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Revue de presse du MEDEF IDF du 2 Février 2017

2017-04-05T09:10:24+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Revue de presse du MEDEF IDF du 1 Février 2017

2017-04-05T09:10:40+02:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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RUGBY : MASSY – TARBES Dimanche 19 Février à 15 h

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RUGBY : Résultats du WE du 29 Janvier 2017

2017-03-02T07:02:48+01:00Mots-clés : , , |

Des résultats positifs pour nos équipes RCME ce dimanche.

Espoirs : Massy 34-15 Bourg-en-Bresse (BO)

Nos Espoirs relancent la machine face au 3ème de la poule.
Ce match dominé par nos Bleu & Noir nous rassurent et informent les autres clubs du groupe : il va falloir compter sur nos jeunes pour aller chercher la qualification en phase finale!

Au classement, cette victoire bonifiée permet à Massy (7ème) de recoller au podium des qualifiables, à 5 pts des 3èmes Provence Rugby et Bourg-en-Bresse.

Belascain : Massy 70-00 Versailles (BO)

Large succès des massicois face aux joueurs du 78.
Une rencontre à sens unique durant laquelle Massy aura scoré sans cesse pour un BO amplement mérité.

Au classement, le RCME reste évidemment leader invaincu de sa poule.

Crabos : Massy 07-07 ABCD XV

Nos Crabos ne confirment pas.
A domicile face au 6ème ABCD XV, Massy n’a pas su mettre son jeu en place face une équipe visiteuse qui n’aura jamais lâché.

Au classement, Grenoble creuse un peu plus l’écart en tête de classement, et les poursuivants du RCME se rapprochent de la 2ème place.

Séniors : Massy 12-03 Bourg-en-Bresse

Belle victoire de nos joueurs ce dimanche face au leader venu de l’Ain !
Après une superbe entame et deux essais de Lester Etien (dont le premier transformé par Louis Grimoldby), le RCME mène 12-00 dès la 15ème minute. Le rythme ralentira ensuite durant la deuxième partie de première mi-temps, Massy et Bourg mettant beaucoup de coeur à l’ouvrage dans les phases de combat. La mêlée de l’USBPA prend l’avantage sur celle des massicois mais à l’inverse, les Bleu & Noir dominent en touche. Les débats s’équilibrent. Bourg prendra 3 pts à la 30ème pour revenir à 9 longueurs de Massy à la pause.
En seconde mi-temps, aucun point ne sera marqué mais le scénario se sera affolé : Bourg aura tenté de scorer dans l’en-but essonnien mais la solide défense du RCME, depuis le début de saison, aura tenu bon. En fin de rencontre, Bourg ratera le bonus défensif (pénalité à côté à la 70ème) et Massy n’aura pas converti ses occasions d’essais à 14-14 (carton jaune pour Girard) pour décrocher le BO. Les 4 pts pris, additionnés au zéro bonus pris par les visiteurs, permettent à nos hommes de repasser leader de la poule Elite. Prochain match à Valence/Romans dimanche prochain.

Dans le même temps, Provence Rugby s’est imposé 18-13 à Limoges (première défaite à domicile face à un gros de la poule), Auch l’a emporté face à Valence/Romans (22-19) et Nevers-Tarbes a été reporté en raison de l’état du terrain de l’USON. Aubenas et Chambéry étaient exempts.
Au classement, Massy 1er (36 pts -2 matches), Bourg 2ème (36 pts), Provence Rugby 3ème (34 pts -2 matches) et Nevers 4ème (33 pts -2 matches). Ferment la marche Valence/Romans et Aubenas.

Allez Massy !

 

Revue de presse du MEDEF IDF du 31 Janvier 2017

2017-03-02T07:03:04+01:00Mots-clés : , , |

 

::: ILE-DE-FRANCE

LES ECHOS – 31/01/2017

Actus franciliennes

LE PARISIEN – 31/01/2017

Grand Paris : la bataille du métro a commencé

 

Champigny, mardi dernier. Les travaux spectaculaires de la gare de la future ligne 15 Sud ont débuté.

C’est le marché du siècle, qui fait saliver plus d’une entreprise. Le Grand Paris Express, c’est 200 km de lignes nouvelles de métro et 68 gares à construire d’ici 2030, soit un chantier d’au moins… 25 Md€. « Un investissement d’avenir qui portera l’économie du pays », a lancé Philippe Yvin, président de la Société du Grand Paris (SGP), lors de ses vœux la semaine dernière. 2017 marque l’entrée en chantier de quatorze des seize gares de la ligne 15 Sud (Pont-de-Sèvres – Noisy-Champs), et la mise en route du premier tunnelier. Un chantier gigantesque qui fait rêver PME, poids lourds du BTP, pros des transports et élus.

Qui pour creuser et construire ?

Plus de 4 000 salariés travaillent déjà sur le futur métro (2 500 ingénieurs et architectes, 1 500 ouvriers). Certains étaient à pied d’œuvre cette semaine avec SNCF Réseau pour une première opération majeure (5 M€) : le ripage d’un pont sous des voies de chemins de fer (photo ci-contre), à Champigny (Val-de-Marne). Il y en aura des dizaines d’autres ! Plus d’un milliard d’euros de travaux sont prévus cette année et, au plus fort des chantiers, en 2018, la Fédération régionale des travaux publics table sur 22 000 emplois.

Pour répartir cette masse de travail, la SGP a tronçonné les lignes en différents lots, afin que plusieurs entreprises puissent creuser ou construire les gares en même temps. 2017 sera très importante : les cinq derniers marchés de la 15 Sud et les deux premiers de la 16 seront attribués, soit près de 9 Mds€ ! Bouygues, Vinci et Eiffage, les géants français du secteur, sont dans les starting-blocks.

Mais l’attribution en 2016 d’un premier tunnel de 7 km pour 363 M€ au Français Demathieu Bard, associé à des Italiens, des Belges et des Suisses, a fait grincer quelques dents. « Il ne peut pas y avoir de préférence nationale, c’est interdit », tranche Philippe Yvin. En revanche, la SGP oblige les entreprises à faire travailler 20 % de PME. Un observatoire sera lancé dans les prochains jours pour vérifier que cette disposition est bien appliquée.

Qui pour faire rouler ?

Selon la loi sur le Grand Paris, la RATP, opérateur historique du métro parisien, bénéficie de droit de la gestion des infrastructures (rails et tunnels) du Grand Paris Express. Mais l’exploitant (celui qui fera rouler les métros) sera, lui, désigné à l’issue d’un appel d’offres ouvert à la concurrence. Celui-ci doit être lancé cette année. La RATP sera bien sûr sur les rangs, mais aussi Keolis (filiale de la SNCF), et sans doute d’autres professionnels des transports, français ou étrangers. La bataille sera rude. Keolis a déjà redouté publiquement que la gestion des infrastructures ne donne un avantage à la RATP, et a lancé une opération séduction pour montrer son savoir-faire, à Londres par exemple.

La même compétition devrait avoir lieu pour le matériel roulant : Alstom et ses concurrents seront sans doute sur les rangs pour construire les rames. La SGP va lancer cette année le marché des métros automatiques de la 15 Sud : à la clé, la construction de 120 trains, représentant 516 voitures, d’ici à 2025 ! Le gagnant sera connu en 2018.

Qui pour diriger ?

C’est une autre bataille, en coulisses, qui s’est jouée jusqu’en fin d’année dernière. Celle pour la gouvernance du futur métro. Valérie Pécresse a milité pour une fusion entre le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), qu’elle préside, et la SGP. Une idée rejetée par Philippe Yvin, et ensuite par le Conseil économique, social et environnemental (Ceser), sollicité pour donner un avis.

Grâce à un lobbying discret et efficace, la SGP conserve son autonomie — et ses milliards… pour l’instant. Car les prochaines échéances électorales vont contribuer à remettre le dossier sur la table. Une autre étape dans la bataille du Grand Paris.

Jean-Gabriel Bontinck

 

 

FRANCE BLEU – 31/01/2017

L’île Seguin futur pôle culturel du Grand Paris ?

 

Le futur visage de l’île Seguin, avec le projet de pôle culturel (à droite) et la Seine Musicale (à gauche).

Elle veut devenir un haut lieu de la culture dans la métropole du Grand Paris. L’île Seguin a définitivement tourné la page de son histoire industrielle. Le site des Hauts-de-Seine se prépare à basculer dans une nouvelle ère, qui débutera en avril avec l’ouverture de la Seine Musicale.

Le projet de pôle culturel et artistique sur l’île Seguin a été dévoilé ce lundi à Boulogne-Billancourt (92). Cet équipement d’envergure verra le jour sur la pointe amont (au sud de l’île), à l’opposé de la Seine Musicale, la salle de concert de 6.000 places qui sera inaugurée le 22 avril prochain. Il s’agit en réalité de deux constructions distinctes, d’où le nom du projet « S17 S18 ». La première, une grande vitrine dédiée à l’art et à la culture, abritera la Fondation Emerige, des espaces d’exposition, un cinéma multiplex de 8 salles, 4.000 m² de bureaux et autant d’espaces commerciaux. La seconde sera un hôtel de 13.000 m², résolument « arty » : chacune des 220 chambres aura son œuvre d’art unique. L’établissement 4 étoiles sera doté d’un spa, d’une piscine, et d’un restaurant en rooftop.

 

L’entrée du Centre d’Art de l’île Seguin.

La mutation est en marche pour l’île Seguin, une bande de terre de 11,5 hectares étirée entre Billancourt et le Bas-Meudon, qui a abrité les usines Renault pendant plus de 60 ans. Jadis point de passage pour les aristocrates entre Paris et Versailles, le site rêve de rayonner tel un phare dans la métropole. L’idée, est de « déplacer le centre de gravité culturel de Paris vers l’ouest » assure le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet. Qui s’enthousiasme : « ce sera la plus belle concentration culturelle d’Europe sur une île, c’est extraordinaire ! »

Le Centre d’art sera multidisciplinaire (musique, cinéma, arts numériques…) et proposera une programmation moderne et variée, axée sur les artistes français. L’art contemporain sera particulièrement mis en valeur, avec les œuvres du fonds de Laurent Dumas de chez Emerige, la collection d’art Renault ainsi que celle de la Fondation Giacometti.

 

Le projet d’aménagement de la pointe amont, vu depuis Meudon.

Le projet artistique et culturel est aussi architectural, avec un savant mélange entre minéral et végétal. Une promenade sera aménagée sur les berges. Quant à la partie centrale de l’île, elle devrait accueillir un parc. Le site, au cœur du futur réseau de transport de la métropole, sera parfaitement desservi avec une gare du Grand Paris Express (ligne 15). Une liaison par câbles (télécabines) est aussi à l’étude. L’île Seguin pourrait accueillir à terme un flux de 2 millions de visiteurs par an. Les travaux d’aménagement de la pointe amont (au sud de l’île) devraient débuter l’année prochaine pour une livraison espérée en 2021.

Nicolas Olivier

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Résidences secondaires : Paris vote la surtaxe, les autres villes sont plus prudentes

Le Conseil de Paris a voté ce lundi la majoration de 60 % de la taxe d’habitation des pieds-à-terre. Une surenchère fiscale que dénoncent les associations de propriétaires.

Trouver de nouvelles recettes, libérer des logements pour les Parisiens, le tout sans grever leurs impôts. C’est l’équation qu’a fait valoir le Conseil de Paris pour voter une nouvelle surtaxe d’habitation sur les résidences secondaire ce lundi. Pour la deuxième fois en trois ans, les parlementaires ont donné dans la loi de finances la possibilité aux maires de doper les taxes des résidents intermittents. Un surcroît de 20 % avait déjà été voté fin 2014, convaincant une centaine de communes de tous bords politiques de l’adopter. Il avait rapporté une quinzaine de millions à la capitale.

Cette fois, les maires des 1.149 communes en zones tendues se voient ouverte la possibilité de pousser la majoration entre 5 et 60  %. C’est à nouveau la mairie de Paris qui a convaincu le gouvernement et le Parlement d’adopter cette mesure qui pourrait lui rapporter 43 millions d’euros. Plus précisément le groupe communiste de la majorité parisienne qui espérait même une hausse de 100 %, soit un doublement de la taxe d’habitation des propriétaires de résidence secondaires. Le plafond a été limité par les députés à 60  %, taquet repris à Paris. Jacques Baudrier, élu du 20e arrondissement, rappelle qu’entre 1999 et 2014, le nombre de résidences secondaires a bondi de 75.074 à 107.063 unités, une augmentation de 43 % qu’il compare avec les 3 % d’augmentation des logements.

Un taux de 21 %

Lundi la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a relativisé l’impact fiscal : « Le produit cumulé du taux de la taxe d’habitation et celui de la majoration sur les résidences secondaires se traduira par un taux de 21 %, c’est moins que la moyenne nationale. » Dans sa communication, la mairie reconnaît que la première majoration de 2015 n’avait pas suffi pour inciter des reventes, espérant cette fois un taux plus dissuasif. « Nous tablons sur plusieurs milliers de vente », espère Jacques Baudrier.

La mesure ne suscitera probablement pas le même engouement qu’avant. Son produit attendu est de 150 millions d’euros, similaire à la projection de 2015. Contactée par « Les Echos », la mairie Modem de Biarritz, qui faisait partie de la quinzaine de communes de Pyrénées-Atlantique ayant mobilisé le levier en 2015, explique qu’elle ne le fera pas cette fois. « C’est la tendance sur la côte », assure par ailleurs le cabinet du maire.

En Ile-de-France, Philippe Laurent (UDI) à Sceaux explique ne l’exclut pas dans les années à venir mais pas cette année. En revanche, le maire communiste de Montreuil, Patrick Bessac, a inscrit une majoration de 60 %, soit 550.000 euros de recettes au Conseil municipal de mercredi. L’Union nationale des propriétaire immobilier (UNPI) s’indigne, elle, de cette surenchère fiscale : « Certains propriétaires doivent déjà verser au titre de la taxe foncière jusqu’à trois mois de loyer. »

Matthieu Quiret

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

NKM veut une couverture du périphérique parisien

Souhaitant réduire la fracture entre Paris et la banlieue, la chef de l’opposition municipale défend ce projet mardi devant le Conseil de Paris.

Selon ses détracteurs, Anne Hidalgo est taxée de créer la rupture entre Paris et sa banlieue en interdisant depuis l’été les berges rive droite aux voitures venant largement des villes voisines. Dans ce contexte de tension et de polémique toujours vive autour de ces trois kilomètres de route piétonnisée, Nathalie Kosciusko-Morizet (les Républicains) a bien l’intention de faire figure de réconciliatrice. La chef de file de l’opposition municipale a ressorti des cartons une idée qui figurait dans son programme lors des précédentes municipales: la couverture du périphérique.

Avec ce projet, soumis ce mardi au Conseil de Paris, la responsable politique compte adresser un message architectural: faire cesser la fracture qui existe entre Paris et sa banlieue. Avec ses 35 km de rocade utilisés chaque jour par 1,1 million de véhicules, le périphérique constitue indéniablement une frontière entre la capitale et les villes limitrophes. Il est aussi un enfer pour les quelque 100. 000 riverains en prise directe avec les émissions de polluants et de bruit liées au trafic. Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet note dans son dossier de presse relatif à ce projet qu’aujourd’hui l’Hôtel de ville dirigé par l’élue socialiste se préoccupe beaucoup des aménagements de l’hypercentre de Paris en proposant rues piétonnes et circulation douce «achevant de créer», peut-on lire, «un Paris à plusieurs vitesses»…

À ce jour, seulement 6 kilomètres sont couverts, notamment à l’ouest de la capitale. Il s’agit donc de poursuivre la couverture quand celle-ci est techniquement possible ou d’imaginer divers aménagements en vue de créer de nouveaux espaces urbains qui viendront ainsi effacer la rupture. À ceux qui déjà dénoncent ce projet comme étant irréalisable en raison de son coût pharaonique, l’entourage de la chef de file de l’opposition rétorque qu’il s’agit de lancer un appel à projets. «Il permettra aux promoteurs de financer ces travaux et en contrepartie ils exploiteront de nouvelles surfaces aménageables. C’est la nouveauté de ce projet», explique-t-on en faisant valoir que de nombreuses viles se sont lancées dans ce type de travaux. Parmi elles: Hambourg et Madrid.

Cette proposition, qui a peu de chances d’être votée, rejoint les nombreuses réflexions en cours portant sur la circulation dans la capitale. L’équipe d’Anne Hidalgo a quant à elle choisi de présenter lors du Conseil de Paris un vaste plan piéton, tout en gardant le cap sur l’objectif phare qui est la réduction de la place de la voiture. Nathalie Kosciusko-Morizet a donc une autre vision. Il s’agit pour elle de maintenir une part du trafic mais d’en effacer les effets négatifs.

Angélique Négroni

 

::: ECONOMIE

L’OPINION – 31/01/2017

Medef : nouveaux tiraillements internes sur l’Assurance-chômage

Alors que la CPME, l’UPA mais aussi la plupart des syndicats seraient disposés à rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage, le Medef pour l’instant freine des quatre fers, faute de consensus interne

Les réunions se multiplient en bilatérales, mais aussi en interne au sein du patronat, d’une part, et des syndicats, d’autre part, au sujet de l’Assurance-chômage. Les uns et les autres se sont engagés à se prononcer avant le 15 février sur la réouverture éventuelle d’une négociation.

Au Medef, la gêne est palpable. L’organisation patronale refuse tout commentaire sur les discussions en cours autour de l’assurance-chômage. Mercredi, se tient une réunion interne – avec de petits airs de réunion de crise – de son pôle social.

Syndicats et patronats ont en ligne de mire le 15 février. C’est à cette date qu’ils décideront d’ouvrir ou non de nouveau une négociation. Avec cet impératif que tous revendiquent : « Si on relance un round, c’est pour aboutir ». Reste que les syndicats (y compris FO) semblent nettement plus enclins à trouver des compromis, ne serait-ce que pour montrer que le paritarisme a sa raison d’être et sait prendre ses responsabilités.

Pas question, en effet, de revivre l’échec de juin dernier. « Le contexte est plus favorable, c’est dépassionné par rapport à la séquence de la loi Travail. Aujourd’hui, ça s’est apaisé », assure un membre de l’équipe patronale, plutôt optimiste. Pour d’autres, la période reste compliquée avec l’élection présidentielle : « Ouvrir une négo maintenant, c’est être kamikaze et n’avoir aucun sens politique ».

Ces deux points de vue traversent violemment le Medef. « On est de nouveau face à un patronat qui n’a pas de mandat et qui est incapable de se mettre d’accord », résume un négociateur syndical. Avec deux blocs. L’un, porté par les fédérations de la métallurgie et de la plasturgie, plutôt favorable à une reprise des négociations. L’autre, mené par la banque, l’assurance ou encore le bâtiment, nettement plus réticent.

Contrats courts. La taxation des contrats courts continue en effet de cristalliser les oppositions, même si des voies de passage semblent envisageables en faisant un distinguo entre contrats courts et très courts (moins d’un mois). Les syndicats exigent une taxation mais semblent prêts à plus de souplesse qu’en juin dernier : un prélèvement temporaire, modulé ou plus ciblé.

La dernière étude de l’Unedic montre que les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, entre 2000 à 2016. Certains secteurs sont nettement plus consommateurs que d’autres, « ce qui est embarrassant car, si on taxe ceux qui ont le plus recours aux contrats courts, cela fait voler en éclat la notion de mutualisation au sein du Medef », confie un dirigeant patronal.

En réalité, les tiraillements ne concernent pas que l’Assurance-chômage. « Aujourd’hui, vu les divisions internes, on aboutit à des propositions insipides », se désole un adhérent. Ainsi, mardi, le Medef présente-t-il ses propositions sur l’entreprenariat. Mais, selon une source proche du dossier, « tout a été aseptisé. Ce n’est pas avec la création d’un numéro de Siret dès 16 ans qu’on va changer les choses…». Le Medef comptait encourager le travail indépendant mais y a renoncé du fait d’une levée de boucliers de certaines fédérations, en interne.

Un poids lourd conclut : « On se moque des deux gauches mais on a aussi nos frondeurs ! Il faudrait qu’on ait une vraie clarification, ce n’est plus possible ». Pour le moment, Pierre Gattaz tente tant bien que mal de faire la synthèse.

Fanny Guinochet

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité : les entreprises au pied du mur

Les employeurs doivent remplir d’ici à mardi soir les déclarations 2016 des expositions aux risques de leurs salariés, malgré leurs nombreuses réticences vis-à-vis du dispositif.

Le couperet tombe… ce mardi! Ce 31 janvier, les entreprises doivent avoir rempli leurs déclarations sociales au titre de 2016, en indiquant l’exposition de leurs salariés à dix facteurs de pénibilité. Elles auront jusqu’à fin septembre pour corriger leurs saisies. Une obligation administrative source de complexité et d’inquiétude pour la majorité d’entre elles! Quatre facteurs – les plus faciles à mesurer: travail de nuit, répétitif, en milieu hyperbare et en équipes successives alternantes – sont en vigueur depuis janvier 2015. Mais s’y sont ajoutés le 1er juillet dernier six critères (port de charge lourde, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux, températures extrêmes et bruit) bien plus complexes à appréhender.

Toutes les entreprises se retrouvent donc en ce début d’année, au moment de l’envoi des déclarations annuelles de données sociales (DADS) ou de la déclaration sociale nominative (DSN), au pied du mur. Il leur faut inscrire noir sur blanc si leurs salariés ont été exposés à un ou plusieurs des critères l’année passée et, si oui, dans quelle mesure. Or la très grande majorité des employeurs, notamment de PME et de TPE, n’aura pas rempli à l’heure son obligation. «Elles ne sont même pas capables de dire si elles sont ou non éligibles au dispositif car elles ne savent pas comment mesurer les six nouveaux critères», jure Jean-Eudes Du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME). De fait, les branches professionnelles sont encore en train de définir les référentiels, sorte de «mode d’emploi» à l’attention de leurs adhérents, pour remplir les fiches d’exposition à la pénibilité.

Au-delà de la difficulté technique, nombre de PME sont réticentes à appliquer cette mesure dont elles demandent l’abrogation. Et beaucoup jouent la montre, misant sur une alternance politique en mai (François Fillon a en effet promis de supprimer le dispositif) ou espérant un coup de pouce du Conseil d’État (la CPME a déposé en décembre un recours en annulation de ses décrets d’application).

Cotisation spécifique

Leur réticence s’explique par trois raisons majeures. Primo, les patrons sont rebutés par la complexité de la mesure, qualifiée «d’usine à gaz» à l’heure de la simplification administrative. Secundo, remplir cette déclaration revient à reconnaître que le salarié est exposé à un risque, ce qui inquiète juridiquement les employeurs. Tertio, l’ensemble constitue une charge financière conséquente. En effet, déclarer qu’un salarié a été exposé à un risque déclenche le versement d’une cotisation spécifique – en plus de la cotisation générale touchant toutes les entreprises – qui viendra alimenter le compte de prévention de la pénibilité (C3P) du salarié. Un compte que ce dernier pourra utiliser pour financer une formation à un autre métier moins exposé, compenser un passage à mi-temps ou financer un départ anticipé en retraite.

D’autres, enfin, trouvent que la loi manque totalement son objectif. «C’est une loi scélérate. Les quotas d’heures d’exposition sont tellement élevés que dans mon entreprise personne n’est concerné, fulmine Jean-Claude Brossier, patron d’une PME (160 salariés) de travaux publics à Tours. Il faudra justifier 6 mois de postures pénibles ou 4 mois à lever des charges lourdes ou 6 mois en températures extrêmes pour être reconnu en pénibilité». Une hérésie selon lui sachant que «dans les travaux publics, à peine 5 % de la population sera susceptible de répondre à l’un des critères».

Marathonien lui-même, il s’est très tôt intéressé à la santé au travail de ses salariés et a mis en place depuis douze ans diverses actions de prévention. Déçu, il conclut que «cette loi pénalise un peu plus les entreprises qui doivent faire des déclarations salarié par salarié avec plein de paperasses. Tout cela pour rien. Car on fait croire aux salariés à un rêve qu’ils ne vivront jamais».

Ce que risquent les récalcitrants

En cas de contrôle, les patrons qui n’auront pas déclaré leurs salariés exposés à l’un des dix facteurs de pénibilité risquent un redressement du montant des cotisations patronales spécifiques dues, mais également une pénalité par salarié jusqu’à 50 % du plafond mensuel de la Sécu (fixé à 3 269 euros en 2017), explique Angéline Duffour, du cabinet Cohen & Gresser. Ces sommes sont versées à l’État. En outre, si un salarié est victime d’un accident du travail, la faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue, engendrant une majoration des cotisations accident du travail, le versement d’une rente et des dommages et intérêts qui pourraient être demandés par le salarié.

Marie-Cécile Renault

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Pénibilité: le patronat est désuni sur le sujet

 

Alexandre Saubot, Président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du MEDEF

DÉCRYPTAGE – Les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes face aux textes de loi.

Voilà qui ne va pas aider les entreprises à y voir clair: les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes, voire dangereuses, face aux textes de loi.

Cinq fédérations professionnelles (négoce des matériaux de construction, poissonniers…) ont ainsi établi un référentiel, qui a été homologué par le ministère du Travail, sur lequel pourront s’appuyer leurs adhérents pour remplir leur déclaration de pénibilité. Neuf autres branches, dont le commerce à distance, ont conclu un document en attente d’homologation. Ce qui est peu depuis l’été 2015. «Ce sont surtout des branches où le personnel est peu concerné par la pénibilité», assure en outre Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME, représentant des PME). Au total, sur les 16 millions de salariés en France, seuls 515.000 seront couverts par ces référentiels.

Et pour cause: dans les branches très touchées, pas de référentiel en vue! «Il est impossible d’en faire un car les situations sont trop variables selon les chantiers», assène Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). La métallurgie n’en a pas publié non plus mais a édité un guide, qui a moins d’implications juridiques. Une variante de plus!

