut essayer de se faire passer pour un homme ou une femme « neuf-qui-n’est-pas-issu-du-sérail ».

La ficelle est tout de même un peu grosse. « Le peuple contre les élites ? Cela sera sans doute un des thèmes majeurs de la campagne, estime Jean Garrigues, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Orléans. Il ne faut pas minimiser l’effet du slogan, cela peut marcher car une élection présidentielle a toujours un caractère très subjectif et émotionnel ». Le slogan répond aussi à une demande des électeurs. « Dans tout le monde occidental, on a un rejet populaire d’un mode de gouvernement et d’une manière de penser les élites médiatiques, politiques et intellectuelles, axé sur les bienfaits de la mondialisation, de l’ultralibéralisme, de l’ouverture, de la diversité », explique Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, en charge des questions régaliennes. D’où un vrai désir de la population de renverser la table, de voir des têtes nouvelles.

Complotisme. Mais le discours « antisystème » ne répond qu’en surface à ce désir et ne constitue pas une politique. « Le serpent se mord la queue, estime Maxime Tandonnet. C’est de la communication, et c’est paradoxal : les Français reprochent aux politiques de faire plutôt de la communication que de s’occuper de leurs problèmes… et les politiques font de plus en plus de communication ! » Alors il n’est pas sûr qu’à la fin la stratégie soit payante. « L’efficacité du message est une fonction décroissante de sa propagation », juge Dominique Reynié. Si tout le monde se dit antisystème, alors cela signifie que le système a été déserté. Mais qui donc habite le château ? Qui a les clés ? peut-on légitimement se demander. « Le peuple pourra estimer que ceux qui tirent vraiment les ficelles ne sont pas devant eux et tomber dans le complotisme », craint Dominique Reynié.

Pour tous ceux qui pensent gagner en se présentant comme candidat antisystème, un petit rappel historique s’impose. « En mars 1932, avant son arrivée au pouvoir, Hitler prononce un discours dans lequel il dit vouloir mettre le système au placard, explique l’historien Christian Ingrao, spécialiste de l’histoire du nazisme. Après l’installation du régime, on parlera de “Systemzeit”, du “temps du Système”, un peu à la manière dont on parle en France de l’Ancien Régime après la Révolution. » Si quelqu’un utilisait ce terme aujourd’hui en Allemagne, ajoute-t-il, il serait aussitôt perçu comme utilisant un vocable nazi…

En France, nous en sommes très loin ! « Nous n’avons pas besoin d’anarchistes qui veulent faire sauter le système, s’insurge l’économiste Jean-Marc Daniel. Nous avons besoin de gens qui sachent le faire marcher, le gèrent bien et mettent en place des politiques efficaces ». Etre antisystème ne veut rien dire. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus. Il y a beaucoup de choses à changer, mais entretenir la confusion sur un concept flou, c’est sans doute la meilleure façon de se tromper et de tromper le peuple.

Irène Inchauspé

 

 

LE PARISIEN – 25/01/2017

Au Liban, Macron la joue président

 

Beyrouth (Liban), hier. Emmanuel Macron a rencontré le Premier ministre libanais

Beyrouth, le « candidat des progressistes » a fait son apprentissage de la scène internationale.

Emmanuel Macron attaque ses mezzes avec la satisfaction d’une rencontre fructueuse. Avant de déguster ces mets concoctés par les réfugiées au restaurant coopératif Tawlet de Beyrouth, il a marqué des points chez Saad Hariri. Au Grand Sérail, le Premier ministre libanais a tenu à dire publiquement (et à la surprise de ses équipes) tout le bien qu’il pensait de son visiteur. « Ce qu’il représente, la jeunesse, sa manière de faire de la politique, est très important pour le Liban », a-t-il salué.

Voitures blindées, rencontres avec les plus hautes autorités

Le candidat a su trouver les mots, en lui parlant économie. « Si je suis élu, je proposerai, à partir de la fin de l’été, une nouvelle initiative de la France en faveur du Liban et d’une politique de développement de l’équipement, des infrastructures et de la numérisation », nous confie Macron. Les deux hommes ont échangé leurs numéros de téléphone. L’accueil fut plus retenu au palais de Baabda, chez le président pro-régime syrien, Michel Aoun, où Macron a redit que « Bachar al-Assad a failli ». L’occasion est belle pour le candidat de peaufiner sa stature de présidentiable, loin des turpitudes de la primaire PS, processus qu’il dépeint comme « la dialyse des partis politiques », « la traduction de leur mort clinique ».

Voitures blindées, rencontres avec les plus hautes autorités, dont le patriarche de l’Eglise maronite, qui lui lance en préambule : « Ça va ? Vous êtes en pleine préparation pour la présidentielle ? » Son déplacement n’avait rien à envier à celui d’un chef d’Etat.

Son conseiller diplomatique, et ami de longue date, Aurélien Lechevallier, qui a exercé à Beyrouth, n’a pas ménagé ses efforts. Bariza Khiari, présidente du groupe d’amitié France-Liban au Sénat, a également travaillé à l’élaboration de ce programme chargé. L’ambassade aussi a aidé, notamment pour la sécurité et la bonne connaissance du pays. « Comme pour tout candidat qui fera le déplacement », précise-t-on. Et puis l’attrait des Libanais pour Macron a joué. « Les gens ici suivent de très près nos affaires. Ils ont vu la même chose que les Français », décrypte une source diplomatique. Du côté du gouvernement libanais, on reconnaît : « C’est au cas où il serait président. On attend de voir ce que cela va donner, mais il est respecté. »

Place aux travaux pratiques dans l’après-midi, au centre pour réfugiés Ain el-Remmaneh. « J’ai entendu parler de Calais. Il y avait 6 000 réfugiés. Nous, au Liban, on en a 1,5 million. Alors, cela nous amuse… » interpelle Kamel Mohanna, le fondateur du centre. Macron acquiesce : « Il y a un devoir humanitaire qui nous éloigne de la barbarie. » Mais il ne dit pas si la France doit accueillir plus de demandeurs d’asile, ni combien. Ici, le centre est un incontournable des visites politiques. Un humanitaire observe : « Quand il y a des élections, il y a les discours de candidats. Il faudra prouver tout cela, après. »

Pauline Théveniaud

 

 

LE MONDE – 25/01/2017

Benoît Hamon se prépare à un affrontement dur avec Manuel Valls

L’ancien premier ministre a choisi le revenu universel et la laïcité comme angles d’attaque privilégiés.

Une semaine pour convaincre. Ou plutôt, pour transformer l’essai. Arrivé en tête du premier tour de la primaire à gauche, Benoît Hamon déroule sa stratégie d’entre-deux-tours, persuadé que la dynamique est en sa faveur, alors que les ralliements se sont enchaînés depuis dimanche soir. Le député des Yvelines a prévu de tenir deux meetings avant le vote de dimanche 29 janvier : le premier, jeudi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans une salle pouvant accueillir « entre 4 500 et 5 000 personnes », selon son entourage ; le second, vendredi soir, au Palais des sports Saint-Sauveur à Lille, dans le fief de Martine Aubry qui lui a apporté son soutien lundi.

Mais c’est surtout le débat d’entre-deux-tours, mercredi 25 janvier, que l’ancien ministre de l’éducation nationale prépare attentivement. Un débat où il risque gros. Le favori du scrutin sait que son adversaire Manuel Valls mise tout sur cette confrontation pour tenter de rattraper son retard. Revenu universel, taxation des robots ou encore brigade antidiscrimination : les propositions du député des Yvelines seront passées au crible par l’ancien premier ministre qui va tenter d’imposer sa propre « crédibilité » et sa stature d’homme d’Etat, contre ses propositions jugées « irréalistes », voire « régressives », selon les mots de certains de ses proches.

Interrogé lundi matin sur France Inter, M. Hamon a commencé à répondre aux attaques de M. Valls sur ce point. « Ce genre d’arguments, je le lui laisse. Je n’ai pas dénigré qui que ce soit dans cette campagne. Je ne procède pas par oukases, je suis ravi de débattre avec lui. J’espère qu’il aura un deuxième argument », a-t-il lancé, défendant un projet de « long terme » qui n’a « rien d’utopiste ».

« Un référendum pour ou contre Valls »

Au QG du candidat, au 11e étage de la tour Montparnasse, on fait mine de ne pas redouter le face-à-face à venir. « Benoît connaît par cœur Manuel. Ils se côtoient au PS depuis trente ans, rien ne l’impressionne chez lui », prévient un partisan du Finistérien. « On sait que Valls va tenter de nous attaquer. On va répondre coup pour coup, avec l’intention de faire du second tour un référendum pour ou contre Valls à gauche », prévient-on dans l’équipe Hamon.

Les trois premiers débats avant le premier tour ont servi de terrain d’entraînement pour l’ancien ministre de l’éducation. Particulièrement le dernier, où il avait affronté un tir de barrage général de la part de ses rivaux. Selon son directeur de campagne, le député Mathieu Hanotin, M. Hamon a alors démontré ses facultés de résistance. « Benoît a ainsi pu montrer qu’il avait tenu le mur. Il a gagné en crédibilité dans ces affrontements », notamment autour du revenu universel, qui fut ce soir-là la cible coordonnée de Manuel Valls, de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg.

Un autre thème devrait être particulièrement mis en avant par l’ancien premier ministre d’ici au second tour : celui du rapport des deux hommes à la laïcité. Derrière ce terme général, le camp Valls entend surtout attaquer M. Hamon sur ses positions par rapport à l’islam radical, mais aussi plus largement à l’immigration et aux banlieues.

« Pas de compromis avec des communautarismes »

  1. Valls estime que son concurrent est « ambigu » dans sa défense des principes républicains face à l’islamisme politique. Les proches du député de l’Essonne accusent M. Hamon, élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, de ne pas être assez ferme avec les communautarismes. Sur France Info mardi matin, M. Valls a évoqué des « risques d’accommodements » chez son concurrent, précisant qu’« il ne peut y avoir le moindre compromis avec des communautarismes ». Pour le camp Valls, si le candidat Hamon propose la légalisation du cannabis ou la reconnaissance de l’Etat de Palestine, c’est précisément pour s’attirer le vote des cités.

« Il faut bien sûr lutter contre l’islam radical, mais arrêtons de faire de l’islam un problème de la République », a réagi M. Hamon, lundi, se félicitant d’avoir réussi jusqu’à présent à orienter, par ses propositions, les débats de la primaire sur les thèmes économiques et sociaux plutôt que sur les thèmes identitaires. « Sur la question laïque, Benoît Hamon se revendique en héritier d’Aristide Briand qui veut apaiser plutôt qu’exciter les tensions », explique son porte-parole, le député Régis Juanico. Soit l’application stricte des principes de la loi de 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, sans recourir à l’inscription dans la Constitution d’une « charte de la laïcité », comme le propose M. Valls.

L’autre chantier de la semaine pour M. Hamon est de démontrer ses capacités à rassembler à gauche. Sur ce point, le discours des hamonistes est simple : on ouvre grand les bras à tous les ralliements possibles avant le second tour. « Aucun sectarisme, aucun ostracisme, on accueille tous ceux qui veulent. Notre objectif c’est de rassembler. Nous, on est zen, pas comme d’autres », sourit M. Juanico.

Après les ralliements de M. Montebourg et de Mme Aubry et de leurs proches, l’ancien ministre espère obtenir d’ici au 29 janvier un autre soutien de poids à gauche, celui de Christiane Taubira. Il lui a téléphoné dès lundi matin, mais rien n’a fuité pour l’instant des intentions de l’ancienne garde des sceaux. « On ne sait pas si Christiane va prendre position, mais si c’est le cas, on serait vraiment très étonné qu’elle soutienne Valls plutôt que Benoît », explique un proche du député.

Solenn de Royer, Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 25/01/2017

Quatre jours après son investiture, Donald Trump poursuit ses réformes

VIDÉO – Le nouveau président américain a une nouvelle fois légiféré par décrets pour relancer deux projets d’oléoducs bloqués par Obama. D’autres annonces ont été faites, notamment concernant la nomination d’un juge à la Cour suprême.

Quatre jours après son investiture, Donald Trump veut agir vite et le fait savoir. Le président américain, dont le cabinet n’est pas encore formellement constitué, dispose pour l’instant de pouvoirs concrets limités et légifère donc par décret. Tour d’horizon des principales mesures prises par le chef de l’État républicain ce mardi.

  • Deux projets d’oléoducs controversés relancés

Le nouveau président américain a redonné une impulsion à deux projets d’oléoducs très controversés dont la construction avait été bloquée par l’administration Obama au nom notamment de la lutte contre le changement climatique. Au lendemain de l’annonce du retrait de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), le nouveau président continue à traduire certaines de ses promesses de campagne sur le papier.

Il a signé une série de décrets ouvrant la voie à la construction du gigantesque oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux États-Unis, et à celui de la compagnie Energy Transfer Partners dans le Dakota du Nord. Évoquant le projet Keystone XL, il a souligné que l’aboutissement de ce projet était conditionné à une renégociation avec la société canadienne TransCanada. «Nous allons renégocier certains des termes et, s’ils le veulent, nous verrons si cet oléoduc peut être construit», a-t-il déclaré lors de la signature des documents dans le Bureau ovale.

Aux États-Unis, si le camp républicain a salué l’annonce avec enthousiasme, défenseurs de l’environnement et élus démocrates ont dénoncé une initiative malheureuse prise au mépris des enjeux climatiques. «Aujourd’hui, le président Trump a ignoré les voix de millions d’Américains et donné la priorité aux profits à court terme de l’industrie des énergies fossiles par rapport à l’avenir de notre planète», a déploré le sénateur Bernie Sanders, ancien rival d’Hillary Clinton lors de la primaire.

  • La tension monte avec la Chine

La tension a encore augmenté d’un cran entre l’administration du président américain Donald Trump et Pékin sur le sujet explosif des conflits territoriaux en mer de Chine méridionale. Rompant avec la prudence de Barack Obama sur ce dossier, l’équipe de son successeur n’hésite pas à multiplier les menaces à l’encontre de la Chine, au risque de provoquer une dangereuse escalade entre deux grandes puissances nucléaires.

Les dernières déclarations musclées de la Maison-Blanche ont d’autant plus irrité les autorités chinoises qu’elles ont cette fois été prononcées juste après l’intronisation du milliardaire américain, vendredi dernier, ce qui leur donne plus de poids. Le géant asiatique revendique la quasi-totalité de cette zone maritime stratégique proche de ses côtes. Il contrôle et agrandit des îlots pour y construire des installations portuaires ou des infrastructures militaires ; mais les Philippines, le Vietnam, le Brunei et la Malaisie lui disputent la souveraineté de certains territoires. «Si ces îles sont dans les eaux internationales et ne font pas à proprement parler partie de la Chine, nous ferons en sorte que les territoires internationaux ne soient pas contrôlés par un seul pays», a averti lundi Sean Spicer, le nouveau porte-parole de la Maison-Blanche, précisant que les États-Unis allaient «protéger leurs intérêts» dans la région. Début janvier, celui qui devrait être adoubé par le Sénat américain comme secrétaire d’État, Rex Tillerson, l’ex-PDG du groupe pétrolier ExxonMobil, avait martelé que l’accès de Pékin à ces îlots ne serait «plus permis».

Face à ce nouvel avertissement, les autorités chinoises se sont montrées inflexibles, affirmant mardi que la souveraineté de la Chine dans cette région était «indiscutable» et se disant, dans un écho aux propos américains, résolues à défendre leurs «droits et intérêts».

  • Trump annoncera le choix de son candidat à la Cour suprême la semaine prochaine

Par ailleurs, Donald Trump a déclaré mardi qu’il annoncerait «la semaine prochaine» le nom de son candidat pour occuper le neuvième siège de magistrat à la Cour suprême, une décision cruciale pour le sort de grands dossiers comme l’avortement. La plus haute instance judiciaire des États-Unis est menacée de blocage depuis le décès en février 2016 du juge conservateur Antonin Scalia car elle ne fonctionne qu’avec huit magistrats au lieu de neuf: quatre juges conservateurs et quatre progressistes.

Le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, avait proposé le magistrat Merrick Garland dès mars dernier pour le neuvième siège mais le Sénat, dominé par les républicains, a refusé de l’adouber. «Je prendrai ma décision cette semaine, nous l’annoncerons la semaine prochaine, nous avons des candidats exceptionnels et nous choisirons un juge de la Cour suprême vraiment extraordinaire», a déclaré Donald Trump devant la presse dans le Bureau ovale. Le nouveau président américain a récemment indiqué qu’il disposait d’une liste de 20 candidats possibles.

Peu après sa victoire le 8 novembre, le chef de l’État avait déclaré qu’il comptait nommer un juge, ou des juges en cas de décès d’un autre magistrat, anti-avortement et favorable au port d’armes à feu.

  • Le patron du FBI va être maintenu à son poste

Donald Trump entend également maintenir à son poste le directeur du FBI James Comey. Le patron de la police judiciaire fédérale américaine, inscrit comme républicain, avait provoqué la fureur du camp démocrate en annonçant onze jours avant l’élection présidentielle du 8 novembre la réouverture d’une enquête sur l’affaire de l’utilisation par Hillary Clinton d’une messagerie privée lorsqu’elle était secrétaire d’État.

Le FBI avait refermé le dossier deux jours avant le scrutin, affirmant que ces nouvelles investigations n’avaient rien changé à sa recommandation, formulée une première fois en juillet, de ne pas engager de poursuites contre Hillary Clinton. Mais entre-temps, la candidate démocrate avait nettement fléchi dans les sondages. Après l’élection, Hillary Clinton a présenté cette initiative de James Comey comme une des raisons de sa défaite à la présidentielle. Le patron du FBI s’était parallèlement mis Trump à dos en déclarant que ces investigations ne justifiaient pas d’ouvrir des poursuites judiciaires à l’encontre de la candidate démocrate.

Mais il a été reçu chaleureusement par le nouveau président des États-Unis lors d’une réception donnée dimanche à la Maison-Blanche. Trump n’a toutefois pas confirmé sa décision de le maintenir à son poste lorsqu’un journaliste l’a interrogé à ce sujet mardi dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche lors d’un tour ouvert à la presse. Le FBI, que Comey dirige depuis 2013, poursuit actuellement une enquête sur d’éventuels liens entre des membres de l’entourage de Donald Trump et le gouvernement russe.

  • Trump invité à prendre la parole devant le Congrès

Le président de la Chambre des représentants américaine, Paul Ryan, a annoncé mardi avoir invité le président républicain Donald Trump à s’exprimer devant le Congrès le 28 février. L’invitation est traditionnelle pour les nouveaux présidents depuis Ronald Reagan en 1981. Donald Trump prononcera ce discours devant tous les élus de la Chambre et du Sénat.

Ce discours de début d’année pourrait prendre les allures d’un discours sur l’état de l’Union, l’allocution solennelle prononcée chaque année par les présidents américains au Congrès et servant à décliner les priorités de l’administration.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/24/01003-20170124ARTFIG00326-quatre-jours-apres-son-investiture-donald-trump-poursuit-ses-reformes.php

 

Yohan Blavignat

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du 24 janvier 2017

2017-03-02T07:05:18+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 24/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 24/01/2017

Pollution : la circulation différenciée reconduite mardi et mercredi en Ile-de-France

Les Franciliens vont avoir deux nouvelles occasions de comprendre le système de la circulation «différenciée» : le dispositif, qui prend la suite de la circulation «alternée», a été reconduit lundi après-midi pour 48 heures, a annoncé la préfecture de police, en raison du pic de pollution.

Concrètement, cela signifie que les voitures les plus polluantes ne pourront pas circuler à Paris et en petite couronne mardi et mercredi, entre 5h30 et minuit. Une décision du préfet de police de Paris qui s’appuie sur la classification des vignettes Crit’Air, mise en place dimanche dernier dans la capitale.

Qui est interdit de rouler ? Les véhicules non classés ou équipés de vignettes de catégorie 5 n’ont pas le droit de prendre la route. Les véhicules non classés, donc sans vignette, sont les voitures immatriculées avant le 31 décembre 1996, les deux roues avant le 31 mai 2000 et les utilitaires avant le 30 septembre 1997. Les véhicules affichant la vignette niveau 5 sont les voitures diesel immatriculées avant le 31 décembre 2000.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait demandé lundi après-midi à la préfecture d’étendre les restrictions de circulation aux vignettes de catégorie 4, mais elle n’a pas obtenu gain de cause.

Que risquez-vous si vous êtes en infraction ?

Si vous êtes contrôlé au volant ou au guidon d’un véhicule n’ayant pas le droit de rouler, vous écoperez d’une amende de 22 € et l’immobilisation du véhicule pourra être décidée.

Si, en revanche vous avez le droit de rouler mais n’avez pas affiché sur votre pare-brise ou même pas encore commandé votre vignette 1, 2, 3, 4 ou « Electrique », vous ne devriez pas être verbalisé pour l’instant, votre carte grise faisant foi. La préfecture estime à entre 20 et 25% le nombre de conducteurs concernés ayant déjà commandé leur vignette.

Comment se doter de la vignette ?

Les vignettes Crit’Air sont à acheter et commander sur le site www.certificat-air.gouv.fr. Un document imprimable certifiant que vous l’avez bien commandée vous sera fourni en attendant réception de la vignette à apposer sur le pare-brise.

Pour en savoir plus + vidéo : http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/paris-la-circulation-differenciee-reconduite-mardi-23-01-2017-6608367.php

 

LE FIGARO – 24/01/2017

La Mairie de Paris lance un plan piéton

«Zones de rencontre», disparition de places de stationnement, liaison piétonne entre les bois de Vincennes et de Boulogne… Anne Hidalgo veut «favoriser la marche» au détriment de la voiture.

Certains vont y voir une nouvelle déclinaison du plan antivoiture lancé par Anne Hidalgo dans la capitale. Lundi prochain, le Conseil de Paris se penchera, en effet, sur le nouveau plan piéton, un saupoudrage de mesures d’aménagements qui vise à donner plus de la place au marcheur, premier usager des rues parisiennes. «60% des déplacements se font à pied», indique Christophe Najdovski, l’adjoint aux transports, en opposant ces données à celles qui pointent la place dévorante des conducteurs dans la ville. «13% seulement des déplacements se font en voiture et pourtant celle-ci occupe 50% de l’espace public», dit-il avec la ferme volonté de réduire l’usage de l’automobile et d’augmenter les lieux de marche.

Divers aménagements déjà existants vont donc être démultipliés à l’instar des zones de rencontre, ces endroits où la priorité est donnée aux circulations douces avec une vitesse limitée à 20 km/h pour le trafic routier. Des projets visent diverses rues comme la rue des Petits-Champs à cheval entre le Ier et le IIe arrondissement. Mais leur réalisation se fera avec une attention particulière car celles qui existent déjà livrent des résultats variables, reconnaît l’adjoint aux transports. Ainsi celles qui ont conservé des places de stationnement ne sont guère toujours perçues comme des axes où la voiture doit faire en quelque sorte «profil bas» en laissant le piéton déambuler au milieu de la rue.

«Des rues aux enfants»

Dans le cadre de ce plan mis en application progressivement jusqu’en 2020, il est d’ailleurs question de faire disparaître de nouvelles places de stationnement, dont les emplacements auront un nouvel usage. Ils accueilleront des bancs publics ou encore des «contre-terrasses». Au lieu d’étendre parfois abusivement leurs tables sur le trottoir, les restaurants et cafés pourront accueillir leur clientèle en lieu et place de la voiture. «Comme cela se fait à Lyon», signale Christophe Najdovski.

Parmi d’autres projets, il est question aussi de relier les parcs parisiens entre eux mais aussi de faire une liaison piétonne sans discontinuer entre le bois de Vincennes à l’est et le bois de Boulogne à l’ouest en aménageant les rues repérées comme des maillons manquants. «Des rues aux enfants» vont également davantage voir le jour. Sur le modèle de la rue Bignon dans le XIIe arrondissement, il sera question de fermer temporairement la voirie aux automobilistes et d’offrir aux enfants cet espace protégé par des barrières.

Tous ces projets, qui s’articulent autour d’une même volonté de remettre le piéton au cœur de la ville, se font autour d’aménagements plus lourds comme les liftings déjà démarrés des sept grandes places parisiennes. L’interdiction aux voitures de certains secteurs des IIIe et IVe arrondissements figure aussi parmi les changements significatifs. D’un coût de 90 millions d’euros, ce plan qui donnera lieu par la suite à des concertations dans les quartiers concernés rejoint le programme plus vaste de la maire de Paris destiné à mettre au pas la voiture.

Bien que cette politique soit contestée par nombre d’usagers, divers objectifs sont déjà fixés. Ainsi et d’ici à 2020, tout Paris sera soumis au 30 km/h, exception faite des grands axes, soit 10 à 15 % de la voirie. Mais pour Christophe Najdovski, il n’est pas question «d’être contre la voiture» mais pour la santé de la population… et donc pour la marche.

Angélique Négroni

 

 

LE PARISIEN – 24/01/2017

La Métropole du Grand Paris prévoit 4 M€ pour développer Vélib’ en banlieue

 

Paris, ce lundi soir. Patrick Ollier, président (LR) de la Métropole du Grand Paris, a annoncé un investissement de 10 000 € pour chaque station de Vélib’

construite sur le territoire métropolitain.

« Maintenant, nous sommes là. Nous occupons le terrain et nous avançons ». Un an après, où en est la Métropole du Grand Paris ? Patrick Ollier, son président (LR) présentait ce lundi soir les vœux de cette nouvelle instance. Devant un parterre de maires et notamment celle de Paris, Anne Hidalgo, le député-maire, « déterminé et décontracté », a égrené les projets qui rythmeront l’année.

Souvent critiquée pour son manque de visibilité, la métropole du Grand Paris compte faire son entrée dans la vie des métropolitains. Avec du concret, en s’emparant du Vélib’. « C’est normal, la métropole agrandit l’horizon. Il y a un vrai marché, soutient Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris. Nous travaillons en bonne entente. La métropole va faire partie de la gouvernance ».

Si l’accord est sur le point d’être finalisé, une enveloppe de 4 M€, maximum, est d’ores et déjà prévue par la Métropole pour « hisser le vélo en libre-service à l’échelle métropole ». Dans le détail, la Métropole aidera les communes qui souhaitent installer des bornes Vélib’ sur leur territoire à hauteur de 10 000 € par station. Le nouveau prestataire, qui sera désigné au printemps, devrait installer 30 % de vélos à assistance électrique. Les premières stations verront le jour à la mi-2017.

Objectif : faire vivre la Métropole

Autre chantier : le guichet unique. En lien avec la région Ile-de-France et la ville de Paris, des délégués seront réquisitionnés pour accueillir les entreprises qui souhaitent venir s’installer sur le territoire métropolitain après le Brexit. « Tout sera fait pour les guider et les accompagner » a assuré Patrick Ollier. Le passe Musées métropolitain, qui doit permettre d’accéder à tarif préférentiel à des musées sur tout le territoire, sera également mis en place dans le courant de l’année.

Autant de projets qui n’ont en réalité qu’un seul objectif : faire vivre la Métropole, dont François Fillon, par exemple, candidat des Républicains à l’élection présidentielle a évoqué la suppression. « Certains s’inquiètent et s’interrogent sur son existence, avoue Patrick Ollier. Mais nous allons construire la Métropole de sorte que personne ne pense à la supprimer. A l’avant pour le combat ! ».

Victor Tassel

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 20/01/2017

Le chômage va fortement baisser en 2016, une première depuis… 2007

Tous les experts s’attendent à une quatrième baisse d’affilée du nombre d’inscrits en catégorie A à la fin décembre, un «quatre à la suite» qui devrait porter à près de 150.000 le reflux sur l’année. Même si la tendance est clairement à l’inversion de la courbe, les fondamentaux depuis 2012 restent toutefois négatifs.

En toute logique et sauf énorme surprise, Myriam El Khomri ne devrait pas avoir, à 18h, à remiser son légendaire sourire. Au contraire. Pour la première fois depuis 2007, le nombre d’inscrits en catégorie A va baisser en France entière sur l’ensemble de l’année 2016. Donc le chômage au sens de Pôle emploi, et pas qu’un peu! Depuis le mois de janvier, l’inflexion était -à fin novembre- plus que significative et démontre que la courbe, si chère à François Hollande, a bel et bien fini par s’inverser: -137.200 chômeurs en France entière en catégorie A sur les 11 premiers mois de l’année, dont les 3 derniers orientés dans le bon sens, une première consécutivement depuis février 2008. «La France n’avait pas connu depuis 2001 une baisse aussi forte sur trois mois, s’était même félicité fin décembre Bernard Cazeneuve, le premier ministre, après la publication des chiffres de novembre. Ces résultats confirment que l’engagement du gouvernement pour l’emploi porte ses fruits».

Et il y a fort à parier -en incluant la possible baisse du mois de décembre qui sera confirmée, ou pas, à 18 heures- que le compteur devrait s’affoler un peu, pour dépasser peut-être peu ou prou la barre symbolique des 150.000 inscrits en moins sur l’ensemble de l’année. Une 4è baisse en 4 mois donc (à laquelle la ministre du Travail, par un pessimisme qui ne lui ressemble pas ou pour se préparer mentalement au pire, ne croit pas vraiment), la 8è de l’année, la 10è depuis la nomination début septembre 2015 de Myriam El Khomri au ministère du Travail, la 12è en 18 mois et la 16è depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République en mai 2012. Ou pas. «Cette baisse du nombre de demandeurs d’emploi, qui s’inscrit désormais dans la durée, résulte notamment de la solide reprise des créations d’emploi salarié: près de 237.000 ont été enregistrées dans le secteur marchand au cours des 18 derniers mois consécutifs de hausse», avait justifié Myriam El Khomri il y a un mois, après le bon résultat des statistiques de fin novembre.

La perspective est, il faut bien l’avouer, positive même si elle arrive bien tardivement dans le quinquennat. Depuis 2007, dernière année où la France a vu son nombre de chômeurs baisser (de 259.400 précisément) au sens de Pôle emploi en catégorie A, le surplus d’inscrits est en effet hallucinant: +1.662.800 jusqu’à la fin 2015! Soit un bond de 76% par rapport au plus bas recensé huit ans plus tôt pour une Saint Sylvestre ou la population de deux villes comme… Marseille. La tendance était toutefois globalement à la baisse depuis l’élection de François Hollande, en passant de +299.600 en 2012 à +88.900 en 2015, mais il aura fallu attendre la dernière année pleine de son mandat pour que l’inversion se produise bel et bien.

Il faut dire que le gouvernement a mis le paquet pour parvenir à ce résultat: rallonge de 150.000 contrats aidés fin 2016, plan 500.000 de formation des chômeurs, aide à l’embauche dans les PME, montée en puissance de la garantie jeunes, développement du service civique… toute la politique a été orientée depuis des mois pour afficher une baisse, effective et durable, du chômage qui aurait dû permettre à François Hollande de se représenter à la présidentielle de 2017. «Ces reprises d’emploi sont également stimulées par les formations dont bénéficient notamment les demandeurs d’emploi dans le cadre du Plan 500.000 formations supplémentaires et qui leur permettent d’acquérir des compétences adaptées aux besoins des entreprises, avait précisé Myriam El Khomri le mois dernier. En novembre, 14.100 demandeurs d’emploi supplémentaires sont ainsi inscrits en catégorie D». Des bons résultats qui ne sont toutefois pas du uniquement au plan de formation lancé par François Hollande en 2016 (si les entrées en stage explosent, les sorties aussi et le solde n’a que peu d’impact sur les données agrégées) et encore moins à des radiations qui ne sont pas plus élevées ou plus basses que d’habitude. La baisse du chômage enregistrée n’est donc pas liée à des manipulations statistiques en tout genre. Elle est réelle.

Reste que le bilan depuis le début du quinquennat, 4è baisse ou pas en décembre 2016, est bien pauvre. Le nombre d’inscrits en catégorie A a bondi, au dernier pointage, de 574.300 en 55 mois, entre les mois de mai 2012 et novembre 2016. Et ce alors que le président de la République avait, dès septembre 2012, promis la fameuse inversion de la courbe pour la rentrée 2013 et au plus tard pour le 31 décembre de la même année. En vain. Si le nombre de jeunes de moins de 25 ans inscrits en catégorie A a bien reflué à fin novembre de 21.200 en France entière depuis mai 2012, celui des seniors pointant à Pôle emploi a, quant à lui, explosé. De 305.900 précisément, ce qui représente une hausse de 51% en 55 mois, donc 9400 sur les 11 premiers mois de 2016…

Pis, le nombre de chômeurs de longue durée inscrits depuis plus d’un an dans les catégories A, B et C a quant à lui bondi de 777.400 en 55 mois, soit une hausse de près de 43% sur la période, pour frôler désormais les 2,6 millions de personnes. Seule note d’espoir: cette catégorie de chômeurs, la plus éloignée du marché du travail et donc la plus difficilement réinsérable, a connu en 2016 sa première inflexion de tendance depuis 2008. Sur les 11 premiers mois de 2016, le nombre de chômeurs de longue durée a en effet reculé 6 fois pour porter à 55.800 le reflux sur l’année. Avant mars, cet indicateur n’avait en effet diminué qu’une seule fois -et encore très timidement (-1500)-, en août 2013, le mois du bug SFR, en… 8 ans.

Marc Landré

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Six jeunes sur dix se disent prêts à créer leur entreprise

Selon un sondage OpinionWay réalisé pour le Salon des entrepreneurs, de plus en plus de jeunes veulent créer leur entreprise…
… Mais ils redoutent les difficultés financières.

L’idée d’entreprendre s’enracine encore un peu plus chez les jeunes. Selon le baromètre OpinionWay réalisé pour l’Union des autoentrepreneurs et la Fondation Le Roch Les Mousquetaires à l’occasion du Salon des entrepreneurs, qui se tiendra les 1er et 2 février à Paris, 60 % des 1.006 personnes de 18 à 29 ans interrogées se disent prêtes à créer une entreprise ou à en reprendre une. Un chiffre qui confirme une tendance déjà à l’oeuvre depuis quelques années.

Cet engouement pour la création d’entreprise doit cependant être nuancé. Selon ce sondage, le travail en CDI reste l’objectif majeur à atteindre pour 73 % des jeunes. Pourquoi ? Parce qu’il assure la sécurité de l’emploi et la régularité du revenu (70 %), parce qu’il donne des droits en matière de congés (49 %) et parce qu’il assure une bonne couverture sociale (49 %).

Ces résultats sont révélateurs des envies paradoxales qui traversent la jeunesse. S’ils sont tentés par le fait d’être leur propre patron (pour 40 % d’entre eux, c’est le principal avantage lorsqu’on travaille à son compte), 52 % des jeunes sont rebutés par les risques financiers et 46 % vivent mal l’idée de ne pas savoir combien ils vont gagner exactement à la fin du mois.

Interrogés sur les mesures à prendre pour favoriser l’épanouissement des jeunes au travail, ceux-ci répondent par le développement du co-working et du télétravail (85 %), mais aussi par une meilleure équité des droits sociaux entre travailleurs indépendants et salariés (83 %). Une aspiration bien identifiée par certains candidats à la présidentielle. Emmanuel Macron propose ainsi de créer une indemnité chômage pour les indépendants en rupture d’activité en fusionnant le Régime social des indépendants (RSI) avec le régime général. Benoît Hamon suggère, lui, un statut social unique de l’actif en améliorant la protection retraite complémentaire et accidents du travail pour les indépendants. François Fillon propose de son côté de développer l’autoentrepreneuriat, de réformer le RSI, de créer un statut du travailleur indépendant avec des contrats de trois ans non requalifiables et une caisse d’assurance-chômage spécifique.

« Enclencher une convergence des protections »

Pour François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs, « il est urgent de donner aux entrepreneurs de nouvelles protections et de sortir de la discrimination entre salariés et travailleurs indépendants sur laquelle repose notre modèle de protection sociale en enclenchant une véritable convergence des protections. Cela passe par […] une allocation perte subite d’activité qui serait financée conjointement avec les donneurs d’ordre ». De quoi atténuer l’incertitude financière à laquelle doivent faire face les entrepreneurs, en particulier en début d’activité.

Car si les jeunes sont indéniablement tentés par l’aventure entrepreneuriale, 45 % cherchent avant tout dans le travail « un bon niveau de rémunération ». Et un quart d’entre eux rêvent toujours d’être embauchés par « une grande entreprise française ou internationale ».

Marie Bellan

 

 

LE FIGARO – 24/01/2017

Le fisc va multiplier les contrôles des comptes des entreprises sans se déplacer

Cette nouvelle procédure, «l’examen de comptabilité», se fera à distance. Pour Bercy, il n’y aura que des gagnants.

Plus simple, mais plus fréquent. Voilà la nouvelle donne en matière de contrôles fiscaux à laquelle doivent s’adapter les entreprises depuis le début du mois. En effet, le budget rectificatif de 2016 a créé un nouveau type de contrôle fiscal, intitulé «l’examen de comptabilité». Ce dispositif permet au vérificateur de contrôler les comptes d’une société… depuis son bureau sans avoir à se déplacer. Toutes les entreprises sont concernées, de la TPE au CAC 40. «De manière assez inattendue, cette révolution du contrôle fiscal est passée complètement inaperçue, sauf pour les experts de la fiscalité», notent Alban Clot et Cyrille de Gastines, fondateurs du logiciel d’analyse comptable Supervizor.

Ce contrôle à distance est présenté par le ministère des Finances comme une «modernisation» ne faisant que des gagnants. Entreprises contrôlées et vérificateurs, tous devraient effectivement économiser du temps et de l’argent. «Cela permettra d’analyser rapidement les informations les plus pertinentes, sans intrusion excessive pour l’entreprise», résume Bercy dans la présentation de la mesure.

L’entreprise doit pour cela fournir sa comptabilité sous forme de fichier informatique. Une formalité, car elle doit justement, lors d’un contrôle fiscal sur place, présenter un «fichier des écritures comptables» où figure l’ensemble de sa comptabilité. Seule différence, la société doit désormais être capable de produire et d’envoyer ce document à la demande de l’administration, dans un délai de 15 jours. Cette dernière a alors six mois pour analyser les chiffres, poser des questions en cas d’incohérences… «Si le vérificateur décèle des irrégularités, il proposera les rectifications, explique Pascal Seguin, avocat associé chez Taj. S’il ne décèle aucune erreur, la société recevra un avis d’absence de rectification et ne pourra plus être contrôlée sur la période considérée.»

Bercy investit 10 millions d’euros dans le big data

Corollaire de cette simplification: le fisc pourra réaliser davantage de contrôles. C’est même un objectif affiché. «Le gouvernement a expressément indiqué que l’objectif recherché était d’augmenter le nombre de contrôles grâce au gain de temps que procurera cette nouvelle procédure», relève la députée PS Valérie Rabault dans son rapport annexé à la loi de finances rectificative pour 2016. Aujourd’hui, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) mène quelque 45.000 contrôles par an pour plus de trois millions d’entreprises françaises. «Le problème, ce n’est pas que le nombre de contrôle augmente: tant mieux si l’administration travaille mieux et plus vite!», précise le Medef. Le souci, ce sont les modalités du contrôle à distance. Plus loin de la réalité de la société, le contrôleur pourrait d’autant moins accepter les explications du chef d’entreprise en cas d’irrégularités.

Toujours est-il que l’examen de comptabilité est un premier pas vers un nouveau paradigme. «Nous sommes dans une application mesurée du big data, estime Pascal Seguin. Mais la tendance à l’échange et à l’analyse automatique de données, aussi bien chez nous que chez nos voisins, est très nette.» Certains anticipent que les entreprises pourraient envoyer systématiquement leurs données comptables avec leur déclaration d’impôt.

Mais encore faut-il que l’administration fiscale puisse exploiter automatiquement cette masse d’information. «Je suis assez déçu des résultats des expériences que nous avons conduites sur le data mining, qui consiste à fouiller les données pour déceler les anomalies et améliorer l’efficacité des contrôles», a lâché Christian Eckert lors des débats sur la loi de finances 2017 à l’automne. En un mot, Bercy doit encore affiner ses techniques. Et le ministre de préciser que la DGFiP a encore investi 10 millions d’euros en 2016 dans ce domaine…

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 24/01/2017

VTC: le conflit se crispe autour de la rémunération

Le revenu moyen de 1 700 euros net par mois semble correct, s’il était assorti d’une vraie protection sociale.

Être médiateur dans un conflit du secteur des VTC n’est pas chose aisée. Jacques Rapoport, ancien patron de SNCF Réseau, en fait actuellement la difficile expérience. L’homme a été nommé médiateur dans ce conflit entre les chauffeurs et les plateformes qui les mettent en relation avec les clients, avec Uber en tête de gondole, le 19 décembre par Alain Vidalies, secrétaire d’État aux Transports.

Cette semaine, les relations se sont singulièrement tendues entre le médiateur et les représentants des chauffeurs. En cause: leur rémunération. C’est leur principale revendication depuis le début du conflit. Leurs associations accusent Uber, leader incontesté du marché, de ne pas leur permettre de vivre décemment. Ils pointent notamment une rémunération nette de 3 à 4 euros de l’heure, largement insuffisante.

Sauf que le médiateur, après avoir reçu les organisations de chauffeurs mais aussi les plateformes, qui lui ont ouvert leur base de données, ce qui n’avait jamais été fait, est parvenu à un autre résultat. S’il reconnaît que la fourchette peut être très large, le médiateur souligne que «le revenu mensuel net d’un professionnel est autour de 1700 euros».

Pour parvenir à ce chiffre, Jacques Rapoport a fait des choix tranchés. Il se fonde d’abord sur 60 heures de travail hebdomadaire, ce qui est beaucoup mais correspond à ce qui est souvent pratiqué dans ce métier. Ensuite, il prend en compte un chauffeur qui sait choisir les bons horaires et les bonnes zones, ce qui lui permet d’atteindre le haut de la fourchette de rémunération brute (autour de 23 euros de l’heure). Enfin, tous les autres frais relatifs à la voiture utilisée (location ou prêt, assurance, carburant), mais également à la comptabilité ou la couverture sociale des indépendants (RSI) sont pris en compte.

Réactions hostiles

Remettant en cause l’argumentaire traditionnel des représentants des chauffeurs, Jacques Rapoport n’a pas hésité à adresser «trois cartons rouges» à ceux qui ont «jugé pertinent de médiatiser les choses». Il juge ainsi erroné d’affirmer que «les chauffeurs travaillent à perte» ou qu’il faut «travailler 60 heures hebdomadaires» pour obtenir «1200 euros par mois de revenu» net.

Cette prise de position n’a pas été du goût des chauffeurs, qui ont accusé le médiateur de prendre parti pour Uber. Jacques Rapoport s’est d’ailleurs senti obligé d’intervenir une nouvelle fois, sur son site Internet, pour affirmer que «lorsqu’on met en évidence que seule une partie, probablement minoritaire des chauffeurs, peut atteindre ou dépasser le smic sans congés payés ni protection contre les arrêts de travail, on décrit une situation qui ne doit pas durer».

En insistant sur le problème de la protection sociale, le médiateur esquisse peut-être une solution possible pour sortir de ce conflit d’une manière positive. Ce point de la protection sociale constituera le sujet des réunions de cette semaine.

Tous les acteurs sont d’accord sur le besoin d’améliorer la situation. Là encore, le point d’achoppement risque de porter sur le financement de cette protection sociale complémentaire. Si Uber semble d’accord pour y contribuer, il ne souhaite pas le faire seul.

Il faut désormais aller vite. La mission fixée par Alain Vidalies à Jacques Rapoport se termine le 31 janvier. Le médiateur espère pouvoir faire des propositions aux différentes parties prenantes avant cette date, afin qu’elles donnent leur avis. Il pourra alors les présenter au ministre, qui devra ne pas traîner s’il souhaite les traduire en mesures concrètes avant que les échéances électorales ne remettent les compteurs à zéro.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Action Logement passe… à l’action

 

L’organisme prévoit d’acquérir 100.000 logements intermédiaires d’ici à cinq ans et au moins 15.000 dès 2017.

L’ex-1 % logement va mettre en vente 1 % de son parc social afin de financer de nouvelles constructions.

Action Logement commence l’année en fanfare. Son président, Jacques Chanut – par ailleurs président de la Fédération française du bâtiment -, doit dévoiler ce mardi, lors de ses voeux, plusieurs nouveautés qui pourraient rendre le rôle de cet organisme et son existence même enfin lisibles aux yeux du grand public. « Nous défendons un cercle vertueux », explique-t-il aux « Echos ». De fait, les entreprises cotisent à hauteur de 0,45 % de leur masse salariale, apportant ainsi à Action Logement des fonds pour construire des logements mis à la disposition des salariés de ces entreprises et gérés par l’organisme. Une fois ce parc immobilier amorti, il est transféré aux caisses de retraite, qui récupèrent ainsi du patrimoine bâti et les revenus des loyers.

« Les fonds versés par les entreprises retournent aux salariés, la boucle est bouclée », souligne Jacques Chanut. Problème, ce fonctionnement prétendument vertueux d’un système en place depuis 2003 n’a encore jamais été mis en oeuvre. Il fallait en effet d’abord rembourser les emprunts souscrits par Action Logement pour construire, via sa filiale, l’association Foncière Logement. C’est chose faite. Les caisses de retraite récupéreront donc, dès cette année, la pleine propriété de 30.000 premiers lots, bâtis au sein des périmètres de rénovation urbaine. « A l’avenir, nous leur transférerons immédiatement la nue-propriété de tous les logements que nous construirons ou achèterons, puis l’usufruit – donc les loyers – au bout de quinze ans. L’utilité sociale reste la même, seul change le portage », poursuit Jacques Chanut. Une campagne d’affichage et de sensibilisation des entreprises va porter ce message.

Objectifs ambitieux

Les objectifs sont ambitieux. L’organisme prévoit d’acquérir 100.000 logements intermédiaires d’ici à cinq ans et au moins 15.000 dès 2017, « uniquement là où il y en a besoin, dans les zones tendues. Nous devons accompagner la reprise de la production, avant que les prix soient trop élevés, nous achèterons des immeubles entiers, ce qui nous permettra de les négocier », précise Jacques Chanut. Ce nouveau parc devrait être financé par la vente, à leurs locataires, de 50.000 de ces logements ni sociaux ni privés, que possède le groupe, pour une recette de quelque 10 milliards d’euros.

Le deuxième chantier paraît encore plus audacieux : Action Logement va mettre en vente 1 % de son parc social, afin de financer la construction de logements, toujours sociaux, mais plus modernes et mieux situés, y compris dans les centres de petites villes via des opérations de démolition-reconstruction. Plusieurs centaines de conventions devraient être signées dans ce sens avec des collectivités où s’exprime un réel besoin. Souvent défendue à droite, conspuée à gauche, la vente de HLM n’est pratiquée que par quelques bailleurs comme I3F. A l’échelle nationale, elle oscille entre 5.000 et 10.000 logements selon les années et n’a jamais atteint les objectifs fixés par diverses lois. Action Logement va en mettre 90.000 d’un coup sur le marché.

Troisième axe, enfin : les activités « non sociales », à savoir les syndics qui gèrent plus de 120.000 biens ainsi que quelques structures de promotion privée, devraient être cédées. « Plutôt que de nous lamenter sur le fait que l’Etat puise régulièrement dans les caisses d’Action Logement et que nous n’avons plus de moyens, nous allons nous les donner nous-mêmes », affirme Jacques Chanut, qui attend de pied ferme les candidats à la présidentielle. Ils pourraient trouver là quelques idées neuves bienvenues pour nourrir leurs programmes.

Les chiffres clefs

3,6 milliards d’euros : Les ressources d’Action Logement, réparties entre la collecte auprès des entreprises, les loyers, les prêts remboursés par les bailleurs sociaux et les particuliers.

18 000 le nombre de salariés de l’organisme paritaire qui gère un parc de plus de 1 million de logements sociaux et intermédiaires.

Catherine Sabbah

 

 

LA TRIBUNE – 24/01/2017

Une entreprise française sur deux vulnérable aux cyberattaques

 

La demande de rançon (ransomware) reste l’attaque la plus subie par les entreprises

 

52% des responsables sécurité des systèmes d’information d’entreprises françaises se disent confiant dans la capacité de leur entreprise à faire face aux cyberrisques. 46% d’entre eux ont constaté une hausse de cyberattaques en 2016.

Qui mieux que les responsables sécurité des systèmes d’information du CESIN (Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique), qui réunit en grande partie les groupes du CAC 40, peuvent évoquer de façon aussi réaliste la menace cyber, une menace quotidienne… C’est bien pour cela que le nouveau baromètre du CESIN publié mardi à l’occasion de l’inauguration à Lille du Forum international de la cybersécurité (FIC), offre un panorama très intéressant sur la façon dont les entreprises tentent de se protéger contre cette menace très prégnante.

Au final, le tableau reste assez sombre. Car seuls 52% des responsables sécurité des systèmes d’information (RSSI) se disent confiant dans la capacité de leur entreprise à faire face aux cyberrisques (en hausse de cinq points par rapport à 2015). Pour assurer leur cybersécurité, 84% d’entre eux vont acquérir de nouvelles solutions techniques, 55% augmenter leur budget et 44% accroître leur effectif.

Hausse des attaques

Les résultats de ce deuxième baromètre (141 répondants) ne sont guère rassurants. Car – et ce n’est pas une surprise – les attaques ont augmenté en 2016 par rapport à 2015 pour 46% des RSSI tandis que 53% d’entre eux estiment qu’elles sont stables. Près de 80% des entreprises ont constaté au moins une cyberattaque avérée, qui a réussi à entrer dans un ou des serveurs de l’entreprise. En moyenne, elles mettent entre une et six heures pour s’apercevoir des attaques et entre trois jours et trois semaines pour nettoyer le système.

Parmi les entreprises interrogées, 21% ont été touchées par 15 attaques ou plus, 9% entre 10 et 14 attaques, 15% entre quatre et neuf, et, enfin, 34% entre une et trois. « Les attaques touchent toutes les entreprises, explique le président du CESIN, Alain Bouillé, RSSI à la Caisse des Dépôts. Plus personne ne peut se réfugier sur l’argument ‘cela n’arrive qu’aux autres’. Ce temps est terminé ».

La demande de rançon (ransomware) reste l’attaque la plus subie par les entreprises (80%, en hausse de 19 points). Suivent les attaques par déni de service (40%), les attaques virales générale (36%), la fraude externe (29%)… tandis que le cyber-espionnage économique et industriel est relativement peu fréquent (9%), tout comme la fraude au président (4%). En moyenne, les entreprises subissent trois types d’attaque, explique le CESIN.

Des solutions jugées inefficaces

Face aux menaces grandissantes, 40% des entreprises estiment que les solutions techniques proposées par le marché ne sont pas adaptées aux types et à la fréquence des menaces. 31% d’entre elles jugent que ces solutions ne sont pas non plus adaptées aux besoins de leur entreprise. Par exemple, les sondes de sécurité conseillées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) sont jugées peu efficace (54%) tout comme le chiffrement de base de données (60%). A l’inverse, les pare-feux (91%), le VPN (89%) et le filtrage web (78%) sont jugées efficaces. « Il existe un gap entre ce qu’on nous propose et ce dont nous avons besoin », regrette le vice-président du CESIN, Olivier Ligneul, RSSI du groupe EDF.

Et pourtant les entreprises s’équipent de plus en plus pour repousser les cyberattaques. En moyenne, les RSSI mettent en place simultanément onze solutions et disposent d’un budget représentant entre 3% et 10% de leur budget informatique. Pour faire face à la menace, ils plébiscitent le VPN (87%), le filtrage web (84%), les antispam (79%), les proxy URL (64%)… De plus en plus d’entreprises souscrivent à une cyber-assurance. Ainsi 26% ont déjà souscrit à une assurance tandis que 17% envisagent de le faire d’ici un an… même si les assureurs, à l’exception du leader de cette niche de marché Marsh, ne comprennent pas toujours les risques liés aux cyberattaques, estime-t-on au CESIN.

La cyber-menace, un frein à la transformation numérique?

Considérée à 95% par les membres du CESIN comme un enjeu stratégique, « la transformation numérique génère de nouveaux risques », estime Alain Bouillé. Ainsi, 95% considèrent qu’elle a un impact sur la sécurité des systèmes d’information et des données, et 89% jugent qu’elle a un impact sur la gestion des données sensibles de l’entreprise. La transformation numérique vient perturber la cybersécurité installée dans les entreprises, à l’image du cloud qui est utilisé à 82% par les entreprises interrogées, des objets connectés… Résultat, plus d’une entreprise deux (58%) considère que les solutions disponibles sur le marché ne sont pas adaptées.

