Revue de presse du MEDEF IDF du 10 Mars 2017

2017-03-13T13:36:13+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

 

LE PARISIEN – 10/03/2017

Près de 200 M€ pour 25 chantiers routiers en Ile-de-France

 

Le contournement d’Orly – déviation de Paray – en Essonne fait partie des projets qui bénéficient de subventions de la région.

Il aura fallu plus de deux heures de débats, ce jeudi, au conseil régional pour adopter le « Plan Anti-bouchon et pour changer la route ». Au coeur des débats, près de 200 M€ pour financer 25 opérations routières et 12 études de faisabilité qui permettront selon la région de fluidifier des zones engorgées de l’Ile-de-France : liaison Meaux-Roissy (20 M€), contournement d’Orly (18 M€), doublement de la RD 30 à Plaisir et Elancourt (78) (17,5 M€) ou encore le franchissement de la Seine entre Athis-Mons et Vigneux (91) (4M€) ou à Melun (77).

« Nous avons choisi des projets qui sont prêts à partir », explique Valérie Pécresse, la présidente, qui espère voir ces opérations se lancer entre 2018 et 2020. Et d’ajouter face aux critiques, « La route n’est pas polluante en elle-même et le droit à la mobilité est un droit pour tous les Franciliens, y compris ceux qui n’ont d’autres choix que la voiture ».

Des arguments qui peinent à convaincre une partie de l’opposition. A commencer par les écologistes pour qui «c’est un jour bien triste, regrette Ghislaine Senee (EELV). La précédente mandature avait fait le choix courageux d’arrêter de financer des modes de transports polluants. Choix sur lequel vous revenez ». Pour la conseillère régionale : « Il se dégage [de ce plan] la vision naïve qui laisse penser que créer des kilomètres de bitume va faire s’envoler les bouchons », regrettant également « qu’il n’y ait pas par exemple, de nouvelle desserte autour des gares du Grand Paris ».

Le groupe socialiste et républicain pointe quant à lui des oublis tels que le réaménagement de l’ex – RN3 ou la RN2 (93) ou le lancement d’études de déviation de la RN19 à Boissy-Saint-Léger (94) et demande notamment le retrait du franchissement de la Seine entre Athis-Mons et Vigneux (91) « fortement contesté par les riverains pour qui la construction du pont se soldera par plus de trafic, de bouchon et de pollution » . L’UDI, favorable au projet, espère de son côté, qu’un aménagement à la Croix-Blanche à Sainte-Geneviève des Bois (91) sera ultérieurement ajouté.

Visuel interactif / carte du plan antibouchons en Ile-de-France: http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/pres-de-200-meur-pour-25-chantiers-routiers-en-ile-de-france-09-03-2017-6748752.php

 

Jean-Gabriel Bontinck et Jila Varoquier

 

 

LE MONDE – 10/03/2017

L’idée du « péage positif » arrive en Ile-de-France

Faire gagner 2 euros aux automobilistes qui n’utilisent pas leur voiture aux heures de pointe : le « péage positif » va être expérimenté en Ile-de-France à partir d’avril 2017.

Une voiture occasionne moins de bouchons… quand elle reste au garage. C’est en partant de cette idée que le groupe Egis, entreprise internationale d’ingénierie dont le siège social est basé à Guyancourt dans les Yvelines, et sa filiale néerlandaise BNV Mobility, ont mis en place une sorte de « péage positif » : les automobilistes gagnent 2 euros par trajet évité en heure de pointe.

Récompensé deuxième accessit du prix de la mobilité Le Monde – Smart Cities 2016, le concept appelé « lissage de pics » a été adopté à Rotterdam depuis 2008 et plus ponctuellement à Amsterdam et Utrecht. Selon Bernard Matyjasik, ancien directeur du programme smart cities chez Egis, « la formule permet de réduire la congestion automobile de 6 % à 8 % ».

L’idée de « chasser les bouchons » fait doucement son chemin en France. La formule a été retenue par la Société du Grand Paris à la suite de son appel à solutions innovantes, lancé en juin 2016, pour tenter de conserver l’attractivité d’un territoire même en phase de travaux. Paris est la deuxième ville la plus embouteillée de France derrière Marseille, selon les données collectées en 2016 par le navigateur GPS Tomtom.

A partir d’avril 2017, le concept sera expérimenté à Boulogne-Billancourt, dans le nouveau quartier Trapèze, à proximité de l’île Seguin. L’expérimentation, qui devrait avoir lieu en avril et mai, est un test en vue de trouver des solutions aux problèmes de circulation engendrés par le chantier du Grand Paris Express (d’ici à 2030, sont prévues 205 km de nouvelles lignes et 68 nouvelles gares dans la région Ile-de-France).

Système intrusif ?

Aux Pays-Bas, le programme « lissage de pics » utilise des caméras pour étudier les habitudes des automobilistes et contrôler la fraude sur les tronçons engorgés. Ces caméras LAPI (lecture automatisée de plaques d’immatriculation, aussi dénommée ANPR, Automatic Number Plate Recognition system) peuvent enregistrer plusieurs plaques d’immatriculation par seconde.

La législation néerlandaise permet à l’entreprise, grâce au fichier SIV (système d’immatriculation des véhicules), de remonter jusqu’à l’identification des propriétaires des plaques minéralogiques scannées. Les automobilistes qui utilisent quotidiennement leur véhicule durant les heures de pointe sont alors contactés pour leur proposer de participer, volontairement, au programme. Ils reçoivent un boîtier à installer dans la voiture qui permet de géolocaliser le véhicule et de vérifier si celui-ci est utilisé durant les heures de pointe. Les caméras LAPI peuvent également servir de contrôle.

A chaque trajet évité, 2 euros sont versés sur le compte du volontaire, qui peut voir sa progression via une application ou une page Web personnalisée.

Pas de caméra LAPI en Ile-de-France

En France, un tel système de surveillance n’est pas légal. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) n’autorise pas l’utilisation des systèmes LAPI autrement que par les forces de l’ordre (la police nationale) pour lutter contre certaines infractions particulières ou graves et de manière temporaire (Art. L. 233-1 et L. 233-2 du Code de la sécurité intérieure).

L’entreprise Egis n’utilisera donc pas le système LAPI pour son expérimentation à Boulogne-Billancourt, conformément à la législation française. Le « recrutement » des volontaires se fera autrement : « On pourra, par exemple, passer par des campagnes de publicité ou contacter des entreprises pour cibler des employés autour de la zone à désengorger », avance Héline Mikielski, chargée de projets mobilité chez Egis Projects. Le système du boîtier embarqué intelligent restera, lui, le même.

Décongestionner le trafic routier n’est pas seulement utile pour la satisfaction des automobilistes et l’attractivité du territoire. C’est aussi un enjeu important pour « réduire la pollution de l’air et l’exposition de la population », selon Airparif (association chargée de la surveillance de la qualité de l’air ambiant agrée par le ministère de l’environnement). Selon les chiffres d’octobre 2016 de l’association, le trafic routier en Ile-de-France contribue à hauteur de 73 % aux émissions d’oxydes d’azote (NOx) parisiennes.

Smart Cities : « Le Monde »  décrypte les mutations urbaines

Le Monde organisera vendredi 7 avril à Lyon une journée de débats sur le thème « Gouverner la ville autrement : les villes peuvent-elles réenchanter la démocratie ? ». Entrée gratuite sur inscription ici.

A cette occasion, Le Monde récompensera avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine. Les candidatures aux prix internationaux (hors Europe) sont encore ouvertes.

Retrouvez l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde.fr.

Lisa Burek

 

 

LE PARISIEN – 10/03/2017

Paris : les anti CDG-Express remettent la contestation sur les rails

 

Gare du Nord, ce jeudi matin.

Didier le Reste (au centre) et d’autres militants de l’association Non au CDG distribuent des tracts contre le Charles-de-Gaulle express.

« Il faut investir pour améliorer les conditions de transport de millions de Franciliens. Pas celles de quelques milliers de touristes aisés. » Voilà le message que les opposants au CDG (Charles de Gaulle) Express ont diffusé, ce jeudi matin, en distribuant des tracts aux usagers du RER B, à la gare du Nord mais aussi dans diverses gares de Seine-Saint-Denis. En ligne de mire : les conséquences « néfastes » que la création de la nouvelle navette directe pour l’aéroport de Roissy pourrait avoir sur le reste du réseau de transport en commun du nord de la capitale.

A l’étude depuis des années, l’épineux dossier du CDG-Express est désormais lancé. La navette ferroviaire, conçue pour relier l’aéroport à la gare de l’Est (la gare du Nord ne disposant pas de suffisamment de voies pour l’accueillir) en une vingtaine de minutes et sans arrêts, doit être mise en service fin 2023. Le trajet, non accessible avec un pass Navigo, coûtera 24 € l’aller. La facture de la construction de la nouvelle ligne (qui empruntera des voies existantes sur 26 des 34 km de son parcours) pourrait, elle, atteindre… 1,7 Md€.

De quoi inquiéter Didier Le Reste, élu (PC) au Conseil de Paris et ancien secrétaire général de la puissante fédération CGT des cheminots, qui a pris la direction de l’association Non au CDG-express. « Ce train privatisé emprunterait des voies déjà utilisées par la ligne K et même pour le report du RER B quand la situation est perturbée. Il va avoir un impact négatif sur le fonctionnement des trains du quotidien », indique le militant après avoir distribué à la volée des milliers de tracts aux voyageurs du matin.

Dans la gare du Nord, à la sortie des RER B qui arrivent de Seine-Saint-Denis, le public est réceptif à ce discours. « Qu’ils commencent par améliorer notre ligne avant de penser aux touristes. Franchement, le B c’est la misère », confirme un jeune homme qui arrive du Blanc-Mesnil. Le projet de loi validant le CDG-express (présenté comme un atout de poids pour la candidature de Paris au JO) a été voté à l’Assemblée et au Sénat fin 2016. Et les candidats à l’exploitation de la future ligne ont déjà remis leurs dossiers au ministère des Transports. Mais pour Didier Le Reste, ce projet peut encore être stoppé. « Nous étudions avec des avocats, les possibilités de recours. Il reste encore plein de fils à tirer », conclut le militant CGT anti-CDG.

En 1976, une liaison directe Gare du Nord-Roissy en 19 minutes !

Une liaison directe en train permettant de relier Paris à Roissy en moins de vingt minutes, ça n’est pas vraiment une idée nouvelle. En effet, deux ans à peine après l’ouverture de l’aéroport Charles de Gaulle, en mai 1976, était mise en service « Roissy Rail », une liaison directe depuis la gare du Nord assurée tous les quarts d’heure et permettant de rallier l’aéroport en seulement 19 minutes ! Mais l’explosion de la demande en Seine-Saint-Denis, à Sevran et Villepinte en particulier, pousse la SNCF à laisser tomber les trains directs dès l’hiver 1977.

Plus récemment, en décembre dernier, lors de la panne géante à gare du Nord, la SNCF a de nouveau assuré des liaisons directes avec Roissy, en affrétant exceptionnellement des TGV. L’initiative a par la suite été étudiée plus précisément, comme une possible alternative au CDG Express. Mais les voies de la gare du Nord, la plus fréquentée d’Europe, sont déjà toutes très sollicitées et la SNCF a jugé impossible de libérer des voies pour assurer cette desserte directe.

Benoit Hasse avec Grégory Plesse

 

 

LE PARISIEN – 10/03/2017

Ile-de-France : Pécresse impose l’usage du français sur les chantiers

 

La majorité régionale emmenée par Valérie Pécresse vient d’adopter un texte imposant l’usage du français sur les chantiers.

La majorité régionale emmenée par Valérie Pécresse vient d’adopter un texte imposant l’usage du français sur les chantiers.  L’opposition de gauche qui critique le dispositif parle d’une tentative «d’imposer la préférence nationale»…

Une expression anglaise pour un texte imposant entre autre… l’usage du français. C’est l’un des paradoxes du «Small Business Act» voté par le conseil régional d’Ile-de-France, réuni ce jeudi en séance sous la présidence de Valérie Pécresse. Ce texte prévoit une série de mesures visant à faciliter l’accès des TPE et PME aux commandes publiques dans la région.

Parmi ces mesures, les élus ont adopté la «clause Molière» : un dispositif qui prévoit, «sur les marchés qui le permettent, de s’assurer que l’ensemble des ouvriers comprennent et parlent le français, et, si c’est impossible, d’imposer la présence d’un interprète.», précise le conseil régional. «A titre d’exemple, afin de garantir la sécurité des travailleurs et des visiteurs, ainsi qu’une parfaite compréhension des directives de la direction technique des travaux, l’ensemble des ouvriers présents sur le chantier devra comprendre et s’exprimer en français », indique le rapport.

«Une tentative d’imposer la préférence nationale» selon la gauche

Une mesure votée par la majorité LR-UDI, ainsi que par le FN, qui a soulevé les critiques de l’opposition de gauche. Celle-ci a notamment rappelé qu’un texte similaire adopté par la région Rhône-Alpes – Auvergne présidée par Laurent Wauquiez, avait été retoqué par le préfet de cette région. «En imposant une telle discrimination en Ile-de-France, Pécresse s’engage sur un terrain glissant, politiquement comme juridiquement. C’est une tentative d’imposer la préférence nationale», a dénoncé Vanessa Ghiati, élue Front de Gauche.

Le préfet qui a retoqué cette clause en Rhône-Alpes-Auvergne, Michel Delpuech, vient d’être nommé en région Ile-de-France… ce qui fait dire au Front de Gauche que le soutien régional aux TPE PME sera repoussé «car la délibération ne pourra pas être appliquée».

De son côté, la région indique vouloir surtout favoriser l’accès des PME locales aux marchés publics, tout en luttant contre le travail illégal et les fraudes au détachement. « Depuis que Valérie Pécresse est présidente de région, il y a 54 % de la commande publique qui est destinée aux TPE-PME », a souligné Jérôme Chartier, vice-président, qui souhaite faciliter encore ce processus. La région passe chaque année 600 M€ de commandes publiques. Une manne potentielle pour les 835000 TPE-PME de la région et leurs 4 millions de salariés.

Jean-Gabriel Bontinck

 

 

BUSINESS IMMO – 10/03/2017

La Fnaim lance le premier indice d’attractivité immobilière des villes du Grand Paris

Pour la 31e édition de son observatoire des prix du logement, la Fnaim du Grand Paris a souhaité innover en étudiant l’attractivité immobilière des villes du Grand Paris. Il s’agit de la première étude réalisée sur ce sujet sur l’ensemble des communes du Grand Paris, à l’exception de la Seine et Marne (77). Cette nouvelle approche a vocation à observer, à terme, l’impact de l’attractivité des villes sur l’évolution des prix des logements. Avec le temps, l’observatoire indiquera si l’attractivité d’une ville est corrélée à la valeur de son immobilier… et réciproquement.

Pour déterminer l’attractivité des villes d’Ile-de-France, la Fnaim du Grand Paris a mis en place une double démarche : une analyse objective fondée sur 12 critères : accessibilité aux équipements et services, culture-sports-loisirs–vie associative, éducation, emploi, environnement, logement, niveau de vie, santé, transports, équilibre travail–vie privée, sécurité et fiscalité foncière. Ces critères ont tous été constitués à partir de données initiales de l’Insee à l’exception du critère « sécurité » établi à partir des données de la gendarmerie et de la police. Chaque critère a été noté de 1 à 10 – 10 signifiant que les villes dans un critère déterminé, ont les meilleurs résultats de toutes – et a été par la suite pondéré. Le prix moyen du logement moyen a également été calculé pour chaque commune. Celui-ci est déterminé par la multiplication du prix du m2 par la surface moyenne des logements à usage d’habitation dans chacune des villes. Il permet d’éviter l’écueil de présenter un prix au m2 qui ne représente pas l’achat moyen ou la valeur moyenne des biens d’une ville.

A quoi s’ajoute une analyse subjective résultant d’entretiens avec des professionnels : adjoints au maire de villes de la région parisienne responsables du logement et de l’urbanisme, promoteurs et investisseurs en patrimoine. « Cette étude sur l’attractivité n’a pas pour vocation à établir un tableau d’honneur entre les différentes villes d’Ile de France, précise Didier Camandona, président de la Fnaim du Grand Paris. Elle doit nous permettre d’éclairer le grand public et d’engager un dialogue constructif avec les élus locaux qui, même avec la création des communautés de communes, disposent toujours de compétences incontournables en matière de logement. Il nous a semblé essentiel d’établir un lien entre le prix du logement et celui de l’attractivité pour prendre du recul vis-à-vis d’un discours parfois superficiel et de court terme. Au-delà des soubresauts sur les prix toujours sujets à interprétation, il est important d’avoir une vision de long terme qui aidera nos élus à prendre les bonnes décisions en faveur du logement et qui confortera les Franciliens dans leur choix. »

L’étude définit un indice d’attractivité pour tous les départements d’Ile de France. L’attractivité varie ainsi de 4,86 pour le Val d’Oise à 6,66 pour les Yvelines. Paris obtient un indice d’attractivité de 5,78. Au-delà de cette approche globale, il est intéressant d’identifier les caractéristiques de chaque département. Par exemple, le critère « transport » qui est unanimement reconnu comme l’un des deux déterminants, apparait pourtant mieux noté pour le Val d’Oise que pour les Yvelines. 278 villes d’Ile de France ont été étudiées. Le Vésinet, Saint-Rémy les Chevreuse et Montesson sont les 3 villes les plus attractives du département des Yvelines. Pour l’Essonne, ce sont Soissy-sur-Seine, Boussy-Saint-Antoine et Gif-sur-Yvette qui arrivent en tête alors que ce sont Chaville, Ville d’Avray et Saint Cloud pour les Hauts-de-Seine. Les lilas, le Raincy et Noisy-le-Grand constituent le trio de tête la Seine Saint-Denis, et Marolles-en-Brie, Saint-Maur-des-Fossés et Perreux-sur-Marne pour le Val de Marne. Enfin, Le Plessis-Bouchard, Cormeilles-en-Parisis et Saint-leu-la-Forêt ont le meilleur indice d’attractivité du Val d’Oise.

Les professionnels en charge du logement, qu’ils soient adjoints au maire, promoteurs ou investisseurs, s’accordent à classer le transport et la sécurité en tête des critères. Seul l’ordre des deux critères change : la sécurité est le premier critère cité par les adjoints au maire des villes interrogées alors que les transports arrivent en tête pour les promoteurs et investisseurs. « Les promoteurs ou investisseurs nous disent que pour un logement comme pour un bureau, les connexions routières et les transports en commun sont déterminants. Pour un bureau, plus de 300 mètres commence à être loin alors que le logement, lui, peut être situé jusqu’à 1 000 mètres d’un transport en commun. L’attention portée à la sécurité est aussi très importante. Caméras dans les rues, éclairages, présence de la police municipale sont des critères regardés de près par les promoteurs et les investisseurs… qui anticipent les attentes de leurs clients. C’est pourquoi depuis plus de 15 ans, la Fnaim du Grand Paris a placé la thématique de la sécurité parmi ses priorités », explique Didier Camandona.

La Fnaim du Grand Paris a souhaité regarder plus attentivement les villes des futures gares du Grand Paris Express en calculant le prix moyen des logements moyens à proximité de chacune d’elles. Au cours des prochaines éditions, cela permettra ainsi d’étudier si les gares du Grand Paris ont ou non une influence sur le marché de l’immobilier, à quel niveau, et les différences de comportements des prix entre les villes. « A ce jour, nous n’avons pas observé de spéculation notable dans les villes accueillant les futures gares du Grand Paris. La plupart des gares ne sont pas encore sorties de terre si bien qu’elles ne constituent pas encore un critère de valorisation pour des Franciliens qui ont encore du mal à se projeter. Dans certaines villes, on devrait cependant rapidement voir les premiers frémissements en termes de prix. Reste à voir si la tendance persistera et si les gares constitueront des zones durablement distinctes dans le Grand Paris », conclut Didier Camandona.

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 10/03/2017

Les candidats à la présidentielle prennent position sur le numérique

 

Un an après Emmanuel Macron, le candidat Les Républicains s’était rendu en janvier au plus grand salon consacré à la tech grand public, le CES de Las Vegas.

Les professionnels du secteur organisaient un débat jeudi. L’enjeu fait consensus, les solutions diffèrent.

« En 2012, les programmes et campagnes des candidats n’avaient pas intégré les possibilités du numérique. Aujourd’hui, il ne doit plus être le grand absent. C’est le pivot de la transformation et du succès de la France », martèle Bertrand Diard, le président de Tech in France.

La tech tricolore fait, pour une fois, front commun. Huit organisations professionnelles et associations représentatives du secteur se sont regroupées au sein du collectif France Numérique 2017. Plusieurs ont déjà présenté leurs recommandations au futur locataire de l’Elysée, à l’instar de Tech in France en décembre ou du Syntec numérique fin février . Jeudi, le collectif avait invité les prétendants à venir en débattre à la Maison de la Mutualité, à Paris.

Premier constat, aucun n’a fait le déplacement en personne. Emmanuel Macron s’est fendu d’une courte vidéo pour exposer ses vues, mais a préféré, tout comme François Fillon et Benoît Hamon, se reposer sur des membres de son équipe de campagne pour débattre.

Consensus sur les infrastructures

Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui a pourtant publié un livret sur le sujet, il n’a pas donné suite à l’invitation selon les organisateurs. Pas plus que la candidate du Front National. « Marine Le Pen n’aborde pas le sujet. C’est une erreur fondamentale. Nous disons à tous les candidats qu’il est suicidaire de ne pas positionner le numérique au coeur du débat », regrette Bertrand Diard.

Sur le fond, en ce qui concerne les trois candidats représentés, il y a d’abord les sujets qui font consensus, au premier rang desquels le développement des infrastructures. Tous insistent sur la nécessité d’accélérer la mise à disposition de la fibre ou d’investir dans les réseaux de communication. Ce point figure d’ailleurs également au programme des deux grands absents.

Deuxième objectif qui fait l’unanimité : regagner en souveraineté. Lorsqu’ils abordent les moyens d’y parvenir, les équipes des candidats commencent toutefois à diverger. Le représentant de François Fillon plaide pour un programme d’investissement européen visant à reprendre la maîtrise des technologies depuis les couches les plus basses comme les semiconducteurs jusqu’au logiciel.

La sénatrice écologiste Corinne Bouchoux vante le bilan de la loi numérique, « un bon point de départ ». La représentante du candidat socialiste veut assurer une place au logiciel libre, qui « peut être un vecteur de souveraineté », et mettre l’accent sur la recherche, en y consacrant 3 % du PIB.

Doper l’investissement

« On a besoin d’être forts en recherche, mais aussi en économie », réagit Bertrand Diard, plus convaincu, de ce point de vue, par les candidats Macron et Fillon. Tous deux ont en effet inclus dans leur programme des mesures pro-business appelées de ses voeux par Tech in France  : doper l’investissement, notamment en puisant dans la manne de l’assurance-vie, et mettre l’accent sur l’éducation et la formation.

L’équipe de François Fillon insiste davantage sur les réductions de charge qu’elle accorderait aux entreprises. Celle d’En Marche ! met en avant sa réforme radicale de l’assurance chômage et l’accompagnement de la transition vers de nouveaux métiers. « C’est fondamental. Si vous y croyez, votez Macron », s’enflamme Mounir Mahjoubi. « Cela va nous coûter très cher, mais c’est de la bonne dette ».

Sebastien Dumoulin

 

 

LES ECHOS – 10/03/2017

Le Medef veut faire de la France la « Silicon Valley » des objets connectés

 

Pierre Gattaz, le président du Medef, a tenu une conférence de presse ce jeudi à Paris,

pour présenter la vision et les propositions de l’organisation patronale en faveur de la transformation numérique de l’économie.

L’organisation patronale propose un plan d’action pour profiter de la mutation en cours de l’économie numérique.

Le Medef a de l’ambition pour la France. A quelques semaines de la présidentielle, alors que le numérique tente de s’inviter dans la campagne, l’organisation patronale veut voir plus loin . Elle a présenté jeudi un plan d’action pour faire de la France « un champion mondial » de l’Internet des objets (IOT), d’ici à 2025. « La data devient le nouveau pétrole de l’économie. Les objets connectés s’intègrent dans tous les secteurs. Et nous avons les moyens de profiter de cette prochaine révolution », considère Pierre Gattaz, le président du Medef.

Pour faire de la France « la Silicon Valley de l’Europe » de l’IOT, le Medef propose d’abord de mobiliser tous les acteurs de la filière (entreprises, fédérations professionnelles, Etat…) afin de mettre en place un cadre favorable (régulation, normes, éducation…). Il souhaite aussi s’appuyer sur l’industrie électronique encore présente en France pour inciter entreprises et start-up IOT à fabriquer prototypes et produits sur le territoire.

L’ambition, c’est aussi de permettre aux entreprises traditionnelles de s’approprier ces nouvelles technologies. L’organisation patronale souhaite ainsi accompagner les 100.000 TPE et PME grâce à des programmes de sensibilisation, de formation, mais aussi d’incubation. Le Medef propose également la création d’un fonds d’investissement, qui pourra accorder des tickets compris entre 50.000 et 2 millions d’euros, pour des projets de transformation numérique (dans la limite d’un millier d’entreprises).

Fiscalité et marketing

La France ne pourra pas être championne de la « smart economy » si elle ne redore pas son image, estime le Medef. « Il y a tout un travail de marketing à faire pour attirer les investisseurs, mais aussi retenir les talents », indique Pierre Gattaz, qui aimerait que John Chambers, le patron de Cisco, dithyrambique sur l’écosystème français de start-up, fasse des émules. Cela passerait notamment par une baisse de la fiscalité et des charges des entreprises, et par la sanctuarisation du crédit impôt recherche.

L’organisation patronale songe aussi à la création d’un nouveau label pour communiquer à l’international sur sa stratégie IOT, semblable à ce qui a été réalisé avec la French Tech. « Les initiatives peuvent être complémentaires. Le travail de la French Tech est à saluer, mais on peut aller plus loin encore »,.

Plus original, le Medef propose de sélectionner et de soutenir financièrement une centaine de start-up « à fort potentiel » pour les aider à devenir des licornes (ces entreprises non cotées valorisées plus d’un milliard), et éviter qu’elles ne partent à l’étranger. « C’est assez facile de trouver les financements pour monter sa start-up. Le problème, c’est pour réaliser la deuxième puis la troisième levée de fonds, celles qui permettent de passer au stade supérieur », regrette Olivier Midière, conseiller en charge du numérique au Medef. Les fonds européens pourraient aider à financer ce développement.

Romain Gueugneau

 

 

RADIO CLASSIQUE – 10/03/2017

Geoffroy Roux de Bézieux sur Radio Classique

Vice-président du MEDEF était « L’invité de l’économie » ce vendredi matin sur « L’Université du Numérique »

PODCAST : https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/matinale-de-radio-classique/l-invite-de-l-economie/

 

 

LES ECHOS – 10/03/2017

La reprise de l’emploi bénéficie à la Sécurité sociale

La masse salariale a crû de 2,4 % en 2016, en accélération par rapport à 2015.

Rien de plus efficace qu’une bonne activité économique pour lutter contre les déficits sociaux. Cette règle s’est une nouvelle fois vérifiée en 2016, où la croissance s’est traduite par des rentrées supplémentaires de cotisations dans les caisses de la Sécurité sociale. La masse salariale, qui avait progressé de 1,7 % en 2015, a crû au rythme de 2,4 % l’an dernier, selon les données de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), publiées ce jeudi. La différence entre ces deux taux de croissance a représenté 1,4 milliard d’euros en plus, pour financer les retraites, la santé, ou les allocations familiales.

« Pas d’alerte majeure »

Cette croissance de la masse salariale est conforme à la prévision de l’Acoss. La commission des comptes de la Sécurité sociale, elle, avait été un peu plus ambitieuse en anticipant une hausse de 2,6 % dans son rapport de septembre. Malgré l’écart avec le résultat final, le gouvernement devrait publier, fin mars, des comptes de la Sécurité sociale ne présentant « pas d’alerte majeure », selon une source à Bercy. L’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) « sera serré mais respecté », expliquait cette même source en février, notamment grâce à « des rentrées de cotisations légèrement supérieures à nos attentes ».

Malgré son succès, la facture de la prime d’activité n’atteindra pas 4,7 milliards d’euros pour sa première année d’existence, ce qui aurait occasionné un surcoût de 700 millions. Bercy s’est fait peur avec cette perspective l’an dernier, mais anticipe désormais un coût proche de 4,3 milliards.

Deux facteurs

La croissance de la masse salariale résulte de deux facteurs de poids équivalent. Les augmentations de salaires ont permis au salaire mensuel par tête de progresser de 1,2 %, le double du rythme de l’inflation (0,6 %). Et de nombreux emplois salariés ont été créés durant l’année : 223.000 au total, soit une progression de 1,2 % des effectifs, dont 78.000 durant le quatrième trimestre. De nombreux emplois ont été créés dans l’intérim (60.000), pour une masse salariale en hausse de 10,7 % (!) en un an. Si les créations d’emplois sont dynamiques dans les services (186.000 hors intérim, avec une masse salariale en hausse de 2,6 %), l’industrie hors construction a détruit 20.000 emplois, et sa masse salariale n’a crû que de 0,6 %.

Solveig Godeluck

 

 

LE FIGARO – 10/03/2017

Créations d’emplois : des pénuries de main-d’œuvre pourraient apparaître

Alors que le taux de chômage est encore de 10 %, le Medef estime que 95.000 postes sont non pourvus.

Avec l’accélération des créations d’emplois, l’économie hexagonale va-t-elle buter rapidement sur des pénuries de main-d’œuvre? La question peut paraître étrange, alors que le taux de chômage, outre-mer compris, est encore de 10 %. Et que les entreprises, à en croire le Medef, ne rapportent pas de problèmes massifs de recrutement. Pourtant, l’enjeu est réel. Car, selon l’OCDE ou le FMI (Fonds monétaire international), le taux de chômage structurel français est de 9%. L’économie n’en serait donc pas si éloignée.

Ce «chômage structurel» désigne le niveau en dessous duquel apparaissent des pénuries générales de main-d’œuvre. Alors qu’actuellement les entreprises peinent déjà à recruter dans certains métiers, comme des ingénieurs en informatique ou certains ouvriers qualifiés – le Medef estimant que 95.000 postes sont ainsi non pourvus -, ce phénomène se répandrait massivement une fois atteint ces 9%. Avec deux conséquences négatives: la croissance des entreprises serait bridée, faute de compétences, et des pressions à la hausse trop fortes sur les salaires se mettraient en place.

Les économistes sont partagés

Ce taux de chômage structurel élevé signifie aussi qu’une grande partie des demandeurs d’emploi français ne seraient pas facilement employables, et notamment ceux hors de l’emploi depuis des années, suite à la crise de 2008. En France, les chômeurs de longue durée (plus d’un an) représentent 44 % du total. «Aucun expert n’est capable de mesurer l’ampleur de cette déqualification. Les chômeurs peu diplômés, qui exerçaient des métiers peu qualifiés, sont peu employables. Mais nul ne connaît leur nombre», note toutefois Thibault Mercier, économiste à la BNP Paribas. Qui ajoute que le calcul du chômage structurel diffère d’un économiste à l’autre.

D’ailleurs, Éric Heyer, de l’OFCE, estime qu’il n’est que de… 6,5 % en France. «Les entreprises préfèrent actuellement recruter d’autres personnes. Mais si la croissance revient, elles finiront par embaucher des chômeurs de longue durée, qui ne sont peut-être pas parfaitement adaptés mais restent employables», explique-t-il.

Il est vrai que ces débats sur le niveau du chômage structurel sont politiques. Car pour résoudre ce chômage-là, il faut prendre des mesures favorables à l’offre: formation mais aussi baisse du coût du travail, flexibilité, révision des allocations-chômage, comme l’Allemagne dans les années 2000. Certaines données permettent tout de même d’affirmer que le chômage structurel est élevé en France: depuis les années 1980, le taux de chômage n’est jamais passé sous les 7,8 % (mise à part un point bas entre 7,2% et 7,4% de la fin 2007 et l’été 2008)! C’est donc que le marché du travail fonctionne mal.

Le gouvernement a tenté des réformes, comme la loi El Khomri, mais elles sont restées timides. Et pas sûr que le plan de 500.000 formations supplémentaires suffise à répondre au problème de qualification des chômeurs. Le prochain exécutif aura donc fort à faire.

Cécile Crouzel

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 10/03/2017

Le chiffre d’affaires de l’assurance a stagné en 2016

 

Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance

 

Dans un contexte jugé difficile, le chiffre d’affaires de la profession en France est resté quasiment stable. L’assurance vie baisse, la branche dommages connaît une faible progression. En revanche, l’activité progresse plus vite du côté de la complémentaire santé. Les comptes des assureurs ont été affectés par les inondations

La résilience du secteur de l’assurance est bien connue. Les sociétés dégagent, pour la plupart, des marges importantes, même quand la conjoncture devient difficile. Mais l’effet négatif d’une croissance économique faible peut se faire sentir sur le secteur avec retard. Ainsi, le chiffre d’affaires global de la profession (sociétés d’assurance, hors mutuelles 1945 et Institutions de Prévoyance)  a stagné en France, en 2016, selon les données communiquées ce jeudi, après une hausse de 4,2% en 2015.

« Ce sont des résultats très satisfaisants dans un contexte difficile qui montrent la solidité de notre secteur », a estimé jeudi Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance, lors d’une conférence de presse. Le chiffre d’affaires a diminué légèrement en assurance vie, progressé très lentement s’agissant des dommages (auto, habitation, entreprises), uniquement grâce aux particuliers, et augmenté plus sensiblement en santé.

Légère baisse du chiffre d’affaires en assurance vie

En assurance vie, après quatre années consécutives de croissance franche, les dépôts des épargnants sur leurs contrats d’assurance vie ont reculé de 0,6% à 134,7 milliards d’euros tandis que leurs retraits ont atteint 117,9 milliards d’euros, en progression de 5,2%.

Même si la collecte nette s’affiche à 16,8 milliards d’euros, elle ressort en net recul de 29% par rapport à celle de 2015. Les versements sur les fonds en euros, à capital garanti, ont été stables à près de 108 milliards d’euros, à l’instar de ceux sur les supports en unités de compte, plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, qui ont atteint 27 milliards d’euros comme l’an dernier.

Un rendement de l’assurance vie de 1,6% après inflation

Cette tendance s’explique par la baisse continue des taux servis sur les fonds en euros, le rendement moyen sur ce segment ayant nettement reculé en 2016 pour atteindre 1,8% en moyenne, contre 2,3% en 2015. Une fois l’inflation déduite, le rendement des contrats en euros est de 1,6% en 2016, contre 2,3% en 2016.  Le rendement moyen des unités de compte a, lui, baissé plus modérément tout en demeurant sensiblement supérieur, passant de 4,1% à 3,9% entre 2015 et 2016.

Au dernier trimestre, « il y a eu notamment une accélération des transactions immobilières, les gens anticipant une prochaine remontée des taux, ce qui explique une hausse des retraits », a expliqué à l’AFP le président de la FFA.

Les indemnisations augmentent plus vite que les recettes

Les deux autres grandes branches de l’assurance sont l’assurance maladie et l’assurance dommages (biens et responsabilité). Pour cette dernière, la profession enregistre une légère hausse du chiffre d’affaires (les cotisations perçues augmentent de 1,5%, contre +2,2% en 2015. Cette progression est due uniquement aux particuliers (+2,3%). Le chiffre d’affaires de l’assurance des entreprises et autres professionnels est, lui stagnant (+0,3%).  La hausse des cotisations encaissées par les assureurs a été sensiblement inférieure à l’augmentation des indemnisations (+7,5%). Une envolée des prestations versées qui tient notamment aux aléas climatiques.

Les inondations les plus coûteuses depuis 1982

Le secteur connu une année marquée par des événements climatiques majeurs qui lui ont coûté 2,3 milliards d’euros, dont 1,3 milliard au titre des inondations survenues en mai et juin dans la région parisienne, le centre et l’est. Jamais, depuis que la statistique existe (1982), les inondations n’avaient coûté aussi cher aux assureurs.

En moyenne, les aléas naturels (catastrophes naturelles, mais aussi indemnisations liées aux tempêtes, grêle, et à la neige) ont représenté un coût pour l’assurance de 1,8 milliard sur les 8 dernières années. 2016 se situe donc sensiblement au-dessus.

Quelque 91% des 172.000 sinistrés enregistrés à la suite de ces intempéries ont été indemnisés, souligne la FFA. Dans le détail, 800 millions d’euros ont été versés aux particuliers, 300 millions aux entreprises et 200 millions pour les récoltes agricoles. Particulièrement touché, le secteur agricole a été indemnisé à hauteur de 820 millions d’euros, un record, suite aux inondations et épisodes de grêle de l’an dernier.

« Il faut que la mutualisation soit mieux assurée et qu’on passe de 25% à 70% des exploitations agricoles assurées », a plaidé le président de la FFA. Pour parvenir à cet objectif, le responsable a appelé au transfert de 500 millions d’euros sur les 9,5 milliards d’euros de subvention de la Politique agricole commune.

13 millions de sinistres

Au total, les assureurs ont indemnisé 13 millions de sinistres l’an passé, les deux tiers d’entre eux étant liés à l’automobile. La hausse des accidents de la route et de la mortalité routière se traduit dans l’assurance par une augmentation annuelle de 4,8% du coût moyen des accidents corporels.

Le coût moyen des accidents matériels a également augmenté du fait de « la sophistication des matériels » automobiles, a souligné M. Spitz. Sur l’année, le coût total de ces accidents matériels dans l’automobile est évalué à 6,8 milliards d’euros. Conséquence: la rentabilité technique des assureurs ressort entamée avec un ratio combiné, soit l’indemnisation des sinistres et frais généraux rapportée aux primes perçues, dans l’automobile de 104 contre 103 l’an dernier. Dans l’habitation, le ratio combiné progresse également de deux points à 97.

Chiffre d’affaires en hausse pour la complémentaire santé

S’agissant de l’assurance maladie, les cotisations perçues sont en hausse sensible, pour les sociétés d’assurance (hors mutuelles et Institutions de prévoyance). La progression atteint 5%, grâce à un gain élevé du côté des contrats collectifs (+15%), logique avec l’entrée en vigueur de la complémentaire santé obligatoire en entreprise (tous les employeurs doivent la proposer à leurs salariés depuis le premier janvier 2016). En revanche, les cotisations liées aux contrats individuels baissent de 4%, ce qui apparaît tout aussi naturel. Selon toute probabilité, les sociétés d’assurance ont encore gagné des parts de marché sur les mutuelles et Institutions de prévoyance, en 2016, le chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur des complémentaires santé n’ayant pas augmenté de 5%.

51% des assurés en France sont encore couverts par des contrats individuels, même si cette proportion s’inscrit, bien sûr,  en forte baisse (elle était de 58% en 2013). 49% des bénéficiaires d’une complémentaire santé le sont donc via un contrat collectif, contre 42% en 2013. Le basculement de l’individuel vers le collectif a donc lieu, mais beaucoup plus lentement que prévu.

A cet égard, la FFA estime que 95% des patrons de TPE, très concernées par la complémentaire santé pour tous, offrent désormais une telle assurance à leurs salariés. En décembre, Harmonie Mutuelle, la première mutuelle santé, estimait au contraire que 20% des entreprises ne jouaient pas le jeu…

 

LE PARISIEN – 10/03/2017

Concurrence : SFR écope d’une nouvelle amende de 40 millions d’euros

 

SFR compte 512 000 abonnés de moins sur toute l’année 2016, comparé à 2015.

Pour la troisième fois, l’Autorité de la concurrence a condamné l’opérateur à une amende pour non-respect des engagements pris à la suite de son rachat par Numericable.

40 millions d’euros. C’est le montant de la nouvelle amende que l’Autorité de la concurrence vient d’infliger à SFR. Les motifs ? Ne pas avoir respecté des engagements pris lors de son rachat par Numericable. Ce dernier avait en effet réussi à s’emparer de SFR en mars 2014 à l’issue d’une bataille homérique contre Bouygues Télécom.

Le rachat s’est monté à 13,36 milliards d’euros, versés à Vivendi, et a donné naissance au groupe Numericable-SFR, rebaptisé depuis SFR. Sauf que l‘Autorité de la concurrence avait posé quatre conditions, en échange de son feu vert, qui n’ont, semble-t-il, pas été respectées. Résultat : c’est la troisième fois que les Sages de la Rue de l’Echiquier (Paris Xe) sanctionnent SFR.

Le groupe Altice, maison mère de l’opérateur, avait en effet écopé, en avril 2016, d’une première amende de 15 millions d’euros dans le cadre de la cession d’Outremer Télécom à la Réunion et à Mayotte. Puis une deuxième fois en novembre 2016, d’une amende supplémentaire de 80 millions d’euros, pour avoir anticipé le rachat de Numericable en lançant prématurément les opérations de fusion. Et cela avant même que l’Autorité n’ait rendu son avis. Aujourd’hui, SFR se voit donc dans l’obligation de verser 40 millions d’euros supplémentaires. Soit un montant total de 135 millions d’euros. L’Autorité reproche en particulier à l’opérateur de ne pas avoir respecté les engagements relatifs à un contrat de coinvestissement dans le déploiement de la fibre jusqu’au domicile (FTTH), pourtant signé en 2010 avec Bouygues Télécom.

Résultats en demi-teinte

L’opérateur n’a réalisé qu’une petite moitié des raccordements prévus par le planning. L’Autorité pointe également «une maintenance dégradée» avec en particulier des «délais de traitement des incidents manifestement excessifs», susceptibles de porter préjudice à Bouygues Télécom. De son côté, SFR conteste la décision et exprime le souhait de faire appel. Il dispose néanmoins de douze mois pour réaliser ses engagements, qui seront suivis par un mandataire nommé par l’Autorité, chargé de remettre un rapport tous les trois mois.

En cas de non-respect des engagements, les sanctions envisageables peuvent aller jusqu’à un retrait de l’autorisation de l’opération de rachat de SFR par Numericable. Une menace qui tombe mal, alors qu’Altice et SFR ont présenté mercredi leurs bilans annuels pour 2016. Les résultats du groupe sont en demi-teinte en France. Car, si la clientèle est revenue, en fin d’année, côté mobile, SFR compte néanmoins 512 000 abonnés de moins sur toute l’année 2016, comparé à 2015. Et le fixe souffre toujours d’une désaffection continue de la clientèle, malgré la progression des déploiements en très haut débit. Sur l’année, les revenus de SFR ont reculé de 0,4 %, à 10,991 milliards d’euros, contre 11,039 milliards d’euros en 2015.

Erwan Benezet

 

 

LE FIGARO – 10/03/2017

Les entreprises du CAC 40 en bonne forme en 2016

INFOGRAPHIE – Les groupes qui composent l’indice phare de la Bourse de Paris ont dégagé l’an dernier plus de 76 milliards d’euros de profits : c’est un net rebond de 33,7% par rapport à l’exercice 2015.

Il faut se méfier des chiffres. Ils ne disent pas toujours la vérité ou, du moins, pas toute la vérité. Ainsi, le bilan de l’année 2016 pour les entreprises du CAC  40, les plus grandes cotées en France, laisse-t-il croire que l’exercice écoulé a été un long fleuve tranquille. En données cumulées, ces entreprises ont en effet dégagé quelque 76,4 milliards d’euros de profits, 33,7% de plus qu’en 2015.

Comme si les chocs de 2016, les événements terroristes, le Brexit, l’élection de Donald Trump, n’avaient eu aucune prise sur la vie économique… En réalité, les entreprises tentent de se jouer de cette instabilité qui est devenue la norme, avec des activités et des géographies toujours plus diversifiées et une attention à leurs coûts qui reste rigoureuse.

Le rebond des profits constaté en 2016 est en fait le fruit de deux évolutions. D’une part, aucune entreprise du CAC 40 n’a publié l’an dernier de lourdes pertes. Alors qu’en 2015, l’agrégation des profits de ces sociétés avait été lestée par les dépréciations massives qui avaient plongé dans le rouge ArcelorMittal, Engie et LafargeHolcim. À eux trois, ces groupes avaient alors affiché plus de 13 milliards d’euros de déficit. En 2016, le CAC 40 a limité la casse, avec trois groupes en pertes pour cause de dépréciations – Engie, de nouveau, Nokia, après l’acquisition d’Alcatel-Lucent, et Publicis, après celle de Sapient – mais dans des proportions beaucoup plus modestes.

Et, à défaut d’avoir constaté une forte croissance de leur chiffre d’affaires, les entreprises du CAC 40 ont dans leur ensemble réussi à faire croître leur rentabilité. Une meilleure forme spectaculaire pour certaines, comme les constructeurs automobiles PSA et Renault, ainsi que Michelin. Les opérateurs télécoms Orange et Bouygues ont eux bénéficié de l’apaisement de la concurrence sur le marché français, quand bien même celui est resté à quatre opérateurs. «L’épisode boucherie est terminé», a plaisanté Martin Bouygues.

Les entreprises financières, qui pèsent lourd dans le CAC 40, ont aussi connu une belle année, malgré les taux bas. BNP Paribas et Axa sont ainsi respectivement les numéros un et trois du palmarès 2016 des profits. Total rétrograde en deuxième position, évidemment pénalisé par la faiblesse des cours du pétrole, mais avec un bénéfice de 5,9 milliards, tout même en hausse de 21,8%.

Le dynamisme du CAC 40 a souvent été alimenté par celui du marché européen, plus rarement par celui de l’activité française. Les effets de change (dollar et livre sterling) ont affecté les évolutions des revenus. La conjoncture américaine a parfois été compliquée à négocier pour certaines entreprises, qui ont dû composer avec une forme d’attentisme au second semestre, en période électorale. Pour d’autres, notamment les champions du luxe LVMH et Kering, ainsi que pour L’Oréal, l’Amérique a en revanche été l’an dernier une terre de croissance record.

Le bilan de 2016 est ainsi plutôt flatteur, même s’il est à relativiser. Avec 76,4 milliards d’euros de profits, le CAC 40 retrouve simplement son niveau de 2012. Il reste à bonne distance de son record de 2007, à près de 100 milliards.

Fusions, acquisitions et cessions en série

Et la prudence prévaut pour l’année en cours, même si les objectifs financiers prévoient encore une progression de l’activité et des profits. Car les entreprises se préparent plus que jamais à naviguer dans des eaux que le risque politique peut venir troubler à tout moment. Bernard Arnault a ainsi mis en garde contre les risques de «guerre commerciale, de guerre des douanes et de guerre des changes» qui pèsent sur l’économie mondiale. D’autres dirigeants abordent avec circonspection l’échéance électorale de la présidentielle en France, dont le résultat leur paraît incertain ainsi que la capacité du vainqueur, quel qu’il soit, à trouver une majorité solide pour mettre en œuvre son programme.

Mais la somme des aléas ne paralyse pas les entreprises. Au contraire, les champions français du CAC 40 font, dans cette période charnière, preuve d’une grande agilité et multiplient les opérations. Beaucoup s’attaquent à rectifier leurs frontières, avec des cessions d’actifs réalisées ou à l’étude dans le secteur de l’énergie, chez Engie (centrales à charbon, exploration production…) ou Total (Atotech), ou encore chez Sanofi (médicaments matures, voire génériques) et L’Oréal (The Body Shop).

Mais, parallèlement, le CAC 40 s’est illustré ces dernières semaines par de nombreuses acquisitions d’envergure. Amundi, filiale du Crédit agricole, a racheté Pioneer. Essilor s’est marié avec l’italien Luxottica. Safran a lancé une offre sur Zodiac. Et cette seule semaine a été marquée par l’annonce du rachat d’Opel par PSA et de GE Water par Suez.

Bertille Bayart

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 10/03/2017

Présidentielle: les syndicats à la rue

La campagne déboussole les organisations syndicales, perturbées par le succès des thèses du FN auprès de leurs adhérents, gênées par les ambiguïtés du programme Macron, remontées par le revenu universel de Hamon…

Pour François Fillon, Gérard Larcher reprend son second round de concertations avec les partenaires sociaux (après une première salve en décembre). Les équipes d’​Emmanuel Macron prennent aussi contact avec les leaders syndicaux et patronaux. De leur côté, les centrales préparent leur carnet de revendications à l’attention des candidats. Les organisations patronales, elles, invitent les postulants à l’Elysée à présenter leur programme devant les dirigeants. La CPME l’a fait la semaine dernière, le Medef le fera fin mars.

En fin d’année dernière, les partenaires sociaux s’étaient tous préparés à l’alternance. Chez les syndicats, on aurait préféré qu’Alain Juppé gagne la primaire de la droite et du centre, car le programme porté par le maire de Bordeaux était nettement moins dur que celui de François Fillon. Mais chacun s’était fait une raison devant la victoire de l’ancien Premier ministre. Le patronat se frottait les mains, les syndicats se préparaient à l’offensive. D’autant plus que les mesures à combattre étaient classiques : fin des 35 heures, report de l’âge de départ à la retraite, réduction du nombre de fonctionnaires… Les argumentaires étaient déjà prêts, il n’y avait plus qu’à les ressortir.

Pour infléchir la purge libérale à venir, les syndicats pariaient sur un médiateur de poids, Gérard Larcher. En confiant au président du Sénat le soin de recevoir les partenaires sociaux, François Fillon les avait quelque peu rassurés. La plupart des leaders connaissent depuis longtemps l’ancien maire de Rambouillet. La relation de confiance s’était établie lorsqu’il était ministre du Travail, en 2007. Et puis personne n’imaginait être trahi par celui qui a porté une loi en faveur du dialogue social

Oui, mais voilà, la donne a changé. Avec le Penelopegate, Gérard Larcher a un temps pris ses distances avec François Fillon. Alors qu’il recevait un à un les chefs de file syndicaux et patronaux, certains rendez-vous ont tout d’un coup disparu des agendas. « Il y a eu un flottement, on l’a senti », raconte un leader syndical qui a vu la rencontre prévue s’annuler, puis être reportée. Aujourd’hui, ils s’interrogent : Gérard Larcher aura-t-il la même capacité à murmurer à l’oreille de François Fillon ? « Ces dernières semaines, Fillon a montré son entêtement. S’il est élu, il risque d’être jusqu’au-boutiste, y compris en matière sociale ; ça va saigner », s’inquiète un responsable syndical national.

Inquiétudes. Dans les centrales, les états-majors sont inquiets, mais aussi déboussolés. Car en face, qui peut porter leurs revendications ? Traditionnellement classés à gauche, les syndicats sont cette année décontenancés par le gagnant de la primaire socialiste. De la CGT à la CFDT, en passant par FO, personne ne croit à la mesure phare défendue par Benoît Hamon : le revenu universel. Le manque de crédibilité de l’ancien ministre de l’Economie sociale et solidaire joue aussi. Cette méfiance éclipse presque les positions du candidat sur la loi Travail, et notamment sa remise en cause de l’inversion de la hiérarchie des normes à laquelle les syndicats sont pourtant si attachés.

Contrairement à ses prédécesseurs de 2007 et 2012, Benoît Hamon n’a pas pris beaucoup de contacts avec les centrales, notamment pour bâtir son programme. Il ne bénéficiera pas d’une consigne de vote en sa faveur de la part de Philippe Martinez. En 2012, le numéro un de la CGT Bernard Thibault avait appelé à voter François Hollande face à un Nicolas Sarkozy fustigeant les corps intermédiaires. Mais si Philippe Martinez a promis qu’il ferait vœu de silence, c’est aussi parce que cette année, le cégétiste sait que ses adhérents se sentent plus proches de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon que du PS.