Légalisme du Medef

Autre complication, chacun interprète les textes à sa manière. À l’U2P (artisans et professions libérales) et à la CPME, on laisse entendre que les entrepreneurs peuvent attendre le 30 septembre pour remplir la déclaration. «Les entreprises ont jusqu’à cette date pour corriger leurs saisies», explique Pierre Burban, le secrétaire général de l’U2P. Et ce pour jouer la montre, mais sans le dire, en espérant la victoire de la droite, qui a promis d’abroger le compte pénibilité, à la présidentielle de mai. Le ministère du Travail conteste cette analyse, soulignant qu’«une déclaration pour être corrigée doit d’abord avoir été produite».

Le Medef, de son côté, prône le légalisme. «Nous demandons à nos fédérations d’aider les entreprises qui le souhaitent à remplir la déclaration d’ici au 31 janvier», rappelle Alexandre Saubot, le président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du Medef. Pas question pour l’organisation de Pierre Gattaz d’agacer le gouvernement dans la dernière ligne droite. Même si certains dirigeants comprennent que des fédérations professionnelles aient, sur le terrain, un discours très revendicatif. Pour ajouter à cette cacophonie, la CPME a choisi d’attaquer en justice, seule, des décrets d’application du compte pénibilité.

Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Le nombre de défaillances d’entreprises est en très net recul

Moins de 58.000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure judiciaire en 2016 (-8,3 %), selon Altares.
L’embellie va se poursuivre cette année : le nombre de défaillances devrait se rapprocher de son niveau d’avant crise.

L’année 2016 aura marqué une réelle embellie sur au moins un point : les défaillances d’entreprises. Selon la société Altares, le nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’une procédure judiciaire – redressement, liquidation ou sauvegarde – l’an passé a reculé de 8,3 % par rapport à 2015. Les défaillances sont même passées en 2016 sous la barre des 60.000 puisqu’elles se sont élevées à 57.844. « C’est 8.000 de plus qu’en 2007, avant la crise, mais on s’approche du niveau de 2008 », remarque Thierry Millon, directeur des études chez Altares. « Et si l’on ne s’intéresse qu’au quatrième trimestre, alors le nombre de défaillances est presque équivalent à celui des trois derniers mois de 2007. A partir d’octobre, l’embellie s’est amplifiée chaque mois », souligne-t-il.

Le recul des défaillances sur le seul quatrième trimestre atteint 12,2 %. L’amélioration est donc indiscutable, malgré le fait que la croissance de 2016 – attendue à 1,2 % – n’a pas été meilleure que celle de 2015. Mais les marges des entreprises ont continué à progresser l’an passé grâce aux mesures du gouvernement comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) et le pacte de responsabilité, ainsi qu’à la modération du prix du pétrole. Les taux d’intérêt toujours bas ont aussi contribué à les aider.

La confiance retrouvée des chefs d’entreprise

Autre preuve de l’embellie, tous les secteurs d’activité ont vu le nombre de sinistres reculer, à l’exception notable de l’agriculture où les défaillances ont continué à grimper. La construction va ainsi nettement mieux, comme le décollage du nombre de permis de construire le montre : le secteur a compté 2.300 défaillances en moins en 2016 par rapport à 2015. Le commerce et les services aux particuliers ont profité de la hausse de consommation et du regain de pouvoir d’achat. Même les entreprises de l’hébergement et restauration, très touchées par les attentats, s’en sortent finalement bien.

De la même façon, toutes les tailles d’entreprises profitent de cette amélioration, de la très petite à celle de plus de 100 salariés. Le recul est particulièrement prononcé pour les grosses PME. Logiquement, les procédures enclenchées l’an passé mettent donc moins d’emplois en danger : 200.000 environ, soit 35.000 de moins que l’année précédente. Ce mieux va-t-il se confirmer en 2017 ? « On voit que, tant les chefs d’entreprise que les consommateurs, retrouvent la confiance », pointe Thierry Millon. Il s’attend à un nouveau recul des défaillances, de 6 % cette année, à 54.000 sinistres environ. Un tel chiffre ferait de 2017 la meilleure année depuis 2007 et permettrait de s’approcher du niveau des défaillances enregistrées avant la crise. L’assureur-crédit Euler Hermes anticipe aussi un recul du même ordre (-7 %).

Dans le même temps, les créations d’entreprises ont tendance à augmenter. Plus de 330.000 entreprises ont été créées l’an passé, hors micro-entreprises, soit autant qu’en 2007. D’autres pays, notaient récemment les économistes de la Coface, ne peuvent pas en dire autant. Ainsi, en Allemagne, les créations d’entreprises sont de 20 % inférieures à celles de 2007. Mais le pays affiche, il est vrai, un taux de chômage bien plus faible qu’en France.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 31/01/2017

5 heures : la mise en garde de France Stratégie

Le think tank appelle les candidats à la présidentielle à clarifier l’objectif poursuivi par une réforme du temps de travail.

C’est une « note d’action critique » sur un sujet politiquement très clivant dans la campagne présidentielle, que publie France Stratégie ce mardi matin et dont « Les Echos » ont eu copie. Elle porte en effet sur le temps de travail. Victorieux de la primaire du PS dimanche, Benoît Hamon prône le passage de 35 à 32 heures. A droite, François Fillon, lui, veut supprimer toute durée légale et, par voie de conséquence, la majoration obligatoire des heures supplémentaires.

Le centre de réflexion rattaché à Matignon ne prend pas position pour l’un ou l’autre, mais « veut clarifier le débat en identifiant l’objectif visé », explique l’un de ses auteurs, Fabrice Lenglart, commissaire général adjoint de France Stratégie. Celui d’une réduction ou d’une augmentation de la durée du travail est le même : lutter contre le chômage, estime la note. Pour y réussir, dans un cas comme dans l’autre, il faut « avant tout veiller à maîtriser les coûts salariaux unitaires ».

Dans un « contexte de croissance faible et de rupture technologique », « une nouvelle baisse de la durée du travail […] peut être vue comme une modalité de partage du temps de travail » et « conduire à des créations d’emplois et à une baisse du chômage à court terme », admet France Stratégie. Mais pour qu’elle soit « durable », il faut des gains de productivité via une « réorganisation des méthodes de travail » et une modération y compris des bas salaires. A défaut d’une baisse du SMIC mensuel, l’institut évoque la nécessité de nouvelles baisses des prélèvements sur les entreprises, alors même que les allégements de cotisations « ont déjà considérablement augmenté ». A contrario, une hausse de la durée du travail « risque d’entraîner à court terme une hausse du chômage dans la mesure où les entreprises auront tendance, à niveau donné de leurs carnets de commandes, à ajuster leur cible de main-d’oeuvre à la baisse », surtout si la conjoncture est déprimée, juge le think tank. A moyen terme, l’effet peut s’inverser, à la condition d’une hausse des salaires inférieure à celle de la durée du travail, conduisant à une baisse des coûts salariaux unitaires. Sans garantie cependant « sur la motivation des salariés et donc sur leur productivité ».

S’il renvoie donc dos à dos droite et gauche sur le temps de travail, France Stratégie n’oublie pas pour autant un troisième scénario : celui défendu par Emmanuel Macron, qui a évoqué l’idée d’une durée du travail qui varierait selon l’âge du salarié. D’autres pays ont d’ailleurs engagé des réformes en ce sens. Mais elles visent à « porter l’adéquation tout au long de la vie des temps de travail aux aspirations des salariés à plus de liberté dans la gestion de leur temps et aux besoins de flexibilité des entreprises », pas à baisser le chômage, avertit France Stratégie, qui inclut dans une telle logique le travail du dimanche.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 31/01/2017

Hôtellerie-restauration : le patronat pousse son plan d’action

L’Umih appelle à gagner 1 point de PIB en cinq ans.
Soit 200.000 emplois et 21 milliards supplémentaires.

Le tourisme ne sera pas absent des débats de la campagne présidentielle, ni de ceux des élections législatives et sénatoriales qui suivront. L’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, et ses syndicats associés vont profiter de cette séquence politique chargée pour porter haut les couleurs de ce secteur clef – 7,4 % du PIB en 2015 et quelque 2 millions d’emplois – en proposant un « Plan d’actions à l’adresse des candidats aux élections de 2017 ».

Officialisé ce mardi et présenté sous la forme d’un livret didactique, ce plan s’articule autour de « 7 priorités » – accompagnées de diverses mesures -, la première d’entre elles entraînant les six autres : l’Umih appelle tout d’abord à gagner 1 point de PIB supplémentaire en cinq ans, soit 21 milliards d’euros de recettes additionnelles (la consommation touristique représente près de 159 milliards) et 200.000 emplois.

Création d’un fonds pour la promotion

Reprenant l’objectif gouvernemental des 100 millions de visiteurs étrangers en 2020, à comparer à environ 85 millions en 2015 et probablement entre 80 et 82 millions l’an dernier, l’Umih préconise de porter à 100 millions d’euros par an le budget alloué à la promotion. Pour ce faire, elle plaide pour la création d’un fonds, soutenu par l’Etat et alimenté par « tous les acteurs » profitant du tourisme.

En outre, l’organisation préconise de simplifier le pilotage de la filière, qui dépend de deux ministères – Economie et Affaires étrangères – et de deux secrétariats d’Etat, avec la création d’un ministère du Tourisme de « plein exercice ». Par ailleurs, le plan de l’Umih remet sur la table des thématiques bien connues mais pas assez « creusées », comme la valorisation de l’apprentissage et la simplification administrative. Autres sujets lancinants : la stabilisation de la fiscalité et le respect par les plates-formes Internet de leurs obligations légales.

Christophe Palierse

 

LES ECHOS – 31/01/2017

Les grands ports français résistent

 

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe.

Le ralentissement du commerce mondial, de mauvaises récoltes céréalières et la crise énergétique ont pesé en 2016.
Des investissements en hausse, des efforts sur la logistique et des chantiers innovants soutiennent l’activité.

Promulguée le 21 juin 2016, la loi sur l’Economie bleue censée traduire « une politique maritime ambitieuse », comme s’en félicitait Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, ne sera pas du luxe pour le domaine portuaire français. L’initiateur de ce texte, le député PS Arnaud Leroy, en appelait d’ailleurs à « un véritable plan Marshall portuaire ». Au vu des bilans d’activité mitigés des grands ports maritimes français, ces infrastructures portuaires en ont plus que jamais besoin.

Haropa – Le Havre, Rouen, Paris

Les ports de Paris, Rouen et Le Havre, qui constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe, ont enregistré en 2016 une baisse de 4,8 % de leurs trafics maritimes, à 87,1 millions de tonnes, pénalisés notamment par la mauvaise récolte céréalière. Pour Hervé Martel, son président (et directeur général du Port du Havre), Haropa « a cumulé les handicaps sur des facteurs exogènes ». Ceux-ci n’ont cependant pas empêché le trafic de conteneurs de battre « pour la deuxième année de suite son propre record de et vers le marché français », avec 1,96 million d’EVP (pour équivalent vingt pieds, unité de mesure des conteneurs), en hausse de 0,6 %. Sur la période 2011-2016, la part de marché des ports de Paris, Rouen et Le Havre sur les conteneurs échangés dans les ports du « range nord » européen est passée de 5,9 % à 6,4 %. En 2017, Haropa va investir près de 95 millions d’euros, tandis que les investissements privés devraient atteindre plus de 595 millions, contre 527 millions en 2016.

Marseille Fos

Malgré « la réduction de la rente pétrolière », que pointe du doigt Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille Fos, la hausse du nombre de conteneurs débarqués (+3 %), mais aussi de voitures (+5 %), remorques (+7 %), « petits vracs » et GNL a permis de stabiliser le trafic 2016 au niveau de 2015, avec un trafic total de 80,9 millions de tonnes. Quant au trafic passagers, à 2,7 millions (+6 % sur un an), il témoigne du succès de la destination provençale pour les croisiéristes (+9 %), du dynamisme des lignes vers l’international (+12 %) et d’un retour à la normale pour la desserte de la Corse. De quoi rendre les autorités portuaires « assez confiantes » pour 2017. D’autant que s’y ajoute, à terre, un potentiel logistique, comme l’illustrent les 250.000 mètres carrés développés en 2016. Les investissements totaux ont progressé de 22 %, à 55 millions d’euros.

Si la fermeture de la raffinerie Total de La Mède symbolise la fin d’un modèle, le positionnement de Marseille Fos sur la transition énergétique est conforté par de nombreux projets. Quant au choix du néerlandais d’Interxion de baser son futur data center dans des locaux portuaires obsolètes, il souligne encore ce changement d’ère. En 2017, le port de Marseille table sur une croissance de 2,2 % de son trafic et des investissements en hausse de 18 %, à 65 millions.

Dunkerque

Troisième des grands ports maritimes en termes de trafic, Dunkerque a vu son activité en 2016 freinée par les arrêts techniques pour maintenance d’un des hauts fourneaux d’ArcelorMittal, la fermeture définitive de la société de raffinerie de Dunkerque et le retard dans le démarrage de l’exploitation du terminal méthanier. Il a néanmoins réussi à maintenir son tonnage, à 46,7 millions de tonnes (+0,3 %). Avec le trafic de Calais et Boulogne-sur-Mer, les ports des Hauts-de-France totalisent 90,7 millions de tonnes. L’Association des ports des Hauts-de-France vient d’ailleurs d’être créée avec pour objectif avoué de gagner des parts de marché sur Le Havre au sud et Anvers et Rotterdam au nord, grâce au futur canal Seine Nord, qui leur permettra d’aller chercher des flux de conteneurs dans l’« hinterland », à l’intérieur des terres. Dunkerque-Port a déjà enregistré en 2016 une progression record de 7 % de son trafic de conteneurs, à 341.000 EVP, souligne Stéphane Raison, président du directoire. Ce dernier se félicite du retour de grands groupes nordistes comme Castorama, Roquette ou encore Auchan. Selon des projections ambitieuses, le trafic conteneurs pourrait être multiplié par 7 en… 2035, à 2,5 millions d’EVP.

Nantes-SaintNazaire

Après cinq ans de baisse continue, le trafic du port de Nantes-Saint-Nazaire a légèrement progressé en 2016, à 25,5 millions de tonnes (+0,3 %). La progression aurait été plus marquée sans les blocages de la raffinerie de Donges liés à la loi travail, en mai et juin 2016. Les trafics énergétiques, qui représentent 64 % des volumes, ont néanmoins progressé de 6,5 %. Autre satisfaction, le sursaut du trafic roulier (+19 %) porté par l’autoroute de la mer Vigo-Montoir et par la Milk Run Med. Celle-ci, transportant des colis aéronautiques, est désormais utilisée par Renault Nissan et Scania. Le trafic du terminal à conteneurs de Montoir a lui perdu 2 %, à 183.000 EVP. Nantes-Saint-Nazaire reste très au-dessous de son équilibre économique. Il lui faudrait 30 millions de tonnes pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Pour y parvenir, les investissements se poursuivent avec 40 millions d’euros programmés cette année, après 30 millions l’an dernier.

Bordeaux La Rochelle

Le port de Bordeaux a vu son trafic reculer de 6,5 %, à 7,85 millions de tonnes, l’an dernier sous l’effet de la baisse des exportations de céréales, qui pèse un quart du tonnage traité. Les hydrocarbures, autre grand poste d’activité, ont faibli de 1,7 %. Une lente glissade qui a fait le bonheur de La Rochelle, un port en eau profonde et désormais premier port en tonnage de la région Nouvelle-Aquitaine, à 9,23 millions de tonnes (-5,9 %). Avec le projet XL Gironde de dragage de l’estuaire dans lequel le port de Bordeaux investit 15 millions d’euros cette année, le port a l’ambition de faire gagner près de 10 % de tirant d’eau aux navires. Enfin, Bordeaux s’invite parmi les destinations de choix pour les croisiéristes. Ils ont été 50 à accoster en 2016, en hausse de 40 % par rapport à 2015, et devraient être 53 cette année.

Antoine Boudet et Nicole Buyse

 

::: POLITIQUE

FRANCEINFO – 31/01/2017

Présidentielle : les propositions du Medef pour sauver l’entreprise

 

Le président du Medef Pierre Gattaz le 10 janvier 2017 à l’Elysée au moment des vœux aux partenaires sociaux.

Franceinfo vous révèle les propositions que le Medef va soumettre mardi 31 janvier aux candidats à la présidentielle pour sauver l’entreprenariat. 

Pour le Medef, le constat est simple : le sujet de l’entreprenariat est en train de passer à la trappe des programmes des candidats à la présidentielle. A trois mois du scrutin, le patronat se mobilise pour remettre ce sujet au centre du débat. Le Medef et le collectif Entreprendre2017 dévoilent mardi 31 janvier plusieurs  propositions concrètes à destination des candidats de droite comme de gauche.

Insuffler l’esprit d’entreprendre aux plus jeunes

Le Medef préconise de sensibiliser les élèves dès l’école primaire mais aussi les apprentis, les étudiants et les enseignants via des méthodes ou des formations spécifiques.

Encourager la création d’entreprise

Pour créer plus d’entreprise et diminuer le taux de défaillance, le Medef veut revoir le dispositif d’exonération de charges sociales la première année.

Simplifier la cession des entreprises

Le collectif propose de supprimer la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Cette loi oblige les patrons à informer les salariés de tout projet de vente de l’entreprise, deux mois avant l’échéance, sous peine d’amende.

Attribuer un numéro de Siret à tous les Français dès l’âge de 16 ans

Le numéro Siret est un peu le numéro de la carte d’identité d’une entreprise. Avec cette mesure, le Medef estime que les Français pourront créer une entreprise à n’importe quel moment. Cette proposition avait déjà été avancée par Jean-François Copé lors de la campagne de la primaire de la droite.

Sarah Lemoine

 

 

L’OPINION – 31/01/2017

Hamon ou la tentation du clash avec le PS

Rallier la gauche au-delà du PS ou rassembler l’ensemble de la famille socialiste ? Benoît Hamon est désormais au pied du mur. Prochain test : la convention d’investiture, ce dimanche

Le Premier ministre a reçu lundi Benoît Hamon. À l’issue de ce tête-à-tête, Bernard Cazeneuve a mis en garde le vainqueur de la primaire : « Je le dis franchement et nettement à Benoît Hamon, la gauche ne réussira pas sans assumer le bilan de François Hollande. » De son côté, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a indiqué que le quinquennat était « bon sur certains aspects, plus discutables sur d’autres », souhaitant « enrichir son projet mais sans le dénaturer ». Benoît Hamon doit s’entretenir jeudi avec le président de la République.

Lundi, en fin d’après-midi, dans la cour de Matignon, le Premier ministre, après une heure et demie de tête-à-tête avec le candidat socialiste, a adopté un ton particulièrement grave : « Benoît Hamon a une responsabilité éminente. C’est à lui de rassembler, de trouver les mots ». Puis il a souligné qu’en tant que chef de la majorité, il œuvrerait lui-même pour rassembler les progressistes, mais « dans un souci de crédibilité, de vérité et de confrontation avec la réalité. » Chaque mot est pesé au trébuchet et renvoie aux interrogations qui pèsent sur Benoît Hamon.

Le Premier ministre n’a pas adopté ce ton « de la dernière chance » par hasard. Depuis quelques jours, les proches de Benoît Hamon ne cessaient de susurrer, dans un sourire entendu, « vous verrez dimanche, il fera un discours d’ouverture. » À l’heure dite, dimanche soir, la famille socialiste était donc sur France2 pour entendre son nouveau candidat à l’élection présidentielle. Son intervention a eu l’effet d’un coup de massue. En s’adressant directement à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, il a fait exactement le contraire de ce que beaucoup espéraient.

Héros des frondeurs. Benoît Hamon n’a envoyé aucun signe propre à rassurer les proches de Manuel Valls ou du chef de l’État. Ni sur le bilan, ni sur son propre programme qui aurait été passé à la paille de fer de la crédibilité. Il a suivi la dynamique de la primaire, qui le déporte sur sa gauche, visant à « ringardiser Mélenchon », à demeurer le héros des frondeurs et l’épouvantail de tous les socialistes qui estiment que l’histoire rendra justice à ce quinquennat. « Soit il représente une candidature de témoignage, qui va tenter de prendre deux ou trois points à Mélenchon dans l’objectif d’incarner après 2017 le leadership de l’opposition, soit il veut véritablement se hisser à 20 %, se battre pour être au deuxième tour de la présidentielle et il se recentre au cœur de la famille socialiste », souligne un poids lourd du gouvernement.

Lundi matin, à Matignon, le Premier ministre qui avait réuni tout son gouvernement, avait perçu une ambiance proche de la sidération. « Autour de la table, la plupart des ministres étaient plongés dans la stupéfaction, note un secrétaire d’État. Beaucoup ne vont avoir qu’une idée en tête, se mettre en quarantaine ».

« C’est manifestement notre candidat, remarque un ministre abattu. On ne peut donc pas lui cracher à la figure ». Même parmi les socialistes les moins critiques à l’égard de Benoît Hamon, on estime que son entrée en scène présidentielle a été une erreur. « Aujourd’hui, l’opinion majoritaire à gauche, c’est qu’être légitimiste, c’est voter Macron. Il doit renverser la vapeur », observe un leader du PS. Un proche de François Hollande approuve : « Macron, lui au moins, il ne dit pas de mal du bilan, il se contente de dire du bien de ce qu’il va faire ».

Un reproche qu’a dû percevoir Benoît Hamon. Lors du Journal de 20 heures, lundi 30 janvier sur France 2, l’ancien ministre a en effet admis que ce quinquennat était pourvu « d’éléments positifs », louant le combat de Matthias Fekl contre le Tafta ou la persévérance de Marisol Touraine sur le compte pénibilité. Il s’est par ailleurs dit prêt à s’inspirer des « contributions qui sont celles de la famille socialiste » pour enrichir son programme, tout en restant ferme sur le revenu universel, dont il « maintiendra le cap ».

Grand oral. « On a une vingtaine de jours utiles pour mettre tous les signaux au vert : rassembler, éviter l’hémorragie et poursuivre la dynamique. Il y a une bataille de l’opinion interne au PS à mener », estime Régis Juanico, le porte-parole de Benoît Hamon. Après avoir hésité, le candidat a préféré reporter l’épreuve d’affronter les députés socialistes à l’occasion de la réunion de groupe. Son grand oral face aux députés n’aura pas lieu ce mardi matin. « Il faut laisser les choses se décanter, ne pas mettre la pression », observe un proche de Hamon, ce que traduit un leader socialiste : « Il lui était difficile de faire face à 200 députés hostiles ».

En réalité, tout devrait se dénouer le 5 février, à la convention d’investiture. À 12 heures 30, Benoît Hamon prendra longuement la parole devant 2 000 socialistes. « On verra alors s’il est en capacité de parler à tous », note un proche du chef de l’État, qui sera présent à la Mutualité. Concrètement, cela veut dire donner des gages sur le bilan et ses propres propositions. Les Hollandais, qui se réunissaient lundi soir autour de Stéphane Le Foll, au ministère de l’Agriculture, rue de Varenne, ont une idée très précise des points durs. Pour eux, le bilan ne se cristallise pas sur le 49.3 ou sur la déchéance de nationalité, deux marqueurs dont ils ne font pas des totems.

En revanche, la loi El Khomri ne peut être simplement rayée d’un trait de plume. « Il faudra dimanche qu’il nous dise clairement ce qu’il peut garder de la loi », affirme l’un d’entre eux. Benoît Hamon est également attendu sur le Pacte de responsabilité. « Il a indiqué que la première marche de son revenu d’existence, c’était l’équivalent du Pacte de responsabilité et de compétitivité, soit 40 milliards d’euros. Soit il a pris seulement un élément de comparaison, soit il a l’intention de revenir sur le Pacte, et il franchit la ligne jaune ».

Droit d’inventaire. Lundi matin, autour de Bernard Cazeneuve, le débat s’est également noué sur la question du bilan. « L’idée qu’il y a une sorte de droit d’inventaire dans ce quinquennat n’est pas totalement absurde, souligne un membre du gouvernement. On voit bien que notre électorat rejette une partie de ce bilan, et que ceux qui s’en sortent le mieux dans l’opinion sont ceux qui ont pris leurs distances avec Hollande et son bilan. Après, on ne peut pas gagner en disant que tout a été nul non plus. Le problème, c’est de trouver la bonne distance. » Ce ministre fait remarquer que Benoît Hamon était membre du gouvernement lorsque François Hollande a annoncé le CICE, puis amorcé, avec le Pacte de responsabilité, son tournant social-libéral, et n’a pas bronché.

Au sein du gouvernement et du « marais » parlementaire, on est donc prêt à s’accorder sur un possible soutien à Benoît Hamon. Mais cela n’ira pas sans sacrifices pour ce dernier. « Il a donné suffisamment de gages à gauche, notamment aux jeunes CSP + qui soutiennent Mélenchon, maintenant, il doit se recentrer, faire la synthèse », espère encore un jeune ministre. Mais rien n’indique à ce stade que Benoît Hamon, fort de ses 59 % de suffrages, ait la moindre intention de se livrer à cet exercice.

Jean-Jérôme Bertolus

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Jadot invite Hamon à « s’émanciper » du PS

Le candidat écologiste déclare qu’il y aura « un bulletin Jadot à la présidentielle ». Les vallsistes, eux, demandent à Benoît Hamon un projet présidentiel de nature à créer « une dynamique de rassemblement ».

Benoît Hamon, qui a remporté la primaire à gauche dimanche 29 janvier, a annoncé au soir des résultats qu’il comptait dialoguer avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et avec Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche qui se présente désormais sous la bannière du mouvement La France insoumise. « Je proposerai à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de construire une majorité gouvernementale sociale, économique et démocratique, a déclaré celui qui est désormais le candidat du PS à l’élection présidentielle. Il faudra rassembler la gauche et les écologistes. »

Invité sur BFM-TV, Yannick Jadot s’est félicité lundi de la victoire de Benoît Hamon. « En temps que candidat écologiste qui veut que le débat écologiste s’ouvre [largement] en France », c’est une « excellente nouvelle », a-t-il dit. En revanche, le candidat EELV ne s’est pas prononcé sur un éventuel soutien au candidat issu de la primaire à gauche, estimant que la question était maintenant celle de la « cohérence ».

« Si Benoît Hamon est prêt à s’émanciper d’un Parti socialiste qui n’a jamais fait sa conversion écologiste, je militerai à ses côtés pour que nous nous lancions ensemble dans cette grande aventure. » Mais « si l’objectif d’Hamon est de faire le compromis avec Valls, il n’y aura pas de grande dynamique ». « Ce que je lui propose, c’est le grand large », a-t-il déclaré.