Selon le CESIN, le cloud expose par exemple les entreprises à de nombreux risques, notamment en raison du moindre contrôle des données. Les RSSI évaluent un risque fort sur le contrôle des accès et des audits (57%), sur le stockage des données dans des datacenters à l’étranger, hors du droit français (55%), sur le non effacement des données (55%), sur la confidentialité des donnée vis-à-vis de l’hébergeur (50%). Du coup, sécuriser le cloud nécessite pour 91% d’entre eux de mettre en oeuvre des outils spécifiques.

En outre, la transformation numérique introduit de nouveaux risques liés aux nouvelles pratiques des salariés. L’utilisation de matériel informatique personnel au bureau (BYOD) représente un risque pour 54% des RSSI interrogés. Les objets connectés représentent un risque pour 96% des RSSI, tout comme le « machine to machine » (74%), le big data (69%), le e-commerce (59%) et la blockchain (37%). Bref, le métier des RSSI va devenir de plus en plus stressant. Pas sûr que leur sommeil soit paisible…

Michel Cabirol  

 

 

L’OPINION – 24/01/2017

Désertification des villes : les professionnels du commerce s’alarment

 

En France, en moyenne, 10 % des surfaces commerciales de centre-ville sont inexploitées. Mais dans les villes moyennes, qui comptent entre 50 000 et 100 000 habitants, il est supérieur dans la moitié des cas.

Cent des 300 villes moyennes françaises dépassent la cote d’alerte en termes de vacances de locaux commerciaux

En France, un local commercial sur dix est inoccupé dans les centres-villes : un taux de vacance jugé élevé et « préoccupant » par l’Inspection générale des finances, qui a consacré un rapport à cette désertification urbaine en juillet. Ce chiffre moyen cache des disparités. Les grandes villes sont relativement épargnées (un quart d’entre elles ont un taux de vacance commercial supérieur à 10 % et il est inférieur à 5 % à Nantes, Strasbourg, Lyon ou Toulouse), mais les villes moyennes sont, pour plus de la moitié, concernées. Le monde du commerce appelle les pouvoirs publics et ses propres troupes à réagir.

Bernard Morvan, le président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), est aux premières loges pour constater le désastre qui frappe les villes moyennes françaises. Il en parcourt, des rues longées de rideaux de fer baissés : 90 % des 40 000 commerces qu’il représente sont situés dans les centres-villes. Lui-même commerçant à Montereau, ville de Seine-et-Marne particulièrement touchée, il a fait de la lutte contre la désertification un de ses thèmes de prédilection, demandant même un « plan Marshall ». Sans succès.

« Je me fais lanceur d’alerte depuis plusieurs années, explique-t-il. Mais je ne vois aucune prise de conscience. Pourtant, les enjeux sont économiques, mais aussi sociaux (le nombre d’emplois baisse), sociétaux (la dévitalisation lente va de pair avec la disparition des services publics) et sécuritaires. Moins de commerce, c’est moins de lumière, moins de passage. La sécurité se dégrade dans les centres-villes qui se transforment en ghettos. » Les conséquences électorales de cet abandon terriblement ressenti par la population sont lourdes. Béziers, qui a porté à sa tête un maire d’extrême droite, Robert Ménard, a le taux de vacance le plus élevé de France : près de 24 %.

Les raisons de cette désertification sont multiples. Bien sûr, le développement des centres commerciaux en périphérie a affecté le commerce. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. « Les centres commerciaux ne sont pas la raison de la désaffection, mais le signe que les commerces de centre-ville ne répondent pas aux attentes, nuance Eric Plat, président de la fédération du commerce associé (FCA). Ces zones sont efficaces, mais pour l’achat plaisir, les centres-villes n’ont pas perdu leur valeur. Les consommateurs n’ont pas, dans l’absolu, de préférence pour l’un ou l’autre. Il faut simplement leur donner le choix et la possibilité de s’y rendre. »

Parcours du combattant. Or, cette possibilité, les Français ne l’ont souvent plus, du fait de choix politiques mal pensés… et de manque de réactivité des commerçants. Pointée du doigt, la place laissée aux voitures dans les centres-villes. Pour Eric Plat, les maires des petites villes ont souvent une approche « patrimoniale » des centres, incompatible avec une réelle activité économique. Il cite un exemple la Roche-sur-Yon (Vendée). « Le maire a cru bien faire en créant une zone d’animation au centre… Mais cela s’est retourné contre le commerce local, car il n’a pensé ni aux parkings ni aux transports. »

Pour Bernard Morvan, face au parcours du combattant pour atteindre les centres-villes, les consommateurs renoncent. Ils préfèrent les périphéries ou le commerce en ligne. D’autant que, pour la FCA comme pour la FNH, les villes et les associations de commerçants n’ont pas pris en compte les nouvelles nécessités. En n’adaptant pas leurs horaires d’ouverture. Ou en ratant le virage de la modernité. « Les centres-villes ne sont pas équipés en wifi. Cela revient tout simplement à négliger les attentes désormais élémentaires des clients », résume Eric Plat.

Résultat, une désertification lente, mais sûre. « Les élus n’identifient pas les signes avant coureurs, comme le changement de nature des commerces dans une rue, poursuit-il. Quand s’implantent des agences bancaires, des cabinets d’assurances, des agences immobilières, c’est mauvais signe. Cela veut dire que l’attractivité et les loyers baissent. Ces commerces ne veulent pas capter du trafic mais simplement avoir pignon sur rue : la majorité de leur activité à lieu en ligne. »

Méconnaissance. Ce qu’on lit en creux dans ce constat, c’est la mauvaise connaissance qu’ont les élus du terreau économique local. « Ils ne savent pas quel est le poids économique de leur centre-ville, la richesse produite. Partant de là, il est difficile de faire des arbitrages », déplore Bernard Morvan. Il plaide pour la création d’observatoires locaux, qui produiraient des indicateurs de densité économique, identifieraient les besoins et évalueraient les effets des décisions : « Plutôt que de comptabiliser les « dents creuses », on peut les remplacer judicieusement par un artisan, un service manquant, qui créerait une cohérence, une raison de venir. » Des discussions sont en cours dans la région des Hauts-de-France pour mettre en place des expériences pilotes.

Eric Plat ne veut pourtant pas croire en une fatalité du désert des villes moyennes. Pour lui, si le commerce est pensé de façon globale, les périphéries ne seront plus des aspirateurs à clients. Il cite, en exemple de recomposition réussie, la ville de Bordeaux – qui n’est certes pas une ville moyenne, mais qui a réussi à faire baisser drastiquement son taux de vacance. « Tous les acteurs ont été mobilisés. La mairie a pensé les parkings, les connexions entre les différentes zones que sont l’hypercentre, la rive droite, le centre commercial Mériadeck. Elle a pris en compte les nouveaux formats commerciaux et travaillé avec les acteurs du foncier pour remodeler des îlots et proposer de plus grandes surfaces de vente, qui manquaient, et permettre l’émergence de locomotives commerciales. » À Bordeaux, le taux de vacance commerciale est aujourd’hui inférieur à 4 %.

Emmanuelle Ducros

 

 

LE FIGARO – 24/01/2017

Fessenheim : le gouvernement à la peine chez EDF

Pour déclencher la mise à l’arrêt de la doyenne des centrales nucléaires françaises, le conseil d’administration d’EDF doit valider ce mardi matin le protocole d’indemnisation et demander l’abrogation du décret d’autorisation de fonctionnement des deux réacteur.

L’État a beau détenir 85 % du capital d’EDF, il risque de se voir infliger un véritable camouflet ce mardi lors du conseil d’administration qui doit examiner le projet de fermeture de Fessenheim. Pour déclencher la mise à l’arrêt de la doyenne des centrales nucléaires françaises, promise en campagne électorale par François Hollande en 2012, le conseil d’administration d’EDF doit franchir deux étapes: valider le protocole d’indemnisation de l’entreprise par l’État et demander l’abrogation à terme du décret d’autorisation de fonctionnement des deux réacteurs alsaciens.

Mais la décision concernant l’indemnisation est entre les mains des cinq administrateurs indépendants du groupe public, ainsi que du PDG Jean-Bernard Lévy. Car, l’État étant signataire de la convention, ses six représentants se trouvent en situation de conflit d’intérêts et ne pourront pas prendre part au vote. Et les six représentants des salariés voteront comme un seul homme contre le projet. Il suffit donc qu’un administrateur indépendant vote non pour que le projet tombe à l’eau…

Dans cette situation ubuesque, tous les arguments sont bons. Le conseil devra se prononcer au nom de l’intérêt social de l’entreprise. Le premier de ces intérêts est le respect de la loi, en l’occurrence le texte sur la transition énergétique: il prévoit de plafonner à son niveau actuel la capacité de production nucléaire d’EDF. Quand l’EPR de Flamanville 3 entrera en service, il faudra donc fermer deux tranches actuellement en service.

Mais l’intérêt de l’entreprise est-il vraiment de décider dès maintenant? Flamanville ne sera raccordé au réseau qu’en 2018 ou 2019. D’ici là, l’élection présidentielle de mai peut changer radicalement la donne.

Pression maximale

Résultat: une pression considérable s’exerce sur la réunion de mardi. En fin de semaine dernière, Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a, de source proche du dossier, personnellement contacté chacun des administrateurs indépendants pour affirmer la position de l’État. La démarche a, semble-t-il, été diversement appréciée. Lundi encore, une réunion s’est tenue sur le dossier à l’Élysée.

De sources concordantes, le conseil pourrait ne pas voter, dans un sens ou dans l’autre, mais se contenter d’une délibération dont chaque mot s’annonce disputé et qui signifie un report de toute décision formelle. Pis, cette délibération pourrait ne porter que sur le volet indemnisation, sans évoquer la demande d’abrogation, la plus symbolique. Enfin, les administrateurs devraient conditionner leur vote ultérieur à l’obtention de la prolongation du décret d’autorisation de création de Flamanville 3 que le gouvernement aurait mis en balance dans ce bras de fer. Ce décret arrive à échéance. Toute décision sur Fessenheim dépendrait aussi de l’autorisation du redémarrage du réacteur de Paluel, actuellement à l’arrêt. Enfin, le conseil veut attendre le feu vert de la Commission européenne sur Fessenheim avant de voter.

En attendant, la tension est à son comble sur le site, avec une grève votée lundi pour 48 heures. Les salariés réclament que le projet de fermeture de la centrale soit purement et simplement abandonné.

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 24/01/2017

Hamon se prépare à un affrontement dur avec Valls

L’ancien premier ministre a choisi le revenu universel et la laïcité comme angles d’attaque privilégiés.

Une semaine pour convaincre. Ou plutôt, pour transformer l’essai. Arrivé en tête du premier tour de la primaire à gauche, Benoît Hamon déroule sa stratégie d’entre-deux-tours, persuadé que la dynamique est en sa faveur, alors que les ralliements se sont enchaînés depuis dimanche soir. Le député des Yvelines a prévu de tenir deux meetings avant le vote de dimanche 29 janvier : le premier, jeudi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans une salle pouvant accueillir « entre 4 500 et 5 000 personnes », selon son entourage ; le second, vendredi soir, au Palais des sports Saint-Sauveur à Lille, dans le fief de Martine Aubry qui lui a apporté son soutien lundi.

Mais c’est surtout le débat d’entre-deux-tours, mercredi 25 janvier, que l’ancien ministre de l’éducation nationale prépare attentivement. Un débat où il risque gros. Le favori du scrutin sait que son adversaire Manuel Valls mise tout sur cette confrontation pour tenter de rattraper son retard. Revenu universel, taxation des robots ou encore brigade antidiscrimination : les propositions du député des Yvelines seront passées au crible par l’ancien premier ministre qui va tenter d’imposer sa propre « crédibilité » et sa stature d’homme d’Etat, contre ses propositions jugées « irréalistes », voire « régressives », selon les mots de certains de ses proches.

Interrogé lundi matin sur France Inter, M. Hamon a commencé à répondre aux attaques de M. Valls sur ce point. « Ce genre d’arguments, je le lui laisse. Je n’ai pas dénigré qui que ce soit dans cette campagne. Je ne procède pas par oukases, je suis ravi de débattre avec lui. J’espère qu’il aura un deuxième argument », a-t-il lancé, défendant un projet de « long terme » qui n’a « rien d’utopiste ».

« Un référendum pour ou contre Valls »

Au QG du candidat, au 11e étage de la tour Montparnasse, on fait mine de ne pas redouter le face-à-face à venir. « Benoît connaît par cœur Manuel. Ils se côtoient au PS depuis trente ans, rien ne l’impressionne chez lui », prévient un partisan du Finistérien. « On sait que Valls va tenter de nous attaquer. On va répondre coup pour coup, avec l’intention de faire du second tour un référendum pour ou contre Valls à gauche », prévient-on dans l’équipe Hamon.

Les trois premiers débats avant le premier tour ont servi de terrain d’entraînement pour l’ancien ministre de l’éducation. Particulièrement le dernier, où il avait affronté un tir de barrage général de la part de ses rivaux. Selon son directeur de campagne, le député Mathieu Hanotin, M. Hamon a alors démontré ses facultés de résistance. « Benoît a ainsi pu montrer qu’il avait tenu le mur. Il a gagné en crédibilité dans ces affrontements », notamment autour du revenu universel, qui fut ce soir-là la cible coordonnée de Manuel Valls, de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg.

Un autre thème devrait être particulièrement mis en avant par l’ancien premier ministre d’ici au second tour : celui du rapport des deux hommes à la laïcité. Derrière ce terme général, le camp Valls entend surtout attaquer M. Hamon sur ses positions par rapport à l’islam radical, mais aussi plus largement à l’immigration et aux banlieues.

« Pas de compromis avec des communautarismes »

  1. Valls estime que son concurrent est « ambigu » dans sa défense des principes républicains face à l’islamisme politique. Les proches du député de l’Essonne accusent M. Hamon, élu de Trappes, l’une des villes françaises où la mouvance salafiste est particulièrement implantée, de ne pas être assez ferme avec les communautarismes. Sur France Info mardi matin, M. Valls a évoqué des « risques d’accommodements » chez son concurrent, précisant qu’« il ne peut y avoir le moindre compromis avec des communautarismes ». Pour le camp Valls, si le candidat Hamon propose la légalisation du cannabis ou la reconnaissance de l’Etat de Palestine, c’est précisément pour s’attirer le vote des cités.

« Il faut bien sûr lutter contre l’islam radical, mais arrêtons de faire de l’islam un problème de la République », a réagi M. Hamon, lundi, se félicitant d’avoir réussi jusqu’à présent à orienter, par ses propositions, les débats de la primaire sur les thèmes économiques et sociaux plutôt que sur les thèmes identitaires. « Sur la question laïque, Benoît Hamon se revendique en héritier d’Aristide Briand qui veut apaiser plutôt qu’exciter les tensions », explique son porte-parole, le député Régis Juanico. Soit l’application stricte des principes de la loi de 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, sans recourir à l’inscription dans la Constitution d’une « charte de la laïcité », comme le propose M. Valls.

L’autre chantier de la semaine pour M. Hamon est de démontrer ses capacités à rassembler à gauche. Sur ce point, le discours des hamonistes est simple : on ouvre grand les bras à tous les ralliements possibles avant le second tour. « Aucun sectarisme, aucun ostracisme, on accueille tous ceux qui veulent. Notre objectif c’est de rassembler. Nous, on est zen, pas comme d’autres », sourit M. Juanico.

Après les ralliements de M. Montebourg et de Mme Aubry et de leurs proches, l’ancien ministre espère obtenir d’ici au 29 janvier un autre soutien de poids à gauche, celui de Christiane Taubira. Il lui a téléphoné dès lundi matin, mais rien n’a fuité pour l’instant des intentions de l’ancienne garde des sceaux. « On ne sait pas si Christiane va prendre position, mais si c’est le cas, on serait vraiment très étonné qu’elle soutienne Valls plutôt que Benoît », explique un proche du député.

Solenn de Royer, Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

LE PARISIEN – 24/01/2017

Présidentielle : Emmanuel Macron se veut au-dessus de la mêlée

 

Beyrouth (Liban), hier. Emmanuel Macron a rencontré des Français à l’Ecole supérieure des affaires.

En déplacement au Liban, le candidat s’est réjoui de ne pas avoir pris part à la primaire.

Ce n’est pas le désert d’Atacama au Chili, mais c’est aussi un joli pied de nez. Tandis que le PS s’enfonce dans les méandres de sa primaire, Emmanuel Macron s’est envolé pour le pays du Cèdre. Le candidat d’En marche ! a atterri hier au Liban, « partenaire historique, majeur de la France ». Pour mieux se placer au-dessus du lot ? « Je ne me suis jamais mêlé à la primaire, donc je n’avais pas ce besoin », rétorque Macron. Plus que jamais, il s’en tient à cette ligne : cette affaire-là ne le concerne pas. « A un moment, c’est leur problème ! » balance un proche. Emmanuel Macron le répète inlassablement, il ne croit pas au processus de la primaire. Il y voit un jeu « de positionnement réciproque » entre candidats plutôt que l’élaboration « d’un projet porté pour le pays ».

Son entourage en veut pour preuve la performance de Benoît Hamon : « Les électeurs ont intériorisé le fait qu’ils ne votaient pas pour la présidentielle mais pour préparer l’après. » Et se félicite plus que jamais de s’être tenu à distance, en prenant connaissance des soupçons de manipulation sur les chiffres de la participation. « Politiquement, cela n’avait pas de sens pour nous, mais c’est aussi pour ce genre de raisons qu’on ne voulait pas y aller », glisse un proche.

Appel à un dialogue multilatéral en Syrie

A des milliers de kilomètres des aléas de la politique parisienne, le candidat est ainsi libre de s’offrir un véritable déplacement de présidentiable. Accueilli dès son arrivée par l’ambassadeur de France, Macron s’abrite derrière la règle selon laquelle, « à l’étranger, on ne commente pas la vie politique française » pour bouder les questions des journalistes sur la primaire. « Je viens délivrer un message qui est d’abord celui de la présence de la France au côté du Liban », poursuit-il à l’Ecole supérieure des affaires, où il s’est exprimé face à quelque 400 représentants de la communauté française et économique.

Sur la Syrie, « Bachar al-Assad a failli de manière claire », déclare Macron, en appelant à créer un dialogue multilatéral. S’il estime qu’ « il n’y a de compromission à avoir », il juge qu’avoir fait « de la destitution de Bachar al-Assad un préalable à tout » était une erreur.

Macron entrera aujourd’hui dans le vif du sujet, lors de ses audiences avec le président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le patriarche maronite, Bechara Boutros Rahi.

L’ancien ministre se sait attendu au tournant. « On ne peut pas prétendre aux plus hautes fonctions de la République sans être capable d’aller au contact des situations diplomatiques », reconnaît-il.

Pauline Théveniaud

 

 

LES ECHOS – 24/01/2017

Russie, commerce : à Berlin, Fillon assume ses désaccords avec Merkel

+VIDEO. Contrairement à la chancelière, le candidat de la droite à l’Elysée met en avant le danger de ne pas rétablir la confiance avec Vladimir Poutine. Il veut une réponse ferme face au protectionnisme de Donald Trump.

François Fillon avait annoncé la couleur dans un entretien musclé paru dans la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » et « Le Monde ». Tout en faisant le « choix clair du couple franco-allemand » et revendiquant des accords en matière de politique de défense, le candidat de la droite à l’Elysée a assumé plusieurs désaccords profonds avec Angela Merkel, notamment sur Vladimir Poutine, lors de la visite qu’il lui a rendu ce lundi à Berlin .

« Entre Europe et Russie, nous devons rétablir la confiance, retrouver le chemin du dialogue et construire une relation forte, a-t-il dit après un entretien d’une heure avec la chancelière, lors d’un discours à la Fondation Konrad Adenauer, proche chrétienne-démocrate (CDU). Entre Russie et Europe, notre seule perspective ne peut pas être une confrontation larvée sous un régime de menaces et de sanctions. »

La victoire de l’ex-Premier ministre à la primaire de droite avait été accueillie à Berlin par un soulagement – car il veut mener des réformes ambitieuses, saluées par le ministre Wolfgang Schäuble – et d’inquiétude – du fait de sa position sur la Russie. Ses dernières déclarations ne devraient pas rassurer la chancelière, qui se méfie de Vladimir Poutine comme de la peste.

Un climat de « guerre froide »

Angela Merkel s’inquiète vivement des cyberattaques attribuées à des pirates russes ou à la tentative d’influence croissante de Moscou dans le débat public allemand. Cette offensive, qui ne recule pas devant la fausse information, profite au parti populiste AfD, qui défend l’annexion de la Crimée et conteste la politique d’asile de la chancelière.

François Fillon, qui regrette un climat de « guerre froide », met en garde contre l’inaction. « Nous devons sortir de cette impasse, explique Bruno Le Maire, son conseiller pour les affaires européennes, qui l’a accompagné à Berlin. Si nous ne nous ne nous rapprochons pas de Moscou, on risque de voir un accord entre Trump et Poutine sur l’Ukraine dans le dos des Européens ».

« La France ne peut pas accepter plus de réfugiés »

La Russie n’est pas le seul point d’achoppement avec la chancelière. Comme Manuel Valls, le candidat de la droite à l’élection présidentielle a répété ce lundi que « la France ne peut pas accepter plus de réfugiés » alors qu’Angela Merkel continue de compter sur une répartition de demandeurs d’asile dans l’Union européenne.

Après l’élection de Donald Trump, qui défend une politique protectionniste, François Fillon a tracé les lignes d’un réplique européenne. « Dans un monde où chaque puissance défend bec et ongles ses intérêts commerciaux, il est temps que les Etats européens sortent de leur torpeur pour se protéger et faire valoir leurs droits », a-t-il lancé. Opposé au traité de libre-échange transatlantique, pourtant prioritaire pour Angela Merkel, il veut établir un rapport de forces avec les Etats-Unis, dans lequel « il faut mettre tous les sujets sur la table » : le commerce, dumping fiscal, mais aussi les sanctions américaines « totalement injustifiées » contre des sociétés européennes, dont BNP Paribas.

Angela Merkel, qui accueille vendredi François Hollande pour un déjeuner de travail, est également prête à recevoir le futur candidat socialiste « si cela est souhaité », a indiqué son porte-parole. La chancelière n’a pas l’intention d’inviter Marine Le Pen , avec laquelle « il n’y a vraiment aucun point commun ».

VIDEO – Fillon veut une « puissance européenne » face aux « USA de Trump et à la Russie de Poutine » : http://www.lesechos.fr/elections/francois-fillon/0211721672855-russie-commerce-a-berlin-fillon-assume-ses-desaccords-avec-merkel-2059394.php

 

Thibaut Madelin

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 24/01/2017

La City s’alarme de la sortie annoncée du marché unique

La finance britannique veut obtenir un «bon Brexit», un accord réciproque sur l’accès à l’UE.

La City fait le deuil de son «passeport» financier qui lui permet d’opérer sans frontières dans l’Union européenne. Le discours de Theresa May, il y a tout juste une semaine pour confirmer la sortie du marché unique, implique directement la fin de cette facilité pour vendre ses produits sur l’ensemble du continent. Environ 13.500 sociétés britanniques détiennent de tels sésames, à comparer aux 8 000 dans le reste de l’UE. «L’interdépendance entre le Royaume-Uni et l’Union européenne était fondée sur le marché unique et le passeport. Quand nous quitterons l’UE, nous deviendrons un pays “tiers”. Il nous faut une nouvelle approche pour garantir notre accès à ce marché», explique Mark Hoban, ancien ministre du Trésor, en charge d’un organe de régulation de la City.

Après s’être mobilisés pour convaincre le gouvernement britannique de l’importance de l’enjeu, les dirigeants du lobby du secteur, TheCityUK, se rendent à Bruxelles ce mardi pour plaider leur cause. Le résultat de ces pourparlers, qui doivent s’étaler sur les deux ans de négociations sur la sortie du Royaume-Uni, sera déterminant pour l’avenir de la place financière londonienne. Entre 35. 000 et 232. 000 emplois sont en jeu, selon différentes études.

«Obtenir un bon Brexit est notre plus grand défi», alerte Miles Celic, directeur général de TheCityUK. Aucune des solutions alternatives à l’appartenance à l’UE et son fameux passeport n’est vraiment satisfaisante. Les banques ou assureurs britanniques qui souhaitent continuer à opérer en Europe auront le choix de s’adapter à la loi locale au cas par cas sans accord spécifique, cas de figure le plus défavorable. Ils pourront décider d’opérer depuis une filiale sur le continent. C’est ce que de nombreux établissements, dont HSBC, UBS ou Goldman Sachs, se préparent à faire. Avec à la clé le transfert de plusieurs milliers d’emplois. Autre possibilité: miser sur un mécanisme d’«équivalences», un ersatz de passeport pour les pays tiers. Mais ce régime est contraignant. Il requiert le même niveau de régulation que celui en vigueur dans l’UE, ce qui limiterait les marges de manœuvre du secteur post-Brexit. Et, s’il peut s’appliquer à certaines activités, telles les chambres de compensation en euros, ce n’est pas le cas pour d’autres, comme le crédit ou l’assurance. «Cela peut s’imposer comme palliatif en cas d’absence d’accord entre Londres et l’UE, mais cette option ne devrait pas constituer une base de départ pour les négociations et ne peut s’avérer une solution durable», estime Rachel Kent, avocate au cabinet Hogan Lovells. Selon elle, «la priorité immédiate est d’obtenir des dispositions transitoires» pour éviter un choc brutal pour les entreprises de la City.

C’est pourquoi TheCityUK s’empresse de réclamer «un accord sur mesure prévoyant un accès mutuel aux marchés» financiers entre Londres et l’Europe. Un objectif très ambitieux. Les représentants de la City ont tendance à considérer que l’Europe a autant, voire plus, besoin d’eux que l’inverse. Or une telle présomption pourrait se révéler dangereuse. Comme le reconnaît le député conservateur pro-Brexit Peter Lilley, «il ne faut pas surestimer la probabilité qu’on obtienne un accord» commercial avec l’UE. Selon lui, les Européens ont de fortes chances de «chercher à nous punir, même si cela revient à se nuire à eux-mêmes».

Les enjeux sont énormes pour le Royaume-Uni. La finance représente 11 % de son PIB. Selon Mark Boleat, responsable de la stratégie de The City of London Corporation, l’organisme ombrelle du secteur, «si le Royaume-Uni tombe sous les conditions d’un pays tiers, jusqu’à 50 % de notre activité liée à l’UE serait menacée, soit 20 milliards de livres de revenus et environ 35.000 emplois». Mais les dommages pourraient même être encore plus grands. À en croire le patron (français) de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, c’est tout «l’écosystème» financier du pays qui est en jeu, ce qui pourrait mettre en danger 232 000 emplois, d’après une étude d’Ernst & Young.

Chaque emploi de la City en fait vivre de nombreux autres. 44 % de l’activité des 50 plus grands cabinets d’avocats londoniens dépend des banques et autres services financiers. Un associé chez Goldman Sachs gagne près d’un million de livres par an, hors bonus. Ce revenu lui permet de s’offrir des biens (voiture, maison…) et des services (employés de maison, écoles des enfants…) qui soutiennent l’économie londonienne. Ce n’est pas un hasard si les ventes d’immobilier de luxe à Londres ont déjà chuté de 9 % depuis le vote pour le Brexit. Même la vie culturelle dépend en grande partie de la générosité de philanthropes de la City.

Or jusqu’à 50 % des effectifs de Goldman Sachs dans la City pourraient être transférés vers New York, Francfort ou d’autres capitales européennes. HSBC vient de confirmer la relocalisation d’un millier de postes à Paris. UBS compte en déplacer autant, probablement vers l’Allemagne. Le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, a reconnu qu’il allait en faire autant.

En déclenchant d’ici à fin mars le compte à rebours de la sortie de l’UE, Theresa May sait qu’elle risque d’entraîner des réactions en chaîne négatives. D’où l’urgence pour la City de faire entendre son cri d’alarme. La finance pourrait bien faire les frais de négociations à risque avec l’UE, dans lesquelles un accord sur les échanges de marchandises serait privilégié.

May lance sa stratégie industrielle post-Brexit

Depuis son entrée en fonction l’été dernier, Theresa May évoque son ambition d’une stratégie industrielle «moderne» pour le Royaume-Uni. À l’heure où la finance est déstabilisée par le Brexit, elle espère rééquilibrer l’économie du pays après des décennies de déclin de son industrie, qui ne pèse plus que 14 % du PIB (avec l’énergie), contre 80 % pour les services. La première ministre a dévoilé lundi les dix piliers de ce programme. Ils comprennent l’investissement dans la recherche et l’innovation, le développement de compétences clés, l’amélioration des infrastructures, la création de filières, la promotion des régions délaissées. Inspiré par des stratégies qui ont réussi en Corée du Sud ou aux États-Unis, le gouvernement espère créer des champions mondiaux en identifiant des leaders de leur secteur, chargés d’entraîner derrière eux tout un tissu industriel. Rompant clairement avec le laisser-faire traditionnel des conservateurs cher à Margaret Thatcher, Theresa May propose un donnant-donnant aux entreprises, dans une approche interventionniste. Elle leur demande de coopérer pour stimuler l’activité dans leur domaine, en leur promettant en retour de les aider en matière réglementaire. Il s’agit de doper la productivité de l’économie britannique, à la traîne de l’Allemagne et de la France.

Florentin Collomp

 

 

L’OPINION – 24/01/2017

Trump enterre le traité transpacifique

 

Donald Trump a signé un décret mettant fin à la participation américaine au TPP

Le traité de libre-échange entre pays d’Asie-Pacifique ne pourra pas entrer en vigueur. Il était pourtant vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine

Le successeur de Barack Obama a signé dans le Bureau ovale un décret mettant un terme à la participation des États-Unis au traité signé entre douze puissances asiatiques et américaines.

Donald Trump passe à l’acte. Après l’Obamacare, qu’il a attaqué dès son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président américain s’en prend cette fois au traité de libre-échange transpacifique, le TPP.

Négocié durant des années par l’administration de Barack Obama, ce pacte avait été le fruit de nombreuses critiques de la part de Donald Trump, durant la campagne, le jugeant « terrible » et « violant les intérêts des travailleurs américains ».

Le traité signé l’année dernière par douze pays d’Amérique et d’Asie, mais pas encore ratifié, visait à créer une zone de libre-échange entre les pays signataires.

À l’époque de la signature, Barack Obama avait salué un accord qui « renforcera notre leadership à l’étranger et soutiendra les emplois ici aux États-Unis ». Le TPP prévoyait notamment une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada, les États-Unis et le Japon, pour des produits comme le sucre, le riz, le fromage ou le bœuf.

Faute de ratification de la part des États-Unis, l’accord ne pourra pas entrer en vigueur. D’après une source de NBC, reprise par Reuters, Donald Trump pourrait s’engager simultanément à lancer sur une base bilatérale des négociations commerciales avec les onze autres pays signataires du TPP.

Des craintes. L’arrivée du nouveau président américain et ses premières décisions ne manquent pas de faire réagir. Avant même l’annonce officielle du retrait des États-Unis du TPP, le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, a prévenu dans une interview publiée par le quotidien El Universal que son gouvernement devrait réfléchir à des « mesures en miroir », notamment si Washington impose des restrictions aux importations vers le marché nord-américain.

Du côté du Canada, le Premier ministre fédéral, Justin Trudeau, a réuni son gouvernement dès ce lundi pour deux jours à Calgary, afin de débattre de la meilleure approche possible face aux positions de la Maison Blanche. Dans l’entourage du Premier ministre, on se veut rassurant. « Ils n’ont rien dit de spécifique sur de véritables problèmes qu’ils auraient avec nous », a commenté David MacNaughton, ambassadeur du Canada à Washington.

Conformément à ses promesses de campagne, le président américain devrait par ailleurs appeler à une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena).

Cette décision du président Trump pourrait pourtant satisfaire une partie de la population américaine. Selon un sondage publié en avril 2016 par la firme Morning Consult, les Américains sont aujourd’hui 40% à estimer que le libre-échange a fait plus de mal (40%) que de bien (26%) aux États-Unis.

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 20 janvier 2017

2017-09-19T13:35:43+02:00Mots-clés : , , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LE MONDE – 20/01/2017

Piétonisation des voies sur berge : la région s’alarme d’une aggravation de la pollution

La présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, propose trois scénarios alternatifs de « piétonisation douce ».

La piétonisation des voies sur berge à Paris continue de faire polémique. Jeudi 19 janvier, Valérie Pécresse a rendu public le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, décidée par la mairie de Paris depuis le mois de juillet. Pour la présidente (Les Républicains, LR) de la région Ile-de-France, la décision d’Anne Hidalgo a eu des impacts négatifs sur la qualité de l’air, le trafic routier et la pollution sonore. « Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave », a-t-elle résumé.

Alors que, lundi 16 janvier, la ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, le comité régional installé le 12 septembre 2016 sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du SAMU de Paris, constate « un impact négatif sur la circulation qui se confirme » en centre-ville, et une augmentation du bruit, « surtout la nuit ». « Pendant la nuit, les augmentations peuvent aller au-delà d’un doublement de l’énergie sonore à certains endroits », insiste-t-il, donnant en exemple le quai de la Mégisserie, où le bruit s’est accru, entre novembre 2015 et novembre 2016, de 3,5 décibels, soit une augmentation de 125 %.

Le comité d’évaluation régional s’alarme surtout d’une détérioration de la qualité de l’air. « Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution en oxydes d’azote (NOx) et en particules. Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berge n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », relève-t-il.

Ainsi, entre novembre 2015 et novembre 2016, les émissions induites depuis la fermeture par le ralentissement des voitures auraient augmenté de 53 % pour le NOx et de 49 % pour les particules fines sur les quais hauts ; et, sur le boulevard Saint-Germain, de 18 % pour le NOx et de 15 % pour les particules fines.

Calcul contesté

Ces conclusions sont contestées par les experts. « Ces chiffres reposent sur un calcul théorique et très localisé, établi à partir du volume de trafic. Ce n’est qu’au bout de six mois de fermeture des voies sur berge et de mesures que nous pourrons vraiment évaluer la façon dont évolue la qualité de l’air sur l’ensemble de l’agglomération parisienne, en tenant compte des évolutions météorologiques et de comportements », nuance Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France qui, à la demande de la région, de la métropole, du Grand Paris et de la ville de Paris a installé, depuis le 15 novembre, près de 80 points de mesure jusqu’en petite couronne, dont un point tous les 300 mètres sur les voies sur berge (quais haut et bas).

Pour l’heure, le seul constat que puisse clairement établir Airparif porte sur la « différence notable » – et somme toute logique – de niveaux de pollution entre la voie Georges-Pompidou, désormais fermée à la circulation automobile, et le quai haut. « Sur les quais bas, les cyclistes et les piétons sont exposés à des niveaux de concentration en dioxyde d’azote 25 % moins importants que sur le trottoir côté Seine des quais hauts. De même, sur le quai haut, les niveaux de pollution sont de l’ordre de 10 % plus faibles sur le trottoir côté Seine, que sur le trottoir côté bâtiments. Ces différences s’expliquent essentiellement par rapport à la distance du trafic routier », note Airparif dans son bulletin de décembre 2016.

Au vu des données mises en avant par le comité régional qui appellent, selon elle, à la « plus grande vigilance », la présidente de la région n’écarte pas la possibilité d’une remise en cause, par le préfet de police de Paris, Michel Cadot, de la piétonisation de la voie Georges-Pompidou, au terme des six mois de test souhaité par celui-ci. Dans cette perspective, elle a présenté jeudi trois scénarios alternatifs « de piétonisation douce », qu’elle entend proposer au comité de suivi mis en place par le préfet.

Alternatives

Ces trois scénarios prévoient tous trois la réintroduction d’une, voire deux voies de circulation, classiques ou apaisées à 30 km/h sur les quais bas. Ils comportent par ailleurs un réaménagement de la voirie sur les quais hauts, avec une voie pour un bus électrique à haut niveau de service et une piste cyclable sécurisée, simple ou double ; le nombre de voies pour les voitures est, quant à lui, maintenu à trois voies classiques dans un scénario et ramené à deux voies apaisées dans les deux autres.

« Nous voulons être constructifs », a insisté Valérie Pécresse en présentant ces scénarios reposant sur une piétonisation « plus douce, plus progressive et plus équilibrée » que le projet de la ville de Paris « pris sans aucune concertation ». « Nous ne sommes pas contre la piétonisation du centre de Paris. Ces projets ont pour principes d’étude moins de circulation, moins d’embouteillages et plus de place pour les piétons, les vélos et les transports en commun », a-t-elle soutenu.

« Le préfet a tenu à ce que soit maintenue sur les quais bas une voie de circulation pour les véhicules de secours. On peut peut-être se servir de cette voie pour délester les quais hauts, à certains moments de la journée et selon les saisons », a, pour sa part, expliqué Fouad Awada, directeur général par intérim de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de l’Ile-de-France qui doit, à la demande de la région, enrichir et évaluer ces scénarios d’ici la mi-février.

Une chose est sûre, Valérie Pécresse ne baisse pas la garde. La polémique entre la présidente de la région et la maire de Paris n’est pas prête de s’estomper.

Laetitia Van Eeckhout

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Voies sur berge piétonnes à Paris: des effets pernicieux

Avec davantage de pollution, de temps de parcours et de niveau sonore, les quais hauts de la rive droite paient le prix fort.

Face aux coups de boutoir de la Mairie de Paris pour l’aménagement des voies sur berge, la région a présenté son troisième rapport d’étape qui, on s’en doute, n’arrive pas aux mêmes conclusions que celles de la ville. Pour élaborer ce rapport, la région a fait appel à deux organismes indépendants, Airparif et l’Institut d’aménagement urbain (IAU). La compilation des données montre que la pollution, le niveau sonore et les temps de parcours sont en nette augmentation. À fin novembre, soit trois mois après le début de l’expérience de la fermeture des voies sur berges, tous les indicateurs sont au rouge. Selon les estimations de l’IAU, la pollution par particules sur les quais hauts rive droite a augmenté en journée de 49% et de 15% sur le boulevard Saint-Germain. Pour l’oxyde d’azote, l’augmentation est de 53% sur les quais hauts et de 18% sur le boulevard Saint-Germain. Sans surprise, la pollution sur les voies sur berge, désormais sans voiture, diminue.

Quant à la pollution sonore, elle augmente en journée de 12% sur le boulevard Saint-Germain et de 25% la nuit. Le quai de la Mégisserie subit, lui, une augmentation de 12% la journée… et de 100% la nuit.

Les restrictions de circulation allongent les temps de parcours, selon le rapport de la région. Entre novembre 2015 et novembre 2016, ils ont augmenté sur les quais hauts de la rive droite de 92% à la pointe du soir et de 87% sur le boulevard Saint-Germain entre 18 et 19 heures. Pour la pointe du matin, la hausse est plus modérée mais reste élevée à 25% pour les quais et 31% pour le boulevard Saint-Germain.

Dans le projet présenté par la Mairie de Paris, Anne Hidalgo a évoqué la création d’un tram-bus en remplacement de la ligne 72 et fonctionnant à double sens sur les quais hauts. La région s’est étonnée de cette proposition qui n’est pas celle qui avait été discutée entre le Syndicat des transports d’Île-de-France et la Mairie. Le projet validé avec un budget de 30 millions d’euros est celui de l’électrification de la ligne 72 passant dans un sens sur la rue de Rivoli et dans l’autre sur les quais hauts.

Solutions alternatives

Par ailleurs, la région tient à revoir entièrement le plan bus, aussi bien à Paris qu’en banlieue. «Pour avoir moins de voitures dans Paris, il faut absolument plus de transports en commun en banlieue», a tenu à rappeler Valérie Pécresse. «Nous ne sommes pas anti-voiture, mais nous sommes pro-voitures propres», a poursuivi la présidente, insistant sur le vote d’un budget de 4 millions d’euros pour aider les artisans à changer de véhicule. La région, qui fait partie du comité de suivi mis en place par la Préfecture de police, propose donc trois solutions alternatives afin d’apaiser le trafic, «des solutions adaptables selon les saisons, été ou hiver et qui devront faire l’objet d’études d’impact». Bref, entre la région et la ville, la mésentente n’est plus cordiale.

François Delétraz

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Les propositions de Pécresse pour réduire les bouchons sur les quais

 

La région propose trois scénarios, qui rétablissent au moins une voie de circulation sur les berges, afin de réduire les congestions que connaissent les quais hauts.

Elle se veut « constructive en cette période d’expérimentation ». La présidente de la région, Valérie Pécresse, a présenté ce jeudi trois alternatives à la fermeture des voies sur berges voulue par la mairie de Paris. Des propositions au préfet de Police de Paris, seul décisionnaire en la matière. C’est lui qui décidera, avec Paris, de la suite à donner à l’expérimentation, fin mars. «Nous cherchons des solutions douces et progressives qui limitent les reports de circulation sur d’autres routes et ré-ouvrent le dialogue, précise Fouad Awada, directeur général de l’IAU, l’Institut d’aménagement de la région qui a planché sur le sujet. Il faudrait, comme à Florence en Italie rendre le centre historique piéton mais conserver un axe de contournement. A Paris, cette voie de contournement, ce sont les berges de Seine ».

Ces trois solutions rétablissent au moins une voie de circulation en bas pour décongestionner le haut : « On ne comprend pas bien pourquoi on met la pollution plus près des habitations que des poissons…», soupire Chantal Jouanno, en charge de l’environnement à la région.

Le scénario 1 (voir infographie) veut rendre les quais hauts « apaisés », avec une voie dédiée aux bus, une autre aux vélos, et un trottoir élargi pour les piétons comme un « balcon sur la Seine». Les deux voies restantes reviendraient aux voitures roulant à faible allure. En bas : trottoir élargi pour piétons et vélos et rétablissement d’une file à 50km/h conçue comme un transit ouest-est de Paris, sans échange (entrées ou sorties) avec l’étage supérieur.

Même schéma pour les quais hauts dans le scénario 3. En revanche, il rétablit les deux files de circulation à 50 km/h, conçues là encore comme un transit.

Quant au scénario 2, il apaise le bas avec large trottoir pour piétons et vélos et une voie à faible allure pour les voitures. En haut, trois files sont réservées aux véhicules à 50km/h.

Ces configurations pourraient varier en fonction des saisons, et des opérations spéciales, comme Paris Plage ou Paris Respire.

« C’est du sang et des larmes »

Y a-t-il un des scénarios proposés par la région qui trouve grâce aux yeux de la ville de Paris ? « Aucun », tranche Christophe Najdovski, adjoint EELV, en charge des transports à la mairie de Paris. « Sur la forme, on ne voit pas bien au nom de quoi Mme Pécresse s’exprime. Si elle voulait dialoguer , elle aurait pu nous parler plutôt que de le faire à la presse ».

Quant au fond, l’élu estime que « c’est un projet qui vise à remettre de la circulation automobile sur les berges tout en maintenant une circulation forte sur les quais hauts. C’est du sang et des larmes ». Sur la pollution, Christophe Najdovski s’en remet aux études « scientifiques » d’Airparif et dénonce les conclusions du « comité Theodule » de la région présidé par un médecin « qui n’a aucune compétence en circulation »

Jean-Gabriel BONTINCK et Jila Varoquier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

L’Île-de-France rêve d’une «Smart Week» regroupant tous les événements de la tech

INFO LE FIGARO – La région voudrait fédérer et regrouper en une semaine les événements consacrés à la tech et aux start-up à Paris.

Futur en Seine, Viva Technology, Digital Marketing Symposium, EuroCloud, Bpifrance Inno Génération, Entreprise Digital Paris, e-commerce Paris… Sans même parler de la Paris Games Week. Les événements dédiés à la high-tech, à l’innovation et aux start-up se succèdent à un rythme effréné à Paris, et à liste n’en finit pas de s’allonger. Ce qui lève quelques interrogations sur l’efficacité de ce calendrier bien chargé. La Région Ile-de-France a bien une idée de réponse: «Nous voulons mettre en place une “Smart Week” en Ile-de-France pour réunir toutes ces manifestations sur une seule et même semaine», explique Jérôme Chartier, premier vice-président de la région, chargé de l’Économie et de l’Emploi.

En regroupant tous ces salons, grands ou petits, sur une période plus courte, Jérôme Chartier estime que «cela permettrait de faire venir à Paris des personnes qui seraient attirées par un rendez-vous important, mais qui ne sont pas disposées à venir plusieurs fois par an». Il lui reste encore le plus difficile à accomplir: convaincre les différents organisateurs que l’union peut faire la force.

Les start-up françaises attirent les investisseurs

Cette idée s’inscrit dans une politique plus large que mène la Région pour encourager l’innovation et le développement sur son territoire. Les initiatives mises en place couvrent une large palette, depuis la facilitation des relations entre les chercheurs et les entreprises, jusqu’à des aides financières (Innov’Up) et le soutien à des incubateurs, comme Creativ’ Vallée au Kremlin Bicêtre, ou le Cargo à Paris, financé à 40% par la Région. «Nous avons aussi un projet de fab lab pour offrir aux entrepreneurs un espace où ils pourront réaliser des prototypes, notamment avec des imprimantes 3D», ajoute Jérôme Chartier, convaincu que c’est un premier pas vers une réindustrialisation du tissu économique local.

Malgré un beau dynamisme dans les autres régions, l’Ile-de-France demeure l’épicentre de la high-tech en France. Elle a encore attiré une large majorité (61%) des investissements en 2016, avec près de 1,7 milliard d’euros levés, contre environ 1,1 milliard dans les autres régions, selon un rapport de Dealroom publié cette semaine. Sur l’ensemble du territoire français, plus de 2,7 milliards d’euros ont été investis dans les start-up l’an dernier, faisant de la France la deuxième destination en Europe, derrière le Royaume-Uni (3,2 milliards d’euros) et désormais devant l’Allemagne (2 milliards).

Carte interactive : http://premium.lefigaro.fr/secteur/high-tech/start-up/2017/01/19/32004-20170119ARTFIG00122-l-ile-de-france-reve-d-une-smart-week-regroupant-tous-les-evenements-de-la-tech.php

 

Elsa Bembaron

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Salon du travail : deux jours pour prendre sa carrière en main

La 3e édition du Salon du travail et de la mobilité professionnelle, qui se tiendra les 20 et 21 janvier à Paris, offre les clés pour donner un nouvel élan à sa vie professionnelle.

Trouver un emploi, créer son entreprise, se former, explorer le potentiel des régions ou encore s’expatrier : le Salon du travail et de la mobilité professionnelle, organisé par l’Express, Libération et BFM Business, vise à répondre à l’ensemble des aspirations des visiteurs. « Nous souhaitons les accompagner dans leurs réflexions d’évolution professionnelle », indique Valérie Bruschini, commissaire générale de l’événement.

SIX VILLAGES THÉMATIQUES

Du jeune diplômé au sénior actif en passant par le demandeur d’emploi, tous les profils sont invités à parcourir les six villages thématiques du salon, animés par plus de 250 exposants :

– « Je cherche un job » : pour rencontrer les entreprises qui recrutent et optimiser sa recherche d’emploi.

– « Je me forme » : pour concrétiser son projet de formation ou de reconversion professionnelle.

-« Je découvre l’emploi public » : pour s’informer sur les offres d’emploi, les formations et les concours du secteur public.

– « J’entreprends » : pour créer ou reprendre une entreprise, s’informer sur les aides et les démarches.

– « Je bouge en France » : pour découvrir les opportunités professionnelles en région ainsi que les dispositifs d’accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise.

– « J’ose le monde » : pour échanger avec les recruteurs à l’international et préparer son projet de départ.

LES NOUVEAUTÉS DE L’ÉDITION 2017

Plus de 30 conférences et ateliers pratiques seront proposés durant les deux jours du salon. « Pour cette 3e édition, les entreprises présentes vont proposer différentes animations, par exemple un espace de coaching pour rédiger un CV », précise Valérie Bruschini.

D’autres nouveautés sont également au programme, comme le “lab des idées” : quatre débats permettront de s’interroger sur les mutations du monde du travail, en lien avec le numérique ou encore la diversité.

Le salon est également partenaire d’Expolangues, qui se déroulera simultanément sur le même site. « Les personnes intéressées par l’expatriation pourront bénéficier d’informations complémentaires grâce à ce salon centré sur la mobilité internationale », explique Valérie Bruschini. Pour profiter pleinement du salon, il est recommandé de préparer sa visite en consultant l’ensemble des informations utiles sur le site internet : www.salondutravail.fr.

Informations pratiques

Salon du travail et de la mobilité professionnelle : vendredi 20 janvier de 10 h à 18 h et samedi 21 janvier de 10 h à 17 h. Lieu : Grande halle de la Villette 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris

Entrée gratuite sur inscription en ligne :www.salondutravail.fr

Plus de 30 000 visiteurs SONT ATTENDUS À LA 9E ÉDITION DU SALON DU TRAVAIL ET DE LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/business/salon-du-travail-deux-jours-pour-prendre-sa-carriere-en-main-16-01-2017-6574293.php

 

 

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 20/01/2017

L’ultime charge de la Cour des comptes contre la gestion Hollande

L’institution a déjà programmé un audit complet des finances publiques pour juin.

En ce jour d’audience solennelle et de vœux au gouvernement, Didier Migaud avait revêtu la robe noire de magistrat et l’hermine du premier président de la Cour des comptes. L’ex-député PS a profité de l’occasion, et du public de premier choix assis juste devant lui (le premier ministre, les ministres de la Justice, du Budget, de la Fonction publique…), pour fustiger l’attitude des hommes politiques au pouvoir qui ne peuvent s’empêcher de travestir la réalité et d’enjoliver la situation des comptes publics. Le tout dans un discours très bien écrit multipliant les références aux contes de fées et où les «tours de passe-passe» rivalisent avec les «magiciens». Ambiance.

«Aux élixirs d’alchimiste, les magistrats de la Cour des comptes recommandent et continueront de recommander de substituer de vrais remèdes», a martelé Didier Migaud, face à des ministres crispés d’être ainsi rappelés à l’ordre. Certes, le premier président a reconnu «les efforts et progrès intervenus dans les années récentes» – le déficit a baissé de 18 milliards en cinq ans -, mais «nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables». La dette s’est en effet alourdie en 2016, alimentée par un déficit public qui devrait atteindre 3,3 % du PIB. Soit un point de plus que le niveau nécessaire pour stabiliser un fardeau financier qui culminera à 96 % du PIB et qui justifie le maintien de la France, au même titre que la Grèce, le Portugal et l’Espagne, dans le club des pays européens toujours dans le collimateur de Bruxelles pour déficit excessif.

Didier Migaud a aussi dissipé les écrans de fumée dressés par la ministre de la Santé autour des comptes sociaux. Marisol Touraine a beau se féliciter d’avoir «sauvé la Sécu», lui rappelle que «son équilibre n’est pas encore assuré». Pis, les progrès observés résultent selon lui essentiellement de transferts financiers vers l’État! Quant à la bonne surprise annoncée mardi par Bercy – un déficit 2016 inférieur d’un milliard aux dernières prévisions -, «la Cour aura l’occasion de vérifier (…) les conditions dans lesquelles ces résultats ont été obtenus», prévient-il, visiblement sceptique sur le résultat claironné par Michel Sapin.

Défi considérable

À l’orée d’élections cruciales, Didier Migaud ne s’est d’ailleurs pas contenté de régler ses comptes avec les sortants. Il a aussi, et surtout, prévenu les suivants que le redressement des comptes publics sera «un défi considérable». Et ce notamment parce que l’alignement des planètes (de bas taux d’intérêt et de cours de pétrole corrélés à des bons taux de change), dont a bénéficié l’Hexagone ces dernières années pour redresser ses finances publiques, s’est récemment disloqué. Selon Didier Migaud, la baisse des taux d’intérêt depuis 2011 a ainsi fait fondre le déficit… de 40 %.

La réduction de la contribution au budget européen, qui explique aussi le «bon» déficit 2016, est tout autant de l’histoire ancienne. Avec le Brexit, l’écot réglé par la France devrait peser 1,2 milliard de plus, selon le Sénat. Après plusieurs années de gel de leur traitement, les dépenses salariales de la fonction publique devraient également s’envoler en 2017, alourdissant la facture autant en un an que lors des six dernières années.