Quant à l’invité surprise de cette présidentielle, Emmanuel Macron, il ne fait pas non plus recette chez les syndicats. Il s’attire les foudres de FO et de la CGT, et divise les réformistes. Avec sa promesse d’étatiser l’assurance chômage, qui leur enlèverait une importante prérogative, le leader d’En Marche ! fait la quasi-unanimité contre lui, y compris dans les organisations patronales. Et si Jean Pisani-Ferry, chargé de coordonner son programme, reçoit actuellement les équipes des partenaires sociaux, il ne les rassure guère « Il y a des idées intéressantes dans le programme Macron, mais aussi beaucoup d’impensés et de zones grises », soulignent des membres du Medef et de la CFDT.

Impuissance. Enfin, patronat et syndicats constatent avec une forme d’impuissance l’intérêt de leurs troupes pour les thèses de Marine Le Pen. Avec un programme intitulé « Au nom du peuple » qui promet le retour de la retraite à 60 ans, l’embauche de fonctionnaires ou encore la défense des services publics, la candidate frontiste séduit les ouvriers et les employés. « Que répondre aux camarades qui nous disent que 80 % de nos revendications sont aujourd’hui portées par le FN ? Objectivement, c’est vrai », se désole un membre de Force ouvrière. Même désarroi du côté de l’U2P (ancienne UPA), de la CPME ou même du Medef : avec ses sorties sur la simplification de l’économie ou la fin du régime social des indépendants RSI, elle séduit les artisans, les commerçants…

En période de campagne présidentielle, les syndicats n’ont pas pour habitude de donner de consignes de vote. « Mais cette année, ils prennent davantage part à la campagne. Car au FN, à droite, mais aussi au centre, les programmes sont plutôt très anti-dialogue social », commente Stéphanie Matteudi, spécialiste des questions sociales, directrice d’ADS. En témoignent les plateformes de revendications à l’attention des candidats. FO a présenté la sienne le 20 février, la CFDT le fera le 20 mars.

Manifesteront-ils tous côte à côte, comme en 2002 (à l’exception de FO), contre la candidate frontiste si celle-ci est au second tour ? La question les embarrasse. A la CGT, pour Philippe Martinez, le sujet est délicat. S’il ne mâche pas ses mots contre l’extrême droite, il sait aussi qu’une partie de ses adhérents est aspirée par le FN. A la CFDT, à chaque fois qu’il en a l’occasion, Laurent Berger monte aussi au créneau, mais ce n’est pas dans ses rangs que les idées frontistes séduisent le plus.

Les organisations patronales sont également gênées aux entournures. Elles ont pour habitude d’inviter les postulants à l’Elysée à plancher devant leurs adhérents. La CPME l’a fait lundi dernier. Changement notable, cette année, pour la première fois, le Medef a convié Marine Le Pen. Fin mars, elle viendra dérouler son programme Avenue Bosquet, au même titre que François Fillon ou Emmanuel Macron.

Fanny Guinochet

 

 

LE MONDE – 10/03/2017

Entre Macron et Hamon, les faux-semblants de la bataille des soutiens

Ralliement de Bertrand Delanoë au prétendant d’En marche !, ambiguïté de Claude Bartolone… à gauche, une guerre des nerfs s’est déclenchée entre les deux candidats.

Devine qui vient prendre le café ? La rencontre surprise, jeudi matin, entre Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon, au QG de campagne du candidat socialiste, illustre les manœuvres en cours à gauche, alors qu’une guerre des nerfs politique s’engage entre le député des Yvelines et Emmanuel Macron à sept semaines du premier tour de la présidentielle.

La visite du premier ministre était plus que bienvenue pour M. Hamon, toujours à la peine pour se dégager du rang fatal et humiliant de quatrième homme de l’élection, alors que le leader d’En Marche continue d’enregistrer de bons sondages, l’installant à la deuxième place.

  1. Cazeneuve n’a pas clairement exprimé son soutien au vainqueur de la primaire de janvier, mais sa venue a été largement mise en scène et exploitée par l’équipe Hamon. « Que le chef du gouvernement se déplace en personne, ça fait sens », explique Jérôme Guedj, le porte-parole du candidat socialiste, qui y voit un appui, certes non dit, mais réel. Sur place, le premier ministre a pourtant répété à M. Hamon qu’il devait représenter dans la présidentielle l’ensemble du PS et assumer le bilan du quinquennat. « Il faut rassembler toute sa famille politique (…) Il faut inscrire l’espérance qu’il incarne dans la continuité de ce qui a été fait de positif pendant ce quinquennat », a-t-il précisé.

Ce conseil-avertissement intervient alors que de nombreux élus et responsables socialistes ne cachent plus leur envie de soutenir M. Macron. A la fois parce que l’ancien ministre de l’économie est mieux placé dans les enquêtes d’opinion pour affronter Marine Le Pen au second tour, et parce qu’il incarne une ligne politique plus en harmonie avec leurs idées que celle de l’ancien frondeur.

« Pas d’accord »

Le ralliement, mercredi, de l’ex-maire de Paris Bertrand Delanoë à M. Macron, est un signal d’alarme pour le camp Hamon, après les menaces agitées par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, ou des ministres proches de Manuel Valls. Les prochaines semaines vont être décisives pour le candidat socialiste, afin d’éviter qu’une partie des troupes ne bascule dans le giron macroniste.

Mais l’équation n’est pas si simple dans le détail. M. Macron, qui cherche à incarner le plus longtemps possible une candidature non partisane, doit éviter également d’enregistrer l’arrivée d’une masse de ralliés socialistes, au risque de se déporter trop à gauche. Pour preuve, le projet d’un appel en sa faveur des parlementaires dits « réformateurs » – qui représentent l’aile droite du PS – révélé jeudi par Le Figaro. Aussitôt l’information connue, son initiateur, le député socialiste Christophe Caresche, a démenti toute démarche en ce sens dans les prochains jours. « C’est une fuite malencontreuse, mais rien n’est acté pour l’instant », a expliqué l’élu parisien au Monde.

Cet atermoiement prouve que les anti-Hamon du PS, au gouvernement comme dans la majorité, ne sont pas forcément les bienvenus chez les pro-Macron. « Il n’y aura pas d’accord d’appareil ou de sensibilité, un ralliement ne peut se faire que sur l’offre politique proposée », a précisé jeudi Benjamin Griveaux, porte-parole d’En Marche !.

Risque de « majorité instable »

En déplacement en Gironde, M. Macron a confié à des journalistes qui l’accompagnaient, que le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian est le seul membre de l’exécutif qu’il serait prêt à prendre à ses côtés. Pas un mot en revanche pour Ségolène Royal, Stéphane Le Foll ou Marisol Touraine, ou pour les ministres proches de M. Valls, qui pourraient être eux aussi tentés de le soutenir.

De leurs côtés, les députés PS désireux de passer sur la rive Macron rechignent encore. En jeu, leurs investitures aux prochaines législatives, alors que la rue de Solférino ne dit toujours pas clairement quel sort leur sera réservé en cas de défection. Dans cette présidentielle inédite, beaucoup préfèrent attendre que le paysage se stabilise davantage avant de faire le grand saut.

Invité jeudi soir de l’Emission politique, sur France 2, M. Hamon a balayé les choix de ces responsables qui « déguerpissent » chez son concurrent, mettant en avant sa « légitimité » acquise par la primaire de la gauche et sa volonté de « tourner la page avec le passé ». Le candidat socialiste a préféré attaquer M. Macron sur sa capacité à gouverner, dénonçant son « impréparation » et le risque, en cas de victoire de l’ancien banquier, d’une « majorité instable », allant « de Robert Hue à Alain Madelin ».

« Les ralliements socialistes à Macron viennent pour l’instant de personnalités individuelles, il n’y a pas de processus collectif », minimise le député Mathieu Hanotin, directeur de campagne de M. Hamon, qui se rassure en affirmant que « de telles initiatives ne sont pas déterminantes aux yeux des citoyens, ce qui compte, ce sont les idées et le projet ».

Hommage aux ministres

Mais l’entourage du candidat socialiste craint que la possible litanie à venir des ralliements macronistes n’affaiblisse encore sa campagne. « Ceux au PS qui veulent la défaite de Hamon vont entretenir tous les jours le poison médiatique des départs éventuels. Il faut que Benoît casse ce feuilleton en coupant net avec eux », explique l’écologiste Yannick Jadot.

Le député des Yvelines reste fidèle à ses engagements de la primaire, mais il insiste désormais sur les mesures en faveur du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires dans son programme. Un focus plus à même de convaincre beaucoup d’élus de son camp. Surtout, il prend soin, dans ses discours, de rendre des hommages appuyés à différentes figures du gouvernement. Ainsi de Ségolène Royal, qui « a éclairé le chemin » sur les enjeux écologiques, Marisol Touraine, qui a « porté l’acquis social du quinquennat », ou Jean-Yves Le Drian, qui a été « un des plus grands ministres de la défense ».

S’il veut s’imposer comme central à gauche, à quarante-quatre jours du premier tour de la présidentielle, M. Hamon a compris qu’il doit envoyer des signaux à la gauche sociale-démocrate et plus seulement à la gauche écologiste ou citoyenne. « Faire entrer des émetteurs plus rassurants nous rendra plus audible », résume un membre de son équipe.

Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

LA TRIBUNE – 10/03/2017

Revenu universel : Benoît Hamon se pose en candidat de « la feuille de paie »

 

Benoît Hamon, candidat socialiste à l’élection présidentielle, a dit vouloir attaquer « la feuille de paie » et augmenter le salaire net grâce à son projet de revenu universel, qu’il a modifié pour les 18-25 ans jeudi soir sur France 2.

Interrogé lors de l’Emission politique sur la mise en place de sa proposition de revenu universel, M. Hamon a déclaré vouloir « d’abord proposer une étape qui permet à 80% des salariés français, des travailleurs indépendants, des commerçants, artisans, de voir leur travail revalorisé par un gain net sur la feuille de paie ».

« J’attaque la feuille de paie, j’augmente le salaire net« , a martelé le candidat socialiste, comme en écho à son ancien rival de la primaire et désormais soutien Arnaud Montebourg, qui s’était posé en « candidat de la feuille de paie » durant la primaire.

« 600 euros quand on n’a rien »

Concrètement, M. Hamon souhaite « que les 18-25 ans et l’ensemble des salariés » touchant « jusqu’à 1,9 SMIC perçoivent un revenu universel ». Son montant « sera de 600 euros quand on n’a rien », et sera « dégressif » pour ceux percevant un revenu « jusqu’à 1,9 SMIC ».

En janvier, M. Hamon comptait attribuer ce revenu universel à l’ensemble des 18-25 ans, sans conditions de ressources, « pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle ». Selon sa proposition présentée jeudi, « la conséquence sur la feuille de paie », pour « un couple au Smic » sera de « 386 euros » nets mensuels, a argumenté le député des Yvelines. « Pour un étudiant qui travaillerait un jour sur cinq, le gain net sera de 500 euros » par mois, a-t-il poursuivi.

« 35 milliards d’euros » pour la mise en place

  1. Hamon a chiffré la mise en place de cette première étape à « 35 milliards d’euros« , « en-deçà du pacte de responsabilité et du CICE« , instaurés par François Hollande et d’un coût d’environ 41 milliards d’euros. « Derrière, il y a d’autres étapes », a souligné M. Hamon, désireux d’installer « une conférence citoyenne, sociale, pour en discuter ».

Cette conférence « peut discuter de l’élargissement de ceux qui seront les bénéficiaires. Doit venir demain l’étape qui permettra le versement du revenu universel aux retraités« , a-t-il ajouté, se défendant d’avoir changé en cours de route le calendrier d’application de cette proposition qui a marqué lors de la primaire PS élargie.

« Trouvez une déclaration de Benoît Hamon qui disait pendant les primaires qu’il s’engageait pour autre chose que cette première étape », a lancé ce député des Yvelines et ancien ministre.

REPLAY sur France 2 : http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/l-emission-politique/l-emission-politique-du-jeudi-8-decembre-2016_1948665.html

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 10/03/2017

L’Europe impuissante à surmonter le choc du Brexit

VIDÉO – Les Européens sont en plein doute face à l’imminence du Brexit et à la fragmentation de l’UE pronostiquée par Trump.

Le mois dernier, à Malte, lorsqu’Angela Merkel et François Hollande ont poussé l’idée que certains pays de l’UE «puissent avancer plus rapidement que d’autres», une voix s’est levée dans le huis clos du sommet: «Certes! Mais qu’est-ce qui vous en empêche aujourd’hui?» La réponse est dans la question: l’Europe à plusieurs vitesses est gravée depuis 1997 dans le marbre du traité d’Amsterdam et un recul de vingt ans montre que ce n’est ni un accélérateur infaillible, ni la courroie d’entraînement escomptée.

«Géométrie variable», «intégration différenciée», «cercles concentriques» ou vitesses plurielles, le débat ressurgit par intervalles, surtout lorsque le projet européen semble en panne. C’est presque une vieille ficelle, en tout cas le signal du désarroi au sommet et de l’absence d’idées neuves. À deux semaines de la célébration des 60 ans du traité fondateur, à Rome le 25 mars, l’Europe a des raisons de se poser des questions. L’imminence du divorce britannique, la désintégration de l’UE pronostiquée par le président américain Donald Trump ou encore le grignotage à ses marches entamé par Vladimir Poutine nourrissent une inquiétude quasi existentielle.

À l’intérieur de ses frontières, l’UE ne manque pas de blocs, de cliques et autres clubs noués par la géographie et/ou la convergence d’intérêts. Lundi, le mini-sommet de Versailles a mis en lumière un nouveau quatuor, l’Italie et l’Espagne venant renforcer un «axe» franco-allemand réputé incontournable.

Dans la mosaïque, il faudrait évoquer aussi le «Club Med», enfant de la crise eurobudgétaire (France, Italie, Espagne et Grèce), le cénacle des six pays fondateurs, le Conseil nordique des Scandinaves, le trio des Baltes, le Benelux, et surtout le Groupe de Višegrad, vrai franc-tireur (la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et bien sûr l’intraitable Pologne de Jaroslaw Kaczynski).

L’UE à géométrie variable, elle, existe déjà grandeur nature, bien qu’elle cache en grande partie son jeu. Au sens du fameux traité, la «coopération renforcée» permet à neuf pays – au moins – d’aller seuls de l’avant sur un projet précis si le soutien de tous est impossible et, ce, sans que le reste de l’union puisse s’y opposer. En 2010, 14 capitales ont inauguré la méthode en simplifiant entre eux le divorce des couples binationaux. L’année suivante, 25 États ont lancé le brevet européen. Ce jeudi soir, à Bruxelles, tous les pays de l’UE devaient s’engager pour la création d’un parquet européen, instance judiciaire commune à l’exception de la Suède, coincée par ses lois fondamentales.

Contourner la règle de l’unanimité

La coopération renforcée présente un gros avantage politique. Elle permet de contourner, en équipe réduite, une contrainte souvent paralysante: la règle de l’unanimité, qui continue de s’imposer à l’UE tout entière sur ce qui touche la sécurité, les impôts, la protection sociale, la politique étrangère et, bien sûr, la révision des traités européens. Un seul veto sur 28 suffrages et tout se retrouve plombé. «La dernière voiture bloque et c’est le train entier qui se retrouve à l’arrêt», résume un ambassadeur.

Au-delà d’avancées modestes comme le divorce et le brevet, les deux ressorts les plus puissants de l’Europe à plusieurs vitesses ne doivent rien à la coopération renforcée, mais ils crèvent les yeux: il s’agit de la zone euro (19 États de l’UE sur 28) et de l’espace sans passeport de Schengen (26 pays, dont 22 appartenant à l’UE). La chancelière Merkel et le président Hollande vendent comme du neuf un chemin rebattu. Ils pourraient y ajouter bientôt un troisième périmètre, aussi élastique: l’Europe de la défense, une idée revenue en force grâce au président Trump et à ses doutes sur l’avenir de l’Otan.

Ces cercles qui se recoupent dressent les uns contre les autres ceux qui veulent être dedans, parce qu’ils sont pressés, et ceux qui craignent d’être rejetés en dehors, comme des Européens de seconde zone. Jean-Claude Juncker a relancé le débat en demandant aux 27 qui resteront après le Brexit d’assumer leur responsabilité. Les options dévoilées par le chef de la Commission vont d’une intégration plus rapide, soutenue par quatuor de Versailles, à la «renationalisation» de certaines compétences bruxelloises, souhaitées par le groupe de Višegrad. L’Europe à géométrie variable n’est pas un objectif en soi. C’est un moyen d’accommoder les contrastes.

Un ferment de division

C’est aussi une arme à double tranchant, un ferment de division, quand l’UE veut afficher un «front commun» face à l’instabilité et aux défis qui l’assaillent. Après s’être avancé sur l’Europe plurielle, Jean-Claude Juncker fait un pas de côté en signalant qu’il ne privilégie aucune piste. Même mise au point du côté français, où l’on souligne qu’il «ne s’agit surtout pas d’exclure», en laissant certaines capitales sur le bord de la route. «L’accord à 27 doit rester la règle et la formation réduite l’exception, quand c’est l’unique façon d’avancer», insiste un responsable européen. La déclaration du sommet de Rome, qui fixera pour dix ans le cap de l’UE sans Royaume-Uni, se gardera de mentionner l’Europe à plusieurs vitesses, d’après un document préparatoire consulté par Le Figaro.

L’expérience de l’Eurozone et de Schengen prouve aussi que le volontariat et la mobilisation d’une avant-garde ne font pas disparaître par enchantement les obstacles qui peuvent paralyser les chantiers à 28. Au contraire. Depuis des années, l’Union monétaire fait du surplace en raison d’un profond désaccord franco-allemand sur la gouvernance de l’euro et sur un budget qui lui serait propre. C’est précisément l’«empêchement» que l’interlocuteur d’Angela Merkel et de François Hollande invoquait au sommet à Malte. De même façon, la crise des réfugiés a fait surgir à l’intérieur de l’espace Schengen des barrières physiques et des blocages politiques toujours insurmontés (Grèce, Italie, Hongrie, Slovaquie, Autriche, etc.)

À l’inverse, l’approche à Vingt-Huit, dite «communautaire», vient d’afficher coup sur coup des succès inespérés, notamment sur le thème électoralement porteur de la lutte contre l’évasion fiscale. D’un bout à l’autre de l’UE, l’échange de données bancaires sur les revenus du capital est devenu obligatoire, tout comme la transparence sur les «cadeaux» fiscaux consentis aux multinationales. En attendant peut-être une assiette européenne commune de l’impôt sur les sociétés, qui permettait de taxer les profits là où ils sont générés.

Paradoxalement, la seule initiative fiscale restée en rade est l’œuvre de l’Europe à deux vitesses: la taxe sur les transactions financières, censée être l’antidote des faillites bancaires. Lancée il y a cinq ans par douze des vingt-huit capitales – dont Paris, Berlin, Madrid et Rome – elle est moribonde et risque à tout moment de passer sous le seuil critique des neuf adhésions. Un ambassadeur résume: «Le problème de l’Europe, c’est moins la vitesse que l’absence de direction.»

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/03/09/01003-20170309ARTFIG00316-l-europe-impuissante-a-surmonter-le-choc-du-brexit.php

 

Jean-Jacques Mével

 

 

LES ECHOS – 10/03/2017

BCE : Draghi défend l’intégrité et l’irréversibilité de l’euro

 

Les échéances politiques du printemps en Europe ne donnent pas encore de sueurs froides à Mario Draghi.

Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté « irréversible » de la monnaie unique

La bataille sur le front de l’inflation n’est pas encore gagnée. Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté «  irréversible  » de la monnaie unique.

Les échéances politiques du printemps en Europe ne donnent pas encore de sueurs froides à Mario Draghi. Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté « irréversible » de la monnaie unique, à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Il a même insisté en soulignant que « l’euro est perçu comme un pré-requis au marché unique », une façon de souligner la capacité de la devise à dynamiser l’Union européenne. La seule question à se poser est « comment assurer la prospérité économique », de manière à rendre l’euro plus résistant aux chocs, sachant que le banquier central se focalise, lui, sur l’inflation. Et, à ce sujet, la bataille progresse mais n’est pas encore gagnée.

Exercice d’autosatisfaction

Mario Draghi, la mine détendue, s’est livré à un exercice d’autosatisfaction en énumérant les bienfaits de la politique monétaire menée depuis trois ans pour soutenir la croissance, l’emploi et les prix. Malgré tout, le conseil de la BCE a décidé, à l’issue d’un débat décrit comme « consensuel » par Mario Draghi, de ne rien changer au dispositif en cours : les taux restent fixés au plus bas et il a été répété qu’ils pourraient encore baisser. Quant au programme d’achats d’actifs lancé il y a exactement deux ans, il a rempli son objectif d’éloigner le risque de déflation, moyennant 1.700 milliards d’euros déversés sur les marchés à ce jour, et 620 milliards à venir d’ici à décembre 2017.

N’en déplaise aux critiques en Allemagne , qui ne voient plus l’utilité, à l’heure actuelle, de ces rachats d’actifs, le débat sur leur arrêt n’est toujours pas entamé. Avant cela, la BCE veut constater un « ajustement durable du taux d’inflation, et nous ne le voyons pas encore », a martelé Mario Draghi. La hausse, en février, à 2 % est largement liée aux prix du pétrole, tandis que l’inflation hors énergie est restée molle, ne décollant pas de 0,9 %.

Une posture plus positive

La BCE a toutefois entamé un léger virage dans sa communication, histoire de donner des gages aux adeptes d’une politique monétaire moins expansive. L’institution ne se dit plus prête à « utiliser tous les instruments à sa disposition » afin de remplir ses objectifs, ce passage ayant été retiré de son communiqué par rapport à celui de janvier. « Le sentiment d’urgence n’est pas présent », a justifié l’Italien. Illustration immédiate, la BCE n’a pas annoncé de nouvelle vague de prêts à long terme et à très bon marché octroyés aux banques, qui sont encouragées à les prêter à leur tour à l’économie.

Dans la période à venir, l’institution francfortoise craint en premier lieu les risques géopolitiques, ceux liés à des facteurs intérieurs devant rester contenus. La BCE a adopté, in fine, une posture plus positive, ce que reflètent ses prévisions de PIB et d’inflation, revues à la hausse surtout en 2017 (1,7 % d’inflation, au lieu de 1,3 % prévu en décembre).

Pour la suite, certains tablent sur l’annonce, après l’été, d’un ralentissement par paliers des rachats d’actifs, effectif à partir de 2018.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LES ECHOS – 10/03/2017

Chômage frontalier : le changement de règle qui peut rapporter gros à la France

 

Une réforme par la, Commission européenne de la couverture chômage des 1,3 millions de salariés frontaliers (résidant dans un Etat et travaillant dans un autre) pourrait faire économiser plusieurs centaines de millions d’euros par an à l’Unédic

Bruxelles veut transférer à l’Etat d’accueil la couverture chômage des frontaliers. Le système actuel a coûté 600 millions à la France en 2016.

Merci Bruxelles ? Tandis que les partenaires sociaux français relancent la négociation sur l’assurance-chômage , en déficit de 4,2 milliards d’euros l’an passé, un coup de main salutaire pourrait arriver de la Commission européenne. Son projet de refonte du réglement de coordination des systèmes de sécurité sociale, présenté en décembre, prévoit une réforme de la couverture chômage des 1,3 millions de salariés frontaliers (résidant dans un Etat et travaillant dans un autre) qui pourrait en effet faire économiser plusieurs centaines de millions d’euros par an à l’Unédic.

Un coût net de 600 millions d’euros pour l’Unédic

Aujourd’hui, quand un Français résidant par exemple à Strasbourg et travaillant outre-Rhin est licencié, c’est la France qui lui verse ses allocations, aux mêmes conditions que s’il y avait travaillé, et ce bien qu’il ait cotisé en Allemagne et y ait été, en principe, imposé. L’Allemagne doit verser à la France une compensation, mais elle est plafonnée à trois à cinq mois d’allocations. C’est peu comparé à la durée moyenne du chômage. Dans un rapport financier publié en septembre, l’Unédic alerte : en 2015, il a versé 770 millions d’euros d’allocations à 34.000 bénéficiaires du système et n’a reçu que 170 millions des Etats où ils ont perdu leur emploi. Soit un coût net de 600 millions, deux fois plus qu’il y a dix ans.

Les deux tiers de l’addition viennent de Suisse

Les deux tiers de l’addition se concentre sur la Suisse (concernée en vertu d’un accord bilatéral avec l’UE), où l’érosion de la croissance a fait des dégâts parmi les nombreux frontaliers français. Ils coûtent d’autant plus cher à l’Unedic que leurs allocations sont calculées d’après des salaires perçus en Suisses, où ils sont bien plus élevés.

La révision prévue par la commissaire européenne à l’Emploi , Marianne Thyssen, rebattrait les cartes : dès lors qu’un frontalier y a travaillé au moins 12 mois, il incomberait à l’Etat membre du dernier emploi de le couvrir en cas de perte d’emploi, aux conditions en vigueur localement, ce qui fera aussi des perdants et des gagnants parmi les chômeurs. « C’est plus juste et cohérent de maintenir le lien avec le pays où il a travaillé et cotisé », insiste Marianne Thyssen.

Le projet est désormais soumis à l’aval d’une majorité des Etats membres, La Suisse, qui accueille plus de 300.000 frontaliers , et le Luxembourg, qui en compte 174.000, sont sans surprise vent debout. Le Grand Duché dénonce un projet « impraticable », pointant l’impossibilité pour lui de vérifier que les chômeurs domiciliés hors de son territoire cherchent activement un nouvel emploi. Les discussions sont en cours en vue d’aboutir avant l’été, mais les premiers échanges, vendredi dernier, entre ministres européens du Travail, laissent espérer à la Commission une adoption de son projet.

Derek Perotte

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Tél. : 01 40 55 12 43

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Revue de presse du MEDEF IDF du samedi 11 au lundi 13 mars 2017

2017-03-24T08:12:35+01:00Mots-clés : , , |

L’Île-de-France vient d’adopter une charte pour la laïcité

Imposer le français sur les chantiers : la «clause Molière» 

Grand Paris: quel est l’indice d’attractivité de votre ville ?

Le marché des bureaux bulle-t-il en Île-de-France

Le marché des bureaux bulle-t-il en Île-de-France

Election présidentielle 2017 : les candidats face au fardeau de la dette publique

Compétitivité: la vérité sur le décrochage français

Nouveau contentieux fiscal en vue pour Bercy

L’Université numérique du Medef, le salon d’analyse industrielle : quoi de neuf cette semaine ?

SNCF: des hausses tarifaires vers l’Ouest et plus de promotions

Travail du dimanche : la FNAC empile les dispositifs

Macron promet de «nouveaux visages» et une «alternance complète et radicale»

François Fillon : « La France sera très vite sur la voie du redressement »

[gview file= »http://www.massy-europe.fr/wp-content/uploads/2017/03/MEDEF170313.pdf »]

Revue de presse du MEDEF IDF du 09 Mars 2017

2017-03-13T15:01:22+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

FRANCE BLEU – 09/03/2017

Plan anti-bouchons en Ile-de-France : découvrez ce qui va changer dans votre département

Le vote du Plan anti-bouchons du Conseil régional a lieu jeudi. Il s’agit de « redonner à la route toute sa place dans la politique régionale de transport ». Au total, L’Ile-de-France va consacrer 500 millions aux infrastructures routières. Découvrez les travaux prévus dans votre département.

La région Ile-de-France vote, jeudi, son Plan anti-bouchons. Ce Plan, qui s’étale jusqu’en 2020, s’articule autour de trois grandes idées. Les principaux points noirs du réseau vont être traités. Un réseau routier d’intérêt régional, avec un meilleur entretien des infrastructures et de la chaussée, va être constitué. Il est aussi prévu de développer la route intelligente où la circulation sera facilitée grâce à des supports modernes et performants.

La Région s’est focalisée sur certains secteurs, certaines routes. Découvrez ce qui va changer dans votre département.

Futur réseau routier d’intérêt régional

Voici les projets qui font l’objet d’un financement dans le cadre du plan régional « anti-bouchons ». Certains projets ne sont pas représentés pour des raisons de lisibilité.

Seine-et-Marne

  • 1 • Liaison Meaux-Roissy. Etude du barreau RN 3 – RN 2
  • 2 • Liaison sud de Chelles. Accès à l’île de loisirs de Vaires-sur-Marne
  • 3 • Etude du contournement de Coulommiers
  • 4 • Etude du contournement de Guignes
  • 5 • Etude des franchissements de la Seine à Melun
  • 6 • Liaison RD 306 – RD 346 (contournement de Melun)
  • 7 • RD 1605. Liaison RN 105 – RD 606 (contournement de Melun)
  • Non représenté • RD471. Aménagement des carrefours de Belle-Croix et des Quatre Pavés à Chévry-Cossigny et Ozoir-la-Ferrière
  • Non représenté • Complément du diffuseur A 4 / RD 603 à Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux

Essonne

  • 8 • Itinéraire est-ouest. Déviation de Paray-Vieille-Poste
  • 9 • Etude du franchissement de la Seine entre Athis-Mons et Vigneux-sur-Seine
  • 10 • RD 31. Liaison nord-sud. Barreau RD 17 / RD 74
  • Non représenté • Itinéraire est-ouest. Autres aménagements des voies existantes (dont RD 36 et contournement d’Orly)
  • Non représenté • Réaménagement du diffuseur de Corbeville avec la RN 118
  • Non représenté • Amélioration de la circulation routière sur la RN 7 (hors financements SPTC)
  • Non représenté • Etudes pré-opérationnelles de décongestionnement de carrefours sur la RN 20

Yvelines

  • 11 • Etude de la liaison A 13 – RD 28
  • 12 • Déviation de la RD 154 à Verneuil et Vernouillet
  • 13 • Etude de la liaison RD 30 – RD 190
  • 14 • RD 121. Voie nouvelle départementale à Sartrouville et Montesson
  • Non représenté • Doublement de la RD 30 à Plaisir et Elancourt
  • Non représenté • Bretelle d’accès A 12 / RD 7 à Bailly

Val d’Oise

  • 15 • RD 14. Déviation de La Chapelle-en-Vexin
  • 16 • Avenue du Parisis. Section est
  • Non représenté • Desserte de la plateforme multimodale de Bruyères-sur-Oise depuis la RD 922
  • Non représenté • Desserte du site Airbus Helicopters depuis la RD 84A
  • Non représenté • Bretelle A 15 / RD 122 à Sannois
  • Non représenté • Réaménagement de la patte d’oie d’Herblay (A 15 / RD 14 / RD 392 / RD 106)

Hauts-de-Seine

  • 17 • Etude du boulevard urbain de Clichy – Saint-Ouen (en commun avec la Seine-Saint-Denis)
  • Non représenté • A 86. Demi-diffuseur du Plessis-Robinson
  • Non représenté • RD 1. Quai de Clichy à Clichy-la-Garenne et quai Michelet à Levallois-Perret (en commun avec la Seine-Saint-Denis)
  • Non représenté • RD 7. Aménagements à Suresnes et Saint-Cloud
  • Non représenté • SITER. Système informatisé de télésurveillance et de régulation du trafic

Seine-Saint-Denis

  • Non représenté • Traitement du point noir de circulation Ex-RN 302 / RD 116
  • Non représenté • Etude du carrefour ex-RN 186 / A 3 (place Saint-Just) et nouveau franchissement
  • Non représenté • Réaménagement de la RD 1 (5 km) au débouché du pont de Saint-Ouen
  • Non représenté • Nouvelles tranches fonctionnelles de Gerfault II (poste central de circulation du Département)

Val-de-Marne

  • 18 • Accessibilité et desserte du pôle d’Orly (maillage est-ouest à créer)
  • 19 • Etudes du franchissement de Seine au nord du Val-de-Marne
  • Non représenté • Extension de Parcival (centre de gestion des feux de circulation sur le territoire du Val-de-Marne)

Paris

  • Non représenté • Etude de voies réservées taxi, auto-partage et covoiturage

Les autres projets

  • 20 • Contournement est de l’aéroport Charles-de-Gaulle (95 / 77)
  • 21 • RD 45. Contournement de Chalifert et Jablines (77)
  • 22 • RD 619. Contournement de Mormant (77)
  • 23 • Contournement de Melun (77)
  • 24 • Franchissement de la Seine entre Vernou-la-Celle et Écuelle (77)
  • 25 • Franchissement de la Seine en aval de Montereau-Fault-Yonne (77)
  • 26 • Franchissement de l’Yonne en amont de Montereau-Fault-Yonne (77)
  • 27 • Franchissement de la Seine à Épône (78)
  • 28 • A 104. Prolongement entre Cergy-Pontoise et Poissy-Orgeval (95 / 78)
  • 29 • Avenue du Parisis. Section ouest (95)
  • 30 • RD 909. Déviation de Montlignon (95)
  • 31 • RD 370. Déviation d’Ecouen et d’Ezanville (95)
  • 32 • Barreau de Louvres et nouveau diffuseur avec la Francilienne (95)
  • • 33 • Franchissement des voies ferrées à Saint-Denis entre le carrefour Pleyel et l’avenue du Président Wilson (93)
  • 34 • Franchissement des voies ferrées et de la Seine entre Valenton et Choisy-le-Roi (94)
  • 35 • RN 19. Déviation de Boissy-Saint-Léger. Section sud et tranchée couverte (94)
  • 36 • RN 406. Prolongement et desserte du port de Bonneuil (94)

Martine Bréson

 

 

LES ECHOS – 09/03/2017

La région Ile-de-France veut plus de PME dans ses marchés publics

 

En six ans, la part des PME dans la commande publique est passée de 45,7 à 54 %.

La présidente de la Région Ile de France, Valérie Pécresse, souhaite « mieux faire »

Le montant des achats publics s’élève à 1 milliard d’euros en Ile-de-France. La Région vote jeudi ou vendredi un « Small Business Act » pour favoriser l’accès des PME aux marchés publics.

Quelques mois après la réforme du Code des marchés publics, les collectivités s’emparent à leur tour de la question sensible des achats publics pour promouvoir l’emploi local. Dans les jours qui viennent, la région Ile-de-France va voter une série de mesures baptisée « Small Business Act », réformant sa stratégie de commande publique pour y faire la part belle aux PME et TPE. Elle n’est pas la seule : depuis novembre 2016, Paca s’est engagée dans cette voie, souhaitant même réserver des quotas aux PME locales.

La région Ile-de-France, poids lourd économique avec 835.000 TPE-PME, est un très gros acheteur public : 1 milliard d’euros, soit plus de 1.000 commandes annuelles (construction, formation, transports…). Toute mesure nouvelle y est donc scrutée à la loupe. D’autant que, malgré la baisse des dotations, la part des achats devrait aller crescendo, vu le nombre de lycées à construire, les besoins en formation et les nouvelles compétences économiques. En six ans, la part des PME dans la commande publique est passée de 45,7 à 54 %. La région veut encore pousser le curseur. « Nous devons mieux faire, pour faire grandir ces PME, qui emploient 4 millions de salariés », assure la présidente de la région, Valérie Pécresse.

Simplification et dématérialisation

Premier levier de la réforme, la simplification et la dématérialisation des procédures rendues possibles par les récentes évolutions législatives. Nombre de PME se plaignent de devoir remplir inlassablement les mêmes documents, et cette culture de l’écrit les désavantage au profit des grands groupes. La dématérialisation complète est prévue pour fin 2018. Pour familiariser les PME à la commande publique, elle crée des forums d’information avec des acheteurs en amont – notamment dans le cas des produits innovants. L’objectif est aussi de leur donner le temps de se constituer en groupements pour attaquer les marchés.

Les professionnels, associés à cette démarche, saluent ces efforts. Mais, pour bon nombre d’entre eux, l’attente portera surtout sur la promesse faite par la région d’allotir davantage. En 2015, 27 % des consultations régionales étaient alloties, contre 16 % en 2009. Reste que le contexte financier pousse certaines collectivités à relâcher l’effort. « Certai­nes, par facilité ou économie, privilégient les grosses entre­prises générales. Du coup, les PME restent sous-traitantes et perdent leur marge », dénonce Francis Dubrac, PDG de l’entreprise de BTP Dubrac et l’un des responsables du Medef 93, qui redoute une nouvelle baisse des allotissements avec la vague de mutualisations liée à la Métropole du Grand Paris. « Attention à garder une territorialisation car les PME ne peuvent pas couvrir un territoire trop vaste », prévient-il.

Facturation électronique

Deuxième frein, les finances. La région est à trente-six jours de délai de paiements, soit six jours au-dessus du seuil légal. Pour résorber ce point noir, la facturation élec­tronique sera déployée entre 2017 et 2020. Il sera également possible d’obtenir une avance de trésorerie couvrant de 30 à 50 % de la somme, y compris sur des marchés inférieurs à 50.000 euros.

Ce « Small Business Act » francilien ne va pas jusqu’à réserver un quota local, comme Paca ou les DOM-ROM. Telle mesure pourrait faire tousser Bruxelles, très sourcilleuse sur les questions de concurrence. « Des compensations auraient pu s’envisager, car nous sommes en concurrence avec des entreprises d’Amiens, de Caen ou d’Orléans, qui ont moins de charges : pas de passe Navigo à payer, des salaires et des loyers moins élevés », regrette Francis Dubrac.

Pour dissuader certaines entreprises et certains salariés étrangers de venir, autant, dit-elle, que par souci de sécurité sur les chantiers, la région a malgré tout prévu de mettre en place la clause dite « Molière », obligeant à parler français. « Ce « Small Business Act » est aussi un signal adressé à la lutte ­contre le travail illégal. Nous ferons et ferons faire des contrôles », indique-t-elle. Voilà les PME prévenues.

Laurence Albert

 

 

LA TRIBUNE – 09/03/2017

Logement neuf : les raisons des chiffres records en Île-de-France

 

Le Grand Paris crée une dynamique pour la construction de logements en Île-de-France.

 

Jamais, depuis les années 1970, autant de mises en chantier de logements n’avaient été enregistrées en Île-de-France. La contexte global est hyper favorable.

L’activité sur le marché du logement neuf en Île-de-France atteint des niveaux records. De février 2016 à janvier 2017, les mises en chantier de logements sont en hausse de 18 % sur un an à 71.000 unités. Mieux encore, environ 91.000 autorisations de construire – soit une hausse de près de 23 % sur un an ! – ont été délivrées. Un niveau « jamais vu depuis les années 1970 », indique Isabelle Derville, directrice régionale et interdépartementale adjointe de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France. Signe, aussi, que l’activité de l’immobilier résidentiel francilien devrait être soutenue dans les mois à venir. En fait, quasiment à elle seule, la région capitale tire la croissance du secteur du logement neuf en France. Cette dynamique s’est installée au second semestre 2015 et, depuis, les mises en chantier et les permis de construire connaissent des taux de croissance à deux chiffres. De quoi résorber en partie la mauvaise période 2006-2013, qui a vu le nombre de résidences principales franciliennes augmenter de seulement 31.500 unités en moyenne chaque année, soit l’un des rythmes les plus faibles depuis l’après-guerre.

Acteurs publics et privés tirent dans le même sens

Jusqu’en 2015, la production de logements était bien inférieure aux besoins réels de la population estimés à 70.000 nouveaux logements par an. De fait, la crise du logement en Île-de-France n’a pu que s’accroître ces dernières années. Ainsi, l’urgence de la situation a provoqué une prise de conscience collective. Acteurs privés comme publics tirent désormais dans le même sens en Île-de-France.

Il y a d’abord un projet de long terme dont l’Etat est moteur, le Grand Paris, qui décuple l’attractivité de la région. Grâce notamment aux chantiers du Grand Paris express qui prévoit de doubler la taille du métro parisien sur le territoire de l’agglomération parisienne grâce notamment à quatre lignes supplémentaires, et qui va permettre de créer 68 nouvelles gares, ce sont 30 milliards d’euros d’investissements publics qui vont être engagés dans les 15 prochaines années. Or, autour des gares notamment, l’aménagement est déjà un enjeu majeur et de multiples constructions de logements sont prévues. Au total ce méga projet devrait générer a minima 60 milliards d’euros de PIB supplémentaires à long terme pour la région Île-de-France, voire plus de 100 milliards d’euros selon des hypothèses les plus optimistes, soit une hausse à terme du PIB francilien de 10 à 15 points.

Les pouvoirs publics hyperactifs

Les chiffres records sur le marché du logement neuf dans la région capitale sont aussi dû au nouveau cadre législatif beaucoup plus favorable à la construction de logements : il y a d’abord eu la loi sur la mobilisation du foncier public, « qui a permis la cession ces derniers mois de 23 terrains pour le démarrage de 6 .600 logements, dont plus de la moitié sont des logements sociaux », indique Isabelle Derville. Elle salue également l’action de l’établissement public foncier d’Île-de-France, qui sous l’impulsion de la nouvelle majorité régionale intensifie son action en stockant, acquérant et cédant du foncier, le tout pour la production récemment lancée de 9.500 logements. Par ailleurs, la politique d’encouragement des maires bâtisseurs (33,5 millions d’euros leur ont été délivrés en 2015) aurait également eu un effet bénéfique sur le secteur du logement neuf. Enfin, la vague de simplification des documents d’urbanisme commence à porter ses fruits. La réforme du règlement du Plan local d’urbanisme (PLU) prend notamment mieux en compte les diversités locales et donne plus de flexibilité aux maires pour s’adapter.

En outre, le monde du logement social a obtenu auprès des pouvoirs publics de nouvelles aides financières. Le 31 mai 2016, le gouvernement a notamment lancé un dispositif financier pour soutenir la production de logements sociaux (qui représente environ la moitié de la production nouvelle en Île-de-France). La Caisse des dépôts a ainsi débloqué une enveloppe de 2 milliards d’euros de prêts de long terme. Un fonds pour la création de logements locatifs pour les classes moyennes, particulièrement pertinent en première couronne parisienne, a également été lancé par une filiale de la Caisse des dépôts. Il permet notamment de faire revenir les investisseurs institutionnels sur le marché du logement à grands coups d’avantages fiscaux. Bref, de multiples freins à la production de logements ont été supprimés.

Coup de pouce du gouvernement

En parallèle, du côté de la demande, beaucoup de mesures de soutien ont été mises en œuvre. Au-delà du niveau des taux d’intérêt nominaux de crédits immobiliers historiquement bas (ils ont atteint 1,31 % en moyenne en novembre 2016 selon l’Observatoire Crédit Logement /CSA), les pouvoirs publics ont pris des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Concrètement, le gouvernement a dans un premier temps fait revenir les investisseurs particuliers grâce au dispositif Pinel, mis en place fin 2014, qui donne la possibilité aux investisseurs de louer à leurs ascendants et à leurs descendants sur des durées modulables (6,9, 12 ans) tout en bénéficiant d’un avantage fiscal. Et dans un second temps, pour soutenir les achats des ménages primo-accédant, l’exécutif a élargi début 2016 le périmètre du prêt à taux zéro dans l’immobilier neuf. Ainsi, les deux moteurs du marché du neuf (investisseurs et ménages accédant) sont repartis à la hausse. Et l’immobilier francilien en a été l’un des principaux bénéficiaires.
Bref, voilà un secteur mature de l’économie qui va fort. Et c’est assez rare pour être souligné en ces temps où la stagnation des taux de croissance s’installe durablement dans les économies occidentales.

Mathias Thépot

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 09/03/2017

La négociation sur l’assurance-chômage démarre doucement

Patronat et syndicats n’avaient pas trouvé d’accord en juin 2016.

Beaucoup estimaient que rien ne reprendrait avant mi-2017. Que les partenaires sociaux laisseraient passer l’élection présidentielle, une période de campagne étant peu propice aux discussions, avant de se remettre autour de la table. Et pourtant : mardi 7 mars, représentants du patronat et des syndicats ont bel et bien entamé le premier tour de leurs négociations pour la signature d’une nouvelle convention régissant l’assurance-chômage, huit mois après l’échec des premières discussions.

Tous les deux ans, patronat et syndicats doivent en effet décider des règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Réunis pour plusieurs séances de travail en juin 2016, ils n’étaient pas parvenus à trouver un accord, laissant l’Etat reprendre la main et proroger la convention signée en 2014. Le point d’achoppement : la surtaxation des contrats courts, ardemment souhaitée par les syndicats et tout aussi violemment rejetée par le patronat.

Aujourd’hui, l’ambiance semble tout autre. Certes, la réunion de mardi, première d’une série de quatre séances, n’a pas encore donné de résultats tangibles. Mais elle a permis aux uns et aux autres de présenter leurs idées et leurs revendications. Surtout, elle leur a permis d’apprécier le niveau d’engagement et d’ouverture de chacun. Tous sont ressortis satisfaits, considérant que le climat des discussions était « plus apaisé » qu’en juin.

« On a senti que plusieurs voies de passage s’étaient libérées. Nous avons l’espoir d’y arriver cette fois », s’est réjoui Michel Beaugas, négociateur pour FO.

« Tout le monde était plus ouvert qu’en juin, ça donne l’impression que des voies sont possibles pour trouver un accord », a abondé pour sa part Véronique Descacq, négociatrice pour la CFDT et numéro deux de la centrale.

Un déficit de 4,2 milliards d’euros

Reste aujourd’hui à trouver des points d’accord. Car il y a péril en la demeure : l’Unédic, l’organisme responsable de la gestion de l’assurance-chômage, affiche un déficit de 4,2 milliards d’euros. Abyssale, sa dette dépasse les 30 milliards. Pour assurer la pérennité du régime, les partenaires sociaux doivent ajuster les paramètres de l’indemnisation ou alors trouver de nouvelles recettes.

Or, les propositions de l’organisation patronale, envoyées quelques jours avant la première séance de négociations, sont aujourd’hui, selon les syndicats, loin de permettre un consensus. Le Medef considère que sur les 4 milliards d’euros de déficit, un milliard est conjoncturel, soumis aux aléas de la crise et au taux de chômage encore élevé. Deux autres seraient liés à des contingences qui dépassent les modalités de gestion de l’assurance-chômage par les partenaires sociaux. Il en serait ainsi de l’indemnisation des salariés frontaliers (cotisant en Suisse à un régime « moins généreux, explique le Medef, et indemnisés dans l’Hexagone ») mais aussi des frais de gestion de Pôle emploi auxquels l’Unédic contribue à hauteur de 10 % de ses recettes.

Contre-propositions

Reste un dernier milliard de déficit, sur lequel le patronat pense que les partenaires sociaux peuvent avoir prise. Pour le résorber, ils proposent entre autres d’augmenter l’âge à partir duquel une personne, considérée comme senior, a droit à trois ans d’indemnités. Le Medef souhaitant le faire passer de 50 à 57. Si la CFDT est d’accord pour le relever à 52, FO est, elle, plus mitigée. « Ça n’empêchera pas les employeurs de licencier à 50 ans », explique M. Beaugas. Par ailleurs, s’il est d’accord avec l’idée qu’une partie du déficit n’est pas de la responsabilité des partenaires sociaux, ce dernier estime qu’il ne faut « pas priver Pôle emploi de ressources à un moment crucial ». M. Beaugas estime en outre que le chapitre des contrats courts n’est pas totalement clos, même si le patronat est opposé à tout renchérissement du coût du travail.

Les syndicats qui ont mis sur la table des contre-propositions attendent maintenant des chiffrages de l’Unédic. Ils pourraient se mettre d’accord sur un contre-projet commun avant la prochaine séance, prévue le 14 mars. S’ils ne produisent pas de texte commun, les partenaires sociaux risquent de ne plus jamais signer de convention. Que ce soit chez François Fillon ou Emmanuel Macron, le paritarisme n’est plus en odeur de sainteté.

Sarah Belouezzane

 

 

LE FIGARO – 09/03/2017

L’économie française a créé 187.200 emplois en 2016, un record depuis 2007

Selon les chiffres définitifs de l’Insee, la création d’emplois a presque doublé par rapport à 2015. Une progression due principalement à celle de l’intérim qui a progressé de 12%.

L’économie française a crée 187.200 postes, en net, dans le secteur marchand (+1,2%) sur l’ensemble de l’année 2016, une performance inédite depuis 2007, selon les chiffres définitifs de l’Insee publiés jeudi. Ces chiffres viennent confirmer à quelques milliers près les estimations provisoires de février (191.700 emplois). Le dernier trimestre de 2016 s’est bien terminé, avec 64.400 créations nettes d’emploi dans les secteurs marchands non agricoles (+0,4% par rapport au trimestre précédent), soit le septième trimestre consécutif de hausse, précise l’Insee.

Malgré une hausse du produit intérieur brut (PIB) légèrement ralentie en 2016 par rapport à 2015, à +1,1% après +1,2%, l’économie française a créé près de deux fois plus d’emplois dans le secteur privé en 2016 qu’en 2015 (100.000).

Le secteur privé crée de l’emploi grâce à l’intérim

Le secteur privé est resté, en fin d’année dernière, créateur net d’emplois pour le septième trimestre consécutif, principalement grâce à l’intérim, qui a progressé de 6,1% sur les trois derniers mois (+37.600 postes), et, sur l’année, bondi de 12%.

Sur cette même période, l’emploi tertiaire marchand hors intérim croît au même rythme que le trimestre précédent: +34.500 (+0,3%). En revanche, l’industrie et la construction continuent de détruire plus d’emplois qu’elles n’en créent: 5.500 emplois perdus dans l’industrie (-0,2%) au dernier trimestre, soit 24.900 sur l’année (-0,8%), et 2.200 dans la construction (-0,2%) au dernier trimestre et 10.800 en un an (-0,8%).

 

LE FIGARO – 09/03/2017

Touraine annonce une baisse des tarifs hospitaliers

La diminution sera de 0,9 % pour les hôpitaux et de 1,39 % pour les cliniques privées.

Après trois années déjà de très forte pression budgétaire, hôpitaux et cliniques vont encore une fois devoir se serrer la ceinture en 2017! Marisol Touraine a en effet annoncé ce mercredi une nouvelle baisse des tarifs hospitaliers, de 0,9 % pour les hôpitaux et de 1,39 % pour les cliniques privées. «Compte tenu de l’augmentation prévisionnelle du volume d’activité», les tarifs pour la médecine, la chirurgie et l’obstétrique «seront amenés à diminuer» de 0,9 %, a justifié le ministère de la Santé. À cette baisse, les établissements privés se verront appliquer une décote supplémentaire de 0,49 % afin de «neutraliser» les effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et du pacte de responsabilité qui «s’appliquent aux seuls établissements privés».

«Sentiment d’injustice»

Un argument bien connu qui ne passe toujours pas. «On participe aux efforts du secteur, on promeut l’hospitalisation à domicile, on est vertueux, mais on ne récolte que baisse de tarifs sur baisse de tarifs depuis trois ans», proteste Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). À cela s’ajoute un «sentiment d’injustice» face au secteur associatif qui a obtenu le CITS (équivalent du CICE), mais auquel ne s’applique pas de décote. La FHP envisage de saisir le Conseil d’État contre cette décision.