  1. Jadot a souligné par ailleurs que la question de son désistement n’était pas à l’ordre du jour : « J’ai un mandat, je suis le candidat écologiste issu d’une primaire. » « Il y aura un bulletin Jadot à la présidentielle », a-t-il assuré, ajoutant qu’il avait pour l’heure rassemblé 350 signatures sur les 500 nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle.

« Tendre la main »

Lundi, le directeur de campagne du candidat vainqueur, Mathieu Hanotin, a répété l’appel au rassemblement lancé la veille par Benoît Hamon. « Le rassemblement c’est bien au-delà des acteurs institutionnels, politiques, qui ont fait le choix d’être candidats, ça s’adresse avant tout aux citoyens de gauche », a-t-il estimé à l’antenne de LCI.

« Est-ce que le bilan de François Hollande est indéfendable ? Certains l’ont dit, Benoît Hamon ne l’a pas dit », a également déclaré le député de Seine-Saint-Denis, soucieux de tendre la main aux soutiens de Manuel Valls. Soulignant trois divergences fortes avec la politique gouvernementale – « la déchéance de nationalité, la loi travail, l’utilisation du 49-3 » – M. Hanotin a ajouté : « En dehors de ça, il s’est quand même passé beaucoup de choses au gouvernement et beaucoup de choses sur lesquelles à titre personnel, [et] Benoît Hamon lui-même, nous avons voté les lois », a-t-il assuré.

Au micro de RTL, le porte-parole de Manuel Valls, Philippe Doucet, soutient qu’il revient à M. Hamon de « tendre la main » et de faire « l’inverse » de ce qu’a fait François Fillon après sa victoire à la primaire de la droite.

« Je pense qu’il y a des désaccords qui resteront. Mais Benoît Hamon, dans la semaine, dans les quinze jours qui viennent, il a un choix à faire (…). Il doit élargir, il doit passer d’un projet de la primaire à un projet de la présidentielle. »

  1. Doucet soutient que le vainqueur de la primaire à gauche a « intérêt à réunir les candidats de la primaire autour de lui » pour avoir « une dynamique de rassemblement » et regarder « où il y a des points de convergence ».

Interrogé sur d’éventuels ralliements à Emmanuel Macron de parlementaires socialistes, le porte-parole de M. Valls a répondu : « On ne sait pas ce que pense Emmanuel Macron et puis, par ailleurs, quand vous êtes un député socialiste, élu par des électeurs socialistes avec des militants socialistes, vous avez aussi des comptes à rendre à vos propres militants et à vos propres électeurs, fait valoir Philippe Doucet. Je pense que la majorité des députés socialistes ne suivra pas Macron, (…) peut-être même moins d’une dizaine. C’est mon sentiment, je peux me tromper mais je pense que ça n’ira pas beaucoup plus loin. »

« Pas de rendez-vous pris » avec Mélenchon

Egalement invité au rassemblement dimanche par Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon avait opposé jeudi une fin de non-recevoir à toute idée en ce sens. Depuis, le candidat de La France insoumise a adouci son discours envers le candidat socialiste, saluant dimanche « des paroles si proches des nôtres » et « un fait qui donnera ses fruits le moment venu ».

Lundi, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, a estimé que la candidature de Benoît Hamon n’incarnait pas le renouvellement souhaité par les Français et a écarté l’idée que son leader puisse s’effacer au profit du candidat socialiste. « Ce serait extrêmement arrogant que le candidat PS dise (…) “arrêtez de faire campagne” », a-t-il déclaré, précisant qu’il y aurait bien un bulletin Mélenchon à la présidentielle.

Réaction d’Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, lundi sur Sud Radio-Public Sénat : « A ce stade, il n’y a pas encore de rendez-vous de pris » avec le candidat de La France insoumise.

Le candidat socialiste doit rencontrer lundi le premier ministre Bernard Cazeneuve et les membres du gouvernement, ainsi que François Hollande dans la semaine.

Vidéo : http://abonnes.lemonde.fr/primaire-de-la-gauche/article/2017/01/30/jadot-invite-hamon-a-s-emanciper-du-ps_5071594_5008374.html

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

François Fillon repart à l’offensive et compte cibler Emmanuel Macron

Le candidat de la droite estime avoir remobilisé ses troupes dimanche lors de son grand meeting de la Villette.

La justice a exaucé le vœu de François Fillon: il souhaitait être reçu «dans les plus brefs délais» par le parquet financier, il a été entendu lundi, avec son épouse. Pendant que l’enquête se poursuit, le candidat et son équipe essaient, eux, de continuer à mener campagne. Comme si de rien n’était, ou presque. Lors de la réunion des cadres qui a précédé le meeting de la Villette, dimanche matin, Patrick Stefanini, le directeur de campagne, n’a pas dit un mot du soupçon d’emplois fictifs qui pèse sur Penelope Fillon. «Il n’a parlé que de l’organisation, rapporte un participant, et c’était du Stefanini pur jus: net, carré.» François Fillon ne s’est pas montré. Il ne devrait pas non plus apparaître mardi devant les élus régionaux les Républicains, convoqués par le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer.

Quant aux parlementaires qui espéraient voir le candidat cette semaine, ils seront déçus. «Fillon considère que le meeting a remobilisé les troupes, il ne veut pas donner l’impression de s’occuper de l’interne, explique un proche. Il doit être entièrement tourné vers les Français.» Tous les porte-parole, Thierry Solère en tête, ont célébré le «beau discours» de leur champion à la Villette. «C’était puissant», a assuré le député LR des Hauts-de-Seine, reprenant un qualificatif employé par Jean-Pierre Raffarin.

Les lieutenants de l’ex-premier ministre doivent repartir à l’offensive. Conformément aux «éléments de langage» – «EDL» , dans le jargon de la communication politique – diffusés par le QG, les fillonistes les plus fréquemment invités dans les médias ont concentré leurs tirs sur Emmanuel Macron. Avant que l’issue de la primaire de gauche soit connue, la consigne était déjà de présenter le fondateur d’En marche! comme un «candidat de gauche». Depuis que Benoît Hamon a triomphé de Manuel Valls, l’angle d’attaque a été affiné. «Macron est désormais le dernier survivant du hollandisme», explique Thierry Solère, qui se réjouit que «la gauche soit segmentée entre deux représentants irréconciliables».

«Se battre comme un lion»

Vue du terrain, la séquence «remobilisation» paraît moins aboutie qu’on semble le penser à Paris. «Chez moi, c’est 50/50, raconte le député du Var Philippe Vitel. La moitié de nos électeurs considère qu’on harcèle notre candidat de façon ignoble, l’autre moitié est ébranlée.»

Assurant qu’il «garde le moral» et qu’il veut «se battre comme un lion», Vitel a apprécié le discours de Fillon, qu’il a suivi à la télé, mais juge qu’il en faudra plus pour reconquérir des sympathisants déroutés. Le problème, selon lui, ne se limite pas aux «boules puantes»: «Ce qui nous a fait beaucoup de mal, estime le député, c’est la santé. Le tract format carte postale de Marine Le Pen où elle dit “Fillon va vous rendre malade” a causé de gros dégâts, et ce que Fillon a dit à la Villette n’a pas suffi à rassurer les gens. Il faut leur expliquer qu’ils vont être mieux soignés pour moins cher!»

Dans le Var, «Macron prend au centre, mais aussi à droite», affirme Philippe Vitel, qui explique par «une obsession de renouveau» l’attraction opérée par le candidat d’En marche!

Dans le Maine-et-Loire, terre plus centriste, le député ex-juppéiste Marc Laffineur fait le même constat. Selon lui, «les gens sont très perplexes et très hésitants. Ceux qui se tournent vers Macron le font par attrait pour la nouveauté, mais aussi par rejet des autres. Mais ils ne sont pas encore dans la présidentielle. Ils ne s’intéressent pas à son programme, ils ne se demandent pas avec quelle majorité il pourrait bien gouverner». «Rien n’est perdu», assure Laffineur, qui est revenu plein d’espoir du meeting de la Villette: «Fillon a mis dans son discours beaucoup plus d’affect que d’habitude, et c’est très bien!»

Dans le Grand Est, la conseillère régionale sarkozyste Valérie Debord se réjouit, elle, des annonces sociales du candidat. «C’est exactement ce qu’on attendait, ça prouve qu’on a été entendus», confie-t-elle. Elle a pu vérifier lundi lors d’une galette des rois organisée par la Ville de Nancy que les retraités avaient apprécié les augmentations promises par François Fillon. Elle assure que «c’est de nature à contrebalancer la tentation de voter pour Marine Le Pen, plus présente dans cette partie de la France que la tentation Macron». Le FN aussi espère profiter des malheurs du candidat de la droite.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/01/30/35003-20170130ARTFIG00328-fillon-repart-a-l-offensive-et-compte-cibler-macron.php

 

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 31/01/2017

Brexit : les entreprises préfèrent l’Allemagne et les Pays-Bas à la France

 

Bye-bye London ? Bonjour Paris ? Pas évident.

Selon une étude d’EY, la France n’est que le troisième pays préféré par les entreprises étrangères pour relocaliser leur activité.

« Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. » Cette célèbre petite phrase du footballeur britannique Gary Lineker peut aussi s’appliquer à l’économie. En tout cas en ce qui concerne les conséquences du Brexit. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par le cabinet de conseil EY qui a interrogé 254 dirigeants de sociétés étrangères implantées au Royaume-Uni en novembre dernier. Selon cette enquête, 14 % des entreprises à capitaux étrangers installées de l’autre côté de la Manche estiment que le vote de juin dernier aura des conséquences sur leur organisation, ce qui les poussera à transférer tout ou une partie de leur activité autre part. « C’est considérable et cela va avoir un impact fort sur l’industrie manufacturière et l’industrie financière en Grande-Bretagne », estime Marc Lhermitte, associé chez EY et coauteur de l’étude.

L’Allemagne est la destination privilégiée par ces entreprises désireuses de transférer une partie de leur activité à l’étranger, suivie des Pays-Bas. La France n’arrive qu’en troisième position, juste avant l’Irlande. « Le contexte général est inquiétant pour les multinationales. Il existe une instabilité générale depuis l’élection de Donald Trump : les taux de change sont volatils et l’avenir du commerce international, incertain. Du coup, l’Allemagne, avec une élection à venir qui ne fait pas particulièrement peur, est vue comme un îlot de stabilité », explique Marc Lhermitte. D’ailleurs, chez les dirigeants interrogés, le Brexit n’apparaît que comme étant la troisième plus forte préoccupation, derrière la volatilité des marchés et l’instabilité politique des pays européens. A l’inverse, « la France ne propose pas un contexte politique très stable actuellement ni un environnement fiscal et réglementaire assez efficace », juge l’associé d’EY. A ce titre, « le résultat de l’élection présidentielle sera important ».

Les Asiatiques intéressés

Toutefois, l’Hexagone a des atouts à faire valoir, notamment sa capitale, dynamique et qui reste la plus grande ville d’Europe continentale. « A terme, le Grand Paris a beaucoup à gagner. Le jeu reste ouvert », pointe Marc Lhermitte. A la question de savoir quelles villes seraient leur destination privilégiée en Europe, les investisseurs étrangers interrogés par le cabinet de conseil citent d’abord Londres – pour 54 % d’entre eux – puis Paris, mis en avant par 48 % des investisseurs et enfin, loin derrière, Francfort, Berlin et Madrid. « Paris a réduit l’écart avec Londres, parce que l’enthousiasme pour la capitale britannique baisse et parce que les investisseurs cherchent une autre ville « réellement mondiale » en Europe, les Asiatiques se montrant particulièrement intéressés », notent les auteurs de l’étude.

VIDEO – Quels pays profitent vraiment du Brexit ? http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0211738648714-brexit-les-entreprises-preferent-lallemagne-et-les-pays-bas-a-la-france-2061379.php

 

Guillaume de Calignon

 

 

LE FIGARO – 31/01/2017

Merkel face à la pression de plus en plus forte d’Erdogan

Le président turc exige que l’Europe lui livre tous ceux qui tentent d’échapper à la purge déclenchée après le putsch manqué.

Angela Merkel se prépare à un exercice périlleux. Jeudi, la chancelière allemande se rend en Turquie pour parler, officiellement, de la crise des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme. Mais c’est tout simplement des relations entre l’Europe et Ankara dont il sera question, alors que le pouvoir se durcit dans la péninsule et menace l’Union. Le président Recep Tayyip Erdogan réclame le soutien des Européens dans son entreprise de purge de l’opposition, faute de quoi, laisse-t-il comprendre, l’accord sur le contrôle de la frontière, qui protège l’Union d’une éventuelle nouvelle crise migratoire, serait remis en cause.

De l’autre côté de la mer Égée, l’embarras est perceptible face à l’escalade d’Ankara. En témoigne la gêne des autorités allemande ou grecque vis-à-vis des militaires turcs qui ont fui leur pays depuis la tentative de putsch avortée du 15 juillet dernier. Une quarantaine d’officiers de haut rang stationnés sur les bases de l’Otan ont ainsi demandé l’asile en Allemagne, ont révélé Der Spiegel et l’ARD ce week-end. «Si je retourne en Turquie, je risque d’être emprisonné et peut-être même torturé», a déclaré l’un des militaires aux médias allemands. Il craint d’être accusé d’avoir soutenu le coup d’État. Il assure pourtant n’avoir «aucune sympathie pour les putschistes».

La réponse turque n’en a pas moins été cinglante: «Les autorités et les tribunaux allemands doivent y réfléchir très attentivement et absolument rejeter leurs demandes», a affirmé le ministre de la Défense, Fikri Isik. Les procédures suivront leur cours comme pour n’importe quelle demande d’asile, ont laconiquement réagi les autorités allemandes.

La mise en garde du pouvoir turc à Berlin est du même ordre que celle adressée à Athènes la semaine dernière. Le gouvernement turc exige que huit militaires, qui ont fui le pays le 16 juillet, lui soient remis. Mais la Cour suprême grecque s’est opposée à leur extradition vers la Turquie, alors qu’ils ont été jugés et condamnés en Grèce pour être entrés illégalement sur le territoire. «Nous ne pouvons pas regarder positivement un pays qui protège des terroristes, des traîtres, des putschistes», a menacé vendredi Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères. «La Grèce doit savoir cela. Nous prendrons les mesures nécessaires, y compris l’annulation de l’accord de réadmission», a-t-il prévenu.

À Athènes, le premier ministre Alexis Tsipras s’est retranché derrière l’institution judiciaire. «Les responsables du coup d’État ne sont pas les bienvenus dans notre pays, a-t-il souligné, mais la justice grecque est indépendante.» Pour la Cour suprême, les militaires condamnés risquaient d’être torturés dans leur pays.

En Turquie, la chancelière se prépare à un numéro d’équilibriste. L’opposition turque critique son voyage, qui ne pourra servir qu’à «soutenir» Recep Tayyip Erdogan, a déclaré son leader, Kemal Kiriçadaroglu, dans une interview à la Süddeutsche Zeitung. À quelques semaines d’un référendum pour renforcer ses pouvoirs, le président turc savoure son influence: avant de recevoir la chancelière, c’est la première ministre britannique, Theresa May, qui a fait le déplacement jusqu’à lui.

À Berlin, on est conscient des contradictions. Mais Angela Merkel tient coûte que coûte à l’accord sur les réfugiés qu’elle a négocié l’année dernière. Elle veut aussi éviter un raidissement des relations diplomatiques qui pousserait Ankara dans les bras de Moscou. Au ministère des Affaires étrangères, on plaide pour le maintien du dialogue avec Ankara. On veut croire aussi que la Turquie n’a pas intérêt à rompre ses relations avec l’Europe.

Nicolas Barotte

 

 

LE MONDE – 31/01/2017

Theresa May maintient l’invitation à Donald Trump en dépit des protestations

Des milliers de personnes ont manifesté, lundi en Grande-Bretagne, contre la venue annoncée du président américain.

« Honte à May ! ». Pour la première ministre britannique, le retour de bâton est spectaculaire. Deux jours après avoir été couverte de louanges par la presse conservatrice pour sa prestation jugée plutôt habile au côté de Donald Trump à Washington, des milliers de manifestants l’ont conspuée, lundi 30 janvier, toute la soirée, non seulement aux abords de Downing Street mais dans de nombreuses villes du pays. Au même moment, la pétition officielle lancée sur le site du Parlement contre la visite d’Etat du président américain à l’invitation de Theresa May dépassait 1,6 million de signataires.

Image flétrie

« C’était déjà embarrassant qu’elle se précipite pour être la première à faire la révérence à Trump. Mais qu’elle invite ce raciste ici, c’est vraiment trop », fulmine Caroline, 36 ans, une professeur d’anglais noyée dans le rassemblement londonien « contre le bannissement des musulmans ». « Non au racisme, non à Trump ! », « Expulsez Theresa May ! », « La relation spéciale [avec les Etats-Unis] ? Dites simplement non ! », proclament les banderoles. Dans une sono crachotante, des militants pro-droits de l’homme, des réfugiés de « pays musulmans » et des ténors politiques de gauche s’époumonent.

« May sacrifie nos valeurs pour obtenir un accord commercial post-Brexit. Elle se fait complice de la tyrannie ! », lance Caroline Lucas, leader des Verts, tandis que Diane Abbott, proche du leader Labour Jeremy Corbyn appelle à « résister à l’islamophobie ». Des militants musulmans disent leur « honte » et leur « crainte » ; certains démarrent leur harangue en scandant des « Allahou akbar ». Le patron d’un syndicat d’enseignants avertit : « On sait ce qui s’est passé dans les années 30 quand les gens n’ont rien dit ».

Plutôt accueillie avec fierté au Royaume-Uni, l’image de Theresa May en tailleur rouge marchant main dans la main, vendredi, avec Donald Trump, a commencé à se flétrir dès le lendemain lorsque, en déplacement en Turquie, elle a refusé à trois reprises de condamner la décision de Donald Trump de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays. Il a fallu de longues heures pour que Downing Street réprouve du bout des lèvres la mesure, tout en considérant qu’elle « concerne le gouvernement des Etats-Unis ».

Reçu comme « Mugabe et Ceausescu »

Lundi, Mme May a fait savoir qu’elle était « très heureuse » que M. Trump ait accepté l’invitation formellement adressée par la reine Elizabeth. Boris Johnson, son ministre des affaires étrangères a même insisté : le président Trump, a-t-il déclaré au cours d’un tumultueux débat en urgence aux Communes, est « le chef d’un Etat qui est notre plus proche allié » et « il n’y a absolument aucune raison de ne pas lui accorder une visite d’Etat ». Tout en qualifiant la décision du président américain de « controversée, discriminatoire et mauvaise », M. Johnson a affirmé que M. Trump « aboie plus qu’il ne mord ».

Alors que les députés multipliaient les références à la montée du nationalisme dans les années 1930, certains qualifiant M. Trump de « fasciste », le chef du Foreign Office a usé d’un étonnant argument pour justifier l’invitation à M. Trump : après tout, a-t-il remarqué, en leur temps « Robert Mugabe [dictateur du Zimbabwe] et Nicolae Ceausescu [ex-dictateur roumain] ont été reçus par Sa Majesté la reine ».

Philippe Bernard

 

 

LE PARISIEN – 31/01/2017

Décret anti-immigration de Trump : Obama sort de son silence

 

Manifestation à Bruxelles contre le décret anti-immigration, le 30 janvier 2017

Le décret américain qui interdit l’accueil de réfugiés et de ressortissant de sept pays musulmans continue de susciter des réactions hostiles à travers le monde et aux Etats-Unis.

Trois jours après la décision de Donald Trump d’interdire vendredi par décret l’entrée aux Etats-Unis des réfugiés de toute origine et des ressortissants de sept pays à majorité musulmane*, l’onde de choc continue de se propager à travers le monde. Aux Etats-Unis, des personnalités du show business mais aussi du monde des affaires n’ont pas tardé à manifester leur désapprobation, en écho aux manifestations qui ont eu lieu dimanche aux abords de la Maison blanche, dans le reste du pays et ailleurs dans le monde. Dix jours après avoir quitté ses fonctions, Barack Obama est également sorti de son silence. Les réactions sont tout aussi vives à l’extérieur des frontières américaines.

Obama estime «les valeurs fondamentales» menacées

Barack Obama avait promis de se tenir à l’écart du débat politique sauf si «les valeurs fondamentales» de l’Amérique étaient menacées : dix jours seulement après son départ de la Maison Blanche, il a jugé que c’était déjà le cas, encouragé par «le niveau de mobilisation» à travers le pays.

«Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a déclaré son porte-parole, Kevin Lewis.

«Une discrimination fondée sur la nationalité»

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé lundi le «manque de générosité» du décret. «La discrimination fondée sur la nationalité est interdite par les droits de l’Homme», a tweeté le haut responsable onusien, qui s’exprime très rarement sur les réseaux sociaux. Selon lui, le décret américain «gaspille les ressources nécessaires pour lutter contre le terrorisme».

Merkel : un décret anti-musulman 

«La lutte nécessaire contre le terrorisme ne justifie en aucune manière de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l’occurrence ici des personnes de foi musulmane, ou en fonction de leur origine», a estimé lundi la chancelière allemande Angela Merkel.

Ayrault : la France souhaite l’annulation du décret

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a souhaité lundi l’annulation du décret du président américain. «Je pense que ce serait le bon sens» d’annuler cette décision, a t-il déclaré lors d’une visite à Téhéran, dénonçant une situation «inacceptable et très pénalisante pour les personnes concernées».

Les Européens binationaux dans le doute 

Un ressortissant de l’Union européenne ayant la double nationalité iranienne et française peut-il continuer à rendre visite à sa famille aux Etats-Unis ?Les conséquences juridiques du décret américain «ne sont pas encore claires» en ce qui concerne leur impact éventuel sur des ressortissants de l’UE détenteurs de la double nationalité des pays visés, a expliqué lundi le porte-parole de la commission européenne Margaritis Schinas, «Nos avocats sont en contact avec nos partenaires européens et autres, et nous allons nous assurer qu’aucune discrimination n’est infligée à nos citoyens.»

* Les sept pays visés par le décret américain sont : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.

Le transport aérien demande une clarification

«Le décret a été signé sans coordination ou avertissement préalable, ce qui a causé de la confusion chez les compagnies aériennes comme chez les voyageurs», a déploré lundi l’Association du transport aérien international (IATA) qui a demandé à l’administration américaine de clarifier rapidement ses mesures. Les compagnies aériennes doivent vérifier les passeports et visas de leurs passagers avant le départ, sous peine d’amendes et de retour à leurs frais des visiteurs indésirables. La principale difficulté porte notamment sur les binationaux.

Damas appelle les réfugiés syriens à rentrer 

Le gouvernement syrien de Bachar-el-Assad, qui n’avait pas encore réagi, a renouvelé hier, par la voix du chef de la diplomatie Walid Mouallem, «l’appel du gouvernement aux réfugiés syriens installés dans les pays voisins à rentrer au pays, réaffirmant sa disposition à les accueillir et leur assurer une vie digne». Il n’a toutefois pas fait directement allusion au décret américain qui vise directement les réfugiés syriens, sans limitation de temps.

L’Irak exige la révision d’«une décision erronée»

Le ministère irakien des Affaires étrangères a appelé lundi les Etats-Unis à revoir lundi la décision suspendant l’entrée des citoyens irakiens sur le sol américain, en la qualifiant d’ «erronée». «Il est malheureux que cette décision ait été prise à l’encontre d’un pays allié, lié aux Etats-Unis par un partenariat stratégique», précise l’Irak. Les députés irakiens avaient voté juste avant une motion appelant le gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur sa décision de suspendre l’entrée des citoyens irakiens.

Trois Iraniens bloqués à Vienne

Trois ressortissants iraniens, une femme et un couple de personnes âgées disposant d’un visa pour les Etats-Unis, sont restés bloqués trois jours en zone de transit de l’aéroport de Vienne (Autriche) après avoir été interdits d’embarquer pour les Etats-Unis. Ils ont finalement accepté de rentrer dans leur pays ce lundi. «Ils (étaient) arrivés samedi matin et (avaient) refusé de réembarquer pour Ispahan (sud de l’Iran), dans l’espoir que les autorités américaines changent d’avis», avait expliqué la compagnie Austrian Airlines. Téhéran avait annoncé samedi qu’il appliquerait le principe de réciprocité pour les citoyens américains. L’Autriche a par ailleurs déploré lundi avoir dû annuler 300 visas attribués à des membres de minorités religieuses iraniennes (chrétiens, juifs, baha’i désireux de s’installer aux Etats-Unis).

Des diplomates américains protestent

Plusieurs diplomates américains ont protesté officiellement contre le décret «Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis», a confirmé lundi le Département d’Etat. Ces derniers, dont on ignore le nombre, ont utilisé un «canal» officiel dit de «dissidence», qui permet de contester en interne une décision de l’administration. Ce canal de communication avait ainsi été activé en juin lorsqu’une cinquantaine de diplomates avaient réclamé que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien.

«L’Amérique doit de nouveau être sûre», tweete Trump

Le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, «a dit que tout se passait bien avec très peu de problèmes. L’AMERIQUE DOIT DE NOUVEAU ETRE SURE ! », a tweeté le président lundi le président Trump.

Selon lui, «les gros problèmes dans les aéroports ont été causés par une panne d’ordinateur de Delta, les manifestants et les larmes du sénateur Schumer (un sénateur démocrate Ndlr)». Il souligne que seulement 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivées sur le sol américain parmi les 325.000 passagers quotidiens.

Les manifestations à travers tout le pays, les décisions de certains juges de suspendre temporairement l’application de certaines clauses, empêchant l’expulsion immédiate de personnes arrêtées à l’aéroport, et une certaine confusion dans les aéroports du pays semblent avoir néanmoins poussé l’administration américaine a mettre de l’eau dans son vin en particulier pour les détenteurs d’un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi pour les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.

VIDEO. Manifestations contre le décret anti-immigration de Trump :  http://www.leparisien.fr/international/decret-anti-immigration-de-trump-l-onu-denonce-un-manque-de-generosite-30-01-2017-6639294.php

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 02/02/2017

Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole

 

Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.

 

La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.

Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.

La métropole n’a pas encore la compétence logement !

Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…

Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.