Au successeur de Bernard Cazeneuve, Didier Migaud conseille enfin de mener moins de réformes et de mieux les évaluer en amont. Et ce afin que la Cour dresse «moins de constats négatifs» à l’avenir. Pour que le futur exécutif parte sur de bonnes bases, il a d’ailleurs déjà programmé un «audit général des finances publiques» qu’il présentera au futur président en juin…

Guillaume Guichard

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Des pistes de réforme pour améliorer l’orientation post-bac

Près de 4 étudiants sur 10 se réorientent entre la première et la deuxième année d’études supérieures, selon France Stratégie.
L’organisme propose, entre autres, de réformer le bac.

Les lycéens qui veulent poursuivre des études dans l’enseignement supérieur vont pouvoir saisir leurs voeux, dès ce vendredi, sur le portail Admission post-bac (APB). Cette première étape d’inscription court jusqu’au 20 mars, avant l’ouverture de la phase de confirmation des voeux. Mais APB n’est qu’un outil, qui ne règle pas la question de fond de l’orientation. C’est ce que souligne France Stratégie dans une étude récente.

Cet organisme, rattaché à Matignon, a chiffré le « coût collectif » des « accidents de parcours » à « plus de 500 millions d’euros par an, soit le budget de fonctionnement de deux universités de taille moyenne ». Les difficultés « se concentrent » à l’université, selon lui : à peine 40 % des étudiants poursuivent, après une première année d’études en licence, dans la deuxième année de la formation. A cela s’ajoute un taux d’échec important puisque 20 % des étudiants ayant commencé des études supérieures en sortent sans avoir obtenu de diplôme.

Licences professionnelles

France Stratégie y voit le résultat des « fréquentes difficultés d’orientation », avec des étudiants « mal informés sur les choix qui s’offrent à eux ». Un constat problématique au vu de l’explosion attendue des effectifs du supérieur et du « déficit français en matière de compétences ». L’étude rappelle les « résultats médiocres » de l’Hexagone dans les enquêtes internationales (PISA pour les élèves de 15 ans, PIAAC pour les compétences des adultes).

Que faire ? Le « think tank » rattaché à Matignon, qui entend nourrir le débat en vue de l’élection présidentielle, met deux options sur la table. La première vise à créer des parcours intégrés entre le lycée et l’enseignement supérieur. L’idée est de renforcer, à côté des filières sélectives longues, les filières professionnelles de niveau bac +2 et bac +3 et d’en garantir l’accès aux élèves ayant un bac professionnel ou technologique. France Stratégie propose aussi de créer des licences professionnelles en trois ans qui seraient proposées aux bacheliers généraux. Les autres élèves souhaitant poursuivre leurs études dans des formations générales non sélectives de niveau licence devraient passer « un test de positionnement » durant l’année de terminale, pour éventuellement recevoir ensuite un accompagnement renforcé ou une mise à niveau.

L’autre option suggérée par l’étude aboutirait à une transformation profonde du baccalauréat, en permettant aux élèves de se construire un parcours à la carte, à partir de différents modules de formation. Les lycéens suivraient des modules de formation généraux et d’autres, spécialisés, en lien avec les études supérieures envisagées. « Le changement de filière serait facilité », vante France Stratégie. Les lycées deviendraient polyvalents, proposant à la fois des filières générale, technologique et professionnelle. Le bac serait dès lors « validé en contrôle continu », avec un nombre limité d’épreuves terminales.

Dans le supérieur, la première année de licence deviendrait une année de préparation aux études supérieures durant laquelle les étudiants affineraient leurs choix. Cette réforme déboucherait aussi sur la création d’un « corps enseignant commun » aux lycées et aux établissements d’enseignement supérieur « pour mieux assurer la continuité » entre le lycée et le supérieur. Autant de pistes de refonte pour des candidats à l’élection présidentielle qui savent toutefois que le bac est un sujet politiquement très délicat à manier.

Marie-Christine Corbier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les 5 chiffres à retenir sur les salaires des Français

LE SCAN ÉCO – Salaire moyen, différences hommes-femmes, comparaison public-privé, l’Insee a publié ce jeudi une note sur le revenu salarial en 2014.

  • Le salaire moyen annuel

Le revenu salarial annuel, soit la somme de tous les salaires nets perçus par un individu en 2014, atteint 20.670 euros, peut-on lire dans la note de l’Insee sur le revenu salarial en 2014, publiée ce jeudi. Ce revenu progresse de 1% en 2014 en euros constants alors qu’il avait augmenté de 0,7% par an entre 1995 et 2009, puis diminué de 0,3% par an jusqu’en 2013.

  • Les différences entre les plus jeunes et les plus âgés

Les 50-54 ans touchent un revenu salarial annuel (25.367 euros) 3,4 fois plus élevé que celui des moins de 25 ans (7362 euros) en 2014.

  • Les inégalités hommes-femmes

Les femmes perçoivent un revenu salarial inférieur en moyenne de 24% à celui des hommes. En 2014, elles gagnent 17.815 euros annuels contre 23.398 euros annuels pour les hommes. «L’écart de revenu salarial moyen entre femmes et hommes s’explique pour plus des deux tiers par des écarts de salaire en équivalent temps plein et moins d’un tiers par des différences de volume de travail», précise l’Insee. Mais ces écarts diffèrent aussi selon l’âge et le niveau de revenu salarial.

Depuis 2009, le revenu salarial moyen des femmes évolue plus favorablement que celui des hommes.

  • Les cadres et les autres catégories socio-professionnelles

Les cadres sont 2,6 fois mieux payés que les ouvriers et 2,9 fois plus que les employés en 2014. Lorsque les premiers gagnaient 40.455 euros annuels en 2014, les deuxièmes touchaient 15.282 euros et les derniers 13.988 euros. Quant aux diplômés de niveau Bac+3 ou plus, ils percevaient le double des salariés de niveau inférieur au Bac, soit 36.537 euros annuels.

  • Le public versus le privé

En moyenne un salarié du privé gagne 20.152 euros et un salarié du public 22.442 euros. La différence entre le salaire au-dessus duquel se situent 10 % des salaires (D9) et le salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires (D1) est plus forte dans le privé que dans le public. Plus précisément, le rapport interdécile D9/D1 vaut 16,8 (37.234/ 2218) dans le privé contre 7,8 (36.797/4716) dans le public. La raison? Une plus grande variabilité dans le secteur privé du volume de travail et des salaires ainsi que des périodes de non-emploi (chômage ou inactivité) des salariés du privé.

En 2017, la hausse des salaires est plus marquée dans le public qui suit la moyenne générale que dans le privé (+ 0,6%). Mais depuis 2000, c’était plutôt l’effet contraire qui était observé avec un revenu salarial moyen plutôt stable dans le public et en hausse dans le privé.

Marie Théobald

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 20/01/2017

La restauration française cherche un nouveau souffle

Le chiffre d’affaires des restaurateurs a baissé de 4,5 %. A l’heure du Salon professionnel Sirha, qui ouvre à Lyon samedi, l’innovation fait figure de planche de salut.

Bien-être, développement durable, traçabilité, rapidité du service, numérique, réseaux sociaux : aux dires des professionnels et des experts du secteur, ces quelques mots clefs sont au coeur de la restauration gagnante d’aujourd’hui et de demain alors que s’ouvre ce samedi, à Lyon, le Sirha, la grand-messe sectorielle présentée par ses organisateurs comme « le rendez-vous mondial de la restauration et de l’hôtellerie ».

Pour les restaurateurs français, il intervient après une année 2016 pour le moins complexe dans un contexte de menace terroriste ravivée par la tuerie de Nice , de lente sortie de crise, sans parler des incidences des mouvements sociaux ou même des inondations. Le groupement patronal GNI, qui vient de publier sa dernière note de ­conjoncture trimestrielle, fait état d’une baisse du chiffre d’affaires des restaurateurs de l’ordre de 4,5 % en moyenne sur l’ensemble de l’année. Une tendance amorcée quand le secteur avait plongé au quatrième 2015, à la suite des attentats du 13 novembre .

Frémissement à Paris

A la fin 2016, le GNI relève cependant un moindre repli de l’activité, avec une baisse de 1 % au ­quatrième trimestre. Il est particulièrement tangible à Paris où les brasseries ont été sévèrement affectées par la chute du ­tourisme international. Outre un effet de base favorable, les professionnels constatent un ­frémissement de reprise de la fréquentation, y compris de visiteurs étrangers. Ceci étant, le GNI sou­ligne que le chiffre d’affaires des ­restaurateurs franciliens se maintient à un niveau « exceptionnellement bas » au quatrième trimestre 2016, rapportés aux « résultats catastrophiques » observés un an auparavant. La baisse était alors de l’ordre de 20 %.

Autre note positive toutefois : le groupe d’études NPD, qui s’appuie sur un panel de consommateurs, a communiqué jeudi des données attestant d’un « retour de la croissance après trois années consécutives de recul » du marché de la restauration hors domicile. Tous segments confondus, la fréquentation a progressé de 0,4 % sur douze mois à la fin novembre, la dépense moyenne augmentant de 0,3 %, à 5,50 euros, d’où un total de dépenses estimé à 54,6 milliards d’euros. Sur cette même période, la fréquentation croît de 1,2 % dans la restauration rapide, et ne baisse plus que de 0,4 % pour la restauration à table.

Campagne de communication

Néanmoins, signe des temps, le ministère de l’Economie lancera début mars une grande campagne de communication en faveur du secteur, indique l’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration.

« Le marché se stabilise mais on n’a pas retrouvé le niveau de 2014 », observe le président de sa branche restaurateurs, Hubert Jan, avant d’insister sur le « distinguo Paris-province ».

Le dynamisme de certaines ­chaînes – comme Au Bureau (99 pubs brasseries, +6,5 % de croissance à base comparable en 2016), ou l’expansion express d’une enseigne comme Burger King – ne doit pas masquer les difficultés des autres et les disparités selon les villes ou les modèles de restauration. « La situation reste difficile à Paris, comme pour d’autres villes, alors que l’axe Bordeaux-Lyon fonctionne bien », constate ainsi le directeur général de Groupe Flo.

Christophe Palierse

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Pourquoi votre facture d’électricité va grimper au 1er août

 

Ce « péage » est destiné aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions),

et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

À compter du 1er août, les consommateurs subiront une hausse de leur facture d’électricité de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Explications. 

C‘est une simple ligne sur la facture d’électricité, que reçoivent chaque mois les 35 millions de ménages français. Le TURPE, ou Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité, contribue pourtant à faire augmenter régulièrement les prix de l’électricité. Ainsi, à compter du 1er août prochain, les consommateurs subiront une hausse de la facture de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Sans compter évidemment l’augmentation à prévoir des autres taxes (TVA, CSPE…), ainsi que des coûts de production.

Un «péage» reversé aux deux gestionnaires du réseau

De quoi s’agit-il ? Le TURPE est en fait le tarif dont s’acquittent l’ensemble des fournisseurs d’électricité (EDF évidemment, mais également tous les alternatifs comme Engie ou Direct Energie) via les factures qu’ils envoient à leurs clients, pour que l’électricité produite dans leurs centrales, ou achetée sur le marché de gros, ait le droit de circuler sur le réseau de transport. Un péage en quelque sorte, qui représente un tiers de la facture des ménages. Il est reversé aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions), et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

Une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture 

2%, c’est une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture annuelle d’électricité d’un ménage, pour ce péage. Cela vous semble beaucoup ? Cela aurait pu être bien plus. Depuis plusieurs mois, à la demande d’EDF, la ministre de l’Énergie, Ségolène Royal, bataillait en effet avec la Commission de régulation de l’Energie (CRE) pour porter l’augmentation du TURPE à 3%. Soit 22 euros supplémentaires, et non plus 15 euros sur la facture de ce même ménage. Sauf que c’est bien à la CRE que revient la tâche de fixer tous les quatre ans le montant du TURPE, depuis la création de ce tarif en 2000.

Il se calcule en fonction des charges d’exploitation, de développement et d’entretien des deux gestionnaires du réseau. Enedis notamment, aurait fait ses comptes. Il lui manquerait 3 milliards d’euros sur la période pour couvrir ses besoins prévisionnels d’investissements. L’entreprise met en avant les nombreux chantiers auxquels elle doit faire face : raccorder au réseau les nouvelles installations renouvelables (plus de 2 000 mégawatts par an pour l’éolien), et développer les infrastructures pour accueillir 7 millions de véhicules électriques. Sauf que le gendarme de l’énergie répond qu’Enedis a versé à sa maison-mère EDF 500 millions de dividendes annuelles sur la période 2013-2015. Ségolène Royal ne veut pourtant rien entendre. Et est allée jusqu’à s’opposer à une première délibération de la CRE, le 17 novembre dernier, au prétexte que le montant proposé ne prenait pas suffisamment en compte la transition énergétique. En demandant au gendarme de l’énergie de revoir sa copie.

«Un tarif qui préserve le pouvoir d’achat des consommateurs»

La CRE, dont le mandat de son président, Philippe de Ladoucette, s’achève le 7 février prochain, a pourtant décidé de tenir tête à la ministre. Estimant que le TURPE ne peut pas augmenter indéfiniment, rejoignant ainsi les associations de consommateurs, elle a publié, ce jeudi 19 janvier, une nouvelle délibération où elle maintient sa proposition initiale. Ce sera donc bien une hausse de 2,71% du TURPE, qui se traduira par une hausse moyenne de 2% sur la facture, et rien de plus. «Un tarif qui prend en compte les enjeux de la transition énergétique et préserve le pouvoir d’achat des consommateurs» indique un communiqué de la CRE qui accompagne sa délibération. La législation donnant à la CRE le dernier mot, c’est bien cette seconde délibération qui détermine des tarifs à venir pour le TURPE. N’en déplaise à Ségolène Royal. Contacté par notre journal, le ministère de l’Énergie n’a pas répondu à nos sollicitations.

EN SAVOIR PLUS / EDF veut fermer ses 77 agences d’ici à 2019 : http://www.leparisien.fr/economie/pourquoi-votre-facture-d-electricite-va-grimper-au-1er-aout-19-01-2017-6590943.php

Erwan Benezet

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Michelin révolutionne son dialogue social

INFO LE FIGARO – Pour améliorer sa compétitivité, l’industriel incite les salariés d’une usine à bâtir des pactes d’avenir innovants.

Et de trois! Ce vendredi, le groupe Michelin signe un nouveau pacte d’avenir engageant, après celles de Roanne et la Roche-sur-Yon, son usine de Vannes. Un tel pacte n’a pas d’existence juridique: sa valeur est purement symbolique mais il est pris très au sérieux chez Michelin. «Quand j’ai pris mon poste en 2013, on m’a dit que pour que Michelin conserve son empreinte industrielle en France, les sites allaient devoir monter en compétitivité, explique Rémi de Verdilhac, le patron de Michelin France. Mais cela ne se décrète pas. Nous avons donc réfléchi à ces accords du troisième type, fondés sur la confiance, la responsabilisation de chacun et la conviction que les salariés se préoccuperont bien des clients uniquement si Michelin se préoccupe d’eux.»

À Vannes, le groupe s’engage à investir 22 millions d’euros sur cinq ans dans l’usine qui fabrique des câbles pour pneus poids lourds, afin de lui permettre de monter en gamme. En face, les salariés ont planché pendant une année pour définir une nouvelle organisation de travail qui améliorera la compétitivité du site et fera baisser son coût de production. Michelin a fixé l’objectif d’une réduction de 120 postes d’ici à 2021, sur les 450 actuels, mais s’engage à ne procéder à aucun départ contraint.

La CGT ne signe pas

Sur le papier, la célébration hommage au dialogue social renouvelé du XXIe siècle s’annonçait parfaite… Sauf que le premier syndicat du site, la CGT (60 % des suffrages) a décidé de ne pas parapher le texte final. «Au final, le pacte est une application de l’accord 35 heures de 2001, que nous n’avions pas signé. Comme il n’y a pas d’amélioration, il est logique de ne pas le signer non plus, même si on est bien conscient que le statu quo n’était pas une option», justifie Éric Boisgard, le délégué CGT. «Vu tout le travail que nous avons accompli avec la CGT depuis un an, c’est déjà une réussite, même si j’aurais bien sûr préféré que tous les syndicats signent», veut dédramatiser le directeur de l’usine, Bertrand de Solages. Il peut se consoler avec l’adhésion de l’Unsa (23 %) et de la CFE-CGC (12 %).

En 2016, le projet aura profondément marqué le site. L’ensemble des salariés y ont consacré au total 1200 journées de travail, à raison de deux heures de réunion en groupe thématique par semaine. «Les suggestions des équipes ont été écoutées. Par exemple sur le temps de travail, nous avons retenu l’organisation demandée par la majorité des employés, que je n’aurais pas choisie spontanément», avance Bertrand de Solages. «Il ne s’agit pas d’une démarche de cogestion, tient toutefois à préciser Rémi de Verdilhac. On ne demande pas l’avis du personnel sur les questions de repositionnement stratégique. Elles sont de notre responsabilité.» La comparaison avec le modèle allemand s’arrête donc là.

Pour Étienne Forcioli, président du cabinet Plein Sens qui a accompagné le projet, «la nouveauté technique réside dans ce dialogue social hors instance, où tous les syndicats ont participé. Mais la rupture la plus forte est la transparence sur les informations. Pour les managers, qui ont l’habitude d’avoir toujours un temps d’avance, ce n’est pas évident.» Malgré les difficultés, Michelin y croit. En 2017, deux nouveaux sites français du groupe vont réfléchir à leur propre pacte d’avenir…

Le site de Vannes

  • Création: 1953
  • Effectifs: 450 salariés en CDI et 50 en CDD
  • Superficie: 50 000 m² de bâtiments sur 15 ha de terrain
  • Production: 18 000 tonnes par an de câbles métalliques qui constituent le «squelette» des pneus poids lourds
  • Spécificité: un pneu poids lourds sur cinq vendus par Michelin dans
    le monde contient un produit fabriqué dans l’usine

Anne de Guigné

 

 

LA TRIBUNE – 20/01/2017

Pourquoi Safran a enfin pu mettre la main sur Zodiac

 

Le directeur général de Safran Philippe Petitcolin et le président du conseil d’administration Ross McInnes ont été les artisans du rachat de Zodiac

 

Après un échec en 2010, Safran va enfin racheter Zodiac qu’il n’a jamais cessé de convoiter. Pourquoi cela a marché cette fois-ci ? Quatre raisons à cela : la méthode, l’environnement aéronautique, Zodiac et Safran ont changé depuis six ans.

Safran a annoncé jeudi le lancement d’une offre publique amicale (OPA) visant Zodiac Aerospace, qui donnera naissance à un nouveau géant de l’aéronautique avec un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros. Le nouveau groupe emploiera 92.000 personnes (dont plus de 45.000 en France) et sera présent dans plus de 60 pays. Avec cette acquisition, Safran va devenir le numéro trois du secteur, hors constructeurs d’avions :

Nous allons créer « un leader mondial (…) derrière (les américains) UTC et General Electric, mais très proche, et dans les équipements un chiffre d’affaires de 10 milliards qui va nous situer au deuxième rang mondial », s’est félicité  le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin. « Nous créons une combinaison de deux leaders sur leurs marchés respectifs », a-t-il précisé en qualifiant l’opération d' »opportunité unique » pour Safran qui se recentre sur son cœur de métier Aéronautique et Défense.

Dans un communiqué, le chef de l’État François Hollande a salué un rapprochement qui crée « un leader français de niveau mondial dans l’industrie aéronautique ». Actionnaire à hauteur de 14% de Safran, l’Etat « restera le premier actionnaire du groupe fusionné », a précisé François Hollande.

Une question de confiance

« Nous avons réussi là où c’était impossible il y a six ans », a confié à la Tribune le président du conseil d’administration Ross McInnes, ravi de cette opération. Tout est résumé dans cette petite confidence. Si les actionnaires de Zodiac ont accepté cette fois-ci la proposition de rapprochement avec Safran, cela n’avait pas été le cas en 2010 quand l’équipementier alors présidé par Jean-Paul Herteman, mal conseillé par son banquier-conseil, avaient été vertement éconduit par le spécialiste des cabines d’avions. Clairement, « le courant n’est pas passé » entre des actionnaires familiaux attachés à leur entreprise et l’ancien direction de Safran qui ne l’a pas compris, a expliqué le président du conseil de surveillance, Didier Domange.

Pourquoi un tel changement d’attitude? « Nous sommes très heureux de cette opération qui est bonne pour l’ensemble des parties prenantes, bonne pour les actionnaires, l’entreprise, les salariés et les clients », a estimé le président du directoire de Zodiac Aerospace, Olivier Zarrouati. D’autant que l’opération annoncée jeudi matin porte sur l’ensemble du périmètre de Zodiac, contrairement à la première fois où, semble-t-il, Safran convoitait qu’une partie de sa cible. « A l’époque, Safran était arrivé comme des éléphants dans un magasin de porcelaine », explique-t-on en outre à La Tribune.

Et les actionnaires de Zodiac? Pour Didier Domange, dont la famille possède 10,84% du capital de Zodiac, « la méthode a changé. Nous avons eu avec Ross (McInnes) et Philippe (Petitcolin) un dialogue loyal, ouvert, respectueux, professionnel, un dialogue d’industriels (…) Ensuite parce que la proposition de Safran a changé. Elle donne à nos actionnaires la plein valeur économique de leurs actifs (…) Elle permet aux actionnaires de référence de Zodiac, familles et associés de FFP (famille Peugeot, ndlr) et FSP (Fonds Stratégique de Participations, soutenu par six assureurs majeurs en France, Ndlr), de continuer l’aventure au sein du groupe Safran, comme actionnaires de long terme, engagés à le rester et impliqués dans sa gouvernance aux côté de l’État avec qui nous allons signer un pacte de stabilité pour donner au groupe issu de la fusion le socle stable et motivé d’actionnaires qu’il mérite ».

L’environnement aéronautique

Si la course à la taille pour répondre à la baisse des prix imposée par les avionneurs ne date pas d’hier, l’environnement aéronautique accentue aujourd’hui plus qu’hier cette tendance qui pousse les équipementiers à se regrouper rapidement. Avec l’absence de nouveaux programmes d’avions et de la faiblesse du prix du carburant qui n’incite pas les compagnies aériennes à commander des appareils neufs, les constructeurs d’avions cherchent davantage à se différencier par une baisse des prix des avions. Ne voulant pas sacrifier leurs marges, ils accentuent la pression sur les prix des achats commandés aux équipementiers, lesquels n’ont pas d’autres choix que de se regrouper pour pouvoir absorber la baisse des prix.

En octobre dernier, Rockwell Collins, spécialisée dans l’avionique et les technologies de l’information, avait ouvert la voie en rachetant son compatriote américain B/E Aerospace, spécialiste des cabines d’avion pour 8,3 milliards de dollars. Voir l’un de ses concurrents s’adosser à un gros équipementier a forcément mis la pression sur les familles détentrices de 11% du capital.

Les difficultés industrielles de Zodiac

Les difficultés de Zodiac ont évidemment pesé dans la balance. Avec les énormes déboires industriels rencontrées depuis deux ans dans son activité de fabrication de sièges d’avion qui ont conduit à des retards importants de livraisons à Airbus et Boeing, Zodiac est aujourd’hui un équipementier affaibli et ne présente plus comme en 2010 le visage une entreprise flamboyante et robuste. La perte de contrôle sur la production observée a montré le manque de préparation de la capacité industrielle de Zodiac à suivre les hausses de cadences imposées par les avionneurs.S’en est suivie une dégringolade du cours de Bourse,  avec un titre qui dépassait de 35 euros en mars 2015 avant que ne soient dévoilés au grand jour le dérapage industriel à un peu plus de 14 euros en février 2016, avant de remonter depuis au dessus des 20 euros avec la mise en place de mesures pour redresser la situation. Le déploiement l’an dernier de son plan Focus de retour à la performance opérationnelle a commencé à porter ses fruits. Pour autant, l’application de ce plan de transformation industrielle qui aurait dû être lancé bien plus tôt risque de reléguer de facto au deuxième rang les efforts de transformation digitale dans lesquelles l’ensemble du secteur est plongé. Face à cette bête blessée, Safran a eu le tact de ne pas jouer les gros bras. En ne mettant pas, selon Zodiac, ces difficultés en tête des sujets à traiter.

Safran a changé

« Au-delà des questions de personnes, le Safran d’aujourd’hui est différent de celui il y a six ans », a estimé Ross McInnes. A l’époque, Safran devait résoudre les problèmes posés par l’intégration des activités de Sagem, a-t-il rappelé. Par ailleurs, le président du conseil d’administration a fait observer que le cours de bourse de Safran a doublé par rapport à cette époque. Ce qui lui confère de la puissance, de la sérénité et de la stabilité. Enfin Ross McInnes et Philippe Petitcolin ont amené une discipline financière très exigeante. Ce qui va rassurer les actionnaires familiaux de Zodiac.

Le duo à la tête de Safran n’a d’ailleurs pas hésité à se séparer d’une activité jugée « prometteuse », selon Philippe Petitcolin, estimant qu’elle pourrait mieux se développer en dehors du groupe. Dès son arrivée dans le fauteuil de directeur général, il avait déjà en tête une telle cible, Zodiac en faisait partie. Quels sont les critères d’acquisition de Safran ? La cible doit être un fournisseur de rang 1, présente dans la haute technologie et avoir une activité services développée. « L’acquisition de Zodiac coche toutes les cases », a avoué Philippe Petitcolin.

Michel Cabirol et Fabrice Gliszczynski  

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Armement : nouveau record à l’exportation en 2016 pour la France

 

Après des débuts difficiles à l’export, le Rafale de Dassault avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte,

avant la conclusion, en septembre dernier d’un contrat d’achat par l’Inde de 36 appareils.

La France a battu un nouveau record l’année passée avec des commandes de 20 milliards d’euros.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas boudé son plaisir à l’occasion de la cérémonie des voeux aux armées pour 2017. Il a pu se prévaloir d’un nouveau record pour l’exportation française d’armements au cours de l’année écoulée avec 20 milliards d’euros de commandes grâce à la vente à l’Inde du chasseur Rafale et au mégacontrat conclu avec l’Australie pour des sous-marins. En 2015, ces exportations – mesurées en prises de commandes – avaient déjà atteint quelque 17 milliards d’euros en 2015, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale à l’étranger, soit plus du double de l’année précédente. «  En 2015, nous avons réalisé le chiffre historique de 17 milliards d’euros d’exportations. Pour 2016, le bilan n’est pas encore consolidé, mais nous avons atteint un nouveau sommet avec plus de 20 milliards d’euros de prises de commandes », a déclaré le ministre.

Ces ventes record sont dues à «  de nouveaux succès à l’exportation », a souligné Jean-Yves Le Drian. «  Je pense aux Rafale, je pense à la conclusion du plus grand contrat de l’histoire de l’export français avec l’Australie », a-t-il ajouté.

Contrat de près de 40 milliards de dollars pour DCNS

Au terme de longues négociations, l’Inde a conclu en septembre l’achat de 36 avions de combat Rafale, fabriqué par le groupe Dassault. Après des débuts difficiles à l’exportation, le Rafale avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte. Chaque pays avait acquis 24 appareils. Autre succès : le choix par l’Australie du constructeur français DCNS pour renouveler sa flotte de sous-marins, un contrat géant de près de 40 milliards de dollars américains pour la construction de 12 submersibles. «  Notre équipe, votre équipe a créé des dizaines de milliers d’emplois en France et continue en même temps à garantir l’autonomie stratégique et l’indépendance de notre pays », s’est félicité Jean-Yves Le Drian.

La «  qualité des matériels français » et leur emploi par l’armée nationale sur les théâtres d’opérations extérieurs jouent un rôle clef dans ces succès à l’exportation, estime le ministère.

La France est engagée avec ses chasseurs Rafale et Mirage dans les opérations aériennes de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Elle conduit aussi une opération antiterroriste (Barkhane) dans cinq pays du Sahel.

Marie-José Cougard

 

::: SOCIAL

LE PARISIEN – 20/01/2017

Divorce : la CAF va recouvrer les pensions alimentaires impayées

 

Une vingtaine de CAF et des centaines d’agents vont être mobilisés pour faire fonctionner la nouvelle agence de recouvrement des pensions alimentaires impayées.

La ministre des Familles Laurence Rossignol inaugure ce vendredi à Guyancourt (Yvelines) l’Agence nationale de recouvrement des pensions alimentaires impayées (ARIPA), alors qu’on estime que 30 ou 40% des pensions restent en souffrance.

Quelque 100.000 familles monoparentales seraient concernées, selon le ministère de la Santé. Généralisée depuis le 1er avril 2016 après une période de tests, le dispositif de garantie des pensions alimentaires impayées (Gipa) va désormais disposer d’une agence dédiée, lancée ce vendredi par la ministre des Familles Laurence Rossignol.

Création de la loi sur l’égalité homme-femme d’août 2014, L’ARIPA (agence de recouvrement des impayés de pension alimentaire) a vocation à «réduire la pauvreté des foyers monoparentaux», composés à 85% de femmes selon les dernières statistiques de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Pour les personnes concernées, la pension alimentaire ou «contribution à l’entretien et l’éducation des enfants» (CEEE) porte bien son nom puisqu’elle représenterait pas moins de 20% des revenus du foyer.

Malgré tout, les parents en difficulté tardent trop à se faire aider pour obtenir gain de cause, comme le soulignait auprès du Parisien Frédéric Marinacce, directeur des politiques familiales et sociales à la Cnaf, en septembre dernier : «le montant moyen de l’impayé au moment de la demande est de 5 000 €», tandis qu’au total, «l’encourt des créances s’élève actuellement à 85 millions d’euros !».

Éviter les confrontations en cas de violences

Le dispositif consiste notamment à verser un complément de pension, «l’allocation de soutien familial» (ASF) pour pallier la défaillance de l’ex-conjoint qui ne respecte pas, ou irrégulièrement ses obligations financières La pension minimale, aide comprise, doit atteindre la somme de 104,75 € par enfant. «Par exemple, pour une pension fixée à 54 euros, la Caf versera alors 50 euros par mois et enfant», indique la CAF sur son site. Ceci même si le parent défaillant est à l’étranger.

L’ARIPA entend par ailleurs renforcer les moyens de recouvrement des pensions, notamment dans le cas où l’un des ex-conjoints serait victime de violences ou de menaces, en évitant tout contact direct entre les parties en présence. «L’objectif, c’est de faire écran et d’éviter toute nouvelle confrontation entre les parents», expliquait déjà, mercredi, une spécialiste au Parisien. Ses agents, répartis dans une vingtaine de Caisse d’allocations familiales (ainsi qu’une mutualité sociale agricole), ont aussi la mission de récupérer les pensions impayées.

Pour cela, elle engagera une action à l’amiable et, si elle échoue, un recours auprès de l’employeur et/ou de la Banque de France pour une saisie sur salaire ou sur compte bancaire. Les caisses peuvent ainsi récupérer jusqu’à deux ans d’arriérés.

«Le non-paiement de la pension, c’est parfois une violence économique», a estimé Stéphanie Lamy, fondatrice du collectif Abandon de famille-tolérance zéro auprès du Monde. Saluant «la bonne volonté» des pouvoirs publics, elle a déploré que les délais de récupération des pensions, soient important, notamment à cause de cette «phase amiable qui peut durer plusieurs mois». Le collectif dénonçait déjà en mars la faiblesse du plafond de l’allocation comparée au montant médian des pensions : 150 €.

Vidéo. Parole d’avocat : comment obtenir le paiement de la pension alimentaire ? http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/divorce-la-caf-va-recouvrer-les-pensions-alimentaires-impayees-20-01-2017-6594093.php

 

::: POLITIQUE

EXPRESS – 20/01/2017

Primaire à gauche: aucun des candidats n’impose sa différence

 

Les 7 candidats Francois de Rugy, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Sylvia Pinel, Benoit Hamon, Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias

lors du dernier débat télévisé le 19 janvier 2017 à Paris

Pour cette troisième et dernière confrontation avant le 1er tour du scrutin le 22 janvier, alors que l’écart se resserre dans les sondages entre Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, pas un des sept candidats n’a réussi à prendre l’avantage.

D’emblée, lors de ce 3e débat télévisé entre candidats à la primaire à gauche, Manuel Valls passe à l’offensive, bien décidé à ne pas concentrer sur lui l’essentiel des critiques de ses camarades comme cela avait été le cas dimanche dernier. Interrogé sur les finances publiques, l’ancien Premier ministre, favorable à une « maîtrise raisonnable » de la dette, n’attend pas pour dénoncer cette gauche « qui fait des propositions à crédit » et qui finalement « perd son crédit ». Clairement visé: Benoît Hamon et l’une des propositions phares de son programme, le revenu universel.

Arnaud Montebourg, lui, joue de son sens des formules. « C’est la dernière station avant le lepénisme », souligne-t-il, grave, en parlant d’une « cohérence à construire ». Plus tard, il moque Emmanuel Macron et ses hommages à géométrie variable, de Philippe de Villiers à Gisard d’Estaing en passant par François Mitterrand: « C’est flou, tout ça…. Et quand c’est flou, y’a un loup! », insiste l’ancien ministre de l’Economie, citant Martine Aubry à propos de François Hollande en 2011.

Arnaud Montebourg propose une mutuelle publique à 10 euros dans le cadre du débat sur la protection sociale, tandis que Manuel Valls veut en finir avec le numerus clausus et Vincent Peillon souhaite des avantages fiscaux pour les médecins qui s’installeront en zone rurale.

Sur la question du protectionnisme, Benoît Hamon réclame une harmonisation européenne fiscale et sociale, tandis que François de Rugy insiste: « On ne reviendra pas en arrière sur le marché européen. » Arnaud Montebourg est le seul à envisager de nouvelles nationalisations, comme celle des chantiers navals de Saint-Nazaire.

Passe d’armes Valls-Peillon sur Trump

Vient l’heure des « cartes blanches ». Manuel Valls veut un service civique obligatoire, François de Rugy et Benoît Hamon légaliser l’euthanasie, Sylvia Pinel un plan pour l’autisme, et Montebourg une clause d’embauche pour les jeunes diplômés des quartiers populaires. Sur le thème de la sécurité, le clivage se dessine entre les candidats qui privilégient les solutions alternatives dans le cadre de la contrainte pénale, et ceux qui commencent par augmenter le nombre de places de prison: 16 000, précise Manuel Valls.

En revanche, à propos de la Syrie, tous les candidats s’accordent pour dire qu’Assad devra répondre de ses actes devant la justice internationale, et que rien de durable ne peut se négocier avec lui. Quant à l’Amérique de Donald Trump, elle inquiète les sept participants. Manuel Valls parle d’une « déclaration de guerre politique à l’Europe », repris par Vincent Peillon qui lui reproche de galvauder le mot « guerre ». « On dirait mon vieux professeur« , se moque l’ancien chef du gouvernement, sitôt tancé par son ex-collègue sur la précision des mots.

Un vieux pays de machos

Jean-Luc Benahmmias se distingue de ses camarades pendant le débat sur la parité: « Nous sommes dans un vieux pays de machos. Il ne faut pas attendre grand-chose des hommes, c’est aux femmes de prendre la place. » En attendant, Manuel Valls rappelle qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Puis il faut déjà passer à la conclusion : chacun appelle les électeurs à choisir une gauche « rénovée ». De nouveau, Arnaud Montebourg est le plus lyrique: « Je n’appartiens pas à cette gauche qui a renoncé comme les oiseaux se cachent pour mourir. »

L’émission se termine. Un sondage auprès d’un panel de téléspectateurs assure que Benoît Hamon a été le plus convaincant. C’était Arnaud Montebourg lors du précédent débat. Une seule chose est sûre: personne n’est en mesure de donner l’ordre du tiercé d’arrivée dimanche prochain.

Élise Karlin

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Primaire : les principales propositions des sept candidats

Revenu universel, bouclier fiscal pour les plus modestes, abrogation de la loi travail, 49-3 : les candidats à la primaire du PS et de ses alliés bataillent pour faire entendre leurs différences.

La brièveté de la campagne (par rapport à celle de la droite) et l’impopularité du PS en cette fin de quinquennat n’ont pas aidé les candidats à la primaire de la gauche à faire entendre leurs propositions. « Dans la tête des gens, c’est la mélasse », avoue un parlementaire.

Passage en revue de leurs principales propositions :

Manuel Valls

Sur le fond, le Valls de la primaire de 2017 n’a plus grand-chose à voir avec le Valls de celle de 2011. Dans cette campagne, dans laquelle il n’est rentré que début décembre, l’ancien Premier ministre joue les équilibristes : entre défense du bilan et « droit d’inventivité » ; entre affirmation d’autorité et appels du pied à une gauche qu’il a, quand il était à Matignon, fracturée.

Son slogan : « Une République forte, une France juste ». Deux de ses propositions ont fait couler beaucoup d’encre, illustrant la difficulté de son positionnement. L’une est politique : la suppression, hors textes budgétaires, du recours à l’article 49-3 de la Constitution . L’autre est économique : défiscaliser les heures supplémentaires pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, mesure supprimée au début du quinquennat. Tout en promettant aux entreprises la stabilité fiscale, Manuel Valls veut poursuivre les baisses d’impôts des classes moyennes et populaires, revaloriser le salaire des enseignants et les petites retraites, instaurer un « revenu décent » de 850 euros versé sous condition de ressources et un service civique obligatoire de six mois pour les jeunes.

Arnaud Montebourg

L’ex-ministre de l’Economie et chantre du Made in France se veut le « candidat du travail et des salaires », en croisade contre le « mur des puissants » . Jurant d’« ouvrir les hostilités » avec Bruxelles, il promet un plan de relance de 30 milliards en France pour « organiser le redécollage économique », l’abrogation de la loi travail, l’encadrement des salaires des dirigeants des grandes entreprises – contraints d’augmenter les salaires de leurs employés s’ils veulent augmenter le leur – et une « taxe exceptionnelle sur les profits » des banques françaises (5 milliards par an).

Une contribution qu’il juge « très modérée par rapport à ce qu’elles nous ont coûté dans la crise ». Il entend rendre 800 euros par an de pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires via la baisse de la CSG et créer une mutuelle publique à 10 euros par mois.

Benoît Hamon

Candidat depuis le 16 août, Benoît Hamon a eu le temps de peaufiner un programme très à gauche. Le candidat avance une mesure phare : le revenu universel . Comprendre la mise en place, à terme, d’une allocation versée à tous les Français de plus de 18 ans, quel que soit le niveau de leurs ressources. Le projet, dont le coût est estimé entre 300 et 400 milliards d’euros, a suscité d’intenses débats, obligeant Benoît Hamon à quelques allers-retours . Sa proposition (qui doit justement aider à financer le revenu universel) de taxer les robots quand ils prennent la place d’emplois occupés par les hommes, a aussi fait polémique.

Benoît Hamon propose, en outre, l’abrogation de la loi travail et une sortie complète du diesel en 2025 (avec 50 % d’énergies renouvelables à la même échéance). Côté institutions, il promet un « 49-3 citoyen », à savoir la possibilité pour 1 % du corps électoral, soit 450.000 personnes environ, d’initier une proposition de loi, ou de suspendre son application après son vote par le Parlement.

Vincent Peillon

Candidat sur le tard, Vincent Peillon n’a eu que quelques jours pour peaufiner son programme. Avec une proposition phare : instaurer la proportionnelle à 100 % pour l’élection des députés. De quoi changer le fonctionnement de la Ve République.

En matière économique, Vincent Peillon propose la création d’un « bouclier fiscal » à destination des ménages les plus modestes, qui leur permettrait de conserver un reste à vivre décent. Partisan, comme ses camarades, d’une relance de l’Europe, Vincent Peillon promet un plan de relance de 1.000 milliards, bien supérieur au plan Juncker, notamment dédié aux transitions énergétique et numérique.

François de Rugy

Autoproclamé « seul candidat écologiste » de la primaire, le député de Loire-Atlantique propose des mesures ambitieuses à ce sujet. Notamment que 100 % de l’électricité produite en France en 2050 soient issus d’énergies renouvelables (contre 20 % aujourd’hui).

Sylvia Pinel

La présidente du Parti radical de gauche défend un programme résolument favorable aux entreprises , avec notamment le plafonnement de l’impôt sur les sociétés à 20 % (contre 33,33 % actuellement) et des aides au financement pour les PME.

Jean-Luc Bennahmias

De son propre aveu, le programme du président du Front démocrate reprend de nombreuses mesures de ses adversaires, notamment le revenu universel. Il se distingue par sa défense virulente de la légalisation du cannabis. Et par la promesse d’accorder aux PME deux emplois « zéro charge » pendant cinq ans.

Pour en savoir plus : http://www.lesechos.fr/elections/primaire-a-gauche/0211709415569-primaire-les-principales-propositions-des-sept-candidats-2058539.php

 

Gregoire Poussielgue, Pierre-Alain Furbury et Alexandre Rousset

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

François Fillon réplique au «chœur des pleureuses»

REPORTAGE – En déplacement jeudi dans l’Ain, le vainqueur de la primaire de la droite a martelé qu’il ne fallait pas «avoir peur de faire des changements».

Pour résister aux vents mauvais, François Fillon reste fidèle à la recette qui lui a si bien réussi à la primaire: foncer droit vers son cap, envers et contre tous ceux qui lui conseillent d’emprunter une route moins exposée. C’est ce qu’il a encore fait, jeudi, dans l’Ain. Le déplacement devait lui permettre de développer ses propositions pour lutter contre ce qu’il considère comme «l’un des pires scandales français»: «Ces deux millions de jeunes qui ne sont nulle part, ni à l’école, ni en apprentissage, ni au travail.»

Mais, lors de son déjeuner avec les acteurs économiques du département, au parc industriel de la Plaine de l’Ain, comme après sa visite de l’usine Vehixel puis du centre de formation de l’AFPMA (Association pour la formation et la promotion des métiers de l’Ain), il a surtout été confronté aux doutes sur la «radicalité» revendiquée de son projet.

Au cours du déjeuner, il n’a pas hésité à prendre l’auditoire à partie. À l’un de ses convives qui s’interrogeait sur la faisabilité de son programme, notamment la suppression de 500.000  postes dans la fonction publique, il a lancé: «Aidez-moi, au lieu de vous taire – et je parle pour les plus courageux d’entre vous!»

«À chaque fois que je propose des changements, un peu radicaux je le reconnais, le chœur des pleureuses se met en marche en disant que ça va très bien comme ça, leur a-t-il affirmé. Il faut changer beaucoup de choses, avec beaucoup de force, parce que nous sommes dans un pays sur le déclin. Mon objectif est très simple: je veux que tous les Français aient un boulot et il faut les protéger. Je vous le dis: il ne faut pas avoir peur de faire des changements!»

En guise de conclusion du déjeuner, il a tenté de lever les réticences qu’il sentait encore dans l’auditoire en affirmant: «Je suis le seul candidat qui vous propose une rupture. Tous les autres sont en train de s’organiser pour conserver le système, sans le dire.»

François Fillon n’a pas cité Emmanuel Macron, mais c’est au fondateur d’En marche! qu’il pensait quand il a ajouté: «Je sais par expérience – car l’expérience a des avantages – que c’est difficile de faire les choses quand vous ne les avez pas dites avant, ou que vous avez dit le contraire!» Juste avant que le candidat parte, une femme chef d’entreprise dans le secteur des assurances s’est penchée vers lui pour lui glisser: «Monsieur Fillon, il faut que vous nous donniez plus envie!»

Laurent Wauquiez a entendu l’aparté. Le candidat avait invité le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes à se joindre à lui par courtoisie, puisqu’il était sur ses terres, et surtout pour qu’ils affichent leur réconciliation après leur accrochage public au Conseil national des Républicains, le 14 janvier. Wauquiez a joué le jeu, en assurant que son but était de «faire gagner François Fillon» et que, dans cette campagne, il n’y avait «pas de place pour les frondeurs ni pour les gens qui jouent perdants». Mais il a ajouté que c’est précisément parce qu’il voulait la victoire en 2017 qu’il continuerait à plaider pour que le projet de Fillon soit «plus équilibré».

Dans un registre très différent, Rachida Dati s’est lâchée dans Le Parisiende jeudi. Évincée de l’ancienne circonscription parisienne de François Fillon au profit de Nathalie Kosciusko-Morizet, la maire du VIIe s’indigne: «La première décision de François Fillon n’est donc pas de revoir la réforme de Sécurité sociale, mais de nommer Nathalie Kosciusko-Morizet.» Elle prédit que si la droite n’incarne pas «l’espoir», elle ira «dans le mur». Selon elle, «si on continue comme ça, il ne faut pas exclure un second tour Macron-Le Pen».

L’avertissement coïncide avec la publication par Le Monde de la nouvelle vague de l’étude du Cevipof sur les intentions de vote à la présidentielle. Marine Le Pen est revenue en tête dans toutes les hypothèses. François Fillon n’est plus qu’en deuxième position et Emmanuel Macron, pas très loin derrière. Mais il en faudrait plus pour troubler le vainqueur de la primaire, qui s’est interdit de commenter publiquement les sondages. Quant aux doutes à droite, il les a balayés d’une phrase: «Ce n’est pas mon sujet. La présidentielle, c’est un dialogue entre les Français et moi, pas avec les autres.»

Grâce à Damien Abad, la journée s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé pour le candidat. Le député et président du conseil départemental de l’Ain a transformé ses vœux annuels à Oyonnax en meeting, en assurant au candidat: «Nous n’attendons pas de toi que tu dénatures ton projet, mais que tu le portes haut et fort, contre vents et marées.» Et la salle était comble, bien au-delà des 2000 places assises prévues.

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 20/01/2017

Trump président : Donald tout-puissant

Avec les deux Chambres du Congrès sous le contrôle des républicains et une économie florissante, le 45e président des Etats-Unis entre en fonction dans des conditions idéales. Sa plus grande incertitude : lui

Elu le 8 novembre à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump prête serment, ce vendredi, sur les marches du Capitole avant de défiler le long de la Pennsylvania Avenue qui mène à la Maison Blanche. Les autorités attendent 800 000 spectateurs, alors que l’investiture de Barack Obama en 2009 en avait attiré 1,8 million. Le nouveau Président pourrait prendre quatre ou cinq décisions par décret le jour même, notamment pour revenir sur certaines décisions de son prédécesseur. Sur qui pourra-t-il compter pour gouverner ? L’Opinion dresse la liste des soutiens et des résistants. Mais avant les élections de mi-mandats, un boulevard s’offre à lui.

Intronisé ce vendredi comme 45e président des Etats-Unis, Donald Trump dispose sur le papier d’un boulevard et de deux ans devant lui. S’ils ont perdu quelques sièges par rapport au 115e Congrès au sortir des élections du 8 novembre, ses « nouveaux amis » du parti républicain continuent d’avoir le contrôle du Capitol avec 52 élus sur 100 au Sénat et 241 sur 435 à la Chambre des représentants. Cela permet de voir venir avant les élections de mi-mandat, en 2018.

Même si quelques-uns regimbent sur certaines nominations de la nouvelle administration, le Grand old party (GOP) sait qu’il doit à l’homme d’affaires new-yorkais son retour au pouvoir. En dépit de nombreux conflits d’intérêts, l’équipe devrait surmonter l’examen de passage du Congrès, sauf accident industriel.

Dans les grandes lignes, le programme économique du nouvel hôte de la Maison Blanche n’est pas pour lui déplaire. Mike Pence, le vice-Président, a été choisi pour faire le lien entre le Congrès et la Maison Blanche. Plus modéré que Donald Trump, l’ancien gouverneur de l’Indiana a des relais aux postes clefs. C’est le cas de Reince Priebus, jusque-là Président du conseil national du Parti républicain, choisi pour assurer le secrétariat général de la Maison Blanche. C’est le cas aussi de Paul Ryan, le Président sortant de la chambre des Représentants, dont il a sauvé le perchoir en dépit de l’inimitié régnant entre l’élu du Wisconsin et Donald Trump.

Le 45e Président des Etats-Unis va aussi hériter d’un pays en ordre de marche sur le plan économique après la grave dépression de 2008. Ce qui devrait lui permettre de mettre en musique ses engagements électoraux de baisse d’impôts tant aux entreprises qu’aux particuliers et de relance des dépenses (défense, infrastructures) sans créer de choc, tout du moins à court terme.

Goldilocks economy. Après un début d’année 2016 un peu poussif, la croissance s’est établie à 3,5 % en rythme annuel à la fin du troisième trimestre grâce à une reprise de la consommation (+2,8 %). Le taux de chômage était de 4,7 % à fin décembre, suite à la création de 2,16 millions d’emplois sur l’exercice. En un an, le salaire moyen horaire a progressé de 2,9 %, signe tangible d’une reprise sur le front des rémunérations.

Dans ses prévisions médianes, la Réserve fédérale table sur une croissance de 2,1 % en 2017, de 2 % en 2018 et de 1,9 % en 2019 avec un taux de chômage stable à 4,5 %. Certains économistes plus optimistes voient le PIB américain croître à un rythme supérieur de 2,5 % à 3 % en 2018 et 2019 grâce aux mesures de relance promises par Donald Trump. Les spécialistes parlent de « Goldilocks economy », une référence au conte de fées attribué aux frères Grimm « Boucles d’or et les trois ours. » Preuve de cet optimisme, les indices boursiers ont fortement grimpé à Wall Street depuis les élections du 8 novembre, avec un bond de 8 % pour le Dow Jones et de 6 % pour le S&P500.

Seules les menaces protectionnistes du Président élu inquiètent les marchés. Car si Donald Trump dispose d’un boulevard devant lui, c’est à condition de ne pas commettre d’écarts de conduite. Or, loin de tenir compte des us et coutumes de sa future charge, il n’a rien changé à ses habitudes. Il continue de tweeter plus vite que son ombre et à régler ses comptes en cent quarante signes, sans diplomatie ni sélectivité aucune. Peu lui importent les sondages ne lui attribuant que 40 % d’opinions favorables ! Ils se sont trompés tout au long de la campagne présidentielle, dit-il.

Personne n’échappe à ses foudres. Dans un langage parfois ordurier (« ça pue ! », « c’est de la merde »), il dénonce successivement « la presse qui ment », l’émission humoristique « Saturday Night Live » qui le ridiculise, les démocrates qui sont de « mauvais perdants », les entreprises américaines et étrangères qu’il menace de rétorsions douanières si elles continuent à délocaliser sans parler de ses démêlées avec les services de renseignement américains sur le parasitage de l’élection présidentielle par la Russie.

Rappel à l’ordre. Ce qui lui a valu un rappel à l’ordre par le patron sortant de la CIA. « La spontanéité n’est pas quelque chose qui protège les intérêts de la sécurité nationale, donc quand [Donald Trump] s’exprime ou réagit, il faut être sûr qu’il comprend bien les implications et l’impact profonds que cela peut avoir sur les Etats-Unis », a prévenu John Brennan, la semaine dernière. Il a ajouté : « Cela ne concerne pas juste M. Trump, cela concerne les Etats-Unis d’Amérique. »

Avant même d’arriver à la Maison Blanche, « The Donald » a déjà provoqué quelques couacs diplomatiques avec la Chine en prenant langue avec les dirigeants de Taïwan ou au Moyen Orient en laissant entrevoir le déménagement prochain de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Donald Trump a déjà contraint le Mexique, menacé à plusieurs reprises de rétorsions commerciales, à changer de ministre des Affaires étrangères. Le Canada, autre proche voisin des Etats-Unis, en a fait de même pour s’adapter à la situation à venir.

Tout cela n’est pas sans inquiéter certains responsables du parti républicain. Le stratégiste américain John Zogby ne croit pas à une lune de miel avec le Congrès lors des cent premiers jours. « Cela va ressembler plus aux mariages de Johnny Depp-Amber Heard et Brad Pitt-Angelina Jolie qu’à une démonstration d’amour », pronostique-t-il sur son blog, en listant tous les sujets qui fâchent, de la main tendue à Vladimir Poutine aux critiques à l’encontre de la CIA. « La Présidence Trump est aussi prévisible que sa campagne », ironise-t-il.

Car, à ce jour, le plus grand ennemi de Donald Trump est Donald Trump lui-même.