Le pire semble, en revanche, avoir été évité côté public. «Le nœud du garrot se serre un peu moins que ce que nous redoutions, a réagi Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui fera jeudi un communiqué commun avec son homologue de la FHP. Ce n’est pas la ponction violente annoncée, mais cela reste cependant un effort drastique, alors que les hôpitaux sont dans un contexte tendu. L’exercice sera difficile.»

Pour la CSMF, principal syndicat des médecins libéraux, le gouvernement «s’entête à prendre le problème à l’envers». Dénonçant une vision hospitalocentrée, l’organisation demande au ministère «de sortir des postures dogmatiques et de recentrer l’organisation du système de santé autour de la médecine de ville, avec les moyens nécessaires».

Marie-Cécile Renault

 

 

LES ECHOS – 09/03/2017

Etat d’urgence pour le commerce extérieur

Le déficit commercial a atteint 7,9 milliards d’euros en janvier, un record. L’appareil exportateur français est de plus en plus concentré.

Les candidats à l’élection présidentielle sont peu loquaces sur le sujet, mais le problème est toujours aussi urgent qu’il y a cinq ans. La compétitivité reste le talon d’Achille de l’économie française. Pour preuve, le chiffre du déficit commercial au mois de janvier, publié ce mercredi par les Douanes, affiche un niveau jamais atteint sur un seul mois , à 7,9 milliards d’euros. Et, sur les douze derniers mois, il dépasse 53 milliards d’euros alors que, dans le projet de loi de finances de 2017 de l’automne dernier, Bercy tablait cette année sur un déficit en légère hausse par rapport à 2016, à 49 milliards d’euros.

Peu de ventes d’Airbus

En janvier, « cette aggravation très forte est due en partie au niveau extrêmement bas des ventes d’Airbus, qui subissent le contrecoup des livraisons exceptionnellement élevées du mois précédent », expliquent les Douanes. Parallèlement, elles notent une hausse « inhabituelle » des importations de produits pharmaceutiques au cours du premier mois de l’année, ainsi que la hausse de la facture énergétique, conséquence de la progression du prix du pétrole. Le creusement du déficit commercial de janvier ne peut donc être extrapolé sur l’année entière.

Toutefois, ce mauvais chiffre fait suite à une année 2016 très médiocre pour le commerce extérieur. Le déficit a augmenté l’an passé. Il a même coûté en termes de croissance l’équivalent de 0,9 point de PIB, ce qui correspond à des centaines de milliers d’emplois. Pourtant, l’euro s’est plutôt déprécié depuis trois ans et la croissance du PIB hexagonal est inférieure à celle de la zone euro, ce qui devrait avoir pour effet de limiter les importations. L’amélioration de la compétitivité est donc devant nous.

« Un problème industriel »

Dans une étude, Patrick Artus, directeur de la recherche de la banque Natixis remarque que le déficit commercial hors énergie de la France se situe surtout vis-à-vis des autres pays de la zone euro et particulièrement l’Allemagne, et de la Chine, « ce qui suggère que la France creuse ses déficits vis-à-vis des pays très industriels ». En 2016, le déficit commercial de l’Hexagone vis-à-vis de la Chine a atteint plus de 30 milliards d’euros tandis que celui vis-à-vis de l’Allemagne a approché 15 milliards. Pour l’économiste, « le centre du problème de commerce extérieur de la France est un problème industriel », celui de coûts production trop élevés vis-à-vis de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne.

D’autre part, l’appareil exportateur français garde des faiblesses structurelles importantes. D’abord, il est très concentré et de plus en plus. La part des exportations réalisée par les 100 premières entreprises est passée de 35,3 % en 2007 à 39,6 % en 2016. Et l’aéronautique représentait 13 % des exportations en 2016 – soit 58 milliards d’euros – contre 8 % seulement dix ans auparavant.

Ensuite, le nombre d’exportateurs a du mal à décoller vraiment. Après une progression en 2015, le nombre d’entreprises commercialisant leurs produits à l’étranger a reculé l’an dernier. Environ 124.100 entreprises françaises ont exporté en 2016. C’est moitié moins qu’en Italie et en Allemagne. Et, un sixième de celles-ci sont des primo-exportateurs, c’est-à-dire des sociétés qui n’ont pas exporté au cours des cinq dernières années. « Si ce renouvellement participe à la compétitivité économique, il reflète aussi la vulnérabilité des exportateurs occasionnels, qui s’essayent à l’international sans toujours confirmer cet essai », souligne une étude des Douanes sur le sujet, publiée fin janvier. Ainsi, « le taux de maintien de ces opérateurs novices est très faible : seulement 40 % exportent à nouveau l’année suivante ». Le prochain président aura du pain sur la planche.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 09/03/2017

Denis Ferrand : «Au-delà de l’industrie, les services sont désormais en danger»

INTERVIEW – Le directeur général de Coe-Rexecode réagit aux mauvais chiffres du commerce extérieur français diffusés ce mercredi matin.

Comment expliquez-vous l’absence de débat sur la compétitivité dans la campagne présidentielle ?

Le débat est tout de même présent en toile de fond, notamment dans les programmes de François Fillon et d’ Emmanuel Macron . Aucun des deux ne remet en cause les allégements de charges de l’exécutif actuel ni le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). En revanche, il existe comme une forme de désarroi chez les politiques et une partie de l’électorat au regard de l’absence de résultat immédiat de ce type de mesure en matière de compétitivité.

Rappelons l’objectif fixé fin 2012 par le Premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault: avoir une balance commerciale des biens manufacturés à l’équilibre à la fin du quinquennat. On s’en est éloigné depuis avec, en 2016, un solde déficitaire de 36 milliards d’euros.

Il n’y a donc pas eu d’amélioration ?

La réduction du déficit commercial a été freinée récemment par des éléments circonstanciels : le prix des importations est en train de remonter, plus vite que celui des exportations. Ce qui s’explique par la hausse des prix du pétrole, ces derniers sont toutefois stabilisés depuis deux mois. Parallèlement, c’est vrai, les exportations ont connu une légère sous-performance au regard de la hausse de la demande adressée à l’Hexagone l’an passé et début 2017.

Si l’on s’arrête à ce constat, alors il n’y a pas d’amélioration de la compétitivité. Le déficit commercial des biens hors énergie s’est alourdi l’an passé même si une partie de la dégradation provient des mauvaises récoltes et début 2017 par un fort recul des livraisons d’Airbus. Et le solde des services aux entreprises, c’est-à-dire la comptabilité, le conseil ou les services informatiques, traditionnellement excédentaire, est désormais déficitaire. Il y a donc un déplacement de la zone de risque pour la France au-delà de la seule industrie. C’est maintenant le secteur des services qui est en danger, ce qui est inquiétant.

Que faudrait-il faire ?

L’important est de ne pas relâcher l’effort. Dans les faits, il y a des indicateurs qui vont dans le bon sens. Le coût relatif du travail avec l’Allemagne a tendance à baisser, les marges des entreprises françaises ont grimpé ces trois dernières années et l’investissement dans l’industrie a augmenté de près de 5 % l’an passé. Ce sera encore le cas en 2017. Une politique de l’offre met des années à produire ses fruits, comme le montre la désinflation compétitive des années 80. La patience est donc de mise. Il n’est toutefois pas certain que ce mot soit très audible en période électorale.

Guillaume de Calignon

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 09/03/2017

La bonne santé des aéroports français repose sur les vols low-cost

Si le trafic augmente, les gestionnaires réclament des baisses de taxe pour améliorer leur compétitivité.

Les 43 aéroports français de métropole (les 15 premiers représentent 89,7 % du trafic) et les 14 situés outre-mer ont vu globalement le trafic augmenter de 3,1 % en 2016, selon les chiffres de l’Union des aéroports français. «C’est moins que la croissance rencontrée de 5,1 % à l’échelle européenne et de 6,7 % pour l’ensemble des pays de l’Union européenne», remarque Jean-Michel Vernhes, le président de l’UAF. L’augmentation du nombre de passagers des compagnies low-cost est le principal moteur de la croissance en France.

D’après l’UAF, la hausse du trafic low-cost contribue à hauteur de 93,6 % à l’augmentation totale du trafic. Désormais, la part des compagnies à bas coût représente 30,20 % de l’activité des aéroports de métropole et 43,3 % pour les aéroports de province. Ainsi, ces dernières occupent 60 % de l’aéroport Nantes-Beauvais, 69 % de celui de Bâle-Mulhouse et 36 % de la plate-forme parisienne d’Orly.

Au-delà des performances en demi-teinte des aéroports français, les adhérents de l’UAF ont voulu profiter du calendrier électoral pour publier un «manifeste» destiné aux candidats aux élections présidentielle et législatives.

Sans surprise, ils réclament une baisse des nombreuses taxes qui se sont empilées au fil des années: la taxe d’aéroport d’abord, qui couvre les coûts de sûreté (le contrôle des bagages et des passagers), la taxe de solidarité ensuite, qui a progressé de 12,7 % en 2014 (dont le dépassement du plafonnement abonde désormais le budget de l’État). «Même si les aéroports constituent de fait un monopole sur leur territoire, rappelle Jean-Michel Vernhes, leurs coûts sont comparés par les compagnies aériennes. Elles choisissent ainsi de desservir ou non tel aéroport et de lui préférer une autre plate-forme européenne parce qu’elle coûtera moins cher.»

Davantage de «connectivité»

L’UAF réclame aussi davantage de «connectivité» pour certains aéroports de province qui veulent obtenir des droits de trafic avec la Chine ou avec les pays du Golfe. Parmi les autres propositions: l’automatisation des contrôles de documents dont l’État n’assure pas le financement des investissements.

Autre impératif, d’actualité alors qu’une grève lancée par un syndicat de contrôleurs aériens perturbe le trafic, l’instauration de la loi Diard pour les contrôleurs aériens. Celle-ci oblige le personnel à se déclarer 48 heures avant la grève pour évaluer l’impact sur le trafic et prévenir les voyageurs à l’avance. Enfin, les professionnels réclament une réflexion sur la spécialisation éventuelle de certains aéroports dont l’activité passagers est insuffisante par rapport à son coût pour l’État et les collectivités.

Valérie Collet

 

 

LES ECHOS – 09/03/2017

Suez met la main sur l’américain GE Water pour 3,2 milliards d’euros

 

Le marché mondial de l’eau industrielle est estimé à 95 milliards d’euros.

Le groupe va accroître la part internationale de son activité et son exposition à la clientèle industrielle.

Suez avait beau être le numéro deux mondial de la gestion de l’eau et des déchets, il restait jusqu’à présent petit sur le créneau de la vente d’équipements aux clients industriels souhaitant se doter d’un traitement des effluents. Le groupe vient de s’y renforcer, en acquérant le fabricant américain d’équipements GE Water. Il a remporté l’appel d’offres lancé en octobre par GE en offrant une valeur d’entreprise de 3,2 milliards d’euros, en consortium avec la Caisse de dépôt et placement du Québec (la CDPQ prend un intérêt de 30 %, contre 70 % pour Suez). Suez rajoute ainsi 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 7.500 personnes aux 500 millions d’euros que son pôle de 2.000 salariés réalisait jusqu’à présent dans la fourniture aux industriels d’équipements et de produits chimiques (pour la maintenance des équipements). A titre de comparaison, Veolia, leader mondial de l’eau et des déchets, y réalise pour sa part en moyenne 2,2 milliards d’euros par an, via sa filiale Water Technologies, pour des clients à la fois municipaux et industriels.

Relais de croissance

Suez s’achète avant tout un relais de croissance, sur un marché mondial de l’eau industrielle estimé à 95 milliards d’euros. « Seuls 5 % % de l’eau mondiale servent à l’alimentation humaine, contre 75 % allant à l’agriculture et 15 % à 20 % à l’industrie : c’est un marché important et qui croît plus vite que d’autres, de 5 % par an, au gré de l’industrialisation des pays émergents », souligne le directeur général du groupe, Jean-Louis Chaussade. GE Water réalisant seulement 20 % de ses ventes en Europe, Suez va aussi voir la part internationale de son chiffre d’affaires bondir à quasiment 40 % et sa proportion de clients industriels (plus rentables que les clients publics) grimper à 38 %. Enfin, le groupe s’achète là une activité générant plus de cash que ses activités traditionnelles de gestion municipale de l’eau et des déchets, car elle n’exige pas d’immobiliser autant de capitaux.

La nouvelle business unit eau industrielle de Suez sera dirigée par l’actuel PDG de GE Water, Heiner Markhoff, dès la transaction finalisée, d’ici à fin juin. Reste à financer l’opération. Les 3,2 milliards d’euros, payés en numéraire, seront versés en partie par la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais aussi, côté Suez, via une augmentation de capital de 750 millions d’euros. Suez valant environ 8 milliards en Bourse, les actionnaires qui n’y souscriront pas seront dilués d’un peu moins de 10 %. « Nos principaux actionnaires (Engie, CriteriaCaixa et Caltagirone), qui représentent la moitié du capital, ont déjà confirmé leur intention d’y participer », souligne Jean-Louis Chaussade. Le solde sera financé par dette, dont des obligations « hybrides », ou perpétuelles, présentant l’avantage d’être en partie assimilées par les agences de notation à des fonds propres du fait de leur caractère très long terme. Suez préserve ainsi ses ratios d’endettement, sa notation et escompte de cette acquisition un impact positif sur son bénéfice net par action dès la première année. Reste à surveiller, demain, l’accueil que fera le marché à cette opération que Jean-Louis Chaussade qualifiait, il y a une semaine, de « saut quantique ».

Myriam Chauvot

 

 

LA TRIBUNE – 09/03/2017

SFR signe une perte de 138 millions d’euros en 2016

 

Si l’opérateur perd toujours des abonnés sur l’ensemble de l’année, de l’ordre de 512.000 pour les offres mobiles et 240.000 dans le fixe,

il réussit à redresser la barre dans le fixe entre le troisième et quatrième trimestre, regagnant 136.000 abonnés supplémentaires.

 

Le groupe de télécoms est tombé dans le rouge l’année dernière, alors qu’en 2015, il avait enregistré un bénéfice de 682 millions d’euros.

L’opérateur français SFR, filiale du groupe Altice, a replongé dans le rouge en 2016, enregistrant une perte nette de 138 millions d’euros, contre un bénéfice net de 682 millions d’euros un an plus tôt. Le groupe anticipe une stabilisation de son chiffre d’affaires pour 2017. Sur l’ensemble de l’année écoulée, les ventes ont reculé de 0,4%, à 10,99 milliards d’euros, malgré un retour à la croissance sur le dernier trimestre, sous l’effet du recul combiné de son chiffre d’affaires tant sur le marché grand public que sur le segment des entreprises.

Le dernier trimestre a en revanche été marqué par une hausse de 0,6% des ventes, à 2,89 milliards d’euros, sous l’effet principalement d’une hausse du nombre d’abonnés mobiles par rapport au troisième trimestre, précise l’opérateur mercredi dans un communiqué. En 2016, le groupe a vu son excédent brut d’exploitation (Ebitda) ajusté se replier de 0,6%, à 3,84 milliards d’euros, avec une marge d’Ebitda quasi stable à 34,9%, contre 35% un an plus tôt.

Lourdes pertes d’abonnés

Si l’opérateur perd toujours des abonnés sur l’ensemble de l’année, de l’ordre de 512.000 pour les offres mobiles et 240.000 dans le fixe, il réussit à redresser la barre dans le fixe entre le troisième et quatrième trimestre, regagnant 136.000 abonnés supplémentaires. Au 31 décembre, SFR revendique un total de 14,62 millions d’abonnés mobiles grand public, contre 15,14 millions un an plus tôt, et 6,11 millions d’abonnés fixes, contre 6,53 millions.

L’opérateur annonce par ailleurs une hausse de son revenu moyen par abonné (ARPU), qui passe sur un an de 22,20 euros à 23 euros sur le mobile et de 34,90 euros à 36,90 euros dans le fixe. En terme d’investissement, le groupe annonce une forte hausse en 2016 par rapport à l’exercice précédent, de l’ordre de 24,5%, à 2,31 milliards d’euros, du fait de l’accélération du développement de ses réseaux très haut débit, tant en mobile avec la 4G qu’en fixe avec la fibre. L’endettement de SFR atteint 14,79 milliards d’euros, ce qui représente un ratio d’endettement de 3,8 fois l’Ebitda ajusté, précise par ailleurs le groupe.

 

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 09/03/2017

Ralliements: Macron tente de ne pas perdre l’équilibre

Après l’alliance avec François Bayrou, Emmanuel Macron enregistre le renfort de Bertrand Delanoë, resté très populaire. Le candidat gère ces soutiens avec habileté, afin de garder une position centrale sur l’échiquier et de conserver le positionnement « hors parti »

Avec le soutien de Bertrand Delanoë, ancien maire PS de Paris, Emmanuel Macron a enregistré mercredi un nouveau ralliement de poids, qui pourrait en annoncer d’autres, en provenance du PS notamment, où la campagne menée par Benoît Hamon peine à convaincre.

La start-up Macron a encore gagné des parts de marché. Elle a enregistré, mercredi, le soutien de Bertrand Delanoë. L’effet de surprise était certes un peu émoussé : voilà plusieurs mois que l’on savait les deux hommes en contact. Mais, à 45 jours de l’élection présidentielle, l’effet de souffle n’en est pas moins réel. « Cela va libérer beaucoup de socialistes, car Bertrand Delanoë a une autorité morale », prédit le sénateur PS Roger Madec, qui a apporté dans la foulée son soutien au candidat Macron.

L’appui a d’autant plus de poids que l’ancien maire de Paris, en bon jospiniste, a ciselé ses formules et dosé l’argumentation. Emmanuel Macron est « le candidat qui se rapproche le plus de mes convictions de socialiste, réformiste, Européen, réaliste », a-t-il expliqué, qualifiant en revanche le programme de Benoît Hamon de « dangereux, parce qu’il ne rassemble pas la gauche et parce qu’il n’est philosophiquement, dans le rapport au travail, dans le rapport à l’Europe […], pas en mesure de produire du progrès social ». « Je préfère mon pays à mon parti », a-t-il aussi avancé, après avoir évoqué le « danger majeur » que représente le FN. Pour autant, « il y a beaucoup de mesures qui ne sont peut-être pas aussi à gauche que je voudrais chez Emmanuel Macron, a poursuivi Bertrand Delanoë. Sauf que lui, il se donne les moyens de les réaliser… »

Une façon de placer l’ancien ministre de l’Economie dans le camp de ceux qui, comme il l’a fait dans la capitale, se donnent les moyens de « changer la vie », par opposition à ceux qui, à gauche, préfèrent les « discours de congrès », qui ne « font pas baisser le chômage ».

«Très honoré». L’accueil réservé par Emmanuel Macron à Bertrand Delanoë est à la hauteur de la sensation provoquée par ce ralliement dans le Landerneau : le candidat s’est dit « très honoré », « très satisfait » de ce soutien, assurant avoir « beaucoup d’estime à la fois pour ce que Bertrand Delanoë a fait en tant qu’élu et pour les positions qu’il a constamment prises ».

Après François Bayrou, Bertrand Delanoë est la deuxième personnalité politique d’envergure négligée par François Hollande durant le quinquennat, qu’Emmanuel Macron parvient à séduire.

En marge d’un déplacement aux Mureaux (Yvelines), l’ancien ministre de l’Economie, qui ne peut guère s’appuyer sur un parti centenaire et structuré pour construire la force progressiste qui doit lui permettre de diriger le pays, se définissait mardi comme un « centimier de la conviction », allant chercher « un à un » ses soutiens, jusqu’à parvenir à « 51 % des Français ». « Il fait un travail de dentelle », appuie un membre de son équipe. Sa force de conviction, mais aussi un patient réseautage entamé il y a de longs mois, lui permettent aujourd’hui d’engranger un à un ces soutiens individuels. « Il est venu à l’anniversaire de ma compagne avec son épouse il y a dix-huit mois, puis nous avons dîné plusieurs fois en couples depuis, raconte l’un de ces ralliés récents, évidemment séduit. Je ne le connaissais pas auparavant ».

Emmanuel Macron cherche les soutiens emblématiques qui lestent sa candidature et, aux yeux de l’opinion, comblent son manque d’expérience. « Mais il est suffisamment prudent pour ne pas mettre la pression sur quiconque », observe l’un de ses supporters.

Avec un défi de taille toutefois, pour celui qui se définit comme un « homme de gauche », qui a été secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis ministre de l’Economie de François Hollande : ne pas apparaître comme socialiste. « Il cherche toujours un équilibre entre les soutiens de gauche et les soutiens de droite », affirme l’un des édiles PS qui l’ont rallié.

« Sa candidature n’est pas centriste mais centrale, ajoute un ancien ministre chiraquien l’ayant rejoint. Au début, notre embarcation avait un penchant à bâbord assez net, avec des cadres venus de la gauche. Depuis, le capitaine a rééquilibré ».

File d’attente. Alors que certains ministres (Jean-Yves Le Drian, Ségolène Royal, Jean-Marc Ayrault, Patrick Kanner, Juliette Méadel…) et certaines sensibilités du PS (hollandais, vallsistes, réformateurs…), rassurés par la présentation du programme d’Emmanuel Macron jeudi dernier et guère convaincus par la campagne de Benoît Hamon, envisagent d’annoncer à leur tour leur soutien à leur ancien collègue, l’entourage du candidat les prie de prendre la file d’attente et de patienter. « Ils nous demandent de respecter son calendrier à lui, car Macron doit tenir les deux bouts de l’omelette », affirme l’un de ces élus prêts à franchir le pas.

Surtout, là où les socialistes tentés de soutenir Emmanuel Macron pensent, en restant groupés, pouvoir négocier les investitures aux législatives avec l’éventuel homme fort de la présidentielle, l’entourage du candidat fait passer un message de nature à les décourager : « Il n’y aura pas de négociation d’appareil, ni avec telle ou telle sensibilité, promet un proche d’Emmanuel Macron. Si on se remettait dans cette géographie-là, ça ne marcherait pas. L’ADN de notre mouvement, c’est au contraire de faire sauter les vassalités ». « Il en va de la crédibilité d’Emmanuel », complète un autre membre de l’équipe.

Pourtant, Emmanuel Macron, qui prétend présenter aux élections législatives « un tiers de candidats venus de la société civile, un tiers de la gauche, et un tiers du centre et de la droite », va devoir organiser sa future majorité. « Cela ne pourra pas être qu’une addition d’individus », admet un membre de son équipe. « Nous distinguerons les élus qui auront résisté aux pressions des appareils, qui auront été forts et auront eu du courage », précise l’entourage d’Emmanuel Macron. Voilà les nouveaux convertis prévenus.

Nathalie Segaunes

 

 

LE MONDE – 09/03/2017

Benoît Hamon : « Mon objectif en Europe : mettre l’austérité en minorité »

« Partout en Europe, ce sont les politiques libérales et dérégulatrices qui font monter le FN », estime Benoît Hamon dans un entretien au « Monde ».

Rebondir par l’Europe… Benoît Hamon livre en exclusivité au Monde son projet d’un nouveau traité budgétaire européen. Pour sortir de la crise de l’Union, le candidat socialiste, invité jeudi 9 mars de « L’Emission politique » sur France 2, propose la mise en place d’une Assemblée démocratique de la zone euro. Il détaille également le contour exact de sa proposition phare d’un revenu universel d’existence, et revient sur la situation politique. Jeudi, il devait rencontrer le premier ministre, Bernard Cazeneuve, à six semaines du premier tour de l’élection présidentielle.

Vous proposez un nouveau traité budgétaire européen, avec pour principale innovation la création d’une Assemblée parlementaire de la zone euro, censée selon vous permettre une réorientation de l’Europe. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Benoît Hamon : L’Europe aujourd’hui ne marche pas. Elle ne parvient pas à neutraliser les outrages de la mondialisation. Elle se livre à une forme de fuite en avant, considérant que la prospérité en Europe ne peut nécessairement passer que par l’austérité à l’intérieur de l’Union et par le libre-échange absolu sur tous les sujets à l’extérieur. Cette vision de l’Europe est en train de fabriquer sa perte. Partout sur le continent, on constate la montée des nationalismes et des extrêmes droites, qui ne peuvent nous mener qu’au pire.

Face à un tel défi, la solution ne peut pas être le repli dans l’âge canonique des Etats-nations, tel que le propose Marine Le Pen, qui prépare à terme la désagrégation de l’Europe et de la France, ni le maintien dans l’épure actuelle du projet européen et de ses institutions. Si l’austérité s’est imposée comme la marque de fabrique de l’Union européenne, c’est d’abord parce qu’il n’y a pas assez de démocratie en Europe. La confiscation des décisions fondamentales par la « troïka », organisée autour de l’Eurogroupe, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, est la conséquence d’un vrai déficit démocratique en Europe.

Comment casser cette logique ?

Je propose aux Etats membres de la zone euro un traité budgétaire qui prévoit la mise en place d’une Assemblée démocratique représentative, qui serait principalement l’émanation des Parlements nationaux. On ne peut pas en rester à la situation actuelle, où la réunion des ministres des finances de la zone euro et ses décisions échappent totalement au contrôle des traités, des Parlements et des citoyens européens. Cette nouvelle Assemblée de la zone euro aurait pour mission de débattre publiquement et de décider du budget de la zone euro, mais aussi des politiques d’harmonisation fiscale et sociale, des cibles à adopter dans la réduction des déficits, etc. Elle fixerait par exemple le taux minimum de l’impôt sur les sociétés en Europe.

En quoi cela changerait-il le rapport de force politique actuel en Europe ?

Si l’on projette ce Parlement sur la base des Parlements nationaux actuels, il pencherait plutôt à gauche. Avec l’économiste Thomas Piketty, qui a travaillé avec moi sur ce projet de traité, nous imaginons une Assemblée composée au maximum de 400 membres, principalement des députés, désignés selon le poids démographique et économique de chaque pays membre, et complétée de représentants du Parlement européen. Cette Assemblée serait donc équilibrée et, surtout, elle serait l’incarnation de la démocratie directe, puisqu’elle serait en lien avec les Parlements nationaux qui votent les lois de finance.

Face aux discours qui réclament moins d’Europe, vous répondez donc en proposant plus d’Europe ?

Oui, car si on arrête de pédaler, on tombe du vélo. Je considère que la clé européenne est démocratique : si on redonne une transparence et une légitimité aux choix faits par les institutions européennes, les citoyens auront le sentiment d’être mieux entendus et l’Europe sera mieux comprise. Mon objectif avec cette Assemblée démocratique est de mettre l’austérité en minorité.

Mais tout cela prendra du temps…

C’est pour cela qu’il vaut mieux commencer tôt à en débattre. J’ai transmis mon projet ce jeudi au président de la Commission européenne, au commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici, aux chefs d’Etat européens et aux principaux partis politiques de gauche, et à la presse européenne. C’est une base de discussion, amendable, mais qui pose enfin un pas démocratique original et nouveau. Jusqu’à présent, la stabilisation financière et la confiance des marchés ont toujours primé sur la croissance, l’emploi et la confiance dans le projet européen. Cela ne peut pas continuer. Car le lien est évident entre ces politiques et le rejet de l’Europe.

Je veux faire primer la transparence démocratique et la légitimité parlementaire. En attendant ce changement majeur, j’ai prévu une feuille de route de sortie de crise qui permet d’agir dans le cadre actuel, notamment pour réduire la pression de la règle des 3 %, par exemple en déduisant les dépenses de défense et d’accueil des migrants du calcul des déficits.

Mais mon projet de traité est couplé à deux autres questions fondamentales : l’énergie et la défense. Je propose parallèlement un traité de transition énergétique à l’échelle européenne, pour mettre en place un plan d’investissements de 1 000 milliards d’euros. L’actuel plan Juncker n’est que trop partiellement utilisé pour les questions écologiques, et il ne finance que des projets immédiatement rentables, quand les énergies renouvelables demandent du temps avant de le devenir.

L’autre pilier est la défense européenne. Le président de la République l’a évoquée au sommet de Versailles. C’est un impératif fondamental, étant donné que les Etats-Unis se désengagent manifestement de l’Europe pour se tourner vers l’Asie, et compte tenu de l’instabilité créée par la présidence Trump et les positions que le nouveau président américain pourrait prendre vis-à-vis de la Russie. Tout cela exige qu’on resserre les rangs européens. Moins d’Amérique appelle plus d’Europe.

La force de la France en matière de défense est qu’elle dispose d’un outil complet : la dissuasion nucléaire, les forces conventionnelles terrestres, navales et aériennes, plus la capacité de projection de ses forces sur des théâtres extérieurs.

Que pensez-vous de l’Europe à la carte proposée par François Hollande ?

Je suis d’accord avec l’idée selon laquelle on ne peut plus être tributaire de la feuille de route d’Etats européens qui n’ont que le désir d’un marché commun européen, mais pas d’une ambition politique et démocratique commune. L’Europe à deux vitesses existe déjà, cela s’appelle la zone euro. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut maintenant accélérer.

Comment convaincre l’Allemagne, qui risque d’être opposée à votre projet ? On imagine également que d’autres pays, comme ceux d’Europe de l’Est ou le Luxembourg, ne seront pas non plus très enthousiastes…

C’est vrai, une grande partie de la clé de ce futur débat est à Berlin. Mais, sur toutes ces questions, l’Allemagne n’est pas un bloc homogène. J’ai l’intention de rencontrer Martin Schulz à Berlin, fin mars, pour en discuter avec lui. Dans son pays, le candidat du SPD veut construire une future coalition avec une majorité de gauche plus disponible sur ces sujets. En 2012, il n’y avait pas encore la perception suffisamment mûre des dangers auxquels s’expose l’Union européenne. Mais depuis, il y a eu la crise grecque, le Brexit, la montée des nationalismes en Europe, la crise des migrants et la démonstration que l’Union est devenue une somme d’égoïsmes nationaux.

Tout cela modifie la perception de l’Allemagne. Les Allemands veulent aussi relancer le projet européen dans la zone euro. Il faut nous entendre désormais sur le « comment ? ». Une grande démocratie comme l’Allemagne ne peut pas refuser le débat démocratique que je propose, ce serait prendre une responsabilité immense vis-à-vis des échecs à venir. Je suis persuadé que l’Allemagne est prête à cette discussion.

Mais si la réponse est non, êtes-vous prêt à soumettre à un référendum la question du maintien de la France dans l’Union européenne ?

Cela ne se passera pas comme ça, on ne pourra pas dire non et on rentre à la maison. Quoi qu’il arrive, je reprendrai toujours mon bâton de pèlerin pour trouver des solutions. Il n’y aurait aucun bénéfice pour la France à sortir de l’Europe, mais y rester dans l’état actuel des institutions ne peut que nous préparer collectivement à un futur sinistre.

En quoi votre proposition vous différencie-t-elle de celles d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon sur l’Europe ?

J’ai davantage confiance que Jean-Luc Mélenchon dans l’avenir du projet européen, je ne crois pas que cette belle histoire soit finie. Lui met la barre tellement haut que son plan B et la sortie de la France de l’Union apparaissent comme la seule hypothèse sérieuse. Moi aussi, je mets la barre très haut, mais elle est haute par l’ambition, pas par la menace. Je veux réussir à parler d’Europe sous une autre forme que celle d’un dangereux chiffon rouge qu’on agite dans tous les sens.

Quant à Emmanuel Macron, il ne rompt pas avec la nature actuelle de la politique européenne. Il est dans la perpétuation de ce qui existe déjà et qui ne marche pas. Je ne vois pas en quoi les aménagements qu’il propose sont de nature à changer la réalité des politiques européennes et la perception que les populations en ont.

Par exemple, je souhaite qu’on hisse au niveau européen le niveau de protection français contre les perturbateurs endocriniens. C’est un domaine sur lequel il ne faudra surtout pas baisser la garde. Que dit Emmanuel Macron sur ce point ? De qui est-il le plus proche ? Des grands lobbies de l’industrie pétrochimique qui fabriquent du doute contre la réalité de ces dangers, ou de ceux qui veulent protéger les populations ? Il offre à ses puissants interlocuteurs ce qu’ils demandent, il aligne son agenda politique sur l’agenda de ces grands groupes.

Sur vos propositions économiques, comptez-vous faire évoluer votre revenu universel d’existence (RUE) en y accolant une augmentation des bas salaires ?

Le revenu universel est à la fois une mesure de pouvoir d’achat pour ceux qui travaillent, un dispositif de lutte contre la pauvreté et un moyen de maîtriser les transitions de plus en plus fréquentes dans les carrières professionnelles. J’ai toujours parlé d’un processus par étapes. La première automatisera le versement d’un RSA, dénommé désormais revenu universel, revalorisé à 600 euros pour tous les Français pauvres. Avec les économistes qui m’accompagnent, nous avons élaboré un scénario qui permet d’étendre le bénéfice du RUE à tous les travailleurs, quel que soit leur statut, salarié ou indépendant, dès le 1er janvier 2018.

Tout travailleur qui perçoit un salaire net jusqu’à 1,9 smic mensuel constatera une augmentation significative sur sa fiche de paie. Ainsi, une personne au smic qui perçoit 1 150 euros net mensuels gagnera désormais 1 350 euros, sans augmentation du salaire brut. Et plus largement une majorité de travailleurs, salariés ou non, et pas uniquement les bas salaires, ainsi que les jeunes de 18 à 25 ans, quel que soit leur statut, bénéficieront d’une autonomie nouvelle et d’un gain net de pouvoir d’achat, ce qui permettra de relancer l’économie.

Quel sera le coût de ce dispositif ?

Autour de 35 milliards d’euros, au bénéfice d’un soutien nécessaire au pouvoir d’achat, à la lutte contre la pauvreté et pour accompagner les mutations du travail. Et pour l’étape suivante, la généralisation du RUE à tous et son augmentation de 600 à 750 euros, comme je l’ai indiqué dès l’origine, c’est une conférence sociale qui préparera ces décisions, en s’appuyant sur les bénéfices constatés lors de la première étape et en fonction de la trajectoire des finances publiques.

Dans votre livre « Pour la génération qui vient » (Equateurs, 125 p., 9 €), qui paraît jeudi 9 mars, vous vous inscrivez dans la lignée de l’Américain Bernie Sanders, de Podemos en Espagne ou d’Alexis Tsipras, qui, soit ont échoué à conquérir le pouvoir, soit n’ont pas pu appliquer leur programme anti-austérité, comme en Grèce. Pourquoi échapperiez-vous à cette malédiction ?

La question, c’est le degré de maturité des peuples pour engager ces changements. Je constate que les projets dans lesquels nous nous reconnaissons progressent partout. Ce qui se passe en Allemagne est significatif : le fait que Martin Schulz puisse s’allier avec Die Linke, dont le SPD ne voulait pas entendre parler avant, montre une évolution de la gauche européenne. Les social-démocraties, quand elles gouvernent sur des bases très libérales, sont confrontées à l’impasse de leurs choix et perdent les élections partout. Dernière victime en date : Matteo Renzi en Italie. En France, le résultat de la primaire à gauche a fait écho à ce qui se passe en Europe. Les Français sont-ils mûrs pour faire confiance à cette gauche nouvelle à la présidentielle ? Je le crois. Je le vois. La leçon de Tsipras, c’est qu’il faut constituer une alliance de tous les progressistes européens, c’est ce que je prépare.

Comment expliquez-vous alors qu’Emmanuel Macron, qui s’inscrit dans une gauche plus libérale, fasse la course en tête dans les sondages ?

Il réunit une partie de la droite et de la gauche dans un projet qui ne propose pas de remettre en cause l’ordre des choses, la distribution des rôles dans la société. Il apparaît, en outre, aux yeux de beaucoup, comme un vote utile pour éviter Marine Le Pen. Mais je m’inscris en faux contre cette analyse : je pense au contraire que, partout en Europe, ce sont les politiques libérales et dérégulatrices qui font monter le FN. Non seulement le vote Macron est inefficace pour faire baisser le FN, mais je pense même qu’il peut être un accélérateur. Qui ne voit pas le parallèle avec le face à face Clinton-Trump ? Il faut une ligne claire et un projet global et puissant pour battre le FN. Partout l’indifférenciation gauche-droite fabrique des courants nationalistes à vocation majoritaire. Je ne me résous pas à cette issue tragique pour la France.

Bertrand Delanoë a annoncé mercredi son ralliement à Emmanuel Macron. D’autres poids lourds du PS devraient le suivre…

J’y vois une forme de renoncement. Jusqu’ici, j’ai fait sans eux. Maintenant, ils décident d’être contre moi. Je trouve surtout curieux pour des sociaux-démocrates de rallier un projet qui est tout sauf social, et de faire une croix sur l’acte démocratique qu’a constitué le vote du peuple de gauche en ma faveur à la primaire. En même temps, je préfère me réjouir d’avoir le soutien de l’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo, ou de plusieurs maires de grandes villes, comme celles de Rennes, Nantes ou Lille…

Ces socialistes tentés par Macron vous reprochent d’avoir davantage cherché à rassembler les gauches que le centre de gravité du PS…

Mon rôle est de m’adresser à tout le monde ! Je dois convaincre à la fois les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et les électeurs de gauche tentés par Emmanuel Macron. Ma centralité à gauche me met en situation de le faire. En fait, cette critique est un prétexte pour justifier de remettre en cause le serment de la primaire, c’est-à-dire de soutenir celui que les électeurs ont choisi. Et ils l’ont fait sur un projet. J’ai fait des gestes d’ouverture, et beaucoup de ceux qui ne me soutenaient pas hier travaillent à mes côtés. Alors, j’entends encore des ministres déclarer attendre des « preuves d’amour ». Qu’est-ce que ça veut dire ? On demanderait à un candidat à la présidentielle de s’adresser moins aux Français et plus aux ministres ? Ce n’est pas à la hauteur d’une élection où le FN menace de faire main basse sur la République.

Vous avez du mal à être audible dans ce début de campagne. Est-ce pourquoi vous changez de stratégie en présentant, la semaine prochaine, votre programme global ?

Nous avons perdu du temps et de l’attention médiatique pendant l’affaire Fillon. Nous devons donc nous faire entendre fortement. Pour le reste, s’il n’est pas question d’abandonner les idées que j’ai défendues pendant la primaire, je vais enrichir encore mon projet. Jusqu’ici j’ai parlé aux Français d’un futur désirable. Je vais leur démontrer que c’est aussi un futur possible.

Propos recueillis par Solenn de Royer et Bastien Bonnefous

 

 

LES ECHOS – 09/03/2017

Présidentielle : les candidats prédisent aux élus locaux réforme et rigueur

 

Les candidats à la présidentielle ont détaillé leur programme pour les collectivités territoriales.

Cinq candidats à la présidentielle ont été auditionnés ce mercredi par l’Assemblée des départements de France. Ils ont détaillé leur programme pour les collectivités territoriales.

Pas de répit pour les collectivités locales lors du prochain quinquennat. C’est ce qui ressort des auditions, ce mercredi, de cinq « grands » candidats à la présidentielle devant l’Assemblée des départements de France. Depuis des mois, les élus locaux demandent pourtant une stabilisation des institutions après les quatre lois votées sous la présidence de François Hollande. Les candidats ont certes promis la fin du « big-bang » ou des « shadoks », pour reprendre leurs termes. Mais les institutions locales vivront nécessairement de nouvelles turbulences fortes si on les écoute.

Fillon : 7,5 milliards d’économies

« Il y aurait encore bien des réformes institutionnelles à mener mais elles dépensent trop d’énergie, ce sera pour mon successeur. Ma priorité, c’est la relance économique » a promis François Fillon. Le candidat de la droite à l’Elysée a aussi répondu à la demande d’une plus grande liberté des élus locaux. Les régions qui le souhaitent pourront installer le conseiller territorial, c’est-à-dire la fusion de leurs assemblées délibérantes avec celles de leurs départements. Une réforme votée sous Nicolas Sarkozy mais abrogée par la gauche.

« Des départements pourront fusionner s’ils le souhaitent » a-t-il lancé, en regardant le président des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjan, qui espère se rapprocher des Yvelines.

François Fillon a chiffré pour la première fois le tour de vis budgétaire qu’il imposera aux collectivités : un montant annuel de 7,5 milliards d’euros à l’issue du quinquennat. C’est moins que les 10 milliards de baisse des dotations du mandat qui s’achève mais cette nouvelle cure d’austérité imposera des décisions musclées des élus locaux, même si le candidat LR leur promet comme anti-douleur de les associer aux décisions. D’autant qu’ils absorberont une portion importante de sa suppression de 500.000 postes de fonctionnaires qu’il prévoit et devront porter le temps de travail de leurs agents à 39 heures par semaine.

Macron : la fin des départements du Grand Paris

Le candidat d’En Marche à l’Elysée a promis ce mercredi un pacte quinquennal et une conférence semestrielle avec les élus locaux. Mais il a confirmé 10 milliards d’euros d’économies et la conversion de la taxe d’habitation en une compensation d’Etat, réduisant l’autonomie fiscale des collectivités.

Il s’est aussi engagé à approfondir la métropolisation du pays en supprimant un quart des départements. Gérard Collomb, maire de Lyon , a précisé aux « Echos » que les huit départements du Grand Paris seront fondus dans la métropole, si Emmanuel Macron entre à l’Elysée. D’autres grandes agglomérations pourraient absorber leurs départements. Emmanuel Macron anticipe des fusions entre conseils départementaux. A contrario, là où aucune grande ville n’existe, c’est le département qui pourrait prendre les compétences de métropole. Enfin, Emmanuel Macron a confirmé son intention de recentraliser le financement du RSA.

Hamon : le RSA nationalisé

Benoît Hamon a promis de ne plus baisser les dotations des collectivités et de signer lui aussi un pacte avec les élus locaux. Le candidat du PS à la présidentielle a toutefois prévenu qu’il dépouillera les départements du RSA qui sera revalorisé de 600 euros début 2018. C’est l’une de leurs principales compétences, mais aussi un lourd fardeau financier. Il a toutefois annoncé de nouveaux transferts de compétences de l’Etat, par exemple la décentralisation du pouvoir sur les énergies renouvelables.

Le Pen, Mélenchon et Dupont-Aignan suppriment les régions

David Rachline qui représentait Marine Le Pen , le sénateur Pierre-Yves Colombat, envoyé par Jean-Luc Mélenchon , ou encore Nicolas Dupont-Aignan ont, eux, dénoncé la course au gigantisme que représentent la métropolisation et les grandes régions. Le premier a promis la suppression des conseils régionaux et le transfert de leurs compétences (transport à l’Etat par exemple ou les lycées aux départements). Le second a enterré aussi les régions et assuré que son candidat rétablira la clause de compétence générale. Nicolas Dupont-Aignan donnera, lui, le pouvoir territorial aux départements dont les représentants et ceux de l’Etat piloteront les grandes décisions au niveau régional.

Matthieu Quiret

 

 

LE FIGARO – 09/03/2017

Départements : comment les élus taillent dans leurs dépenses pour boucler leur budget

ENQUÊTE – L’équation à laquelle doivent faire face les départements, pour difficile qu’elle soit, n’est pas insoluble. Mais ces contraintes ne laissent guère de choix : il faut faire des économies.

Honorer les dépenses, croissantes mais obligatoires, de RSA et d’aide aux personnes âgées. Subir, depuis quatre ans, la baisse des dotations de l’État dans le cadre du plan d’économies. Continuer à investir. Le tout, sans augmenter trop les impôts locaux ni alourdir la dette. L’équation à laquelle doivent faire face les départements, pour difficile qu’elle soit, n’est pas insoluble. Mais ces contraintes ne laissent guère de choix: il faut faire des économies.

Certaines paraissent évidentes. Depuis 2014, le Rhône a vendu ses grosses cylindrées pour les remplacer, en partie, par des voitures électriques. Le département s’est aussi séparé d’un petit château qui hébergeait auparavant des colonies de vacances. Le Puy-de-Dôme et l’Eure ont pour leur part «écrêté» les réserves financières «pléthoriques» de certains collèges. Les Bouches-du-Rhône ont coupé d’un tiers les budgets communication et réception…

Au-delà des coupes évidentes par temps de crise, les exécutifs départementaux ont aussi fait des choix. «Nous avons demandé deux choses à tous nos services: quelles économies sont possibles? Jusqu’où peut-on, légalement, réduire les dépenses?, témoigne Gilbert Favreau, le président LR des Deux-Sèvres, reprenant une approche partagée par de nombreux départements en difficulté. Ensuite, nous avons fait des arbitrages.» Résultat? L’équipe de quinze personnes chargées de l’apprentissage des nouvelles technologies auprès des résidants des maisons de retraite a été supprimée…

Sébastien Lecornu, président LR du conseil départemental de l’Eure, a cherché lui aussi à «clarifier ce qui relevait vraiment de nos compétences». Il a ainsi supprimé les bourses aux lycéens (qui continuent de toucher l’aide des régions), mais pas aux collégiens. En Seine-Maritime, les nombreux «satellites» de la collectivité en matière de développement économique et de tourisme ont été fusionnés en une seule structure, générant 300.000 euros d’économies pérennes.

Les dépenses relevant strictement de la compétence des départements n’ont pas échappé non plus aux coupes budgétaires. Dans le Puy-de-Dôme, les services de la voirie ont dû s’accommoder d’une baisse de 5 % de leurs moyens de fonctionnement. Un budget carrément amputé d’un cinquième dans les Deux-Sèvres. Si la collectivité n’a «pas chipoté» sur les moyens alloués aux grands axes, elle a en revanche dépensé moins pour le réseau secondaire, en réduisant la fréquence des fauchages des bas-côtés.

Heureusement, les économies réalisées peuvent aussi passer par des réformes locales structurelles. «À mon arrivée, j’avais deux garages sur les bras: l’un peignait les véhicules des pompiers en rouge, l’autre les camions de l’entretien des routes en orange, rapporte sans rire Sébastien Lecornu. J’ai fusionné les deux.» Autre levier: la masse salariale. Le Puy-de-Dôme prévoit de supprimer cette année 80 postes sur les 1500 de la collectivité, en ne remplaçant qu’un départ à la retraite sur deux.

Certaines collectivités ont des marges de manœuvre en matière… de temps de travail. La preuve? Les agents des Deux-Sèvres travaillaient 45 heures de moins par an – soit une grosse semaine – que la durée légale fixée à 1 607 heures. Une simple remise à niveau a ainsi permis de supprimer… 30 postes l’année dernière.

Reste la question sensible des dépenses sociales. Revenu de solidarité active (RSA), allocation personnalisée d’autonomie (APA), prestation de compensation du handicap (PCH)… ces aides explosent avec la crise qui n’en finit pas et le vieillissement de la population. Les critères d’attribution et les montants relevant de l’État, la part de la facture échouant aux départements ne cesse elle aussi, malgré eux, de s’alourdir. Toutes les collectivités ne se résignent cependant pas à laisser filer ces dépenses qui représentent, en moyenne, 60 % de leur budget. Le Puy-de-Dôme, dont les charges liées à l’APA sont plus conséquentes qu’ailleurs, a fait baisser de 8 % son budget dépendance. Comment? En réduisant le nombre d’heures de service à domicile pour les seniors les moins dépendants. «Nous étions relativement généreux et les bénéficiaires n’utilisaient pas tous leurs crédits», explique Jean-Yves Gouttebel, le président PRG du département. Même politique dans le Rhône, où la dépense moyenne par bénéficiaire a été réduite de… 31 % entre 2014 et 2016!

Lutte contre la fraude

Et puis il y a le RSA. Certes, les départements n’ont pas la main sur cette prestation mais ils ont en charge la politique de réinsertion des allocataires et la lutte contre la fraude. Activant ces deux leviers, les Bouches-du-Rhône ont réussi à diminuer de 6000 le nombre d’allocataires en 2016, à 96.000. «Nous avons augmenté la fréquence des convocations pour recherche d’emploi et nous nous sommes efforcés de suspendre les aides après deux lapins à ces rendez-vous», détaille Didier Réault, le vice-président LR en charge des finances. En parallèle, la collectivité a créé «l’Accélérateur de l’emploi», des rencontres entre allocataires et recruteurs. Elle n’est pas la seule, de nombreux départements ont mis en place des dispositifs de ce type. Tablant aussi sur une conjoncture moins dégradée, les Bouches-du-Rhône visent une baisse des dépenses de RSA de 16 à 20 millions d’euros en 2017, sur une dépense de 440 millions.

Pour diminuer quelque peu la facture, certains départements s’appuient aussi sur le «plan 500.000 formations» pour les chômeurs, mis en place en 2016 sous l’impulsion de François Hollande. Certains exécutifs se rapprochent en effet des régions, qui ont en charge le dispositif, pour «pré-flécher» leurs allocataires du RSA vers les formations proposées. Un accord gagnant-gagnant, la région remplissant ses objectifs de mise en formation et le département, ne versant plus le RSA aux allocataires qui suivent une formation et sont rémunérés (le plus souvent à un niveau supérieur) à ce titre.

Ces mesures, aussi utiles ou inventives soient-elles, ne suffisent toutefois pas à combler le trou de plus en plus béant des finances sociales locales.

Guillaume Guichard  

 

::: INTERNATIONAL

LIBERATION – 09/03/2017

WikiLeaks : CIA, des yeux derrière l’écran

Regroupés sous le nom de «Vault 7», plusieurs milliers de documents de l’agence de renseignement américaine ont été mis en ligne. Ils révèlent un arsenal d’outils créés pour espionner les citoyens, notamment via les objets connectés.

«Année zéro.» WikiLeaks promet d’ouvrir une nouvelle ère avec la publication, entamée mardi, de milliers de document de la CIA, le principal service de renseignement extérieur américain. Déjà 8 761 fichiers, aux niveaux de classification divers (non-classifiés, secret, top secret), sont accessibles sur le site de l’organisation. Tous, datés de 2012 à 2016, documentent les capacités de piratage et d’espionnage numérique de la célèbre agence de Langley, en Virginie. Une division est entièrement dédiée à ces activités, le Centre pour le cyberrenseignement (CCI), qui a ouvert une antenne secrète dans le consulat américain de Francfort pour les opérations en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique. D’autres documents suivront, promet l’organisation de Julian Assange, qui a baptisé l’opération «Vault 7». Passage en revue des cyber-dessous de la CIA.

Les agences américaines sont-elles des passoires ?

C’est au moins la troisième fuite d’ampleur d’informations secrètes américaines en quelques années. Il y avait eu les «War Logs» sur les guerres en Irak et en Afghanistan des Etats-Unis, des milliers de documents de l’armée fournis par Bradley Manning (devenu depuis Chelsea Manning). Puis les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance tentaculaire de la National Security Agency (NSA). C’est au tour de la CIA de se retrouver déshabillée sur Internet. Le nombre de personnes détenant des informations classifiées est l’un des facteurs expliquant cette propension à voir ses secrets exposés sur la place publique. Aux Etats-Unis, une personne sur 71 est habilitée, contre une sur 160 en France. Mais surtout, environ 30 % des habilitations «top secret» sont données à des sous-traitants privés, à l’instar de Snowden qui travaillait pour Booz Allen Hamilton, un géant du complexe militaro-industriel américain sous contrat avec la NSA. Après ces révélations, les officiels français n’avaient pas manqué d’y voir une validation du modèle hexagonal : pas (ou très peu) de sous-traitants sur les affaires les plus sensibles, pas (ou moins) de risque de fuites.

Les télés Samsung nous écoutent-elles ?