Les populations modestes, premières victimes

Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP,  alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.

Mathias Thépot

 

 

L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017

L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux

Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.

L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.

Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.

Londres très loin devant

L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.

Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.

La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.

Liens étroits avec l’Amérique du Nord

« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.

L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.

« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.

« Miser sur l’innovation »

Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.

Patrick Désavie

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016

 

Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum

Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels

Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.

L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.

Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.

Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.

Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.

« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.

Cyrille Lachèvre

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 02/02/2017

Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux

 

La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef

Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.

Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.

Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.

Enjeu politique

Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.

Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…

Leïla de Comarmond et Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Les divisions patronales s’exacerbent

 

Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent

La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.

D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.

La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.

Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.

Marie Bellan

 

 

LE PARISIEN – 02/02/2017

Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !

Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.

L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !

La preuve : près de 12 Mds sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.

Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.

Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME

Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.

Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.

Le mur des mauvais élèves

La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !

Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »

 

Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M

Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.

La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »

Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».

Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »

Déclassement et perte de crédibilité

En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »

* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.

Aurélie LEBELLE

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État

La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.

La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.

De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».

Collectivités épargnées

L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…

Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).

En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.

Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.

Guillaume Guichard

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 02/02/2017

VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

 

Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.

Des écarts importants

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

Les associations de VTC très critiques

En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

L’appel au secours des commerces de centre-ville

INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.

Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.

«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.

Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.

La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).

Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»

Spirale infernale

Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»

Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».

Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»

À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»

La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»

Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»

Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?

Ivan Letessier

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 02/02/2017

Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.

Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.

Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?

Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.

Y a-t-il eu des avancées concrètes ?

Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.

Que signifie « déborder les appareils politiques » ?

Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.

A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?

Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.

Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?

Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.

Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?

C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.

Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?

Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.

Certains à EELV veulent un accord aux législatives…

Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.

Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?

J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.

  1. Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…

Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.

Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?

Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?

François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?

Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.

Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?

Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.

Raphaëlle Besse Desmoulières

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune

Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.

« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».

En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).

Position médiane

Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.

«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 02/02/2017

Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC

L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.

Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.

La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage

A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.

Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.

Augmentation de la fiscalité écologique

Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.

Solveig Godeluck

 

 

L’OPINION – 02/02/2017

François Fillon: la droite balance

François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?

Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».

« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.

Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »

Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.

Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?

A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.

Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.

Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 02/02/2017

Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »

Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.

Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?

Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.

Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.

Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…

Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.

Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?

Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.

Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.

Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?

Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.

Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?

Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.

Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?

Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.

A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?

C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.

Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?

Non.

L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.

Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.

A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?

J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…

Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.

Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?

Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.

Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.

Sur quel projet porterait ce rassemblement ?

Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.

Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.

Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…

3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.

Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?

On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.

En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?

A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.

Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?

Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.

Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?

Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.

Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?

A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.

Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?

Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.

Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…

Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.

Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?

Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.

Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?

Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.

L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.

Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?

Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.

Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?

C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.

Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?

Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.

Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 02/02/2017

Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions

 

Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,

promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)

La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.

Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.

Des relations qui se sont beaucoup tendues

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.

Appel de la gauche allemande à un ton ferme

Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».

La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.

Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens

La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.

Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.

Jean-Philippe Lacour

 

 

LE FIGARO – 02/02/2017

Le Parlement britannique lance le Brexit

Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.

Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.

Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.

Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.

Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.

Le Labour déchiré

Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

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Tél. : 01 40 55 12 43

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31/01/2017 Assistante de Manager en alternance – TAMBULU Patience

2017-01-31T08:22:34+01:00Mots-clés : |

TAMBULU Patience
1 rue Max Bourgouin
91330 Yerres
07.71.26.85.54
patience.tambulu@gmail.com

 
Objet :

Candidature spontanée au poste d’assistante de manager
Madame, Monsieur,
Intégrant à la rentrée prochaine l’école IGF pour y suivre une formation de BTS Assistant de Manager en alternance (2 jours école ; 3 jours entreprise), je m’intéresse de près à votre société pour y effectuer mon apprentissage. Je vous soumets donc, par la présente, ma candidature.

Ayant un baccalauréat professionnel secrétariat comptabilité, je possède d’ores et déjà d’excellentes bases en secrétariat classique ainsi qu’une parfaite maîtrise des outils bureautiques. Intégrer à présent votre équipe serait pour moi une réelle chance d’élargir mon domaine de compétences et d’acquérir la technicité indispensable à la réussite de mon brevet de technicien supérieur.

Je vous apporterai de plus amples renseignements sur mes compétences et mes motivations lors d’un entretien que vous accepterez de m’accorder.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus sincères.
TAMBULU Patience

CV

Hand-Ball : Samedi 4 Février à 20h30 au COS Massy Essonne Handball vs Istres

2017-03-02T07:03:17+01:00Mots-clés : , , |

 

Chers partenaires,

Les Experts sur le toit du monde !

L’Équipe de France est incroyable. Jamais rassasié les bleus remportent un 11e trophée et un 6e sacre mondial. La bande de Nikola Karabatic a dominé la compétition du début à la fin avec talent, brio et expérience.

Pendant ce mondial réussi en France, les Lions ont repris l’entrainement avec détermination.

Les hommes de Benjamin Braux restent sur une série de 10 matches sans défaite et attaquent la phase retour avec ambition.

Les hostilités reprennent dès ce week-end avec la réception d’Istres, concurrent direct dans la course aux play-offs. L’année passée les Istréens avaient réalisé l’exploit de venir gagner au COS.

Les Lions doivent donc prendre leur revanche et signer une 10e victoire cette saison.

 Nous vous donnons rendez-vous le :

Samedi 4 Février

à 20h30 au COS

Massy Essonne Handball vs Istres

pour suivre ce match qui s’annonce palpitant !

 

Excellente semaine à tous

 

Allez Massy !

 

 

 

 

 

 

 

 

Revue de presse du MEDEF IDF du samedi 28 au lundi 30 janvier 2017

2017-03-02T07:03:33+01:00Mots-clés : , , |

:: ECONOMIE

LE FIGARO – 28/01/2017

Assurance-chômage : syndicats et patronat proches d’un accord sur les contrats courts

INFO LE FIGARO – La surtaxation des CDD de moins d’un mois avait été le point bloquant de la négociation avortée en juin 2016.

Vers un déblocage? Peut-être bien. En tout cas, les discussions entre patronat et syndicats autour de l’assurance-chômage avancent à grands pas. Depuis décembre, les partenaires sociaux se réunissent de manière informelle afin d’«établir un diagnostic commun» sur le marché du travail et l’assurance-chômage. Ils se reverront le 8 février avant de décider, le 15, de relancer ou non la négociation qui avait avorté en juin 2015 faute d’accord. Avec, en cas de réponse positive, l’objectif de s’accorder avant l’élection présidentielle sur une nouvelle convention.

La négociation avait achoppé l’année dernière sur le point précis des CDD de moins d’un mois. Selon une étude de l’Unedic présentée mercredi aux partenaires sociaux, le recours à ces contrats a plus que doublé en quinze ans, passant de 1,5 million par trimestre en 2000 à plus de 4 millions en 2016. Pour inciter les entreprises à en limiter le recours, les syndicats exigeaient au printemps un système de bonus-malus a minima, voire une surtaxation, des contrats courts.

Surtaxation expérimentale

Jusqu’à présent, le patronat avait opposé son veto à toute forme de prélèvement sur les CDD de moins d’un mois. Mais les lignes seraient en train de bouger. Selon nos informations, les chefs de file des délégations patronales et syndicales planchent actuellement sur le principe d’une surtaxation expérimentale, donc temporaire, réservée aux entreprises les plus utilisatrices de contrats courts. Et notamment l’hôtellerie-restauration, les études de marché, sondages et agences de publicité, et les entreprises d’hébergement social pour personnes âgées et handicapées, pointées du doigt par l’Unedic dans son étude.

«On est très loin d’avoir décidé si on reprenait la négociation, nuance-t-on du côté patronal. On travaille.» Une source syndicale est plus catégorique: «On est proche de la solution qui permettrait de relancer la négociation.» La raison est simple. «Il est essentiel de démontrer que nous pouvons négocier, sinon les politiques reprendront le dossier, prévient Éric Courpetin, le chef de file CFTC. Nous sommes ouverts à tout.» Michel Beaugas est, lui, plus circonspect. «Nous défendons toujours un système de bonus-malus qui s’applique à l’ensemble des contrats», explique le leader FO.

Les rencontres bilatérales vont s’enchaîner d’ici à la mi-février. Chacun va prendre le temps de mesurer les rapports de force entre les différents camps, mais aussi dans son organisation avant de se lancer dans une nouvelle négociation. Quant au patronat, il fixera un mandat précis à son chef de file. «Si on y retourne, c’est qu’on sera sûr de conclure», jure un acteur du dossier. Un nouvel échec, après l’épisode de juin, décrédibiliserait durablement le dialogue social et n’est donc pas une option. Et ce, d’autant que plusieurs candidats à la présidentielle ont annoncé leur intention de légiférer, notamment pour réintroduire la dégressivité des allocations-chômage.

Refonte de la filière senior

Trouver un consensus sur les contrats courts est d’autant plus crucial que les partenaires sociaux ont avancé sur d’autres points sensibles, comme la refonte de la filière senior. Les chômeurs de plus de 50 ans ont aujourd’hui droit, s’ils ont cotisé pendant trois ans, à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois maximum pour les autres. Cet avantage coûte 1 milliard par an au régime, selon la Cour des comptes. Au printemps, le Medef a proposé de relever à 55 ans l’entrée dans cette filière.

Les modalités de cumul allocation-salaire sont également dans le viseur. La formule a été revue lors de la convention de 2014 mais n’incite toujours pas assez à reprendre un emploi. Des salariés, notamment en intérim, peuvent enchaîner contrats courts et périodes de chômage pour toucher un revenu proche du smic de ceux qui travaillent à temps plein aux mêmes postes, voire supérieur.

Anne de Guigné

 

 

L’OPINION – 30/01/2017

Pourquoi la CPME lance une négociation avec les syndicats sur la responsabilité sociale et environnementale

Cette idée en a fait sourire plus d’un. Une négociation afin de mieux faire reconnaître les actions sociales et environnementales que mènent les entreprises, surtout les petites. Le Medef n’en voulait pas, ni les artisans (U2P). Finalement François Asselin, le numéro un de la CPME a réussi convaincre tout le monde. Y compris les syndicats, qui tous ont répondu présent. La CGT a même été la première à dire oui.

C’est ainsi que le 1er février se tiendra la première réunion des partenaires sociaux. « L’idée est d’encourager la vertu», explique François Asselin à l’Opinion : « De nombreuses entreprises font du recyclage des déchets, des plans de préventions santé, encouragent la promotion des femmes, sans jamais être valorisées. Pire, lorsqu’une patrouille –Urssaf, inspection du travail- vient les contrôler, elles se font sanctionner si elles n’ont pas appliqué avec formalisme un programme égalité homme-femme, une mesure pénibilité etc. C’est insupportable !».

Aussi, la CPME aimerait-elle aboutir à la création d’une sorte de certification RSE qui puisse être valorisée, notamment lorsque les entreprises concourent à des appels d’offres.

Si l’intention est louable, le risque n’est-il pas de créer une contrainte supplémentaire ? « Au contraire, puisque dans cette certification RSE nous pourrions réunir de nombreuses obligations (égalité homme-femme, environnement, diversité, seniors etc..) » répond encore François Asselin.

Ses homologues patronaux traînent encore un peu les pieds. Ils craignent d’ouvrir la boîte de Pandore « Lancer une négo sur ce thème ramasse-tout, en ce moment, c’est ouvrir la boîte à claques. Les syndicats vont vouloir y mettre tout et n’importe quoi, et à chaque fois qu’on dira non, on passera pour des réac’», juge un membre du Medef.

François Asselin, lui, n’a pas peur : «C’est une occasion aussi pour les partenaires sociaux de traiter des sujets ouverts et positifs ». Bref de se refaire une santé au moment où le paritarisme est si décrié.

Fanny Guinochet

 

 

L’EXPRESS – 30/01/2017

Travaux à domicile: les artisans obligés d’annoncer leurs prix sur leur site web

 

L’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes

Afin de contrer les arnaques des artisans, lors de dépannages et travaux à domicile, un arrêté qui entrera en vigueur le 1er avril les oblige à afficher leurs tarifs sur leur site internet, s’ils en possèdent un.

Le texte est paru samedi, au Journal officiel. A partir du 1er avril 2017, il imposera aux professionnels intervenant au domicile des particuliers pour des travaux, comme les plombiers ou les serruriers, d’afficher obligatoirement leurs tarifs sur internet, s’ils ont un site.

Parmi ces informations devront figurer le taux horaire de main d’oeuvre, les modalités de décompte du temps estimé, les prix des prestations forfaitaires, les frais de déplacement, ou le caractère gratuit ou payant du devis. Elles devaient déjà, pour la plupart, être communiquées au consommateur avant toute prestation. Ces informations « doivent également être aisément accessibles sur tout espace de communication en ligne dédié au professionnel », indique le texte.

Le dépannage à domicile, visé par de nombreuses plaintes

Cet arrêté prévoit par ailleurs qu’avant tout travaux, les professionnels devront remettre au client un document détaillé où figureront ces informations. Elles devront auparavant avoir déjà été précisées dans les documents appelés « ordre de réparation » et « devis ».

Selon les données de la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF), l’activité de dépannage à domicile constitue l’un des premiers postes d’enregistrement des plaintes. En septembre, cette dernière a mené une campagne de sensibilisation, destinée à informer les consommateurs sur les pratiques de certains professionnels du dépannage à domicile qui profitent de leur vulnérabilité pour les tromper.

 

LE PARISIEN – 28/01/2017

Salaires : les Français gagnent en moyenne 2225 euros net par mois

 

Le BTP est le seul secteur où les salaires ont baissé en 2014

Bonne nouvelle : les salaires continuent de progresser. Selon la dernière étude de la Darès, la direction des études statistiques du ministère du Travail, ils ont progressé en 2014 de 1% après +0,7% en 2013. Résultat, le salaire moyen s’établit désormais à 2225 euros net et à 2957 euros brut. «La croissance des rémunérations est intervenue dans un contexte de de reprise soutenue de l’activité économique», explique la Darès.

Un écart de 18,6% entre hommes et femmes

Ces moyennes dissimulent cependant de fortes disparités. En premier lieu, l’écart de salaires entre hommes et femmes, qui diminue depuis 2008, reste important puisqu’il est en moyenne de 18,6%. Autre facteur d’inégalité, vous ne gagnerez pas la même chose selon que vous travaillez dans une multinationale et chez un artisan. «Plus l’entreprise est grande et plus les salaires net moyens sont élevés», confirme la Darès. Ainsi, le salaire moyen est de 1883 euros net dans les entreprises de moins de 10 salariés mais il bondit à 2461 dans les groupes de plus de 500 employés.

Des salaires en baisse dans le BTP

Enfin, la paie n’est pas du tout la même selon les secteurs. Dans le haut de la fourchette des rémunérations, les cadres de la finance et de l’assurance émargent en moyenne à 3251 euros net alors qu’un technicien de la chimie et de la pharmacie gagne 3021 €. La rémunération tombe sous la barre des 2000 € dans le textile et descend à 1661 dans l’hôtellerie-restauration. Dernière précision : les métiers du BTP ont presque tous vu les rémunérations baisser en 2014. Mais ce secteur fait figure d’exception.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/les-francais-gagnent-en-moyenne-2225-euros-nets-par-mois-27-01-2017-6627072.php

 

Marc Lomazzi

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

Bercy accentue la lutte contre le blanchiment

INFO LE FIGARO – En 2016, les amendes payées par les sociétés ayant manqué à leurs obligations en la matière sont allées jusqu’à 200.000 euros.

Depuis les événements tragiques de 2015, l’Europe et plus particulièrement la France ont mis un véritable coup d’accélérateur à la lutte contre le blanchiment de capitaux. La Commission nationale des sanctions, créée fin 2014 et dépendant de Bercy, est désormais un véritable outil pour punir les professionnels qui, volontairement ou non, créent des conditions favorables à du blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme à travers des entités légales. Son action commence à payer: au cours de l’année 2016, la Commission s’est prononcée sur 22 dossiers et a sanctionné 43 personnes. Et au total, depuis le lancement de ses travaux, elle a examiné 43 dossiers et sanctionné 79 personnes, selon le rapport annuel remis ce lundi au ministre de Finances, Michel Sapin, dévoilé par Le Figaro.

Le rôle de cette autorité consiste à sanctionner les professionnels qui manquent à leurs obligations. Elle ne surveille pas ceux qui appartiennent au secteur financier ou du droit, ces derniers dépendant d’organismes disciplinaires spécifiques. Mais elle a autorité sur les agences immobilières, les personnes exerçant l’activité de domiciliation, les professionnels du jeu ou encore, depuis début décembre, les antiquaires et les agents sportifs. Tous ont des obligations strictes: non seulement mettre en place en interne des systèmes de gestion des risques financiers, mais aussi conserver certains documents, vérifier les identités de tous leurs clients, former leur personnel et s’adresser à Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy) lorsqu’ils ont un doute sur l’origine ou la destination des flux financiers.

Rendre publiques les entreprises sanctionnées

L’an dernier, onze affaires ont concerné des agences immobilières. Il peut s’agir par exemple d’un professionnel qui ne s’interroge pas sur le fait qu’un de ses clients fasse l’acquisition de plusieurs biens immobiliers en un temps réduit et semble indifférent à l’emplacement, ainsi qu’au coût des travaux. Une situation qui est susceptible de présenter un risque de blanchiment des capitaux.

Neuf dossiers ont, par ailleurs, concerné des entreprises de domiciliation, qui offrent à leurs clients une adresse et diverses prestations. Ces sociétés ont pu ne pas demander les pièces permettant de confirmer l’identité de la personne (la société de domiciliation ne rencontrant pas toujours physiquement son client). Des montages financiers peuvent alors être destinés à masquer l’origine des fonds ou leur bénéficiaire effectif. Pour la première fois, enfin, la Commission nationale des sanctions a connu deux cas concernant de casinos et de cercles de jeux.

Ces affaires se sont soldées par des avertissements et des interdictions temporaires d’exercice de l’activité allant de trois mois à trois ans, avec sursis. Les amendes, présentes dans 40 % des cas de sanctions, se sont échelonnées de 1000 à 200.000 euros. C’est bien plus que l’année précédente, où la sanction la plus importante n’avait pas dépassé 8000 euros. «Cela a pu tenir à la gravité des manquements, mais aussi au fait que l’ignorance de leurs obligations par les professionnels peut plus difficilement être invoquée comme circonstance atténuante avec les années qui passent», explique François Lamy, conseiller d’État et président de la Commission nationale des sanctions. Aujourd’hui, il prévient: «Nous allons, à l’avenir, rendre nominatives les publications de sanctions.»

Marie Visot

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 28/01/2017

L’Etat tente d’éviter le naufrage d’une grande usine de la Creuse

A court de trésorerie, le site GM & S de La Souterraine est menacé de liquidation. Deux cent quatre-vingt-deux emplois sont en jeu.

C’est un des paradoxes de cette fin de quinquennat : le chômage diminue, les marges des entreprises remontent, mais le gouvernement se retrouve face à une nouvelle série d’entreprises en difficulté. Après la restructuration de Vivarte qui va entraîner la suppression de centaines d’emplois, après l’annonce de la délocalisation de l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme), les pouvoirs publics se mobilisent à présent pour sauver l’usine GM & S Industry de La Souterraine (Creuse).

Ce site de pièces pour l’automobile risque d’être rayé de la carte de façon imminente. Une audience est prévue vendredi 27 janvier au tribunal de Poitiers. En jeu, 282 emplois. Le personnel a le sentiment – pas forcément infondé – d’être victime d’une succession de patrons voyous et de chasseurs de primes, et de stratégies définies loin d’eux par les constructeurs.

Placée le 2 décembre 2016 en redressement judiciaire, l’entreprise devait bénéficier d’une période d’observation de six mois, jusqu’en juin. Mais faute d’activité, la trésorerie a fondu, et « on risque la liquidation dès vendredi », s’alarme Vincent Labrousse, de la CGT. A moins que le gouvernement et les clients de l’usine n’apportent les fonds nécessaires pour faire tenir le site quelques mois encore, le temps de trouver un repreneur. Le président François Hollande lui-même a été alerté. Il a reçu une délégation de syndicalistes à l’occasion d’un déplacement en Corrèze, le 6 janvier.

« Nous avons déjà lancé un appel d’offres pour trouver un nouvel actionnaire, et trois groupes, dont deux industriels, ont marqué leur intérêt, indique l’administrateur judiciaire, Vincent Gladel. Ils vont expertiser le dossier. Encore faut-il que nous disposions de financements complémentaires pour leur laisser le temps de formuler des offres. »

Manque de compétitivité

Le cas de La Souterraine, « La Sout’» comme on l’appelle, est suivi depuis des années par les pouvoirs publics. L’usine a été construite en 1963, en pleines « trente glorieuses ». C’était alors un atelier de fabrication de jouets en métal et de trottinettes. L’entreprise s’est ensuite reconvertie avec succès dans l’emboutissage pour l’automobile. Avec près de 700 salariés, elle fut un temps le premier employeur de la Creuse.

Mais depuis plus de dix ans, ce site souffre d’un double problème : un manque de compétitivité, comme beaucoup de sites français de l’industrie lourde, et une forte instabilité de ses actionnaires et dirigeants. En 2009, au moment où toute la filière automobile a plongé, l’usine a été reprise par Altia-Caddie, un petit groupe industriel monté de bric et de broc à partir de sociétés achetées à la barre de tribunaux de commerce. Mais l’espoir d’un nouvel essor a vite été douché. En 2014, Altia-Caddie s’est écroulé comme un château de cartes, provoquant l’ouverture d’une enquête pénale, et tous ses actifs ont été éparpillés.

L’usine de La Souterraine, renommée GM & S, a alors été récupérée par Gianpiero Colla, un entrepreneur italien décidé à profiter de la crise pour faire ses emplettes en France. « Je ne suis pas un industriel de passage », affirmait-il à l’époque, en promettant des investissements. Nouvelle déception. A La Souterraine, rachetée pour 3 euros symboliques, M. Colla n’a injecté que 50 000 euros en capital, puis s’est fait invisible. La relance annoncée ne s’est pas concrétisée malgré le soutien des pouvoirs publics et de l’un des donneurs d’ordre, PSA.

Interrogations sur le rôle de PSA

Les clients Renault, Plastic Omnium, etc., ont peu à peu pris le large, jusqu’au dépôt de bilan. L’équipe italienne s’est néanmoins rémunérée de façon confortable, le nouveau directeur commercial prélevant par contrat 1 % du chiffre d’affaires. Le reste de la campagne de M. Colla en France n’a guère été plus triomphant : deux de ses autres acquisitions, des fonderies installées à Fumel (Lot-et-Garonne) et Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), sont retombées en faillite.

S’agit-il d’un simple échec industriel ? Les syndicats s’interrogent sur le rôle de PSA, le grand donneur d’ordres de « La Sout’». Selon eux, PSA aurait pu se servir de M. Colla comme d’un mercenaire, chargé de maintenir l’usine en marche tant qu’elle était indispensable à la fabrication de ses modèles, puis de la fermer maintenant que d’autres sources d’approvisionnement ont été mises en place. « C’est une hypothèse qu’on ne peut écarter », opinent deux des experts appelés à analyser la situation.

« On se trompe de cible quand on nous attaque », réplique-t-on au siège de PSA. Le constructeur refuse d’endosser la responsabilité des déboires de La Souterraine. « Depuis le départ, nous avons au contraire toujours été là. Nous avons accepté des hausses de prix, maintenu un volume d’achats constant, avancé de l’argent pour que les matières premières puissent être achetées… » Si PSA a diversifié ses approvisionnements, c’est simplement pour ne pas être bloqué en cas de soucis chez son sous-traitant, ce qui est arrivé en décembre, assure le groupe : « 750 000 pièces ne nous ont pas été livrées, alors que nous avions préfinancé l’achat des matières. »

Ces dernières semaines, PSA a suggéré des noms de repreneurs. Comme les pouvoirs publics, le constructeur suit le dossier comme le lait sur le feu.

Denis Cosnard

 

 

LE FIGARO – 30/01/2017

La filière solaire mise sur un rebond en 2017

INFO LE FIGARO – Plus de 1000 mégawatts devraient être raccordés au réseau. Des grands appels d’offres sont en préparation.

La fin de la mandature Hollande s’annonce chargée pour la filière solaire. Plusieurs décrets sont en préparation, dont les professionnels attendent la signature avec impatience. Les textes en question concernent notamment l’auto-
consommation, le partage du coût du raccordement entre le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis et les opérateurs ainsi que l’évolution des tarifs pour les petites centrales de moins de 100 kilowatts (kW).

Cette étape réglementaire permettrait de compléter les mesures déjà prises dans le cadre de la loi sur la transition énergétique (votée en 2015) et d’accélérer l’activité après un exercice 2016 qualifié de «petit millésime» parla nouvelle édition de l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque, publiée lundi.

L’année dernière, moins de 700 mégawatts (MW) solaires ont été raccordés au réseau, contre un bon millier en 2015. La quasi-totalité des segments ont été impactés par cette baisse mais les grandes installations (1 MW et plus) l’ont été encore plus. «Pourtant après le doublement des volumes octroyé lors des appels d’offres en 2015, les chiffres de raccordement auraient dû être très supérieurs en 2016», souligne Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat professionnel, membre du think tank France Territoire Solaire qui édite l’Observatoire.

Parmi les explications, le document pointe les difficultés et les lenteurs administratives liées au cahier des charges qui ont retardé le démarrage des projets lauréats. De manière générale, il faut toujours entre trois et cinq ans pour voir aboutir un chantier photovoltaïque d’envergure. Les délais sont un peu supérieurs pour l’éolien, au grand dam des partisans des énergies renouvelables qui insistent sur la nécessité de se doter de procédures d’examen des projets plus souples.

«Heureusement, des programmes sont en train de sortir de terre: l’année 2017 sera un bon millésime pour le solaire avec plus de 1000 MW raccordés, poursuit Daniel Bour. Et la loi de transition énergétique permet de tabler à l’avenir sur des chiffres régulièrement supérieurs à 1000 MW avec la mise en place par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’appels d’offres bi ou tri-annuels.»