Gilles Sengès

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les premiers gestes attendus du 45e président américain

VIDÉO – Donald Trump en avait fait un argument électoral, les Américains peuvent donc s’attendre, dès l’entame de sa présidence, à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche.

Les choses sérieuses commencent lundi. Après avoir maintes fois promis de s’atteler à ses priorités dès le premier jour de sa prise de fonctions, affectant même ses équipes à un «First Day Project», Donald Trump a décidé de laisser se dérouler le week-end de festivités avant de passer à l’action. «Lundi sera notre premier jour de travail, a-t-il dit lors de sa conférence de presse à New York. Nous aurons de belles séances de signatures, lundi, et encore mardi, mercredi et les autres jours et la semaine suivante. Vous serez tous invités.» Dès l’entame de sa présidence, les Américains peuvent donc s’attendre à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche. Trump en a fait un argument électoral, mais il est traditionnel que le nouveau chef de l’État efface certaines mesures symboliques de son prédécesseur. Barack Obama avait ordonné la fermeture de Guantanamo et l’arrêt des interrogatoires musclés des suspects de terrorisme. Sa première décision reste inaccomplie, le Congrès n’ayant jamais pu s’accorder sur une solution de remplacement. Le champ de ce que souhaite réaliser Trump s’annonce cependant plus vaste.

  • En matière d’immigration

Un des thèmes phares de la campagne, Trump devrait lancer le chantier du «mur» promis sur la frontière sud. «Je pourrais attendre un an et demi que nous concluions les négociations avec le Mexique, mais je ne veux pas. On va commencer à le bâtir. Mexico nous remboursera, par des taxes ou un versement.» Il devrait aussi ordonner la déportation des illégaux ayant un casier judiciaire et pourrait annuler deux décrets d’Obama suspendant les expulsions de mineurs et de parents illégaux d’enfants nés aux États-Unis. En outre, il devrait stopper le programme d’accueil des réfugiés syriens (10.000 acceptés en 2016) et commander une révision du système d’octroi des visas, incluant une suspension des admissions en provenance de «régions à risques».

  • Au niveau de l’Administration fédérale

Donald Trump a l’intention de décréter un gel des embauches de fonctionnaires et d’exiger pour toute nouvelle réglementation la suppression de deux anciennes. Certaines limites aux émissions de gaz à effet de serre des véhicules ou des centrales à charbon pourraient être supprimées. Le pipeline Keystone, bloqué par son prédécesseur, serait validé sur-le-champ. Des contraintes imposées aux vendeurs privés d’armes à feu seraient levées. Les mesures d’Obama exigeant des contractants et souscontractants du gouvernement de verser à leurs employés un salaire minimum de 10,10 dollars de l’heure, de leur octroyer des congés maladie et de s’engager à respecter leur orientation sexuelle devraient être effacées d’un trait de plume. De même pour la directive menaçant les écoles publiques de perdre leurs financements fédéraux si elles ne laissent pas les élèves transgenres utiliser les toilettes de leur choix. Trump doit également édicter de nouvelles règles d’éthique interdisant à un membre de l’Administration de devenir lobbyiste pendant cinq ans ou de représenter un gouvernement étranger à perpétuité. La réforme de l’Obamacare et les baisses d’impôts promises pourraient subir des impulsions présidentielles dès les premières heures.

  • Sur la scène internationale

Le nouveau président pourrait menacer l’accord nucléaire avec l’Iran en rétablissant des sanctions suspendues par Obama. Par la même méthode, il pourrait remettre en cause le réchauffement avec Cuba. Il devrait annoncer officiellement le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique et ordonner à son Administration de passer en revue l’accord de libre-échange nord-américain. Le retrait de l’accord de Paris sur le climat reste une option à l’étude. Donald Trump a prévu de donner 30 jours aux généraux pour lui présenter un plan contre l’État islamique et une stratégie de cyberdéfense sous 90  jours. Il entend amorcer sans attendre son rapprochement avec la Russie – comme son bras de fer avec la Chine.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/19/01003-20170119ARTFIG00342-les-premiers-gestes-attendus-du-45e-president-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 18 janvier 2017

2017-03-02T07:05:55+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 18/01/2017

Grand Paris express : un levier de relance pour l’économie francilienne

 

Le projet du Grand Paris Express va permettre de doubler la taille du métro parisien.

 

L’immense chantier du Grand Paris express pourrait soutenir l’économie francilienne pendant une décennie.

Le chantier du Grand Paris express tombe à pic pour l’économie francilienne. En effet, alors que le taux de chômage est toujours de 8,5 % dans la région, supérieur de 2,2 points à son point bas d’avant-crise (6,3 % début 2008), que le nombre de défaillances d’entreprises est toujours aussi élevé qu’au moment de la récession, le « chantier du siècle » pourrait changer la donne. Il représente 30 milliards d’euros d’investissements publics, prévoit de doubler la taille du métro parisien sur le territoire de l’agglomération parisienne grâce notamment à quatre lignes supplémentaires, et va permettre de créer 68 nouvelles gares.

D’ailleurs dès cette année, 14 des 16 nouvelles gares de la ligne 15 sud – qui seront opérationnelles en 2022 – seront en travaux, de Noisy-Champs à l’est de Paris, à Pont-de-Sèvres à l’ouest. En outre, 31 chantiers annexes s’ouvriront également cette année. Soit un total de 45 chantiers en 2017 répartis dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et à la marge la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint-Denis. Ces chantiers représenteraient déjà 4.000 emplois, selon Philippe Yvin, le président du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui pilote le projet du Grand Paris express.

Nouvel élan pour l’investissement public

Pour financer ces lourds investissements, la SGP s’appuie sur la fiscalité : elle perçoit une partie des recettes de trois taxes franciliennes : la taxe sur les surfaces de bureaux, locaux commerciaux, stockage et stationnement ; la taxe spéciale d’équipement (TSE) « Grand Paris », à laquelle les Franciliens contribuent ; et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Et une fois ce réseau mis en service, la SGP percevra des redevances chaque année.

Il est aussi déjà prévu que la Caisse des dépôts et consignations et la Banque européenne d’investissement débloquent des lignes de crédits de respectivement 4 milliards et 1 milliard d’euros pour le projet. Par ailleurs, l’agence de notation Moody’s note désormais la SGP, qui compte donc emprunter sur les marchés financiers.

Relancer l’investissement public

Ce projet de mobilité revêt, du reste, une importance fondamentale pour que l’agglomération capitale puisse à l’avenir faire face à la concurrence féroce des métropoles internationales. C’est aussi une manière de renouer avec l’investissement public de long terme en France. « La France a longtemps eu un avantage compétitif grâce à son réseau d’infrastructures », faisait remarquer Philippe Yvin lors de ses vœux à la presse lundi soir. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, car elle a sous-investi dans certains domaines clés, comme les réseaux ferrés. Dans un contexte budgétaire tendule choix a été très souvent fait de réduire l’investissement public, coûteux à court terme et dont les rendements réels n’interviennent que cinq ou sept ans plus tard.

L’investissement public local notamment, qui représente 70 % de l’investissement public civil, a été lourdement affecté ces trois dernières années par les restrictions budgétaires. Or, un niveau trop faible d’investissement public ne peut être sans conséquence. Sous-investir dans les infrastructures et dans l’entretien du patrimoine public entraîne un coût pour la collectivité et les générations futures.

De la bonne dette

Comme le notait récemment l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), il n’y a pas que la dette publique qui est léguée aux générations futures, comme on l’entend trop souvent, il y a aussi le patrimoine national qu’il faut entretenir. De ce point de vue, la faiblesse de l’investissement public a fortement déprécié les actifs publics, qui font partie intégrante du bien commun.

D’où la nécessité de grands projets comme le Grand Paris express qui devrait, selon les études de la SGP, générer a minima 60 milliards d’euros de PIB supplémentaires à long terme pour la région Île-de-France, voire plus de 100 milliards d’euros selon des hypothèses les plus optimistes. Le projet devrait même permettre une hausse à terme du PIB francilien de 10 à 15 points, et de 3 à 5 points du PIB national. Bref, on pourrait considérer ces investissements publics comme de la « bonne dette », surtout en cette période de taux d’intérêt nominaux très bas.

Mathias Thépot  

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

La région Ile-de-France souhaite lancer des lignes régulières sur la Seine

Le STIF et Batobus ont signé mardi la convention pour permettre aux titulaires de la carte d’abonnement Navigo d’accéder aux navettes.

L’idée titille les pouvoirs publics parisiens depuis plusieurs années, mais les diverses expériences menées n’ont jusqu’à présent jamais été satisfaisantes dans la région capitale. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et de son Syndicat des transports (STIF), entend bien transformer la Seine en axe de déplacement pour les Franciliens.

Mardi 17 janvier, le STIF et Batobus, une filiale de Sodexo, ont signé une convention pour permettre aux titulaires de la carte d’abonnement Navigo d’accéder aux navettes qui desservent une dizaine de stations le long de la Seine. Et ce pour une somme de 40 euros par an (contre 60 euros par an aujourd’hui ou 17 euros par jour).

« Il s’agit d’une remise consentie par Batobus », non compensée par le STIF, précise à l’Agence France-presse (AFP) la compagnie fluviale, qui accueille près de 2 millions de passagers par an, et espère toucher entre 10 000 et 100 000 détenteurs de carte Navigo avec cette offre. Cela pourrait notamment soulager le RER C.

Décongestionner métro et RER

Cette convention n’est qu’une première étape pour le STIF. Alors que Londres dispose d’une douzaine de lignes régulières, qu’Amsterdam exploite ses canaux et que le Bosphore est un axe important de déplacement à Istanbul, Paris n’exploite pas la Seine, la Marne ou l’Oise, ou si peu, pour permettre de décongestionner les transports en surface, aujourd’hui saturés, qu’il s’agisse du métro, du RER ou des routes, notamment après la fermeture des voies sur berges.

« Le fleuve doit faire partie intégrante de notre stratégie de transport, tout comme les téléphériques ou les véhicules autonomes », confie Valérie Pécresse au Monde. « Nous devons explorer toutes les possibilités technologiques sur l’ensemble des cours d’eau, de la Seine aux canaux. Nous lançons une étude pour lister toutes les possibilités, qu’il s’agisse de mettre en place des bacs pour faciliter les franchissements, des navettes régulières sur certains parcours ou des bus amphibies », détaille la présidente de la région. « Nous allons également regarder les autres types de transport, comme le Seabubble. Ce projet d’embarcation électrique est intéressant technologiquement et il permettra de redonner encore plus d’attractivité à la capitale, mais ses capacités d’emport restent restreintes à quatre personnes. Pour décongestionner la ville, il faut penser des systèmes plus capacitaires. »

De nombreuses idées

La Seine ou ses affluents ont déjà donné de nombreuses idées au STIF, mais les expériences passées n’ont pas été concluantes. Entre 2008 et 2011, les élus avaient soutenu l’expérimentation de Voguéo, un service exploité par Batobus, entre Maisons-Alfort (Val-de-Marne) et la gare d’Austerlitz à Paris. Problème, la fréquentation fut très faible – 7 passagers par bateau en moyenne, pour 76 places – pour un coût annuel de 4 millions d’euros.

En 2013, trois lignes devaient voir le jour en amont et en aval de Paris avec une trentaine d’arrêts, mais les lignes régulières n’ont jamais ouvert. Le coût était jugé prohibitif, à 36 euros par personne transportée, et puis les élus des Hauts-de-Seine, peu tournés vers le fleuve, n’en voyaient pas l’intérêt. Aujourd’hui, la situation a changé. Non seulement la région penche à droite comme le département de l’ouest francilien, mais l’aménagement des berges en aval du fleuve a fait redécouvrir leur intérêt.

Pour lancer les lignes régulières sur la Seine, il faut résoudre plusieurs problèmes. « Il y a d’abord la limitation de vitesse sur le tronçon parisien, qui ne permet pas d’offrir aujourd’hui des temps de parcours attractifs », glisse Valérie Pécresse. Et puis « il faut bien organiser la cohabitation entre le fret, les bateaux touristiques et les péniches privées arrimées sur les berges. A Londres, ils ont supprimé ces péniches privées, ce qui permet de circuler à plus vive allure sur la Tamise. Nous avons une autre histoire. »

L’étude du STIF sur les différents moyens de déplacements fluviaux est promise pour juin. D’ici là, Seabubble devrait avoir fait ses premiers essais sur la Seine. En tout cas, c’est la promesse faite par ses concepteurs, Alain Thébault et Anders Bringdal. Paris n’a jamais été aussi proche de reconquérir son fleuve.

Philippe Jacqué

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

Facebook va soutenir des start-up parisiennes

La directrice des opérations du premier réseau social mondial, Sheryl Sandberg, était à Paris, mardi, pour dévoiler un partenariat avec l’incubateur Station F.

Un casque de chantier et des gants – pour lutter contre le froid – attendaient les invités accueillis, mardi 17 janvier, à la Halle Freyssinet, dans les locaux en travaux de Station F, espace du 13e arrondissement de Paris consacré aux start-up et imaginé par Xavier Niel, propriétaire de Free (actionnaire à titre personnel du Monde).

A trois mois de l’ouverture des lieux prévue pour le 1er avril, rendez-vous était donné avec Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, venue témoigner en personne de l’engagement du premier réseau social mondial dans ce projet.

Entourée de Xavier Niel, d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, et de Roxanne Varza, la directrice de l’incubateur, qui ont, en anglais, rivalisé de louanges à son égard, la numéro deux de Facebook a dévoilé les ambitions du « Start Up Garage from Facebook ».

« Construire la confiance autour de la data »

Ce programme doit permettre d’accompagner tous les six mois dix à quinze entreprises novatrices, dont l’activité, à l’image de Facebook, est soutenue par le traitement des données. Au total 80 postes de travail – sur les 3 000 qu’hébergera Station F – seront mis à disposition par Facebook, ainsi que le soutien d’experts dans des domaines variés : deep learning, intelligence artificielle, constitution d’une communauté d’utilisateurs, organisation des équipes… Le budget alloué n’est pas connu précisément, sinon qu’il s’agit de « plusieurs millions ». D’ores et déjà, l’identité de cinq entreprises bénéficiaires du programme a été dévoilée (Chekk, Mapstr, The Fabulous, Onecub, Karos).

Pour Facebook qui a déjà ouvert en juin 2015 à Paris un centre de recherche consacré à l’intelligence artificielle (FAIR), il s’agit d’un nouveau témoignage d’intérêt pour l’économie française. « Paris, capitale des arts, de la culture et de la littérature est aujourd’hui une capitale de la technologie, a estimé Sheryl Sandberg. La France a donné naissance à des entreprises parmi les plus innovantes du monde [citant l’exemple de Blablacar] et nous sommes heureux d’accompagner une nouvelle génération de start-up porteuse de croissance économique et de création d’emplois. » Facebook assure toutefois ne pas vouloir prendre de parts dans les sociétés qu’il aura accompagnées, mais seulement « se nourrir de ces collaborations ».

Le discours de Sheryl Sandberg a aussi reflété les autres motivations du réseau social. « On doit construire la confiance autour de la data » a-t-elle par exemple souligné, bien consciente de la défiance que peut susciter l’exploitation des données personnelles, le cœur de métier de Facebook. Le travail fait avec les entreprises passant par Station F devra donc témoigner de cette préoccupation. D’autre part Sheryl Sandberg a insisté sur le rôle que Facebook pouvait jouer auprès des TPE/PME françaises en matière de notoriété. Elles sont aujourd’hui un million à être présentes sur le réseau social.

Créer un vrai écosystème

Pour Xavier Niel et pour la maire de Paris, l’engagement de Facebook dans Station F est une aubaine. Pour le patron de Free, qui assure que Facebook est le premier partenaire à avoir décidé de s’engager dans l’aventure Station F, ce partenariat assoit la dimension internationale de ce projet, présenté comme « le plus grand campus de start-up du monde ».

D’autres partenaires viendront s’installer comme Ventes-privées ou l’incubateur de HEC, ainsi que des fonds d’investissement, dont Kima Ventures, celui de Xavier Niel, pour créer un vrai écosystème.

Quant à Anne Hidalgo, elle veut y voir une reconnaissance du poids pris par Paris sur la carte mondiale des technologies, et de sa politique en faveur de l’innovation : « L’an dernier nous inaugurions Le Cargo, le plus grand incubateur d’Europe, et aujourd’hui nous inaugurons le plus grand du monde. L’investissement de Facebook montre l’attractivité de Paris. »

Sheryl Sandberg profite d’ailleurs de ce déplacement en France pour acter le partenariat avec l’incubateur des politiques publiques, qui associe Sciences Po, l’Ecole 42 de Xavier Niel et SUPInternet.

Vincent Fagot

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 18/01/2017

Le gouvernement revoit à la baisse la prévision de croissance pour 2016

Le PIB français devrait croître de 1,4% en 2016. Un chiffre qui ne doit pas remettre en question la baisse du chômage et l’objectif de réduction du déficit public, selon Michel Sapin.

Le gouvernement a abaissé à 1,4%, contre 1,5% auparavant, sa prévision de croissance de l’économie française pour 2016, a annoncé vendredi le ministre de l’Economie et des Finances.

« 1,4%, c’est le chiffre que nous retiendrons pour cette année », a-t-il déclaré sur Europe 1 avant la présentation, ce vendredi en conseil des ministres, du projet de loi de finances rectificative de fin d’année pour 2016. Cela ne remet en cause ni la baisse du chômage ni les objectifs de déficit public, qui doit être ramené à 3,3% du PIB en fin d’année, estime Michel Sapin.

Prévision encore inférieure à celle de l’Insee

Michel Sapin avait déjà laissé clairement entendre que l’objectif de croissance 2016 serait revu à la baisse après la publication, fin octobre par l’Insee, d’une hausse du PIB limitée à 0,2% au troisième trimestre. « La croissance sera au-dessus de 1,3 %. Ce sera quelque part entre 1,3 % et 1,5 % », avait-il affirmé début novembre.

Pour mémoire, l’Insee prévoit une hausse du PIB de 1,3 % en 2016, tout comme le ­consensus des économistes. A titre de comparaison, le PIB allemand devrait, lui, croître de 1,9 % cette année.

Un objectif « atteignable »

Dans un avis publié vendredi, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a jugé la nouvelle prévision de croissance du gouvernement « atteignable », tout en soulignant qu’elle est dans le haut des prévisions.

S’agissant du déficit public, il considère comme « réaliste » la prévision de 3,3% du PIB pour fin 2016, qui a été avalisée récemment par la Commission européenne , même si « elle conditionnée à une stricte gestion des dépenses en fin d’année ».

Pour 2017, année pour laquelle le gouvernement table toujours sur une croissance de 1,5%, le Haut Conseil des finances publiques répète enfin que ce niveau est supérieur au consensus des prévisions (1,2% à 1,3%).

 

LE FIGARO – 18/01/2017

La situation budgétaire de la France demeure « fragile »

La réduction du déficit budgétaire s’explique surtout par une conjoncture très favorable alors que la France a réalisé moins d’efforts que ses partenaires économiques.

Il n’y a pas de quoi claironner à propos de la bonne tenue du budget français. Le message envoyé ce mercredi par EY avocats, dans son Observatoire des politiques budgétaires et fiscales, a de quoi contrebalancer le discours positif et autosatisfait de Michel Sapin. «Malgré une amélioration globale des indicateurs budgétaires dans un contexte économique très favorable, la situation des finances publiques françaises reste fragile», prévient ainsi Charles Ménard, avocat associé.

La raison? La France a réalisé moins d’efforts que ses partenaires économiques. Prix du pétrole très bas, baisse des taux d’intérêt, parité euro/dollar favorable… «L’alignement des planètes», tant vanté par l’exécutif depuis plus de deux ans, aurait dû permettre au gouvernement de redresser plus rapidement les finances publiques, juge EY avocats. Résultat, la France gardait en 2015 un déficit de 3,5 % du PIB, quand celui des pays de l’Union européenne se situait à 2,4 %. De quoi, logiquement, faire gonfler la dette, qui culminait alors à 96 % du PIB dans l’Hexagone, soit 11 points de plus que la moyenne de ses partenaires européens.

Pourtant, les impôts et autres prélèvements ont augmenté durant le quinquennat. Et surtout ceux des particuliers. «Le choc fiscal a bien davantage concerné les personnes physiques que les entreprises», rappelle Charles Ménard. De plus, les retouches successives du barème de l’impôt sur le revenu ont concentré le poids sur un nombre de plus en plus réduit de contribuables, à savoir la classe moyenne et les plus aisés. La majorité a en effet abaissé, depuis 2012, le seuil d’entrée dans la tranche de 30 %, ajouté une tranche marginale à 45 %, et supprimé la première tranche à 5,5 % pour exempter d’impôts davantage de ménages modestes.

Instabilité fiscale

Signe d’une majorité parlementaire à la dérive, ce sont les députés qui ont le plus activé le levier fiscal – à la baisse ou à la hausse. Les parlementaires sont à l’origine de plus de 45 mesures fiscales dans le cadre du budget 2017, contre une trentaine seulement pour l’exécutif. Une constante depuis plusieurs années. Mais alors que l’exécutif annonce en amont ses orientations budgétaires et fiscales, les amendements parlementaires surviennent sans prévenir dans le débat. Et sans être réellement mesurés. «Cela a une incidence, souvent dénoncée, sur l’instabilité de la norme fiscale», rappelle Charles Ménard.

Et ce d’autant que ce sont le plus souvent les amendements parlementaires que le Conseil constitutionnel censure, rappelle EY avocats. Les Sages ont ainsi retoqué 30  articles issus d’amendements parlementaires dans le budget 2017 et un peu moins de 20 écrits par le gouvernement. La censure la plus notable a été, fin décembre, celle de la «taxe Google» sur les profits détournés, qui avait été adoptée malgré les réticences du ministère des Finances.

Guillaume Guichard

 

 

L’OPINION – 18/01/2017

Impôts, dette… : le quinquennat de François Hollande en cinq graphiques

 

Au cours du quinquennat, 28 nouvelles taxes ont été créées, 10 ont été supprimées.

L’Allemagne vient d’annoncer un excédent budgétaire de 20 milliards pour 2016. A Bercy, on se réjouit d’un déficit de 69 milliards d’euros

Le cabinet EY Sociétés d’Avocats publie ce mercredi son traditionnel observatoire fiscal et budgétaire, qui cette année prend la forme d’un bilan de François Hollande après l’adoption de la dernière loi de finances du quinquennat. Si Michel Sapin s’est félicité mardi du « sérieux budgétaire » du gouvernement après la publication d’un déficit légèrement meilleur que prévu en 2016, à 69 milliards d’euros, le cabinet de conseil revient sur plusieurs graphiques moins flatteurs pour l’exécutif. Passage en revue.

Un environnement exceptionnellement porteur, des résultats médiocres

Un prix du baril en chute de 60 %. Des taux d’intérêt divisés par trois. Un euro hyper compétitif face au dollar. Aucun président de la République n’a connu un environnement aussi favorable sous la Ve République. Un alignement exceptionnel des planètes qui a dopé la croissance de 0,8 point selon les calculs de l’Insee… sans que le gouvernement n’arrive à consolider franchement les fondements de l’économie française. Certes, le déficit aura été ramené de 4,8 % à 3,3 % du PIB entre 2012 et 2016. Mais la croissance aura longtemps stagné et ne repart que doucement depuis 2015 (1,2 % en 2016 selon l’Insee). Au final, « l’amélioration des principaux indicateurs macroéconomiques et budgétaires est principalement due à cet environnement extrêmement porteur », résume Charles Ménard, en charge de l’observatoire fiscal EY Sociétés d’Avocats. Une amélioration « extrêmement fragile, voire sur certains points en trompe l’œil », ajoute-t-il, rappelant l’avis du Haut conseil aux finances publiques (HCFP) sur la loi de finances 2017 qui a jugé la prévision de croissance du gouvernement « optimiste », l’objectif d’un déficit de 2,7 % « improbable » et même « incertain » un retour sous la barre des 3 %.

La bombe de la dette toujours plus menaçante

Les cieux cléments du quinquennat n’auront pas permis d’inverser la courbe de l’endettement. Quand il arrive au pouvoir, François Hollande hérite d’une dette de 1 869,1 milliards d’euros (90,2 % du PIB). Au troisième trimestre 2016, six mois avant de quitter l’Elysée, la dette a gonflé de près de 300 milliards d’euros, à 2 160,4 milliards d’euros (97,6 % du PIB). 300 milliards, c’est l’équivalent d’un an de dépenses de l’État (hors charge de la dette et pensions). Une somme colossale passée pourtant totalement inaperçue. Car si la dette a augmenté, sa charge a diminué, passant de 46,3 milliards en 2012 à 41,8 milliards en 2017. Grâce à la faible inflation et l’effondrement des taux provoqué par la politique accommodante de la Banque centrale européenne, le fameux « alignement des planètes » a permis d’enregistrer quelque 2 milliards d’euros « d’économies » chaque année. « Durant ce quinquennat, les impôts ont augmenté sans que les dépenses ne reculent. Nous n’avons tenu nos objectifs de déficit que grâce à la baisse de la charge de la dette », commente Charles Ménard. Mais la fête est finie. Depuis l’automne, les taux remontent. Sous les 0,20 % à l’été 2016, les taux français à 10 ans ont depuis été multipliés par 4. Ils évoluent aujourd’hui autour de 0,8 %. Un niveau qui reste historiquement bas, mais qui remontera. La morphine monétaire va peu à peu disparaître, et cela risque de coûter cher. Selon EY, une augmentation de 1 point des taux d’intérêt sur la dette de la France augmentera son coût de plus de 10 milliards en cinq ans.

Une stratégie fiscale erratique et inassumée

Cela aura été la grande méprise de ce quinquennat : les choix stratégiques en matières de finances publiques n’auront jamais été clairement énoncés ni assumés. La faute à un candidat Janus, élu sur un discours anticapitaliste (mon ennemi c’est la finance) pour finalement faire la nique aux frondeurs et mettre en place une politique pro-business durant la seconde moitié de son quinquennat, après avoir agité l’assommoir fiscal les deux premières années. Au final, « les entreprises sont les grandes gagnantes du quinquennat, les ménages les grands perdants », résume Charles Ménard. Les prélèvements obligatoires sur les entreprises auront en effet reculé d’un point de PIB (une vingtaine de milliards d’euros) entre le début et la fin du quinquennat, selon EY qui se base sur les travaux de l’Assemblée nationale et de l’OFCE. Une évaluation remise en cause par le Medef car ne prenant pas en compte l’augmentation de la fiscalité locale. Selon le patronat, mais aussi l’institut de recherche Coe-Rexecode, les 40 milliards d’euros d’allégements de charges du CICE et du pacte de responsabilité n’auront même pas réussi à annuler les hausses de charges votées depuis 2010, les prélèvements supplémentaires étant encore de 7,4 milliards d’euros en 2017. Parallèlement, les ménages auront vu leurs impôts exploser de 35 milliards d’euros selon EY (+1,5 point de PIB) sous le quinquennat Hollande. En ajoutant les hausses votées en 2010 et 2011, le compteur fiscal de Coe-Rexecode arrive même à un total de 53 milliards en 2017, sans que le gouvernement, qui communique uniquement sur les 6 milliards d’euros de baisse de l’impôt sur le revenu depuis 2014, n’ait expliqué ni justifié son choix, pourtant défendable sous certains aspects.

Toujours plus de taxes, donc de complexité

Si le record de 2013 n’est pas atteint – 194 mesures fiscales avaient alors été votées cette année-là -, la loi de finances de 2017 en compte davantage (162) que l’année précédente. L’inflation législative est toujours présente. Plus de 150 mesures fiscales ont été votées, dont près de la moitié sur les entreprises. La faute aux députés dont les amendements (47) sont deux fois plus nombreux que les articles déposés par le gouvernement (25), relève l‘étude. « Ces amendements provoquent beaucoup d’instabilité normative et d’insécurité juridique », constate Charles Ménard. Et comme moins de 4 % des articles de nature fiscale sont soumis au contrôle constitutionnel, alors que les amendements parlementaires ne passent même pas par le Conseil d’Etat, « il faut s’attendre à une explosion des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) dans les années à venir », prévient Charles Ménard. La stabilité fiscale a beau être aujourd’hui l’une des premières demandes des entreprises, toujours plus de taxes sont créées chaque année. Sur l’ensemble du quinquennat, seuls 10 des 360 impôts et taxes que compte la France, auront été supprimés. 28 ont été créées, dont trois encore dans le dernier projet de loi finances : la taxe YouTube, une taxe sur les billets d’avion (adoptée mais reportée à 2024) pour financer le CDG Express et un droit de timbre sur les certifications des immatriculations des véhicules de plus de 3,5 tonnes.

Moins de niches fiscales, mais toujours plus de dépenses fiscales

Depuis le début des années 2000, la loi organique sur les lois de finances (LOLF) contraint les parlementaires à gager toute nouvelle dépense par une recette ou une économie équivalente. Pour contourner cette contrainte, les députés ont remplacé les hausses de dépenses par des baisses d’impôts, en multipliant les niches fiscales. Par souci de simplification, François Hollande a supprimé une quarantaine de niches durant le quinquennat, ramenant leur total à 451. Par contre, leur coût s’est envolé, relève EY. Sous l’effet du CICE, les dépenses fiscales ont en effet progressé de 20 milliards d’euros entre 2012 et 2017, passant de 70 à 90 milliards d’euros. Un autre désavantage du CICE – cas typique d’usine à gaz qui pour faire baisser le coût du travail passe par un crédit d’impôt sur les sociétés imputable sur trois ans -, c’est qu’aujourd’hui, personne ne sait comment le transformer en véritable baisse de charges. Et pour cause, il en coûterait une vingtaine de milliards d’euros aux caisses de l’Etat. Ce qui n’empêche pas beaucoup de candidats à la présidentielle de le promettre, sans plus d’explications. C’est tout le charme de la fiscalité française.

Raphaël Legendre

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 18/01/2017

Renault passe le cap des 3 millions de voitures vendues dans le monde

Le constructeur atteint un objectif, qui datait de 2006, grâce au renouvellement de l’offre et à l’international.
Il dépasse désormais PSA.

Les jours s’enchaînent et ne se ressemblent pas pour Renault. Vendredi, le constructeur faisait la une, après l’ouverture, par le parquet de Paris, d’une information judiciaire pour tromperie sur le niveau d’émission de ses moteurs Diesel. Mardi, le groupe a joué une autre partition, en affichant des ventes mondiales en hausse de 13,3 %, à 3,18 millions d’unités.

Renault dépasse pour la première fois de son histoire le cap des 3 millions de voitures vendues dans le monde. Il atteint ainsi un objectif annoncé une première fois par Carlos Ghosn en 2006 pour 2009, puis une deuxième fois en 2011. L’affaire commençait à ressembler au sparadrap du capitaine Haddock pour le dirigeant franco-brésilien.

Cerise sur le gâteau, le constructeur dépasse désormais son compatriote PSA. De peu certes – moins de 40.000 véhicules d’avance – mais, sur le long terme, la tendance est nette. La différence s’est notamment faite en Europe, où Renault affiche une croissance des ventes de 11,8 %, à 1,8 million d’unités. Captur, Twingo, Espace, Talisman, Mégane, Scénic, Trafic… En trois ans à peine, la marque Renault a totalement renouvelé et élargi sa gamme. De quoi permettre de s’imposer comme la deuxième marque européenne derrière Volkswagen – mais devant Ford. La surprise vient aussi de Dacia, qui, sans grande nouveauté, enregistre une croissance de 10,8 %, à 415.000 immatriculations, signe que les véhicules à bas coût séduisent toujours davantage.

Plus robuste et plus diversifié

Mais le changement vient surtout de l’international. Ces dernières années, les ventes de Renault reculaient hors d’Europe, du fait du retournement économique des pays émergents, terrain de jeu traditionnel du constructeur. En 2016, les ventes y sont en hausse de 15,3 % et pèsent 44 % des débouchés du groupe. Si les livraisons au Brésil et en Russie restent en recul sur fond de crise économique, d’autres zones ont relevé la tête, comme la Corée du Sud (+38,8 %), l’Argentine (+24,8 %) et surtout le Moyen-Orient et l’Inde.

Au final, Renault affiche un visage plus robuste, mais aussi plus diversifié que par le passé. Mis à part la France, qui pèse 20 % des volumes, aucun pays ne dépasse les 200.000 unités. Turquie, Inde, Espagne, Iran, Belgique, Maroc, Algérie, Venezuela, pays de l’Est… Les débouchés de Renault ressemblent de plus en plus à une myriade de zones commerciales. Le reflet d’une gamme low cost (Sandero, Logan, Duster…) très adaptée aux besoins des pays émergents. Mais qui souligne aussi en creux le manque de marchés phares, que ce soit les Etats-Unis ou la Chine, qui n’affiche que 35.000 ventes sur 2016, alors que le groupe dispose sur place d’une usine flambant neuve. « Nous avons besoin de construire la marque qui est peu connue. Mais les derniers mois sont encourageants », assure Thierry Koskas.

Pour 2017, Renault, prévoit « une progression de ses ventes et parts de marché en Europe et à l’international ». Reste une inconnue : la traduction de cet effort commercial en marge. Pour l’heure, la division auto (4,7 % de marge opérationnelle au premier semestre) reste moins profitable que celle de PSA (6,8 %).

À noter

« Il n’y a pas de raison de faire des provisions sur le diesel », a indiqué Thierry Koskas, le patron commercial de Renault, en référence au risque judiciaire qui pèse sur le groupe.

Maxime Amiot

 

 

LE MONDE – 18/01/2017

Ségolène Royal déplore « une trop forte dépendance » au nucléaire en France

En pleine vague de froid, la ministre de l’environnement préconise un changement des comportements afin d’éviter « une tension sur l’énergie ».

Alors que les pouvoirs publics appellent à limiter la consommation électrique en raison de la vague de froid, la ministre de l’environnement Ségolène Royal a reconnu mardi 17 janvier qu’il existe en France « une trop forte dépendance » au nucléaire. « On le voit actuellement (…), puisque dès qu’il y a plusieurs réacteurs à l’arrêt pour des raisons de contrôles de la sûreté nucléaire par l’ASN [Autorité de sûreté nucléaire], on se rend compte qu’il y a une tension sur l’énergie », a déclaré Mme Royal lors de la cérémonie de vœux de son ministère.

La ministre a insisté sur le besoin de rééquilibrer le bouquet énergétique en France, en prenant appui sur la loi de transition énergétique, qui prévoit de ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025.

Eteindre tous les bureaux la nuit

« En changeant ses comportements, on peut économiser la production de quatre réacteurs nucléaires », a insisté Mme Royal. Cela permet aussi de faire baisser le prix de l’électricité, car « plus il y a de demande, plus il y a de tension sur les prix ».

La ministre a estimé qu’il y a d’un côté « beaucoup de gaspillage et de l’autre (…) une précarité énergétique avec des gens qui n’ont pas les moyens de se chauffer ». Mme Royal a expliqué avoir « demandé l’extinction de tous les bureaux la nuit », car il y a « une marge d’action pour faire en sorte de diminuer la tension sur le courant et la précarité énergétique ».

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a assuré mardi que la France serait suffisamment approvisionnée en électricité mercredi pour affronter la vague de froid. « La situation reste sous forte vigilance » jeudi et vendredi, a également signalé un porte-parole du groupe lors d’une conférence téléphonique, « puisque la vague de froid va se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine ».

 

LES ECHOS – 18/01/2017

Technip et FMC donnent naissance à un nouveau géant parapétrolier

 

Baptisé TechnipFMC, le nouveau groupe a effectué son entrée sur Euronext à Paris mardi 17 janvier à l’ouverture des marchés.

Basé à Londres, le nouveau groupe TechnipFMC sera coté à Paris et à New York. Les anciens actionnaires de Technip ont 51,1 % du nouvel ensemble.

En sonnant mardi la cloche d’Euronext à l’ouverture des marchés, Thierry Pilenko a sans doute ressenti un pincement au coeur. Patron de Technip depuis exactement dix ans, il vient de faire franchir au groupe parapétrolier français une étape majeure de son existence : sa fusion avec l’américain FMC Technologies . « Nous créons le troisième groupe parapétrolier mondial », se félicite-t-il.

Finalisée dans la nuit de lundi à mardi, l’opération a donné naissance à un nouveau géant du secteur. Baptisé TechnipFMC, il emploie 44.000 salariés, et son chiffre d’affaires pro-forma combiné se serait élevé à près de 18 milliards de dollars en 2015. Le nouveau groupe est côté à la fois à Paris et à New York. Son siège social est situé à Londres, où les deux groupes détenaient depuis 2015 une société ­commune, mais les centres de décision sont répartis entre Paris et Houston, au Texas.

Stratégie de diversification

Même si Technip était deux fois plus gros que FMC en termes de chiffre d’affaires et de nombre de salariés, leurs capitalisations étaient comparables car la renta­bilité des activités n’était pas la même : les anciens actionnaires de Technip détiennent 51,1 % du nouvel ensemble. Bpifrance passera de 7,44 % à 3,9 % du capital. Pas facile à ce niveau de peser si demain un investisseur activiste s’invite au tour de table. Les pouvoirs ont été répartis à parité entre les administrateurs (7 pour chacun des deux anciens groupes) et la direction sera partagée entre Thierry Pilenko (président exécutif) et Douglas Pferdehirt (directeur général). Ce dernier est basé à Houston, avec la direction financière et la direction juridique, tandis que la DRH est localisée à Paris, avec la R&D et trois des cinq divisions opérationnelles.

Pour Technip, c’est une page d’histoire qui se tourne, seize ans après la fusion avec Coflexip qui lui avait permis de changer de dimension. Depuis son arrivée dans le groupe, en 2007, Thierry Pilenko a suivi une stratégie constante de diversification (y compris géographique) et d’élargissement de sa palette d’activités, avec notamment les acquisitions de Global Industries ou de Stone & Webster, en 2011. Il avait aussi tenté de reprendre le spécialiste de la sismique (échographie du sous-sol) CGG fin 2014 – en vain.

D’importantes économies

En se mariant avec FMC, un spécialiste des systèmes sous-marins pour la production pétrolière, Thierry Pilenko met en oeuvre une vision qu’il soutient avec force : pouvoir proposer aux compagnies pétrolières des projets pétroliers intégrés, depuis l’ingénierie jusqu’à la four­niture d’équipements, leur permettant de réaliser d’importantes économies. « Cette stratégie peut faire du sens, commente Baptiste Lebacq, analyste chez Natixis. Nous attendons maintenant de voir si elle se traduira par de nouveaux contrats. » Alors que le secteur parapétrolier a beaucoup souffert de la chute des investissements des compagnies liée à la chute du baril, Technip a plutôt bien résisté grâce à la variété de ses activités et la solidité de son carnet de commande. « La fusion avec FMC lui permettra aussi d’intégrer des activités de ventes d’équipement nécessaires pour la maintenance, ­permettant de mieux résister en l’absence de nouveaux projets sur le marché », note un expert du secteur.

Tous les grands du secteur se sont engagés dans une stratégie similaire d’élargissement de leurs métiers : Schlumberger avec Cameron, ou GE Oil & Gas avec Baker Hughes. Et le mouvement n’est peut-être pas terminé.

Anne Feitz

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 18/01/2017

Les Français réclament un fort renouvellement des pratiques politiques

EXCLUSIF + DOCUMENT et VIDEO – Les Français affichent une défiance record envers le personnel politique dans le baromètre annuel de la confiance du Cevipof. Mais ils expriment beaucoup d’intérêt pour le débat public et le vote.

Plus de 4 millions de votants à la ­primaire de la droite, plusieurs milliers de personnes aux meetings d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon , des émissions de télévision toujours plus nombreuses et souvent très suivies : l’intérêt des Français pour la politique ne faiblit pas, bien au contraire. Ils n’ont pourtant jamais été aussi défiants à l’égard de leurs dirigeants, des élus, des partis et des grandes institutions, montre le ­huitième Baromètre annuel de la confiance politique du Cevipof (le centre de recherches politiques de Sciences po), dont les « Echos » révèlent les résultats en exclusivité.

« Corrompus », « méfiance », « dégoût »…

Le tout dans un climat de désenchantement, de lassitude, de morosité ou de pessimisme très prononcé. Comme si le lien entre les citoyens et leurs représentants était très profondément altéré, voire rompu. « La classe politique est ­perçue comme non empathique, ­corrompue, parlant de manière ­abstraite, ne se souciant que des riches et des puissants, qui n’inspire que peu le respect et ne tient pas ses promesses », résume Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences po.

Les réponses rassemblées par OpinionWay auprès de plus de 2.000 personnes durant la deuxième quinzaine de décembre sont de fait sans appel. Pour 89 % des sondés, les responsables politiques « ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme nous » ; pour 75 %, ils sont « plutôt corrompus » ; 40 % des personnes interrogées éprouvent de la « méfiance » en pensant à la politique et 28 % du « dégoût » ; seules 11 % d’entre elles ont « confiance » dans les partis et près des trois quarts (70 %) estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien en France ».

Une hostilité qui est particulièrement forte dans les classes populaires les plus exposées aux conséquences de la mondialisation et qui se retrouve en partie dans le vote en faveur du FN.

« Citoyens critiques »

Les Français ne se passionnent pas moins pour la politique et le débat d’idées. « L’intérêt pour la chose publique ne se dément pas », constate Bruno Cautrès. Une majorité de personnes sondées (56 %) déclare s’intéresser à la politique et le vote aux élections demeure de très loin le moyen privilégié pour peser sur les décisions. Les Français sont « attachés à la démocratie représentative, mais ne sont satisfaits ni de son fonctionnement ni de son efficacité, relève le politologue. Ce sont des citoyens critiques. » Ce qui conduit même 17 % et 49 % d’entre eux à souhaiter respectivement que « l’armée dirige le pays » ou que celui-ci ait à sa tête un « homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections ». Les sondés expriment une forte aspiration au renouvellement du personnel dirigeant et des pratiques politiques. Une revendication qui, dans certaines couches de la population, peut conduire à une remise en cause de la démocratie.

De ce point de vue, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui se présentent à l’élection présidentielle en dehors des partis et de la primaire organisée par le PS , à la tête de deux mouvements citoyens, La France insoumise et En Marche, ont bien saisi l’air du temps. Leurs candidatures, qui se veulent anti-système, le lien direct qu’ils tentent d’établir avec les électeurs et la mobilisation qu’ils organisent sur des valeurs correspondent à une attente forte de l’opinion, si l’on se fie au baromètre du Cevipof.

POUR EN SAVOIR PLUS : DOCUMENT L’intégralité de l’étude : http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0211701772151-les-francais-reclament-un-fort-renouvellement-des-pratiques-politiques-2058109.php

Stéphane Dupont

 

LE FIGARO – 18/01/2017

Pierre Gattaz critique François Fillon et ménage… Emmanuel Macron

Pour le président du Medef, le candidat de la droite pourrait mettre «le feu au pays».

Surtout apparaître comme neutre. Lors de sa conférence de rentrée ce mardi matin, Pierre Gattaz a distribué les mauvais points à la gauche comme à la droite dans la course à la présidentielle. Sans surprise, le président du Medef a fustigé le revenu universel de Benoît Hamon, notamment «parce qu’il est fondé sur l’idée qu’il n’y aurait plus de travail (…), ce qui est une ineptie, une hérésie». Et il a regretté que le plein-emploi ait été peu évoqué lors des premiers débats de la primaire de la gauche.

Mais Pierre Gattaz n’a pas non plus hésité, plus surprenant, à critiquer la méthode Fillon sur la suppression de 500.000 postes en cinq ans dans la fonction publique.«Dit comme ça, vous mettez le feu au pays, aux fonctionnaires. Ce n’est pas bon, a asséné le patron des patrons, bien que certains membres du Medef soient des soutiens affichés de François Fillon. L’objectif quantitatif est louable à terme, c’est possible, mais (…) il faut le faire avec les fonctionnaires eux-mêmes.»

Quant à sa conclusion sur l’impérieuse nécessité de continuer à réduire le déficit public, elle visait tous les candidats à gauche, mais aussi le vainqueur de la primaire de la droite. Seul Emmanuel Macron s’en est au final tiré avec un semblant de satisfecit, le patron des patrons jugeant «tout à fait intéressant ce qu’il dit», tout en l’appelant à détailler ses propositions.

Le Pen reçue au Medef

Toujours dans un souci de paraître indépendant des politiques, le conseil exécutif du Medef a choisi, lundi, d’accueillir les principaux candidats à la présidentielle pour une session de débats. Y compris, donc, Jean-Luc Mélenchon et surtout Marine Le Pen. Une petite révolution, le FN n’ayant jamais été reçu sous l’ère Parisot. L’ancienne présidente du Medef, auteur d’un livre très contesté contre Marine Le Pen en 2011, n’a d’ailleurs pas manqué de dire tout le mal qu’elle pense de ce futur rendez-vous. «C’est une décision accablante, affirme au Figaro Laurence Parisot. En acceptant de rencontrer la candidate FN, le Medef lui donne une légitimité nouvelle. Le Medef s’éloigne de ce que nous avions porté Ernest-Antoine Seillière puis moi-même, celui d’une organisation ouverte sur la société et attachée aux valeurs fondamentales de la République.»

Reste que la décision de recevoir tous les candidats a bien été prise de façon consensuelle au conseil exécutif. «Personne n’a dit que la parole du FN était estimable, mais personne ne s’est opposé frontalement à sa venue», confie le président d’une fédération de services. «Il faut échanger avec courage et détermination avec chacun. La stratégie du mépris mondain, c’est derrière nous», insiste Jacques Chanut, le patron de la Fédération française du bâtiment. «On n’a pas à être clivant. Recevoir tout le monde, c’est la démocratie», ajoute Hervé Allart de Hees, président du Medef de l’Est parisien, qui a déjà organisé avec le Medef Île-de-France des échanges avec tous les partis à l’occasion des régionales en 2015.

Le Medef doit maintenant caler, peut-être avec d’autres mouvements patronaux, la forme de ces rencontres qui tourneront autour d’une interrogation des présidentiables par des entrepreneurs. L’organisation doit aussi sortir début février un livre bleu exposant ses propositions pour le prochain quinquennat. Avec quatre priorités (baisse des charges sociales et des impôts, simplification administrative, réforme du marché du travail et accent mis sur la formation) et une réflexion, menée par le Medef international, sur la lutte contre le populisme.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 18/01/2017

Présidentielle : les candidats surfent sur la vague de l’« antisystème »

De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par François Fillon, tous les politiques crient haro sur les « élites ».

Tous «antisystème », ou presque. De Marine Le Pen à Emmanuel Macron, en passant par François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, sans oublier, bien sûr, Nicolas Dupont-Aignan, la plupart des candidats de la cuvée 2017 ont placé leur campagne présidentielle sous le signe de la «rupture». Tous crient haro sur les «élites», censées avoir jusqu’à présent mené la France dans l’impasse autant économique qu’idéologique. Les candidats entendent-ils de cette manière répondre à la défiance que les Français ont envers les politiques? Aujourd’hui, il ne fait pas bon revendiquer son diplôme ou son origine sociale et encore moins son patrimoine.

Au Front national, l’opposition au «système» est une affaire d’ADN. Marine Le Pen n’hésite d’ailleurs pas quand on lui demande de le définir: «Une oligarchie qui s’est attribué le pouvoir, au détriment du peuple, pour mener une politique contraire à celle que le peuple exprime.» La candidate du FN s’estime la plus légitime dans cette critique radicale du pouvoir. «Être contre le système, c’est ne pas participer au consensus politique mou au pouvoir depuis trente ans», renchérit Florian Philippot, en se félicitant de constater que ces idées sont désormais «reprises et comprises» par les Français. Le directeur de la stratégie de la campagne de Marine Le Pen moque «Emmanuel Macron, adoré par l’oligarchie financière et les médias, qui saute à pieds joints sur ce système». Du Brexit à l’élection de Trump, les frontistes applaudissent les événements internationaux avançant, selon eux, dans le sens de la «libération» des peuples.

Du côté des eurosceptiques de Debout la France, le « système » est identifié entre «tous ceux qui ont trahi la France depuis vingt ans en ayant signé les traités européens». Ancien membre de l’UMP devenue LR, qu’il a quittée en 2007, Nicolas Dupont-Aignan vante lui aussi l’authenticité de son rejet du «système», quand les autres candidats se contenteraient de le mimer, «comme le loup de la fable se déguise en mère-grand pour ne pas effrayer le Petit Chaperon rouge».

Des règles «claniques»

Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, a choisi de baptiser son mouvement La France insoumise précisément pour exprimer son rejet des «castes» et plus globalement du «système». Mais l’ancien sénateur socialiste n’est plus le seul, à gauche, à occuper ce créneau. Au sein de la primaire du PS, les attaques contre le «système» ne manquent pas, qu’elles viennent d’Arnaud Montebourg ou de Manuel Valls. Lors de ses premiers pas comme candidat, l’ex-premier ministre a lancé aux représentants d’une chaîne d’info: «C’est vous qui représentez le système, ce dont les Français ne veulent plus.»

La dénonciation du «système», de l’«establishment», du «microcosme», est également un thème récurrent chez François Fillon. Parlementaire depuis 1981, ministre pendant douze ans, sa longue carrière ne l’empêche pas de railler la prétention d’Emmanuel Macron à incarner le renouveau, même s’il parle le moins possible de l’ex-ministre de l’Économie. Officiellement investi samedi pour la présidentielle de 2017, il n’a cité son nom qu’une fois, en affirmant: «Moi, je veux relancer la France ; à gauche, on veut l’assister dans son déclin, M. Macron compris, Mme Le Pen aussi.»

Sans doute le plus emblématique des antisystème de cette présidentielle – car le plus neuf – malgré son passage par l’ENA et son parcours classique, l’ex-ministre de l’Économie dénonce régulièrement un «système politique» aux règles «obsolètes et claniques», devenu «le principal obstacle à la transformation du pays». Et il est convaincu que le succès de sa campagne à ce stade est bien la preuve que les Français sont disposés au coup de force contre le système. «Plus encore que le système, précise son directeur de campagne Richard Ferrand, ce qu’Emmanuel Macron dénonce surtout, ce sont les accords d’appareils et l’absence de communauté de pensée dans les partis.»

Quant aux «antisystème» issus de la société civile, il n’en reste plus qu’une poignée, comme le maire divers gauche de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, 50 ans, ancien porte-parole des «bonnets rouges», ou encore l’écrivain et cinéaste Alexandre Jardin, 51 ans, qui s’est lancé le 3 décembre dernier. Et leurs chances d’obtenir les signatures requises sont extrêmement réduites.

Emmanuel Galiero, Judith Waintraub, Sophie Huet et Sophie de Ravinel

 

 

L’OPINION – 18/01/2017

Les fractures à gauche restent vives sur le travail et l’entreprise

La plupart des candidats à la primaire socialiste veulent incarner « la valeur travail », mais avec des visions très différentes

Manuel Valls publie une tribune ce mardi sur son compte de campagne, intitulée « Pour une société du travail : refusons la facilité et inventons la protection sociale du XXIe siècle ». Myriam El Khomri, la ministre du Travail, qui le soutient, défend à nouveau sa loi. Benoît Hamon suscite l’intérêt en présentant son revenu universel ; Arnaud Montebourg défend son manifeste économique pour la société du travail… Et Emmanuel Macron, qui se définit comme « le candidat du travail », remplit les salles.

En 2007, les socialistes s’étaient fait voler la valeur « travail » par un Nicolas Sarkozy qui en avait fait un axe fort de sa campagne. Cette fois, cette thématique occupe une grande partie des débats de la primaire de la gauche. « C’est tant mieux, tant ces dernières années, la gauche n’a pas voulu penser l’entreprise, ni le travail », se réjouit Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT, qui a lancé une grande consultation pour connaître les attentes des Français en la matière. « Nous avons reçu 200 000 réponses à notre enquête, c’est bien la preuve que ce thème est essentiel pour les Français », souligne encore le syndicaliste qui juge cependant les propositions des candidats « inabouties ».

Abouties ou pas, à gauche, elles traduisent au travail. Il y a les candidats qui continuent d’avoir une approche très « lutte des classes » et ceux, « progressistes », qui veulent sortir de cette dualité. S’y ajoutent des projections totalement opposées, entre ceux qui croient en la raréfaction du travail sous l’effet de la robotisation et du numérique, et ceux qui ne la redoutent pas.