Les objets dits intelligents sont de grands bavards. La CIA en offre une nouvelle illustration avec son programme baptisé «Weeping Angel». Les télévisions dernières générations de Samsung comprennent un micro pour contrôler par la voix sa TV – comme Siri pour les iPhones ou Google Now pour Android. Avec Weeping Angel, la CIA parvient à pirater les télévisions pour écouter ce qui se dit, évidemment aux dépens de l’utilisateur qui n’y voit que du feu : la télé a l’air d’être en veille. Le mode opératoire du piratage n’est pas clair, mais les documents indiquent qu’une clé USB infectée doit être branchée au téléviseur. Autant dire que toutes les Samsung ne sont pas reliées à la CIA. Comme le souligne The Intercept, le média créé par les journalistes ayant révélé les documents Snowden, Weeping Angel est la dernière illustration de l’appétit des espions pour tout objet connecté. L’année dernière, le big boss du renseignement américain, James Clapper, l’avait dit sans fard devant le Sénat : «A l’avenir, les services de renseignement pourraient utiliser [l’Internet des objets] pour l’identification, la surveillance, le suivi, la géolocalisation, pour cibler le recrutement, ou pour accéder à des réseaux ou des identifiants d’un utilisateur.»

Les applications de messagerie chiffrées sont-elles piratables ?

Une phrase de la prose introductive de WikiLeaks a créé une vaguelette de panique : les applications de messagerie réputées fiables et robustes seraient piratables. C’est une lecture un peu rapide de l’analyse faite par l’organisation de Julian Assange. Une section dédiée, la Branche des appareils mobiles (MDB) de la CIA, a développé quantité d’outils pour pénétrer frauduleusement dans les téléphones portables. Deux unités sont même spécialisées dans le piratage des produits Apple et Android. Une fois infectés, les mobiles balancent potentiellement tout ce qu’ils savent : géolocalisation, communications écrites et audio. Ils peuvent même servir de micro (comme les télés Samsung) ou prendre des photos… En conséquence, les communications qui transitent cryptées entre deux téléphones (par exemple avec l’application Signal) mais qui sont en clair dans le téléphone, deviennent accessibles aux limiers de la CIA. «Ces techniques permettent à la CIA de contourner le chiffrement de WhatsApp, Signal, Telegram, etc.» écrit WikiLeaks. Les applications ne sont pas percées, mais le piratage des appareils donne accès aux contenus.

Ce type de faille n’a absolument rien de nouveau. Le chiffrement, largement popularisé après les révélations de Snowden, prémunit contre la surveillance de masse, pas contre des mesures ciblées. Une partie des détracteurs de la pêche au chalut opérée par la NSA ou son homologue britannique, le GCHQ, réclamaient précisément le retour à ce genre d’opérations ciblées, plus coûteuses en temps et en main-d’œuvre, et moins indiscriminées.

Comment la CIA s’y prend-elle ?

Pas de piratage sans faille. Entrer dans un système nécessite de débusquer une vulnérabilité. Dans le langage de la sécurité informatique, ces failles non-corrigées s’appellent joliment des «Zero Day». Edward Snowden l’a vite fait remarquer mardi sur Twitter : l’une des grandes révélations de cette fuite concerne ces failles. «La première preuve dans le domaine public que le gouvernement américain dépense secrètement de l’argent pour conserver un logiciel américain vulnérable», s’enthousiasme le lanceur d’alerte en exhibant un tableau trouvé dans les documents. Intitulé «Données sur les exploits [ce qui permet d’exploiter une faille « Zero Day », ndlr] iOS», il liste plusieurs d’entre elles, avec leurs caractéristiques et leur origine. Deux d’entre elles ont été achetées par la CIA ou la NSA. Autour de ces failles s’est en effet développé un véritable business : des entreprises, dont Zerodium, fondée et développée en France avant de s’expatrier aux Etats-Unis, vendent ces failles à prix d’or – plusieurs millions d’euros pour le système d’exploitation iOS. La régulation de ce commerce très spécial reste encore embryonnaire. Elle est primordiale : tant qu’elles ne sont pas corrigées, ces failles sont à la merci de quiconque a les moyens techniques de les exploiter. La CIA donc, mais aussi des dictatures, voire des mafias. En France, l’entreprise YesWeHack a lancé une plateforme, Zerodisclo.com, pour permettre à des anonymes de faire remonter ces vulnérabilités aux éditeurs et limiter ainsi les risques de piratage. Mercredi, Apple a réagi aux révélations de WikiLeaks en indiquant tout faire pour corriger les vulnérabilités restantes.

La CIA fait-elle comme la NSA ?                                    

L’inventaire à la Prévert des outils d’espionnage de la CIA donne immanquablement une impression de déjà-vu. Les documents de Snowden révélaient déjà l’étendue du savoir-faire de la NSA : de la surveillance la plus massive sur les câbles sous-marins aux attaques les plus sophistiquées de l’unité spéciale Tailored Access Operations. Philippe Hayez, responsable des cours sur le renseignement à Sciences-Po, n’y voit aucune redondance avec la CIA : «Il s’agit d’activités classiques de renseignement, un appui technique pour accrocher un objectif humain.» Y compris grâce à sa télé.

Pierre Alonso

 

 

LE POINT – 09/03/2017

Mur de Trump : Lafarge prêt à vendre son ciment

 

Lafarge a refusé de s’exprimer sur le financement indirect en 2013 et en 2014 de groupes armés en Syrie.

Ce projet à la frontière entre les États-Unis et le Mexique est évalué à des dizaines de milliards de dollars. LafargeHolcim lorgne ce juteux marché.

Cette annonce pourrait faire polémique. Dans un entretien accordé à l’AFP, le PDG du groupe franco-suisse LafargeHolcim se dit prêt à vendre son ciment pour le mur anti-clandestins promis par Donald Trump. Ce projet à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, évalué à des dizaines de milliards de dollars, est au centre d’une crise diplomatique entre Mexico et Washington et suscite des critiques à travers le monde. Le cimentier lorgne ce colossal programme de travaux publics en préparation aux États-Unis

« Nous sommes prêts à fournir nos matériaux de construction pour tous types de projets d’infrastructures aux États-Unis », déclare Eric Olsen, le patron du géant du ciment, interrogé sur sa possible participation à ce chantier controversé. « Nous sommes le premier cimentier aux États-Unis. (…) Nous sommes ici pour soutenir la construction et le développement du pays », justifie, en anglais, le dirigeant.

« Servir nos clients »

Questionné sur les éventuelles conséquences sur la réputation du groupe, Eric Olsen insiste sur le fait que LafargeHolcim ne fait pas de politique. « Nous sommes ici (aux États-Unis) pour servir nos clients et répondre à leurs besoins. Nous ne sommes pas une organisation politique », défend le grand patron.

« LafargeHolcim n’est pas une organisation politique. Nous n’avons pas d’opinion politique », insiste-t-il, refusant par ailleurs de s’exprimer sur le financement indirect par Lafarge en 2013 et en 2014 de groupes armés en Syrie, pays déchiré par un conflit meurtrier, pour maintenir en activité une de ses cimenteries.

Pas de boycott populaire

Eric Olsen opposera également une réponse identique au sujet d’une possible victoire de la candidate d’extrême droite Marine Le Pen lors de la future présidentielle française, alors que cette perspective inquiète de plus en plus les milieux financiers et d’affaires internationaux. Si ces positions sont de nature à valoir au groupe une mauvaise publicité et des remontrances des politiques, notamment en Europe, l’impact matériel serait, lui, négligeable, car LafargeHolcim ne vend pas directement son ciment aux consommateurs.

Il est ainsi à l’abri d’un potentiel boycott populaire comparable à celui subi par Uber après sa réaction timide au premier décret anti-immigration pris par le président américain fin janvier. Également présent aux États-Unis, le cimentier irlandais CRH a pour sa part déjà fait savoir qu’il ne fournirait pas ses matériaux pour la construction du mur du président Trump, qui a signé le décret de lancement du projet de construction le 25 janvier.

Un programme de 1 000 milliards de dollars

Les enjeux sont importants pour LafargeHolcim, né en 2015 de la fusion entre les cimentiers français Lafarge et suisse Holcim. L’entreprise espère être un des grands gagnants du programme d’investissements de 1 000 milliards de dollars promis par Donald Trump pour rénover les infrastructures américaines (ponts, tunnels, routes, aéroports). Ce plan, dont l’annonce est imminente, devrait inclure la construction du mur frontalier, croit savoir la presse américaine.

« Il va y avoir une hausse importante des dépenses d’infrastructures », anticipe d’ores et déjà Eric Olsen, parlant des premiers effets sur les résultats de LafargeHolcim à partir de 2018. « Nous sommes bien placés pour tirer profit de ces investissements », affirme Eric Olsen.

Créer de l’emploi

Le groupe, qui a renoué avec les bénéfices en 2016 après des pertes l’année précédente, devrait annoncer dans les prochaines semaines aux États-Unis des créations d’emplois, un sujet cher à Donald Trump, élu sur la promesse de rapatrier les emplois industriels sur le sol américain. « Je ne peux pas donner de chiffre exact, mais ce sera important », avance Eric Olsen.

Autre élément qui pourrait séduire Donald Trump, qui martèle depuis des semaines sa stratégie de donner la priorité aux salariés, marchandises et entreprises américains : LafargeHolcim dispose de sites de production au Texas et des opérations dans le Nouveau Mexique et en Arizona, soit trois des quatre États américains frontaliers du Mexique.

Le groupe vient par ailleurs de construire deux nouvelles usines dans le Maryland et l’Oklahoma et a ouvert de nouvelles capacités dans les Etats de New York et du Missouri en prévision du redressement en cours du secteur de la construction américain. Cette importante présence américaine pourrait faire pencher la balance de son côté face au cimentier mexicain Cemex, fortement pressenti pour emporter ce projet.

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 07 Mars 2017

2017-03-09T09:07:56+01:00Mots-clés : , , |

LE PARISIEN – 07/03/2017

Navigo : Pécresse prépare les esprits à une nouvelle hausse des tarifs

 

Noisy-le-Sec, novembre 2016. Valerie Pecresse (LR) organise aujourd’hui une table ronde sur les tarifs dans les transports.

Un préambule à une nouvelle hausse ?

Comme l’année dernière, la présidente de la région et du syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), Valérie Pécresse (LR) organise ce mardi matin une « table ronde » autour du délicat sujet des financements pour les transports franciliens.

On y retrouvera le professeur Yves Crozet, auteur en 2015 d’un livre dont le message principal est que « les utilisateurs des infrastructures et des services de mobilité doivent à l’avenir contribuer plus largement à leur financement ». Seront également présents le président de la Fnaut (Fédération Nationale des Associations d’usagers des Transports) Ile-de-France, opposée au passe à tarif unique, le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Didier King, qui préfère aussi une hausse des tarifs à une augmentation du versement transport, acquitté par les entreprises.

L’ancien vice-président chargé des transports, Pierre Serne (EELV), a pour sa part déjà prévenu : « Je n’irai pas au pseudo colloque mais vrai alibi organisé par le STIF sur la tarification. Il n’y aura aucun intervenant de l’opposition, regrette-t-il. Il s’agit en fait de préparer et « habiller » une nouvelle hausse des tarifs des transports franciliens.».

Une nouvelle hausse des tarifs, comme nous l’indiquions il y a deux semaines, semble en effet inévitable, à moins que le gouvernement concède une nouvelle rallonge budgétaire, comme il l’avait fait l’an dernier, de façon à limiter la hausse du passe à 3 €, alors que Valérie Pécresse menaçait d’en faire monter le prix de 10 à 15 €, « le seul moyen de combler le gouffre financier créé par l’adoption du passe à tarif unique » selon la présidente.

Grégory Plesse

 

 

CNEWS MATIN – 07/03/2017

Vers une nouvelle hausse du prix du Passe Navigo ?

Vers une nouvelle hausse ? Le Syndicat des transports d’Ile-de-France organise ce mardi matin une table ronde sur le financement et la tarification des transports.

En présence de la présidente de la région et du Stif, Valérie Pécresse, plusieurs experts et membres des services de transport débattront notamment de la viabilité du Passe Navigo à tarif unique. Car l’an dernier, elle estimait qu’il manquait «300 millions d’euros par an» pour financer de façon pérenne cette mesure, dont le prix d’équilibre serait «entre 80 et 85 euros par an» sans nouveau financement.

Si l’Assemblée a bien validé en novembre dernier une augmentation du versement transport des entreprises, les travaux du Grand Paris Express commencent aussi à peser dans la balance.

En fonction des conclusions de la réunion, le prix du passe devrait donc à nouveau augmenter, après le passage de 70 à 73 euros en 2016. La décision pourrait intervenir dès le prochain conseil d’administration du Stif, le 22 mars, ou d’ici à l’été, comme l’an dernier.

 

LE FIGARO – 07/03/2017

Deux candidats se déclarent pour le CDG Express

Lundi soir, l’État a ramassé les copies des groupements d’entreprises intéressés par la ligne ferroviaire directe entre Paris et l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

Dernier appel pour les candidats à l’exploitation du CDG Express! C’est lundi soir que l’État a ramassé les copies des groupements d’entreprises intéressés par la ligne ferroviaire directe entre Paris et l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle dont la mise en service est prévue fin 2023.

Le français Transdev, associé à deux fonds d’investissement, Mirova et Demeter, a attendu le dernier jour pour se déclarer. «C’est une liaison importante pour nous, même si elle ne représente pas un volume très important en nombre de passagers, explique Christian Boissier, directeur de Transdev en Île-de-France. CDG Express desservira l’un des principaux aéroports d’Europe depuis la capitale qui deviendra bientôt le Grand Paris.» Transdev est déjà présent à l’aéroport Charles-de-Gaulle avec l’exploitation du CDG Val, le métro automatique qui dessert les différents terminaux. Le groupe de transport public estime qu’il y a là un filon avec un aller au prix de 24 euros. En 2016, l’aéroport a accueilli 66 millions de voyageurs.

En face de lui, Transdev trouvera un duo de poids lourds, formé par la RATP et Keolis, filiale de la SNCF, rarement alliés lors d’appels d’offres. Les deux entreprises avaient créé la surprise le 1er février en annonçant leur candidature commune. La SNCF et la RATP gèrent déjà conjointement la ligne B du RER qui relie également l’aéroport parisien.

Le ministère des Transports analysera les candidatures et remettra d’ici à l’été un cahier des charges. Le nom du vainqueur devrait être connu fin 2018. Le projet (32 kilomètres de voies dont 8 à construire ainsi qu’un tunnel) doit coûter 1,7 milliard d’euros. La société de projet constituée par SNCF Réseau et Groupe ADP est chargée de son financement.

Valérie Collet

 

 

LE PARISIEN – 07/03/2017

Paris se rêve en champion de l’innovation

 

Septembre 2016.

Le Paris Drone Festival avait permis de découvrir des innonvations avec notamment des engins spécialement conçus pour le travail des policiers.

L’innovation. Un mot très souvent employé qui englobe tout et son contraire. Pourtant la Ville de Paris a décidé de se muer en leadeur dans ce domaine, ces domaines pourrait-on d’ailleurs dire. En juin et juillet prochains, pas moins de six rendez-vous de grande ampleur sont programmés pour permettre aux entrepreneurs de montrer leur savoir-faire dans tous les secteurs d’activité sous le nom de Paris Tech Festival. « Devant le succès de la Fashion week ou encore du Designer’s days, nous avons demandé à tous les porteurs de projets s’ils s’imaginaient pouvoir travailler ensemble sur des thématiques générales, le but étant de fédérer autour de l’innovation », attaque Jean-Louis Missika adjoint à la Ville chargé notamment du développement économique et de l’attractivité. Et d’enchaîner : « Si aujourd’hui Paris a un taux de chômage de 7,4 %, c’est notamment dû aux bonnes performances de ce secteur de l’économie qui est de loin celui qui a la plus forte croissance. D’ailleurs, en Ile-de-France, il n’emploie pas loin de 500 000 personnes derrière le tourisme et la finance. »

Ainsi les Parisiens pourront découvrir au début de l’été six grands événements très grand public ou plus spécialises. Le coup d’envoi de ce Paris Tech Festival sera donné le 4 juin avec le Drone festival sur les Champs-Elysées. L’an passé, plus de 150 000 personnes étaient venues assister aux évolutions de ces engins qui révolutionnent la prise d’images. Futur en Seine prendra le relais du 8 au 10 juin à la Grande Halle de la Villette pour présenter des démos et prototypes notamment dans le cadre de l’intelligence artificielle. La Cité des sciences et de l’industrie servira de cadre au Maker Faire (9 au 11 juin). L’occasion de découvrir tout ce que nous pouvons faire nous-mêmes. Viva Technology se concentrera sur les start-up, le numérique et tout cet écosystème innovant à la porte de Versailles du 15 au 17 juin. Si les deux premiers jours sont exclusivement dédiés aux dirigeants et investisseurs, le grand public pourra ensuite se plonger dans cet univers high-tech. La Gaité lyrique accueillera la Fashion Tech (28 juin – 2 juillet) pour se plonger dans l’univers de la mode et de nouvelle façon de produire et consommer ces biens. La Paris Oui Share Fest à Pantin (Seine-Saint-Denis) ponctuera ces rendez-vous sur le thème de l’économie collaborative.

Nicolas Maviel

 

 

LE PARISIEN – 07/03/2017

Logement en Île-de-France : ce que dit la dernière enquête

 

PARIS, novembre.2016. Le rythme des constructions s’est accéléré ces dernières années. Mais toujours pas assez pour répondre aux besoins.

Un document de près de 200 pages dresse un tableau précis de l’évolution et de la situation actuelle de l’habitat à Paris et en Ile-de-France. 

Le rapport final de l’édition 2017 de la grande enquête sur le logement en Ile-de-France sera présenté ce mardi à Paris. Réalisé grâce à l’exploitation des données Insee 2013 par la direction régionale de l’Insee et plusieurs organismes régionaux *, ce document de près de 200 pages dresse un tableau précis de l’évolution et de la situation actuelle de l’habitat à Paris et en Ile-de-France. Si la qualité et le confort des logements progressent, son impact grandissant sur le budget des Franciliens inquiéte. Tour d’horizon.

Des constructions en hausse mais toujours pas assez. Fin 2013, l’Ile-de-France comptabilisait 5 122 000 logements au total. Contrairement aux idées reçues, on n’a jamais autant construit que ces dernières années. Entre 2007 et 2013, et ce malgré la crise bancaire, près de 45 000 logements neufs sont sortis de terre chaque année, particulièrement en grande couronne, 8 000 de plus que les années précédentes. Pourtant, le nombre de résidences principales a connu l’une des progressions les plus faibles de ces trente dernières années. La raison ? Une hausse des destructions et restructurations dans l’ancien.

L’habitat type : un trois pièces de 60 m2. La région compte une large majorité d’appartements : 72 %, dont la moitié ont été construits entre 1949 et 1981. La surface moyenne est de 60 m2 répartie sur 3 pièces.

La fin des toilettes sur le palier. L’inconfort sanitaire a presque entièrement disparu nous dit l’enquête. L’eau, les toilettes intérieures et les installations sanitaires en général sont partie intégrante de l’immense majorité des logements franciliens. Seule 0,6 % de la population en est encore privée, soit un peu plus de 72 000 habitants.

Plus de propriétaires occupants que de locataires. Le nombre de propriétaires a pratiquement doublé en Ile-de-France depuis les années 1970. Et ces derniers restent légèrement plus nombreux que les locataires. Mais cette progression se ralentit.

Le prix d’achat moyen : cinq années de revenus. 359 100€ pour une maison, 288 700€ pour un appartement, telle est la somme moyenne dépensée par les accédants à la propriété entre 2010 et 2013. Soit l’équivalent de cinq années de revenus. Sept mois de plus que sept ans plus tôt, en 2006.

Un coût de plus en plus élevé. L’effort financier consacré au logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages franciliens. Remboursements d’emprunts ajoutés aux dépenses d’énergie, charges de copropriété et taxes foncières et d’habitation… représentent plus d’un quart des revenus des accédants à la propriété. Mais les locataires ne sont pas mieux lotis. La hausse des loyers (ils ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation entre 2006 et 2013) et celle des charges et taxes liées à leur location représentent une part de dépenses de près d’un quart de leurs revenus dans le secteur social, près d’un tiers dans le privé.

HLM en attente. Si 70 % des sondés se disent satisfaits de leurs condiitions de logements en 2013 contre 64 % en 1988, l’insatisfaction est plus marquée chez les ménages locataires avec enfants. Et pour cause, la surpopulation reste une vraie constante en Ile-de-France. 8,4 % des ménages étaient en attente d’un logement social en 2013, contre 6,7 % dix ans plus tôt. La principale motivation de ces demandes est de bénéficier de plus d’espace.

Près d’un Francilien sur dix souffre de mal logement. Près dun million de personnes sont « logées dans des conditions très difficiles » souligne l’enquête. Un nombre impressionnant qui regroupe les occupants des logements inconfortables et surpeuplés. S’ajoutent à ces mal logés les 159 000 personnes privées de domicile personnel.

* Cette enquête et le rapport qui en découle est le fruit d’un partenariat entre la direction régionale de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), l’iAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) d’Ile-de-France), l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) et les services de la préfecture de région d’Ile-de-France.

Frédéric Choulet

 

 

LES ECHOS – 07/03/2017

Actus franciliennes

 

 

::: ENTREPRISES

L’OPINION – 07/03/2017

Opel-Vauxhall, le jackpot de PSA Peugeot-Citroën

 

Carlos Tavarès, patron de PSA et Marry Barra patronne de GM scellent le deal de l’année.

PSA déboursera seulement 1,3 milliard d’euros pour s’offrir les deux marques et les 11 usines de la filiale européenne de General Motors

Alors que la Peugeot 3008 a été sacrée ce lundi voiture européenne de l’année, PSA a sans doute annoncé ce même jour le deal automobile de l’année en mettant la main sur l’ensemble des activités européennes de General Motors (1,15 million de véhicules par an) pour 1,8 milliard d’euros, dont seulement 1,1 milliard en cash.

Les apparences sont parfois trompeuses. Alors que la division européenne de General Motors a encore perdu 230 millions d’euros en 2016, portant son déficit cumulé à 15 milliards en 16 ans, la dernière acquisition de PSA peut sembler risquée. En fait le patron du groupe français, Carlos Tavarès, a su mettre tous les atouts de son côté pour faire de cette opération un succès et une bonne affaire. Globalement la transaction se monte à 2,2 milliards d’euros mais le vendeur devra passer une provision de l’ordre de 4 milliards dans ses comptes, preuve que GM a plutôt consenti un prix d’ami. En outre 40 % du prix affiché concerne la banque de GM en Europe qui finance les ventes d’automobiles Opel et Vauxhall dans 11 pays. Valant 1,2 milliard d’euros elle est cédée par l’Américain pour 900 millions. Et PSA n’en reprend que la moitié, les 50 % restant étant acquis par BNP Paribas qui veut se renforcer dans le crédit à la consommation.

Le prix payé à General Motors est aussi modeste au regard des actifs de la division automobile. Ce gros morceau qui comprend les deux marques Opel et Vauxhall ne coûtera que 1,3 milliard d’euros à PSA dont la moitié seulement en cash et le solde en bons de souscription attribués à GM pour qu’il puisse profiter du développement futur du nouveau numéro deux européen. Or compte tenu de la capitalisation boursière de PSA qui a atteint ce lundi son plus haut niveau depuis cinq ans (16 milliards d’euros), le groupe américain ne détiendra, au mieux, à terme que 4 % du français, soit une dilution infime pour les actionnaires, à commencer par les trois principaux, la famille Peugeot, l’Etat et le chinois DongFeng dont les participations actuelles de 13,7 %, chacun, resteront supérieures à 13 %.

Pour cette somme, PSA met la main sur onze usines en Europe (6 de montage, 5 de production de pièces) un centre d’ingénierie, une capacité de production de plus de 1,5 million de véhicules par an et un réseau de 1 800 concessionnaires ayant vendu 1,15 million de voitures en 2016, générant 17,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Conscient de la qualité de l’outil de travail, même s’il est actuellement surdimensionné, le patron du groupe français a d’ailleurs affirmé ce lundi qu’il ne serait pas nécessaire de fermer d’usines tant qu’elles respecteront leurs objectifs de productivité : « Nous sommes confiants dans l’accélération significative du redressement d’Opel/Vauxhall avec notre soutien, tout en respectant les engagements pris par GM envers les salariés », a précisé Carlos Tavarès. La corbeille comprend en outre le nouveau véhicule électrique très prometteur Opel Ampera e (mis au point aux Etats-Unis), promis à une belle carrière grâce à ses 400 kilomètres d’autonomie.

Amortir les coûts. Tablant avant tout sur l’effet de taille de l’opération qui accroît d’un tiers le volume de ventes de PSA (de 3,15 à 4,3 millions de véhicules par an), le président du directoire affirme : « La transaction permettra de réaliser d’importantes économies d’échelle et de dégager des synergies dans le domaine des achats, de la production et de la recherche & développement. » Elles devraient se chiffrer à 1,7 milliard d’euros par an d’ici 2026, dont 1,1 milliard dès 2020. Un montant à rapprocher des 3,2 milliards de résultat opérationnel (6 % de marge) dégagés par PSA en 2016. Comptant aussi sur les partenariats conclus naguère avec GM, PSA attend qu’Opel/Vauxhall atteigne une marge opérationnelle de 2 % en 2020 et 6 % d’ici 2026.

Ces éléments sont indispensables pour faire face à l’explosion des budgets de recherche et à l’adoption de normes réglementaires de plus en plus strictes qui impliquent de pouvoir amortir les coûts sur des séries de plus en plus grandes. Ce qui a conduit les principaux constructeurs mondiaux (Volkswagen, Toyota, GM, Renault-Nissan) à constituer des ensembles tutoyant les 9 ou 10 millions de véhicules vendus chaque année. Si PSA en sera encore loin, l’arrivée d’Opel/Vauxhall le rapprochera de cet objectif dans des conditions très favorables. En effet, au-delà du rachat stricto sensu, le propriétaire de Peugeot et Citroën a obtenu de GM un accord très accommodant sur les engagements de retraite concernant les salariés des usines allemandes et britanniques. L’américain prendra à sa charge les 9,5 milliards de dollars correspondant aux pensions à verser aux retraités actuels d’Opel et Vauxhall.

N’ayant pas eu besoin de casser sa tirelire, Carlos Tavarès pourra envisager une étape ultérieure de consolidation lorsqu’il aura digéré son acquisition pour atteindre enfin la taille critique.

Renaud Belleville

 

LE PARISIEN – 07/03/2017

La SNCF enterre les trains iDTGV

 

La fin des trains iDTGV va se faire en deux temps.

Ils cesseront d’abord de circuler sur la ligne sud-ouest à partir du début du mois de juillet avant de disparaître de la ligne sud-est à la mi-décembre.

Exclusif. Cette filiale de la SNCF va arrêter son activité de transporteur à la fin de l’année. 

IDTGV, c’est bientôt fini. Selon nos informations, confirmées par la SNCF, cette filiale de la compagnie ferroviaire va arrêter son activité de transporteur à la fin de l’année. Un choix qui vise à rendre plus lisible l’offre TGV. «Entre le TGV classique et le TGV low-cost Ouigo, ce produit n’était pas très clairement identifié par nos clients», justifie Antoine de Rocquigny directeur finances, stratégie et juridique chez Voyages SNCF.

La fin des trains iDTGV va se faire en deux temps. Ils cesseront d’abord de circuler sur la ligne sud-ouest à partir du début du mois de juillet avant de disparaître de la ligne sud-est à la mi-décembre. Quelles conséquences pour les clients ? «Aucunes, assure Antoine de Rocquigny. Le nombre de trains, les fréquences, les petits prix, tout sera transféré chez TGV. Le client ne percevra aucune différence, si ce n’est qu’il ne montera plus dans un TGV estampillé iDTGV.»

Ils desservent une cinquantaine de destinations du Sud-Ouest et du Sud-Est 

Créée en 2004, la filiale vend des billets uniquement sur Internet et à destination de villes essentiellement touristiques implantées en bord de mer et à la montagne, soit une cinquantaine de destinations du Sud-Ouest et du Sud-Est. Au final, une trentaine d’iDTGV circulent au quotidien, soit 4 % de l’offre totale de TGV qui atteint 750 trains par jours. IDTGV a souvent été présenté comme la boîte à idées de la SNCF, sorte de laboratoire où étaient testées les futures offres commerciales. Ainsi, avant le lancement en janvier de la carte jeune illimitée (TGV Max), iDTGV avait expérimenté une carte illimitée sur son réseau (iDTGVMax).

Même chose pour l’accueil embarquement. Depuis sa création, le contrôle des billets iDTGV se fait à quai et non à bord des trains. Un mode de fonctionnement que la SNCF est en train d’étendre sur son réseau de lignes à grande vitesse avec l’installation de portiques sur les quais. « Tout iDTGV ne disparaît pas, tempère Antoine de Rocquigny. Le volet innovation se poursuit mais pour profiter à l’ensemble de l’offre TGV. »

Les 70 salariés avertis le 1er mars

Quel avenir pour les 70 salariés qui ont été avertis de la nouvelle le 1er mars ? La moitié devrait rester pour continuer son travail d’innovation. L’autre partie devrait être reclassée dans le groupe. «Il n’y aura, bien entendu, aucun licenciement sec, prévient Antoine de Rocquigny. Mais si certains souhaitent partir, on verra quelles mesures d’accompagnements on peut mettre en place.»

Cette annonce a fait l’effet d’un coup de massue chez ces salariés. «On ne s’y attendait pas, confie l’un d’eux, qui souhaite garder l’anonymat. Nous avons fait une année 2016 record avec un chiffre d’affaires de 236 M€ soit 1,8 M€ de plus que ce qui avait été fixé comme objectif par le groupe. On va nous proposer un reclassement chez SNCF. Mais ce n’est pas forcément ce que l’on souhaite. IDTGV est une petite structure où on est capables d’aller très vite pour mettre une idée en pratique. SNCF, c’est plus lourd et plus compliqué. Cette nouvelle est dure à encaisser».

Vincent Vérier

 

 

LE MONDE – 07/03/2017

Compromis en vue pour la reprise des chantiers de Saint-Nazaire

L’Italie prendrait la majorité du capital, mais de façon partagée entre Fincantieri et de ses alliés

Encalminé depuis plusieurs semaines pour des raisons politiques, le changement de propriétaire des derniers grands chantiers navals français, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), semble en voie de se débloquer.

Un compromis se dessine pour que ce site historique passe comme prévu sous contrôle italien, mais sans que le repreneur désigné, le leader européen Fincantieri, dispose à lui seul de la majorité du capital. D’abord très réticents, les dirigeants italiens ont récemment accepté d’étudier ce compromis proposé par la France. Depuis peu, les discussions s’accélèrent. L’affaire doit aller vite : « François Hollande tient à boucler avant la fin de son mandat ce dossier très sensible », indique un proche.

Selon le schéma envisagé, Fincantieri se contenterait d’une majorité relative, de l’ordre de 45 % à 49 %. L’Italie aurait néanmoins le contrôle, grâce à la présence d’un ou de plusieurs partenaires de Fincantieri qui prendraient autour de 10 %. Le reste des titres pourrait se partager entre l’Etat français, qui conserverait ses 33 % actuels, et le groupe militaire public DCNS, qui obtiendrait 10 % ou un peu plus. Le capital des chantiers serait ainsi scindé entre un bloc italien majoritaire et un bloc français minoritaire, mais sans qu’aucun actionnaire ait plus de 50 %. Pour Paris, il s’agit de diviser le capital pour empêcher Fincantieri de régner de façon absolue.

Menace

Cette version industrielle de la fameuse « synthèse » chère à François Hollande est loin, toutefois, de susciter l’unanimité. « Que le bloc italien soit réparti entre deux mains n’y change rien, peste le banquier d’affaires Philippe Villin, qui cherche à faire émerger une autre solution. Donner le contrôle d’une telle entreprise aux Italiens est inacceptable à deux mois de l’alternance ! »

Dans l’immédiat, une première étape est attendue ces prochains jours : la signature à Séoul, en Corée, des accords définitifs pour la reprise de STX France, la filiale du conglomérat sud-coréen actuel propriétaire du site de Saint-Nazaire.

Le 3 janvier, le tribunal de commerce du district central de Séoul, chargé de gérer la faillite du groupe STX, avait retenu la seule offre déposée pour les actifs français, celle du constructeur italien de navires Fincantieri. Deux mois plus tard, celui-ci s’apprête à transférer les fonds (moins de 80 millions d’euros, selon des sources concordantes) et à devenir officiellement propriétaire des 67 % de STX France mis aux enchères.

« Cette signature constitue un jalon important », analyse un des protagonistes du dossier. D’une part, elle doit mettre fin aux supputations sur l’éventuel lancement d’un nouvel appel d’offres en Corée pour vendre les chantiers de STX. D’autre part, elle enclenche un compte à rebours : à compter de la signature, l’Etat français disposera de deux mois pour faire jouer s’il le veut son droit de préemption sur les 67 % en jeu.

Contrairement à ce que réclament certains syndicats comme Force ouvrière, le gouvernement ne souhaite pas nationaliser Saint-Nazaire. Mais Christophe Sirugue, le secrétaire d’Etat à l’industrie, n’a jamais exclu d’utiliser ce droit de préemption de façon transitoire, pour bloquer un projet qui ne conviendrait pas à la France et préparer une solution alternative. « On peut faire jouer ce droit », répète-t-on à Bercy. Cette menace permet à l’Etat de peser dans les discussions, pour forcer Fincantieri à rétrocéder une partie des actions qu’il aura bientôt en mains.

Crainte d’une fuite des compétences françaises

L’acquisition pure et simple des chantiers français par leur principal rival a, en effet, du mal à passer dans l’Hexagone. Au fil des semaines, de nombreuses critiques contre le projet ont été émises par les syndicats et des élus locaux, et reprises par le gouvernement français. Aujourd’hui, celui-ci refuse que Fincantieri devienne seul maître à bord des chantiers de Saint-Nazaire, où travaillent plus de 7 000 salariés et sous-traitants.

L’Etat craint une fuite des compétences françaises à l’étranger. En particulier en Chine. Fincantieri a créé en juin 2016 une coentreprise avec China State Shipbuilding Corporation, une société contrôlée par Pékin, afin de construire sur place de grands navires de croisière. Le duo a remporté le 22 février un premier contrat auprès de l’anglo-saxon Carnival, la maison mère de Costa, pour deux à six paquebots. Avec cette alliance et l’absorption de STX France, les Chinois risquent-ils de siphonner le précieux savoir-faire français ?

Le gouvernement redoute, par ailleurs, que Fincantieri privilégie ses chantiers italiens, et ne délaisse Saint-Nazaire lors du prochain bas de cycle. « Au creux de la vague, les Italiens risquent de supprimer des emplois en priorité ici », s’alarme Nathalie Durand-Prinborgne, de FO.

Fincantieri a bien tenté d’apaiser ces craintes, et de vanter les mérites de son projet : la constitution d’un « Airbus naval », un champion européen. L’Etat italien, son actionnaire majoritaire, est aussi monté au créneau, jugeant impossible que Paris stoppe une telle acquisition alors que plusieurs transactions sont engagées en sens inverse, notamment l’achat de Luxottica par Essilor.

Mais après les déclarations très fermes, « les positions s’arrondissent », commente un proche du dossier. Le temps de la diplomatie est arrivé.

Denis Cosnard

 

::: SOCIAL

LE PARISIEN – 07/03/2017

Journée d’action : perturbations à craindre dans les hôpitaux, la Poste et les aéroports…

 

Plusieurs secteurs de la fonction publique se mobilisent.

Des perturbations peuvent intervenir dans les hôpitaux, la Poste, la collecte des déchets, dans les aéroports,…

Plusieurs secteurs des services publics se mobilisent. Des perturbations peuvent intervenir dans les hôpitaux, les aéroports, la Poste… 

Infirmiers, aides-soignants, assistantes sociales, contrôleurs aériens, agents municipaux,… De nombreux secteurs du service public se mobilisent pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et la défense des services publics. A Paris, une manifestation nationale est prévue à partir de 13 heures place Denfert-Rochereau (14e) et doit rejoindre les Invalides (7e). Des rassemblements sont également annoncés dans une quarantaine de villes.

Le personnel hospitalier à cran

Les hospitaliers et autres employés des établissements privés et publics des secteurs de la santé et du social sont une nouvelle fois appelés à la grève par une intersyndicale FO-CGT et SUD ainsi que 16 syndicats et associations d’infirmiers salariés et libéraux.

En raison du principe de la continuité des soins, les hôpitaux ne devraient pas trop être perturbés. Les agents dénoncent le «manque de personnel et de moyens», «l’épuisement professionnel», la course «à la rentabilité»,… «Notre plus grande souffrance c’est de ne pas pouvoir prodiguer des soins de qualité», déplore Nathalie Depoire, présidente de la CNI (Coordination nationale infirmière).

Au-delà des revendications des infirmiers, l’intersyndicale réclame «l’abandon» des groupements hospitaliers de territoire (GHT), du plan triennal d’économies de «3,5 milliards»d’euros ou encore «l’arrêt des fermetures de lits.» Elle fustige également la remise en cause des 35 heures alors que «les comptes épargne-temps explosent.»

Face à la colère du secteur et après le suicide d’au moins cinq infirmiers l’été dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait dévoilé début décembre un plan pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des hospitaliers.

Des avions au sol 

Les contrôleurs aériens poursuivent leur mouvement de grève engagé, hier. Une action qui coïncide avec un appel à la grève lancé à Air France par plusieurs syndicats au sol afin de peser sur les négociations salariales qui s’ouvrent ce mardi. Un rassemblement est prévu aux alentours de 9 heures à proximité du siège de la compagnie à Roissy.

Le programme de vols sera, comme pour les autres compagnies, uniquement affecté par la grève des contrôleurs aériens. Lundi, 5% des vols en moyenne sur l’ensemble du territoire ont été perturbés selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Cependant, cela peut vraiment varier selon les régions. Lundi plus d’un quart des vols programmés dans l’ouest de la France ont été annulés,

Les déchets restent sur le trottoir

La collecte des déchets pourrait être perturbée dans plusieurs villes notamment à Paris. Un mouvement unitaire est prévu dans le secteur de l’énergie pour «la revalorisation des salaires» et contre «la casse des industries électriques et gazières» qui regroupent quelque 150 000 salariés.

Contre la dématérialisation à Pôle emploi

La grève à Pôle emploi va se poursuivre ce mardi. Les syndicats FO,SNU-FSU, CGT et SUD, dénoncent la «dématérialisation à outrance.» Lundi, cette grève a été suivie par 13,36% des personnels.

Des cantines au régime sec

Des perturbations dans les écoles publiques sont à prévoir dans le cadre d’un mouvement de grève des agents municipaux au niveau national. L’accueil périscolaire notamment dans les cantines risque de se faire ressentir. Des écoles ont demandé à des parents de fournir un pique-nique à leurs enfants. D’autres ne serviront que des repas froids.

Distribution de courrier au ralenti

La CGT appelle le personnel des Pic (plate-forme industrielle courrier) à se mettre en grève. Le syndicat a déposé un préavis de grève national pour faire remonter les griefs du personnel: l’emploi, le remplacement du personnel absent, l’ouverture de négociations sur la pénibilité, la revalorisation des salaires… Des rassemblements sont prévus dans toute la France.

 

::: POLITIQUE

LE FIGARO – 07/03/2017

L’opération séduction des PME de Fillon, Le Pen et Macron

Les candidats à la présidentielle ont été auditionnés ce lundi par les petits patrons.

Parce que les PME constituent «98,5 % du tissu économique français», selon François Asselin, le président de la CPME, l’organisation patronale avait invité lundi matin les principaux candidats à la présidentielle à s’exprimer devant un parterre de petits patrons. Visiblement, le sujet n’intéressait pas trop à… gauche. «Jean-Luc Mélenchon n’a jamais répondu à l’invitation, tandis que Benoît Hamon nous a baladés pour finalement ne pas venir», rapporte Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de l’organisation dédiée aux PME. En revanche, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan ont répondu présent.

Sans conteste, François Fillon a gagné à l’applaudimètre: troisième à passer, il a été accueilli par des chefs d’entreprise souvent debout. Une quasi-standing ovation… À l’aise, le candidat de la droite et du centre n’a pas hésité à plaisanter avec la salle. «J’ai dit à La Réunion que je ne toucherai pas aux niches fiscales sur l’outre-mer. Je vais essayer de m’arrêter de voyager!», a-t-il lancé pour détendre l’atmosphère. Surtout, François Fillon s’est posé en homme de rupture avec les politiques passées. «Il faut changer de logiciel, libérer le travail, arrêter de surcharger les entreprises», a-t-il insisté. Dressant le tableau d’un pays plombé par le chômage et la dette publique, il a redit l’urgence de réformes pour que «la France devienne en dix ans la première puissance économique d’Europe».

Avantage Fillon

Un ton dramatique, direct – «oui, il faut casser la baraque», a-t-il conclu – qui a plu à beaucoup. «Fillon n’est pas complètement un homme du système, il a un côté provincial qui est sympathique. Macron, lui, a un côté technocratique, banquier, parisien», confie un chef d’entreprise spécialisé dans le financement. Dans son affrontement avec l’ex-ministre de l’Économie, l’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy a surtout l’avantage de l’expérience, selon les patrons de PME. «On privilégie les personnes qui ont exercé», souligne le dirigeant d’une entreprise de transport de presse.

Un écueil qu’Emmanuel Macron, reçu juste avant François Fillon, a probablement perçu, à en croire le nombre de fois où il a répété la formule «quand j’étais ministre de l’Économie». Le candidat d’En marche! a maintenu son positionnement un peu plus à gauche socialement. Il a ainsi défendu la nécessité de lutter contre les discriminations de tous types. Un argumentaire a priori à rebrousse-poil pour des patrons de PME mais qui a aussi séduit. «Emmanuel Macron a des réponses à la fois pragmatiques et sophistiquées. C’est lui qui a le plus de potentiel de mettre en œuvre ses mesures. Fillon, lui, va mettre beaucoup de monde dans la rue!», estime un patron de PME.

Mais ces quelques différences de styles et de ton ne parviennent pas à masquer les nombreuses convergences des projets Fillon et Macron sur les entreprises. Tous les deux veulent transformer le CICE (crédit impôt compétitivité emploi) en baisse de cotisations sociales, ramener le taux d’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %, abaisser la taxation du capital avec une taxe unique à 30 %. Autres points communs? Le plafonnement des indemnités prud’homales et la création d’une instance unique de représentation du personnel dans les entreprises.

Dans d’autres domaines, la différence tient aux curseurs. Alors que François Fillon veut supprimer l’ISF, Emmanuel Macron souhaite le maintenir, mais uniquement sur la partie immobilière, afin «qu’on ne taxe plus le financement de l’économie». L’ex-premier ministre veut faire «sauter le verrou des 35 heures», notamment via des accords d’entreprises et de branches, tandis que le candidat d’En marche! parle d’adaptations, en misant lui aussi sur la négociation. Quand il dit vouloir «suspendre le compte pénibilité», François Fillon souhaite y mettre fin. L’ampleur et le ciblage des baisses de charges supplémentaires varient aussi en fonction des candidats. Les vraies différences portent en fait sur les retraites – François Fillon voulant un report de l’âge légal de départ, pas Emmanuel Macron – et sur l’assurance-chômage, que le candidat d’En marche! veut nationaliser et ouvrir aux chefs d’entreprise et aux indépendants.

Craintes sur l’euro

Mais dans le fond, leur philosophie est celle de l’acception de la mondialisation, de l’adhésion à l’Europe et donc de la nécessaire adaptation de la France, qui passe par un redressement de sa compétitivité. Un postulat que récuse Marine Le Pen, la première par ordre chronologique à passer son grand oral devant les petits patrons. Pour la candidate FN, les malheurs de l’économie française sont dus à l’euro, à Bruxelles et au libre-échange. Il faut donc sortir de la monnaie unique et mettre en place un «protectionnisme intelligent». Des points évoqués en fin de discours – le début étant axé sur des thèmes consensuels des baisses d’impôts et normes – qu’elle a développés avec fougue face aux questions de la salle. «Il faut sortir de cette stratégie de la peur», a-t-elle martelé. «Ce n’est pas comme cela que cela fonctionne!», a-t-elle même répliqué à François Asselin, inquiet de représailles d’autres pays contre la taxe de 3 % sur les importations du programme FN.

Pas question non plus d’évoquer les 35 heures ou le laisser-aller des comptes publics comme cause des difficultés françaises, comme l’a fait le président de la CPME. «Peut-on rompre avec les flagellations en toutes circonstances?», s’est écriée Marine Le Pen. Qui a justifié de la même façon le retour à la retraite à 60 ans: «J’en ai soupé qu’on demande des sacrifices aux Français, avant même de faire des économies évidentes», notamment sur l’immigration.

Les candidats présents, qui ont tous été applaudis, ont en tout cas multiplié les promesses pour les PME. Reste à savoir s’ils les tiendront.

Cécile Crouzel

 

 

LE FIGARO – 07/03/2017

Présidentielle: ce que propose la CPME

Comme à chaque élection présidentielle, la CPME a rendu public un cahier de doléances très précis. Une vraie liste à la Prévert de «89 propositions de nature à créer un environnement favorable aux entreprises et à ceux qui prennent le risque d’entreprendre», selon son président, François Asselin.

  • Encourager la prise de risques et non la sanctionner

Cette partie regroupe 40 propositions, notamment pour «mettre en place un mode de taxation spécifique pour l’entrepreneur», en modifiant par exemple les modalités de calcul et de paiement des cotisations RSI, ou en limitant l’assujettissement à charges sociales et fiscales.

L’organisation demande aussi que l’on «favorise les reprises et transmissions d’entreprises» (en limitant strictement le droit d’information préalable aux salariés en cas de cession), que l’on fasse «de la fiscalité un levier de développement» à destination des TPE (via la réduction du taux d’IS, la création d’un crédit d’impôt production…) et que l’on prenne «mieux en compte la réalité des petites entreprises» (correspondant PME dans chaque ministère, réduction du nombre de canaux de production de la réglementation, déclenchement automatique des pénalités en cas de retard de paiement…).

La CPME exige enfin que l’on «réadapte le Code du travail à l’emploi dans les PME».

Elle suggère que soit réduit de deux ans à six mois le délai de contestation d’un licenciement pour motif personnel, que la création du premier emploi salarié soit exonérée de charges patronales, l’allongement de la durée maximale des CDD à 30 mois en permettant trois renouvellements ou la création d’un «contrat de croissance» où le fait de ne pas atteindre des objectifs prédéfinis vaudrait licenciement automatique.

  • Agir pour un environnement favorable au développement des PME

Stabilité et concurrence équitable, la CPME ne change pas d’objectif. «Qu’on cesse de changer sans arrêt les règles applicables aux PME», répète François Asselin qui demande qu’on «simplifie et clarifie les règles sociales» (transformation du CICE en baisse de charges, suppression du compte pénibilité…) ou qu’on «rende supportable la fiscalité locale», via un plafond. Le patron veut aussi protéger les PME tricolores en assurant leur «compétitivité dans le marché européen» (étude d’impact ciblée PME pour toute nouvelle norme européenne, pas de surtransposition, lutte contre la fraude au détachement, assiette commune et consolidée pour l’IS en Europe…).

  • Accélérer l’innovation et favoriser un développement responsable des start-up

La CPME fait 17 propositions pour «passer du principe de précaution au principe d’innovation» ou «mieux intégrer les jeunes dans l’entreprise». Cela va des études d’impact PME obligatoires au chéquier numérique TPE en passant par des réformes du bac professionnel et de l’apprentissage.

  • Engager un dialogue social serein et non contraint

La CPME veut adapter les règles de la négociation aux TPE, notamment en autorisant les accords avec les instances de représentation du personnel ou validés par référendum en l’absence de syndicats. Elle demande aussi un relèvement des seuils sociaux et la fusion des principales instances représentatives du personnel, tout en ouvrant de nouveaux champs de négociation sociale, comme sur la durée minimale des contrats à temps partiel ou sur «une sortie ordonnée des 35 heures».

Marc Landré

 

 

LE FIGARO – 07/03/2017

Fillon impose sa candidature à la droite

VIDÉO – Après le retrait définitif d’Alain Juppé, qui met fin à l’hypothèse d’un «plan B», le comité politique des Républicains a renouvelé lundi soir à l’unanimité sa confiance à François Fillon.

C’est un tournant, un de plus, dans la campagne de François Fillon. Nicolas Sarkozy estime désormais qu’il a les moyens de se maintenir. «Vendredi, quand il a eu Fillon au téléphone, il a été très dur. Il pensait que sa candidature n’était plus tenable et il le lui a dit», rappelle un très proche de l’ancien chef de l’État, confirmant les informations du Figaro. Le week-end l’a fait changer d’avis. «Nicolas a trouvé que les deux séquences, le Trocadéro et le JT de France 2, ont été objectivement réussies, poursuit ce membre du premier cercle sarkozyste. Il estime que ce sera difficile, très difficile même, notamment à cause de la défection des centristes, mais que c’est à Fillon et à lui seul d’apprécier s’il est en situation de gagner ou pas.» Dimanche, en faisant son footing, l’ex-président a croisé des passants qui lui ont dit: «Il faut que Fillon tienne bon!» «Ça l’a marqué», s’amuse l’un de ses interlocuteurs habituels.

Nicolas Sarkozy a eu Alain Juppé au téléphone à deux reprises. Dimanche soir, le maire de Bordeaux l’a prévenu qu’il allait enterrer définitivement l’hypothèse de sa candidature. Les deux hommes se sont à nouveau parlé lundi, après la déclaration d’Alain Juppé à la presse. Entre-temps, Nicolas Sarkozy a réuni le noyau dur de ses fidèles rue de Miromesnil. Parmi les présents: Brice Hortefeux, François Baroin, Christian Estrosi, Christian Jacob, Laurent Wauquiez, Luc Chatel et Éric Ciotti. «Il y avait presque autant de positions que de participants, raconte un témoin de la discussion. Hortefeux cherche toujours à débrancher Fillon. Baroin est convaincu que Fillon sera candidat jusqu’au bout et vise Matignon en cas de victoire, Wauquiez joue Fillon pour récupérer la tête des Républicains, mais Estrosi, lui, voit Baroin à l’Élysée. Jacob soutient Fillon par légitimisme et parce qu’il ne voit pas comment un autre candidat pourrait s’imposer, et Chatel comme Ciotti font sa campagne en croyant qu’il a encore une chance de gagner.»

«Je sens depuis samedi une espèce de sursaut de mobilisation de notre électorat», a confirmé au Figaro Éric Ciotti, en se disant «surpris par la quantité de messages de soutien au candidat» qu’il reçoit. «Il a eu droit à un très bon accueil à la CGPME, le syndicat des petits patrons, bref la rivière retrouve son cours», se réjouit le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes.