La CRE justement attend d’ici à quelques jours la remise de l’ensemble des dossiers pour un nouvel appel d’offres de 450 MW pour des centrales au sol ou sur des ombrières de parking. Les professionnels du secteur s’attendent d’ores et déjà à une concurrence vivace: «Les projets lauréats des derniers appels d’offres se situaient entre 70 et 100 euros par mégawattheure (MWh) selon la taille et le type d’installation, contre plus de 320 euros à la fin des années 2010, insiste Daniel Bour. Ces chiffres vont continuer à baisser, ce qui rend le solaire comme l’une des énergies les plus compétitives au monde.» Toutefois, cette énergie reste largement subventionnée, avec en France un tarif de rachat du MWh solaire qui varie en fonction de la taille de l’installation.

Soutien au renouvelable

En marge des chantiers industriels, la filière solaire observe évidemment avec attention les programmes des différents candidats à l’élection présidentielle et leur degré de soutien, affiché ou non, aux énergies renouvelables. Une trajectoire ambitieuse a été assignée au photovoltaïque dans le cadre de la loi d’orientation énergétique – à hauteur de 10,2 gigawatts (GW) en 2018 et entre 18 et 20 GW en 2023 -, ce qui requiert une accélération du rythme de lancement des projets. Actuellement, la France compte 6,2 GW d’énergie solaire. À titre de comparaison, l’Allemagne a déjà dépassé les 40 GW et mène largement la danse en Europe.

«Après plusieurs années difficiles, la loi sur la transition énergétique a permis de retrouver du dynamisme en France, mais la progression ne suit pas le même rythme que celle observée à l’échelle de la planète, explicite Daniel Bour. Cet essor mondial ouvre d’ailleurs de nombreuses perspectives pour nos entreprises.»

En 2015, le photovoltaïque s’est imposé comme la deuxième énergie dans le monde en termes de nouvelles capacités installées. Le parc mondial a dépassé les 230 GW de puissance cumulée, dont 42 % sont disponibles en Europe.

Frédéric de Monicault

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

Reprise confirmée pour les logements neufs en 2016

Dans la construction neuve, la reprise amorcée en 2015 s’est amplifiée en 2016.

Sortie de crise pour le bâtiment : la reprise de la construction de logements neufs, amorcée en 2015, s’est confirmée et amplifiée en 2016. Quelque 376.500 logements neufs ont en effet été mis en chantier l’an dernier, soit une progression de 10,4 % par rapport à 2015, montrent les chiffres publiés vendredi par le ministère du Logement. Dans le détail, les mises en chantier de logements ordinaires ont augmenté de 10,7 % à 349.300 unités, tirées par les logements collectifs. Celles des logements en résidence pour seniors, étudiants ou touristes, segment plus volatil, ont affiché une hausse plus modeste : +6,4 %, à 27.100 unités.

« Reprise en cours »

Parallèlement, les permis de construire ont bondi de 14,2 %, à 453.200 unités. «  La reprise en cours est essentiellement liée à deux facteurs : avant tout, des taux de crédit extrêmement bas qui provoquent des effets de rattrapage ou d’aubaine et stimulent les ventes, mais aussi le plan de relance dans le neuf, avec le dispositif Pinel et le renforcement du prêt à taux zéro », analyse l’économiste de Crédit Agricole SA, Olivier Eluère, cité par l’AFP. «  La dynamique des ventes se ressent dans les mises en chantier : ce sont les ménages accédants à la propriété, mais aussi l’investissement, qui ont porté le secteur », estime Alexandra François-Cuxac, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui se félicite que la construction neuve ait retrouvé l’an passé «  ses volumes de mises en chantier et de logements autorisés de 2012, après avoir chuté en 2013 et 2014 en raison de l’encadrement des loyers ». Les taux de crédit immobilier s’établissaient à 1,34 % en moyenne en décembre, ce qui signe une très légère remontée après une année de baisse continue, indique l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Ces conditions d’emprunt exceptionnelles ont permis à un nombre croissant de ménages de boucler leur dossier de financement. Le crédit à l’habitat a ainsi connu l’an passé un rebond marqué : la production de nouveaux prêts, qui avait déjà quasiment doublé en 2015, a atteint un « nouveau record historique ». A fin novembre (les chiffres pour l’année ne sont pas encore publiés), le crédit à l’habitat avait mobilisé 258 milliards d’euros, en progression de 20 % sur un an. Les régions où la construction de logements neufs a le plus progressé sont la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+22,9 %), la Nouvelle-Aquitaine (+18,4 %), l’Occitanie (+17,2 %), la Bretagne (+15,5 %) et l’Ile-de-France (+12,7 %), loin derrière le micromarché de la Corse (+77,1 %) qui affiche un spectaculaire rebond. En revanche, les mises en chantier ont reculé dans le Grand Est (-2,9 %) et en Normandie (-1,3 %).

Jean-Michel Gradt

 

 

LES ECHOS – 30/01/2017

La pression monte sur le prix des médicaments

 

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé ».

La ministre de la Santé a menacé de baisser unilatéralement les prix dans l’hépatite C.

Qui dit mieux ? Vendredi, le laboratoire AbbVie a officiellement abaissé le prix de son antiviral contre l’hépatite C. La cure combinée de Viekirax et Exviera sur trois mois est désormais commercialisée au prix public de 28.700 euros. Autrement dit, le laboratoire s’aligne sur le prix, négocié quelques jours auparavant, par son concurrent MSD. Il affiche également un tarif de 26.400 euros pour un traitement simple au Viekirax, qui ne fonctionnera que pour certains malades, mais qui a l’avantage d’être pour l’instant le plus bas du marché. La course est engagée. Huit mois après que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que l’accès aux traitements innovants contre l’hépatite C serait « universalisé » – ouvert aux porteurs sains du virus et aux malades légers -, c’est à qui détrônera le leader, Gilead, en offrant le meilleur rapport qualité-prix.

Mais le laboratoire pionnier, lui, n’a pas renoncé à ses prétentions financières. Sa combinaison-vedette Harvoni coûte toujours 46.000 euros, et la négociation est serrée pour fixer le prix de son dernier né, Epclusa, la seule molécule qui peut traiter tous les malades quel que soit leur génotype. Marisol Touraine s’en est émue. Le 17 janvier, lors de la réunion des ministres de la Santé de l’OCDE, elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser. « Tous les pays, sans exception, sont confrontés au risque de médicaments innovants inaccessibles car trop chers : ce serait économiquement absurde, socialement inégalitaire et humainement insupportable », a-t-elle expliqué, demandant à l’industrie pharmaceutique de « garantir la soutenabilité de l’innovation médicale ». Puis elle a menacé Gilead : « En France, si le principal laboratoire concerné reste sourd à cet appel, les outils renforcés en loi de financement de la Sécurité sociale seront mobilisés. »

Les contentieux font perdre 40 millions d’euros

A l’automne, l’arsenal de la maîtrise des dépenses pharmaceutiques s’est en effet enrichi de dispositions permettant au gouvernement de baisser unilatéralement les tarifs. Cette possibilité était déjà inscrite dans la loi, mais de façon trop peu détaillée, si bien que les décisions du CEPS (Comité économique des produits de santé) étaient régulièrement retoquées. En 2016, les contentieux ont ainsi fait perdre 40 millions d’euros à la Sécurité sociale, suite à l’annulation de certaines baisses de prix pour « défaut de base légale ». La loi fixe désormais six critères. D’abord, un principe général, celui de la soutenabilité financière pour la collectivité. Si les montants remboursés sont très élevés, ou bien si les dépenses augmentent fortement au sein de la même famille de pathologies, la baisse unilatérale est possible. D’autres critères amplifient les marges de manoeuvre du CEPS : l’ancienneté des produits, l’écart de prix avec des médicaments du même type, la nécessité de combiner plusieurs molécules pour soigner, l’existence de ristournes dans la chaîne de distribution et des prix encore plus bas dans d’autres pays. De quoi contraindre les laboratoires les plus récalcitrants.

Solveig Godeluck

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 30/01/2017

Après la victoire de Hamon, les socialistes entrent dans la semaine de tous les dangers

Une période de turbulences s’ouvre au PS, entre désaccords sur la ligne et risques de ralliements à Emmanuel Macron

Benoît Hamon défendra les couleurs socialistes à l’élection présidentielle après sa nette victoire face à Manuel Valls dimanche au second tour de la primaire élargie du PS. A 49 ans, il a réuni 58,65 % des suffrages, contre 41,35 % pour Manuel Valls, 54 ans, selon les premiers résultats de ce scrutin, qui marque aussi un désaveu pour ceux qui ont exercé le pouvoir depuis 2012, François Hollande et Manuel Valls en tête.

Benoît Hamon l’a largement emporté dimanche soir face à Manuel Valls. Avec 58,5 % des voix, contre 41,5 % pour son rival, et une participation plus importante qu’au premier tour, l’ancien frondeur est désormais, contre toute attente, le candidat de la Belle Alliance populaire de Jean-Christophe Cambadélis. Imaginée il y a un peu moins d’un an pour redonner une légitimité à François Hollande au sein de sa famille politique, cette primaire a donc mis en selle celui qui a réussi à incarner le mieux le vote-sanction à l’égard de la politique de François Hollande.

Le député des Yvelines a verbalisé dimanche soir sa volonté de « rassembler les socialistes, tous les socialistes ». Mais sans opérer la moindre inflexion programmatique, vantant une nouvelle fois son « revenu universel », largement considéré comme irréalisable au sein de la gauche de gouvernement. En revanche, Benoît Hamon s’est tourné dès dimanche soir vers le candidat écologiste Yannick Jadot et celui de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, afin de « construire ensemble une majorité cohérente et durable ». Comme si, au fond, Benoît Hamon cherchait davantage à séduire à gauche du PS, qu’au cœur de celui-ci.

Electrochoc. La victoire de Benoît Hamon, que personne n’imaginait le 15 décembre – jour limite pour le dépôt des candidatures – constitue en tout cas pour beaucoup de socialistes un véritable électrochoc. Car Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’Assemblée depuis qu’il a quitté, à l’insu de son plein gré, le gouvernement, et n’a eu de cesse, depuis, que de pilonner la politique du gouvernement. Aussi sa victoire est-elle susceptible d’ouvrir une crise au sein du PS, où nombreux désormais sont ceux tentés de rallier Emmanuel Macron. « On peut tout imaginer, y compris que la moitié du BN (Bureau national) s’en aille », soupire un ministre.

Dès lundi, aux premières heures de la matinée, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a prévu de réunir l’ensemble du gouvernement. Objectif : maintenir la cohésion gouvernementale, et éviter les déclarations contradictoires dans les médias. Le chef de la majorité s’entretiendra avec Jean-Christophe Cambadélis à 11 heures, puis recevra Benoît Hamon dans l’après-midi. Il devrait demander au candidat socialiste, pour prix du « rassemblement » autour de sa candidature, qu’il défende le bilan de l’exécutif depuis 2012…

L’enjeu est désormais, pour les principaux responsables socialistes, que le parti ne se fracture pas en deux. Au Bureau national, lundi soir, Jean-Christophe Cambadélis menacera quiconque soutient la candidature d’Emmanuel Macron de lui retirer son investiture pour les élections législatives. Premiers visés, les « rénovateurs » du PS, qui doivent se réunir mardi pour débattre de leur ralliement au candidat d’En Marche !

Benoît Hamon devrait de son côté, dès dimanche soir, s’entretenir par téléphone avec le président François Hollande. Les prochains jours vont être décisifs pour Benoît Hamon, pour rassembler les socialistes, la gauche et faire fructifier la dynamique que lui aura conférée sa victoire sur Manuel Valls. Avec en point d’orgue la convention d’investiture, prévue le 5 février à la Mutualité.

Jean-Jérôme Bertolus et Nathalie Segaunes

 

 

LE JDD – 29/01/2017

François Fillon : « Des forces sont à l’œuvre pour me faire taire »

 

François Fillon samedi à son QG de campagne porte de Versailles, à Paris.

INTERVIEW – Pris dans la tourmente du « Penelopegate », François Fillon assure qu’il se battra « jusqu’au bout ». Avant son meeting cet après-midi à Paris, il dévoile au JDD des mesures en faveur des classes moyennes.

Cette semaine, vous avez parlé de « boules puantes » au sujet des accusations concernant l’emploi de votre épouse, Penelope. Avez-vous le sentiment d’être victime d’un coup politique?
Comment ne pas avoir ce sentiment? Comment ne pas considérer qu’il y a des forces qui sont à l’œuvre pour me faire taire et tenter d’affaiblir ma candidature, voire tenter de m’empêcher de me présenter? Comment expliquer une telle violence? Quel clan ai-je dérangé? Quels intérêts ai-je remis en cause? C’est une manipulation grossière, mais je suis certain que la justice ne se laissera pas instrumentaliser par ces manœuvres qui puent la calomnie.

Ces faits remontent à des années, les feuilles de paie sont enregistrées à l’Assemblée nationale, tout a été déclaré au fisc, des majorités se sont succédé à l’Assemblée et à Bercy. Et tout cela sort à moins de trois mois de l’élection présidentielle… Comment imaginer un seul instant que cette affaire ne soit pas montée de toutes pièces pour m’abattre? Mais je ne me laisserai pas abattre. 

C’est peu dire que cette affaire trouble les Français…
Je comprends que les Français s’interrogent et doutent. Comment pourrait-il en être autrement? Mais je sais aussi qu’on n’a pas le droit de laisser abîmer la démocratie par ces officines. C’est la raison pour laquelle je vais me battre de toutes mes forces. Et jusqu’au bout.

Plusieurs de vos proches se sont étonnés de la célérité de la justice dans cette affaire. Souhaitez-vous qu’elle aille vite?
Le plus vite possible. D’ailleurs, sur le fond, je ne répondrai plus qu’à la justice. C’est à elle seule que je fais confiance pour établir la vérité. Je ne me soumettrai pas au tribunal médiatique.

Comprenez-vous que les niveaux de rémunération évoqués puissent choquer les Français?
Les niveaux de rémunération évoqués sont faux. On mélange le brut et le net. Je donnerai tous les éléments aux enquêteurs.

Avez-vous déjà remis des documents à la justice?
Oui.

Quel type de documents?
Des bulletins de salaire notamment, pour établir les montants et les dates.

Vous avez dit que vous aviez décidé d’arrêter cette collaboration avec votre épouse en 2013. Pourquoi?
S’agissant du travail que mon épouse a effectué pour Marc Ladreit de Lacharrière, elle a souhaité arrêter. Elle aurait aimé en faire plus mais elle a bien senti l’hostilité du directeur de la revue.

S’agissant de son travail d’assistante parlementaire, nous sommes bien conscients que l’opinion a évolué sur ces sujets et c’est la première raison pour laquelle nous avons décidé qu’elle cesserait d’être rémunérée. Ensuite, la valeur ajoutée la plus importante de ma femme était liée à sa connaissance du terrain dans la Sarthe. Étant devenu député de Paris, je pensais qu’elle pourrait maintenir le lien avec la Sarthe, mais cela n’avait plus le même sens.

Quand vous vous êtes lancé dans cette campagne, vous vous attendiez à ce que ce soit aussi dur?
Non. [Rire triste.]

Mais n’est-ce pas toujours le cas, dans une campagne présidentielle?
Je ne pouvais pas imaginer un seul instant que ce serait d’une telle violence et d’une telle bassesse.

Nicolas Sarkozy dit que faire une campagne présidentielle, c’est comme être nu dans la rue et « scanné » sous toutes les coutures…
C’est exactement ce que j’éprouve. Et ma femme encore plus que moi. Ce que je trouve le plus ignoble dans tout ça, c’est la prise en otage de ma famille.

Nicolas Sarkozy vous-a-t-il appelé?
Vendredi matin, oui. Un coup de fil très sympathique. Et utile.

Regrettez-vous d’avoir dit : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen? »
Non. C’est ma conviction profonde. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes politiques qui vous diraient les yeux dans les yeux : si je suis mis en examen, je ne me présenterai pas à l’élection présidentielle.

Vous êtes en meeting à la Villette cet après-midi. Quel sera votre message?
Je veux montrer que l’essence de mon projet, c’est la liberté. Il faut libérer un pays qui a toutes les raisons de réussir, qui devrait être leader européen, être en situation de plein-emploi et qui est tout le contraire parce qu’il s’est enfermé sous les réglementations, les normes, les impôts. C’est facile de redresser la France : il suffit de lever cette contrainte administrative qui nous étouffe. Ma politique permettra immédiatement d’améliorer les conditions de vie, en particulier des Français les plus modestes.

En quoi?
Les capacités financières dégagées par le passage progressif de l’âge de la retraite à 65 ans permettront d’augmenter les petites retraites. Ainsi, toutes les pensions du régime de base inférieures à 1.000 euros augmenteront de plus de 300 euros par an. De même, on augmentera d’au moins 600 euros par an les petites pensions de reversion. Et ce dès le début du quinquennat. De même, c’est grâce à l’augmentation de la TVA que je mettrai en place une franchise de cotisations salariales. Je veux augmenter de façon significative le salaire net des Français, via un abattement forfaitaire qui sera de l’ordre de 250 euros par an pour un ­salarié. Cela sera directement visible sur la feuille de paie et cela vaudra pour les salariés du public comme du privé.

Quel sera le coût de cet abattement?
Six milliards d’euros. Je propose aussi l’augmentation du plafond du quotient familial, le rétablissement de l’universalité des allocations ­familiales, ainsi qu’une mesure sur les donations aux enfants et petits-enfants. Je veux faire passer le délai entre deux donations de quinze à dix ans et réduire les droits en fonction de l’âge du donateur.

Je propose aussi une mesure puissante pour encourager l’épargne salariale et développer l’intéressement dans les entreprises de moins de 50 ­salariés avec un dispositif beaucoup plus souple et avantageux. Tout cela est rendu possible par la hausse de la TVA, le relèvement de l’âge de la retraite et un effort rigoureux de maîtrise des dépenses publiques.

Est-ce votre façon de répondre aux critiques sur la dureté libérale de votre projet?
C’est ma façon de démontrer que si mon projet comporte des mesures de compétitivité, elles sont d’abord destinées à donner du travail aux Français et à atteindre le plein-­emploi.

C’est cela que vous promettez aux Français, le plein-emploi?
Oui.

Il est dangereux de faire ce genre de promesses…
Je prends tous les risques, car sans prise de risques il n’y a pas de bénéfice à la clé pour les Français. Je pense qu’on peut descendre en dessous de 7% de chômage dans cinq ans.

Avez-vous compris les critiques contre votre projet?
Ces critiques reflètent surtout le fait que beaucoup de responsables politiques et sociaux français pensent qu’il n’est pas possible de changer les choses. La gauche ne croit plus à la croissance. Dans leurs programmes, mes concurrents n’essaient même plus de défendre l’objectif d’une réduction du chômage. Ils préfèrent parler de revenu universel et aligner des mesures coûteuses qu’ils n’ont pas les moyens de financer.

Vous n’êtes donc pas convaincu par les arguments de Benoît Hamon…
Penser que l’économie numérique est la fin de l’emploi, c’est un contresens terrible. Toutes les révolutions technologiques ont créé de la richesse et des emplois. Vouloir taxer les robots, comme le propose M. Hamon, c’est absurde.

Moi, ce que je propose, c’est de prendre en compte cette révolution numérique en créant un statut de travailleur ­indépendant pour permettre à ceux qui veulent se mettre à leur compte grâce à ces nouvelles technologies de le faire, et de pouvoir passer des contrats avec des entreprises ou des collectivités tout en ayant une protection sociale par ailleurs. Cela représente un gisement d’un million d’emplois potentiels. Le deuxième gisement d’emplois, ce sont les ­emplois de service. On va donc mettre le paquet dessus.

C’est-à-dire?
Non seulement nous allons rétablir les mesures de défiscalisation remises en cause par la gauche, mais je propose des emplois de service avec un niveau de charges extrêmement bas pour réduire leur coût horaire au minimum. Nous mettrons en place des plateformes pour simplifier la vie des employeurs et des employés. On pourra, par exemple, avec son smartphone, commander trois heures de garde d’enfant. Le salarié, lui, n’aura plus à gérer 36 employeurs différents, tout passera par cette plateforme. C’est une idée chère à Jean-Louis Borloo, avec qui j’ai beaucoup travaillé sur cette question. Là aussi, le potentiel est de l’ordre d’un million d’emplois.

Les critiques contre votre projet n’émanent pas que de la gauche…
Cette idée qu’on ne peut rien changer existe aussi dans mon camp, c’est vrai. Mais ce serait quand même invraisemblable qu’un pays qui a autant d’atouts que le nôtre ne se saisisse pas du potentiel de croissance et d’innovation qu’il y a aujourd’hui dans le monde. Prenons un exemple : il suffirait d’un tout petit effort pour que la France soit parmi les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. [Il s’anime.] Je veux reprendre les privatisations, sortir une partie des participations de l’État du capital d’entreprises où cet argent ne sert à rien pour le réinvestir dans des domaines de pointe comme celui-là.

Ce dimanche se tient le second tour de la primaire de la gauche. Entre Valls et Hamon, vous avez une préférence?
Aucune. La seule qualité de Benoît Hamon, c’est une forme d’authenticité et de sincérité. S’agissant de Manuel Valls, il n’y a rien de financé dans son projet et aucune mesure réellement nouvelle. Au fond, comme le disait André Malraux il y a un peu plus de cinquante ans, et je vais conclure mon discours en le citant, il y a quatre gauches en France.

La première, c’est la gauche pure, dure, rouge. C’est Mélenchon, le Fidel Castro de YouTube. La deuxième, c’est la gauche socialiste ; c’est l’équipage des naufragés du Titanic hollandais qui viennent de s’entredévorer sur le radeau de la Méduse de la primaire. La gauche numéro 3, c’est Macron : il fait croire qu’il est neuf, en réalité c’est lui qui a fait le programme de Hollande. Toute l’équipe gouvernementale de Hollande est en train de le rejoindre. Macron, c’est le sortant, c’est l’héritier, c’est Hollande. C’est pour ça que ce sera très difficile pour lui. La gauche numéro 4, c’est le FN : sortie de l’euro, retraite à 60 ans, augmentation du salaire minimum, recrutement illimité de fonctionnaires… L’original, c’est Mélenchon ; la copie, c’est Marine Le Pen.

Vous voulez nous faire croire que Macron n’est pas votre adversaire le plus dangereux?
Il dit qu’il est réformateur, il l’est beaucoup moins que moi. Quand j’entends certaines de ses propositions, je me dis qu’il est sûrement très intelligent mais qu’il ne connaît pas le pays. Et il aura quand même du mal à incarner les classes populaires!

Mais il apparaît comme nouveau…
Ça, ça ne marche pas dans une élection présidentielle. Il s’agit de choisir le chef des armées, la personne qui va défendre le pays dans un contexte international et sécuritaire extrêmement difficile. Pour résumer : on a un président américain dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est inattendu ; une Russie qui dérive de manière dangereuse ; une guerre commerciale qui s’amorce entre les États-Unis et la Chine ; le totalitarisme islamique qui nous menace ; et au milieu de tout ça, une Europe qui se défait.

Peut-on confier la présidence de la République française à quelqu’un qui a zéro expérience en matière internationale, qui n’a aucun projet sur le plan sécuritaire, qui explique que les réfugiés sont les bienvenus et qui, au Liban cette semaine, change de position en fonction de ses interlocuteurs?

La ferveur qu’il suscite ne vous impressionne pas?
J’ai vécu ça pendant deux ans dans la primaire… Le miroir médiatique est déformant.

Ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui l’inexpérience passe pour de la modernité?
C’est la raison pour laquelle je propose un projet de rupture et que je veux faire entrer la société civile dans mon gouvernement.

Justement, vous aviez promis de rendre publics les noms de vos trois principaux ministres. Alors?
C’est trop tôt. J’attends de voir qui va se révéler dans la campagne, qui seront les plus actifs.

Pensez-vous, comme certains dirigeants politiques, qu’il y a réellement un risque aujourd’hui que le FN arrive au pouvoir?
Si on continue à tenter de ­détruire tous les candidats crédibles à l’élection présidentielle, cela va finir par arriver.

Anna Cabana, Hervé Gattegno et Christine Ollivier

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 30/01/2017

L’Union européenne mise au défi par Donald Trump

Face au président américain, qui s’est notamment réjoui du Brexit et a estimé que l’Alliance atlantique était «obsolète», François Hollande a appelé à l’union et à la «fermeté».

Les premiers contacts entre Donald Trump et les chefs de file européens, France, Allemagne et Grande-Bretagne, n’ont pas été de nature à rassurer l’UE. Le choix de réserver sa première rencontre avec un dirigeant étranger depuis son investiture à Theresa May, première ministre d’un pays en train de quitter l’Union, a été considéré comme une provocation par les autres Européens. Donald Trump s’est en effet réjoui du Brexit, une «chose merveilleuse» selon lui dont il appliquerait volontiers le modèle à d’autres pays du Vieux Continent.

Depuis l’élection de Donald Trump, l’un des principaux sujets d’inquiétude des pays européens réside dans la future relation à l’Otan, dont les États-Unis sont le pilier, à la fois militaire, économique et politique. Pour Donald Trump, l’Alliance atlantique est «obsolète», son article 5, qui organise la défense collective en cas d’attaque d’un de ses membres, est sujet à discussion et son organisation financière doit être repensée.

Dans ses conversations téléphoniques avec François Hollande et Angela Merkel samedi, le nouveau président américain a cherché à apaiser ses alliés européens, qui depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale font en partie reposer leur sécurité sur l’Organisation atlantique et aimeraient qu’elle continue à tenir ce rôle face à la montée en puissance de l’impérialisme russe. Il a ainsi réaffirmé l’attachement américain à l’Otan, qui conserve à ses yeux une «importance fondamentale». Mais il a aussi rappelé à François Hollande la nécessité de rééquilibrer le fonctionnement de l’Alliance et de mieux «partager le fardeau des dépenses de défense». Une manière de dire à ses alliés européens: si vous voulez que l’Otan continue à vous défendre, vous allez devoir payer.