« En réalité, c’est Benoît Hamon, avec sa proposition du revenu universel, qui a mis très tôt la question du travail au centre de la campagne, analyse l’historien Jean Garrigues. Le député de Trappes l’a fait en creux, en négatif presque, en obligeant habilement ses concurrents à se positionner ». Et le chercheur de souligner combien Benoît Hamon rompt avec « le modèle classique de la gauche qui consiste à créer de la croissance pour donner du travail à tous et redistribuer les ressources au bénéfice des plus défavorisés ».

Barons et gueux. En proposant de changer de paradigme, le candidat sort aussi de la lecture classique capital/travail, marqueur d’une identité de gauche. Le revenu universel devient une sorte de bouclier de résistance collective des travailleurs face à la destruction de leurs emplois. Benoît Hamon répète d’ailleurs que ce serait « une révolution de la protection sociale similaire à la mise en place de la Sécurité sociale en 1945. » Malgré le problème du financement de sa mesure qui n’est pas réglée et coûterait, au bas mot, 400 à 500 milliards d’euros par an, il jouit d’une forme d’avant-gardisme.

Tout en étant également traversé par vision binaire de l’économie où il y a les grands et les petits, « les barons et les gueux », Arnaud Montebourg défend une politique de grands investissements, étatiste, de nationalisation, de renforcement des services publics, qui vise à donner du travail à tous.

Manuel Valls n’entend pas laisser cette vision prospérer – pas plus que Vincent Peillon, dans une certaine mesure. L’ex-Premier ministre, lui aussi, tente de se projeter dans l’avenir : « Trop souvent, la gauche a compensé son manque d’audace et d’idées nouvelles par plus de dépenses, plus de taxes, plus d’allocations », écrit-il. Lui aussi veut apporter des protections aux travailleurs mais via des compromis. Certes, il propose un revenu « décent », qui regrouperait toutes les aides existantes et serait conditionné, mais il insiste sur « la notion de choix ». Il croit en la formation, aux aides ciblées pour ceux qui veulent entreprendre, aux solutions trouvées avec le patronat via un dialogue social modernisé, etc. Sa nouvelle protection sociale s’articule autour du compte personnel d’activité (CPA), instauré sous Hollande « avec l’objectif que chacun soit aidé, que personne ne se sente lésé, mais que toujours le travail paie, que la redistribution soit plus juste et que toutes les formes d’activités soient reconnues ».

Point d’équilibre. Reste qu’avec le Pacte de responsabilité, et en soutenant les entreprises, il s’est éloigné de la perception marxiste de la gauche – qui reste opérante en France. « Dans le cadre traditionnel idéologique de la gauche, ce positionnement est difficile à tenir car il prête le flanc à une forme de déloyauté, vis-à-vis du monde ouvrier, des moins qualifiés et des plus précaires », poursuit encore Jean Garrigues. « C’est bien pour essayer de combler cette fracture que Myriam El Khomri monte au créneau dans une interview aux Echos », reconnaît un conseiller de l’équipe Valls. La ministre du Travail y assure, au sujet de la loi qui porte son nom : « Entre les lubies ultralibérales de la droite et le statu quo, il fallait voir comment prendre en compte les mutations du marché du travail. Cette loi est un vrai point d’équilibre. »

Avec sa position un peu particulière, hors de la primaire socialiste, Emmanuel Macron échappe à cette accusation de trahir le monde du travail dans ses fondamentaux. Il peut alors se définir lui aussi comme le « candidat du travail », en avançant des propositions libérales – en finir avec les 35 heures uniformes à toutes les tranches d’âge – mais aussi jacobines — comme la nationalisation de l’assurance-chômage.

En tout cas, contrairement à la droite, dans ces débats, on parle très peu du temps de travail, du contrat de travail, des évolutions du Code du travail… En cela, la rupture gauche-droite reste affichée.

Fanny Guinochet

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 18/01/2017

Theresa May prête à rompre totalement avec l’Europe

VIDÉO – Le Royaume-Uni quittera le marché unique européen en même temps que l’Union européenne, a déclaré mardi la première ministre britannique, qui fait le choix d’un Brexit dur.

Il y a du Margaret Thatcher chez cette Theresa May là. De celle qui dit «no, no, no» aux dirigeants de Bruxelles en tapant du poing sur la table. Devant un parterre d’ambassadeurs conviés sous les dorures de Lancaster House, vaste hôtel particulier du gouvernement à côté de Buckingham Palace, la première ministre britannique a adressé mardi une ferme mise en garde aux Européens. Elle est prête à quitter la table les mains vides. «Pas d’accord pour la Grande-Bretagne serait mieux qu’un mauvais accord», prévient-elle, deux mois avant de donner le coup d’envoi des négociations sur le divorce. Pis, les Européens s’infligeraient «un acte d’automutilation calamiteux» s’ils cherchaient à imposer un accord «punitif» à la Grande-Bretagne pour décourager d’autres d’imiter l’exemple du Brexit. Comme Thatcher son sac à main, elle brandit l’arme du chantage fiscal pour les menacer d’une guerre commerciale, faute d’obtenir ce qu’elle veut.

Après sept mois de tergiversations sur le vote des Britanniques au référendum du 23 juin, la première ministre durcit le ton. Aux déclarations creuses, succèdent enfin les projets réalistes. Il était urgent de sortir de l’ambiguïté, faire taire les critiques sur son indécision et oublier la «Theresa Maybe» raillée à sa une par The Economist. Les tabloïds applaudissent. Las, n’est pas Dame de fer qui veut. Theresa May n’a pas la vision, la conviction et la confiance en elle nécessaires. Elle reste contrainte par les contradictions originelles d’être arrivée dans son fauteuil sans avoir été élue et de devoir mettre en œuvre le Brexit sans l’avoir soutenu jusqu’au référendum.

Du coup, dans ce lieu même où «Maggie» invoquait il y a vingt-huit ans les vertus du marché unique, May a dû se résoudre à expliquer pour la première fois que le Royaume-Uni allait quitter le grand marché européen. «Ce que je propose ne peut pas signifier une appartenance au marché unique», a-t-elle reconnu. C’est en fait une première capitulation face à l’intransigeance d’Angela Merkel et des Vingt-Sept. Après avoir espéré trouver un moyen de la contourner, elle tire les conséquences de leur fermeté sur le lien indissociable entre liberté de mouvement pour les citoyens et commerce de biens et services sans frontières.

Si elle réfute l’expression, c’est donc bien un «hard Brexit», un Brexit dur, que Theresa May a décrit dans son discours le plus complet sur le sujet à ce jour. Il fera référence comme la base britannique des négociations à venir. «Pas d’appartenance partielle à l’UE, rien qui nous laisse un pied dedans, un pied dehors», tranche-t-elle. Elle y gagne la liberté de pouvoir contrôler ses frontières et les niveaux d’immigration en provenance de l’Europe, en tête de ses douze priorités égrenées pour ce vaste chantier. Elle peut se réjouir aussi de ne plus devoir contribuer par «d’énormes sommes» au budget européen et de quitter la politique agricole commune. Elle se félicite d’échapper à l’autorité de la Cour de justice de l’UE de Luxembourg.

Le beurre et l’argent du beurre

Malgré cette clarification, bien accueillie par ses partenaires sur le continent, il restera toutefois des zones floues à préciser. Au lieu de l’appartenance au marché unique, elle réclame «la liberté maximale de commercer» en son sein sans droits de douane pour les entreprises britanniques – ce qui n’est guère différent sur le fond. Elle écarte par ailleurs l’idée de rester dans l’union douanière mais revendique un nouvel «accord douanier» en tant que «membre associé». Bref, le meilleur des deux mondes. Ou, diront les mauvaises langues, «le beurre et l’argent du beurre», comme l’avait indiqué une note ministérielle qui avait fuité dans la presse à l’automne.

Ce qu’ambitionne de dessiner Theresa May au cours des deux ans à venir est «un partenariat nouveau et équitable entre une Grande-Bretagne indépendante, autonome, globale, et nos amis et alliés de l’UE». Malgré ses mises en garde en fin de discours, elle a adopté un ton délibérément conciliant, insisté sur sa volonté de rester «des partenaires fiables, des alliés de bonne volonté et des amis proches». Dans cet esprit, elle espère rassurer les milieux économiques de part et d’autre de la Manche en obtenant des accords transitionnels pour éviter la brutalité d’un effet d’abîme après la sortie de l’UE en 2019. Cette approche pragmatique a semblé rassurer les marchés financiers: la livre a rebondi fortement (+ 2,7%) après avoir plongé lundi en anticipation de ce discours.

Un choix «économiquement catastrophique» pour Sturgeon

«Pour préserver le succès du secteur, avec 12 % d’Européens travaillant dans la City, il est important que le flux de talent vers le Royaume-Uni puisse se poursuivre», insiste Mark Boleat, responsable de la stratégie pour la City of London Corporation. Pour l’instant, aucun détail n’a été donné sur les termes du contrôle de l’immigration envers les Européens. Un «départ ordonné» est un «prérequis» pour la future relation entre l’UE et le Royaume-Uni, semble acquiescer le négociateur européen Michel Barnier.

En revanche, les annonces de Theresa May, malgré son choix d’un tailleur-pantalon au motif écossais, ont provoqué la fureur à Edimbourg. La chef du gouvernement régional nationaliste Nicola Sturgeon a jugé sa décision de quitter le marché unique d’«économiquement catastrophique» et de nature à rendre «plus probable» l’indépendance de l’Écosse.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/17/01003-20170117ARTFIG00341-theresa-may-menace-les-europeens.php

 

Florentin Collomp

 

 

L’EXPRESS – 18/01/2017

Parlement européen: qui est Antonio Tajani, successeur de Martin Schulz ?

 

Parlementaires européens à Strasbourg, le 24 novembre 2016.

Les députés européens ont choisi le candidat italien, Antonio Tajani, ce mardi, à l’issue du 4e tour. Il succède à l’Allemand Martin Schulz.

Les 751 eurodéputés ont élu Antonio Tajani, pour la présidence du Parlement européen ce mardi à Strasbourg. Le député conservateur italien prend la tête de l’institution après cinq années du social-démocrate allemand Martin Schulz, qui a renoncé à se représenter pour se consacrer à la politique de son pays. Ce scrutin à bulletin secret s’est déroulé en quatre tours.

Élu pour deux ans et demi (un terme renouvelable), soit la moitié de la législature de cinq ans, le président du Parlement dirige le seul organe de l’UE directement élu par les citoyens, qui se partage le pouvoir législatif avec le Conseil, représentant lui les Etats.

Un proche de Berlusconi

Cet Italien de 63 ans était le vice-président du Parlement. Il fait partie du Parti populaire européen, le groupe politique qui compte le plus de qui compte le plus de députés européens (217 élus). Antonio Tajani a été Commissaire européen aux Transports (2008-2010) puis à l’Industrie (2010-2014), à chaque fois dans les équipes du Portugais José Manuel Barroso.

En dépit de sa bonne connaissance des dossiers européens, il reste un personnage controversé. Le sexagénaire est un ancien porte-parole de Silvio Berlusconi et membre fondateur du parti Forza Italia (droite libérale). Si sa proximité avec le « Cavaliere » est au centre des critiques, son action – ou plutôt inaction – lui est également reprochée en tant que commissaire européen dans le « Dieselgate ». Ce scandale concerne un logiciel installé sur des moteurs de véhicules Volkswagen qui permettait de tricher lors des tests antipollution.

« Triste jour pour le Parlement européen »

Certains eurodéputés écologistes, qui le considère comme un « pollueur », avaient fait savoir que la candidature d’un « pollueur » comme lui était inacceptable. « Triste jour pour le Parlement européen avec l’élection de Tajani, l’homme de Berlusconi, soutenu par les libéraux démocrates et #ECR », a notamment twitté Yannick Jadot député européen et candidat écologiste à l’élection présidentielle.

POUR EN SAVOIR PLUS : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/antonio-tajani-succede-a-martin-schulz-et-devient-president-du-parlement-europeen_1869640.html

 

 

LA TRIBUNE – 18/01/2017

Xi Jinping, champion du libre-échange

 

Le président chinois redoute un risque de guerre commerciale, en particulier avec les Etats-Unis. Le protectionnisme que défend Donald Trump est une forme d’interventionnisme politique qui a un impact négatif sur l’économie.

En ouverture ce mardi du Forum économique mondial – qui se tient chaque année dans la station suisse de Davos -, le président chinois Xi Jinping s’est offert le luxe dans son discours de prononcer devant l’élite économique mondiale un éloge du libre-échange et une critique du protectionnisme que l’on aurait davantage attendus dans la bouche d’un disciple de Friedrich Hayek. « Que cela vous plaise ou non, l’économie mondiale est le grand océan auquel on ne peut échapper (…) Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits (…) est impossible et à rebours de l’histoire », a souligné le président chinois qui occupe également, rappelons-le, le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois.

Ralentissement du commerce international

Le protectionnisme revient en effet à la mode sur fond de ralentissement du commerce international, qui a progressé, estime l’OMC, de 1,7% en 2016 (contre 2,8% prévu initialement), soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2008.

Ce serait, selon ses sectateurs, la solution à la faiblesse de la croissance économique. Établir des barrières douanières, taxer les produits importés et pénaliser les entreprises tentées de délocaliser leur production permettrait donc de résoudre nos problèmes. Donald Trump en est le principal artisan aux Etats-Unis qui pourtant, déjà, n’hésitent pas à imposer des taxes sur certains produits importés.

En France, le protectionnisme a ses défenseurs comme Marine Le Pen et les courants souverainistes mais aussi Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, qui en fait un des axes majeurs de son programme pour s’imposer face à ses concurrents. Le patriotisme économique – le « Made in France » – pourrait séduire une clientèle électorale, notamment dans la classe moyenne, persuadée que c’est la mondialisation qui l’a appauvri. Après tout, bien à l’abri derrière nos frontières, nos emplois seraient protégés puisqu’ils ne seraient pas soumis à une concurrence plus rude, soit disant imposée par l’afflux d’émigrés. C’est d’ailleurs ce que préconise Theresa May dans sa version « hard » du Brexit, tout en restant ouverte à des accords commerciaux bilatéraux à travers le monde.

Sophisme

En réalité, le protectionnisme séduit parce qu’il repose sur un sophisme : un pays imposerait des barrières aux importations tout en exportant au maximum sans que les autres pays ne fassent de même. Il est au contraire le déclencheur d’une guerre commerciale qui appauvrit finalement tous les pays (en réalité les entreprises qui seules font du commerce). L’OCDE en liste quelques aspects.

Ainsi, le protectionnisme rend moins compétitives les entreprises locales sur les marchés internationaux en raison de coûts de productions qui restent en comparaison plus élevés. L’organisation a calculé que pour 1 dollar consacré à des mesures protectionnistes diminuait de 66 cents le produit national brut.

De même, il a une conséquence négative sur l’économie mondiale : une hausse de 1 dollar généré par les taxes à l’importation se traduit par une baisse de 2,16 dollars sur les exportations et une baisse de 0,73 dollar dans le revenu mondial.

Au contraire, une libéralisation complète du commerce des biens de consommation et des services ont permis une hausse du revenu moyen réel de 1,3% dans les pays développés et de 0,73% dans les pays à hauts revenus.  Quand aux nouveaux émergents comme le Nigéria, la Thaïlande, ils pourraient voir leur PIB croître de 3% à 6%.

L’OCDE rappelle par ailleurs qu’une augmentation des échanges commerciaux de 10 % majore le revenu par habitant de 4 %.

Derrière le protectionnisme, l’interventionnisme de l’Etat

Si le protectionnisme est difficilement défendable en principe – même si les données agrégées ne rendent pas compte de mesures ciblées et temporaires pouvant sauver certains acteurs -, la question est de savoir pourquoi certains responsables le préconisent.

En fait, il s’agit pour eux d’accroître leur emprise interventionniste sur l’économie, car ils pensent que le pouvoir politique est mieux placé que les entreprises pour la développer. Dans le cas de Donald Trump, c’est l’inverse, il pense que l’on dirige un pays comme une entreprise, d’où son intrusion. Il devrait rapidement s’apercevoir que ce n’est pas le cas. Et il est assez piquant que ce soit Xi Jinping, au profil plutôt de bureaucrate, qui le lui rappelle.

Robert Jules

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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Revue de presse du MEDEF IDF du 19 janvier 2017

2017-03-02T07:07:16+01:00Mots-clés : , , , |

:: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 19/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 19/01/2017

La suppression des branches professionnelles est lancée

L’exécutif veut passer de 700 à 200 branches.

Leur nom fleurait bon le XIXe siècle et leur activité était souvent en voie d’extinction. Par un arrêté du 5 janvier, neuf branches professionnelles ont disparu, en fusionnant avec des structures plus importantes. Ainsi celle «des tisseurs à domicile rubanier de la région de Saint-Étienne», avec ses quelque 300 salariés, a rejoint l’industrie textile, tandis que celle de «la tapisserie d’art d’Aubusson-Felletin» a été absorbée par la branche «fabrication de l’ameublement». Et encore n’est-ce que la face émergée de l’iceberg.

Car cet arrêté fait partie d’un vaste plan de restructuration des branches lancé par le gouvernement. L’objectif de la loi El Khomri, qui reprend la philosophie de la réforme de la formation de 2014, est clair: passer de 700 branches (hors agriculture) à 200 d’ici à l’été 2019. Soit un niveau équivalent à celui de l’Allemagne, qui en compte 250. Cette restructuration est nécessaire pour rendre le système social plus efficace. Trop petites, de nombreuses branches ne peuvent aujourd’hui assurer les missions qui leur sont dévolues.

Or ces dernières ne sont pas minces. Les accords signés par le patronat et les syndicats d’une branche déterminent notamment les grilles de rémunérations des salariés du secteur d’activité. Les branches sont en charge de la mise au point d’un référentiel des tâches pénibles, pour aider les entreprises à abonder les comptes pénibilité de leurs salariés. Et la loi travail, même si elle renforce l’accord d’entreprise, n’a pas tué la branche, au contraire. Il leur reviendra par exemple de mettre au point des «accords types», que pourront utiliser les PME de moins de 50 salariés si elles souhaitent réaménager le temps de travail.

Théoriquement, le ministère du Travail peut imposer des fusions et suppressions de branches. «Mais jusqu’à présent, nous avons toujours travaillé en accord avec les partenaires sociaux», souligne-t-on Rue de Grenelle. Les pouvoirs publics ont choisi d’agir par étapes, en s’attaquant d’abord aux 300 branches plus faciles à restructurer car locales ou n’ayant mené aucune négociation depuis quinze ans ou ayant peu de salariés.

Pas de salariés lésés

Sur ce lot, 140 branches ont déjà disparu en 2016: les 9 de l’arrêté, mais aussi de nombreuses branches territoriales, supprimées au profit des branches nationales du même secteur. On y trouve les cafés-hôtels-restaurants de Seine-Maritime ou de l’Isère, le notariat de Colmar, la boulangerie de Haute-Garonne… Reste 168 branches à traiter rapidement, concentrées dans deux secteurs. «Dans la métallurgie, où il s’agit surtout de supprimer des branches locales, les travaux avancent bien et devraient être bouclés d’ici à la fin de l’année. Dans le BTP, le chantier est lancé, mais il est complexe car il existe des conventions collectives locales, par taille d’entreprise…», précise le ministère du Travail.

Le plus dur viendra toutefois par la suite lorsqu’il faudra regrouper des branches importantes. «Certaines ont déjà pris contact avec nous pour fusionner», confie-t-on au ministère. Il n’empêche, ce sera à la future majorité de gérer ce dossier, avec des enjeux plus lourds. D’ailleurs, la loi prévoit un délai de cinq ans pour harmoniser les règles sociales entre branches fusionnées. Avec comme philosophie de ne pas léser les salariés, ce qui devrait engendrer de longues négociations.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

La baisse de l’impôt sur les sociétés aura un coût

 

Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa « position nette d’impôts différés »

Les résultats de certains groupes seront impactés.

Attention, effet collatéral! Saluée comme il se doit par le patronat, la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS), de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 pour toutes les entreprises, n’en provoque pas moins des conséquences… négatives pour certains grands groupes. C’est Schneider Electric qui a, le premier, vendu la mèche. La baisse de l’IS est «une nouvelle positive», salue le groupe dans un communiqué publié le 9 janvier. Mais «ce changement conduit à un impact négatif de 120 millions d’euros sur le résultat du groupe à fin 2016», ajoute-t-il.

Une baisse d’impôt qui pénalise les résultats comptables d’une entreprise, voilà qui est paradoxal. Cet effet collatéral est, en réalité, dû à la possibilité pour les entreprises de conserver dans leurs comptes les déficits passés, afin de les déduire de leurs bénéfices futurs et de réduire ainsi leur imposition. Or ce «stock» de pertes n’est valorisé qu’à hauteur des futures économies d’impôts qu’il permettra de générer. Comme le taux d’IS baissera de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020, la valeur des déficits que les entreprises gardent en soute pour éponger une partie de leurs impôts à cette échéance fond donc d’autant. Et voilà pourquoi Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa «position nette d’impôts différés».

L’industriel n’est pas le seul groupe à faire face à cette problématique. «Nombre d’entreprises ont connu des exercices difficiles après la crise de 2007-2008, relève Jean-Pierre Lieb, avocat associé chez EY. Celles-ci ont donc encore des stocks de déficits à déduire de leurs impôts.» À noter toutefois que seuls sont touchés les groupes qui prévoient d’utiliser une partie de leurs déficits passés pour réduire leur impôt en 2020 au plus tôt. A contrario, les entreprises qui ont bénéficié d’un report d’imposition, du fait d’une restructuration par exemple, voient leur dette à l’égard du fisc diminuer avec le futur taux d’IS à 28 %.

Incertitude législative

Tirer, dès à présent, toutes les conséquences comptables d’une baisse d’impôt prévue pour 2020, cela pourrait paraître aventureux. Spécialement lorsqu’une élection présidentielle, qui peut chambouler la trajectoire inscrite dans la loi, se tiendra dans cinq mois. Toutefois, la norme comptable IAS, appliquée par tous les groupes européens, ne prend pas en compte ces incertitudes politiques.

«Il n’y a pas de tergiversation possible: si, à la clôture de l’exercice comptable, une décision est claire et précise, elle est applicable», explique Patrice Marteau, président de l’Association pour la participation des entreprises françaises à l’harmonisation comptable internationale (Acteo). Si le législateur décide, d’ici à 2020, de baisser davantage ou au contraire d’augmenter l’IS, les entreprises devront à nouveau s’adapter.

Guillaume Guichard

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Assurance emprunteur : cette mesure va vous faire économiser des centaines d’euros par an !

Si vous avez pris un crédit pour acheter votre logement, vous pourrez dès 2018 résilier à tout moment l’assurance emprunteur que vous a vendu votre banque et trouver moins cher ailleurs.

Avis aux millions de Français qui ont emprunté auprès d’une banque pour acheter leur maison ou leur appartement : cette information pourrait vous faire économiser plusieurs centaines d’euros par an !

Jusqu’ici, vous ne pouviez le faire qu’au cours des douze premiers mois du prêt. A partir du 1er janvier 2018, vous pourrez renégocier votre contrat d’assurance emprunteur quand bon vous semble. Plus précisément, une fois par an, à chaque date anniversaire du contrat. Au détour d’un texte sur la consommation et l’immobilier, députés et sénateurs ont voté mardi à l’unanimité — chose rare ! — une mesure pour faciliter la concurrence.

De quoi s’agit-il ? Réclamée par les banques lorsqu’elles octroient un crédit à un particulier, l’assurance emprunteur protège le client en annulant tout ou partie des mensualités si un drame bouscule sa vie : invalidité, décès du conjoint, etc. Ce produit financier peut être, en théorie, souscrit auprès de la banque ou d’un assureur extérieur. En réalité, dans 80 % des cas, la banque vend son assurancemaison. Et ce, même si elle est plus chère qu’une autre.

« L’assurance emprunteur peut représenter en ce moment jusqu’à la moitié du coût du crédit », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut, l’un des leadeurs du secteur. Un récent rapport du Comité consultatif du secteur financier estime qu’elle représente plutôt 30 % du coût du crédit.

Manque de concurrence selon les parlementaires

Pour les parlementaires français, l’affaire est entendue : c’est le manque de concurrence qui plombe la facture. « La marge atteint les 50 %. C’est exorbitant », dénonce Pierre-Alain Muet, l’un des députés PS à l’origine de la fronde. « Il y a besoin de remettre de la concurrence. »

« Cette mesure est une mauvaise nouvelle pour beaucoup d’emprunteurs », conteste-t-on à la Fédération bancaire française (FBF). En cause, selon ce représentant du secteur, la mutualisation. Autrement dit, le fait qu’actuellement les jeunes paient plus que ce qu’ils devraient afin que les personnes plus âgées aient un peu moins à régler. « La mutualisation n’est pas préservée, alors qu’elle permet un accès large à l’assurance du crédit immobilier », déplore-t-on à la FBF.

Reste à savoir si cette mesure se traduira véritablement dans les faits. Car les parlementaires n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils avaient déjà voté fin 2016 dans le cadre de la loi Sapin 2 un dispositif identique, mais le texte avait été retoqué par le Conseil constitutionnel pour un problème de forme.

Notre comparatif

Paperasse, questionnaire à remplir… Changer d’assurance emprunteur demande un peu d’effort mais cela en vaut la peine, comme en témoigne la simulation réalisée par Securimut, une filiale de la Macif, pour notre journal. Pour un couple de 36 ans, empruntant 150 000 € sur 20 ans, choisir une assurance extérieure à sa banque peut permettre d’économiser 62 € par mois, soit pratiquement 15 000 € sur toute la durée de l’emprunt ! Mais quand, précisément, faut-il s’en occuper ? Lorsqu’on négocie son prêt, c’est une des solutions les plus simples. Mais c’est aussi prendre le risque de se voir refuser le prêt ou proposer un taux plus élevé… « Tout dépendra en réalité de votre pouvoir de négociation, de votre profil », estime François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. Bref, ça se tente ! Et si c’est un échec, n’hésitez pas à remettre le dossier sur la table assez rapidement. « Divorces, rachats de crédits… En réalité, un emprunt immobilier ne dure en moyenne que huit ans, donc n’attendez pas trop pour faire renégocier votre assurance », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut.

Boris Cassel

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 19/01/2017

Aéronautique : Safran veut fusionner avec Zodiac Aerospace pour former un leader mondial

La fusion des deux groupes français permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques.

Le groupe français Safran a lancé, jeudi 19 janvier, une offre publique d’achat amicale (OPA) visant le spécialiste des sièges d’avions Zodiac Aerospace, suivie d’une fusion pour former un géant de plus de 20 milliards de chiffre d’affaires et 92 000 salariés (dont 45 000 en France).

La fusion permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques et le numéro trois mondial de l’aéronautique hors constructeurs d’avions, avec des ventes réparties entre la propulsion et les équipements aéronautiques.

Safran, dont le premier actionnaire est l’Etat (14 % du capital et 21,9 % des droits de vote), s’est hissé au rang de numéro un mondial des moteurs d’avions, grâce à la coentreprise CFM International créée avec son partenaire américain General Electric (GE).

Zodiac souffre depuis la fin de 2014 des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. A la fin de 2016, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ». Le groupe, connu aussi pour avoir inventé les bateaux pneumatiques à moteur du même nom dans les années 30 avant de se tourner vers l’aéronautique, a abandonné il y a une dizaine d’années ses activités marines.

La fusion attendue en 2018

Le nouveau groupe devrait employer quelque 92 000 personnes (dont plus de 45 000 en France) et être présent dans plus de 60 pays. Ensemble, Safran et Zodiac Aerospace visent environ 2,7 milliards d’euros de résultat opérationnel courant ajusté.

La finalisation de l’offre publique est attendue à la fin du quatrième trimestre 2017 et la réalisation de la fusion au début de 2018. Cette opération entre dans le cadre de la stratégie engagée par Safran, de recentrage sur ses cœurs de métiers : l’aéronautique et la défense.

Safran avait déjà tenté de racheter Zodiac en 2010, mais avait essuyé une fin de non-recevoir des actionnaires de l’équipementier. Cette deuxième tentative est donc la bonne pour le groupe aéronautique, alors que Zodiac Aerospace était affaibli depuis la fin de 2014 par des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. En fin d’année dernière, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ».

Dopés par cette annonce, le titre Zodiac prenait plus de 22,05 % à la Bourse de Paris, tandis que Safran gagnait 2,04 % peu après 9 heures.

Cette nouvelle étape dans la consolidation de l’industrie aéronautique survient quelques mois après le rachat par l’équipementier aéronautique américain Rockwell Collins de son concurrent B/E Aerospace, un concurrent de Zodiac Aerospace.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Brioche Dorée veut devenir la tête de pont des PME françaises de l’agroalimentaire

Le groupe breton Le Duff lance une place de marché destinée à séduire les restaurateurs et épiciers étrangers.

Un ovni vient d’apparaître dans la distribution alimentaire. Le groupe de restauration Le Duff, connu pour ses enseignes Brioche Dorée et Del Arte, se diversifie avec un site e-commerce. Sur Gourming.com, les PME françaises pourront exporter auprès de grossistes, restaurateurs et épiceries du monde entier. La place de marché recense déjà 5000 références, sur 10.000 prévues à terme. Parmi les 250 producteurs figurent Maître Prunille, Tarte Tropézienne, Chocolat Weiss, la Sablésienne, Cacolac…

«Nous voulons créer l’Amazon de l’alimentaire, clame Anne-Laurence Velly, directrice du digital et de l’innovation du groupe. Il y a un potentiel immense compte tenu de l’image de la France. Gourming doit permettre aux professionnels du monde entier de venir faire leur marché en ligne en choisissant parmi le meilleur du terroir français.» 25 pays européens sont desservis pour l’instant, avant les États-Unis et l’Asie dès 2018.

L’agroalimentaire français est composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export

À l’origine du projet, Louis Le Duff, 70 ans, a commencé à plancher il y a deux ans, convaincu que le digital, embryonnaire chez les professionnels de l’alimentaire, pouvait permettre d’aller chercher de nouveaux clients à l’étranger. Son modèle: le supermarché XXL du géant mondial du e-commerce, dont la plateforme professionnelle Amazon Business est en plein essor. Il voit Gourming comme un vecteur idéal de l’agroalimentaire français, composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export.

Gourming s’appuie sur le savoir-faire commercial et logistique de Le Duff. Très intégré, le groupe breton approvisionne ses 2000 restaurants et boulangeries sur cinq continents depuis ses sept usines. Il possède deux centres logistiques, dont un «hub» tout juste inauguré à Orly pour Gourming. Une plateforme technique a été créée par le spécialiste des places de marché, Mirakl, ainsi qu’un centre d’appels multilingue. Au total, un investissement de «plusieurs millions d’euros».

25% de commission

Louis Le Duff, nouveau héraut de l’agroalimentaire tricolore? «Cette initiative est liée aux valeurs de Le Duff, qui a toujours eu le souci de valoriser les produits de qualité et d’aller de la fourche à la fourchette», explique Anne-Laurence Velly. C’est un relais de croissance. «Cette activité, encore exploratoire, pourrait devenir le troisième pilier de l’entreprise au côté de la restauration (70 % du chiffre d’affaires total, soit 2 milliards d’euros en 2015) et de la boulangerie industrielle (30 %, avec le pain Bridor notamment)», ajoute la dirigeante.

Le Duff prélève une commission de 25 % sur chaque transaction, contre 15 % en moyenne sur une place de marché classique, et facture 100 euros le référencement. «Nous proposons un service clés en main aux producteurs qui inclut le transport, la logistique et l’administratif, y compris les contraintes réglementaires liées à l’export», justifie Anne-Laurence Velly. Charge aux fabricants d’expédier leurs produits à Orly. Le groupe breton parie sur des commandes minimales de 800 euros, jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour des grossistes. Le chef milanais Danilo Ange a ainsi acheté à la société Folion, dans le Gers, ses feuilles de fruits et légumes déshydratées. Mais Le Duff devra compter avec la concurrence d’un poids lourd de la distribution, Metro, qui planche sur un projet français de place de marché alimentaire.

Keren Lentschner

 

 

LE MONDE – 19/01/2017

Grippe aviaire : la filière foie gras estime ses pertes à 120 millions d’euros

Le gouvernement a imposé au début de janvier l’abattage préventif de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

Eleveurs et industriels de la filière foie gras ont nettement revu à la hausse leurs pertes causées par la grippe aviaire, soit 120 millions d’euros, a fait savoir mercredi 18 janvier le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), qui prévoit un plan de quinze mesures pour éviter une nouvelle crise à l’avenir.

Les pertes sont calculées pour l’ensemble de la filière, « de l’accouvage à la transformation en passant par les éleveurs et les gaveurs », a déclaré Christophe Barrailh, précisant que cette somme inclut « les pertes directes liées à l’abattage et également (celles) liées au vide sanitaire (…) qui a déjà commencé pour certaines zones ».

Des abattages préventifs

L’épizootie d’influenza aviaire H5N8 qui sévit depuis décembre dans les élevages du Sud-Ouest – 136 exploitations infectées mardi, essentiellement dans le Gers et les Landes – a conduit le gouvernement à imposer au début de janvier des abattages préventifs de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

« Du fait de l’extension des zones, avec des abattages supplémentaires programmés », le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d’euros au début du mois.

Et le coût du virus pourrait encore augmenter. « On était parti sur un volume de 1,3 million » d’animaux à abattre, « on en est à 1,5 million » et « la situation n’est toujours pas stabilisée », a ajouté M. Barrailh.

Des tests systématiques envisagés

Déjà fragilisée par l’épisode d’influenza aviaire H5N1 de l’hiver 2015-2016, l’interprofession a adopté un plan pour parer à de prochaines crises.

Le Cifog envisage notamment de « tester systématiquement » les lots de canards avant l’étape du gavage afin d’éviter de transporter des volailles contaminées, a expliqué M. Barrailh.
Dans le même ordre d’idées, dès qu’un cas suspect sera détecté par un vétérinaire, un confinement pourra être imposé « dans un périmètre à définir », sans attendre l’habituel arrêté préfectoral.

Par ailleurs, un audit « à périmètre national » sera fait « pour vérifier que les règles de biosécurité sont bien mises en place » par les producteurs, en commençant par la zone de l’épizootie en cours, dès que celle-ci sera terminée.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Électricité, gaz : les particuliers au cœur de la bataille entre opérateurs

 

Les quatres étapes du producteur au consommateur:

(1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers.

(2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public.

(3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public.

(4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

ENQUÊTE – Les rivaux d’EDF et d’Engie multiplient les offres attractives pour se développer sur le marché des particuliers. Les opérateurs historiques ripostent.

L’année qui s’ouvre est à marquer d’une pierre blanche dans l’énergie. En juillet, cela fera exactement dix ans que les marchés du gaz et de l’électricité ont été libéralisés. Les particuliers ont la possibilité de renoncer aux tarifs réglementés que seuls peuvent proposer EDF et Engie (ex-GDF Suez) pour choisir une offre de marché, qui présente des avantages. Dix ans de concurrence déjà, mais ce n’est que depuis quelques mois que les nouveaux concurrents des opérateurs historiques – Direct Énergie, Eni, Lampiris…- mettent la pression sur les particuliers. Ils avaient attaqué en priorité le marché des entreprises et des professionnels.

Pour le marché des particuliers, c’est une guerre commerciale quasiment rue par rue, maison par maison qui est engagée, avec des campagnes de porte-à-porte pendant lesquelles les représentants ne ménagent pas leur peine. Selon le dernier baromètre annuel Énergie-Info du Médiateur national de l’énergie (en septembre 2016), 39 % des consommateurs indiquent avoir été démarchés pour souscrire une offre de fourniture d’énergie. Le démarchage se fait à la fois par téléphone (61 %), à domicile (26 %) et par courrier (23 %). ENI, l’opérateur italien, désormais numéro deux du gaz en France, reconnaît que ces visites à domicile contribuent à environ un tiers du portefeuille de nouveaux clients. Il est vrai que l’argumentaire commercial est simple. Pour EDF et Engie, il est plus compliqué d’expliquer à leurs clients qu’ils peuvent, eux aussi, proposer des prix plus intéressants que le tarif réglementé qui était le leur depuis toujours.

Très logiquement, l’offensive des nouveaux acteurs du marché de l’énergie appelle la contre-offensive des deux opérateurs historiques. Sans donner d’indication chiffrée, Engie souligne que le démarchage est un canal de vente significatif, au même titre que le téléphone ou les courriels. Il s’agit de pallier ainsi la fermeture de son réseau d’agences. «La vente à domicile est un circuit important car il permet une richesse d’échanges avec le client, explique Augustin Honorat, directeur du marché clients particuliers France d’Engie. Et pour cause, aucun autre lien ne cultive la même proximité physique en face-à-face.»

Les entreprises sont d’autant plus soigneuses à communiquer sur le porte-à-porte que le genre a mauvaise presse: pêle-mêle, les vendeurs seraient agressifs, tairaient les subtilités des contrats de gaz et d’électricité et seraient prêts à de nombreuses approximations pour décrocher une signature. Par exemple, c’est un ménage qui ratifie finalement un contrat à la fois pour le gaz et l’électricité, alors qu’une offre pour une seule énergie l’intéressait au départ.

Ou alors c’est un foyer qui prend un fournisseur pour un autre sans qu’on ait pris soin de le détromper. Parfois, les dérapages vont encore plus loin: le Médiateur indique ainsi que plusieurs consommateurs l’ont alerté «sur le fait que des démarcheurs appellent pour obtenir un rendez-vous à domicile en se présentant comme le Médiateur national de l’énergie».

Enquête de satisfaction

«Nous sommes aux antipodes de ces méthodes, dit Daniel Fava, directeur général ENI Gas & Power France. Nous prenons rendez-vous par téléphone avant les visites. Ces dernières sont le fruit de campagnes ciblées, après que nous avons identifié en amont des zones d’habitations susceptibles d’être intéressées par nos offres. Nos propositions sont d’autant plus rigoureuses qu’elles sont articulées autour de quelques critères très simples: gain par rapport aux tarifs réglementés, stabilité du prix pendant plusieurs années et aucune coercition.» Les vendeurs font ensuite l’objet d’une enquête de satisfaction et un ménage dispose de 21 jours pour se rétracter, quand la loi n’impose que 14 jours.

Les quatres étapes du producteur au consommateur: (1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers. (2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public. (3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public. (4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

Chez Engie, Augustin Honorat indique que le groupe a recours dans le cadre de ce démarchage «à des prestataires externes reconnus, sélectionnés au terme d’un appel d’offres et dont les personnels sont spécialement formés aux offres énergétiques et à l’éthique commerciale. Non seulement nous mettons en garde ces partenaires contre la moindre velléité de vente forcée mais les dérives sont tout de suite sanctionnées et le contrat annulé si le client le demande.»

Preuve que le domaine reste malgré tout très sensible, certains opérateurs ont décidé de renoncer au porte-à-porte, comme Direct Énergie qui l’a utilisé lors du démarrage de l’entreprise.

EDF ne l’a jamais utilisé, soulignant que le démarchage à domicile ne correspond pas à sa politique de relation clients et à son image de marque. Le groupe estime disposer d’autres compétences pour asseoir son développement commercial. Il est vrai que le groupe reste très solidement implanté avec une part de marché proche de 90 % chez les particuliers contre 76 % pour Engie.

Quel que soit le cas de figure, la bataille est d’autant plus vive les fournisseurs n’ont jamais été aussi nombreux. Ces derniers mois, plusieurs nouveaux acteurs opérateurs ont fait leur apparition comme ekWateur ou Plüm Énergie. Disposant de moyens limités par rapport aux géants du secteur, ils font des offres plus ciblées. Par exemple, Plüm Énergie entend proposer à ses clients «une véritable méthode pour diminuer significativement leur consommation d’électricité». Comme ces impétrants ne peuvent pas lancer de grandes offensives commerciales, ils misent beaucoup sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Chacun suit son propre chemin.

Attention aux démarcheurs indélicats

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a été victime d’étranges comportements. Cette autorité administrative vient ainsi d’être alertée que des démarcheurs se présentaient en son nom pour inciter des consommateurs ou des clients professionnels (commerçants, artisans, PME…) à acheter des matériels électriques (panneaux photovoltaïques, ampoules basse consommation, condensateurs…). Ces prétendus représentants indiquent aux consommateurs qu’ils ont l’obligation réglementaire de se procurer ces équipements, sous peine de sanctions. La CRE précise qu’elle a saisi le procureur de la République et que le dossier a également été transmis à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

LES ECHOS – 19/01/2017

Dentistes : l’assurance-maladie lâche du lest avant la dernière négociation

 

Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam)

vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale.

L’assurance-maladie rajoute 64 millions d’euros de revalorisation des tarifs.

C’est une négociation qui va être très difficile à boucler. Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam) vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale, en vue de revaloriser les soins conservateurs, tout en réduisant le prix des prothèses. L’Uncam a formulé ses propositions de la dernière chance, dans un document auquel « Les Echos » ont eu accès. Elle propose une rallonge financière pour les dentistes, alors que deux syndicats sur trois ont quitté la table des négociations lors de la dernière séance, le 6 janvier.

Il est d’ores et déjà improbable que le syndicat numéro un, la FSDL, signe. En effet, l’enveloppe globale proposée par l’assurance-maladie, et qui serait cofinancée avec les assureurs complémentaires, s’élève à 807 millions d’euros par an dès 2021, avec une montée en charge sur quatre ans. « Nous avons fait nos calculs. Pour équilibrer l’activité des dentistes, il faudrait investir 2,7 milliards d’euros, on est loin du compte ! » souligne Patrick Solera, le président de la FSDL. Le syndicaliste voit d’un assez mauvais oeil l’introduction de plafonds conventionnels sur les soins prothétiques, qui sont aujourd’hui totalement libres. « Les plafonds sont bas, et ils resteront bloqués pendant trente ans », soupçonne-t-il.

Possibilité de dérogation

Sans la FSDL, il faudra donc que la CNSD, l’autre syndicat détenant plus de 30 % des voix, soit signataire de l’avenant. L’Union dentaire, le troisième syndicat, devra aussi s’abstenir de voter contre. Ils ont un pistolet sur la tempe, car, s’il n’y a pas d’accord, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, compte plafonner les tarifs les plus coûteux sans passer par la case conventionnelle. Elle a fait voter cette possibilité de dérogation à la négociation professionnelle à l’automne.

Le dernier projet de l’assurance-maladie rajoute une hausse de 64 millions d’euros des tarifs pour atteindre 807 millions d’euros. Dans le détail, les forfaits CMU-C sont revalorisés de 30 millions d’euros par rapport à la proposition précédente, soit 82 millions supplémentaires au bout de quatre ans. Les revalorisations d’actes et créations d’actes (couronne transitoire, coiffage pulpaire, consultation d’urgence) bondissent de 148 millions d’euros par rapport au 6 janvier, à 693 millions d’euros. Mais cette hausse est en partie compensée par la baisse de 107 millions du tarif de l’inlay-core. De plus, les sommes allouées à la prévention, en particulier la parodontie pour les diabétiques, sont revues à la baisse de 14 millions, chiffrant désormais 23 millions.

Par ailleurs, les plafonds imposés aux tarifs libres sont un peu rehaussés, en sorte que la perte de recettes pour les dentistes se limiterait à 465 millions d’euros au bout de quatre ans. En fin de compte, les professionnels libéraux gagneraient en net 341 millions d’euros supplémentaires dès 2021, soit 42 % de l’enveloppe totale promise. L’amélioration est assez nette par rapport aux 272 millions du projet du 6 janvier (35 % de l’enveloppe), et surtout aux 176 millions du projet du 14 décembre…

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les salariés de BN se mobilisent ce jeudi contre la vente de l’usine nantaise

Les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) se rassemblent ce jeudi suite aux rumeurs de rachat du site de Vertou (Loire-Atlantique).

Agitation au pays du fameux BN. L’intersyndicale CGT-CFDT-CFE-CGC ont en effet appelé les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) de Vertou en Loire-Atlantique, près de Nantes, à se mobiliser en cessant de travailler ce jeudi et à participer à une assemblée générale sur le site de Vertou. Cette mobilisation fait suite aux rumeurs de rachat de l’usine qui fabrique les célèbres biscuits fourrés. Les syndicats ont invité les élus locaux à participer à cette manifestation.

Lors du comité d’entreprise du jeudi 12 janvier, la direction a confirmé qu’un groupe avait visité le site sans communiquer l’identité des visiteurs.

L’usine risque donc d’être vendue trois ans après le rachat d’United Biscuit, propriétaire de BN, par la holding turque Yildiz. Ce projet soulève des inquiétudes quant au futur de l’usine BN de Vertou qui emploie environ 400 salariés.

United Biscuit aurait mis en vente la biscuiterie a révélé le Figaro. Parmi les acheteurs intéressés figureraient au moins trois fonds dont un Français et un Canadien. Et un Hollandais qui serait le candidat principal avec la biscuiterie Continental Bakeries. Le montant de cession envisagé serait d’environ 20 à 30 millions d’euros pour BN, qui réalise environ 80 millions d’euros de chiffre d’affaires mais qui ne gagne pas d’argent.

Gaëtan Lebrun

 

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 19/01/2017

Primaire à gauche : tensions dans la dernière ligne droite

Les candidats enchaînent les meetings et n’hésitent plus à s’attaquer directement, à quatre jour du premier tour et alors que se tient, jeudi, le dernier débat télévisé.

Pour accéder à la salle, il faut suivre les affiches « salle de pesée ». A quatre jours du premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier, l’image fait sourire, tant chaque candidat a décidé de montrer ses muscles politiques. Mercredi soir 18, à la veille du troisième et dernier débat télévisé, Benoît Hamon donnait un meeting à Paris, à… l’Institut du judo. Au même moment, Arnaud Montebourg réunissait aussi ses troupes dans la capitale, dans le gymnase Jean-Jaurès, situé dans le 19e arrondissement. Vendredi soir, ce seront Manuel Valls et Vincent Peillon qui mobiliseront, à leur tour, à Paris.

A l’approche du vote, le ton se durcit entre les candidats. Chacun le sait, les dernières heures d’une campagne sont souvent décisives. « Les enjeux d’une primaire s’imposent dans les derniers jours », expliquait Manuel Valls, mardi soir, dans le TGV qui le ramenait de Rennes.

Benoît Hamon est en confiance, il est le candidat qui, incontestablement, enregistre une dynamique depuis plusieurs semaines. Pour preuve, selon lui, il est devenu la cible numéro un de ses concurrents. En meeting à Boisseuil (Haute-Vienne), près de Limoges, M. Valls l’a plusieurs fois attaqué sans le nommer mercredi soir. Pour l’ancien premier ministre, M. Hamon incarne la gauche « déconnectée du monde » quand lui a les pieds pleinement dans le « réel ».

« C’est facile de faire sauter les interdits »

« C’est facile de promettre l’impossible lorsqu’on sait au fond de soi que l’on n’en sera jamais comptable. C’est facile de dire ouvrez les frontières, laissez entrer tout le monde, soyez généreux !. C’est facile de faire sauter les interdits. Il est plus dur de combattre la délinquance, les trafics et les cambriolages ! », a critiqué M. Valls qui s’est présenté, lui, comme « la gauche de l’état d’urgence ».

Pendant près de deux heures, le député des Yvelines a défendu ses principales mesures taxées d’irréalisme par ses concurrents. Revenu universel, 49.3 citoyen, mise en place d’une police de contrôle des discriminations… « Il y a quatre mois, on ne parlait à gauche que d’identité, de sécurité, de fermeté. Aujourd’hui, on parle revenu universel, nouveau modèle de développement, transition énergétique… C’est déjà une victoire acquise », triomphe l’ancien ministre de l’éducation nationale devant ses supporters.

Porté par les sondages et une affluence réelle dans ses meetings, il s’en prend même à Emmanuel Macron qui menace l’après-primaire pour le PS. « Un homme de gauche choisi par le peuple de gauche devrait se désister devant un sondage d’opinion ? Jamais ! », tonne-t-il sous les applaudissements.

Hamon pointé du doigt

De son côté, M. Montebourg a répété que ses propositions n’étaient pas « expérimentales » pour 2022 mais applicables « dans quatre mois ». S’affichant aux côtés de l’humoriste Guy Bedos et de la figure de l’aile gauche du PS, Gérard Filoche, l’ancien ministre de l’économie, lui aussi, a pointé du doigt M. Hamon, en se présentant comme le candidat du « travail » et de la « fiche de paie ».

Défaire « le mur des puissants », lutter contre les politiques d’austérité, restaurer la souveraineté, promouvoir le « made in France » : M. Montebourg a déroulé sa partition, dans le sillage de la primaire de 2011. Finalement, plus la compétition avance, plus les candidats redeviennent ce qu’ils sont. Manuel Valls se remet à faire du Valls. Et M. Montebourg, qui avait tenté de s’assagir et de se « présidentialiser », au risque de s’affadir, refait du Montebourg, en appelant, la voix cassée, à « reprendre le drapeau du discours du Bourget, tombé à terre, dans la poussière ».

Pour le député Christian Paul, qui coordonne le programme de l’ancien ministre du redressement productif, « la primaire se termine par un crescendo pour Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, mais l’électorat n’est pas le même : chez Hamon, c’est une gauche classique, chez Montebourg, une reconquête qui va au-delà ».

Vincent Peillon, lui aussi, veut faire mentir les pronostics qui le donnent éliminé dès le premier tour. Pour son directeur de campagne, « il y aura dimanche soir une surprise Peillon ! ». Laquelle ? « Il sera présent au second tour », affirme M. Bloche, qui revendique, à son tour, « une dynamique dans une campagne éclair ».

En conclusion de son discours, M. Hamon a cité Victor Hugo : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est arrivée. » « Et bien, notre heure est arrivée ! », a lancé le député avant de s’offrir un bain de foule de plusieurs minutes.

  • Le mode d’emploi du dernier débat Le dernier débat des sept candidats à la primaire de la gauche se tient ce soir en direct sur France 2, Europe 1, LCP et TV5 Monde. Animé par les journalistes Léa Salamé, David Pujadas et Fabien Namias, il sera marqué par trois grands moments. Les questions économiques et sociales : les candidats seront interrogés sur la santé, l’assurance-maladie, les services publics, la fracture territoriale; le protectionnisme sera aussi abordé, tout comme le chiffrage des programmes de chacun. Carte blanche : les sept concurrents auront une minute chacun pour mettre en avant un point de leur programme. Questions internationales : les journalistes questionneront les candidats notamment sur la place de la Russie et la situation au Moyen-Orient. Comme pour les deux précédentes émissions, chaque candidat dispose d’une minute pour répondre à chaque question et d’une minute et demie pour conclure.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

 

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

Le logement ne fait pas l’objet de débats très disputés parmi les 7 candidats à la primaire de la gauche.
Aucun ne remet en cause les acquis du quinquennat.

L’encadrement des loyers, oui, mais pas partout

Bien que très controversée lors de sa mise en oeuvre, l’une des mesures phares du quinquennat en matière de logement n’est pas menacée à gauche. Aucun des candidats à la primaire de la gauche, qui débattent une dernière fois ce jeudi soir à la télévision (lire aussi page 4), ne remet en cause le principe de l’encadrement des loyers aujourd’hui effectif à Paris et à partir du 1er février à Lille. Manuel Valls (PS) et Sylvia Pinel (PRG), qui ont limité sa mise en oeuvre à la capitale, défendent son intérêt dans les zones tendues et là où il est possible d’obtenir des données fiables concernant le marché locatif. Benoît Hamon (PS) en réclame l’application dans les 13 métropoles régionales, comme Arnaud Montebourg (PS), qui fait même figurer cette mesure dans son Manifeste économique publié le 4 janvier. Après une étude démontrant l’inefficacité de cette mesure à Nantes, François de Rugy (Parti écologiste) ne défend pas «  une approche idéologique » mais estime indispensable une meilleure connaissance des marchés locatifs ville par ville. Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) reconnaît que la mesure peut être adaptée à Paris et à sa petite couronne, mais redoute ailleurs une fuite des investisseurs tentés de mieux rentabiliser leurs biens via des plates-formes de location saisonnière.