Christian Jacob a été mandaté par les sarkozystes pour transmettre un message à François Fillon. L’entourage du patron des députés LR en résume l’esprit: «L’essentiel est de garder l’unité de notre famille. C’est toi qui as les clés. Soit, en ton âme et conscience, tu penses que tu peux unir la famille, soit tu considères que tu n’es pas le mieux placé et c’est à toi de désigner ton successeur.» Jacob devait aussi relayer le souci, exprimé autour de la table du petit déjeuner, de récupérer les centristes. «Il faut aujourd’hui faire revenir l’UDI dans la campagne, souligne un sarkozyste, et c’est à Fillon de proposer une sortie de crise.» Une entreprise qui s’annonce difficile, puisque Jean-Christophe Lagarde a affirmé lundi que les Républicains devaient «changer de candidat pour avoir une chance de gagner», le candidat en titre ne rassemblant «plus personne». Le président de l’UDI a annoncé qu’il réunirait son bureau exécutif mardi soir.

Mardi matin, le petit déjeuner prévu par Brice Hortefeux doit toujours avoir lieu, mais le député européen, qui a lancé l’invitation à ses amis sarkozystes la semaine dernière, n’a pas eu que des réponses positives. «Je ne suis pas là mardi et, de toute façon, je ne trouve pas que ce soit une très bonne idée de nous rassembler en écuries», confie Luc Chatel.

Sarkozy, lui, veut placer Fillon devant ses responsabilités quand il le verra. L’ex-chef de l’État a prévenu le candidat avant de publier son invitation à un sommet à trois avec Juppé. Dans le communiqué qu’il a publié lundi, avant la déclaration de renoncement du maire de Bordeaux, il affirme: «Notre désunion fera le lit de l’extrême droite. C’est dans cet esprit que je propose à François Fillon et à Alain Juppé de nous réunir pour trouver une voie de sortie digne et crédible à une situation qui ne peut plus durer et qui crée un trouble profond chez les Français.» Le rendez-vous pourrait avoir lieu mardi, au plus tard mercredi.

Quant aux juppéistes, ils se retrouveront dès mardi au Sénat pour un petit déjeuner organisé par Jean-Pierre Raffarin. Le but est de se rappeler au bon souvenir de François Fillon, pas d’imaginer une nouvelle alternative à sa candidature. Tous les espoirs des amis du maire de Bordeaux se sont effondrés quand ils ont écouté sa déclaration solennelle, lundi. Évoquant d’abord avec émotion «les appels» à «prendre la relève», ses hésitations, ses réflexions, Juppé a annoncé que sa décision était prise, «une bonne fois pour toutes» : «Je ne serai pas candidat à la présidence de la République

«Il est trop tard pour moi», a-t-il dit à deux reprises, avec une tristesse évidente, en confiant: «Je ne veux pas livrer mon honneur et la paix de ma famille en pâture aux démolisseurs de réputation.» Il a aussi condamné durement «l’obstination» de François Fillon et «son système de défense, fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot et d’une volonté d’assassinat politique (qui) l’ont conduit dans une impasse». En début d’après-midi, Alain Juppé est apparu comme soulagé à sa traditionnelle conférence de presse précédant le conseil municipal de Bordeaux. «Si je peux aider, sans revenir sur ma décision, à trouver une solution à la crise actuelle, j’y contribuerai», a-t-il promis.

Lors du comité politique qui s’est tenu le soir à l’initiative de son président, Gérard Larcher, et du secrétaire général de LR Bernard Accoyer, François Fillon a tenu un discours de vainqueur: «La semaine dernière, un certain nombre de responsables de notre mouvement se sont désolidarisés de ma campagne. J’ai choisi de faire appel à nos électeurs en organisant dimanche un grand rassemblement à Paris. (…) Ce rassemblement a été un immense succès: par son ampleur et par sa dignité. (…) Pour ma part, je considère que ce rassemblement confirme la légitimité que je tire de la primaire de la droite et du centre.»

À l’origine, ce comité politique devait dans l’esprit de ses organisateurs permettre le passage de relais entre François Fillon et Alain Juppé. Au final, ce comité a, selon Larcher, renouvelé «à l’unanimité son soutien» à Fillon.

Appel au rassemblement

S’adressant aux soutiens du maire de Bordeaux qui faisaient grise mine, le candidat a affirmé: «Il y avait une ouverture dans mon discours dimanche, Alain Juppé a répondu. C’était la seule alternative possible. Donc le sujet est clos.»«Tu as mis fin aux hésitations, le débat est clos», a répété Gérard Larcher en écho, tout en prévenant: «Il faut maintenant rassembler. Les sondages sont mauvais, il y a à faire.» François Fillon n’était pas disposé à se laisser faire la leçon. «Il est temps maintenant que chacun se reprenne et revienne à la raison, a-t-il lancé. Nos électeurs ne pardonneraient pas ceux qui entretiennent le poison de la division. J’appelle toutes les femmes et les hommes de bonne volonté à se rassembler, à respecter le message que nos électeurs ont exprimé lors de la primaire et à s’unir autour de ma candidature qui est la seule légitime.»

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/06/35003-20170306ARTFIG00315-fillon-impose-sa-candidature-a-la-droite.php

 

Judith Waintraub, Jean-Baptiste Garat, Marion Mourgue et Pauline Boyer

 

 

LES ECHOS – 07/03/2017

Benoît Hamon revoit son projet de revenu universel

Le candidat PS à l’Elysée va modifier la première étape du dispositif. Outre une hausse du RSA, celle-ci prévoira un geste pour les bas salaires.

La mesure lui avait permis de s’affirmer dans la primaire du PS, et Benoît Hamon espère bien qu’elle pourra l’aider à se relancer dans la campagne présidentielle. Le candidat socialiste s’apprête à dévoiler dans les prochains jours une nouvelle mouture de son projet de revenu universel. Très critiqué pour son coût net supposé – 349 milliards d’euros selon l’Institut Montaigne – le dispositif va être revu. « Nous ne sommes pas du tout dans un ordre de grandeur de 300 milliards. Les montants sont plutôt proches de quelques dizaines de milliards, sans rogner sur les ambitions », affirme Julia Cagé, l’économiste en charge du projet dans l’équipe de Benoît Hamon.

Cette dernière se refuse à dévoiler les détails complets du nouveau dispositif. Toutefois Benoît Hamon a déjà donné quelques indices sur le sujet, lors de son passage vendredi sur RMC. Le candidat du PS veut aider « ceux qui ont aujourd’hui un revenu modeste » afin que le revenu universel « se traduise pour eux par une augmentation de leur salaire net sur leur feuille de paye ». Cette idée ressemble furieusement à l’idée du versement automatique sur le bulletin de salaire d’une sorte de prime d’activité pour les salariés proches du SMIC, défendue par Julia Cagé, mais aussi Thomas Piketty Antoine Bozio et une dizaine de chercheurs dans une tribune parue en janvier.

« Une première phase plus ambitieuse»

La volonté est donc d’élargir la première phase de la réforme de Benoît Hamon, qui devait initialement se centrer sur la majoration du RSA socle à 600 euros et son versement aux jeunes de 18 à 25 ans. « Cette option est maintenue, mais nous allons doubler cette mesure par une automatisation du versement de cette sorte de prime d’activité dès janvier 2018. Nous avons tenu compte de la demande de revalorisation du pouvoir d’achat, et cela donnera au final une première phase plus ambitieuse», explique Julia Cagé.

Reste à savoir ce qu’il adviendra des deux autres étapes du projet de revenu universel, tel que toujours décrit sur le site Internet du candidat : sa généralisation à toute la population, et son augmentation à 750 euros par mois. Julia Cagé explique qu’il y aura bien un « revenu mensuel garanti à tous les Français quelque soient les incidents de la vie », tout en reconnaissant que « ce n’aurait pas de sens de donner à Liliane Bettancourt 600 euros pour lui reprendre de l’autre main par une hausse d’impôts ». « Après la première étape, il y aura de toute façon une réflexion pour améliorer toujours plus le pouvoir d’achat des Français », précise l’économiste.

Nouvelle philosophie

Ce nouvel accent mis sur le pouvoir d’achat et le salaire juste semble néanmoins différer de la philosophie initiale de Benoît Hamon, qui présentait plutôt ce revenu universel comme un moyen de pallier la raréfaction du travail. « Il est possible que le travail se raréfie et il faudra alors trouver des formes alternatives de financement de la protection sociale. Mais si jamais il se trouvait que les nouvelles technologies créaient plus d’emplois qu’elles n’en détruisent, alors notre réforme aura au moins déjà permis de répondre au besoin d’autonomie des jeunes et à la revalorisation du pouvoir d’achat », justifie Julia Cagé.

Renaud Honoré

 

 

LES ECHOS – 07/03/2017

Les «travaux d’Hercule» de Benoît Hamon

Pressé par le temps et par ses troupes, Hamon repart à l’offensive d’ici à son grand meeting du 19 mars.

La Corse lundi, Marseille ce mardi, la Seine-Maritime vendredi, les Antilles le week-end et, surtout, « L’Emission politique » de France 2 jeudi avec, le même jour, la publication d’un livre intitulé « Pour la génération qui vient ». A sept semaines du premier tour de la présidentielle, Benoît Hamon se démultiplie. « Il doit faire les travaux d’Hercule. Le premier, c’était de gagner la primaire. L’accord avec les écologistes , c’était le deuxième. Il lui en reste dix », dit un de ses proches. « Avec la constance du jardinier, il creuse le sillon. Mais je rêverais qu’il ait cinquante jours de plus… », soupire un autre.

Retrouver de l’écho

Au grand dam de ses partisans, ses récentes prises de parole n’ont guère eu d’écho. La faute à l’affaire Fillon , qui monopolise l’attention et tire, selon Benoît Hamon, « toute la campagne vers le bas ». Mais le porte-drapeau du PS a lui aussi une part de responsabilité : il a perdu un mois tourné vers Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. « On ne le voit pas. Il faut qu’il se ressaisisse : il donne le sentiment de subir », juge une ministre.

L’ancien ministre de l’Education espère mettre à profit les prochaines semaines pour incarner « une gauche concrète, du quotidien ». En mettant par exemple en scène, ce mardi, la question de la « transition démographique » : le vieillissement de la population. Cela suffira-t-il ? « C’est un pari assumé », réplique un de ses fidèles.

Apparaître crédible

Avec son « avenir désirable », Benoît Hamon est parvenu pendant la primaire à faire rêver une partie des électeurs de gauche. Mais beaucoup ont voté avec la conviction que le PS n’avait aucune chance à la présidentielle. Toute la difficulté, pour lui, est désormais d’articuler l’espérance avec la crédibilité, indispensable pour séduire l’électorat social-démocrate.

Indispensable, aussi, pour peaufiner une stature présidentielle qui lui fait défaut. « Il a l’air sympa, fait nouveau et correspond à l’air du temps. Mais sur la présidentialité, il y a un problème », tranche un secrétaire d’Etat. C’est l’un des objectifs de son grand meeting du 19 mars à Bercy.

D’ici là, Benoît Hamon a prévu de peaufiner ses propositions européennes, de recalibrer le revenu universel et d’exposer l’ensemble de son projet. L’aile droite du PS et les hollandais le poussent à des inflexions. « Il est lucide et il sait comment être au centre de gravité de la gauche et rassembler. Pourquoi ne le fait-il pas ? Mystère », s’interroge un autre membre du gouvernement, qui participe aux comités politiques du candidat.

Incarner le vote utile

C’est la tâche la plus difficile pour Benoît Hamon. Car, aujourd’hui, Emmanuel Macron est, dans les sondages , le seul qui puisse permettre à la gauche d’éviter un second tour entre la droite et le FN. « Depuis le ralliement de Bayrou à Macron, le ticket d’entrée pour le second tour est un peu haut pour Hamon », observe un ministre. Pour tenter de « réagripper » les électeurs tentés par En marche, le candidat du PS cible le projet de l’ex-locataire de Bercy, mis dans le même panier que François Fillon. « Macron, c’est un peu comme Dracula : il faut le mettre en pleine lumière pour qu’il se transforme en cendres », s’amuse un député qui soutient Benoît Hamon.

Si soigner la crédibilité et la présidentialité peut avoir un effet, le temps presse et l’écart entre Hamon et Macron ne cesse d’augmenter dans les sondages. S’il n’apparaît pas très vite en mesure de se qualifier, de nombreux socialistes s’avouent prêts à voter pour Emmanuel Macron. « Il va falloir qu’on réfléchisse sérieusement à la question du vote utile », prévient un ministre. Un lieutenant du candidat le reconnaît : « Pour l’instant, Hamon n’a pas trouvé la formule qui permet de dégonfler le vote utile en faveur de Macron… »

Pour en savoir plus sur les projets des autres candidats : https://www.lesechos.fr/elections/benoit-hamon/0211853552696-les-travaux-dhercule-du-candidat-socialiste-2070185.php

 

Pierre-Alain Furbury

 

 

LE PARISIEN – 07/03/2017

Présidentielle : Hollande et Cazeneuve en campagne contre le FN

 

Batilly (Meurthe-et-Moselle), lundi.

Dans son discours aux salariés de l’usine Renault, Bernard Cazeneuve a mis en garde contre les conséquences d’une arrivée au pouvoir du FN.

Hollande dans la presse, Cazeneuve en déplacement en Meurthe-et-Moselle : le tandem exécutif monte au créneau contre le FN, tout en évitant de participer aux débats internes à la gauche.

À l’unisson. A moins de cinquante jours du premier tour de la présidentielle, le président de la République et le Premier ministre se sont donné une mission : dénoncer le danger que représentent le FN et sa candidate. « La menace existe, a déclaré lundi François Hollande dans un entretien à six journaux européens. Mais la France ne cédera pas […] Mon ultime devoir, c’est de tout faire pour que la France ne puisse être convaincue par un tel projet. »

Lundi encore, le Premier ministre Bernard Cazeneuve allait porter la même parole en Lorraine, sur une terre où le parti d’extrême droite réalise des scores impressionnants. Avec l’appui des élus socialistes locaux, de ses ministres issus de la région — Christian Eckert (Budget) et Jean-Marc Todeschini (Anciens Combattants) —, mais aussi de Philippe Richert, le président (LR) de la région Grand-Est. « Nous savons ici, mieux qu’ailleurs, que les solutions ne sont pas dans le repli sur soi », lance Mathieu Klein (PS), président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.

« Où exportera-t-on ce que vous fabriquez ici ?»

C’est devant les salariés de l’usine modèle SOVAB – la filiale de Renault de Batilly qui produit le Master, le plus gros véhicule utilitaire du groupe – que le Premier ministre a choisi de faire passer son message. Après s’être félicité de l’efficacité du CICE, « qui aura contribué à restaurer de deux points les marges des entreprises et à augmenter en 2016 de 4,4 % les investissements industriels », Cazeneuve a mis en garde contre les conséquences d’une arrivée au pouvoir du FN.

« Où exportera-t-on ce que vous fabriquez ici ? a-t-il demandé. Cette idée qu’on pourra exporter ce qui se fait chez nous en empêchant ceux qui exportent vers chez nous de continuer à le faire, c’est une illusion, un mensonge, une impasse. » Un discours reçu à des degrés divers par les travailleurs du constructeur automobile. « J’ai apprécié son discours sur le plan économique mais aussi ce qu’il a dit sur le plan politique », approuve un encadrant technique. « On ne s’attendait pas à autre chose », grimace un jeune syndicaliste CGT, mécontent de n’avoir pu s’entretenir avec le chef du gouvernement.

A Longwy, Cazeneuve a encore attaqué « les démagogues qui parlent le langage de l’exclusion et du repli sur soi ». Et n’a pas ménagé ses critiques à l’égard d’une Marine Le Pen qui, selon lui, ne propose rien.

Philippe Martinat

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 07/03/2017

Vives tensions entre Berlin et Ankara autour de la campagne référendaire turque

Réagissant à l’annulation de meetings en sa faveur, le président Erdogan a déclaré que « les pratiques allemandes ne différaient pas de celles des nazis ».

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne décolère pas depuis que plusieurs villes allemandes ont annulé des meetings visant à défendre, auprès de la communauté turque établie outre-Rhin, le projet de réforme constitutionnelle qu’il a décidé de soumettre à référendum le 16 avril.

« Vos pratiques ne sont pas différentes de celles des nazis », a-t-il lâché, dimanche 5 mars, à Istanbul. « Je pensais que le nazisme était fini en Allemagne, malheureusement ça continue. (…) Vous nous donnez des leçons de démocratie et vous empêchez nos ministres de s’exprimer là-bas », a tonné M. Erdogan dans un discours de campagne prononcé devant des milliers de partisans réunis dans une salle de spectacle, avant d’ajouter : « Pour ce qui est des libertés, notre pays est beaucoup plus avancé que les pays européens. » « Si je veux venir en Allemagne, je le ferai, et si vous ne me laissez pas passer par vos portes, si vous ne me laissez pas parler, je ferai se dresser le monde », a-t-il également déclaré.

A quarante jours du référendum visant à renforcer ses pouvoirs, le président turc joue à fond la carte de la victimisation auprès d’un électorat séduit par ce genre de posture. Mais son allusion aux pratiques nazies risque de raviver les tensions entre Berlin et Ankara, vingt-quatre heures seulement après que la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre turc, Binali Yildirim, se sont entretenus par téléphone – conversation jugée « productive » côté turc, avant la rencontre prévue à Berlin, mercredi 8 mars, entre les ministres des affaires étrangères des deux pays.

Répression drastique

  1. Erdogan n’a pas digéré l’annulation de meetings qu’avaient prévu de tenir en Allemagne ses ministres de l’économie, Nihat Zeybekçi, et de la justice, Bekir Bozdag. Ces réunions étaient destinées à mobiliser un électorat important – 1,5 million de Turcs votent en Allemagne – d’autant plus cajolé par les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP) que M. Erdogan n’est pas du tout sûr de gagner son référendum. A un peu plus d’un mois du scrutin, les sondages donnent en effet le non légèrement en tête, d’où l’ardeur verbale du président turc et de ses ministres.

Chauffés à blanc en cette période de campagne électorale, ceux-ci perdent le sens commun. « La commune qui a annulé mon meeting est sous forte pression des terroristes », a ainsi assuré Bekir Bozdag, qui devait rencontrer la communauté turque de Gaggenau (Bade-Wurtemberg) le 3 mars. Par « terroristes », le ministre entendait les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ainsi que les éventuels sympathisants des putschistes du 15 juillet 2016. Selon le ministère de l’intérieur allemand, 136 ressortissants turcs, détenteurs de passeports diplomatiques, ont demandé l’asile politique en Allemagne dans les mois qui ont suivi.

Tendues depuis le coup d’Etat raté, les relations d’Ankara avec ses partenaires européens se sont envenimées au cours des derniers mois, alors qu’une grande répression s’est abattue sur la Turquie, où plus de 40 000 personnes ont été emprisonnées, tandis que 125 000 salariés (enseignants, magistrats, policiers) ont été mis au ban de la société.

« Dérapage scandaleux du despote du Bosphore »

Entre Berlin et Ankara, le ton était monté d’un cran le 27 février, à la suite de l’incarcération, à la prison de Silivri à Istanbul, de Deniz Yücel, le correspondant germano-turc du quotidien Die Welt en Turquie. Soupçonné de « propagande terroriste » par la justice turque, le journaliste a été accusé par M. Erdogan d’être à la fois « un représentant du PKK », la rébellion kurde armée contre laquelle la Turquie est en guerre, et un « agent allemand ».

Dimanche, plusieurs responsables politiques allemands ont vivement réagi aux propos du président turc comparant l’Allemagne d’aujourd’hui au IIIe Reich, qualifiés d’« insultants, anachroniques et arrogants » par Julia Klöckner, la vice-présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de Mme Merkel. « Un dérapage scandaleux du despote du Bosphore », a estimé, quant à lui, Andreas Scheuer, le secrétaire général de la CSU, l’alliée de la CDU en Bavière.

La chancellerie, en revanche, a tardé à réagir. Les propos du président turc sont « absolument inacceptables », a déclaré lundi Peter Altmaier, le chef de la chancellerie fédérale allemande et proche d’Angela Merkel. « Nous allons, en tant que gouvernement fédéral, le faire savoir très clairement » à la Turquie, a-t-il dit à l’antenne de la chaîne publique allemande ARD.

Merkel appelle à « garder la tête froide »

La chancelière a à son tour réagi, lundi matin, par la voix de son porte-parole, Steffen Seibert, appelant Ankara « à garder la tête froide » dans l’actuelle crise diplomatique : « A l’adresse de notre partenaire turc, soyons critiques là où c’est nécessaire mais ne perdons pas de vue la signification de notre partenariat, de notre relation étroite. Et gardons la tête froide. » Et d’ajouter : « Nous rejetons l’assimilation de la politique de l’Allemagne démocratique à celle du national-socialisme. D’une manière générale les comparaisons au nazisme sont toujours absurdes et déplacées, car elles reviennent à minimiser les crimes contre l’humanité du national-socialisme. »

Se montrer plus ferme

Cette réaction tardive s’explique par le souci de Mme Merkel de ne pas rompre le dialogue avec la Turquie, près d’un an après l’accord noué avec Ankara pour réduire les flux migratoires vers l’Europe, mais aussi par sa volonté de ne pas provoquer la communauté turque vivant en Allemagne.

Reste que cette prudence fait l’objet d’un débat de plus en plus vif outre-Rhin. Ces derniers jours, plusieurs personnalités politiques, principalement à gauche et chez les écologistes, mais aussi des journaux, comme la Süddeutsche Zeitung ou Der Spiegel, ont ainsi demandé à la chancelière de se montrer beaucoup plus ferme envers Ankara.

Cet avis est largement partagé au sein de la population. Selon un sondage de l’institut Emnid, publié dimanche par le quotidien Bild, 81 % des Allemands estiment que Berlin est trop complaisant à l’égard d’Ankara.

Un quatrième meeting annulé à Hambourg

La police allemande a annoncé lundi 6 mars l’annulation d’un meeting politique de soutien au président turc Recep Tayyip Erdogan à Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, la quatrième décision du genre, sur fond de tensions germano-turques.

Le rassemblement prévu mardi, en présence du ministre turc des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, a été annulé par la municipalité de Hambourg en raison de « défaillances du système anti-incendie » du lieu devant accueillir la réunion, a expliqué la police de Hambourg à l’AFP.

Les organisateurs sont libres de trouver un autre lieu, le meeting en soi n’étant pas annulé, a précisé la police de Hambourg à la veille de ce rassemblement auquel devaient prendre part entre 250 et 300 personnes.

Thomas Wieder et Marie Jégo

 

 

LA TRIBUNE – 07/03/2017

Etats-Unis : la campagne législative anti-Obamacare a commencé

 

Donald Trump, lors d’un discours au Congrès mardi dernier, avait martelé que le système créé par Obamacare était en train de s’écrouler,

en raison de la hausse des coûts constatés sur les marchés d’assurance individuels dans plusieurs Etats.

 

Le projet d’abrogation, dévoilé lundi par les républicains, supprime l’obligation universelle de s’assurer. Le texte conserve néanmoins quelques acquis majeurs d’Obamacare.

C’est la priorité législative de la majorité républicaine au Congrès, en ce début de mandat de Donald Trump : lundi a été donné le coup d’envoi de la réforme du système de santé et de l’abrogation de la réforme de Barack Obama. « Notre proposition de loi transfère le pouvoir de Washington vers les Américains », a déclaré Kevin Brady, président d’une des commissions de la Chambre des représentants chargées de la réforme.

« Obamacare » fut votée en 2010 par la majorité démocrate de l’époque et a permis à plus de 20 millions d’Américains de souscrire une couverture-maladie. Les républicains, désormais au pouvoir à la Maison Blanche et au Congrès, se sont engagés depuis des années à abroger la réforme démocrate, mais ne sont pas tous d’accord sur la façon de la remplacer.

Les assureurs ne pourront toujours pas discriminer en fonction des antécédents médicaux

Le projet, élaboré en accord avec Donald Trump, et qui sera débattu dans les mois prochains par les parlementaires, supprime l’obligation universelle de s’assurer et va dans le sens d’un désengagement de l’Etat fédéral.

Mais le texte conserve deux acquis majeurs d’Obamacare : la possibilité pour les enfants de rester sur l’assurance de leurs parents jusqu’à 26 ans, et l’interdiction aux assureurs de discriminer les patients en fonction de leurs antécédents médicaux.

Un crédit d’impôt pour payer les primes d’assurance

L’aile conservatrice du parti républicain devrait s’offusquer d’un volet du nouveau projet : la création d’un crédit d’impôt, entre 2.000 et 14.000 dollars par an, afin d’aider les Américains à payer leurs primes d’assurance.

Donald Trump, lors d’un discours au Congrès mardi dernier, avait martelé que le système créé par Obamacare était en train de s’écrouler, en raison de la hausse des coûts constatés sur les marchés d’assurance individuels dans plusieurs Etats.

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

Tél. : 01 40 55 12 43

Fax : 01 40 55 12 40

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Revue de presse du MEDEF IDF du 01 Mars 2017

2017-03-02T07:00:11+01:00Mots-clés : , , |

 

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE PARISIEN – 01/03/2017

Seine-et-Marne. Ce que le Grand Paris Express apportera

La carte du supermétro du Grand Paris Express montre les trois lignes et les quatre gares qui seront construites en Seine-et-Marne.

 

Quels sont les atouts du futur métro automatique pour la Seine-et-Marne ? Le département présente une exposition itinérante (voir encadré) pour mettre en valeur les avantages du Grand Paris Express (GPE) pour le 77.

Des trajets plus rapides La ligne 15 Sud reliera Noisy-Champs à Pont-de-Sèvres en 33 minutes contre 1 h 1 aujourd’hui (RER A et métro), à partir de 2022. La ligne 16 permettra d’aller de Noisy-Champs et Chelles à Saint-Denis Pleyel via Le Bourget RER en 26 minutes au lieu de 39, à partir de fin 2023. Pour aller de Noisy-Champs à Clichy-Montfermeil, le temps sera compressé à 7 minutes contre 56. A l’horizon 2030, la ligne 17, du Mesnil-Amelot au Bourget RER, passera par l’Aéroport Charles-de-Gaulle. De Chelles, il faudra 26 minutes seulement pour rejoindre l’aéroport. La Seine-et-Marne est concernée par 5 km de la ligne 16 et par 4 km sur la ligne 17 Nord, contre 200 km en tout en Ile-de-France.

240 000 déplacements A terme, 240 000 déplacements seront effectués par jour sur l’ensemble des gares GPE de Seine-et-Marne*. Des interconnexions se feront entre les lignes de RER A (à Noisy-Champs) et le RER E et la ligne P du Transilien (à Chelles et Bry-Villiers-Champigny). « Des gares routières proches des gares du GPE, des parkings relais et des stationnements pour les vélos doivent être créés. Les réseaux de bus en rabattement sur les gares du GPE devront être réorganisés et développés pour irriguer au mieux les territoires voisins », indique Jean-Jacques Barbaux (LR), président du département. A noter que 41 880 habitants vivent dans un rayon de 1 km autour de l’ensemble des gares GPE situées dans le département**.

De l’emploi… La Communauté d’agglomération Paris Vallée de la Marne, la Société du Grand Paris (SGP), les villes de Champs-sur-Marne et Chelles vont signer prochainement « une convention pour le développement de l’emploi dans les territoires du Grand Paris Express, d’une durée de 5 à 7 ans, visant la mise en œuvre opérationnelle des clauses sociales et au développement de l’emploi local, liés au déploiement des chantiers du Grand Paris Express sur le territoire » indique la SGP. Une convention du même type devrait être conclue avec la Communauté d’agglomération Roissy Pays de France.

…et du logement L’arrivée du GPE dans la commune de Champs-sur-Marne contribuera à renforcer la Cité Descartes dans son rôle de cluster de la ville durable avec à terme « près de 15 000 nouveaux logements » et « plusieurs centaines de milliers de mètres carrés de bureau ». A Chelles, la gare s’inscrit dans le projet d’aménagement du centre-ville. « Un partenariat portant sur l’utilisation de déblais du GPE a permis l’aménagement d’un parc urbain, sur le site Sempin, situé sur les communes de Chelles et Montfermeil », ajoute la SGP. Enfin sur la plate-forme aéroportuaire CDG, la gare viendra desservir le nouveau terminal (T4).

Une exposition itinérante tourne depuis fin novembre

Ce sont les communes qui contactent le département pour recevoir l’exposition itinérante. Depuis fin novembre, elle a été visible dans sept communes : Moussy-le-Neuf, Lésigny, Presles-en-Brie, La Grande-Paroisse, Esbly et Penchard. « Esbly est située à 10 minutes de Chelles en Transilien. Il y aura une correspondance avec la ligne 16 du Grand Paris Express en 2023. Nous pensions que cela pouvait intéresser nos administrés. Cela permettra de raccourcir leur temps de trajet vers l’aéroport Charles-de-Gaulle et vers la banlieue », explique René Garcher, maire-adjoint chargé de l’urbanisme à la mairie d’Esbly. En 2015, il y avait chaque jour en moyenne 3 860 montants en gare d’Esbly sur la ligne P du transilien, un chiffre en progression de 16 % par rapport à 2012. A la descente, 548 voyageurs étaient enregistrés. L’exposition sera prochainement visible à Montgé-en-Goële et Ozoir-la-Ferrière.

*En prenant en compte les deux gares desservant l’Aéroport Charles-de-Gaulle.**En dehors de la gare Charles-de-Gaulle T4.

 

Julie Olagnol

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : le Medef entrouvre la porte

Le patronat a transmis mardi aux syndicats un projet d’accord qui évoque les contrats courts mais écarte tout système de « bonus-malus » sur ceux-ci.
Les représentants des salariés jugent le texte « inacceptable ».

C’est ce qu’on appelle une ouverture. Le projet d’accord que le patronat a transmis mardi aux syndicats intègre un nouvel article 2 qui aborde le sujet extrêmement sensible des contrats courts. Cette ouverture reste cependant très timide. Là où les représentants des salariés réclament la mise en place d’un système de bonus-malus de cotisation pour pénaliser les employeurs abusant des contrats précaires, l’article 2 du texte, qui va servir de base aux discussions à partir de mardi prochain se contente d’évoquer une « incitation sectorielle de modération du recours aux contrats de travail très courts ».

Pour le patronat, leur surconsommation ne relève pas d’une « logique d’optimisation » contrairement à la « permittence », liée à des conditions d’indemnisation trop avantageuses qui poussent à alterner périodes courtes d’emploi et de chômage, dont le président du Medef, Pierre Gattaz, a fait son cheval de bataille. Elle vise à répondre « dans le cadre actuel de la réglementation du travail à des contraintes opérationnelles fortes », note le document qui pointe les « secteurs en tension ». Très prudent, le patronat prône avant tout un diagnostic via « un indicateur robuste et pérenne […] afin de caractériser les situations sectorielles de recours  ».

Incitations pertinentes

Mais pas question de sanctionner des pratiques ou de les interdire : il est proposé en cas de consommation « sensible [ment] » supérieure à la moyenne, d’ « incit [er] à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, […] et de mettre en place des incitations pertinentes qu’elles soient d’ordre juridique ou économique, permettant de modérer [leur] utilisation au sein desdits secteurs lorsque cela est possible ». Cette rédaction ménage ceux qui, au Medef, étaient vent debout contre toute ouverture du dossier des contrats courts et étaient prêts à passer la main à l’Etat sur l’assurance-chômage.

Mais elle a été très mal reçue par les syndicats. « Reprendre le texte de juin et ajouter une demi-page sur les contrats courts sans une once de recettes supplémentaires, c’est se fiche [r] du monde », s’emporte Michel Beaugas, le négociateur de FO, pointant également l’absence d’évolution sur le dossier des chômeurs seniors. Le projet patronal continue à prévoir un relèvement de 50 à 59 ans pour bénéficier d’une durée d’indemnisation rallongée. « La vérité est que le patronat a comme seul mandat de négociation le saccage des droits des chômeurs », a pour sa part dénoncé la CGT dans un communiqué. La proposition patronale est « inacceptable en l’état, il va vraiment falloir négocier sur les contrats courts et les seniors », a tweetté Véronique Descacq, en charge du dossier à la CFDT.

La séance de mardi, premier rendez-vous hebdomadaire d’une série de quatre, s’annonce très tendue. « La rédaction du texte ne correspond pas à ce qui nous a été dit lors de nos derniers contacts », déplore un syndicaliste qui souligne que « le problème, c’est que le calendrier ne permet pas la stratégie des petits pas, nous n’avons qu’un mois pour négocier ! » La seule autre modification significative du projet patronal par rapport à la version de juin dernier porte la marque de l’actualité de ces derniers mois et… de la campagne électorale. Il propose que le groupe de travail que le patronat veut voir réfléchir à « une assurance-chômage moins coûteuse » traite « notamment des évolutions des formes de relations de travail ». Le patronat veut qu’il cherche aussi « à caractériser les situations de ces nouveaux travailleurs indépendants » et qu’il « identifie l’impact du développement de ces formes d’emploi sur le régime d’assurance-chômage et, le cas échéant, les évolutions de la réglementation à envisager ».

Leïla de Comarmond

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Assurance chômage : le Medef fait un petit geste sur les contrats courts

Après l’échec de juin 2016, les négociations sur l’assurance chômage vont reprendre en mars. Le patronat veut inciter à modérer le recours aux contrats très courts.

Le patronat a envoyé ce mardi aux syndicats sa nouvelle proposition de révision de la convention d’assurance-chômage. Ce document doit servir de base à la négociation qui a officiellement repris le 15 février et dont la prochaine – en fait vraie première – séance a été fixée au mardi 7.

Un texte dit «martyr» dont il ne restera pas grand-chose dans le projet d’accord fin mars et qui doit permettre à chaque centrale, en réalité, de fixer ses lignes rouges et marges de négociation. Ce texte patronal reprend le projet de protocole d’accord qui avait été proposé il y a neuf mois aux syndicats, juste avant que la négociation échoue. Le même texte donc, mais avec deux modifications majeures. D’abord, l’ajout d’un article 2, sur les contrats courts, qui a en grande partie conditionné le retour de tous les protagonistes à la table des discussions.

Incitations sectorielles

La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus

Comme il l’avait annoncé, le Medef propose ainsi d’instaurer non pas une nouvelle surcotisation des CDD (notamment de moins d’un mois) mais un système d’incitations sectorielles «d’ordre économique ou juridique», précise-t-il sans en dire plus, «permettant de modérer l’utilisation des contrats très courts au sein desdits secteurs lorsque cela est possible».

Les syndicats qui plaident pour un dispositif plus contraignant ne se contenteront toutefois pas de ces déclarations de bonne intention. La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus. L’inconnue reste la marge dont disposera Alexandre Saubot, le chef de file patronal et n° 2 du Medef en charge du social, pour s’éloigner de la proposition initiale et coller à l’une des options syndicales sur la table. Le second ajout du texte s’adresse à l’État. Le Medef demande ni plus ni moins que la révision du mécanisme de contribution du régime d’assurance-chômage au budget de Pôle emploi. «Le montant de la contribution versée par l’Unedic ne pourra être supérieur au montant de la dotation versée par l’État», propose le patronat, soit… 1,5 milliard d’euros. Si l’exécutif accepte ce point, l’économie pour l’Unedic – qui verse chaque année 10 % de ses ressources à Pôle emploi, soit 3,5 milliards en 2016 – sera considérable et le manque à gagner pour Pôle emploi, conséquent (de l’ordre de 2 milliards).

Le patronat n’a en revanche pas modifié sa proposition sur les seniors. Il souhaite reporter à 57 ans, au lieu de 50 aujourd’hui, la borne d’entrée dans cette filière qui permet aux demandeurs d’emploi d’être indemnisés – s’ils ont suffisamment cotisé – trois ans au lieu de deux. Une proposition, là encore, que les syndicats entendent assouplir. La CFDT serait ainsi partisane de remonter le seuil d’entrée à 55 ans, FO à 52.

 

L’OPINION – 01/03/2017

Assurance-chômage: comment le Medef compte enrayer la dégradation des comptes

 

Alexandre Saubot, chef de file patronal de la négociation Unédic

Indemnisation des seniors, calcul de l’indemnité journalière, limitation des CDD courts dans certains secteurs… Le patronat met sur la table ces sujets alors que la situation des comptes l’Unédic s’aggrave : 37,5 milliards d’euros de dette prévus fin 2018

Le Medef vient d’envoyer aux centrales syndicales plusieurs mesures pour réduire le déficit de l’assurance-chômage, alors même que l’Unédic vient de transmettre ses prévisions financières pour 2017 et 2018. Les partenaires sociaux se sont donnés jusqu’au 28 mars pour se mettre d’accord et acter une nouvelle convention.

Le projet d’accord sur l’assurance-chômage que le Medef a envoyé mardi aux syndicats fait une quinzaine de pages et vise un milliard d’euros d’économies. Pour cela, le patronat propose de limiter la « permittence » (les allers-retours abusifs entre emploi et chômage), de revoir l’indemnisation des seniors, mais aussi de limiter la multiplication des contrats courts…

Une première partie du texte concerne les modalités de calcul et de versement de l’allocation d’aide au retour à l’emploi. Le Medef le rappelle : « Il s’agit d’éviter les logiques d’optimisation à la fois du côté de l’employeur et du salarié et mettre fin à des situations inéquitables ». En effet, dans certains cas, un chômeur a intérêt à enchaîner plusieurs contrats très courts plutôt qu’un contrat un peu plus long. Il y gagne financièrement et l’allocation-chômage n’est plus un revenu de remplacement mais de complément. Une anomalie que de nombreux syndicats sont prêts à corriger.

Pour ce faire, le Medef propose une nouvelle équation qui – grosso modo — reviendrait à baisser d’un tiers le niveau des allocations versées aujourd’hui, pour ceux qui jouent de cette « permittence ». Seul hic, selon plusieurs sources syndicales, « le niveau proposé par le Medef est trop bas et n’incitera pas les gens à reprendre un travail. » La discussion va donc porter sur le niveau du curseur.

Indicateur objectif. Sur la question des contrats courts, le patronat se montre plus prudent. Il propose d’ouvrir des négociations dans les secteurs où il y a « une accentuation du phénomène de réembauche d’un même salarié par le même employeur » et suggère de « convenir d’un indicateur objectif » qui prendrait en compte tous les secteurs. Ceux qui seraient au-dessus de cet indicateur « seront incités à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, quelles qu’elles soient, au regard des tensions du travail, et à mettre en place des incitations pertinentes, pour modérer l’utilisation de ces contrats très courts, lorsque cela est possible ». Les mots sont pesés — n’apparaît pas le terme taxation — pour ne pas raviver les vives polémiques internes au Medef. Mais les syndicats veulent un système de bonus-malus de cotisations. La CFDT prévient déjà que « la proposition est inacceptable en l’état » et qu’il va « falloir vraiment négocier sur les contrats courts ». Cette mention des contrats courts par le patronat est pourtant déjà une avancée : en juin, le Medef refusait d’aborder le sujet, ce qui avait contribué à empêcher tout accord.

L’autre point sensible est l’indemnisation des seniors. Le Medef propose de changer les règles pour les plus de 50 ans. La durée maximale de versement de l’allocation-chômage passerait de trente-six à vingt-quatre mois pour les 50- 55 ans. Cette proposition promet de susciter des oppositions du côté de la CGT et de FO, mais la CFDT devrait valider. Pour les seniors entre 55 ans et l’âge de la retraite, le Medef propose un système progressif par étapes. Ainsi pour les personnes dont l’âge est supérieur ou égal à 57 ans, et strictement inférieur à 59 ans au moment de l’ouverture des droits au chômage, la durée d’indemnisation serait de 30 mois, avec des exigences un peu assouplies sur la période travaillée auparavant. En revanche, les plus âgés (59 ans et plus), verraient leur durée d’indemnisation de 36 ans maintenue afin de ne pas mettre en difficulté ces chômeurs en attente de leur retraite. Sur le volet seniors, le Medef propose aussi des systèmes d’incitation à la formation, via la mobilisation du compte personnel de formation (CPF). Mais là encore, les syndicats risquent de tiquer car cela nécessite que le senior active son CPF. Rien n’est mentionné, par ailleurs, sur le payeur de ces formations.

Prévisions de l’Unédic. L’ensemble de ces propositions intervient dans le cadre très particulier de cette négociation, qui se situe en pleine période électorale. Quoiqu’ils en disent, patronat et syndicats sont sensibles aux dires des candidats à la présidentielle, qui promettent la nationalisation du régime (Macron) ou encore des mesures drastiques pour résorber les 30 milliards de dette (Fillon). La situation économique pèse aussi sur les échanges. Et ce d’autant plus que selon l’Unédic, qui a présenté ce mardi ses prévisions, l’endettement pourrait atteindre plus de 37,5 milliards d’euros à la fin de l’année 2018.

Et alors que l’organisme paritaire table sur une reprise, celle-ci serait finalement peu porteuse en termes d’emplois. L’Unédic prévoit en effet la création de 135 000 emplois en 2017 puis de 113 000 postes en 2018. Et d’anticiper une lente réduction du nombre de demandeurs d’emplois inscrits. En catégorie A, le nombre de chômeurs a baissé de 107 000 personnes en 2016 ; cette tendance devrait se poursuivre en 2017 et 2018.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : vers une légère décrue du déficit cette année

 

Le déficit 2017 de l’assurance-chômage sera réduit à 3,6 millliards d’euros en 2017, selon les dernières prévisions.

La prévision de déficit de l’Unédic a été ramené à 3,6 milliards en 2017, soit 213 millions de moins que prévu en septembre.

Comme chaque année à pareille époque, l’Unédic a actualisé ses prévisions financière à court et moyen terme. Conclusion ? Du mieux en lien avec l’amélioration du marché du travail, mais pas suffisamment pour exonérer les partenaires sociaux, qui gèrent l’assurance-chômage , de trouver des économies.

Le consensus des économistes table désormais sur une progression du PIB de 1,3 % en 2017 et de 1,4 % en 2018. L’inflation est attendue en hausse de 1,3 % ces deux années. Dans ce contexte, les créations d’emplois dans le privé s’élèveraient à 135.000 cette année et 113.000 l’an prochain. C’est nettement moins qu’en 2016 (+218.000), mais nettement mieux que ce qu’attendait l’Unédic dans sa dernière prévision de septembre (+76.000 et +66.000 respectivement). L’explication ? Du côté positif: une croissance un peu plus forte. Du côté négatif, le ralentissement des effets de la prime à l’embauche dans les PME ou des mesures de baisse des charges des entreprises.

Le nombre de chômeurs repartirait à la hausse

Le nombre de demandeurs d’emplois sans activité progresserait de 47.000 en 2017. Là encore, c’est nettement moins bon que le recul de 107.400 l’année dernière. Mais c’est nettement mieux que la hausse de 79.000 anticipée en septembre. Les tendances sont les mêmes pour les chômeurs de catégories B ou C, c’est-à-dire en activité réduite. Le taux de chômage au sens du BIT ressortirait à 9,8 %, stable.

Résultat, l’Unédic a confirmé sa prévision de déficit pour 2016, attendu à hauteur de 4,2 milliards d’euros. Pour 2017, ses experts l’estiment désormais un peu moins de 3,6 milliards, soit 213 millions de mieux qu’en septembre. Et à 3,9 milliards l’année suivante, exercice aux termes duquel la dette cumulée serait de 37,5 milliards.

A quelques centaines de millions près, les nouvelles prévisions financières de l’assurance-chômage sont donc conformes à celles de septembre. Mais ce sont surtout les prochaines qui compteront. Celles qui, en cas d’accord des partenaires sociaux prendront en compte la nouvelle convention. Par la suite, il faudra aussi intégrer, la politique d’emploi du futur gouvernement.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

La croissance française moins forte en 2016 qu’en 2015

Les chiffres de l’Insee publiés ce mardi confirment que le PIB n’a progressé que de 1,1% sur l’ensemble de l’année, une hausse nettement inférieure aux prévisions.

Les chiffres sont confirmés. La croissance de l’économie française a bien atteint 0,4% au quatrième trimestre 2016 et s’est donc établie à 1,1% sur l’ensemble de l’année, selon une deuxième estimation publiée, ce mardi, par l’Insee. Ces chiffres sont conformes aux premières estimations de l’Insee rendues publiques le 31 janvier. Au quatrième trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a accéléré après la légère hausse de 0,2% au cours des trois mois précédents. Mais ces chiffres, pour 2016, sont inférieurs de 0,1 point par rapport à 2015 où la croissance avait atteint 1,2%. En outre, la hausse de 2016, dernière année pleine du quinquennat de François Hollande, est inférieure de 0,3 point à la prévision du gouvernement, qui avait réajusté sa prévision de 1,5% à 1,4% à l’automne.

Dans le détail, les dépenses de consommation des ménages ont accéléré en 2016, augmentant de 1,8% après une progression de 1,5% en 2015, portées «notamment par les achats en biens d’équipement du logement au premier semestre», selon l’Insee. De même, l’investissement s’est mieux porté, en particulier celui des entreprises qui a crû de 4% l’an dernier, après une hausse de 2,7% en 2015. Il a notamment accéléré au quatrième trimestre après deux trimestres plus moroses, les chefs d’entreprise ayant anticipé la fin du dispositif de suramortissement fiscal sur les investissements productifs, prévue en avril.

Un commerce extérieur qui pèse

Mais l’investissement des administrations publiques a pour sa part continué de reculer, mais à un rythme nettement moins fort qu’en 2015 (-0,6% contre -3,9%). Les exportations ont marqué le pas, ne progressant que de 1,1% en 2016 contre une hausse de 6% un an auparavant. Les importations ont également ralenti, mais moins fort que les exportations (+3,7% après +6,4%), ce qui explique que le solde extérieur a pesé davantage sur la croissance en 2016 qu’en 2015 (-0,8 point après -0,3 point).

La production a, de son côté, augmenté un peu plus qu’en 2015 (+1,4% après +1,3%), rebondissant notamment dans la construction. Mais la production agricole a fortement diminué (-5,7% après -2,2%), «en raison de conditions climatiques défavorables» selon l’Insee, ce qui a particulièrement pesé sur la croissance. Selon l’Insee, la croissance de l’économie française devrait augmenter de 0,4% aux premier et deuxième trimestre 2017.

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les maires donnent un coup d’arrêt aux hausses d’impôts locaux

 

Quarante des plus grandes communes de France ainsi que la plupart des intercommunalités ont décidé de ne pas augmenter leurs taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017.

De Saint-Denis à Nantes ou Bordeaux, les quarante plus grandes villes de France ont voté des taux stables pour l’année 2017, selon notre enquête.

Après la tempête, c’est une mer d’huile qui s’annonce pour la fiscalité des grandes villes. L’examen par « Les Echos » des budgets primitifs votés ces deux derniers mois montrent que tous affichent des zéros dans l’évolution des taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017. C’est le cas des quarante plus grandes communes de France ainsi que de la plupart des intercommunalités. L’an dernier, la moyenne des taux de ces taxes avait grimpé de 1 %, après une hausse de 1,8 % en 2015.

Un mouvement général

Un expert des finances locales rappelle que cette situation est plutôt classique à l’attaque de la troisième année d’un mandat municipal, sauf que cette fois la baisse des dotations financières de l’Etat complique singulièrement les équations budgétaires des élus. La tendance est d’autant plus remarquable que le législateur a fixé à 0,4 % la revalorisation des bases, refusant la généreuse hausse de 1 % des années précédentes qui dépassait nettement l’inflation. L’an dernier, les édiles s’étaient reposés sur cette revalorisation pour faire preuve de modération : les deux-tiers des maires des grandes villes n’avaient pas touché aux taux.

Cette année, le mouvement est général même parmi le tiers restant. C’est le cas de Clermont-Ferrand qui avait la palme de la hausse du taux de taxe d’habitation l’an dernier (5,8 %). Ou de Toulouse qui s’était distinguée en 2015 en augmentant de 15 % la taxe d’habitation et la taxe foncière. Sa métropole avait à son tour appliqué 7 % de hausse des taux l’an dernier. La communauté de Nantes n’avait pas hésité à voter 18,5 % de revalorisation de la taxe d’habitation en 2016. Lille, qui caracolait au sommet du niveau de taux (46 %) dans l’étude 2016 du Forum pour la gestion des villes, a fait le même choix. Sans surprise, Le Havre enchaîne une huitième année de stabilité, quand Nice interrompt deux ans de baisse de ses taux. Même les villes moins favorisées comme Montreuil ou Saint-Denis ont choisi d’épargner leurs contribuables.

Quid des départements

Cela ne signifie pas pour autant un gel des impôts locaux pour les habitants. Outre la hausse de 0,4 % due aux bases, ils pourraient sentir passer la part départementale qui entre dans le calcul de la taxe foncière. Le responsable d’une association d’élus juge que « c’est devenu très risqué pour un maire d’afficher des taux en hausse, vis-à-vis de son assemblée ou de sa population. Seuls les départements peuvent encore le faire car ils sont moins proches de la population et ils ont l’excuse absolue des difficulté de financement du RSA ». D’autant que la baisse des dotations supportée par les villes a, cette année, été deux fois moins forte que prévu à l’origine.

Il reste aussi aux élus des grandes villes une poignée de leviers pour maintenir une épargne brute raisonnable, au-delà des plus simples déjà utilisés comme la fiscalité, la baisse des investissements et les coupes dans les subventions aux associations. Il faut s’attendre à ce que les villes « ajustent » les tarifs municipaux, dopent les taxes de poche (terrasse, stationnement, etc.), optimisent leurs achats, fassent de la « gestion de patrimoine » (vendre), développent le mécénat, voire « révisent leur périmètre d’intervention ». Comprendre une révision à la baisse du service public : horaires d’ouverture, fréquence des bus, etc.

Trois situations différentes, une même décision

Décision in-extremis à Mulhouse. Le conseil municipal de la ville alsacienne a opté fin décembre pour la stabilité fiscale. « Suite à la baisse des dotations de l’Etat, nous avions annoncé trois ans de hausse à 3 % en 2014, mais la loi de finances 2017 nous a permis au final d’éviter une troisième hausse », explique l’adjoint aux finances Philippe Maitreau. Le débat reste néanmoins en cours à la communauté d’agglomération.

Bordeaux mise sur son attractivité. Bordeaux est typique des métropoles en expansion du flanc ouest de la France. Comme Nantes ou Rennes, la ville explique miser sur son attractivité et son dynamisme démographique pour « anticiper 1,2 % de hausse des bases ». Ces villes prospères tablent aussi sur les recettes immobilières, assument de futures hausses de tarifs et comptent sur un essor du mécénat.

Saint-Denis a dégagé des marges. Après un bond de 10 % en 2015, la commune de Seine-Saint-Denis prévoit de voter une fiscalité stable jeudi en débat d’orientation puis dans son budget en mars. « La hausse de 2016 et de gros efforts sur les dépenses offrent des marges de manoeuvres cette année. Nous pourrons accompagner notre dynamisme démographique, soit un groupe scolaire tous les ans » indique Erwann Le Guern, adjoint aux finances.

 

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 01/03/2017

Ventes d’armes : la France a battu un record historique en 2016

L’industrie française a exporté pour plus de 20 milliards d’euros de matériels militaires.

En 2016, les exportations françaises d’armement ont battu un record historique, à plus de 20 milliards d’euros. C’est deux fois plus que la commande nationale. Et, au bas mot, 3 milliards de plus qu’en 2015 qui était déjà un grand millésime. La performance de la France est sans doute bien supérieure. «Nous avons été conservateurs en comptabilisant la part française (DCNS et ses sous-traitants, NDLR) du contrat australien dans les sous-marins à 6 milliards d’euros. C’est une fourchette basse. À cela s’ajoutent 14 milliards de contrats dont les plus emblématiques ont été les Rafale vendus à l’Inde et les hélicoptères Caracal commandés par le Koweït», détaille le ministère de la Défense.