Deuxième sujet de contentieux, la Russie de Vladimir Poutine. La longue conversation téléphonique entre les présidents américain et russe, samedi, visait à amorcer le réchauffement entre les États-Unis et la Russie après des années de dégradation marquées par l’annexion de la Crimée, l’intervention russe en Syrie et l’ingérence du Kremlin dans l’élection présidentielle américaine. Pour tourner la page des années Obama, Trump a souvent évoqué la possibilité de lever les sanctions imposées à la Russie pour sanctionner la déstabilisation de l’Ukraine. Ce qui placerait les Européens, divisés à ce sujet, en porte à faux.

Theresa May accusée de renier les droits de l’homme

Mais c’est le décret sur l’immigration qui a jeté le plus grand trouble chez les Européens. Theresa May en a été la victime collatérale: elle a été vivement critiquée en Grande-Bretagne pour avoir refusé de le dénoncer lorsqu’elle était à Washington. Accusée de renier les droits de l’homme au profit de la relation spéciale avec les États-Unis, elle a dû revenir sur son silence.

Dans leur conversation avec le président américain, Angela Merkel et François Hollande ont tous deux critiqué la décision du président américain. La première, dont la politique d’ouverture migratoire avait été qualifiée d’«erreur catastrophique» par Donald Trump, «regrette» les limites imposées à l’immigration. Le second appelle Trump à respecter le principe de «l’accueil des réfugiés», un fondement des «démocraties». La chancelière comme le président français considèrent que la lutte contre le terrorisme ne peut pas servir d’excuse pour bannir les immigrants musulmans.

Jusque-là, les Européens s’étaient rassurés en croyant détecter dans l’attitude de Donald Trump une part de bluff. Ils comptent aussi sur les contre-pouvoirs, notamment le Congrès américain, pour poser des limites au caractère imprévisible et incontrôlable du nouveau président. Mais les décisions de politique étrangère prises par Donald Trump depuis son investiture ont creusé le doute, qu’il s’agisse de la construction d’un mur à la frontière du Mexique ou de l’abandon de l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Sans compter les menaces proférées contre l’accord sur le nucléaire iranien, contre les engagements pour le climat ou contre l’ONU.

La multiplication des signes d’unilatéralisme, l’amorce d’un repli sur soi, le court termisme des décisions et plus généralement l’incertitude quant à la politique étrangère qui sera menée constituent en elles-mêmes une nouvelle donne géopolitique. François Hollande considère qu’il s’agit d’un «défi» pour l’Union européenne. Il appelle ses alliés à l’union et à la «fermeté». Mais le chemin risque d’être long et sinueux. À Lisbonne, à l’occasion d’un sommet des pays du sud de l’UE, il était l’un des seuls, samedi, à appeler l’Europe à faire front contre la politique de Trump.

Isabelle Lasserre

 

 

LE MONDE – 30/01/2017

Donald Trump soulève l’indignation après son décret sur l’immigration

Après un week-end de confusion, de jugements défavorables et de manifestations, la Maison Blanche a assuré que l’interdiction d’entrée des ressortissants de sept pays restait en vigueur.

Une vague d’indignation internationale, un parti partagé, un imbroglio juridique… le décret paraphé vendredi 27 janvier par Donald Trump au nom de la sécurité des Etats-Unis a placé son administration sur la défensive, samedi et dimanche. Pendant la campagne, le candidat républicain avait suggéré d’interdire l’accès au territoire américain aux musulmans. Devant le tollé suscité par une mesure probablement anticonstitutionnelle, il avait alors reformulé sa proposition en mentionnant des mesures spécifiques visant les pays en proie au terrorisme.

De nombreux ressortissants de sept pays, tous à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), ont été pris de court par l’entrée en vigueur d’une décision interdisant pour quatre-vingt-dix jours les entrées aux Etats-Unis, y compris pour ceux qui venaient d’arriver dans des aéroports américains. Cette mesure sera pérennisée pour les seuls Syriens. La situation s’est compliquée lorsqu’il est apparu que les détenteurs de titres de séjour légaux, temporaires comme permanents, étaient également concernés par l’interdiction, vite considérée comme antimusulmane.

Une ligne dure vite fragilisée

Dans un premier temps, samedi, M. Trump avait minimisé la confusion. « Tout marche très bien », avait-il assuré après avoir signé de nouveaux décrets présidentiels. « Nous étions totalement préparés. On le voit dans les aéroports, on le voit partout », ajoutait le président contre toute évidence.

Quelques instants auparavant, de hauts responsables de la nouvelle administration, s’exprimant officieusement, avaient défendu le texte, assurant que toutes les dispositions nécessaires avaient été prises en amont avec les administrations concernées, le département d’Etat et le département de la sécurité intérieure. Une affirmation contestée tout aussi officieusement par des responsables de ces dernières auprès de la presse américaine.

Les conseillers de la Maison Blanche ont défendu une lecture stricte du décret en assurant que le sort des détenteurs de permis de séjour légaux se trouvant actuellement à l’étranger serait examiné « au cas par cas ». Selon les associations opposées à ce texte, un demi-million de résidents seraient concernés.

Cette ligne dure a été fragilisée, dans la soirée de samedi, par les décisions de juges fédérales de l’Etat de New York et de Virginie d’autoriser l’entrée de personnes disposant de titre de séjour en règle mais bloquées dans les aéroports américains. Elles avaient été saisies par des organisations de défense des droits des citoyens.

Déclarations contradictoires sur les « cartes vertes »

Ces décisions n’ont cependant pas remis en cause le décret en lui-même, qui empêche par ailleurs l’arrivée de réfugiés parvenus au terme de longues procédures d’admission pendant cent vingt jours.

Dimanche matin, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Reince Priebus, a fait machine arrière sur la question des détenteurs de permis de séjour permanent (« carte verte »). Le sort des binationaux n’a cependant pas été totalement éclairci.

Dimanche soir, un haut responsable de l’administration américaine a toutefois assuré que les détenteurs de « cartes vertes » ayant demandé une exemption au nouveau décret migratoire du président Donald Trump l’ont obtenue : « Toutes les personnes qui ont demandé une exemption dans le cadre de la carte verte l’ont reçue », a déclaré ce haut responsable lors d’une conférence téléphonique avec la presse. Selon lui, leur nombre se montait dimanche à 170.

Les médias incriminés

Dans l’après-midi, la Maison Blanche a diffusé un communiqué dans lequel M. Trump a mis en avant pour expliquer ses déboires son bouc émissaire habituel, les médias, incriminés à deux reprises dans un communiqué de douze lignes.

Le président s’est retranché derrière un gel bien plus ciblé visant l’Irak pratiqué en son temps par son prédécesseur, Barack Obama, pour défendre ses mesures, en dépit de situations très peu comparables. « Ce n’est pas une interdiction [anti-] musulmane », a assuré M. Trump, qui a ajouté que les pays concernés étaient « des sources de terrorisme ».

Si la liste comporte effectivement des Etats en proie à des troubles, elle ne comprend pas l’Afghanistan, le Pakistan ni l’Arabie saoudite, auxquels étaient liés les responsables des attentats de San Bernardino (Californie) et d’Orlando (Floride), respectivement en décembre 2015 et en juin 2016.

  1. Trump assure, en outre, vouloir combattre en priorité l’organisation Etat islamique (EI), alors que cette dernière n’est pas implantée en Iran, pays à majorité chiite. Le djihadisme concerne principalement des groupes extrémistes sunnites.

Le décret fait également référence au 11-Septembre mais aucun des pays dont étaient originaires les kamikazes (Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis et Liban) n’y figure. Enfin, l’écrasante majorité des attaques terroristes perpétrées aux Etats-Unis, depuis cette date, l’ont été par des citoyens américains ou naturalisés.

Dissensions dans les rangs républicains

Le décret signé le 27 janvier ne mentionne spécifiquement aucune religion, mais il prévoit une procédure discrétionnaire pour les minorités persécutées. M. Trump s’est chargé du sous-titrage du jargon administratif en publiant sur son compte Twitter, dimanche matin, un message déplorant que « les chrétiens au Moyen-Orient [aient] été exécutés en grand nombre », sans mentionner les victimes musulmanes de la violence qui y sévit, pourtant beaucoup plus nombreuses. « Nous ne pouvons pas laisser cette horreur continuer », a-t-il ajouté.

En fin d’après-midi, des conseillers de la Maison Blanche, s’exprimant officieusement, ont relativisé le nombre de personnes bloquées pendant le week-end, et assuré que le texte restait pleinement en vigueur, à l’exception des résidents permanents.

La confusion a fait apparaître de premières dissensions dans les rangs républicains, alors que dans le même temps, le Parti démocrate annonçait une mobilisation générale, parallèlement aux associations de défense des droits des citoyens. Une trentaine de parlementaires du Grand Old Party (GOP) se sont inquiétés de ses possibles conséquences, notamment pour les relations entre les Etats-Unis et l’Irak. Cela a été le cas du président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Corker (Tennessee), et du président de la commission des forces armées, John McCain (Arizona), qui a déploré avec le sénateur Lindsey Graham (Caroline du Sud) « une blessure faite à soi-même dans la lutte contre le terrorisme ».

Gilles Paris

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

Service Presse, Communication / Formation

251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17

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Revue de presse du MEDEF IDF du 27 janvier 2017

2017-03-02T07:03:45+01:00Mots-clés : , , |

::: ILE-DE-FRANCE

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Voies sur berges : la guerre des chiffres

 

A Paris, la fermeture des voies sur berges, comme ici le 26 octobre 2016, entraîne mécaniquement une augmentation des véhicules sur les voies et rues qui bordent en surplomb les quais de la Seine.

 

Chacune dotée de son comité de suivi, la Mairie de Paris et la Région se livrent une lutte acharnée au sujet de l’impact de la piétonisation des voies en matière de trafic, de temps de parcours et de pollution.

« Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave. »

C’est ainsi que, le 19 janvier, Valérie Pécresse résumait le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, installé en septembre sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris.

Pourtant, trois jours plus tôt, la Ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, et des temps de parcours inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact.

« La réduction du trafic sur les axes de report, constatée depuis octobre, se confirme en décembre 2016, indique un communiqué de presse de la Mairie. Elle démontre que les automobilistes qui empruntaient autrefois les quais bas rive droite sont de plus en plus nombreux à adapter leur itinéraire ou leur mode de transport. »

Et la Ville de conclure : « La situation est donc encourageante et cohérente avec les prévisions de l’étude d’impact. »

Des chiffres en Open Data qui n’empêchent par la guerre de diagnostics

Mois après mois, ces déclarations contradictoires rythment le feuilleton dont la piétonisation de la voie Georges-Pompidou a constitué le premier épisode. Sur l’évolution entre septembre 2015 et septembre 2016, quand la Mairie de Paris notait un allongement de 39% du temps de trajet sur les quais hauts le soir, la Région affichait une augmentation de 74%.

C’est bien connu, on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Mais il n’en reste pas moins étonnant d’aboutir à des résultats si divergents à partir de mesures dont une grande partie est commune. En effet, les données concernant le trafic, qu’elles soient utilisées par la Ville de Paris, qui les transmet à la préfecture, ou par la Région, proviennent de capteurs de type boucles électromagnétiques appartenant à la Ville. Installés de façon permanente dans les chaussées, ils alimentent la régulation en temps réel des feux tricolores mais aussi une base de données servant à établir des statistiques. L’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), qui les traite pour le compte du comité de suivi régional, les récupère lorsqu’ils sont mis en open data. C’est-à-dire entre un mois et un mois et demi plus tard.

Ainsi, les données commentées le 19 janvier par la Région datent de novembre 2016, quand les analyses de la Ville trois jours plus tôt portent sur ceux de décembre. La Région se penche aussi sur des itinéraires de report tels que le périphérique ou l’A86, pour lesquels les données de circulation sont fournies à l’IAU par l’État et les départements. Quant aux temps de parcours, suivis à la fois par la Ville et par la Région, ils sont établis grâce aux données de GPS embarqués dans les véhicules.

Des méthodes de présentation qui entravent la comparaison

Abstraction faite du décalage dans la récupération des données, des contradictions subsistent entre les rapports présentés par les deux collectivités concernant un même mois. C’est qu’à partir des mêmes données, les deux collectivités ne calculent pas et, surtout, ne présentent pas les mêmes choses. En effet, l’IAU raisonne sur les seuls mardis et jeudis ouvrés, hors vacances scolaires, car ce sont les jours les moins susceptibles de subir de variations.

« C’est comme cela que nous pourrons vraiment comparer 2015 et 2016, repérer compteur par compteur les anomalies (telles que les manifestations, les camps de migrants, les pannes, etc.) susceptibles de biaiser les résultats, exclure les secteurs perturbés par des travaux tels que ceux du tramway, etc. », explique un expert.

Mais ce sont aussi les jours qui connaissent la circulation la plus dense, accuse la Ville, qui, pour sa part, raisonne sur cinq jours ouvrés.

Autre différence : les horaires pris en considération pour étudier le pic de circulation du soir varient également, l’IAU travaillant sur la tranche de 18 heures à 19 heures, quand la Ville prend en compte le créneau de 19 heures à 20 heures.

Surtout, quand la Région communique en pourcentage, la Ville présente des allongements du temps global de traversée de quelques minutes seulement et, surtout, en majorité inférieurs à ceux prévus par l’étude d’impact préalable. L’augmentation de 31% en novembre le matin sur le boulevard Saint-Germain correspond ainsi à un allongement de 3 minutes et demie.

La Région défend la qualité de l’air et s’oppose à la réduction de la circulation

Mais c’est avant tout sur la qualité de l’air que la Région concentre ses attaques. Un sujet sur lequel elle rappelle être chef de file et qu’elle affirme prendre « très à coeur », comme en témoigne la multiplication par 13 des moyens dédiés au plan air dans son budget 2017, dont 4 millions d’aides au remplacement des véhicules polluants pour les artisans et commerçants, et autant pour le remplacement des chaudières à bois.

« Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution », s’alarmait ainsi le professeur Carli le 19 janvier, citant une augmentation de 53% pour le NOx et 49% pour les particules fines sur les quais hauts. « Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berges n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », a-t-il conclu.

Ces chiffres proviennent des relevés de 13 capteurs implantés le long des quais hauts et du boulevard Saint-Germain, directement concernés par la fermeture, mais ne disent rien de la qualité générale de l’air dans la capitale.

L’impact des conditions météo

Airparif, qui a installé depuis novembre de nouveaux capteurs sur les voies et les quais hauts et en petite couronne, a prévu deux campagnes pour mesurer l’incidence de la fermeture des voies sur berges. La première a été menée de mi-novembre à mi-décembre et la seconde est prévue entre les mois de mai et de juin.

Dans une note du 16 janvier, on peut lire : « Les niveaux mensuels ne montrent aucune tendance claire imputable à la seule fermeture des voies sur berges. Ces variations constatées sur le réseau de stations permanentes d’Airparif traduisent l’effet imbriqué des émissions de polluants et de la météorologie. De ce fait, elles ne peuvent être interprétées directement et uniquement par rapport aux variations de trafic induites par la seule fermeture des voies sur berges. »

L’impact de la météo se traduit notamment par les pics de pollution de décembre, non imputables à la seule piétonisation, puisqu’ils touchaient toute l’Île-de-France mais aussi les régions de Lyon ou de Londres. Airparif insiste surtout sur le fait qu’il ne sera pas possible de tirer des enseignements valables avant les six mois d’observation prévus, et qu’il faudra tenir compte de la météo et de l’éventuelle évolution des comportements.

Le rapport complet de la première campagne comprenant l’interprétation de l’ensemble de ces résultats en lien avec ceux du trafic sera diffusé en mars 2017, correspondant en principe avec la fin de la période d’observation. Mais le rapport final de l’étude, intégrant la deuxième campagne de mesure en période estivale et la comparaison entre ces deux campagnes, ne sera, lui, disponible qu’en septembre.

Autant dire que le feuilleton n’est pas près de s’achever…

 

::: ECONOMIE

LE MONDE – 27/01/2017

Pierre Gattaz : « La mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables »

Tribune de Pierre GATTAZ, Président du MEDEF

Le protectionnisme de Donald Trump ne peut pas être transposé dans notre pays, le marché intérieur français ne pourrait pas soutenir notre économie. Il faut choisir l’international en misant sur nos atouts, selon le président du Medef.

Les déclarations antimondialisation de Donald Trump suscitent visiblement des interrogations ou des vocations de certains de nos politiques. La fermeture des frontières est-elle donc une stratégie économique possible ?

Il faut raison garder et constater tout d’abord qu’à ce stade, on est dans le discours, à la fois pour les menaces, mais aussi pour les promesses. Attendons de voir la réalité des faits. M. Trump l’a suffisamment démontré durant sa campagne : c’est un joueur de poker de génie. Et dans cette affaire, ce n’est pas forcément le seul…

Néanmoins, cette volonté affichée de repli américain à l’intérieur de ses frontières est, à plus d’un titre, inquiétante. En adoptant cette stratégie, les Etats-Unis choisiraient de s’exonérer des traités internationaux et de revenir à la loi du plus fort, certains que leur puissance les protégerait. Elle apparaît donc comme une aventure solitaire risquée même avec la maîtrise monétaire et un important marché intérieur.

Une telle stratégie provoquerait des réactions des autres pays et continents, Chine en tête. Si une telle aventure peut s’envisager pour le pays le plus fort économiquement au niveau mondial, transposée au niveau de la France, elle serait suicidaire : le seul marché français ne suffit pas à assurer un débouché à nos produits et services, et l’absence de liberté monétaire, même en imaginant sortir de l’euro, réduit fortement nos marges de manœuvre.

L’exemple de l’Allemagne montre bien que, pour un pays industriel de taille moyenne, la mondialisation est la seule solution de croissance et d’emplois durables.

Alors, que faut-il faire ? Contrairement à ce que pensent certains de nos politiques, la stratégie doit être de se tourner résolument vers la mondialisation en capitalisant sur nos atouts. Comment ?

En arrêtant de nous auto-dénigrer.

Je rentre du Mali, j’étais aux Etats-Unis tout début janvier, en Chine fin 2016… Partout, la France est admirée et respectée. Nos atouts sont considérables d’un point de vue économique. Cessons de penser que nous allons continuer à perdre en nous mondialisant. C’est faux et beaucoup d’entreprises françaises le prouvent et gagnent des marchés. Pas assez malheureusement.

En amenant plus d’entreprises à l’exportation.

C’est ce que je fais tous les mois, dans différents pays, en accompagnant des PME et des ETI à l’international. Mais notre volontarisme ne suffira pas à lui seul pour régler les problèmes structurels de notre pays. Voilà pourquoi les réformes doivent être menées. Vite et fort.

En ayant une vraie vision et déployer une stratégie internationale.

Les Etats-Unis resteront un marché important, mais les difficultés à prévoir doivent nous pousser à agir dans trois directions complémentaires de manière plus résolue :

Nous devons achever la construction européenne d’urgence. L’Europe, par la taille de son marché, peut être un vrai atout, mais cela nécessite évidemment d’achever rapidement une forme de convergence sociale et fiscale. Nous devons le faire d’abord au sein de la zone euro qui donne l’avantage d’une monnaie commune cohérente. Là encore agissons vite et fort.

Capitalisons aussi sur l’Afrique. Je ne le dirai jamais assez : l’Afrique est un continent pour les entreprises françaises. D’abord, parce qu’en maîtrisant deux langues (le français et l’anglais), on peut agir sur presque tout le continent. Ensuite, grâce à la diaspora africaine que nous avons en France : beaucoup de jeunes Français ont une double culture (française et du pays de leurs parents ou grands-parents). C’est un atout clé pour notre développement en Afrique.

Allons résolument sur ce continent en proposant un modèle de codéveloppement respectueux, en ayant une véritable approche gagnant-gagnant, humblement et respectueusement. Nous en tirerons tous bénéfice.

Enfin, tournons-nous vers l’Asie plus résolument. En France, la Chine fait peur, souvent par méconnaissance. Là encore, les opportunités sont faramineuses et les relations compliquées à prévoir avec les Etats-Unis offrent des opportunités à nos industriels. Profitons-en !

En cessant d’être naïfs.

La mondialisation est vertueuse si elle obéit à des règles. A cet égard, ceux qui ont dénoncé les accords de type TTIP ont rejeté des règles qui permettraient, si elles étaient bien négociées, d’encadrer notamment l’acteur dominant (les Etats-Unis) et d’ouvrir à nos PME d’immenses marchés. On peut critiquer le contenu de l’accord ou la méthode de négociation, mais rejeter l’idée même de ces traités, c’est accepter de laisser les Etats-Unis imposer leurs règles au reste du monde !

Alors que la France va être amenée à faire un choix important dans les mois qui viennent, je pense qu’il nous faut cesser de nous dénigrer et faire enfin le choix de la fierté, de la conquête et de l’enthousiasme.

Pierre Gattaz

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Entreprises : un nouvel outil contre l’optimisation fiscale

 

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert.

La France a ratifié l’accord de l’OCDE instaurant un échange automatique des données « pays par pays » des multinationales. Deux cents grands groupes français devront fournir ces informations au fisc.

La France a posé un « jalon important » dans la lutte contre l’évasion fiscale, selon les termes du secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert. Il s’exprimait face aux sénateurs qui ont ratifié, ce jeudi, l’accord international, signé par une cinquantaine d’Etats, permettant d’échanger de façon automatique des données stratégiques sur les multinationales. Chiffre d’affaires, bénéfices, impôts, actifs, capital social, nombre de salariés… Les entreprises de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires devront transmettre l’ensemble de ces données à l’administration fiscale de leur pays, qui les échangera ensuite avec les Etats signataires de l’accord.

Lutte contre l’optimisation fiscale

Ce processus de reporting « pays par pays » constitue l’un des volets du plan de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre l’optimisation fiscale (« BEPS ») , adopté par le G20 fin 2015. Sa logique est comparable à celle de l’échange automatique sur les comptes bancaires, qui permettra dès 2018 à l’administration fiscale d’être informée sur les comptes à l’étranger de ses ressortissants.

Sans permettre au fisc de déclencher directement des contrôles, le reporting « pays par pays » lui apportera de précieuses informations pour vérifier que les « prix de transfert » correspondent bien à une réalité économique. Car les flux intragroupes constituent souvent un moyen pour les grandes entreprises de localiser leurs bénéfices dans les pays à faible fiscalité. « L’objectif global est de localiser les assiettes en cohérence avec le lieu où se produit la valeur ajoutée », expliquait Bruno Parent, le patron de l’administration fiscale, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

200 grands groupes français concernés

Ce dispositif s’applique aux entreprises de plus de 750 millions de chiffre d’affaires, soit 10 % des entreprises représentant 90 % du chiffre d’affaires mondial. En France, ce sont près de 200 grands groupes qui sont concernés.

S’il renforce les moyens de l’administration fiscale, le reporting « pays par pays » n’est pas sans limite. Les sénateurs ont exprimé jeudi à plusieurs reprises leur inquiétude sur la position ambiguë des Etats-Unis, qui ont adopté ce reporting mais sans ratifier l’accord d’échange international (lire ci-dessous). Et le changement d’administration à Washington laisse planer des doutes sur l’application des mesures anti-optimisation validées au sein de l’OCDE. « On ne peut qu’espérer que, malgré l’évolution du contexte international, les engagements pris par chacun seront respectés », a déclaré Christian Eckert au Sénat. Dans le cas où les Etats-Unis ne transmettraient pas leurs données, le secrétaire d’Etat a évoqué l’existence d’un mécanisme alternatif : le fisc français pourrait obliger les filiales hexagonales des groupes américains à fournir leurs informations sur la France.

Confidentialité du reporting

Des questions se posent également sur la confidentialité de ce reporting. Que se passe-t-il si un Etat transmet à une entreprise nationale des données sur un concurrent étranger ? L’accord signé à l’OCDE prévoit que les renseignements obtenus soient tenus secrets. « Malgré ces strictes conditions, le risque d’une utilisation détournée ne peut être complètement écarté », alerte un rapport du Sénat. Sur ce point, Christian Eckert affirme que « la France suspendra ses échanges si la confidentialité n’est pas respectée ».

Quant à la perspective de rendre ce reporting public, comme le réclament les ONG et certains députés, elle s’éloigne. Votée dans la loi Sapin 2, cette disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel. « La France est favorable au reporting public dès lors qu’il sera la règle au sein de l’UE », a rappelé Christian Eckert.

Ingrid Feuerstein

 

 

LE PARISIEN – 27/01/2017

Contrats de travail : les CDD très courts explosent, avec moins de CDI à la clé

 

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions. 

Le nombre d’embauches en CDD de moins d’un mois a plus que doublé en 15 ans et ces contrats débouchent de moins en moins sur un CDI, selon deux études de l’Unédic et de France Stratégie.

Selon l’étude de l’Unédic – qui porte sur les années de 2000 à 2016 – les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, tandis que celles de plus d’un mois n’ont pas bougé (environ un million). Ce document a été présenté aux partenaires sociaux mercredi lors d’une réunion de diagnostic du marché du travail, préalable à une éventuelle reprise des négociations sur l’assurance chômage.

Malgré cette tendance au raccourcissement des CDD, la part globale de ces contrats dans l’emploi reste stable sur cette période, à 9%, alors que les CDI représentent 76% de l’emploi total.

Un CDD sur cinq se transforme en CDI

Arts et spectacles, édition et audiovisuel, activités pour la santé, hôtellerie-restauration, immobilier et enseignement privé notamment sont les secteurs qui ont eu, en 2012, le plus recours à des contrats de moins d’un mois, voire quelques jours.

L’étude de l’Unédic, qui gère l’assurance chômage, souligne aussi le «poids croissant» de la réembauche, 84% des CDD de moins d’un mois étant des réembauches par un ancien employeur, selon des données de 2012.

«Dans certains secteurs, certains employeurs s’entendent implicitement avec leurs salariés sur la possibilité d’embauches successives avec parfois des engagements d’exclusivité», observe l’Unédic, sans plus de précisions.

L’étude de France Stratégie, également présentée aux partenaires sociaux, relève que seul un CDD sur cinq (20%) se transforme en CDI, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008. «Ces études confirment que les contrats courts sont au coeur du problème», a estimé Éric Courpotin (CFTC) après la réunion.

La surcotisation des contrats courts

Les négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage avaient échoué en juin 2016, après le refus du patronat de taxer les contrats courts. L’actuelle convention a été prolongée par l’État pour une durée indéterminée.