Pas touche aux quotas de logements sociaux

Mesure « de gauche », « projet de société » pour Arnaud Montebourg, l’article 55 de la loi SRU de décembre 2000, qui impose des quotas de logements sociaux aux communes les plus peuplées est intouchable. Tous les candidats défendent la mesure et se félicitent de ses avancées : la hausse du quota à 25 % par la loi Alur, la possibilité pour les préfets de se substituer aux maires récalcitrants et le renforcement du principe grâce à la loi égalité et citoyenneté. Benoît Hamon propose même de faire passer les quotas à 30 %. Il est le seul à envisager de durcir nettement les sanctions appliquées aux communes hostiles au logement social en proposant une ponction fiscale plutôt qu’une amende. A l’inverse, les maires bâtisseurs profiteraient d’une aide plus importante qu’aujourd’hui. A titre expérimental, il imagine aussi, – en concertation avec les élus -, de réquisitionner des logements vacants pour les intégrer au parc social. François de Rugy considère que la loi est «  globalement » efficace, mais souhaite veiller à l’équilibre des logements produits et, au-delà, à la mixité sociale dans le parc résidentiel.

La défiscalisation n’est plus un tabou

Drogue dure de la politique du logement depuis trente ans en France, les dispositifs qui permettent aux particuliers de baisser leurs impôts en achetant un logement neuf pour le louer portent tous le nom des ministres qui les ont initiés. Le « Pinel », dernier en date, n’est pas renié par son auteur qui le défend «  sans hésitation » et le prolongerait au-delà de 2018 si elle était élue.«  Il est reconnu par les professionnels et un signe de compétitivité pour les villes où se construisent ces types de logement », affirme la candidate du Parti radical. Manuel Valls ne remet pas non plus en cause ce «  pilier de la politique » et du plan de relance que son gouvernement a initié en septembre 2015 avec de bons résultats. Personne à gauche n’envisage plus de supprimer cet outil. Arnaud Montebourg en souligne néanmoins le coût budgétaire, 1,6 milliard pour le Pinel, contre 1,2 milliard pour le « Scellier » qui n’est plus en vigueur depuis 2012. Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias, sans le renier, invitent cependant à une réflexion de fond sur la nécessité, à long terme, de ce dispositif.

Catherine Sabbah

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Benoît Hamon : « J’ai un projet de gauche… celle qui se tourne vers le futur »

DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Quatrième et dernier invité de notre série sur la primaire de la gauche, Benoît Hamon, dont la campagne semble en pleine dynamique, présente son programme. A vous de juger.

« Je pioche, je pioche. » Confidence d’un athlète de la politique entrant dans la dernière ligne droite de sa campagne. Oui, Benoît Hamon pioche dans ses dernières réserves ce matin-là en arrivant au « Parisien » – « Aujourd’hui en France ». Avant de s’asseoir autour de la table de conférence au centre de la rédaction, le candidat se débarrasse de la chaude parka à capuche dans laquelle il était emmitouflé. Il arrive de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et doit repartir, sitôt après l’entretien, pour Bordeaux (Gironde). Son attachée de presse l’accompagne avec une valise à roulettes. Est-ce l’effet d’une dynamique de campagne qui le porte ? Il a en tout cas fait le plein hier soir, à l’Institut du judo à Paris (XIVe) lors d’un meeting où environ 3 000 personnes sont venues l’écouter.

Concentré, précis, dépourvu de toute fiche, contrairement à Manuel Valls qui étalait les siennes devant lui, le député des Yvelines déroule son programme, argumente pied à pied. Son fameux revenu universel, qui suscite les critiques et même les risées de ses rivaux — notamment à cause de son coût « astronomique » ? Le candidat, clairement positionné à l’aile gauche du PS, s’efforce de démontrer, exemples à l’appui, que c’est réalisable sans ruiner les Français. Au camp Montebourg qui taxe son programme de « gauche Carambar » — on l’ouvre et on trouve une mesure magique —, il rétorque, sûr de lui : « Ça sent la fébrilité. »

S’il ne se drape pas, comme Emmanuel Macron, dans la posture de candidat antisystème, il ne se prive pas cependant de pointer du doigts les « élites ». Celles qui critiquent, par exemple, sa proposition de « 49-3 citoyen » parce qu’elles ne veulent pas, dit-il, abandonner une once de leur pouvoir. Trois mots pour se définir, lui et son projet ? « Constance, futur et cohérence », répond-il. A vous de juger, dans cette « audition » d’une heure quarante réalisée avec le concours de la Fondation Jean Jaurès, dirigée par Gilles Finchelstein et proche du PS. Notre série Demandez le programme sur cette primaire qui reste très ouverte s’achèvera samedi, avec un comparatif et une évaluation des projets des quatre principaux candidats.

LA POLITIQUE ET LA CAMPAGNE. « Ma victoire fera bouger les lignes en dehors des rangs du PS »

Vous proposez une mesure originale : le 49-3 citoyen. Est-ce réalisable ? Ne craignez-vous pas que cela vous empêche de gouverner ?

Je propose qu’un texte de loi, voté au Parlement, puisse être validé par le peuple français via un référendum dès lors que 450 000 citoyens inscrits sur les listes électorales le demanderaient. Nous pouvons parfaitement y associer des critères de représentation géographique pour que ces électeurs soient issus d’un nombre minimum de départements. Nous pouvons aussi fixer un taux minimum de participation pour qu’il soit valide. Il y aura des garde-fous, mais cette proposition me semble essentielle si nous voulons de nouveau faire respirer la démocratie.

Si vous ne gagnez pas la primaire, vous engagez-vous à soutenir le vainqueur et à faire sa campagne ?

Je respecterai ma signature à la charte des primaires.

Donc si c’est Manuel Valls, vous le soutiendrez ?

Je respecterai ma signature. Mais si vous m’imaginez demain porte-parole, je pense que ce serait assez mal inspiré. Et pour lui, et pour moi.

Si vous gagnez, comment éviterez-vous l’exode de nombreux élus socialistes vers Macron ?

Si le seuil des 2 millions de votants est franchi, cela donnera une légitimité forte au candidat issu de la primaire. Je pense que ma victoire fera aussi bouger les lignes en dehors des rangs du PS. Donc si exode il y a, il sera à mon avis limité et neutralisé par le rassemblement qui s’opérera à gauche sur ma candidature.

Macron, c’est un danger pour le candidat socialiste ?

Sa candidature se veut ni de droite ni de gauche… mais on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Est-il pour ou contre le maintien des 35 heures ? Que fait-il de l’ISF (impôt sur la fortune) ? Favorise-t-il les formes de travail non salariées, non encadrées en droits, comme les chauffeurs de VTC par exemple ? Continue-t-il à défiscaliser les actions gratuites et à moins bien payer les heures supplémentaires, bref à mieux rémunérer le capital et moins bien le travail ? La casse des droits du travail ne peut pas constituer un projet d’émancipation et de progrès social.

Vous avez un programme très calibré à gauche, comme celui de Fillon l’était à droite dans l’autre primaire. N’est-ce pas trop tactique ?

On dit que mon programme est calibré à gauche. Je l’ai pensé comme un projet résolument de gauche, mais pas n’importe laquelle, celle qui se tourne vers le futur. Si mon projet suscite de l’intérêt, c’est parce qu’il part de situations vécues, comme la difficile insertion professionnelle des jeunes, pour essayer de penser les cinq, dix, vingt prochaines années. La crise écologique que nous vivons nous force à prendre conscience de cet impératif du long terme.

Vous critiquez la république monarchique et le président vu comme un homme providentiel. Si vous êtes élu, vous installerez-vous à l’Elysée ?

Oui.

TERRORISME ET JUSTICE. « Je veux moins de délinquants fabriqués par la prison »

Comment mieux lutter aujourd’hui contre le terrorisme ?

Je veux donner un cadre légal et des capacités budgétaires au coordinateur national du renseignement, placé sous la responsabilité du Premier ministre. Il faut aussi améliorer la coopération entre nos divers services de renseignement, et faire en sorte que nous disposions demain d’une agence européenne du renseignement. Je suis élu d’un territoire (député des Yvelines) où je vois concrètement l’utilité du renseignement territorial. Il est, hélas, soumis aux mêmes contraintes budgétaires que n’importe quel service de la police nationale. Il est affaibli et il faut le muscler.

Vous êtes favorable à un meilleur accueil des réfugiés…

Je souhaite la création d’un visa humanitaire qui permette d’identifier, dès le départ, les candidats à l’exil et leur ouvrir une voie légale d’accès au territoire français. Je veux aussi m’inspirer du modèle allemand. En consacrant davantage de moyens à l’apprentissage de la langue des demandeurs d’asile et en leur permettant, au-delà d’un délai de trois mois, de travailler sous certaines conditions. C’est ce qui a permis en Allemagne l’intégration de centaines de milliers de réfugiés. Il faut favoriser un modèle plus harmonieux et plus hospitalier. Car notre sécurité, c’est leur développement.

Vous proposez la mise en place de bureaux de vote dans les prisons. Pour quelles raisons ?

Je suis frappé par la faible participation des détenus aux élections alors que seule une minorité d’entre eux sont déchus de leurs droits civiques. Je souhaite aussi donner plus de moyens au service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) pour favoriser la réinsertion des détenus. L’alternative à la détention est, parfois, la meilleure manière pour comprendre le sens de sa faute et de sa punition, et ainsi favoriser. Je veux qu’il y ait moins de délinquants et surtout moins de délinquants fabriqués par la prison.

ÉDUCATION ET SANTÉ. « Repenser la carte scolaire »

Pour lutter contre l’échec scolaire, seriez-vous prêt à affecter, de manière contraignante, les professeurs les plus expérimentés dans les zones en difficulté ?

Je ne crois pas que des mesures coercitives permettent de mieux faire fonctionner l’école. Si un enseignant est obligé d’aller dans un endroit sans s’intégrer harmonieusement au projet pédagogique, nous raterons l’objectif de lutter contre les inégalités. Je propose par exemple la création de postes de professeurs surnuméraires inter-degrés, entre le CM 2 et la 6e, qui puissent dédoubler des classes et améliorer le passage entre l’école et le collège.

Vous proposez de rebâtir une carte scolaire au collège. Comment imposer cette mixité ?

Il faut se débarrasser de cette idée selon laquelle le collège ne peut pas être mixte parce qu’il est sur un territoire homogène socialement. Je propose de repenser la carte scolaire pour concevoir des bassins de recrutement mixtes. Les familles auront la possibilité de formuler un, deux, trois, quatre vœux. Il y aura ensuite un choix de recrutement qui prendra en compte les voeux des familles et l’origine sociale des enfants afin de faire en sorte que dans chaque collège, il y ait de la mixité sociale. Mais on ne peut envisager cela sans un dialogue avec l’enseignement privé.

L’Etat ne peut pas contraindre le privé à la mixité…

Non, on ne peut pas le contraindre, mais il y a un contrat entre l’Etat et l’enseignement privé. Il se discute, et il y a des contreparties. La question doit être posée en des termes plus solennels qu’elle n’a été posée jusqu’ici.

Où vos enfants sont-ils scolarisés ?

Mes filles sont dans une école publique, en banlieue parisienne. Pour ma part, j’ai fait ma scolarité dans le privé catholique.

Quelle sera votre première mesure pour la santé, si vous accédez à l’Elysée ?

Dès le début, je donnerai la liste des perturbateurs endocriniens et des pesticides qui favorisent des pubertés précoces, qui tuent trop tôt des Français et seront les responsables des scandales sanitaires de demain. Ils seront interdits, comme il sera interdit d’importer des produits fabriqués ou cultivés avec les mêmes perturbateurs endocriniens ou pesticides. Sur ces questions de santé publique, il faut poser un acte politique immédiat.

LE CAS CONCRET. Les mères voilées peuvent-elles accompagner les sorties scolaires ?

Sous couvert de faire confiance au terrain, on laisse les enseignants bien seuls pour appliquer la laïcité. L’accompagnement des sorties scolaires n’est pas autorisé aux mères voilées, selon la circulaire Chatel de 2012. Najat Vallaud-Belkacem a pris la position inverse, oralement, en 2014. Si vous êtes élu, abrogerez-vous la circulaire ?

Je soutiens la position de la ministre. Tant que nous ne sommes pas confrontés à une situation où une mère d’élève affiche une volonté d’affirmer le primat de sa religion sur l’ordre républicain, il faut lui permettre d’accompagner les sorties scolaires. L’application de la laïcité est un travail de dentelle, je ne suis pas pour les solutions brutales venues d’en haut. Je suis intransigeant à l’égard de ceux qui se réclament d’un islam radical et qui veulent faire reculer la République. Mais certains font aujourd’hui de la laïcité un instrument anti-islam. C’est profondément injuste envers tous les Français qui pratiquent la religion musulmane.

ÉCONOMIE ET CHÔMAGE. « La loi El Khomri n’a aucune légitimité démocratique »

Faut-il garder le crédit d’impôt compétitivité emploi, qui offre des baisses de charges aux entreprises pour qu’elles investissent et emploient ?

Les études montrent que ce dispositif, très cher, s’est soldé par une hausse des marges et a augmenté les dividendes distribués aux actionnaires. L’argent public ne doit pas servir à cela. Le CICE doit être évalué. Je propose par ailleurs de créer un crédit d’innovation sociale, qui permettrait par exemple d’aider Siel bleu, qui propose de prévenir les maladies chroniques des personnes âgées grâce à de la gym douce dans 4 500 maisons de retraite. Cela évite des récidives de cancers et maintient les gens en bonne santé, à moindre coût.

Comment lutter contre les prix exorbitants de certains médicaments innovants ?

Environ 40 000 € pour un traitement contre l’hépatite C, quand on le trouve à 200 € sur le marché indien, c’est inadmissible. Je souhaite renforcer les moyens des agences publiques qui négocient avec les industriels. Si des laboratoires refusaient de baisser leurs prix, je n’exclus pas de recourir au mécanisme de « licence d’office » qui permet à l’Etat de fixer le juste prix.

Comment marcherait votre « taxe sur les robots » ?

Les charges patronales seraient assises non plus sur les salaires, mais sur la valeur ajoutée de l’entreprise. Aujourd’hui, si je passe de 40 hôtesses de caisse à 10 hôtesses et 30 portiques automatiques, mes portiques auront beau créer de la valeur, mes cotisations patronales resteront assises sur les seuls salaires. Ce n’est pas logique. La fiscalité doit s’adapter.

Vous annoncez la mort de la loi El Khomri…

Cette loi, qui n’a aucune légitimité démocratique puisque décriée par l’opinion publique, l’Assemblée, le Sénat et une majorité de syndicats, va faciliter les licenciements dans les entreprises bénéficiaires, et permettre par un simple accord d’entreprise de moins payer les heures supplémentaires. Nous la remplacerons par une vraie loi Travail, qui définira le burn-out comme une maladie professionnelle, facilitera la baisse du temps de travail… Notre exigence sera celle de la bienveillance envers les salariés.

Le chômage des jeunes dépasse les 25 %, comment leur donner un travail, un avenir ?

Tout ce qui a été fait ne marche pas. La seule chose qu’on nous propose, c’est ce deal à l’anglo-saxonne : un chômage qui baisse contre une pauvreté en hausse. Je n’en veux pas ! Il faut changer de paradigme, et c’est un défi de l’expliquer : le travail se raréfie, alors partageons-le différemment. En France, le « partage » du travail est injuste : d’un côté, des millions de chômeurs, de l’autre, un grand nombre de travailleurs qui ne s’épanouissent pas. Le revenu universel que je propose permettra à ceux qui le souhaitent de baisser leur temps de travail — ce qui générera des embauches. Ce revenu universel, s’appliquant pour commencer aux jeunes, libérera une partie des 600 000 emplois étudiants.

SA MESURE PHARE. Le revenu universel

Comment marcherait le revenu universel, dont vous dites qu’il serait « la grande mesure structurante » de votre quinquennat ?

Prenons deux personnes au smic, qui touchent leur salaire plus le revenu universel : si elles le veulent, elles pourront réorganiser leur vie. Dans certains métiers, ceux qui peuvent baisser leur temps de travail sans perdre trop de pouvoir d’achat font ce choix. Mon objectif, c’est le salarié d’un abattoir, en Bretagne, qui pourrait passer à un deux tiers-temps grâce à ce revenu pour retrouver la maîtrise de sa vie, se former à un autre métier, etc.

N’utiliseront-ils pas cette somme pour gagner en pouvoir d’achat ?

Et alors ? Cela fera circuler l’argent. Je ne crois pas à ce discours sur la paresse supposée des gens. Lors de la création du RMI sous Rocard, ou de la CMU sous Aubry, on entendait déjà ça. Les faits l’ont toujours infirmé.

La généralisation de ce revenu coûterait entre 300 à 400 Mds€ par an. Vous voulez effrayer les électeurs ?

Il s’agit d’une réforme par étapes. Je m’engage dès aujourd’hui pour la première : revaloriser de 10 % le RSA à 600 € par mois — quelque 2,5 millions de foyers seraient concernés — et l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans. Et l’attribution du RSA serait automatique, afin de lutter contre la pauvreté : un tiers des personnes qui y ont droit ne le demandent pas.

Combien coûterait cette première étape ?

Avec des économistes, nous avons chiffré cette mesure à 45 Mds€, cela n’a rien d’infaisable. Nous la financerons en faisant des économies liées au redéploiement du CICE. Mais aussi grâce à la simplification de l’impôt sur le patrimoine (qui fusionnera l’ISF et la taxe foncière). Enfin, le fait de distribuer le revenu universel d’existence dégagera de nouvelles recettes grâce à la hausse de la consommation.

Vidéos : http://www.leparisien.fr/politique/j-ai-un-projet-de-gauche-celle-qui-se-tourne-vers-le-futur-19-01-2017-6587478.php

 

Entretien réalisé par Christel BRIGAUDEAU, Philippe MARTINAT, Pauline THÉVENIAUD, Odile PLICHON, Stéphane SELLAMI et Henri VERNET avec Gilles FINCHELSTEIN

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Relance de l’apprentissage : le remède choc de Fillon

 

François Fillon mettra en avant ses propositions sur l’apprentissage, ce jeudi, à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain.

Le candidat veut confier la gestion des lycées professionnels aux régions.
Les diplômes resteront nationaux, mais les entreprises doivent être associées.

L’apprentissage en France selon François Fillon ? C’est simple, résume Pierre Danon, qui a travaillé le dossier dans son équipe de campagne : « On a tout faux. » Ce constat sans fard, le candidat Les Républicains aura l’occasion de le mettre en avant ce jeudi à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain. Par prudence, aucun objectif quant au nombre d’apprentis visés en cas de victoire à l’élection présidentielle du candidat de la droite ne sera mis en avant, le quinquennat Sarkozy (pas plus que celui de François Hollande) n’ayant tenu ses promesses en la matière. Ce qui n’empêchera pas l’ex-Premier ministre de marquer sa volonté de redonner une « dynamique extrêmement forte » à ce dispositif. Quitte pour cela, à préconiser la mort de certains « symboles » et lâcher une bombe au ministère de l’Education nationale.

Pour François Fillon en effet, si l’apprentissage fait pâle figure en France par rapport à l’Allemagne ou la Suisse, c’est avant tout parce qu’il a été construit par l’Education nationale et non pas par le monde professionnel. Premier remède : affirmer haut et fort qu’il s’agit d’une voie d’excellence pour décrocher un travail. La gauche ne dira pas le contraire, mais risque d’accueillir plus fraîchement les autres propositions des Républicains.

Détacher des élèves de l’Education nationale

La plus explosive tient aux 1.500 lycées professionnels qui accueillent près de 666.000 élèves. François Fillon préconise de les détacher de l’Education nationale pour en confier la gestion aux régions et aux branches professionnelles, lesquelles ont déjà la charge des centre de formation en alternance, les CFA. Interpellée récemment sur ce sujet à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem a eu l’occasion de critiquer cette proposition, qui, selon elle, aboutirait aussi à «  régionaliser les diplômes ». Le programme du candidat Fillon a paré le coup en prônant de placer les référentiels de formation au sein d’une commission nationale sous tutelle du ministère de l’Education nationale, mais – là encore – en y associant étroitement branches et partenaires sociaux.

De quoi faire sauter les principaux freins à l’apprentissage ? Oui, estime un haut responsable régional pour qui les objectifs des rectorats sont de remplir leurs lycées, quand ceux des régions portent sur l’emploi, pas sûr que cela change la donne tempère un acteur de la formation, qui se demande en quoi une région sera plus efficace qu’un rectorat. « C’est un choix politique, avance-t-il, mais la vraie question est de savoir si l’on veut faire de l’apprentissage une vraie filière de formation initiale ou un instrument d’une politique de l’emploi. » François Fillon préconise aussi d’aligner le droit du travail des apprentis sur celui des salariés. En la matière, estime Béatrice Pola, avocate associée du cabinet d’avocats Proskauer, le problème vient surtout des modalités « très contraignantes » de rupture de contrat. Le candidat de la droite à l’Elysée vise aussi une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance. La mesure, estimée à 765 millions, serait financée par la suppression des emplois d’avenir et contrats de génération. Elle concernerait essentiellement les contrats de professionnalisation, les contrats en apprentissage étant déjà quasiment exonérés.

Alain Ruello et Isabelle Ficek

 

 

::: INTERNATIONAL

L’EXPRESS – 19/01/2017

Brexit: la banque HSBC va bien déplacer 1000 emplois de Londres à Paris

 

Stuart Gulliver, directeur général de HSBC, a précisé que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire.

Les dirigeants de la banque redoutent que l’activité d’investissement sur les marchés mondiaux soit touchée par la sortie du marché unique, confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

Le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, a confirmé dans une interview à Bloomberg Television qu’un millier d’emplois de son activité de banque d’investissement à Londres devraient être déplacés à Paris.

Interrogé depuis la station de ski suisse de Davos en marge du forum économique mondial, Stuart Gulliver a expliqué que parmi les divers départements de la banque au Royaume-Uni, c’est son activité d’investissement sur les marchés mondiaux qui serait touchée par la sortie du marché unique confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

« Pour nous, c’est la France »

« Il y ce que nous appelons l’activité de banque mondiale et de marché, et c’est celle pour laquelle j’ai dit publiquement, il y a un moment déjà, qu’il y aurait un millier d’emplois qui sont couverts par la législation européenne et qui, dans le cadre de l’accès au marché unique, devraient probablement aller en France dans notre cas », a expliqué le patron de HSBC d’après une transcription de l’interview transmise mercredi.

Interrogé sur la possibilité pour HSBC de déplacer ces activités ailleurs dans l’Union européenne, par exemple à Dublin ou Lisbonne, Stuart Gulliver a été catégorique: « Nous avons acheté le Crédit Commercial de France en 2002, donc nous avons un service bancaire universel en France. Donc pour nous, c’est la France ».

Stuart Gulliver a ajouté toutefois que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire. La banque emploie près de 9500 salariés en France.

Le siège mondial reste à Londres

Il a précisé que l’activité qui risque d’être déplacée concernait environ 20% des revenus de sa banque d’investissement basée au Royaume-Uni, ajoutant que les activités sur les marchés des changes, obligataires et action ne devraient pas être touchées.

Hormis ses activités sur les marchés, HSBC dispose au Royaume-Uni de deux autres entités, qu’il ne modifiera pas malgré le Brexit: son siège mondial, que HSBC a décidé de maintenir à Londres, et sa banque au détail chargée des clients spécifiquement britanniques.

 

L’OPINION – 19/01/2017

Otan : l’Allemagne va accroître fortement ses dépenses de défense

 

Ursula Van der Leyen, la ministre de la Défense allemande et des soldats.

La ministre de la Défense allemande a annoncé que les dépenses militaires de son pays allaient augmenter de quatre milliards d’euros d’ici 2020.

Critiquée par Donald Trump pour ne pas respecter ses obligations financières au sein de l’Otan, l’Allemagne va renforcer substantiellement son budget militaire, a annoncé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, mercredi 18 janvier.

Les Allemands ont répondu rapidement aux interrogations de Donald Trump sur l’organisation nord-atlantique. Le président-élu avait provoqué la consternation parmi les alliés européens en déclarant dans une interview donnée lundi 16 janvier que l’Otan était « obsolète », et en critiquant les pays membres pour ne pas assumer leur part financière de l’organisation militaire.

Un conseiller de Trump a ensuite précisé ses propos en affirmant que seulement une partie de l’Otan était obsolète tandis que Nikki Haley, désignée pour être la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, a déclaré mercredi 18 janvier que l’Alliance atlantique demeurait importante.

1,22 % du PIB. La ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, a donc repris la balle au rebond. « Nous voulons que les Américains soient clairs. ’Quelle est votre position ?’ » a-t-elle déclaré, interrogée sur la chaîne NTV. Et de poursuivre : « La chose la plus importante est la clarté. » Ursula Von der Leyen a annoncé que les dépenses militaires allaient augmenter de deux milliards d’euros en 2017 à 37 milliards d’euros, soit 1,22% du PIB. Elles atteindront 39,2 milliards d’euros d’ici 2020. « Nous avançons dans la bonne direction mais nous ne pouvons pas le faire en une année », a-t-elle plaidé.

En novembre, Angela Merkel avait reconnu que son pays ne pourrait pas, dans un avenir proche, remplir les exigences de l’Otan. Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a précisé que les dépenses d’armement, de munitions et d’autres équipements avaient augmenté de près de 11% en 2016 à 5,1 milliards d’euros et qu’elles augmenteraient encore pour atteindre six milliards cette année.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les adieux de Barack Obama à la présidence

VIDÉOS – Lors de sa dernière conférence de presse, mercredi, le président américain sortant a affiché son optimisme sur le long terme et sa vigilance pour le court terme.

Barack Obama a refermé sa présidence mercredi sur la même note «d’espoir» qu’ il avait amorcée. «Il y a une décence fondamentale dans ce pays, a-t-il dit. Je crois en ce pays, je crois dans le peuple américain, je crois qu’il y a plus de bon que de mauvais chez les gens. Des choses tragiques arrivent, mais si nous travaillons dur, le monde s’en porte mieux à chaque fois». Une maxime familiale résume sa philosophie: «La seule chose qui soit la fin du monde, c’est la fin du monde».

Avec l’ultime conférence de presse du 44e président, une longue séquence testamentaire a pris fin à deux jours de la passation de pouvoirs à Donald Trump. Soulignant avoir eu des discussions «cordiales, parfois longues et substantielles» avec son successeur, Obama prit acte des orientations divergentes sur le point de remplacer les siennes. «Il est dans l’ordre des choses qu’il (Trump) avance avec sa vision et ses valeurs, a-t-il dit. Je ne m’attends pas à ce qu’elles recoupent beaucoup» ses propres convictions.

Jeune retraité de 55 ans, Obama a dit vouloir souffler un peu et prendre du temps pour écrire. Mais il a tracé une ligne entre «les allers et retours de la politique» ordinaire et les «principes» qui pourraient l’amener à revenir dans le débat public: si une «discrimination systématique venait à être ratifiée sous une forme ou une autre», si des «obstructions explicites ou fonctionnelles au droit de vote» devaient apparaître, s’il y avait «un effort pour museler la liberté de parole ou la presse», si l’État «raflait des enfants (immigrés) ayant grandi ici» dans le but de les expulser, alors «je m’exprimerai», a promis le futur ex-président.

Il a d’ailleurs ouvert sa conférence de presse par un hommage appuyé aux journalistes accrédités à la Maison-Blanche, menacés de «délocalisation» hors-les-murs par certains projets de la future équipe. «C’est votre métier d’être sceptiques et de poser des questions difficiles, de faire en sorte que nous rendions des comptes» au public, a-t-il déclaré. «Votre présence ici nous a aidés à mieux travailler. J’espère que vous continuerez avec ténacité. L’Amérique a besoin de vous, la démocratie a besoin de vous».

Le placide «no drama Obama» s’est presque emporté sur les obstacles dressés à la participation électorale de toutes les communautés: «Nous sommes la seule démocratie où l’on rend le vote plus difficile. Cela nous renvoie à la ségrégation et à l’héritage de l’esclavage», a-t-il lâché. La lutte contre la fraude, qui justifie ces complications, relève des «fake news», inventions présentées comme des faits avérés sur Internet et les réseaux sociaux. «Nous avons le problème inverse» à la fraude, dit Obama.

Face à la presse, le président sortant a dû justifier ses dernières décisions, notamment celle de commuer la peine de Chelsea Manning, soldate condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks quelque 700.000 documents secrets copiés dans les ordinateurs du Pentagone. «Je me suis déterminé en fonction des particularités de ce dossier», a-t-il dit, estimant que la peine prononcée par la cour martiale en 2013 avait été «disproportionnée par rapport aux autres fuites» du même type.

Direct au sujet de Vladimir Poutine

Il a également défendu sa décision de laisser adopter à l’ONU une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens: «Nous voulons au moins préserver la possibilité d’une solution à deux États. C’est une façon de tirer le signal d’alarme. L’occasion pourrait passer». En direction de son successeur, qui envisage de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, Obama a rappelé «l’environnement volatile» dans lequel «certains gestes pourraient conduire à une explosion».

Le temps de la diplomatie étant passé, il s’est montré direct au sujet de Vladimir Poutine. «Il est dans l’intérêt de l’Amérique et du monde d’avoir une relation constructive avec la Russie. Mais après le retour de Poutine à la présidence, un état d’esprit conflictuel a rendu cette relation plus difficile». Sur la réduction des arsenaux nucléaires, «j’étais prêt à aller plus loin, mais Poutine a refusé de négocier. Il reste une grande marge (de progrès) pour Donald Trump».

Au terme d’une présidence souvent critiquée pour n’avoir pas réduit les divisions raciales, Barack Obama a encore fait entendre son optimisme. «Nous devons continuer à travailler, mais nous sommes en meilleure posture que les générations précédentes. Et j’espère que ma présidence aura fait un peu avancer les choses». Prenant l’exemple de l’équipe olympique américaine, réservoir de champions venus de tous horizons, il a prédit que les États-Unis auraient «une femme présidente, un président latino ou un président juif ou hindou ou d’une origine qu’on ne peut pas nommer aujourd’hui».

Vidéos : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/18/01003-20170118ARTFIG00430-le-testament-d-obama-je-crois-dans-le-peuple-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 19/01/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 19/01/2017

La suppression des branches professionnelles est lancée

L’exécutif veut passer de 700 à 200 branches.

Leur nom fleurait bon le XIXe siècle et leur activité était souvent en voie d’extinction. Par un arrêté du 5 janvier, neuf branches professionnelles ont disparu, en fusionnant avec des structures plus importantes. Ainsi celle «des tisseurs à domicile rubanier de la région de Saint-Étienne», avec ses quelque 300 salariés, a rejoint l’industrie textile, tandis que celle de «la tapisserie d’art d’Aubusson-Felletin» a été absorbée par la branche «fabrication de l’ameublement». Et encore n’est-ce que la face émergée de l’iceberg.

Car cet arrêté fait partie d’un vaste plan de restructuration des branches lancé par le gouvernement. L’objectif de la loi El Khomri, qui reprend la philosophie de la réforme de la formation de 2014, est clair: passer de 700 branches (hors agriculture) à 200 d’ici à l’été 2019. Soit un niveau équivalent à celui de l’Allemagne, qui en compte 250. Cette restructuration est nécessaire pour rendre le système social plus efficace. Trop petites, de nombreuses branches ne peuvent aujourd’hui assurer les missions qui leur sont dévolues.

Or ces dernières ne sont pas minces. Les accords signés par le patronat et les syndicats d’une branche déterminent notamment les grilles de rémunérations des salariés du secteur d’activité. Les branches sont en charge de la mise au point d’un référentiel des tâches pénibles, pour aider les entreprises à abonder les comptes pénibilité de leurs salariés. Et la loi travail, même si elle renforce l’accord d’entreprise, n’a pas tué la branche, au contraire. Il leur reviendra par exemple de mettre au point des «accords types», que pourront utiliser les PME de moins de 50 salariés si elles souhaitent réaménager le temps de travail.

Théoriquement, le ministère du Travail peut imposer des fusions et suppressions de branches. «Mais jusqu’à présent, nous avons toujours travaillé en accord avec les partenaires sociaux», souligne-t-on Rue de Grenelle. Les pouvoirs publics ont choisi d’agir par étapes, en s’attaquant d’abord aux 300 branches plus faciles à restructurer car locales ou n’ayant mené aucune négociation depuis quinze ans ou ayant peu de salariés.

Pas de salariés lésés

Sur ce lot, 140 branches ont déjà disparu en 2016: les 9 de l’arrêté, mais aussi de nombreuses branches territoriales, supprimées au profit des branches nationales du même secteur. On y trouve les cafés-hôtels-restaurants de Seine-Maritime ou de l’Isère, le notariat de Colmar, la boulangerie de Haute-Garonne… Reste 168 branches à traiter rapidement, concentrées dans deux secteurs. «Dans la métallurgie, où il s’agit surtout de supprimer des branches locales, les travaux avancent bien et devraient être bouclés d’ici à la fin de l’année. Dans le BTP, le chantier est lancé, mais il est complexe car il existe des conventions collectives locales, par taille d’entreprise…», précise le ministère du Travail.

Le plus dur viendra toutefois par la suite lorsqu’il faudra regrouper des branches importantes. «Certaines ont déjà pris contact avec nous pour fusionner», confie-t-on au ministère. Il n’empêche, ce sera à la future majorité de gérer ce dossier, avec des enjeux plus lourds. D’ailleurs, la loi prévoit un délai de cinq ans pour harmoniser les règles sociales entre branches fusionnées. Avec comme philosophie de ne pas léser les salariés, ce qui devrait engendrer de longues négociations.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

La baisse de l’impôt sur les sociétés aura un coût

 

Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa « position nette d’impôts différés »

Les résultats de certains groupes seront impactés.

Attention, effet collatéral! Saluée comme il se doit par le patronat, la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS), de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 pour toutes les entreprises, n’en provoque pas moins des conséquences… négatives pour certains grands groupes. C’est Schneider Electric qui a, le premier, vendu la mèche. La baisse de l’IS est «une nouvelle positive», salue le groupe dans un communiqué publié le 9 janvier. Mais «ce changement conduit à un impact négatif de 120 millions d’euros sur le résultat du groupe à fin 2016», ajoute-t-il.

Une baisse d’impôt qui pénalise les résultats comptables d’une entreprise, voilà qui est paradoxal. Cet effet collatéral est, en réalité, dû à la possibilité pour les entreprises de conserver dans leurs comptes les déficits passés, afin de les déduire de leurs bénéfices futurs et de réduire ainsi leur imposition. Or ce «stock» de pertes n’est valorisé qu’à hauteur des futures économies d’impôts qu’il permettra de générer. Comme le taux d’IS baissera de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020, la valeur des déficits que les entreprises gardent en soute pour éponger une partie de leurs impôts à cette échéance fond donc d’autant. Et voilà pourquoi Schneider Electric a revalorisé de 120 millions d’euros sa «position nette d’impôts différés».

L’industriel n’est pas le seul groupe à faire face à cette problématique. «Nombre d’entreprises ont connu des exercices difficiles après la crise de 2007-2008, relève Jean-Pierre Lieb, avocat associé chez EY. Celles-ci ont donc encore des stocks de déficits à déduire de leurs impôts.» À noter toutefois que seuls sont touchés les groupes qui prévoient d’utiliser une partie de leurs déficits passés pour réduire leur impôt en 2020 au plus tôt. A contrario, les entreprises qui ont bénéficié d’un report d’imposition, du fait d’une restructuration par exemple, voient leur dette à l’égard du fisc diminuer avec le futur taux d’IS à 28 %.

Incertitude législative

Tirer, dès à présent, toutes les conséquences comptables d’une baisse d’impôt prévue pour 2020, cela pourrait paraître aventureux. Spécialement lorsqu’une élection présidentielle, qui peut chambouler la trajectoire inscrite dans la loi, se tiendra dans cinq mois. Toutefois, la norme comptable IAS, appliquée par tous les groupes européens, ne prend pas en compte ces incertitudes politiques.

«Il n’y a pas de tergiversation possible: si, à la clôture de l’exercice comptable, une décision est claire et précise, elle est applicable», explique Patrice Marteau, président de l’Association pour la participation des entreprises françaises à l’harmonisation comptable internationale (Acteo). Si le législateur décide, d’ici à 2020, de baisser davantage ou au contraire d’augmenter l’IS, les entreprises devront à nouveau s’adapter.

Guillaume Guichard

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Assurance emprunteur : cette mesure va vous faire économiser des centaines d’euros par an !

Si vous avez pris un crédit pour acheter votre logement, vous pourrez dès 2018 résilier à tout moment l’assurance emprunteur que vous a vendu votre banque et trouver moins cher ailleurs.

Avis aux millions de Français qui ont emprunté auprès d’une banque pour acheter leur maison ou leur appartement : cette information pourrait vous faire économiser plusieurs centaines d’euros par an !

Jusqu’ici, vous ne pouviez le faire qu’au cours des douze premiers mois du prêt. A partir du 1er janvier 2018, vous pourrez renégocier votre contrat d’assurance emprunteur quand bon vous semble. Plus précisément, une fois par an, à chaque date anniversaire du contrat. Au détour d’un texte sur la consommation et l’immobilier, députés et sénateurs ont voté mardi à l’unanimité — chose rare ! — une mesure pour faciliter la concurrence.

De quoi s’agit-il ? Réclamée par les banques lorsqu’elles octroient un crédit à un particulier, l’assurance emprunteur protège le client en annulant tout ou partie des mensualités si un drame bouscule sa vie : invalidité, décès du conjoint, etc. Ce produit financier peut être, en théorie, souscrit auprès de la banque ou d’un assureur extérieur. En réalité, dans 80 % des cas, la banque vend son assurancemaison. Et ce, même si elle est plus chère qu’une autre.

« L’assurance emprunteur peut représenter en ce moment jusqu’à la moitié du coût du crédit », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut, l’un des leadeurs du secteur. Un récent rapport du Comité consultatif du secteur financier estime qu’elle représente plutôt 30 % du coût du crédit.

Manque de concurrence selon les parlementaires

Pour les parlementaires français, l’affaire est entendue : c’est le manque de concurrence qui plombe la facture. « La marge atteint les 50 %. C’est exorbitant », dénonce Pierre-Alain Muet, l’un des députés PS à l’origine de la fronde. « Il y a besoin de remettre de la concurrence. »

« Cette mesure est une mauvaise nouvelle pour beaucoup d’emprunteurs », conteste-t-on à la Fédération bancaire française (FBF). En cause, selon ce représentant du secteur, la mutualisation. Autrement dit, le fait qu’actuellement les jeunes paient plus que ce qu’ils devraient afin que les personnes plus âgées aient un peu moins à régler. « La mutualisation n’est pas préservée, alors qu’elle permet un accès large à l’assurance du crédit immobilier », déplore-t-on à la FBF.

Reste à savoir si cette mesure se traduira véritablement dans les faits. Car les parlementaires n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils avaient déjà voté fin 2016 dans le cadre de la loi Sapin 2 un dispositif identique, mais le texte avait été retoqué par le Conseil constitutionnel pour un problème de forme.

Notre comparatif

Paperasse, questionnaire à remplir… Changer d’assurance emprunteur demande un peu d’effort mais cela en vaut la peine, comme en témoigne la simulation réalisée par Securimut, une filiale de la Macif, pour notre journal. Pour un couple de 36 ans, empruntant 150 000 € sur 20 ans, choisir une assurance extérieure à sa banque peut permettre d’économiser 62 € par mois, soit pratiquement 15 000 € sur toute la durée de l’emprunt ! Mais quand, précisément, faut-il s’en occuper ? Lorsqu’on négocie son prêt, c’est une des solutions les plus simples. Mais c’est aussi prendre le risque de se voir refuser le prêt ou proposer un taux plus élevé… « Tout dépendra en réalité de votre pouvoir de négociation, de votre profil », estime François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. Bref, ça se tente ! Et si c’est un échec, n’hésitez pas à remettre le dossier sur la table assez rapidement. « Divorces, rachats de crédits… En réalité, un emprunt immobilier ne dure en moyenne que huit ans, donc n’attendez pas trop pour faire renégocier votre assurance », estime Isabelle Delange, directrice générale de Securimut.

Boris Cassel

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 19/01/2017

Aéronautique : Safran veut fusionner avec Zodiac Aerospace pour former un leader mondial

La fusion des deux groupes français permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques.

Le groupe français Safran a lancé, jeudi 19 janvier, une offre publique d’achat amicale (OPA) visant le spécialiste des sièges d’avions Zodiac Aerospace, suivie d’une fusion pour former un géant de plus de 20 milliards de chiffre d’affaires et 92 000 salariés (dont 45 000 en France).

La fusion permettrait de créer le numéro deux mondial des équipements aéronautiques et le numéro trois mondial de l’aéronautique hors constructeurs d’avions, avec des ventes réparties entre la propulsion et les équipements aéronautiques.

Safran, dont le premier actionnaire est l’Etat (14 % du capital et 21,9 % des droits de vote), s’est hissé au rang de numéro un mondial des moteurs d’avions, grâce à la coentreprise CFM International créée avec son partenaire américain General Electric (GE).

Zodiac souffre depuis la fin de 2014 des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. A la fin de 2016, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ». Le groupe, connu aussi pour avoir inventé les bateaux pneumatiques à moteur du même nom dans les années 30 avant de se tourner vers l’aéronautique, a abandonné il y a une dizaine d’années ses activités marines.

La fusion attendue en 2018

Le nouveau groupe devrait employer quelque 92 000 personnes (dont plus de 45 000 en France) et être présent dans plus de 60 pays. Ensemble, Safran et Zodiac Aerospace visent environ 2,7 milliards d’euros de résultat opérationnel courant ajusté.

La finalisation de l’offre publique est attendue à la fin du quatrième trimestre 2017 et la réalisation de la fusion au début de 2018. Cette opération entre dans le cadre de la stratégie engagée par Safran, de recentrage sur ses cœurs de métiers : l’aéronautique et la défense.

Safran avait déjà tenté de racheter Zodiac en 2010, mais avait essuyé une fin de non-recevoir des actionnaires de l’équipementier. Cette deuxième tentative est donc la bonne pour le groupe aéronautique, alors que Zodiac Aerospace était affaibli depuis la fin de 2014 par des difficultés de son activité d’aménagement de cabines. En fin d’année dernière, il s’était donné trois ans pour retrouver sa rentabilité « historique ».

Dopés par cette annonce, le titre Zodiac prenait plus de 22,05 % à la Bourse de Paris, tandis que Safran gagnait 2,04 % peu après 9 heures.

Cette nouvelle étape dans la consolidation de l’industrie aéronautique survient quelques mois après le rachat par l’équipementier aéronautique américain Rockwell Collins de son concurrent B/E Aerospace, un concurrent de Zodiac Aerospace.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Brioche Dorée veut devenir la tête de pont des PME françaises de l’agroalimentaire

Le groupe breton Le Duff lance une place de marché destinée à séduire les restaurateurs et épiciers étrangers.

Un ovni vient d’apparaître dans la distribution alimentaire. Le groupe de restauration Le Duff, connu pour ses enseignes Brioche Dorée et Del Arte, se diversifie avec un site e-commerce. Sur Gourming.com, les PME françaises pourront exporter auprès de grossistes, restaurateurs et épiceries du monde entier. La place de marché recense déjà 5000 références, sur 10.000 prévues à terme. Parmi les 250 producteurs figurent Maître Prunille, Tarte Tropézienne, Chocolat Weiss, la Sablésienne, Cacolac…

«Nous voulons créer l’Amazon de l’alimentaire, clame Anne-Laurence Velly, directrice du digital et de l’innovation du groupe. Il y a un potentiel immense compte tenu de l’image de la France. Gourming doit permettre aux professionnels du monde entier de venir faire leur marché en ligne en choisissant parmi le meilleur du terroir français.» 25 pays européens sont desservis pour l’instant, avant les États-Unis et l’Asie dès 2018.

L’agroalimentaire français est composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export

À l’origine du projet, Louis Le Duff, 70 ans, a commencé à plancher il y a deux ans, convaincu que le digital, embryonnaire chez les professionnels de l’alimentaire, pouvait permettre d’aller chercher de nouveaux clients à l’étranger. Son modèle: le supermarché XXL du géant mondial du e-commerce, dont la plateforme professionnelle Amazon Business est en plein essor. Il voit Gourming comme un vecteur idéal de l’agroalimentaire français, composé essentiellement de PME dépourvues de structures à l’export.

Gourming s’appuie sur le savoir-faire commercial et logistique de Le Duff. Très intégré, le groupe breton approvisionne ses 2000 restaurants et boulangeries sur cinq continents depuis ses sept usines. Il possède deux centres logistiques, dont un «hub» tout juste inauguré à Orly pour Gourming. Une plateforme technique a été créée par le spécialiste des places de marché, Mirakl, ainsi qu’un centre d’appels multilingue. Au total, un investissement de «plusieurs millions d’euros».

25% de commission

Louis Le Duff, nouveau héraut de l’agroalimentaire tricolore? «Cette initiative est liée aux valeurs de Le Duff, qui a toujours eu le souci de valoriser les produits de qualité et d’aller de la fourche à la fourchette», explique Anne-Laurence Velly. C’est un relais de croissance. «Cette activité, encore exploratoire, pourrait devenir le troisième pilier de l’entreprise au côté de la restauration (70 % du chiffre d’affaires total, soit 2 milliards d’euros en 2015) et de la boulangerie industrielle (30 %, avec le pain Bridor notamment)», ajoute la dirigeante.

Le Duff prélève une commission de 25 % sur chaque transaction, contre 15 % en moyenne sur une place de marché classique, et facture 100 euros le référencement. «Nous proposons un service clés en main aux producteurs qui inclut le transport, la logistique et l’administratif, y compris les contraintes réglementaires liées à l’export», justifie Anne-Laurence Velly. Charge aux fabricants d’expédier leurs produits à Orly. Le groupe breton parie sur des commandes minimales de 800 euros, jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour des grossistes. Le chef milanais Danilo Ange a ainsi acheté à la société Folion, dans le Gers, ses feuilles de fruits et légumes déshydratées. Mais Le Duff devra compter avec la concurrence d’un poids lourd de la distribution, Metro, qui planche sur un projet français de place de marché alimentaire.

Keren Lentschner

 

 

LE MONDE – 19/01/2017

Grippe aviaire : la filière foie gras estime ses pertes à 120 millions d’euros

Le gouvernement a imposé au début de janvier l’abattage préventif de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

Eleveurs et industriels de la filière foie gras ont nettement revu à la hausse leurs pertes causées par la grippe aviaire, soit 120 millions d’euros, a fait savoir mercredi 18 janvier le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), qui prévoit un plan de quinze mesures pour éviter une nouvelle crise à l’avenir.

Les pertes sont calculées pour l’ensemble de la filière, « de l’accouvage à la transformation en passant par les éleveurs et les gaveurs », a déclaré Christophe Barrailh, précisant que cette somme inclut « les pertes directes liées à l’abattage et également (celles) liées au vide sanitaire (…) qui a déjà commencé pour certaines zones ».

Des abattages préventifs

L’épizootie d’influenza aviaire H5N8 qui sévit depuis décembre dans les élevages du Sud-Ouest – 136 exploitations infectées mardi, essentiellement dans le Gers et les Landes – a conduit le gouvernement à imposer au début de janvier des abattages préventifs de centaines de milliers d’oies et de canards, dans une zone étendue deux fois depuis, et qui englobe désormais 232 communes.

« Du fait de l’extension des zones, avec des abattages supplémentaires programmés », le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d’euros au début du mois.

Et le coût du virus pourrait encore augmenter. « On était parti sur un volume de 1,3 million » d’animaux à abattre, « on en est à 1,5 million » et « la situation n’est toujours pas stabilisée », a ajouté M. Barrailh.

Des tests systématiques envisagés

Déjà fragilisée par l’épisode d’influenza aviaire H5N1 de l’hiver 2015-2016, l’interprofession a adopté un plan pour parer à de prochaines crises.

Le Cifog envisage notamment de « tester systématiquement » les lots de canards avant l’étape du gavage afin d’éviter de transporter des volailles contaminées, a expliqué M. Barrailh.
Dans le même ordre d’idées, dès qu’un cas suspect sera détecté par un vétérinaire, un confinement pourra être imposé « dans un périmètre à définir », sans attendre l’habituel arrêté préfectoral.

Par ailleurs, un audit « à périmètre national » sera fait « pour vérifier que les règles de biosécurité sont bien mises en place » par les producteurs, en commençant par la zone de l’épizootie en cours, dès que celle-ci sera terminée.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Électricité, gaz : les particuliers au cœur de la bataille entre opérateurs

 

Les quatres étapes du producteur au consommateur:

(1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers.

(2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public.

(3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public.

(4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

ENQUÊTE – Les rivaux d’EDF et d’Engie multiplient les offres attractives pour se développer sur le marché des particuliers. Les opérateurs historiques ripostent.

L’année qui s’ouvre est à marquer d’une pierre blanche dans l’énergie. En juillet, cela fera exactement dix ans que les marchés du gaz et de l’électricité ont été libéralisés. Les particuliers ont la possibilité de renoncer aux tarifs réglementés que seuls peuvent proposer EDF et Engie (ex-GDF Suez) pour choisir une offre de marché, qui présente des avantages. Dix ans de concurrence déjà, mais ce n’est que depuis quelques mois que les nouveaux concurrents des opérateurs historiques – Direct Énergie, Eni, Lampiris…- mettent la pression sur les particuliers. Ils avaient attaqué en priorité le marché des entreprises et des professionnels.

Pour le marché des particuliers, c’est une guerre commerciale quasiment rue par rue, maison par maison qui est engagée, avec des campagnes de porte-à-porte pendant lesquelles les représentants ne ménagent pas leur peine. Selon le dernier baromètre annuel Énergie-Info du Médiateur national de l’énergie (en septembre 2016), 39 % des consommateurs indiquent avoir été démarchés pour souscrire une offre de fourniture d’énergie. Le démarchage se fait à la fois par téléphone (61 %), à domicile (26 %) et par courrier (23 %). ENI, l’opérateur italien, désormais numéro deux du gaz en France, reconnaît que ces visites à domicile contribuent à environ un tiers du portefeuille de nouveaux clients. Il est vrai que l’argumentaire commercial est simple. Pour EDF et Engie, il est plus compliqué d’expliquer à leurs clients qu’ils peuvent, eux aussi, proposer des prix plus intéressants que le tarif réglementé qui était le leur depuis toujours.

Très logiquement, l’offensive des nouveaux acteurs du marché de l’énergie appelle la contre-offensive des deux opérateurs historiques. Sans donner d’indication chiffrée, Engie souligne que le démarchage est un canal de vente significatif, au même titre que le téléphone ou les courriels. Il s’agit de pallier ainsi la fermeture de son réseau d’agences. «La vente à domicile est un circuit important car il permet une richesse d’échanges avec le client, explique Augustin Honorat, directeur du marché clients particuliers France d’Engie. Et pour cause, aucun autre lien ne cultive la même proximité physique en face-à-face.»

Les entreprises sont d’autant plus soigneuses à communiquer sur le porte-à-porte que le genre a mauvaise presse: pêle-mêle, les vendeurs seraient agressifs, tairaient les subtilités des contrats de gaz et d’électricité et seraient prêts à de nombreuses approximations pour décrocher une signature. Par exemple, c’est un ménage qui ratifie finalement un contrat à la fois pour le gaz et l’électricité, alors qu’une offre pour une seule énergie l’intéressait au départ.

Ou alors c’est un foyer qui prend un fournisseur pour un autre sans qu’on ait pris soin de le détromper. Parfois, les dérapages vont encore plus loin: le Médiateur indique ainsi que plusieurs consommateurs l’ont alerté «sur le fait que des démarcheurs appellent pour obtenir un rendez-vous à domicile en se présentant comme le Médiateur national de l’énergie».

Enquête de satisfaction

«Nous sommes aux antipodes de ces méthodes, dit Daniel Fava, directeur général ENI Gas & Power France. Nous prenons rendez-vous par téléphone avant les visites. Ces dernières sont le fruit de campagnes ciblées, après que nous avons identifié en amont des zones d’habitations susceptibles d’être intéressées par nos offres. Nos propositions sont d’autant plus rigoureuses qu’elles sont articulées autour de quelques critères très simples: gain par rapport aux tarifs réglementés, stabilité du prix pendant plusieurs années et aucune coercition.» Les vendeurs font ensuite l’objet d’une enquête de satisfaction et un ménage dispose de 21 jours pour se rétracter, quand la loi n’impose que 14 jours.