Grâce à ces grands contrats mais aussi au renforcement du «socle» de commandes plus modestes, «la France est, depuis deux ans, le numéro deux mondial des exportations militaires, loin derrière les États-Unis (40-50 milliards), mais ex aequo avec la Russie», précise-t-on à l’hôtel de Brienne.

L’année 2015 a marqué un tournant pour les industriels, que 2016 a confirmé. «Nous avons enregistré une forte hausse des prises de commandes à 1,8 milliard d’euros dans la défense, en 2016. Pour la première fois depuis longtemps, le book-to-bill est supérieur à 1», explique Philippe Petitcolin, PDG du motoriste Safran. Patrice Caine, le patron de Thales, ne dit pas autre chose.

Après un point bas en 2012, le volume des affaires gagnées à l’international par la France a quintuplé. Les industriels ont bénéficié d’une situation géopolitique favorable. Les attentats terroristes, la lutte contre l’État islamique, la déstabilisation du Moyen-Orient, les tensions en mer de Chine mais aussi aux frontières pakistano-indiennes et chinoises ont entraîné un réarmement général. Les États qui avaient baissé la garde ont compris qu’ils devaient investir davantage dans la défense et la sécurité tandis que les autres accélèrent. En 2016, le niveau des exportations a atteint son «plus haut volume depuis la fin de la guerre froide», selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).

Cohérence française

Mais la géopolitique n’explique pas tout. Les industriels français gagnent des contrats car le politique a su créer les conditions de la confiance et établir les bases d’un partenariat stratégique avec les pays clients. À cet effet, Jean-Yves Le Drian a parcouru 1,5 million de kilomètres (409.000 en 2016) depuis son arrivée à l’hôtel de Brienne. L’infatigable ministre de la Défense a effectué un total de 65 déplacements au Moyen-Orient, de 7 voyages en Inde et 3 en Australie. Avec son cabinet, il a mis en place une méthode et une équipe France dans laquelle chacun – politique, armée, industriels – est à sa place et joue dans son compartiment. D’où une grande cohérence de l’offre française. L’industrie est, en outre, en mesure de fournir une panoplie d’armements haut de gamme et sophistiqués dans tous les domaines: terrestre, naval, aérien et spatial.

Certains industriels à l’instar de DCNS avec Gowind, ont aussi développé des gammes dédiées à l’exportation. Les armements français ont acquis une grande crédibilité auprès des armées étrangères. Ils ne sont pas seulement exposés dans les salons ou présentés lors de démonstrations, ils sont «combat proven» car utilisés au quotidien par les armées françaises sur les théâtres d’opérations (Afrique, Irak…).

Enfin, la France a acquis un savoir-faire en matière de packages (matériels, formation, maintenance, services) et de transfert complet de technologie. Un atout alors que la plupart des pays clients exigent des retombées pour leur économie.

Véronique Guillermard

 

 

LE MONDE – 01/03/2017

Transdev et Renault-Nissan s’associent dans le véhicule sans conducteur

Le quatrième constructeur mondial et le leader du transport public vont tester des voitures électriques autonomes consacrées au transport à la demande.

Avant, c’était simple. Il y avait d’un côté l’automobile et de l’autre les transports en commun. Et en à peine quelques mois, tout a changé. Désormais, cette différence s’estompe, cette frontière s’efface sous les coups de boutoir des nouvelles technologies et de l’économie numérique.

Le dernier épisode en date de cette mutation est spectaculaire. Lundi 27 février, dans le cadre du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, Renault-Nissan et l’opérateur de transports en commun Transdev ont annoncé avoir conclu un partenariat pour développer des services de transport public à la demande utilisant des voitures électriques et autonomes.

Les entreprises « vont collaborer pour développer un système de transport complet et modulaire pour permettre aux clients de réserver des trajets, et aux opérateurs de mobilité de surveiller et opérer des flottes de voitures autonomes », ont-elles précisé dans un communiqué commun. Ce partenariat débutera par des expérimentations sur le plateau de Saclay, au sud-ouest de Paris, avec des voitures électriques Renault Zoé, combinées à « la plate-forme de répartition à la demande, de supervision et de routage élaborée par Transdev », expliquent les deux sociétés.

« Nous changeons d’échelle »

L’événement n’est pas anodin. C’est la première fois que l’un des leaders mondiaux du transport public – le français Transdev – s’associe à un constructeur automobile majeur dans le but d’inventer un futur « business » commun. Car il s’agit bien de cela : renouveler des modèles économiques différents en les faisant converger. Les constructeurs automobiles espèrent trouver dans les services de mobilité une piste nouvelle de croissance ; les opérateurs traditionnels de transport public cherchent une porte de sortie face à l’ubérisation de leur activité.

L’un comme l’autre ont choisi à travers ce partenariat une alliance avec un acteur d’envergure. Transdev (dont l’actionnaire principal est la Caisse des dépôts) est « l’un des opérateurs de mobilité multimodale les plus importants au monde », remarque Ogi Redzic, vice-président de l’alliance franco-japonaise, chargé des véhicules connectés et des nouvelles mobilités.

« Avec l’Alliance Renault-Nissan, nous changeons d’échelle », se félicite Yann Leriche, directeur de la performance de Transdev. Ce dernier, qui réalise 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires (vingt fois moins que l’entité Renault-Nissan), a déjà mis en place une dizaine de projets pilotes de transport public par véhicule autonome. Transdev fait rouler en particulier un minibus sans conducteur au sein de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). En ce moment même, l’opérateur réalise un tour des Etats-Unis avec une navette autonome.

Des pistes de croissance

Même si elle n’est pour le moment qu’un simple partenariat de recherche visant à tester des technologies en développement, l’association avec Renault-Nissan est essentielle pour Transdev. « Cela va nous permettre de mettre les mains dans la voiture, sa technologie, ses algorithmes, explique M. Leriche. C’est fondamental pour garantir sécurité et qualité de service à nos clients. »

Transdev peut espérer aussi que cette coopération lui permettra de trouver à terme des solutions à certaines de ses difficultés actuelles. L’opérateur est leader de la mobilité à la demande en porte-à-porte, à Londres (où il fait fonctionner une plate-forme de taxis) et aux Etats-Unis. Là-bas, il opère plusieurs flottes de taxis ou des services équivalents comme des minivans qui font la liaison avec des aéroports. Il y subit de plein fouet la concurrence d’Uber et de Lyft, les plates-formes de VTC. Transdev a dû d’ailleurs se séparer de ses taxis de Las Vegas, déficitaires. Une offre sans chauffeur constituerait une option intéressante pour ce type d’activité.

Côté industriels de l’automobile, les offres de partage de véhicule sont déjà nombreuses. Mais, plusieurs constructeurs voient aussi dans le petit transport en commun sans conducteur des pistes de croissance. Ford en fait une priorité et veut proposer aux sociétés de taxis des flottes de véhicules autonomes dès 2021. Quant à Uber, il a choisi Volvo comme partenaire dans la course contre la montre qu’il a entrepris pour disposer au plus vite des véhicules sans chauffeur indispensables à sa survie.

Éric Béziat

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Valeo manifeste un insatiable appétit de croissance

 

Jacques Aschenbroich, PDG du groupe Valeo, a présenté, mardi à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans.

L’équipementier automobile vise une progression de plus de 60% de son activité d’ici 2021.

L’ambition de Valeo est immense. Même le temps ne lui résiste pas. L’équipementier automobile a présenté, mardi 28 février à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans. «Nous avons été beaucoup plus vite que prévu au niveau de la croissance de l’activité mais également des prises de commandes, justifie Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo. Nous étions certains de dépasser les objectifs fixés en 2015. Nous avons donc décidé de les mettre à jour.»

Et la mise à jour est pour le moins ambitieuse. Valeo visait, dans le cadre de son plan précédent, 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2020. Désormais, l’équipementier compte réaliser 27 milliards d’euros en 2021, contre 16,5 milliards d’euros l’an dernier.

La croissance annuelle de l’activité sera supérieure à 10%, quand celle des ventes de voitures dans le monde n’est attendue qu’à 2,3%. Cette performance très supérieure à celle du marché s’explique par «une vague de croissances successives», selon le patron de Valeo. Dans les systèmes de propulsion, par exemple, le groupe bénéficie de la stratégie des constructeurs visant à optimiser les moteurs à combustion.

Marges historiques

Mais une deuxième vague d’activité vient de démarrer avec l’électrification des moteurs. Dans un premier temps, cela concerne l’hybridation, avant de passer aux moteurs électriques. La coentreprise que Valeo a créée l’an dernier avec Siemens dans ce domaine a déjà engrangé 1,6 milliard d’euros de commandes.

Le phénomène est identique dans les aides à la conduite. Aujourd’hui, l’activité concerne des systèmes d’assistance, avant de passer à la connectivité et, demain, d’embrayer sur les voitures réellement autonomes.

Pour saisir ces vagues de croissance, l’équipementier mise sur l’innovation. Les dépenses consacrées à la R&D sont considérables. En net, elles représentaient 5,8% du chiffre d’affaires en 2016, un niveau qui devrait rester sensiblement identique dans les prochaines années. Et les résultats sont au rendez-vous: «50% des prises de commandes réalisées l’an dernier portent sur des produits nouveaux, qui n’existaient pas il y a trois ans», se félicite Jacques Aschenbroich.

Dernier levier de croissance: les acquisitions. Le groupe en a réalisé plusieurs l’an dernier, en Allemagne, au Japon ou en Corée du Sud. «Nous visons des opérations ciblées qui nous apportent des technologies ou une couverture géographique complémentaire», détaille le patron de l’équipementier. La prise de contrôle du japonais Ichikoh a ainsi permis à Valeo de doubler l’activité réalisée avec Toyota. En dix ans, la part de l’Asie dans le chiffre d’affaires de Valeo est passée de 15% à 37%, après les dernières opérations.

Ce dynamisme ne se fait pas au détriment des marges ou de la capacité à générer de la trésorerie. Le groupe français vise une marge opérationnelle de 9% à l’horizon 2021, contre 8,1% enregistrée l’an dernier. Des niveaux jamais vus dans l’histoire de Valeo. De même, le groupe vise à doubler sa génération de trésorerie nette (free cash-flow) entre la période 2012-2016, où elle était de 2 milliards d’euros, et la période 2017-2021, où elle est attendue à 3,7 milliards d’euros. Un niveau parfois jugé modeste par les investisseurs, mais que le patron du groupe justifie par les investissements en R&D et en usines nécessaires pour financer la croissance. L’utilisation de ces liquidités ne se fera pas via le lancement d’«un programme de rachat d’actions, car nous avons encore suffisamment d’idées», explique Jacques Aschenbroich. Pas non plus de rapprochement structurant avec un autre grand acteur. «L’important n’est pas la taille globale, mais être numéro un ou deux mondial dans chacun de nos métiers. Et c’est le cas», justifie encore le patron de Valeo.

Cette confiance et ces ambitions élevées ont laissé de marbre les marchés financiers, le titre cédant même 0,31% en séance mardi 28 février. Il est vrai qu’il affiche une hausse de 71% sur trois ans. Un horizon temporel sans doute plus pertinent pour juger de la qualité d’un groupe qui reste industriel.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les banques françaises sur le toit de l’Europe

Les six groupes français ont dégagé 23,5 milliards d’euros de bénéfices grâce à leur diversification. En 2017, ils accélèrent encore leur digitalisation.

Le début d’année 2016 chahuté sur les marchés , les vagues de renégociation de crédits immobiliers provoquées par la faiblesse des taux d’intérêt ou encore le vote en faveur du Brexit n’auront pas eu raison de la santé des banques françaises. En 2016, leurs profits cumulés ont encore surpassé les résultats 2015, déjà revenus au niveau d’avant crise. Globalement, les six premiers groupes français ont généré un total de 23,5 milliards d’euros de bénéfices nets l’an passé, soit 660 millions de plus qu’en 2014.

Une performance éclatante face aux pertes de leurs concurrents européens Deutsche Bank , UniCredit ou RBS – encore aux prises avec de lourdes restructurations ou litiges hérités de la crise financière. Mais les champions français restent bien loin des résultats dégagés par les banques américaines : à elle seule, JP Morgan affiche un bénéfice net de 27,8 milliards de dollars en 2016 .

 « Les banques françaises n’ont pas de boulevards de croissance devant elles, si ce n’est sur des métiers spécialisés, et depuis la crise elles font particulièrement attention à leurs coûts . Mais grâce à leurs modèles de revenus diversifiés elles parviennent à obtenir des résultats résilients et des niveaux de rentabilité de 7 à 8 % », rappelle Romain Burnand, gérant chez Moneta.

Une inconnue, le volet réglementaire

De fait, en 2016, outre le bond de leurs revenus de banques de financement et d’investissement au second semestre, les banques françaises ont profité de la dynamique de leurs revenus d’assurance, de location de véhicules longue durée ou encore de gestion d’actifs. Et logiquement, dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les acteurs les plus concentrés sur la banque de détail (la filiale de Crédit Agricole, LCL, ou La Banque Postale ) ont éprouvé davantage de difficultés à compenser la baisse de leurs revenus d’intérêts.

De ce point de vue 2017 s’engage mieux que 2016 : « Clairement, nous avons atteint un point d’inflexion dans la politique monétaire avec la remontée des taux longs fin 2016. Plus sensibles à la pente des taux du fait de la structure du marché de l’épargne et du crédit immobilier, les banques françaises devraient en profiter », estime Jérôme Legras, directeur de la recherche chez Axiom AI.

Reste que de nombreux chantiers de digitalisation et d’automatisation des métiers de banque de détail ont été lancés à l’occasion de la publication des comptes annuels, chez BPCE et BNP Paribas notamment. De leur succès dépendra la capacité des banques françaises à conserver leurs parts de marché, tout en serrant leurs coûts. Signe que les deux démarches sont étroitement liées, la robotisation des processus permettrait de diviser par neuf les coûts des banques, selon une étude de Deloitte.

L’autre grande inconnue de l’année 2017 concerne le volet réglementaire. Au point mort depuis le début de l’année, les négociations sur le parachèvement de la réforme Bâle III – rebaptisée « Bâle IV » par les banques opposées à ce chantier – pourraient amener les établissements à une nouvelle fois renforcer leurs fonds propres. Surtout, après le Brexit et l’élection de Donald Trump, le protectionnisme a fait une entrée en force dans la réglementation, ce qui pose question pour la compétitivité des banques européennes. Des questions qui se sont certainement invitées au menu de la rencontre prévue ce mardi entre le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le président de la Fédération bancaire française, Philippe Brassac.

Des robots en soutien des conseillers physiques

L’automatisation sera l’un des chantiers phares pour les banques françaises en 2017, mais sans remettre en cause la place de l’humain.

Les robots dans la banque, beaucoup en parlent, mais peu de clients en ont déjà rencontré ! Or parvenir à automatiser davantage la relation client sera clairement un des grands défis 2017 pour les banques françaises. Les « chatbots » – ces systèmes d’intelligence artificielle capables de converser avec les clients – en sont déjà le premier cas d’usage visible. Mais ils demeurent bien souvent limités à des sujets non bancaires. C’est le cas, par exemple, de Société Générale, qui a lancé une expérimentation en octobre dernier autour de la communauté du rugby.

Le mouvement devrait toutefois s’approfondir. « Nous vivons dans le domaine une vague d’expérimentations sans précédent », explique Damien Leurent, associé chez Deloitte. Les nouvelles possibilités d’usage vont par nature se multiplier, puisque le principe même des intelligences artificielles est de s’enrichir et d’apprendre au fur et à mesure.

Potentiellement, tous les aspects de la relation client sont concernés, depuis l’avant-vente (tarifs, réponse de principe sur un crédit…) jusqu’au suivi de dossiers ou le traitement des réclamations. Nombre de ces innovations ne seront pas directement perceptibles par le public, l’attente d’une relation humaine restant encore très forte. Ainsi, ces nouveaux outils digitaux ne devraient pas remplacer, mais plutôt « augmenter » le conseiller bancaire traditionnel . Ce dernier s’appuierait sur les outils d’intelligence artificielle, mais pas seulement. Les tâches administratives (comme le traitement d’une réclamation) vont rapidement connaître un degré de robotisation supplémentaire, synonyme de gain de temps pour le conseiller. Ainsi, l’automatisation des processus de gestion simple devrait encore gagner du terrain en 2017.

Sharon Wajsbrot et Edouard Lederer

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 01/03/2017

Accord Hamon-Jadot: le PS dans l’enfer vert

L’accord signé par les deux hommes ne fait pas seulement la part belle aux écologistes sur le plan électoral. Il remet aussi en cause quelques fondamentaux socialistes, et passe donc mal au sein de sa famille politique. Turbulences à gauche

Retour aux sources ce mercredi pour le candidat socialiste à l’élection présidentielle. Benoît Hamon effectue un déplacement en Bretagne, conclu par un meeting à Brest. Il a réuni pour la première fois mardi, à huis clos, dans son QG, rue du Château-d’Eau, à Paris, le « conseil parlementaire », composé des députés, sénateurs et eurodéputés qui le soutiennent.

C’est l’histoire d’un parti politique piégé par son propre candidat à la présidentielle. Sorti vainqueur, à la surprise générale, de la primaire de la gauche le 29 janvier, avec 58 % des voix, Benoît Hamon a signé le 23 février avec le candidat écologiste Yannick Jadot un « projet de plateforme présidentielle » qui va à rebours de trois décennies de discussions doctrinales au sein du Parti d’Epinay… et fait sérieusement tanguer la rue de Solférino, qui n’a pas eu son mot à dire.

L’historien Alain Bergounioux, directeur des études politiques au PS, a soulevé le problème, lundi soir, au bureau national : sur le nucléaire, qui a toujours divisé les socialistes, la position du PS est de parvenir à un « mix énergétique » dans lequel la part du nucléaire aurait vocation à diminuer, tandis que celle des énergies renouvelables augmenterait. Or la plateforme présidentielle PS-Verts prévoit beaucoup plus radicalement, et sans que les socialistes n’en aient jamais débattu, le zéro nucléaire d’ici à vingt-cinq ans.

Un ministre écologiste ne croit cependant pas à cet engagement de papier, et sourit de la formulation retenue, celle d’une « sortie progressive et intégrale du nucléaire à horizon de 25 ans » : « Faites-leur dire qu’ils fermeront 17 réacteurs d’ici 2025, et l’on en reparlera ! » De fait, Guillaume Balas, député européen et coordinateur du projet de Benoît Hamon, qui a participé aux discussions avec les Verts, souligne que cet engagement « ne change pas grand-chose pour le quinquennat qui vient », puisqu’il ne fait que reprendre « la fermeture des premiers réacteurs », un engagement déjà pris (et non tenu) par François Hollande en 2012.

Conférences de consensus. Autres points durs, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Sur ces deux chantiers, Benoît Hamon promet des « conférences de consensus ». Soit deux couleuvres à avaler, pour les socialistes de Loire-Atlantique et pour ceux de Savoie, qui soutiennent majoritairement les deux projets. Interpellé lundi soir en Bureau national sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, approuvé par référendum par les électeurs de Loire-Atlantique en juin 2016, Jean-Marc Germain, codirecteur de la campagne de Benoît Hamon, a répliqué que le candidat, avec ses « conférences de consensus », a « trouvé la formule qui va bien ».

« Notre-Dame-des-Landes, c’était un engagement du candidat Hamon dans la primaire, rappelle Guillaume Balas, et un point important pour les écologistes. Par ailleurs, l’accord ne prévoit pas l’abandon pur et simple, mais une conférence de consensus, c’est-à-dire qu’on remet tout le monde autour de la table… » Idem pour le Lyon-Turin. « Les travaux ont démarré, on n’a pas dit qu’on les suspendait, nuance l’eurodéputé. On dit juste qu’il faut trouver toutes les réponses possibles à la saturation des vallées alpines. »

Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat au Développement, a dénoncé mardi « un programme de rupture avec sa famille politique ». Sur le nucléaire, « les socialistes ont toujours été pour un équilibre dans notre politique énergétique, a rappelé ce proche de Manuel Valls. C’est nous qui avons contribué à civiliser le nucléaire ». L’élu parisien souligne que même Arnaud Montebourg (candidat à la primaire, désormais conseiller pour les affaires internationales du candidat socialiste) n’est pas dans cette logique. « Décréter la fin de la filière nucléaire », c’est mettre en cause « des centaines de milliers d’emplois dans ce pays », a-t-il dénoncé sur RTL.

Quant aux dispositions de l’accord sur Notre-Dame-des-Landes et le Lyon-Turin, le secrétaire d’Etat a ironisé sur « le tour de France des ZAD [NDLR : zones à défendre] : on a pris tous les chantiers où il y avait un élément de mobilisation radicalisée, et on dit : on arrête, on arrête »…

Doxa socialiste. Face aux questions soulevées par ce programme, très éloigné de la doxa socialiste, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a répliqué qu’il appliquait le principe « le parti propose, le candidat dispose ». En clair, ce dernier a le dernier mot. C’est d’ailleurs bien comme cela que Benoît Hamon entend les choses. « C’est quand même moi qui ai gagné la primaire, et je l’ai gagnée sur ma ligne », répond-il en substance à ses détracteurs socialistes.

Au-delà de l’accord avec les Verts, d’autres lignes de fracture, plutôt prévisibles, apparaissent entre le candidat et sa « famille politique ». Ainsi, la semaine dernière, le premier « comité politique » du candidat, où siègent huit membres du gouvernement, a été relativement houleux. Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, a reproché au candidat ses propos dans une interview au Journal du Dimanche sur les banlieues, le 19 février. Le candidat socialiste avait estimé que la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat « protège aussi bien la fille habillée en short que celle qui veut librement porter le foulard ». Une conception de la laïcité bien éloignée de celle de la ministre, proche de Manuel Valls.

Un non-sens. Last but not least, les propos de Benoît Hamon, lundi matin sur France Inter, au sujet de la dette, ont laissé pantois pas mal de ses camarades. Le député des Yvelines a jugé que la barre des 3 % de PIB du déficit public était « un non-sens », et estimé « qu’en matière de dette et de déficit, il faut regarder ce que nous pourrons rembourser, ce que nous ne pourrons pas rembourser. » « La règle des 3 % est rationnelle, elle a des conséquences », lui a répondu le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin. « Il vaut mieux la respecter, non parce que ce serait venu d’ailleurs et imposé par l’Europe, mais parce que c’est bon pour la France. Continuer à entasser des dettes, ce n’est pas forcément une bonne solution », a-t-il insisté.

« C’est un très mauvais signal sur le fond, c’est un signal de marginalisation, la preuve qu’il ne veut pas être président », déplore un responsable socialiste. François Hollande aurait fait part mardi matin à l’un de ses ministres son « inquiétude » face à la tournure que prend la campagne de Benoît Hamon. « Nous assumons ces réorientations, réplique Guillaume Balas. Le patrimoine socialiste doit être revisité. Ce qui n’a pas été compris par les uns et les autres, c’est que la candidature de Benoît Hamon fusionnait les questions socialistes et écologistes ».

Nathalie Segaunes

 

 

LE PARISIEN – 01/03/2017

Présidentielle : les 10 heures de labour de Marine Le Pen au Salon de l’agriculture

 

Paris (XVe), hier. Marine Le Pen a notamment proposé de « franciser » les aides agricoles.

Dix heures de visite ! Hier, la candidate frontiste a pris le temps de poursuivre son opération séduction du monde paysan.

Attention, opération séduction ! Marine Le Pen s’est livrée hier à un véritable marathon dans les allées du Salon de l’agriculture : dix heures au pas de charge pour promouvoir ses propositions agricoles. A chaque stand, elle développe les mêmes arguments : le patriotisme économique, la lutte contre la concurrence déloyale, les dérives de la grande distribution et, pour finir, ces aides « francisées » qu’elle veut substituer aux subventions européennes. A chaque fois, la candidate frontiste précise que ces nouvelles subventions ne seront pas distribuées en fonction « des hectares », mais « des bonshommes ».

Marine Le Pen, qui cite sans hésiter le revenu moyen des agriculteurs, a travaillé cette visite en amont. Et pour cause : le FN est en pleine dynamique dans le monde rural. Pas question donc de rater ce passage obligé de la présidentielle.

Mais elle ne fait pas mouche à chaque fois pour autant : « C’est des promesses, toujours des promesses », balaie Jérôme, un éleveur de vaches limousines qui vient d’échanger quelques minutes avec elle. « Les subventions, c’est 40 % de mon chiffre d’affaires. Alors remettre en cause la politique agricole commune (PAC)… Et puis, on exporte, faut pas l’oublier non plus », s’agace-t-il.

« La fin de la PAC peut avoir du bon »

Marjorie, 21 ans, s’apprête à glisser un bulletin Marine Le Pen dans l’urne le 23 avril. D’ailleurs plus pour sa politique sécuritaire que pour son programme agricole : « La fin de la PAC peut avoir du bon, avec la hausse du prix du lait, par exemple. Et du mauvais, avec la remise en cause des subventions », évalue Marjorie, qui précise : « Les jeunes autour de moi votent pour la plupart Marine Le Pen, tandis que les plus de 40 ans continuent de voter à droite. »

Ses apparitions dans les allées du Salon, sous une nuée de caméras, suscitent une curiosité polie. Elle est parfois accueillie par quelques huées, un « Marine en prison » ou encore un homme, armé d’une… casserole, qui prévient : « Je reviens demain (NDLR : aujourd’hui) pour Fillon. »

Un groupe de féministes essaie de l’approcher pour lui remettre le prix du « féminisme en carton » avant d’être brutalement rabroué par son service d’ordre. Quelques « Marine présidente » sont scandés çà et là. Imperturbable, la candidate trace son sillon dans ce monde agricole dont elle a fait un enjeu : un symbole de cette France des oubliés où elle espère moissonner d’ici deux mois.

Une commission d’eurodéputés s’est prononcée en faveur d’une levée de l’immunité de Marine Le Pen dans le cadre d’une enquête sur la diffusion de photos de décapitations par Daech sur son compte Twitter en décembre 2015. Un vote de tous les députés est programmé demain. La levée d’immunité ne concernerait pas l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen.

Hollande, « ennemi des fonctionnaires »

La réponse de Marine Le Pen au chef de l’Etat — qui s’était ému lundi des menaces proférées par la présidente du FN à l’adresse des agents de l’Etat — ne s’est pas fait attendre. « François Hollande est le pire ennemi des fonctionnaires », a-t-elle martelé. Elle a aussi corrigé le tir : « Je n’ai fait aucune menace à quiconque », a-t-elle affirmé. Dimanche, lors de son meeting à Nantes (Loire-Atlantique), Marine Le Pen avait mis en garde les fonctionnaires qui se livreraient à des pratiques illégales sous la pression du pouvoir. Son entourage assurait hier que ces propos s’adressaient aux hauts fonctionnaires.

Valérie Hacot

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

François Fillon «reporte» à la dernière minute sa visite au Salon de l’agriculture

Attendu à huit heures ce mercredi matin, le candidat des Républicains a fait savoir dans un communiqué qu’il ne se rendrait pas à la Porte de Versailles. Selon nos informations, il devrait s’expliquer sur cette absence vers midi.

La nouvelle a surpris tout le monde. Alors qu’il était attendu au Salon de l’agriculture (SIA) ce mercredi matin, François Fillon a fait savoir à la dernière minute qu’il ne se rendrait finalement pas à la Porte de Versailles. «La visite est reportée. Le nouveau rendez-vous sera communiqué ultérieurement», a-t-il été annoncé aux journalistes sans plus d’explications. C’est la première fois qu’un responsable politique de cette ampleur annule sa visite sur cet incontournable Salon.

Mardi soir, un intime du candidat assurait pourtant au Figaro que sa visite serait bel et bien maintenue malgré l’accueil houleux que certains lui promettaient sur place. Selon nos informations, celle-ci aurait d’ailleurs dû se dérouler «en deux temps». François Fillon était en effet censé visiter le Hall 1 (des animaux) ce mercredi – de l’ouverture du Salon jusqu’à 15 heures -, puis le Hall 2 (du pôle végétal) vendredi. Impossible de savoir, à cette heure, si ce programme sera maintenu tel quel.

Réunion au QG avec Bertrand et Le Maire

Sur place, les équipes du candidat, prêtes à l’accueillir, ont assuré qu’elles n’avaient pas été prévenues et n’avaient reçu aucune information supplémentaire. Idem concernant l’ancien ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, qui se rend sur le Salon presque tous les jours et était «venu aujourd’hui pour accompagner François Fillon». «Je ne suis au courant de rien, vous me l’apprenez», a-t-il assuré, interrogé sur l’absence du candidat dès son arrivée.

Contacté par Le Figaro, un très proche de l’ancien premier ministre assure qu’il «va s’exprimer dans la matinée, vraisemblablement vers midi». «Cette déclaration devrait, en principe, se faire au QG de campagne», indique-t-on encore, tandis que Xavier Bertrand et Bruno Le Maire viennent à l’instant de se rendre rue Firmin Gillot. Détail pour le moins symbolique: ce local est situé dans le XVe arrondissement de Paris… à quelques centaines de mètres environ du Salon.

La sécurité du Salon en question

Président de l’interprofession de la filière porc (Inaporc), Guillaume Roué était censé rencontrer François Fillon ce mercredi matin avant l’ouverture du Salon. «Les agriculteurs aiment le débat et la confrontation un peu musclée mais pas le chahut, pas de la part de représentants des professionnels. Fillon n’est pas le genre à se débiner pour un peu de chahut. Quand on aspire aux plus hautes fonctions, on ne craint pas ce type de manifestation», s’est-il étonné auprès du Figaro.

Selon le JDD , l’absence de François Fillon serait liée à une «convocation par les juges d’instruction». Ce que niaient plusieurs proches dans la matinée, invoquant plutôt les conditions de sécurité du Salon. Un responsable des forces de l’ordre assurait pourtant dans le même temps que «toutes les dispositions avaient été prises pour assurer la sécurité» de François Fillon sur place. «Sa visite s’est passée de manière tout à fait normale mardi au SIMA, où il est arrivé tôt le matin et reparti à 15 heures», insistait-on d’ailleurs.

L’annulation de ce mercredi n’est pas la seule modification inopinée de l’agenda de François Fillon, dont la campagne est devenue quasi-impossible à mener depuis les révélations sur les emplois présumés fictifs de ses proches. Mardi, le comité stratégique de campagne, prévu en fin d’après-midi, a ainsi été annulé et reporté à la semaine prochaine. L’équipe de campagne s’est ensuite réunie autour du candidat dans la soirée, pour une réunion qui se serait terminée tard dans la nuit.

VIDÉO – http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/01/35003-20170301ARTFIG00066-francois-fillon-reporte-a-la-derniere-minute-sa-visite-au-salon-de-l-agriculture.php

 

Jean-Baptiste Garat et Eric de La Chesnais

 

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 01/03/2017

Avec le Brexit, le spectre d’une nouvelle frontière hante les deux Irlande

 

Londonderry

Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée

La réintroduction inéluctable d’une frontière entre les deux Irlande est perçue avec crainte par de nombreux Irlandais du Nord. Elle menace aussi bien les échanges économiques entre les deux sœurs voisines que la paix, si difficilement acquise en 1998 après trente ans de conflit.

Un paysage hivernal grisâtre, aspergé de bruine, défile le long de la route de Buncrana. Depuis environ trois kilomètres, la voiture a quitté la limite de Derry/LondonDerry, la principale ville du nord-ouest de l’Irlande. Au milieu d’une ligne droite, deux panneaux de chacun des côtés de la route annoncent la nouvelle limite de vitesse : 100 km/h. Fini donc les miles par heure. La couleur du marquage au sol de la chaussée a aussi changé : elle est passée du blanc au jaune. Et c’est tout. Voilà comment 20 000 véhicules traversent quotidiennement ce point de la frontière entre la république d’Irlande et l’Irlande du Nord.

Ce passage sans entrave est sérieusement remis en cause par le vote du 23 juin dernier des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Et par les choix politiques énoncés depuis lors par leur Première ministre Theresa May. Lors de son grand discours sur le Brexit le 17 janvier, elle a indiqué sa volonté de sortir de l’union douanière de l’UE car celle-ci « nous empêche de négocier nos propres accords commerciaux avec d’autres pays ».

Depuis, le Premier Ministre irlandais Enda Kenny multiplie les déclarations pour assurer que « le gouvernement irlandais s’opposera à une frontière physique et défendra le libre mouvement sur cette île ». Une agitation sans doute à l’image de son impuissance et de l’inéluctabilité du retour d’une délimitation physique. Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée.

Frontière fluide. La forme que prendra le contrôle des frontières demeure inconnue. Grâce aux développement technologique, les autorités des deux Irlande espèrent le maintien d’une frontière aussi fluide que possible, voire invisible pour affecter le moins possible leurs 3 milliards d’euros de commerce bilatéral. Cela n’empêchera pas son existence. « Derry vit surtout grâce aux échanges locaux », indique Michael Gallagher, l’un des responsables de la stratégie économique de la ville : « D’une manière générale, toutes les activités industrielles se sont organisé des deux côtés de la frontière depuis les accords de paix. Les multinationales et les coopératives produisent par exemple leur lait au Nord et le traitent au Sud alors que c’est l’inverse avec la viande. Les flux sont incessants. »

Gabriel d’Arcy sourit jaune. A la tête de la coopérative LacPatrick, formée il y a deux ans par la fusion de deux coopératives situées de part et d’autres d’une frontière alors théorique, il inaugurera le mois prochain sa quatrième usine de traitement de lait à proximité de Derry. « Dès le Brexit effectif, nous risquons de ne plus pouvoir exporter : le Royaume-Uni ne pourra pas signer rapidement un accord commercial avec les pays africains, asiatiques et moyen-orientaux qui achètent 90 % de notre production. Notre échec serait celui de toute l’Irlande du Nord, dont l’économie est totalement dépendante de l’agriculture et de l’élevage. »

Comme tous les habitants de la région, il n’a pas oublié les Troubles, ces trente années durant lesquelles plus de 3 500 personnes ont péri et 47 000 ont été blessées, ces violences arrêtées en 1998 par l’accord de paix du vendredi saint. « Les vingt dernières années ont apporté une sorte de normalité qui a permis aux communautés frontalières de refleurir », rappelle-t-il. « Outre qu’elle mettrait en danger les milliers emplois de nos salariés et de nos fournisseurs, le retour d’une frontière recréerait une séparation en Irlande et pourrait ainsi mettre en péril la paix. »

Eloignement. En se promenant dans la partie fortifiée de la ville, longtemps réservée aux protestants, majoritairement favorables à la préservation de l’union avec la Grande-Bretagne, Michael Cooper, élu municipal Sinn Fein, maudit le Brexit. « De nombreux unionistes ont voté en faveur du Brexit pour obtenir la réintroduction d’une frontière en Irlande, grommelle ce républicain ardent. Elle favorisera l’éloignement des deux Etats irlandais et renforcera les liens entre l’Irlande du Nord et Londres. » L’Irlande du Nord a voté à 56 % en faveur du maintien dans l’UE.

La main posée sur le mur qui surplombe son Bogside, le ghetto catholique pauvre où furent tués par la police quatorze habitants lors du Bloody Sunday du 30 janvier 1972, il martèle le contraste entre la paranoïa des unionistes vis-à-vis de leurs partenaires de coalition et le rapprochement des deux camps sur le terrain. « Nous coopérons de plus en plus. Il m’est désormais possible de me promener dans le vrai dernier bastion unioniste de la ville sans crainte, ce qui était inimaginable il y a dix ans. » Les rues ont gardé la plupart de leurs peintures murales, souvenirs du conflit. Elles sont pourtant aujourd’hui la preuve qu’un nouvel avenir est possible pour ce coin du monde autrefois explosif.

Tristan de Bourbon

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 28 février 2017

2017-04-05T09:04:12+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 28/02/2017

Actus franciliennes

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 28/02/2017

Le nouveau portrait-robot du travailleur indépendant

Le nombre de travailleurs indépendants a été divisé par deux depuis les années 1970, du fait notamment de l’essor de la grande distribution et la disparition des petites exploitations agricoles. Les autoentrepreneurs et l’émergence des plates-formes collaboratives ont fait naître une nouvelle génération.

Voici le portrait-robot du travailleur indépendant d’aujourd’hui. C’est un homme (à 66 %), âgé de 46 ans, diplômé, dans le secteur des services. Si on exclut du compte les autoentrepreneurs et les agriculteurs, il exerce de plus en plus fréquemment sous forme sociétaire (45 %) et il gagne 38.280 euros par an. Une fois sur dix ses revenus sont nuls ou négatifs. Il prendra sa retraite après avoir travaillé quelques mois de plus qu’un salarié, pour une pension de 1.170 euros par mois (contre 1.280 euros en moyenne pour un salarié).

Dans un rapport publié récemment sur les 2,8 millions de travailleurs indépendants que compte la France, le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFiPS) éclaire la révolution tranquille en cours depuis quarante ans. En 1970, deux emplois sur dix (20,8 %) étaient non-salariés, contre un sur dix en 2014 (10,6 %). Le point bas a été atteint au début des années 2000, avec seulement 2,2 millions d’indépendants. Depuis 2003, ils sont 500.000 de plus.

Remodelage de l’économie

Le recul des indépendants est allé de pair avec le remodelage de l’économie. Leur nombre dans l’agriculture a été divisé par cinq, fondant avec le nombre d’exploitations et la croissance du salariat. Les agriculteurs sont encore souvent indépendants, à 63 %. Mais ils ne pèsent plus que 15 % de l’emploi non-salarié, alors qu’ils formaient la moitié du bataillon il y a vingt-cinq ans.

Après l’exode rural, l’autre grand moteur du changement a été la mue du secteur tertiaire : les commerçants ont été remplacés par des chefs de rayon et des caissiers de supermarché. Résultat, seuls 9 % des travailleurs du tertiaire sont indépendants aujourd’hui contre quasiment le double en 1970.

On note également l’essor de l’exercice sociétaire. Plus de la moitié des agriculteurs font désormais ce choix, en créant une EARL ou un GAEC. Les médecins libéraux se regroupent aussi, avec une multiplication par treize du nombre de sociétés d’exercice libéral entre 2000 et 2010. Ces créations d’entreprises favorisent le salariat, parfois même pour le créateur lui-même. En 2011, on estimait ainsi que 168.000 indépendants de fait pointaient au régime général : dirigeants de SA ou de SAS, gérants minoritaires de SARL, gérants non associés de SNC, dirigeants de GIE.

Un million d’autoentrepreneurs

Si les indépendants reviennent en grâce, c’est à cause de la crise, qui a forcé nombre de Français à créer leur propre emploi, et de l’apparition en 2009 du statut d’autoentrepreneur. Il sont un million à bénéficier de ce régime social simplifié à condition de ne pas engranger trop de chiffre d’affaires. Ceux qui sont actifs gagnent seulement 5.280 euros par an. Par conséquent, en 2006-2012, le revenu moyen des indépendants a baissé de 15 % en euros constants en moyenne. Hors auto-entrepreneurs, il a progressé de 1,3 %.

Enfin, l’arrivée des plates-formes collaboratives a braqué le projecteur sur les nouvelles formes d’emploi précaire ou à la lisière du salariat. Le nombre de travailleurs affiliés aux plateformes « pourrait être supérieur à la seule estimation aujourd’hui disponible de 200.000 », selon le HCFiPS. Ce dernier relève toutefois que le non-salariat n’a pas été le seul à muter. Le salariat a crû, mais en tolérant une proportion croissante de contrats à durée déterminée, de contrats aidés, d’intérim et d’apprentissage  : de 1982 à 2014, la part de ces emplois fragiles est passée de 5 % à 12 % du total.

Solveig Godeluck

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Les risques de l’extension de l’assurance-chômage

Pour éviter les effets d’aubaine du projet de Macron, une durée minimale d’activité serait imposée aux indépendants, ainsi qu’un plancher de rémunération.

« Aller vers une assurance-chômage universelle… » Cette proposition très populaire d’Emmanuel Macron repose sur l’idée qu’il faut supprimer les différences de traitement selon le statut des actifs face au risque de chômage. Comment ne pas penser aux chauffeurs de VTC, dont certains se retrouvent coincés avec une rémunération insuffisante car sans revenu de remplacement en cas d’abandon de leur activité ? La proposition du président d’En marche peut séduire à l’heure de l’ubérisation : elle ouvrirait droit pour les VTC à une indemnisation alignée sur celle des salariés. Celle-ci serait, en effet, étendue aux travailleurs indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs. Et pour zéro euro. Comme les salariés, les non-salariés ne paieraient pas de cotisations, les contributions de tous les actifs étant transférées sur la CSG, précise un proche d’Emmanuel Macron.

Si on ne chiffre pas le surcoût du dispositif, dans son entourage, on souligne que, comme l’élargissement de l’accès à l’assurance-chômage aux démissions, son extension aux actifs non assurés aujourd’hui par l’Unédic serait financée par les économies générées par l’amélioration de l’efficacité du régime, et en particulier du contrôle des chômeurs.

Une question d’équité

Le dispositif encore en cours d’élaboration suscite cependant une interrogation en termes d’équité côté financement entre les dirigeants et leurs salariés. Car, a priori, seules les rémunérations des seconds donneraient lieu au versement de la cotisation patronale par l’entreprise que compte maintenir Emmanuel Macron en complément de la CSG. Alors même qu’aujourd’hui, assurer des dirigeants contre le risque de perte d’emploi coûte entre 3 % et 4,28 % de la rémunération brute via la GSC, le régime facultatif qu’ont créé les organisations patronales en 1979 (« Les Echos » du 27 février). En Suède, où les travailleurs non salariés sont aussi couverts par un régime de base d’assurance-chômage obligatoire et où il n’y a pas de cotisation salariale pour financer le régime des salariés, les non-salariés paient une cotisation. A noter qu’elle est bien plus faible que celle des entreprises pour leurs salariés (0,10 % contre 2,64 %).

En l’absence de contribution directe des non-salariés – comme des salariés – au financement des prestations, l’instauration d’un régime universel d’assurance-chômage comporte par ailleurs un risque d’effet d’aubaine. « L’élargissement aux non-salariés, c’est un peu comme si vous pouviez assurer votre voiture gratuitement puis y mettre le feu et être indemnisé », explique un fin connaisseur de l’assurance-chômage. Cet « aléa moral » concerne cette fois-ci plutôt les entrepreneurs individuels que les chefs d’entreprise employant des salariés, dont on imagine mal qu’ils mettent la clef sous la porte sans raison majeure. Pour éviter cet effet d’aubaine, il est prévu d’imposer aux travailleurs indépendants une durée minimale d’activité assortie d’un plancher de rémunération dont les niveaux sont en cours d’arbitrage, souligne-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

Leïla de Comarmond

 

 

LA TRIBUNE – 28/02/2017

L’emploi intérimaire continue de progresser

 

L’emploi intérimaire continue de progresser en janvier avec 8% d’intérimaires de plus qu’il y a un an.

Mais il n’est pas certain que ce mouvement conduise à terme à de l’emploi stable.

 

Sur un an, le nombre d’intérimaires a progressé de 8% en janvier. Tous les secteurs sont concernés.

Dans l’intérim, la hausse de l’emploi continue en janvier, même si cette progression marque un peu le pas. D’après le dernier baromètre de Prism’emploi – l’organisation professionnelle qui regroupe les entreprises de l’intérim-  après une progression de 13,3% en décembre (sur une année), la croissance de l’emploi intérimaire est demeurée solide en janvier avec une hausse de 8%. Un signe supplémentaire que la situation du marché du travail connaît un lent redressement.

Davantage d’intérimaires dans tous les secteurs

Signe encourageant, tous les secteurs sont orientés à la hausse: la palme revient à l’industrie qui voit le nombre de ses intérimaire croître de 9,4%. Dans les transports, la hausse atteint 8,8% (après 14, 3% en décembre). Dans le BTP et les services, les progressions sont respectivement de 7,6% et 6,4%. Enfin, le commerce enregistre une hausse plus modeste de 3,1%.

S’agissant des métiers, ce sont les plus qualifiés qui soutiennent la croissance: les cadres et les professions intérimaires (11,8%) et les ouvriers qualifiés (11,3%).

Bon pour l’emploi durable?

Certes, si l’on continue de considérer que l’intérim constitue un indicateur avancé de l’emploi, cette bonne santé de ce secteur peut alors en effet être considérée comme une bonne nouvelle. A terme, en effet, si la croissance le permet, cet emploi intérimaire est susceptible de se transformer en emploi stable.

Mais il n’est plus certain que cette thèse soit encore évidente. La généralisation des contrats très courts et l’explosion du nombre des CDD semblent constituer un phénomène en phase de  pérennisation; un nouveau mode de gestion des entreprises qui ne veulent pas prendre le risque de recruter sous des contrats durables. Dans ce contexte, il n’est donc pas certain, à terme, même en cas de bonne tenue de la croissance, que l’emploi intérimaire se transforme en emploi durable.

Jean-Christophe Chanut  

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 28/02/2017

La SNCF est revenue aux bénéfices en 2016 mais son modèle économique reste fragile

La rentabilité du TGV continue de baisser. La dette a encore augmenté de 3 milliards d’euros en 2016

Comment va la SNCF ? En apparence mieux qu’il y a un an. La compagnie ferroviaire nationale a présenté, lundi 27 février, des comptes 2016 bénéficiaires de 567 millions d’euros, à comparer avec la perte abyssale de 12 milliards qui avait marqué l’année 2015. L’entreprise publique avait dû intégrer dans son bilan une dépréciation d’actifs, à cause, en particulier, de la dégradation du réseau ferré français.

A première vue, ces mauvais comptes appartiennent au passé. Le chiffre d’affaires de 32,2 milliards d’euros pour 2016 ressort en croissance de 2,8 %, le nombre de voyageurs transportés par toutes les sociétés du groupe a dépassé pour la première fois les 13,5 millions de passagers transportés.

Le développement existe donc et il est d’autant plus méritoire qu’il intervient dans le contexte d’une année difficile, marquée par le contrecoup des attentats, la grève liée à l’organisation du travail (jusqu’à 80 % de grévistes de fin mai à début juin), les inondations catastrophiques du printemps et une récolte céréalière historiquement faible.

La SNCF estime à 700 millions d’euros le manque à gagner dû à ces événements. Dans un tel contexte, réaliser un demi-milliard de profits est une jolie performance. « Dans un environnement difficile, 2016 marque le retour d’une croissance organique et d’un chiffre d’affaires rentable », souligne Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance du groupe.

Pourtant, à y regarder de près, les comptes publiés ne sont pas si rassurants. A commencer par la rentabilité de SNCF Mobilités. Cette branche constitue le cœur du groupe (le transport par train). Elle génère l’essentiel du chiffre d’affaires et les plus substantiels profits. Or, la marge opérationnelle de Mobilités est en baisse continue. Elle est passée de 9,2 % du chiffre d’affaires en 2013, à 7,5 % l’an dernier.

« Réduire les coûts pour faire baisser les prix »

« Il nous manque deux points de marge, reconnaît Guillaume Pepy, président du directoire de la SNCF. Il n’y a qu’une façon de les regagner : réduire les coûts pour faire baisser les prix. » Le patron des cheminots met en avant les efforts de productivité accomplis cette année : optimisation des achats, lutte contre la fraude, baisse des coûts de production et de structure. Au total, SNCF Mobilités et SNCF Réseau (qui gère l’infrastructure ferroviaire) ont réalisé des gains de productivité de 825 millions d’euros en 2016, supérieurs aux objectifs de 750 millions. Et sans les événements imprévus de 2016, la rentabilité se serait améliorée, assure la direction.

Le souci, c’est que morosité touristique, mouvements sociaux et rails inondés n’expliquent pas tout. Il y a un problème structurel et il porte un nom : le modèle TGV. Le vaisseau amiral du groupe public prend l’eau. En témoignent les résultats pour le moins médiocres de Voyage SNCF – autrement dit tout ce qui n’est pas trains régionaux et trains de banlieue –, dont la marge opérationnelle s’est effondrée de 11,7 % en 2015 à 8,5 % l’an dernier. La baisse du trafic TGV a atteint environ 3 % en 2016. Sur les 20 millions de « trains-kilomètres » manquants en 2016 par rapport à 2015, 10 millions sont imputables aux événements, le reste à des difficultés structurelles.

« Remise à plat du modèle TGV »

Le voyage en train, avec son fer de lance, la grande vitesse, doit faire face à la concurrence agressive de nouveaux modes à très bas coût : covoiturage, aérien low cost, cars Macron. Résultat : pour ne pas se laisser distancer, la SNCF multiplie les offres à prix attractifs. Et avec succès. Si on gomme l’effet grèves, le TGV a attiré plus de voyageurs en 2016 qu’en 2015 (+ 1,9 %), grâce à ses nouvelles propositions tarifaires comme TGV Pop (billets à bas prix de dernière minute). Plus globalement, l’ensemble des offres Oui (Ouigo, Ouibus, Ouicar) a généré 76 % de voyageurs supplémentaires en 2016. L’offensive commerciale maintient les parts de marché… mais au détriment de la rentabilité. Une vraie quadrature du cercle financier.

Et il y a plus grave. Les nouvelles lignes TGV vont non seulement être beaucoup moins rentables, mais elles pourraient se révéler déficitaires. « Certains péages ne sont plus soutenables, assure M. Pepy. Nous avons dû inscrire au budget 2017 une perte de 90 millions d’euros sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique pour une demi-année d’exploitation. » En cause, le modèle économique (des partenariats public-privé) qui implique un retour sur investissement mettant sous pression financière la SNCF. Pour Guillaume Pepy, « une remise à plat du modèle TGV » paraît inévitable.

Ce déclin est d’autant plus problématique que la SNCF s’est lancée dans un vaste programme destiné à redonner du lustre aux voies ferrées françaises. « Notre priorité stratégique, c’est l’investissement dans la rénovation du réseau ferré structurant, le plus circulé, précise Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau et vice-président du directoire du groupe. Il a été le grand oublié de ces dernières années, délaissé au profit des lignes à grande vitesse. » Sur les 8,6 milliards investis par l’entreprise en 2016, 5,2 l’ont été par SNCF Réseau, dont près de 3 milliards pour la seule rénovation.

Quelques vraies bonnes nouvelles

Tout ceci se fait dans un contexte financier ultra-contraint. La dette de la partie Réseau a encore augmenté de 2,68 milliards d’euros. Elle atteignait, au 1er janvier, 44,94 milliards. La stratégie de désendettement n’est pas encore en place : elle passe en théorie par une règle d’or qui interdira à l’entreprise de se lancer dans un projet non financé au préalable, et par une amélioration de la performance de SNCF Réseau censée rapporter 500 millions d’euros par an dès 2020 et 1,2 milliard à terme en 2027.

On n’y est pas encore. En 2016, le plan de performance de la branche Réseau a généré 248 millions d’euros d’économies. Surtout, la SNCF a encore dû financer elle-même un certain nombre de projets, généralement sous pression politique, comme l’illustre l’affaire Alstom-Belfort.

Il y a quand même quelques vraies bonnes nouvelles. On les déniche dans les résultats des filiales opérant à l’international. L’opérateur de transport public Keolis, qui a franchi le seuil de 3 milliards de voyageurs en 2016, améliore sa marge opérationnelle de 13 %.