Syndicats et patronat ont repris langue en décembre pour faire un «diagnostic partagé» sur l’épineux dossier, en programmant une série de réunions jusqu’au 15 février, date à laquelle ils décideront de rouvrir ou non les négociations.

«Toutes ces études ne font pas avancer le « schmilblick ». On sent le même blocage qu’au printemps, les employeurs ne veulent pas discuter de leur choix dans le recours à la précarité car ils savent que ça aboutit forcément à la surcotisation des contrats courts», a commenté Denis Gravouil (CGT).

Olivier Boitet

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Incroyable mais vrai, le nombre de plans sociaux a chuté en 2016

Le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi a baissé de 12% l’an passé. Lors de ses vœux à la presse, Myriam El Khomri a répondu aux critiques sur la loi travail qui, selon ses détracteurs, faciliterait les licenciements.

Myriam El Khomri avait réservé l’annonce pour ses vœux à la presse: entre 2015 et 2016, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) a diminué de 12%. «Qu’il n’y ait aucun malentendu, je ne veux absolument pas minimiser l’ampleur» des derniers plans de restructuration, comme celui du groupe Vivarte, «ni minimiser la souffrance de ces salariés», a tenu à préciser d’emblée la ministre. Chez Vivarte en effet, la direction a annoncé, lundi, le lancement de deux PSE, à la Halle aux Chaussures et dans sa filiale Vivarte Services.

Si ce recul des plans sociaux est la conséquence logique de la reprise économique, le sujet est sensible pour Myriam El Khomri. Une partie de la gauche reproche à la loi travail, qui porte son nom, de faciliter les plans sociaux. Benoît Hamon, finaliste à la primaire socialiste, avait ainsi, lors du premier débat public entre les candidats, expliqué que le plan social de la Voix du Nord n’aurait pas été possible sans la loi El Khomri. Une affirmation réfutée par la ministre elle-même. La direction du quotidien régional évoque en effet la sauvegarde de la compétitivité pour justifier son plan. Or ce motif était accepté par la jurisprudence de la Cour de cassation bien avant la loi El Khomri.

Pour les plans sociaux, la grande nouveauté date de 2013

Selon la ministre, «la loi travail ne facilite pas les licenciements». Le texte «explicite seulement, sur la base de la jurisprudence actuelle, dans quelles circonstances précises une entreprise a le droit de procéder à des licenciements économiques». «Elle leur donne un cadre clair et sécurisé sans rien retirer au pouvoir des juges», a-t-elle appuyé.

Myriam El Khomri a raison. Même si elle a fait couler beaucoup moins d’encre, la réforme la plus importante du quinquennat en matière de plans sociaux date de juin 2013 et de la loi sur la sécurisation de l’emploi. Le texte visait à simplifier les procédures des licenciements économiques de taille importante. Il s’applique aux entreprises de 50 salariés et plus qui souhaitent licencier pour motif économique au moins dix salariés sur une même période de 30 jours.

Deux modalités sont désormais prévues: soit l’employeur conclut un accord collectif majoritaire avec les représentants syndicaux, qui est soumis à validation par l’administration régionale, soit il prend une décision unilatérale, soumise dans ce cas à homologation de l’administration. Auparavant le chef d’entreprise devait seulement notifier le PSE auprès de l’administration. Pour les entreprises, ce cadre présente le grand avantage de limiter les contentieux. Elles se félicitent aussi d’avoir désormais à faire, en cas de recours, au juge administratif et non plus judiciaire. Enfin, la nouvelle procédure est également plus rapide.

En 2014, 728 PSE ont été mis en œuvre. 39 % de ces plans résultaient de la validation d’un accord entre l’entreprise et les organisations syndicales. Les services du ministère du travail publieront dans les prochaines semaines les données pour 2015 et 2016.

Anne de Guigné

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 27/01/2017

Autoroutes : un plan de relance à 800 millions d’euros

Après une première vague d’investissement décidée en avril 2015, ce deuxième plan devrait permettre la création de 5 000 emplois supplémentaires.

Derniers chantiers avant les élections. Durant son quinquennat, François Hollande aura choyé les autoroutes. Pas moins de deux plans de relance auront été mis en place en l’espace de deux ans : le premier de 3,2 milliards d’euros a été signé en avril 2015 et un nouveau programme d’investissements de 800 millions d’euros a été annoncé jeudi 26 janvier. Un montant légèrement inférieur au milliard espéré.

Cela permettra la création de 5 000 emplois qui s’ajouteront aux 8 000 à 10 000 prévus dans le cadre du premier chantier. Une ampleur jamais vue. A titre de comparaison, le paquet vert autoroutier réalisé en 2010 par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy avait déjà été salué par son importance. Il prévoyait 1 milliard d’euros d’investissements pour améliorer les performances environnementales du réseau et 4 000 emplois.

32 échangeurs, 25 aires de covoiturages

Les deux plans de ce quinquennat diffèrent à la fois sur la nature des travaux et sur leur financement. Si le premier consistait principalement à aménager les grands axes existants en les élargissant, le second répond à des préoccupations locales.

Pour le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, ce programme prévoyant 32 échangeurs, 25 aires de covoiturages ainsi que des aménagements pour la protection du milieu naturel a « pour objectif de répondre à des attentes fortes des collectivités territoriales », explique-t-il, dans un communiqué. « Il vise à améliorer la desserte des territoires et à créer de l’activité en investissant dans l’amélioration de la qualité des infrastructures. »

En conséquence, le financement sera réparti entre les collectivités locales et les automobilistes. Les premières contribueront pour « plus de 50 % en moyenne pour les opérations routières d’intérêt local. Le complément proviendra d’une faible augmentation des péages, limitée de 0,1 % à 0,4 % par an de 2019 à 2021 », a précisé le secrétaire d’Etat. Rien à voir avec le plan de relance de 2015. En contrepartie de la prise en charge des 3,2 milliards d’investissement, les sociétés privées d’autoroutes ont obtenu un rallongement de deux ans et demi en moyenne de la durée des concessions.

Vinci sera le plus grand bénéficiaire

Dans les deux cas Vinci qui exploite 52 % du réseau autoroutier français est le plus grand bénéficiaire. Sur les 3,2 milliards d’euros du plan de 2015, il contribuait pour plus de 2 milliards, le reste étant réparti entre deux autres groupes Eiffage avec APRR et AREA, et Sanef contrôlé par l’espagnol Abertis.

Cette fois, sur les 800 millions d’euros du programme, Vinci fera un peu plus de la moitié des chantiers, Eiffage et Abertis, engageront des travaux estimés respectivement à 220 millions et 147 millions. Toutefois les protocoles d’accord entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes doivent encore être examinés par le régulateur du rail et de la route, l’Arafer. « Toutes ces étapes permettront d’engager les premiers travaux dès la fin de l’année 2017 », espère M. Vidalies.

La rapidité avec laquelle le deuxième programme a été entériné tranche aussi avec le précédent. Si le premier plan avait abouti trois ans après son annonce en 2012 – sur fond d’une vive polémique concernant le niveau élevé des péages – le nouveau, annoncé en juillet 2016 par François Hollande, a mis à peine six mois pour se conclure.

Dominique Gallois

 

 

LA TRIBUNE – 27/01/2017

Rapprochement DCNS/Fincantieri : c’est non pour le moment

 

Le patron de DCNS Hervé Guillou a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan, le dossier de rapprochement entre son groupe et Fincantieri

 

Ces dernières semaines, le PDG de DCNS Hervé Guillou proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri.

C’est l’un des rêves d’Hervé Guillou. Depuis son arrivée à la barre de DCNS, le PDG du groupe naval travaille à une consolidation européenne. Ces dernières semaines, il proposait à ses actionnaires à l’occasion de la future prise de contrôle de STX par Fincantieri, d’aller un cran plus loin. Et plus précisément, il voulait profiter de cette fenêtre pour lancer une prise de participations croisées entre son groupe et Fincantieri, un dossier qui a pour nom de code Magellan. C’est non, lui a récemment signifié l’État, selon des sources concordantes. Une nouvelle déception pour celui qui a la foi du charbonnier concernant l’Europe et la consolidation du secteur. Interrogé par La Tribune, DCNS n’a pas souhaité faire de commentaires.

« Je ne peux faire aucune prévision concernant une éventuelle consolidation ou m’engager sur un calendrier mais je m’engage à être prêt si un tel moment se présente », avait-il expliqué en février 2015.

A l’été 2015, Hervé Guillou s’était déjà heurté à un refus. DCNS et Fincantieri étaient pourtant en train de négocier un rapprochement à parité dans les bâtiments de surface. Les deux groupes navals, qui ont développé en commun le programme de frégates multimissions (FREMM), avaient alors secrètement signé un « Head of Agreement » (HoA), un document non engageant pour encadrer leurs négociations après des discussions entamées depuis la fin 2014.

DCNS autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan

Pour des questions pratiques notamment, l’État veut dissocier les deux dossiers : celui de STX, où DCNS devrait entrer dans le capital pour accompagner l’État, et Magellan. C’est d’ailleurs pour cela que la porte reste ouverte pour un rapprochement entre DCNS et Fincantieri. Tout n’est donc pas perdu pour Hervé Guillou mais la porte n’est qu’entrouverte. Dans ce cadre, DCNS a été autorisé à poursuivre l’examen du dossier Magellan par l’État sans préjuger de sa réponse définitive. Car ce dernier s’interroge encore sur la nécessité d’une telle opération, surtout à quelques mois de l’élection présidentielle. « L’État n’est pas convaincu mais reste ouvert », explique-t-on à La Tribune. A Hervé Guillou de transmettre sa foi de charbonnier …

Le morcellement de l’industrie navale militaire européenne se résorbe peu à peu grâce à une consolidation au niveau national autour de grands maîtres d’œuvre dans six pays avec BAE Systems (Royaume-Uni), DCNS (France), Fincantieri (Italie), ThyssenKrupp Marine (Allemagne), Navantia (Espagne) et Damen (Pays-Bas). Des groupes, qui se retrouvent en concurrence frontale pour les marchés à l’export comme DCNS et Fincantieri au Qatar, où les Italiens ont gagné en juin dernier. Pour autant, selon des sources concordantes, les négociations entre les Italiens et Doha seraient actuellement très, très difficiles sur plusieurs points : le prix, le financement, la formation et les spécifications techniques. Bref, un contrat en bonne et due forme est loin d’être signé …

Michel Cabirol  

 

 

LES ECHOS – 27/01/2017

Le e-commerce s’enracine dans le quotidien des Français

Le commerce en ligne a dépassé la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires en 2016. Il ne représente que 8 % du commerce de détail mais la fréquence d’achat augmente sensiblement.

Tous les indicateurs montrent qu’acheter sur la Toile devient un geste familier pour les Français. C’est le principal enseignement du bilan 2016 et des prévisions 2017 qu’a établis ce jeudi la Fevad, la fédération professionnelle du secteur.

Noël a été de nouveau un pic pour les Amazon et autres Cdiscount. Pour les fêtes de fin d’année, les ventes ont atteint les 14 milliards d’euros, en hausse de 15 %. De ce fait, l’année se termine pour le secteur par une nouvelle croissance à deux chiffres, de 14,6 %, la barre des 70 milliards de chiffre d’affaires étant dépassée (72 milliards précisément). Et les projections pour 2018 tablent sur le franchissement de la marche des 80 milliards, à 81,7 milliards.

Le coût de la livraison n’apparaît plus comme un frein

Cela représenterait une hausse de 13 %, moins forte que les années précédentes, qui traduit une forme de banalisation de l’acte d’achat sur la Toile. De fait, les e-acheteurs réalisent désormais en moyenne 28 transactions par an, contre 23 en 2015. Selon une enquête CSA, 58 % des acheteurs en ligne achètent sur le Web au moins une fois par mois. Quelques 19 % des sondés comptent acheter encore plus en ligne en 2017, et notamment 26 % des 25-34 ans. Conséquence logique, le montant moyen d’une transaction diminue, lui, de 7 %, et passe à 70 euros. On était à 91 euros en 2008.

Parmi les éléments qui encouragent les achats en ligne, le fait que la livraison, et son coût, apparaisse de moins en moins comme un obstacle, grâce à la multiplication des abonnements annuels, du type Amazon Premium ou FNAC +. « Ces offres désinhibent les achats en ligne, notamment sur les petits montants », a déclaré à Reuters Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Selon Médiamétrie, la France compte désormais 37 millions de cyberacheteurs.

Amazon, site le plus visité de France

Avec 16 millions de visiteurs uniques par mois, Amazon reste le site le plus fréquenté en France. devant Cdiscount (12 millions) et la FNAC (10 millions).

Autre indice de la banalisation, l’utilisation du smartphone pour commander, notamment par les jeunes. Les ventes sur smartphones et tablettes ont crû de 30 % en 2016 et ont représenté à Noël 28 % des achats.

La banalisation du e-commerce touche particulièrement l’habillement. Plus de la moitié des cyberacheteurs, selon CSA, ont acheté de la mode en 2016. Suivent les produits culturels (49 %), les chaussures (39 %) et les produits techniques (39 %).

Les achats de produits de beauté se multiplient

Phénomène plus nouveau mais qui s’ancre lui aussi dans les habitudes : 37 % des acheteurs en ligne achètent des produits de beauté et de santé. Ainsi, de façon contre-intuitive, les Français vont d’abord sur la Toile pour trouver des produits qui touchent à leur apparence (habillement, produits de beauté). L’absence de cabine d’essayage ne semble pas les affecter, loin de là.

L’enquête CSA indique également que 30 % des consommateurs qui achètent en ligne ont déjà commandé un repas sur Internet et que 13 % le font une fois par mois. Le succès des Foodora, Just Eat et autres Deliveroo ne se dément pas.

Les magasins traditionnels résistent

Toutefois, les chiffres ne condamnent pas les magasins traditionnels. D’abord, le budget moyen consacré par les consommateurs français sur Internet est de 2.000 euros par an. Et le e-commerce ne représente toujours que 8 % de l’ensemble du commerce de détail. Par ailleurs, la livraison en magasin progresse (+5 % en 2016, à 36 %) et un autre comportement commence à être quantifié par les experts : la réservation en ligne. Près d’un tiers des cyberacheteurs indiquent ainsi être allés sur les sites marchands juste pour réserver un produit qu’ils sont ensuite allés chercher dans une boutique.

Philippe Bertrand

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

Arthur Sadoun remplace Maurice Lévy à la tête de Publicis

  1. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

Le patron de Publicis, Maurice Lévy, sera remplacé par Arthur Sadoun à la présidence du directoire à partir du 1er juin, a annoncé jeudi 26 janvier le groupe dans un communiqué. M. Sadoun, 45 ans, est actuellement directeur général de la division Publicis Communications, qui réunit l’ensemble des réseaux créatifs du groupe.

La philosophe féministe Elisabeth Badinter, principale actionnaire du groupe et fille de son fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, a dit « avoir toute confiance dans cette équipe pour mener à bien les tâches qui l’attendent ». De son côté, M. Levy, qui avait pris la tête du groupe en 1987, s’est « réjoui de ce choix qui me paraît le plus juste et le plus judicieux pour notre groupe et son avenir », selon le communiqué publié par Publicis. Il prendra la tête du conseil de surveillance, à la place de Mme Badinter, à compter du 1er juin, si cette nomination est validée par l’assemblée générale des actionnaires qui se tiendra le 31 mai.

Bénéfice de 901 millions d’euros

Sous l’impulsion de M. Levy, Publicis va connaître un coup d’accélérateur à l’international, avec des prises de participation dans le monde, qui en ont fait le troisième groupe mondial de communication et de publicité. Le géant français a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 9,6 milliards d’euros, qui lui a permis de dégager un bénéfice net de 901 millions d’euros.

Dans son communiqué, Publicis a également annoncé l’arrivée de Steve King, actuellement à la tête de Publicis Media, au sein du directoire.

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Les start-up françaises attirent de plus en plus de financements

2016 est une année record avec plus de 2 milliards d’euros de levées de fonds.

Changement de décor pour le capital-risque français. Après une période compliquée, au cours de laquelle les jeunes entreprises peinaient à trouver des financements, les robinets coulent désormais à flots. L’année dernière, les seules entreprises technologiques françaises ont levé 2 milliards d’euros, quasiment deux fois plus qu’en 2015. Ce dynamisme permet à la France de doubler l’Allemagne et de se placer juste derrière le Royaume-Uni, avec 486 opérations de financement réalisées au cours des douze derniers mois (contre 909 pour les Anglais), selon une étude réalisée par CB Insights et la French Tech.

Redevenu très actif, le financement des jeunes pousses n’est cependant pas encore optimal. Les fonds apportés concernent à 65 % des opérations d’amorçage ou de premier rang (série A), pour des montants généralement compris entre quelques centaines de milliers d’euros et 5 à 7 millions. S’ils correspondent aux besoins des entreprises – les start-up foisonnent et de nouveaux projets continuent d’émerger quotidiennement -, ils marquent aussi la difficulté des Français à lever des fonds plus importants.

231 transactions recensées

Autre caractéristique: Paris concentre la plus grande partie des financements, avec 231 transactions recensées qui ont drainé un peu plus d’un milliard d’euros. En région, le soutien de la French Tech est encore balbutiant. Montpellier arrive ainsi en deuxième position, avec seulement onze opérations. «L’émergence de “bâtiments totems”» aussi symboliques que Station F à Paris, commence aussi en région, ce qui témoigne du dynamisme des territoires», veut cependant croire Antoine Darodes, directeur de l’Agence du numérique. Lille, pour ne citer qu’elle, a ainsi son paquebot, avec EuraTechnologies, qui a hébergé une centaine de start-up en phase d’incubation en 2016.

Le financement reste dominé par les acteurs français. Bpifrance tient son rang de locomotive du financement de l’innovation en nombre d’opérations réalisées, tandis que Kima Ventures arrive en deuxième position. Le fonds, créé par Xavier Niel, investit dans deux à trois start-up par semaine, en France et à l’étranger. «Niel, c’est la France», avait d’ailleurs lâché Michel Sapin, ministre de l’Économie, au détour d’une conversation au CES.

Les fonds étrangers et plus particulièrement américains commencent tout juste à manifester leur intérêt pour l’écosystème français. Ils sont un complément indispensable aux acteurs nationaux pour accompagner les entreprises dans leur croissance, sous peine de les voir rachetées par des grands groupes étrangers, comme l’illustrent les opérations bouclées l’année dernière. Les cinq principales acquisitions de start-up françaises ont en effet été réalisées par des groupes étrangers, à l’image du rachat de l’éditeur de logiciels Enablon par Wolters Kluwer pour 250 millions d’euros. Il s’agit de la plus grosse transaction de l’année, suivie par le rachat de Withings par Nokia pour 170 millions d’euros.

Les opérations de financement de grande ampleur se comptent encore sur les doigts des deux mains. Le record de 2016 revient au leader européen des centres de stockage de données OVH, avec 250 millions d’euros, suivi de Sigfox, qui a engrangé 150 millions pour le déploiement de son réseau télécoms dédié à l’Internet des objets. La levée de fonds de 100 millions d’euros bouclée par le fabricant français d’enceintes connectées Devialet est remarquable à plus d’un titre. Il est le seul acteur de l’électronique grand public à avoir bouclé un financement de plus de 20 millions d’euros, sur les 18 opérations de cette taille recensées par CB Insights. Devialet a aussi attiré des investisseurs étrangers prestigieux, comme Foxconn – le géant chinois de la sous-traitance connu pour produire les iPhone d’Apple – ou Sharp.

2017 pourrait être une année de d’amplification. Tous les indicateurs sont au vert pour espérer une nouvelle augmentation des financements privés, marquée par une participation plus importante des fonds étrangers. Pour que la tendance continue, les créateurs de start-up français expriment les mêmes souhaits que la plupart des entrepreneurs, appelant à plus de stabilité fiscale et, plus largement, à un environnement plus favorable aux entreprises. À ce titre, ils ont les yeux rivés sur les programmes des candidats à la présidentielle.

Elsa Bembaron

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 27/01/2017

Primaire à gauche : Hamon-Valls, leurs derniers arguments

LE FAIT DU JOUR. Par entretiens croisés, Benoît Hamon et Manuel Valls se livrent dans notre journal à un ultime face-à-face. Dimanche, l’un d’eux sera le candidat du Parti socialiste à la présidentielle. 

Benoît Hamon et Manuel Valls ont au moins une chose en commun : c’est la cuisine de maman qu’ils préfèrent. Mais ce n’est pas uniquement ce que l’on apprend dans ces deux interviews des rivaux, réalisées hier, au même moment dans leurs QG respectifs. On y découvre que l’ancien ministre de l’Education a pris plaisir à cette campagne qu’il estime réussie, tandis que l’ex-Premier ministre déplore pour sa part — comme pour conjurer le sort ? — sa brièveté.

De fait, au 11e étage de la tour Montparnasse, dans les bureaux spartiates de Benoît Hamon, aux allures de local étudiant, l’ambiance est à l’optimisme jovial. Hamon aime à raconter que c’est dans cette tour que François Mitterrand avait, lui aussi, installé son siège de campagne présidentielle en 1974 ; « Et, comme lui, j’ai tenu mon dernier meeting d’avant-premier tour à Toulouse et j’achèverai ma campagne ce soir à Lille », ajoute celui qui s’inscrit dans les pas du premier président socialiste de la Ve République.

Quant à Manuel Valls, inhabituellement serein et détendu dans ses locaux du XIIIe arrondissement, à deux pas de la bibliothèque François-Mitterrand, il espère une participation supérieure dimanche, dépassant cette fois la barre des 2 millions. Aujourd’hui, avant la fin officielle de la campagne, ce soir à minuit, tous deux arpenteront le terrain, jetant dans la bataille leurs dernières forces.

BENOÎT HAMON : « J’aurais aimé plus de participation »

Qu’avez-vous pensé de cette campagne d’entre-deux-tours ?

BENOîT HAMON. On a eu un débat télévisé de bonne qualité. Manuel Valls et moi-même avons eu le souci de développer nos projets sur des contenus plutôt que sur des caractérisations négatives… Même s’il a été sur le terrain de « il vend du rêve ». Et son entourage a démarré sur un terrain extrêmement agressif et blessant (NDLR : les accusations de « candidat des Frères musulmans » portées par des proches de Valls). Cela distille un poison. Et si Manuel pensait cela de moi, il ne m’aurait pas nommé ministre de l’Education nationale ! Ce qui m’a blessé, ce n’est pas que l’extrême droite m’appelle Bilal Hamon — et d’ailleurs, c’est joli comme prénom, Bilal —, c’est de voir que cette campagne déborde au point que l’on reprenne des arguments de Florian Philippot (NDLR : vice-président du FN) ! Ce n’est pas sous mon gouvernement qu’on a décoré le prince saoudien qui est l’héritier de la dynastie wahhabite, c’est-à-dire de ceux qui financent les mosquées les plus radicales en France.

Avez-vous eu des échanges entre vos deux équipes pour calmer le jeu ?

Il y a eu un contact off, pas à ma demande. Le problème, c’est qu’après il faudra rassembler. Si on commence à expliquer qu’il y a des gens parmi nous qui frayent avec l’islam radical et d’autres qui sont de dangereux anticléricaux… Il faut qu’on fasse cause commune. J’ai demandé à mes équipes de fixer nos lignes jaunes, de s’interdire tout propos désobligeant.

Est-ce qu’il y a des choses que vous feriez différemment dans cette campagne ?

Qu’est-ce que je changerais ? Je prendrais peut-être quelque chose pour dormir. Et puis il y a eu un débat de trop avant le premier tour. J’en ferais peut-être un spécialement avec des journalistes européens.

Si, dimanche, vous êtes élu, changerez-vous les choses au parti ?

Je ferai les gestes nécessaires à l’égard de toutes les familles du PS. Et, au-delà, de toute la gauche. En même temps, pour marcher, une campagne ne peut pas être prisonnière d’un appareil. Elle doit pouvoir s’épanouir, s’ébrouer. Mon premier réflexe ne serait pas de dire que j’ai gagné le congrès du PS. Je ne suis pas là pour prononcer des excommunications : j’en parlerais avec Jean-Christophe Cambadélis.

Êtes-vous satisfait de cette primaire ?

J’aurais aimé qu’il y ait plus de participation. J’espère que ce sera le cas au second tour.

Quel est le seuil d’une bonne participation ?

J’espère qu’on va approcher 2 millions.

François Hollande ne votera pas au second tour. Auriez-vous souhaité qu’il s’investisse plus dans la primaire ?

Il est le président, il s’est retiré, je trouve logique et normal qu’il ne vote pas. C’est plutôt le contraire qui eût été curieux.

N’y a-t-il pas un côté après moi le déluge ?

C’est la Ve République. Les institutions vous enferment et vous hissent à des niveaux de puissance et d’impunité. Les contre-pouvoirs sont quasi inexistants. Cela tend à vous extraire du monde tel qu’il est.

Qu’est-ce qui vous distingue, Manuel Valls et vous ?

Sans vouloir être blessant, les solutions que met sur la table Manuel Valls ont toutes été pour partie déjà expérimentées. Cette politique se rattache davantage à la page qui est en train de se tourner.

Quel est son point faible ?

Il est difficile pour lui de donner l’impression que le candidat Valls est en désaccord avec le Premier ministre Valls. Parfois, à l’écouter, on se dit qu’il aurait voté contre certaines de ses propositions…

Si vous étiez élu, quelle serait votre première mesure ?

J’interdirais les produits toxiques et les perturbateurs endocriniens. J’ouvrirais immédiatement le chantier d’une nouvelle loi Travail. Je proposerais trois référendums : l’un sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, l’autre sur le vote blanc et, enfin, sur le 49-3 citoyen.

En cas de défaite, ferez-vous campagne pour le vainqueur ?

On ne peut pas dire le contraire de ce que l’on a défendu ! Donc on se met en retrait…

L’affaire Penelope Fillon est-elle le signe qu’en politique l’exemplarité est décidément impossible ?

Nous avons en chacun de nous une humanité imparfaite. Mais sur le plan de la probité, je revendique qu’il faut un personnel politique honnête. Si son épouse n’a pas travaillé, et pour un salaire de 7 900 € par mois, c’est choquant.

MANUEL VALLS : « Je n’ai pas de regrets »

Que pensez-vous de cette campagne ?