Les quatres étapes du producteur au consommateur: (1) Production: l’énergie est produite ou importée par différents acteurs français ou étrangers. (2) Transport: il est effectué par RTE pour l’électricité et GRTgaz ou TIGF pour le gaz. C’est un service public. (3) Distribution ; l’acheminement local est géré par Enedis (électricité) et GrDF (gaz). C’est aussi un service public. (4) Fourniture: les consommateurs choisissent librement leur fournisseur d’énergie.

Chez Engie, Augustin Honorat indique que le groupe a recours dans le cadre de ce démarchage «à des prestataires externes reconnus, sélectionnés au terme d’un appel d’offres et dont les personnels sont spécialement formés aux offres énergétiques et à l’éthique commerciale. Non seulement nous mettons en garde ces partenaires contre la moindre velléité de vente forcée mais les dérives sont tout de suite sanctionnées et le contrat annulé si le client le demande.»

Preuve que le domaine reste malgré tout très sensible, certains opérateurs ont décidé de renoncer au porte-à-porte, comme Direct Énergie qui l’a utilisé lors du démarrage de l’entreprise.

EDF ne l’a jamais utilisé, soulignant que le démarchage à domicile ne correspond pas à sa politique de relation clients et à son image de marque. Le groupe estime disposer d’autres compétences pour asseoir son développement commercial. Il est vrai que le groupe reste très solidement implanté avec une part de marché proche de 90 % chez les particuliers contre 76 % pour Engie.

Quel que soit le cas de figure, la bataille est d’autant plus vive les fournisseurs n’ont jamais été aussi nombreux. Ces derniers mois, plusieurs nouveaux acteurs opérateurs ont fait leur apparition comme ekWateur ou Plüm Énergie. Disposant de moyens limités par rapport aux géants du secteur, ils font des offres plus ciblées. Par exemple, Plüm Énergie entend proposer à ses clients «une véritable méthode pour diminuer significativement leur consommation d’électricité». Comme ces impétrants ne peuvent pas lancer de grandes offensives commerciales, ils misent beaucoup sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Chacun suit son propre chemin.

Attention aux démarcheurs indélicats

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a été victime d’étranges comportements. Cette autorité administrative vient ainsi d’être alertée que des démarcheurs se présentaient en son nom pour inciter des consommateurs ou des clients professionnels (commerçants, artisans, PME…) à acheter des matériels électriques (panneaux photovoltaïques, ampoules basse consommation, condensateurs…). Ces prétendus représentants indiquent aux consommateurs qu’ils ont l’obligation réglementaire de se procurer ces équipements, sous peine de sanctions. La CRE précise qu’elle a saisi le procureur de la République et que le dossier a également été transmis à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

LES ECHOS – 19/01/2017

Dentistes : l’assurance-maladie lâche du lest avant la dernière négociation

 

Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam)

vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale.

L’assurance-maladie rajoute 64 millions d’euros de revalorisation des tarifs.

C’est une négociation qui va être très difficile à boucler. Jeudi et vendredi, les trois syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance-maladie (Uncam) et les complémentaires santé (Unocam) vont tenter de conclure un avenant à leur convention quinquennale, en vue de revaloriser les soins conservateurs, tout en réduisant le prix des prothèses. L’Uncam a formulé ses propositions de la dernière chance, dans un document auquel « Les Echos » ont eu accès. Elle propose une rallonge financière pour les dentistes, alors que deux syndicats sur trois ont quitté la table des négociations lors de la dernière séance, le 6 janvier.

Il est d’ores et déjà improbable que le syndicat numéro un, la FSDL, signe. En effet, l’enveloppe globale proposée par l’assurance-maladie, et qui serait cofinancée avec les assureurs complémentaires, s’élève à 807 millions d’euros par an dès 2021, avec une montée en charge sur quatre ans. « Nous avons fait nos calculs. Pour équilibrer l’activité des dentistes, il faudrait investir 2,7 milliards d’euros, on est loin du compte ! » souligne Patrick Solera, le président de la FSDL. Le syndicaliste voit d’un assez mauvais oeil l’introduction de plafonds conventionnels sur les soins prothétiques, qui sont aujourd’hui totalement libres. « Les plafonds sont bas, et ils resteront bloqués pendant trente ans », soupçonne-t-il.

Possibilité de dérogation

Sans la FSDL, il faudra donc que la CNSD, l’autre syndicat détenant plus de 30 % des voix, soit signataire de l’avenant. L’Union dentaire, le troisième syndicat, devra aussi s’abstenir de voter contre. Ils ont un pistolet sur la tempe, car, s’il n’y a pas d’accord, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, compte plafonner les tarifs les plus coûteux sans passer par la case conventionnelle. Elle a fait voter cette possibilité de dérogation à la négociation professionnelle à l’automne.

Le dernier projet de l’assurance-maladie rajoute une hausse de 64 millions d’euros des tarifs pour atteindre 807 millions d’euros. Dans le détail, les forfaits CMU-C sont revalorisés de 30 millions d’euros par rapport à la proposition précédente, soit 82 millions supplémentaires au bout de quatre ans. Les revalorisations d’actes et créations d’actes (couronne transitoire, coiffage pulpaire, consultation d’urgence) bondissent de 148 millions d’euros par rapport au 6 janvier, à 693 millions d’euros. Mais cette hausse est en partie compensée par la baisse de 107 millions du tarif de l’inlay-core. De plus, les sommes allouées à la prévention, en particulier la parodontie pour les diabétiques, sont revues à la baisse de 14 millions, chiffrant désormais 23 millions.

Par ailleurs, les plafonds imposés aux tarifs libres sont un peu rehaussés, en sorte que la perte de recettes pour les dentistes se limiterait à 465 millions d’euros au bout de quatre ans. En fin de compte, les professionnels libéraux gagneraient en net 341 millions d’euros supplémentaires dès 2021, soit 42 % de l’enveloppe totale promise. L’amélioration est assez nette par rapport aux 272 millions du projet du 6 janvier (35 % de l’enveloppe), et surtout aux 176 millions du projet du 14 décembre…

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les salariés de BN se mobilisent ce jeudi contre la vente de l’usine nantaise

Les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) se rassemblent ce jeudi suite aux rumeurs de rachat du site de Vertou (Loire-Atlantique).

Agitation au pays du fameux BN. L’intersyndicale CGT-CFDT-CFE-CGC ont en effet appelé les employés de la Biscuiterie Nantaise (BN) de Vertou en Loire-Atlantique, près de Nantes, à se mobiliser en cessant de travailler ce jeudi et à participer à une assemblée générale sur le site de Vertou. Cette mobilisation fait suite aux rumeurs de rachat de l’usine qui fabrique les célèbres biscuits fourrés. Les syndicats ont invité les élus locaux à participer à cette manifestation.

Lors du comité d’entreprise du jeudi 12 janvier, la direction a confirmé qu’un groupe avait visité le site sans communiquer l’identité des visiteurs.

L’usine risque donc d’être vendue trois ans après le rachat d’United Biscuit, propriétaire de BN, par la holding turque Yildiz. Ce projet soulève des inquiétudes quant au futur de l’usine BN de Vertou qui emploie environ 400 salariés.

United Biscuit aurait mis en vente la biscuiterie a révélé le Figaro. Parmi les acheteurs intéressés figureraient au moins trois fonds dont un Français et un Canadien. Et un Hollandais qui serait le candidat principal avec la biscuiterie Continental Bakeries. Le montant de cession envisagé serait d’environ 20 à 30 millions d’euros pour BN, qui réalise environ 80 millions d’euros de chiffre d’affaires mais qui ne gagne pas d’argent.

Gaëtan Lebrun

 

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 19/01/2017

Primaire à gauche : tensions dans la dernière ligne droite

Les candidats enchaînent les meetings et n’hésitent plus à s’attaquer directement, à quatre jour du premier tour et alors que se tient, jeudi, le dernier débat télévisé.

Pour accéder à la salle, il faut suivre les affiches « salle de pesée ». A quatre jours du premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier, l’image fait sourire, tant chaque candidat a décidé de montrer ses muscles politiques. Mercredi soir 18, à la veille du troisième et dernier débat télévisé, Benoît Hamon donnait un meeting à Paris, à… l’Institut du judo. Au même moment, Arnaud Montebourg réunissait aussi ses troupes dans la capitale, dans le gymnase Jean-Jaurès, situé dans le 19e arrondissement. Vendredi soir, ce seront Manuel Valls et Vincent Peillon qui mobiliseront, à leur tour, à Paris.

A l’approche du vote, le ton se durcit entre les candidats. Chacun le sait, les dernières heures d’une campagne sont souvent décisives. « Les enjeux d’une primaire s’imposent dans les derniers jours », expliquait Manuel Valls, mardi soir, dans le TGV qui le ramenait de Rennes.

Benoît Hamon est en confiance, il est le candidat qui, incontestablement, enregistre une dynamique depuis plusieurs semaines. Pour preuve, selon lui, il est devenu la cible numéro un de ses concurrents. En meeting à Boisseuil (Haute-Vienne), près de Limoges, M. Valls l’a plusieurs fois attaqué sans le nommer mercredi soir. Pour l’ancien premier ministre, M. Hamon incarne la gauche « déconnectée du monde » quand lui a les pieds pleinement dans le « réel ».

« C’est facile de faire sauter les interdits »

« C’est facile de promettre l’impossible lorsqu’on sait au fond de soi que l’on n’en sera jamais comptable. C’est facile de dire ouvrez les frontières, laissez entrer tout le monde, soyez généreux !. C’est facile de faire sauter les interdits. Il est plus dur de combattre la délinquance, les trafics et les cambriolages ! », a critiqué M. Valls qui s’est présenté, lui, comme « la gauche de l’état d’urgence ».

Pendant près de deux heures, le député des Yvelines a défendu ses principales mesures taxées d’irréalisme par ses concurrents. Revenu universel, 49.3 citoyen, mise en place d’une police de contrôle des discriminations… « Il y a quatre mois, on ne parlait à gauche que d’identité, de sécurité, de fermeté. Aujourd’hui, on parle revenu universel, nouveau modèle de développement, transition énergétique… C’est déjà une victoire acquise », triomphe l’ancien ministre de l’éducation nationale devant ses supporters.

Porté par les sondages et une affluence réelle dans ses meetings, il s’en prend même à Emmanuel Macron qui menace l’après-primaire pour le PS. « Un homme de gauche choisi par le peuple de gauche devrait se désister devant un sondage d’opinion ? Jamais ! », tonne-t-il sous les applaudissements.

Hamon pointé du doigt

De son côté, M. Montebourg a répété que ses propositions n’étaient pas « expérimentales » pour 2022 mais applicables « dans quatre mois ». S’affichant aux côtés de l’humoriste Guy Bedos et de la figure de l’aile gauche du PS, Gérard Filoche, l’ancien ministre de l’économie, lui aussi, a pointé du doigt M. Hamon, en se présentant comme le candidat du « travail » et de la « fiche de paie ».

Défaire « le mur des puissants », lutter contre les politiques d’austérité, restaurer la souveraineté, promouvoir le « made in France » : M. Montebourg a déroulé sa partition, dans le sillage de la primaire de 2011. Finalement, plus la compétition avance, plus les candidats redeviennent ce qu’ils sont. Manuel Valls se remet à faire du Valls. Et M. Montebourg, qui avait tenté de s’assagir et de se « présidentialiser », au risque de s’affadir, refait du Montebourg, en appelant, la voix cassée, à « reprendre le drapeau du discours du Bourget, tombé à terre, dans la poussière ».

Pour le député Christian Paul, qui coordonne le programme de l’ancien ministre du redressement productif, « la primaire se termine par un crescendo pour Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, mais l’électorat n’est pas le même : chez Hamon, c’est une gauche classique, chez Montebourg, une reconquête qui va au-delà ».

Vincent Peillon, lui aussi, veut faire mentir les pronostics qui le donnent éliminé dès le premier tour. Pour son directeur de campagne, « il y aura dimanche soir une surprise Peillon ! ». Laquelle ? « Il sera présent au second tour », affirme M. Bloche, qui revendique, à son tour, « une dynamique dans une campagne éclair ».

En conclusion de son discours, M. Hamon a cité Victor Hugo : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est arrivée. » « Et bien, notre heure est arrivée ! », a lancé le député avant de s’offrir un bain de foule de plusieurs minutes.

  • Le mode d’emploi du dernier débat Le dernier débat des sept candidats à la primaire de la gauche se tient ce soir en direct sur France 2, Europe 1, LCP et TV5 Monde. Animé par les journalistes Léa Salamé, David Pujadas et Fabien Namias, il sera marqué par trois grands moments. Les questions économiques et sociales : les candidats seront interrogés sur la santé, l’assurance-maladie, les services publics, la fracture territoriale; le protectionnisme sera aussi abordé, tout comme le chiffrage des programmes de chacun. Carte blanche : les sept concurrents auront une minute chacun pour mettre en avant un point de leur programme. Questions internationales : les journalistes questionneront les candidats notamment sur la place de la Russie et la situation au Moyen-Orient. Comme pour les deux précédentes émissions, chaque candidat dispose d’une minute pour répondre à chaque question et d’une minute et demie pour conclure.

Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

 

Logement : ce que veulent les candidats à la primaire de la gauche

Le logement ne fait pas l’objet de débats très disputés parmi les 7 candidats à la primaire de la gauche.
Aucun ne remet en cause les acquis du quinquennat.

L’encadrement des loyers, oui, mais pas partout

Bien que très controversée lors de sa mise en oeuvre, l’une des mesures phares du quinquennat en matière de logement n’est pas menacée à gauche. Aucun des candidats à la primaire de la gauche, qui débattent une dernière fois ce jeudi soir à la télévision (lire aussi page 4), ne remet en cause le principe de l’encadrement des loyers aujourd’hui effectif à Paris et à partir du 1er février à Lille. Manuel Valls (PS) et Sylvia Pinel (PRG), qui ont limité sa mise en oeuvre à la capitale, défendent son intérêt dans les zones tendues et là où il est possible d’obtenir des données fiables concernant le marché locatif. Benoît Hamon (PS) en réclame l’application dans les 13 métropoles régionales, comme Arnaud Montebourg (PS), qui fait même figurer cette mesure dans son Manifeste économique publié le 4 janvier. Après une étude démontrant l’inefficacité de cette mesure à Nantes, François de Rugy (Parti écologiste) ne défend pas «  une approche idéologique » mais estime indispensable une meilleure connaissance des marchés locatifs ville par ville. Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) reconnaît que la mesure peut être adaptée à Paris et à sa petite couronne, mais redoute ailleurs une fuite des investisseurs tentés de mieux rentabiliser leurs biens via des plates-formes de location saisonnière.

Pas touche aux quotas de logements sociaux

Mesure « de gauche », « projet de société » pour Arnaud Montebourg, l’article 55 de la loi SRU de décembre 2000, qui impose des quotas de logements sociaux aux communes les plus peuplées est intouchable. Tous les candidats défendent la mesure et se félicitent de ses avancées : la hausse du quota à 25 % par la loi Alur, la possibilité pour les préfets de se substituer aux maires récalcitrants et le renforcement du principe grâce à la loi égalité et citoyenneté. Benoît Hamon propose même de faire passer les quotas à 30 %. Il est le seul à envisager de durcir nettement les sanctions appliquées aux communes hostiles au logement social en proposant une ponction fiscale plutôt qu’une amende. A l’inverse, les maires bâtisseurs profiteraient d’une aide plus importante qu’aujourd’hui. A titre expérimental, il imagine aussi, – en concertation avec les élus -, de réquisitionner des logements vacants pour les intégrer au parc social. François de Rugy considère que la loi est «  globalement » efficace, mais souhaite veiller à l’équilibre des logements produits et, au-delà, à la mixité sociale dans le parc résidentiel.

La défiscalisation n’est plus un tabou

Drogue dure de la politique du logement depuis trente ans en France, les dispositifs qui permettent aux particuliers de baisser leurs impôts en achetant un logement neuf pour le louer portent tous le nom des ministres qui les ont initiés. Le « Pinel », dernier en date, n’est pas renié par son auteur qui le défend «  sans hésitation » et le prolongerait au-delà de 2018 si elle était élue.«  Il est reconnu par les professionnels et un signe de compétitivité pour les villes où se construisent ces types de logement », affirme la candidate du Parti radical. Manuel Valls ne remet pas non plus en cause ce «  pilier de la politique » et du plan de relance que son gouvernement a initié en septembre 2015 avec de bons résultats. Personne à gauche n’envisage plus de supprimer cet outil. Arnaud Montebourg en souligne néanmoins le coût budgétaire, 1,6 milliard pour le Pinel, contre 1,2 milliard pour le « Scellier » qui n’est plus en vigueur depuis 2012. Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias, sans le renier, invitent cependant à une réflexion de fond sur la nécessité, à long terme, de ce dispositif.

Catherine Sabbah

 

 

LE PARISIEN – 19/01/2017

Benoît Hamon : « J’ai un projet de gauche… celle qui se tourne vers le futur »

DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Quatrième et dernier invité de notre série sur la primaire de la gauche, Benoît Hamon, dont la campagne semble en pleine dynamique, présente son programme. A vous de juger.

« Je pioche, je pioche. » Confidence d’un athlète de la politique entrant dans la dernière ligne droite de sa campagne. Oui, Benoît Hamon pioche dans ses dernières réserves ce matin-là en arrivant au « Parisien » – « Aujourd’hui en France ». Avant de s’asseoir autour de la table de conférence au centre de la rédaction, le candidat se débarrasse de la chaude parka à capuche dans laquelle il était emmitouflé. Il arrive de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et doit repartir, sitôt après l’entretien, pour Bordeaux (Gironde). Son attachée de presse l’accompagne avec une valise à roulettes. Est-ce l’effet d’une dynamique de campagne qui le porte ? Il a en tout cas fait le plein hier soir, à l’Institut du judo à Paris (XIVe) lors d’un meeting où environ 3 000 personnes sont venues l’écouter.

Concentré, précis, dépourvu de toute fiche, contrairement à Manuel Valls qui étalait les siennes devant lui, le député des Yvelines déroule son programme, argumente pied à pied. Son fameux revenu universel, qui suscite les critiques et même les risées de ses rivaux — notamment à cause de son coût « astronomique » ? Le candidat, clairement positionné à l’aile gauche du PS, s’efforce de démontrer, exemples à l’appui, que c’est réalisable sans ruiner les Français. Au camp Montebourg qui taxe son programme de « gauche Carambar » — on l’ouvre et on trouve une mesure magique —, il rétorque, sûr de lui : « Ça sent la fébrilité. »

S’il ne se drape pas, comme Emmanuel Macron, dans la posture de candidat antisystème, il ne se prive pas cependant de pointer du doigts les « élites ». Celles qui critiquent, par exemple, sa proposition de « 49-3 citoyen » parce qu’elles ne veulent pas, dit-il, abandonner une once de leur pouvoir. Trois mots pour se définir, lui et son projet ? « Constance, futur et cohérence », répond-il. A vous de juger, dans cette « audition » d’une heure quarante réalisée avec le concours de la Fondation Jean Jaurès, dirigée par Gilles Finchelstein et proche du PS. Notre série Demandez le programme sur cette primaire qui reste très ouverte s’achèvera samedi, avec un comparatif et une évaluation des projets des quatre principaux candidats.

LA POLITIQUE ET LA CAMPAGNE. « Ma victoire fera bouger les lignes en dehors des rangs du PS »

Vous proposez une mesure originale : le 49-3 citoyen. Est-ce réalisable ? Ne craignez-vous pas que cela vous empêche de gouverner ?

Je propose qu’un texte de loi, voté au Parlement, puisse être validé par le peuple français via un référendum dès lors que 450 000 citoyens inscrits sur les listes électorales le demanderaient. Nous pouvons parfaitement y associer des critères de représentation géographique pour que ces électeurs soient issus d’un nombre minimum de départements. Nous pouvons aussi fixer un taux minimum de participation pour qu’il soit valide. Il y aura des garde-fous, mais cette proposition me semble essentielle si nous voulons de nouveau faire respirer la démocratie.

Si vous ne gagnez pas la primaire, vous engagez-vous à soutenir le vainqueur et à faire sa campagne ?

Je respecterai ma signature à la charte des primaires.

Donc si c’est Manuel Valls, vous le soutiendrez ?

Je respecterai ma signature. Mais si vous m’imaginez demain porte-parole, je pense que ce serait assez mal inspiré. Et pour lui, et pour moi.

Si vous gagnez, comment éviterez-vous l’exode de nombreux élus socialistes vers Macron ?

Si le seuil des 2 millions de votants est franchi, cela donnera une légitimité forte au candidat issu de la primaire. Je pense que ma victoire fera aussi bouger les lignes en dehors des rangs du PS. Donc si exode il y a, il sera à mon avis limité et neutralisé par le rassemblement qui s’opérera à gauche sur ma candidature.

Macron, c’est un danger pour le candidat socialiste ?

Sa candidature se veut ni de droite ni de gauche… mais on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Est-il pour ou contre le maintien des 35 heures ? Que fait-il de l’ISF (impôt sur la fortune) ? Favorise-t-il les formes de travail non salariées, non encadrées en droits, comme les chauffeurs de VTC par exemple ? Continue-t-il à défiscaliser les actions gratuites et à moins bien payer les heures supplémentaires, bref à mieux rémunérer le capital et moins bien le travail ? La casse des droits du travail ne peut pas constituer un projet d’émancipation et de progrès social.

Vous avez un programme très calibré à gauche, comme celui de Fillon l’était à droite dans l’autre primaire. N’est-ce pas trop tactique ?

On dit que mon programme est calibré à gauche. Je l’ai pensé comme un projet résolument de gauche, mais pas n’importe laquelle, celle qui se tourne vers le futur. Si mon projet suscite de l’intérêt, c’est parce qu’il part de situations vécues, comme la difficile insertion professionnelle des jeunes, pour essayer de penser les cinq, dix, vingt prochaines années. La crise écologique que nous vivons nous force à prendre conscience de cet impératif du long terme.

Vous critiquez la république monarchique et le président vu comme un homme providentiel. Si vous êtes élu, vous installerez-vous à l’Elysée ?

Oui.

TERRORISME ET JUSTICE. « Je veux moins de délinquants fabriqués par la prison »

Comment mieux lutter aujourd’hui contre le terrorisme ?

Je veux donner un cadre légal et des capacités budgétaires au coordinateur national du renseignement, placé sous la responsabilité du Premier ministre. Il faut aussi améliorer la coopération entre nos divers services de renseignement, et faire en sorte que nous disposions demain d’une agence européenne du renseignement. Je suis élu d’un territoire (député des Yvelines) où je vois concrètement l’utilité du renseignement territorial. Il est, hélas, soumis aux mêmes contraintes budgétaires que n’importe quel service de la police nationale. Il est affaibli et il faut le muscler.

Vous êtes favorable à un meilleur accueil des réfugiés…

Je souhaite la création d’un visa humanitaire qui permette d’identifier, dès le départ, les candidats à l’exil et leur ouvrir une voie légale d’accès au territoire français. Je veux aussi m’inspirer du modèle allemand. En consacrant davantage de moyens à l’apprentissage de la langue des demandeurs d’asile et en leur permettant, au-delà d’un délai de trois mois, de travailler sous certaines conditions. C’est ce qui a permis en Allemagne l’intégration de centaines de milliers de réfugiés. Il faut favoriser un modèle plus harmonieux et plus hospitalier. Car notre sécurité, c’est leur développement.

Vous proposez la mise en place de bureaux de vote dans les prisons. Pour quelles raisons ?

Je suis frappé par la faible participation des détenus aux élections alors que seule une minorité d’entre eux sont déchus de leurs droits civiques. Je souhaite aussi donner plus de moyens au service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) pour favoriser la réinsertion des détenus. L’alternative à la détention est, parfois, la meilleure manière pour comprendre le sens de sa faute et de sa punition, et ainsi favoriser. Je veux qu’il y ait moins de délinquants et surtout moins de délinquants fabriqués par la prison.

ÉDUCATION ET SANTÉ. « Repenser la carte scolaire »

Pour lutter contre l’échec scolaire, seriez-vous prêt à affecter, de manière contraignante, les professeurs les plus expérimentés dans les zones en difficulté ?

Je ne crois pas que des mesures coercitives permettent de mieux faire fonctionner l’école. Si un enseignant est obligé d’aller dans un endroit sans s’intégrer harmonieusement au projet pédagogique, nous raterons l’objectif de lutter contre les inégalités. Je propose par exemple la création de postes de professeurs surnuméraires inter-degrés, entre le CM 2 et la 6e, qui puissent dédoubler des classes et améliorer le passage entre l’école et le collège.

Vous proposez de rebâtir une carte scolaire au collège. Comment imposer cette mixité ?

Il faut se débarrasser de cette idée selon laquelle le collège ne peut pas être mixte parce qu’il est sur un territoire homogène socialement. Je propose de repenser la carte scolaire pour concevoir des bassins de recrutement mixtes. Les familles auront la possibilité de formuler un, deux, trois, quatre vœux. Il y aura ensuite un choix de recrutement qui prendra en compte les voeux des familles et l’origine sociale des enfants afin de faire en sorte que dans chaque collège, il y ait de la mixité sociale. Mais on ne peut envisager cela sans un dialogue avec l’enseignement privé.

L’Etat ne peut pas contraindre le privé à la mixité…

Non, on ne peut pas le contraindre, mais il y a un contrat entre l’Etat et l’enseignement privé. Il se discute, et il y a des contreparties. La question doit être posée en des termes plus solennels qu’elle n’a été posée jusqu’ici.

Où vos enfants sont-ils scolarisés ?

Mes filles sont dans une école publique, en banlieue parisienne. Pour ma part, j’ai fait ma scolarité dans le privé catholique.

Quelle sera votre première mesure pour la santé, si vous accédez à l’Elysée ?

Dès le début, je donnerai la liste des perturbateurs endocriniens et des pesticides qui favorisent des pubertés précoces, qui tuent trop tôt des Français et seront les responsables des scandales sanitaires de demain. Ils seront interdits, comme il sera interdit d’importer des produits fabriqués ou cultivés avec les mêmes perturbateurs endocriniens ou pesticides. Sur ces questions de santé publique, il faut poser un acte politique immédiat.

LE CAS CONCRET. Les mères voilées peuvent-elles accompagner les sorties scolaires ?

Sous couvert de faire confiance au terrain, on laisse les enseignants bien seuls pour appliquer la laïcité. L’accompagnement des sorties scolaires n’est pas autorisé aux mères voilées, selon la circulaire Chatel de 2012. Najat Vallaud-Belkacem a pris la position inverse, oralement, en 2014. Si vous êtes élu, abrogerez-vous la circulaire ?

Je soutiens la position de la ministre. Tant que nous ne sommes pas confrontés à une situation où une mère d’élève affiche une volonté d’affirmer le primat de sa religion sur l’ordre républicain, il faut lui permettre d’accompagner les sorties scolaires. L’application de la laïcité est un travail de dentelle, je ne suis pas pour les solutions brutales venues d’en haut. Je suis intransigeant à l’égard de ceux qui se réclament d’un islam radical et qui veulent faire reculer la République. Mais certains font aujourd’hui de la laïcité un instrument anti-islam. C’est profondément injuste envers tous les Français qui pratiquent la religion musulmane.

ÉCONOMIE ET CHÔMAGE. « La loi El Khomri n’a aucune légitimité démocratique »

Faut-il garder le crédit d’impôt compétitivité emploi, qui offre des baisses de charges aux entreprises pour qu’elles investissent et emploient ?

Les études montrent que ce dispositif, très cher, s’est soldé par une hausse des marges et a augmenté les dividendes distribués aux actionnaires. L’argent public ne doit pas servir à cela. Le CICE doit être évalué. Je propose par ailleurs de créer un crédit d’innovation sociale, qui permettrait par exemple d’aider Siel bleu, qui propose de prévenir les maladies chroniques des personnes âgées grâce à de la gym douce dans 4 500 maisons de retraite. Cela évite des récidives de cancers et maintient les gens en bonne santé, à moindre coût.

Comment lutter contre les prix exorbitants de certains médicaments innovants ?

Environ 40 000 € pour un traitement contre l’hépatite C, quand on le trouve à 200 € sur le marché indien, c’est inadmissible. Je souhaite renforcer les moyens des agences publiques qui négocient avec les industriels. Si des laboratoires refusaient de baisser leurs prix, je n’exclus pas de recourir au mécanisme de « licence d’office » qui permet à l’Etat de fixer le juste prix.

Comment marcherait votre « taxe sur les robots » ?

Les charges patronales seraient assises non plus sur les salaires, mais sur la valeur ajoutée de l’entreprise. Aujourd’hui, si je passe de 40 hôtesses de caisse à 10 hôtesses et 30 portiques automatiques, mes portiques auront beau créer de la valeur, mes cotisations patronales resteront assises sur les seuls salaires. Ce n’est pas logique. La fiscalité doit s’adapter.

Vous annoncez la mort de la loi El Khomri…

Cette loi, qui n’a aucune légitimité démocratique puisque décriée par l’opinion publique, l’Assemblée, le Sénat et une majorité de syndicats, va faciliter les licenciements dans les entreprises bénéficiaires, et permettre par un simple accord d’entreprise de moins payer les heures supplémentaires. Nous la remplacerons par une vraie loi Travail, qui définira le burn-out comme une maladie professionnelle, facilitera la baisse du temps de travail… Notre exigence sera celle de la bienveillance envers les salariés.

Le chômage des jeunes dépasse les 25 %, comment leur donner un travail, un avenir ?

Tout ce qui a été fait ne marche pas. La seule chose qu’on nous propose, c’est ce deal à l’anglo-saxonne : un chômage qui baisse contre une pauvreté en hausse. Je n’en veux pas ! Il faut changer de paradigme, et c’est un défi de l’expliquer : le travail se raréfie, alors partageons-le différemment. En France, le « partage » du travail est injuste : d’un côté, des millions de chômeurs, de l’autre, un grand nombre de travailleurs qui ne s’épanouissent pas. Le revenu universel que je propose permettra à ceux qui le souhaitent de baisser leur temps de travail — ce qui générera des embauches. Ce revenu universel, s’appliquant pour commencer aux jeunes, libérera une partie des 600 000 emplois étudiants.

SA MESURE PHARE. Le revenu universel

Comment marcherait le revenu universel, dont vous dites qu’il serait « la grande mesure structurante » de votre quinquennat ?

Prenons deux personnes au smic, qui touchent leur salaire plus le revenu universel : si elles le veulent, elles pourront réorganiser leur vie. Dans certains métiers, ceux qui peuvent baisser leur temps de travail sans perdre trop de pouvoir d’achat font ce choix. Mon objectif, c’est le salarié d’un abattoir, en Bretagne, qui pourrait passer à un deux tiers-temps grâce à ce revenu pour retrouver la maîtrise de sa vie, se former à un autre métier, etc.

N’utiliseront-ils pas cette somme pour gagner en pouvoir d’achat ?

Et alors ? Cela fera circuler l’argent. Je ne crois pas à ce discours sur la paresse supposée des gens. Lors de la création du RMI sous Rocard, ou de la CMU sous Aubry, on entendait déjà ça. Les faits l’ont toujours infirmé.

La généralisation de ce revenu coûterait entre 300 à 400 Mds€ par an. Vous voulez effrayer les électeurs ?

Il s’agit d’une réforme par étapes. Je m’engage dès aujourd’hui pour la première : revaloriser de 10 % le RSA à 600 € par mois — quelque 2,5 millions de foyers seraient concernés — et l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans. Et l’attribution du RSA serait automatique, afin de lutter contre la pauvreté : un tiers des personnes qui y ont droit ne le demandent pas.

Combien coûterait cette première étape ?

Avec des économistes, nous avons chiffré cette mesure à 45 Mds€, cela n’a rien d’infaisable. Nous la financerons en faisant des économies liées au redéploiement du CICE. Mais aussi grâce à la simplification de l’impôt sur le patrimoine (qui fusionnera l’ISF et la taxe foncière). Enfin, le fait de distribuer le revenu universel d’existence dégagera de nouvelles recettes grâce à la hausse de la consommation.

Vidéos : http://www.leparisien.fr/politique/j-ai-un-projet-de-gauche-celle-qui-se-tourne-vers-le-futur-19-01-2017-6587478.php

 

Entretien réalisé par Christel BRIGAUDEAU, Philippe MARTINAT, Pauline THÉVENIAUD, Odile PLICHON, Stéphane SELLAMI et Henri VERNET avec Gilles FINCHELSTEIN

 

 

LES ECHOS – 19/01/2017

Relance de l’apprentissage : le remède choc de Fillon

 

François Fillon mettra en avant ses propositions sur l’apprentissage, ce jeudi, à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain.

Le candidat veut confier la gestion des lycées professionnels aux régions.
Les diplômes resteront nationaux, mais les entreprises doivent être associées.

L’apprentissage en France selon François Fillon ? C’est simple, résume Pierre Danon, qui a travaillé le dossier dans son équipe de campagne : « On a tout faux. » Ce constat sans fard, le candidat Les Républicains aura l’occasion de le mettre en avant ce jeudi à l’occasion d’un déplacement dans l’Ain. Par prudence, aucun objectif quant au nombre d’apprentis visés en cas de victoire à l’élection présidentielle du candidat de la droite ne sera mis en avant, le quinquennat Sarkozy (pas plus que celui de François Hollande) n’ayant tenu ses promesses en la matière. Ce qui n’empêchera pas l’ex-Premier ministre de marquer sa volonté de redonner une « dynamique extrêmement forte » à ce dispositif. Quitte pour cela, à préconiser la mort de certains « symboles » et lâcher une bombe au ministère de l’Education nationale.

Pour François Fillon en effet, si l’apprentissage fait pâle figure en France par rapport à l’Allemagne ou la Suisse, c’est avant tout parce qu’il a été construit par l’Education nationale et non pas par le monde professionnel. Premier remède : affirmer haut et fort qu’il s’agit d’une voie d’excellence pour décrocher un travail. La gauche ne dira pas le contraire, mais risque d’accueillir plus fraîchement les autres propositions des Républicains.

Détacher des élèves de l’Education nationale

La plus explosive tient aux 1.500 lycées professionnels qui accueillent près de 666.000 élèves. François Fillon préconise de les détacher de l’Education nationale pour en confier la gestion aux régions et aux branches professionnelles, lesquelles ont déjà la charge des centre de formation en alternance, les CFA. Interpellée récemment sur ce sujet à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem a eu l’occasion de critiquer cette proposition, qui, selon elle, aboutirait aussi à «  régionaliser les diplômes ». Le programme du candidat Fillon a paré le coup en prônant de placer les référentiels de formation au sein d’une commission nationale sous tutelle du ministère de l’Education nationale, mais – là encore – en y associant étroitement branches et partenaires sociaux.

De quoi faire sauter les principaux freins à l’apprentissage ? Oui, estime un haut responsable régional pour qui les objectifs des rectorats sont de remplir leurs lycées, quand ceux des régions portent sur l’emploi, pas sûr que cela change la donne tempère un acteur de la formation, qui se demande en quoi une région sera plus efficace qu’un rectorat. « C’est un choix politique, avance-t-il, mais la vraie question est de savoir si l’on veut faire de l’apprentissage une vraie filière de formation initiale ou un instrument d’une politique de l’emploi. » François Fillon préconise aussi d’aligner le droit du travail des apprentis sur celui des salariés. En la matière, estime Béatrice Pola, avocate associée du cabinet d’avocats Proskauer, le problème vient surtout des modalités « très contraignantes » de rupture de contrat. Le candidat de la droite à l’Elysée vise aussi une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance. La mesure, estimée à 765 millions, serait financée par la suppression des emplois d’avenir et contrats de génération. Elle concernerait essentiellement les contrats de professionnalisation, les contrats en apprentissage étant déjà quasiment exonérés.

Alain Ruello et Isabelle Ficek

 

 

::: INTERNATIONAL

L’EXPRESS – 19/01/2017

Brexit: la banque HSBC va bien déplacer 1000 emplois de Londres à Paris

 

Stuart Gulliver, directeur général de HSBC, a précisé que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire.

Les dirigeants de la banque redoutent que l’activité d’investissement sur les marchés mondiaux soit touchée par la sortie du marché unique, confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

Le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, a confirmé dans une interview à Bloomberg Television qu’un millier d’emplois de son activité de banque d’investissement à Londres devraient être déplacés à Paris.

Interrogé depuis la station de ski suisse de Davos en marge du forum économique mondial, Stuart Gulliver a expliqué que parmi les divers départements de la banque au Royaume-Uni, c’est son activité d’investissement sur les marchés mondiaux qui serait touchée par la sortie du marché unique confirmée mardi par la Première ministre Theresa May.

« Pour nous, c’est la France »

« Il y ce que nous appelons l’activité de banque mondiale et de marché, et c’est celle pour laquelle j’ai dit publiquement, il y a un moment déjà, qu’il y aurait un millier d’emplois qui sont couverts par la législation européenne et qui, dans le cadre de l’accès au marché unique, devraient probablement aller en France dans notre cas », a expliqué le patron de HSBC d’après une transcription de l’interview transmise mercredi.

Interrogé sur la possibilité pour HSBC de déplacer ces activités ailleurs dans l’Union européenne, par exemple à Dublin ou Lisbonne, Stuart Gulliver a été catégorique: « Nous avons acheté le Crédit Commercial de France en 2002, donc nous avons un service bancaire universel en France. Donc pour nous, c’est la France ».

Stuart Gulliver a ajouté toutefois que la banque n’avait pas besoin de « se presser » pour le faire. La banque emploie près de 9500 salariés en France.

Le siège mondial reste à Londres

Il a précisé que l’activité qui risque d’être déplacée concernait environ 20% des revenus de sa banque d’investissement basée au Royaume-Uni, ajoutant que les activités sur les marchés des changes, obligataires et action ne devraient pas être touchées.

Hormis ses activités sur les marchés, HSBC dispose au Royaume-Uni de deux autres entités, qu’il ne modifiera pas malgré le Brexit: son siège mondial, que HSBC a décidé de maintenir à Londres, et sa banque au détail chargée des clients spécifiquement britanniques.

 

L’OPINION – 19/01/2017

Otan : l’Allemagne va accroître fortement ses dépenses de défense

 

Ursula Van der Leyen, la ministre de la Défense allemande et des soldats.

La ministre de la Défense allemande a annoncé que les dépenses militaires de son pays allaient augmenter de quatre milliards d’euros d’ici 2020.

Critiquée par Donald Trump pour ne pas respecter ses obligations financières au sein de l’Otan, l’Allemagne va renforcer substantiellement son budget militaire, a annoncé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, mercredi 18 janvier.

Les Allemands ont répondu rapidement aux interrogations de Donald Trump sur l’organisation nord-atlantique. Le président-élu avait provoqué la consternation parmi les alliés européens en déclarant dans une interview donnée lundi 16 janvier que l’Otan était « obsolète », et en critiquant les pays membres pour ne pas assumer leur part financière de l’organisation militaire.

Un conseiller de Trump a ensuite précisé ses propos en affirmant que seulement une partie de l’Otan était obsolète tandis que Nikki Haley, désignée pour être la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, a déclaré mercredi 18 janvier que l’Alliance atlantique demeurait importante.

1,22 % du PIB. La ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, a donc repris la balle au rebond. « Nous voulons que les Américains soient clairs. ’Quelle est votre position ?’ » a-t-elle déclaré, interrogée sur la chaîne NTV. Et de poursuivre : « La chose la plus importante est la clarté. » Ursula Von der Leyen a annoncé que les dépenses militaires allaient augmenter de deux milliards d’euros en 2017 à 37 milliards d’euros, soit 1,22% du PIB. Elles atteindront 39,2 milliards d’euros d’ici 2020. « Nous avançons dans la bonne direction mais nous ne pouvons pas le faire en une année », a-t-elle plaidé.

En novembre, Angela Merkel avait reconnu que son pays ne pourrait pas, dans un avenir proche, remplir les exigences de l’Otan. Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a précisé que les dépenses d’armement, de munitions et d’autres équipements avaient augmenté de près de 11% en 2016 à 5,1 milliards d’euros et qu’elles augmenteraient encore pour atteindre six milliards cette année.

 

LE FIGARO – 19/01/2017

Les adieux de Barack Obama à la présidence

VIDÉOS – Lors de sa dernière conférence de presse, mercredi, le président américain sortant a affiché son optimisme sur le long terme et sa vigilance pour le court terme.

Barack Obama a refermé sa présidence mercredi sur la même note «d’espoir» qu’ il avait amorcée. «Il y a une décence fondamentale dans ce pays, a-t-il dit. Je crois en ce pays, je crois dans le peuple américain, je crois qu’il y a plus de bon que de mauvais chez les gens. Des choses tragiques arrivent, mais si nous travaillons dur, le monde s’en porte mieux à chaque fois». Une maxime familiale résume sa philosophie: «La seule chose qui soit la fin du monde, c’est la fin du monde».

Avec l’ultime conférence de presse du 44e président, une longue séquence testamentaire a pris fin à deux jours de la passation de pouvoirs à Donald Trump. Soulignant avoir eu des discussions «cordiales, parfois longues et substantielles» avec son successeur, Obama prit acte des orientations divergentes sur le point de remplacer les siennes. «Il est dans l’ordre des choses qu’il (Trump) avance avec sa vision et ses valeurs, a-t-il dit. Je ne m’attends pas à ce qu’elles recoupent beaucoup» ses propres convictions.

Jeune retraité de 55 ans, Obama a dit vouloir souffler un peu et prendre du temps pour écrire. Mais il a tracé une ligne entre «les allers et retours de la politique» ordinaire et les «principes» qui pourraient l’amener à revenir dans le débat public: si une «discrimination systématique venait à être ratifiée sous une forme ou une autre», si des «obstructions explicites ou fonctionnelles au droit de vote» devaient apparaître, s’il y avait «un effort pour museler la liberté de parole ou la presse», si l’État «raflait des enfants (immigrés) ayant grandi ici» dans le but de les expulser, alors «je m’exprimerai», a promis le futur ex-président.

Il a d’ailleurs ouvert sa conférence de presse par un hommage appuyé aux journalistes accrédités à la Maison-Blanche, menacés de «délocalisation» hors-les-murs par certains projets de la future équipe. «C’est votre métier d’être sceptiques et de poser des questions difficiles, de faire en sorte que nous rendions des comptes» au public, a-t-il déclaré. «Votre présence ici nous a aidés à mieux travailler. J’espère que vous continuerez avec ténacité. L’Amérique a besoin de vous, la démocratie a besoin de vous».

Le placide «no drama Obama» s’est presque emporté sur les obstacles dressés à la participation électorale de toutes les communautés: «Nous sommes la seule démocratie où l’on rend le vote plus difficile. Cela nous renvoie à la ségrégation et à l’héritage de l’esclavage», a-t-il lâché. La lutte contre la fraude, qui justifie ces complications, relève des «fake news», inventions présentées comme des faits avérés sur Internet et les réseaux sociaux. «Nous avons le problème inverse» à la fraude, dit Obama.

Face à la presse, le président sortant a dû justifier ses dernières décisions, notamment celle de commuer la peine de Chelsea Manning, soldate condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks quelque 700.000 documents secrets copiés dans les ordinateurs du Pentagone. «Je me suis déterminé en fonction des particularités de ce dossier», a-t-il dit, estimant que la peine prononcée par la cour martiale en 2013 avait été «disproportionnée par rapport aux autres fuites» du même type.

Direct au sujet de Vladimir Poutine

Il a également défendu sa décision de laisser adopter à l’ONU une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens: «Nous voulons au moins préserver la possibilité d’une solution à deux États. C’est une façon de tirer le signal d’alarme. L’occasion pourrait passer». En direction de son successeur, qui envisage de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, Obama a rappelé «l’environnement volatile» dans lequel «certains gestes pourraient conduire à une explosion».

Le temps de la diplomatie étant passé, il s’est montré direct au sujet de Vladimir Poutine. «Il est dans l’intérêt de l’Amérique et du monde d’avoir une relation constructive avec la Russie. Mais après le retour de Poutine à la présidence, un état d’esprit conflictuel a rendu cette relation plus difficile». Sur la réduction des arsenaux nucléaires, «j’étais prêt à aller plus loin, mais Poutine a refusé de négocier. Il reste une grande marge (de progrès) pour Donald Trump».

Au terme d’une présidence souvent critiquée pour n’avoir pas réduit les divisions raciales, Barack Obama a encore fait entendre son optimisme. «Nous devons continuer à travailler, mais nous sommes en meilleure posture que les générations précédentes. Et j’espère que ma présidence aura fait un peu avancer les choses». Prenant l’exemple de l’équipe olympique américaine, réservoir de champions venus de tous horizons, il a prédit que les États-Unis auraient «une femme présidente, un président latino ou un président juif ou hindou ou d’une origine qu’on ne peut pas nommer aujourd’hui».

Vidéos : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/18/01003-20170118ARTFIG00430-le-testament-d-obama-je-crois-dans-le-peuple-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du 17 janvier 2017

2017-03-02T07:07:54+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE FIGARO – 17/01/2017

Grand froid : Valérie Pécresse interpelle la SNCF et la RATP pour éviter la pagaille

INFO LE FIGARO – Dans un courrier envoyé ce lundi, la présidente de la région Île-de-France enjoint les opérateurs de transport de prendre «toutes les dispositions nécessaires pour anticiper ces températures exceptionnelles».

Alors qu’une vague de froid est annoncée pour cette semaine dans l’Hexagone, avec des températures qui se situeront 8 degrés en dessous des normales saisonnières, Valérie Pécresse veut éviter la pagaille dans les transports en région parisienne. «Par le passé les mêmes évènements météorologiques ont provoqué des difficultés dans les transports en commun et dans les transports scolaires», fait valoir la présidente de la région Île-de-France dans un courrier envoyé ce lundi aux opérateurs de transport franciliens, dont Le Figaro a eu connaissance.

L’élue enjoint les entreprises concernées de prendre «toutes les dispositions nécessaires pour anticiper ces températures exceptionnelles». Ce courrier – adressé à Elisabeth Borne, présidente de la RATP, Guillaume Pepy, président de la SNCF, Thierry Mallet (Transdev), Jean-Pierre Farandou (Keolis) et aux sociétés de cars de la région – invite notamment les opérateurs à «vérifier le bon fonctionnement des équipements de chauffage dans vos véhicules, pour assurer le confort des voyageurs». Valérie Pécresse leur demande par ailleurs «de mettre en place une information voyageurs exceptionnelle afin que les usagers puissent adapter leur trajet si, malgré ces mesures préventives les conditions de transport restaient perturbées».

Concernant les bus et cars, Valérie Pécresse demande aux groupes de transport de «bien vouloir faire équiper vos véhicules avec le matériel adapté aux conditions de circulation» et à «contacter immédiatement les collectivités gestionnaires de voirie afin que les routes utiles aux itinéraires de vos lignes (…) soient salées en prévision et/ou déneigées en temps réel».

Le plan d’actions de la SNCF

Interrogée par Le Figaro, la SNCF assure qu’elle se prépare – à l’échelle nationale – au grand froid qui devrait se généraliser à partir de mercredi. Deux types d’actions sont mises en place, d’après les porte-parole de l’entreprise ferroviaire. D’abord, la vitesse des TGV peut être réduite jusqu’à 160kmh au lieu des 320 kmh, leur vitesse maximale. Ensuite sur le réseau lui-même, les «réchauffeurs d’aiguillages» vont être activés. Il s’agit, selon les équipements, de résistances qui chauffent les aiguillages ou bien de gaines qui les protègent du froid. Enfin des trains chasse-neiges et des trains râcleurs (qui ôtent la glace) vont intervenir la nuit pour éviter que les trains patinent.

Par ailleurs, des équipes dédiées à la maintenance préparent les trains à affronter le froid. Les châssis des TER sont enduits ou protégés par des gaines. Mais à chaque épisode de grand froid, il n’est pas rare que les locomotives les plus vétustes rendent l’âme. Des équipes de dépanneurs rapides se tiennent prêtes pour effectuer en gare des réparations légères, comme les bris de vitre de TGV qui peuvent survenir lorsqu’un bloc de glace ou de neige se détache au croisement de deux trains. Enfin, pour éviter les glissades, la SNCF se prépare à faire appel à des prestataires extérieurs pour déneiger ou saler les quais de gare recouverts de neige ou de glace.

Isabelle de Foucaud et Valérie Collet

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 17/01/2017

AVANT-APRES. Paris : le grand chamboulement de la porte Maillot est lancé

 

C’est toute la porte Maillot qui va changer de visage à l’horizon 2022.

En 2022, vous n’allez plus reconnaître la porte Maillot. De tous les côtés de cet immense rond-point — envahi par les automobilistes qui circulent entre la Défense et la place de l’Etoile, bordé d’un côté par un jardin insignifiant et de l’autre par le Palais des Congrès — des travaux vont être engagés. « Ils ont même déjà commencé cet été avec le début du chantier de la gare Eole, prolongation du RER E » souligne Jean-Louis Missika (apparenté PS), adjoint auprès d’Anne Hidalgo en charge de l’urbanisme.

Une vaste concertation vient d’être lancée à la fois en mairies du XVIe, XVIIe et à Neuilly-sur-Seine. « C’est sûr, il faut un maximum d’informations tant l’opération va être immense et va créer des nuisances », reconnaît Brigitte Kuster, maire LR du XVIIe, tout en approuvant le projet. « Ce sera certainement le chantier emblématique de transformation d’une de portes de Paris, puisqu’il est sur l’Axe Majeur dans la prolongation du Louvre », ajoute Jean-Louis Missika qui prévoit quatre années particulièrement difficiles : de 2018 à 2022. « Nous préférons concentrer les opérations avec un phasage bien calé plutôt que de faire subir 10 ou 15 ans de chantiers aux riverains » ajoute l’élu de la Ville de Paris.

Rarement, un tel chambardement n’aura impliqué autant d’opérations différentes. Petite revue de détail.

– Le chantier de la gare de la porte Maillot du prolongement du RER E vers l’Ouest, déjà lancée, doit durer quatre ans. Cette gare sera construite à plus de 30 m sous terre. Une large verrière offrira un éclairage naturel aux passagers.

– En même temps, devrait arriver la prolongation du tramway parisien jusqu’à la porte Dauphine. Un franchissement de la Porte Maillot en surface a été décidé par les boulevards Gouvion Saint-Cyr et Amiral Bruix. Il pourrait voir le jour en 2021-2022.

– Sur le plan de circulation, Paris veut effacer le rond-point pour créer une voie centrale directe entre les avenues de la Grande Armée (XVIIe) et Charles de Gaulle (Neuilly). Une requalification qui libérera de l’espace côté Palais des Congrès. « Rien n’est encore acté. Mais il pourrait y avoir à l’horizon 2023 un hôtel, des bureaux et un restaurant panoramique », dévoile un responsable de l’opération. De l’autre côté, c’est le bois de Boulogne qui va gagner du terrain. « On ne peut que s’en réjouir », souligne la mairie du XVIe.

– Au-dessus du périphérique, deux grosses opérations urbaines ont aussi été engagées dans le cadre des projets urbains innovants « Réinventer Paris ». Les projets « Ville Multistrate » (un programme mixte de logements en accession, de logements sociaux, de bureaux, et d’une école horticole) et « 1 000 arbres » (127 logements, dont 30 % de logements sociaux, 27 000 m² de bureaux, un hôtel 4 étoiles de 250 chambres et un food court imaginé par Philippe Starck) vont ainsi renforcer la liaison avec Neuilly. Les permis de construire de ces réalisations privées n’ont pas encore été déposés. Mais leur finalisation est déjà envisagée vers 2021.

« L’idéal serait que tout soit terminé pour les JO de 2024 », rêve déjà Jean-Louis Missika. Pour les habitants, après ces années de chantier, on promet aussi un Itinéraires pour les piétons et les cyclistes… Une prolongation est en réflexion côté Neuilly sur l’avenue Charles-de-Gaulle. Brigitte Kuster aimerait, elle qu’on y réfléchisse sérieusement sur l’avenue de la Grande Armée.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/paris-75017/paris-le-grand-chamboulement-de-la-porte-maillot-est-lance-16-01-2017-6576342.php

 

Eric Le Mitouard

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 17/01/2017

Déficit de l’Etat : la bonne nouvelle de Bercy

Le déficit budgétaire de l’Etat s’est établi en 2016 à 69 milliards d’euros, soit une baisse de 1,5 milliard d’euros par rapport à celui de 2015.

Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes en matière budgétaire, Bercy n’allait pas se priver de s’en faire l’écho. En 2016, le déficit budgétaire de l’Etat s’est établi à 69 milliards d’euros, soit un recul de 1,5 milliard par rapport à celui de 2015, ont annoncé mardi 17 janvier le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert. Il atteint ainsi son niveau le plus bas depuis 2008. Au total, entre 2012 et 2016, le déficit de l’Etat a été ramené de 87,2 milliards à 69,9 milliards d’euros, soit une diminution de 17,3 milliards, après avoir atteint un pic de 148,8 milliards d’euros en 2010.

Ce résultat est d’autant plus notable qu’il est inférieur à celui prévu par la loi de finances initiale pour 2016, 72,3 milliards d’euros, et même à celui qui avait été corrigé lors de la loi de finances rectificative présentée en novembre, qui prévoyait un déficit de 69,9 milliards d’euros à la fin de l’année. « L’Etat a tenu son objectif de dépenses, les dépenses du budget général ont été maîtrisées », a tenu à souligner M. Sapin, répondant ainsi à tous ceux qui, dans l’opposition, ont régulièrement accusé François Hollande de « dépenser sans compter ».

« Il n’y a pas d’astuces »

Au printemps, la droite avait violemment dénoncé les « cadeaux électoraux non financés » annoncés par l’exécutif depuis le début de l’année 2016 : plan formation emploi, mesures de soutien aux agriculteurs, hausse du point d’indice des fonctionnaires, prolongation du dispositif de suramortissement des investissements pour les entreprises, mesures en faveur des jeunes. Pour un coût global évalué à 4 milliards d’euros. « Avec toutes ces dépenses supplémentaires, plus des baisses d’impôts, on risque d’avoir des comptes très dégradés », fustigeait alors le président (LR) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez.

Même la Cour des comptes s’était montrée sceptique sur la capacité du gouvernement à tenir ses objectifs, en raison de ces dépenses nouvelles. A la fin juin, les magistrats financiers jugeaient ainsi que « le respect de la norme de dépenses en valeur de l’Etat paraît d’ores et déjà compromis ». Ils évaluaient « entre 3,2 et 6,4 milliards d’euros » le risque de dépassement par rapport aux crédits ouverts en loi de finances. « Il est faux de dire que ce quinquennat aura été celui de l’explosion des dépenses et des déficits, s’insurge M. Eckert. Alors qu’on ne peut pas en dire autant du précédent. »

Le gouvernement a, en définitive, réalisé les économies sur lesquelles il s’était engagé, « et il n’y a pas d’astuces », souligne M. Sapin, comme s’il anticipait les observations de la Cour des comptes. Hors charge de la dette et pensions, les dépenses du budget général atteignent 294,8 milliards d’euros, en diminution de 2,8 milliards par rapport à 2015. Depuis 2012, à périmètre constant, les dépenses auront ainsi baissé de 6,3 milliards d’euros.

« Une vraie satisfaction »

Quant aux recettes de l’Etat (recettes fiscales, recettes non fiscales et comptes spéciaux), elles sont globalement en ligne avec le niveau prévu en loi de finances initiale, malgré un léger recul des recettes fiscales, principalement de l’impôt sur les sociétés. « En clair, on a absorbé les 40 milliards d’euros de baisses d’impôts prévus par le pacte de responsabilité, alors que c’est l’Etat qui porte la quasi-totalité des baisses fiscales et sociales, et il n’y a pas eu le dérapage que certains prévoyaient », se félicite M. Sapin. « Pour la troisième année d’affilée, on fait mieux que prévu, nous tenons nos engagements », appuie M. Eckert. Vrai, si l’on tient compte du fait que, à la fin de l’été 2014, le gouvernement avait considérablement revu à la baisse les objectifs de croissance et de déficit prévus en loi de finances initiale.

Ce premier résultat concernant le budget de l’Etat conforte l’objectif du gouvernement de ramener le déficit public à 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Celui-ci, qui agrège les comptes de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales, ne sera connu que le 24 mars. M. Sapin, cependant, se montre confiant. « Aussi bien pour la Sécurité sociale que pour les collectivités, on ne sera pas loin de l’équilibre, assure-t-il. C’est l’Etat qui concentre l’ensemble de l’enjeu de diminution du déficit. »

« Un résultat encourageant », « une vraie satisfaction », se félicitent les deux ministres. Encore convient-il de rappeler que, en 2015, l’excédent budgétaire de l’Etat en Allemagne s’est élevé à 12 milliards d’euros.

Patrick Roger

 

 

LE PARISIEN – 17/01/2017

« J’espère sortir de mon découvert »

C’est hier que les 5 millions de Français qui bénéficient cette année d’une baisse d’impôt sur le revenu ont pu — s’ils sont mensualisés — en mesurer l’effet concret sur leurs finances.

« Pour une fois qu’on est content en ouvrant le courrier des impôts ! » Robert, 73 ans, a été étonné hier matin de constater que le montant de son impôt sur le revenu pour 2017 avait baissé de près de 400 €. En effet, le retraité bénéficie, comme plus de 5 millions de Français, de la baisse d’impôt sur le revenu de 20% pour les ménages modestes annoncée, à la surprise générale, fin décembre par le gouvernement. D’un montant de 1 Md€, cette baisse « portera à 6 Mds€ le montant total des baisses d’impôt sur le revenu », a tenu à rappeler le ministère des Finances. Assez pour faire oublier les fortes hausses de la première moitié du quinquennat ?

Entre soulagement et scepticisme

Hier, au centre des finances publiques de Saint-Ouen (92), la plupart des contribuables qui attendaient au guichet n’avaient pas pris la mesure de ce « bonus » et encore plus rares étaient ceux à avoir utilisé le simulateur en ligne de Bercy pour savoir s’ils allaient en bénéficier. C’est le cas de Roselyne, qui porte la main à son coeur en apprenant la nouvelle. Son fils ayant quitté le foyer fiscal l’an dernier, cette adjointe technique de 48 ans se retrouve brutalement imposable cette année. Mais après un rapide calcul, Roselyne, qui déclare moins de 18 500 € de revenus annuels, réalise avec soulagement qu’elle fait bien partie des bénéficiaires de la baisse d’impôt. « Peut-être que ces 200 € gagnés vont m’aider. J’espère sortir du découvert qui me poursuit depuis des années », confie-t-elle. Pour d’autres, comme Fatima, en recherche d’emploi, la nouvelle est accueillie avec un enthousiasme mitigé. « C’est le serpent qui se mord la queue », soupire cette mère de deux enfants, qui bénéficie avec son mari de trois parts fiscales. « La taxe d’habitation a tellement augmenté par ailleurs… »

Enfin, certains, comme Matthieu, 30 ans, sont pessimistes : même si ce père de deux enfants bénéficiera d’un avis d’imposition allégé, il n’y voit pas pour autant une hausse de son niveau de vie. « Ce que je paierai en moins en impôt sur le revenu, je sais que l’Etat le prélèvera d’une autre manière », déclare-t-il, méfiant. « Pas sur ma feuille d’impôts, mais avec la TVA quand je ferai mes courses. »

Constance Lasserre

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 17/01/2017

Airbnb : des professionnels du tourisme et de l’immobilier vont porter plainte

 

Le modèle Airbnb est attaqué par les lobbys immobiliers et hôteliers français.

 

Des professionnels des secteurs de l’hôtellerie et de l’immobilier vont porter plainte pour que les plateformes de locations saisonnières, de type Airbnb, respectent le même cadre réglementaire.

La bataille engagée entre les plateformes de l’économie dite « collaborative », dont l’une des plus connues est Airbnb, et les secteurs matures de l’économie, vit un nouvel épisode. Plusieurs lobbys hôteliers (AhTop, GNI-Synhorcat) et immobiliers (Fnaim, SNPI et Unis) vont déposer plainte au parquet de Paris, avec constitution de partie civile, rapporte le journal du dimanche (JDD). La plainte porte notamment sur la violation par des plateformes de type Airbnb ou Le Bon Coin de la loi Hoguet, qui structure l’activité immobilière, car elles jouent un rôle d’intermédiaire entre loueurs et locataires sans pour autant détenir de carte professionnelle, ni tenir un registre des transactions et de leurs mandats.

Distorsion de concurrence

Concernant l’activité hôtelière, la plainte vise l’absence d’immatriculation obligatoire sur ces plateformes, qui constitue une infraction au code du tourisme. Le JDD rapporte aussi que plusieurs plateformes violeraient les règles sur les services de paiement en collectant des fonds sans avoir obtenu un agrément auprès d’une autorité compétente. Enfin, les plateformes méconnaîtraient les règles applicables aux activités d’assurance car elles offrent des garanties aux loueurs.

« Le parquet a saisi le Service national d’enquête qui a réuni beaucoup de preuves. Aujourd’hui, nous allons (…) demander que soit nommé un juge d’instruction à même d’engager des poursuites », détaille au JDD Me Guillaume Navarro, du cabinet Gide Loyrette Niel. Bref, les fédérations de professionnels s’insurgent contre le fait que les plateformes et leurs utilisateurs s’improvisent professionnels de l’hôtellerie ou de l’immobilier, sans être soumis aux mêmes réglementations sectorielles. Ce qui peut créer des distorsions de concurrence.

Un problème en matière d’accès au logement

Par ailleurs, au-delà des préoccupations des lobbys immobilier et hôtelier, l’activité exponentielle des plateformes de locations de courte durée pose un problème en matière d’accès au logement dans les centres urbains. En effet, pour un bailleur, louer sur une courte durée à des touristes peut être beaucoup plus rentable que de louer sur le long terme à un résident local. Dans les quartiers les plus prisés, le risque de voir des « villes musées » se former est grand. L’une des principales préoccupations des grandes villes internationales reste en effet la « colonisation » de leurs quartiers par Airbnb et ses concurrents. Les politiques tentent donc progressivement d’instaurer un cadre réglementaire pour éviter qu’Airbnb dissimule des activités professionnelles sur son site.

Enjeux majeurs en matière de tourisme

Après New-York, San Francisco, Berlin, Barcelone, Londres vient à son tour de négocier avec Airbnb pour qu’elle applique strictement, à partir du printemps 2017, une limite de 90 jours par an à la durée de location des logements par ses membres. De même, à Amsterdam, Airbnb va rendre impossible la location d’un appartement pendant plus de 60 jours par an. En France, la loi limite ce délai à 120 jours. On y est donc beaucoup moins coercitif qu’ailleurs. Mais il faut dire qu’en parallèle, les enjeux pour le secteur du tourisme, durement affecté par les attentats, sont majeurs. De 85 millions de visiteurs en 2015, l’objectif du gouvernement est d’atteindre 100 millions de touristes en 2020. Et il semble qu’il soit difficilement atteignable sans un coup de pouce des plateformes de locations saisonnières…

Mathias Thépot  

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Les banques se préparent au big bang de la loi Macron

 

Les banques traditionnelles ne sous-estiment pas la menace et entendent muscler leurs services pour profiter d’un « effet loi Macron ».

A partir du 6 février, la loi Macron va faciliter le transfert de compte d’une banque à une autre. La mobilité pourrait s’opérer au détriment des banques traditionnelles.

« La loi Macron est une excellente opportunité pour nous. Pas seulement pour faire « un coup » en 2017, mais pour un travail de long terme avec nos clients », reconnaît sans ambages le président du conseil de surveillance d’AXA Banque, Amaury de Warenghien. Si bien que la banque directe d’AXA a choisi de relancer son offre et de revoir ses tarifs à la baisse, en se calant sur le calendrier de l’entrée en vigueur des dispositions Macron sur la mobilité bancaire (lire ci-dessous). Même stratégie chez Boursorama, la filiale de Société Générale, qui entend muscler ses services pour profiter d’un « effet loi Macron », avec des initiatives en direction des jeunes et de nouveaux partenariats .

« Insatisfaction massive »

Si aucun acteur ne mise sur un raz de marée, toutes les banques en ligne ou banques mobiles estiment qu’elles ont une carte à jouer. « On s’attend à une acquisition clients beaucoup plus importante, avec la disparition de l’idée lancinante que changer de banque, c’est compliqué », estime Marie Cheval, la PDG de Boursorama. « Les grandes banques de détail historiques, hormis les mutualistes, perdent déjà des clients, et certaines rapidement, note Amaury de Warenghien. est d’ailleurs terrible : il mesure la différence entre les clients promoteurs et les détracteurs d’une banque, et il traduit une insatisfaction massive en France. »

Les premières enquêtes d’opinion qui circulent dans le secteur montreraient en effet que la prise en charge de toutes les démarches liées au changement de banque aura un effet moteur sur la mobilité bancaire et que les banques en ligne tireraient bien leur épingle du jeu.

Dans les banques traditionnelles, on ne sous-estime pas la menace. « La loi Macron est du pain bénit pour tous les nouveaux entrants, les banques en ligne mais aussi Orange Bank. Face à leurs offres commerciales agressives, nous devrons mettre en avant la complétude de nos services et notre accompagnement durable », estime le patron d’un réseau de banque de détail français.

Conserver voire gagner des parts de marché

Tous les réseaux sont décidés à se battre pour conserver ou même gagner des parts de marché, quitte à jouer ponctuellement sur les prix . « Ce sera une opportunité pour nous de renforcer les liens avec nos clients et d’en conquérir de nouveaux, assure Raphaèle Leroy, responsable des relations consommateurs de la banque de détail France chez BNP Paribas. Nous allons d’ailleurs lancer une offre de bienvenue pendant trois mois pour que les prospects puissent nous tester : nos services de banque au quotidien seront gratuits pendant un an pour ceux qui nous confieront un mandat de mobilité. Nous avons nos atouts, la fusion du digital avec l’humain et l’expertise : nous sommes sereins. »

De son côté, Société Générale a rénové son service d’aide à la mobilité bancaire, Bienvenue, et compte le mettre en avant auprès de ses clients pour profiter de la dynamique. « Aujourd’hui 60.000 clients utilisent notre service d’aide à la mobilité bancaire chaque année, demain grâce à l’impulsion de la loi Macron, ils pourraient être 80.000 voire 90.000 », estime Stéphane Lecoq, chef de produit chez Société Générale.

Renouer avec la clientèle

Pour La Banque Postale, l’entrée en vigueur de la loi Macron représente l’opportunité de renouer avec ses clients peu actifs. La filiale de La Poste ne dénombre que 10,7 millions de clients qui se servent au quotidien de leur compte bancaire sur un total de 24 millions. La banque veut mettre à profit les prochains mois pour étendre cette part. Le nouveau Service d’Accueil Plus, dédié à la mobilité bancaire, sera chargé de recontacter les clients peu actifs pour leur proposer la signature de mandats pour transférer leurs virements ou prélèvements mensuels à La Banque Postale… La bataille promet d’être intense.

Veronique Chocron et Sharon Wajsbrot

 

 

LE FIGARO – 17/01/2017

EDF se mobilise pour affronter la vague de froid

VIDÉO – Les infrastructures de réseau électrique national sont soumises à rude épreuve. Le pic de consommation d’électricité est prévu jeudi.

Depuis plusieurs jours déjà, les opérateurs électriques ont le regard rivé sur les prévisions météo. Cette semaine, le pic de la vague de froid est désormais attendu pour jeudi, avec des températures inférieures de 6 à 8° par rapport aux normales saisonnières.

D’ores et déjà, les infrastructures de réseau sont soumises à rude épreuve. Mardi, Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF qui gère les lignes à haute tension et veille à l’équilibre entre l’offre et la demande, prévoit une pointe de consommation à 94.000 mégawatts (MW). C’est une augmentation de 5000 MW par rapport à lundi. Pour jeudi, cette pointe pourrait atteindre 96.200 MW. Le durcissement du climat est donc patent, même si le record de l’hiver 2012 – 102.000 MW – n’est pas encore dans la ligne de mire.

Dans cette période, la moindre variation compte: lundi, François Brottes, président du directoire de RTE, a rappelé qu’une différence d’un degré Celsius entraîne une consommation supplémentaire de 2 400 MW de plus, soit l’équivalent de la capacité de production de 2,5  réacteurs nucléaires. C’est aussi l’équivalent de la consommation de villes comme Lyon et Marseille.

Pour faire face à cette intensité de la demande, le parc de production d’EDF tourne au maximum de ses capacités. Le raccordement d’un réacteur nucléaire supplémentaire est prévu mardi, de telle sorte qu’il y en aura 5 à l’arrêt sur 58. À la fin de l’année dernière, ce sont une vingtaine de réacteurs qui étaient à l’arrêt, soit pour des opérations de maintenance traditionnelle, soit pour des tests de résistance de certains matériaux réalisés à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces jours-ci, le taux de disponibilité des installations nucléaires devrait être de 91 %, suffisant pour affronter la vague de froid. Avant le week-end, il n’était encore que de 87 %. EDF n’en mobilise pas moins ses centrales thermiques pour sécuriser au maximum l’alimentation électrique des Français.

Riposte graduée

Le recours aux importations de courant électrique offre une marge de manœuvre supplémentaire face au grand froid. La semaine dernière, les volumes ont grimpé jusqu’à 7000 MW journaliers, sachant que les capacités d’interconnexions avec les pays voisins producteurs d’électricité s’élèvent à 12.200 MW.

Enfin, si les circonstances l’exigent, RTE pourrait décider mardi de mettre en application son programme de riposte graduée face à la baisse des températures. L’arrêt de 21 sites industriels de grande envergure constitue la première étape, avant une baisse de 5 % de la tension du réseau puis le délestage de zones ciblées. En même temps, les alertes pourraient se multiplier à l’intention de la population, notamment par SMS avec l’application sur téléphone mobile éCO2mix. En attendant, les pouvoirs publics rappellent un message simple: de petits gestes – comme débrancher des appareils en veille – contribuent à réduire de manière sensible la consommation d’électricité.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/societes/2017/01/16/20005-20170116ARTFIG00313-edf-se-mobilise-pour-affronter-la-vague-de-froid.php

 

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIETE

LE PARISEN – 17/01/2017

Recensement : à quoi ça sert ?

C’est aujourd’hui que le recensement est lancé. Dès jeudi, les agents seront sur le terrain à votre rencontre. Sachez qu’il est obligatoire d’y répondre mais c’est aussi possible par le Web.

Mais pourquoi cette personne me demande si j’ai une salle de bains chez moi ? « Cette personne » qui s’est présentée à vous, munie d’une carte officielle estampillée « République française », est en train de vous recenser. Objectif en bout de course ? Réactualiser la population officielle de chaque commune. Vous avez d’ailleurs dû recevoir un courrier vous prévenant que le recensement, dont la collecte 2017 sera présentée aujourd’hui à Paris par l’Insee et qui démarre sur le terrain jeudi, fera une étape à votre domicile. Mais à quoi ça sert concrètement ? Sachez que, grâce à toutes nos réponses, sur nous et nos habitations, la photographie de la population française qui va en sortir permettra de réaliser de grands comme de petits projets.

Premier point, des résultats du recensement découle la participation de l’Etat au budget des communes (c’est la dotation globale de fonctionnement) : ainsi plus une commune est peuplée, plus cette participation est importante. Par ailleurs, savoir combien nous sommes permet aux élus locaux de prévoir des équipements collectifs nécessaires aux administrés (écoles, hôpitaux, pharmacies…), de cibler les besoins en logements, ou encore de déterminer les moyens de transport à développer sur le territoire.

Enfin, la vie locale ne serait pas tout à fait la même sans ces résultats. Du nombre d’habitants dépend, en effet, le nombre d’élus au conseil municipal, ainsi que la détermination du mode de scrutin.

Un magasin de jeux vidéo s’installe sur la commune ainsi qu’une association d’aide aux devoirs ? Le recensement a très certainement montré un nombre important de familles qui se sont installées, et donc un nombre d’enfants qui a explosé… Les données statistiques sont en effet disponibles gratuitement. Facile pour une entreprise, ou un commerce, de connaître le profil de sa clientèle potentielle, « mais aussi la possibilité de main-d’oeuvre résidant dans la zone où elles envisagent de s’implanter », explique l’Insee. Forte présence de familles monoparentales ? De personnes âgées ? Le raisonnement est le même pour une association qui analyse les besoins des habitants.

Mieux comprendre l’évolution de la société

Comme au niveau local, les pouvoirs publics utilisent le recensement pour mieux comprendre l’évolution de la société et adapter, en fonction, la prise de décision. Quelles sont les régions les plus attractives ? Où sont les emplois plus ou moins qualifiés ? Ces résultats permettent également de se comparer à nos camarades européens. Plein de bonnes raisons qui font que nos réponses sont obligatoires, selon la loi du 7 juin 1951. Elle prévoit d’ailleurs une amende en cas de refus. Toutefois, si vous ne souhaitez pas remettre vos questionnaires à l’agent recenseur, vous pouvez les transmettre directement à la direction régionale de l’Insee. Par ailleurs, depuis 2012, il est possible d’y répondre par Internet (sur le site www.le-recensement-et-moi.fr).

Christine Mateus

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 17/01/2017

Myriam El Khomri : «Etre de gauche, c’est avancer et donc refuser le statu quo»

 

Myriam El Khomri, la ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

INTERVIEW – La ministre du Travail dénonce les caricatures dont sa loi fait l’objet, selon elle, dans les débats de la primaire socialiste. Elle assure que le CPA est financé pour les prochaines années.

Comment la gauche peut se réconcilier après la primaire sachant que la loi Travail est une ligne de fracture forte ?

L’enjeu est de désigner le candidat de gauche pour l’élection présidentielle, ce qui sera aussi une manière de clarifier la ligne et de dépasser les clivages actuels. Il faut donc se concentrer sur les propositions. J’ai beaucoup milité pour mettre en place le compte personnel d’activité , la Garantie jeunes, le droit à la déconnexion … Je ne comprends pas comment on peut vouloir abroger ces mesures.

Etre de gauche, c’est aussi assumer un débat plus rigoureux sur la réalité de cette loi. Entre les lubies ultralibérales de la droite et le statu quo, il fallait voir comment prendre en compte les mutations du monde du travail. Etre de gauche, c’est être en capacité d’avancer, et donc refuser ce statu quo. Cette loi donne plus de moyens aux syndicats, plus de droits aux salariés et plus de visibilité aux entreprises. Elle est un vrai point d’équilibre. Je suis d’ailleurs convaincue qu’une fois mise en oeuvre concrètement, le regard sur cette loi changera.

Pensez-vous que les débats seront suffisants pour faire de la primaire un succès ?

C’est tout l’enjeu. On n’a pas le choix car on a 15 jours pour créer une dynamique de victoire, notamment grâce aux débats. Les deux premiers ont été de bonne tenue, avec du contenu, des lignes politiques et des propositions claires.

Le candidat issu de la primaire pourra-t-il contrer la dynamique d’Emmanuel Macron ?

Il est évident qu’il y a un intérêt pour En Marche, et pour la personne d’Emmanuel Macron , pour qui j’ai toujours eu de l’estime. Mais il y a une gauche et une droite dans ce pays, on ne peut pas nier ce clivage. Le rassemblement de la gauche est donc indispensable si on veut éviter le duel entre François Fillon et Marine Le Pen, entre la droite extrême et l’extrême droite. Je le répète, l’enjeu est donc de réussir la primaire de la gauche, et la mobilisation sera la clé.

Pensez-vous que Manuel Valls, que vous soutenez, est en mesure d’incarner ce point d’équilibre ?

Oui. Nous avons été dans un quinquennat de redressement. Manuel Valls a une cohérence dans ce cadre, une modernité, car il a fallu adapter le dialogue social dans notre pays. Et tout, dans le projet qu’il porte aujourd’hui, traduit cette volonté de compromis que je crois nécessaire.

La loi travail est-elle responsable du plan social à la « Voix du Nord », comme l’a dit Benoît Hamon ?

Autant que lui, je suis préoccupée par la situation des salariés de la « Voix du Nord » . Mais la loi travail n’a en aucun cas rendu plus facile ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ! Le motif sur lequel il se fonde, la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise, est un motif qui existait et était reconnu comme valable par la jurisprudence bien avant la loi Travail ! Je démens en outre que le ministère du travail, via la Direccte, aurait été saisi d’un PSE à l’été. La réalité est qu’elle ne change rien aux plans de sauvegarde de l’emploi : il y en avait avant, il y a en aura après, malheureusement. Nous n’avons fait que codifier une jurisprudence de la Cour de cassation de 1995, qui est constante en la matière.

L’un des reproches faits à la loi Tavail est de revenir sur une réforme emblématique pour la gauche qui est celle des 35 heures. On vous reproche d’avoir fait sauter ce verrou…

Je suis fière de la grande réforme des 35 heures et la loi Travail n’a pas touché aux 35 heures ! La durée légale du travail à 35 heures demeure garantie par la loi et aucun accord d’entreprise ni accord de branche n’a le pouvoir de la remettre en cause. Ce que la loi Travail a permis, c’est que des représentants dans l’entreprise, de la direction et des organisations syndicales négocient sur l’organisation concrète du temps de travail. Nous avons essayé de concilier les justes niveaux d’adaptation et de régulation dans un système où la durée légale de 35 heures reste l’élément central, alors que le projet de François Fillon ouvre la voie au dumping social.

Aujourd’hui avec la loi Travail comme hier avant l’entrée en vigueur de la loi Travail, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires est à 35 heures et aucune entreprise ne peut supprimer la majoration des heures supplémentaires, qui doit être au minimum de 10%. Avec le projet de François Fillon, tout cela disparaîtrait.

Avec-vous des regrets sur la loi Travail ?

Sur la méthode forcément. Le contexte était complexe : le débat sur la déchéance de nationalité a marqué l’électorat de gauche, 95 % de la loi a été concerté, excepté l’article sur le licenciement économique qui a été arbitré trop tardivement. Sur le fond, nous avons intégré 800 amendements parlementaires, malgré le 49.3. Beaucoup de choses ont été caricaturées, beaucoup ont été mal expliquées. C’est pour cela que je me suis appliquée à l’élaboration des décrets pour que la loi devienne vite réalité ; 80 % des décrets d’application ont déjà été publiés.

Au-delà, pour ce qui ressort de la démocratie sociale, pour ce qui concourt à donner plus de responsabilités aux acteurs de terrain, à mettre plus de démocratie dans l’entreprise, je n’ai aucun regret, au contraire, je revendique ce contenu. Le CPA et le droit à la déconnexion sont des premières, regardées comme telles dans le monde entier.

L’Institut Montaigne affirme que le CPA est mort-né parce que sous-financé…

Le CPA constitue une vraie avancée en instaurant un droit universel à la formation, pour tous tout au long de la vie. Contrairement à ce que dit l’Institut Montaigne, présidé par un proche de François Fillon, les ressources affectées au CPA suffisent à financer les droits nouveaux issus de la « loi Travail » dans les prochaines années. A plus long terme, le doublement des droits des salariés les moins qualifiés, impliquera de dégager 400 millions d’euros supplémentaires, mais c’est tout à fait à notre portée sur les 32 milliards d’euros de la formation professionnelle.

L’Institut avait été sollicité lors du débat public début 2016, tout comme la fondation Jean-Jaurès et Terra Nova. Il n’avait pas donné suite et semble se réveiller deux jours avant le lancement du CPA… Pour autant, toutes les propositions sont les bienvenues : le CPA est un objet évolutif.

Combien de comptes personnels de formation ont été ouverts ?

A ce jour, 3,8 millions de CPF ont été ouverts qui ont donné lieu à 727.000 formations financées et validées, dont 496.000 de la part de demandeurs d’emploi. Les débuts ont été un peu lents, mais maintenant le CPF accélère.

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, estime que les politiques sont très éloignés du monde professionnel parce qu’ils n’ont jamais… travaillé !

Je m’inscris en faux. C’est un discours trop simpliste. Prenons mon cas parce qu’on m’a fait ce procès à quelques reprises. J’ai travaillé dès l’âge de 16 ans, avec mon père qui était commerçant puis 20 heures par semaine après mon Bac, que j’ai obtenu à 17 ans. J’ai été étudiante salariée, boursière. Ensuite, une fois mon Bac+5 en poche, j’ai travaillé pendant sept ans à la mairie du 18ème arrondissement sur les questions de sécurité.

Où en est le plan 500.000 formations de chômeurs supplémentaires ? Quelle est sa contribution à la baisse du chômage ?

Ce plan, lancé par le président de la République il y a un an, est une vraie révolution quantitative et qualitative, pour former plus et mieux, c’est-à-dire aux métiers en tension et aux métiers d’avenir. Au 12 janvier, nous en sommes à 1,083 million d’entrées en formation. L’objectif quantitatif que certains jugeaient inaccessibles a été atteint.

Nous avons installé un comité scientifique chargé de mesurer l’efficacité du plan qui rendra son évaluation en mai car l’un des critères que nous avons fixé porte sur la situation du demandeur d’emploi six mois après sa sortie de formation.

Gregoire Poussielgue, Leïla de Comarmond et Alain Ruello

 

 

L’OPINION – 17/01/2017

Au Medef, l’invitation de Marine Le Pen par Pierre Gattaz provoque des remous

La présidente du Front national répondra par l’affirmative à la proposition du président du Medef de venir présenter son programme – une nouvelle doctrine qui divise l’organisation patronale

Lundi 16 janvier, le Medef tenait son conseil exécutif. A l’ordre du jour : le passage en revue des principales « doctrines » des programmes des principaux candidats, comme le travail indépendant, le contrat de travail, etc. Le sujet du FN n’était pas formellement noté. Aussi la question de recevoir Marine Le Pen au même titre que les autres candidats n’a-t-elle pas fait l’objet d’une franche discussion. Pourtant, en coulisses, des adhérents importants sont gênés par la position de Pierre Gattaz d’inviter la candidate.

Marine Le Pen ne boudera pas ce plaisir. La présidente du Front national répondra par la positive à l’invitation du Medef. La date de la rencontre n’est pas encore fixée, mais elle devrait tomber fin février ou début mars. « Quand les primaires seront terminées, nous avons prévu de recevoir tous les candidats », assure l’entourage de Pierre Gattaz. Une décision qui marque un changement. Jusqu’à présent, le Medef, tout en répétant qu’il n’est ni à droite ni à gauche, cultivait une vraie distance avec l’extrême droite. Aujourd’hui, plus question d’exclure un parti dont Pierre Gattaz critique pourtant vigoureusement le programme économique, « ni tourné vers l’avenir, ni tourné vers la compétitivité et pas économiquement responsable. »

En septembre 2011, Laurence Parisot, ex-patronne du Medef, s’était illustrée en écrivant un livre intitulé Un piège bleu Marine. L’ouvrage décortiquait les discours et déclarations de la présidente du Front national, avec un objectif clair et assumé : démontrer que Marine Le Pen, dans la lignée de son père, appartenait à un parti à caractère xénophobe, antisémite et raciste. A l’époque, la parution avait fait jaser au sein du patronat, plusieurs adhérents estimant qu’en tant qu’organisation patronale, le Medef n’avait pas à être partisan, et à interférer de cette manière dans le débat.

Aujourd’hui encore, Laurence Parisot est montée au créneau, par presse interposée, pour critiquer la position de son successeur : « Pierre Gattaz a évoqué le fait que j’aurais boycotté Marine Le Pen… Je ne l’ai pas boycottée, je l’ai dénoncée », estime celle qui juge impensable de traiter la présidente du FN comme n’importe quel candidat.

Aberrations économiques. « Pierre Gattaz a raison, car la tactique du refus de l’échange avec le FN sous des prétextes idéologiques ou dogmatiques est totalement dépassée », assure un poids lourd du Medef. Et un autre de poursuivre : « Stratégiquement, il est bien plus productif d’attaquer Madame Le Pen sur ses aberrations économiques, que de l’exclure. C’est fini le temps où le Medef prenait position sur des thématiques sociétales. Nous n’avons aucune légitimité pour le faire, notre champ, c’est l’économique, le social. »

Tous au Medef ne sont pourtant pas aussi à l’aise avec ce nouveau positionnement. « Le débat mérite d’être posé », reconnaît un membre du conseil exécutif, embarrassé. Pourtant, lundi, aucun n’a vraiment avancé le sujet sur le fond. Seule la question de la forme a été abordée : recevoir les candidats sur une journée ou un par semaine, les inviter avant ou après la validation du Conseil constitutionnel, présence ou non de la presse.

Mais la gêne envahit les fédérations qui composent le Medef. La tradition veut que, pendant la campagne, les plus grandes fédérations (industrie, santé, assurance, numérique…) portent leurs propositions aux différents candidats, via des livres blancs ou des rencontres. Des formats plus discrets justement pour mieux composer avec les extrêmes, et notamment avec le FN. Le président d’une importante fédération des services, qui tient à l’anonymat, explique bien le distinguo : « Nous ne pouvons pas faire comme si Madame Le Pen n’existait pas, mais de là à l’inviter à débattre en grande pompe avec nos principaux membres, non, la symbolique est là. En revanche, si les équipes du FN nous sollicitent sur des points techniques, il n’y aura pas de problème, nous leur répondrons. »

D’autres, qui refusent aussi de s’exprimer à visage découvert, trouvent une façon de biaiser, en faisant la différence entre les élections législatives et le niveau national. « Nous sommes opportunistes, nous rencontrerons les postulants à l’Assemblée nationale car c’est l’occasion de faire passer nos idées, mais nous n’avons pas prévu d’échanger avec Marine Le Pen, directement », assure un représentant d’une grande fédération, mal à l’aise. Et que fera par exemple le Syntec, où la présidente Viviane Chaine-Ribeiro revendique sa proximité avec François Fillon ? Comme la dirigeante répète à l’envi que « le jour où le FN passe, elle quittera la France », il y a fort à parier que les échanges s’en tiendront aux grandes forces politiques traditionnelles… en excluant les extrêmes.

Pressions territoriales. Si Pierre Gattaz se montre plus ouvert à cette dernière option, c’est aussi sous la pression des Medef territoriaux. En 2015, plusieurs de ces instances locales ont reçu des candidats FN dans le cadre des régionales. Le Medef Ile-de-France a ainsi invité tous les candidats à débattre avec des chefs d’entreprise : Wallerand de Saint-Just avait été convié au même titre que Claude Bartolone ou Valérie Pécresse… C’est aussi, assurent les mauvaises langues, parce que les concurrents, comme la CPME, traitent le FN comme les autres partis.

De la même façon, Jean-Luc Mélenchon et les représentants de l’extrême gauche devraient être reçus au Medef dans le cadre de ces consultations. Preuve qu’il est loin le temps (1981), où François Ceyrac, le président du CNPF de l’époque, avait appelé entre les deux tours de la présidentielle à ne pas voter pour François Mitterrand, au motif que le programme économique du socialiste – qui ne cachait pas sa proximité avec les communistes – n’était pas tenable. En attendant, avenue Bosquet, il se dit que si Marine Le Pen (comme Jean-Luc Mélenchon) refusait l’invitation, cela serait un soulagement…

Fanny Guinochet

 

 

L’OPINION – 17/01/2017

Le drôle de jeu de François Hollande

Le chef de l’Etat renoue déjà avec la politique. Il entend préserver son destin et peser sur l’élection présidentielle. Objectif : rassembler la gauche, de Macron au vainqueur de la primaire

De plus en plus de proches de François Hollande prennent position pour Emmanuel Macron. Le Président a, de son côté, snobé le deuxième débat de la primaire. Il attend le deuxième tour, avant d’intervenir dans l’élection présidentielle.

Jusqu’au bout de son quinquennat, François Hollande aura gardé le don de plonger sa famille politique dans des abîmes de perplexité, voire d’incompréhension. Comment comprendre, lorsqu’on est militant socialiste, ou pire, candidat à la primaire de la gauche, et que l’on cherche à mobiliser les Français autour d’un scrutin dont le taux de participation sera décisif pour la suite, que le Président préfère s’afficher au théâtre dimanche soir, au lieu de suivre le deuxième débat à la télévision ? Quel sens donner à ce détachement ostensible ? D’ailleurs, faut-il lui donner une signification politique, ou simplement y voir un acte manqué, relevant de la psychanalyse ? « Comme toujours avec Hollande, c’est tout et le contraire de tout, balaie un ministre bien incapable de répondre. Il nous a épuisés pendant cinq ans, je renonce à comprendre. »

« Ne pensez pas un seul instant que François Hollande ne suit pas cette élection primaire avec intérêt, et qu’il ne souhaite pas la victoire de celui qui peut représenter, celui qui a assumé, les responsabilités du pouvoir, qui assume le bilan et qui ouvre d’autres choix », assurait le candidat Manuel Valls sur RTL le 4 janvier. Démenti dix jours plus tard. Non seulement le soutien de François Hollande ne viendra pas (« Si Hollande veut garder des amis, il vaut mieux qu’il se taise ! », affirme un élu hollandais ne pardonnant pas à Manuel Valls d’avoir poussé le Président à renoncer), mais en plus, il a choisi de manifester son désintérêt pour la compétition entre ses anciens ministres. « Il a vraiment décidé de nous pourrir la primaire », enrageait lundi matin l’un des porte-parole de l’ancien chef du gouvernement.

Etats d’âme. C’est que François Hollande, depuis quelques jours, laisse transparaître ses états d’âme. En déplacement au Mali, samedi, il a confié ressentir, au terme de son mandat, « un goût d’inachevé qui aurait dû finalement justifier d’autres prétentions. » Le lendemain, son premier Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a vu François Hollande en tête-à-tête jeudi dernier, reconnaissait sur France 3 que le Président « regrette sans doute » sa décision de ne pas se représenter…

Son escapade dominicale démontre pourtant bien que François Hollande se remet à faire de la politique, après quelques semaines d’atonie. « Il est le seul à pouvoir rassembler la gauche, et il est clair qu’il n’a pas pris sa retraite », estime un fidèle

Faut-il voir dans ce geste la preuve que François Hollande, comme une grande majorité de Français, ne s’intéresse pas à l’exercice de la primaire ? Qu’il méprise ceux qui ont pu le critiquer tout au long de son quinquennat, voire le pousser à renoncer ? Et qui dimanche, ne l’ont cité que pour le remercier de n’être pas candidat ? Alors qu’il aurait, estime-t-il sans doute, fait beaucoup mieux qu’eux dans les débats… « Le Président n’est jamais dans l’aigreur, au pire dans l’indifférence », observe l’un de ses proches depuis des décennies. A l’Elysée, on souligne qu’il est « libre, et qu’il n’avait pas mis en scène » sa sortie au théâtre. Et surtout, qu’il a bien regardé le débat, de retour à l’Elysée…

Son escapade dominicale démontre pourtant bien que François Hollande se remet à faire de la politique, après quelques semaines d’atonie. L’Elysée bruisse des allées et venues de proches et de moins proches, qui ont retrouvé le chemin de son bureau. « Il est le seul à pouvoir rassembler la gauche, et il est clair qu’il n’a pas pris sa retraite », estime un fidèle. François Hollande recommence à songer à son avenir politique.

« François Hollande n’a pas été battu. Il laisse tout ouvert », assure-t-on rue de Solférino. Libre de se taire ou d’intervenir dans la campagne présidentielle après la primaire ? De soutenir son ex-Premier ministre Manuel Valls, qualifié de « Brutus » par ses proches, si celui-ci emporte la primaire ? De soutenir son fils spirituel Emmanuel Macron, sur lequel il s’est tellement trompé, si celui-ci représente une chance pour la gauche ? « Ce n’est pas un revanchard, glisse un hiérarque du PS. Il ne fait pas du Mitterrand ».

Libre. Aujourd’hui, il est clair que le Chef de l’Etat veut peser et ne pas rester silencieux, tel une ombre dans son château. « Il est libre, il n’est plus tenu par les jeux d’appareils, il n’a de compte à rendre à personne, assure l’un de ses conseillers. Mais il est attentif à ce qui est bon pour la gauche et pour la France, et se prononcera en février. » En disant ou en laissant dire, en tout cas en agissant aux vues du résultat de la primaire et des sondages qui vont se multiplier

D’autant qu’aujourd’hui, selon certains de ses proches, François Hollande estime que la présidentielle est « jouable », et que la gauche rassemblée pourrait l’emporter contre un François Fillon lui-même dans l’incapacité de rassembler toute la droite. Et surtout, François Hollande réfléchirait à la meilleure façon de préserver son bilan.

Il n’a échappé à personne que la plupart de ses proches en pincent pour Emmanuel Macron. Ses amis Jean-Pierre Mignard, parrain de deux de ses enfants, et Dominique Villemot, avocat, ont annoncé leur soutien à l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée. Ségolène Royal, son ex-compagne, multiplie les déclarations flatteuses pour le candidat En Marche ! Mais un soutien de l’ancien Premier secrétaire du PS à Emmanuel Macron, de préférence au candidat issu du Parti socialiste, est impensable pour de nombreux socialistes. « Il ne peut pas, affirme l’un de ces ministres qui n’ont pas pris position dans la primaire. Il souhaite forcément que Valls soit désigné, dans l’espoir qu’on sauve l’essentiel. » « Hollande se fout de tout, mais le seul truc auquel il reste attaché, c’est le PS », confirme un haut responsable du parti.

Paix des braves. A moins que François Hollande n’ait un autre scénario en tête. Il n’a pas échappé au Président que le vif enthousiasme autour d’Emmanuel Macron ne se traduit guère, pour l’instant, en intentions de vote sonnantes et trébuchantes. Le candidat progressiste plafonne autour de 20 % des intentions de vote. Si Manuel Valls sort vainqueur de la primaire, il gagnera quelques points, se rapprochant probablement de son ancien ministre. Une lutte au couteau s’engagera alors entre les deux hommes, surtout si la primaire est un succès en termes de participation. Le Président se voit-il en artisan de la paix des braves, vers lequel les socialistes se tourneront pour sauver la gauche écartelée ? Une nouvelle histoire commence après le 29 janvier, dans laquelle, comme le répète souvent Manuel Valls, « rien n’est écrit ».

Jean-Jérôme Bertolus et Nathalie Segaunes

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 17/01/2017

Theresa May : «Nous ne garderons pas un pied dans l’UE et un pied dehors»

VIDÉO – La première ministre britannique dévoile ce mardi ses objectifs pour le Brexit. Elle privilégie une séparation radicale de l’Europe, et la sortie de la Grande-Bretagne du marché unique.

Theresa May s’apprête à sortir de l’ambiguïté pour faire taire les débats sur le type de relation que la Grande-Bretagne ambitionne de conserver avec l’Union européenne après sa sortie. Elle va préciser qu’il ne s’agira «pas d’une appartenance partielle, associée ou quoi que ce soit qui nous laisse un pied dedans, un pied dehors», selon des extraits d’un discours prévu à Londres à la mi-journée, dont Le Figaro a pu prendre connaissance.

Une façon de signifier la sortie du marché unique européen et peut-être aussi de l’union douanière, sujets de vives controverses au Royaume-Uni et en Europe depuis le référendum de juin. Même si elle réfute l’expression, il s’agit bien d’un «hard Brexit», un Brexit dur. «Nous recherchons un partenariat nouveau équitable entre une Grande-Bretagne mondiale, indépendante, autonome et nos amis et alliés de l’UE», argumente Theresa May.

Chute de la livre

«Nous ne souhaitons pas adopter un modèle déjà existant pour d’autres pays», entend-elle préciser, pour écarter d’emblée toute solution à la norvégienne ou à la suisse. «Nous ne cherchons pas à conserver certains éléments de notre appartenance en partant.»

L’anticipation de ce discours a déjà fait chuter la livre sterling à son plus bas niveau depuis octobre sur les marchés des changes. La baisse risque de s’accentuer après la confirmation de ces intentions, signe d’inquiétude des milieux financiers sur les conséquences économiques de ce divorce.

Devant un parterre d’ambassadeurs de pays de l’Union européenne, Theresa May doit énumérer ses douze priorités et principes pour le Brexit. Entre autres, elle entend privilégier «certitude et clarté» – ce qui n’a pas beaucoup été le cas jusqu’à présent -, «une Grande-Bretagne plus forte», «plus juste», «vraiment mondiale». Elle promettra «de continuer à être des partenaires fiables, des alliés de bonne volonté et des amis proches». «Nous voulons continuer à acheter vos produits, vous vendre les nôtres, commercer avec vous le plus librement possible», doit-elle affirmer.

Chantage

Ces déclarations de bonnes intentions visent à dissiper les tensions déjà vives entres les Vingt-Sept et le gouvernement britannique, à qui ils ont reproché son apparente indécision à l’approche du coup d’envoi officiel des négociations de séparation, prévu fin mars. Cela n’a pas empêché l’entourage de la première ministre de confirmer, lundi, les propos tenus ce week-end par son chancelier de l’Échiquier, relevant d’un chantage envers l’UE. Le gouvernement britannique se dit «prêt» à dégainer l’arme fiscale pour faire du Royaume-Uni post-Brexit un paradis fiscal si «nous n’obtenons pas l’accord qui convient».

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/16/01003-20170116ARTFIG00388-theresa-may-nous-ne-garderons-pas-un-pied-dans-l-ue-et-un-pied-dehors.php

 

Florentin Collomp

 

 

LES ECHOS – 17/01/2017

Trump attaque Merkel, qui appelle l’Europe à prendre son destin en main

Dans une interview, le futur président américain attaque la politique d’asile « catastrophique » de la chancelière.Après le vote en faveur du Brexit, qu’il salue, il dit s’attendre à ce que d’autres pays quittent l’Union européenne.

Angela Merkel a appelé les Européens à assumer leur destin après la publication d’une interview choc de Donald Trump, qui a suscité l’émoi en Allemagne et dans le reste de l’Europe. « Je pense que nous, les Européens, avons notre destin dans nos propres mains », a déclaré la chancelière allemande. A neuf mois des élections, son leadership européen n’a jamais été aussi ­contesté par un partenaire étranger.

Dans une interview de deux pages au q uotidien populaire allemand « Bild » et au journal conservateur britannique « Times » , le président élu américain a étrillé lundi sa politique d’asile « catastrophique » et menacé le constructeur automobile allemand BMW de sanctions (lire page 6). Surtout, il a alimenté les divisions de l’Union européenne (UE) en saluant le « Brexit » et en critiquant le rôle de l’Allemagne. « Regardez l’Union européenne, c’est l’Allemagne, a déclaré le milliardaire américain, qui prend ses fonctions vendredi. Au fond, l’UE est un moyen justifiant la fin pour l’Allemagne. C’est pourquoi j’ai trouvé cela si intelligent de la part de la Grande-Bretagne de sortir », a-t-il ajouté, tout en jugeant que « s’ils n’avaient pas été contraints d’accueillir tous ces réfugiés […] on n’en serait pas arrivé au Brexit ». Le successeur de Barack Obama en est convaincu : « D’autres pays vont sortir. »

De l’eau au moulin des partis populistes

En disant cela, Donald Trump apporte de l’eau au moulin des partis populistes européens, qui se réunissent samedi pour préparer les élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. « Je ne crois pas que des commentaires qui, en quelque sorte, valorisent la division de l’Union, y compris en prévoyant de futurs départs, soient le meilleur départ dans les relations euro-atlantiques avec le nouveau président », a réagi le commissaire européen, Pierre Moscovici. A quatre jours de son investiture, le président élu américain a également rappelé ses positions critiques vis-à-vis de l’Otan, qu’il juge « obsolète », ou des sanctions contre la Russie, que partagent également le Front national en France ou l’AfD en Allemagne.

Mais il a également profité de cette interview pour menacer l’industrie automobile allemande, une vache sacrée à Berlin, qu’il avait jusqu’ici épargnée, contrairement à leurs concurrentes japonaise ou américaine. « Je dirais à BMW : si vous voulez construire une usine au Mexique sans payer de droits de douane de 35 %, vous pouvez oublie. Ce que je veux dire, c’est qu’ils devront construire leur usine aux Etats-Unis », a déclaré Donald Trump, se plaignant de voir autant de Mercedes sur la 5e Avenue à New York et peu de Chevrolet en Allemagne.

Dans l’attente de mesures concrètes

Angela Merkel, qui préside cette année le G20 et aimerait apparemment rencontrer le nouveau président américain avant le sommet de juillet, a, certes, réagi avec retenue, préférant attendre les mesures ­concrètes de Donald Trump. Ses ministres n’ont pas fait preuve de timidité. « Les Etats-Unis n’ont qu’à construire de meilleures voitures », a déclaré à « Bild » le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, tout en appelant les Européens à montrer de « l’assurance ». « Qui veut la croissance – et je pars du principe que cette administration y sera en faveur – doit être en faveur des marchés ouverts », a déclaré le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, au « Wall Street Journal ». Bref, tout en sortant ses muscles, le gouvernement allemand espère que Donald Trump reviendra à la raison. Ou qu’il sera rattrapé par la réalité, à savoir les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMT), censées limiter les barrières douanières, et la résistance politique. « Je suis sûr que les positions de Donald Trump sur l’Otan ou la politique étrangère ne trouveront pas de majorité au ­Congrès et que sa politique commerciale se heurtera à des résistances, même si l’opinion publique est en partie de son côté, juge Norbert Röttgen, député chrétien-démocrate (CDU) et chef de la commission des Affaires étrangères du Bundestag. Mais nous avons de plus en plus de raisons de prendre Donald Trump au mot ». « Nous avions déjà des différends avec l’administration Obama, y compris sur la politique économique, ajoute Josef Braml, expert des relations transatlantiques à l’Institut allemand de politique étrangère DGAP. Nous devons nous attendre au pire avec Trump. »

Les cibles et dossiers du futur président des Etats-Unis

Dans deux interviews à « Bild » et au « Times » de Londres, Donald Trump s’est montré très anti-européen. Verbatim.

Le Brexit

« Je vais vous dire, le fait que votre livre sterling tombe ? Génial ! Parce que les affaires sont formidables dans beaucoup d’endroits au Royaume-Uni. Je pense que le Brexit va finir par être quelque chose de grand. »

L’Europe

« S’ils n’avaient pas été forcés de prendre tous ces réfugiés, avec tous les problèmes que cela amène, il n’y aurait pas eu de Brexit. C’est la dernière goutte qui a fait déborder le vase. Je crois que d’autres pays vont suivre. Ca ne va pas être aussi facile de garder l’Europe que l’on croit. Et si les réfugiés continuent d’arriver à différents endroits en Europe, cela sera très difficile parce que les gens seront en colère. »

L’Union européenne

« Vous regardez l’Union européenne et vous voyez l’Allemagne. C’est en fait un instrument pour l’Allemagne. C’est pourquoi je pense que le Royaume-Uni est tellement malin de vouloir en sortir. »

La Syrie

« Nous aurions dû créer des zones de sécurité en Syrie. […] Cela aurait coûté moins cher. Et les Etats du Golfe auraient dû payer, parce que, après tout, ils ont plus d’argent que quiconque. »

L’Otan

« J’ai dit il y a longtemps que l’Otan avait des problèmes. Le premier est qu’il est obsolète, parce qu’il a été conçu il y a de nombreuses années. Deuxièmement, les pays ne paient pas ce qu’ils doivent. Et, enfin, l’Otan ne règle pas la question du terrorisme. On m’a incendié quand j’ai dit ça la première fois, et maintenant, on commence à dire que j’ai raison. »

L’Iran

« C’est l’un des deals les plus stupides que j’ai jamais vus. Où l’on rend 150 milliards à un pays, où on lui donne 1,7 milliard de dollars en liquide. »

La Russie

« Ils ont mis des sanctions sur la Russie, voyons voir si nous pouvons faire de bonnes affaires avec la Russie. Déjà, je pense qu’on devrait réduire les armes nucléaires de façon substantielle. La Russie souffre des sanctions, mais je pense que quelque chose peut arriver et que beaucoup de monde en profitera. »

Poutine et Merkel

« Je vais commencer par leur faire confiance, mais on verra combien de temps cela dure. Cela ne durera peut-être pas longtemps du tout. »

Twitter

« Ce qui est intéressant avec Twitter, c’est qu’il faut être très précis. Quand je dis quelque chose en public ou à des journaux, et que ça n’est pas reproduit avec précision, ça n’est vraiment pas bien. On ne peut pas faire grand-chose contre. Quand on tweete – et je suis prudent -, c’est exact, très exact, et ça fait du « Breaking News ». »

Thibaut Madelin

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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