Encore mieux : SNCF Logistics apporte 200 millions d’euros de rentabilité opérationnelle supplémentaire au groupe, portée par les performances de Geodis en Europe et en Amérique du Nord. C’est précisément une acquisition de Geodis aux Etats-Unis, qui permet au chiffre d’affaires du groupe d’apparaître en hausse. Sans cela, les ventes auraient reculé de 1,5 %. Malgré les difficultés du fret en France, la logistique apporte désormais à la SNCF un tiers de son activité.

Éric Béziat

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Le groupe Eram veut vendre Tati, le pionnier des bas prix

Le spécialiste des vêtements à petits prix a creusé ses pertes en 2016. 1.720 emplois sont en jeu.

Tati, la célèbre enseigne pionnière du discount textile, est à vendre. Son propriétaire, le groupe Eram, a décidé de céder ce spécialiste des vêtements à petits prix, fondé il y a près de 70 ans, et qui n’a cessé de creuser ses pertes ces dernières années, comme l’a révélé le site boutique2mode.com. Un mandat a été confié a une banque d’affaires pour trouver un repreneur à Agora- la filiale du groupe Eram dans laquelle est logé Tati- et éviter un drame social. Ce pôle discount, qui compte aussi les marques Giga Store et Fabio Lucci, également en vente, regroupe pas moins de 1.720 salariés et 140 magasins. Une nouvelle menace, après la faillite du géant Vivarte.

Depuis la crise de 2008, et les difficultés persistantes du marché de l’habillement, Tati a vu les nuages s’accumuler. L’arrivée en France de nouveaux concurrents, avec des prix cassés, et des produits plus attractifs, comme Primark, a aussi précipité la chute. Sans parler l’an dernier, des caprices de la météo, conjugués aux menaces d’attentat.

Une image vieillissante

Agora, dont l’enseigne au vichy rose est la principale contributrice, a ainsi vu, selon nos informations, sa perte nette s’alourdir à 54 millions d’euros en 2016 (contre près de 37 millions en 2015) pour 346 millions d’euros de ventes. Le groupe Eram, connu aussi pour ses marques Gemo, Mellow Yellow ou Heyraud (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) a donc décidé de s’en séparer. L’entreprise familiale, toujours contrôlée par la famille Biotteau, avait déjà mandaté une banque d’affaires en 2015. Mais la seule offre provenant d’un fonds avec à la clef de lourdes conséquences sur l’emploi, avait fait reculer son propriétaire. Finalement, le processus a été relancé l’an dernier pour l’instant sans résultat.

Tati, créée en 1948 à Barbès par Jules Ouaki, est restée une enseigne mythique, mais avec une image vieillissante face à des enseignes de mode a bas prix comme H&M ou Zara. Eram avait décidé de la relancer en créant ses propres collections, alors que l’enseigne avait bâti son succès sur le déstockage, avec des articles pas chers présentés en vrac. Elle a conservé une offre large de vêtements et d’accessoires pour hommes, femmes et enfants. ainsi qu’un rayon mariage, ou encore des produits pour la maison. Ses prix étaient restés abordables, avec un tarif moyen de 5 euros. Le groupe Eram n’avait pas hésité a investir en ouvrant une centaine de magasins en dix ans, portant le réseau à 130 points de vente. Le plus grand Tati de France étant inauguré en 2014 à Créteil. Tati avait aussi fait le pari d’internet pour se développer.

Ce come back avait commencé à porter ses fruits puisque le roi français du « pas cher » avait redressé la situation à partir de 2011, parvenant presque à l’équilibre en 2013, avant de replonger dans le rouge. Pour se relancer, l’enseigne née dans le quartier de Barbès à Paris avait aussi tenté de s’exporter. A partir de 2014, elle avait commencé à ouvrir des points de vente aux Émirats arabes unis, à Bahreïn, en Arabie Saoudite et en Algérie, toujours en visant une clientèle populaire qui avait fait son succès.

Dominique Chapuis

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Dernière ligne droite pour mettre d’accord distributeurs et fournisseurs

Les traditionnelles négociations commerciales pour les tarifs 2017 se terminent ce mardi soir à minuit. Encore une fois, les industriels ont dénoncé des demandes irraisonnées de la part des grandes enseignes.

La journée s’annonce longue du côté des box de négociations. Si en 2016, industriels et fournisseurs ont eu 24 heures de plus pour boucler les négociations tarifaires, cette année, elles se termineront comme l’exige la loi le 28 février à minuit. Et comme tous les ans depuis une décennie, les industriels ont donné cette année de la voix pour dénoncer un rapport de force inégalitaire face aux géants de la grande distribution regroupés en quatre supercentrales (Système U-Auchan, Casino-Intermarché, Carrefour-Cora et Leclerc), et les 15.000 acteurs de l’agroalimentaire qui maillent la France.

Dans ce traditionnel rapport de force: un mot était sur les lèvres de tous les représentants des industriels: «déflation». Que ce soit chez les 70 géants de la grande distribution regroupés au sein de l’Ilec (Nestlé, Danone, Ferrero, Heineken…), chez les groupes coopératifs (Coop de France), ou encore chez les 15.000 membres de l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires (Ania), tous ont dénoncé des demandes systématiques de baisses tarifaires de la part des enseignes. «La négociation ne se fait que sur les prix, et pas sur les produits», déplorait encore lundi midi Dominique Chargé, le président de Coop de France alimentaire, en marge du Salon de l’Agriculture qui se tient actuellement à la Porte de Versailles à Paris.

Flambée des matières premières

Quelques semaines plus tôt, l’Ania avait dénoncé ces mêmes phénomènes, qu’elle estimait d’autant moins légitimes dans un contexte de forte hausse des matières premières (+22% sur le porc depuis un an, +60% sur le saumon, +16% sur l’huile d’olive, +55% sur le beurre…). «À minima, on nous demande de ne passer aucune hausse, mais dans la majorité des cas, ce sont des demandes de déflation, explique Jean-Philippe Girard. Certaines enseignes veulent changer, et être plus respectueuses, mais dans les faits, c’est toujours aussi tendu». Le dirigeant dénonce notamment des pénalités de retard de plus en plus systématiques et «pointilleuses». Du côté de l’Ilec, on souligne aussi certains comportements plus vertueux, notamment dans le moindre recours aux menaces de déréférencements sauvages, mais aussi la sourde oreille faite aux demandes de hausses tarifaires. Un constat corroboré par une récente étude de Coop de France (40% de l’agroalimentaire français) dans laquelle sur les 80% de répondants concernés par la hausse des matières premières, seuls 10% ont eu un accompagnement tarifaire de la part de leur client distributeur.

Au final, Coop de France estime que sur les grandes marques, les baisses tarifaires exigées allaient encore, 48 heures avant la fin des négociations, de 2 à 4%. Inacceptable alors que les prix devraient en moyenne être augmentés de 5% pour compenser l’impact des matières premières, selon cette dernière. Alors qu’après Carrefour, la répression des fraudes est sur le point d’envoyer une assignation à une enseigne pour des pratiques commerciales frauduleuses pendant les négociations 2016, les deux prochaines nuits devraient être longues.

Olivia Détroyat

 

 

LE PARISIEN – 28/02/2017

Airbnb veut installer une limite automatique à 120 nuitées à Paris

 

Emmanuel Marill explique qu’« un hôte loue 33 nuitées par an en moyenne dans la capitale »en utilisant Airbnb.

Emmanuel Marill, le nouveau directeur général de la plate-forme de location de logements en France, propose un nouvel outil pour éviter les abus dans la capitale. 

Emmanuel Marilla pris les commandes d’Airbnb France en septembre. Avec 8 millions d’utilisateurs dans l’Hexagone, la plate-forme de location de logements entre particuliers suscite les critiques des hôteliers, des syndics de copropriété ou même du fisc qui lui reprochent entre autres de fausser la concurrence et d’encourager la fraude. Le nouveau patron s’en défend et annonce en exclusivité une proposition pour améliorer la réglementation.

Ces derniers mois, Airbnb semble jouer au bon élève pour apaiser les tensions…

EMMANUEL MARILL.Nous avons un rôle à jouer pour améliorer la législation. Nous l’avons fait en 2015, lorsqu’on s’est mis à collecter la taxe de séjour pour la mairie de Paris. D’ici la fin de l’année, nous le ferons pour toutes les villes (lire ci-dessous). Aujourd’hui, nous avons une nouvelle proposition pour limiter la fraude.

Que suggérez-vous ?

Nous voulons installer sur notre plate-forme une limite automatique à 120 nuitées (le maximum légal) pour les 50 000 hôtes parisiens. S’ils ont des autorisations pour louer davantage — parce que ce sont des professionnels, qu’ils sont mutés pendant six mois, qu’ils ont un bail touristique… —, ils pourront décocher sur l’honneur cette limite automatique.

Quel est l’objectif ?

La mairie de Paris dispose de 25 agents pour réaliser des contrôles. Malgré les fantasmes — un hôte loue 33 nuitées par an en moyenne dans la capitale –, nous proposons ce dispositif pour cibler les contrôles. Nous pourrions transmettre à la mairie les contacts des hôtes qui louent plus de 120 nuits afin d’affiner les recherches de fraudes.

Quand pensez-vous pouvoir lancer cette option ?

La balle est dans le camp de la Ville de Paris. Nous discutons depuis des semaines. En cas d’accord, il nous faudra environ trois mois pour démarrer.

Comptez-vous le déployer partout en France ?

Non. il est adapté à Paris où il existe de grands débats sur le logement.

Les syndics s’agacent des nuisances des touristes Airbnb. Que répondez-vous ?

Le nombre de plaintes pour tapage nocturne lié à Airbnb reste infime. Cela dit, nous avons créé un « outil de voisinage » pour signaler qu’il y a des nuisances dans une copropriété. Et nous expliquons régulièrement à nos voyageurs étrangers qu’à Paris, les cloisons sont fines, les parquets grincent…

Airbnb pratique l’optimisation fiscale et paie peu d’impôts en France. Comprenez-vous que cette attitude puisse choquer ?

Je peux le comprendre. Mais c’est une vision biaisée car sur une nuitée à 100 €, 97 € restent dans la poche de l’hôte français. Et nous payons des millions d’euros de TVA. Enfin, depuis deux ans, nous aidons nos hôtes à déclarer leurs revenus en leur envoyant un rappel fiscal.

En 2019, les données fiscales seront envoyées par les plates-formes aux impôts. Qu’en pensez-vous ?

La loi a été votée et nous restons en contact avec Bercy. Après, est-ce que nos hôtes ont intérêt à ce que nous transmettions leurs données directement à l’administration fiscale ? C’est une vraie question. Et je m’interroge aussi sur la dimension égalitaire de cette nouvelle loi…

C’est-à-dire ?

Si on étouffe les plates-formes avec trop de réglementations, on risque de voir les hôtes basculer vers des plates-formes de petites annonces où il y a moins de garanties que chez nous. Et plus de fraudes !

18 000 villes vont percevoir la taxe de séjour d’Airbnb

C’est un petit effort pour Airbnb. Mais une grande victoire pour les villes. Après Paris et Chamonix en 2015, 19 communes se sont partagées, en 2016, 7,3 M€ de taxe de séjour collectée par la plate-forme de location de logements Airbnb auprès de leurs hôtes. D’ici le printemps, l’ensemble des 18 000 villes qui perçoivent cette taxe sur leur territoire rejoindra le club des bénéficiaires.

« Les sommes ne sont pas colossales, autour de 9 000 € par an, prévient Laurent Bellanger, le directeur général des services de Deauville (Calvados). Mais la démarche est hautement symbolique ! » Idem à La Baule (Loire-Atlantique), où la taxe de séjour perçue auprès des voyageurs Airbnb est estimée à 20 000 €. « Mais cela fait des mois que nous relancions la plate-forme, grogne Xavier de Zuchowicz, l’adjoint au maire chargé du commerce. Pour nous, c’est un signal fort à envoyer à nos hôteliers et campings qui dénonçaient à juste titre une concurrence déloyale. »

Aurélie Lebelle, Matthieu Pelloli et Odile Plichon

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Emploi : les énergies renouvelables ne sont pas l’eldorado annoncé

INFOGRAPHIE – Pas de doute, la transition écologique est en route, mais les créations d’emplois restent plutôt modérées.

La transition énergétique, quelle transition énergétique? Pour de nombreux observateurs, c’est une véritable révolution qui se dessine, portée à la fois par l’héritage de la COP21 et la prise en compte de l’urgence climatique. Deux vecteurs en particulier contribuent à ce mouvement: d’une part, l’essor des énergies renouvelables, d’autre part, le développement de l’efficacité énergétique (pilotage des installations, mobilité électrique, rénovation de l’habitat, transformation digitale…). Ces mutations exerceraient un très fort impact sur l’emploi: selon l’Irena – l’Agence internationale des énergies renouvelables -, plus de 8 millions de personnes dans le monde travailleraient déjà dans ce secteur. Et ses projections sont dynamiques, avec le chiffre de 24 millions évoqué à l’horizon de 2030.

À l’échelle – plus modeste – de la France, Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, a annoncé que la transition écologique créerait plus de 100.000 emplois sur trois ans. En 2007, le Grenelle de l’environnement annonçait 600.000 postes sur la période 2009-2020. Mais que valent exactement ces estimations ambitieuses? La crédibilité de la croissance verte est au prix de la vérité des chiffres, et de leur décryptage sur le plan opérationnel.

Un bilan nuancé en France

La France n’a pas attendu la loi de transition énergétique (votée en 2015) pour commencer à comptabiliser les emplois dans ce domaine. Dès 2006, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a démarré un comptage précis. Selon les dernières statistiques, les énergies renouvelables emploient quelque 80.000 personnes contre 59.000 en 2006. À titre de comparaison, le nucléaire recense 220.000 salariés et 174.000 pour le gaz. Le charbon n’a pas disparu de la circulation, avec environ 5000 emplois.

De son côté, l’efficacité énergétique regroupe quelque 230.000 postes (environ 137 000 travaillant sur le résidentiel et 93 000 dans le transport), contre 120.000 dix ans auparavant. «Pour les énergies vertes, autant les emplois liés àl’exploitation progressent régulièrement, autant ceux relevant de l’installation subissent des variations sensibles, explique Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables, à cela une bonne raison: plus le contexte réglementaire est favorable à la construction de nouvelles infrastructures, plus on embauche. Et le contraire se vérifie de la même manière.»

La filière solaire illustre bien ce phénomène de stop-and-go: au début des années 2010, le moratoire décrété par le gouvernement – c’est-à-dire l’interruption des dispositifs de tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque – a eu «un impact dévastateur» selon les termes de Daniel Bour, le président du groupe Générale du solaire: «On considère que le secteur a perdu près de 60 % de ses effectifs entre 2011 et 2013, passant de 25.000 à 10.000 emplois en moins de deux ans.»

Jean-Louis Bal n’en fait pas mystère: le bilan de l’emploi dans le renouvelable est mitigé, «car nous sommes victimes de trop de freins: à la fois une législation chaotique, des obstacles administratifs pour les projets d’envergure – comme l’implantation des éoliennes offshore au large des côtes françaises, victime d’une avalanche de recours – et une inadéquation entre les objectifs et les moyens à disposition.» La loi d’orientation énergétique prévoit que le renouvelable assure 23 % de la consommation énergétique en France en 2023, mais il peine actuellement à dépasser 17 %.

Dans l’efficacité énergétique, la France a été le premier pays européen à présenter son plan national d’action. C’était au printemps 2014, l’objectif étant de réaliser 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020, conformément à la directive bruxelloise. Certains chantiers sont considérés comme très porteurs, telles la transformation de l’habitat et la révolution des transports. Mais le maquis réglementaire (concernant la première) et les hésitations des industriels empêchent de parler de trajectoire exponentielle en termes d’emplois. Certains groupes, comme Engie (ex-GDF Suez), ont cependant franchi le pas. Celui-ci fédère déjà 100.000 personnes dans l’efficacité énergétique et prévoit de créer 5 700 postes supplémentaires au cours des trois prochaines années.

Une évolution contrastée dans le monde

Le monde vu sous l’angle des emplois de la transition énergétique est presque divisé en deux: les pays en voie de développement se montrent beaucoup plus dynamiques que les économies développées, en raison de leur demande énergétique plus forte et d’une production renouvelable encore plus compétitive par rapport aux énergies traditionnelles. «Notre ambition de doubler nos capacités installées d’énergies renouvelables d’ici à 2030 répond à un besoin essentiel: près de 1,5 milliard d’habitants de la planète n’ont toujours pas accès à l’électricité», illustre Antoine Cahuzac, le directeur général d’EDF Énergies nouvelles (EDF EN). Fin 2016, l’entreprise a inauguré sa plus grande ferme solaire au Chili, l’un des rares pays où l’énergie photovoltaïque ne profite d’aucun mécanisme de soutien.

Les pays émergents disposent aussi de l’avantage de construire pour le reste du monde un grand nombre d’équipements nécessaires à transition énergétique. «Mais il faut sortir ici de l’idée préconçue selon laquelle l’emploi dans le solaire serait exclusivement concentré dans des usines de fabrication de panneaux situées en Chine, souligne Daniel Bour. Ces outils représentent une part de moins en moins importante dans la valeur ajoutée totale d’une centrale solaire. Les emplois de demain sont à créer dans ce qui constitue la véritable bataille des années à venir: la gestion de l’intermittence.»

Dans l’efficacité énergétique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que l’effort est encore insuffisant pour «mettre le monde sur les rails d’un système énergétique décarboné». Certes, ses 29 pays membres ont investi quelque 221 milliards d’euros en 2015, en progression de 6 %, mais le dernier rapport de l’agence souligne la nécessité de renforcer les politiques nationales. De son côté, l’Europe table toujours sur 2 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2020.

Une nouvelle carte des investissements

C’est la question qui fâche: la progression des emplois liés à la transition énergétique entraîne-t-elle un recul des postes liés aux énergies traditionnelles? «Le “solde” entre création et destruction d’emplois de valeur associée aux orientations de ce grand mouvement est complexe à mesurer», répond immédiatement Florian Ortega chez Colombus Consulting. Le phénomène est d’autant plus difficile à analyser que la situation actuelle des énergéticiens historiques les encourage plutôt à dégraisser. «En raison des prix bas de l’énergie et des surcapacités résultant de l’essor des énergies renouvelables, le chiffre d’affaires des 15 principaux producteurs européens d’électricité a baissé en moyenne de 5 % et la rentabilité opérationnelle de 9 % sur la période 2013-2015.»

Reste que l’affectation des investissements vers le renouvelable – ou tout simplement la volonté de participer à la lutte contre le réchauffement climatique – exerce une incidence sur les autres types d’énergie. Comme le note Florian Ortega, des investisseurs institutionnels comme Axa, BNP Paribas ou Société générale ont décidé de réduire drastiquement leur exposition au charbon, voire de s’en affranchir complètement. «À partir d’une dynamique similaire, près de 20.000 emplois dans ce secteur ont été détruits aux États-Unis depuis 2012.»

En sens inverse, la transition énergétique booste la transition numérique qui sous-tend le développement des réseaux intelligents – nécessaires à l’intégration des énergies renouvelables. «L’association Think Smartgrids a calculé que le digital créerait 15.000 emplois en France d’ici à 2020, dans le double sillage du déploiement des compteurs communicants et de l’exportation d’un savoir-faire à l’étranger», précise encore le consultant. La transition énergétique peut donc avoir des effets vertueux sur l’emploi hors de ses frontières naturelles.

Un avenir en pointillé

Sur le front des emplois créés par la transition énergétique, les scénarios du futur dépendent beaucoup de la compétitivité des filières. Le photovoltaïque possède ainsi une longueur d’avance: «Non seulement les coûts baissent à une vitesse accélérée, mais c’est une énergie qui bénéficie de l’assentiment de l’ensemble des consommateurs, collectivités, entreprises et particuliers», souligne Jean-Louis Bal. Selon France Territoire Solaire, le think-tank qui regroupe la plupart acteurs du secteur, 25.000 emplois supplémentaires sont envisageables d’ici à 2023. «Une part de plus en plus importante des postes sont liés à la maintenance et constituent donc des emplois pérennes et non délocalisables», insiste Daniel Bour.

Le futur passe aussi par l’essor de filières encore embryonnaires, comme celle du gaz renouvelable. Actuellement, les 26 sites injectant du biométhane dans les réseaux ne couvrent que 0,05 % de la demande française, mais la loi de transition énergétique fixe à 10 % la consommation de gaz vert à l’horizon de 2030. Si cette montée en puissance se concrétise, les professionnels misent sur la création de 2000 à 3000 emplois directs à l’horizon de 2020. «Et si l’on considère la filière biogaz dans son ensemble, incluant l’injection et la distribution de biométhane carburant, on pourrait grimper jusqu’à 15.000 emplois en tout», souligne un industriel.

Indépendamment des grandes options énergétiques et technologiques, l’avenir de l’emploi dépend aussi du soutien des pouvoirs publics. Aujourd’hui, le renouvelable bénéficie d’un tarif de rachat mais que se passera-t-il quand les énergies vertes ne seront plus subventionnées? «C’est un faux problème, dès l’instant où une véritable fiscalité écologique est mise sur les rails, un cercle vertueux est recréé au profit de nos industries, répond Jean-Louis Bal, mais cela nécessite beaucoup de travail, à commencer par l’instauration d’un prix du carbone à l’échelon européen.»

En réalité, les partisans de la transition énergétique croient résolument en son dynamisme mais savent que les gains en termes d’emplois sont assortis de nombreuses conditions.

Frédéric de Monicault

 

::: POLITIQUE

LE FIGARO – 28/02/2017

L’industrie française, fragilisée, s’invite dans la présidentielle

INFOGRAPHIE – Les représentants de Fillon, Hamon et Macron sont auditionnés mardi devant plusieurs organisations patronales sur leur vision du futur du secteur.

«Reconquête industrielle: maintenant ou jamais!» C’est sur cette accroche que des fédérations patronales – industries mécaniques (FIM), industries textiles (UIT), fédérations industrielles (GFI) et entreprises de taille intermédiaire (METI) – invitent ce mardi des représentants des candidats à l’élection présidentielle à s’exprimer. Ceux de François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon vont exposer la vision de leur champion sur l’industrie, la compétitivité et plus spécifiquement sur la fiscalité de la production. «Car nous sommes un des rares pays à être à ce point imposé, et ce n’est pas vertueux», souligne Vincent Moulin Wright, le directeur général du GFI.

Le secteur industriel connaît en effet, depuis trois décennies, un véritable déclin. Après avoir souffert dans les années 1990, l’industrie française a manqué le tournant de la mondialisation de son appareil productif, de la montée en gamme et de la robotisation au début des années 2000. Pénalisée par sa compétitivité, elle n’a que très peu profité des opportunités apportées par l’émergence des classes moyennes, en Asie notamment. La crise de 2008 n’a rien arrangé: les entreprises les plus fragiles n’ont pas survécu. Et les plans de réduction d’effectifs se sont accumulés.

Selon l’Insee, l’industrie manufacturière pesait 22,3% du PIB en 1970, contre deux fois moins en 2014. Certes, les entreprises industrielles ont externalisé une partie de leurs activités vers les services (R&D, marketing, distribution, nettoyage…), ce qui a fait sortir ces activités de la comptabilité manufacturière, et mécaniquement baisser le poids du secteur dans la richesse nationale. Mais cela n’explique pas tout.

Pourtant, l’industrie joue un rôle essentiel dans l’économie: elle produit toujours 266 milliards d’euros de richesse chaque année. Les produits industriels représentent plus de 96% des exportations. Et elle génère 76,6% du total des dépenses annuelles de R&D engagées par des entreprises, soit 23,5 milliards d’euros – contre 7,2 milliards pour le reste de l’économie. Enfin, l’emploi dans l’industrie a un effet multiplicateur: un emploi dans l’industrie génère trois à quatre emplois hors du secteur industriel.

Recul des parts de marché

Avec la mise en place du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) ces dernières années, mais aussi le programme d’Industrie du futur, les entreprises ont retrouvé un peu d’oxygène. Leurs marges ont retrouvé leur niveau d’avant-crise. Selon COE-Rexecode, le coût salarial unitaire a augmenté moins vite en France sur la période allant de 2012 à 2016 (de 0,8%) que dans le reste de la zone euro (3,7%) et en Allemagne (9,1%). Mais cette amélioration de la situation ne s’est pas traduite par des gains de part de marché à l’international. La part des exportations françaises de biens et services parmi celles de la zone euro a reculé en 2016: elle s’établit à 13,4%, après 13,6% en 2015. Pour mémoire, elle était de 17% en 2000.

«Il y a eu beaucoup de zigzags et les bonnes choses qui ont été mises en place ont été abîmées par de mauvaises», souligne Vincent Moulin Wright, citant l’instabilité fiscale, la mise en œuvre du compte pénibilité ou l’alignement de l’imposition du capital sur celle du travail.

Marie Visot

 

 

LE FIGARO – 28/02/2017

Ce que proposent les candidats à la présidentielle pour sauver l’industrie française

Les représentants de plusieurs candidats exposent ce mardi leurs propositions pour redresser une industrie française fragilisée.

Les fédérations patronales – industries mécaniques (FIM), industries textiles (UIT), fédérations industrielles (GFI) et entreprises de taille intermédiaire (METI) – invitent ce mardi des représentants des candidats à l’élection présidentielle à s’exprimer. Tour d’horizon des principales propositions.

  • François Fillon: un engagement de stabilité fiscale

Le plan du candidat des Républicains s’articule autour de quelques grands axes. La suppression des 35 heures d’abord. Cette «utopie qui est restée une exception française» sera remise en cause: la loi fixera la durée maximale du «travail hebdomadaire selon la norme européenne», soit 48 heures par semaine. Les accords d’entreprise seront la norme et l’accord majoritaire s’imposera au contrat de travail. Cela«permettra de développer l’activité sans carcan juridique», plaide Fillon. La simplification du droit du travail devra aussi redonner de l’oxygène aux entreprises. Pour «rénover le dialogue social qui s’est progressivement complexifié», Fillon veut notamment relever les seuils sociaux de 10 à 50 salariés et de 50 à 100, et limiter le temps consacré au mandat syndical à 50 % du temps de travail. Parce que «les prélèvements fiscaux directs sur les entreprises sont deux fois plus élevés en France qu’en Allemagne», il compte enfin aligner le taux d’IS sur nos voisins, supprimer l’ISF et s’engager sur la stabilité fiscale une fois ces mesures prises. Mais aussi refondre la fiscalité du capital pour «réorienter l’épargne des Français vers l’investissement productif».

  • Emmanuel Macron: priorité à la compétitivité

Macron est très clair: «Il faut remettre l’industrie au cœur de notre économie, et l’homme au cœur de l’industrie.». Le candidat d’En marche! veut transformer le CICE en allégements permanents de cotisation pour les entreprises, ce qui «représentera 6 points de charges en moins au niveau du smic jusqu’à 2,5 smic». Le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) sera ramené de 33,3 % à la moyenne en Europe, soit 25 %, en cinq ans. Macron mise aussi sur un plan d’investissement de 50 milliards, pour rehausser les compétences et la montée en gamme des entreprises. 15 milliards seront consacrés aux compétences des Français, avec un plan de formation des jeunes et des demandeurs d’emploi, et 15 autres milliards iront à la transition écologique et énergétique. Enfin, il veut donner la priorité à la négociation collective, dans les branches ou les entreprises, que ce soit sur la question du temps de travail ou des salaires. «Il faut  aller plus loin que la loi El Khomri» en matière de travail, dit-il.

  • Marine Le Pen: rétablir l’État stratège

C’est notamment par le protectionnisme que la candidate du FN veut soutenir les entreprises françaises «face à la concurrence internationale déloyale». Cela passe par l’interdiction de l’importation de produits provenant de l’étranger ne respectant pas les normes imposées aux producteurs français. Ou en «se libérant des contraintes européennes» et en réservant la commande publique aux entreprises françaises si l’écart de prix est raisonnable. Marine Le Pen veut créer un secrétariat d’État dédié aux mutations économiques, rattaché à Bercy «afin d’anticiper les évolutions des formes de travail liées aux nouvelles technologies (ubérisation, robotisation, économie du partage…)». Dans ce cadre, elle veut mettre en place «un plan de réindustrialisation associant l’industrie et l’État stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative». Le FN appelle aussi à une renationalisation des sociétés d’autoroutes. La candidate prévoit, par ailleurs, d’alléger la complexité administrative et fiscale pesant sur les PME, supprimer des contraintes liées aux seuils, abaisser les charges en fusionnant tous les dispositifs d’allégements existants ou encore créer un taux intermédiaire d’IS à 24%.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2017/02/27/20002-20170227ARTFIG00290-ce-que-proposent-les-candidats-a-la-presidentielle-pour-sauver-l-industrie-francaise.php

 

Marie Visot

 

 

L’OPINION – 28/02/2017

Présidentielle, le grand n’importe quoi fiscal

La fiscalité est sur le point de revenir le devant de la scène dans la campagne : les candidats cherchent « la » mesure à même de séduire l’électorat. La réflexion de fond sur le rôle de l’impôt, elle, a encore été oubliée par les écuries présidentielles

Taxer les robots, créer 14 tranches d’impôts sur le revenu, exonérer 80 % des Français de taxes d’habitation, créer une cotisation sociale sur les produits importés… Les principaux candidats à l’élection présidentielle rivalisent d’ingéniosité pour séduire leur électorat. Mais la mesure fiscale « choc », qui fait traditionnellement l’élection en France, n’est pas encore née dans cette campagne 2017. Une chance ?

C’était le 27 février… 2012. Il y a cinq ans. Le candidat François Hollande abattait une carte décisive contre Nicolas Sarkozy en annonçant, sur TF1, une taxe de 75 % sur les salaires supérieurs à 1 million d’euros. Surprise générale dans son camp, y compris chez son conseiller économique, un certain Emmanuel Macron, qui ironisait sur ce « Cuba sans le soleil ». Mais un coup de maître. Car à cette époque, le candidat socialiste voyait celui de la droite revenir dans son sillage et Jean-Luc Mélenchon lui rogner des voix sur son aile gauche. Dès le lendemain, et jusqu’au deuxième tour de l’élection, Nicolas Sarkozy n’a jamais réussi à refaire son retard.

« Tuer le match » de 2017 avec une proposition fiscale choc ? Personne n’en parle ouvertement dans les écuries mais tout le monde y pense. Emmanuel Macron a tenté sa chance la semaine dernière, avec sa proposition de réduire la taxe d’habitation pour 80 % des ménages français qui rappelle par son côté démagogique la taxe à 75 % de son ancien mentor. François Fillon y travaille très dur avec ses équipes dans l’espoir de se relancer, en fin de semaine lors de son meeting aux Docks d’Aubervilliers. Il cherche notamment une mesure pour séduire les classes moyennes. Mais à 54 jours seulement du premier tour, tout cela donne l’impression d’une grande confusion et laisse encore les sujets de fond de côté.

Aucun des candidats ne prend par exemple soin de rappeler que l’impôt est l’un des fondements de notre pacte social car, pour être consenti, il implique que le citoyen fasse confiance à l’Etat et aux autres contribuables. Le premier pour qu’il utilise bien l’argent collecté, les seconds pour ne pas qu’ils fraudent. Aucun ne propose une vision sur la fiscalité : sans doute le ras-le-bol fiscal éprouvé par les Français explique-t-il cette réticence. Aucun n’ose vraiment de même énoncer une règle de base : pour baisser les impôts de façon significative, il faut d’abord diminuer fortement les dépenses publiques. A vouloir éviter tous ces sujets, on ne risque pas de clarifier ni de simplifier notre système fiscal. Ni de lancer une grande réforme. Au contraire, les mesures qui figurent actuellement dans les programmes officiels allient, pour beaucoup, démagogie et contresens économique. L’Opinion en dresse un petit florilège.

Emmanuel Macron : exonérer 80 % des Français de la taxe d’habitation

Il risque de ne pas être très bien reçu, le 22 mars, à la maison de la Radio. Ce jour-là, les candidats ayant tous leurs parrainages plancheront devant près de 700 élus. Lesquels n’ont pas digéré l’annonce fracassante du candidat d’En Marche ! sur la taxe d’habitation, qui consiste à exonérer de cet impôt les ménages dont le revenu est inférieur à 20 000 euros annuels par part fiscale. L’Association des Maires de Frances (AMF) a aussitôt dénoncé une mesure « démagogique, non financée et attentatoire aux libertés locales ». Emmanuel Macron a pourtant affirmé que la mesure ne « coûtera rien aux collectivités locales » puisqu’elle sera à la charge de l’Etat, reprenant la formule de François Hollande à propos des emplois d’avenir. Mais les collectivités locales se méfient : le financement du RSA a montré que l’Etat ne compense pas toujours ses propres décisions. Si l’impôt est transformé en dotation, le risque est que les communes, opportunistes, augmentent le taux de cette taxe. Enfin, il faudra bien trouver 10 milliards par an en instaurant des hausses d’impôts pour d’autres contribuables. Emmanuel Macron veut aussi augmenter la CSG mais pas sur les revenus du capital, sur lesquels il prévoit un prélèvement libératoire de 30 %. Et aussi supprimer l’ISF, mais pas sur l’immobilier. Un peu compliqué.

Benoît Hamon : taxer les robots pour financer le revenu universel

C’est l’idée lancée par le candidat socialiste : prélever des cotisations sociales sur les robots qui remplacent les emplois peu qualifiés. Cette « manne » permettrait de financer le revenu universel cher au cœur de Benoît Hamon. « L’histoire économique nous montre l’hérésie de taxes frappant des objets plutôt que des sommes monétaires, rappelle Robin Rivaton, essayiste et membre du conseil scientifique Fondapol. Le jour où le Directoire, pendant la Révolution, a instauré une taxe sur les fenêtres comme taxe foncière, les citoyens les ont tout simplement murées. » Ensuite, les gains de productivité réalisés grâce aux robots sont déjà taxés par l’impôt sur les sociétés. Benoît Hamon souhaite aussi la création à l’encontre des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] d’une taxe qui serait « européenne ». Une menace bien vague. Enfin, il est question d’une incitation fiscale en faveur des exploitants qui cèdent leur entreprise à leurs salariés, réunis au sein d’une société coopérative ouvrière de production (SCOP). Modeste contribution au vaste problème que soulèvent les destructions d’emplois causés par le départ des fondateurs des entreprises.

Jean-Luc Mélenchon : taxer tous les Français partout dans le monde

Le candidat de La France insoumise prévoit 100 milliards de hausses d’impôts, ce qui ferait de la France le champion du monde incontesté des taux de prélèvements obligatoires à 49,1 % du PIB. Pourtant, une de ses intuitions est juste : pour être accepté, l’impôt doit être acquitté par tous les citoyens. Mais son « impôt universel » prévoyant 14 tranches d’impôt sur le revenu pour le rendre plus progressif aboutit à un coup de massue sans précédent. Avec certaines aberrations comme l’idée de taxer les Français résidants à l’étranger, sur le même modèle que les Etats-Unis. « Cela signifie modifier les 160 conventions fiscales reliant la France aux autres pays, à condition que ces derniers acceptent de le faire », résume Jean-Yves Mercier du Cercle des fiscalistes. Autres propositions du candidat, parmi les plus démagogiques : une taxe sur les produits de luxe, une nouvelle sur les transactions immobilières ou encore le durcissement de l’ISF.

Marine Le Pen : une contribution sociale sur les importations

Le programme fiscal de la candidate FN n’est pas le point le plus critiquable de sa politique économique. Il prend même acte de la colère des Français en promettant de baisser de nombreux impôts. Sauf sur deux points : Marine Le Pen propose elle aussi de réduire ou de supprimer la taxe d’habitation pour les ménages les plus modestes, « ce qui est un puits sans fonds pour les finances publiques », résume Jean-Yves Mercier ; mais surtout, elle souhaite instaurer « une Prime de Pouvoir d’Achat (PPA) à destination des bas revenus et des petites retraites [pour les revenus jusqu’à 1 500 euros par mois], financée par une contribution sociale sur les importations de 3 % ». Une telle taxe sociale sur les importations est non seulement impossible dans l’Union européenne mais dans l’hypothèse où la France opterait pour un « Frexit », il est très peu probable que cette contribution soit acceptée lors des indispensables traités commerciaux bilatéraux que notre pays aura quand même l’obligation de conclure.

François Fillon : pas de geste fiscal pour les bas revenus

Suppression de l’impôt sur la fortune, augmentation de la TVA, relèvement du quotient familial… le candidat de la droite a certes présenté un programme complet, basé sur de fortes économies de dépenses publiques, mais il a oublié les petits revenus. « Je pense que le programme de François Fillon est une caricature du libéralisme qui apparaît comme une purge patronale. C’est du Robin des bois à l’envers : prendre de l’argent aux pauvres pour le donner aux riches… », a même affirmé Alain Madelin, ancien ministre de l’Economie, qui fut pourtant un fervent défenseur du libéralisme. Fin janvier, il a tenté d’adoucir son programme, en affirmant notamment qu’il n’y aurait pas que du sang et des larmes dans sa réforme des retraites. « Toutes les pensions du régime de base inférieures à 1 000 euros augmenteront de plus de 300 euros par an », a-t-il ainsi déclaré. Le coup de pouce de François Fillon, distribué en sifflet entre 800 et 1 200 euros, concernerait 4 millions de Français. Cette mesure serait financée par les économies à venir avec le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Il pourrait aussi différer dans le temps les hausses de TVA. Pas sûr que cela suffise à « casser » son image de candidat des riches. D’autant que la fin des 35 heures et l’allégement des charges des entreprises le font pencher clairement du côté de celles-ci plutôt que de celui du « peuple ».

Irène Inchauspé et Cyrille Lachèvre

 

 

LES ECHOS – 28/02/2017

Benoît Hamon plaide pour un moratoire sur la dette française

Le candidat du PS se dit prêt à un bras de fer avec l’Allemagne pour réformer la zone euro.

Benoît Hamon célèbre à sa façon les vingt-cinq ans du traité de Maastricht. Le candidat du PS à la présidentielle milite pour une refonte complète des règles européennes, qui mettrait fin au sacro-saint seuil des 3 % de PIB pour le déficit public et aboutirait à un moratoire sur une partie de la dette. Interrogé lundi sur France Inter, il a fustigé la « barre des 3 % » comme étant un « non-sens » : « Cela ne répond pas aux besoins d’une économie comme la nôtre. » Classique au sein de la classe politique française, cette diatribe contre les 3 % s’est accompagnée d’une menace plus inhabituelle, évoquant à demi-mot une restructuration de la dette française : « Il faudra regarder ce qu’on pourra rembourser ou ne pas rembourser. Il y a une dette vis-à-vis de la planète que nous ne pouvons pas rembourser. Il y a une dette vis-à-vis des banquiers que nous pouvons tout à fait renégocier », a-t-il affirmé.

Priorité à la croissance

Une telle sortie ira sans doute droit au coeur du Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, que Benoît Hamon prévoit d’aller voir à Athènes. Elle témoigne surtout de l’infléchissement du programme européen du candidat depuis qu’il travaille avec Thomas Piketty. L’économiste milite pour la mise en place d’un parlement de la zone euro chargé de coordonner les politiques budgétaires des Etats utilisant la monnaie unique. « Le Pacte de stabilité et ses critères automatiques, comme la règle des 3 %, ont connu un échec patent durant la crise, aboutissant à casser la reprise européenne en 2011-2013 », explique Thomas Piketty aux « Echos ».

Celui-ci plaide donc pour donner les clefs à une assemblée où siégeraient des représentants des parlements nationaux à due proportion de leur poids dans la démographie européenne : la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne obtiendraient 76 % du total. Ce Parlement de la zone euro serait chargé de décider du niveau de consolidation budgétaire pour chacun des pays. « Nous espérons que cette assemblée pourra nous faire sortir de l’austérité. L’objectif est d’obtenir un moratoire sur la règle des 3 % et de donner la priorité à la croissance sur les déficits », indique Thomas Piketty.

Dans la vision du candidat socialiste, une telle réforme servirait également à la mutualisation de la partie des dettes publiques européennes dépassant le niveau de 60 % du PIB. « Avant de rembourser la dette, il faut retrouver un niveau de production de richesse suffisant. Compte tenu du niveau de dette en Europe du Sud, mais aussi dans d’autres pays comme la France, dire que l’on va s’en sortir sans moratoire en consacrant au remboursement 2 % à 4 % d’excédent budgétaire pendant cinquante ans, cela ne tient pas la route », estime l’économiste.

Dans l’attente de ce grand soir, Benoît Hamon se prépare à une épreuve de force dans l’éventualité de son élection. « En 2017, nous nous affranchirons du Pacte de stabilité de façon raisonnable pour financer la croissance », avance Thomas Piketty, qui sait que sa réforme va susciter des frictions avec Berlin. « Les choses doivent changer, et cela peut passer par un bras de fer avec l’Allemagne. Si celle-ci dit « non » à la démocratisation, cela aboutira de facto à la fin de l’euro », prévient-il.

Renaud Honoré

 

::: INTERNATIONAL

LA TRIBUNE – 28/02/2017

Brexit : l’Ecosse osera-t-elle un référendum unilatéral sur l’indépendance ?

 

L’Ecosse divorcera-t-elle sans consentement de Londres du Royaume-Uni ?

 

Theresa May refuse tout nouveau référendum écossais sur l’indépendance. Mais les Nationalistes écossais pourraient passer outre. Non sans problème.

Le gouvernement régional écossais se retrouve désormais dans une situation « à la catalane ». Depuis le 23 juin et le vote britannique en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (le « Brexit »), le gouvernement écossais, dirigée par le Parti Nationaliste Ecossais (SNP), évoque la possibilité d’un second référendum sur l’indépendance. L’Ecosse a en effet massivement soutenu le maintien dans l’UE à 62 % le 23 juin, alors que l’ensemble du Royaume-Uni votait en faveur du Brexit à 51,7 %. La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a défendu l’idée d’un respect du choix des Ecossais et donc d’un maintien, d’une façon ou d’une autre, dans l’UE. Même au prix, avait-elle dit d’emblée, d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Le 18 septembre 2014, les Ecossais avaient choisi à 55 % de demeurer dans le Royaume-Uni. La crainte de se voir « expulser » de fait de l’UE avait joué un rôle fondamental dans ce résultat. Le SNP avait accepté l’issue du scrutin et avait enterré provisoirement l’idée d’un nouveau référendum « sauf en cas de changement majeur de circonstances ». Nicola Sturgeon considère que le vote en faveur du Brexit constitue un de ces changements et qu’il convient donc de consulter à nouveau le peuple écossais.

L’effet « hard Brexit »

La décision du gouvernement britannique dirigé par Theresa May le 17 janvier de préférer le contrôle des frontières au maintien dans le marché unique, autrement dit de privilégier un « Brexit dur », a encore alimenté la détermination de Nicola Sturgeon qui avait alors jugé que ce « hard Brexit rapprochait l’Ecosse d’un nouveau vote » sur la sécession. Cette colère n’avait, du reste, été que renforcée par une autre décision, celle de la Haute Cour, qui avait confirmé que l’accord des parlements des régions aux pouvoirs dévolus (Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) n’était pas nécessaire dans le processus de séparation avec l’UE.

Le problème de la légalité de la voie unilatérale

Mais ce deuxième référendum pose de nombreux problèmes. Le premier est sa légalité. En 2014, le vote sur l’indépendance avait été le fruit d’un processus de négociation entre Londres et Edimbourg. Le gouvernement britannique avait validé le vote et s’était engagé à en reconnaître le résultat en engageant des discussions de deux ans pour achever la séparation. Mais, cette fois, un tel accord est improbable. Dimanche 26 février, la première ministre britannique Theresa May a confirmé qu’elle ne voulait pas d’un nouveau référendum sur l’indépendance. « Il y a eu un référendum. Il était clair, décisif et légal. Les deux parties ont accepté de reconnaître le résultat de ce référendum », a indiqué la locataire du 10, Downing Street. Autrement dit, Theresa May estime que la question de l’indépendance écossaise est close. Elle peut compter sur le soutien sur ce point du chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, qui a demandé au SNP ce week-end de « respecter » le résultat du Brexit et d’abandonner la « folie » de l’indépendance.

L’Ecosse comme la Catalogne

Nicola Sturgeon ne peut donc compter sur un processus comparable à celui de 2014. Elle va devoir choisir entre se soumettre à la légalité britannique, renoncer à l’indépendance et accepter le Brexit négocié par Londres ou se lancer dans un référendum unilatéral qui ne sera pas reconnu par le Royaume-Uni, mais sans doute pas davantage par la plupart des Etats de l’UE – ce qui risque de mettre en cause la capacité d’une Ecosse devenue ainsi indépendante à retourner dans le giron européen. Choix délicat, donc, qui, d’une certaine façon, était celui des Indépendantistes catalans voici quelques mois avant que ces derniers décident de se lancer dans un processus unilatéral avant le mois de juillet 2016.

La voie unilatérale pose de nombreux problèmes : celui de la reconnaissance international, du risque de conflit avec l’Etat central et de l’absence de participation des opposants à l’indépendance – donc de légitimité. Nicola Sturgeon peut-elle se lancer dans un tel processus ? En Catalogne, les Indépendantistes disposaient d’un mandat pour préparer l’indépendance et d’une majorité parlementaire. Leur décision n’en est pas moins contestée en Espagne où plusieurs dirigeants catalans sont poursuivis par la justice pour leur décision d’aller vers l’indépendance catalane.

« Nouveau référendum » ?

En Ecosse, Nicola Sturgeon peut en théorie s’appuyer sur une majorité indépendantiste en s’alliant avec les Verts écossais, qui sont favorables à la sécession, mais cette alliance sur un référendum est à construire puisque l’indépendance n’a pas été au cœur de la campagne des élections régionales de mai 2016. Certes, Nicola Sturgeon peut construire la légitimité de son référendum sur l’éclatement du statu quo le 23 juin dernier. C’est ce qu’elle tente de faire, notamment en demandant, selon le quotidien The National, à ces conseillers de ne pas parler de « second référendum » mais de « nouveau référendum » puisque les conditions sont différentes. « C’est un nouveau référendum parce qu’il s’agit d’une question de déficit démocratique et de sortir, contre notre volonté de l’UE », a indiqué aux dirigeants SNP la première ministre. Mais c’est un fondement fragile face à l’absence de légitimité.

L’UE au bout du chemin ? Pas si sûr

Surtout, Nicola Sturgeon doit redouter la réaction de l’UE elle-même. Les Européens sont confrontés au refus de l’Espagne et de la France de prendre en compte la demande de l’Ecosse d’une réintégration immédiate d’une Ecosse indépendante dans l’UE. Cette perspective avait été envisagée plus ou moins clairement après le 23 juin par la Commission européenne, puis par certains négociateurs européens comme l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, afin de faire pression sur Londres dans les discussions sur le Brexit. Mais, pour Madrid, ce serait un désastre car un tel processus légitimerait une sécession unilatérale et rendrait impossible le rejet du processus catalan en cours. Un des arguments du gouvernement espagnol contre l’indépendance catalane sera l’éjection d’une république catalane indépendance de l’UE en cas de sécession. L’UE a dû se plier à ces craintes.

Dans le Financial Times de ce 27 février, la Commission fait savoir que l’Ecosse devra postuler à l’adhésion, comme tous les autres candidats, en cas d’indépendance. Certes, Bruxelles reconnaît que la procédure « sera plus rapide », puisque l’Ecosse est sans doute plus proche de l’UE que d’autres pays candidats, mais elle devra se soumettre à toute la procédure qui, en réalité, est toujours longue. Et surtout, la question principale reste en suspens : une indépendance unilatérale pourrait-elle enclencher ce processus ? L’UE devra reconnaître cette indépendance. Et si l’indépendance de l’Ecosse est reconnue via un référendum unilatérale, pourquoi refuser cette reconnaissance à la Catalogne ? Madrid, immanquablement, pour maintenir l’isolement de la Catalogne, bloquera l’adhésion écossaise…

Majorité des Ecossais contre un nouveau référendum

Autrement dit, Nicola Sturgeon ne pourra pas faire miroiter facilement le retour dans l’UE au bout de son référendum d’indépendance… C’est donc l’argument principal du SNP qui est fragilisé. Certes, la brutalité de Londres, qui ignore la spécificité écossaise dans le processus du Brexit, joue en faveur de l’indépendance. Selon les sondages, l’indépendance est certes encore minoritaire, mais elle a beaucoup progressé dans l’opinion écossaise depuis la décision d’un « hard Brexit » de Theresa May. Néanmoins, selon la dernière enquête, 51 % des Ecossais pensent qu’il ne faut pas convoquer un nouveau référendum, contre 44 % qui sont de l’avis contraire. Le Brexit ne semble donc pas une circonstance décisive pour la majorité des Ecossais pour revenir sur leur vote de 2014. Tout le travail de Nicola Sturgeon sera, si elle veut parvenir à l’indépendance, de changer cet état d’esprit. Pour cela, elle peut sans doute compter sur l’inflexibilité de Theresa May et du Labour. Car une des leçons de la Catalogne, c’est que la cause de l’indépendance ne progresse jamais tant que quand le pouvoir central fait mine d’ignorer la spécificité d’une région tentée par la sécession et mise sur une forme de mise au pas et de mépris.

Romaric Godin

 

 

LE PARISIEN – 28/02/2017

Trump face au casse-tête de l’Obamacare

 

Denver (Etats-Unis), le 7 février. Manifestation pour le maintien de l’Affordable Care Act.

ÉTATS-UNIS. C’est aujourd’hui que le nouveau président doit préciser comment il gomme la grande réforme santé de son prédécesseur. Problème : les Américains n’y sont plus si hostiles…

Après les décrets anti-immigration, c’est une autre de ses promesses phares que Donald Trump va mettre sur le métier : la réforme de l’Obamacare. C’est lors d’un discours prononcé aujourd’hui devant le Congrès (Parlement américain) que le 45e président des Etats-Unis précisera s’il « détricotera » ou abrogera purement et simplement cette loi emblématique de l’ère Obama. L’Affordable Care Act (loi sur la santé abordable), son nom exact, a permis à 20 millions d’Américains aux revenus modestes de bénéficier d’une couverture santé, faisant ainsi chuter le nombre de personnes sans assurance de 16 % en 2010 à 8,9 % l’an dernier.

Une avancée gigantesque dans un pays où, à moins d’être presque sans ressources (on touche alors les aides publiques du Medicaid) ou de travailler dans une entreprise qui prend en charge la couverture maladie, se soigner peut vite s’avérer un luxe inabordable.