Manuel Valls. C’est une campagne intense, courte. Trop courte, sans doute. Mais passionnante. Au fond, elle a véritablement pris son envol au soir du premier tour. Sept candidats, sept personnalités, sept projets… La première partie était assez confuse. Le second tour a la vertu de proposer deux orientations pour la gauche et pour la France.

Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?

Le temps du bilan n’est pas venu, mais je n’ai pas de regrets.

Même d’avoir proposé la suppression du 49-3 ?

Non. J’ai quitté Matignon pour m’engager dans la campagne présidentielle. A ce moment-là, le regard des Français sur moi a changé. Le seul regret que je peux avoir, c’est de ne pas avoir eu assez de temps pour ce passage entre le statut de chef du gouvernement et celui de candidat à la présidence de la République.

Auriez-vous préféré que François Hollande s’investisse davantage ?

Non. Je suis candidat à la présidence de la République, donc ma préoccupation essentielle, c’est le rapport avec les Français. Les soutiens sont importants, évidemment, mais ça n’est pas l’essentiel.

Tout de même, n’auriez-vous pas souhaité que les membres du gouvernement vous soutiennent plus ?

Mais beaucoup se sont investis !

Cela ne s’est pas beaucoup vu…

Je ne suis pas d’accord. Je suis celui qui a reçu le plus de soutiens, notamment de Jean-Yves Le Drian, Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Jacques Urvoas, de l’écologiste Emmanuelle Cosse. Mais, encore une fois, l’essentiel, c’est le vote massif des électeurs. J’appelle ceux qui veulent que la gauche réformiste, républicaine et laïque gagne à venir voter dimanche.

Jugez-vous d’ores et déjà que cette primaire est un succès ?

Non. Pas encore ! J’avais défini les conditions d’un succès : un choix clair — c’est possible dimanche —, des débats de qualité — c’était le cas mercredi soir. Mais la première condition que j’avais posée était la participation. Il faut saluer ceux qui sont venus voter au premier tour. 1,6 million d’électeurs, c’est beaucoup plus que l’ensemble des militants du PS et des formations qui participent à la primaire. Mais c’est en deçà de nos espérances. J’attends du second tour qu’il y ait une participation plus importante pour faire un choix clair.

Combien faudrait-il d’électeurs au second tour pour que cela soit un succès ?

Pour que la primaire gagne en force, il faut plusieurs centaines de milliers d’électeurs supplémentaires par rapport au premier tour.

Qu’ils soient au moins 2 millions ?

Oui, au moins.

Qu’est-ce qui vous distingue de Benoît Hamon ?

La crédibilité.

Quel est son principal point de faiblesse ?

La crédibilité.

En cas de défaite, soutiendrez-vous Benoît Hamon ?

Quand on est engagé dans un combat, c’est pour le gagner. Je veux gagner.

On vous imagine mal faire campagne pour le revenu universel d’existence…

C’est bien là le problème… Moi, j’ai toujours dit que je respectais les règles de la primaire, mais nous sommes face à un choix historique. Nous avons toujours eu des débats à gauche. Mais ce que nous n’avons pas tranché ces quinze dernières années a pesé sur le quinquennat. Je ne veux pas que cela se reproduise demain. Il faut que les Français tranchent. Pour le reste, rendez-vous lundi matin.

Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure ?

Je réunirai les chefs d’Etat européens pour bâtir une Europe de la défense. C’est vital face aux défis de notre monde. L’Europe se meurt de ne pas avoir de projet politique. Cette Europe de la défense, c’est la première étape vers une refondation de l’Europe autour de trois priorités : la sécurité, la croissance, la défense de nos choix collectifs contre le dumping environnemental et social.

Beaucoup se demandent, après le soupçon d’emplois fictifs concernant l’épouse de François Fillon, si l’exemplarité en politique n’est pas impossible…

Quand on veut accéder aux responsabilités publiques ou quand on les exerce, il ne faut pas prêter le flanc à des soupçons. Quand, en plus, on fait campagne sur l’exemplarité, la transparence et l’honnêteté, il faut être encore davantage à la hauteur de ses propres exigences. Donc, à chaque fois qu’il y a un soupçon, il faut que la justice puisse agir rapidement pour que la vérité soit établie. Tout le paradoxe, c’est que, alors que l’on a durci les règles de transparence et les sanctions, cela profite aux populistes et à l’extrême droite qui est elle-même poursuivie par la justice dans bien des affaires !

Vidéo : http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/j-aurais-aime-plus-de-participation-27-01-2017-6624846.php

 

Propos recueillis par Ava Djamshidi et Henri Vernet, Philippe Martinat et Pauline Théveniaud

 

 

L’OPINION – 27/01/2017

Comment Benoît Hamon a braqué la primaire de la gauche

Revenu universel, fin du travail, écologie… Le concurrent de Manuel Valls a dépoussiéré de vieilles idées, avec une stratégie précise : cibler des catégories de population favorables à la gauche bien au-delà du PS

Quelque 5,5 millions de téléspectateurs ont suivi mercredi soir le débat entre Benoît Hamon et Manuel Valls, soit 3 millions de moins que le débat opposant fin novembre Alain Juppé et François Fillon. Les deux finalistes étaient en meeting jeudi soir, l’un à Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’autre à Alfortville (Val-de-Marne). Le second tour de la primaire de la gauche se déroulera dimanche.

Comment Benoît Hamon a-t-il réussi à s’imposer dans la primaire de la gauche ? Comment l’éternel apparatchik du PS, engagé en politique depuis trente ans, qui a signé à peu près toutes les synthèses hollandaises, qui fut ministre durant la première moitié du quinquennat, fit voter la loi qui ouvre à la concurrence le secteur des lunettes, qui fut le coartisan de l’accession de Manuel Valls au poste de Premier ministre, et le ministre de l’Education nationale le plus éphémère et inopérant que la gauche ait donné au pays, a-t-il réussi à incarner un « futur désirable » aux yeux d’une partie de la gauche ?

Le tour de force fera sans doute l’objet d’études approfondies dans les instituts de science politique. En attendant, un premier constat s’impose : le candidat Hamon a été porté en tête du classement au premier tour par une vague qui déborde largement… sur la gauche du Parti socialiste. « Benoît Hamon fait un score honorable dans l’électorat socialiste, mais c’est dans l’électorat du Front de gauche et écologiste qu’il fait la différence avec Manuel Valls », souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès. Une étude de l’institut Elabe a montré que 59 % de la gauche hors PS a voté Hamon, tandis que 43 % des électeurs se déclarant proches du PS ont voté Valls. « Dans mes bureaux de vote, j’ai vu beaucoup de militants de la CGT et du Parti de Gauche », témoigne un député PS du Sud-Ouest. En Grande-Bretagne, le même phénomène a porté Jeremy Corbyn à la tête du Labour en 2015.

« Ce qui a été l’un des mots d’ordre de Nicolas Sarkozy dans la primaire de la droite, “On ne va pas se laisser voler notre primaire”, est en train de se passer dans la primaire de la gauche, souligne Gilles Finchelstein. Le PS pourrait dire qu’il se fait voler sa primaire par la gauche radicale et écologiste, qui est venue sanctionner le gouvernement. »

Parole politique pure. Reste que ce vote-sanction aurait pu bénéficier à Arnaud Montebourg, très critique lui aussi à l’égard de la politique du gouvernement. S’il n’en a rien été, c’est que Benoît Hamon a réussi à installer le débat autour de ses propositions. « Il a réussi à donner une impression de sincérité, de compétence et de cohérence », observe Gilles Finchelstein. « C’est le seul qui a eu une parole politique pure, sur le thème “Si on veut, on peut” », estime Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. Un petit air du « Yes, we can » de Barack Obama !

Mettant en application – sans l’assumer – la stratégie électorale préconisée dans un rapport du think tank Terra Nova (proche du PS) en 2011 (qui avait fait polémique à l’époque), Benoît Hamon s’est aussi adressé à des catégories de population très ciblées, à des « niches » a priori favorables à la gauche : les jeunes, les précaires, les urbains, les femmes, les Français issus de l’immigration.

Les jeunes et les précaires ont été séduits par l’idée du revenu universel. « Les étudiants pourraient faire leurs études dans de meilleures conditions, sans travailler à côté, les autres pourraient éviter de prendre des bullshit jobs », explique Antoine Stéphany, en quatrième année à Sciences Po, coordinateur formation au Mouvement français pour un revenu de base. Le terme a été conceptualisé par David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, venu à la rencontre des militants de Nuit Debout à Paris après avoir été l’un des piliers du mouvement Occupy Wall Street. « Ce qui est drôle, c’est que ce débat sur la fin du travail, on l’a eu au PS il y a vingt ans, au PSU, s’amuse un proche d’Arnaud Montebourg. Son talent, c’est d’avoir remis au goût du jour de vieilles idées, en les faisant passer pour des idées neuves… »

Culture commune. La récente conversion de Benoît Hamon à l’écologie a plu à l’électorat « bobo » des centres-villes, comme le démontre son score de plus de 40 % à Paris, mais pas seulement. « Benoît Hamon a réussi à créer une culture commune en comprenant que la question sociale était indissociable de la question écologique, analyse Lucile Schmidt, présidente de la Fondation de l’Ecologie politique, auteur du livre La France résiste-t-elle à l’Ecologie ?. Pour cela, il a parlé de sujets concrets, « concernants », comme la pollution ou les perturbateurs endocriniens. « Il a aussi évoqué les inégalités environnementales qui renforcent souvent les inégalités sociales », souligne Lucile Schmidt. Cela permet de toucher un large public, pas forcément « bobo ». Ceux qui sont le plus soumis aux pollutions ou aux nuisances sonores sont ceux dont le logement insalubre, éloigné des services publics, est situé près des axes routiers ou d’établissements industriels. Les agriculteurs sont aussi victimes de maladies professionnelles liées notamment aux pesticides.

Sa fibre écologique a été alimentée par la lecture d’Albert Camus, dont il a aimé l’ode à la nature et à la beauté de la Méditerranée, dans le recueil de nouvelles Noces, et L’Exil d’Hélène, «un texte très politique où il dénonce l’humanité qui prétend soumettre la nature», expliquait le candidat au site Reporterre. Il a aussi lu François Jullien, qui a écrit Les Transformations silencieuses. Livre dans lequel l’auteur évoque un handicap de la pensée occidentale, son incapacité à penser les transitions. Et un autre philosophe, André Gorz, théoricien de la décroissance.

Enfin, son plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la Palestine, et sa conception souple de la laïcité, lui ont rapporté de meilleurs scores encore en Seine-Saint-Denis qu’à Paris (42,5 % des voix).

Ces positions qui charment la gauche altermondialiste passeront-elles la rampe du débat présidentiel ? Benoît Hamon s’est comparé lui-même à François Fillon : méprisé par les médias et les sondeurs en début de campagne, il s’est imposé dans la primaire par ses idées, qui parlent à la gauche la plus radicale là où les positions de François Fillon parlent à la droite la plus conservatrice. Il risque du coup, s’il est élu dimanche prochain, de connaître lui aussi, comme François Fillon, une entrée compliquée dans l’atmosphère, et de subir un problème d’adéquation de son projet aux aspirations, craintes et désirs de l’ensemble des Français.

Irène Inchauspé et Nathalie Segaunes

 

 

LE MONDE – 27/01/2017

La campagne de François Fillon déstabilisée par les accusations visant sa femme

Cacophonie des porte-parole, ironie d’Alain Juppé, silence des élus LR et grogne des sarkozystes : le candidat de la droite voit la relance de sa campagne entravée.

François Fillon avait prévu de mettre en scène ses retrouvailles avec Alain Juppé à Bordeaux. Quelques belles images devaient asseoir, mercredi 25 janvier, le rassemblement de la droite autour de sa candidature.

Mais lorsque, vers 10 heures, le candidat de la droite à la présidentielle descend de sa voiture pour saluer le maire de la ville, devant l’entreprise Thalès, il affiche la mine des mauvais jours. « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte », lance-t-il, visage fermé, tandis que la presse l’assaille sur la réalité de l’emploi de sa femme, Penelope, comme assistante parlementaire et « conseillère littéraire » de La Revue des deux mondes.

« Parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? », s’indigne-t-il, se disant « scandalisé par le mépris et la misogynie » du Canard enchaîné, qui a révélé l’affaire. M. Fillon enchaîne sur la visite de l’entreprise Thalès, essayant même des casques de l’armée d’un air le plus détaché possible.

Rien n’y fait. Dans le cortège qui le suit, élus, collaborateurs et journalistes n’ont qu’une question en tête : sa femme, qui a perçu 500 000 euros, a-t-elle réellement travaillé à l’Assemblée nationale ? François Fillon et Alain Juppé, eux-mêmes, semblent incapables d’éviter les allusions. « On a failli se crasher dans les montagnes ! », lance le premier en embarquant dans un simulateur de vol en hélicoptère. Et le second : « On est dans le même appareil ! »

  1. Fillon contraint d’adapter sa stratégie

A cette heure de la journée, on minimise pourtant l’« affaire ». Le matin, au QG du candidat, à Paris, Patrick Stefanini attend la fin de la réunion pour aborder le sujet. Devant des parlementaires Les Républicains (LR) inquiets, le directeur de campagne juge que les premières explications vont suffire à calmer la tempête médiatique.

Mais l’après-midi, coup de tonnerre : une enquête préliminaire est ouverte par le parquet national financier. M. Fillon est contraint d’adapter sa stratégie. Dans un communiqué publié dans la soirée, il demande à « être reçu au parquet national financier dans les plus brefs délais » et dénonce une manœuvre : « Je ne peux que m’étonner que des faits aussi anciens et légaux fassent l’objet d’une telle campagne, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. »

Moins dommageable, puisqu’il ne s’agit pas d’argent public, les 100 000 euros brut touchés entre mai 2012 et décembre 2013 par Penelope Fillon de La Revue des deux mondes, propriété du patron de la holding Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière – un ami de l’ancien premier ministre. Seules deux courtes recensions de livres ont été publiées (sous le pseudonyme de Pauline Camille) à l’automne 2012, sans que le directeur de l’époque, Michel Crépu, ne les ait jamais sollicitées. « Un après-midi, Marc Ladreit de Lacharrière m’a appelé et m’a dit : Penelope Fillon s’ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ?, raconte M. Crépu. Je ne l’ai jamais vue, ne lui ai jamais parlé. Les deux notes ne sont pas passées par moi. »

Cette fois, Marc Ladreit de Lacharrière vole au secours du candidat. « La revue voyait son chiffre d’affaires baisser chaque année, explique mercredi soir le milliardaire au Monde. J’ai donc demandé à quelques amis et personnalités de réfléchir à son devenir, notamment en l’ouvrant vers l’étranger. » « Penelope Fillon était de ceux-là, ajoute-t-il sans donner d’autres noms. C’est une femme intelligente, elle a lu beaucoup de livres – dont deux résumés seulement ont été publiés. »

« On a beaucoup d’ennemis en interne »

Selon l’homme d’affaires, cette « réflexion stratégique informelle » à laquelle M. Crépu, parti fin 2014, n’a pas été associé, n’a pas donné lieu à des réunions. « J’ai dans mes activités une agence de notation, avec des sièges à New York, Londres et Hongkong, je suis un homme du téléphone et de face-à-face », argumente le patron de Fimalac.

Au fil de la journée, la cacophonie des porte-parole sème encore davantage le trouble. Alors que le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, assure sur France Inter avoir « souvent vu » Penelope Fillon « participer à ses travaux », « y compris en de multiples circonstances à l’Assemblée nationale », Florence Portelli, porte-parole de M. Fillon, explique que « si on n’a pas vu madame Fillon, c’est parce qu’elle était dans la Sarthe ».

L’absence de coordination de ses troupes – un problème récurrent dans la campagne – semble agacer l’ex-premier ministre, qui profite d’une table ronde avec un entrepreneur à la cité du vin pour leur glisser une amabilité : « Vous venez de décrire mon projet avec une précision que peu de mes porte-parole sont capables d’apporter ! »

Le candidat ne peut pas compter non plus sur un soutien sans faille de la part d’Alain Juppé, qui au fur et à mesure de la journée prend ses distances. « J’ai choisi de te soutenir, finit par déclarer le maire de Bordeaux. Enfin… j’ai été conduit à te soutenir. »

Décidément bien seul, M. Fillon n’a pas reçu non plus beaucoup de renforts chez les élus LR, dont la grande majorité est restée silencieuse. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, ancienne proche du candidat, a confié jeudi matin sur RTL qu’elle ne « savai[t] pas » que Pénélope Fillon était assistante parlementaire. Certains des proches du candidat LR ont d’ailleurs suggéré que la « fuite » viendrait de son propre camp. « Le problème, c’est qu’on a beaucoup d’ennemis en interne », s’inquiète un proche de M. Fillon, qui comprend que « l’affaire Penelope » est un rude coup pour celui qui voulait relancer sa campagne avec un grand meeting à Paris, dimanche. « Cela remet en cause sa probité. Or, cela a toujours été un marqueur pour lui », regrette un membre de l’équipe.

Réunion de parlementaires sarkozystes

A moins de quatre mois de la présidentielle, elle fournit un angle d’attaque en or aux adversaires de M. Fillon, tant elle contraste avec la rigueur affichée en matière de gestion de l’argent public. « C’est le principe des boules puantes de taper là où ça fait mal… », se désole un filloniste.

L’« affaire » vient enfin confirmer que, malgré une large victoire à la primaire, la droite peine à faire bloc derrière son candidat. Plusieurs voix se sont élevées en interne ces dernières semaines, tels Laurent Wauquiez, Christian Estrosi ou Rachida Dati. Mercredi matin, une cinquantaine de parlementaires sarkozystes se sont réunis dans un restaurant parisien. « C’est le signe d’une préoccupation », juge Brice Hortefeux.

Lors de ce petit-déjeuner, plusieurs élus, dont Mme Dati, se sont plaints d’une trop faible considération. Il a aussi été question, bien sûr, de « l’affaire Penelope » : « Fillon n’a pas de gens prêts au combat autour de lui. Nous, nous sommes disponibles », a assuré le sénateur de Paris Pierre Charon, qui peut se prévaloir d’une certaine expérience en la matière.

Matthieu Goar, Alexandre Lemarié et Ariane Chemin

 

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 27/01/2017

Hollande et Merkel veulent une clarification politique sur l’Europe au sommet de La Valette

Les dirigeants français et allemand se rencontrent vendredi à Berlin pour préparer le sommet organisé à Malte le 3 février. Ils espèrent provoquer un débat avec les pays de l’est sur les valeurs communes aux Européens

Ce sera une des dernières visites officielles de François Hollande à Berlin. Le président de la République s’y rend ce vendredi pour un déjeuner de travail avec Angela Merkel. Objectif : préparer le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union européenne (UE), qui a lieu le 3 février à Malte, et les cérémonies de commémoration du Traité de Rome, le 25 mars.

Cette rencontre intervient dans un contexte particulier : juste après l’investiture de Donald Trump, qui prône le protectionnisme et salue le Brexit comme s’il espérait une dislocation de l’UE; au début de la campagne électorale française, à laquelle le président a renoncé à participer ; et trois jours après la décision surprise du Parti social-démocrate allemand (SPD) de nommer Martin Schulz pour affronter Angela Merkel en septembre.

Ce calendrier et ce contexte semblent pousser le couple franco-allemand à accélérer le tempo et lancer une opération vérité au sein de l’Union. « Le 60 ème anniversaire du Traité de Rome sera certes une commémoration, explique-t-on à Paris, mais cela ne peut pas suffire ». Dans l’environnement actuel, fait d’incertitudes extérieures mais aussi de divisions à l’intérieur, « les Européens doivent redéfinir une direction commune ». Or l’Europe est profondément divisée par la crise des réfugiés, de nombreux pays à l’est de l’Europe ayant refusé de partager le fardeau des demandeurs d’asile. Aux yeux d’Angela Merkel et de François Hollande, le sommet de La Valette, la semaine prochaine, doit être l’occasion d’engager un débat politique entre dirigeants européens sur les valeurs et objectifs qu’ils partagent. Les Vingt-sept doivent confronter leur visions de l’Europe de demain. Quelle solidarité ? « On ne peut pas refuser au Royaume Uni une Europe à la carte, et permettre à certains dans l’Union de rester à l’écart de la politique d’accueil des réfugiés », souligne-t-on encore dans l’entourage du chef de l’Etat.

Calendrier politique serré

Le débat risque d’être perturbé par le calendrier électoral de part et d’autres du Rhin. La chancelière « a d’abord forcé les autres Etats de l’UE à faire des économies et humilié les Français et les Italiens, a déclaré au « Stern » Sigmar Gabriel le président sortant du SPD, qui doit devenir ce vendredi ministre des Affaires étrangères. Et ensuite elle a frappé à leurs portes pour qu’ils la soulagent de quelques centaines de milliers de réfugiés ». François Fillon ne pense pas forcément différemment. « Ma position est claire : la France ne peut pas accepter plus de réfugiés », a-t-il lancé lundi à Berlin après avoir vu Angela Merkel.

Le candidat du parti Les Républicains veut « rétablir un équilibre dans la relation franco-allemande ». Selon Claire Demesmay, il convient d’être prudent sur les ambitions des candidats dans ce domaine. « Le déséquilibre économique et politique entre les deux pays, mais aussi la multiplication de crises et leur complexité, font que cela restera difficile ». juge l’experte de l’Institut allemand de politique étrangère DGAP. Outre les réfugiés, Berlin profitera sûrement du sommet européen pour évoquer la question du libre-échange. Jeudi, Angela Merkel a abordé la question au téléphone avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, cherchant à renforcer l’axe entre l’Europe et la Chine pour faire front aux idées protectionnistes de Donald Trump.

Thibaut Madelin et Catherine Chatignoux

 

 

LE FIGARO – 27/01/2017

Premier hôte reçu à la Maison-Blanche, Theresa May vise un accord commercial

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi.

Tu seras «ma Maggie». En invoquant la complicité entre Margaret Thatcher et Ronald Reagan, Donald Trump ne pouvait se montrer mieux disposé à l’égard de Theresa May. C’est le premier chef d’État étranger qu’il reçoit, une semaine après son installation à la Maison-Blanche. La diplomatie britannique n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir cette faveur.

Les choses s’étaient pourtant mal engagées, quand le président élu avait appelé une dizaine d’autres dirigeants de la planète avant de parler avec la première ministre en novembre. Pas rancunière, elle lui a envoyé avec ses vœux la copie d’un discours de guerre de Churchill sur la «relation spéciale» entre les deux pays. Trump a remis dans le Bureau ovale le buste du grand homme anglais déplacé par Obama. May a dépêché ses deux chefs de cabinet et même son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, à la Trump Tower auprès du staff du nouveau président, pour solliciter l’invitation.

Arrivée jeudi aux États-Unis, Theresa May a été invitée à s’exprimer lors d’une réunion des élus républicains du Congrès à Philadelphie, avant son invitation à la Maison-Blanche vendredi après-midi. Elle devait appeler les deux pays à s’unir pour «diriger, ensemble, à nouveau». Elle trace un parallèle entre le Brexit et l’élection de Trump. «Alors que nous redécouvrons notre confiance ensemble – vous renouvelez votre nation précisément alors que nous renouvelons la nôtre -, nous avons l’opportunité, et même la responsabilité, de renouveler notre relation spéciale pour cette nouvelle ère», devait-elle déclarer. Enterrées, les critiques sur le candidat Trump «qui sème la division».

Un atout face à l’UE

Theresa May ne ménage pas sa peine pour se présenter en alliée digne de confiance, à l’heure où les deux pays ont fait des choix isolationnistes. Ce rapprochement espéré concrétiserait ses assurances qu’«en quittant l’Union européenne, la Grande-Bretagne ne se retire pas du monde». Les partisans du Brexit n’ont de cesse de rappeler la primauté des liens transatlantiques sur les relations avec l’Europe. C’est pourquoi la priorité de Londres est d’entamer au plus vite les pourparlers d’un accord de libre-échange bilatéral. Trump a affirmé y être disposé et promet même de le conclure très rapidement. À ceci près qu’il faut au préalable que le Royaume-Uni règle sa sortie de l’UE. Cela n’empêche pas le gouvernement britannique de rêver d’un accord prêt à être signé dès celle-ci effective, théoriquement en 2019. Theresa May compte utiliser cet atout dans les négociations sur ses futures relations avec les Européens, au risque de se placer en position de faiblesse par rapport aux Américains.

Beaucoup doutent du réalisme de ces ambitions. Un accord commercial risque de prendre des années. De plus, «les négociateurs américains seront sans doute soucieux de connaître les conditions d’accès de la Grande-Bretagne au marché européen avant de s’engager», précise Allie Renison, spécialiste de la politique commerciale à l’organisme patronal Institute of Directors. 44 % des exportations britanniques sont destinées à l’UE, 17 % aux États-Unis. «Les discussions avec les États-Unis ne peuvent être vues comme une alternative à nos relations existantes avec l’Europe», martèle Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confederation of British Industry.

Inquiétude britannique

Malgré la bonne volonté commune, les intérêts divergent. Il pourrait être difficile de concilier le mot d’ordre de Trump, «l’Amérique d’abord», et le souci de Theresa May de «placer les intérêts et les valeurs britanniques en premier». Si le premier assume son tournant protectionniste, la seconde reste partisane du libre-échange. Déjà, l’inquiétude monte en Grande-Bretagne sur de possibles importations de bœuf aux hormones américain, ou la mise en concurrence du service de santé public. Tout le monde ne voit pas d’un bon œil les courbettes de Theresa May. «Alors qu’elle menace nos partenaires européens, elle promet de signer un chèque en blanc à Donald Trump», dénonce Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste. Le premier ministre britannique est-il prêt à redevenir le «caniche» du président américain, un comportement reproché à Tony Blair face à George W. Bush?

La restauration par Trump de la torture dans les interrogatoires tombe au plus mal. «Je n’ai pas peur de parler franchement au président américain», répliquait May la veille de son départ. Elle redit la condamnation britannique de cette pratique.

Elle entend aussi attirer l’attention de son hôte sur l’importance du rôle de l’Otan, la nécessité de rester ferme face à Poutine et va peut-être tenter, si elle en a l’occasion, de lui vanter les mérites de l’accord sur le nucléaire iranien.

Florentin Collomp

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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