Depuis son entrée en vigueur en 2010, l’Obamacare a nourri une hostilité qui a fait en partie le lit de Donald Trump — qui l’avait qualifié de désastre pendant la campagne présidentielle. Philosophiquement, cette réforme était, pour beaucoup de républicains libéraux, synonyme d’ingérence de l’Etat fédéral dans la vie des Américains. Pis ! l’Obamacare a fini par provoquer des hausses de 25 % en moyenne des primes d’assurance, ce qui a renforcé la colère de ses détracteurs. « L’élection de Donald Trump s’est en grande partie jouée sur le rejet de l’Obamacare, souligne un spécialiste des Etats-Unis. Ce qu’il va proposer devant le Congrès va avoir un impact déterminant sur l’ensemble de son mandat. »

Or, depuis que Trump a juré d’aller vite, l’opinion a sensiblement évolué sur le sujet. Certains élus républicains, qui doivent gérer et financer partiellement les dossiers des bénéficiaires de l’Obamacare, réalisent localement les effets pervers d’une telle refonte. Que vont devenir ceux qui bénéficient déjà de la couverture santé ? Comment vont évoluer les primes ? L’inquiétude est partagée par les assureurs et les hôpitaux. Sondage après sondage, une majorité d’Américains expriment désormais leur souhait de conserver ce totem des années Obama. Les « vétérans » viennent ainsi de publier une vidéo sur le site VoteVets, dans laquelle un soldat amputé d’une jambe lors d’une mission en Afghanistan accuse Trump de le priver des aides dont il bénéficiait. « Vous avez perdu le soutien populaire, et votre popularité continue de s’effondrer, assène-t-il. Ce n’est pas l’Amérique pour laquelle je me suis sacrifié. »

Donald Trump se retrouve donc dans l’embarras. Il pourrait assouplir quelques dispositions clés de l’Obamacare, comme l’obligation individuelle d’être assuré ou celle, pour les entreprises de plus de 50 salariés, de fournir une assurance santé. Il devrait aussi réduire la couverture maternité ou de maladies mentales. Il conserverait, en revanche, la mesure — plutôt consensuelle — permettant aux enfants de bénéficier de la couverture maladie de leurs parents jusqu’à 26 ans ainsi que l’interdiction pour un assureur de refuser un patient en raison de son état de santé.

L’abrogation de la loi, déclinée de façon singulière dans chacun des 50 Etats du pays, s’avère extrêmement complexe. Même si Trump ne devait pas abroger entièrement la loi, le retrait ou la réécriture de certains articles demandera du temps et un sens politique aigu.

Bush lui fait la leçon

George W. Bush, président des Etats-Unis entre 2000 et 2008, ne sort pas souvent de sa paisible retraite texane. Mais quand il le fait, aïe ! Hier, sur la chaîne NBC, l’ancien et très controversé leadeur a donné une leçon de démocratie à Donald Trump, républicain comme lui, mais dont il supporte mal les incessantes attaques contre les médias, qualifiés « d’ennemis du peuple américain ». « Ils sont indispensables pour que des gens comme moi aient à rendre des comptes », a lâché Bush, devenu… peintre. Le 43e président des Etats-Unis, régulièrement éreinté par la presse américaine (et mondiale) quand il était à la Maison-Blanche, a ajouté que « le pouvoir peut être très addictif et corrosif, et il est très important que les médias demandent des comptes à ceux qui abusent du pouvoir ».

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/international/trump-face-au-casse-tete-de-l-obamacare-28-02-2017-6718203.php

 

Jannick Alimi

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 24 février 2017, le programme économique d’Emmanuel MACRON

2017-07-06T09:03:47+02:00Mots-clés : , , |

::: ECONOMIE

L’OPINION – 24/02/2017

Assurance-chômage: plus que les contrats courts, la question des seniors pourrait polluer la négociation

Le patronat veut que la durée maximale d’indemnisation soit réduite de trois à deux ans pour les demandeurs d’emploi de 50 à 55 ans

En matière d’assurance-chômage, les débats se sont beaucoup focalisés sur les contrats de travail courts et leur taxation. Mais selon plusieurs négociateurs, le dossier des seniors est un point très litigieux dans les discussions qui se tiennent actuellement entre les partenaires sociaux, cogestionnaires de l’Unédic.

Les plus de 50 ans représentent un quart des bénéficiaires de l’assurance-chômage et bénéficient d’une durée maximale d’indemnisation de 36 mois (les moins de 50 ans sont indemnisés 24 mois maximum), répondant à leur difficulté à retrouver un emploi. Cela pèse lourdement sur les comptes de l’Unédic : les allocations versées au-delà de deux années représentaient 1 milliard d’euros en 2015.

Aussi, le Medef propose-t-il de relever l’âge d’entrée dans cette filière à 55 ans (au départ, il envisageait même 57 ou 59 ans). La CFDT pourrait suivre cette proposition, faisant valoir que les règles en vigueur pour les plus de 50 ans envoient un très mauvais signal aux seniors et aux employeurs. Par ailleurs, selon une étude de l’Unédic citée par le Conseil d’orientation des retraites, le recul de l’âge de la retraite a multiplié par deux, entre 2008 et 2015, le nombre de chômeurs indemnisés de 60 ans et plus.

Les autres syndicats, et notamment Force ouvrière, dont la position est particulièrement regardée dans cette négociation, ne veulent pas entendre parler de changement à 55 ans. « C’est appliquer encore une logique purement comptable. On veut bien bouger le curseur mais pas au-delà de 52 ans, c’est une ligne rouge que nous ne franchirons pas », prévient Jean-Claude Mailly, qui estime que le service après-vente d’un tel report serait trop compliqué chez les salariés. Et d’anticiper une inflexibilité patronale sur ce point « car le Medef tient à afficher un milliard d’économies sur cette négociation… »

La prochaine séance de négociation est fixée au 7 mars, et les partenaires sociaux se donnent jusqu’au 28 pour trouver un accord… ou pas.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 24/02/2017

Malgré les incertitudes politiques, les patrons gardent le moral

Le climat des affaires reste bien orienté, selon l’Insee. Les industriels, notamment, sont de plus en plus optimistes.

A deux mois de la présidentielle , les investisseurs ont beau évaluer les scénarios politiques les plus sombres et s’interroger sur les risques de voir Marine Le Pen accéder au pouvoir , les patrons français, eux, ont toujours le moral. Le climat des affaires, calculé par l’Insee , n’a pas bougé en février. A 104 points, il est toujours supérieur à sa moyenne de long terme, qui se situe à 100. Un tel niveau correspond peu ou prou à un rythme de croissance trimestriel de 0,4 %. C’est d’ailleurs la progression du PIB attendue par les économistes de la banque Natixis au premier trimestre 2017.

La bonne nouvelle est venue de l’industrie. L’indicateur de la confiance des industriels français a grimpé de 1 point, à 107 points et se situe à son plus haut niveau depuis juin 2011. Mieux, quand l’Insee interroge les chefs d’entreprise sur leurs perspectives personnelles de production, ces derniers se montrent très positifs sur l’avenir : le solde entre les optimistes et pessimistes atteint désormais son plus haut depuis janvier 2008.

Le chômage recule en France

En France, comme dans beaucoup d’autres pays tels que l’Allemagne, l’industrie est le secteur qui se porte le mieux dans les enquêtes. Cela s’explique par le fait que les prix des produits industriels destinés au marché français et aux marchés étrangers ont commencé à augmenter à l’automne dernier. L’économie américaine est en forme, les craintes sur l’activité en Chine semblent, au moins à court terme, s’atténuer et les pays émergents, Russie et Brésil en tête, sortent bon an mal an des récessions de ces deux dernières années. Le Brexit n’a pas entraîné l’impact économique redouté sur la Grande-Bretagne jusqu’à présent.

Quant à la zone euro, qui bénéficie de la politique monétaire ultra-accommodante et d’une politique budgétaire qui n’est plus restrictive, elle retrouve de l’élan. En France, doucement mais sûrement, le chômage recule avec la reprise des créations d’emplois, ce qui participe au raffermissement de la demande des ménages. D’où la confiance grandissante des industriels. Le secteur du bâtiment connaît lui aussi une embellie. Ainsi, la production de logements collectifs neufs a crû de 21 % en 2016, et se retrouve à un record depuis 2010. Enfin, dans les services, l’hôtellerie-restauration et le tourisme en général, extrêmement affectés par les attentats, pourraient avoir touché leur point bas.

Les problèmes structurels de l’économie française ne sont peut-être pas réglés mais sur le plan conjoncturel, l’amélioration de ces derniers mois est désormais indéniable. Tout se passe comme si, petit à petit, la France et la zone euro retrouvaient une santé économique. Reste à voir si le risque politique ne va pas venir faire dérailler une activité remise sur de bons rails.

Guillaume de Calignon

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 24/02/2017

L’automobile française en pleine renaissance

Les groupes PSA et Renault ont dégagé les marges les plus élevées de leur histoire l’an dernier.

Carlos Tavares, président du directoire de PSA, n’a pas caché sa satisfaction en présentant les résultats du constructeur pour l’année 2016. Il s’est félicité d’une «marge opérationnelle au niveau le plus élevé de tous les temps». Surtout, le dirigeant a souligné le chemin parcouru en seulement trois années. En 2013, la marge opérationnelle de PSA était négative (- 2,8 %) et le groupe perdait 1 milliard d’euros en termes de capacité d’autofinancement. L’an dernier, sa marge a atteint 6 %. Et le constructeur a accumulé 8,1 milliards d’euros de capacité d’autofinancement sur les trois derniers exercices.

Les salariés de PSA ont toutes les raisons de s’en réjouir, puisqu’ils toucheront au moins 2 000 euros d’intéressement au titre de 2016. La hausse est de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette bonne santé ne concerne pas seulement le constructeur sochalien, mais également son concurrent hexagonal, Renault, qui a lui aussi dégagé des résultats spectaculaires l’an dernier, avec ses ventes en croissance de 13 % et une marge de 6,4 %.

Les constructeurs français ont longtemps été considérés comme les champions des petites voitures bon marché, ne pouvant dégager que des marges inférieures à celles de leurs concurrents allemands, japonais ou américains. Au plus fort de la crise de 2008-2009, ils ont même été considérés comme moribonds. Leur redressement est donc spectaculaire. «Au vu des résultats financiers des deux constructeurs français, il est possible de parler de renaissance», affirme même Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem.

Pour parvenir à ces résultats, les deux constructeurs ont, pour partie, utilisé les mêmes recettes. D’abord en profitant de la bonne tenue du marché automobile mondial. «Renault et PSA ne sont pas les seuls constructeurs à publier de bons résultats sur l’exercice 2016», souligne d’ailleurs Xavier Caroen, analyste chez Bryan Garnier. Les deux français ont, surtout, profité de leur exposition à l’Europe, marché particulièrement dynamique l’an dernier. Grâce à cette bonne conjoncture, ils ont pu maintenir leurs prix de ventes et les marges sur leurs véhicules. «Peugeot est la référence des marques généralistes en Europe aujourd’hui», s’est ainsi félicité Carlos Tavares.

Succès de la gamme low-cost de Renault

Ensuite, «Renault et PSA ont signé, dès 2013, des accords de compétitivité avec une majorité des syndicats, ce qui leur a permis de restaurer la rentabilité des sites industriels français», précise Flavien Neuvy. Ils ne se sont pas contentés de ces accords, mais ont également mis de l’argent sur la table, en investissant massivement dans leurs sites de production pour le moderniser. Dernière annonce en date: PSA consacrera 200 millions d’euros à son usine plus que centenaire de Sochaux.

Pour autant, les divergences entre les deux groupes sont bien réelles. Renault a profité de deux atouts uniques. D’abord, le succès de sa gamme low-cost. Vendus sous la marque Dacia en Europe, ces modèles représentent plus de 40 % des ventes mondiales de la marque au losange. Renault a été plus loin en lançant la Kwid ultra-low-cost en Inde. Avec un grand succès. Ce modèle sera aussi commercialisé en Amérique latine. Et d’autres véhicules ultra-low-costs sortiront bientôt. Ensuite, le groupe dirigé par Carlos Ghosn profite de son alliance avec Nissan, désormais rejoint par Mitsubishi. Cette alliance lui donne un poids inédit pour maximiser les achats de pièces et de composants. Un phénomène d’autant plus fort que Renault et Nissan utilisent aujourd’hui les mêmes plateformes, des ensembles d’éléments communs à plusieurs véhicules. Grâce à ces économies, Renault a pu multiplier les lancements de nouveaux modèles, comme l’Espace, la Megane, le Kadjar ou la Talisman. Cette stratégie explique le dynamisme commercial rencontré en 2016, année pendant laquelle les ventes ont progressé de 13,3 %.

Pour PSA, la situation est différente. La croissance des ventes l’an dernier s’explique même exclusivement par l’intégration des volumes du partenaire iranien, Iran Khodro. «Le redressement des marges s’est fait en coupant dans les coûts, notamment de développement», explique Xavier Caroen. Carlos Tavares a compté chaque euro dépensé, notamment dans le lancement de nouveaux modèles et le développement technologique. C’est ainsi que les véhicules électriques ou hybrides rechargeables développés en propre n’arriveront que dans quelques années. Conséquences: dans un marché dynamique, PSA a perdu des parts de marché l’an dernier. Le redressement financier est réel, mais «PSA se trouve dans une situation plus difficile pour affronter les défis de l’industrie automobile des prochaines années», estime Flavien Neuvy. Le constructeur risque de ne pas pouvoir faire face à tous les investissements technologiques (conduite autonome, connectivité, électromobilité…). Renault n’a, lui, pas à faire des choix, puisqu’il peut en partager les coûts avec ses partenaires de l’alliance. C’est pour régler, au moins en partie, ce souci, que Carlos Tavares a décidé de se lancer dans l’acquisition d’Opel.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 24/02/2017

Bouygues profite à plein de l’embellie du BTP en France

Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards et Colas en a fini avec le marasme des travaux routiers.
Le plan d’infrastructures de Trump, s’il se concrétise, serait un « aléa positif » pour Colas, très présent aux Etats-Unis.

« Je vais avoir soixante-cinq ans dans quelques semaines, il faut que je m’organise. » Martin Bouygues, qui avait annoncé l’an dernier prendre du champ, persiste et signe mais était fidèle au poste pour présenter jeudi matin les résultats annuels de son groupe. Une tâche plutôt agréable car le groupe se porte bien, tant du côté des télécoms (lire page 22) que de celui du BTP. Bouygues célèbre l’anniversaire de son patron par un résultat net (part du groupe) de 732 millions d’euros, contre 483 millions en 2015.

Le BTP constitue toujours l’activité contribuant le plus à ce résultat d’ensemble. En fait, il explose même les compteurs avec une contribution au résultat net de 754 millions d’euros. Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards d’euros. Et, une fois n’est pas coutume, la locomotive n’est pas le grand international mais la France. La chute du taux de change du dollar et de la livre sterling se fait sentir. Même si « le Brexit et la chute de la livre n’ont pas d’impact financier, car dans un pays nos coûts et nos approvisionnements sont locaux », assure Martin Bouygues.

Chez Colas, la filiale de travaux routiers de Bouygues, qui a particulièrement souffert de la crise, le carnet de commandes remonte de 7 % en France. A l’international, il recule de 3 %. Une tendance qui pourrait s’inverser, car Colas est très présent aux Etats-Unis, et à ses 7 milliards d’euros actuels en carnet de commandes pourrait s’ajouter nettement plus si Donald Trump lance son grand plan d’infrastructures. « Ce plan n’a pas été chiffré ni financé. A ce stade, je considère que c’est un aléa positif », juge Martin Bouygues. Qu’importe, déjà maintenant, Colas constitue le plus gros contributeur aux bénéfices nets du groupe (343 millions à lui seul). L’autre aléa positif de Colas serait de passer à la phase d’industrialisation de sa route solaire, s’il achève avec succès les tests en cours sur son innovation encensée par Ségolène Royal. Une de ses expériences est en cours en Géorgie, aux Etats-Unis.

Montée en puissance

Bouygues Construction, l’autre gros contributeur aux bénéfices du groupe (320 millions), connaît la même tendance que Colas, dans son carnet de commandes. L’international y recule (-2 %, à 6,9 milliards d’euros) et la part française s’envole de 17 %, à 5,8 milliards. Idem pour Bouygues Immobilier, porté par le succès des ventes de logements neufs (+19 %) dans un marché dopé par le régime locatif Pinel.

Cet état de grande forme n’est pas près de faiblir, puisque la montée en puissance du Grand Paris, le plus grand projet d’Europe, ne fait que commencer. Cinq milliards d’euros de contrats de tunnels et de stations de métro doivent être attribués cette année.

Myriam Chauvot

 

 

LE FIGARO – 24/02/2017

Immobilier: la hausse des prix s’est accélérée fin 2016

Sur l’ensemble de l’année 2016, les prix des logements ont gagné 1,8% selon l’Insee. Ils sont tirés par l’Ile-de-France, et surtout Paris, où les logements se sont vendus 4,4% plus chers qu’un an plus tôt.

La hausse des prix de l’immobilier se confirme. Au dernier trimestre 2016, les prix ont progressé de 1,8% sur l’ensemble de la France, après 1,3% au troisième trimestre et 0,6% au deuxième, selon l’Insee. Les prix remontent car les ménages se sont remis à acheter: le marché est resté très dynamique en 2016, après une bonne année 2015.

La légère remontée des taux d’intérêt et des prix a incité les ménages indécis à passer à l’action. L’incertitude liée à l’élection présidentielle est passée au second plan. L’année dernière, les volumes de ventes ont ainsi atteint et même dépassé leurs niveaux records de mai 2006, avec près de 850.000 biens vendus. Ce record est cependant à relativiser puisqu’en 10 ans, le parc immobilier français s’est accrû de 1% par an en moyenne. Il aurait donc fallu que les volumes de ventes dépassent les 900.000 pour dépasser réellement le record de 2006. Le cru 2016 n’en reste pas moins une bonne année.

Les prix sont par ailleurs en grande partie tirés par l’Ile-de-France (+3,1% sur un an), et particulièrement Paris (+4,4%). Dans les autres régions que l’Ile-de-France, les prix progressent plus modérément, de 1,3% sur un an. En région parisienne, sur laquelle les notaires ont publié ce jeudi de nouvelles données détaillées, «la fluidité retrouvée du marché et des ventes en croissance de 8% dans l’ancien et de 10% dans le neuf sont allées de pair avec une inversion de tendance sur les prix et une hausse qui s’est progressivement diffusée du centre vers la périphérie de la région», expliquent les notaires. Pour les prochains mois, ils anticipent une poursuite de la hausse des prix au même rythme, pour atteindre 3,7% sur un an au mois d’avril.

Dans le détail, la hausse des prix atteint 2,8% sur un an pour les appartements dans les Yvelines et 2,4% dans le Val d’Oise tandis que l’inflation immobilière reste plutôt contenue en Seine-et-Marne (+1,1%) et en Essonne (+1%). Certaines villes affichent en revanche de fortes baisses. Ainsi de Meaux en Seine-et-Marne, qui perd 10,3% sur un an. «Cette baisse de prix s’explique par la construction de nombreux programmes de défiscalisation, dont les investisseurs cherchent aujourd’hui à se séparer», explique Guénaël Chalut-Natal, notaire à Moret-sur-Loing. L’évolution des prix des maisons est légèrement différente (+2,7% dans les Yvelines, +2% en Essonne, +1,6% en Seine-et-Marne et +1,5% dans le Val d’oise).

4,4% de hausse à Paris

En petite couronne, les prix des appartements grimpent en moyenne de 3,1% et ceux des maisons de 2,8%. Ce sont les Hauts-de-Seine qui progressent le plus (3,4%), suivis du Val-de-Marne (3,1%) tandis que la hausse reste contenue en Seine-Saint-Denis (1,8%). Certaines communes sortent cependant du lot. Ainsi de Vincennes, désormais commune la plus chère du Val-de-Marne, qui voit ses prix flamber de 7,8%. A l’Ouest, les prix grimpent de 6,5% à Boulogne-Billancourt. Mais c’est à Saint-Denis que l’inflation est la plus forte, avec une hausse de 11,6% sur un an. Les prix devraient cependant peu évoluer, voire s’éroder en petite couronne au printemps prochain.

 

A Paris enfin, «prix élevés et manque d’offres limitent la reprise de l’activité dans la capitale», analysent les notaires. Les prix ont en effet progressé de 4,4% sur un an au quatrième trimestre 2016 et ils devraient progresser encore au printemps prochain, de 5,6% sur un an. Paris est le seul département d’Ile-de-France qui devrait voir la hausse des prix encore accélérer dans les prochains moins, jusqu’à flirter avec le record historique d’août 2012. En moyenne, un appartement s’y vendait en fin d’année 8340 euros le m², avec de fortes disparités entre le quartier de Pont de Flandres dans le 19e, le moins cher de Paris à 6270 euros le m², et celui de l’Odéon, le plus cher de la capitale (14.820 euros le m²).

Les arrondissements dont les prix ont le plus grimpé en 2016 sont le 3e (+8,8% à 10.690 euros le m²), le 18e (+8,7% à 7810 euros), le 17e (+8,5% à 8930 euros) ou encore le 19e (+7% à 6920 euros). A l’inverse, les prix ont baissé dans les 1er, 4e et 8e arrondissements.

Marie Bartnik

 

 

L’OPINION – 24/02/2017

General Electric va créer 500 emplois en France grâce à sa filiale éolienne

 

La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie totale est encore faible en France comparée aux leaders européens

L’entreprise danoise LM Wind Power, fabricant de pale pour éolienne et propriété de General Electric, a signé mercredi un accord avec la région Normandie pour construire une usine à Cherbourg, selon Ouest France.

Le fabricant danois de pales d’éolienne LM Wind Power a annoncé, jeudi 23 février 2017, la construction d’une usine de fabrication à Cherbourg en Normandie. La production est supposée démarrer en juin l’année prochaine. Près de 500 créations emplois sont déjà annoncées.

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe comme jamais, mais la France est à la traîne comparée aux pays leaders en la matière. Cette annonce sonne-t-elle l’heure de la rébellion ? Une usine doit voire le jour à Cherbourg en Normandie, propriété de LM Wind Power, récemment acquis par General Electric. Le groupe danois y construira des pales d’éolienne pour répondre à la demande naissante suite au lancement de plusieurs projets hamps d’éoliennes en mer au large des côtes françaises.

L’accord a été signé mercredi 22 février 2017. LM Wind Power, spécialiste de la fabrication de pales, a paraphé mercredi l’accord avec la Région Normandie et General Electric, sa maison-mère. Le journal Les Echos avance un investissement à hauteur de 45 millions d’euros de la part du danois. Le groupe a annoncé « l’emploi de plus de 550 personnes, ainsi que la création de plus de 2 000 emplois indirects, dans la région », selon le site d’information Normandie-actu.

100 millions d’investissements de la région. De son côté, Ouest France, détaille les rôles joués par les parties impliquées. « Ports normands associés (PNA), bras armé de la Région dans le domaine portuaire, a investi 100 millions d’euros pour agrandir le port de Cherbourg. Hervé Morin, président UDI de la Normandie, est informé très régulièrement des négociations des industriels (…) Cherbourg a également fait le travail en instruisant les permis de construire », avance le quotidien régional.

Pour la France, l’enjeu est tout de même de taille, car nous ne sommes loin d’être les champions dans ce domaine. En 2015, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie n’était que de 14,9 %, alors qu’elle aurait dû atteindre 17 % pour être en phase avec l’objectif de 23 % en 2020, fixé dans le cadre du « paquet énergie-climat » européen. Ces mauvaises performances nous placent dans la queue du peloton européen, loin de la Suède (52,6 % de renouvelables), de la Finlande (38,7 %), de l’Autriche (33,1 %) ou du Danemark (29,2 %). De tous les pays de l’Union européenne, elle est celui qui accuse le retard le plus important sur son objectif…

 

 

::: POLITIQUE

LES ECHOS – 24/02/2017

Emmanuel Macron : « Mon projet économique »

INTERVIEW – Impôts, économies, travail, investissements : le candidat d’En marche à la présidentielle dévoile ses cartes dans « Les Echos ». La fiscalité du capital sera réformée en profondeur et l’Etat mis « sous tension ».

Quelle analyse faites-vous de la situation économique de la France et de l’Europe aujourd’hui ?

Nous sommes face à de multiples défis. D’abord, la France et l’Europe n’ont pas été au rendez-vous de la reprise mondiale. Face à la crise, l’Europe s’est enfermée dans une politique économique inadaptée s’engageant dans une politique d’austérité à contretemps alors que les Etats-Unis ont opté bien plus efficacement pour une relance temporaire. Suite à cette crise, nous héritons d’un déficit d’investissements privés et publics. L’Allemagne elle-même arrive au bout de cette logique : pour soutenir la croissance, on ne peut pas accumuler indéfiniment des excédents commerciaux.

Le deuxième défi auquel nous devons répondre est l’invention d’un nouveau modèle de croissance. Pour être juste et soutenable, elle doit être écologique et servir la mobilité sociale.

Et les défis spécifiquement français ?

La France est un des seuls grand pays de l’Union européenne qui n’a pas réglé le problème du chômage de masse : cela doit être notre priorité. Par ailleurs, nos marchés de biens et services fonctionnent souvent mal. Le meilleur exemple en est le logement : les prix trop élevés pèsent sur le pouvoir d’achat des Français comme sur la compétitivité de nos entreprises. Enfin, la sphère publique est marquée par un déficit d’efficacité, avec trop de dépenses de fonctionnement et une insuffisance d’investissements publics ciblés et utiles.

Comment relancer l’Union européenne ?

La réponse est dans la relance d’une dynamique européenne. La France doit faire des réformes structurelles : c’est ce qui est bon pour nous, et cela permettra aussi de rassurer nos partenaires, et d’abord l’Allemagne. Cela nous permettra d’aller en zone euro vers une approche consolidée de nos équilibres budgétaires. A quelle fin ? Il est d’abord nécessaire de mettre en place une capacité d’investissement commune beaucoup plus ambitieuse. Le plan Juncker était nécessaire mais reste insuffisant face à l’ampleur des défis. Nous devons créer un vrai budget, contrôlé démocratiquement et piloté par un ministre de l’Economie et des Finances de la zone euro. Ce budget sera doté de ressources propres qui se chiffreront en centaines de milliards et permettra de réaliser les investissements nécessaires et de réagir ensemble aux crises.

Vous plaidez donc pour plus d’intégration ?

C’est la seule façon de réconcilier responsabilité et solidarité.

Faut-il en passer par un bras de fer avec l’Allemagne ?

La geste habituelle dans une campagne présidentielle française est de dire : « Je renverserai la table et réorienterai le couple franco-allemand ». Ca ne rime à rien et n’a strictement jamais fonctionné. Il faut recréer de la confiance dans le couple franco-allemand. Mieux vaut un dialogue franc et exigeant que des rodomontades. Nous en sommes co-responsables. Si nous n’avons pas une politique courageuse de réformes sur le plan structurel, les Allemands ne nous suivront pas. Ce n’est pas ce que propose François Fillon, lui qui annonce un gros choc fiscal au début et des économies pour plus tard, comme en 2007. Personne ne s’est d’ailleurs demandé comment il arrivait à faire à la fois 100 milliards d’économies et une croissance de 2,3% ce qui est impossible.

Cela va prendre des années avant d’avoir des changements…

Les choses sont en train de changer en Allemagne car nos voisins comprennent qu’ils sont au bout de leur modèle de sur-consolidation budgétaire. Ils savent qu’on ne peut pas attendre et sont très préoccupés par le risque Marine Le Pen. Notre chance, c’est le calendrier. En Allemagne, les élections sont en effet prévues cet automne et les conséquences politiques en seront tirées en fin d’année. Cela nous donne donc six mois pour faire la démonstration que nous sommes des partenaires de confiance, grâce à des réformes structurelles et à une trajectoire budgétaire vertueuse. Et pour engager des discussions sur l’avenir.

Quelle trajectoire budgétaire proposez-vous ?

Je veux rendre nos dépenses publiques plus efficaces tout en finançant la transformation de notre modèle de croissance. Cela passe par trois grandes idées. D’abord le respect de nos engagements européens en restant dans l’épure des 3% de déficit avec des prévisions de croissance prudente : 1,4% cette année, 1,8% en 2022. Pour 2017, la prévision est à 2,9% de déficit. Sur cette base, je ne prendrai pas de mesures additionnelles à l’été : ni cadeau, ni rigueur supplémentaire.

Deuxième point, le poids de la dépense publique devra être progressivement ramené vers la moyenne de la zone euro. Je prévois donc une baisse de 3 points de la part des dépenses dans la richesse nationale. Cela représente 60 milliards d’économies par rapport au tendanciel.

Troisième point, je construirai un nouveau modèle de croissance avec un plan d’investissement public de 50 milliards d’euros durant le quinquennat, en plus du soutien fiscal à l’investissement privé.

En quoi consistera-t-il ?

Sur ces 50 milliards, 15 milliards seront consacrés aux compétences et qualifications des Français avec un plan de formation ambitieux des jeunes et des demandeurs d’emploi. 15 milliards seront consacrés à la transition écologique et énergétique, y compris en accompagnant, comme à Fessenheim, les territoires. Autres priorités : la modernisation des administrations publiques (numérisation), l’agriculture, les transports locaux, et la santé.

La dette n’est pas un problème ?

La clef vis-à-vis des marchés comme de nos partenaires est de pouvoir démontrer une baisse de nos dépenses courantes et une croissance dynamique. Financé par des taux d’intérêts très bas, notre plan d’investissement permettra de réduire nos dépenses avant la fin du quinquennat et de soutenir notre croissance potentielle. C’est cela qui améliorera la soutenabilité de notre dette.

Comment réalisez-vous vos 60 milliards d’économies ?

Je vise d’abord 25 milliards d’économies sur la sphère sociale. Cela passe par 15 milliards sur l’assurance-maladie, avec une progression des dépenses contenue à 2,3% par an. C’est tout à fait tenable. Je ne supprimerai aucun poste dans la fonction publique hospitalière. La réorganisation du système de soins est de nature à faire ces économies et à conduire un vrai plan de modernisation de l’hôpital.

Ensuite je réaliserai 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage grâce aux réformes structurelles. Le taux de chômage peut raisonnablement atteindre 7% en 2022.

Vous ne prévoyez aucune économie sur le système de retraites…

Je ne modifierai pas les prestations familiales et les retraites. Je détaillerai une proposition de réforme structurelle des retraites le 2 mars prochain : elle ne sera pas guidée par une logique budgétaire mais par une logique d’équité.

Comment baissez-vous les dépenses des collectivités ?

Je veux rompre avec la méthode de la baisse des dotations consistant à couper les vivres pour provoquer des économies. Cette méthode de régulation budgétaire est trop centralisatrice. Je veux nouer avec les collectivités un pacte sur cinq ans, dans lequel je contractualiserai une baisse de 10 milliards d’euros de leurs dépenses. Cette baisse sera à leur main. Parallèlement, je leur donnerai des marges de manoeuvre.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, quand l’Etat décide d’augmenter le salaire des fonctionnaires, les collectivités n’ont pas leur mot à dire. Ce sera à elles de décider désormais pour leurs agents. Elles pourront également recourir plus largement à des recrutements de droit privé. Je leur demande par ailleurs, comme l’a indiqué la Cour des comptes , de respecter la durée annuelle légale du temps de travail : 1.607 heures par an.

Autre liberté : les communes qui le souhaitent pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires.

Quelles seront les autres économies sur l’Etat ?

Au total, l’effort atteindra 25 milliards d’euros. Il reposera sur un mode de gouvernance totalement nouveau. D’abord, je veux redonner des souplesses à la fonction publique. C’est-à-dire recruter hors du statut pour les fonctions d’encadrement, donner la possibilité d’avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités. Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé. Il s’agit de mieux reconnaître les plus engagés. Je crois par ailleurs nécessaire de restaurer un jour de carence pour les fonctionnaires.

Prévoyez-vous des suppressions de postes sur le quinquennat ?

Il est possible de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires, 70.000 venant des collectivités et 50.000 de l’Etat. Ce n’est pas un objectif, mais un référentiel, ce sera aux ministres de faire des choix. Je veux des ministres pleinement responsables sur les dépenses publiques. Je fixerai l’effort budgétaire en début de période, en définissant des priorités, et chaque ministre devra les décliner en rendant des comptes. Je veux aussi impliquer directement les parlementaires dans cet exercice. En contrepartie, je donnerai aux ministres une vraie latitude politique. Je ne les garderai pas s’ils ne mettent pas en oeuvre les économies.

Cela suppose un gouvernement resserré ?

Oui. Autour d’une petite quinzaine de ministres. Et extrêmement solidaire. Auprès des ministres, il pourra y avoir des secrétaires d’Etat, mais il n’y aura pas de divisions des périmètres ministériels, ce qui est fondamental si on veut des ministres responsables. Je propose aussi une réduction massive des effectifs des cabinets, de l’ordre de cinq personnes afin que les ministres s’appuient davantage sur leurs administrations.

Quelles autres propositions avez-vous en matière de gouvernance ?

Dans les deux premiers mois du quinquennat, je changerai ou confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique… C’est une mise sous tension de l’appareil d’Etat. Cette fois-ci, on n’a pas le droit d’échouer.

François Fillon propose une baisse des prélèvements obligatoires de 50 milliards d’euros, dont 40 pour les entreprises. Quels sont vos engagements ?

Je propose une politique fiscale plus réaliste, plus juste et plus équilibrée, avec des baisses d’impôts réparties équitablement entre ménages et entreprises. Chez François Fillon, la hausse de TVA fait plus que compenser les baisses d’impôts des ménages ! Sur le quinquennat, mon objectif est d’aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards, pour soutenir le pouvoir d’achat et l’investissement.

Quelles sont les mesures pour le pouvoir d’achat ?

Je rappelle d’abord la suppression des cotisations salariales maladie et d’assurance-chômage, mesure qui sera entièrement financée par une hausse de la CSG sauf pour les petites retraites, et qui rapportera 250 euros de plus par an à une personne au SMIC. Une hausse de 50% de la prime d’activité est aussi prévue. Et toute hausse de TVA est exclue. En matière de fiscalité, les couples pourront choisir d’individualiser leur impôt sur le revenu. Et je présenterai prochainement une autre mesure de réduction d’impôt, pour environ 10 milliards, qui sera mise en oeuvre au début du quinquennat et qui visera les classes populaires et les classes moyennes.

La hausse de la CSG va alourdir encore la fiscalité du capital, une des plus élevées du monde…

C’est pour cela qu’elle s’accompagnera d’une réforme globale, avec la création d’un prélèvement forfaitaire unique au taux de l’ordre de 30%, prélèvements sociaux inclus, pour tous les revenus du capital : intérêts, loyers, dividendes, plus-values, etc. Cela rapprochera la France de la moyenne européenne et simplifiera considérablement la fiscalité du capital. Les abattements pour les plus-values immobilières seront maintenus.

Quid de l’assurance-vie, qui offre un prélèvement libératoire de 23% (prélèvement sociaux de 15,5% compris) au bout de huit ans de détention ?

Ces conditions ne changeront pas pour les contrats et dépôts existants, mais seulement pour les flux à venir, les nouveaux versements. L’objectif est de réorienter massivement l’épargne vers l’économie productive. C’est la même logique qui prévaut pour la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière.

Que prévoyez-vous pour la compétitivité des entreprises ?

La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en allègement pérenne de cotisation s’opérera dès 2018, et représentera 6 points de charges en moins au niveau du SMIC jusqu’à 2,5 SMIC. Elle ne coûtera rien aux finances publiques, puisque la dette fiscale existe déjà. Pour supprimer les dernières charges patronales au niveau du SMIC, nous ajoutons un allègement de 4 points, avec un point de sortie à 1,6 SMIC. Par ailleurs, le taux de l’impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3% à la moyenne européenne, c’est-à-dire 25%, sur le quinquennat. Il s’agit de donner un cadre clair, stable et prévisible aux entreprises pour soutenir l’investissement et l’attractivité.

Y-aura-t-il des hausses d’impôts ?

Uniquement en matière de fiscalité écologique, avec l’alignement progressif de la fiscalité du diesel sur l’essence et la montée en charge de la taxe carbone. Parallèlement, les propriétaires de véhicules diesel anciens bénéficieront d’une prime de conversion pour l’achat d’un véhicule plus écologique, neuf ou d’occasion.

Les droits de succession seront-ils relevés ?

Non.

Comment s’attaquer au problème du chômage ?

Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accords. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unedic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique.

Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.

Sur ce point, justement, pourquoi aller si loin ? Cela va permettre aux plus formés de gérer leur carrière aux frais de la collectivité ?

Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela créé aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.

Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?

Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste en période de chômage de masse.

En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé ».

Et la formation ?

Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, un million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.

Avez-vous été surpris par la décision de François Bayrou ?

Nous avons discuté à plusieurs reprises de manière apaisée et constructive. C’est une décision intime de sa part. J’ai été frappé par le fait qu’il partage avec moi la gravité du moment et la nécessité de recomposer, et combien mûrissait en lui cette volonté de ne pas fragmenter mais de former un rassemblement en mesure de gagner.

Qu’est-ce que cela change pour les deux derniers mois de la campagne ?

C’est un tournant de la campagne. Cela évite qu’il y ait justement une fragmentation du camp des progressistes. S’il avait été candidat, François Bayrou aurait porté sa candidature, en tant que représentant d’une famille centriste qui a toute sa place au sein de l’échiquier politique. Je ne suis pas centriste, mais c’est important que nous ne soyons pas divisés.

Les quatre exigences posées par François Bayrou sont parfaitement cohérentes avec les valeurs que nous portons. Sur le travail, c’est exactement ma stratégie. Sur la moralisation de la vie publique, cela fait partie du contrat que je propose à la nation, et nous allons la travailler ensemble. Sur l’alternance et le changement de pratiques politiques, nous le faisons depuis le début car nous sommes dans le renouvellement très profond de ces pratiques. Enfin le pluralisme politique est constitutif de nos gênes.

La question à régler entre vous est celle de la dose de proportionnelle…

Oui. Nous allons discuter de ça. C’est très ouvert. Je l’avais déjà dit lors de mon meeting à Strasbourg [le 4 octobre, NDLR], il faut ouvrir le débat et prendre le risque qu’il y ait une représentation du FN au Parlement. On ne peut pas la refuser. On ne peut pas le faire pour les prochaines législatives car les règles sont déjà fixées.

Sur la moralisation de la vie politique, quelles sont les mesures prioritaires ?

Le point principal est celui des conflits d’intérêts, en plus de ce que j’ai déjà annoncé sur la limitation des mandats et le renouvellement.

François Bayrou va-t-il faire campagne à vos côtés ?

Je le souhaite. François Bayrou fera campagne à sa façon, dans son style et sa liberté, ce qui est sa marque de fabrique, et cela me va très bien. Il pourra y avoir des désaccords, car c’est la sincérité d’un rassemblement large. C’est aussi un moment de respiration de notre vie démocratique. On ne peut pas recomposer si on n’accepte pas des différences et des identités politiques différentes. François Bayrou avait besoin de sentir et comprendre ma méthode. Je ne suis pas caporaliste.

Qu’est-ce qui vous distingue de François Fillon et de Benoît Hamon ?

Je veux construire un nouveau modèle de société et une nouvelle économie. Contrairement à François Fillon, je ne crois pas dans la purge et le rétablissement du pays contre lui-même. Je pense plutôt au changement du pays en responsabilisant chacun des acteurs. Et contrairement à Benoît Hamon, je n’accepte pas la défaite quant au travail. La bataille du travail est gagnable si on invente ce nouveau modèle de croissance.

Comment s’attaquer au problème du chômage ?

Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accord. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unédic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique. Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.

Les mieux formés vont gérer leur carrière aux frais de la collectivité…

Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela crée aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.

Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?

Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste avec un chômage de masse. En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé. »

Et la formation ?

Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, 1 million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.

Etienne Lefebvre, Nicolas Barré, Dominique Seux, Gregoire Poussielgue et Renaud Honoré

 

 

LE MONDE – 24/02/2017

Présidentielle : le retrait de Jadot permet à Hamon de s’afficher en « candidat de l’écologie politique »

Le ralliement du représentant d’Europe Ecologie-Les Verts doit encore être validé par les électeurs de la primaire.

« Maintenant, on va pouvoir passer à autre chose », confie Benoît Hamon, soulagé que le long feuilleton des négociations avec les écologistes se termine enfin. « Je vais pouvoir m’adresser aux Français et retrouver ma liberté », précise le candidat du PS, qui a salué, jeudi 23 février, en meeting à Arras (Pas-de-Calais), « le choix extrêmement important de Yannick Jadot ». « Je suis désormais le candidat de l’écologie politique », résume le socialiste, au terme d’une journée entièrement consacrée aux enjeux environnementaux.

Quelques instants plus tôt, au « 20 heures » de France 2, celui qui se présentait encore au nom d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle n’avait pas tergiversé. « Ma responsabilité (…), c’est de dépasser les ego, de déporter les appareils politiques et de construire la grande aventure de cette élection présidentielle. Alors oui, ce soir, je retire ma candidature. C’est ce sur quoi voteront tous ceux qui ont participé à la primaire écologiste », avait lancé M. Jadot. Le député européen, comme il l’explique au Monde, juge qu’il s’agit d’un « accord exceptionnel ». « Il y a là une vraie constitution d’un pôle écolo, social, européen et démocrate et notre responsabilité n’est pas d’être dans notre tour d’ivoire de l’écologie », ajoute-t-il.

Plateforme commune

Ce mariage rose-vert permet à Benoît Hamon de contrecarrer une autre alliance, passée mercredi entre Emmanuel Macron et François Bayrou. Un « petit arrangement » qui range désormais l’ancien ministre de l’économie du gouvernement Valls « à droite », affirme le vainqueur de la primaire de La Belle Alliance populaire. La veille, les deux hommes s’étaient croisés au dîner organisé à Paris par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Ils se sont salués, une photo d’eux souriants côte à côte a même circulé sur les réseaux sociaux. « Ça va me faire plaisir de te battre ! », a glissé Benoît Hamon à Emmanuel Macron, avant de prendre congé.

Son alliance avec Yannick Jadot lui permet de s’afficher comme le candidat qui rassemble une partie de la gauche à la présidentielle et de continuer à mettre la pression sur Jean-Luc Mélenchon. Le député des Yvelines le répète, il refuse de « tomber dans une forme de remake » avec le député européen. Pas question de persister dans un faux-semblant de dialogue. Qu’importe Mélenchon, pourvu qu’il y ait Jadot…

Pour obtenir cette photo de famille, les socialistes ont satisfait nombre de revendications historiques des écolos qui ont toujours présenté un candidat depuis 1974 à la présidentielle. M. Jadot a évoqué sur France 2 une sortie du nucléaire « en vingt-cinq ans », la fin du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et une dose de proportionnelle aux législatives.

Selon plusieurs sources à EELV, la plateforme commune comprend également l’abandon du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, du site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, le droit de vote des étrangers aux élections locales via un référendum, le principe de la réunion d’une Assemblée constituante ou encore l’abrogation de la loi El Khomri. « Le pari de Yannick, c’est que ça débloque le tissu écolo classique au-delà de notre parti, explique Jérôme Gleizes, l’un des négociateurs d’EELV. Sur le papier, c’est le meilleur accord sur le fond qu’on ait eu depuis 1997. Maintenant, il faut s’assurer qu’il ne reste pas dans les archives. »

« Beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans »

Côté électoral, l’équipe de M. Hamon a fait des concessions mais moins qu’espéré par les écolos. « C’est beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans mais c’est sérieux », estime David Cormand, secrétaire national d’EELV. Au final, pointe ce dernier, « une quarantaine » de circonscriptions sera réservée aux écologistes – contre plus de 60 dans l’accord de 2011 – dont celles de leurs huit sortants ainsi qu’« une dizaine » d’autres jugées « gagnables ». « De quoi espérer un groupe écolo dans le cadre de la victoire de Benoît Hamon », veut croire le numéro un du parti écologiste.

Jusqu’au bout, la circonscription parisienne de Cécile Duflot aura constitué un casus belli d’un côté comme de l’autre mais les socialistes ont fini par céder jeudi. Un membre de la direction assure également avoir découvert dans la soirée que M. Jadot aurait obtenu de son côté une circonscription dans la capitale, celle de M. Baupin, qui ne figure cependant pas dans l’accord selon plusieurs sources écolos. M. Jadot, lui, affirme n’avoir rien négocié pour son propre cas. « Je reste député européen », indique-t-il. M. Cormand trouverait cependant « souhaitable » qu’il puisse devenir parlementaire national.

Tout cela doit maintenant être validé par un vote des électeurs de la primaire d’EELV qui se tiendra de vendredi à dimanche. Rares sont ceux qui se lancent dans les pronostics, d’autant que la façon dont M. Jadot a annoncé son retrait, semblant enjamber ce vote, n’a pas forcément été bien vécue en interne. Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’EELV et soutien de la première heure de M. Jadot, se dit « déçue » : « Les militants écolos n’aiment pas trop être pris à revers. »

Si M. Jadot a conscience que sa manière de faire a pu « froisser », il se veut « confiant ». M. Cormand, lui, ne préfère pas s’avancer. « En politique, c’est comme en amour, il y a les déclarations et les preuves, note-t-il. Les militants écolos sont exigeants et échaudés. » Dans cette présidentielle, où rien ne s’est jusqu’à présent passé comme prévu, mieux vaut effectivement être prudent.

Bastien Bonnefous et Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

::: INTERNATIONAL

LE PARISIEN – 24/02/2017

Afrique : 1,4 million d’enfants menacés par la famine cette année, selon l’Unicef

 

Une mère et son enfant souffrant de malnutrition, le 11 octobre 2016 à Aweil au Sud Soudan

Quatre pays d’Afrique présentent de très forts risques de famine pour 2017, s’alarme l’Unicef. Ces situations sont dues à des conflits humains.

Près de 1,4 million d’enfants risquent de mourir de la famine cette année au Nigéria, en Somalie, au Soudan du sud et au Yémen, selon Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Au Soudan du Sud, où l’état de famine a déjà été déclaré par le gouvernement dans plusieurs zones du pays, plus de 270 000 enfants souffrent de malnutrition, 1 million de Sud-soudanais risquant par ailleurs la famine dans les prochains mois, selon la même source. Les agences humanitaires déplorent d’autant plus cette situation qu’elle est «causée par l’homme», à savoir par la guerre qui ravage le pays depuis plus de trois ans.

Urgence humanitaire au Soudan du Sud

«Lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim», se sont alertées trois organisations humanitaires. La famine déclarée lundi au Soudan du Sud est la première qui l’est dans la région depuis celle qui a tué 260 000 personnes en Somalie, en 2011.

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12 000 Casques bleus.

Au Yémen, 462 000 enfants souffrent de malnutrition sévère, alors qu’une guerre oppose les Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition arabe, sur fond de crises humanitaires.

Au Nigéria, Boko Haram

Dans le nord-est du Nigeria, où sévit le groupe islamiste Boko Haram, ce sont 450 000 enfants qui ne peuvent pas se nourrir décemment. Fews Net, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine, a noté que les régions les plus reculées de la province de Borno sont déjà frappées par la famine depuis la fin de l’année dernière. Le désastre pourrait empirer, les agences d’aide étant dans l’impossibilité d’atteindre les victimes, selon l’Unicef.

 

LE FIGARO – 24/02/2017

«Il n’y aura pas d’expulsions massives» de Mexicains promet le secrétaire d’État américain

 

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à son arrivée à l’aéroport international de Mexico

Lors d’une visite à Mexico, Rex Tillerson a tenté de renouer le dialogue avec son voisin du sud. Mais rien n’est réglé pour autant, tant sur la construction du mur que l’avenir des échanges commerciaux.

La visite du secrétaire d’État américain Rex Tillerson et du secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly, ce jeudi à Mexico, n’a pas permis d’éclaircir les nombreux points de désaccords entre les deux pays. Mais son objectif, moins ambitieux, est atteint: le dialogue est renoué. Le président Enrique Pena Nieto a fini par accepter de recevoir les deux envoyés de la Maison-Blanche au palais présidentiel de Los Pinos. Lors d’une réunion préliminaire, le ministre des Affaires étrangères, Luis Videragay Caso, a pu constater «le professionnalisme et la volonté constructive» de ses interlocuteurs américains.

Le seul sujet sur lequel des déclarations d’apaisement ont été prononcées concerne les expulsions de Mexicains sans papiers des États-Unis. «Soyons très très clairs: il n’y aura pas d’expulsions massives» a assuré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly. Ce dernier a également assuré que Washington «ne fera pas appel à l’armée en matière migratoire». C’est un point de friction très sensible entre les deux pays. D’importantes manifestations ont été organisées au Mexique en début de semaine pour protester contre le nouveau traitement réservé aux migrants sans papiers.

Les déclarations incendiaires du candidat à la Maison-Blanche Donald Trump qualifiant les immigrés mexicains de «violeurs» et de «criminels» et annonçant l’expulsion de millions de Mexicains ont crispé l’opinion publique mexicaine. Le durcissement dans l’application de la loi sur les clandestins a déjà provoqué l’expulsion de nombreux Mexicains, parfois installés depuis plusieurs années aux États-Unis. «Avec Obama, il fallait commettre une erreur pour se faire expulser. Maintenant on peut vous déporter pour n’importe quoi» témoignait dans le quotidien espagnol El Pais Paz, un travailleur sans papier mexicain.

Un suicide près du poste frontière de San Isidro

La marge de manœuvre des agents de l’immigration a été considérablement réduite. «Avant, ils pouvaient ne pas renvoyer tous les migrants entre leurs mains devant une juridiction, détaille Alex Galvez, avocat spécialisé dans la législation sur les migrations. Maintenant, ils n’ont plus cette liberté.» Il y a 11 millions de travailleurs sans papier aux États-Unis dont beaucoup sont là depuis des années, ont fondé une famille. Normalement un migrant présent depuis plus de deux ans n’est pas expulsable mais, depuis quelques semaines, plusieurs d’entre eux qui n’étaient pas en mesure de prouver immédiatement leur présence sur le territoire américain depuis plus de 24 mois ont été expulsés. L’un d’entre eux s’est suicidé près du poste frontière de San Isidro mardi dernier.

Ce voyage aura permis de faire, un peu, oublier les provocations de Donald Trump. Celui-ci avait fait des déclarations tonitruantes à Mexico après une rencontre avec le président Pena Nieto fin août 2016, laissant entendre que ce dernier était prêt à payer pour le mur que le locataire de la Maison-Blanche a promis de construire entre les deux pays, provoquant une crise politique à Mexico.

Il y a quelques semaines, Donald Trump avait déclaré quelques jours avant un voyage prévu à Washington du président mexicain, qu’il n’était pas la peine que ce dernier fasse le voyage s’il n’était pas prêt à payer pour le mur. Le déplacement a été annulé. Donald Trump a promis de prélever une taxe sur l’argent envoyé par les migrants mexicains à leur famille pour financer l’ouvrage titanesque.

Si la tension est légèrement redescendue, les sujets qui fâchent sont toujours là. Outre la construction de ce mur, les échanges économiques et le traité de libre-échange de l’Amérique du Nord, l’Alena, sont fortement contestés par le nouveau président américain. Le Mexique a prévenu que si son voisin du Nord bloque l’importation de produits mexicains, les accords de coopération en matière de migrations et de trafic de drogue pourraient être remis en cause, ce qui serait une catastrophe pour Washington.

L’annulation d’un investissement de Ford au Mexique avait été très médiatisée. L’ouverture prochaine par le même constructeur de deux centres de production dans ce même pays l’est beaucoup moins. Pour la plupart des industriels, il semble impossible d’imposer des restrictions aux échanges entre les deux pays et ils espèrent que les tractations qui vont s’ouvrir en juin autour de la révision des accords de l’Alena se feront loin des déclarations provocantes du président Trump. Dans un climat apaisé. Le voyage de Rex Tillerson et John Kelly à Mexico était un premier signe de cette volonté d’apaisement de la part de l’administration Trump.

Patrick Bèle

 

 

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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